Extraits des auteurs grecs concernant la géographie et l'histoire des Gaules
texte et trad. nouv. publ. par Edm. Cougny et Henri Lebègue
LIVRE V
EUSÈBE PAMPHILE.
BIOGRAPHIE
1° Chroniques. EésebÛou toè PamfÛlou XronikÇn bibl.
b', dans la Scriptorum, veterum nova collectio, e vaticanis codicibus
edita, t. VIII, typis vaticanis, M DCCC XXXIII, in-4°; Ang. Mai.
2° A. Histoire ecclesiastique et Vie de Constantin. EésebÛou
toè PamfÛlou ƒEkklhsiastik¯ „IstorÛa bibl. i'.
Eusebii Pamphili Ecclesiasticæ Historiæ libri X.
B.Toè aétoè EÞw tñn bÛon toè MakarÛou
KvnstantÛnou toè basil¡vw bil. d'. - Ejusdem de
vita Imperatoris Constatini libri IV. - Henricus Valesius Graecum textum,
collatis IV mss. codicibus, emendauit, latine vertit, et adnotationibus
illustrauit. - Noua editio ab auctore recognita et aucta. - Parisiis, typis
Petri le Petit, etc. M. DC. LXXVIII, in-f°.
C. Histoire de l'Église, écrite par Eusèbe, évêque de Césarée,
traduite par Monsieur Cousin, président en la Cour des Monnoies. Dédiée au
Roi. Tome I. - Paris, chez Damien Foucault, etc., M. DC. LXXXVI, in-12.
D. Eusebii Cæsariensis Opera recognovit Guilielmus.Diridorfius., vol. IV. -
Historiæ ecclesiasticæ libri I-X. Lipsiæ, Teubner, M DCCC LXXI.
3° Préparation évangélique.
A. EésebÛou toè PamfÛlou
¤pistkñpou t°w ¤n PalaistÛnú KaisareÛaw
proparaskeu¯ eéaggelik® .Eusebii Pamphili
Caesareæ Palæstinæ episcopi Præparatio euangelica. Franciscus Vigerus,
Rothomagensis societ. Jesu presbyter ex mss. codd..et laudatis ab ipso Eusebio
scriptoribus recensait, Latine vertit, notis illustrauit. Accesserunt indices
necessarii. - Parisiis, M. DC. XXVIII, in-f °.
B. Eusebii Caesariensis Opera. Recognovit Guilielmus dorfius. Vol.. III,
Praeparationis evangelicæ. - Lipsiæ, M DCCC LXVII, in-8°.
C. La Préparation évangélique, traduite du grec d'Eusèbe Pamphile, évêque
de Césarée en Palestine, dans le IVe siècle de l'ère chrétienne, avec des
notes critiques, historiques et philologiques, par M. Séguier de Saint-Brisson,
membre de l'Institut (Académie des Inscriptions), 2 vol. in-8°. Paris,
Gaumefrères, 1846.
OLYMPIODORE.
(Extraits des XXII livres ou discours historiques dans la Bibliothèque de
Photius.)
EUSÈBE PAMPHILE (01).
CHRONIQUES.
Livre premier.
XXXVIII,
5.... Ptolémæus, fils de Lagus... surnommé Céraunus cherche à s'emparer de
la Macédonie. Il meurt dans un combat contre les Galls...
XXXVIII, 5. Ptolémæos, fils de Lagos... qui avait
pour surnom Céraunos... régna lui-même sur les Macédones : il fut tué dans
une guerre contre les Galates (Gaulois).
XL, 8. Du vivant même de Séleucus Gallinicus, Antiochus [Hiérax], son
frère puîné, ... se servit enfin même des Galls comme auxiliaires...
10. Bien plus, il envoyait des généraux contre Seleucus ; au moment où les
ministres de ses plaisirs le livrèrent aux barbares, il s'échappa de leurs
mains, et se sauva avec une faible escorte à Magnésie.
11.Séleucus (Céraunus), après un règne de trois ans dans son pays, est tué
traîtreusement en Phrygie par le Gall Nicanor, vers la première année de la
cent trente-neuvième olympiade.
XLIX. CCLIII Olympiade (02).
1. Sous les consuls susdits (Perpetuus et Cornelius), Alexandre (Sévère) fut
tué par son armée, alors qu'il était dans sa tente, à Moguntiacum (Mayence)
; il était âgé de trente ans; sa mère Mammaea, qui était avec lui, fut,
dans cette tente même, étranglée avec un lacet.
CCLIII Olympiade. Sous les susdits consuls (Perpetuus et
Cornelius), fut égorgé par son armée Alexandre Auguste, tandis qu'il était
dans sa tenté, à Mongontacum; il avait trente ans. Sa mère Mammaea était
auprès de lui; on l'étrangla avec une corde, à l'intérieur de la tente.
CCLVII Olympiade, 4. Décius Caesar et Décius son fils, consuls. Décius
lui-même, partant pour aller porter la guerre chez les Francs, est tué par un
des grands de l'empire avec son fils à Abyrte (03)
: il était âgé de soixante ans.
CCLVII Olymp. 4. Conss. Décius et son fils Décius. Le
même Décius partait en guerre contre les Francs; à son départ, il fut
égorgé avec son fils par un de ses lieutenants, à Abyrte : il avait soixante
ans.
Livre second.
Canon chronologique (04).
Olymp.
46, an de Rome 160, fondation de Massilie.
Olymp. 97, 3, an de R. 364. L'an XVe du règne d'Artaxerxès, les
Galls Sénons brûlèrent Rome, à l'exception du Capitole.
HISTOIRE ECCLÉSIASTIQUE (13).
Discours III.
I,
4 (0). Pierre paraît, avoir prêché les Juifs dispersés dans le Pont, dans la
Galatie, la Bithynie, la Cappadocie et l'Asie...
IV, 2. D'après le dire de Pierre, on voit en quelles provinces, annonçant aux
circoncis la bonne nouvelle du Christ, il leur transmit la parole du Nouveau
Testament ; oui, cela est clair d'après l'épître qui, nous l'avons dit, lui
est généralement attribuée, et qui est écrite aux Hébreux dispersés dans
le Pont, la Galatie, la Cappadocie, dans l'Asie et la Bithynie (14)...
8. Des autres compagnons de Paul, Criscens fut, au témoignage de Paul
lui-même, envoyé dans les Gallies (15).
Discours V.
I,
1 . C'est dans la Gallie que se forma la lice pour les combats que j'ai
indiqués : cette contrée a des métropoles réputées insignes et, en
comparaison des autres, les premières du pays : Lugdunum et Vienne. Toutes les
deux sont traversées par le Rhodan, large fleuve qui baigne de ses eaux toute
la contrée d'alentour. 2. Leurs très illustres églises envoyèrent à celles
d'Asie et de Phrygie l'écrit concernant leurs martyrs (16)
et racontant ce qui s'était fait chez elles, de cette manière. 3. J'en mettrai
ici les paroles mêmes :« Les serviteurs du Christ habitant Vienne et Lugdunum
en Gallie, aux frères d'Asie et de Phrygie qui ont la même foi et la même
espérance en la rédemption, paix, grâce et gloire de la part de Dieu le père
et du Christ Jésus, notre Seigneur. » 4. Puis vient la fin de ce préambule,
et ils commentent ensuite leur récit en ces termes : « La grandeur de notre
affliction, la fureur des gentils contre les, saints, toutes les souffrances de
nos bienheureux martyrs, nous ne saurions les dire avec exactitude, et il n'est
pas possible de les comprendre dans un écrit. 5. L'adversaire (17)
est tombé sur nous de toute sa force, prélude des violences qui signaleront
impunément sa venue (18) : il a eu recours à tout
pour habituer ses ministres, pour les exercer contre les serviteurs de Dieu.
Nous nous sommes vu exclure des maisons privées (19),
des bains, de la place publique ; bien plus, défense générale fut faite à
quiconque d'entre nous de se montrer en quelque lieu que ce fût. 6. Mais, pour
conduire, notre armée, nous avions la grâce de Dieu qui sauva les faibles, qui
rangea en face [de l'ennemi] des hommes, solides colonnes, capables par leur
fermeté d'attirer sur eux toute la fougue du méchant, qui marchèrent à sa
rencontre, bravant toute espèce d'opprobres et de peines, et qui, comptant pour
peu de chose la plupart de ces misères, coururent au Christ, et montrèrent que
les souffrances du temps présent ne sont rien au prix de la gloire qui se doit
révéler en nous. 7. D'abord, ils ont supporté généreusement tout le tas
d'outrages dont on peut être accablé par un peuple ameuté ; d'être hués,
frappés, traînés, mis en pièces, assaillis à coups de pierres,
emprisonnés; traités en un mot comme une populace sauvage traite d'habitude
ceux gu'elle hait, et ceux qui lui font la guerre. 8. Amenés sur la place
publique par le tribun des soldats, par les autorités civiles (20),
interrogés devant toute la populace, ils avouent, ils sont enfermés dans un
cachot jusqu'à l'arrivée du gouverneur (21). 9.
Ils sont ensuite amenés devant le gouverneur qui use envers nous de toute sorte
de cruauté : alors Vettius Epagathus, un de nos frères, coeur plein de
charité envers Dieu et envers le prochain, qui s'était fait un genre de vie si
sévère que, malgré sa jeunesse, on lui rendait le même témoignage qu'à
Zacharie déjà vieux (22) ; qui avait marché dans
tous les commandements et les justes préceptes du Seigneur, sans reproche, et
toujours au service du prochain sans hésitation, rempli du zèle de Dieu, et
tout enflammé de son esprit, cette âme si grande ne supporta pas une si
brutale façon de procéder contre nous ; son indignation fut extrême : il
demanda à être entendu comme défenseur de ses frères et soutint qu'il n'y
avait en nous ni athéisme ni impiété. 10. Ceux qui entouraient le tribunal
vociféraient contre lui, car il était fort connu, et le gouverneur, ne
tolérant pas la requête si juste qu'il présentait, lui demanda seulement s'il
était chrétien. Sur l'aveu qu'il en fit d'une voix éclatante, il fut pris
lui-même pour être enrôlé parmi les martyrs, ayant gagné le titre d'avocat
des Chrétiens, mais. ayant en lui-même l'avocat [par excellence], l'Esprit,
plus que ne l'avait eu Zacharie, qu'il montra dans la plénitude de sa charité,
trouvant tout simple d'exposer même sa vie pour la défense de ses frères. Car
il fut un véritable disciple du Christ; suivant l'agneau partout où l'appelait
ce doux guide. 11. Dès lors les autres furent aussi marqués et choisis (23),
et ceux-là devinrent au grand jour et d'un bel élan les premiers martyrs qui
de tout coeur firent leur profession de foi. On en vit d'autres aussi qui ne se
trouvèrent pas prêts, pas aguerris, mais encore faibles et ne pouvant suffire
à l'effort d'un grand combat. Ils furent au nombre de dix environ ceux qui
avortèrent ainsi, et ils nous causèrent un grand chagrin, une immense douleur
; car ils rompirent l'élan généreux des autres qui, n'avaient pas encore
été pris, et qui, bien qu'avec toute sorte de peines, assistaient les martyrs
sans les quitter jamais. 12. Alors certes nous fûmes grandement consternés,
dans l'incertitude de la confession, non pas que nous eussions peur des
tourments qu'on nous infligeait, mais en considérant la fin, et redoutant
quelques chutes. 13. On en prenait bien chaque jour de très dignes pour remplir
le nombre de ceux [qui étaient tombés], et l'on ramassa ainsi les plus actifs
des deux églises; ceux qui avaient le plus fait pour les établir. 14 . Mais on
prenait aussi des Gentils, serviteurs de nos frères, parce que le gouverneur
avait ordonné par un acte public de nous rechercher tous. [Ces malheureux], au
milieu des embûches de Satan, craignant les tourments qu'ils voyaient souffrir
aux saints, mentirent contre nous, à l’instigation des soldats, et nous
imputèrent des repas de Thyeste, des unions comme celle d'Oedipe, et toutes les
abominations qu'il ne nous est permis ni de penser ni de dire, ni même de
croire, à supposer que jamais rien de tel se soit passé parmi les hommes. 15.
Et cela , se dit partout, et partout on devint si féroce à notre égard que
ceux qui, auparavant, par des raisons de parenté, nous montraient de la
modération, étaient alors dans une grande exaspération et frémissaient de
rage contre nous. Et ainsi s'accomplissait cette parole de Notre Seigneur : «
Le temps viendra où quiconque vous tuera croira servir Dieu. » .16. Depuis
lors tout récit est au-dessous des tourments qu'endurèrent nos saints martyrs,
Satan se faisant un point d'honneur de leur entendre dire quelque blasphème.
17. Portée à son comble, toute la colère de la foule, du gouverneur et des
soldats se déchargea sur le diacre Sanctus, de Vienne, et sur Maturus, simple
néophyte (24), mais généreux champion, sur
Altalos, natif de Pergame, qui fut toujours pour ceux d'ici une colonne, une
solide assise, sur Blandine par qui le Christ fit bien voir que ce les hommes
regardent : comme vil, laid, méprisable, est devant Dieu jugé digne d'une
grande gloire, à cause de l'amour dont il est l'objet, amour qui se montre dans
une réelle puissance et ne s'enorgueillit pas d'une vaine figure. 18. Nous
avions tous grand'peur, et surtout sa maîtresse selon la chair, qui était,
elle-aussi, parmi les martyrs une vaillante au combat, était battue de la
crainte que Blandine ne pût, à cause de la faiblesse de son, corps, faire
hautement sa confession. - Mais Blandine fut remplie d'une telle puissance que
ceux-là se trouvèrent fatigués, épuisés, qui, pour la tourmenter en toutes
façons, s'étaient relayés du matin jusqu'au soir : ils confessaient
eux-mêmes qu'ils étaient vaincus, ne sachant plus que lui faire ; ils
s'étonnaient de cette persistance du souffle de la vie dans un corps tout
disloqué, transpercé ; ils attestaient qu'une seule de ces tortures était
suffisante pour en arracher l'âme, sans tant et de si violents supplices. 19.
Mais la bienheureuse, comme un généreux athlète, rajeunissait à confesser sa
foi ; et c'était pour elle un moyen de se reprendre, de se reposer, de ne pas
sentir la douleur que, de dire :
« Je suis chrétienne, et parmi nous il ne se fait rien de mal. » 20. Sanctus,
lui aussi, avec une extrême patience , une vaillance plus qu’humaine,
supporta tous les outrages des hommes : les impies espéraient que, dans la
durée et la grandeur des épreuves, ils entendraient de sa bouche quelque
parole contre son devoir ; mais il fit face à l'ennemi avec tant de constance
qu'il ne dit ni son nom, ni le nom de son peuple, ni le nom de la ville d'où il
était, ni s'il était libre ou esclave. À toutes les questions il répondait
en langue romaine : « Je suis chrétien. » C'est là ce qu'au lieu de son nom,
de sa ville, de sa famille, de tout, il déclarait sans cesse, et les païens
n'entendirent pas une autre parole de lui. 21. De là contre lui une lutte
passionnée, opiniâtre, du gouverneur et des questionnaires : ne sachant plus
que lui faire, ils finirent par lui appliquer des lames de cuivre chauffées à
blanc sur les parties les plus délicates du corps. 22. Et ces parties étaient
brûlées ; mais lui, il demeurait toujours, sans plier, sans céder,
inébranlable dans sa confession : d'une source céleste, du flanc du Christ
sortait l'eau de la vie dont il était arrosé et fortifié. 23. Son pauvre
corps témoignait bien de ce qui s'était passé : ce n'était que plaie et
meurtrissure, une masse contactée, ayant perdu au dehors toute forme humaine.
Mais le Christ, souffrant en lui, accomplit les actions les plus glorieuses, en
réduisant l'adversaire à l'impuissance, et en montrant par un exemple, en vue
de pareilles scènes dans. l'avenir, qu'il n'y a ni crainte où est l'amour du
Père, ni douleur où est la gloire du Christ. Les impies, quelques jours
après, torturèrent de nouveau le martyr : ils pensaient que si les membres
étant .encore enflés et enflammés, ils lui infligeaient les mêmes supplices,
ils auraient le dessus, dans un moment où le seul toucher de la main lui était
intolérable, ou bien que sa mort dans ces épreuves épouvanterait les autres.
Non seulement il n'arriva par rapport à lui rien de pareil, mais, contre
l'attente de tout le monde, il releva la tête, son pauvre corps se redressa au
milieu des tortures qui suivirent ; il reprit sa figure première et l’usage
de ses membres. Et ce ne fut pas pour lui un supplice ce fut une guérison, par
la grâce du Christ, que cette seconde torture. 25. Une certaine Bibliade était
au nombre des renégats : le diable croyait l'avoir déjà dévorée : il voulut
trouver dans un blasphème sa condamnation; il la mena au supplice, la pressant,
toute frêle déjà, comme elle était, et sans courage, de parler de nous comme
de gens sans dieu. 26. Mais les tortures mirent fin à son ivresse, et elle se
réveilla pour ainsi dire d'un profond sommeil, et ces peines d'un moment lui
rappelèrent les éternels supplices de la géhenne. Prenant à partie les
blasphémateurs, elle leur dit : « Comment ces -gens-là mangeraient-ils des
enfants, eux à qui. il n'est pas permis de manger du sang des bêtes? » Et
depuis, elle confessa qu'elle était chrétienne; et elle fut enrôlée parmi
les Martyrs. 27. Ainsi les instruments d'une cruauté tyrannique, le Christ les
rendait impuissants par la constance des bienheureux. Le diable alors imagina
d'autres machines : la réclusion dans des cachots ténébreux, insupportables,
l'emprisonnement des pieds dans des ceps, en les distendant jusqu'au cinquième
trou (25), et toutes les autres indignités dont
des-valets [de prison] en colère et remplis de l'esprit du diable disposent
d'ordinaire pour tourmenter les détenus. Aussi pour la plupart furent-ils
asphyxiés dans les cachots, ceux que le Seigneur voulut faire sortir ainsi [du
monde] pour manifester sa gloire. 28. Ceux qui avaient été soumis à des
épreuves si rudes que, malgré tous les soins, ils ne paraissaient plus pouvoir
vivre, subsistaient pourtant dans les cachots, privés de tout ;secours humain;
mais fortifiés par le Seigneur, le corps et l'âme raffermis, exhortant les
autres et les consolant. Au contraire, les novices, récemment arrêtés, dont
le corps n'avait pas encore été en butte à ces violences, ne pouvaient
supporter le poids de la réclusion, et en mouraient. 29. Le bienheureux Pothin
à qui était confié lé ministère de l'épiscopat à Lugdunum, qui était
âgé de plus de quatre-vingt-dix ans, était tout faible de corps, et, en
raison de cette faiblesse corporelle, faiblesse du dehors, respirait à peine ;
mais le souffle d'un coeur vaillant lui donnait une force nouvelle, grâce à la
passion du martyre qu'il portait dans ce coeur. Il fut traîné, lui aussi, au
tribunal. Son corps était miné par la vieillesse et la maladie, mais son âme
s'y maintenait pour que par elle triomphât le Christ. 30. Porté par les
soldats vers le tribunal où l'accompagnaient les autorités de la ville et
toute la multitude qui poussait des cris de toute sorte, comme s'il était
lui-même le Seigneur, il donna [de sa foi] un beau témoignage. 31. Le
gouverneur lui posa la question : « Quel est le dieu des chrétiens? » - « Tu
le connaîtras, dit-il, si tu en es digne. » Dès lors on le traîna sans
ménagement ; on lui fit endurer mille coups, ceux qui étaient près de lui
l'outrageant de toutes manières, avec les mains, avec les pieds, sans aucun
respect pour son âge, ceux qui étaient loin lui lançant chacun ce qu'il avait
sous la main : tous auraient cru grandement forfaire et se montrer impies, s'ils
avaient manqué d'insolence envers lui. Car ils pensaient venger ainsi leur
dieux. Il fut jeté, respirant à peine, dans le cachot, et deux jours après,
il expira. 32. Alors s'affirma dans sa grandeur la loi distributive de Dieu;
alors se montra aussi l'incommensurable miséricorde de Jésus par un effet bien
rare entre des frères, mais non étranger à l'art du Christ. 33. Ceux qui,
arrêtés une première fois, l'avaient renié, étaient emprisonnés eux-mêmes
et avaient leur part de misères. Il ne leur revenait en ce moment aucun profit
de leur apostasie. Ceux qui confessaient ce qu'ils étaient étaient enfermés
comme chrétiens, sans qu'aucune autre accusation fût portée contre eux ; les
premiers étaient détenus comme des homicides et des scélérats, et punis deux
fois plus que les autres. 34. Les fidèles trouvaient un soulagement dans la
joie du martyre, dans l'espérance de ce qui leur était promis, dans l'amour du
Christ, dans l'esprit venant du Père. Pour les renégats, au contraire, leur
conscience était un grand châtiment, et rien qu'à les voir quand ils
passaient, on remarquait la différence entre eux et les autres. 35. Les uns
s'avançaient d'un air joyeux (26) portant sur leur
visage un mélange de gloire et de grâce, si bien que les chaînes mêmes leur
faisaient une digne parure, comme à une jeune épouse richement parée, les
franges d'or et les broderies. Ils exhalaient la bonne odeur du Christ, et
quelques-uns croyaient y reconnaître quelque parfum mondain. Les autres
marchaient la tête basse, abattus, honteux, remplis de toute indignité, et de
plus, insultés par les païens comme des êtres ignobles et lâches; portant
avec eux l'accusation d'homicide, et ayant perdu leur titre honorable, glorieux,
vivifiant [de chrétiens]. Le reste, à cette vue, était singulièrement
raffermi, et ceux qu'on arrêtait confessaient [leur foi] sans balancer, sans
avoir même la pensée d'un calcul diabolique. » 36. À quelques lignes
d'intervalle, la lettre ajoute : « Désormais ce fut sous les formes les plus
diverses du martyre qu'ils sortirent de la vie. De différentes couleurs, de
toutes sortes de fleurs ils tressèrent une couronne unique pour l'offrir au
Père. Il fallait bien que de généreux athlètes qui avaient affronté une
lutte aux incidents divers, et remporté une grande victoire, reçussent la
grande couronne de l'immortalité. 37. Ainsi Maturus, Sanctus, Blandine et
Attalos furent menés aux bêtes, en place publique, pour servir de commun
spectacle à l'inhumanité des gentils, et un jour fut donné tout exprès à
cause de nos frères pour un combat de bêtes (27).
38. Maturus et Sanctus passèrent de nouveau dans l'amphithéâtre par tous les
supplices, comme s'ils n'eussent rien du tout souffert, ou plutôt comme des
athlètes qui maintes fois déjà ont mis hors de l'arène l'adversaire que leur
avait donné le sort, et luttant enfin pour la couronne même, ils supportèrent
de nouveau le passage à travers les coups de fouet, selon l'usage de ces lieux,
les morsures des bêtes qui les traînaient; et toutes les barbaries qu'un
peuple en fureur, qui d'un côté, qui de l'autre, à grands cris demandait,
ordonnait ; et après toutes ces horreurs, la chaise de fer sur laquelle les
corps en rôtissant enivraient ce peuple d'une fumée de graisse brûlée. 39.
Et ce n'était pas pour en finir ils n'en devenaient que plus furieux, voulant
vaincre la constance de leurs victimes. Mais on n'entendait de la bouche de
Sanctus d'autre parole que celle que, dès le commencement, il avait l'habitude
de prononcer, et par laquelle il confessait sa foi. 40. Comme, durant ces
grandes luttes [de nos frères], le souffle de la vie leur demeurait encore
longtemps, ils furent enfin immolés ce jour-là; et au lieu de toute la
variété des combats de gladiateurs, ils furent donnés en spectacle au monde.
41. Blandine, suspendue à un poteau, était offerte en pâture aux bêtes qu'on
lançait contre elle. Et comme elle était. là sous les regards, suspendue en
forme de croix, elle inspirait par l'intensité de sa prière un grand courage
aux combattants. Dans ce combat, ils contemplaient même avec les yeux du
dehors, sous les traits de leur soeur, celui qui avait été. crucifié pour
eux, pour persuader à ses fidèles que quiconque souffre pour la gloire du
Christ est admis pour toujours dans la société du Dieu vivant. 42. Aucune des
bêtes ne l'ayant alors touchée, elle fut enlevée de son poteau et remise dans
la prison : elle était réservée pour un autre combat, afin qu'après
plusieurs victoires en ces nombreux exercices elle rendît irrévocable la
condamnation du tortueux serpent, et poussât en avant ses frères, elle, petite
par elle-même et faible et bien méprisée, mais qui revêtue [de la force] du
Christ, le grand, l'invincible athlète, avait maintes fois jeté hors de
l'arène l'adversaire que lui avait donné le sort, et s'était couronnée en
ces luttes de la couronne de l'immortalité. - 43. Attalos aussi était demandé
à grands cris par la foule, car il était très connu. Il s'avança, lutteur
bien préparé, fort du témoignage de sa conscience car dans les rangs du
Christ il s'était sincèrement exercé et avait toujours été parmi nous un
témoin de la vérité. 44. On le promena autour de l'amphithéâtre précédé
d'une tablette sur laquelle était écrit en langue romaine : « Voici Attalos
le chrétien ; » et le peuple était exubérant de haine contre lui. Mais le
gouverneur, ayant appris qu'il était romain, ordonna de le remettre avec les
autres qui étaient dans les cachots; il écrivit à César, sur cette affaire
et attendit sa réponse. 45. Le temps qui s'écoula dans l'intervalle ne fut pas
pour les Chrétiens, sans action et sans fruit. Mais par leur constance se
manifesta l'incommensurable miséricorde du Christ; par les vivants furent
revivifiés les morts, et les martyrs communiquèrent la grâce aux non martyrs,
et ce fut une grande joie pour la Vierge mère (28)
de recevoir vivants [dans son sein] ceux qui comme des avortons en étaient
sortis morts. 46. Par le soin de ces martyrs, la plupart des renégats
rentrèrent dans le sein maternel, y furent de nouveau conçus, y retrouvèrent
la chaleur vitale et apprirent à confesser [leur foi] ; vivants dès lors et
réconfortés,- car ce Dieu qui ne veut pas la mort du pécheur, mais par sa
bonté l'invite au repentir, les attirait doucement, ils marchèrent vers le
tribunal pour être interrogés de nouveau par le gouverneur. 47. César avait
répondu qu'on les fît mourir sous le bâton et qu'on relâchât ceux qui
nieraient. En conséquence, au moment où l'on commençait de s'assembler pour
la solennité qui attire ici un grand concours de tous les peuples [du pays], le
gouverneur fit amener à son tribunal les bienheureux [martyrs], qu'il
produisit, comme sur un théâtre, pompeusement aux yeux de la foule. Et c'est
ainsi qu'il les interrogea de nouveau, et tous ceux qui paraissaient avoir le
droit de cité romaine, il leur fit trancher la tête ; les autres, il les
envoya aux bêtes. 48. Le Christ fut grandement glorifié à l'occasion de ceux
qui, l'ayant auparavant renié, le confessèrent alors contre l'espérance des
païens. On les avait interrogés séparément, avec l'intention de les
relâcher tout de suite, mais comme ils confessaient [leur foi], on les
adjoignit au groupe des martyrs. Restèrent en dehors ceux en qui il n'y avait
jamais eu aucune trace de foi, aucun sentiment de ce qu'est la robe nuptiale,
aucune idée de la crainte de Dieu, qui, en retournant sur leurs pas,
diffamaient la [vraie] voie, en un mot les fils de perdition. 49. Tous les
autres furent réunis à l'Église. Pendant qu'on les questionnait, il y avait
un certain Alexandre, Phryge (Phrygien) de nation, médecin de profession,
depuis longues années établi dans les Gallies, connu à peu près de tous par
son amour pour Dieu et la hardiesse de sa parole, car il n'était pas sans avoir
part, lui aussi, à la grâce (au charisme) apostolique. Debout tout près du
tribunal, et par des signes de tête exhortant nos frères à confesser, il
paraissait à ceux qui entouraient le tribunal être dans les douleurs de
l'enfantement. 50. La foule révoltée de ce que ceux qui auparavant avaient
renié, confessaient de nouveau, cria contre Alexandre qu'elle accusait d'être
la cause de ce changement. Le gouverneur, à l'instant même (29),
lui demande qui il est ; il répond qu'il est chrétien, et le magistrat, en
colère, le condamne aux bêtes. Le jour suivant, il entra [dans l'arène], et
Attalos était avec lui. Car le gouverneur, voulant être agréable à la foule,
lui avait rendu Attalos pour le livrer aux bêtes. 51 . Ils passèrent dans
l'amphithéâtre par tous les instruments inventés pour les supplices, et,
après avoir soutenu le plus grand combat, ils furent, eux aussi, à la fin
immolés, Alexandre sans pousser un gémissement, sans dire un seul mot, mais
s'entretenant dans son coeur avec Dieu. 52. Attalos fut mis sur la chaise de
fer. De son corps brûlé de tous côtés s'exhalait une grasse fumée ; il dit
alors à la multitude en langue romaine. : « Voilà qui est bien manger des
hommes, que de faire ce que vous faites ; mais nous, nous ne mangeons pas des
hommes, nous ne faisons rien de mal. » On lui. demanda quel nom a Dieu, il
répondit : « Dieu n'a pas de nom comme un homme. ». 53. Après tous les
autres, le dernier jour de ces monomachies (30),
fut de nouveau introduite Blandine avec Ponticus, jeune garçon d'environ quinze
ans, lesquels étaient amenés chaque jour pour avoir le spectacle du supplice
des autres, et on les pressait de jurer par les idoles. Mais leur inébranlable
constance et leurs dédains exaspérèrent tellement la multitude qu'elle n'eut
plus ni pitié pour l'âge d'un enfant, ni respect pour une faible femme. 54. On
les exposa à toutes les horreurs ; on leur fit parcourir tout le cercle des
supplices, en les pressant, à chaque épreuve, de jurer, mais sans pouvoir y
réussir. Exhorté par sa soeur; tant et si bien que le peuple voyait clairement
que c'était par elle qu'il était poussé et affermi; Ponticus, après avoir
supporté d'un coeur généreux tous les supplices, rendit l'âme. 55. La
bienheureuse Blandine restait la dernière : comme une généreuse mère qui a
poussé ses fils au combat, et après la victoire les a conduits au roi,
parcourant à son tour toutes les étapes de la lutte après ses enfants, elle
se hâte de les rejoindre; joyeuse et toute fière de sortir ainsi de ce monde,
comme si elle eût été appelée à un festin nuptial et non pas jetée aux
bêtes. 56. Après les fouets, après les bêtes, après la chaise brûlante,
elle fut en dernier lieu jetée dans une nasse, jetée devant un taureau; et
quand l'animal l'eut assez jetée en l'air, sans qu'elle sentît plus rien du
mal qu'on lui faisait, grâce à ses espérances, grâce aux croyances qui la
possédaient et à ses entretiens avec le Christ, elle fut, elle aussi,
immolée, et les païens eux-mêmes avouaient que chez eux jamais femme n'avait
si longtemps ni si rudement souffert. 57. Mais ce n'était pas encore assez pour
rassasier leur rage et leur cruauté envers les saints. Des peuples féroces,
barbares, l'esprit troublé par une bête féroce (31),
ne pouvaient pas facilement s'apaiser; leur violence saisit une autre occasion,
à elle propre, de se montrer : elle s'en prit aux corps des martyrs. 58. Ils
n'eurent pas honte d'avoir été vaincus, parce que, ne sachant plus raisonner
en hommes, leur colère, comme celle d'une bête farouche, ne fit que
s'enflammer davantage : le gouverneur et le peuple montrant à l'envi contre
nous une injuste haine, afin que la parole de l'Écriture s'accomplît : « Que
l'ennemi de la loi méconnaisse encore plus la loi ; que le juste soit encore
justifié. » 59. Et en effet ceux qui étaient morts asphyxiés dans les
cachots, on jeta leurs corps aux chiens, en les gardant soigneusement nuit et
jour de peur qu'aucun de nous ne leur rendît les derniers devoirs ; et alors
aussi on mit dehors ce que le feu et les bêtes avaient laissé : membres
déchirés ou carbonisés, têtes coupées, troncs mutilés, tous ces débris,
également sans sépulture, furent gardés par des soldats qui veillèrent sur
eux pendant plusieurs jours. 60. Et parmi les païens, les uns frémissaient et
grinçaient des dents, cherchant quelque vengeance plus extraordinaire à tirer
des martyrs ; d'autres riaient, se moquaient de nous, tout en glorifiant leurs
idoles et en leur attribuant le châtiment des chrétiens (32).
Les plus modérés, ceux qui paraissaient dans une certaine mesure avoir de la
sympathie pour nous, disaient souvent en manière de reproches : « Où donc est
leur Dieu? A quoi leur a servi cette religion qu'ils ont préférée à leur vie
? » 61. Et voilà, du côté des païens, la variété dé leurs
sentiments.'Quant à nous, nous étions dans une grande douleur de ne pouvoir
cacher, en terre les corps [des saints] : ni la nuit ne nous aidait, ni l'argent
ne pouvait gagner nos ennemis, ni nos prières les fléchir ; de toute façon
ils faisaient bonne garde, comme si ce leur eût été un grand avantage que ces
restes n'obtinssent pas une sépulture. » 62. Après quelques autres détails,
la lettre dit : « Les corps des martyrs de toutes manières ainsi exposés pour
l'exemple et laissés en plein air pendant six jours, puis brûlés et réduits
en cendres, furent par les impies balayés dans le Rhôdan, qui coulait près de
là; pour que pas un reste ne s'en vît plus sur la terre. 63. Et ils agissaient
de la sorte comme s'ils avaient pu vaincre Dieu et ôter aux chrétiens le moyen
de renaître, « afin, disaient-ils, que ces malheureux n'aient plus
l'espérance de la résurrection, confiance par laquelle ils introduisent chez
nous cette religion, étrange; nouvelle, et méprisent les plus affreux
tourments, toujours prêts à marcher avec joie à la mort. Voyons donc s'ils
ressusciteront et si leur Dieu pourra les secourir et les tirer de nos mains. »
III, 1. Le même écrit des martyrs dont nous avons parlé contient une autre histoire mémorable, que rien ne saurait m'empêcher de porter à la connaissance de ceux entre les mains de qui tombera ce livre. La voici : 2. Alcibiadès, un de ces martyrs, menait une vie tout à fait misérable : il ne prenait auparavant aucun autre aliment que du pain et de l'eau, et il essayait de conserver ce régime, dans la prison. Attalos, après le premier combat qu'il avait mené à bonne fin dans l'amphithéâtre, apprit par une révélation qu'Alcibiadès ne faisait pas bien de ne point user des choses créées par Dieu et de laisser après lui aux autres, un type de scandale. 3. Alcibiadès se laissa persuader, il prit librement de toutes les nourritures, en rendant grâce à Dieu, car les détenus n'étaient pas sans être visités de la grâce de Dieu, et l'Esprit saint était leur conseiller. Mais tenons-nous-en là sur ce point. 4. Montanus, Alcibiadès et Théodotos commençaient alors d'être considérés par plusieurs comme des prophètes. Et, d'ailleurs, plusieurs autres faits incroyables de la grâce de Dieu, accomplis encore en ce temps-là dans différentes églises, donnaient à plusieurs la ferme conviction que ces hommes avaient le don de prophétie : une discussion s'éleva par rapport à ceux que j'ai désignés : ceux de nos frères qui étaient en Gallie joignirent [à leur écrit] leur jugement particulier sur ce sujet, jugement prudent, très orthodoxe, et ils produisirent différentes lettres que les fidèles consacrés chez eux par le martyre avaient écrites, étant encore dans les fers, pour leurs frères d'Asie et de Phrygie, mais surtout pour Eleuthère, alors évêque de Rome, et par lesquelles ils se faisaient ambassadeurs de la paix entre les églises.
IV. 1 . Les mêmes martyrs mirent aussi en rapport avec l'évêque de Rome, ci-dessus désigné, Irénée, alors déjà prêtre dé la paraecia (33) de Lugdunum, rendant à ce vaillant homme de nombreux témoignages qui se montrent assez dans les termes dont ils se servent et que voici: 2. « Nous souhaitons que tu te réjouisses en Dieu pour toutes choses et toujours, père Eleuthère. Cette, lettre, nous avons invité? notre frère et compagnon Irénée à te la porter, et nous te prions de l'avoir en recommandation comme un zélateur du testament du Christ. Si nous savions que le rang d'un homme peut lui constituer un droit, comme il est prêtre de l'Église, nous te l'aurions à ce titre recommandé tout d'abord. 3. Faut-il énumérer tous les martyrs dont l'écrit ci-dessus indigné contient l'énumération, les uns consacrés par le coup qui leur trancha la tête, les autres jetés en pâture aux bêtes, ceux encore qui ont trouvé dans les cachots leur dernier sommeil et, ceux des confesseurs qui survivent encore? Celui à qui il plaira [de les connaître] le pourra aisément et de la manière la plus, complète, en prenant en main l'écrit qui, comme je l'ai dit, a été par nous inséré tel quel dans notre Recueil des Martyres. Voilà ce qui s'est passé sous Antonin (34).
V.8. Pothin, après une vie de quatre-vingt-dix ans entiers, fut consacré par le martyre avec ceux qui souffrirent en Gallie, et Irénée prit en sa place, à Lugdunum, la surveillance (l'épiscopat) de cette paraecia que Pothin avait gouvernée. Or, nous savons que ce dernier avait été dans son jeune âge un des auditeurs de Polycarpe.
XVI. 1. Récemment étant à Ancyre, en Galatie, je trouvai l'église du Pont mise toute en rumeur, non par cette nouvelle prophétie, comme ils disent, mais bien plutôt, comme nous le montrerons, par cette fausse prophétie (35); alors, autant que je le pus avec l'aide du Seigneur, je discourus pendant plusieurs jours dans l'église sur ces sectaires et sur chacune des raisons qu'ils mettent en avant. Et je fis si bien que l'église en fut toute réjouie et affermie dans la vérité, nos adversaires pour le moment refoulés et les ennemis de Dieu bien affligés. 5. Les prêtres (36) me prièrent de leur laisser une sorte de mémoire de ce qui avait été dit contre les adversaires de la vérité, en présence de mon collègue le prêtre . Zoticos d'Otrus (37); je n'en fis rien; mais je leur promis de l'écrire ici, si le Seigneur le permettait, et de le leur envoyer bientôt.... »
XXIII. 3. On a encore .aujourd'hui la lettre des paraecies (38) (églises) dans la Gallie dont Irénée était évêque... (2. Il s'agissait de la fête de Pâques : il fut interdit de célébrer un autre jour que le dimanche le mystère de la résurrection de Notre Seigneur, et le jeune pascal ne dut prendre fin que ce jour-là.)
XXIV, 11. De ce nombre fut Irénée, qui, au nom des frères qu'il avait sous sa conduite en Gallie, écrivit à Victor; soutenant bien, il est vrai, la nécessité de célébrer seulement le jour du Seigneur le mystère de la résurrection du Seigneur, mais conseillant avec respect au pontife de ne pas retrancher [de la communion] des églises entières de Dieu, parce qu'elles gardaient la tradition d'une ancienne coutume ; à cet avis, il en joignit plusieurs autres...
Discours X.
V, 9. « Il m'a paru bon (39) que Caecilianus (40) en personne, avec dix des évêques qui pensent redresser ses erreurs, avec dix autres encore dont il croira le témoignage nécessaire à sa cause, s'en aille à Rome par mer sans différer, afin qu'en votre présence, en présence aussi de Rétécius, de Maternus et de Marinus, vos collègues, à qui j'ai ordonné de se rendre en diligence à Rome pour cet objet, il puisse être entendu dans la mesure où vous aurez reconnu que cela s'accorde avec notre très auguste loi (41). »
21. - Une première fois déjà, voyant que quelques-uns, d'un sens mauvais et tout perverti, avaient commencé d se mettre à l'écart au sujet de la sainte religion, de la céleste puissance (42), et de la secte catholique, et voulant couper court à leurs disputes, j'avais donné à l'affaire cette forme quelques évêques avaient été envoyés de la Gallie; on avait appelé aussi de l'Afrique ceux qui, dans des camps opposés, se combattaient à outrance, sans relâche, et là, en présence de l'évêque de Rome, cette querelle, qui paraissait avoir été excitée, aurait pu, grâce à la présence des adversaires et à la suite d'un examen attentif, trouver un juste accommodement. 22. Mais attendu que, comme il arrive, quelques-uns, oublieux de leur propre salut et du respect qui est dû à la très sainte Église, ne cessent pas de prolonger encore aujourd'hui leurs inimitiés personnelles c'est devenu un devoir pour moi de pourvoir à ce que cette querelle, qui, après le jugement déjà porté, aurait dû cesser par un accord volontaire, puisse aujourd'hui enfin, grâce à des juges nombreux, avoir un terme. 23. En conséquence, ayant ordonné à un très grand nombre d'évêques de venir de cent lieux différents et de se réunir, aux calendes d'Auguste, dans la ville d'Arelatè, nous avons cru devoir t'écrire aussi pour que tu prennes une voiture publique que te livrera le très illustre Latronianus, correcteur de la Sicélie, que tu t'adjoignes deux ministres du second siège à ton choix, que tu emmènes avec toi trois valets, pour votre service durant le voyage, et que tu arrives a ainsi au lieu susdit le jour indiqué. »
VIE DU BIENHEUREUX ROI CONSTANTIN (43).
Discours I.
VIII. Après avoir muni son armée des préceptes bienfaisants et sages de la religion, il alla au pays des Brettans et chez les peuples qui habitent l'Océan lui-même, dont les bornes sont marquées par le soleil couchant.
XXV. Lorsqu'il fut bien assis dans la royauté, il porta d'abord son attention sur l'héritage paternel, examina avec des sentiments d'humanité, parfaite tous les peuples auparavant gouvernés sous l'autorité de son père, et ces nations barbares, habitant les bords du Rhèn et de l'océan occidental, qui osaient s'insurger, il les soumit toutes et se donna la tâche d'adoucir ces natures inapprivoisables.... Quand ces choses furent mises en l'état qu'il voulait, ayant toujours devant les yeux parmi les contrées de la terre celles qui étaient encore de son héritage, il passa, en attendant [la suite], chez les peuples, de la Brettanie, établis dans l'Océan même. Quand il les eut rattachés à l'Empire...
Discours IV.
L. Au commencement de son règne, les Brettans qui habitent l'Océan au soleil couchant se rangèrent les premiers [sous ses lois] (44)...
PRÉPARATION ÉVANGÉLIQUE (45).
Livre IV.
XVI, 18. « On dit que les anciens [Romains] offraient à Cronos des sacrifices comme il s'en fit à Carchédon tant que subsista cette ville, comme il s'en fait encore en ce temps-ci chez les Celtes et chez quelques autres peuples de l'Occident qui immolent des hommes... »
Livre V.
XVII, 10 . « Démétrios (46) dit que, parmi les îles situées autour de la Brettanie, il en est plusieurs qui sont désertes, éparses; et que quelques-unes d'entre elles tirent leurs noms de démons ou de héros ; que, naviguant dans ses parages, envoyé par le roi (l'empereur) pour savoir et pour voir, il aborda dans la plus voisine de ces îles désertes, qu'elle n'avait pas beaucoup d'habitants, que ces habitants étaient sacrés pour les Brettans et à l'abri de toute injure de leur part. 11. Qu'à son arrivée, une grande . perturbation venait de se faire dans l'air, avec des signes célestes nombreux, les vents soufflant avec fracas et là foudre tombant en plusieurs endroits ; puis que, le calme s'étant rétabli, les insulaires disaient qu'il y avait eu éclipse de quelque être supérieur. Car, ajoutaient-ils, de même qu'une lampe qu'on allume n'offre rien de fâcheux, qui, si on l'éteint, fait de la peineà maintes personnes; ainsi les grandes âmes dans tout leur éclat font du bien et ne font jamais de mal, mais qu'elles viennent à s'éteindre, à périr, souvent, comme aujourd'hui, elles nourrissent des vents et de la grêle ; souvent aussi elles empoisonnent l'air d'émanations pestilentielles. 12. Là, dit-il encore, il y a une île où est emprisonné Cronos, endormi et gardé par Briarée; le sommeil est le lien inventé pour le tenir ; il y a autour de lui nombre de démons (génies) qui sont ses valets et ses serviteurs. »
Livre VI.
X, 47. « Il y a beaucoup d'entre eux (les Magusaei) qui encore aujourd’hui demeurent en Médie, en Egypte, en Phrygie et en Galatie. »
27. Chez les Galls, les jeunes gens se prennent pour maris en toute liberté, et ne voient à cela aucun blâme, parce qu'il y a chez eux une loi qui le permet (47). Certes, il n'est pas possible que tous ceux qui, en Gallie, se livrent à ces excès impies, le sort les ait fait naître au moment où Phosphoros (Lucifer), avec Hermès se couche dans les maisons de Cronos et dans les limites d'Arès. 28. « En Brettanie, plusieurs hommes n'ont qu'une femme (48)... »
35. «... Dans chaque contrée dominent sur les hommes la loi et la coutume, à cause du libre arbitre dé l'homme : l'heure natale ne force pas les Galls à se marier entre hommes.... »
12. « Tous les Judaei (Juifs), qu'ils se trouvent en Syrie ou en Gallie ou en quelque lieu que ce soit, font la même chose (49). »
OLYMPIODORE DE THÈBES (50).
BIBLIOGRAPHIE
OLYMPIODORE DE THÈBES.
1°
FvtÛou Muriñbiblon µ
bobliy®kh. Photii
Myriobiblon sive Bibliotheca librorum quos Photius patriarcha
Constantinopolitanus legit et censuit. - Graece edidit David Hoeschelius
Augustanus et notis illustravit. - Latine vero reddidit et scholiis auxit
Andreas Schottus Antuerpianus, etc. - Coloniae, Oliva, Pauli Stephani. M. DG.
XI, in-f°.
2° Même titre, de plus : Hac ultima editione recognitum locisque aliquot suae
integritati restitutum. Rothomagi, sumpt. Ioan. et Davidis Berthelin. fratr. M.
DC. LIII. - Reproduction à peu près identique de l'édition de Cologne. -
Olympiodore. pp. 178-199.
Les
extraits d'Olympiodore, ceux de Priscus et de Candide sont dans les deux
recueils suivants :
1° Dans la Byzantine (Corpus byzantinae historiae), grande édition de Paris :
De Byzantinae Historiae scriptoribus, sub felicissimis Ludovici XIV, Francorum
ac Navarraeoruin Regis Christianissimi auspiciis; publicam in lucem e Luparaea
typographia emittendis, ad omnes per orbem eruditos Proteptikòn, proponente
Philippo Labbe Biturico soc. Iesu sacerdote. Parisiis, e typographia regia;
in-f°; M. DC. XLVII. - Titre spécial, avec pagination particulière, pour les
fragments : Eclogae Historicorunn de rebus Byzantinis quorum integra scripta aut
injuria temporum interciderunt, aut plura continent ad Contantinopolit.
Historiam minus spectantia selegit, interpretationem recensuit, notisque
brevibus illustravit P. Philippus Labbe, Bituricus, societatis Jesu sacerdos.
2° Fragmenta historicorum Graecorum collegit, disposuit, notis et prolegomenis
illustravit Carolus Müller, vol. quartum. Parisis, editore, Ambr. Firmin-Didot,
M. DCCC LXVIII. Olympiodore, pp. 57-68 ; Priscus, pp. 69-110 ; Candide, pp.
135-137.
DISCOURS HISTORIQUES (51).
12.
(0). Constantin, élevé à la tyrannie, envoie une ambassade à Honorius pour
se justifier : c'est malgré lui, c'est contraint par ses soldats qu'il a pris
le pouvoir; il demande donc sa grâce, mais il réclame aussi une part de la
royauté. Le roi (52), au milieu des difficultés
qui le pressent, admet pour le moment ce partage de la royauté. Constantin se
trouvait avoir été proclamé dans les Brettanies. et porté au pouvoir en ces
pays-là par une insurrection militaire. Et, en effet, dans les Brettanies,
avant le VIIe consulat d'Honorius (53) les soldats
insurgés avaient proclamé empereur un certain Marcus, lequel ayant été tué
par eux, Gratianus fut mis à sa place. Mais, au bout de quatre mois,
dégoûtés. aussi de ce dernier, ils l'égorgent et Constantin alors est porté
au rang suprême avec le nom d'empereur. Ayant promu généraux Justin et
Néovigaste, il quitte les Brettanies et passe avec les siens à Bonônia (54),
c'est le nom d'une ville maritime, la première qu'on trouve sur ces limites des
Gallies; - il y séjourne, et, s'étant approprié tous les soldats galls et
akytans, il s'empare de toutes les parties de la Galatie jusqu'aux Alpes, qui
sont entre l'Italie et la Galatie.
16. Le tyran Constantin et Constant, son fils, qui avait été élu d'abord
caesar, puis roi, sont défaits tous les deux et mis en fuite. Gérontius, qui
commandait une armée, se prête volontiers à faire la paix avec les barbares ;
il avait au nombre de ses domestiques un fils à lui nommé Maxime, il le
proclame roi (55); puis, se mettant à la poursuite
de Constant, il réussit à le tuer; enfin, poursuivant aussi Constantin, le
père de Constant, il le suit pied à pied. Au moment où cela se passait,
Constantius et Ulfilas étaient envoyés par Honorius contre Constantin. Ayant
atteint Arèlatos, où Constantin faisait son séjour avec Julianus son fils,
ils assiègent cette ville. Constantin se réfugie dans un oratoire et il est
ordonné prêtre, on lui avait promis la vie sauve ; les portes de la ville sont
ouvertes aux assiégeants, et Constantin est envoyé avec son fils à Honorius.
Ce prince, qui lui gardait rancune à cause de ses parents, que Constantin se
trouvait avoir fait périr, donna l'ordre, au mépris de la foi jurée, de les
faire périr à trente milles en deçà de Ravenne. Gérontius, à l'approche d’Ulfilas
et de Constantius, s'enfuit ; il est arrêté, et pour s'être montré dur
envers les soldats qu'il commandait, il est en butte à leur mauvais vouloir.
Et, en effet, ils mirent le feu à sa maison. Il combattit vaillamment, n'ayant
contre ces insurgés, pour aide, qu'un seul homme, Alain de nation, qui était
au nombre de ses esclaves. Enfin, il tue, selon leur désir, cet Alain et sa
femme, et s'égorge lui-même. Maxime, son fils, informé de ces événements,
s'enfuit chez les barbares que protègent dés traités.
17. À Mundiacum, ville, de la deuxième Germanie, Jovinus, grâce aux intrigues
de l'Alain Gôar et de Guntiarius, qui tenait l'emploi de phylarque (56)
des Burguntions, fut proclamé tyran. Attalus, conseille à Adaülf de se
joindre à lui, et Adaülf se joint à Jovinus avec tout son monde. Mais ce
dernier s'inquiète de la présence d'Adaülf, et reproche à mots couverts son
arrivée à Attalus aux conseils de qui elle était due. Sarus devait aussi
venir se joindre à Jovinus, mais Adaülf l'apprend ; avec dix mille soldats
qu'il a rassemblés, il court à la rencontre de Sarus qui n'avait avec lui que
dix-huit ou vingt hommes, et qui, malgré les prodiges d'une valeur héroïque,
fut pris vivant, non sans peine, à l'aide de sacs (57),
et plus tard mis à mort...
19. Jovinus, ayant, malgré l'avis contraire d'Adàülf, nommé roi son frère
Sébastianus, encourut la haine de son allié. Aussi Adaülf envoie-t-il à
Honorius des ambassadeurs pour promettre à ce prince de lui donner la tête des
tyrans et la paix. L'ambassade de retour et les serments échangés, la tête,
de Sébastianus est envoyée au roi (à l'empereur) ; Jovinus; assiégé par
Adaülf, se livre lui-même; il est aussi envoyé au roi, et l'éparque Dardanus
prend sur lui de le faire mourir.
20. Adaülf, à qui l'on réclamait Placidie, réclamait de son côté les
vivres qui avaient été garantis. Ceux qui les lui avaient promis étaient bien
embarrassés pour les livrer.; ils n'en conviennent pas moins de les lui
fournir, pourvu que Placidie leur soit remise. Le barbare faisait des réponses
semblables, et cependant il s'approchait de la ville appelée Massalie, comptant
bien la prendre par ruse. Mais alors il fut blessé, et c'est le très noble
Bonifacius qui lui porta ce coup ; à grand'peine il échappa à la mort, et se
retira dans ses tentes, laissant la ville le coeur content, qui prodiguait à
Bonifacius louanges et bénédictions.
21. Grâce au zèle et aux bons avis de Candidianus, s'accomplit le mariage
d'Adaülf avec Placidie, au commencement de janvier (58),
à Narbôn, dans la maison d'Ingénius, un des premiers citoyens de cette ville;
Placidie assise dans l'atrium (59) orné à la
manière romaine, et en costume royal, Adaülf s'assit près d'elle, vêtu, lui
aussi, du manteau et des autres habits en usage chez les Romains. Entre autres
présents, il offrit à sa fiancée cinquante beaux jeunes gens vêtus d'une
robe de soie, et portant chacun dans leurs mains deux grands plateaux, chargés
l'un d'or, l'autre de pierres de haut prix ou plutôt sans prix, dépouilles de
Rome enlevées. par les Goths lors de la prise de cette ville. Puis on dit des
épithalames, dont Attalus récitait les premiers vers et que continuaient
Rusticius et Phoebadius ; et le mariage s'accomplit au milieu des jeux et de la
joie, où se confondaient barbares et Romains.
HISTOIRE NOUVELLE (60).
BIBLIOGRAPHIE
ZOSIME.
1°
ZvsÛmou kñmhtow kaÜ Žpofiskosunhgñrou „IstorÛa
n¡a, livres I et II, à la suite de l’Hérodien
(v. plus haut, p. V, 2°), sans le nom de.Zosime ; sic : Historiarum
Herodianicas subsequentium libri duo, nunc primuni graece editi (avec la trad.
lat. de Leunclavius). - Excudebat Henricus Stephanus. Anno M. D. LXXXI,
in-f°.
2° Même titre dans le t. III des Historiae romanae Scriptores graeci
minores (de Sylburg). Francofurti, M. D. XC, in-f°. C'est l'édition dont
s'est servi D. Bouquet.
3° Zosimi Historiae. Græce et latine recensuit, notis criticis et
commentario historico illustravit Io. Frid. Reitemeier L V. D. - Ad Calcem
subjectae sunt animadversiones C. G. Heynii. - Lipsiae, apud Weidmanni heredes
et Reichium. M. DCC. LXXXIV, in-8°.
4° Zosimus ex recognitione Immanuelis Bekkeri, Bonnae, impensis Ed. Weberi. M
DCCC XXXVII, in-8°; dans le Corpus scriptorum Historiae Byzantinae, de
Niebuhr.
5° Histoire romaine de Zosime, traduction du président Cousin, revue (?) par
Bachon, dans le Panthéon littéraire, sous ce titre : Ouvrages
historiques de Polybe, Hérodien et Zosime, in-8° à deux colonnes. Paris, M.
DCCC. XXXVI.
livre premier.
(0).
Alexandre (61) était occupé chez les nations des
bords du Rhèn ; là il apprit les changements qui s'étaient accomplis et
songea tout de suite à partir pour Rome. Il promit bien, aux soldats et à
Maximin lui-même leur pardon s'ils se prêtaient à ses entreprises, mais il ne
lui fut pas possible de les amener à lui ; renonçant donc à toutes ses
espérances, il livra en quelque sorte sa gorge aux poignards. Mamaea qui sortit
du prétoire avec les officiers [de l'empereur], pensant apaiser les troubles,
fut égorgée elle-même, et les officiers avec elle (62)...
XV (0) Maximin ... marchait sur Rome avec ses bandes de Maurusii et de Celtes (63).
XXVIII (0) Gallus... envoya Valerianus avec charge de lui amener les légions de
la Celtique et de la Germanie (64)...
XXX. Galliénus, voyant que les peuples de la Germanie étaient les plus
intraitables, qu'ils étaient des voisins très incommodes. pour les peuples
celtiques des bords du Rhèn, voulut de sa personne faire face aux ennemis de ce
côté-là .... Gardant donc en personne les passages du Rhèn, autant que cela
se pouvait, ici il les empêchait de le traverser, là il faisait face à ceux
qui le passaient. Mais n'ayant pour guerroyer contre ces grandes multitudes que
des forces insuffisantes et se trouvant dans un grand embarras, il pensa
amoindrir en partie le danger en traitant avec un des chefs de la Germanie ;
celui-ci empêchait les courses continuelles des autres barbares au delà du
fleuve, et ceux qui envahissaient le pays le trouvaient devant eux (65).
XXXVIII. Mais, quand Postumus, à qui avait été confié un commandement
militaire chez les Celtes, est poussé, lui aussi, à tenter un changement, il
prend avec lui les soldats complices de sa révolte et court à Agrippina (66),
très grande ville située sur le Rhèn où se trouvait Saloninus, fils de
Galliènus. Il y met le siège et se déclare résolu à ne le point lever qu'on
ne lui ait livré le jeune prince. Forcés par les misères du siège, les
soldats le livrent avec Silvanus qui avait reçu de son père la charge de
veiller sur lui. Postumus les fit périr tous les deux, et prit ainsi le pouvoir
souverain chez les Celtes.
LII (0). Il (Aurélianus) rangea en face (des Palmyrènes) son armée dans
laquelle il y avait, avec des Dalmates à cheval, des Nôriques et des Rheetes
qui sont des légions celtiques (67)...
LXIV... A Florianus (68) obéissaient les peuples
transalpins, Galates et Ibères, avec l'île Brettanique.
LXVI (0). Une autre révolte avait été pratiquée en Brettanie : il (Probus) y
mit fin par le ministère de Victorinus, Mauruse de nation, à la persuasion
duquel il se trouvait avoir chargé de commander en ce pays l'auteur de la
révolte. Ayant donc mandé Victorinus, il lui reproche son mauvais conseil et
l'envoie en Brettanie pour réparer sa faute. Celui-ci part sur-le-champ et, par
un moyen non moins prudent qu'ingénieux, il détruit l'usurpateur.
LXVII... (69). Les villes de la Germanie étaient
incommodées par les barbares des bords du Rhèn : forcé de les secourir,
Probus en personne vole vers le Rhèn ... ; et grâce à la fortune du roi (de
l'empereur) on vint facilement à bout de cette guerre.
LXVIII. Il eut une seconde bataille contre les Francs, et ayant remporté la
victoire grâce à la valeur de ses généraux, il combattit en personne les
Burgundes et les Vandiles... (0) Tous ceux qu'il lui fut possible de prendre
vivants, il les envoya en Brettanie. Fixés dans cette île, quand il y eut
quelque révolte, ils lui rendirent de bons services.
LXIX (0). Après la défaite de ces peuples sur les bords du Rhèn ...
LXXI.... Des Francs étant venus trouver le roi (l'empereur) et ayant obtenu des
terres pour y habiter, une partie d'entre eux se sépara des autres, se procura
des vaisseaux et porta le trouble dans l'Hellade entière. Ils abordèrent en
Sicélie, et, ayant attaqué la ville de Syracuse, ils y firent un grand
carnage. Enfin ils opérèrent une descente même en Libye ; repoussés par des
troupes envoyées de Carchèdon (Carthage), ils purent s'en retourner chez eux
sans avoir rien souffert (70)...
Livre deuxième.
X.
Maximianus Herculius, mécontent des troubles dont la république était pleine,
alla trouver Dioclétianus qui demeurait alors à Carnutum, ville des Celtes...
mais, ayant manqué son but, il alla jusqu'à Ravenne, et poussa de nouveau vers
les Alpes pour se rencontrer avec Constantin qui demeurait en ce pays. (71)
XIV (0). Maxentius avait la pensée de pousser jusqu'à Rhaetion par la raison
que ce peuple est proche de la Gallie et des régions de l'Illyrie (72).
XV (0) ... Constantin ayant rassemblé des forces prises chez les barbares qu'il
avait conquis pal les armes, chez les Germains et les autres peuples celtiques,
avec les hommes enrôlés en Brettanie, en tout environ neuf myriades de
fantassins et huit mille cavaliers, poussa des Alpes en Italie (73)
...
XVII. ... Ayant donné ordre aux affaires de Rome, Constantin courut chez les
Celtes et les Galates (Gaulois). Puis, ayant mandé Licinnius à Médiolanum, il
lui donna la main de sa soeur Constantia qu'il lui avait déjà promise
auparavant, voulant l'associer à sa haine contre Maxentius. Cela fait,
Constantin s'en retourna chez les Celtes (74).
XX. ... Constantin déclara caesar Constantin qui lui était né peu de jours
auparavant à Arelatum (Arles) (75).
XXXIII. ... (0) Au quatrième (préfet du prétoire) il (Constantin) donna les
Celtes transalpins et les Ibères avec l'île Brettanique (76)...
XXXIX. ... Constantin l'aîné, avec Constant le plus jeune, eut en partage tous
les pays delà les Alpes et en outre l'Italie, l'Illyride (77),
etc.
XLII ...... (0). Ceux qui étaient à table (78)
avec lui (Magnentius) l'ayant proclamé roi (empereur), les habitants de la
ville d'Augustodunum, où cela se passait, furent tous pareillement du même
avis. Et comme le bruit en courut plus loin, les gens de la campagne affluèrent
et se réunirent hors de la ville. À ce moment, des cavaliers d'Illyrie qui
avaient été envoyés pour compléter les légions campées chez les Celtes, se
mêlèrent à ceux qui avaient été rassemblés pour cet objet. En somme, ceux
qui étaient à la tête d'une troupe quelconque de soldats, se réunirent en un
groupe, et ayant vu les chefs de la conspiration pousser des cris, sans presque
savoir ce qui se faisait, ils crièrent aussi tous à la fois et appelèrent
auguste Magnentius. Constant, averti de ce mouvement, se hâte et veut fuir vers
une petite ville proche du Pyrénceum et nommée Hélénè. Mais il est arrêté
par Gaïson envoyé à cet effet avec quelques hommes choisis, et tué dans
l'abandon de tout secours (79).
XLIII (0). Magnentius eut donc l'empire et se trouva maître des peuples au
delà des Alpes et de l'Italie elle-même... Pendant qu'il demeurait chez les
Celtes, Népotianus... marcha sur Rome, se montrant sous la toge royale
(impériale) (80)...
XLV. ... Magnentius, ayant résolu d'aller à la rencontre (de Constantius) avec
de plus grandes forces, déclare caesar Décentius, son parent (81)
pour lui donner la garde des peuples transalpins.
LIV. Magnentius fut donc tué de cette manière (82)
; il tirait son origine des barbares et avait été chez les Lètes, peuple
galatique (gaulois) où il avait appris les lettres latines (83)...
Livre troisième.
1.
Constantius voyait que tous les pays soumis aux Romains leur étaient ôtés par
les invasions barbares ; que les Francs, les Alamans et les Saxons leur avaient
déjà pris quarante villes situées sur le Rhèn, qu'ils les avaient
dévastées ; que des habitants de ces villes, innombrable multitude, ils
avaient fait butin aussi bien que de leurs richesses, incalculables
dépouilles... Ne sachant que faire, ... il n'osait pas pourtant associer
personne à l'empire, et l'empire romain se trouvait dans le plus grand danger.
Alors Eusébie, sa femme.... lui suggéra une idée (84)
; elle lui conseilla d'établir, avec le titre de caesar, Julianus chez les
peuples transalpins...
II ... Dès que Julianus, mandé [par l'empereur], est arrivé de l'Hellade en
Italie, Constantius le déclare caesar, lui donne la main de sa soeur Hélène,
et renvoie au delà des Alpes (85). Défiant de son
naturel, et croyant qu'il ne pouvait pas encore compter sur le dévouement et la
fidélité de Julianus, il envoya avec lui Marcellus et Sallustius; et c'est à
eux et non au caesar qu'il confia l'administration du pays. Julianus ayant
passé les Alpes et s'étant installé chez les peuples galatiques qui lui
étaient assignés, comme les barbares n'en continuaient pas moins tout à leur
aise leurs invasions, Eusébie, par les mêmes raisons qu'auparavant, persuada
à Constantius de lui laisser toute l'administration de ces contrées-là.
III. Julianus (86), trouvant que l'organisation de
l’armée chez les Celtes était en majeure partie minée, que les barbares
passaient le Rhèn sans rencontrer d'obstacles, qu'ils poussaient dans leurs
courses presque jusqu'aux villes maritimes, examina ce que pouvait valoir ce qui
lui restait en fait d'armée. Voyant d'autre part que les gens du pays
tremblaient rien qu'à entendre le nom des barbares, que les soldats qui lui
avaient été donnés par Constantius, au nombre de trois cent soixante, ne
savaient, comme il dit lui-même quelque part, que faire des prières, il
encadra dans ses légions tous les hommes dont il put disposer et reçut même
de nombreux volontaires. S'occupant ensuite des armes, il en trouva de vieilles
emmagasinées dans une certaine ville, et, ayant jugé qu'elles valaient la
peine d'être entretenues comme il convient, il les distribua à ses soldats.
Informé par ses espions que près de la ville d'Argentore, située sur la rive
du Rhèn, une multitude innombrable de barbares avaient passé le fleuve, à
peine en eut-il eu connaissance qu'il marcha contre eux avec son armée
improvisée. Il en vint aux mains avec les ennemis et dressa un trophée, qui
surpassa toute hyperbole, car dans la bataille six myriades d'hommes furent
tués et d'autres, en pareil nombre, sautèrent dans le Rhèn et périrent dans
les flots (87) ...
IV (0). Cette tâche accomplie, le caesar rassembla à loisir une multitude de
soldats et se prépara à faire la guerre à toute la nation des Germains ; les
barbares lui opposèrent une multitude énorme de combattants ; mais, au lieu
d'attendre leur attaque, il passa le Rhèn, jugeant qu'il valait mieux guerroyer
sur leurs terres que sur celles de Rome. Par ce moyen les villes n'avaient pas
à souffrir une fois de plus du passage des barbares. Le combat fut très rude :
une multitude innombrable d'ennemis y tomba et le caesar poursuivi les fuyards
jusqu'aux forêts Hercynies. Ayant fait un grand carnage, et pris vivant
Badomarios (88), le fils du chef des barbares, il
ramena chez elle l'armée chantant ses victoires et célébrant l'habileté du
caesar son général. Julianus envoya Badomarios à Constantius, faisant hommage
de sa victoire à la fortune de l'empereur. Les barbares réduits à cet
extrême danger, et craignant déjà pour leurs femmes et pour leurs enfants,
qu'un jour le caesar, parvenant jusqu'aux lieux où ils étaient, ne fit butin
de leur race tout entière, envoient des députés pour parler avec lui
d'amitié et lui promettre de ne jamais plus faire la guerre aux Romains. Le
caesar leur dit ne pouvoir pas entrer en pourparler d'amitié avant d'avoir
recouvré tous les captifs qu'ils avaient antérieurement emmenés des villes
prises par eux. Ils demeurèrent d'accord de lui donner satisfaction sur ce
point et de lui rendre tous ceux qui étaient encore en vie. Et le caesar, pour
faire en sorte que pas un des prisonniers ne restât à son insu chez les
barbares, s'avisa de cet expédient : ayant envoyé chercher les hommes qui
s'étaient enfuis de chaque ville et de chaque bourgade, il leur demanda de lui
désigner par leurs noms ceux de la ville ou de la bourgade de chacun d'eux qui
avaient été emmenés comme prisonniers par les barbares. Chacun lui ayant
nommé ceux de sa connaissance, parents, voisins ou amis, il ordonne aux
secrétaires royaux (impériaux) d'en dresser une liste complète. Cela fait, et
les députés ignorant son dessein, il passe le Rhèn et enjoint aux députés
de revenir avec les prisonniers : ils ne tardèrent guère à exécuter ses
ordres et dirent qu'ils avaient tous les prisonniers. S'asseyant alors sur une
haute, estrade, le cæsar qui avait placé derrière cette estrade ses
secrétaires, ordonna aux barbares de faire, suivant leur convention, approcher
les prisonniers. Ceux-ci s'avançaient un par un en disant leurs noms, et les
secrétaires qui se tenaient près du cæsar cherchaient ces noms sur la liste
qu'ils avaient par devers eux; puis, rapprochant ceux qu'ils avaient notés
auparavant et ceux qu'on présentait actuellement au cæsar, et trouvant en bien
plus grand nombre ceux dont les noms avaient été donnés par les habitants des
mêmes villes ou bourgades, placés derrière le cæsar, ils lui signalaient ces
différences. Et lui, menaçant de la guerre les députés des barbares, parce
que tous les prisonniers n'avaient pas été rendus; il leur citait les noms,
que lui soufflaient ses secrétaires, de ceux qui manquaient de chaque ville, et
de chaque bourgade. Et les barbares, croyant que c'était par quelque action
divine que des choses si bien cachées, si peu claires, se déclaraient au
cæsar, convinrent de lui rendre tous les prisonniers qu'ils pourraient trouver
vivants : ils en firent serment à la façon de leur pays.
V. Cela fait, et les captifs rendus en nombre tel que devaient l'être ces
malheureux ramassés dans quarante villes prises de vive force, le cæsar se
trouvait bien embarrassé : que faire ? Il voyait les villes détruites de fond
en comble, la terre longtemps demeurée inculte, les vivres qu'il fallait
fournir non pas en petite quantité aux prisonniers rendus par les barbares, et
qu'il était impossible de se procurer dans les villes voisines qui, n'ayant pas
été elles-mêmes exemptes des attaques des barbares, n'avaient pas même pour
elles assez de vivres. Ne sachant donc comment faire face aux circonstances
présentes, voici le moyen dont il s'avisa : aux extrémités de la Germanie,
là où se trouve un peuple galatique (gaulois), le Rhèn se jette dans la mer
Atlantique. De ce rivage à l'île Brettanique, la distance est de 900 stades (89).
Julianus, ayant rassemblé beaucoup de bois coupé dans les forêts voisines du
fleuve, construisit 800 bateaux plus grands que des chaloupes; il les envoya en
Brettanié avec l'ordre d'en revenir chargés de blé; et ce blé, il s'arrangea
de façon à le faire transporter par les bateaux du Rhèn en amont de ce
fleuve. Cette opération, continuellement répétée, à cause de la brièveté
du trajet, fournit aux habitants rendus à leurs villes de quoi se nourrir,
ensemencer leurs terres et vivre commodément jusqu'à la moisson...
VI (0) Tous les barbares de ces pays-là avaient, pour ainsi dire, abdiqué
toute espérance, et peu s'en fallait qu'ils ne s'attendissent à la destruction
totale de ce qui restait encore de leur nation, lorsque les Saxons, de tous ceux
qui habitent ces régions les plus puissants par leur courage, leur force
(physique), et leur fermeté dans les batailles (90),
envoyèrent les Quades, qu'ils regardent comme une partie d'eux-mêmes, sur les
terres occupées par les Romains. Arrêtés au passage par les Francs, leurs
voisins, qui craignaient de donner au caesar un juste motif de marcher de
nouveau contre eux, ils construisirent des bateaux, et s'étant, par le Rhèn,
portés au delà des terres qu'occupaient les Francs, ils se ruèrent sur les
pays soumis aux Romains. Ayant abordé dans la Batavie, île formée par le
Rhèn divisé en deux bras, et la plus grande de toutes les îles fluviales, ils
en expulsèrent les Salii, branche de la nation franque, que les Saxons avaient
chassés de leur pays dans cette île. Or, cette île, qui auparavant était
tout entière aux Romains, était alors occupée par les Salii. Le caesar, ayant
appris ce qui se passait, attaque à son tour les Quades, recommande à son
armée de se battre rudement avec eux, mais de ne tuer aucun des Salii et de ne
pas les empêcher de passer la frontière romaine, où ils ne se présenteraient
pas en ennemis, mais contraints et forcés par les Quades. Connaissant cette
bonté du cæsar envers eux, des Salii les uns quittent leur île et passent
avec leur roi sur le territoire romain, les autres, cherchant un refuge,
descendent vers nos frontières; tous s'adressent au caesar en suppliants et
volontairement se donnent à lui avec tout ce qui leur appartient. Et lui,
voyant que les barbares n'avaient plus de hardiesse pour la vraie guerre, et ne
songeaient plus qu'à des courses clandestines et à des brigandages, mais n'en
faisaient pas moins de mal, un mal réel au pays, et ne sachant quel parti
prendre, il eut recours à un habile stratagème pour déjouer les artifices des
barbares.
VII. Il y avait un homme d'une taille au dessus de tous les autres et d'un
courage en rapport, avec sa taille : il était de la race des barbares,
accoutumé à faire avec eux le brigandage ; l'idée lui vint de laisser là sa
maison, ses habitudes, et de s'établir chez les Celtes, sujets des Romains. Il
demeurait depuis un certain temps à Trivères, la plus grande ville des nations
transalpines; voyant les barbares trans-rhénans courir par les villes de ce
pays-là et, sans nul empêchement, faire butin du bien de tous les habitants,
alors que Julianus n'avait pas encore l'autorité de cæsar, il s'était mis
dans l'esprit de défendre ces villes. Mais n'ayant pas la liberté d'agir,
attendu qu'aucune loi ne lui permettait de le faire, au commencement il se
cachait seul dans les fourrés les plus épais des bois et guettait l'arrivée
des barbares; puis, les attaquant de nuit dans le laisser-aller de l'ivresse et
du sommeil, il coupait autant de têtes qu'il pouvait et les allait montrer dans
la ville. Par cette pratique continuelle, il n'inspira pas peu de crainte aux
barbares qui, sans savoir comment cela se faisait, s'apercevaient bien du mal
dont ils souffraient à la diminution pour ainsi dire journalière de leur
nombre. D'autres brigands se joignirent à lui et, se rassemblant un par un,
devinrent une multitude. Alors, allant trouver le caesar, Charietton (c'était
le nom de l'homme qui le premier eut l'idée d'en user ainsi avec les barbares)
lui révèle ce qui, auparavant, n'était pas encore connu de beaucoup de
personnes. Or, il n'était pas facile au cæsar de poursuivre pendant la nuit,
avec son armée, en leurs incursions clandestines, les barbares qui, par petites
troupes, et en se dispersant sur plusieurs points, exerçaient leurs
brigandages, et, le jour venu, devenaient absolument invisibles, parce qu'ils se
cachaient dans les bois, autour de leurs champs, pour s'y nourrir des produits
de leurs rapines. Se prenant donc à penser à la difficulté de venir à bout
de ces ennemis, il se trouva dans la nécessité de poursuivre ces brigands non
seulement avec une armée, mais avec une bande de brigands. Il accueille ainsi
Charietton et sa suite et, leur ayant adjoint un bon nombre de Salii, il envoie
de nuit contre les Quades exerçant leurs brigandages ces hommes, brigands.
eux-mêmes de profession ; pendant le jour, il avait des troupes postées en
rasé campagne, et tous ceux qui pouvaient échapper aux brigands, il les tuait.
Il continua de faire ainsi jusqu'à ce que les Quades, se voyant dans une
situation extrêmement difficile et leur multitude réduite à un petit nombre,
se rendirent avec leur chef au caesar qui leur avait déjà fait, dans les
précédentes rencontres, quantité de prisonniers, et entr'autres le fils de
leur roi, qu'il avait reçu de Charietton. Tandis qu'ils étaient là, lui
adressant d'un air pitoyable leurs supplications, Julianus leur demanda en
otages quelques personnages illustres de leur nation et, avec eux, le fils de
leur roi. Alors le chef des barbares, s'étant mis à sangloter de la façon la
plus lamentable, jura tout en larmes qu'il avait perdu avec les autres son fils.
Et le caesar, prenant en pitié. ces larmes d'un père, lui montra son enfant,
bien nourri, bien traité (91) ; il ajouta qu'il le
gardait en qualité d'otage et, ayant reçu avec lui d'autres otages appartenant
à la noblesse, il leur accorda la paix, à la condition de ne plus prendre les
armes contre les Romains.
VIII..Ces affaires ainsi réglées, le caesar enrôla les Scilii, une partie des
Quades et quelques-uns des barbares établis dans l'île des Bataves ; il en fit
des corps réguliers qui, à ce qu'il paraît, ont été conservés jusqu'à
présent. Dans le même temps, le roi Constantius était en Orient, n'ayant en
tête que les affaires de la Perse, et employant ses forces aux guerres de ces
pays-là. (0) Chez les peuples delà les Alpes, tout allait bien pour lui,
grâce au gouvernement prévoyant et sage du caesar; l'Italie entière et
l'Illyrie n'avaient à redouter aucun danger, parce que les barbares delà
l'Ister, dans la crainte que le caesar, traversant les Gâlaties, ne vînt
passer le fleuve et tomber sur eux, se montraient plus modestes.
L'Orient paraissait tranquille (92); les exploits
du caesar étaient dans toutes les bouches ; Constantius en fut pris d'un
affreux chagrin. Mordu [au coeur] par le calme heureux qui régnait chez les
Celtes et les Ibères, il machinait des prétextes par où il pourrait peu à
peu et sans honte diminuer les forces du caesar, et ainsi le dépouiller de sa
dignité (93) : par un message, il ordonne à
Julianus de lui envoyer deux légions des soldats qui étaient chez les Celtes ;
il avait, disait-il, besoin de ce renfort. Julianus, qui ignorait son dessein et
ne voulait lui donner aucun sujet de se mettre en colère, accomplit
sur-le-champ les ordres [de l'empereur] ; mais aussi, jugeant à propos de
donner tous ses soins aux affaires des Celtes, il augmentait continuellement son
armée et inspirait aux barbares qui habitaient aux extrêmes frontières une
telle terreur qu'ils n'avaient pas, même en songe, envie de faire la guerre.
Cependant Constantius demanda que d'autres cohortes lui fussent encore envoyées
par le caesar, et, en ayant obtenu ce qu'il demandait, il donna peu après
l'ordre de lui envoyer quatre escadrons, et sur-le-champ le caesar signifia aux
soldats d'avoir à se préparer au départ.
IX. (D. B.) Julianus demeurait alors à Parisium, petite ville de Germanie (94)
; les soldats, qui étaient tout prêts pour le départ, prolongeaient très
avant dans la nuit leur repas du soir, aux alentours du palais, sans avoir,
aucune idée de ce qui se tramait contre le caesar. Mais quelques taxiarques
(tribuns) avaient découvert dans ce qui se faisait la vérité au sujet des
machinations auxquelles, depuis longtemps, Julianus était en butte : ils
jetèrent en cachette au milieu des soldats des billets anonymes et leur
révélèrent ainsi que ce caesar qui, par ses habiles manoeuvres, leur avait
pour ainsi dire donné à tous le moyen de dresser contre les barbares des
trophées, que ce général qui, dans les batailles, ne mettait entre eux et lui
aucune différence, allait courir un extrême danger, parce que le roi lui
soutirait peu à peu toutes ses forces; s'ils ne couraient tous arrêter les
soldats désignés pour partir. Ces billets ainsi semés çà et là furent lus
de quelques soldats, qui rapportèrent à la multitude l'intrigue en question et
excitèrent partout la colère. Ils se lèvent de table en grand tumulte et, la
coupe encore à la main, ils s'élancent vers le palais; ils en forcent les
portes, sans souci de l'étiquette, et, amenant le caesar dans la voie publique,
ils l'élèvent sur un bouclier, le proclament auguste empereur et lui mettent
par forcé le diadème sur la tête (95).
(0) Et lui, mécontent de ce qui était arrivé, mais ne pensant pas qu'il y
eût aucune sûreté pour lui à rappeler le passé, - car Constantius ne tenait
ni serments, ni traités, et ne gardait en rien la foi jurée, garantie des
relations des hommes, - il voulut pourtant sonder les intentions du prince, et
lui envoya des ambassadeurs. C'était contre sa volonté, disait-il, contre ses
intentions que s'était produit l'incident de cette proclamation; que l'empereur
voulût bien le lui pardonner, il se déclarait prêt à se contenter de la
dignité de caesar et à déposer le diadème. Mais Constantius se laissa
emporter par la colère et l'arrogance au point de dire aux ambassadeurs que, si
Julianus tenait à la vie, il devait déposer, avec l'insigne de la royauté, le
titre de cæsar; et, redevenu simple particulier, se remettre à la discrétion
du roi : il ne serait pas traité avec rigueur ni comme le méritait son
attentat. Après cette réponse, apportée par ses ambassadeurs, Julianus montra
clairement les idées de son choix par rapport à la divinité en disant
ouvertement, pour être entendu de tout le monde, qu'il valait mieux s'en
remettre pour lui et pour sa vie à la volonté des dieux qu'à la parole de
Constantius. Dès lors devint manifeste pour tous la malveillance de ce dernier
envers Le caesar en était là, retournant sa pensée en tout sens, agité,
hésitant à la veille d'une guerre civile, lorsque, dans un songe, la divinité
lui montra l'avenir. Il était à Vienne ; le soleil, dans un rêve, sembla lui
montrer les astres et lui dire ces vers :
Quand Zeus sera à la large limite du fameux verseau, et que Cronos viendra au
vingt-cinquième degré de la Vierge, Constantius, le roi de la terre d'Asie,
atteindra, dans les affres et la douleur, la limite de sa vie.
Rassuré par ce songe, il s'appliqua, selon son habitude, au soin des affaires
publiques, et, comme on était encore en hiver, il crut à propos de prendre à
l'égard des barbares toutes les précautions nécessaires, afin de laisser,
s'il devait être occupé ailleurs, les affaires celtiques dans une entière
sécurité...
X. Quand on fut au coeur de l'été, il avait arrangé les affaires avec les
barbares d'outre-Rhèn en obligeant les uns, par la guerre, à se montrer plus
sages, et en persuadant aux autres, par l'expérience du passé, de préférer
la paix à la guerre. Alors il régla tout dans l'armée comme pour une longue
absence, et, ayant établi dans les villes et sur les frontières des
gouverneurs civils et militaires, il marcha vers les Alpes avec toutes ses
forces...
XXXV. (D. B.) ... Les Bataves qui étaient à Sirmium, où ils avaient été
laissés pour la garde de cette ville, à la nouvelle de la mort de Julianus,
tuèrent Lucillianus parce qu'il avait été le messager d'un si grand malheur (96),
sans considérer qu'il était allié du roi; quant à Procopius, respectant en
lui un parent de Julianus, ils le renvoyèrent sans lui faire aucun mal.....
Livre quatrième.
III
(0). Il parut bon à Valentinianus, de partager l'empire avec son frère... en
prenant pour lui-même les villes de l'Illyrie, puis de passer en Italie et de
mettre sous son obéissance les villes de ce pays avec les peuples transalpins,
ceux de l'Ibérie, de l'île Brettanique et de la Libye tout entière Les
barbares d'outre-Rhèn, qui, tant qu'avait vécu Julianus, redoutant le nom des
Romains, étaient contents de rester dans leur pays sans y être troublés par
personne, n'ont pas plus tôt appris la nouvelle de sa mort qu'ils sortent de
leurs demeures habituelles et se préparent à la guerre contre les Romains.
Valentinianus, informé de leurs mouvements, distribue, comme il convient,
toutes ses troupes : infanterie, cavalerie, troupes légères, (D. B.) et met
dans les villes du Rhèn les garnisons nécessaires...
IX. ... Le roi Valentinianus, pendant qu'il résidait chez les nations
transalpines, courut les plus grands dangers et les plus imprévus (97).
Tous les Germains, au souvenir des maux qu'ils avaient soufferts dans le temps
que Julianus avait le pouvoir comme caesar, à l'heure même où ils connurent
sa mort, secouèrent la terreur dont leurs âmes étaient pénétrées, et,
reprenant leur audace naturelle, envahirent à la fois les contrées soumises à
l'empire romain. Le roi étant allé à leur rencontre, une rude bataille
s'engagea, où les barbares furent vainqueurs (98),
après avoir poursuivi l'armée romaine en déroute. Valentinianus ne songea
point à éviter le danger par la fuite, et, supportant sans fléchir ce coup de
la fortune, il rechercha les auteurs de cet échec, ceux qui les premiers
s'étaient mis à fuir. Grâce à une enquête exacte, il put accuser le corps
des Bataves; il ordonna donc à toutes les troupes de prendre les armes et de se
rassembler comme pour entendre des paroles qu'il avait à dire dans l'intérêt
général. Alors il tint un langage infligeant à ceux qui avaient fui les
premiers de la honte pour leur vie entière, et il donna l'ordre aux Bataves de
mettre bas les armes pour être vendus publiquement, comme des esclaves
fugitifs, à ceux qui en offriraient le prix, à condition de les transporter
ailleurs. Tous alors, prosternés le visage contre terre, supplient l'empereur
de délivrer l'armée d'une pareille honte, et promettent de se montrer des
hommes de coeur, vraiment dignes du nom romain. Le prince leur ayant ordonné de
montrer tout de suite ce qu'ils sauraient faire, ils se relèvent, s'arment
comme il fallait et recommencent le combat ; sortis de leur camp, ils
montrèrent dans la guerre un tel courage que, d'une immense multitude de
barbares, il s'en sauva à peine quelques-lins qui rentrèrent dans leurs
foyers. Telle fut alors la fin que la fortune mit à ce combat contre, la
Germanie tout entière (99).
XII. Pendant que Valens était occupé à ces préparatifs, le roi
Valentinianus, ayant rétabli l'ordre dans les affaires de Germanie (100),
crut qu'il lui fallait aussi pour voir, pour l'avenir, à la sécurité des
peuples celtiques. Ayant donc rassemblé une troupe de jeunes gens, la plus.
nombreuse qu'il pût, et parmi les barbares qui habitent les bords du Rhèn et
parmi les laboureurs des provinces soumises aux Romains, il les enrôla, leur
donna place dans les rangs de ses soldats, et les exerça si bien aux choses de
la guerre que, redoutant l'instruction et l'expérience de cette milice, pendant
neuf ans entiers, pas un des peuples transrhènans n'incommoda les villes
soumises aux Romains.
XIX. Après la mort de Valentinianus (101), les
taxiarques (tribuns des soldats) Mérobaudès et Ékitius, voyant que Valens et
Gratianus demeuraient au loin, l'un en Orient, l'autre chez les Galates
occidentaux, où il avait été laissé par son père, soupçonnèrent qu'il
pourrait bien arriver que les barbares delà l'Ister tombassent sur l'empire
dépourvu de chefs; ils firent donc venir le jeune fils de Valentinianus, que ce
prince avait eu de son mariage avec la veuve de Magnentius, et qui n'était pas
loin de là avec sa mère, et le conduisirent, revêtu de la pourpre, dans le
palais, bien qu'il eût à peine cinq ans. Gratianus et Valentinianus le Jeune
se partagèrent l'empire au gré de ceux de leur entourage, qui étaient les
arbitres des affaires, car, par eux-mêmes, les deux princes, en raison de leur
âge, n'avaient aucune autorité. Gratianus eut en partage les nations
celtiques, toute l'Ibérie et l'île Brettanique...
XXIV... Les peuples des bords du Rhèn infestaient, sans trouver d'obstacles,
les villes [voisines] ; Gratianus associa Théodosius à l'empire (102)
et... l'ayant mis à la tête des affaires de la Thrace et de l'Orient, il se
rendit lui-même chez les Galates occidentaux pour y établir l'ordre autant
qu'il serait capable de le faire.
XXXIII Le roi Gratianus ne fut pas médiocrement troublé par ce qu'on lui
annonçait (103) : il envoya une armée assez
forte, dont il donna le commandement à Baudon, un de ses généraux, avec qui
il envoya Arbogastès. Ils étaient tous deux de nationalité franque, fort
dévoués aux Romains, aussi peu que possible disposés à se vendre et
distingués dans les choses de la guerre par leur prudence et leur valeur.
XXXIV... Pendant qu'il (Vitalianus) commandait en Illyrie, deux partis de
Germains d'outre-Rhèn, l'un commandé par Tritigern, l'autre sous les Ordres
d'Allothus et de Safrax, s'abattirent sur les peuples celtiques et mirent le roi
Gratianus dans la nécessité de leur permettre, à condition qu'ils
quitteraient la Celtique, de passer l'Ister et. d'occuper la Panonie et la Mysie
supérieure...
XXXV... Les soldats s'insurgèrent aisément; ils proclamèrent roi Maxime (104),
le revêtirent de la pourpre et du diadème, et aussitôt, traversant l'Océan,
ils abordèrent aux embouchures du Rhèn. Les armées qui étaient en Germanie
et dans les contrées voisines s'étant prêtées très volontiers à cette
proclamation, Gratianus se présenta pour leur livrer bataille; il avait encore
avec lui, dans cette lutte, une partie assez considérable de son armée. Quand
les forcés [ennemies] se furent rapprochées les unes des autres, il y eut
d'abord des escarmouches pendant cinq jours seulement; mais Gratianus, ayant vu
d'abord toute la cavalerie des Maurusii faire défection et proclamer Maximus
Auguste, ensuite les autres se ranger peu à peu au parti de son rival, renonça
à ses espérances, réunit trois cents cavaliers et s'enfuit en toute hâte
vers les Alpes... XLVII. Le roi Théodosius, ayant ouï dire que Maximus,
passant les Alpes, avait laissé dans le pays son fils Victor (105),
honoré de la dignité de caesar, envoya sur-le-champ son général Arbogastès,
qui dépouilla du pouvoir le jeune homme et le fit mourir... Il laissa
Valentinianus disposer à son gré de l'Italie, des Celtes et de tous les pays
qui étaient sous sa domination. Ce prince avait avec lui sa mère, et elle
suppléait, autant que cela était possible à une femme, ce qui, en raison de
son jeune âge, lui manquait du côté de la prudence.
LI. Parmi ceux à qui avaient été commises les charges de l'État, on
considérait comme tenant dans les honneurs un rang à part Rufin, Celte de
nation, qui avait été fait maître des offices du palais (106).
Le prince lui confiait toutes choses, comptant pour peu les autres.
LII. Ce Rufin, comme s'il eût fait (en assassinant Promotus) quelque noble
action, fut déclaré consul... Auparavant, Titianus avait été destitué de sa
charge et mis en jugement; et Rufin avait été nommé préfet du
prétoire.
LIII Arbogastès, issu de la nation des Francs, avait été établi par
Gratianus, alors régnant, lieutenant de Baudon, et, celui-ci mort, fort de son
énergie, il s'était investi lui-même de la charge de maître de la milice
sans la permission du roi. Considéré par les soldats sous ses ordres comme à
la hauteur de cette dignité par sa valeur, sa science de la guerre, son dédain
pour l'argent, il parvint à une grande puissance et fut même assez fort pour
parler librement au roi et empêcher ce qui ne lui paraissait ni honnête, ni
opportun. Valentinianus, qui le supportait avec peine, lui résistait souvent,
mais en pure perte, parce que Arbogastès avait pour appui l'affection de tous
les soldats. Enfin le prince, ne pouvant souffrir davantage cette sujétion, un
jour qu'assis sur son trône royal il vit Arbogastès s'approcher, il lui jeta
un regard courroucé et lui remit un ordre écrit qui le privait de sa charge.
Mais lui, l'ayant lu : « Tu ne m'as pas, dit-il, donné cette charge, tu ne
pourras pas me l'ôter. » Et, cela dit, il déchira la lettre, en jeta les
morceaux par terre et s'en alla (107)...
LIV. Le roi faisait sa résidence à Vienne, ville celtique. Un jour qu'il se
livrait à divers jeux avec quelques soldats autour des murailles, sans avoir
aucune idée du sort qui l'attendait, Arbogastès, tombant sur lui, le frappe au
bon endroit et le tue (108). Tout le monde souffrit en silence ce coup d'audace,
à cause de la dignité de celui qui l'avait fait, de sa bravoure dans les
combats et aussi de la grande affection qu'inspirait à tous les soldats son
mépris pour l'argent. Il déclare Eugénius roi, donnant de lui de bonnes
espérances, à cause des qualités supérieures dont il était doué.
LVIII. ... Arbogastès, trouvant indigne de rien devoir à l'humanité de
Théodosius, s'enfuit dans les endroits les plus escarpés des montagnes, mais,
connaissant les allées et venues de ceux qui le cherchaient, il s'enfonça son
épée dans le corps, préférant une mort volontaire au malheur d'être pris
par ses ennemis.
LIX... Le roi Théodosius, ayant donné à Honorius, son fils, les peuples de
l'Italie, les Ibères, les Celtes et, en outre, toute la Libye, et revenant à
Constantinople, mourut de maladie (109) ...
Livre cinquième.
VII
Le roi (Arcadius), s'étant laissé persuader (par Gaïnas), vint hors de la
ville (Constantinople) au-devant des soldats, qui, l'ayant salué (110),
en reçurent les marques d'amitié qu'il convient de leur donner. Alors, à un
signe convenu que leur fit Gaïnas, tous ensemble. ils entourent Rufin et le
frappent de leurs épées : celui-ci lui abat la main droite, celui-là lui
coupe la main gauche ; un autre, qui lui a séparé la tête du cou, s'en va en
chantant des refrains. de victoire (111). Dans
leurs sarcasmes, ils allèrent jusqu'à promener sa main partout dans la ville,
en demandant à ceux qu'ils rencontraient de donner de l'argent à cet homme qui
en était insatiable.
XXVI. Pendant qu'Alarich était dans l'attente de l'ordre auquel il devait
obéir, Rodogaïse, ayant rassemblé au delà de l'Ister et du Rhèn, chez les
Celtes et chez les Germains, jusqu'à quarante myriades d'hommes, se hâtait
pour passer en ltalie (112)....
XXVII. À Ravenne Stélichon était prêt à marcher avec une armée sur les
villes d'Illyrie : aidé d'Alarich, il voulait les arracher à Arcadius et les
annexer au royaume d'Honorius; mais il se produisit deux incidents qui l'en
empêchèrent : le bruit qui courut de la mort d'Alarich et l'arrivée d'une
lettre de Rome par laquelle Honorius l'informait que Constantin s'était emparé
de la tyrannie, et qu'ayant passé de l'île Brettanique [sur le continent], il
se trouvait chez les peuples transalpins, exerçant dans les villes l'autorité
royale...
XXXI... il (Stélichon) lui disait que la révolte de Constantin ne lui
permettait pas de détourner son attention de l'Italie et de Rome elle-même,
lorsque déjà ce tyran avait parcouru toute la Galatie (Gaule) et faisait sa
résidence à Arélatos.
XXXII.... Les soldats, pris d'une sorte de délire, égorgent Limenius, préfet
du prétoire chez les peuples transalpins, et avec lui Chariobaudès, maître de
la milice en ces contrées : ils avaient pu s'échapper des mains du tyran et
étaient allés à la rencontre du roi à Ticènum.
XLIII. En ce moment, Constantin le tyran envoya des eunuques à Honorius pour
lui demander pardon d'avoir osé prendre la dignité royale : ce n'était pas de
son plein gré qu'il s'en était emparé; elle lui avait été imposée de force
par les soldats. Le roi, ayant entendu cette demande, considéra qu'il ne lui
était pas facile, alors que les barbares d'Alarich n'étaient pas loin, de
songer à d'autres guerres ; il fit d'ailleurs réflexion que ses propres
parents, Vérènianus et Didymius, étaient entre les mains du tyran ; il
accorda donc ce qu'on lui demandait et envoya à Constantin même la robe
royale, mais il prenait un soin bien inutile pour ses parents, égorgés même
avant le départ des ambassadeurs, et là-dessus il renvoya les eunuques.
Livre sixième.
I.
... (113) (0). À ce moment arriva de la part de
Constantin qui s'était fait tyran chez les Celtes,.Jovius, envoyé en ambassade
à Honorius. Ce personnage, aussi distingué par sa science que par ses autres
vertus, venait demander la confirmation de la paix, précédemment: conclue, et
en même temps le pardon [de l'empereur] pour le meurtre de Didymius et
Vérènianus, parents d'Honorius. Il disait, pour la défense de son maître,
que ce n'était pas par la volonté dé Constantin que s'était accompli ce
meurtre. Voyant Honorius tout troublé, Jovius ajouta que, occupé comme
l'était l'empereur des intérêts de l'Italie, il serait raisonnable à lui de
céder; que, s'il avait la permission de s'éloigner et d'aller annoncer à
Constantin la détresse de l'Italie, ce dernier ne tarderait guère à venir
avec toutes les forcés qui étaient chez les Celtes, en Ibérie et dans l’île
Brettanique pour secourir l'Italie et Rome en ces circonstances difficiles. À
ces conditions, Jovius reçut l'autorisation de partir. Mais les événements
accomplis chez les Celtes n'ont pas encore été racontés avec tous les
détails qu'ils méritent ; il est donc juste de remonter plus haut et de dire,
en les parcourant, comment les faits se sont passés.
II. Arcadius régnait encore; Honorius était consul pour la septième fois et
Théodosius pour la deuxième. Les soldats campés en Brettanie s'étant
révoltés, élevèrent Marcus sur le trône royal et lui obéirent comme au
maître de ce pays. L'ayant tué ensuite, parce qu'il ne partageait pas leurs
idées, ils amènent au milieu d'eux Gratianus, lui mettent la robe de pourpre
et la couronné et lui donnent une garde comme à un roi. Mais il leur déplaît
bientôt et, au bout de quatre mois, ils lui ôtent le pouvoir et la vie, et
donnent le titre de roi à Constantin (114).
Celui-ci, ayant placé à la tête des soldats campés chez les Celtes
Justinianus et Néviogastès, quitte la Brettanie et passe sur le continent.
Arrivé à Bonônia, - c'est la première ville qu'on trouve près de la mer, et
elle appartient à la Germanie inférieure, - il y demeure quelques jours et,
ayant mis dans ses intérêts toutes les troupes [du pays] jusqu'aux Alpes,
limites communes de la Galatie et de l'Italie, il croyait sûrement posséder
l'empire. Mais, vers le même temps, arrive le général Sarus avec une armée
envoyée contre Constantin pàr Stèlichon. Sarus, avec toutes ses forces,
marche à la rencontre de Jutinianus, général [ennemi] ; il le tue, lui et
la plus g,rande partie de ses soldats. Maître d'un butin considérable, il
apprend que Constantin a occupé Valentia, ville assez forte pour le mettre en
sûreté, et il en fait le siège. Restait l'autre général, Néviogastès ; il
offrit à Sarus de parler avec lui de paix. et d'amitié, et il fut accueilli
comme un ami ; mais les serments étaient à peine, échangés qu'il était
massacré ; car, pour Sarus, les serments ne comptaient pas. Or, Constantin prit
pour généraux Édobinclh, Franc de nation, et Gérontius, originaire de la
Brettanie. Alors Sarus, redoutant l'expérience de ces généraux aux choses de
la guerre et aussi leur bravoure, s'éloigna de Valentia, après l'avoir
assiégée sept jours. Les généraux de Constantin coururent après lui avec de
très grandes, forces, et c'est à grand'peine qu'il leur échappa, après avoir
abandonné tout son butin aux Bacaudes qui étaient venus à sa rencontre autour
des Alpes, afin d'obtenir d'eux le champ libre pour passer'en Italie (115).
Sarus arrivé ainsi sain et sauf en Italie, Constantin rassembla toutes ses
forces et eut l'idée de mettre des garnisons suffisantes dans les Alpes. Ces
montagnes, qui forment les routes pour aller du pays des Celtes en Italie et de
cette dernière contrée dans l'autre, se divisent en trois groupes, les
Cotties, les Poenines et les Maritimes. S'il jugea à propos de prendre les
mesures de prévoyance que j'ai dites, voici quels furent ses motifs.
III. A une époque antérieure, sous le sixième consulat d'Arcadius et de
Probus (116), des Vandiles mêlés à des Suèves
et à des Alains, ayant franchi ces passages, avaient porté le ravage chez les
peuples transalpins, et, après y avoir fait de grands massacres, s'étaient
rendus redoutables même aux armées de Brettanie, qui furent contraintes, par
la peur de les voir arriver jusqu'à' elles, d'en venir à élire des tyrans, je
veux parler de Marcus, de Gratianus et de Constantin après eux. Dans une rude
bataille contre ce dernier, les Romains furent vainqueurs, après avoir égorgé
la plus grande partie ,des barbares; mais ils ne poursuivirent pas les fuyards,
qu'ils auraient pu exterminer totalement : ils leur permirent ainsi de réparer
leur défaite, de former une grande multitude agglomérée et de devenir assez
forts pour engager de nouveaux combats. Voilà pourquoi Constantin mit dans ces
lieux des garnisons; afin de ne pas laisser le passage libre aux barbares. Il
mit ainsi hors de tout danger les pays rhénans, dont la sécurité avait été
bien négligée depuis les temps du roi lulianus (117).
IV. Après avoir ainsi réglé toutes choses dans la Galatie (Gaule) il revêt
des insignes de caesar Constant, l'aîné de ses fils, et l'envoie en Ibérie ;
il voulait se rendre maître de tous les peuples de ce pays, tout à la fois
pour augmenter son empire et pour ôter en ce pays la puissance aux parents
d'Honorius. La crainte lui était venue que, rassemblant un jour en corps
d'armée les soldats de ce pays, et franchissant la Pyrènè, ils ne marchassent
contre lui, pendant que le roi Honorius, envoyant d'Italie ses légions,
l'envelopperait de toutes parts et le dépouillerait de la tyrannie. Sur ce
point, Constant passa en Ibérie, ayant pour général Térentius, et pour
préfet du palais Apollinarius...
V. Les opérations terminées en Ibèrie , Constant revint vers Constantin son
père, emmenant avec lui Vérènianus et Didymius, et laissant là-bas, avec les
soldats de la Galatie (Gaule), le général Gérontius pour garder le passage de
chez les Celtes en Ibérie, malgré les réclamations des légions d'Ibérie,
qui voulaient que, selon la. coutume, cette garde leur fût confiée, et qu'on
ne s'en remît pas à des étrangers pour la sécurité du pays. Vérènianus et
Didymius, amenés à Constantin, furent mis à mort sur-le-champ. Constant fut
de nouveau envoyé par son père en Ibérie ; il emmenait avec lui Justus comme
général, intolérable affront pour Gérontius, qui, ayant gagné les soldats
de ces pays-là, souleva contre Constantin les barbares cantonnés chez les
Celtes, et Constantin ne leur put tenir tête, parce que la plus grande partie
de ses forces était en Ibérie. Aussi les barbares transrhènans, envahissant
à leur aise toutes ces contrées, mirent les habitants de l'île Brettanique et
quelques-uns des peuples celtes dans la nécessité de se séparer de l'empire
des Romains, de vivre par eux-mêmes, sans plus obéir à ses lois. Les gens de
la Brettanie prirent donc les armes et, affrontant le danger pour leur
intérêt, délivrèrent leurs villes des barbares qui les infestaient. Toute
l'Armorique et les autres provinces des Galates (Gaulois), à l'exemple des
Brettans, se rendirent libres de la même façon, chassant les magistrats
romains et constituant à leur gré chez eux un gouvernement national.
VI. Cette défection de la Brettanie et des peuples celtes arriva au moment où
Constantin usurpait le pouvoir souverain...
(01)
Eusèbe (Eusébios), surnommé
Pamphile, évêque de Césarée en Palestine, né en 264, mort en 340, retoucha
l'ouvrage de Julius Africanus, Chronologie universelle, qui s'arrêtait
à l'an 221, et le continua jusqu'à l'année 325. Il ne reste des Chroniques
d'Eusèbe (deux livres) que la traduction, de saint Jérôme et des fragments
recueillis par Scaliger en 1658, et par A.. Mai en 1833. Ces fragments ont été
tirés de la Chronique paschale et de la Chronographie de George le Syncelle,
qui souvent ne font que copier l'ouvrage d'Eusèbe. Nous donnons avec la version
de saint Jérôme ce qui reste du texte grec (la trad. en italiques).
(02)
V.
plus bas, liv. II (p. 144), sous la date Ol. 254, 1, la mort d'Alex. Sévère ;
notez la différence.
(03) Abyrtum,
ville de Thrace ou de Moesie. Ce nom est diversement écrit. Aure. Vict., Cæsar.,
Abruto (al. leg. Bruti fraude), Cassiodor., Chronic., Abricio,
Thraci e loco, De Regn. succ., I, abrupto, etc.
(04) Nous
donnons, sans les discuter, les dates d'Eusèbe et de saint Jérôme : on y
remarquera quelques différences avec la chronologie généralement admise.
(05)
Mayence.
(06)
Arles.
(07)
Nîmes.
(08)
Cologne, Colonia Agrippina.
(09)
Žylein,
Žylht®w, figure très usitée dans le
sens de martyre. V. ci-après Eus. H. E., V, 1.
(10)
Lyon.
(11) York.
(12) Mayence.
(13) L'Histoire
ecclésiastique, en X livres ou discours, depuis la naissance de Jésus-Christ
jusqu'à la défaite de Licinius (323). Cet ouvrage est intéressant surtout par
les nombreuses citations de documents qu'on ne trouve pas ailleurs. - Aucun de
ces extraits d'Eusèbe n'a été donné par D. Bouquet.
(14)
Pierre, Iere Epit., 1, 1 : « Pierre, apôtre (envoyé) de Jésus-Christ,
aux [Juifs] élus, dispersés chez les peuples du Pont, de la Galatie, de la
Cappadocie, de l'Asie et de la Bithynie. »
(15)
V. la note 2 ci-contre. Paul, Iere
Epit. à Timothée, IV, 10 : « Crescens se rendit en Galatie... »
(16) «
Il y avait plus de vingt ans que la colonie asiatique de Lyon et de Vienne,
malgré plus d'une épreuve intérieure, prospérait en toutes les oeuvres de
Christ... La communauté lugduno-viennoise était liée par une correspondance
active avec les églises mères d'Asie et de Phrygie... » Renan, ib., p.
289-290.
(17) Le
démon, « l'ennemi commun, » dans la trad. du président Cousin, celui qui est
appelé plus loin « le méchant, » õ
ponhrñw.
(18) Cousin
ajoute « à la fin du monde. »
(19) Christophorson
entendait les édifices publics.; Valois n'a pas de peine à démontrer qu'il
s'agit des maisons particulières, c'est-à-dire que toute relation privée ou
publique avec les autres citoyens était interdite aux chrétiens.
(20)
Les magistrats municipaux tels que les duumvirs (Val.).
(21) Le
légat de l'empereur, peut-être ici Sept. Sévère, celui qui régna quelques
années plus tard (193-211). Il fut, en effet, légat de Marc-Aurèle dans la
Lyonnaise; Lugdunensem provinciam legatus accepit. Spartien, Sévère,
III.
(22) Cf.
ci-dessus, § 10. C'est une allusion au mot de saint Luc, 1, 67, sur Zacharie,
père de saint Jean-Baptiste. KaÜ
ZaxarÛaw õ pat¯r aétoè ¤pl®syh pneæmatow gÛou «
et Zacharie, son père, fut rempli de l'Esprit saint. »
(23)
Allusion à l'examen que subissaient
les athlètes avant d'être choisis pour la lutte : l'auteur reprend sa
métaphore favorite. V. quelques lignes plus bas, 14.: « On prenait chaque
jour; etc. »
(24) Le
texte dit néophôtiste, c.-à-d. «nouvellement éclairé. » Ce mot,
qui est aussi expressif que néophyte, « nouvellement né, » méritait au
même titre d'être reçu dans notre langue. Nous n'avons pas osé le conserver.
(25) Il
est question ailleurs de cet instrument de torture. Justin, ap. Euseb.,.IV,
16 k’n jælÄ ¤ntinag°nai,
et Origène, ap. Euseb., VI,39 : toçw
pñdaw êpò t¡ssara toè kolasthrÛou jælou paratayeÜw diast®mata
kataspÅmenow. - Cf. Prudence; Peristeph.,
V, 251 sq.: Lignoque plantas inserit divaricatis crucibus. On voit par ces
textes que le jælon,
le nervus, les ceps, était une pièce de bois percée de plusieurs trous où
l'on introduisait, en les écartant plus ou moins, les jambes du patient.
(26)
„IlaroÜ pros¹esan,
c'est le même sens qu'à la ligne d'avant, katŒ
toçw parodouw, c.-à-d. dans le trajet de
la prison au tribunal.
(27)
Spectacle extraordinaire; car ces sortes de jeux ne pouvaient avoir lieu qu'à
certains moments de l'année et pendant un temps déterminé. - Cf. Eusèbe, H.
E., IV, XV, 27, lettre des chrétiens de Smyrne sur le martyre de Polycarpe. Le
peuple demandait qu'on lâchât un lion contre le saint. Le gouverneur répondit
que cela ne lui était pas permis, les chasses (kunhg¡sia)
étant finies.
(28)
L'Église.
(29) On
peut entendre ¤pist®santow
« l'ayant fait comparaître, » ou bien « l'ayant remarqué. »
(30) Combats
d'un contre un; combats de gladiateurs.
(31)
Le démon.
(32) 1.
Tatien, ibid., XXVIII : «... N'allez pas, dans vos moqueries, prêter votre
démence au héraut de la vérité. » - Cf. XXXVI : pÇw
²mw diagelte; et surtout L. gelte
k. t. l. .
(33) «
Le mot paroikÛa,
d'où est venu « paroisse, », fut d'abord à peu près synonyme d'église ou
diocèse.... ParoikÛa
impliquait le sens de colonie étrangère, l'Église,à la manière des Juifs,
se considérant comme étrangère et exilée partout où elle était... »
Renan, ibid., note.
(34) Marc-Aurèle
Antonin, 177 de J.-C.
(35) L'hérésie
des Montanistes.
(36)
Les Anciens, les Presbyteri.
(37) D'Otrus
ou Otrum, peut-être la même ville que l'Otryae, ƒOtræai,
de Plut. Lucull., et l'Otroea, ƒOtroÛa,
de Strabon.
(38) Sur
le sens du mot paroikÛa,
v. la note 4 de la page 189.
(39) Lettre
de l'empereur Constantin I.
(40)
Cacilianus, évêque de Carthage, accusé
d'opinions hétérodoxes.
(41)
An de J-C. 314.
(42) dun‹mevw.
Le traducteur grec de la lettre impériale a sans doute rendu par ce mot le
latin numen, puissance, volonté divine.
(43) Quatre
livres, qu'il ne faut pas confondre avec le Panégyrique du même empereur, EÞw
KvstantÝnon tòn basil¡a triakontaethrikñw (lñgow),
prononcé la 30e année de son règne.
(44) Le
rhéteur Eumènius, ou l'auteur quel qu'il soit du Panégyrique déjà cité, ne
revient pas avec moins de complaisance sur cette soumission de la Bretagne. Il
trouve même cette île bien heureuse d'avoir eu un tel vainqueur : il s'écrie
(c. IX): O fortunata et nunc omnibus beatior terris Britannia, quae Constantinum
caesarem prima vidisti...
(45) Quinze
livres.
(46) Démétrios
de Tarse, contemporain de Plutarque ; le souverain dont il est ici question est
vraisemblablement Vespasien. - Sur les îles voisines de la Grande-Bretagne, v.,
outre Mêla, loc. cit., Pline, IV, XXX, 16 ; Solin., XXII, etc.
(47) Comp.
Diod. Sic., V, XXXII, dans notre t. 11, p. 396-397, et la note 2 de cette
dernière page.
(48) Comp.
César, V, 14 : Uxores habent deni duodenique, inter se communes, et maxime
fratres cum fratribus, parentesque cum liberis, etc.
(49) La
circoncision, le huitième jour après la naissance.
(50) En
Égypte.
(51)
Vingt-deux livres ou discours, embrassant
une période de dix ans, du 7e consulat d'Honorius à l'avènement de
Valentinien III (407-425). Il n'en reste que des fragments conservés par
Photius, Bibl., cod. LXXX. Zosime s'est beaucoup servi de ces Mémoires
d'Olympiodore dans les deux derniers livres de son ouvrage.
(52) L'auteur désigne le souverain tantôt
parle nom de roi basileçw,
tantôt par celui d'empereur aétokr‹tvr.
- Comp. ici Zosime, V, XLIII, et. VI, II. V. ci-après.
(53) An de
J.-C. 407.
(54) Boulogne-sur-Mer,
auparavant Gesoriacum. Le nom nouveau commence à paraître vers cette époque.
Eutrop., IX, , 21 ; Eumen., Panéq. de Constantin, V, Bononiense oppidum.
- V. ci-apr. Zosime.
(55) A
Vienne en Dauphiné, apud Viennam, P. Oros., VII, 42, ¤n
bi¡nnú, Sozom., IX, 13.
(56) Commandant
du contingent fourni par les Burgundes.
(57) Probablement
une sorte de filets tels que ceux qu'on appelle en grec kruw
et en latin casses.
(58) 1er
janvier 414. - Ingénius, forme exacte Ingénuus.
(59) Sur un
lit de parade. - Cet usage a duré longtemps. V. Sévigné, Lettr., 8
déc. 1679, et comp. Labruyère, ch. VII, De la Ville, av.-dern, alinéa.
(60) Six
livres : Histoire des empereurs romains depuis Auguste jusqu'à l'an 410;
simple résumé jusqu'à Dioclétien, le récit est plus développé à partir
du règne de ce prince. Il manque la fin du 1er livre, le commencement du
second, c'est-à-dire la fin du règne de Probus, les règnes de Carus, de
Numérien et de Carin (liv. 1), puis les règnes de Dioclétien, de Maximien, de
Constance et de Galerius jusqu'à l'an 305 de J.-C.; il manque aussi la fin du
6e.
(61) Sévère.
(62) Comp.
plus.haut, p. 144-145, Eusèbe, Chronic., II, sub ann. Ol. 254, 1, apr.
J.-C. 235.
(63)
Apr. J-C. 237.
(64) Apr.
J.-C. 253.
(65) Apr.
J.-C. 254.
(66) Agrippina
(Colonia), Cologne (an de J.-C. 260).
(67) C'est-à-dire
cantonnées chez les Celtes.
(68) An de
J.-C. 276.
(69) An de
J.-C. 277.
(70) An de
J.-C. 277. - Eumène (Paneg. de Constance Chl., 18) rappelle ce fait
d'incroyable audace de prisonniers francs « qui a Ponto usque correptis
navibus, Graeciam Asiamgiie populati, nec impune plerisque Libye littoribus
appulsi, ipsas postremo navalibus quondam victoriis ceperant Syracusas, etc.
(71) An de
J.-C. 307.
(72) An de
J.-C. 308.
(73) An
de. J.-C. 312.
(74) An de
J-C. 313.
(75) An
de J.-C. 317.
(76) An
de J.-C. 332.
(77) An de J.C. 337. Les deux princes ici
mentionnés étaient fils de Constantin 1er, dit le Grand.
(78) An de J.-C. 350 : Le repas se prolongea
fort avancé dans la nuit... Toè d¢
sumposÛou m¡xri m¡svn ¤ktay¡ntow nuktÇr, õ Magn¡ntiow di‹ ti d°yen
tÇn ŽnagkaÛvn dianstŒw ¤k toè deÛpnou kaÜ pròw braxç tÇn daitumñnvn
¥autòn Žpost®saw, ¤faÛneto toÝw sumpñtaiw Ësper ¤n skhn» t¯n
basilik¯n ±mfiesm¡now stol®n. TÇn de ktl.
(79) Ce
passage est traduit d'Aurelius Victor (De Vita et Moribus impp. rom.,
XLI) ou puisé à la même source « Constans fugere conatus apud Helenam
oppidum Pyrenaeo proximum a Gaisone cum lectissimis misso interficitur anno III
dominationis. - Helena, Elne (Pyrén.-Orientales), nommée primitivement
Illiberis.
(80) An de
J.-C. 350.
(81) An de
J.-C. 351. Saint Jérôme dit « son frère. »
(82) An
de J.-C. 352. - V. la note 2 de la page ci-contre.
(83) La perte
de la bataille de Mursa, en Pannonie (351), lui avait porté un coup dont il
n'avait pu se relever. Il avait dans son armée des cohortes gauloises ou
celtes; il en engagea quatre qui périrent jusqu'au dernier homme dans un stade
près de la ville où il les avait postées. Zosime, II, 50. ToætÄ
(stadÛÄ) KeltÇn f‹laggaw t¡ssaraw ¤nap¡krucen... xriw ÷te di¡fyeiran
"pantaw .- Sur Magnence et sa
tyrannie, v. ci-après Socrate, II, 25, 32. Selon cet historien, Mursa est une
place forte des Gaules (froærion d¢
toèto tÇn GalliÇn), à trois journées
de marche de Lyon, et Adrien de Valois n'hésite pas à y voir la petite ville
de La Mure en Dauphiné. « Eam esse existimat Hadr. Valesius, quæ, sublata una
littera, nunc appellatur Mura, La Mure, et in Delphinatu posita est, abestque ab
urbe Lugduno leugas circiter XXV aut etiam XXX, quod trium dierum iter facile
conficitur. Note de D. Bouq. - Sozornène, Hist. eccl., IV, 7 (v.
ci-apr.), copie Socrate.
(84) Sur
le rôle de l'impératrice Eusébie en cette affaire, v. ci-apr. Socrate, Hist.
eccl., III, 1. Comp. Amm. Marcell., XV, VIII, 1 : Queis (Constantii
proximis) adnitentibus obstinate, opponebat se solaregina, incertum...... an pro
nativa prudentia consulens in commune, omnibusque memorans anteponi debere
propinquum....
(85) Comp.
plus bas Socrate, Hist. eccl., liv. II, 1, et Sozomène, Hist., eccl.,
V, 1-3. Ces écrivains chrétiens apprécient avec assez d'impartialité dans le
nouveau césar et dans le successeur de Constance l'homme de guerre,
l'administrateur, le philosophe et le restaurateur impuissant d'une religion à
jamais déchue.
(86) 350
ap. J.-C. - Socrate, ibid., indique l'espèce de désordres auxquels le jeune
césar dut avant tout remédier.
87) Pour
les détails de la bataille d'Argentoratum (apr. J.-C. 357), v. les
développements un peu emphatiques d'Amm. Marcellin (XVI,,12). Selon lui, les
pertes des Romains furent insignifiantes : Ceciderunt autem in hac pugna Romani
quidem CCXL et in rectores vero IV... ex Alamannis vero sex millia corporum
inventa sunt in campo constrata, et inaestimabiles mortuorum acervi per undas
fluminis ferebantur...
(88) Ici,
comme plus haut, dans le XIIIe fragm. d'Eunape, p. 128-9, il faudrait sans doute
écrire Vadomarios ou Vadomarius. Cf. Amm. Marcel:, XIV, X, 1 et ailleurs.
(89) Les
quatre lignes qui précédent se trouvent dans les extraits de D. Bouquet. - 900
stades = 180 m. X 900 st. = 162 kil. - C'est de la Bretagne qu'il tirait
d'habitude ses approvisionnements, annona a Britannis sueta transferri. Amm.
Marcell., XVIII, II, 3.
(90) Ce
morceau, à partir d'ici, se trouve dans D. B.
(91) Comp. plus haut, p. 122-129, le
dramatique récit d'Eunape.
(92) An de J.-C. 359.
(93) Amm. Marcell.,. XX, IV, 1 : .... Urebant
Juliani virtutes, quas per ora gentium diversarum fama celebrior efundebat...
(94) An de J.-C. 360. - Cf. Amm. Marcel l., ibid.,
11 : cum ambigeretur diutius qua pergerent via, placuit...... per Parisios
homines transire, ubi morabatur adhuc caesar nusquam motus...
(95) Comp. Ammien, ibid., 14, 17 : ...
lmpositusque scuto pedestri et sublatius eminens, nullo silente, Augustus
renuntiatus ...
(96) Il était
le beau-père du nouvel empereur Jovien, et avait été chargé, avec Procope et
Valentinien (le successeur de Jovien), de porter aux armées la nouvelle de la
mort de Julien. - Apr. J.-C. 363.
(97)
Apr. J.-C. 366.
(98)
Charietton périt dans cette bataille: V., Amm. Marcell., XXVII, 1.
(99) An de J.-C. 366.
(100) Valentinien demeura toute cette année
dans le N.-E. de la Gaule, à Reims, à Metz, à Chalons, pour surveiller les
desseins des Alamans.
(101) An de J.-C. 375.
(102) An de J.-C. 379.
(103) Ces
mauvaises nouvelles étaient le déplorable état de la Thessalie et de la
Macédoine, et la négligence de Théodose, son associé à l'empire, qui, sans
être touché des misères publiques, ne songeait qu'a donner à Constantinople
un luxe et des plaisirs en rapport avec la grandeur de la ville.
(104) An de J.-C. 383.
(105) An de J.-C. 388. Magister
officiorum. « C'était une espèce de ministre universel, dont les
fonctions étaient fort étendues ; il rendait la justice à presque tous les
employés du palais (palatini), etc., etc. » Guizot, Hist. de la
civil. en France, t. III, p. 9, in-8°.
(106) Comp.
ci-après Philostorge, XI, 1, p. 283. - Grég. de Tours, 11;9, donne, d'après
Sulpice Alexandre, d'autres détails intéressants ... Valentiniano, pene infra
privati modum redacto, militaris rei cura Francis satellitibus tradita...
(107) An de
J.-C. 392. - Cf. Philostorg., ibid., p. 85.
(108) An de
J.-C. 395.
(109) Proprement
« adoré, » selon l'usage.
(110) Littéralement des « paeans. » - Cf.
ci-apr. Philost., p. 288-289.
(111) An de J.-C. 405.
(112) A Honorius qui voulait passer en Orient
pour venir en aide à son jeune neveu, Théodose II, que la mort d'Arcadius
venait de mettre en possession du trône.
(113) An de J.-C. 407.
(114) Ici commence l'extrait de D. Bouquet.
(115) An de J.-C. 408.
(116) An de J.-C. 406.
(117) De l'empereur Julien.