CHRONIQUE : CHAPITRES I à L
Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer
DE
Jean, évêque de Nikiou, l’auteur de la chronique que nous publions aujourd’hui pour la première fois, était l’un des principaux dignitaires de l’église jacobite d’Égypte, dans la seconde moitié du viie siècle. Nous ne connaissons de sa vie qu’un petit nombre de dates, consignées dans l’histoire des patriarches d’Alexandrie. En sa qualité de recteur des évêques de la haute Égypte, il prit part, en l’an 402 des martyrs (686 de J.-C.), à l’élection du successeur du patriarche Jean de Semnoud, accompagna le patriarche é1u à la cour du gouverneur d’Égypte, ‘Abd al-‘Azîz, et ramena le patriarche imposé par l’émir musulman, de Misr à Alexandrie. Vers 694, sous le pontificat de Siméon, quarante-deuxième patriarche monophysite d’Égypte, il fut nommé administrateur général des monastères. Accusé d’un excès de pouvoir, il fut condamné par une assemblée d’évêques et dépouillé de la dignité épiscopale. Il est permis de supposer qu’il était d’un âge déjà avancé quand il obtint les hautes fonctions dont il était revêtu dès avant l’an 686, et que sa vie ne se prolongea pas beaucoup au-delà de la fin du viie siècle.
La chronique de Jean de Nikiou est .un document précieux qui nous a conservé quelques traditions locales sur l’histoire ancienne de l’Égypte, des renseignements authentiques sur certaines époques de l’empire d’Orient, notamment sur la révolution qui amena la chute de Phocas et l’avènement d’Héraclius, et sur la situation de l’Égypte au viie siècle, ainsi qu’une relation presque contemporaine de la conquête de l’Égypte par les musulmans. Mais elle ne .nous est parvenue que dans une version éthiopienne, exécutée sur une ancienne paraphrase arabe, en 1602 de notre ère, par un savant abyssinien, dont le nom nous est inconnu, et un moine et diacre égyptien, nommé Gabriel, son collaborateur. Le texte original était écrit en grec, sauf un certain nombre de chapitres, se rapportant à l’histoire spéciale de l’Égypte, que l’auteur avait rédigés en copte. L’emploi alternatif de deux langues différentes dans un même ouvrage, imité peut-être de certains livres de la Bible, s’explique par l’origine des récits de cette chronique, tirés, les uns de sources grecques, les autres de traditions indigènes. Dans la paraphrase que nous avons sous les yeux, on reconnaît l’un et l’autre des deux idiomes de la rédaction primitive, soit aux formes des noms propres plus ou moins altérés, soit à quelques mots non traduits ou à certains malentendus caractéristiques. On constate aussi que la plupart de ces malentendus et contresens proviennent de la version arabe que le traducteur éthiopien, selon toute apparence, a reproduite très littéralement. On trouvera de nombreux exemples de ces deux ordres de faits dans les notes que j’ai ajoutées à la traduction française. D’ailleurs, le caractère décousu de la narration et la mention, dans quelques-unes des rubriques de la table des chapitres, d’événements dont il n’est pas question dans le corps du texte, font supposer que la version intermédiaire ne rendait parfois le texte original que sous une forme abrégée.
La version éthiopienne qui a été rarement copiée en Abyssinie, depuis le commencement du xviie siècle, nous a été transmise telle qu’elle est sortie de la plume du traducteur, sans altération du contexte, et avec toutes les négligences de traduction, les fautes de transcription des noms propres et les irrégularités de grammaire qui sont déjà anciennes dans l’idiome éthiopien (comme la confusion des genres des substantifs et des pronoms) ou qui se sont introduites, dans la langue littéraire des derniers siècles. Je n’ai eu garde d’en changer la physionomie, en corrigeant ces erreurs. Mes rectifications se bornent aux fausses leçons qui détruisent le sens du texte et à celles qui me paraissent provenir de la négligence des scribes. C’est dans la traduction française que j’ai rétabli, autant que possible, à l’aide d’autres documents historiques, les formes exactes des noms propres ou leurs équivalents français.
La présente édition a été établie d’après deux manuscrits, conservés, l’un à la Bibliothèque nationale (que je .désigne par la lettre A), l’autre au Musée Britannique (que je désigne par B). Ces deux exemplaires, qui datent de la fin du XVIIe siècle ou du commencement du XVIIIe, ne diffèrent que par des variantes d’importance secondaire; la ressemblance est si complète que parfois un mot écrit, par erreur, deux fois, se trouve répété dans l’une et l’autre copie. Par conséquent, il y a lieu de croire que les deux manuscrits ont une source commune ou que l’un a été copié sur l’autre. …. De ce fait on pourrait conclure que le ms. B est le prototype du ms. A. Cependant chacune des deux copies présente un certain nombre de petites lacunes et de fautes qui lui sont particulières, de sorte que la leçon exacte se trouve tantôt dans l’une, tantôt dans l’autre. J’ai relevé et j’indique au bas des pages toutes les variantes, à l’exception des variations d’orthographe des lettres aspirées et sifflantes. En rétablissant partout la forme régulière des mots renfermant des lettres aspirées ou gutturales, affectées de la voyelle a ou â, qui, dans les manuscrits modernes, ne sont plus distinguées, je n’ai indiqué la leçon des manuscrits que dans le cas ou j ai change la voyelle brève en une voyelle longue.
En ce qui concerne la place que notre chronique occupe dans la chronographie byzantine et, en particulier, ses rapports de ressemblance avec les chroniques de Jean Malalas et de Jean d’Antioche, ne pouvant traiter ici la question, avec tous les développements nécessaires, sans dépasser les limites de cet avertissement, je renvoie au mémoire inséré dans le Journal asiatique,[1] où j’ai brièvement exposé les résultats de mes recherches. Je crois cependant devoir insister davantage sur un fait que je n’avais pas suffisamment fait ressortir, à savoir que l’auteur égyptien, tout en suivant, dans la première partie de son ouvrage, la chronique de Jean Malalas, s’en est souvent écarté et qu’il a mis à contribution d’autres sources. Ainsi l’on constate des différences entre les deux auteurs dans l’histoire de Persée (chapitre xxi de notre texte), dans l’histoire de Melchisédec (chap. xxvii), dans l’histoire d’Endymion (ch. xxviii), dans l’histoire du pharaon Pétisonniôs (chap. xxx), dans l’histoire de la fondation de Jérusalem (chap. xxxii), dans lé récit relatif aux nymphes (chap. xxxv), dans l’histoire de Palamède (ch. xlvi), dans l’histoire des soixante-dix interprètes (ch. lx), dans l’histoire d’Hérode (chap. lxv), etc. A part les récits relatifs à l’histoire de l’Égypte dont nous avons déjà parlé, notre chronique contient encore d’autres récits qui manquent dans l’ouvragé de Jean Malalas : l’histoire d’Héber (chap. xxvii), l’histoire de l’invention de la médecine (chap. xxxvii), l’histoire de la construction des bains et des académies par Salomon (ch. xxxviii), l’histoire des clous de la Sainte Croix (ch. xlii), l’histoire de la destruction de Palmyre et de Tyr par Nabuchodonosor (chap. xlviii et xlix), le dépôt de l’arche sainte dans une caverne (chap. l), l’explication du nom d’Alba et du nom de Carthage (chap. liv et lv), l’histoire de Numa (ch. lvii), etc. Du reste, il n’est pas probable que Jean de Nikiou ait eu sous les yeux la dernière rédaction de l’ouvrage de Jean Malalas.
DE
(TRADUCTION.[2])
Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, Dieu un.
Préface de cet ouvrage qui se compose de cent vingt-deux chapitres. Ces récits, en ce qui concerne les événements anciens des temps primitifs, l'auteur les a recueillis dans les anciennes chroniques, à savoir : les événements survenus depuis Adam jusqu'à Tîw (Didon), qui régna sur les Grecs et sur l'Afrique ;, et depuis l'époque de Romulus et de Rémus, d'heureuse mémoire, qui régnèrent sur Rome, jusqu'à la fin du règne de saint Constantin, premier empereur chrétien de Rome ; et depuis l'avènement des fils du grand et pieux empereur chrétien Constantin jusqu'à la fin du règne de l'empereur Jovien, l'ami de Dieu ; et depuis l'avènement de Valentinien jusqu'à la fin du règne de Théodose, le grand empereur bienheureux ; et depuis le temps d'Arcadius et d'Honorius, les fils de l'empereur Théodose, l'ami de Dieu, jusqu'à la fin du règne d'Anastase, l'empereur bienheureux ; et depuis le règne de l'empereur Justin jusqu'à la fin du règne d'Héraclius ; et depuis le temps de Théodore, préfet augustal d'Egypte, jusqu'à Jean, moine du couvent de Sinaï, partisan de la foi des Chalcédoniens. Or ces récits ont été rédigés, du commencement à la fin, par le pieux Jean Modabbir, c'est-à-dire le recteur, qui était évêque dans la ville de Nikious ou Absây, en Egypte ; il les a tirés d'histoires plus étendues ; ils sont disposés en chapitres, au nombre de cent vingt-deux, qui forment une chronographie commençant par la génération des hommes primitifs.
Chapitre i. Des noms d'Adam et d'Eve et de leurs enfants, et des noms de toutes les créatures.
Chapitre ii. Des noms des étoiles,[3] du soleil et de la lune, et comment ils furent trouvés dans les livres hébreux.
Chapitre iii. Des premiers qui se livrèrent à la navigation et qui naviguèrent sur mer.
Chapitre iv. Des premiers qui gravèrent des astrolabes et de ceux qui les gravaient dans la suite. •
Chapitre v. De la fondation de Babylone ; de ceux qui adorèrent l'image du cheval[4] ; de l'origine de la chasse et de l'usage de manger (la chair) des animaux.
Chapitre vi. Des premiers qui mangèrent de la chair humaine. De celui qui avait tué ses fils et de celui qui, ensuite, tua son père.
Chapitre vii. Du premier qui prit pour femme sa propre sœur.
Chapitre viii. De celui qui fonda la ville de Ninive et qui, le premier, prit pour femme sa mère.
Chapitre ix. Du premier qui travailla l’or et qui le chercha dans les mines.
Chapitre x. Du premier qui fabriqua des armes de guerre.
Chapitre xi. Du premier qui construisit un four et qui épousa deux femmes.
Chapitre xii. De celui qui fonda une ville nommée Ville du Soleil (Héliopolis).
Chapitre xiii. De celui qui fonda les deux villes (nommées) Abousir, l'une dans l'Egypte supérieure, l'autre dans l'Egypte septentrionale.
Chapitre XIV. De la fondation de la ville de Semnoud et de l’Albarâbi, qui est un temple d'idoles.
Chapitre xv. Des Grecs[5] qui les premiers, ont proclamé la majesté de la Trinité consubstantielle.
Chapitre xvi. De l'introduction de la culture de la terre dans les provinces d'Egypte. Dans quelle situation se trouvait l'Egypte, à l'origine.
Chapitre xvii. De celui qui, le premier, leva l'impôt en Egypte, arpenta la terre et força les habitants à donner (une redevance) au roi. Qui a creusé la terre pour faire écouler l'eau, et creusé le canal appelé Dîk.
Chapitre xviii. De celui qui fit disparaître les eaux et dessécha les marais, en Egypte, de sorte que l'on pût y bâtir des villes et des villages et établir des plantations.
Chapitre xix. De la construction de trois pyramides dans la ville de Memphis.
Chapitre xx. De celui qui, le premier, fit des vêtements de couleur.
Chapitre xxi. De celui qui fit de belles statues, et qui les adorait. De celui qui fonda les villes d'Icône et de Tarse. Qui a donné à l'Assyrie le nom de Perse ; qui a planté des arbres en Egypte ; et qui, le premier, a adoré le soleil, la lune, le feu et l'eau.
Chapitre xxii. De celui qui a rendu un culte particulier à la lune et lui éleva un autel comme à une divinité.
Chapitre xxiii. De celui qui donna son nom à la Libye. Qui a fondé la ville de Tyr et qui a donné leurs noms à Canaan, à la Syrie et à la Cilicie.
Chapitre xxiv. De celui qui donna des noms aux villes d'Europe et fonda la ville de Gortyna.
Chapitre xxv. De celui qui, le premier, mit des ais de bois aux pieds d'un homme.
Chapitre xxvi. De celui qui, le premier, construisit un autel aux idoles et qui les adora.
Chapitre xxvii. De Melchisédec le prêtre et de son origine ; de la fondation de Sidon et de Sion appelé Salem. De la dénomination des Juifs ou Hébreux.
Chapitre xxviii. De l'invention de l'écriture des Grecs et de l'art d'écrire les lettres grecques.
Chapitre xxix. Du déluge dans l'Attique, comment les eaux y séjournèrent longtemps, et comment le pays devint désert.
Chapitre xxx. Du pharaon qui était l'adversaire de Moïse et comment il périt avec les siens au fond de la mer Rouge.
Chapitre xxxi. De celui qui changea le nom de la ville d'Absây en Nikiôus. Comment, par la volonté de Dieu, le fleuve qui coulait près d'elle, changea son cours de l'orient vers l'occident de la ville.
Chapitre xxxii. De la fondation de Jérusalem, du changement de son nom en Néapolis, et de la construction, dans cette ville, de la maison de Dieu.
Chapitre xxxiii. De celui qui, parmi les anciens, commença à exercer une industrie manuelle.
Chapitre xxxiv. Qui a trouvé une inscription et l'a communiquée aux hommes. Qui a inventé l'enseignement et qui a expliqué des vers gravés sur une table de pierre.
Chapitre xxxv. Qui a établi la loi du mariage, prescrivant que les hommes prissent pour femmes des jeunes filles vierges et les appelassent épouses ; et qui a introduit l'usage des repas.
Chapitre xxxvi. Qui, le-premier parmi les Grecs, a cru en quelque sorte à la sainte Trinité ne formant qu'une seule divinité.
Chapitre xxxvii. Des premiers qui, dans le monde, pratiquèrent la médecine.
Chapitre xxxviii. Qui, le premier dans le monde, a construit un bain.
Chapitre xxxix. Qui, le premier, a joué de la flûte et d'instruments semblables, comme le cor et la trompette.
Chapitre xl. De la fondation de Cyzique. Comment l'oracle proclama l'unité de la Sainte Trinité et annonça aux gens que Dieu naîtrait d'une vierge.
Chapitre xli. Qui a établi le sanctuaire du Sosthenium. De la fondation (à sa place) d'une église, sur l'ordre de l'empereur Constantin, l'ami de Dieu.
Chapitre xlh. Des clous (de la croix) de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et comment, par eux, les empereurs remportaient la victoire.
Chapitre xliii. Qui a donné leurs noms aux deux provinces d'Achaïe et de Laconie.
Chapitre xliv. Qui a donné son nom au Péloponnèse et y a fondé une ville appelée Péloponnésos.
Chapitre xlv. Qui a fondé les villes de …
Chapitre xlvi. Qui, le premier, a enseigné le jeu des instruments de musique.
Chapitre xlvii. De celui qui donna son nom à l'île d'Ephèse qui est l'Asie, auparavant appelée…, nom que l'on a changé en Icone.
Chapitre xlviii. Qui a fondé la ville appelée Palmyre, près laquelle le roi David avait vaincu le Philistéen.
Chapitre xlix. Comment Nabuchodonosor triompha de la ville de Tyr qui est une île.
Chapitre l. Par qui l'arche de Dieu, les tables (de la loi), la verge fleurie d'Aaron, la mesure contenant la manne, et le morceau du roc, ont été cachés (et rendus inaccessibles) aux hommes.
Chapitre li. Du règne du roi Cyrus et de la permission qu'il donna aux captifs des fds d'Israël de partir. Comment Cambyse leur défendit de bâtir le temple. Comment Cambyse, provoqué par Yasîd, général des troupes égyptiennes, tua les officiers égyptiens et emmena des captifs d'Egypte dans son pays, et comment les Égyptiens revinrent dans leur pays. Comment, quarante et un ans après, Alexandre le Macédonien, appelé le conquérant du monde, obtint l'empire.
Chapitre lii. De la fondation de la ville appelée Albanie.
Chapitre LIII. Qui, le premier, construisit une maison qu'il appela palais.
Chapitre liv. Qui a fondé la ville appelée Lavinia.
Chapitre lv. Qui a fondé la ville de Carthage.
Chapitre lvi. De celui qui fonda la ville de Rome, et comment les Romains en tirent leur nom. Origine des formules de demande et de décret ; de…[6] ; comment l'armée alla combattre à cheval[7] ; de l'établissement d'un lieu de combat pour les femmes ; du règlement des ordres de l'armée ; des messagers et de ceux vers qui ils furent envoyés (?). Pour quelle raison nos Pères les moines égyptiens célèbrent la messe le premier jour de chaque mois.
Chapitre lvii. Qui a été l'inventeur des monnaies, ce qui fut l'origine de la vente et de l'achat. De l'institution des préfets, des magistrats et des juges.
Chapitre lviII. Qui a fondé la ville de Thessalonique.
Chapitre lix. Qui à fondé les villes d'Alexandrie et de Chrysopolis de Byzance, à savoir Alexandre. Comment il triompha de Darius et fit sa fille captive. Comment il fut fait prisonnier par la reine Candace, lorsqu'il vint auprès d'elle avec les espions, déclarant par qui ils avaient été envoyés, et comment il la prit pour épouse.
Chapitre lx. A quelle époque furent traduites les Ecritures inspirées par Dieu, et combien il y avait d'interprètes.
Chapitre lxi. Qui a fondé les villes célèbres d'Antigonia, d'Antioche, de Laodicée et d'Apamée.
Chapitre lxii. Qui, le premier, a écrit une chronique.
Chapitre lxiii. Qui a fait torturer les saints Macchabées.
Chapitre lxiv. De la naissance du César Jules (Jules-César), roi de Rome ; du règne de Cléopâtre et de la construction de la grande église appelée Césarion, à Alexandrie.
Chapitre lxv[8] (lxvi). Qui a fondé Césarée en Palestine.
Chapitre lxvi (lxvii). Qui a construit le phare d'Alexandrie et creusé la terre pour établir le canal de Rérioun, nom qui signifie « fossé, » de sorte que l'eau arriva du grand fleuve Gehon à la grande ville d'Alexandrie ; comment l'eau fut conduite à un grand bassin, construit avec art. A quelle époque naquit Notre-Seigneur Jésus-Christ en chair. Pourquoi les Romains mirent en tête de leurs mois le sixième mois de l'année.
Chapitre lxvii (lxviii). Qui a fixé l'un des jours types au sixième jour du mois de ter. Comment Esdras, le saint homme, fut injustement écarté.
Chapitre lxviii (lxix). Sous le règne de quel empereur Notre-Seigneur Jésus-Christ a été crucifié. Qui a fondé la ville de Tibériade.
Chapitre lxix (lxx). De ce qui arriva à l'empereur Néron, et de sa triste mort.
Chapitre lxx (lxxi). De l'empereur Domitien ; comment saint Jean l'évangéliste a été deux fois exilé par lui ; mort de saint Jean. Comment Domitien fonda la ville de Domitiopolis, et comment il fut assassiné. Abolition des combats et de l'usage de se battre.[9]
Chapitre lxxi (lxxii). De la mort d'Ignace le Théophore et des femmes qui subirent le martyre avec lui. Construction d'une citadelle à Babylone d'Egypte. Qui a donné à la ville le nom de Babylone. Qui a creusé le canal appelé canal de Trajan, qui aboutit à la mer Rouge, et construit la citadelle de Memphis.
Chapitre lxxii (lxxiii). Qui a fondé Antinôou dans la province du Rif.
Chapitre lxxiii (lxxiv). Qui a établi l'obligation pour les pères de faire des testaments en faveur de leurs enfants. Construction de deux portes à Alexandrie, à l'occident et à l'orient de la ville.
Chapitre lxxiv (lxxv). Qui a introduit des lions en Egypte et en Palestine,
Chapitre lxxv (lxxvi). Qui a établi l'usage d'écrire les comptes et les cautions, pour que ce fût une garantie pour les hommes.
Chapitre lxxvi (lxxvii). Du règne de Dioclétien l'Egyptien. Comment il perdit la raison et fut exilé. Qui furent ses fils qui faisaient le mal. La peste que Dieu amena sur les idolâtres, de sorte qu'ils n'avaient pas d'hommes pour enterrer les morts. Règne de Constantin, l'ami de Dieu ; les belles actions accomplies par lui et la magnificence des églises, sous son règne. Qui, le premier, a construit un pont. De l'invention de la Croix. De la fondation de la ville de Constantinople et comment elle reçut ce nom, tandis qu'antérieurement elle s'appelait Byzance. Comment Gelasinus devint croyant en voyant un prodige, c'est-à-dire le saint baptême, et sa mort extraordinaire. Comment les Indiens connurent Notre-Seigneur Jésus-Christ, notre Dieu : ce fut saint Athanase l'Apostolique qui, le premier, donna un évêque à l'Inde et au Yémen. Constantin avait, pendant toute sa vie, devant ses yeux un ange de Dieu, qui le réveillait pour la prière.
Chapitre lxxvii (lxxviii). De la construction d'un pont sur le fleuve appelé Pyrame. Ruine de Nicée. Apparition, au milieu du jour, de la sainte Croix sur Golgotha, sur le lieu où avait été crucifié Notre-Seigneur. Des tribulations que saint Athanase l'Apostolique eut à subir de la part des Ariens. De l'exil de Liberius et des saints évêques, ses compagnons, sur l'instigation des Ariens. De l'empereur Julien l'Apostat. Comment il quitta les rangs du clergé de l'Eglise, devint général de l'armée et arriva enfin au trône, à la place de son frère Gallus. Comment il persécutait saint Athanase, cherchant, à l'instigation des païens, à le tuer. Comment la ville d'Alexandrie fut jugée digne de recevoir le corps de saint Jean-Baptiste, de sorte qu'il y demeura et qu'un magnifique édifice lui fut construit sur l’ordre du patriarche Théophile.
Chapitre lxxviii (lxxix). Par qui nous savons de quelle ville et de quelle famille était Théophile, patriarche d'Alexandrie, et où était né saint Cyrille, le fils de sa sœur.
Chapitre lxxix (lxxx). Du trépas du saint martyr Domèce. Du châtiment que Dieu infligea à Julien l'Apostat ; comment il le frappa par la main du saint martyr Mercurius, et comment il mourut d'une mort terrible.
Chapitre lxxx (lxxxi). Du règne de Jovien et comment l'Église devint florissante. Comment saint Athanase retourna à son siège avec grand honneur. Comment l'Église s'épanouit partout dans la foi orthodoxe.
Chapitre lxxxi (lxxxii). Du règne de [Valentinien].[10] Comment il détestait l'injustice, et la juste et équitable sentence qu'il prononça. Des immenses portes de pierre qu'il fit construire, c'est-à-dire… l’Héracléotique, pour servir de passage au grand fleuve d'Egypte. Comment les flots de l'Océan inondèrent Alexandrie et menaçaient d'engloutir la ville, si le patriarche saint Athanase ne les avait arrêtés par ses prières.
Chapitre lxxxii (lxxxiii). Du règne de Théodose l'Ancien, l'ami de Dieu. De l'apologue que prononça devant lui Amphiloque, évêque d'Icône, sur la consubstantialité de la Sainte Trinité. Du concile que l'empereur convoqua à Constantinople et de l'affermissement de l'Eglise ; de Timothée, patriarche d'Alexandrie, qui avait nommé patriarche de Constantinople un homme nommé Maxime et qui exhorta Grégoire, évêque de Nazianze, à quitter la ville impériale de Constantinople et à retourner dans sa ville. De la construction de l'église de Théodosie, à Alexandrie, et de l'église des saints martyrs Cosme et Damien et de leurs compagnons. De l'ordre de l'empereur de détruire la ville d'Antioche par le feu ; exhortation que lui envoya, à ce sujet, un saint moine du désert de Scété ; affliction qu'en éprouva l'empereur. Des marchands de vin, et du lieu de débauche qui fut supprimé sous son règne. Comment son gouvernement s'épanouissait partout.
Chapitre lxxxiii (lxxxiv). De l'avènement d'Arcadius et d'Honorius : Arcadius comme empereur de Constantinople, Honorius comme empereur de Rome. Comment Arcadius aimait Dieu, et de la dévotion d'Honorius. Comment Alaric souleva une révolte dans la ville de Rome ; comment la sœur de l'empereur Honorius fut emmenée captive ; pillage de tous les trésors qui se trouvaient dans le palais. Comment Honorius quitta la ville de Rome, se rendit à Constantinople et devint le collègue de l'empereur Théodose le jeune, fils de son frère Arcadius, jusqu'au jour de sa mort. De l'impératrice Eudocie, épouse de l'empereur Théodose le jeune ; quelle était sa famille et comment l'empereur fut mis en rapport avec elle et l'épousa. A quelle époque on inscrivit le nom de saint Jean Chrysostome dans les diptyques, après qu'il fut allé auprès de Notre-Seigneur. De l'anathème de Nestorius et du triomphe de Cyrille. D'une femme païenne d'Alexandrie, et des troubles qu'elle excita à Alexandrie entre les juifs et les chrétiens. Comment saint Cyrille prit la synagogue des juifs et la transforma en église, à cause de l'avertissement qu'il avait donné aux juifs. Comment on traîna par les rues la femme païenne, jusqu'à ce qu'elle mourût, et comment on brûla son corps, sur l'ordre du patriarche Abbâ Cyrille.
Chapitre lxxxiv (lxxxv). Du massacre que les juifs commirent à Inmestar (?), après avoir outragé la croix de Notre-Seigneur Jésus-Christ en crucifiant par dérision un jeune enfant et en le faisant mourir.
Chapitre lxxxv (lxxxvi). De Phînekeser (?) le juif, qui se présenta aux juifs, disant qu'il était Moïse, le prince des prophètes.
Chapitre lxxxvi (lxxxvii). De la pomme que l'on apporta comme présent à l'empereur Théodose. Comment sa sœur Pulchérie fut ordonnée. De l'obscurité qui régnait sur toute la terre depuis le matin jusqu'au soir, le jour de l'avènement de Marcien l'hérétique.
Chapitre lxxxvii (lxxxviii). De la pluie de…., c'est-à-dire d'éclairs que le ciel fit tomber sur la ville de Constantinople et du feu qui s'étendait d'une rive à l'autre. De la conversion du philosophe païen Isocase à la foi orthodoxe. De quelle ville était le patriarche Timothée. De la terrible mortalité qui régnait à Constantinople. De la chute d'une montagne en Syrie. De l'apostasie de Basilisque, à l'exemple des Chalcédoniens, pour des biens périssables. Comment l'empereur Zénon établit son autorité sur la ville impériale de Constantinople, et comment Basilisque fut exilé jusqu'à sa mort. De la mise à mort des juges qui avaient fait preuve de négligence dans l'administration de la justice. Du règne de Zénon et de l'ordre donné par lui de promulguer la Lettre en tout lieu. De Vérine, sa belle-mère, et de la guerre qu'elle soutenait contre lui, jusqu'à ce que la mort vint l'enlever, ainsi que ses partisans.
Chapitre lxxxviii (lxxxix). Du règne d'Anastase, l'ami de Dieu, à la suite de la prophétie d'Abbâ Jérémie l'anachorète du couvent de Menouf. De la construction des portes de pierre d’Almawrad (?) et d'un fossé pour l'établissement d'un grand pont reliant Babylone au fleuve. De la dénomination de Philalètès. Du triomphe du grand patriarche Sévère, de l'expulsion de Macédonius et de l'abrogation du concile chalcédonien.
Chapitre lxxxix (xc). De l'expulsion de saint Sévère de son siège d'Antioche, à cause des hérétiques. De la prière qu'il adressa à Dieu au sujet des habitants de Constantinople, pour le mal que faisait l'empereur Justin. De l'avertissement que (Justin) entendit de Dieu, Du feu qui sévissait à Antioche et dans les villes d'Orient ; de la ruine d'un grand nombre d'oratoires de martyrs, et de toutes sortes de phénomènes. Du baptême du peuple des [Lazes] et des rois des Indiens et des Homérites, c'est-à-dire des Nubiens. De quelle religion ceux-ci étaient auparavant. Du tremblement de terre en Egypte. Des [Huns] extérieurs. Les Indiens ou Homérites étaient auparavant juifs.
Chapitre xc (xci). Apparition de la ceinture et du portrait de Notre-Seigneur Jésus-Christ qui furent trouvés chez un juif habitant Alexandrie.
Chapitre xci (xcii). Comment nous autres chrétiens, nous avons été nommés du nom de Théodose (Théodosiens), et de l'apparition des Gaïnaïtes et de leur doctrine …[11]
Chapitre xcii (xciii). De l'ancienne fondation de la ville de Rome.
Chapitre xciii (xciv). Dissensions qui eurent lieu à Constantinople au sujet du saint corps de Notre-Seigneur et Sauveur Jésus-Christ.
Chapitre xciv (xcv). D'Aristomaque, fils de Théodose, de la ville d'Absây, et de l'accusation que l'on porta contre lui auprès de l'empereur, qui le fit arrêter. Comment Chosroès, roi des Perses, fut croyant et devint chrétien.
Chapitre xcv (xcvi). De Galandouh la patricienne (ce qui est le nom d'une dignité) et de l'apparition qu'elle eut dans la prison, pendant sa persécution.
Chapitre xcvi (xcvii). De ceux qui étaient assemblés dans un quartier écarté de la ville de Mausal. De l'animal ressemblant à une femme qui parut dans le fleuve d'Egypte,
Chapitre xcvii (xcviii). De Paulin le magicien qui sacrifiait aux fausses divinités en se servant d'un vase d'argent.
Chapitre xcviii (xcix). Qui a commencé à écrire : Au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Chapitre xcix (c). De l'inondation de la ville d'Antinôou et de la ville de Tarse, capitale de la Cilicie, dans la même nuit
Chapitre c (ci). De la disparition du soleil, au milieu du jour, de l'apparition des étoiles et du grand tremblement de terre.
Chapitre ci (cii). De Soûrîkoûs le préfet qui pratiquait les exercices de la piété, et de sa mort violente. Comment les habitants de Constantinople chassèrent l'empereur Maurice.
Chapitre cii (ciii). Comment les capitaines de vaisseaux furent déclarés libres, lorsque leur chargement s'était perdu dans la mer. Du règne de Phocas et de ses meurtres.
Chapitre ciii (civ). Comment il fut défendu de nommer un patriarche ou tout autre dignitaire de l'Eglise sans le consentement de Phocas. Ce qu'en conséquence firent les gens d'Orient, et ceux de Palestine, de sorte que les caveaux funéraires des églises furent remplis de sang, lorsque les gens se réfugiaient dans les baptistères.
Chapitre civ (cv). De Théophile, de la ville de Mawrad. Du massacre que Phocas, à cause de sa mort, fit exécutera Antioche et en Palestine.
Chapitre cv (cvi). De la femme d'Heraclius l'aîné, de la femme d'Heraclius le jeune, et de Fabia, sa fille, qui était vierge. Comment Crispe, le magistrat, les sauva des attentats de Phocas.
Chapitre cvi (cvii). De la révolte contre Phocas en Egypte, à Maréotis et à Alexandrie, et des nombreuses victimes que l'on faisait dans cette circonstance. Comment on jeta à terre la statue de Phocas.
Chapitre cvii (cviii). De Théophile le stylite et de la prophétie qu'il donna à Nicétas en lui disant : Tu le vaincras[12] et tu détruiras bientôt le gouvernement de Phocas, et alors régnera Heraclius.
Chapitre cviii (cix). Du pont qui existait dans la ville de Defâschîr, près de l'église de Saint-Ménas.
Chapitre cix (cx). De la mort de Phocas et de la dispersion des trésors du palais. Du terrible châtiment qu'Heraclius infligea a Phocas, parce qu'il avait déshonoré sa femme et sa fille.
Chapitre cx (cxi). De l'apparition des musulmans sur le territoire de Fayyoûm et de, la défaite des Romains qui s'y trouvaient.
Chapitre cxi (cxii). De la première rencontre d'Amr avec les Romains à Aoun (Héliopolis).
Chapitre cxii (cxiii). Comment les juifs, craignant les musulmans, la cruauté d'Amr et le pillage de leurs biens, se retirèrent dans la ville de Menouf et finirent par s'enfuir par les portes ouvertes de Misr[13] et se réfugièrent à Alexandrie. Comment des hommes pervers en grand nombre commencèrent à aider (Amr) à réduire les Égyptiens.
Chapitre cxiii (cxiv). Comment les habitants de Semnoud tinrent tête à Amr et refusèrent de le recevoir. Du retour de Kalâdjî dans les rangs des Romains. Comment on s'était saisi des personnes de sa mère et de sa femme que l'on tenait cachées à Alexandrie, parce qu'il s'était joint aux musulmans et qu'il leur prêtait son concours.
Chapitre cxiv (cxv). Comment les musulmans s'emparèrent de Misr, dans la quatorzième année du cycle lunaire, et prirent la citadelle de Babylone, dans la quinzième année.
Chapitre cxv (cxvi). De la mort de l'empereur Heraclius ; du retour du patriarche Cyrus de l'exil et son départ pour Misr, afin de payer tribut aux musulmans.
Chapitre cxvi (cxvii). Comment Dieu livra les Romains entre les mains des musulmans et les répudia à cause de leur incrédulité, de leur hérésie et de la persécution qu'ils avaient exercée contre les chrétiens d'Egypte.
Chapitre cxvii (cxviii). Comment Amr se rendit maître d'Abschâdî ou Nikious. De la fuite du général Domitianus et comment son armée périt dans le fleuve. Du grand massacre qui eut lieu à Abschâdî et dans toutes les autres villes de la dépendance d'Absây et de son île, le dix-huitième jour du mois de guenbôt dans la quinzième année du cycle lunaire, jusqu'à ce qu'Amr allât à Sawnâ.
Chapitre cxviii.[14] Comment les musulmans se rendirent maîtres de Césarée en Palestine et le sort que subit la ville.
Chapitre cxix. Du grand bouleversement et des nombreuses victimes des habitants de Crète (?), dans leur île et les villes de leur territoire.
Chapitre cxx. De Cyrus, patriarche des Chalcédoniens, le même qui s'était rendu à Babylone, auprès d'Amr, le chef des musulmans, et avait amené par bateau et avait remis entre ses mains le tribut. Comment Amr augmenta l'impôt des Egyptiens. De la mort de Cyrus le Chalcédonien, avec le remords d'avoir livré la ville d'Alexandrie entre les mains des musulmans.
Chapitre cxxi. Du retour d'Abbâ Benjamin, patriarche d'Egypte, de son exil dans la province du Rif, où il était resté pendant quatorze ans, exilé pendant dix ans par les empereurs romains, et quatre ans sous la domination des musulmans. Derniers récits et conclusion de l'ouvrage.
Chapitre cxxii. Suite et autre épilogue.
AU NOM DU DIEU CLÉMENT ET MISÉRICORDIEUX.
Chapitre I. Nous commençons par les premiers qui furent créés ; or il est écrit, au sujet d'Adam et d'Eve, que ce fut Dieu qui leur donna leurs noms ; mais ce fut Adam qui donna des noms à ses enfants et à toutes les créatures.
Chapitre II. Seth, fils d'Adam, qui reçut de Dieu le don de la science, donna des noms aux cinq planètes ; il appela la première Saturne, la seconde Jupiter, la troisième Mars, la quatrième Vénus, la cinquième Mercure. D'autre part, il donna des noms au Soleil et à la Lune ; et le nombre des planètes fut de sept. Il fut aussi le premier qui écrivit les lettres en la langue des Hébreux, ayant reçu le don de la science de Dieu.[16]
Chapitre III. Les fils de Noé, qui étaient grands et puissants, commencèrent à construire des navires et à naviguer sur mer.
Chapitre IV. On rapporte, au sujet de Caïnan, fils d'Arphaxad, qui était né de Sem, fils de Noé, qu'il était un homme savant, un pâtre. Lui, le premier, composa des astrolabes, après le Déluge. Après lui, ce furent les Indiens qui les composaient.[17]
Chapitre V. Il fut un homme de l'Inde, nommé Canturius, Éthiopien de la race de Cham appelé Cousch. Il engendra Airoûd, qui est Nemrod le géant. Celui-ci fonda la ville de Babylone. Les Perses se soumirent à lui et relevèrent au rang des dieux, lui donnèrent le nom d'une étoile du ciel et l'appelèrent Orion.[18] Il fut le premier qui se livra à la chasse des animaux et en mangea la chair.[19]
Chapitre VI. Kronos était également un géant de la race de Cham, premier-né de Noé. On l'appelait ainsi du nom de la première planète, qui est Saturne. Son fils, nommé Domnos,[20] était un homme belliqueux, redoutable et un meurtrier. Il fut le premier qui exerça la royauté en Perse et en Assyrie. Il épousa une femme assyrienne, nommée Rhéa, qui lui donna deux fils : Picus, que l’on appelait Zeus, et Ninus, qui fonda en Assyrie une ville royale qui est Ninive. Quant à Kronos, laissant son fils dans son royaume, il se rendit en Occident, où les habitants étaient sans roi, et régna sur eux. Son fils Picus, appelé Zeus, se révolta contre Kronos, son père, et le tua parce qu'il avait dévoré ses enfants. Il rendit mère la fille de…, appelée Rhéa, sa propre mère.
Chapitre VII. Le même Picus, qui est Zeus, fut le premier qui prit pour femme sa sœur. Il en eut un fils nommé Bélus, qui ressemblait à son grand-père Kronos et qui régnait en Assyrie, après la disparition de son père et de Kronos, son grand-père. Et lorsque lui aussi fut mort, les Perses l'élevèrent au rang des dieux.
Chapitre VIII. Après la mort de Bélus régna, en Assyrie, Ninus, son oncle paternel. Il épousa sa mère Sémiramis et établit cette détestable coutume en la transmettant à ses successeurs, qui sont appelés de ce nom infâme jusqu'à présent. Cette manière d'agir n'est pas, en Perse, une chose honteuse ; car les Perses prennent pour femmes leurs mères, leurs sœurs et leurs filles.
Chapitre IX. Après la mort de Picus régna en Occident, pendant trente-cinq ans, Faunus, appelé Hermès. Il était orfèvre. Celui-ci, le premier en Occident, commença à travailler l'or et à le fondre. Lorsqu'il sut que ses frères, jaloux de lui, voulaient le tuer, il eut peur et s'enfuit, emportant une grande quantité d'or, et se rendit en Egypte. Il y demeura et il portait un beau vêtement d'or. Il connaissait l'avenir, distribuait beaucoup d'argent aux hommes et faisait de nombreux dons aux Égyptiens. C'est pourquoi ceux-ci l'accueillirent avec honneur et l'appelèrent le Seigneur de l'or. Il était honoré par eux comme un dieu, et les pauvres l'adorèrent.
Chapitre X. Il fut un homme nommé Héphaïstos qui régna en Egypte et qu'on éleva au rang des dieux. C'était un homme belliqueux et plein de fureur. Les hommes croyaient qu'il savait découvrir les choses cachées et faire sortir du néant des armes de guerre ; car il était forgeron et fut le premier qui fabriqua des armes pour le combat, et des pierres avec lesquelles les hommes combattaient. Or il était boiteux : en allant à la guerre, il était tombé de cheval et s'était blessé ; et il resta boiteux toute sa vie.[21]
Chapitre XI. Méthusalem engendra Lantech, qui épousa deux femmes : Tune appelée Ada, l'autre Sella. Ada enfanta Qâbêl, et, après quelque temps, Tôbêl, qui travailla, avec le marteau, l'airain et le fer. Or Tôbêl, fils de Lamech, était, avant le déluge, forgeron en airain et en fer ; car il avait reçu de Dieu (qu'il soit loué !) le don de la science.
Chapitre XII. Après Héphaïstos, appelé Soleil, régna, en Egypte, son fils, nommé Soleil, comme son père, qui fonda la ville du Soleil (Héliopolis), en l'appelant de son nom. Dans cette ville se trouvaient les temples des dieux suprêmes, et elle renfermait les tombeaux des rois.
Chapitre XIII. Il fut un homme nommé Mâtoûnâwîs, lequel succéda à Ayqâsbêrây qui est le même que Dionysos. Il fonda dans» la haute Egypte une ville, nommée Bousiris, et une autre Bousiris dans le nord de l'Egypte.[22]
Chapitre XIV. Osiris, qui est le même qu'Apollon, ainsi nommé par les Grecs, fonda la ville de Semnoud et y éleva un grand temple. Cette même ville est nommée Belphégor.[23]
Chapitre XV. Il est dit dans les écrits des savants égyptiens …. : A cette époque…, qui est Hermès, homme extraordinaire, crut au canon proclamé parmi les païens, à savoir : Trois puissances suprêmes constituent le créateur et une seule divinité. Or ce même Hermès, qui était un grand sage parmi les païens, proclama que la majesté de la Sainte Trinité consubstantielle était la source de la vie et la dominatrice de l'univers.[24]
Chapitre XVI. Il fut une ville qui, la première, connut l'usage de cultiver la terre et de semer du froment et toutes sortes de graines. Ce fut la ville la plus élevée de l'Egypte ; car, à cause des quantités considérables d'eau amenées par le Gehon, l'Egypte était couverte de lacs et de marais.
Chapitre XVII. Sésostris, qui régnait sur toute l'Egypte et sur les contrées voisines, fut le premier qui leva l'impôt et arpenta la terre. Ayant réuni un grand butin et beaucoup de captifs de tous les pays, il emmena ces captifs en Egypte et les employa, ainsi que ses sujets astreints à payer l'impôt, à creuser la terre et à combler tous les marais d'Egypte, de sorte que les habitants furent à même de faire des plantations et de cultiver des terres arables, telles que le Saïd, la première province qui connut la culture. Puis il ordonna que l'on payât au roi un impôt et une redevance proportionnée en fruits de la terre. Il creusa aussi un canal, qui porte le nom de Dîk jusqu'à ce jour.[25]
Chapitre XVIII. Après Sésostris régna sur l'Egypte Sabacon, roi de l’Inde (d'Ethiopie), pendant cinquante ans. Il aimait les hommes et. ne voulait pas verser du sang injustement. Il établit en Egypte une loi, d'après laquelle aucun criminel ne serait mis à mort, ni ne devait subir aucune torture ; il aurait la vie sauve. Mais les coupables, chacun suivant son crime, devaient nettoyer le sol et combler les marais avec de la terre. Et, après que ces hommes eurent longtemps continué ces travaux forcés, les eaux du fleuve se retirèrent du sol. Alors les habitants construisirent leurs villes sur des hauteurs pour être à l'abri des inondations. En effet, auparavant, sous le règne de Sésostris, il y avait eu des inondations, avant que l'on eût creusé un lit au fleuve, et, en comblant les marais, ils n'atteignirent pas leur but, à cause de la grande quantité d'eau amenée par le fleuve. Or Sabacon, le roi de l'Inde (d'Ethiopie), par ses efforts généreux, procura aux habitants des demeures sur des hauteurs.
Chapitre XIX. Il fut un homme nommé Chéops le pharaon, qui régnait en Egypte, lequel ferma les temples-des dieux et des autres idoles que les Égyptiens adoraient tout en sacrifiant aux démons. Il construisit trois sanctuaires (pyramides) dans la ville de Memphis et amena les Egyptiens à adorer le soleil. Il paya aux ouvriers seize cents talents d'argent, sans compter le poireau et les légumes : car ainsi fut-il trouvé écrit dans les inscriptions, dans la langue des Égyptiens, gravées sur les murs, où il fait connaître ces circonstances aux lecteurs ; il dépensa ainsi, à cause du grand nombre de maçons, tout le produit de l'impôt et engloutit les trésors du royaume, sans atteindre son but. Étant tombé dans une grande détresse et dans la pauvreté, le malheureux, qui avait une fille, belle de figure, en proie aux excitations et aux séductions de Satan, la plaça dans le lieu où se rendaient les débauchés. La jeune fille se tenait là, triste, dans l'obscurité, et se prostituait. Quiconque voulait jouir de ses faveurs devait porter une grande pierre et l'ajouter à la construction. On dit qu'une telle pierre ne mesurait pas moins de trente pieds ou vingt coudées. Les gens finirent par construire l'une de ces trois pyramides, prix de la honteuse passion de cette misérable fille.
Chapitre XX. Héraclès, philosophe de la ville de Tyr, inventa le moyen de fabriquer la soie et il s'en revêtit. Phœnix, roi de Tyr, le Cananéen, et ses successeurs, ainsi que les rois de tous les pays, l'imitèrent, et ils se distinguèrent ainsi de la foule ; car les anciens portaient tous un vêtement de laine. Ce fut alors que les rois et les hauts magistrats abandonnèrent ce vêtement et adoptèrent le vêtement de soie.
Chapitre XXI. Il fut un homme nommé Persée, qui aspirait au trône d’Assyrie ; mais les fils de Ninus, frère de son père Zeus, étaient ses compétiteurs. Se rendant alors à …, une jeune fille, marchant seule, se présenta à lui sur la route. Il la saisit par les cheveux et, avec son glaive, lui trancha la tête. Ayant fixé cette tête sur son bouclier, selon le procédé magique que lui avait enseigné son père Zeus, il la portait avec lui dans toutes ses expéditions de guerre. Continuant sa route, pour se rendre en Ethiopie, il se dirigea vers l'Assyrie. Attaqué par les Lycaoniens, il les vainquit en leur montrant la tête de Gorgone, la jeune fille magicienne. Puis il fonda la ville d'Icône, qui auparavant avait été un petit bourg nommé Amandra, [et il l'appela Icône] parce qu'il y avait placé son image avec celle de l'exécrable Gorgone. Étant allé ensuite en Isaurie et en Cilicie, et ayant été également attaqué par les habitants, il les vainquit par la force magique attachée à la tête de la Gorgone. Quant au bourg de Cilicie, qui était appelé Andrasus, il en fit une ville qu'il appela Tarse. De Cilicie il alla en Syrie (Assyrie) et là aussi il tua Sardanapale, qui est le nom d'une dignité ; et, sans égard pour la parenté qui existait entre lui et ces gens, il s'empara de son royaume, changea le nom du pays et l'appela Assyrie[26] dont les habitants sont les Perses, ainsi nommés d'après son propre nom, et donna un autre nom à leur empire. Ayant enlevé au pays son nom,[27] il y planta des arbres appelés persea, c'est-à-dire des pêchers,[28] que l’on cultive, en souvenir de son nom, jusqu'à présent. Et il régna sur les Perses, alors Assyriens, pendant cinquante-trois ans. Or il arriva qu'une commotion s'étant fait sentir accompagnée d'un bruit et d'une grande quantité de pluie, de sorte que le fleuve appelé Orontes, qui traverse la Syrie, en fut rempli, un globe de feu sous forme d'un éclair se précipita du ciel. Le peuple fut rassuré et se calma et l'inondation du fleuve s'arrêta. Persée, étonné de cet événement, disait que les …. qui produisaient cela étaient des imposteurs démoniaques,[29] et aussitôt le feu s'alluma. Il conservait ce feu et c'est pourquoi il l'emporta en retournant chez les Perses et l'introduisit dans l'empire d'Assyrie, Les Perses en firent une divinité, lui rendirent un culte, lui élevèrent un temple et l'appelèrent Feu immortel. Or ils disent que le feu est fils du soleil enveloppé de cristal, qui ressemble au coton (?), (et) dont la couleur est comme celle de l'eau ; car il est né de l'eau et son intérieur est comme de l'eau.
Chapitre XXII. Inachus, de la race de Japhet, fils de Noé, qui régnait du côté de l'Occident, dans le pays des Argiviens, fut le premier roi de ce pays ; il rendait un culte à la lune, et il en fit une divinité. Il fonda dans le pays des Argiviens une ville appelée, du nom de la lune, Iopolis ; car les Argiviens, dans les mystères, appellent la lune Io encore aujourd'hui. Il éleva un temple, y érigea un autel et représenta la lune par une image d'airain sur laquelle il grava (ces mots) : c'est-à-dire « pleine de lumière. »
Chapitre XXIII. Libya, qui était fille de Picus et qui avait pour mère …, était la femme de Poséidon, qui régnait dans le Midi et qui donna au pays sur lequel il régnait le nom de sa femme, Libya. Poséidon eut d'elle [trois fils :] Poséidon, Bélus et Agénor, qui se rendit en Canaan. Celui-ci ayant pris une femme nommée Dîroû, fonda aussi une ville, qu'il appela du nom de sa femme, Daïroûs, c'est-à-dire Tyrus (Tyr). Pendant qu'il y régnait, il eut de sa femme trois fils qui furent des chefs célèbres, à savoir : Syrus, Cilix et Phœnix, lequel fut le premier qui portait des vêtements de soie. En mourant, Agénor partagea son empire entre ses trois fils et y établit leur autorité. Phoenix prît Canaan et les contrées adjacentes et appela la contrée, d'après son nom, Phénicie. Le second fils prit la Syrie, à laquelle il donna son nom. Le troisième, Cilix, prit sa province et l'appela de son nom, Cilicie.
Chapitre XXIV. Un homme, nommé Taurus, qui régnait en Crète, fit une expédition contre Tyr ; il y arriva au moment du coucher du soleil, attaqua la ville, s'en empara, enleva ses richesses, et emmena captifs les habitants de plusieurs villes ; alors il prit aussi Europe, dont il fit sa femme. S’étant embarqué pendant la nuit, il retourna dans son pays, … la Crète, emmenant sa femme Europe avec lui, et appela ce pays du nom de sa femme. Il y fonda une ville qu'il nomma Gortyna, du nom de sa mère. Il était de la famille de Picus ou Zeus.
Chapitre XXV. Un homme nommé Laïus, père d'Iokka, voyant que son fils avait commerce avec sa mère, ordonna à ses soldats de le suspendre à un arbre dont ils auraient coupé les branches, pour que les pieds de l'homme suspendu y fussent attachés.
Chapitre XXVI. Un homme nommé Saruch, de la race de Japhet, fils de Noé, fut le premier de ceux qui adoraient des idoles, par l'influence de Satan. Il érigea des autels aux idoles et leur rendait un culte.
Chapitre XXVII. Or Melchisédech le juste qui, étant parmi les gentils, adorait Dieu, était chaste et sans péché. Il est appelé, dans l'Écriture sainte, sans père ni mère, parce qu'il n'était pas de la famille d'Abraham. Il méprisait les dieux de son père et se fît prêtre du Dieu vivant. Il descendait de la famille de Sidus, fils du roi d'Egypte et de Nubie, dont les Égyptiens tirent leur nom. Melchisédech signifie roi juste. Or Sidon qui régnait sur Canaan, descendait d'une famille puissante : les Égyptiens l'appellent ainsi à cause du pays des Cananéens, qui est la Palestine, ainsi appelée encore aujourd'hui, qu'il avait attaqués et qui s'étaient soumis à lui ; puis ; les ayant pris en amitié, il s'établit dans le pays, et y fonda une ville qu'il appela de son nom, Sidon, qui, jusqu'à présent, fait partie de Canaan. Le père de Melchisédech étant sorti de Sidon, nous savons que telle était son origine. Or son père était idolâtre, ainsi que sa mère. Ce saint homme reprochait à ses parents leur idolâtrie ; puis il s'enfuit et devint prêtre du Dieu vivant, comme il a été dit. Il régna sur Canaan et construisit sur le Golgotha une ville nommée Sion ou Salem, nom qui signifie, dans la langue des Hébreux, ville de la paix. Il y régna cent treize ans et mourut, étant toujours demeuré chaste et juste, ainsi que l'a écrit le savant Josèphe, l'historien, au commencement de son livre de l'histoire des Juifs. Il fut le premier qui offrit au Dieu du ciel des sacrifices non sanglants de pain et de vin, à l'image des saints mystères de Notre-Seigneur Jésus-Christ, comme le dit David dans ses psaumes : « Tu es son prêtre éternellement, remplissant le ministère de Melchisédech.[30] » Et ailleurs : «Dieu s'est fait reconnaître à Sion, grand est son nom en Israël. Son séjour est dans la paix, sa demeure à Sion.[31] » Or les Juifs ont reçu d'Abraham la connaissance de Dieu. Salem qui est la même que Jérusalem, est appelée ainsi, parce que la paix demeurait à Sion, c'est-à-dire Melchisédech. Quant au nom d'Hébreux donné aux Juifs, il provient d'Héber dont descendait Abraham, l'instrument choisi. En effet, comme Héber, lorsque les impies bâtirent la tour et qu'ils cherchèrent en vain à accomplir leur mauvais dessein, ne se joignit pas à eux, et qu'il demeurait fidèlement attaché à Dieu, lors de la confusion de leurs langues, le langage d'Héber fut le seul dont l'intégrité et la perfection ne subissent aucune altération. En conséquence, ses successeurs (descendants) gardèrent le langage des anges, ce langage qu'avait parlé Adam, et ils sont appelés Hébreux, et leur langue s'appelle l’hébreu.
Chapitre XXVIII. Il fut un homme nommé Hésiode, de la race de Japhet, fils de Noé, qui inventa récriture des Grecs, et ce fut lui qui enseigna l'écriture. On raconte que, du temps des rois du pays ….,., il y avait, en Lydie,[32] un philosophe, descendant des géants de la race de Japhet, nommé Endymion, qui, ayant adressé des prières à la lune, mystérieusement,[33] apprit d'elle, dit-on, dans une vision, le nom de Dieu. S'étant rendu, un jour, il entendit le nom sacré ; aussitôt il expira et demeura mort, et ne se releva plus. Son corps est conservé en Lydie, où on le voit chaque année, lorsque l’on ouvre le cercueil dans lequel il repose.
Chapitre XXIX. On raconte que, du temps de Josué, fils de Navé, régna sur l'Attique un roi nommé Ogygès, sous le règne duquel il y eut un grand déluge, dans ce pays seulement. Le roi et les habitants périrent, et le pays fut changé en désert et resta inhabité pendant deux cent six ans, ainsi que l’a écrit Africanus, dans la Chronique.[34]
Chapitre XXX. Du temps de Moïse le législateur, le serviteur de Dieu, qui conduisit les enfants d'Israël hors d'Egypte, il régnait en Egypte Pétissonios, qui est le pharaon Amosios. Il régnait à l'aide du livre[35] des magiciens Ianès et Iambrès qui montrèrent leur impudence devant le grand Moïse, l'interlocuteur de Dieu ; c'est pourquoi on dit : ils ne voulaient pas laisser partir les enfants d'Israël après les miracles et les prodiges qu'il accomplit avec sa verge. Or Pétissonios se rendit auprès des augures qui se trouvaient à Memphis, auprès du célèbre oracle et y offrit un sacrifice. L'un des Hébreux ayant interrogé l'augure Taninus (la Pythie), il lui répondit : « Il (Dieu) est celui qui est dans le ciel, immortel, primordial ; les ci eux tremblent devant lui, ainsi que la terre ; les mers le craignent ; les démons sont dans la terreur. Un petit nombre d'anges soutiennent sa présence ; car c'est lui qui crée la force et la puissance.[36] » Pétissonios inscrivit cet oracle sur une stèle qu'il plaça dans le temple, près du Nilomètre. Nous devons dire que lors de la ruine du temple, cette stèle existait encore, c'était la seule, en Egypte, qui ne fût pas brisée, et qu'elle existait même jusqu'à la destruction complète des temples des idoles, alors qu'il ne fut plus au pouvoir de personne de maintenir le temple de Memphis. C'est par la puissance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, que tous les temples furent détruits. Or cet insensé Pétissonios, qui est le pharaon Amosios, fut précipité, avec ses chevaux et ses cavaliers, dans la mer Rouge. En effet, lorsque, après la sortie des enfants d'Israël d'Egypte, il apprit qu'ils avaient emporté les richesses des Egyptiens ; — ils avaient ainsi agi avec l'approbation de Dieu et d'après sa loi ; car, en emportant les richesses des Egyptiens, les enfants d'Israël les considéraient comme la rétribution des travaux pénibles qu'ils leur avaient imposés sans relâche ; — Le pharaon, transporté de colère, se mit aussitôt en route, avec son armée, pour les poursuivre. Il fut précipité dans la mer, avec tous les siens, et il n'en resta pas un seul. Les enfants d'Israël marchèrent dans la mer, comme sur la terre ferme, et arrivèrent là où Dieu voulut ; car il est supérieur à toute la création, gloire à lui ! Ceux des Egyptiens qui n'avaient pas péri, rendirent un culte aux démons et abandonnèrent Dieu. Ces malheureux se perdirent eux-mêmes et devinrent comme les anges qui s'étaient révoltés contre Dieu et ils adoraient l'œuvre de leurs mains. Les uns adoraient le bœuf, d'autres la vache, le chien et le mulet, l'âne, le lion, le poisson, le crocodile, ou le poireau, et beaucoup d'autres créatures semblables. Ils donnaient aux villes d'Egypte le nom de leur divinité. C'est ainsi qu'ils adoraient les villes bâties de Bousir, de Menouf, de Semnoud, de Sahrascht, d'Esné, et (la ville) de l'Arbre et (la ville) du Crocodile.[37] Ils divinisaient beaucoup d'autres villes, ainsi que l'ouragan.[38]
Chapitre XXXI. A cette époque, sous le règne du roi précédent, en Egypte, alors que les habitants adoraient les idoles et les autres divinités ci-dessus nommées, ainsi que la célèbre ville d'Absây ou Nikious, le roi de cette ville s'appelait Prosopis, nom qui signifie « celui qui aime les divinités à trois figures. » Ce roi résidait sur la rive occidentale du fleuve et guerroyait toujours contre les barbares appelés Mauritaniens, qui venaient de la Pentapolis. Or, ceux-ci ayant fait une terrible attaque, les habitants de la ville les combattirent avec vigueur et en tuèrent un grand nombre. A la suite de cette heureuse victoire, les barbares ne revinrent plus pendant longtemps, attaquer la ville, grâce à Dieu qui, par l'effet de sa divinité toute-puissante, a fait sortir du néant à l'existence toutes choses.[39]
Le grand fleuve d'Egypte que les Grecs appellent Chrysorroas et qui, dans le livre inspiré par Dieu, est appelé Gehon, coulait (primitivement) à l'orient de la ville ; puis il changea son cours et coula vers l'occident, et la ville devint comme une île au milieu du fleuve, comme un bosquet d'arbres appelés Akreyâs, qui est le myrte.
Chapitre XXXII. Jérusalem, qui avait été fondée par Melchisédech, était sous la domination des Cananéens ou Philistéens. Josué, fils de Navé, en ayant fait la conquête, l'appela Jébus. Il résida à Sichem, " après avoir conquis tout ce territoire, et cette ville est appelée Néapolis, jusqu'à ce jour. Puis, au temps des rois pleins de sagesse, David et Salomon, à la suite de la construction du saint temple de Dieu, dont David avait fait tous les préparatifs et qui fut élevé, à Jérusalem, par Salomon, celui-ci nomma la ville, «ville du sanctuaire, » à cause de la consécration, du sacrifice légal et du salut abondant, et parce que Notre-Seigneur et Sauveur Jésus-Christ (qu'il soit loué !) y a subi la passion.
Chapitre XXXIII. Du temps des Juges, il y avait un juge parmi les Grecs, nommé Πανόπτης, c'est-à-dire doué de cent regards perçants, voyant de loin et apercevant mieux que tous les hommes. Celui-ci inventa, dans l'occident, toute sorte de travail manuel.
Chapitre XXXIV. Prométhée et Epiméthée trouvèrent une table de pierre contenant une inscription qui avait été écrite et gravée aux temps anciens. Élie, le prophète, expliqua ces vers, comme le rapportent les Grecs, disant que c'est ainsi qu'il monta au ciel, et ce qui était dans le ciel fut dans son cœur. Deucalion, de son côté, écrivit les particularités et l'histoire de ce qui était arrivé au temps du déluge, et les événements extraordinaires.
Chapitre XXXV. Après le déluge, dans l'Attique, la domination passa aux Athéniens. Il y avait alors un roi nommé Elwâtes,[40] qui établit le repas comme institution légale. Il fut aussi le premier qui ordonna aux hommes de prendre pour femmes des jeunes filles vierges qu'ils appelleraient épouses. Et il leur ordonna de creuser une fontaine, dans un lieu caché, afin qu'il put y verser une grande quantité de lait, qui paraîtrait une source sortant de terre. Avant son règne, les femmes de l'Attique et des Athéniens vivaient dans une abominable promiscuité : une femme passait d'un homme à un autre ; à la manière des animaux, chacun suivait son inclination ; aucun d'eux n'avait une femme, et ils se disputaient les femmes par la violence, ainsi que nous venons de le dire. Ils ne connaissaient point leur progéniture, ni les enfants mâles ni les filles. Et qui aurait pu les connaître, puisque aucun enfant n'avait un père et que tous ceux que (les femmes) mettaient au monde étaient engendrés par tous ? Ils ne connaissaient donc, à cause de la promiscuité dans laquelle ils vivaient, ni leurs enfants mâles ni leurs filles ; et tous étaient contents de cette abominable façon d'agir. Aussi Cécrops, auteur du livre, dans sa loi, disait que cette province d'Attique devait être détruite par le déluge de Dieu. Or, après ce temps, ils vivaient avec sagesse et se conformaient à la loi du mariage : un homme avec une femme. Cécrops était, pendant toute sa vie, honoré et respecté, car il avait fait que les enfants connussent leurs pères, comme il convient.
Chapitre XXXVI. En ce temps vécut Orphée, de Thrace, le lyrique d'Odrysae, qui était appelé, chez les Grecs, le grand sage. Il leur donna (le livre) appelé Théogonie, ce qui, dans leur langue, signifie « Combattant pour Dieu. »……., selon ce que rapporte[41] Timothée le chronographe. Il disait : Avant tous les temps fut la Sainte Trinité formant une seule divinité, créatrice de toutes choses.
Chapitre XXXVII. On rapporte que les savants athéniens furent les premiers qui pratiquaient l'art de guérir les hommes. En effet ce furent les philosophes qui d'abord avaient fait cette belle découverte d'employer des remèdes qui conviennent aux entrailles. Beaucoup de gens vont encore à Athènes pour ce motif ; car (l'art de guérir) y fleurit encore à présent.
Chapitre XXXVIII. Le roi Salomon, fils de David, fut le premier qui construisit des bains et des académies dans tout lieu qui était sous sa domination ; car il avait à son service les démons. Or il avait ce privilège, avant qu'il eût offensé Dieu, le maître de l'univers, par les femmes étrangères qui demeuraient avec lui, lesquelles profanèrent Jérusalem par leurs divinités.
Chapitre XXXIX. Du temps des Juges également vécut, en Phrygie, un philosophe nommé Marsyas. Celui-ci, le premier, jouait de la flûte, du cor et de la trompette. Il boucha aux hommes les oreilles et il prétendait être Dieu, disant qu'il avait produit la nourriture pour les hommes, d'un petit membre. Dieu fut irrité et le punit : il tomba en démence, se jeta dans un fleuve et périt.
Chapitre XL. En ce temps vécut Hercule le héros; les gens de Jason prêtèrent aide aux navigateurs qui l'accompagnaient et qui se rendirent à l'Hellespont. Des habitants de ce pays avaient un roi nommé Cyzique ; ils attaquèrent et tuèrent ce roi, sans savoir (qui il était) ; puis, l'ayant appris, ils eurent des regrets ; car ils étaient tous ses parents ; il était originaire de leur pays. Après avoir attaqué les gens de Cyzique, appelé le seigneur des sept images, et, après avoir remporté la victoire, ils construisirent un temple qu'ils appelèrent Rhéa, c'est-à-dire, mère des dieux. On rapporte qu'ils se rendirent à la résidence des devins et au siège des prêtres, et qu'ils interrogèrent l'un d'eux en disant : « Fais-nous connaître, ô prophète, ministre d'Apollon, quel sera cet édifice et à qui il appartiendra. » Et ils offrirent des présents à celui qui leur parlait, et celui-ci leur dit : « Il n'y a qu'un Dieu en trois personnes. Or une vierge concevra son Verbe, à qui cette maison appartiendra et dont le nom sera répandu sur des milliers. » Les païens écrivirent cette prophétie avec un style d'airain sur une pierre de cristal qu'ils placèrent sur l'un des temples. Plus tard, du temps de l'empereur Zénon, l'ami de Dieu, ce temple fut converti en une église dédiée à la sainte Vierge Marie, la mère de Dieu. C'est l'empereur Zénon qui fit exécuter cette transformation à ses frais. Ainsi fut accomplie la prophétie énoncée par les fausses divinités, au sujet de la venue de Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Chapitre XLI. Les Argonautes, quittant l’Hellespont, se dirigèrent vers une île nommée île du Prince. De là ils se tournèrent vers Chalcédoine et voulurent passer dans la mer du Pont. Ils furent attaqués par les habitants qui mirent en avant un homme puissant, qui les repoussa victorieusement. Comme ils craignaient le ressentiment de cet homme, ils s'enfuirent jusqu'à l'extrémité d'un rivage désolé. Alors ils virent une apparition surnaturelle venant du ciel, qui ressemblait à un homme ayant sur les épaules deux grandes ailes comme celles d'un aigle, d'un aspect terrible, qui leur parla ainsi : « Quand vous combattrez contre Amycus, vous en triompherez. » Ayant entendu cette parole de l'apparition qu'ils venaient de contempler, ils se sentirent encouragés ; ils attaquèrent et ils vainquirent et tuèrent Amycus. Ils honorèrent le lieu où ils avaient vu la figure surnaturelle et y construisirent un temple, dans lequel ils placèrent une statue représentant cette apparition. Ils appelèrent le temple Sosthenium, parce qu'ils y avaient été protégés et sauvés ; et on le nomme ainsi jusqu'à ce jour. Du temps de Constantin, le plus grand et le plus illustre des empereurs chrétiens, le serviteur de Jésus-Christ, après avoir établi le siège du gouvernement à Byzance, dans l'empire romain, Constantin vint au Sosthenium, afin de fermer les temples des idoles qui s'y trouvaient. En y voyant la statue, il reconnut sur-le-champ qu'elle représentait un ange. Mais, ayant l'esprit tourmenté par le doute, il adressa à Notre-Seigneur Jésus-Christ, en qui il mettait sa confiance, cette prière : «Fais-moi connaître, ô Seigneur, quelle est cette image. » Puis, lorsqu'il dormait, il entendit dans une révélation que cette statue était celle de l'archange saint Michel. Ayant appris que c'était lui qui avait envoyé les gens combattre Amycus, l'empereur fit orner ce temple, ordonna de lui donner la direction vers l'Orient et de le consacrer au nom de l'archange Michel. Et il y eut, dans ce sanctuaire, de nombreux miracles, en fait de guérisons de malades. Les chrétiens commencèrent alors à construire des églises dédiées à saint Michel l'archange, et ils y offraient des saints sacrifices à Dieu.
Chapitre XLII. On rapporte au sujet des saints clous qui avaient été trouvés avec la croix de Notre Sauveur Jésus-Christ et avec lesquels son saint corps avait été cloué, que saint Constantin, l’ami de Dieu, en prit un et l'attacha à la selle de son cheval ; de l'autre il fit le mors du cheval ; il jeta le troisième dans le détroit de Chalcédoine, où l'on avait été exposé à de grands dangers, jusqu'à ce que, par la vertu de ce clou sacré, les flots de cette mer, ainsi que tous les flots de l'océan, furent apaisés ; et l'empire se consolidait dans la ville de Constantinople. Du temps de Zénon, le siège de l'empire fut à Rome ; alors, d'après une décision du Sénat, on réunit les (deux) empires en un seul. L'un (de ces deux empires) avait été établi, à cause des soulèvements continuels des barbares, et l'autre, sur l'avis des généraux, afin qu'il y eût un autre chef en Asie.[42]
Chapitre XLIII. Du temps de Samson, le dernier des Juges, régna dans le pays de…………., Lapathus qui avait deux fils : Achaeus et Lacon. Il divisa les provinces de son royaume en deux parts, conservant l'une pour lui-même, et donnant l'autre à ses fils. Après sa mort, on appela l’une de ces provinces du nom de son fils aîné, Achaïe ; l'autre du nom de son fils cadet, Laconie ; et on les appelle ainsi jusqu'à ce jour.
Chapitre XLIV. A cette époque régna, en Hellade, un roi nommé Pélops…. Il fonda une ville que l'on appela Péloponnèse, d'après son nom. Le nom de son royaume est Hellas jusqu'à présent.
Chapitre XLV.[43]…………………………………………………………………
Chapitre XLVI. Il fut un homme nommé Palamédès, plein de sagesse et de science, qui, le premier, enseigna l'art de la musique, la viole, la lyre, la cithare et tous les instruments de musique.
Chapitre XLVII.[44]……………………………………………………………………….
Chapitre XLVIII. Salomon, fils de David, roi d'Israël, construisit une grande construction à …, pour perpétuer sa mémoire, afin que son nom et le nom de son père ne fussent pas oubliés. Il la donna à un bomme nommé Aywanî, ce qui signifie, en Canaan, « lumière ; » et il nomma la construction Palmyre. En effet, c'est en cet endroit que son père David, le béros, le vaillant, avait triomphé, lorsqu'il vainquit et tua Goliath le Philistéen. C'est pourquoi il donna à la ville le nom de Mêzâd, afin que des peuples (azmâd) étrangers y demeurassent. Il y demeurait un grand nombre de soldats juifs. Cette ville fut prise, après de grands efforts et des combats opiniâtres, par Nabuchodonosor, roi des Perses, qui enfin la détruisit et la livra aux flammes, et qui fit disparaître sa mémoire jusqu'à ce jour.[45]
Chapitre XLIX. Nabuchodonosor prit aussi la ville de Tyr, qui était une île entourée d'eau. Après avoir fait de grands efforts pour s'en emparer, il ordonna à ses soldats, cavaliers et fantassins, et à tous les Perses de jeter du sable dans le bras de mer qui entourait la ville. Ils jetèrent ainsi du sable jusqu'à ce que le bras de mer fût comblé et qu'il devînt comme une route de terre. C'est de cette manière que Nabuchodonosor, le roi de Perse, réussit à s'emparer de la ville.
Chapitre L. A cette époque, lorsque (les enfants d'Israël) furent emmenés dans la captivité par Nabuchodonosor, agissant sur l'ordre de Dieu et ayant reçu l'assistance des anges, avant que celui-ci fût arrivé et qu'il eût brûlé le sanctuaire de Dieu, Jérémie, illustre parmi les prophètes et plein de zèle pour le bien, entra dans le second parvis, appelé le Saint des Saints, et y prit l'arche du Seigneur qui était couverte d'or, à l'extérieur et à l'intérieur, avec les objets sacrés qu'elle contenait, à savoir les tables de la loi, l'urne d'or renfermant la manne, la verge fleurie d'Aaron portant des amandes, et la pierre du roc dont Moïse avait fait sortir de l'eau pour le peuple, lorsqu'il avait soif. Ce fut cette pierre que Moïse le prophète portait avec lui, en marchant devant le peuple, lors de la traversée du désert, sur l'ordre de Dieu, et, chaque fois que le peuple avait soif, il jeta cette pierre sur le sol et la frappa de sa verge ; alors il en sortait de l'eau, et les hommes et tout le bétail buvaient. Donc Jérémie prit ces objets, ainsi que la pierre, courut à un rocher et les y cacha ; et ils y sont jusqu'à présent. Lors du second avènement de Notre-Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, qui sera précédé par le signe de la croix, l'arche, portée par des anges, reparaîtra ; et Moïse qui l'avait faite et Jérémie qui l'avait cachée dans le rocher, viendront (avec elle). Au moment de la résurrection des morts apparaîtra le signe de la croix, et, après lui, Notre-Seigneur Jésus-Christ qui a été crucifié (qu'il soit loué !). Ces paroles se trouvent dans l'enseignement de saint Epiphane, notre Père lumineux, évêque de Chypre, qui, dans son ouvrage, a écrit toute l'histoire des Prophètes, après la destruction de Jérusalem et la fin du royaume des Juifs.[46]
[1] J’ai traité tous ces points, avec plus de détail, dans mon Mémoire sur la chronique byzantine de Jean, évêque de Nikiou, inséré dans le Journal asiatique, 7e série, t. X (1877), p 451 et suiv.; t. XII (1878), p. 245 et suiv.; t. XIII, (1879), p. 291 et suiv.
[2] Les notes du traducteur n’ont pas été reproduites dans leur intégralité, tant en raison des langues concernées plus délicates à numériser (copte, arabe) qu’en raison du grand nombre de chroniqueurs auquel il est souvent fait allusion : Jean Malalas, Théodoret, Socrate, Eusèbe, Zonaras, etc. Le lecteur voulant disposer du contenu intégral pourra aller, entre autres, sur le site gallica.bnf.fr de la Bibliothèque Nationale de France où il retrouvera l’ouvrage.
[3] C'est-à-dire, des planètes.
[4] Il n'est pas question, dans le texte du chapitre, de l'origine du culte du cheval.
[5] Traduction d’Hellènes, dans le sens de païens.
[6] Mots inintelligibles.
[7] Il s'agit des luttes équestres.
[8] Le traducteur arabe, auteur de cette table des chapitres, ou les copistes ayant passé la rubrique mentionnant la fondation de Césarée de Cappadoce, les numéros des rubriques suivantes ne correspondent pas à ceux du texte. J’ai placé les chiffres exacts entre parenthèses.
[9] Ces mots ne se rapportent pas à Domitien et font une phrase à part. Il s'agit de l'abolition du combat des gladiateurs par Nerva.
[10] Il s'agit évidemment de Valentinien. La forme ne paraît pas représenter une corruption de ce nom, mais plutôt la transcription fautive du nom de Salluste, dont il est question dans ce chapitre.
[11] Le sens de la phrase suivante m’échappe. Je pense que c’est la rubrique du paragraphe qui mentionne la rédaction du Code.
[12] C'est-à-dire Bonose.
[13] Sur la dénomination de cette ville, voyez ci-après, au chapitre cxiii.
[14] Cette rubrique et la suivante correspondent au paragraphe qui, dans le texte, termine le chapitre précédent
[15] Cette courte préface qui, ce me semble, commence par une citation, est fort obscure, et le sens de quelques phrases m'échappe complètement. Quelques mots, soit par la faute des traducteurs soit par celle des copistes, paraissent avoir été omis. J'ai renoncé à traduire ce passage.
[16] Les mots : Il fut aussi le premier qui écrivit les lettres en la langue des Hébreux, sont la traduction du grec. Dans les autres chroniques grecques, on lit que le soleil et la lune reçurent leurs noms de Dieu. — Les mots du texte que j'ai remplacés par des points sont la traduction tronquée d'un passage grec analogue à un texte de Jean d'Antioche. C'est ce texte, et non le passage parallèle de la chronique du ms. grec de la Bibliothèque nationale n° 1336, qu'a dû avoir sous les yeux le traducteur arabe.
[17] Comme le traducteur s'est trompé, il est probable que la dernière phrase, relative aux Indiens, n'est qu'un malentendu ; car rien de pareil ne se trouve dans d’autres chroniques. Voici comment on peut expliquer cette erreur : Andubarius, dont il est question dans le chapitre suivant, passait pour avoir enseigné l'astronomie aux Indiens et avoir écrit des livres sur l'astronomie (Chron. Pasch., col. 145 A. — Cette phrase, mal comprise, a été combinée avec la précédente.
[18] Le texte ajoute : qui est Dabarâh. Ces mots sont une glose du traducteur arabe.
[19] La première phrase de la première partie de ce chapitre est la suite du malentendu dont nous avons parlé dans la note précédente. La seconde partie de la même phrase, abstraction faite de la combinaison avec Andubarius, renferme une autre erreur. Il est possible que, dans notre texte, la mention de Cham, au lieu de Sem, soit le fait, non des traducteurs, mais de l'auteur. Comparez Chron. Pasch., col. 124 C. — Jean d'Antioche, d'après les extraits contenus dans le ms. grec 1630 de la Bibliothèque nationale. — Le fragment 4 de la même édition, tirée du même ms., n'est qu'une reproduction du passage de la chronique du ms. n° 1336. Enfin le nom d'Afroûd, transcription défigurée du grec Nebrod, rendait nécessaire la glose que le traducteur arabe a ajoutée.
[20] On remarquera l’erreur qui consiste à faire de Domnos, nom du père de Kronos (ou l'un des noms de Kronos}, un fils de Kronos.
[21] Je ne saurais dire si la phrase : Les hommes croyaient, etc., a été ainsi rédigée par l'auteur ou altérée par le traducteur arabe ; car les autres chroniques s'accordent à dire qu'Héphaïstos reçut du ciel ou de l'air, au moyen d'une prière mystique, les tenailles avec lesquelles il fabriqua des armes. Les mots renferment une méprise plus grave, due probablement au traducteur arabe lui-même, qui a rapporté les mots du texte grec à la guerre, au lieu de les rapporter au temps.
[22] Je ne puis indiquer, d'une manière certaine, les équivalents grecs des deux noms qui sont entièrement défigurés. Aucun des noms mythologiques tels qu'Agathodœmon, Typhon, etc., qui seraient ici à peu près à leur place, ne saurait être identifié avec Dionysos. Je suis, porté à croire que nous sommes encore en présence d'une erreur de traduction et que le chapitre tout entier n'est qu'un malentendu et le résumé inexact d'un passage de Diodore de Sicile (lib. I, cap. xvii et xviii) reproduit par Eusèbe (Praepar. evang. lib. II, cap. i). Dans ce passage, Diodore et Eusèbe rapportent un mythe égyptien, d'après lequel Osiris, que quelques-uns disent être le même que Dionysos, en parcourant le monde avec son frère Apollon et ses fils Anubis et Macedo, avait donné le gouvernement de la Phénicie à Bousiris, et celui de l'Ethiopie et de la Libye à Antaeus.
[23] La dernière phrase renferme sans doute quelque erreur. Ce mythe est d’ailleurs inconnu.
[24] Le commencement de ce chapitre est un fragment d'une phrase mal comprise de l'original grec. Dans la chronique de Jean Malalas et dans la Chronique pascale, le chapitre relatif à Hermès Trismégiste est précédé du récit des expéditions de Sésostris et de l'origine des Parthes, se terminant par une citation d'Hérodote. Le traducteur arabe a mal à propos rattaché la fin de ce paragraphe au paragraphe suivant.
[25] Ce récit ne se trouve dans aucune des autres chroniques byzantines.
[26] Dans le texte original il était dit, sans doute, que Persée abolit le nom d'Assyrie.
[27] Tout ce passage a été mal interprété par les traducteurs.
[28] Sur le perséa et son nom arabe, voyez S. de Sacy, Relation de l’Egypte par Abd-Allatif, p. 47 et suiv.
[29] Ce passage a été mal interprété par le traducteur, si, comme il est probable, il avait sous les yeux un texte analogue à celui des autres chroniques.
[30] Ps. civ, vers. 5.
[31] Ps. lxxv, vers. 2 et 3.
[32] Je ne saurais dire de quelle source vient, dans ce mythe, le nom de Lydie ; car les autres chronographes donnent Kapia.
[33] C'est-à-dire, des prières mystiques.
[34] Le nombre 206 n’est pas celui qui est donné par Jules l’Africain, mais il s’accorde avec la leçon de Jean d’Antioche.
[35] Il n’est pas probable que l’auteur ait voulu parler ici du livre apocryphe qui porte les noms d’Ianès et d’Iambrès. Je suppose. que l’original grec contenait le mot ierogrammateis, que le traducteur aura mal compris.
[36] Tout ce passage est corrompu dans notre texte; le sens du récit relatif à l’oracle de Memphis a été entièrement méconnu par le traducteur arabe. La phrase du texte grec était probablement analogue ou identique au texte de Jean Malalas.
[37] Les mots représentent vraisemblablement des noms de villes. J'ignore le nom grec ou égyptien de la première ; il n'est, ce me semble, que le nom de Chenoboscia qui puisse à peu près convenir.
[38] C'est-à-dire Typhon ?
[39] Ce récit est une traduction locale touchant un événement célèbre dans les annales de l'Egypte, à savoir l'invasion des Libyens et de la confédération des peuples méditerranéens, sous le règne de Méneptah Ier. L'histoire de la défaite des Libyens près de la ville de Nikiou ou Prosopis, forme le sujet de la grande inscription du temple de Karnak (voyez E. de Rougé, dans la Revue archéologique, année 1867, tome II, p. 38 et suiv. — Chabas, Etudes historiques, p. 230 et suiv. —Recherches sur la xixe dynastie, p. 51 et suiv. — Brugsch, Dictionnaire géographique de l'ancienne Egypte, p. 66 et 439). — Le mot est la transcription du mot grec à l’accusatif prosopis, nom de la capitale du nome prosopotite, c'est-à-dire de la ville de Nikiou ou Nikioupolis. L'explication de ce nom, dans notre texte, est un jeu de mots sans fondement ; car Prosopis n'est pas la traduction, mais la transcription du nom égyptien de la ville, à savoir : . Peut-être y a-t-il là quelque allusion au nom du roi Ménephtah ou Merenptah (composé de Phtah, nom du démiurge trinitaire. On voit par la rubrique que, dans le texte original, il y avait aussi une explication analogue du nom de Nikiou. — Quant au mot qui me paraît être une transcription altérée de l'arabe Mauritaniens, c'est-à-dire Libyens, on pourrait hésiter à admettre cette interprétation ; car la forme Mauritanoi se rencontre rarement dans les auteurs grecs, et, au temps où écrivait Jean de Nikiou, les habitants du nord de l'Afrique étaient communément appelé Maurousioi ou Mauroi.
[40] Altération de Cécrops, j’en ignore l’origine.
[41] Le suffixe au pluriel se rapporte à l’énumération des théories orphiques que le traducteur a supprimée.
[42] Je ne saurais dire de quel récit légendaire l'auteur a tiré la donnée relative à l'empire de Zénon à Rome. On verra ci-après (chap. lxxxviii) que cette singulière erreur est devenue la base d'un autre récit imaginaire, ici comme dans un grand nombre d'autres passages de notre texte, que le traducteur arabe n'avait pas compris.
[43] Il est impossible de trouver dans ce texte corrompu une narration raisonnable. Dans les noms propres, également fort altérés, on croit reconnaître les noms d'Ilion, de Priam, de la Phrygie, de Sparte.
[44] Ce chapitre, plein de contresens, est un fragment de l'histoire de la guerre de Troie. Je ne saurais dire quel est le nom grec que représente le nom {il n'est pas probable que ce soit Atreus). Dans la première phrase on reconnaît facilement la traduction altérée et tronquée d'un passage grec qu'on lit dans la Chronique de Jean Malalas (col. 200 A)… Les derniers mots de la première phrase et la seconde phrase sont un fragment de l'histoire du Palladium. Enfin la dernière phrase et les deux derniers mots de l'avant-dernière proviennent du récit des aventures d'Ulysse en Sicile.
[45] Le texte éthiopien de cet étrange récit renferme plusieurs erreurs. La légende qui attribue à Salomon la fondation de Palmyre, à l'endroit même où David avait lutté contre Goliath, est rapportée par Jean Malalas en deux endroits de sa chronique (col. 241 B). Puis, au commencement du livre XVIII (col. 628 et suiv.). C'est un texte à peu près pareil qu'a eu sous les yeux le traducteur arabe de notre chronique.
[46] Ces derniers textes, très différents de notre récit, ne contiennent pas la donnée relative n la pierre du roc, ni celle de la réapparition de Jérémie avec l’arche.