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L'or de Toulouse

CCLXX. Les habitants de Toulouse, auparavant alliés de Rome, furent entraînés par les promesses des Cimbres, se revoltèrent et mirent aux fers la garnison romaine. Introduits dans cette ville par leurs amis, pendant la nuit et à l'improviste, les Romains s'en rendent maîtres, pillent les temples et s'emparent en outre d'immenses richesses. Toulouse, d'ailleurs opulente depuis longtemps, renfermait les offrandes que les Gaulois emportèrent jadis de Delphes, sous la conduite de Brennus. Cependant ses dépouilles n'enrichirent pas beaucoup le trésor public de Rome ; elles devinrent presque totalement la propriété de ceux qui les avaient enlevées : plusieurs furent cités en justice pour rendre compte de leur conduite. 

DION CASSIUS, Fragments.

Tel est encore le sens de cette ancienne locution passée en proverbe :
"L'or de Toulouse".
En voici l'origine : le consul Q. Cépion, ayant pillé Toulouse, dans les Gaules, trouva beaucoup d'or dans les temples de cette cité ; et on remarqua que ceux qui, dans le pillage, avaient pris de cet or, périrent tous d'une mort misérable et violente.

AULU-GELLE, Nuits Attiques, III, IX.

 

᾿Επεὶ καὶ τὸν ἄλλον Βρέννον τὸν ἐπελθόντα ἐπὶ Δελφοὺς Πραῦσον τινές φασιν · οὐδὲ τοὺς Πραύσους δ' ἔχομεν εἰπεῖν ὅπου ᾤκησαν πρότερον. Καὶ τοὺς Τεκτόσαγας δέ φασι μετασχεῖν τῆς ἐπὶ Δελφοὺς στρατείας, τούς τε θησαυροὺς τοὺς εὑρεθέντας παρ' αὐτοῖς ὑπὸ Καιπίωνος τοῦ στρατηγοῦ τῶν ῾Ρωμαίων ἐν πόλει Τολώσσῃ τῶν ἐκεῖθεν χρημάτων μέρος εἶναί φασι, προσθεῖναι δὲ τοὺς ἀνθρώπους καὶ ἐκ τῶν ἰδίων οἴκων ἀνιεροῦντας καὶ ἐξιλασκομένους τὸν θεόν · προσαψάμενον δ' αὐτῶν τὸν Καιπίωνα, διὰ τοῦτο ἐν δυστυχήμασι καταστρέψαι τὸν βίον, ὡς ἱερόσυλον ἐκβληθέντα ὑπὸ τῆς πατρίδος, διαδόχους δ' ἀπολιπόντα παῖδας, ἃς συνέβη καταπορνευθείσας, ὡς εἴρηκε Τιμαγένης, αἰσχρῶς ἀπολέσθαι.

Ainsi l'autre Brennus, celui qui attaqua Delphes, au dire de quelques auteurs, était un Prause ; eh bien, nous ne saurions dire où habitèrent autrefois les Prauses. On dit que les Tectosages faisaient partie de l'expédition contre Delphes, et que les trésors trouvés par le général romain Cæpion chez eux, dans la ville de Tolosse, étaient une partie des richesses qui provenaient de ce pillage ; on dit aussi que ces gens-là y avaient ajouté des offrandes tirées de leurs propres maisons, pour les consacrer au Dieu et apaiser sa colère. Cæpion, pour avoir mis la main sur ces trésors, aurait fini sa vie dans la misère, ayant été rejeté par sa patrie comme sacrilège et ayant laissé pour héritières des filles qui, à ce que rapporte Timagène, condamnées à la prostitution, moururent dans la honte.

STRABON, IV, 13.

AVIS DE POSIDONIUS.

Πιθανώτερος δ' ἐστὶν ὁ Ποσειδωνίου λόγος · τὰ μὲν γὰρ εὑρεθέντα ἐν τῇ Τολώσσῃ χρήματα μυρίων που καὶ πεντακισχιλίων ταλάντων γενέσθαι φησί, τὰ μὲν ἐν σηκοῖς ἀποκείμενα, τὰ δ' ἐν λίμναις ἱεραῖς, οὐδεμίαν κατασκευὴν ἔχοντα, ἀλλ' ἀργὸν χρυσίον καὶ ἄργυρον · τὸ δ' ἐν Δελφοῖς ἱερὸν κατ' ἐκείνους ἤδη τοὺς χρόνους ὑπάρξαι κενὸν τῶν τοιούτων, σεσυλημένον ὑπὸ τῶν Φωκέων κατὰ τὸν ἱερὸν πόλεμον · εἰ δὲ καί τι ἐλείφθη, διανείμασθαι πολλούς · οὐδὲ σωθῆναι δὲ αὐτοὺς εἰκὸς εἰς τὴν οἰκείαν, ἀθλίως ἀπαλλάξαντας μετὰ τὴν ἐκ Δελφῶν ἀποχώρησιν καὶ σκεδασθέντας ἄλλους ἐπ' ἄλλα μέρη κατὰ διχοστασίαν. ᾿Αλλ' ὥσπερ ἐκεῖνος τε εἴρηκε καὶ ἄλλοι πλείους, ἡ χώρα πολύχρυσος οὖσα καὶ δεισιδαιμόνων ἀνθρώπων καὶ οὐ πολυτελῶν τοῖς βίοις πολλαχοῦ ἔσχε θησαυρούς · μάλιστα δ' αὐτοῖς αἱ λίμναι τὴν ἀσυλίαν παρεῖχον, εἰς ἃς καθίεσαν ἀργύρου ἢ καὶ χρυσοῦ βάρη. Οἱ γοῦν ῾Ρωμαῖοι κρατήσαντες τῶν τόπων ἀπέδοντο τὰς λίμνας δὲημοσίᾳ καὶ τῶν ὠνησαμένων πολλοὶ μύλους εὗρον σφυρηλάτους ἀργυροῦς. ᾿Εν δὲ τῇ Τολώσσῃ καὶ τὸ ἱερὸν ἦν γιον, τιμώμενον σφόδρα ὑπὸ τῶν περιοίηων, καὶ τὰ χρήματα ἐπλεόνασε διὰ τοῦτο πολλῶν ἀνατιθέντων καὶ μηδενὸς προσάπτεσθαι θαρροῦντος.

La version de Posidonius est plus croyable : suivant lui, les richesses trouvées à Tolosse se montaient à quelque chose comme quinze mille talents, tant celles qui avaient été déposées dans les sanctuaires que celles-qui avaient été jetées dans les lacs sacrés : c'étaient des matières qui n'avaient reçu aucune façon, de l'or et de l'argent bruts; le temple de Delphes en ces, temps-là, était déjà dépourvu de pareils trésors, pour avoir été pillé par les Phocidiens pendant la guerre sacrée. S'il y était resté quelque chose, bien d'autres mains se l'étaient partagé. Il n'était pas probable que ces étrangers fussent rentrés sains et saufs dans leur pays, étant tombés, après leur retraite de Delphes, dans la misère, et s'étant dispersés, les uns d'un côté, les autres de l'autre, à cause de leurs dissensions. Mais, dit Posidonius et bien d'autres avec lui, comme la contrée est riche en or, que les habitants sont superstitieux et n'ont rien de somptueux dans leur genre de vie, il s'y était formé en maints endroits des trésors. Les lacs avaient été pour eux des lieux particulièrement sûrs où ils jetaient leur argent ou même leur or en lingots. Les Romains donc, s'étant rendus maîtres du pays, vendirent ces lacs comme parties du domaine de l'État, et plusieurs de ceux qui en avaient acheté y trouvèrent des masses d'argent battu, en forme de meules. À Tolosse (Toulouse), le temple était sacro-saint, profondément vénéré des peuples d'alentour : de là les richesses qui s'y étaient accumulées, en raison du grand nombre des offrandes et de la crainte qui empêchait d'y toucher.