Œuvre numérisée et traduite par Marc Szwajcer
[LVIII].Visum autem fuit eis propter incommoda fori et tumultus castrenses monasterium in proximo oppido, quod Slavice Cuzalina, Teutonice Hagerestorp dicitur, fundacione commodissimum esse. Misitque eo venerabilem sacerdotem Volcwardum cum industriis viris, qui oratorio et claustralibus officinis subrigendis operam darent. Porro forensis ecclesia in curam parrochiae ad radices montis posita est. In diebus illis nobilissimus vir Thethmarus, domni Vicelini quondam discipulus et in studio apud Franciam socius, relicta prebenda et decania Bremensi devovit se Falderensi collegio, vir contemptor huius seculi, sectator voluntariae paupertatis et in spiritali conversacione summae perfectionis. Cuius per omnia extollenda sanctitas tanto humilitatis culmine et benignitatis vigore subnixa erat, ut videres inter homines angelum, scientem compati infirmitatibus singulorum, temptatum autem per omnia. Destinatus post haec Hagerestorp, quae et Cuzelina, cum aliis fratribus hominibus novae transmigracionis magno solacio fuit. Domnus quoque Vicelinus novellae ecclesiae sibi commissae sollers curator omni studio enisus est, ut ecclesiae locis oportunis edificarentur, providens eis de Faldera tam sacerdotes quam reliqua altaris utensilia.
De beato Bernardo abbate Clarevallensi. Capitulum LIX.Circa tempora dierum illorum ortae sunt res novae et toti orbi stupendae. Presidente enim sanctissimo papa Eugenio, Conrado quoque tercio gubernacula regni moderante, claruit Bernardus Clarevallensis abbas, cuius fama tanta signorum fuit opinione celebris, ut de toto orbe conflueret ad eum populorum frequentia cupientium videre quae per eum fiebant mirabilia. Hic itaque egressus in Teutonicam terram venit ad celebrem curiam Frankenvorde, quo tunc forte rex Conradus cum omni principum frequentia festivus occurrerat. Cum igitur sanctus vir in ecclesia positus curandis egrotis in nomine Domini propensius instaret astante rege et summis potestatibus, incertum erat inter tantas populorum catervas, quid quis pateretur, aut cui forte subveniretur. Aderat illic comes noster Adolfus, certius nosse cupiens ex operacione divina virtutem viri. Inter haec offertur ei puer cecus et claudus, cuius debilitatis nulla potuit esse dubitacio. Cepit igitur sagacissimus intentare sollerter, si forte posset in hoc puero sanctitatis eius experimentum capere. Cuius incredulitati veluti divinitus edoctus vir Dei remedium providens puerum preter morem [iussit] sibi applicari -, ceteros enim verbo tantum consignavit, hunc vero exhibitum manibus excepit oculisque morosa contrectacione visum restituit, deinde genua contracta corrigens iussit eum currere ad gradus, manifesta dans indicia recuperati tam visus quam gressus. Cepit sanctus ille, nescio quibus oraculis edoctus, adhortari principes ceterasque fidelium plebes, ut proficiscerentur Ierusalem ad comprimendas et Christianis legibus subigendas barbaras orientis naciones, dicens appropiare tempora, quo plenitudo gentium introire debeat, et sic omnis Israel salvus fiat. Protinus ad verba exhortantis incredibile dictu est, quanta populorum caterva se ad profectionem eandem devoverit; in quibus primi et precipui erant Conradus rex, Frethericus Sueviae dux, qui postea regnavit, Welph dux, cum episcopis et principibus, milicia nobilium et ignobilium vulgariumque numero estimacionem excedente. Quid dicam de Teutonicorum exercitu, cum et Lodewicus Parisiorum rex et omnis Francigenarum virtus in id ipsum aspiraverint? Non est recognitum vicinis temporibus nec auditum a diebus seculi tantum convenisse exercitum, exercitum, inquam, grandem nimis. Fueruntque signati titulo crucis in vestibus et armatura. Visum autem fuit auctoribus expedicionis partem exercitus unam destinari in partes orientis, alteram in Hyspaniam, terciam vero ad Slavos, qui iuxta nos habitant.
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LVIII.LE TRANSFERT DU MONASTERE DE SEGEBERG A CUZELINA.[1]Mais il leur sembla que pour le monastère, à cause des inconvénients engendrés par les marchés et les désordres des camps, une fondation serait de loin préférable dans le proche village, appelé en slave Cuzelina, et en allemand Hagerestrop.[2] Et il [Vicelin] envoya là-bas le vénérable prêtre Volkward accompagné d’hommes actifs, qui se mirent au travail pour construire un oratoire et des officines fermées. En outre, l’église de la ville au soin de la paroisse fut positionnée au pied de la montagne. A cette époque,[3] le très noble Thietmar, élève de Vicelin et son compagnon d’études en France, ayant quitté la prébende[4] et la décania[5] de Brême, se consacra entièrement au soutien de Faldera. C'était un homme méprisant le monde, disciple de la pauvreté volontaire, homme qui atteignit une haute perfection dans les relations spirituelles. Sa sainteté élevée était tellement basée sur l’humilité profonde et la vigueur de sa bienveillance qu’il semblait qu’on vit un ange parmi les hommes, qui, en sachant avec indulgence se rapporter aux faiblesses des autres, était soutenu sous tous rapports. Fixé avec d'autres frères à Hagerestrop, autrement dit Cuzelina, il devint une grande source d’apaisement lors de ce nouveau déménagement. Et maître Vicelin, curateur avisé de la nouvelle église qu’on lui avait confiée, s’efforça par tous les moyens que les églises soient érigées dans les endroits les plus propices, en y envoyant de Faldera des prêtres, ainsi que les moyens d’existence nécessaires aux autels. LIXLe bienheureux Bernard, abbé de Clairvaux(1)En ces jours-là eurent lieu d’étranges événements qui étonnèrent le monde entier. Quand sa Sainteté le Pape Eugène fut au pouvoir, et que Conrad III (2) tint les rênes du pouvoir, l’abbé Bernard de Clairvaux apparut. Il était si célèbre pour ses merveilles que les gens venaient du monde entier pour voir les miracles qu’il avait faits. Ainsi, il partit en terre allemande et arriva à la fameuse diète de Francfort, où par hasard l’aimable roi Conrad vint à sa rencontre avec un grand nombre de tous les princes. Et quand le saint homme se trouva dans le temple en présence du roi et des hauts dignitaires, il continua assidûment à guérir les malades au nom de Dieu, et, parmi une telle foule de peuples, il était difficile de comprendre qui pourrait en voir plus ou à qui par hasard serait fourni de l'aide. Notre comte Adolphe, était présent lors de l'événement, afin de s'assurer de la vertu de l'homme par qui le travail divin s’accomplissait. Entre autres on amena à Bernard un jeune garçon aveugle et boiteux, dont l’infirmité ne laissait aucun doute. Alors, Adolphe, homme très perspicace, demanda habilement au saint homme s’il pouvait exercer sa sainteté sur le cas de ce garçon. Devinant l’incrédulité, le saint homme utilisa son pouvoir et, contrairement à la coutume, donna ordre à l'enfant de se prendre en charge, tandis qu’il traitait les autres suppliants uniquement par des paroles. En posant sa main sur les yeux du jeune garçon, Bernard lui rendit la vue, puis corrigea son genou, lui ordonna de courir vers les marches, manifeste évident de sa vue retrouvée ainsi que de sa capacité à marcher. Ce saint homme commença à exhorter, je ne sais par quelles paroles, les princes et les autres croyants dans leur devoir d’aller à Jérusalem, afin de soumettre les nations barbares de l'Orient et de les placer sous les lois Chrétiennes, en disant que le temps était proche, où la multitude des peuples viendrait [dans le royaume de Dieu], et qu’ainsi tout Israël serait sauvé. Sur ces mots du prédicateur, une multitude incroyable de personnes promit de participer à cette expédition même, au nombre desquels furent le roi lui-même, puis le duc Frédéric de Souabe (3)qui gouverna plus tard, le duc Welf de Spolète (4), ainsi que des évêques et des princes, l'armée des nobles et de la petite noblesse et les gens du commun en un nombre impossible à calculer. Et pourquoi ne parler que de l'armée des Allemands, quand le roi Louis (5) des Parisiens et tous les Francs firent la même chose. On n’avait jamais vu, ni à cette époque, ni depuis le début des temps, le rassemblement d’une armée aussi immense. Puis on mit le signe de la croix sur ses vêtements et ses armes. Mais les dirigeants de cette guerre jugèrent opportun d'envoyer une partie de l'armée dans les régions orientales, une autre partie en Espagne et la troisième partie chez les Slaves, qui vivent près de nous.
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Arrivée des croisés à Constantinople. Bataille entre Français et Turcs en 1147 et 1148 Grandes Chroniques de France, enluminées par Jean Fouquet, Tours, vers 1455-1460 Paris, BnF, département des Manuscrits, Français 6465, fol. 202 (Livre de Lou)
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De Conrado et Lodewico regibus. Cap. LX.Primus igitur, qui et maximus, abiit terrestri itinere cum rege Alemanniae Conrado et rege Franciae Lodewico et precipuis utriusque regni principibus, transieruntque regnum Ungariae, quousque pervenirent prope fines Greciae. Miseruntque legatos ad regem Greciae, ut daret eis conductum mercatumque transire cupientibus terram suam. Ille licet admodum territus, annuendum tamen decrevit, si quidem pacifici venissent. Cui remandaverunt se nichil inquietudinis moliri, qui propter ampliandos fines pacis peregrinacionem ultroneam assumpserint. Dedit igitur eis rex Greciae iuxta placitum conductum forumque habundans rerum venalium, ubicumque castra locanda fuissent. Multa vero portenta visa sunt in exercitu illis diebus, futurae cladis demonstrativa. Quorum vel precipuum fuit, quod vespere quodam nebula densissima cooperuit castra, qua recedente universa papilionum tegmina vel quae sub divo fuerant adeo sanguine respersa comparuerunt, ac si nimbus ille sanguinem compluerit. Quod videns rex ceterique principum coniecerunt se ad maximos labores et mortium pericula evocatos. Nec fefellit eos coniectura. Non enim multo post venerunt in montana quaedam, ubi cum invenissent vallem pratis rivoque decurrente commodissimam, metati sunt castra in devexum montis latus. Porro iumenta oneraria cum bigis et quadrigis victualia sarcinasque militum portantibus, armentorum quoque in carnis esum ingens numerus in vallis medium collocata fuerant prope decursum aquae et pascuarum commoda. Appropiante vero nocte audita sunt in montis supercilio fragor tonitruum sonitusque tempestatis; tum ecce noctis medio, nescio an nubium eruptione vel quo eventu, torrens ille auctior erumpens quicquid vallis humilior habuit in hominibus et iumentis in momento eluit et in mare proiecit. Hanc igitur primam exercitus iacturam exceperunt milites peregrinacionis illius. Ceteri, qui residui fuerant, perrexerunt cepto itinere transeuntesque Greciam pervenerunt ad regiam urbem Constantinopolim. Quo per dies aliquot recreato exercitu, venerunt ad sinum maris, qui vulgarium more dicitur Brachium Sancti Georgii. Illic providerat eis rex Greciae naves ad transducendum exercitum, adhibens notarios, qui expeditorum sibi numerum perferrent. Quo relecto graviter ingemuit et ait: 'Quare eduxisti, domine Deus, populum hunc multum de sedibus suis? Vere brachio virtutis tuae indigent, ut iterum videant terram desiderabilem, terram, inquam, nativitatis suae'. Transmisso igitur mari Lodewicus rex Franciae direxit iter versus Ierosolimam et pugnantibus secum barbaris universum perdidit exercitum. Quid dicam de rege Alemanniae et his qui cum eo fuerant? Universi perierunt fame et siti, transducti in desertum maximum dolo legati regis Greciae, qui eos in fines Persarum ducere debuerat. Adeo contabuerunt fame et siti, ut incursantibus barbaris ultro cervices prebuerint. Rex et validiores quique, qui neci superfuerant, in Greciam refugerunt. O iudicia excelsi! Tanta fuit clades exercitus et miseria inexplicabilis, ut eorum qui interfuerunt adhuc hodie lacrimis deplangatur.
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LES ROIS CONRAD ET LOUIS. [6]La première armée, qui était également la plus importante, partit alors par voie de terre avec Conrad, roi d'Allemagne, et Louis, roi de France,[7] et les princes les plus importants des deux royaumes. Ils traversèrent le royaume de Hongrie[8] jusqu'à ce qu'ils arrivent près de la limite de la Grèce. Et ils envoyèrent des ambassadeurs au roi de Grèce,[9] lui demandant de leur octroyer un droit de libre passage et un droit d'achat de marchandises, car ils voulaient traverser ses terres. Celui-ci très inquiet,[10] décida cependant d'accepter, s’ils venaient en paix. Ils répondirent qu’ils ne projetaient pas de causer la moindre inquiétude en entreprenant ce pèlerinage volontaire qui n’était destinée qu’à l'élargissement des limites de la paix. Et alors le roi de Grèce leur accorda ce qu’ils désiraient, le droit de libre passage et le droit d'acheter librement en abondance des marchandises, où que s'installerait leur camp. Ces jours-là, l’armée reçut de nombreux signes précurseurs des désastres à venir. Le plus extraordinaire d’entre eux fut celui-ci. Un soir, tout le camp fut enveloppé d’un épais brouillard. Quand il se leva, des nuages de papillons tombèrent sur le camp ou voltigèrent dans les airs.[11] Ils étaient à tel point gorgés de sang que tout ce qui avait été à l’air libre sembla être arrosé d’une pluie sanglante. En voyant cela, le roi et les autres princes comprirent, quelles grandes difficultés et quels dangers mortels étaient évoqués. La supposition ne les trompa pas. Après un certain temps ils arrivèrent dans un pays montagneux, où ils entrèrent dans une vallée très agréable grâce à ses prairies, et une rivière courante[12] ; ils y dressèrent leur camp à flanc de montagne en pente. Les bêtes de somme et les chariots à deux et quatre attelages de chevaux, transportant les vivres et les bagages des chevaliers, ainsi qu’une très grande partie du bétail de trait destiné à la nourriture, furent installées au milieu de la vallée, tout près de l'eau et des pâturages agréables. A l'approche de la nuit des roulements de tonnerre et un bruit de tempête se firent entendre au sommet de la montagne ; puis à minuit, je ne sais si ce fut parce que les nuages éclatèrent, ou pour quelque autre raison, cette rivière grossit fortement parmi ceux qui se trouvaient au plus bas de la vallée, hommes et bêtes, les envahit en un instant pour les emporter vers la mer.[13] Ce fut ainsi la première perte de l’armée durant cette croisade. Les autres, qui survécurent, continuèrent la route prise et, en passant par la Grèce, parvinrent à la ville royale de Constantinople. Après l’armée se renforça là pendant quelques jours. Les forces, elles, vinrent par le canal de la mer, en langage populaire nommé le bras de saint Georges.[14] Là, le roi de la Grèce leur fournit des navires pour le transport des troupes, ayant appelé des secrétaires qui lui présentèrent le nombre de combattants. Ayant lu la [liste], il poussa un triste soupir et dit : « Pourquoi, mon Dieu, as-tu retiré tant de gens de leurs places ? Réellement ils ont besoin du soutien de ton bras pour de nouveau voir la terre de leur désir, je veux dire, la terre de sa nativité ». Louis, roi des Francs, traversa la mer et dirigea sa marche vers Jérusalem, mais il perdit toute son armée à combattre les Barbares. Que dirai-je du roi des Allemands et de ceux qui allèrent avec lui ? Ils périrent ensemble de faim et de soif. L'envoyé perfide du roi des Grecs, à qui on avait confié de les conduire aux frontières de la Perse, leur fit traverser au lieu de cela dans des régions désertes. Là ils dépérirent par manque de vivres et par la soif jusqu’à donner volontairement leurs têtes aux coups des barbares qui les attaquèrent. Le roi et les hauts dignitaires, qui réussissent survivre, se réfugièrent en Grèce. O justice des cieux ! Le désastre de l'armée fut si grand, son malheur si inexplicable, que ceux qui furent dans l’intervalle, la pleurent encore à ce jour.[15]
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[1] Ce titre ne figure pas dans le texte latin. [2] Sans doute Högersdorf. [3] Vers 1145. [4] Revenu ecclésiastique provenant à l'origine du partage de la mense capitulaire et destiné à l'entretien d'un chanoine séculier, mais qui peut être attribué à un autre clerc ou même transféré à un laïc. [5] Groupe de dix moines sous un supérieur. Le mot latin « decania » n’a pas d’équivalent en français à ma connaissance. [6] La deuxième croisade eut lieu à la suite de la prise d’Edesse ; elle démarra en 1147. Helmold synthétise ici car l’empereur byzantin avait déjà eu des relations écrites avec Conrad III et Louis VII. Manuel Ier Comnène était le beau-frère de Conrad III. [7] Louis VII. [8] Le royaume de Hongrie était alors dirigé par Géza II Árpád (1141-1162). [9] L’empereur byzantin Manuel Ier Comnène (1143-1180). [10] « Les conditions énoncées par Manuel dans ses lettres au roi de France et au pape, n'ont été acceptées ni par Louis VII, ni par Conrad (il semble même qu'elles n'ont pas été posées à ce dernier). Ce refus résulte des termes dont se sert Eude (Odon) de Deuil pour caractériser la mission des ambassadeurs envoyés par Manuel au devant des croisés pour savoir s'ils viennent en ennemis ou en amis, et des négociations qui eurent lieu devant Constantinople pour amener Louis VII à prêter le serment d'hommage. On voit que, jusque-là, aucune question n'avait été réglée, pas plus celle du serment que celle du sort réservé aux villes ayant appartenu à l'empire dont s'empareraient les croisés. » Cf. Chalandon, Jean II Comnène, 1118-1143, et Manuel I Comnène, 1143-1180. [11] Il existe ici une autre traduction vraisemblable après le début de la phrase « Quand il se leva… », qui ne met pas en scène des papillons. Ce serait : « toutes les toiles de tente et tout ce qui avait été en plein air semblait aspergés de sang. » Le mot latin papilio, signifie papillon ou tente. Nous avons préféré « les papillons », signe extra-terrestre plus évident. [12] « Il y avait en réalité deux rivières : l'Athyras et le Mêlas. » Cf. Chalandon. [13] Ce désastre eut lieu le 7 ou 8 septembre 1147. [14] Gallipoli, ville de Romanie, est située sur un détroit de même nom dit autrement bras de Saint Georges, détroit des Dardanelles & autrefois de l’Hellespont entre l’Europe & l’Asie. Cf. Le grand dictionnaire historique, 1692. Ce détroit (des Dardanelles) a été nommé « bras de St Georges » à cause d’un village situé au-delà de Gallipoli, et qui s’appelle Péristasis, où il y a une fameuse église de St. Georges fort respectée des Grecs. (Papiers géographiques de d’Anville) [15] Les occidentaux en voulurent tout le temps aux byzantins lors des croisades, les accusant sempiternellement de fourberie, et autres délicates attentions. Tout ceci n’est que très imparfaitement justifié. En relisant l’histoire des croisades, on s’apercevra que les croisés n’étaient pas seulement les chevaliers, mais aussi une pléthore d’autres personnes liées à leur suite, sans organisation aucune, et qui n’avaient pas tous le peu de culture parfois possédée par les combattants. Pour s’en convaincre on lira la biographie en quelque endroit que ce soit de Pierre l’Ermite, personnage peu estimable et par exemple le texte de Liutprand rapportant son ambassade à Byzance. On comprend qu’alors, l’empereur byzantin, quel qu’il fut, n’ait pas été enchanté de voir arriver une traînée de vagabonds, ivrognes, et autres personnes du même genre sur ses terres ; il avait déjà assez d’autres problèmes comme cela. Comme les occidentaux n’étaient pas ce qu’on appelle à cette époque des gens de bon aloi, ils pillèrent d’ailleurs sans vergogne la ville de Constantinople en 1204. Le pape ne dit pas grand-chose contre ce pillage à cette époque, soit environ 60 ans après ce qu’Helmold raconte dans ce chapitre. (1) Saint Bernard est trop connu pour que l’on parle de lui. Il s’agit ici, en Allemagne, de l’exhortation à la deuxième croisade. (2) Conrad III de Hohenstaufen, né en 1093, décédé en 1152, roi romain germanique de 1138 à 1152. Fils de Frédéric Ier, duc de Souabe et d'Agnès de Germanie. (3) Frédéric Barberousse. (4) Welf VI (1115 – 15 décembre 1191) margrave de Toscane (1152–1162) et duc de Spolète (1152–1162), troisième fils de Henri IX, duc de Bavière, et membre de l’illustre famille Italo-germanique des Guelfes. (5 Louis VII de France, dit Louis le Jeune, né en 1120, mort en 1180 à Melun, roi des Francs de 1137 à 1180. |