ΔΙΟΝΥΣΙΟΥ ΑΛΙΚΑΡΝΑΣΕΩΣ ΡΩΜΑΙΚΗΣ ΑΡΧΑΙΟΛΟΓΙΑΣ ΛΟΓΟΣ ΕΒΔΟΜΟΣ.
LIVRE SEPTIÈME
ANTIQUITÉS ROMAINES DE DENYS DHALICARNASSE
LIVRE SEPTIÈME.
ANTIQUITÉS ROMAINES DE DENYS D'HALICARNASSE. LIVRE SEPTIÈME. CHAPITRE PREMIER. I. Dix-huitième consulat. Cherté à Rome. II. On envoie faire des provisions en Sicile, à Cumes, dans le pays des Pometiens etc. III. Que Gélon, et non pas Denys l'ancien, était alors le plus fameux tyran de Sicile, qu'il succéda immédiatement à Hippocrate. IV. On apporte des provisions de Sicile. V. Que ceux qu'on avait envoyés dans le pays des Pométiens perdirent leur argent et leur équipage. Vl. Que ceux qui étaient allés à Cumes eurent le même sort. Vll. Aristodème tyran de Cumes ; pourquoi il fut surnommé le Mol. |
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I. [7,1] Τίτου δὲ Γεγανίου Μακερίνου καὶ Ποπλίου Μηνυκίου τὴν ὕπατον ἐξουσίαν παραλαβόντων σίτου σπάνις ἰσχυρὰ τὴν Ῥώμην κατέσχεν ἐκ τῆς ἀποστάσεως λαβοῦσα τὴν ἀρχήν. Ὁ μὲν γὰρ δῆμος ἀπέστη τῶν πατρικίων μετὰ τὴν μετοπωρινὴν ἰσημερίαν ὑπ´ αὐτὴν μάλιστα τὴν ἀρχὴν τοῦ σπόρου· ἐξέλιπον δὲ τὴν χώραν οἱ γεωργοῦντες ἅμα τῇ κινήσει καὶ διέστησαν οἱ μὲν εὐχερέστεροι πρὸς τοὺς πατρικίους, τὸ δὲ θητικὸν μέρος ὡς τοὺς δημοτικούς· καὶ διέμειναν ἐξ ἐκείνου χωρὶς ἀλλήλων ὄντες, ἕως οὗ κατέστη καὶ συνῆλθεν ἡ πόλις εἰς ἑαυτὴν οὐ πολλῷ πρότερον διαλλαγεῖσα τῆς χειμερινῆς τροπῆς. Τὸν δὲ μεταξὺ χρόνον, ἐν ᾧ ὁ πᾶς ἐπιτελεῖται σπόρος ὡραῖος, ἔρημος ἡ χώρα τῶν ἐπιμελησομένων ἦν καὶ ἐπὶ πολὺν χρόνον διετέλεσεν, ὥστε μηδὲ κατελθοῦσι τοῖς γεωργοῖς ἀναλαβεῖν αὐτὴν ἔτι ῥᾴδιον εἶναι δούλων τ´ ἀποστάσει καὶ κτηνῶν ὀλέθρῳ, μεθ´ ὧν αὐτὴν ἔμελλον ἐργάζεσθαι κεκακωμένην, ἀφορμῆς τ´ οὐ πολλοῖς εἰς τὸν ἐπιόντα ἐνιαυτὸν ὑπαρχούσης οὔτε σπερμάτων οὔτε τροφῆς. II. Ταῦθ´ ἡ βουλὴ μαθοῦσα πρέσβεις διεπέμπετο πρὸς Τυρρηνοὺς καὶ Καμπανοὺς καὶ τὸ καλούμενον Πωμεντῖνον πεδίον σῖτον ὅσον ἂν δύναιντο πλεῖστον ὠνησομένους· Πόπλιος δὲ Οὐαλέριος καὶ Λεύκιος Γεγάνιος εἰς Σικελίαν ἀπεστάλησαν, Οὐαλέριος μὲν υἱὸς ὢν Ποπλικόλα, Γεγάνιος δὲ θατέρου τῶν ὑπάτων ἀδελφός. III. Τύραννοι δὲ τότε κατὰ πόλεις μὲν ἦσαν, ἐπιφανέστατος δὲ Γέλων ὁ Δεινομένους νεωστὶ τὴν Ἱπποκράτους {τοῦ ἀδελφοῦ} τυραννίδα παρειληφώς, οὐχὶ Διονύσιος ὁ Συρακούσιος, ὡς Λικίννιος γέγραφε καὶ Γέλλιος καὶ ἄλλοι συχνοὶ τῶν Ῥωμαίων συγγραφέων οὐθὲν ἐξητακότες τῶν περὶ τοὺς χρόνους ἀκριβῶς, ὡς αὐτὸ δηλοῖ τοὖργον, ἀλλ´ εἰκῆ τὸ προστυχὸν ἀποφαινόμενοι. Ἡ μὲν γὰρ εἰς Σικελίαν ἀποδειχθεῖσα πρεσβεία κατὰ τὸν δεύτερον ἐνιαυτὸν τῆς ἑβδομηκοστῆς καὶ δευτέρας ὀλυμπιάδος ἐξέπλευσεν ἄρχοντος Ἀθήνησιν Ὑβριλίδου, ἑπτακαίδεκα διελθόντων ἐτῶν μετὰ τὴν ἐκβολὴν τῶν βασιλέων, ὡς οὗτοί τε καὶ οἱ ἄλλοι σχεδὸν ἅπαντες συγγραφεῖς ὁμολογοῦσι· Διονύσιος δ´ ὁ πρεσβύτερος ὀγδοηκοστῷ καὶ πέμπτῳ μετὰ ταῦτ´ ἔτει Συρακουσίοις ἐπαναστὰς κατέσχε τὴν τυραννίδα κατὰ τὸν τρίτον ἐνιαυτὸν τῆς ἐνενηκοστῆς καὶ τρίτης ὀλυμπιάδος ἄρχοντος Ἀθήνησι Καλλίου τοῦ μετ´ Ἀντιγένη. Ὀλίγοις μὲν οὖν ἔτεσι διαμαρτεῖν τῶν χρόνων δοίη τις ἂν ἱστορικοῖς ἀνδράσιν ἀρχαίας καὶ πολυετεῖς συνταττομένοις πραγματείας, γενεαῖς δὲ δυσὶν ἢ τρισὶν ὅλαις ἀποπλανηθῆναι τῆς ἀληθείας οὐκ ἂν ἐπιτρέψειεν. Ἀλλ´ ἔοικεν ὁ πρῶτος ἐν ταῖς ὡρογραφίαις τοῦτο καταχωρίσας, ᾧ πάντες ἠκολούθησαν οἱ λοιποί, τοσοῦτο μόνον ἐν ταῖς ἀρχαίαις εὑρὼν ἀναγραφαῖς, ὅτι πρέσβεις ἀπεστάλησαν ἐπὶ τούτων τῶν ὑπάτων εἰς Σικελίαν σῖτον ὠνησόμενοι καὶ παρῆσαν ἐκεῖθεν ἄγοντες ἣν ὁ τύραννος ἔδωκε δωρεάν, οὐκέτι μὴν παρὰ τῶν Ἑλληνικῶν ἐξετάσαι συγγραφέων, ὅστις ἦν τύραννος τότε Σικελίας, ἀβασανίστως δέ πως καὶ κατὰ τὸ προστυχὸν θεῖναι τὸν Διονύσιον. IV. [7,2] Οἱ μὲν οὖν ἐπὶ Σικελίας πλέοντες πρέσβεις χειμῶνι χρησάμενοι κατὰ θάλατταν καὶ κύκλῳ τὴν νῆσον περιπλεῖν ἀναγκασθέντες χρόνιοί τε κατήχθησαν πρὸς τὸν τύραννον, καὶ τὴν χειμερινὴν ἐκεῖ διατρίψαντες ὥραν μετὰ θέρος ἐπανῆλθον εἰς Ἰταλίαν πολλὰς κομίζοντες ἀγοράς. V. Οἱ δ´ εἰς τὸ Πωμεντῖνον ἀποσταλέντες πεδίον ὀλίγου μὲν ἐδέησαν ὡς κατάσκοποι πρὸς τῶν Οὐολούσκων ἀναιρεθῆναι διαβληθέντες ὑπὸ τῶν ἐκ Ῥώμης φυγάδων, χαλεπῶς δὲ πάνυ διὰ τὴν προθυμίαν τῶν ἰδιοξένων αὐτὰ διασῶσαι δυνηθέντες τὰ σώματα, δίχα τῶν χρημάτων ἀνέστρεψαν εἰς τὴν Ῥώμην ἄπρακτοι. V Ὅμοια δὲ τούτοις συνέβη παθεῖν καὶ τοῖς εἰς τὴν Ἰταλιῶτιν ἀφικομένοις Κύμην. Καὶ γὰρ αὐτόθι πολλοὶ Ῥωμαίων διατρίβοντες, οἱ σὺν τῷ βασιλεῖ Ταρκυνίῳ διασωθέντες ἐκ τῆς τελευταίας μάχης φυγάδες, τὸ μὲν πρῶτον ἐξαιτεῖσθαι παρὰ τοῦ τυράννου τοὺς ἄνδρας ἐπεχείρησαν ἐπὶ θανάτῳ, ἀποτυχόντες δὲ τούτου ῥύσια κατασχεῖν ταῦτα τὰ σώματα παρὰ τῆς ἀπεσταλκυίας πόλεως ἠξίουν, ἕως ἀπολάβωσι τὰς ἑαυτῶν οὐσίας, ἃς ἔφασαν ὑπὸ Ῥωμαίων ἀδίκως δεδημεῦσθαι, καὶ ταύτης ᾤοντο δεῖν τῆς δίκης τὸν τύραννον αὐτοῖς γενέσθαι κριτήν. VII. Ὁ δὲ τυραννῶν τότε τῆς Κύμης Ἀριστόδημος ἦν ὁ Ἀριστοκράτους, ἀνὴρ οὐ τῶν ἐπιτυχόντων ἕνεκα γένους, ὃς ἐκαλεῖτο Μαλακὸς ὑπὸ τῶν ἀστῶν καὶ σὺν χρόνῳ γνωριμωτέραν τοῦ ὀνόματος ἔσχε τὴν κλῆσιν, εἴθ´ ὅτι θηλυδρίας ἐγένετο παῖς ὢν καὶ τὰ γυναιξὶν ἁρμόττοντα ἔπασχεν, ὡς ἱστοροῦσί τινες, εἴθ´ ὅτι πρᾷος ἦν φύσει καὶ μαλακὸς εἰς ὀργήν, ὡς ἕτεροι γράφουσιν. Ἀφορμαῖς δὲ τῆς τυραννίδος ὁποίαις ἐχρήσατο καὶ τίνας ἦλθεν ἐπ´ αὐτὴν ὁδοὺς καὶ πῶς διῴκησε τὰ κατὰ τὴν ἀρχὴν καταστροφῆς θ´ ὁποίας ἔτυχεν, οὐκ ἄκαιρον εἶναι δοκῶ μικρὸν ἐπιστήσας τὴν Ῥωμαϊκὴν διήγησιν κεφαλαιωδῶς διεξελθεῖν. |
I. SOUS le consulat de Titus Geganius Macérinus et de Publius Minucius, Rome fut affligée d'une grande cherté de vivres La retraite du peuple en fut la cause. Il s'était séparé des patriciens après l'équinoxe d'automne, vers le commencement des semailles. Les paysans avaient en même temps abandonné les terres pour se mettre dans l'un des deux partis, les gros laboureurs qui étaient un peu à leur aise, dans celui des patriciens ; les gens de journée dans celui des plébéiens. Depuis ce temps-là ils demeurèrent séparés les uns des autres, jusqu'à ce que les troubles fussent pacifiés, et. qu'on eût réuni les esprits par un traité d'accommodement, ce qui n'arriva qu'un peu avant le solstice d'hiver. Ainsi, pendant toute la saison des semailles il n'y avait personne dans les campagnes pour cultiver les terres : elles demeurèrent longtemps en friche, et même après le retour des laboureurs, il n'était pas facile de les remettre en état, parce que les esclaves avaient déserté, que les chevaux nécessaires pour labourer étaient morts, et qu'on n'avait pas grande provision ni de semences ni de vivres pour l'année suivante. II. LE sénat voyant l'état des choses, envoya des ambassadeurs en Tyrrhénie, en Campanie, et dans le territoire des Pométiens, pour y acheter autant de blé qu'ils pourraient. Publius Valerius, et Lucius Geganius furent envoyés pour le même sujet en Sicile : le premier était fils de Poplucola, l'autre était frère d'un des consuls. III. Les villes de Sicile étaient alors gouvernées par des tyrans. Le plus fameux était Gélon fils de Dinomène, qui venait de prendre la place d'Hippocrate son frère, et non pas Denys de Syracuse, comme Licinnius, Gellius et plusieurs autres historiens Romains l'ont écrit, donnant pour certain tout ce qui leur venait par hasard en pensée, sans se mettre en peine de faire un anachronisme, ou de consulter l'ordre des temps qui fait voir évidemment leur erreur. Car cette ambassade passa en Sicile la seconde année de la soixante-douzième olympiade, Hybrilide étant archonte à Athènes, après dix-sept ans écoulés depuis l'expulsion des rois, comme l'avouent ces mêmes auteurs et presque tous les autres historiens. Or ce ne fut que quatre-vingt-cinq ans après cela, que Denys l'ancien s'empara de Syracuse, la troisième année de la quatre-vingt-treizième olympiade, Callias successeur d'Antigone étant archonte à Athènes. Il est pardonnable à un auteur de se tromper de quelques années dans la supputation des temps, surtout quand il s'agit d'une histoire fort ancienne et qui comprend plusieurs siècles : mais peut-on lui passer de se tromper de deux ou trois générations entières ? Il y a bien de l'apparence, que le premier qui a rapporté ce fait dans ses annales, et que les autres n'ont fait que copier, aura trouvé seulement dans les anciens commentaires, que les ambassadeurs qu'on envoya du temps de ces consuls en Sicile pour acheter du blé, en rapportèrent les provisions que le tyran leur donna, et que cet auteur sans chercher davantage dans les historiens Grecs quel était alors le tyran de Sicile, aura ajouté sans aucun examen le nom de Denys qui lui venait dans l'esprit. IV. Les ambassadeurs qui s'étaient embarqués pour la Sicile, ayant été battus de la tempête sur mer et obligés de tourner l'île, furent longtemps à arriver chez le tyran. Ils y passèrent l'hiver, et après l'été ils revinrent en Italie avec de grandes provisions de vivres. V. A l'égard de ceux qu'on avait envoyés dans le pays des Pométiens, peu s'en fallut que les Volsques ne les fissent mourir en qualité d'espions, ayant été dénoncés comme tels par les exilés de Rome : à peine purent-ils se sauver par le secours et les bons offices de leurs hôtes. Ils retournèrent à Rome sans avoir rien fait que de perdre et leur argent et leur équipage, VI. IL arriva la même chose à ceux qui étaient allés à Cumes, ville d'Italie fondée par une colonie de Grecs. Plusieurs exilés Romains, qui s'étaient sauvés du dernier combat avec Tarquin et qui demeuraient dans cette ville, tâchèrent premièrement d'engager le tyran à leur livrer les ambassadeurs pour les faire mourir. Mais quand ils virent qu'ils n'y pouvaient réussir, ils lui demandèrent la permission de les retenir pour gages, jusqu'à ce que Rome leur eût rendu leurs biens qu'ils prétendaient avoir été injustement confisqués par les Romains : ils voulaient que le tyran fût lui-même le juge de cette affaire. VII. Aristodème, fils d'Aristocrate, était alors tyran de Cumes, C'était un prince d'une noble extraction. Ses citoyens l'appelaient Malacos, mot grec qui veut dire Mol, et avec le temps il devint plus connu sous ce [ surnom que par son nom propre ; soit à cause que dans sa jeunesse il avait été efféminé et s'était même soumis aux plus infâmes excès de ceux qui outraient la débauche, comme l'assurent quelques historiens, soit, comme d'autres le prétendent, parce qu'il était d'un naturel doux et peu colère. Mais je crois qu'il ne sera pas hors de propos d'interrompre un moment la narration des affaires de Rome, pour dire en peu de mots à quelle occasion il aspira à la tyrannie, par quel moyen il y parvint, comment il gouverna l'état, et de quelle manière il finit ses jours. |
I. Comment Aristodème parvint à la tyrannie. Les Tyrrhéniens, les Ombriens et les Dauniens assiègent Cumes. II. Prodige surprenant. III. Les assiégés font une sortie. IV. Aristodème se distingue dans le combat. V. Il gagne le peuple par ses intrigues. VI. Les Ariciens, assiégés par Aruns fils de Porsenna, demandent du secours aux Cumains. VII. Les grands de Cumes leur envoient 1000 hommes dans dix mauvais vaisseaux sous la conduite d'Aristodème dont ils veulent se défaire. VIII. Aristodème voit bien qu'on l'envoie à une mort certaine ; il fait lever le siège d'Aricie. IX. Il revient à Cumes chargé de dépouilles. X. Il gagne ses soldats et les exhorte à détruire le gouvernement aristocratique. XI. Il entre dans la ville au milieu des acclamations. XII. Il assemble le sénat et fait égorger tous les magistrats. XIII. Il se fait une compagnie de gardes du corps. XIV. Il distribue des terres au peuple et lui accorde l'abolition des dettes. XV. Il oblige tous les bourgeois à mettre leurs armes en dépôt dans les temples. XVIIl compose sa garde des plus grands scélérats. Il donne la liberté aux esclaves pour les récompenser de ce qu'ils avaient tué leurs maîtres. XVII. Il envoie à la campagne les enfants de ceux qu'il avait fait égorger ; il les y fait travailler comme des esclaves. XVIII. Il oblige la jeunesse de la ville à mener une vie efféminée. XIX. Il forme la résolution de faire égorger tous les jeunes gens qu'il avait envoyés servir à la campagne. XX. Ils en sont avertis et se retirent dans les montagnes. XXI. Plusieurs Cumains exilés se joignent à eux. XXII. Il ravagent les terres par de fréquentes courses. XXIII. Aristodème envoie contre eux un gros de cavalerie sous la conduite d'un transfuge. XXIV. Les exilés entrent secrètement dam la ville, égorgent les gardes, et tuent le tyran avec toute sa famille. XXV. Ils rétablissent le gouvernement aristocratique. |
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I. [7,3] Ἐπὶ τῆς ἑξηκοστῆς καὶ τετάρτης ὀλυμπιάδος ἄρχοντος Ἀθήνησι Μιλτιάδου Κύμην τὴν ἐν Ὀπικοῖς Ἑλληνίδα πόλιν, ἣν Ἐρετριεῖς τε καὶ Χαλκιδεῖς ἔκτισαν, Τυρρηνῶν οἱ περὶ τὸν Ἰόνιον κόλπον κατοικοῦντες ἐκεῖθέν θ´ ὑπὸ τῶν Κελτῶν ἐξελασθέντες σὺν χρόνῳ, καὶ σὺν αὐτοῖς Ὀμβρικοί τε καὶ Δαύνιοι καὶ συχνοὶ τῶν ἄλλων βαρβάρων ἐπεχείρησαν ἀνελεῖν οὐδεμίαν ἔχοντες εἰπεῖν πρόφασιν τοῦ μίσους δικαίαν ὅτι μὴ τὴν εὐδαιμονίαν τῆς πόλεως. Ἦν γὰρ Κύμη κατ´ ἐκείνους τοὺς χρόνους περιβόητος ἀνὰ τὴν Ἰταλίαν ὅλην πλούτου τε καὶ δυνάμεως ἕνεκα καὶ τῶν ἄλλων ἀγαθῶν γῆν τε κατέχουσα τῆς Καμπανῶν πεδιάδος τὴν πολυκαρποτάτην καὶ λιμένων κρατοῦσα τῶν περὶ Μισηνὸν ἐπικαιροτάτων. Τούτοις ἐπιβουλεύσαντες τοῖς ἀγαθοῖς οἱ βάρβαροι στρατεύουσιν ἐπ´ αὐτήν, πεζοὶ μὲν οὐκ ἐλάττους πεντήκοντα μυριάδων, ἱππεῖς δὲ δυεῖν χιλιάδων ἀποδέοντες εἶναι δισμύριοι. II. Ἐστρατοπεδευκόσι δ´ αὐτοῖς οὐ μακρὰν ἀπὸ τῆς πόλεως τέρας γίνεται θαυμαστόν, οἷον ἐν οὐδενὶ χρόνῳ μνημονεύεται γενόμενον οὔθ´ Ἑλλάδος οὔτε βαρβάρου γῆς οὐδαμόθι. Οἱ γὰρ παρὰ τὰ στρατόπεδα ῥέοντες αὐτῶν ποταμοί, Οὐολτοῦρνος ὄνομα θατέρῳ, τῷ δ´ ἑτέρῳ Γλάνις, ἀφέντες τὰς κατὰ φύσιν ὁδοὺς ἀνέστρεψαν τὰ νάματα καὶ μέχρι πολλοῦ διετέλεσαν ἀπὸ τῶν στομάτων ἀναχωροῦντες ἐπὶ τὰς πηγάς. III. Τοῦτο καταμαθόντες οἱ Κυμαῖοι τότ´ ἐθάρρησαν ὁμόσε τοῖς βαρβάροις χωρεῖν ὡς τοῦ δαιμονίου ταπεινὰ μὲν τἀκείνων μετέωρα θήσοντος, ὑψηλὰ δὲ τὰ δοκοῦντα εἶναι σφῶν ταπεινά. Νείμαντες δὲ τὴν ἐν ἀκμῇ δύναμιν ἅπασαν τριχῇ, μιᾷ μὲν τὴν πόλιν ἐφρούρουν, τῇ δ´ ἑτέρᾳ τὰς ναῦς εἶχον ἐν φυλακῇ, τῇ δὲ τρίτῃ πρὸ τοῦ τείχους ταξάμενοι τοὺς ἐπιόντας ἐδέχοντο. Τούτων ἱππεῖς μὲν ἦσαν ἑξακόσιοι, πεζοὶ δὲ τετρακισχίλιοι καὶ πεντακόσιοι· καὶ οὕτως ὄντες τὸν ἀριθμὸν ὀλίγοι τὰς τοσαύτας ὑπέστησαν μυριάδας. [7,4] Ὡς δὲ κατέμαθον αὐτοὺς οἱ βάρβαροι μάχεσθαι παρεσκευασμένους, ἀλαλάξαντες ἐχώρουν ὁμόσε τὸν βάρβαρον τρόπον ἄνευ κόσμου πεζοί τε καὶ ἱππεῖς ἀναμὶξ ὡς ἅπαντας ἀναρπασόμενοι. Ἦν δὲ τὸ πρὸ τῆς πόλεως χωρίον, ἐν ᾧ συνέμισγον ἀλλήλοις, αὐλὼν στενὸς ὄρεσι καὶ λίμναις περικλειόμενος, τῇ μὲν ἀρετῇ τῶν Κυμαίων σύμμαχος, τῷ δὲ πλήθει τῶν βαρβάρων πολέμιος. Ἀνατρεπόμενοι γὰρ ὑπ´ ἀλλήλων καὶ συμπατούμενοι πολλαχῇ μὲν καὶ ἄλλῃ, μάλιστα δὲ περὶ τὰ τέλματα τῆς λίμνης, οὐδ´ εἰς χεῖρας ἐλθόντες τῇ φάλαγγι τῶν Ἑλλήνων αὐτοὶ δι´ αὑτῶν οἱ πλείους διεφθάρησαν· καὶ ὁ μὲν πεζὸς αὐτῶν στρατὸς ὁ πολὺς περὶ ἑαυτῷ σφαλείς, ἔργον δὲ γενναῖον οὐδὲν ἀποδειξάμενος, ἄλλος ἄλλῃ διασκεδασθεὶς ἔφυγεν· οἱ δ´ ἱππεῖς συνῆλθον μὲν ὁμόσε καὶ πολὺν τοῖς Ἕλλησιν οὗτοι παρέσχον πόνον. Ἀδύνατοι δ´ ὄντες κυκλώσασθαι τοὺς πολεμίους διὰ στενοχωρίαν, καί τι καὶ τοῦ δαιμονίου κεραυνοῖς καὶ ὕδασι καὶ βρονταῖς συναγωνισαμένου τοῖς Ἕλλησι, δείσαντες εἰς φυγὴν τρέπονται. Ἐν ταύτῃ τῇ μάχῃ πάντες μὲν οἱ τῶν Κυμαίων ἱππεῖς λαμπρῶς ἠγωνίσαντο, καὶ τῆς νίκης οὗτοι μάλιστα ὡμολογοῦντο αἴτιοι γενέσθαι, IV. ὑπὲρ ἅπαντας δὲ τοὺς ἄλλους Ἀριστόδημος ὁ Μαλακὸς ἐπικαλούμενος· καὶ γὰρ τὸν ἡγεμόνα τῶν πολεμίων οὗτος ἀπέκτεινε μόνος ὑποστὰς καὶ ἄλλους πολλοὺς καὶ ἀγαθούς. Λυθέντος δὲ τοῦ πολέμου τὰς χαριστηρίους θυσίας ἀποδόντες οἱ Κυμαῖοι τοῖς θεοῖς καὶ ταφὰς τῶν ἀποθανόντων τῶν ἐν τῇ μάχῃ λαμπρὰς ποιησάμενοι περὶ τῶν ἀριστείων, ὅτῳ χρὴ τὸν πρῶτον ἀποδοῦναι στέφανον, εἰς πολλὴν κατέστησαν ἔριν. Οἱ μὲν γὰρ ἀκέραιοι κριταὶ τὸν Ἀριστόδημον ἐβούλοντο τιμῆσαι, καὶ ἦν ὁ δῆμος ἅπας μετ´ ἐκείνου· οἱ δὲ δυνατοὶ τὸν ἱππάρχην Ἱππομέδοντα, καὶ ἡ βουλὴ πᾶσα τούτῳ συνελάμβανεν· ἦν δ´ ἀριστοκρατικὴ τότε παρὰ τοῖς Κυμαίοις ἡ πολιτεία, καὶ ὁ δῆμος οὐ πολλῶν τινων κύριος. Στάσεως δὲ διὰ ταύτην τὴν ἔριν ἀνισταμένης δείσαντες οἱ πρεσβύτεροι, μὴ πρὸς ὅπλα καὶ φόνους χωρήσῃ τὸ φιλότιμον, ἔπεισαν ἀμφοτέρας τὰς τάξεις συγχωρῆσαι τὰς ἴσας λαβεῖν τιμὰς ἑκάτερον τῶν ἀνδρῶν. V. Ἀπὸ ταύτης γίνεται τῆς ἀρχῆς δήμου προστάτης ὁ {Μαλακὸς} Ἀριστόδημος καὶ λόγου πολιτικοῦ δύναμιν ἀσκήσας ἐξεδημαγώγει τὸ πλῆθος, πολιτεύμασί τε κεχαρισμένοις ἀναλαμβάνων καὶ τοὺς σφετεριζομένους τὰ κοινὰ τῶν δυνατῶν ἐξελέγχων καὶ ἀπὸ τῶν ἑαυτοῦ χρημάτων πολλοὺς τῶν πενήτων εὖ ποιῶν· καὶ ἦν τοῖς προεστηκόσι τῆς ἀριστοκρατίας διὰ ταῦτ´ ἐπαχθὴς καὶ φοβερός. VI. [7,5] Εἰκοστῷ δ´ ὕστερον ἔτει τῆς πρὸς τοὺς βαρβάρους μάχης ἦλθον ὡς τοὺς Κυμαίους Ἀρικηνῶν πρέσβεις σὺν ἱκετηρίαις ἀξιοῦντες αὐτοὺς βοηθῆσαι σφίσιν ὑπὸ Τυρρηνῶν πολεμουμένοις. Μετὰ γὰρ τὰς διαλλαγάς, ἃς ἐποιήσατο πρὸς τὴν Ῥωμαίων πόλιν ὁ βασιλεὺς τῶν Τυρρηνῶν Πορσίνας, τὸν υἱὸν Ἄρροντα δοὺς τὴν ἡμίσειαν τῆς στρατιᾶς ἔπεμψεν ἰδίαν ἀρχὴν κτήσασθαι βουλόμενον, ὡς ἐν τοῖς πρὸ τούτου δεδήλωκα λόγοις· ὃς ἐπολιόρκει τότε τοὺς Ἀρικηνοὺς καταπεφευγότας εἰς τὸ τεῖχος καὶ οὐ διὰ μακροῦ λιμῷ τὴν πόλιν αἱρήσειν ᾤετο. VII. Ταύτης τῆς πρεσβείας ἀφικομένης οἱ προεστηκότες τῆς ἀριστοκρατίας μισοῦντες τὸν Ἀριστόδημον καὶ δεδιότες, μή τι κακὸν ἐξεργάσηται περὶ τὴν πολιτείαν, κάλλιστον ὑπέλαβον εἰληφέναι καιρὸν ἐκποδὼν αὐτὸν ποιήσασθαι σὺν εὐσχήμονι προφάσει. Πείσαντες δὴ τὸν δῆμον ἀποστεῖλαι Ἀρικηνοῖς δισχιλίους ἄνδρας ἐπὶ συμμαχίαν, καὶ στρατηγὸν ἀποδείξαντες τὸν Ἀριστόδημον ὡς δὴ τὰ πολέμια λαμπρόν, τὰ μετὰ ταῦτ´ ἔπραττον, ἐξ ὧν ἢ κατακοπήσεσθαι μαχόμενον ὑπὸ τῶν Τυρρηνῶν αὐτὸν ὑπελάμβανον ἢ κατὰ πέλαγος διαφθαρήσεσθαι. Γενόμενοι γὰρ ὑπὸ τῆς βουλῆς κύριοι καταλέξαι τοὺς ἐπὶ τὴν συμμαχίαν ἐξελευσομένους τῶν μὲν ἐπισήμων καὶ λόγου ἀξίων οὐδένα κατέγραψαν, ἐπιλέξαντες δὲ τοὺς ἀπορωτάτους τε καὶ πονηροτάτους τῶν δημοτικῶν, ἐξ ὧν ἀεί τινας ὑπώπτευον νεωτερισμούς, ἐκ τούτων συνεπλήρωσαν τὸν ἀπόστολον· καὶ ναῦς δέκα παλαιὰς κάκιστα πλεούσας καθελκύσαντες, ὧν ἐτριηράρχουν οἱ πενέστατοι Κυμαίων, εἰς ταύτας αὐτοὺς ἐνεβίβασαν θάνατον ἀπειλήσαντες, ἐάν τις ἀπολειφθῇ τῆς στρατείας. VIII. [7,6] Ὁ δ´ Ἀριστόδημος τοσοῦτον εἰπὼν μόνον, ὡς οὐ λέληθεν αὐτὸν ἡ διάνοια τῶν ἐχθρῶν, ὅτι λόγῳ μὲν ἐπὶ συμμαχίαν αὐτὸν ἀποστέλλουσιν, ἔργῳ δ´ εἰς προὖπτον ὄλεθρον, δέχεται μὲν τὴν στρατηγίαν, ἀναχθεὶς δ´ ἅμα τοῖς πρέσβεσι τῶν Ἀρικηνῶν διὰ ταχέων καὶ τὸ μεταξὺ πέλαγος ἐπιπόνως καὶ κινδυνωδῶς διανύσας ὁρμίζεται κατὰ τοὺς ἔγγιστα τῆς Ἀρικείας αἰγιαλούς· καὶ καταλιπὼν ἐν ταῖς ναυσὶ φυλακὴν ἀποχρῶσαν ἐν τῇ πρώτῃ νυκτὶ τὴν ἀπὸ θαλάσσης ὁδὸν οὐ πολλὴν οὖσαν διανύσας ἐπιφαίνεται τοῖς Ἀρικηνοῖς περὶ τὸν ὄρθρον ἀπροσδόκητος. Θέμενος δὲ πλησίον αὐτῶν τὸν χάρακα καὶ τοὺς καταπεφευγότας εἰς τὰ τείχη πείσας προελθεῖν εἰς ὕπαιθρον προὐκαλεῖτο τοὺς Τυρρηνοὺς εὐθὺς εἰς μάχην. Γενομένου δ´ ἐκ παρατάξεως ἀγῶνος καρτεροῦ οἱ μὲν Ἀρικηνοὶ βραχὺν πάνυ διαμείναντες χρόνον ἐνέκλιναν ἀθρόοι, καὶ γίνεται πάλιν εἰς· τὸ τεῖχος αὐτῶν φυγή· ὁ δ´ Ἀριστόδημος σὺν τοῖς περὶ αὐτὸν λογάσι Κυμαίων ὀλίγοις οὖσι πᾶν τὸ τοῦ πολέμου βάρος ὑποστὰς καὶ τὸν ἡγεμόνα τῶν Τυρρηνῶν αὐτοχειρίᾳ κτείνας τρέπει τοὺς ἄλλους εἰς φυγὴν καὶ νίκην ἀναιρεῖται πασῶν λαμπροτάτην. IX. Διαπραξάμενος δὲ ταῦτα καὶ τιμηθεὶς ὑπὸ τῶν Ἀρικηνῶν πολλαῖς δωρεαῖς ἀπέπλει διὰ ταχέων αὐτὸς ἄγγελος τοῖς Κυμαίοις τῆς αὑτοῦ νίκης βουλόμενος γενέσθαι· εἵποντο δ´ αὐτῷ πολλαὶ πάνυ τῶν Ἀρικηνῶν ὁλκάδες τὰ λάφυρα καὶ τοὺς αἰχμαλώτους τῶν Τυρρηνῶν ἄγουσαι. X. Ὡς δὲ πλησίον ἐγένοντο τῆς Κύμης, ὁρμίσας τὰς ναῦς ἐκκλησίαν τοῦ στρατοῦ ποιεῖται, καὶ πολλὰ μὲν τῶν προεστηκότων τῆς πόλεως κατηγορήσας, πολλοὺς δὲ τῶν ἀνδραγαθησάντων κατὰ τὴν μάχην ἐπαίνους διελθὼν ἀργύριόν τε διαδοὺς αὐτοῖς κατ´ ἄνδρα καὶ τὰς παρὰ τῶν Ἀρικηνῶν δωρεὰς εἰς κοινὸν ἅπασι καταθεὶς ἠξίου μεμνῆσθαι τῶν εὐεργεσιῶν, ἂν καταπλεύσωσιν εἰς τὴν πατρίδα, καὶ ἄν τις αὐτῷ ποτε συμβαίνῃ κίνδυνος ἐκ τῆς ὀλιγαρχίας ὡς δύναμις ἑκάστῳ βοηθεῖν. Ἁπάντων δὲ πολλὰς ὁμολογούντων αὐτῷ χάριτας εἰδέναι τῆς τ´ ἀνελπίστου σωτηρίας, ἣν δι´ ἐκεῖνον ἔσχον, καὶ τῆς ἐπὶ τὰ οἰκεῖα οὐ σὺν κεναῖς χερσὶν ἀφίξεως, καὶ τὰς ἑαυτῶν ψυχὰς θᾶττον ἢ τὴν ἐκείνου προήσεσθαι τοῖς ἐχθροῖς ἐπαγγειλαμένων, ἐπαινέσας αὐτοὺς ἀπέλυσε τὴν ἐκκλησίαν. Καὶ μετὰ τοῦτο καλῶν εἰς τὴν αὑτοῦ σκηνὴν τοὺς πονηροτάτους ἐξ αὐτῶν καὶ κατὰ χεῖρα γενναιοτάτους δωρεῶν τε δόσει καὶ λόγων φιλανθρωπίᾳ καὶ ταῖς ἅπαντας ἐξαπατώσαις ἐλπίσι διαφθείρας, ἑτοίμους ἔσχε συγκαταλῦσαι τὴν καθεστῶσαν πολιτείαν. [7,7] Οὓς συνεργοὺς καὶ συναγωνιστὰς λαβὼν καὶ ἃ δεήσει πράττειν ἑκάστοις ὑποθέμενος τοῖς τ´ αἰχμαλώτοις, οὓς ἐπήγετο, προῖκα δοὺς τὴν ἐλευθερίαν, XI. ἵνα καὶ τὴν ἐκείνων εὔνοιαν προσλάβῃ, κατέπλει κεκοσμημέναις ταῖς ναυσὶν εἰς τοὺς τῶν Κυμαίων λιμένας. Οἱ δὲ τῶν στρατευομένων πατέρες τε καὶ μητέρες καὶ πᾶσα ἡ ἄλλη συγγένεια, παιδία τε καὶ γαμεταὶ γυναῖκες, ὑπήντων ἐξιοῦσιν αὐτοῖς μετὰ δακρύων περιπλεκόμενοι καὶ καταφιλοῦντες καὶ ταῖς ἡδίσταις ἕκαστον ἀνακαλούμενοι προσηγορίαις. Καὶ ἡ ἄλλη δὲ πληθὺς ἡ κατὰ τὴν πόλιν ἅπασα χαρᾷ καὶ κρότῳ δεξιουμένη τὸν ἡγεμόνα προὔπεμπεν εἰς οἶκον ἀπιόντα. Ἐφ´ οἷς οἱ προεστηκότες τῆς πόλεως ἀνιώμενοι, μάλιστα δ´ οἱ τὴν στρατηγίαν αὐτῷ παραδόντες καὶ τἆλλα τὰ πρὸς τὸν ὄλεθρον μηχανησάμενοι, πονηροὺς ὑπὲρ τοῦ μέλλοντος εἶχον διαλογισμούς. XII. Ὁ δὲ διαλιπὼν ὀλίγας τινὰς ἡμέρας, ἐν αἷς τὰς εὐχὰς ἀπεδίδου τοῖς θεοῖς καὶ τὰς ὑστεριζούσας ὁλκάδας ἀνεδέχετο, ἐπειδὴ καιρὸς ἦν, ἔφη βούλεσθαι τὰ πραχθέντα κατὰ τὸν ἀγῶνα πρὸς τὴν βουλὴν ἀπαγγεῖλαι καὶ τὰ ἐκ τοῦ πολέμου λάφυρα ἀποδεῖξαι. Συνελθόντων δὲ τῶν ἐν τέλει κατὰ πλῆθος εἰς τὸ βουλευτήριον ὁ μὲν ἐδημηγόρει παρελθὼν καὶ πάντα τὰ γενόμενα κατὰ τὴν μάχην διεξῄει, οἱ δὲ παρασκευασθέντες ὑπ´ αὐτοῦ συνεργοὶ τῆς ἐπιθέσεως ἔχοντες ὑπὸ τοῖς ἱματίοις ξίφη κατὰ πλῆθος εἰσδραμόντες εἰς τὸ βουλευτήριον ἀποσφάττουσιν ἅπαντας τοὺς ἀριστοκρατικούς. Φυγὴ δ´ ἐγένετο μετὰ τοῦτο τῶν κατ´ ἀγορὰν καὶ δρόμος, τῶν μὲν ἐπὶ τὰς οἰκίας, τῶν δ´ ἔξω τῆς πόλεως, πλὴν τῶν συνειδότων τὴν ἐπίθεσιν· οὗτοι δὲ τὴν ἄκραν καὶ τὰ νεώρια καὶ τοὺς ἐρυμνοὺς τόπους τῆς πόλεως κατελάμβανον. |
I. En la soixante-quatrième olympiade, Miltiade étant archonte à Athènes, les Tyrrhéniens qui avaient habité autour du golfe d'Ionie et qui en avaient été chassés dans la suite du temps par les Celtes, entreprirent avec le secours des Ombriens, des Dauniens et de plusieurs autres Barbares, de détruire Cumes, ville Grecque fondée dans le pays des Opiques par les Eretriens et les Calcidiens. Ce n'est pas que leur haine eût aucun fondement légitime, mais ils en voulaient au bonheur de cette ville. En effet Cumes était alors célèbre dans toute l'Italie par ses richesses, par sa puissance et par plusieurs autres avantages. Les plus fertiles terres des plaines de la Campanie lui appartenaient, et elle était maîtresse des plus beaux ports qui fussent vers Misène. Les Barbares qui lui enviaient de si grands biens, marchèrent contre elle avec cinq cens mille hommes d'infanterie et dix-huit mille chevaux. II. Pendant qu'ils étaient campés près de la ville, il arriva un prodige si étonnant qu'on ne trouve point dans l'histoire qu'il y en ait jamais eu de pareil ni chez les Grecs ni chez les Barbares. Les deux rivières qui passaient auprès de leur camp, dont l'une s'appelle le Vulturne et. l'autre le Glanis, changeant leur cours naturel rebroussèrent de leur embouchure vers leur source, et cela dura assez longtemps. III. Sur la nouvelle d'un prodige si surprenant, ceux, de Cumes ne craignirent point de présenter le combat à cette nombreuse armée de Barbares, dans l'espérance que les dieux abattraient la puissance formidable des ennemis et soutiendraient les forces de leur ville qui n'étaient pas à beaucoup près si terribles. Ils partagèrent toute la fleur de leurs troupes en trois corps : ils en laissèrent un en garnison dans la ville, l'autre à la garde des vaisseaux, et mirent le troisième en ordre de bataille devant les murs de Cumes, pour recevoir l'attaque des ennemis. Ce dernier corps n'était composé que de six cents cavaliers et; de quatre mille cinq cents hommes de pied. Cependant avec cette poignée de monde, ils résistèrent à tant de milliers d'ennemis. Les Barbares voyant les Cumains disposés au combat, les chargèrent avec de grands cris selon leur coutume, mais sans aucun ordre, infanterie et cavalerie pêle-mêle, comptant de défaire toutes leurs troupes à plate-couture. Le champ de bataille était un vallon fort étroit, situé devant la ville, fermé de montagnes et de marais. Une situation si avantageuse combattait pour les Cumains, elle secondait leur courage et leurs généreux efforts. Mais elle était contraire à la grande multitude des Barbares. Ils s'embarrassaient tellement les uns les autres, que se marchant sur le ventre, principalement dans les bourbiers du marais, la plupart furent écrasés par leurs propres camarades sans en venir aux mains avec les Grecs. Ce fut ainsi que leur nombreuse infanterie s'incommodant elle-même, prit la fuite de côté et d'autre sans avoir rien fait de mémorable. Pour la cavalerie elle fit mieux son devoir. Elle en vint aux mains et harcela fort les Grecs. Mais ne pouvant investir l'ennemi, à cause que le champ de bataille était étroit et que d'ailleurs les dieux combattaient pour les Grecs avec les foudres, le tonnerre et les orages, elle prit l'épouvante et la fuite. Toute la cavalerie de Cumes fit des merveilles dans cette journée : elle fut la principale cause de la victoire, et en eut tout l'honneur. IV. Aristodème. surnommé le Mol, s'y distingua par-dessus tous les autres. Soutenant lui seul l'attaque des ennemis, il tua de sa main leur général et plusieurs autres combat.. La guerre terminée les Cumains offrirent aux dieux des sacrifices d'action de grâces, et on fit d'honorables funérailles à ceux qui étaient morts dans le combat. Mais il s'éleva de grandes contestations à qui aurait la première couronne de valeur. Ceux qui jugeaient sans prévention voulaient qu'on la donnât à Aristodème [ tout ] le peuple était aussi pour lui. Les plus puissants étaient pour Hippomédonte général de la cavalerie, et tout le sénat les appuyait. Il est à remarquer que le gouvernement de Cumes était pour lors aristocratique, et que le peuple n'avait pas grand pouvoir. Ces contestations ayant donc excité une sédition, les anciens qui craignaient qu'on n'en vînt à prendre les armes et à répandre le sang, engagèrent l'un et l'autre parti à consentir que les deux concurrents reçussent les mêmes honneurs. V. CE fut à cette occasion qu'Aristodème le Mol commença a devenir le protecteur du peuple. Comme il s'était exercé à parler en public, il gagnait la multitude par ses beaux discours et par des règlements agréables à la populace: il déclamait souvent contre quelques grands de l'état qu'il accusait de disposer des biens du public et de se les approprier : il avait. l'adresse d'appuyer ces invectives par des largesses qu'il faisait de sa propre bourse à plusieurs [ pauvres ] citoyens. Cette conduite le rendit odieux aux premiers magistrats de la république : mais s'il s'en fit haïr, il sut aussi s'en faire craindre. VI. Vingt ans après le combat contre les Barbares, il vint à Cumes des ambassadeurs d'Aricie en qualité de suppliants pour demander du secours contre les Tyrrhéniens qui leur faisaient la guerre. Car après la paix conclue avec la ville de Rome, Porsenna roi des Tyrrhéniens avait donné la moitié de son armée à son fils Aruns qui cherchait à se faire un établissement comme je l'ai déjà dit dans les livres précédents. Ce jeune prince assiégeait pour lors les Ariciens qu'il avait contraint de se retirer dans leur ville, et il espérait les réduire dans peu de temps par la famine. VII. L'AMBASSADE des Ariciens arrivée à Cumes, les premiers magistrats de la république qui haïssaient Aristodème et qui craignaient qu'il ne plongeât l'état dans quelque malheur, crurent que l'occasion de se défaire de lui sous un honnête prétexte était trop favorable pour la manquer. Dans cette vue ils persuadèrent au peuple d'envoyer aux Ariciens un secours de deux mille hommes sous le commandement d'Aristodème qu'ils vantaient alors comme le plus brave guerrier. En même temps ils prirent les mesures qu'ils crurent suffisantes, afin qu'il fût tué dans la bataille par les Tyrrhéniens, ou qu'il fît naufrage sur mer. Le sénat les ayant laissé les maitres de faire par eux-mêmes les levées des troupes, ils n'enrôlèrent pas un des nobles, ni aucune personne de marque : ils ne choisirent que les plus pauvres et les plus mutins des plébéiens, dont ils avaient toujours appréhendé quelque soulèvement. De cette canaille ils composèrent leur armée navale, qu'ils embarquèrent sur dix vieux vaisseaux peu propres à mettre en mer, dont ils donnèrent le commandement aux plus méprisables des Cumains, menaçant de mort quiconque oserait déferrer ou abandonner cette expédition. VIII. Aristodème se contenta de dire qu'il n'ignorait pas le dessein de ses ennemis, qui sous prétexte d'envoyer du secours à leurs alliés, l'envoyaient lui même à une mort certaine. Il accepta néanmoins le commandement des troupes, et mit promptement à la voile avec les ambassadeurs Ariciens. Il passa la mer avec beaucoup de peine et de danger, et il aborda aux côtes d'Aricie où il laissa dans les vaisseaux une garnison suffisante. Dès que la nuit fut venue, il partit du rivage qui n'est pas fort éloigné de la ville, et après quelques heures de marche, il se montra vers le point du jour aux Ariciens dans le moment qu'ils ne s'y attendaient point. Il se campa auprès de la ville, et ayant engagé les assiégés à faire une sortie il présenta aussitôt la bataille aux Tyrrhéniens. Les deux armées se rangèrent en bataille, on en vint aux mains, et le combat fut des plus rudes. Les Ariciens après avoir soutenu un peu de temps, plièrent enfin et se sauvèrent en foule dans l'enceinte de leurs murailles. Aristodème tint ferme avec une poignée de Cumains choisis qui ne l'abandonnèrent jamais. Il soutint tout le poids du combat : il tua de sa main le général des Tyrrhéniens : il mit les barbares en fuite, et remporta la plus belle et la plus signalée de toutes les victoires. IX. APRES cette grande action, les Ariciens le comblèrent des plus magnifiques présents, et il se remît promptement en mer pour annoncer lui même la victoire aux Cumains. Il était suivi d'un grand nombre de vaisseaux de charge d'Aricie, qui portaient les dépouilles et les prisonniers Tyrrhéniens. X. QUAND il fut arrivé auprès de Cumes, il mit les vaisseaux à la rade, et assembla ses soldats. Après plusieurs accusations contre les premiers de la ville, il fit par un long discours l'éloge de ceux qui s'étaient signalés dans le combat, et leur donna à chacun une certaine somme d'argent. Ensuite il mit en commun les présents des Ariciens, et les leur ayant distribués, il les conjura de se ressouvenir de ses bienfaits quand ils seraient de retour dans leur patrie, et de le secourir de toutes leurs forces s'il était menacé de quelque danger de la part des grands et des magistrats. Tous s'écrièrent d'une commune voix qu'ils lui avaient des obligations infinies, qu'il les avait sauvés du péril contre toute espérance., qu'ils ne tenaient la vie que de lui, et qu'outre tant de bienfaits, il les avait ramenés dans leur patrie, les mains pleines, chargées de ses libéralités : qu'ainsi il pouvait compter sur eux : et qu'ils sacrifieraient plutôt leurs vies que de l'abandonner à ses ennemis. Aristodème loua leur zèle et renvoya l'assemblée. Ensuite il fit venir dans sa tente les plus scélérats, les plus déterminés et les plus propres à faire un coup de main. Il les gagna si bien par les présents, par ses caresses, et de belles espérances capables de corrompre les plus intègres, qu'il les engagea à détruire le gouvernement présent. Profitant de ces dispositions, il les prit pour compagnons de ses desseins, et de ses entreprises, et leur dit à chacun ce qu'ils devaient faire. Il accorda aussi sans aucune rançon la liberté aux prisonniers de guerre qu'il avait amenés avec lui, afin de tirer quelque secours de leur affection. XI. ASSURE de leur attachement à ses intérêts, il fit orner sa flotte comme victorieuse, et arriva au port de Cumes. Les pères et les mères des soldats, toute leur parenté, leurs enfants et leurs femmes, accoururent au devant d'eux pour les recevoir. Là, par leurs embrassements redoublés, et par leurs larmes, ils marquèrent la joie qu'ils avaient de les revoir, appelant chacun d'eux par les noms les plus doux et par les termes les plus tendres. Tout le peuple de la ville accourut aussi avec des cris de joie au devant du général, et le conduisit à sa maison au milieu des acclamations. Les grands qui en crevaient de dépit, sur tout ceux qui lui avaient donné le commandement des troupes et machiné sa perte, en conçurent de tristes espérances pour l'avenir. XII. Aristodème laissa passer quelques jours, qu'il employa à s'acquitter de ses vœux, à faire des prières aux dieux, et à recevoir les vaisseaux de charge qui étaient restés derrière. Quand le moment fut venu d'exécuter ses desseins, il dit qu'il voulait faire au sénat le rapport de ce qui s'était passe dans cette guerre, et lui montrer les dépouilles qu'il en avait rapportées. Les sénateurs s'assemblent en grand nombre : Aristodème se trouve au milieu d'eux, il les 'harangue et leur fait le récit de ce qui s'était passé dans le combat. Alors les complices de ses desseins qu'il avait apostés . avec des poignards cachés sous leurs habits, entrent en foule dans la salle du conseil et font main basse sur tous les magistrats. Aussitôt chacun se sauve où il peut, les uns dans leurs maisons, les autres hors de la ville. Les complices restés seuls, exécutent les ordres de leur chef: ceux-ci occupent la citadelle, ceux-là s'emparent du port et des forteresses de Cumes. |
XIII. Τῇ δ´ ἐπιούσῃ νυκτὶ λύσας ἐκ τῶν δεσμωτηρίων τοὺς ἐπιθανατίους πολλοὺς ὄντας καὶ καθοπλίσας ἅμα τοῖς ἄλλοις φίλοις, ἐν οἷς ἦσαν καὶ οἱ τῶν Τυρρηνῶν αἰχμάλωτοι, φυλακὴν ἐκ τούτων καθίσταται περὶ τὸ σῶμα. XIV. Ἡμέρας δὲ γενομένης συγκαλέσας τὸν δῆμον εἰς ἐκκλησίαν καὶ πολλὴν κατηγορίαν διαθέμενος τῶν φονευθέντων ὑπ´ αὐτοῦ πολιτῶν, ἐκείνους μὲν ἔφη τετιμωρῆσθαι σὺν δίκῃ πολλάκις ἐπιβουλευθεὶς ὑπ´ αὐτῶν, τοῖς δ´ ἄλλοις πολίταις ἐλευθερίαν φέρων παρεῖναι καὶ ἰσηγορίαν καὶ ἄλλα πολλὰ ἀγαθά. [7,8] Ταῦτ´ εἰπὼν καὶ θαυμαστῶν ἅπαντας ἐμπλήσας ἐλπίδων τοὺς δημοτικοὺς δύο τὰ κάκιστα τῶν ἐν ἀνθρώποις καθίσταται πολιτευμάτων, οἷς ἅπασα χρῆται προοιμίοις τυραννίς, γῆς ἀναδασμὸν καὶ χρεῶν ἄφεσιν· τούτων δὲ τὴν ἐπιμέλειαν αὐτὸς ἀμφοτέρων ὑπισχνεῖται ποιήσεσθαι στρατηγὸς ἀποδειχθεὶς αὐτοκράτωρ, ἕως ἐν ἀσφαλεῖ τὰ κοινὰ γένηται καὶ δημοκρατικὴν καταστήσωνται πολιτείαν. Ἀσμένως δὲ τοῦ δημοτικοῦ καὶ πονηροῦ πλήθους τὴν ἁρπαγὴν τῶν ἀλλοτρίων δεξαμένου λαβὼν τὴν αὐτοκράτορα ἀρχὴν XV. αὐτὸς παρ´ ἑαυτοῦ ἕτερον ἐπιφέρει βούλευμα, δι´ οὗ παρακρουσάμενος αὐτοὺς ἁπάντων ἀφείλετο τὴν ἐλευθερίαν. Σκηψάμενος γὰρ ὑποπτεύειν ταραχὰς καὶ ἐπαναστάσεις ἐκ τῶν πλουσίων εἰς τοὺς δημοτικοὺς διὰ τὸν ἀναδασμὸν τῆς γῆς καὶ τὰς τῶν δανείων ἀφέσεις, ἵνα μὴ γένοιτο πόλεμος ἐμφύλιος μηδὲ φόνοι πολιτικοί, μίαν εὑρίσκειν ἔφη πρὶν εἰς τὰ δεινὰ ἐλθεῖν φυλακήν, εἰ τὰ ὅπλα προενέγκαντες ἐκ τῶν οἰκιῶν ἅπαντες τοῖς θεοῖς καθιερώσειαν, ἵνα κατὰ τῶν ἔξωθεν ἐπιόντων πολεμίων ἔχοιεν αὐτοῖς, ὅταν ἀνάγκη τις καταλάβῃ, χρῆσθαι καὶ μὴ καθ´ ἑαυτῶν, κεῖσθαι δ´ αὐτὰ τέως παρὰ τοῖς θεοῖς ἐν καλῷ. Ὡς δὲ καὶ τοῦτ´ ἐπείσθησαν, αὐθημερὸν ἁπάντων παρελόμενος Κυμαίων τὰ ὅπλα ταῖς ἑξῆς ἡμέραις ἔρευναν ἐποιεῖτο τῶν οἰκιῶν, ἐν αἷς πολλοὺς καὶ ἀγαθοὺς ἀποκτείνας τῶν πολιτῶν, ὡς οὐχ ἅπαντα τοῖς θεοῖς ἀποδείξαντας τὰ ὅπλα, XVI. μετὰ ταῦτα φυλακαῖς τρισὶ κρατύνεται τὴν τυραννίδα· ὧν ἦν μία μὲν ἐκ τῶν ῥυπαρωτάτων {τε καὶ πονηροτάτων} πολιτῶν, μεθ´ ὧν κατέλυσε τὴν ἀριστοκρατικὴν πολιτείαν, ἑτέρα δ´ ἐκ τῶν ἀνοσιωτάτων δούλων, οὓς αὐτὸς ἠλευθέρωσεν ἀποκτείναντας τοὺς αὑτῶν δεσπότας, τρίτη δὲ μισθοφόρος ἐκ τῶν ἀγριωτάτων βαρβάρων· οὗτοι δισχιλίων οὐκ ἐλάττους ἦσαν καὶ τὰ πολέμια μακρῷ τῶν ἄλλων ἀμείνους. Ὧν δ´ ἀπέκτεινεν ἀνδρῶν τὰς εἰκόνας ἀνελὼν ἐκ παντὸς ἱεροῦ καὶ βεβήλου τόπου, φέρων εἰς τοὺς αὐτοὺς τόπους τὰς ἰδίας ἀντ´ ἐκείνων ἀνέστησεν· οἰκίας δ´ αὐτῶν καὶ κλήρους καὶ τὴν λοιπὴν ὕπαρξιν ἀναλαβών, ἐξελόμενος χρυσὸν καὶ ἄργυρον καὶ εἴ τι ἄλλο τυραννίδος ἦν ἄξιον κτῆμα, τὰ λοιπὰ τοῖς συγκατασκευάσασι τὴν ἀρχὴν ἐχαρίσατο, πλείστας δὲ καὶ μεγίστας δωρεὰς τοῖς ἀποκτείνασι τοὺς ἑαυτῶν δεσπότας ἐδίδου· οἱ δ´ ἠξίουν ἔτι καὶ γυναιξὶ τῶν δεσποτῶν καὶ θυγατράσι συνοικεῖν. XVII. [7,9] Γενεὰν δὲ τῶν πεφονευμένων τὴν ἄρρενα κατ´ ἀρχὰς ἐν οὐθενὶ λόγῳ ποιησάμενος, ὕστερον εἴτ´ ἐκ θεοπροπίου τινὸς εἴτε καὶ κατὰ τὸν εἰκότα λογισμὸν οὐ μικρὸν αὐτῷ δέος ὑποτρέφεσθαι νομίσας ἐπεχείρησε μὲν ἐν ἡμέρᾳ μιᾷ πᾶσαν ἀπολέσαι· δεήσει δὲ πολλῇ χρησαμένων ἁπάντων, παρ´ οἷς ἔτυχον αἵ τε μητέρες αὐτῶν οὖσαι καὶ οἱ παῖδες τρεφόμενοι, χαρίσασθαι βουλόμενος αὐτοῖς καὶ ταύτην τὴν δωρεὰν θανάτου μὲν ἀπολύει παρὰ γνώμην, φυλακὴν δὲ ποιούμενος αὐτῶν, μή τι συστάντες μετ´ ἀλλήλων βουλεύσωσι κατὰ τῆς τυραννίδος, ἀπιέναι πάντας ἐκέλευσεν ἐκ τῆς πόλεως ἄλλον ἄλλῃ καὶ δίαιταν ἔχειν ἐν τοῖς ἀγροῖς μηθενὸς τῶν προσηκόντων ἐλευθέροις παισὶ μήτ´ ἐπιτηδεύματος μήτε μαθήματος μεταλαμβάνοντας, ἀλλὰ ποιμαίνοντάς τε καὶ τἆλλα τὰ κατὰ τοὺς ἀγροὺς ἔργα πράττοντας, θάνατον ἀπειλήσας, εἴ τις ἐξ αὐτῶν εὑρεθείη παρελθὼν εἰς τὴν πόλιν. Οἱ δὲ καταλιπόντες τὰς πατρῴας ἑστίας ἐν τοῖς ἀγροῖς ὥσπερ δοῦλοι διετρέφοντο τοῖς ἀποκτείνασι τοὺς πατέρας αὐτῶν λατρεύοντες. XVIII. Ἵνα δὲ μηδὲ τῶν ἄλλων πολιτῶν ἐν μηθενὶ γένηται μήτε γενναῖον μήτ´ ἀνδρῶδες φρόνημα, πᾶσαν ἐκθηλῦναι ταῖς ἀγωγαῖς τὴν ἐπιτρεφομένην νεότητα τῆς πόλεως ἐπεβάλετο ἀνελὼν μὲν τὰ γυμνάσια καὶ τὰς ἐνοπλίους μελέτας, ἀλλάξας δὲ τὴν δίαιταν, ᾗ πρότερον οἱ παῖδες ἐχρῶντο. Κομᾶν τε γὰρ τοὺς ἄρρενας ὥσπερ τὰς παρθένους ἐκέλευσεν ἐξανθιζομένους καὶ βοστρυχιζομένους καὶ κεκρυφάλοις τὰς πλοκαμίδας ἀναδοῦντας ἐνδύεσθαί τε ποικίλους καὶ ποδήρεις χιτωνίσκους, καὶ χλανιδίοις ἀμπέχεσθαι λεπτοῖς καὶ μαλακοῖς, καὶ δίαιταν ἔχειν ὑπὸ σκιαῖς· ἠκολούθουν τ´ αὐτοῖς εἰς τὰ διδασκαλεῖα τῶν ὀρχηστῶν καὶ αὐλητῶν καὶ τῶν παραπλησίων τούτοις μουσοκολάκων παραπορευόμεναι παιδαγωγοὶ γυναῖκες σκιάδεια καὶ ῥιπίδας κομίζουσαι, καὶ ἔλουον αὐτοὺς αὗται κτένας εἰς τὰ βαλανεῖα φέρουσαι καὶ μύρων ἀλαβάστρους καὶ κάτοπτρα. Τοιαύτῃ διαφθείρων ἀγωγῇ τοὺς παῖδας, ἕως ἐκπληρώσωσιν εἰκοστὸν ἔτος, τὸν ἀπὸ τοῦδε χρόνον εἰς ἄνδρας εἴα τελεῖν. XIX. Πολλὰ δὲ καὶ ἄλλα Κυμαίοις ἐνυβρίσας καὶ λωβησάμενος καὶ οὔτ´ ἀσελγείας οὔτ´ ὠμότητος οὐδεμιᾶς ἀποσχόμενος, ὅτ´ ἀσφαλῶς κατέχειν ὑπελάμβανε τὴν τυραννίδα, γηραιὸς ὢν ἤδη δίκας ἔτισεν οὐ μεμπτὰς θεοῖς τε καὶ ἀνθρώποις πρόρριζος ἀπολόμενος. [7,10] Οἱ δ´ ἐπαναστάντες αὐτῷ καὶ τὴν πόλιν ἐλευθερώσαντες ἀπὸ τῆς τυραννίδος οἱ παῖδες τῶν πεφονευμένων ὑπ´ αὐτοῦ πολιτῶν ἦσαν, οὓς κατ´ ἀρχὰς ἅπαντας ἀποκτεῖναι ἐν ἡμέρᾳ μιᾷ προελόμενος ἐπέσχεν, ὥσπερ ἔφην, ὑπὸ τῶν σωματοφυλάκων, οἷς ἔδωκε τὰς μητέρας αὐτῶν, ἐκλιπαρηθείς, {καὶ} κατ´ ἀγροὺς κελεύσας διατρίβειν. Ὀλίγοις δ´ ἔτεσιν ὕστερον, ἐπειδὴ τὰς κώμας διεξιὼν πολλὴν καὶ ἀγαθὴν εἶδεν αὐτῶν νεότητα, δείσας, μὴ συμφρονήσαντες ἐπαναστῶσιν αὐτῷ, φθάσαι διαχειρισάμενος ἅπαντας ἐβούλετο, πρὶν αἰσθέσθαι τινά· XX. καὶ παραλαβὼν τοὺς φίλους ἐσκόπει μετ´ αὐτῶν, δι´ οἵου τρόπου ῥᾷστά τε καὶ τάχιστα λαθόντες ἀναιρεθήσονται. Τοῦτο καταμαθόντες οἱ παῖδες, εἴτε μηνυθὲν ὑπὸ τῶν συνειδότων τινός, εἴτ´ αὐτοὶ κατὰ τὸν ἐκ τῶν εἰκότων λογισμὸν ὑποτοπήσαντες, φεύγουσιν εἰς τὰ ὄρη τὸν γεωργικὸν ἁρπάσαντες σίδηρον. XXI. Ἧκον δ´ αὐτοῖς ἐπίκουροι κατὰ τάχος ἐνδιατρίβοντες ἐν Καπύῃ Κυμαίων φυγάδες, ὧν ἦσαν ἐπιφανέστατοί τε καὶ πλείστους Καμπανῶν ἔχοντες ξένους οἱ Ἱππομέδοντος παῖδες τοῦ κατὰ τὸν Τυρρηνικὸν ἱππαρχήσαντος πόλεμον, αὐτοί θ´ ὡπλισμένοι κἀκείνοις κομίζοντες ὅπλα Καμπανῶν τε μισθοφόρων καὶ φίλων χεῖρα συγκροτήσαντες οὐκ ὀλίγην. XXII. Ἐπεὶ δὲ καθ´ ἓν ἅπαντες ἐγένοντο, τοὺς ἀγροὺς τῶν ἐχθρῶν καταθέοντες ἐφόδοις λῃστρικαῖς ἐλεηλάτουν καὶ τοὺς δούλους ἀφίστασαν ἀπὸ τῶν δεσποτῶν καὶ τοὺς ἐκ τῶν δεσμωτηρίων λύοντες καθώπλιζον, καὶ ὅσα μὴ δύναιντο φέρειν τε καὶ ἄγειν {χρήματα καὶ βοσκήματα} τὰ μὲν ἐνεπίμπρασαν, τὰ δὲ κατέσφαττον. XXIII. Ἀπορουμένῳ δὲ τῷ τυράννῳ, τίνα χρὴ τρόπον αὐτοῖς πολεμεῖν διὰ τὸ μήτ´ ἐκ τοῦ φανεροῦ τὰς ἐπιχειρήσεις αὐτοὺς ποιεῖσθαι μήτ´ ἐν τοῖς αὐτοῖς χρονίζειν τόποις, ἀλλὰ νυκτὶ μὲν εἰς ὄρθρον, ἡμέρᾳ δ´ εἰς νύκτα συμμετρεῖσθαι τὰς ἐφόδους, καὶ πολλάκις ἀποστείλαντι τοὺς στρατιώτας ἐπὶ τὴν βοήθειαν τῆς χώρας διὰ κενῆς, παραγίνεταί τις ἐξ αὐτῶν ᾐκισμένος τὸ σῶμα μάστιξιν ἀποσταλεὶς ὑπὸ τῶν φυγάδων ὡς αὐτόμολος, ὃς ἄδειαν αἰτησάμενος ὑπέσχετο τῷ τυράννῳ παραλαβὼν τὴν ἀποσταλησομένην σὺν αὑτῷ δύναμιν ἄξειν ἐπὶ τὸν τόπον, ἐν ᾧ τὴν ἐπιοῦσαν ἔμελλον αὐλίζεσθαι νύκτα οἱ φυγάδες. ᾯ πιστεῦσαι προαχθεὶς ὁ τύραννος αἰτοῦντι οὐθὲν καὶ τὸ ἑαυτοῦ σῶμα ὅμηρον παρεχομένῳ πέμπει τοὺς πιστοτάτους τῶν ἡγεμόνων ἄγοντας ἱππεῖς τε πολλοὺς καὶ τὴν μισθοφόρον δύναμιν, οἷς ἐνετείλατο μάλιστα μὲν ἅπαντας τοὺς φυγάδας, εἰ δὲ μή γ´ ὡς πλείστους ἐξ αὐτῶν δήσαντας πρὸς αὐτὸν ἄγειν. Ὁ μὲν οὖν κατασκευαστὸς αὐτόμολος κατά τ´ ἀτριβεῖς ὁδοὺς καὶ διὰ δρυμῶν ἐρήμων ἦγε τὴν στρατιὰν ταλαιπωροῦσαν δι´ ὅλης νυκτὸς ἐπὶ τὰ πλεῖστον ἀπέχοντα τῆς πόλεως μέρη. XXIV. [7,11] Οἱ δ´ ἀποστάται τε καὶ φυγάδες ἐν τῷ περὶ τὸν Ἄορνον ὄρει πλησίον ὄντι τῆς πόλεως λοχῶντες, ὡς ἔμαθον ἐξεληλυθυῖαν ἐκ τῆς πόλεως τὴν τοῦ τυράννου στρατιὰν συνθήμασι μηνυθεῖσαν ὑπὸ τῶν σκοπῶν, πέμπουσιν ἐξ αὐτῶν περὶ ἑξήκοντα μάλιστα τοὺς εὐτολμοτάτους διφθέρας ἔχοντας καὶ φακέλλους φρυγάνων κομίζοντας. Οὗτοι περὶ λύχνων ἁφὰς ἄλλοι κατ´ ἄλλας πύλας ὡς χερνῆται παρεισπεσόντες ἔλαθον· ὡς δ´ ἔνδον ἐγένοντο τοῦ τείχους ἐξελκύσαντες ἐκ τῶν φακέλλων ἃ κατέκρυπτον ξίφη, καὶ συνελθόντες εἰς τὸν αὐτὸν ἅπαντες τόπον ἔπειτ´ ἐκεῖθεν ὁρμήσαντες ἀθρόοι πρὸς τὰς ἐπὶ τὸν Ἄορνον φερούσας πύλας τούς τε φύλακας αὐτῶν ἀποκτείνουσι κοιμωμένους καὶ τοὺς σφετέρους ἅπαντας ἤδη τοῦ τείχους πλησίον ὄντας ἀναπεπταμέναις ταῖς πύλαις ὑποδέχονται, καὶ τοῦτο πράξαντες ἔλαθον. Ἔτυχε γὰρ ἐκείνῃ τῇ νυκτὶ ἑορτή τις οὖσα δημοτελής, καὶ δι´ αὐτὴν ἅπας ὁ κατὰ πόλιν ὄχλος ἐν πότοις ὢν καὶ ταῖς ἄλλαις εὐπαθείαις. Τοῦτο παρέσχεν αὐτοῖς κατὰ πολλὴν ἄδειαν ἁπάσας διελθεῖν τὰς ἐπὶ τὴν τυραννικὴν οἰκίαν φερούσας ὁδούς· καὶ οὐδὲ παρὰ ταῖς θύραις πολλήν τινα καὶ ἐγρηγορυῖαν εὗρον φυλακήν, ἀλλὰ κἀνταῦθα τοὺς μὲν ἤδη καθεύδοντας, τοὺς δὲ μεθύοντας ἀποσφάξαντες δίχα πόνου καὶ κατὰ πλῆθος εἰς τὴν οἰκίαν ὠσάμενοι, τοὺς μὲν ἄλλους ἅπαντας οὔτε τῶν σωμάτων ἔτι κρατοῦντας οὔτε τῶν φρενῶν διὰ τὸν οἶνον προβάτων δίκην κατέσφαξαν· τὸν δ´ Ἀριστόδημον καὶ τοὺς παῖδας αὐτοῦ καὶ τὴν ἄλλην συγγένειαν συλλαβόντες ἄχρι πολλῆς νυκτὸς αἰκιζόμενοί τε καὶ στρεβλοῦντες καὶ πᾶσιν ὡς εἰπεῖν λυμαινόμενοι κακοῖς ἀπέκτειναν. XXV. Ἀνελόντες δὲ τὴν τυραννικὴν οἰκίαν πρόρριζον, ὡς μήτε παιδία μήτε γυναῖκας μήτε συγγένειαν μηθενὸς αὐτῶν καταλιπεῖν καὶ δι´ ὅλης νυκτὸς ἅπαντας ἐξερευνησάμενοι τοὺς συνεργοὺς τῆς τυραννίδος ἡμέρας γενομένης προῆλθον εἰς τὴν ἀγοράν. Ἔπειτα συγκαλέσαντες τὸν δῆμον εἰς ἐκκλησίαν ἀποτίθενται τὰ ὅπλα καὶ τὴν πάτριον καθίστανται πολιτείαν. |
XIII. La nuit suivante, Aristodème ouvre les prisons : il en fait sortir un grand nombre de criminels condamnés à mort. Il leur donne des armes, aussi bien qu'à ses autres amis, du nombre desquels étaient les prisonniers de guerre des Tyrrhéniens, et en compose sa compagnie de gardes corps. XIV. QUAND le jour fut venu, il convoque une assem blée du peuple, où après avoir formé plusieurs accusations contre ceux qu'il avait fait tuer, il dit qu'ils ont été punis avec justice pour lui avoir tant de rois dressé des embûches, que pour le reste des citoyens, il vient établir l'égalité entre eux et leur apporter la liberté avec plusieurs autres biens. Par ces discours il remplit les plébéiens de merveilleuses espérances. Il commence son administration par deux des plus beaux règlements, comme font ordinairement tous les tyrans. Il distribue des terres, il accorde l'abolition des dettes,, il promet qu'il aura soin de maintenir ces deux établissements, et que si on veut lui donner l'autorité absolue jusqu'à ce qu'il ait affermi l'état, il donnera à la république la forme d'un gouvernement populaire. Les plébéiens, et surtout la plus méchante canaille, acceptent volontiers ses offres, dans l'espérance de s'emparer du bien d'autrui : et Aristodème prend aussitôt en main l'autorité souveraine, sans attendre qu'on la lui donne. XV. DES qu'il se voit maitre, il leur fait confidence d'un projet qui ne tend qu'à les tromper et à les réduire sous un honteux esclavage. Il feint d'appréhender de nouveaux troubles : qu'il y a à craindre que les riches irrités par la distribution des terres et par l'abolition des dettes, ne se soulèvent contre le peuple, qu'il ne voit qu'un seul moyen de prévenir le mal et d'empêcher les citoyens d'éclater en une guerre civile qui serait suivie d'une infinité de meurtres : que l'unique remède contre tant de maux, est d'ôter toutes les armes de leurs maison et de les consacrer aux dieux, afin de pouvoir s'en servir, non contre eux-mêmes, mais dans les guerres du dehors, quand il en sera besoin : que jusqu'à ce temps-là elles ne peuvent être mieux placées que dans les temples et aux pieds des dieux. Ils se laissèrent aller à cette proposition, et dès le même jour le tyran ôta les armes à tous les bourgeois de Cumes. Les jours suivants, il visita les maisons des particuliers, où il fit tuer plusieurs braves citoyens sous prétexte qu'ils n'avaient pas offert toutes leurs armes aux dieux. XVI. APRES cela, il affermit sa tyrannie par trois compagnies de gardes, dont l'une était composée des plus infâmes et des plus scélérat des citoyens, qui lui avaient aidé à détruire le gouvernement aristocratique, l'autre, des esclaves à qui il avait donné la liberté pour avoir assassiné leurs maîtres, la troisième enfin consistait en une troupe de Barbares des plus féroces qu'il avait à sa solde. Ceux-ci n'étaient pas moins de deux mille, tous meilleurs soldats que les autres. Il ôta de tous les temples les statues de ceux qu'il avait fait égorger, il les fit jeter dans des cloaques et autres lieux immondes, et il éleva la sienne à leur place. Il s'empara de leurs maisons, de leurs héritages et de tous leurs biens. Il retint pour lui l'or, l'argent, et tout ce qui était digne d'un tyran : II donna le reste à ceux qui lui avaient aide à se saisir de l'autorité souveraine. Mais il n'y en eut point à qui il fit de plus riches ni de plus beaux présents, qu'à ces indignes esclaves, qui après avoir massacré leurs maîtres, poussaient encore l'insolence jusqu'à vouloir épouser leurs femmes et leurs filles. XVII. D'ABORD, il n'avait fait aucun cas des enfants mâles de ceux qui avaient été les victimes de sa cruauté : mais dans la suite, soit par un avertissement de l'oracle, soit qu'il fît réflexion qu'il ne les faisait élever que pour lui être un sujet éternel de crainte, il résolut de les perdre tous en un seul jour. Ceux qui avaient épousé leurs mères en dernières noces, et qui élevaient ces pauvres enfants auprès d'eux, fléchirent le tyran par leurs prières et leurs larmes, de sorte que pour ne les pas désobliger, il accorda la vie à ces victimes innocentes. Mais il ne le fit, pour ainsi dire, que malgré lui, et en même temps il prit toutes les précautions nécessaires pour empêcher qu'ils ne conspirassent ensemble contre la tyrannie. Dans cette vue il ordonna qu'ils sortiraient tous de la ville, et qu'on les dispersât dans les campagnes pour y garder les troupeaux et s'occuper aux autres exercices de la vie rustique, loin de l'éducation et des instructions qui conviennent à de jeunes gens de condition, menaçant même de mort ceux qui reviendraient à la ville après la défense. Ainsi ces malheureux enfants obligés de quitter leur maison paternelle, furent élevés à la campagne comme des esclaves, réduits à la triste nécessité de servir ceux qui avaient trempé leurs mains dans le sang de leurs pères. XVIII. ENFIN le tyran prit des mesures pour éteindre dans les autres citoyens tout sentiment de valeur et de courage. Il chercha les moyens d'énerver toute la jeunesse par une mauvaise éducation. Il supprima les académies : il défendit les exercices des armes, et changea la manière de vivre dans laquelle on avait jusqu'alors élevé les jeunes gens. Il obligea les garçons à laisser croître leurs cheveux à la manière des filles, à les orner de fleurs, à les boucler, à les lier en forme de réseau, à porter des robes de différentes couleurs qui décédaient jusques aux talons, avec des manteaux d'une étoffe fine et déliée ; à passer le temps à l'ombre et dans la débauche. Quand ils allaient chez leurs maîtres de danse, de flûte ou d'autres instruments propres à amollir le cœur, ils étaient accompagnés par des femmes qui leur servaient, pour ainsi dire, de précepteurs, qui portaient des parasols, des éventails, des peignes, des miroirs, des étrilles et des boites de parfums pour les laver dans le bain. Quand il avait corrompu les jeunes gens par cette mauvaise éducation, lorsqu'ils avaient vingt ans accomplis il les laissait mettre au nombre des hommes faits. XIX. C'est ainsi qu'il insulta les Cumains, qu'il leur fit mille outrages et mille injures, et qu'il exerça sur eux toutes fortes de cruautés. Dans le temps qu'il croyait sa puissance bien affermie et à couvert de toutes les embûches, déjà accablé de vieillesse, également haï des dieux et des hommes, il périt misérablement avec toute sa famille, et paya la peine qu'il avait méritée par tant de crimes. Les enfants mêmes des citoyens qu'il avait sacrifiés à sa cruauté, se soulevèrent contre lui et délivrèrent la ville de sa tyrannie. Il avait voulu autrefois les faire tous mourir en un seul jour : mais, comme j'ai déjà dit, gagné par les instantes prières de ses gardes du corps à qui il avait donné en mariage les mères de ces pauvres enfants, il s'était contenté de les reléguer à la campagne. Quelques années après, comme il parcourait les villages, surpris d'y trouver un grand nombre de jeunes gens braves et bien faits, il commença à appréhender qu'ils ne se liguassent ensemble pour le détrôner. Dans cette crainte, il résolut de les prévenir et. de les faire tous égorger avant qu'ils eussent le temps de prendre leurs précautions. XX. Il communiqua son dessein à ses amis, et cherchait avec eux les moyens de l'exécuter promptement sans donner à ses ennemis le temps de se reconnaître. Mais ces jeunes gens instruits de ce qu'il tramait, soit par quelqu'un de son conseil, soit que par eux-mêmes ils pressentissent le dessein du tyran, s'enfuirent dans les montagnes, n'ayant point d'autres armes que les instruments de fer dont se servent les laboureurs. XXI. Il vint aussitôt à leur secours une troupe de Cumains exiles qui faisaient leur demeure à Capoue. Les plus illustres de ces proscrits qui amenaient avec eux un grand nombre de Campaniens leurs hôtes, étaient les fils d'Hippomédonte autrefois commandant de la cavalerie dans la guerre contre les Tyrrhéniens. Non seulement ils avaient des armes pour eux-mêmes, mais ils en apportaient aux autres et leur amenaient un puissant renfort de leurs amis et de troupes soudoyées, qu'ils avaient ramassés dans la Campanie. XXII. RÉUNIS tous en un seul corps ils se répandent dans le pays ennemi : ils pillent, ils ravagent les terres par de fréquentes courses, font le dégât par tout où ils passent, enlèvent une grande quantité de butin, soulèvent les esclaves contre les maîtres, tirent les criminels des prisons, leur donnent des armes, brûlent les effets qu'ils ne peuvent emporter, et après avoir enlevé le bétail dont ils ont besoin pour leur subsistance, ils égorgent tout le reste. Le tyran ne savait comment s'y prendre pour les détruire. Car ils ne faisaient pas leurs courses ouvertement et ne demeuraient pas longtemps dans un même endroit. Tantôt ils faisaient le dégât pendant la nuit jusqu'au point du jour, tantôt leurs courses commençaient en plein jour et duraient jusqu'à la nuit. En un mot ils savaient si bien cacher leur marche que les troupes qu'il envoyait au secours du pays, furent presque toujours inutiles. XXIIII. Comme Aristodème était dans cet embarras, un des exilés que les autres envoyèrent exprès, vint le trouver en qualité de transfuge, le corps tout déchiré de coups de fouet. D'abord ce prétendu déserteur demande ses sûretés et la vie sauve, promettant au tyran que s'il veut envoyer ses troupes avec lui il les mènera dans l'endroit où les exilés doivent passer la nuit suivante. Aristodème ajoute d'autant plus de créance à ses paroles, que sans demander aucune récompense il offrait son propre corps en otage pour preuve de sa sincérité. Il envoie donc avec lui un gros de cavalerie et de troupes soudoyées sous la conduite de ses plus fidèles capitaines, avec ordre très exprès de lui amener s'ils pouvaient, tous les exilés ou au moins la plus grande partie pieds et mains liés. Toutes choses ainsi disposées, le transfuge conduit les troupes par des chemins impraticables à travers les forêts désertes, et quoiqu'elles fussent très fatiguées, il les fait marcher pendant toute la nuit, les éloignant de la ville autant qu'il peut. XXIV. LES fugitifs et les exilés qui s'étaient mis en embuscade dans la montagne proche de l'Averne.pas loin de Cumes, instruits par le signal des batteurs d'estrade que l'armée du tyran était sortie de la ville, font partir environ soixante de leurs plus hardis soldats, vêtus de peaux et chargés des fagots de sarment. Ces espions déguisés en ouvriers entrent en cachette dans Cumes, par différentes. portes, dans le temps qu'on allumait les flambeaux. Aussitôt qu'ils se font glissés dans l'enceinte des murailles, ils tirent les poignards qu'ils avaient cachés dans les fagots, et s'assemblent tous en un même endroit. De là ils vont en bataillon serré à la porte qui conduisait à l'Averne, ils en tuent les gardes endormis, et ayant ouvert les portes ils reçoivent leurs troupes qui étaient déjà proche des murs. L'entreprise fut conduite si secrètement que personne ne s'en aperçût, car heureusement il y avait cette nuit une fête publique, et toute la ville était dans les festins et dans les réjouissances. Des circonstances si favorables facilitent aux conjurés les moyens de traverser impunément toutes les rues qui menaient au palais. Ils y trouvent peu de gardes qui veillent aux portes ; les uns étaient accablés de sommeil, les autres étaient ensevelis dans le vin. Ils les tuent sans résistance, et pénétrant en foule dans la cour du palais, ils égorgent comme un troupeau de moutons, toutes les sentinelles qu'ils rencontrent à leur passage. Pas un des gardes ne se mît en défense : abrutis par la débauche, ils n'étaient plus maîtres de leurs corps, ni en état de penser au péril qui les menaçait. Les conjurés entrent dans l'appartement d'Aristodème, ils se saisissent de lui, de ses enfants, et de tous ses proches, ils les tourmentent ignominieusement jusque fort avant dans la nuit, les déchirent de coups, les mettent à la torture, leur font souffrir mille supplices, et. les massacrent tous sans miséricorde. XXV. APRES avoir éteint toute la race du tyran, sans épargner ni femmes, ni enfants, ni qui que ce fût de sa parenté, ils passèrent le reste de la nuit à faire des recherches de tous ceux qui avaient favorisé la tyrannie. Dès qu'il fut jour ils se rendirent dans la place publique, convoquèrent une assemblée du peuple, mirent bas les armes et rétablirent le gouvernement de Cumes sur son ancien pied. |
I. La disette continue à Rome. II. Mortalité dans les villes des Volsques. III. On envoie des colonies à Vélitre et à Norbre. |
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Ι. [7,12] Ἐπὶ τοῦτον δὴ τὸν Ἀριστόδημον ἔτος ὁμοῦ τι τεσσαρεσκαιδέκατον ἤδη τυραννοῦντα Κύμης οἱ σὺν Ταρκυνίῳ φυγάδες καθιστάμενοι τὴν κατὰ τῆς πατρίδος ἐβούλοντο συντελέσασθαι δίκην. Οἱ δὲ πρέσβεις τῶν Ῥωμαίων τέως μὲν ἀντέλεγον, ὡς οὔτ´ ἐπὶ τοῦτον ἥκοντες τὸν ἀγῶνα οὔτ´ ἐξουσίαν ἔχοντες, ἣν οὐκ ἐπέτρεψεν αὐτοῖς ἡ βουλὴ περὶ τῆς πόλεως ἀπολογήσασθαι {δίκην}. Ὡς δ´ οὐθὲν ἐπέραινον, ἀλλ´ ἐγκεκλικότα τὸν τύραννον ἑώρων ἐπὶ θάτερα μέρη διὰ τὰς σπουδὰς καὶ τὰς παρακλήσεις τῶν φυγάδων, αἰτησάμενοι χρόνον εἰς ἀπολογίαν, καὶ διεγγυήσαντες τὰ σώματα χρημάτων ἐν τῷ διὰ μέσου τῆς δίκης οὐθενὸς ἔτι φυλάττοντος αὐτοὺς ἀποδράντες ᾤχοντο. Θεράποντας δ´ αὐτῶν καὶ τὰ ὑποζύγια καὶ τὰ ἐπὶ τῇ σιτωνίᾳ κομισθέντα χρήματα ὁ τύραννος κατέσχε. Ταύταις μὲν οὖν ταῖς πρεσβείαις τοιαῦτα παθούσαις ἀπράκτοις ἀναστρέψαι συνέβη, ἐκ δὲ τῶν ἐν Τυρρηνίᾳ πόλεων οἱ πεμφθέντες κέγχρους τε καὶ ζέας συνωνησάμενοι ταῖς ποταμηγοῖς σκάφαις κατεκόμισαν εἰς τὴν πόλιν. Αὕτη βραχύν τινα χρόνον ἡ ἀγορὰ Ῥωμαίους διέθρεψεν· ἔπειτ´ ἐξαναλωθεῖσα εἰς τὰς αὐτὰς ἀπορίας κατέστησεν αὐτούς. Ἦν δ´ οὐθὲν εἶδος ἀναγκαίας τροφῆς, ὃ οὐκ ἐπείραζον ἔτι, συνέβαινέ τ´ οὐκ ὀλίγοις αὐτῶν, τὰ μὲν διὰ τὴν σπάνιν, τὰ δὲ διὰ τὴν ἀτοπίαν τῆς οὐκ εἰωθυίας ἐδωδῆς, τοῖς μὲν ἀρρώστως διακεῖσθαι τὰ σώματα, τοῖς δὲ παρημελημένοις διὰ πενίαν καὶ παντάπασιν ἀδυνάτως· ΙΙ. Ὡς δὲ τοῦτ´ ἔγνωσαν οἱ νεωστὶ κεκρατημένοι τῷ πολέμῳ Οὐολοῦσκοι, πρεσβειῶν ἀπορρήτοις διαποστολαῖς ἐνῆγον ἀλλήλους εἰς τὸν κατ´ αὐτῶν πόλεμον, ὡς ἀδυνάτων ἐσομένων, εἴ τις αὐτοῖς ἐπίθοιτο κεκακωμένοις πολέμῳ τε καὶ λιμῷ ἀντέχειν. Θεῶν δέ τις εὔνοια, οἷς φροντὶς ἦν μὴ περιιδεῖν ὑπὸ τοῖς ἐχθροῖς Ῥωμαίους γενομένους, ἐκφανέστατα καὶ τότε τὴν ἑαυτῆς δύναμιν ἀπεδείξατο. Τοσοῦτος γάρ τις ἄφνω εἰς τὰς πόλεις τῶν Οὐολούσκων φθόρος λοιμικὸς ἐνέσκηψεν, ὅσος ἐν οὐδενὶ ἄλλῳ τόπῳ μνημονεύεται γενόμενος οὔθ´ Ἑλλάδος οὔτε βαρβάρου γῆς, πᾶσαν ἡλικίαν καὶ τύχην καὶ φύσιν ἐρρωμένων τε καὶ ἀσθενῶν σωμάτων ὁμοίως διεργαζόμενος. Ἐδήλωσε δὲ τὴν ὑπερβολὴν τῆς συμφορᾶς πόλις ἐπιφανὴς τῶν Οὐολούσκων, Οὐέλιτραι ὄνομα αὐτῇ, μεγάλη τε καὶ πολυάνθρωπος οὖσα τέως, ἧς ὁ λοιμὸς μίαν ὑπελείπετο μοῖραν ἐκ τῶν δέκα, τὰς δ´ ἄλλας ὑπολαβὼν ἀπήνεγκε. Τελευτῶντες δ´ οὖν ὅσοι περιῆσαν ἐκ τῆς συμφορᾶς πρεσβευσάμενοι Ῥωμαίοις ἔφρασαν τὴν ἐρημίαν καὶ παρέδοσαν τὴν πόλιν. Ἔτυχον δὲ καὶ πρότερον ἐποίκους ἐκ τῆς Ῥώμης εἰληφότες, ἀφ´ ἧς αἰτίας καὶ τὸ δεύτερον {τοὺς} κληρούχους παρ´ αὐτῶν ᾔτουν. ΙΙΙ. [7,13] Ταῦτα τοῖς Ῥωμαίοις μαθοῦσι τῆς μὲν συμφορᾶς οἶκτος εἰσῄει, καὶ οὐδὲν ᾤοντο δεῖν τοῖς ἐχθροῖς ἐπὶ τοιαύταις τύχαις μνησικακεῖν, ὡς ἱκανὰς δεδωκόσι τοῖς θεοῖς ὑπὲρ σφῶν δίκας ἀνθ´ ὧν ἔμελλον δράσειν· Οὐελίτρας δὲ παραλαμβάνειν ἐδόκει κληρούχων οὐκ ὀλίγων ἀποστολῇ πολλὰ τὰ συμφέροντα ἐκ τοῦ πράγματος ἐπιλογιζομένοις. Τό τε γὰρ χωρίον ἱκανὸν εἶναι ἐφαίνετο φυλακῇ ἀξιόχρεῳ καταληφθὲν οἷς ἂν νεωτερίζειν ἢ παρακινεῖν τι βουλομένοις ᾖ μέγα κώλυμα καὶ ἐμπόδιον εἶναι· ἥ τ´ ἀπορία τῆς τροφῆς ἡ κατέχουσα τὴν πόλιν οὐ παρ´ ὀλίγον μετριωτέρα γενήσεσθαι ὑπωπτεύετο, εἰ μετασταίη τις ἐξ αὐτῆς ἀπὸ τοῦ πλήθους μοῖρα ἀξιόλογος. Μάλιστα δ´ ἡ στάσις ἀναρριπιζομένη, πρὶν ἢ πεπαῦσθαι καλῶς ἔτι τὴν προτέραν, ἐνῆγεν αὐτοὺς ψηφίζεσθαι τὸν ἀπόστολον. Πάλιν γάρ, ὥσπερ καὶ πρότερον, ὁ δῆμος ἠρεθίζετο καὶ δι´ ὀργῆς εἶχε τοὺς πατρικίους, πολλοί τε καὶ χαλεποὶ κατ´ αὐτῶν ἐγίνοντο λόγοι τῶν μὲν ὀλιγωρίαν ἐγκαλούντων καὶ ῥᾳθυμίαν, ὅτι οὐκ ἐκ πολλοῦ προείδοντο τὴν ἐσομένην τοῦ σίτου σπάνιν καὶ προὐμηχανήσαντο τὰ πρὸς τὴν συμφορὰν ἀλεξήματα, τῶν δ´ ἐξ ἐπιβουλῆς ὑπ´ αὐτῶν γεγονέναι τὴν σιτοδείαν ἀποφαινόντων δι´ ὀργήν τε καὶ ἐπιθυμίαν τοῦ κακῶσαι τὸ δημοτικὸν ἀναμνήσει τῆς ἀποστάσεως. Διὰ ταύτας μὲν δὴ τὰς αἰτίας ἡ τῶν κληρούχων ἀποστολὴ ταχεῖα ἐγίνετο τριῶν ἀποδειχθέντων ἀνδρῶν ὑπὸ τῆς βουλῆς ἡγεμόνων. Τῷ δήμῳ δὲ κατ´ ἀρχὰς μὲν ἦν ἀσμένῳ τοὺς κληρούχους διαλαγχάνειν ὡς λιμοῦ τ´ ἀπαλλαχθησομένῳ καὶ χώραν οἰκήσοντι εὐδαίμονα· ἔπειτ´ ἐνθυμουμένῳ τὸν λοιμόν, ὃς ἐν τῇ μελλούσῃ αὐτὸν ὑποδέχεσθαι πόλει πολὺς γενόμενος τούς τ´ οἰκήτορας διεφθάρκει καὶ δέος παρεῖχε, μὴ καὶ τοὺς ἐποίκους ταὐτὸν ἐργάσηται, μεθίστατο κατὰ μικρὸν εἰς τἀναντία ἡ γνώμη, ὥστ´ οὐ πολλοί τινες ἐφάνησαν οἱ μετέχειν βουλόμενοι τῆς ἀποικίας, ἀλλὰ πολὺ ἐλάττους ὧν ἡ βουλὴ ἐψηφίσατο, καὶ οὗτοι δ´ ἤδη σφῶν αὐτῶν κατεγνώκεσαν ὡς κακῶς βεβουλευμένων καὶ ὑπανεδύοντο τὴν ἔξοδον. Κατελήφθη μέντοι τοῦτο τὸ μέρος καὶ τὸ ἄλλο τὸ μὴ ἑκουσίως συναιρόμενον τῆς ἐξόδου ψηφισαμένης τῆς βουλῆς ἐξ ἁπάντων γενέσθαι Ῥωμαίων κλήρῳ τὴν ἔξοδον, κατὰ δὲ τῶν λαχόντων, εἰ μὴ ἐξίοιεν, χαλεπὰς καὶ ἀπαραιτήτους θεμένης ζημίας. Οὗτός τε δὴ ὁ στόλος εἰς Οὐελίτρας εὐπρεπεῖ ἀνάγκῃ καταληφθεὶς ἀπεστάλη, καὶ ἕτερος αὖθις οὐ πολλαῖς ἡμέραις ὕστερον εἰς Νώρβαν πόλιν, ἥ ἐστι τοῦ Λατίνων ἔθνους οὐκ ἀφανής.
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I. LES compagnons d'exil du roi Tarquin qui s'étaient réfugiés auprès de cet Aristodème vers la quatorzième année de son règne pour lui demander qu'il les vengeât contre leur patrie, voulurent profiter de l'occasion présente qui leur paraissait des plus favorables. Les ambassadeurs Romains résistèrent d'abord, disant qu'ils n'étaient pas venus pour traiter de cette affaire et que le sénat ne leur avait donné aucun pouvoir de plaider la cause de la ville de Rome. Mais dans la suite, comme ils virent qu'ils n'avançaient en rien et que le tyran penchait plus du côté des exilés qui l'avaient gagné par leurs instantes sollicitations, ils demandèrent du temps pour se défendre, donnant même leur argent en gage : et tandis que le procès était pendant, dès qu'on ne les garda plus à vue ils s'enfuirent secrètement. Le tyran se saisit de leurs domestiques, de leurs chevaux, de leur équipage et de l'argent qu'ils avaient apporté pour acheter du blé. C'est ainsi que ces ambassadeurs furent traversés dans leur négociation, et tel fut le sujet qui les obligea de revenir sans avoir rien fait. A l'égard de ceux qu'on avait députés en Tyrrhénie, ils achetèrent du millet et. du blé, qu'ils portèrent à Rome dans des bateaux par le fleuve du Tibre, Mais ces provisions qui ne pouvaient nourrir les Romains que très peu de temps, furent bientôt consumées, de sorte qu'ils retombèrent dans la même disette qu'auparavant. Il n'y eut nulle espèce de nourriture dont la nécessité pressante ne les obligeât de se servir, ce qui fut cause que plusieurs se trouvèrent accablés de maladies affreuses, ceux-ci faute de vivres, ceux-là par les aliments malsains auxquels ils n'étaient point accoutumés, et que d'autres laissèrent affaiblir leur corps, ou par pauvreté, ou par négligence, ou par l'impossibilité de trouver de quoi réparer leurs forces. II. Les Volsques qui avaient été vaincus tout récemment, crurent qu'ils devaient profiter du triste état où Rome était réduite. Ils se sollicitèrent mutuellement par des ambassades secrètes à faire la guerre à cette ville, persuadés qu'elle ne pourrait pas tenir en même temps et contre la famine et contre les armes de ceux qui l'attaqueraient. Mais les dieux dont la bonté ne pouvait souffrir que les Romains succombassent sous l'effort de leurs ennemis, donnèrent alors des preuves manifestes de leur puissance. Les villes des Volsques furent tout d'un coup affligées d'une maladie [ pestilente et ] si terrible, que nous ne lisons point dans l'histoire qu'il y en ait jamais eu de semblable en aucun endroit du monde, ni chez les Barbares, ni chez les Grecs. Elle n'épargnait ni âge, ni sexe, ni condition, enlevant également les plus robustes et les plus faibles. Rien ne fait mieux voir combien ce fléau était terrible, que la célèbre ville de Velitre, alors la plus peuplée et la plus florissante de toute la nation des Volsques. La peste y fit de si grands ravages qu'elle emporta la plupart de ses habitants ; il n'en resta pas la dixième partie. Ceux qui en réchappèrent, furent enfin obligés d'envoyer une ambassade au peuple Romain pour lui représenter la désolation de leur patrie et pour se mettre eux et leur ville sous sa protection. Comme ils avaient autrefois reçu chez eux une colonie de Rome, ils n'eurent point alors de difficulté à se résoudre d'en demander une seconde pour repeupler le pays. III. Les Romains furent extrêmement sensibles à leur disgrâce, et la compassion succédant à la colère ils crurent qu'ils ne devaient pas pousser plus loin la vengeance contre une ville infortunée que les dieux avaient punie du mal qu'elle avait voulu leur faire. Ainsi ils acceptèrent les offres de Velitre, et se déterminèrent d'autant plus volontiers à y envoyer une nombreuse colonie qu'ils espéraient en tirer de grands avantages. Ce poste en effet pouvait tenir beaucoup de monde. Il leur parut que s'ils s'en rendaient maîtres par une bonne garnison, il leur servirait comme de place d'armes pour tenir en respect: ceux qui voudraient remuer, et que la famine dont Rome était affligée, diminuerait de beaucoup s'ils la déchargeaient d'une partie du peuple. Mais rien ne les détermina davantage à accorder aux Volsques la peuplade qu'ils demandaient, que de nouvelles semences de sédition qui commençaient à paraître dans un temps que les premiers troubles n'étaient pas encore tout-à-fait pacifiés, Le peuple se soulevait déjà comme auparavant : il déchargeait sa colère sur les patriciens, et. déclamait contre eux dans toutes les occasions avec beaucoup d'aigreur et en termes injurieux. Les uns les accusaient d'indolence et de paresse, comme n'ayant pas prévu la cherté des vivres avant qu'elle arrivât, ni cherché de longue-main un remède efficace contre ce terrible fléau. Les autres publiaient hautement qu'ils avaient causé la famine tout exprès pour faire souffrir le peuple et pour se venger de sa retraite qui leur tenait encore au cœur. Ce fut pour ces raisons qu'on se pressa de faire partir la colonie : le sénat nomma incessamment trois chefs pour la conduire. D'abord le peuple fut ravi qu'on envoyât des Romains tirés au fort pour repeupler Vélitre, espérant que par ce moyen il se verrait délivre de la famine et qu'il trouverait chez les Volsques une terre fertile et abondante en toutes sortes de biens. Mais ensuite, faisant réflexion sur la peste qui avait désolé cette même ville qui devait le recevoir, il commença à craindre que les nouveaux habitants ne fussent aussi affligés du même fléau, et il changea peu à peu de sentiment. Ainsi, bien loin qu'il se présentât un grand nombre de sujets pour être de cette peuplade, il s'en trouva beaucoup moins que le sénat n'en avait demandé. Ceux qui avaient déjà donné leur nom, s'en repentaient comme ayant pris un mauvais parti, et ne voulaient plus sortir de leur patrie. Le sénat fut donc obligé de les laisser à Rome avec tous les autres qui ne voulaient pas partir de bon cœur. Ensuite il donna un arrêt, portant que tous les citoyens tireraient au sort à qui serait de la colonie, et que ceux sur qui le sort tomberait, seraient punis avec rigueur et inexorablement, en cas qu'ils refumassent de marcher. Par ce moyen une nombreuse peuplade partit bon gré mal gré pour Vélitre. Quelques jours après on en envoya une autre à Norbe, célèbre ville des Latins. Les patriciens s'étaient flattés que par ce moyen ils apaiseraient la sédition. Mais ils furent trompés dans leurs espérances, et cette espèce de saignée ne fit qu'irriter le mal. |
I. Les tribuns et les édiles soulèvent le peuple. II. Assemblée du sénat. III. Contestations entre les tribuns et les consuls. IV. Emotion du peuple. V. Brutus l'apaise. VI. Les tribuns déclament contre les patriciens. Loi qui défend d'interrompre un tribun quand il parle dans les assemblées du peuple. VII.. L'inimitié continue entre le peuple et les patriciens. |
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I. [7,14] Ἐγένετο δ´ οὐδὲν τῶν ἐκ λογισμοῦ τοῖς πατρικίοις κατὰ γοῦν τὴν ἐλπίδα λωφήσειν τὴν στάσιν, ἀλλ´ οἱ περιλειφθέντες ἔτι χείρους ταῖς ὀργαῖς ἦσαν καὶ πολλῇ τῇ καταβοῇ τῶν βουλευτῶν ἐχρῶντο κατά τε συστροφὰς καὶ ἑταιρίας, ὀλίγοι μὲν συνιόντες τὸ πρῶτον, ἔπειτ´ ἀθρόοι συντονωτέρας ἤδη γινομένης τῆς ἀπορίας καὶ συνδραμόντες εἰς τὴν ἀγορὰν τοὺς δημάρχους ἐβόων. Συναχθείσης δ´ ὑπ´ αὐτῶν ἐκκλησίας παρελθὼν Σπόριος Σικίνιος, ὃς ἦν τοῦ ἀρχείου τότε ἡγεμών, αὐτός τε πολὺς ἔρρει κατὰ τῆς βουλῆς αὔξων ὡς μάλιστ´ ἐνῆν τὸν κατ´ αὐτῆς φθόνον, καὶ τοὺς ἄλλους ἠξίου λέγειν ἃ φρονοῦσιν εἰς τὸ κοινόν, μάλιστα δὲ τὸν Σικίνιον καὶ τὸν Βροῦτον ἀγορανόμους τότ´ ὄντας ἀνακαλῶν ἑκάτερον ἐξ ὀνόματος, οἳ καὶ τῆς πρώτης ἀποστάσεως τῷ δήμῳ ἦρξαν, καὶ τὴν δημαρχικὴν ἐξουσίαν εἰσηγησάμενοι πρῶτοι αὐτῆς ἔτυχον. Παρελθόντες δ´ οὗτοι τοὺς κακοηθεστάτους τῶν λόγων ἐκ πολλοῦ παρεσκευασμένοι διεξῄεσαν, ἃ τοῖς πολλοῖς ἀκούειν ἦν βουλομένοις, ὡς ἐκ προνοίας τε καὶ ἐπιβουλῆς ὑπὸ τῶν πλουσίων γένοιθ´ ἡ περὶ τὸν σῖτον ἀπορία, ἐπειδὴ τὴν ἐλευθερίαν ἀκόντων ἐκείνων ὁ δῆμος ἐκ τῆς ἀποστάσεως εὕρετο. Ἰσομοιρεῖν τ´ οὐδὲ κατὰ μικρὸν ἀπέφαινον τῆς συμφορᾶς τοῖς πένησι τοὺς εὐπόρους· ἐκείνοις μὲν γὰρ εἶναι καὶ τροφὰς ἐν ἀφανεῖ ἀποκειμένας καὶ χρήματα, οἷς ὠνούμενοι τὰς ἐπεισάκτους ἀγορὰς ἐν πολλῇ ὑπεροψίᾳ ἦσαν τοῦ κακοῦ, τοῖς δὲ δημόταις ἀμφότερα ταῦτ´ ἀπόρως ἔχειν· τήν τ´ ἀποστολὴν τῶν κληρούχων, ἣν ἐποιήσαντο εἰς νοσερὰ χωρία, ἐκβολὴν ἀποφαίνοντες εἰς προφανῆ καὶ μακρῷ χείρονα ὄλεθρον, αὔξοντες ὡς μάλιστα δυνατοὶ ἦσαν τῷ λόγῳ τὰ δεινά, καὶ τί πέρας ἔσται τῶν κακῶν ἀξιοῦντες μαθεῖν, ὑπομιμνήσκοντές τε τῶν παλαιῶν αὐτοὺς αἰκισμῶν, οἷς ὑπὸ τῶν πλουσίων ἔτυχον αἰκισθέντες, καὶ τἆλλα τὰ ὅμοια τούτοις κατὰ πολλὴν ἄδειαν διεξιόντες. Τελευτῶν δ´ ὁ Βροῦτος εἰς ἀπειλήν τινα τοιάνδε κατέκλεισε τὸν λόγον, ὡς εἰ βουληθεῖεν αὐτῷ πείθεσθαι διὰ ταχέων προσαναγκάσων τοὺς ἐκκαύσαντας τὸ δεινὸν καὶ κατασβέσαι. Ἡ μὲν δὴ ἐκκλησία διελύετο. II. [7,15] Οἱ δ´ ὕπατοι τῇ κατόπιν ἡμέρᾳ συνεκάλουν τὴν βουλὴν περίφοβοι ὄντες ἐπὶ τοῖς καινοτομουμένοις καὶ τὴν τοῦ Βρούτου δημοκοπίαν εἰς μέγα τι κακὸν ἀποσκήψειν οἰόμενοι. Πολλοὶ μὲν δὴ καὶ παντοδαποὶ ὑπό τ´ αὐτῶν ἐκείνων ἐρρήθησαν ἐν τῷ συνεδρίῳ λόγοι καὶ ὑπὸ τῶν ἄλλων πρεσβυτέρων, τῶν μὲν οἰομένων δεῖν θεραπεύειν τὸν δῆμον ἁπάσῃ εὐπροσηγορίᾳ λόγων καὶ ὑποσχέσει ἔργων καὶ τοὺς ἡγεμόνας αὐτοῦ μετριωτέρους παρασκευάζειν, τιθέντας εἰς μέσον τὰ πράγματα καὶ μετὰ σφῶν ὑπὲρ τοῦ κοινῇ συμφέροντος παρακαλοῦντας σκοπεῖν. Τῶν δὲ μηθὲν ἐνδιδόναι μαλακὸν συμβουλευόντων πρὸς ὄχλον αὐθάδη καὶ ἀμαθῆ ἢ θρασεῖάν τε καὶ ἀνύποιστον δημοκόπων ἀνθρώπων μανίαν, ἀλλ´ ἀπολογεῖσθαι μέν, ὡς οὐδὲν εἴη τῶν γεγονότων παρὰ τῶν πατρικίων αἴτιον, καὶ ὑπισχνεῖσθαι πρόνοιαν ἕξειν τοῦ κακοῦ τὴν δυνατήν, τοῖς δὲ ταράττουσι τὸν δῆμον ἐπιτιμᾶν καὶ προαγορεύειν, ὡς εἰ μὴ παύσονται τὴν στάσιν ἀναρριπίζοντες ἀξίας τίσουσι δίκας. Ταύτης ἡγεῖτο τῆς γνώμης Ἄππιος, καὶ ἦν ἡ νικῶσα αὕτη πολλῆς ἐμπεσούσης πάνυ τοῖς συνέδροις φιλονεικίας· ὥστε καὶ τὸν δῆμον ὑπὸ τῆς βοῆς αὐτῶν ἐξακουομένης ἐπὶ πολὺ ταραχθέντα συνδραμεῖν ἐπὶ τὸ βουλευτήριον, καὶ πᾶσαν ὀρθὴν ἐπὶ τῇ προσδοκίᾳ γενέσθαι τὴν πόλιν. III. Μετὰ δὲ τοῦθ´ οἱ μὲν ὕπατοι προελθόντες συνεκάλουν τὸν δῆμον εἰς ἐκκλησίαν· ἦν δ´ οὐ πολὺ τῆς ἡμέρας ἔτι τὸ λειπόμενον· καὶ παρελθόντες ἐπειρῶντο τὰ δόξαντα σφίσιν ἐν τῇ βουλῇ λέγειν. Ἐνίσταντο δ´ αὐτοῖς οἱ δήμαρχοι, καὶ οὐκ ἦν ἐν μέρει οὐδ´ ἐν κόσμῳ γινόμενος παρ´ ἀμφοῖν ὁ λόγος. Ἐβόων γὰρ ἅμα καὶ ἐξέκλειον ἀλλήλους, ὥστε μὴ ῥᾴδιον εἶναι τοῖς παροῦσι τὰς διανοίας αὐτῶν {ὅ τι βούλονται} συνιδεῖν. [7,16] Ἐδικαίουν δ´ οἱ μὲν ὕπατοι τὴν κρείττονα ἔχοντες ἐξουσίαν ἁπάντων ἄρχειν τῶν ἐν τῇ πόλει, οἱ δὲ δήμαρχοι τὴν ἐκκλησίαν ἑαυτῶν εἶναι χωρίον ὥσπερ ἐκείνων τὴν βουλήν, καὶ ὁπόσα ἐπὶ τοῖς δημόταις ἦν κρίνειν τε καὶ ψηφίζεσθαι, τούτων αὐτοὶ πᾶν ἔχειν τὸ κράτος. Συνηγωνίζετο δὲ τοῖς μὲν ἡ πληθὺς ἐπιβοῶσα καὶ ὁμόσε χωρεῖν, εἰ δέοι, τοῖς κωλύουσι παρεσκευασμένη, τοῖς δ´ ὑπάτοις οἱ πατρίκιοι συστρέψαντες αὑτούς. Ἐγίνετο δὲ πολὺς ἀγὼν περὶ τοῦ μὴ εἶξαι ἑκατέροις, ὡς ἐν μιᾷ τῇ τότε ἥττῃ παραχωρουμένης τῆς εἰς τὸν λοιπὸν χρόνον ἑκατέρων δικαιώσεως. IV. Ἥλιός τε περὶ καταφορὰν ἦν ἤδη, καὶ συνέτρεχεν ἐκ τῶν οἰκιῶν τὸ ἄλλο πλῆθος εἰς τὴν ἀγοράν, καὶ ἔμελλον, εἰ νὺξ ἐπιλαμβάνοι τὴν ἔριν, εἰς πληγάς τε καὶ λίθων χωρήσειν βολάς. Ἵνα δὴ μὴ τοῦτο γένοιτο, προελθὼν ὁ Βροῦτος τοὺς ὑπάτους ἠξίου δοῦναι λόγον αὐτῷ, παύσειν ὑπισχνούμενος τὴν στάσιν. Κἀκεῖνοι δόξαντες σφίσι παρακεχωρῆσθαι, ὅτι τῶν δημάρχων παρόντων οὐ παρ´ ἐκείνων ὁ δημαγωγὸς ᾐτήσατο τὴν χάριν, ἐπιτρέπουσιν αὐτῷ λέγειν. V. Σιωπῆς δὲ γενομένης ἄλλο μὲν οὐδὲν ὁ Βροῦτος εἶπεν, ἠρώτησε δὲ τοὺς ὑπάτους τοιάνδε τινὰ ἐρώτησιν· Ἆρά γ´, ἔφη, μέμνησθ´, ὅτι διαλυομένοις ἡμῖν τὴν στάσιν τοῦτο συνεχωρήθη τὸ δίκαιον ὑφ´ ὑμῶν, ὅταν οἱ δήμαρχοι συναγάγωσι τὸν δῆμον ὑπὲρ ὁτουδήτινος, μὴ παρεῖναι τῇ συνόδῳ τοὺς πατρικίους μηδ´ ἐνοχλεῖν; Μεμνήμεθ´, ἔφησεν ὁ Γεγάνιος. Καὶ ὁ Βροῦτος ὑποφέρει· Τί οὖν παθόντες ἐμποδὼν ἵστασθ´ ἡμῖν καὶ οὐκ ἐᾶτε τοὺς δημάρχους ἃ βούλονται λέγειν; Ἀποκρίνεται πρὸς ταῦθ´ ὁ Γεγάνιος· Ὅτι οὐκ αὐτοὶ συνεκάλεσαν τὸν δῆμον εἰς τὴν ἐκκλησίαν, ἀλλ´ ἡμεῖς οἱ ὕπατοι. Εἰ μὲν οὖν ὑπὸ τούτων ἡ σύνοδος ἐγένετο, οὐθὲν ἂν ἠξιοῦμεν οὔτε κωλύειν οὔτε πολυπραγμονεῖν· ἐπειδὴ δ´ ἡμεῖς συνηγάγομεν τὴν ἐκκλησίαν, οὐχὶ τούτους ἀγορεύειν κωλύομεν, ἀλλ´ ὑπὸ τούτων αὐτοὶ κωλύεσθαι οὐ δικαιοῦμεν. Καὶ ὁ Βροῦτος ὑποτυχών· Νικῶμεν, ἔφησεν, ὦ δημόται, καὶ παρακεχώρηται ἡμῖν ὑπὸ τῶν διαφόρων ὅσα ἠξιοῦμεν. Νῦν μὲν οὖν ἄπιτε καὶ παύσασθε φιλονεικοῦντες· αὔριον δ´ ὑμῖν ὑπισχνοῦμαι φανερὰν ποιήσειν ὅσην ἔχετε ἰσχύν. Καὶ ὑμεῖς γ´, ὦ δήμαρχοι, παραχωρήσατε αὐτοῖς τῆς ἀγορᾶς ἐν τῷ παρόντι· οὐ γὰρ εἰς τέλος παραχωρήσετε· μαθόντες δ´ ὅσον ἔχει κράτος ὑμῶν ἡ ἀρχή· γνώσεσθε γὰρ οὐκ εἰς μακράν· ἐγὼ τοῦθ´ ὑμῖν ὑποδέχομαι ποιήσειν φανερόν· μετριωτέραν αὐτῶν ἀποδώσετε τὴν ὑπερηφανίαν. Ἐὰν δὲ φενακίζων ὑμᾶς εὑρεθῶ, χρήσασθ´ ὅ τι βούλεσθέ μοι. [7,17] Οὐθενὸς δὲ πρὸς ταῦτ´ ἀντιλέξαντος ἀπῄεσαν ἐκ τῆς ἐκκλησίας οὐ τὰς ὁμοίας ὑπολήψεις ἔχοντες ἑκάτεροι· ἀλλ´ οἱ μὲν ἄποροι δοκοῦντές τι περιττὸν ἐξευρηκέναι τὸν Βροῦτον καὶ οὐκ εἰκῆ ὑποσχέσθαι πρᾶγμα τηλικοῦτον, οἱ δὲ πατρίκιοι περιφρονοῦντες τὴν κουφότητα τοῦ ἀνθρώπου καὶ τῶν ὑποσχέσεων τὴν τόλμαν ἕως λόγου χωρήσειν οἰόμενοι· μηθὲν γὰρ ὑπὸ τῆς βουλῆς συγκεχωρῆσθαι τοῖς δημάρχοις ἔξω τοῦ βοηθεῖν τοῖς ἀδικουμένοις τῶν δημοτικῶν. Οὐ μὴν ἅπασί γ´ εἰσῄει καὶ μάλιστα τοῖς πρεσβυτέροις ὀλιγωρία τοῦ πράγματος, ἀλλὰ προσέχειν, μή τι ἀνήκεστον ἡ τοῦ ἀνδρὸς ἐξεργάσηται μανία. VI. Τῇ δ´ ἑξῆς νυκτὶ κοινωσάμενος τοῖς δημάρχοις ὁ Βροῦτος τὴν ἑαυτοῦ γνώμην καὶ παρασκευασάμενος χεῖρα οὐκ ὀλίγην δημοτῶν κατέβαινε μετ´ αὐτῶν εἰς τὴν ἀγοράν· καὶ πρὶν ἡμέραν λαμπρὰν γενέσθαι καταλαβόμενοι τὸ Ἡφαιστεῖον, ἔνθα ἦν ἔθος αὐτοῖς ἐκκλησιάζειν, ἐκάλουν μὲν εἰς ἐκκλησίαν τὸν δῆμον. Πληρωθείσης δὲ τῆς ἀγορᾶς· ὄχλος γὰρ ὅσος οὔπω πρότερον συνῆλθε· παρελθὼν Σικίνιος ὁ δήμαρχος πολὺν μὲν ἐποιήσατο κατὰ τῶν πατρικίων λόγον, ἅπανθ´ ὑπομιμνήσκων ὅσα κατὰ τῶν δημοτικῶν αὐτοῖς ἐπράχθη· ἔπειθ´ ὑπὲρ τῆς παρελθούσης ἡμέρας ἐδίδασκεν, ὡς κεκωλυμένος ὑπ´ αὐτῶν εἴη λόγου τυχεῖν καὶ τὴν ἐξουσίαν τῆς ἀρχῆς ἀφῃρημένος. Τίνος γὰρ ἂν ἔτι γενοίμεθ´, ἔφη, κύριοι τῶν ἄλλων, εἰ μηδὲ τοῦ λέγειν ἐσόμεθα; Πῶς δ´ ἄν τινι ὑμῶν ἀδικουμένῳ πρὸς αὐτῶν βοηθεῖν δυναίμεθα, εἰ τὴν ἐξουσίαν τοῦ συνάγειν ὑμᾶς ἀφαιρεθείημεν; Ἄρχουσι γὰρ δήπου παντὸς ἔργου λόγοι, καὶ οὐκ ἄδηλον, ὅτι οἷς εἰπεῖν ἃ φρονοῦσιν οὐκ ἔξεστιν, οὐδὲ πρᾶξαι ἂν ἐξείη, ἃ βούλονται. Ἢ κομίζεσθ´ οὖν, ἔφη, τὴν ἐξουσίαν, ἣν δεδώκατε ἡμῖν, εἰ μὴ μέλλετε βεβαιοῦν αὐτῇ τἀσφαλές, ἢ νόμῳ γραφέντι κωλύσατε τοὺς ἐμποδὼν ἡμῖν τὸ λοιπὸν ἐσομένους. Τοιαῦτα διαλεχθείς, ἐπικελεύσαντος αὐτῷ τοῦ δήμου μεγάλῃ βοῇ τὸν νόμον εἰσφέρειν, ἔχων αὐτὸν ἤδη γεγραμμένον ἀνεγίνωσκε καὶ ψῆφον δίδωσι τῷ πλήθει περὶ αὐτοῦ παραχρῆμα ἐπενεγκεῖν. Οὐ γὰρ ἐδόκει τὸ πρᾶγμα δεῖσθαι ἀναβολῆς οὐδὲ μελλησμοῦ, μή τι ἄλλο κώλυμα γένηται πρὸς τῶν ὑπάτων. Ἦν δὲ τοιόσδε ὁ νόμος· Δημάρχου γνώμην ἀγορεύοντος ἐν δήμῳ μηδεὶς λεγέτω μηδὲν ἐναντίον μηδὲ μεσολαβείτω τὸν λόγον. Ἐὰν δέ τις παρὰ ταῦτα ποιήσῃ, διδότω τοῖς δημάρχοις ἐγγυητὰς αἰτηθεὶς εἰς ἔκτισιν ἧς ἂν ἐπιθῶσιν αὐτῷ ζημίας. Ὁ δὲ μὴ διδοὺς ἐγγυητὴν θανάτῳ ζημιούσθω, καὶ τὰ χρήματ´ αὐτοῦ ἱερὰ ἔστω. Τῶν δ´ ἀμφισβητούντων πρὸς ταύτας τὰς ζημίας αἱ κρίσεις ἔστωσαν ἐπὶ τοῦ δήμου. Τοῦτον τὸν νόμον ἐπιψηφίσαντες οἱ δήμαρχοι διέλυσαν τὴν ἐκκλησίαν· καὶ ὁ δῆμος ἀπῄει πολλῆς γεγονὼς μεστὸς εὐθυμίας, τῷ δὲ Βρούτῳ μεγάλην χάριν εἰδώς, ἐκείνου δοκῶν εἶναι τὸ ἐνθύμημα τοῦ νόμου. VIII. [7,18] Μετὰ τοῦτο πολλαὶ καὶ περὶ πολλῶν ἐγίνοντο τοῖς δημάρχοις πρὸς τοὺς ὑπάτους ἀντιλογίαι, καὶ οὔθ´ ὁ δῆμος ὁπόσα ἡ βουλὴ ψηφίσαιτο κύρια ἡγεῖτο, οὔθ´ ὧν ὁ δῆμος γνοίη τῇ βουλῇ φίλον τι ἦν· ἀντιπαρατεταγμένοι δὲ καὶ δι´ ὑποψίας ἔχοντες ἀλλήλους διετέλουν. Οὐ μὴν τό γε μῖσος αὐτῶν εἰς ἔργον τι ἀνήκεστον ἐχώρησεν, οἷα ἐν ταῖς τοιαύταις φιλεῖ γίνεσθαι ταραχαῖς. Οὔτε γὰρ οἱ πένητες ἐπὶ τὰς οἰκίας ὥρμησαν τῶν πλουσίων, ἔνθα ὑπελάμβανόν τινας εὑρήσειν ἀποκειμένας τροφάς, ἢ τὴν ἐν τῷ φανερῷ ἀγορὰν ἁρπάζειν ἐπεβάλοντο, ἀλλ´ ὑπομένοντες ὠνεῖσθαι πολλοῦ διαφόρου μικρά, καὶ ὁπότ´ ἐξαπορηθεῖεν ἀργυρίου τὰς ἐκ γῆς ῥίζας τε καὶ βοτάνας σιτούμενοι ἠνείχοντο· οὔθ´ οἱ πλούσιοι βιασάμενοι τοὺς ἀσθενεστέρους τῇ τ´ οἰκείᾳ δυνάμει καὶ τῇ παρὰ τῶν πελατῶν πολλῇ οὔσῃ κατασχεῖν αὐτοὶ τὴν πόλιν ἠξίωσαν τοὺς μὲν ἐξελάσαντες ἐξ αὐτῆς, τοὺς δ´ ἀποκτείναντες, ἀλλὰ διέμενον ὥσπερ οἱ σωφρονέστατα πολιτευόμενοι πρὸς τοὺς υἱοὺς πατέρες εὐνοούσῃ καὶ κηδομένῃ τῇ ὀργῇ πρὸς τὰς ἁμαρτάδας αὐτῶν χρώμενοι. |
I. LES plébéiens qui étaient restés à Rome, devenus plus indociles qu'auparavant ne cessaient de murmurer hautement contre les sénateurs. D'abord ils s'assemblèrent par pelotons et en petit nombre. Bientôt après, à mesure que la famine augmentait, il se forma un gros parti de mécontents, qui couraient en foule à la place publique et appelaient les tribuns à leur secours. Un jour qu'ils étaient tous assemblés, Spurius Icilius alors le chef du collège des tribuns, se trouva parmi eux. Il déclama fortement contre le sénat et n'oublia rien pour le rendre odieux. Il exhorta les autres à dire en pleine assemblée ce qu'ils pensaient: il s'adressa nommément à Brutus et à Sicinnius pour lors édiles, qui avaient été les principaux auteurs de la première révolte du peuple, et qui avaient introduit dans la république la dignité de tribun, dont ils firent les premières fonctions. Ces deux édiles avaient préparé de longue-main des discours malins et artificieux. Ils avancèrent au milieu de l'assemblée, où ils apportèrent des raisons que le peuple écouta avec joie. Ils lui firent entendre que la cherté des vivres n'était causée que par le ressentiment et par la vengeance des riches, qui étaient piqués de ce que le peuple avait recouvré malgré eux la liberté par sa retraite : qu'il s'en fallait bien qu'ils s'en ressentissent autant que les pauvres, qu'ils n'en souffraient même en aucune manière ; et qu'ayant des provisions cachées dans leurs greniers et de l'argent pour acheter les vivres qu'on apportait des pays étrangers, ils étaient en état de se soucier fort peu de la famine, tandis que les plébéiens n'avaient ni l'un ni l'autre : qu'enfin la peuplade qu'ils avaient envoyée dans une ville où l'air était malsain et infecté, allait être exposée à un mal encore plus grand et plus inévitable que le fléau de la famine. Ces harangueurs grossissant le mal autant qu'il leur était possible, s'étendirent fort au long sur les malheurs dont l'état était accablé par la faute des riches. Ils représentèrent au peuple qu'on ne voyait point de fin aux misères publiques. Ils lui remirent devant les yeux les insultes et les outrages qu'il avait autrefois reçus des patriciens, et. rappelant le souvenir du passé ils alléguèrent avec la dernière insolence plusieurs autres faits semblables. Brutus enfin conclut son discours en menaçant hautement que si les plébéiens voulaient le croire, il obligerait bientôt ceux qui avaient causé l'incendie à l'éteindre eux-mêmes. Après cela l'assemblée fut renvoyée. II. LE lendemain les consuls qui appréhendaient que ce commencement de révolte n'allât plus loin, et que les entreprises de Brutus qui sollicitait le peuple par des discours séditieux, ne causassent quelque mal sans remède, jugèrent à. propos de convoquer une assemblée du sénat. Leurs avis et ceux des plus anciens sénateurs furent partagés. Les uns disaient qu'il fallait apaiser les mutins par les voies de la douceur et par de belles promesses : qu'il était essentiel de gagner les chefs des mécontents en leur représentant amiablement le triste état des affaires, afin de les engager à se réunir tous avec les sénateurs pour délibérer de concert sur les intérêts communs. Les autres au contraire étaient d'avis de ne point mollir, et de ne rien accorder à une populace insolente et effrontée, qu'il était important de ne point fomenter la manie insupportable de ses flatteurs audacieux, qu'on n'avait point d'autre chose à répondre au peuple, sinon que les patriciens n'avaient pas attiré sur lui les maux qu'il souffrait, et que le sénat se chargeait d'y remédier autant qu'il lui serait possible: qu'au reste il fallait réprimer les perturbateurs du repos public, en les menaçant des plus rigoureuses punitions s'ils ne cessaient d'entretenir le feu de la division. Appius ouvrit ce dernier avis : ce fut celui qui prévalut, après bien des contestations entre les sénateurs, qui poussèrent leurs disputes si loin, que le peuple épouvanté par leurs cris courut promptement au sénat, toute la ville étant dans l'attente de ce qui en arriverait. III. Les délibérations terminées, sur la fin du jour les consuls assemblèrent le peuple pour lui faire savoir les résolutions du sénat. Mais le tribun les interrompit avec tant d'opiniâtreté, que parlant plusieurs ensemble, ils ne gardaient de part et d'autre ni ordre ni décence dans leurs discours. Tous criaient en même temps, et excitaient un si grand tumulte, que les auditeurs ne pouvaient pas facilement comprendre leurs pensées ni ce qu'ils voulaient dire. Les consuls prétendaient qu'étant les plus élevés en dignité, leur pouvoir s'étendait sur toute la ville. Les tribuns au contraire soutenaient que les assemblées du peuple étaient leur propre district, comme le sénat était celui des consuls, et que toute l'autorité leur appartenait dans les affaires que les plébéiens. avaient droit de juger. La multitude qui était pour ces derniers, poussait de grands cris afin de les encourager, toute prête à en venir aux mains contre les opposants s'il en était besoin. Mais les consuls d'un autre côté étaient soutenus par les patriciens qui s'étaient tous réunis pour défendre leur droit. La dispute s'échauffa beaucoup, et l''obstination à ne point céder de part ni d'autre, fut poussée si loin, que vous eussiez dit que ceux qui auraient eu pour lors le dessous y. devaient être censés avoir cédé leur droit pour l'avenir. IV. DEJA le soleil était sur le point de se coucher, lorsque le peuple sortant des maisons accourut à la place publique : de sorte que si la nuit n'eût terminé le différend, on en fût venu aux coups et jusqu'à se jeter des pierres. Pour empêcher ce désordre, Brutus s'avance au milieu de l'assemblée et prie les consuls de le laisser parler, leur promettant qu'il apaisera la sédition. Alors ceux-ci se persuadant qu'on leur cède la préséance parce que l'orateur ne s'était point adressé aux tribuns quoi qu'ils fussent présents, lui accordent volontiers la permission de s'expliquer. V. TOUTE l'assemblée ayant fait silence, Brutus sans s'arrêter à de longs discours interroge les consuls. « Ne vous souvient-il pas, leur dit-il, que dans notre traité d'accommodement, pour apaiser la sédition, vous accordâtes au peuple que quand les tribuns convoqueraient une assemblée sur quelque affaire que ce put être, les patriciens n'auraient pas droit d'y assister et ne la troubleraient en aucune manière ? Oui, il nous en souvient, répond Geganius. Pourquoi donc, ajoute Brutus, venez-vous ici nous troubler et empêcher les tribuns de dire ce qu'il leur plaît ? C'est, dit Geganius, parce que le peuple n'est pas ici assemblé par leurs ordres, mais par ceux des consuls. Si les tribuns avaient convoqué cette assemblée, ils ne trouveraient point d'empêchement de notre part, et nous ne voudrions pas même nous en mêler en aucune façon. Mais l'ayant convoquée par nous-mêmes, ce n'est pas nous qui empêchons les tribuns de haranguer : mais nous ne voulons pas aussi qu'ils nous en empêchent. Plébéiens, dit alors Brutus, nous avons la victoire : on nous accorde tout ce que nous demandions. Allez vous-en donc présentement, et cessez de disputer : je vous promets de vous faire voir demain toute l'étendue de vos pouvoirs. Et vous, tribuns, cédez maintenant la place aux consuls. Vous ne la leur céderez pas toujours, quand vous saurez une fois les pouvoirs qui font attachés à votre charge, croyez-moi, dans peu de temps vous les connaîtrez. Pour moi je m'engage à vous les faire voir clair comme le jour, et à rendre la fierté de ceux-ci moins insupportable : que si vous trouvez que je vous trompe, vous m'en punirez comme bon vous semblera. » Personne ne s'étant présenté pour répondre aux discours de Brutus, l'assemblée le sépara, et les deux partis se retirèrent, mais avec des pensées bien différentes. Les pauvres se persuadaient que Brutus avait trouvé des moyens efficaces, et que ce n'était pas en vain qu'il promettait de si grandes choses. Les patriciens au contraire méprisaient sa légèreté : ils comptaient bien que des promesses si hardies n'auraient aucun effet, d'autant que le sénat n'avait rien accorde aux tribuns que le pouvoir de secourir les plébéiens quand on leur ferait des injustices. Mais tous n'en pensaient pas de même. Les plus âgés surtout, étaient d'avis qu'il ne fallait pas négliger cette affaire, et qu'on devait prendre garde que la fureur de Brutus ne produisît quelque mauvais effet. VI. La nuit suivante Brutus communique son dessein aux tribuns, il ramasse une bonne escorte de plébéiens; il descend avec eux à la place publique ; dès le point du jour il s'empare du temple de Vulcain, où se tenaient ordinairement les assemblées, et il convoque le peuple. En peu de temps la place publique se remplit de citoyens : il ne s'y était jamais trouvé tant de monde. Alors le tribun Icilius s'avance au milieu de l'assemblée : il fait un long discours contre les patriciens, et après avoir rapporté toutes les rigueurs qu'ils avaient autrefois exercées sur le peuple, il se plaint avec aigreur de ce que le jour précèdent ils l'ont empêche de parler, le dépouillant par ce moyen des pouvoirs attachés à sa dignité. « Quelle autorité aurons-nous déformais, ajouta-t-il, si on ne nous laisse pas même la liberté de parler ? Comment pourrons-nous protéger le peuple contre les injustices des patriciens, si on nous ôte le pouvoir de vous assembler ? C'est par la parole qu'on commence toutes les affaires : et n'est-il pas évident que ceux à qui on ne permet point de dire ce qu'ils pensent, ne peuvent pas non plus exécuter ce qu'ils veulent ? Reprenez donc, dit-il, les pouvoirs que vous nous avez donnés, si vous ne voulez pas nous en faire jouir en toute sûreté : ou bien, faites une loi qui défende à qui que ce soit de nous inquiéter dans la fuite. » Après ce discours, le peuple lui cria à haute voix qu'il n'avait qu'à faire lui même cette loi. Icilius l'avait déjà écrite d'avance il en fit la lecture, et pria l'assemblée de donner ses suffrages pour la confirmer sur le champ, parce que l'affaire ne pouvait souffrir aucun retardement, et qu'il y avait à craindre que les consuls n'y formassent quelque opposition. La loi était conçue en ces termes. « Quand le tribun dira son avis et qu'il parlera dans les assemblées du peuple, que personne ne le contredise ni ne l'interrompe dans ses discours. Si quelqu'un va contre cette loi, qu'il donne caution aux tribuns comme il promet de payer l'amende à laquelle ils le condamneront. Que celui qui ne donnera pas caution, soit puni de mort et que ses biens soient confisqués. S'il arrive quelque différend au sujet des amendes imposées aux contrevenant, que le peuple en soit le juge. » Les tribuns ayant fait confirmer la loi, renvoyèrent l'assemblée. Le peuple s'en retourna plein de joie et de reconnaissance envers Brutus, persuadé qu'il était le seul inventeur de cette loi et que toute la gloire lui en était due. VIII. CE nouvel établissement fut suivi de grandes disputes entre les tribuns et les consuls sur différentes affaires. Le peuple ne voulait point confirmer les arrêts du sénat, et le sénat refusait d'approuver les plébiscites ou ordonnances du peuple qui ne lui plaisaient-pas. Parmi ces contestations qui durèrent quelque temps, on était continuellement en garde, et. les deux partis ne vivaient que dans les soupçons et dans la défiance. Leur haine néanmoins ne causa aucun de ces malheurs terribles qui arrivent ordinairement pendant les troubles. Les pauvres ne forcèrent point les maisons des riches où ils auraient pu espérer de trouver quelques provisions cachées : et même ils ne firent pas la moindre tentative pour piller les vivres qu'on vendait publiquement dans les marchés. Ils portaient leur mal avec patience : ils vivaient d'un peu de nourriture qu'ils achetaient fort cher, et quand l'argent leur manquait, ils cherchaient des herbes et des racines dont ils se contentaient, pour apaiser leur faim. Les riches de leur côté ne se servirent point de leurs forces domestiques ni de celles de leurs clients, quoique fort grandes, pour égorger une partie des pauvres et chasser le reste par violence, afin de rester les seuls maitres de la ville : mais comme de bons pères usent de modération envers leurs enfants qui ont manqué en quelque chose, ils se comportaient avec tant de politique et de sagesse à l'égard du peuple, qu'ils lui faisaient sentir les effets de leur colère sans la pousser trop loin. |
I. Plusieurs citoyens sortent de Rome pour s'établir ailleurs. II. L'armée Romaine fait une campagne sous le commandement de Marcius ; elle enlève beaucoup de butin. |
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I. Τοιαύτης δὲ καταστάσεως οὔσης περὶ τὴν Ῥώμην αἱ πλησιόχωροι πόλεις ἐκάλουν τοὺς βουλομένους οἰκεῖν παρὰ σφίσι Ῥωμαίων πολιτείας τε μεταδόσει καὶ ἄλλων φιλανθρώπων ἐλπίσιν ὑπαγόμεναι, αἱ μὲν ἀπὸ τοῦ βελτίστου δι´ εὔνοιάν τε καὶ ἔλεον τῆς συμφορᾶς, αἱ δὲ πλείους διὰ φθόνον τῆς πάλαι ποτὲ εὐτυχίας. Καὶ ἦσαν οἱ ἀπαναστάντες πανοικεσίᾳ καὶ μεταθέμενοι τὰς οἰκήσεις ἑτέρωσε πολλοὶ πάνυ· ὧν οἱ μὲν ἀνέστησαν αὖθις, ἐπειδὴ κατέστη τὰ πράγματα τῆς πόλεως, οἱ δὲ καὶ διέμειναν. II. [7,19] Ταῦτα δ´ ὁρῶσι τοῖς ὑπάτοις ἐδόκει τῆς βουλῆς ἐπιτρεπούσης στρατοπέδου ποιεῖσθαι καταγραφὴν καὶ ἐξάγειν ἔξω τὴν δύναμιν· εἰλήφεσαν δ´ ἀφορμὴν τῷ ἐγχειρήματι πρέπουσαν ἐπιδρομάς τε καὶ λεηλασίας κακουμένης τῆς χώρας ὑπὸ τῶν πολεμίων θαμινά, τά τ´ ἄλλα, ὅσα ἐκ τοῦ πράγματος χρηστὰ ἦν, ἐπιλογιζομένοις, ὑπερορίου στρατιᾶς ἐκπεμφθείσης ὡς εὐπορωτέρᾳ μὲν ἕξουσι τῇ ἀγορᾷ χρῆσθαι οἱ ὑπολειφθέντες ἐλάττους γενόμενοι, ἐν ἀφθονωτέροις δὲ διάξουσι τοῖς ἐπιτηδείοις οἱ τὰ ὅπλα ἔχοντες ἐκ τῶν πολεμίων ἐπισιτιζόμενοι, λωφήσει δ´ ἡ στάσις, ὅσον ἂν ἡ στρατεία κατέχῃ χρόνον· μάλιστα δ´ ἐφαίνετο ἔργῳ βεβαιώσειν αὐτῶν τὰς διαλλαγὰς συστρατευόντων ἀλλήλοις πατρικίων καὶ δημοτῶν ἡ γενησομένη παρὰ τοὺς κινδύνους κακῶν τε καὶ ἀγαθῶν ἰσομοιρία. Ἀλλ´ οὐκ ἦν τὸ πλῆθος ὑπήκοον αὐτοῖς οὐδ´ ὥσπερ πρότερον ἑκούσιον ὑπήντα πρὸς τὴν καταγραφήν· ἀνάγκην δὲ προσφέρειν τοῖς μὴ βουλομένοις οὐκ ἐδικαίουν τὴν ἐκ τῶν νόμων οἱ ὕπατοι· ἀλλ´ ἐκ τῶν πατρικίων ἐθέλονταί τινες κατεγράφησαν ἅμα τοῖς πελάταις, καὶ αὐτοῖς ἐξιοῦσιν ὀλίγον τι ἀπὸ τοῦ δήμου μέρος συνεστράτευεν. Ἡγεμὼν δὲ τῶν ἐξελθόντων ἦν Γάιος Μάρκιος ὁ τὴν Κοριολάνων πόλιν ἑλὼν κἂν τῇ πρὸς Ἀντιάτας ἀριστεύσας μάχῃ, καὶ οἱ πλεῖστοι τῶν ἀραμένων τὰ ὅπλα δημοτῶν τοῦτον ἐξιόντα ὁρῶντες ἐπερρώσθησαν, οἱ μὲν δι´ εὔνοιαν, οἱ δὲ τοῦ κατορθώσειν ἐλπίδι· περιβόητος γὰρ ἦν ἤδη ὁ ἀνήρ, καὶ δέος αὐτοῦ μέγα παρὰ τοῖς πολεμίοις ἐγεγόνει. Αὕτη προελθοῦσα ἡ στρατιὰ μέχρι πόλεως Ἀντίου δίχα πόνου σίτου πολλοῦ καταληφθέντος ἐν τοῖς ἀγροῖς καὶ ἀνδραπόδων καὶ βοσκημάτων συχνῶν ἐγκρατὴς ἐγένετο, καὶ μετ´ οὐ πολὺ παρῆν εὐπορωτέρα γεγονυῖα τοῖς κατὰ τὸν βίον, ὥστε τοῖς ὑπομείνασι πολλὴν κατήφειαν καὶ κατάμεμψιν τῶν δημαγωγῶν ἐμπεσεῖν, δι´ οὓς ἀποστερεῖσθαι ἐδόκουν τῆς ὁμοίας εὐτυχίας. Ὁ μὲν δὴ Γεγάνιος καὶ Μηνύκιος οἱ τοῦτον τὸν ἐνιαυτὸν ὑπατεύοντες ἐν μεγάλοις καὶ παντοδαποῖς χειμῶσι γενόμενοι καὶ πολλάκις ἀνατρέψαι κινδυνεύσαντες τὴν πόλιν οὐθὲν δεινὸν εἰργάσαντο, ἀλλὰ διέσωσαν τὰ κοινὰ φρονιμώτερον μᾶλλον ἢ εὐτυχέστερον τοῖς συμβαίνουσι χρησάμενοι.
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I. PENDANT que les affaires de Rome éraient dans un si triste état, les habitants des villes voisines invitaient les Romains à s'établir chez eux s'ils voulaient, leur promettant le droit de bourgeoisie et toutes sortes de bons offices pour les attirer. Quelques-unes de ces villes le faisaient de bon cœur, par amitié pour le peuple Romain et par compassion de ses malheurs. Mais dans la plupart ces offres n'étaient que l'effet de la jalousie qu'elles avaient de sa félicité passée. Il y eut néanmoins un grand nombre de citoyens qui sortirent de Rome avec toutes leurs familles pour aller s'établir ailleurs. Les uns en revinrent après que les troubles furent pacifiés, les autres restèrent pour toujours dans leur nouvel établissement. II. Dans ces circonstances, les consuls résolurent du consentement des sénateurs de lever des troupes et de mettre une armée en campagne Les fréquentes courses et les ravages que les ennemis faisaient sur leurs terres, leur en fournissaient un prétexte honnête et plausible : d'ailleurs ils prévoyaient que cette expédition produirait plusieurs grands avantages. En prenant le parti d'envoyer l'armée hors du pays, le nombre des citoyens diminuant considérablement à Rome, il fallait nécessairement que la cherté diminuât aussi. Ceux qu'on destinait à porter les armes, ne pouvaient pas manquer de provisions, le pays ennemi leur en fournissait en abondance, sans qu'ils fussent à charge à leur patrie. D'un autre côté on le flattait que les séditions se calmeraient de plus en plus tant que durerait la guerre, et il y avait toute apparence que ce serait un moyen très efficace pour affermir la réconciliation des patriciens avec les plébéiens, s'ils faisaient la campagne ensemble pour partager les mêmes dangers et les mêmes avantages dans les travaux de la guerre. Mais le peuple n'écoutait pas toutes ces raisons : et refusait d'obéir aux consuls ; il ne s'offrait point volontiers, comme autrefois, pour s'enrôler, et d'ailleurs les consuls ne voulaient contraindre personne par la force des lois. Il n'y eut que quelques patriciens qui donnèrent leur nom de bonne volonté avec leurs clients, et une petite partie du peuple qui se joignit à eux lorsqu'ils furent sur le point de commencer la campagne. Leur commandant était Caius Marcius qui avait pris la ville de Coriole, et qui s'était distingué par sa bravoure dans la bataille contre les Antiates. La plupart des plébéiens qui avaient pris parti, étaient ravis de l'avoir pour chef, les uns par affection pour lui, les autres par l'espérance de bien réussir et de vaincre sous ses étendards : car sa réputation s'étendait déjà fort loin, et il était devenu la terreur des ennemis. L'armée s'avança jusqu'à la ville d'Antium. Elle prit un grand nombre d'esclaves et de bestiaux, outre une grande quantité de blé qu'elle trouva dans les campagnes, et elle revint en peu de temps toute chargée de provisions de bouche, en sorte que ceux qui étaient restés à Rome furent très chagrins de n'avoir pas fait la campagne, murmurant même ouvertement contre les tribuns qui semblaient les avoir privés d'un si grand bonheur. C'est ainsi que les consuls Geganius et Minucius achevèrent leur temps, après avoir essuyé les plus rudes tempêtes, et avoir mis plusieurs fois la république à deux doigts de sa perte. Au milieu des périls dont on était menacé, ils surent garantir la ville de Rome des plus grands malheurs, et. si la fortune ne leur fut pas favorable, leur prudence répara dans toutes les occasions ce qui manquait à leur bonheur. |
I. Dix-neuvième consulat. On apporte des provision à Rome. II. On délibère si on doit les distribuer au peuple. Marcius ennemi déclaré des plébéiens, et pourquoi., III. Assemblée du sénat. Discours de Marcius contre le peuple. IV. Qu'il faut réprimer l'insolence des plébéiens. V. Qu'ils ont violé le traité de réconciliation. VI. Qu'il faut leur vendre les vivres très cher. VII. Les uns approuvent le discours de Marcius, les autres le blâment. VIII. Les tribuns citent Marcius au tribunal du peuple. IX. Il refuse de comparaître et use même de violence. X. Assemblée du peuple ; les tribuns déclament contre Marcius et contre le sénat. XI. Discours du consul Minucius au peuple ; que le sénat n'est pas cause des maux qu'il souffre. XII. Que les tribuns accusent faussement les patriciens etc. XIII. Qu'il ne leur appartient pas de juger Marcius. XIV. Qu'en considération du sénat le peuple doit lui pardonner etc., XV. Le tribun Sicinnius Bellutus irrite le peuple etc. XVI. Discours de Bellutus à Marcius. XVII. Marcius lui répond fièrement devant tout le peuple. XVIII. Bellutus le condamne à mort. XIX. Lis patriciens empêchent l'exécution de la sentence. Sicimius renvoie l'assemblée du peuple. |
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I. [7,20] Οἱ δὲ μετ´ αὐτοὺς ἀποδειχθέντες ὕπατοι Μάρκος Μηνύκιος Αὐγουρῖνος καὶ Αὖλος Σεμπρώνιος Ἀτρατῖνος δεύτερον καταστάντες ἐπὶ τὴν ἀρχήν, ἄνδρες οὔθ´ ὅπλων οὔτε λόγων ἄπειροι, προνοίᾳ μὲν ἐχρήσαντο πολλῇ σίτου τε καὶ τῆς ἄλλης ἀγορᾶς ἐμπλῆσαι τὴν πόλιν, ὡς ἐν τῇ κατ´ αὐτὴν εὐετηρίᾳ τῆς ὁμονοίας τοῦ πλήθους κειμένης· οὐ μὴν ἐξεγένετό γ´ αὐτοῖς ἀμφοτέρων ἅμα τούτων τυχεῖν, ἀλλὰ συνεισῆλθεν ἅμα τῷ κόρῳ τῶν ἀγαθῶν ἡ τῶν χρησαμένων αὐτοῖς ὕβρις. Καὶ τότε δὴ μέγιστος κατέλαβε τὴν Ῥώμην κίνδυνος ἐξ ἀρχῆς, ὅτε ἥκιστ´ ἐδόκει. Οἵ τε γὰρ ἐπὶ τὴν σιτωνίαν ἀποσταλέντες ὑπ´ αὐτῶν πρέσβεις πολὺν ἐκ τῶν παραθαλαττίων τε καὶ μεσογείων ἐμπορίων σῖτον ὠνησάμενοι κατήγαγον δημοσίᾳ, οἵ τε διαμείβεσθαι τὰς ἀγορὰς εἰωθότες ἐκ παντὸς τόπου συνῆλθον, παρ´ ὧν ἡ πόλις ὠνησαμένη τὸν φόρτον ἐκ τῶν κοινῶν χρημάτων εἶχεν ἐν φυλακῇ. Ἦλθον δὲ καὶ οἱ πρότερον ἀποσταλέντες πρέσβεις εἰς Σικελίαν Γεγάνιος καὶ Οὐαλέριος πολλὰς ἄγοντες ὁλκάδας, ἐν αἷς ἐκομίζοντο πυρῶν πέντε μυριάδες μεδίμνων Σικελικῶν, ὧν τὸ μὲν ἥμισυ μέρος ὠνητὸν ἦν βραχείας πάνυ τιμῆς, τὸ δὲ λοιπὸν ὁ τύραννος ἀπεστάλκει προῖκα δοὺς καὶ τέλεσι παρακομίσας τοῖς ἰδίοις. II. Ὡς δ´ ἀπηγγέλθη τοῖς ἐν τῇ πόλει ὁ κατάπλους τῶν σιτηγῶν ὁλκάδων τῶν ἀπὸ Σικελίας, πολλὴ ζήτησις ἐνέπιπτε τοῖς πατρικίοις ὑπὲρ τῆς διαθέσεως αὐτοῦ. Οἱ μὲν γὰρ ἐπιεικέστατοι αὐτῶν καὶ φιλοδημότατοι πρὸς τὰς κατεχούσας τὸ κοινὸν ἀνάγκας ἀποβλέποντες τήν τε παρὰ τοῦ τυράννου δωρεὰν παρῄνουν ἅπασαν διανεῖμαι τοῖς δημοτικοῖς, καὶ τὸν ὠνηθέντα ἐκ τῶν δημοσίων χρημάτων σῖτον ὀλίγης αὐτοῖς ἀπεμπολῆσαι τιμῆς, διδάσκοντες ὡς ἐκ τούτων ἂν γένοιντο μάλιστα τῶν χαρίτων ἐπιεικέστεραι πρὸς τοὺς εὐπόρους αἱ τῶν πενήτων ὀργαί· οἱ δ´ αὐθαδέστεροι καὶ ὀλιγαρχικώτεροι πάσῃ προθυμίᾳ τε καὶ μηχανῇ κακοῦν ᾤοντο δεῖν τοὺς δημοτικοὺς καὶ συνεβούλευον τιμίας ὡς ἔνι μάλιστα ποιεῖν αὐτοῖς τὰς ἀγοράς, ἵνα σωφρονέστεροι διὰ τὴν ἀνάγκην γένοιντο καὶ πρὸς τὰ λοιπὰ τῆς πολιτείας δίκαια νομιμώτεροι. [7,21] Τούτων ἦν τῶν ὀλιγαρχικῶν καὶ ὁ Μάρκιος ἐκεῖνος ὁ Κοριολάνος ἐπικληθείς, οὐχ ὥσπερ οἱ λοιποὶ κρύφα καὶ δι´ εὐλαβείας τὴν ἑαυτοῦ γνώμην ἀποφαινόμενος, ἀλλ´ ἄντικρυς καὶ θρασέως, ὥστε πολλοὺς ἀκοῦσαι καὶ τῶν δημοτικῶν. Εἶχε γάρ τινας ἔξω τῶν κοινῶν ἐγκλημάτων καὶ ἰδίας προφάσεις νεωστὶ γενομένας, ἐξ ὧν εἰκότως ἐδόκει μισεῖν τοὺς δημοτικούς. Ὑπατείαν γὰρ αὐτῷ μετιόντι ταῖς ἔγγιστα γενομέναις ἀρχαιρεσίαις καὶ τοὺς πατρικίους ἔχοντι συναγωνιζομένους ὁ δῆμος ἐναντιωθεὶς οὐκ εἴασε δοῦναι τὴν ἀρχὴν τήν τε λαμπρότητα τοῦ ἀνδρὸς καὶ τὴν τόλμαν δι´ εὐλαβείας ἔχων, μή τι διὰ ταῦτα νεωτερίσῃ περὶ τὴν τῶν δημάρχων κατάλυσιν, καὶ μάλιστα δεδιώς, ὅτι συνελάμβανεν αὐτῷ πάσῃ προθυμίᾳ τὸ τῶν πατρικίων πλῆθος ὡς οὐδενὶ τῶν πρότερον. Ταύτης τ´ οὖν τῆς ὕβρεως ὀργῇ ἐπαρθεὶς ὁ ἀνὴρ καὶ τὴν μεταβολὴν τοῦ πολιτεύματος εἰς τὸν ἐξ ἀρχῆς κόσμον ἀποκαταστῆσαι προθυμούμενος αὐτός τ´ ἀναφανδόν, ὥσπερ καὶ πρότερον ἔφην, ἔπραττε τὴν τοῦ δήμου κατάλυσιν, καὶ τοὺς ἄλλους ἐνῆγεν. III. Ἦν δὲ περὶ αὐτὸν ἑταιρία μεγάλη νέων εὐγενῶν, οἷς ἦν τὰ μέγιστα τιμήματα βίων καὶ πελάται συχνοὶ συνεστηκότες ἐπὶ ταῖς ἐκ τῶν πολέμων ὠφελείαις· οἷς ἐπαιρόμενος ἐφρυάττετο καὶ λαμπρὸς ἦν καὶ προῆλθεν ἐπὶ μήκιστον ἐπιφανείας. Οὐ μὴν εὐτυχοῦς γε διὰ ταῦτα καταστροφῆς ἔτυχε· συναχθείσης γὰρ ὑπὲρ τούτων βουλῆς καὶ τῶν πρεσβυτέρων, ὡς ἔθος ἦν αὐτοῖς, πρώτων ἀποφηναμένων τὰς ἑαυτῶν διανοίας, ἐν οἷς οὐ πολλοί τινες ἦσαν οἱ τὰς κατὰ τοῦ δήμου γνώμας ἄντικρυς ἀγορεύσαντες, ἐπειδὴ καθῆκεν εἰς τοὺς νεωτέρους ὁ λόγος, αἰτησάμενος ἐξουσίαν παρὰ τῶν ὑπάτων εἰπεῖν ὅσα βούλεται, καὶ τυχὼν ἐπισημασίας τε μεγάλης καὶ προσοχῆς λόγον διεξῆλθε κατὰ τοῦ δήμου τοιόνδε. IV. [7,22] Ὅτι μὲν οὐχ ὑπ´ ἀνάγκης τε καὶ ἀπορίας βιασθεὶς ὁ δῆμος ἐποιήσατο τὴν ἀπόστασιν, ὦ πατέρες, ἀλλὰ πονηρᾷ ἐλπίδι ἐπαρθεὶς ὡς καταλύσων τὴν ἀριστοκρατίαν ὑμῶν καὶ πάντων αὐτὸς ἐσόμενος τῶν κοινῶν κύριος, σχεδὸν οἶμαι πάντας ὑμᾶς ᾐσθῆσθαι τὰ περὶ τὰς διαλλαγὰς αὐτοῦ πλεονεκτήματα ὁρῶντας· ᾧ γ´ οὐκ ἀπέχρησε διαφθείραντι τὴν περὶ τὰ συμβόλαια πίστιν καὶ τοὺς ἐπὶ ταύτῃ κειμένους ἀνελόντι νόμους μηθὲν ἄλλο πολυπραγμονεῖν, καινὴν δὲ καταστησάμενος ἀρχὴν ἐπὶ τῷ καθελεῖν τὴν τῶν ὑπάτων ἱερὰν καὶ ἄσυλον ἐποίησεν αὐτὴν νόμῳ, καὶ νῦν τυραννικὴν ἐξουσίαν περιβαλλόμενος, ὦ βουλή, τῷ νεωστὶ κυρωθέντι νόμῳ λέληθεν ὑμᾶς. Ὅταν γὰρ ἐπ´ ἐξουσίας πολλῆς οἱ προεστηκότες αὐτοῦ πρόφασιν εὐπρεπῆ προβαλλόμενοι τὸ δὴ τοῖς ἀδικουμένοις τῶν δημοτῶν βοηθεῖν διὰ τῆς ἐξουσίας ταύτης ἄγωσι καὶ φέρωσιν, ὅς´ ἂν αὐτοῖς δοκῇ, καὶ μηθεὶς ὁ κωλύσων τὰς παρανομίας αὐτῶν ᾖ, μήτ´ ἰδιώτης μήτ´ ἄρχων δεδοικὼς τὸν νόμον, ὃς ἀφαιρεῖται καὶ τὸν λόγον ἡμῶν ἅμα τοῖς ἔργοις θάνατον ἐπιτιθεὶς ζημίαν τοῖς ἐλευθέραν φωνὴν ἀφιεῖσι, τί προσῆκεν ὄνομα θέσθαι τῇ δυναστείᾳ ταύτῃ τοὺς νοῦν ἔχοντας ἕτερον, ἢ τοῦθ´, ὅπερ ἐστὶν ἀληθὴς καὶ πάντες ἂν ὁμολογήσετε, τυραννίδα; Εἰ δ´ οὐχ ὑφ´ ἑνὸς ἀνδρός, ἀλλ´ ὑφ´ ὅλου τυραννούμεθα δήμου, τί τοῦτο διαφέρει; Τὸ γὰρ ἔργον ἐξ ἀμφοῖν ταὐτό. Κράτιστον μὲν οὖν ἦν μηδὲ τὸ σπέρμα τῆς ἐξουσίας ταύτης ἐᾶσαι καταβαλλόμενον, ἀλλὰ πάντα ὑπομεῖναι πρότερον, ὡς Ἄππιος ὁ βέλτιστος ἐκ πολλοῦ τὰ δεινὰ προορώμενος ἠξίου, εἰ δὲ μή, νῦν γ´ ὁμοθυμαδὸν ἅπαντας ἐξορύξαντας αὐτὴν πρόρριζον ἐκ τῆς πόλεως ἐκβαλεῖν, ἕως ἀσθενής ἐστι καὶ προσπολεμηθῆναι ῥᾳδία. Καὶ τοῦτ´ οὐ πρώτοις ἡμῖν, ὦ βουλή, οὐδὲ μόνοις ἐξεγένετο παθεῖν, πολλοῖς δὲ καὶ πολλάκις ἤδη τοῖς εἰς ἀβουλήτους ἀνάγκας καταστᾶσι γνώμης ἁμαρτοῦσι τῆς ἀρίστης περὶ τὰ μέγιστα, ἐπειδὴ τὰς ἀρχὰς οὐκ ἐκώλυσαν τοῦ κακοῦ, τὰς αὐξήσεις πειρᾶσθαι καθαιρεῖν· καὶ ἡ μετάνοια τῶν ὀψὲ ἀρχομένων σωφρονεῖν ἥττων οὖσα τῆς προνοίας, καθ´ ἕτερον αὖ τρόπον οὐ χείρων οὖσα ἀναφαίνεται τῇ κωλύσει τοῦ τέλους ἀφανίζουσα τὸ ἐν τῇ ἀρχῇ ἀγνοηθέν. V. [7,23] Εἰ δέ τισιν ὑμῶν δεινὰ μὲν τὰ τοῦ δήμου ἔργα εἶναι δοκεῖ, καὶ κωλύεσθαι αὐτὸν οἴονται δεῖν τὰ λοιπὰ ἐξαμαρτάνοντα, δέος δ´ εἰσέρχεται, μὴ δόξωσι λύειν τὰς ὁμολογίας πρότεροι καὶ παραβαίνειν τοὺς ὅρκους, γνώτωσαν, ὅτι οὐκ ἄρχοντες, ἀλλ´ ἀμυνόμενοι, οὐδ´ ἀναιροῦντες τὰς ὁμολογίας, ἀλλὰ τοὺς ἀνῃρηκότας τιμωρούμενοι {αὐτὸ δρῶσιν}, ἀναίτιοί τε πρὸς θεοὺς ἔσονται καὶ ἐπὶ τῷ σφετέρῳ συμφέροντι τὰ δίκαια πράξουσι. Μέγα δ´ ὑμῖν γενέσθω τεκμήριον, ὅτι τοῦ λύειν τὰς ὁμολογίας καὶ παρασπονδεῖν οὐχ ὑμεῖς, ἀλλὰ τὸ δημοτικὸν ἄρχει μέρος οὐκ ἀξιοῦν ἐμμένειν, ἐφ´ οἷς εὕρετο τὴν κάθοδον· οὐ γὰρ ἐπὶ τῷ κακῶς δρᾶσαι τὴν βουλήν, ἀλλ´ ἐπὶ τῷ μὴ ὑπ´ ἐκείνης κακοῦσθαι τὴν τῶν δημάρχων ἐξουσίαν ᾐτήσατο. Χρῆται δ´ αὐτῇ οὐκέτι εἰς ἃ δεῖ οὐδ´ ἐφ´ οἷς εὕρετο, ἀλλ´ ἐπὶ διαφθορᾷ καὶ συγχύσει τῆς πατρίου πολιτείας. Μέμνησθε γὰρ δήπου τὴν νεωστὶ γενομένην ἐκκλησίαν καὶ τοὺς ὑπὸ τῶν δημαγωγῶν ῥηθέντας ἐν αὐτῇ λόγους, ὅσην ἐπεδείξαντο αὐθάδειάν τε καὶ ἀκοσμίαν, καὶ νῦν, ἐφ´ οἵου εἰσὶν αὐχήματος οἱ μηδὲν ὑγιὲς φρονοῦντες, ἐπειδὴ ἔγνωσαν, ὡς ἐν τῇ ψήφῳ ἐστὶν ἅπαν τὸ τῆς πόλεως κράτος, ἧς αὐτοὶ κρατήσουσι πλείους ἡμῶν ὄντες. Τί οὖν καταλείπεται ποιεῖν ἡμῖν ἀρξάντων ἐκείνων παρασπονδεῖν καὶ παρανομεῖν, εἰ μὴ τὸ ἀμύνεσθαι τοὺς ἄρξαντας, καὶ ἃ τέως ἀδίκως ἔχουσιν ἀφελέσθαι σὺν δίκῃ, καὶ εἰς τὸ λοιπὸν παῦσαι πλειόνων ἐφιεμένους· χάριν εἰδότας τοῖς θεοῖς, ὅτι οὐκ εἴασαν αὐτοὺς τὰ πρῶτα πλεονεκτήσαντας εἰς τὰ λοιπὰ σωφρονεῖν, ἀλλὰ ταύτην ἐνέβαλον αὐτοῖς τὴν ἀναισχυντίαν τε καὶ πολυπραγμοσύνην, ὑφ´ ἧς ὑμεῖς ἀναγκασθέντες τά τ´ ἀπολωλότα πειρᾶσθε ἀναλαβεῖν, καὶ τὰ λοιπὰ δι´ ἧς προσῆκε φυλακῆς λαβεῖν. VI. [7,24] Καιρὸς δ´ ὁ παρὼν οἷος οὐχ ἕτερος, εἴπερ γ´ ἄρχεσθαι μέλλετε σωφρονεῖν, ἐν ᾧ κεκάκωται αὐτῶν τὸ πλεῖστον μέρος ὑπὸ τοῦ λιμοῦ, καὶ τὸ λοιπὸν οὐκ ἂν ἔτι δύναιτο πολὺν ἀντισχεῖν χρόνον ὑπ´ ἀχρηματίας, εἰ σπανίους τε καὶ τιμίας ἔχοι τὰς ἀγοράς· ἀναγκασθήσονται δ´ οἱ μὲν κάκιστοι καὶ οὐδέποτε τῇ ἀριστοκρατίᾳ χαίροντες ἐκλιπεῖν τὴν πόλιν, οἱ δ´ ἐπιεικέστεροι πολιτεύεσθαι κοσμίως μηθὲν ἔτι ἐνοχλοῦντες ὑμῖν. Τάς τ´ οὖν ἀγορὰς διὰ φυλακῆς ἔχετε, καὶ τῆς τιμῆς τῶν ὠνίων μηθὲν ἀνίετε, ἀλλ´ ὅσου πλείστου ποτὲ ἦν τὰ ὤνια, τοσούτου καὶ νῦν αὐτὰ πωλεῖν ψηφίσασθε δικαίας ἀφορμὰς ἔχοντες καὶ προφάσεις εὐλόγους τήν τ´ ἀχάριστον τοῦ δήμου καταβοήν, ὡς ὑφ´ ἡμῶν κατασκευασθείσης τῆς σιτοδείας, ἣ διὰ τὴν ἀπόστασιν τὴν ἐκείνων ἐγένετο καὶ τὴν καταφθοράν, ἣν ἐποιήσαντο, τῆς γῆς, ἄγοντες αὐτὴν καὶ φέροντες ὥσπερ πολεμίαν, καὶ τὰς ἐξαιρεθείσας ἐκ τοῦ δημοσίου δαπάνας εἰς τοὺς ἀποσταλέντας ἐπὶ τὴν σιτωνίαν ἄνδρας, καὶ ἄλλα πολλά τιν´, ἃ ἠδίκησθε ὑπ´ αὐτῶν· ἵνα καὶ γνῶμεν ἤδη, τί ποτ´ ἐστὶν ἐκεῖνο τὸ δεινόν, ὃ διαθήσουσιν ἡμᾶς, ἂν μὴ ποιῶμεν ἅπαντα τῷ δήμῳ τὰ καθ´ ἡδονάς, ὡς οἱ δημαγωγοὶ αὐτῶν δεδιττόμενοι ἔλεγον. Εἰ δ´ ἀφήσετε καὶ τοῦτον ἐκ τῶν χειρῶν τὸν καιρόν, πολλάκις εὔξεσθε τοιούτου τυχεῖν ἑτέρου· καὶ εἰ γνοίη τοῦθ´ ὁ δῆμος, ὅτι βουληθέντες καταλύειν αὐτοῦ τὴν ἰσχὺν ἀπετράπεσθε, πολὺ μᾶλλον ὑμῖν βαρὺς ἐγκείσεται, πολέμιον μὲν τὸ βουλόμενον ὑμῶν ἡγούμενος, δειλὸν δὲ τὸ μὴ δυνάμενον. VII. [7,25] Τοιαῦτ´ εἰπόντος τοῦ Μαρκίου διέστησαν αἱ γνῶμαι τῶν συνέδρων, καὶ θόρυβος ἐν αὐτοῖς ἐγίνετο πολύς. Οἱ μὲν γὰρ ἐξ ἀρχῆς ἐναντίοι τοῖς δημοτικοῖς καὶ τὰς διαλλαγὰς παρὰ γνώμην ὑπομείναντες, ἐν οἷς ἥ τε νεότης ὀλίγου δεῖν πᾶσα ἦν καὶ τῶν πρεσβυτέρων οἱ πλουσιώτατοί τε καὶ φιλοτιμότατοι, βαρέως φέροντες οἱ μὲν ἐπὶ ταῖς περὶ τὰ συμβόλαια βλάβαις, οἱ δ´ ἐπὶ τῇ περὶ τὰς τιμὰς ἐλαττώσει ἐπῄνουν τὸν ἄνδρα ὡς γενναῖον καὶ φιλόπολιν καὶ τὰ κράτιστα τῷ κοινῷ λέγοντα· οἱ δὲ δημοτικὰς ἔχοντες τὰς προαιρέσεις τῶν τρόπων καὶ τὸν πλοῦτον οὐ πέρα τοῦ δέοντος ἐκτετιμηκότες τῆς τ´ εἰρήνης οὐδὲν ἀναγκαιότερον ὑπολαμβάνοντες ἤχθοντο τοῖς λεγομένοις ὑπ´ αὐτοῦ καὶ τὴν γνώμην οὐ προσίεντο· ἠξίουν τε μὴ τοῖς βιαίοις, ἀλλὰ τοῖς εὐγνώμοσι περιεῖναι τῶν ταπεινοτέρων, μηδ´ ἀπρεπές, ἀλλ´ ἀναγκαῖον ἡγεῖσθαι τὸ ἐπιεικές, ἄλλως τε καὶ πρὸς τοὺς συμπολιτευομένους ἐπ´ εὐνοίᾳ γινόμενον· μανίαν τ´ ἀπέφαινον αὐτοῦ τὴν συμβουλήν, οὐ παρρησίαν οὐδὲ ἐλευθερίαν. Βραχὺ μὲν οὖν τοῦτο τὸ μέρος καὶ ἀσθενὲς ὂν περιεωθεῖτο ὑπὸ τοῦ βιαιοτέρου. VIII. Ταῦτα δ´ ὁρῶντες οἱ δήμαρχοι· παρῆσαν γὰρ τῷ συνεδρίῳ παρακληθέντες ὑπὸ τῶν ὑπάτων· ἐβόων τε καὶ ἤσπαιρον καὶ τὸν Μάρκιον λυμεῶνα καὶ ὄλεθρον τῆς πόλεως ἀπεκάλουν πονηροὺς διεξιόντα κατὰ τοῦ δήμου λόγους, καὶ εἰ μὴ κωλύσειαν αὐτὸν οἱ πατρίκιοι πόλεμον ἐμφύλιον εἰς τὴν πόλιν εἰσάγοντα θανάτῳ ζημιώσαντες ἢ φυγῇ, αὐτοὶ ποιήσειν τοῦτ´ ἔλεγον. Θορύβου δ´ ἔτι πλείονος ἐπὶ τοῖς λόγοις τῶν δημάρχων γενομένου, καὶ μάλιστ´ ἐκ τῶν νεωτέρων τὰς ἀπειλὰς δυσανασχετούντων ἐπαρθεὶς τούτοις ὁ Μάρκιος αὐθαδέστερον ἤδη καθήπτετο τῶν δημάρχων καὶ θρασύτερον· Εἰ μὴ παύσεσθε μέντοι, λέγων, ταράττοντες τὴν πόλιν ὑμεῖς καὶ ἐκδημαγωγοῦντες τοὺς ἀπόρους, οὐκέτι λόγῳ διοίσομαι πρὸς ὑμᾶς, ἀλλ´ ἔργῳ. [7,26] Ἠγριωμένης δὲ τῆς βουλῆς, ὡς ἔμαθον οἱ δήμαρχοι πλείους ὄντας τοὺς βουλομένους ἀφελέσθαι τὴν δοθεῖσαν ἐξουσίαν τῷ δήμῳ τῶν ἐμμένειν ταῖς ὁμολογίαις ἀξιούντων, ἐξέδραμον ἐκ τοῦ βουλευτηρίου κεκραγότες καὶ θεοὺς τοὺς ὁρκίους ἐπικαλούμενοι. Καὶ μετὰ τοῦτο συναγαγόντες εἰς ἐκκλησίαν τὸν δῆμον ἐδήλωσαν αὐτῷ τοὺς ἐν τῇ βουλῇ ῥηθέντας λόγους ὑπὸ τοῦ Μαρκίου, καὶ τὸν ἄνδρα εἰς ἀπολογίαν ἐκάλουν. IX. Ὡς δ´ οὐ προσεῖχεν αὐτοῖς, ἀλλὰ καὶ τοὺς ὑπηρέτας, ὑφ´ ὧν ἐκαλεῖτο, προπηλακίζων τοῖς λόγοις ἀνεῖρξεν, ἀγανακτήσαντες ἔτι μᾶλλον οἱ δήμαρχοι παραλαβόντες τούς τ´ ἀγορανόμους καὶ τῶν ἄλλων πολιτῶν συχνοὺς ὥρμησαν ἐπ´ αὐτόν· ὁ δ´ ἔτυχεν ἔτι διατρίβων πρὸ τοῦ βουλευτηρίου τῶν τε πατρικίων πολλοὺς ἐπαγόμενος καὶ τὴν ἄλλην ἑταιρίαν περὶ αὑτὸν ἔχων. Ὡς δὲ συνεῖδον αὐτὸν οἱ δήμαρχοι, προσέταξαν τοῖς ἀγορανόμοις ἐπιλαβέσθαι τοῦ σώματος καί, εἰ μὴ ἑκὼν βούλεται ἀκολουθεῖν, βίᾳ ἄγειν· εἶχον δὲ τότε τὴν ἀγορανομικὴν ἐξουσίαν Τῖτος Ἰούνιος Βροῦτος καὶ Γάιος Οὐισέλλιος Ῥοῦγας. Οἱ μὲν δὴ προσῄεσαν ὡς ἐπιληψόμενοι τοῦ ἀνδρός, οἱ δὲ πατρίκιοι δεινὸν ἡγησάμενοι τοὖργον ὑπὸ τῶν δημάρχων πρὸ δίκης ἄγεσθαί τινα σφῶν βίᾳ προὔστησαν τοῦ Μαρκίου καὶ τύπτοντες τοὺς ὁμόσε χωροῦντας ἀπήλασαν. Διαβοηθέντος δὲ τοῦ πάθους ἀνὰ τὴν πόλιν ὅλην ἐξεπήδων ἅπαντες ἐκ τῶν οἰκιῶν· οἱ μὲν ἐν τοῖς ἀξιώμασιν ὄντες καὶ χρημάτων ἔχοντες εὖ τὸν Μάρκιον ὑπερασπιοῦντες ἅμα τοῖς πατρικίοις καὶ τὴν ἀρχαίαν ἀνακτησόμενοι πολιτείαν, οἱ δὲ ταπεινοὶ ταῖς τύχαις καὶ βίου σπανίζοντες ἀμύνειν παρεσκευασμένοι τοῖς δημάρχοις καὶ ποιεῖν, ὅ τι ἂν ἐκεῖνοι κελεύσωσιν· ἥ τ´ αἰδώς, ὑφ´ ἧς κρατούμενοι τέως οὐδὲν ἐτόλμων εἰς ἀλλήλους παρανομεῖν, τότ´ ἀνῄρητο ὑπ´ αὐτῶν. Οὐ μὴν ἔδρασάν γ´ οὐδὲν ἀνήκεστον τὴν ἡμέραν ἐκείνην, ἀλλ´ εἰς τὴν ἐπιοῦσαν ἀνεβάλοντο, γνώμῃ τε καὶ παρακλήσει τῶν ὑπάτων εἴξαντες.
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I. ILS eurent pour successeurs Marcus Minucius Augurinus et Aulus Sempronius Atratinus, deux illustres personnages et dans les conseils et dans la guerre, qui furent faits consuls pour la seconde fois. Ces nouveaux magistrats employèrent tous leurs soins à remplir la ville de blé et d'autres provisions, persuadés que la concorde du peuple dépendait en quelque façon de l'abondance de toutes choses. Mais ils ne purent réunir par cette voie, comme ils l'avaient espéré. L'arrogance rentra dans Rome en même temps que l'abondance, et dans le moment qu'on s'y attendait le moins le péril devint plus grand qu'il n'avait été d'abord. Ceux qu'on avait envoyés pour enlever du blé, apportèrent, tant des villes maritimes que de celles qui étaient situées au milieu des terres, de grandes provisions de vivres, dont on remplit les greniers publics. Les marchands qui faisaient commerce avec Rome, abordèrent aussi de toutes parts, et la ville ayant acheté leurs blés de l'argent du trésor public les resserra dans ses greniers. Geganius et Valerius qu'on avait envoyés en Sicile comme nous l'avons dit, arrivèrent vers le même temps avec plusieurs vaisseaux de charge qui portaient cinquante mille médimnes Siciliens de froment, dont ils avaient acheté la moitié à très vil prix ; le reste était un présent du tyran, qui même avait poussé sa libéralité jusqu'à faire les frais du transport. II. QUAND on sut à Rome qu'il arrivait de Sicile des vaisseaux chargés de blé, les patriciens délibérèrent longtemps ce qu'on devait faire de ces provisions. Les plus modérés et les plus affectionnés pour le peuple étaient touchés de l'état funeste où se trouvait la république : ils voulaient qu'on distribuât gratuitement à tous les plébéiens le blé que le tyran avait donné, et qu'on leur vendît à bon marché celui qui avait été acheté de l'argent du public, qu'un si grand bienfait était le moyen le plus efficace pour apaiser la colère des pauvres contre les riches. Les esprits hautains, et les plus portés pour l'oligarchie, disaient au contraire qu'il fallait accabler le peuple par toutes sortes de voies : ils étaient d'avis qu'on le traitât avec rigueur, et qu'on lui vendît les vivres le plus cher qu'il serait possible, afin que la nécessité pressante le rendît plus modeste et plus soumis aux lois. Marcius surnommé Coriolan dont nous avons déjà parlé, était de ce dernier sentiment et un des fauteurs de l'oligarchie. Il ne se contenta pas de dire son avis en particulier, comme avaient fait les autres : sans garder ni précautions ni mesures, il parla avec hardiesse et d'un si haut ton que plusieurs des plébéiens pouvaient l'entendre. Outre les sujets de plainte qui lui étaient communs avec les autres patriciens et qui le portaient à haïr le peuple, des raisons personnelles l'animaient extrêmement, et il voulait se venger d'un affront qu'il croyait avoir reçu depuis peu. Car dans la dernière assemblée pour l'élection des magistrats, il aspirait au consulat. Les patriciens favorisaient son élection ; mais le peuple s'y opposa et lui donna l'exclusion, parce qu'il appréhendait qu'un esprit si hardi, appuyé de l'éclat de cette grande charge, n'entreprît d'innover et d'abolir l'autorité des tribuns. D'ailleurs les patriciens se déclaraient pour lui avec plus d'ardeur qu'ils n'avaient jamais soit pour aucun autre aspirant, et leur empressèrent redoublait la crainte des plébéiens. Marcius irrité de cet affront, délirant de voir le gouvernement rétabli dans son premier état, tâchait ouvertement, comme j'ai déjà dit, à détruire le peuple, et excitait les autres à faire de même. III. DEJA il avait à lui un gros parti de jeunes gens de qualité qui étaient puissants par leurs richesses, et le succès qu'il avait eu dans la guerre lui avait attiré un grand nombre de clients. De si puissants secours lui enflaient le cœur : il portait la fierté jusqu'au plus haut point, et espérait venir à bout de toutes ses entreprises : mais l'événement ne répondit pas à de si grands desseins. Le sénat s'étant assemblé pour délibérer sur la distribution des blés, les anciens ouvrirent les premiers avis selon la coutume, et il y en eut peu qui fussent directement contraires au peuple. Quand on fut venu aux jeunes, Marcius demanda aux consuls la permission de dire son sentiment. Lorsqu'il l'eut obtenue, toute l'assemblée étant fort attentive, il parla en. ces termes contre le peuple. IV. « VOUS n'ignorez pas, Sénateurs, que ce n'est ni la pauvreté ni la nécessité qui ont obligé le peuple à sortir de Rome, mais qu'il l'a fait à mauvaise intention dans la vue de détruire la puissance de la noblesse et de se rendre le maître absolu. Je suis persuadé que vous l'avez tous assez compris par les conditions du traité de réconciliation qui lui sont si avantageuses. Non content d'avoir violé la foi des contrats et. les lois saintes qui leur servaient de sûreté, il a poussé plus loin ses pernicieuses intrigues. Il a établi une nouvelle dignité pour abolir celle des consuls, et après l'avoir rendue sacrée et inviolable par une loi faite exprès, il vient de porter tout récemment une autre loi par laquelle il s'est emparé d'une autorité tyrannique sans que vous vous en soyez, pour ainsi dire, aperçus. Les magistrats du peuple déjà si puissants, se servent du spécieux prétexte de protéger les plébéiens maltraités, pour étendre leur autorité, pour couper,. trancher, faire et défaire tout ce qu'ils jugeront à propos : il n'y a ni particulier ni magistrat qui osé s'opposer à leurs injustices : ils ont su vous lier les mains et vous fermer la bouche, par une loi qui vous ôte la liberté de parler et d'agir, et qui menace de mort quiconque dira son avis avec liberté. Quel autre nom pouvons-nous donner à cette puissance, que celui de tyrannie? Peut-on l'appeler autrement, et n'en convenez-vous pas vous-mêmes. Car enfin, que nous importe d'être dominés par la tyrannie d'un seul homme ou par celle de tout un peuple ? L'un ou l'autre n'est-ce pas toujours la même chose II aurait donc mieux valu ne point laisser jeter les premières semences de cette puissance, mais souffrir plutôt tout, suivrait les salutaires avis d'Appius, ce sage magistrat qui prévoyait de loin les maux qui nous devaient arriver. Mais puisque nous ne l'avons pas fait, du moins réunissons-nous aujourd'hui tous ensemble pour nous délivrer, nous et la ville de Rome, de cette redoutable tyrannie, tandis qu'elle est encore faible et qu'elle n'a pas poussé de profondes racines. Vous ne serez ni les premiers ni les seuls à qui il soit arrivé d'en user ainsi. Vous avez devant vos yeux l'exemple de plusieurs peuples, qui réduits à la dernière extrémité pour n'avoir pas suivi de bons conseils dans les affaires importantes ni arrêté le mal dans son commencement, n'ont pas laissé dans la suite de faire leurs efforts pour en arrêter les progrès : s'ils ont commencé trop tard à devenir prudents, leur repentir, quoiqu'il ne puisse pas être mis en parallèle avec une sage prévoyance, leur a. néanmoins été fort utile : et il leur est glorieux d'avoir su profiter de leurs premières fautes pour empêcher les suites funestes qu'elles pouvaient avoir. V. Que si quelques-uns d'entre vous, quoique convaincus que le peuple pousse l'insolence trop loin et qu'il faut le réprimer, appréhendent néanmoins de paraître avoir été les premiers à rompre le traité d'alliance et à violer le serment qu'ils sachent que ce n'est pas là faire des injustices, mais les repousser, que celui qui se défend ne viole pas les traités, mais qu'il en punit les violateurs, et que bien loin d'offenser les dieux ou de s'attirer leur colère en punissant ceux qui n'ont pas gardé les conditions de l'accommodement, ils ne feront que mettre leurs propres intérêts à couvert dans toutes les règles de la justice. Il est évident, Pères conscrits, que vous n'êtes pas les premiers à rompre les conventions ni à violer le ferment. Il n'en faut point d'autre preuve que le refus qu'a fait le peuple de s'en tenir aux conditions de son rappel. Quand il a demandé la permission de créer des tribuns, ce n'était pas pour abuser de leur autorité ni pour maltraiter le sénat : c'était pour se garantir des mauvais traitements qu'il croyait avoir à craindre de nous. Mais aujourd'hui, quel usage fait-il de la puissance tribunicienne ? Ne l'emploie-t-il qu'à l'usage pour lequel elle a été créée ? N'en abuse-t-il pas au contraire, pour mettre le désordre par tout et pour renverser le gouvernement de la république ? Vous vous souvenez sans doute de sa dernière assemblée, et des discours hardis et insensés que les tribuns y prononcèrent. Vous voyez aujourd'hui avec quelle fierté ces ennemis de l'état se vantent de leurs pouvoirs, parce qu'ils savent que toute l'autorité de la république consiste dans les suffrages, et qu'étant supérieurs en nombre ils s'en rendront facilement les maîtres. Que nous reste-t-il donc à faire, après qu'ils ont commencé à violer le traité et à transgresser les. lois ? C'est de nous défendre contre ces prévaricateurs ; de leur ôter, comme la justice nous y autorise, ce qu'ils ont usurpé injustement jusqu'aujourd'hui ; et d'arrêter à l'avenir leurs prétentions immodérées. C'est de rendre grâces aux dieux de ce qu'ils n'ont pas permis que ces esprits inquiets demeurassent dans les bornes de la modération et de la prudence, après avoir établi le gouvernement de nos pères sur un pied qui favorisait entièrement leurs intérêts ; et de ce que les abandonnant à l'impudence, à l'effronterie et à un esprit d'intrigue, ils vous ont mis dans la nécessité de prendre des mesures pour recouvrer ce que vous aviez perdu et pour conserver avec grand soin ce qui vous restait. VI. L'OCCASION qui se présente aujourd'hui, est des plus favorables, si vous voulez commencer à être sages et en profiter : jamais vous n'en aurez une plus belle : car la plus grande partie des plébéiens est accablée par la famine, et le reste n'ayant point d'argent, ne pourra pas résister longtemps si la disette et la cherté continuent. Les plus méchants d'entre eux qui n'ont jamais pu goûter le gouvernement aristocratique, seront bientôt contraints de sortir de Rome, et les plus modérés se comportant avec modestie, cesseront d'exciter des troubles. Tenez donc vos greniers fermés, et sans rien rabattre du prix des vivres, ordonnez qu'ils soient vendus aujourd'hui aussi cher qu'ils ont jamais valu dans le plus fort de la disette. Les cris du peuple et son ingratitude vous en fournissent une honnête occasion et un juste prétexte, puisqu'il vous accuse d'être cause de la famine, qui ne vient certainement que de sa révolte, pendant laquelle il a pillé et ravagé nos terres comme un pays ennemi, et que d'ailleurs le trésor public a été épuisé pour acheter des provisions dans les pays étrangers. Mais ce n'est pas là tout: les plébéiens vous ont fait bien d'autres injustices que je passe sous silence. Au reste, leur conduite passée nous doit faire connaître combien de maux nous avons à craindre, et de quelle manière ils nous traiteront dans la suite si nous ne faisons tout ce qui leur plaira : vous savez que leurs harangueurs nous en menaçaient dernièrement pour nous intimider. Si vous laissez encore échapper l'occasion qui se présente aujourd'hui, vous souhaiterez souvent, mais en vain, d'en trouver une semblable : et si le peuple vient à savoir que vous avez voulu affaiblir ses forces, mais que la crainte vous a retenus, il deviendra encore plus insolent, il vous pressera de plus près, et vous regardera comme les ennemis parce que vous aurez voulu le détruire, mais comme des ennemis timides qui n'auront pu en venir à bout. » VII. APRES ce discours de Marcius, les sentiments des sénateurs se partagèrent, et il s'éleva un grand tumulte dans l'assemblée. Ceux qui dès le commencement s'étaient opposés aux plébéiens et. qui n'avaient consenti que malgré eux au traité de réconciliation, du nombre desquels étaient presque tous les jeunes sénateurs avec quelques anciens des plus ambitieux et des plus riches, conçurent alors plus d'indignation qu'auparavant. [ Irrités ] contre la populace impudente, [ les uns parce qu'on avait violé la foi des contrats, les autres parce qu'ils voyaient leur propre autorité extrêmement affaiblie, ] ils applaudirent au discours de Marcius, louèrent le zèle qu'il avait pour la patrie, et entrant dans les mêmes sentiments, ils jugèrent que les avis qu'il venait de proposer, ne pouvaient être que très salutaires à la république. Mais ceux qui étaient portés pour le peuple, et qui moins sensibles aux applaudissements du sénat et aux attraits des richesses, ne croyaient pas qu'il y eût rien de plus nécessaire que la paix, furent offensés du discours de Marcius et ne purent entrer dans ses sentiments. Ils représentèrent qu'un supérieur devait plutôt se distinguer de ses inférieurs par la prudence que par la force : qu'il ne fallait pas regarder la modération et la justice comme peu convenables et hors de saison, mais comme des vertus nécessaires, sur tout lorsqu'il s'agissait de vivre en bonne intelligence avec ses citoyens, et que les conseils de Marcius étaient plutôt l'effet d'une véritable fureur, que des marques de confiance et d'une généreuse liberté. Mais ce dernier parti, comme le moins nombreux et le plus faible était obligé de céder au plus fort. VIII. ALORS les tribuns qui avaient été invités à cette délibération par les consuls, frémissent de dépit et de colère : toute l'assemblée retentit de leurs plaintes. Ils s'emportent contre Marcius : ils l'accusent d'être la peste de la république, et de chercher par ses mauvais discours contre le peuple à rallumer dans Rome le flambeau d'une guerre civile, ils menacent enfin que si les patriciens n'arrêtent ses emportements et s'ils ne le punissent de mort ou d'exil, ils le seront eux-mêmes. Ce discours ne fait qu'augmenter le désordre et le tumulte. Les jeunes sénateurs indignes des menaces des tribuns, s'emportent de plus en plus. Marcius devenu plus hardi, pousse plus loin ses invectives : il s'adresse nommément aux tribuns : il les menace à haute voix. « Si vous ne cessez, dit-il, de troubler la république et de soulever le peuple par vos discours séditieux, je prendrai des moyens plus efficaces que les paroles pour réprimer votre insolence. » Le sénat entre dans les sentiments de Marcius, et s'irrite contre la populace. Les tribuns voyant que ceux qui voulaient ôter au peuple la puissance qu'on lui avait une fois accordée, se trouvaient en plus grand nombre que les autres qui étaient d'avis d'observer les articles du traité, sortent de l'assemblée tout en colère : ils crient à haute voix, ils invoquent les dieux témoins des serments et garant des traités. De ce pas ils se rendent dans la place publique: ils assemblent le peuple, ils lui font le rapport du discours que Marcius avait prononcé en plein sénat, et somment ce patricien de comparaître à leur tribunal pour être ouï et entendu. IX. MARCIUS refuse d'obéir : il repousse même avec des paroles injurieuses les huissiers qui lui font la sommation. Les tribuns encore plus irrités par sa désobéissance, viennent eux-mêmes et fondent sur lui avec leurs édiles et plusieurs autres citoyens, tandis qu'il était devant le palais au milieu des patriciens qu'il tâchait de gagner à son parti. Sitôt qu'ils l'aperçoivent, ils commandent aux édiles de se saisir de sa personne, et de l'emmener ou de force ou de gré : ( C'était Lucius Junius Brutus et Spuriusa Icilius Ruga qui avaient alors la charge d'édiles. ) Comme ils s'approchaient pour se saisir de lui, les patriciens qui trouvaient fort étrange que les tribuns entreprissent de faire violence à un homme de leur corps sans que son procès eut été instruit, se mettent au devant de Marcius et repoussent à coups de poing ceux qui veulent mettre la main sur lui. Le bruit de cette action se répand par toute la ville : chacun sort de chez soi, les plus riches et les plus distingués, pour défendre Marcius avec les patriciens, afin de rétablir le gouvernement sur l'ancien pied, les pauvres et la populace, pour soutenir les tribuns et pour exécuter leurs ordres. Ils perdirent en cette occasion le respect et la retenue qui les avait empêché jusqu'à lors de s'insulter les uns les autres. Ce jour-la néanmoins on ne commit aucun désordre qui pût avoir des suites fâcheuses : les uns et les autres cédèrent aux remontrances des consuls et remirent l'affaire au lendemain. |
X. [7,27] Τῇ δ´ ἑξῆς ἡμέρᾳ πρῶτοι καταβάντες εἰς τὴν ἀγορὰν οἱ δήμαρχοι συνεκάλουν τὸν δῆμον εἰς ἐκκλησίαν καὶ παριόντες ἐκ διαδοχῆς πολλὰ μὲν τῶν πατρικίων κατηγόρουν ὡς ἐψευσμένων τὰς συνθήκας καὶ παραβεβηκότων τοὺς ὅρκους, οὓς ἐποιήσαντο πρὸς τὸν δῆμον ὑπὲρ ἀμνηστίας τῶν πάλαι, πίστεις παραφέροντες τοῦ μὴ βεβαίως αὐτοὺς διηλλάχθαι πρὸς τὸ δημοτικὸν τήν τε τοῦ σίτου σπάνιν, ἣν αὐτοὶ κατέσκευσαν, καὶ τὰς ἀποστολὰς τῶν κληρουχιῶν ἀμφοτέρων καὶ τἆλλα ὅσα ἐμηχανήσαντο μειώσεως τοῦ πλήθους ἕνεκα. Πολλὰ δὲ τοῦ Μαρκίου καθήπτοντο τοὺς ῥηθέντας ὑπ´ αὐτοῦ λόγους ἐν τῇ βουλῇ διεξιόντες, καὶ ὅτι καλούμενος εἰς ἀπολογίαν ὑπὸ τοῦ δήμου οὐ μόνον οὐκ ἠξίωσεν ἐλθεῖν, ἀλλὰ καὶ τοὺς ἀφικομένους ἐπ´ αὐτὸν ἀγορανόμους τύπτων ἀπήλασεν. Ἐκάλουν δὲ μάρτυρας τῶν ἐν τῇ βουλῇ γενομένων τοὺς ἐντιμοτάτους τῶν ἐκεῖ, τῆς δὲ περὶ τοὺς ἀγορανόμους ὕβρεως ἅπαντας τοὺς τότε παρόντας κατὰ τὴν ἀγορὰν δημοτικούς. Ταῦτα δ´ εἰπόντες ἐδίδοσαν, εἰ βουλομένοις εἴη, τοῖς πατρικίοις ἀπολογίαν, κατέχοντες ἐπὶ τῆς ἐκκλησίας τὸν δῆμον, ἕως ἡ βουλὴ διαλυθείη. Ἔτυχον γὰρ ὑπὲρ αὐτῶν τούτων συνεδρεύοντες οἱ πατρίκιοι διαποροῦντες, εἴτ´ ἀπολογητέον αὐτοῖς εἴη πρὸς τὸν δῆμον ὑπὲρ ὧν διεβλήθησαν, εἴτε μενετέον ἐφ´ ἡσυχίας. Ἐπεὶ δ´ αἱ πλείους γνῶμαι τὰ φιλανθρωπότερα τῶν αὐθαδεστέρων προείλοντο, διαλύσαντες οἱ ὕπατοι τὸν σύλλογον προῆλθον εἰς τὴν ἀγορὰν τάς τε κοινὰς ἀπολυσόμενοι διαβολὰς καὶ περὶ τοῦ Μαρκίου τὸν δῆμον ἀξιώσοντες μηθὲν βουλεῦσαι ἀνήκεστον. XI. Καὶ παρελθὼν ὁ πρεσβύτερος αὐτῶν Μηνύκιος ἔλεξε τοιάδε. [7,28] Ἡ μὲν ὑπὲρ τῆς σιτοδείας ἀπολογία πάνυ βραχεῖά ἐστιν, ὦ δημόται, καὶ οὐκ ἄλλους τινὰς παρεξόμεθα ὧν ἂν λέγωμεν ἢ ὑμᾶς μάρτυρας. τήν τε γὰρ ἀφορίαν τῶν σιτικῶν καρπῶν ἐπίστασθε δήπου καὶ αὐτοὶ διὰ τὸν ἐκλειφθέντα σπόρον γενομένην· τήν τ´ ἄλλην καταφθορὰν τῆς χώρας οὐ παρ´ ἑτέρων ὑμᾶς δεῖ μαθεῖν, ἀφ´ ἧς αἰτίας συνέβη, καὶ ὡς τελευτῶσα ἡ πλείστη τε καὶ ἀρίστη γῆ πάντων ἐσπάνικε καρπῶν τε καὶ ἀνδραπόδων καὶ βοσκημάτων τὰ μὲν ὑπὸ τῶν πολεμίων διαρπαζομένη, τὰ δ´ ὑμῖν μὴ ἐπιχορηγοῦσα τοσούτοις οὖσι καὶ μηδεμίαν ἄλλην ἀποστροφὴν ἔχουσιν. Ὥστ´ οὐκ ἐξ ὧν οἱ δημαγωγοὶ διαβάλλουσιν, ἀλλ´ ἐξ ὧν αὐτοὶ ἴστε, τὸν λιμὸν ἡγούμενοι γεγονέναι παύσασθε προσάπτοντες ἐπιβουλὴν ἡμετέραν τῷ πάθει καὶ δι´ ὀργῆς ἔχοντες ἡμᾶς οὐθὲν ἀδικοῦντας. Αἱ δ´ ἀποστολαὶ τῶν κληρούχων ἐκ τοῦ ἀναγκαίου ἐγένοντο, κοινῇ δόξαν ὑμῖν ἅπασι διὰ φυλακῆς ἔχειν χωρία εἰς πόλεμον ἐπιτήδεια, καὶ μεγάλα ὤνησαν ἐν καιρῷ σφόδρα ἀναγκαίῳ γενόμεναι τούς τ´ ἐξιόντας καὶ τοὺς ὑπολειπομένους ὑμῶν. Οἱ μὲν γὰρ ἀφθονωτέρων εὐποροῦσιν ἐκεῖ τῶν ἐπιτηδείων· οἱ δ´ ἐνθάδε ὑπομείναντες ἧττον σπανίζουσι τῆς ἀγορᾶς· ἥ τ´ ἰσομοιρία τῆς τύχης, ἧς μετέσχομεν ὑμῖν τοῖς δημοτικοῖς οἱ πατρίκιοι κλήρῳ ποιησάμενοι τὴν ἔξοδον, οὐ ψέγεται. [7,29] Τί οὖν παθόντες οἱ δημαγωγοὶ περὶ τούτων ἡμῖν ἐγκαλοῦσιν, ὧν κοινὰς ἔσχομεν τὰς γνώμας καὶ τὰς τύχας, εἴτε δεινῶν ὄντων, ὡς οὗτοί φασιν, εἴτ´ ὠφελίμων, ὥσπερ ἡμεῖς οἰόμεθ´; Ἃ μὲν γὰρ ἐπὶ τῇ νεωστὶ βουλῇ {γενομένῃ} διαβεβλήμεθ´ ὑπ´ αὐτῶν ὡς οὐκ ἀξιοῦντες μετριάσαι περὶ τὰς τιμὰς τῆς ἀγορᾶς, ὡς ἐπιβουλεύοντες ἀφελέσθαι τὴν ἐξουσίαν τῶν δημάρχων, ὡς μνησικακοῦντες ὑμῖν τῆς ἀποστάσεως καὶ παντὶ τρόπῳ προθυμούμενοι κακῶσαι τὸ δημοτικόν, καὶ πάντα τὰ τοιαῦτ´ ἐγκλήματα ἔργοις ἀπολυσόμεθ´ οὐκ εἰς μακρὰν οὔτε κακὸν οὐθὲν ὑμᾶς ἐργασάμενοι τήν τ´ ἐξουσίαν τῶν δημάρχων, ἐφ´ οἷς τότε συνεχωρήσαμεν ὑμῖν ἔχειν, καὶ νῦν βεβαιοῦντες, τοῦ δὲ σίτου τὴν διάπρασιν ὡς ἂν ὑμῖν ἅπασι δόξῃ ποιησάμενοι. Περιμείναντες οὖν, ἐάν τι μὴ γένηται τούτων, τότε κατηγορεῖτε ἡμῶν. XII. Εἰ δὲ βουληθείητε ἀκριβῶς ἐξετάσαι τὰ διάφορα, δικαιότερον ἂν ἡμεῖς οἱ πατρίκιοι τοῦ δήμου κατηγοροίημεν, ἢ τὴν βουλὴν ὑμεῖς ἔχοιτε δι´ αἰτίας. Ἀδικεῖτε γὰρ ἡμᾶς, ὦ δημόται, καὶ μηθὲν ἀχθεσθῆτε ἀκούοντες, εἴ γ´ οὐκ ἀναμείναντες τῆς γνώμης ἡμῶν μαθεῖν τὸ τέλος κατηγορεῖν ἤδη αὐτῆς ἀξιοῦτε. Καίτοι τίς οὐκ οἶδεν, ὅτι παντὶ τῷ βουλομένῳ ῥᾷστον ἔργον ἂν γένοιτο συγχέαι καὶ ἀνελεῖν ὁμόνοιαν ἐκ πόλεως τοιαῦτ´ ἐγκαλοῦντι, ὧν ἡ πίστις μέλλουσα καὶ ἐν ἀδήλῳ ἔτι οὖσα οὐ φυλακή ἐστι τοῦ μὴ παθεῖν τι κακόν, ἀλλὰ πρόφασις τοῦ ἀδικεῖν; Καὶ οὐ τοῖς προεστηκόσιν ὑμῶν μόνον ὧν διαβάλλουσι τὴν βουλὴν καὶ συκοφαντοῦσιν ἐπιτιμᾶν ἄξιον, ἀλλὰ καὶ ὑμῖν οὐχ ἧττον ὧν πιστεύετε αὐτοῖς καὶ πρὶν ἢ πειραθῆναι ἀγανακτεῖτε. Χρῆν γὰρ ὑμᾶς, εἰ τὰ μέλλοντα ἐφοβεῖσθε ἀδικήματα, καὶ τὰς ἐπ´ αὐτοῖς ὀργὰς μελλούσας ἔχειν. Νῦν δὲ φαίνεσθε ταχύτερα μᾶλλον ἢ φρονιμώτερα ἐγνωκέναι καὶ τὸ ἀσφαλέστερον ἐν τῷ κακουργοτέρῳ τιθέναι. XIII. [7,30] Περὶ μὲν δὴ τῶν κοινῶν ἀδικημάτων, ἐφ´ οἷς τὴν βουλὴν οἱ δήμαρχοι διέβαλον, ἀποχρῆν οἴομαι τοσαῦτ´ εἰρῆσθαι. Ἐπεὶ δὲ καὶ καθ´ ἕνα ἕκαστον ἡμῶν, περὶ ὧν ἂν εἴπωμεν ἐν τῇ βουλῇ, συκοφαντοῦσι, καὶ διιστάναι τὴν πόλιν αἰτιῶνται, καὶ νῦν Γάιον Μάρκιον, ἄνδρα φιλόπολιν, ἐλευθέρᾳ φωνῇ χρησάμενον ὑπὲρ τῶν κοινῶν ἀποκτεῖναι ζητοῦσιν ἢ φυγάδα ποιῆσαι τῆς πατρίδος, βούλομαι καὶ περὶ τούτου τὰ δίκαια εἰπεῖν πρὸς ὑμᾶς· καὶ σκοπεῖτε, εἰ μετρίους καὶ ἀληθεῖς ἐρῶ τοὺς λόγους. Ὑμεῖς, ὦ δημόται, διαλλαττόμενοι πρὸς τὴν βουλὴν ἀποχρῆν ὑμῖν ᾤεσθε τῶν δανείων ἀφεῖσθαι, καὶ βοηθείας ἕνεκα τῶν κατισχυομένων πενήτων ἄρχοντας ἐξ αὑτῶν ᾐτήσασθε ἀποδεικνύναι, καὶ ταῦτ´ ἀμφότερα πολλὴν εἰδότες ἡμῖν χάριν ἐλάβετε· καταλῦσαι δὲ τὴν ἀρχὴν τῶν ὑπάτων ἢ τὴν βουλὴν ἄκυρον ποιῆσαι τῆς ὑπὲρ τῶν κοινῶν προστασίας καὶ τὴν τάξιν ἀνατρέψαι τῆς πατρίου πολιτείας οὔτ´ ᾐτήσασθε οὔτε μέλλετε. Τί οὖν παθόντες ἐπιχειρεῖτε πάντα συγχεῖν ταῦτα νυνί; Καὶ τίνι δικαίῳ πιστεύοντες τὰς τιμὰς ἡμῶν ζητεῖτε ἀφαιρεῖσθαι; Εἰ γὰρ {ἐν} τοῖς μετέχουσι τῆς βουλῆς φοβερὸν ποιήσετε τὸ {μὴ} μετὰ παρρησίας ἃ φρονοῦσι λέγειν, τί ἂν εἴποιεν οἱ προεστηκότες ὑμῶν ἐπιεικές; Ἢ ποίῳ χρησάμενοι νόμῳ θανάτῳ ζημιοῦν ἢ φυγῇ τῶν πατρικίων τινὰς ἀξιώσουσιν; Οὔτε γὰρ οἱ παλαιοὶ νόμοι ταύτην διδόασιν ὑμῖν τὴν ἐξουσίαν, οὔθ´ αἱ νεωστὶ γενόμεναι πρὸς τὴν βουλὴν ὁμολογίαι. Τὸ δ´ ἐκβαίνειν τοὺς νομίμους ὅρους καὶ τὴν βίαν κρείττονα ποιεῖν τῆς δίκης οὐκέτι δημοτικόν ἐστιν, ἀλλ´ εἰ τἀληθῆ βούλεσθε ἀκούειν τυραννικόν. Ἐγὼ δὴ παραινέσαιμ´ ἂν ὑμῖν, ὧν μὲν εὕρεσθε παρὰ τῆς βουλῆς φιλανθρώπων μηδενὸς ἀφίστασθαι, ὧν δ´ οὐκ ἠξιώσατε διαλυόμενοι τὴν ἔχθραν τότε τυχεῖν μηδὲ νῦν ἀντιποιεῖσθαι. [7,31] Ἵνα δὲ μᾶλλον ὑμῖν γένηται φανερόν, ὅτι οὐθὲν οὔτε μέτριον οὔτε δίκαιον ἀξιοῦσιν οἱ δημαγωγοί, ἀλλὰ παρανόμων τε καὶ ἀδυνάτων ἐφίενται μετενέγκαντες τὸ πρᾶγμα ἐφ´ ἑαυτούς, οὕτω σκοπεῖτε καὶ ὑπολάβετε τοὺς μετέχοντας τοῦ συνεδρίου τοῖς ἐν ὑμῖν πολιτευομένοις ἐγκαλεῖν, ὅτι πονηροὺς κατὰ τῆς βουλῆς διατίθενται λόγους ἐν ὑμῖν καὶ καταλύουσι τὴν πάτριον ἀριστοκρατίαν, καὶ διαστασιάζουσι τὴν πόλιν, ἅπαντα ταῦτα λέγοντας ἀληθῆ· ποιοῦσι γὰρ ταῦτα· καὶ τὸ πάντων χαλεπώτατον, ὅτι δυναστείαν περιβάλλονται μείζονα τῆς συγκεχωρημένης αὐτοῖς ἄκριτον ἀποκτείνειν ἐπιχειροῦντες ὃν ἂν ἐθέλωσιν ἐξ ἡμῶν, καὶ ὅτι δεῖ τοὺς ταῦτα ποιοῦντας τεθνάναι νηποινί. Πῶς ἂν ὑμεῖς ἐνέγκαιτε τὴν αὐθάδειαν τοῦ συνεδρίου; Καὶ τί ἂν εἴποιτε; Ἆρ´ οὐκ ἂν ἀγανακτήσαιτε καὶ δεινὰ φαίητε πάσχειν, εἰ τὴν παρρησίαν ἀφαιρήσεταί τις ὑμᾶς καὶ τὴν ἐλευθερίαν, τὸν ὑπὲρ τῶν ἐσχάτων κίνδυνον ἐπιθεὶς τοῖς ἐλευθέραν φωνὴν ὑπὲρ τοῦ δήμου φθεγξαμένοις; Οὐκ ἔνεστ´ ἄλλως εἰπεῖν. Ἔπειθ´ ἃ παθεῖν οὐκ ἂν ὑπομείναιτε αὐτοί, ταῦθ´ ἑτέρους πάσχοντας ἀνέχεσθαι δικαιοῦτε; Πολιτικά γ´, ὦ δημόται, καὶ μέτρια ὑμῶν τὰ βουλεύματα. Τοιαῦτ´ ἀξιοῦντες οὐκ αὐτοὶ βεβαιοῦτε τὰς καθ´ ἑαυτῶν διαβολὰς ἀληθεῖς εἶναι, καὶ τοὺς συμβουλεύοντας τὴν παράνομον ὑμῶν δυναστείαν μὴ περιορᾶν αὐξομένην, τὰ δίκαια τῷ κοινῷ φρονοῦντας ἀποδείκνυτε; Ἐμοὶ μὲν γὰρ δοκεῖ. Ἀλλ´ εἴ γε τἀναντία βούλεσθε ὧν διαβέβλησθε ποιεῖν, ἐμοὶ συμβούλῳ χρησάμενοι μετριάσατε καὶ τοὺς λόγους, ἐφ´ οἷς ἄχθεσθε, πολιτικῶς καὶ μὴ δυσοργήτως ἐνέγκατε. Περιέσται γὰρ ὑμῖν μέν, εἰ τοῦτο ποιήσετε, ἀγαθοῖς εἶναι δοκεῖν, τοῖς δ´ ἀπεχθῶς διακειμένοις πρὸς ὑμᾶς μετανοεῖν. XIV. [7,32] Δίκαια μὲν δὴ ταῦτα προεχόμενοι πρὸς ὑμᾶς μεγάλα, ὥς γ´ οὖν οἰόμεθα, πείθομεν ὑμᾶς μηδὲν ἐξαμαρτάνειν· χρηστὰ δὲ καὶ φιλάνθρωπα ἔργα, οἷς χρησόμεθα οὐκ ὀνειδίσαι βουλόμενοι ὑμᾶς, ἀλλ´ ἐπιεικεστέρους ποιῆσαι, —χωρὶς τῶν παλαιῶν τὰ νεωστὶ γενόμενα περὶ τὴν κάθοδον ὑμῶν, —{ὧν} ἡμεῖς μὲν ἐπιλελῆσθαι βουλόμεθα, ὑμεῖς δὲ δίκαιοί ἐστε μεμνῆσθαι. Ἀναγκαζόμεθα δ´ αὐτὰ παραφέρειν νυνὶ χρῄζοντες ἀντὶ πολλῶν καὶ μεγάλων, ὧν ὑμῖν δεομένοις ἐχαρισάμεθα, ταύτην παρ´ ὑμῶν ἀντιλαβεῖν τὴν χάριν, μήτ´ ἀποκτεῖναι μήτ´ ἐκβαλεῖν τῆς πόλεως ἄνδρα φιλόπολιν καὶ τὰ πολέμια πάντων κράτιστον. Ζημιωσόμεθα γὰρ οὐ μικρά, εὖ ἴστε, ὦ δημόται, τοιαύτης ἀποστερήσαντες ἀρετῆς τὴν πόλιν. Μάλιστα μὲν οὖν δι´ αὐτὸν ἐκεῖνον ὑφεῖναι τῆς ὀργῆς δίκαιοί ἐστε μνησθέντες, ὅσους ὑμῶν ἔσωσεν ἐν τοῖς πολέμοις, καὶ μὴ λόγων μνησικακεῖν φαύλων, ἀλλ´ ἔργων μεμνῆσθαι καλῶν. Ὁ μὲν γὰρ λόγος ὑμᾶς τοῦ ἀνδρὸς οὐδὲν ἔβλαψεν, αἱ δὲ πράξεις αὐτοῦ μεγάλα ὠφέλησαν. Εἰ δὲ πρὸς τοῦτον ἀδιαλλάκτως ἔχετε, ἡμῖν γέ τοι καὶ τῇ βουλῇ χαρίσασθε αὐτὸν δεομένοις, καὶ διαλλάγητε ἤδη ποτὲ βεβαίως τήν τε πόλιν, ὥσπερ ἐξ ἀρχῆς εἶχε, μίαν εἶναι ποιήσατε. Εἰ δὲ πείθουσιν ἡμῖν οὐ συγχωρήσετε, εὖ ἴστε, ὅτι οὐδ´ ἡμεῖς βιαζομένοις ὑμῖν εἴξομεν, ἀλλ´ ἤτοι φιλότητος ἀδόλου καὶ χαρίτων ἔτι μειζόνων ἥδε ἡ πεῖρα τοῦ δήμου πᾶσιν αἰτία ἔσται, ἢ πολέμου ἐμφυλίου αὖθις ἄρξει καὶ κακῶν ἀνηκέστων. XV. [7,33] Τοιαῦτα τοῦ Μηνυκίου διεξελθόντος ὁρῶντες οἱ δήμαρχοι τῇ τε μετριότητι τῶν λόγων καὶ τῇ φιλανθρωπίᾳ τῶν ὑποσχέσεων ἐπαγόμενον τὸ πλῆθος ἤχθοντο καὶ χαλεπῶς ἔφερον, μάλιστα δὲ Γάιος Σικίννιος Βελλοῦτος, ὁ πείσας τοὺς πένητας ἀποστῆναι τῶν πατρικίων καὶ στρατηγὸς ἀποδειχθεὶς ὑπ´ αὐτῶν, ἕως ἦσαν ἐν τοῖς ὅπλοις, ἔχθιστος ἀνὴρ ἀριστοκρατίᾳ καὶ διὰ τοῦτο προηγμένος ὑπὸ τῶν πολλῶν εἰς ἐπιφάνειαν τήν τε δημαρχικὴν ἐξουσίαν δεύτερον ἤδη παρειληφώς, ἁπάντων ἥκιστα τῶν δημαγωγῶν ἑαυτῷ συμφέρειν ὁμονοῆσαι οἰόμενος τὴν πόλιν καὶ τὸν ἀρχαῖον ἀναλαβεῖν κόσμον. Οὐ γὰρ ὅσον τὰς τιμὰς καὶ τὰς δυνάμεις ἕξειν ἔτι τὰς αὐτὰς ὑπελάμβανεν ἀριστοκρατίας πολιτευομένης, γεγονώς τε κακῶς καὶ τεθραμμένος ἀδόξως καὶ λαμπρὸν οὐθὲν ἀποδειξάμενος οὔτε κατὰ πολέμους οὔτ´ ἐν εἰρήνῃ, ἀλλὰ καὶ περὶ τῶν ἐσχάτων κινδυνεύσειν, ὡς διεστασιακὼς τὴν πόλιν καὶ πολλῶν αὐτῇ κακῶν γεγονὼς αἴτιος. Ἐνθυμηθεὶς δὴ ὅσα χρῆν λέγειν τε καὶ πράττειν καὶ μετὰ τῶν συναρχόντων βουλευσάμενος, ἐπειδὴ κἀκείνους ἔσχεν ὁμογνώμονας, ἀνέστη καὶ μικρὰ περὶ τῆς κατεχούσης τὸν δῆμον ἀτυχίας ἀποδυράμενος τούς θ´ ὑπάτους ἐπῄνεσεν, ὅτι λόγον ἠξίωσαν ὑποσχεῖν τοῖς δημόταις οὐχ ὑπεριδόντες αὐτῶν τῆς ταπεινότητος, καὶ τοῖς πατρικίοις εἰδέναι χάριν ἔφησεν, εἴ τις αὐτοῖς ἤδη ποτὲ φροντὶς εἰσέρχεται τῆς σωτηρίας τῶν πενήτων· καὶ ἔτι μᾶλλον ἔφη μετὰ πάντων ἐκμαρτυρήσειν, ἐὰν ὅμοια παράσχωνται τοῖς λόγοις τὰ ἔργα. [7,34] XVI. Εἰπὼν δὲ ταῦτα καὶ δόξας μέτριος ὀργὴν εἶναι καὶ διαλλακτικὸς ἐπιστρέφει πρὸς τὸν Μάρκιον παρεστηκότα τοῖς ὑπάτοις καὶ λέγει· Σὺ δέ, τί οὐκ ἀπολογῇ πρὸς τοὺς σαυτοῦ πολίτας, ὦ γενναῖε, περὶ ὧν εἶπας ἐν τῇ βουλῇ; Μᾶλλον δὲ τί οὐκ ἀντιβολεῖς καὶ παραιτῇ τὰς ὀργὰς αὐτῶν, ἵνα μετριωτέραν ἐπιθῶσί σοι ζημίαν; Ἀρνεῖσθαι μὲν γὰρ οὐκ ἂν ἀξιώσαιμί σε τοσούτων ἀνδρῶν εἰδότων οὐδ´ εἰς ἀναισχύντους καταφεύγειν ἀπολογίας, Μάρκιον ὄντα καὶ φρόνημα μεῖζον ἢ κατ´ ἰδιώτην ἔχοντα· εἰ μὴ ἄρα τοῖς μὲν ὑπάτοις καὶ τοῖς πατρικίοις καλῶς ἔχει πείθειν ὑπὲρ σοῦ τὸν δῆμον, σοὶ δ´ οὐκ ἄρα καλῶς ἕξει ταὐτὸ τοῦτο περὶ σεαυτοῦ ποιήσαντι; XVII. Ταῦτα δ´ ἔλεγεν οὐκ ἀγνοῶν, ὅτι μεγαλόφρων ἀνὴρ οὐχ ὑπομενεῖ κατήγορος ἑαυτοῦ γενόμενος ὡς ἡμαρτηκὼς ἄφεσιν αἰτεῖσθαι τῆς τιμωρίας, οὐδ´ εἰς ὀλοφυρμοὺς καὶ δεήσεις καταφεύξεται παρὰ τὸν ἑαυτοῦ τρόπον, ἀλλ´ ἤτοι καὶ τὸ παράπαν ἀπαξιώσει τὴν ἀπολογίαν, ἢ τὴν ἔμφυτον αὐθάδειαν φυλάττων οὐθὲν ὑποθωπεύσει τὸν δῆμον μετριάσας περὶ τοὺς λόγους· ὅπερ καὶ συνέβη. Γενομένης γὰρ ἡσυχίας καὶ πολλῆς ἐμπεσούσης ὀλίγου δεῖν πᾶσι τοῖς δημοτικοῖς προθυμίας ἀπολύειν αὐτόν, εἰ τὸν παρόντα θεραπεύσειε καιρόν, τοιαύτην αὐθάδειαν ἐπεδείξατο λόγων, καὶ τοσοῦτον αὐτῶν κατεφρόνησεν, ὥστε παρελθὼν ἔξαρνος μὲν ὑπὲρ οὐθενὸς ἦν τῶν πρὸς τὴν βουλὴν εἰρημένων κατὰ τοῦ πλήθους, οὐδ´ ὡς μεταγινώσκων ἐπ´ αὐτοῖς εἰς οἴκτους καὶ παραιτήσεις ἐτρέπετο· ἀρχὴν δ´ οὐδὲ δικασταῖς αὐτοῖς ἠξίου χρῆσθαι περὶ οὐδενὸς πράγματος, ὡς οὐδεμίαν ἔχουσιν ἐξουσίαν νόμιμον· εἰ δὲ βουλήσεταί τις ἐπὶ τῶν ὑπάτων αὐτοῦ κατηγορεῖν εἴτ´ ἔργων εὐθύνας ἀπαιτῶν εἴτε λόγων, ἔνθα νόμος ἐστὶν ἕτοιμος εἶναι δίκην ὑπέχειν. Παρεληλυθέναι δὲ πρὸς τοὺς δημότας ἔλεγεν, ἐπειδὴ καλοῦσιν αὐτοί, τὰ μὲν ἐπιτιμήσων ταῖς παρανομίαις αὐτῶν καὶ πλεονεξίαις, αἷς ἐχρήσαντο περί τε τὴν ἀπόστασιν καὶ μετὰ τὴν κάθοδον· τὰ δὲ συμβουλεύσων ἐπισχεῖν ἤδη ποτὲ καὶ συστεῖλαι τὰς ἀδίκους ἐπιθυμίας. Καὶ μετὰ τοῦτ´ ἐπιστρεφῶς πάνυ καὶ θρασέως ἁπάντων αὐτῶν καθήπτετο καὶ μάλιστα τῶν δημάρχων. Προσῆν δ´ αὐτοῦ τοῖς λόγοις οὐχ ὡς πολίτου δῆμον ἀναδιδάσκοντος εὐλόγιστος αἰδώς, οὐδ´ ὡς ἰδιώτου πολλοῖς ἀπεχθομένου σώφρων εὐλάβεια πρὸς τὰς τοῦ κρατοῦντος ὀργάς, ἀλλ´ ὡς ἐχθροῦ προπηλακίζοντος ἀδεῶς τοὺς ὑπὸ χεῖρας ἄκρατός τις χολὴ καὶ βαρεῖα τοῦ κακῶς πάσχοντος ὑπεροψία. XVIII. [7,35] Τοιγάρτοι λέγοντός τ´ αὐτοῦ μεταξὺ πολὺς θόρυβος ἐγίνετο τῇδε καὶ τῇδε θαμινὰ μεθελκομένοις, ὡς ἐν διαφόροις, πλήθεσι καὶ οὐ ταὐτὰ βουλομένοις, τῶν μὲν ἡδομένων ἐπὶ τοῖς λόγοις αὐτοῦ, τῶν δὲ πάλιν ἀχθομένων. Καὶ ἐπειδὴ ἐπαύσατο λέγων, ἔτι πλείων ἀνέστη βοὴ καὶ θόρυβος. Οἱ μὲν γὰρ πατρίκιοι κράτιστον ἀνδρῶν λέγοντες ἐπῄνουν αὐτὸν ἐπὶ τῇ παρρησίᾳ καὶ μόνον ἀπέφαινον ἐξ ἁπάντων σφῶν ἐλεύθερον, ὃς οὔτε πολεμίων ἔδεισεν ἐπιόντων ὄχλον οὔτε πολιτῶν αὐθάδεις καὶ παρανόμους ἐκολάκευσεν ὁρμάς· οἱ δὲ δημοτικοὶ δυσανασχετοῦντες ἐπὶ τοῖς ὀνειδισμοῖς βαρὺν καὶ πικρὸν καὶ πολεμίων ἁπάντων ἔχθιστον αὐτὸν ἀπεκάλουν. Προθυμίαν δὲ πολλὴν εἶχόν τινες ἤδη, οἷς πολὺ προσῆν τὸ εὐχερές, ἐν χειρῶν αὐτὸν διαφθεῖραι νόμῳ. Συνήργουν δ´ αὐτοῖς εἰς τοῦτο καὶ συνελάμβανον οἱ δήμαρχοι, καὶ μάλιστα Σικίννιος ἐνεδίδου τοῖς βουλήμασι τὰς ἡνίας. Τελευτῶν γοῦν, ἐπειδὴ πολλὴν αὐτοῦ καταδρομὴν ἐποιήσατο καὶ τοὺς θυμοὺς ἐξέκαυσε τῶν δημοτῶν, πολὺς ἐμπνεύσας τῇ κατηγορίᾳ τέλος ἐξήνεγκεν, ὅτι θάνατον αὐτοῦ καταψηφίζεται τὸ ἀρχεῖον τῆς εἰς τοὺς ἀγορανόμους ὕβρεως ἕνεκεν, οὓς τῇ προτέρᾳ τῶν ἡμερῶν ἄγειν αὐτὸν κελευσθέντας ὑφ´ αὑτῶν τύπτων ἀπήλασεν· οὐ γὰρ ἑτέρων τινῶν εἶναι τὸν προπηλακισμὸν τὸν εἰς τοὺς ὑπηρέτας σφῶν γενόμενον ἢ τῶν κελευσάντων. Καὶ ταῦτ´ εἰπὼν ἐπέταξεν ἄγειν αὐτὸν ἐπὶ τὸν ὑπερκείμενον τῆς ἀγορᾶς λόφον· ἔστι δὲ τὸ χωρίον κρημνὸς ἐξαίσιος, ὅθεν αὐτοῖς ἔθος ἦν βάλλειν τοὺς ἐπιθανατίους. XIX. Οἱ μὲν οὖν ἀγορανόμοι προσῄεσαν ὡς ἐπιληψόμενοι τοῦ σώματος, οἱ δὲ πατρίκιοι μέγα ἐμβοήσαντες ὥρμησαν ἐπ´ αὐτοὺς ἀθρόοι· ἔπειθ´ ὁ δῆμος ἐπὶ τοὺς πατρικίους· καὶ ἦν πολλὴ μὲν ἔργων ἀκοσμία, πολλὴ δὲ λόγων ὕβρις παρ´ ἀμφοῖν, ὠθισμοί τε καὶ χειρῶν ἐπιβολαί. Κατελήφθη δὲ καὶ σωφρονεῖν ἠναγκάσθη τὰ παρακινοῦντα ὑπὸ τῶν ὑπάτων βιασαμένων εἰς μέσους καὶ τοῖς ῥαβδούχοις ἀναστέλλειν κελευσάντων τοὺς ὄχλους· τοσαύτη ἄρα τῆς ἀρχῆς αἰδὼς ἦν τοῖς τότε ἀνθρώποις, καὶ οὕτω τίμιον τὸ τῆς βασιλικῆς ἐξουσίας μίμημα. Ἐφ´ οἷς ὁ Σικίννιος ἀδημονῶν καὶ διαταραττόμενος εὐλαβείας τε μεστὸς ὤν, μὴ προσαναγκάσῃ τοὺς διαφόρους τοῖς βιαίοις τὰ βίαια λῦσαι, ἀποστῆναι τ´ οὐκ ἀξιῶν τοῦ ἐγχειρήματος, ἐπειδὴ ἅπαξ ἐπεβάλετο, καὶ μένειν ἐφ´ οἷς ἔκρινεν οὐ δυνατὸς ὤν, πολὺς ἐν τῷ σκοπεῖν, ὅ τι πρακτέον ἦν. [7,36] Κατιδὼν δ´ αὐτὸν ἀμηχανοῦντα Λεύκιος Ἰούνιος Βροῦτος, ἐκεῖνος ὁ δημαγωγὸς ὁ τεχνησάμενος, ἐφ´ οἷς ἔσονται δικαίοις αἱ διαλλαγαί, δεινὸς ἀνὴρ τά τ´ ἄλλα καὶ πόρους εὑρεῖν ἐν ἀπόροις, προσέρχεται μόνος μόνῳ καὶ ὑποτίθεται μὴ φιλονεικεῖν ἐγχειρήματι θερμῷ καὶ παρανόμῳ συναγωνιζόμενον, ὁρῶντα τούς τε πατρικίους ἅπαντας ἠρεθισμένους καὶ ἑτοίμους ὄντας, εἰ κληθεῖεν ὑπὸ τῶν ὑπάτων, ἐπὶ τὰ ὅπλα χωρεῖν, τοῦ δὲ δήμου τὸ καρτερώτατον μέρος ἐνδοιάζον καὶ οὐκ ἀγαπητῶς δεχόμενον ἀνδρὸς ἐπιφανεστάτου τῶν ἐν τῇ πόλει παράδοσιν ἐπὶ θανάτῳ καὶ ταῦτ´ ἀκρίτου. Συνεβούλευε δ´ αὐτῷ τότε μὲν εἶξαι καὶ μὴ χωρεῖν ὁμόσε τοῖς ὑπάτοις, μή τι μεῖζον κακὸν ἐργάσηται, προθεῖναι δὲ τῷ ἀνδρὶ δίκην ὁρίσαντα χρόνον ὅσον δή τινα, καὶ ψῆφον ἀναδοῦναι τοῖς πολίταις ὑπὲρ αὐτοῦ κατὰ φυλάς· ὅ τι δ´ ἂν αἱ πλείους ψῆφοι καθαιρῶσι, τοῦτο ποιεῖν· τυραννικὸν μὲν γὰρ εἶναι καὶ βίαιον, ὃ νῦν ἐπειρᾶτο διαπράττεσθαι, τὸν αὐτὸν ὑπάρχειν καὶ κατήγορον καὶ δικαστὴν καὶ τοῦ μέτρου τῆς τιμωρίας κύριον· πολιτικὸν δὲ τὸ κατὰ νόμους ἀπολογίας τυχόντα τὸν ὑπαίτιον, ὅ τι ἂν τοῖς πλείοσι δικασταῖς δόξῃ, τοῦτο παθεῖν. Πείθεται τούτοις ὁ Σικίννιος μηδὲν ὁρῶν βούλευμα κρεῖττον καὶ παρελθὼν ἔφη· Τὴν μὲν σπουδὴν ὁρᾶτε τῶν πατρικίων τὴν εἰς τὰ φονικὰ καὶ βίαια ἔργα, ὦ δημόται, ὡς ἑνὸς ἀνδρὸς αὐθάδους ὅλην ἀδικοῦντος τὴν πόλιν ἧττον τίθενται τὸ πλῆθος τὸ ὑμέτερον. Οὐ μὴν ὁμοίους γ´ αὐτοῖς γίνεσθαι χρὴ καὶ ἐπὶ κεφαλὴν ὠθεῖσθαι οὔτ´ ἄρχοντας πολέμου οὔτ´ ἀμυνομένους· ἀλλ´ ἐπειδὴ πρόφασιν εὐπρεπῆ προβάλλονταί τινες τὸν νόμον, ᾧ βοηθοῦντες αὐτὸν ἀφαιροῦνται τῆς κολάσεως, ὃς οὐκ ἐᾷ τῶν πολιτῶν οὐθέν´ ἀποκτεῖναι ἄκριτον, συγχωρήσωμεν αὐτοῖς τὸ δίκαιον τοῦτο, καίπερ οὐδὲ νόμιμα πάσχοντες οὐδὲ δίκαια ὑπ´ αὐτῶν, καὶ δείξωμεν, ὅτι τοῖς εὐγνώμοσι μᾶλλον ἢ τοῖς βιαίοις περιεῖναι τῶν ἀδικούντων ἡμᾶς πολιτῶν βουλόμεθα. Ὑμεῖς μὲν οὖν ἄπιτε καὶ τὸν μέλλοντα καιρὸν ἐκδέχεσθε οὐ πολὺν ἐσόμενον· ἡμεῖς δὲ παρασκευασάμενοι τὰ κατεπείγοντα προθήσομεν χρόνον τῷ ἀνδρὶ εἰς ἀπολογίαν καὶ τὴν δίκην ἐφ´ ὑμῶν συντελέσομεν. Ὅταν δὲ γένησθε τῆς ψήφου κατὰ τὸν νόμον κύριοι, τιμήσατε αὐτῷ ἧς ἂν ἄξιον εὕρητε ζημίας. Καὶ περὶ μὲν τούτου τοσαῦτα. Τῆς δὲ τοῦ σίτου διαπράσεώς τε καὶ διαθέσεως, ἵν´ ἐκ τοῦ δικαιοτάτου γένηται, εἰ μή τις ἔσται τούτοις καὶ τῇ βουλῇ φροντίς, αὐτοὶ ἐπιμελησόμεθα. Ταῦτ´ εἰπὼν διέλυσε τὴν ἐκκλησίαν.
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X. LE jour suivant, les tribuns se rendirent les premiers à la place publique. Là ayant convoqué une assemblée du peuple, il haranguèrent l'un après l'autre, accusant vivement les patriciens d'avoir rompu les traités et violé le serment par lequel ils avaient promis au peuple d'oublier entièrement le passé : et pour faire voir que leur réconciliation n'avait point été sincère, ils apportaient entre autres preuves la disette des vivres que les patriciens avaient causée eux-mêmes de dessein formé, les deux peuplades qu'ils avaient envoyées dans les villes voisines et tout ce qu'ils avaient fait pour diminuer à Rome le nombre des plébéiens. Tombant ensuite sur Marcius, ils invectivèrent contre lui avec beaucoup d'animosité. Ils lui firent un crime du discours qu'il avait tenu en plein sénat, de ce qu'ayant été cité devant le peuple pour rendre compte de sa conduite, il avait refusé opiniâtrement de comparaître, et de ce qu'il avait repoussé par des coups et avec violence, les édiles qui s'étaient présentés pour l'y contraindre. Ils citèrent pour témoins de ce qui s'était passé dans le sénat, les personnes les plus vénérables de cet ordre, et pour témoins de l'insulte faite aux édiles, tous les plébéiens qui s'étaient trouvés alors dans la place publique. Après ces invectives, ils firent sommer les patriciens de se défendre s'ils avaient quelque chose à dire contre ces accusa timons, retenant toujours le peuple à l'assemblée jusqu'à ce que le sénat eût fini sa séance. Car tandis que la multitude tenait conseil, les patriciens délibéraient aussi sur les mêmes affaires : mais ils ne savaient quel parti prendre, ou de se justifier devant le peuple sur les calomnies dont on les avait noircis y ou de se tenir tranquilles à ce sujet. Enfin, le plus grand nombre préféra le parti le plus doux au plus hardi, les consuls renvoyèrent le sénat, et se rendirent à l'assemblée, tant pour répondre aux calomnies qu'on avait faites contre le sénat en général, que pour prier instamment le peuple de ne décerner rien de trop fort contre Marcius. XI. MINUCIUS le plus âgé des deux consuls, s'avança au milieu de l'assemblée du peuple, et parla en ces termes : « Pour ce qui regarde la cherté des vivres, nous n'avons, Romains, que deux mots à répondre, et nous ne citerons point d'autres témoins que vous-mêmes. Vous n'ignorez pas que si les terres n'ont produit point de grains, c'est qu'on a négligé de les ensemencer à l'ordinaire : il n'est pas besoin que d'autres vous apprennent d'où procède la désolation des campagnes, ni pourquoi, malgré leur bonté et leur grande étendue, on n'y trouve ni blés, ni esclaves, ni troupeaux. Vous savez que les ennemis en ont ravagé la plus grande partie, qu'elles ne suffisent pas pour la nourriture de tant de citoyens qui n'ont point d'autres provisions d'ailleurs, Convenez donc que la cause de la famine n'est pas telle que vos orateurs vous le font entendre, mais qu'elle vient de ce que vous savez vous-mêmes : cessez d'imputer vos malheurs à nos prétendues embûches, cessez de nous faire des reproches que nous ne méritons pas. Au reste, nous avons envoyé des colonies, c'est la nécessité qui nous y a obligés, et nous ne l'avons fait, que parce que vous avez tous jugé d'une commune voix, qu'il était à propos de s'emparer par de bonnes garnisons, de ces places si commodes pour la guerre. Souvenez-vous aussi des tristes circonstances où nous avons pris le parti d'envoyer ces colonies : c'était un temps de nécessité, de famine, de disette, et ce démembrement a été aussi utile à ceux qui les composent, qu'à vous-mêmes qui êtes restés ici : ils ont toutes .choses en abondance dans leur nouvel établissement ; et vous qui êtes restés à Rome, vous vous trouvez moins pressés par la famine. Enfin vous ne pouvez nous faire aucun reproche là-dessus, puisque les patriciens ont participé à la même fortune que les plébéiens, tirant au fort aussi bien qu'eux pour être de la colonie. Pourquoi donc ces harangueurs s'avisent-ils de nous faire un crime d'une chose où vous avez eu autant de part que nous, et dans laquelle les patriciens et les plébéiens ont couru la même fortune ? Qu'elle ait été mauvaise cette fortune, comme ils le disent, ou qu'elle ait été avantageuse, comme nous le croyons, vous ne pouvez vous en plaindre, puisqu'elle a été commune à la noblesse et au peuple. Quant aux calomnies qu'ils ont débitées contre nous au sujet de la dernière assemblée du sénat, en nous accusant de ne vouloir pas modérer le taux des denrées, de faire sous-main tous nos efforts pour détruire la puissance des tribuns, de garder toujours contre vous quelque ressentiment à cause de votre retraite, de chercher tous les moyens d'accabler le peuple, et plusieurs autres plaintes de cette sorte, nous les réfuterons bientôt par des faits incontestables. Pour vous prouver que nous ne vous avons fait aucun mal, nous confirmons présentement la puissance des tribuns sur le même pied que nous vous l'avons accordée, et nous vous vendrons le blé au prix que vous déterminerez vous-mêmes d'un commun consentement. Ayez donc un peu de patience, et si nous vous manquons de parole, plaignez-vous hautement et nous accusez d'infidélité. XII. Si vous vouliez examiner nos différends avec quelqu'attention, les patriciens auraient je crois, plus de droit d'accuser le peuple que vous n'en avez de vous plaindre du sénat. En effet, Romains, ( ne vous sachez pas si je parle avec liberté, ) c'est une injustice que vous nous faites de condamner d'avance nos délibérations sans en attendre la fin. Ne ce fait-on pas qu'il n'y a rien de plus facile que de troubler l'état et de rompre l'union et la concorde, si l'on veut nous faire un crime de nos délibérations et de nos promesses, dont la foi encore incertaine ne pouvant nous mettre à couvert de vos soupçons, sert à vos magistrats de spécieux prétexte pour colorer leurs injustes démarches ? Mais vos chefs et. vos protecteurs ne sont pas les seuls qui soient dignes de ce blâme pour les calomnies qu'ils débitent contre le sénat. Vous n'êtes pas moins répréhensibles qu'eux, pour avoir ajouté foi à leurs discours envenimés, et pour vous être déchaînés contre les patriciens avant que d'avoir fait l'épreuve de la sincérité de leurs promesses. Si vous craigniez quelqu'injustice de leur part, il fallait retenir votre colère jusqu'à ce qu'ils l'eussent méritée, et attendre à ce temps-là à leur en faire sentir les effets. Mais au lieu de vous comporter ainsi, vous avez agi avec plus de promptitude que de prudence, et vous avez cru faussement que toute votre sûreté consistait à faire du mal. XIII. CE que j'ai dit, est plus que suffisant pour détruire les accusations que vos tribuns ont osé débiter contre les sénateurs en général. Mais puisqu'ils nous accusent tous en particulier sur les avis que nous avons ouverts dans les assemblées du sénat, puisqu'ils prétendent que nous voulons diviser la ville, et qu'aujourd'hui ils cherchent à punir de mort ou à exiler Marcius, ce citoyen si zélé pour les intérêts de la patrie, qui n'a point fait d'autre crime que d'avoir déclaré les sentiments avec une généreuse liberté, je veux aussi réfuter toutes ces calomnies. C'est à vous à voir, si dans tout ce que je vais dire, je ne passerai point les bornes de la vérité et de la modération. Quand vous fîtes la paix avec le sénat, vous crûtes, Romains, qu'il vous suffisait d'obtenir l'abolition de vos dettes, et la permission de créer des magistrats de votre corps pour protéger les pauvres si on leur faisait violence : vous obtîntes l'une et l'autre grâce, et vous nous en remerciâtes. Mais vous ne demandâtes point alors, et vous ne demanderez jamais, que la dignité de consul soit abolie, ni qu'on ôte au sénat l'administration de la république, ni qu'on renverse l'ordre du gouvernement de l'état. Qu'est-ce donc qui vous porte à brouiller aujourd'hui, et pourquoi faites-vous vos efforts pour renverser tout ? Par quel droit prétendez-vous nous dépouiller de notre dignité? Si vous épouvantez les sénateurs afin de leur ôter la liberté de dire franchement ce qu'ils pensent, que peut-on attendre de bon de vos magistrats, ou sur quelle loi se fonderont-ils pour condamner des patriciens à la mort ou à l'exil ? Car ce prétendu droit n'est fondé ni sur les lois anciennes, ni sur le nouveau traité fait avec le sénat. Si vous voulez que je vous dise la vérité, franchir les bornes prescrites par les lois et consulter plutôt la force que la justice, ce n'est pas une conduite qui convienne à des plébéiens, mais à des tyrans. Je vous conseillerais donc de vous en tenir aux avantages que le sénat vous a accordés, sans prétendre usurper aujourd'hui des privilèges et des droits que vous ne lui demandâtes point par le traité de réconciliation. Mais pour vous faire mieux comprendre que les demandes de vos orateurs ne font ni justes ni raisonnables, et que leurs prétentions ne sont pas moins impertinentes qu'impossibles, mettez-vous, je vous prie, à notre place, et supposez que l'affaire dont il s'agit est celle du peuple et. non pas du sénat. Imaginez-vous que les sénateurs accusent vos magistrats de parler mal de leur corps dans vos assemblées, de renverser le gouvernement aristocratique, d'exciter des séditions dans Rome, ( au reste, ils ne diraient que trop vrai, car les tribuns font tout cela : ) imaginez-vous qu'on leur reproche encore quelque chose de plus criant, comme de s'attribuer plus de pouvoir qu'il ne leur en appartient, et d'entreprendre même de faire mourir qui ils voudront d'entre les sénateurs sans le juger dans les formes : imaginez-vous après cela qu'on demande qu'il soit permis de tuer impunément les auteurs de ces entreprises trop hardies. Comment pourriez-vous souffrir une telle arrogance du sénat, et que diriez-vous en pareil cas? N'en seriez-vous pas indignés ? Ne crieriez-vous pas à l'injustice atroce, si quelqu'un vous ôtait la liberté de parler et d'agir, et si l'on menaçait de mort quiconque oserait dire une seule parole en faveur du peuple ? Oui certainement vous crieriez à l'injustice atroce : on ne peut en douter. Après-cela, Romains, vous voudriez que les autres supportassent avec patience ce que vous ne souffririez pas vous-mêmes ? Sont-ce-là les sentiments qu'inspirent la modération et l'humanité, et est-ce ainsi que l'on doit en user dans la société civile ? Ne confirmez-vous ce pas vous-mêmes par cette conduite, que les accusations formées contre vous ne sont que trop vraies ? Ne faites-vous pas voir par-là, que ceux qui nous conseillent de ne pas laisser augmenter votre puissance illégitime, nous donnent des avis conformes aux intérêts de la république ? Pour moi je le crois ainsi. Mais s'il est vrai, comme je le souhaite, que vous ayez d'autres desseins que ceux qu'on vous attribué : croyez-moi, modérez-vous. Souffrez en patience et modestement les discours qui vous offensent : c'est là le moyen de passer pour de bons citoyens et d'obliger en même temps vos plus mortels ennemis à changer de résolution et de sentiments à votre égard. Voila les raisons que nous avions à vous dire. Elles nous paraissent très justes et très convaincantes : ainsi nous vous conseillons de demeurer dans les bornes de votre devoir. XIV. Au reste si nous parlons ici des bons offices que nous vous avons rendus autrefois et tout nouvellement dans le temps de votre retour, ce n'est pas pour vous les reprocher, mais pour vous rendre plus dociles : car s'il est de votre générosité de les oublier, il n'est pas moins de votre devoir de vous en souvenir toujours. En reconnaissance de tant de bienfaits dont nous vous avons comblés, nous ne vous demandons aujourd'hui qu'une seule grâce : c'est de ne pas faire mourir ni exiler un homme qui aime la patrie et qui est le plus habile guerrier que nous ayons. Sachez, Romains, que ce serait une grande perte pour nous, si vous ôtiez à l'état un sujet d'une vertu si admirable et d'un courage si extraordinaire. C'est donc principalement aux obligations que vous lui avez, qu'il faut sacrifier tous vos ressentiments. Souvenez-vous qu'il y a parmi vous un grand nombre de citoyens qu'il a sauvés dans les guerres, et, que la mémoire de ses belles actions efface de votre esprit un méchant discours qui fait tout le sujet de vos plaintes : ses paroles ne vous ont fait aucun mal, au lieu que ses actions vous ont fait beaucoup de bien. Que si vous êtes ses ennemis irréconciliables, au moins accordez sa grâce à nos prières et à celle du sénat, et vous réconciliez une bonne fois avec nous, afin de rétablir dans Rome la concorde et l'union qui y régnait autrefois. Si vous nous refusez la grâce que nous demandons, sachez que nous ne céderons point à vos violences, et que cette tentative que nous faisons auprès du peuple, produira ou une amitié sincère et de bons offices encore plus grands que par le passé, ou une nouvelle guerre civile et des maux, sans remède.» XV. Ainsi parla Minucius. Les tribuns qui s'aperçurent que le peuple s'était laissé gagner par son discours plein de modération et par les promesses avantageuses qu'il lui faisait, en furent extrêmement indignés. Mais Gaius Sicinnius Bellutus en conçut encore plus de dépit que tous ses collègues. C'était lui qui avait porté les pauvres à se soulever contre la noblesse. Les plébéiens l'avaient fait leur général dans le temps qu'ils étaient sous les armes, ne l'élevant à un si haut degré de puissance que parce qu'il était l'ennemi déclaré du gouvernement aristocratique : il était alors tribun pour la seconde fois. Il n'y avait aucun des tribuns qui appréhendaient tant que lui que la concorde et. l'ancienne police, ne se rétablît : personne en effet n'y avait plus d'intérêt. Comme c'était un très méchant homme, qui avait eu une éducation basse et qui ne s'était jamais distingué par aucun endroit ni dans la paix ni dans la guerre, non seulement il n'avait aucune espérance que l'aristocratie venant à reprendre le dessus, on lui déférât les mêmes honneurs et la même puissance, mais il courait risque de sa vie, parce qu'il avait allumé dans Rome le flambeau de la division, et plongé la république dans les horreurs d'une guerre civile, qui avait produit une infinité de maux. Sicinnius ayant délibéré avec les magistrats du peuple, sur ce qu'il avait à faire et sur ce qu'il devait dire, se leva au nom de tous pour répondre aux consuls. D'abord il déplora les misères du peuple, et loua les consuls sur ce qu'ils avaient bien voulu rendre raison aux plébéiens sans mépriser leur bassesse : il dit ensuite qu'il savait bon gré aux patriciens de ce qu'enfin ils commençaient à prendre foin du salut du pauvre peuple ; puis il ajouta qu'il serait témoin avec tous les autres si leurs actions répondraient à leurs paroles. XVI. APRES cet exorde, paraissant plus modéré dans sa colère et pencher plus qu'auparavant du côté de la paix, il se tourna vers Marcius qui était devant les consuls, et lui parla ainsi. « Et vous, Marcius, pourquoi ne vous défendez-vous pas devant vos citoyens sur ce que vous avez dit dans le sénat ? Ou plutôt, que ne tâchez-vous de les fléchir par vos prières, afin qu'ils vous punissent moins rigoureusement ? Car je ne vous conseillerais pas de nier un fait dont il y a tant de témoins, ni de vous défendre avec impudence. Ces airs de hauteur ne vous conviendraient nullement, tout Marcius que vous êtes, et quoique vous affectiez plus de fierté que n'en doit avoir une personne privée. Si ce n'est peut-être que vous vous imaginiez qu'il convient aux consuls et aux patriciens de demander grâce au peuple pour vous, mais et qu'il serait indigne de vous la solliciter pour vous-même. : XVII. Il parlait ainsi, parce qu'il savait bien que Marcius était un homme trop fier pour se résoudre à s'accuser soi-même, à avouer sa propre faute, à en demander grâce, à se lamenter ou avoir recours aux prières contre son naturel hautain, et qu'il prendrait le parti ou de ne point défendre sa cause, ou de le faire avec sa fierté naturelle, sans flatter le peuple ni garder de modération dans son discours, ce qui arriva en effet. Quand on eut fait silence, presque tous les plébéiens étant portés à l'absoudre s'il s'était accommodé au temps et qu'il eut su mollir dans l'occasion, il fit paraître tant de fierté dans ses paroles et tant de mépris pour eux, que loin de désavouer ce qu'il avait dit dans le sénat contre le peuple, ou d'en paraître repentant, d'exciter la compassion et d'avoir recours aux prières, il ne daigna pas même se soumettre à leur jugement en aucune chose, prétendant qu'ils n'avaient point de pouvoir légitime. Il protesta que si on voulait l'accuser devant les consuls qui étaient ses juges naturels, pour lui demander compte de ses actions ou de ses paroles en ce qui regardait les lois, il était prêt à y comparaître pour être jugé : mais qu'il n'était venu à l'assemblée des plébéiens ou ils l'avaient appelé, que pour leur reprocher leurs prévarications et les excès auxquels ils s'étaient emportés, soit dans le temps de leur retraite, soit après leur retour, et pour les exhorter de commencer enfin à réprimer leurs injustes désirs. Il se mit ensuite à déclamer avec beaucoup de force et de hardiesse contre tous les plébéiens, mais particulièrement contre leurs tribuns, ne gardant dans ses paroles ni le respect ni la précaution raisonnable que doit garder un citoyen qui veut instruire le peuple, ni les mesures convenables à un particulier haï de presque tout le monde et qui doit éviter de choquer les puissances. En un mot, il fit paraître une colère immodérée et. un souverain mépris pour les assiégés, semblable à un ennemi, qui sans rien craindre, insulte des vaincus qui sont à sa merci. XVIII. PENDANT qu'il parlait, il s'éleva un grand tumulte causé par la diversité des sentiments, comme il arrive d'ordinaire dans les nombreuses assemblées, où le peuple se laissé entraîner, tantôt d'un côté, tantôt de l'autre, les uns applaudissant à ses discours et les autres en étant fort indignés. Mais après qu'il eut fini de parler, les cris et le tumulte ne firent que s'augmenter de plus en plus. Les patriciens louaient la liberté qu'il faisait paraître dans ses discours : ils disaient qu'il était le plus courageux de tous les hommes, le seul qui fût véritablement libre, puisqu'il n'avait pas craint dernièrement une troupe d'ennemis qui étaient allés pour se jeter sur lui, et qu'il ne pouvait encore se résoudre à employer une basse flatterie pour arrêter les fières et. injustes entreprises des citoyens. Mais d'un autre côté les plébéiens irrités de ses reproches, le traitaient comme l'homme du monde le plus insupportable, comme un esprit plein d'aigreur et de fiel, et comme le plus déclaré ennemi qu'ils pussent jamais avoir. Il y en avait même qui voulaient à toute force le tuer sur le champ, pendant que l'occasion s'en présentait si belle. Les chefs de l'assemblée les y encourageaient. Sicinnius surtout animait leurs transports, leur lâchait la bride, et leur donnait toute permission. Il assembla autour de lui une multitude dont il alluma la fureur: tout écumant de colère contre Marcius, il vomit contre ce grand homme tout ce que la rage et le dépit lui inspiraient. Enfin il prononça sa sentence de mort, déclarant qu'elle avait été arrêtée par le collège des tribuns, en punition de l'insulte commise en la personne des édiles, qu'on avait envoyés le jour précédent avec ordre de l'emmener, et qu'il avait repoussés avec violence en les maltraitant de coups, insulte qui tombait directement sur les tribuns qui avaient donné l'ordre aux édiles leurs ministres. Cette sentence prononcée il ordonne qu'on le mène sur une éminence qui commandait à la place publique : c'est une roche effroyable du haut de laquelle on avait coutume de précipiter ceux qui étaient condamnés à mort. XIX. Les édiles s'approchent pour se saisir de Marcius : les patriciens se jettent en foule sur eux avec de grands cris, en même temps le peuple s'attroupe et repousse les patriciens. Les esprits s'échauffent : il s'excite un tumulte affreux : on se dit des injures de part et d'autre : on s'entre pousse, on n'épargne pas même les coups. Enfin les consuls s'étant jetés au milieu de la mêlée, ordonnent à leurs licteurs d'écarter la foule, et le tumulte s'apaise, tant les hommes de ces premiers siècles avaient de vénération pour la dignité de consul, et de respect pour l'autorité royale. Alors Sicinnius fort embarrassé de sa contenance, ne savait à quoi se déterminer. D'un côté il appréhendait d'obliger ses adversaires à repousser la violence par la force, de l'autre il ne pouvait se résoudre à lâcher prise du moment qu'il avait une fois commencé. Comme il rêvait sur le parti qu'il devait prendre, Lucius Junius Brutus, cet inventeur des conditions suivant lesquelles on avait conclu la réconciliation du peuple avec les patriciens, ce harangueur qui savait conduire la multitude, cet orateur populaire, si prompt en toutes choses, surtout à trouver des expédients dans les conjonctures les plus difficiles, entre dans les peines du tribun, et pour le tirer d'un si grand embarras il s'abouche avec lui seul. Il lui conseille de ne se point entêter à poursuivre l'exécution d'une entreprise injuste et commencée avec trop de chaleur. Il lui fait entendre que tous les patriciens transportés de colère, sont prêts à prendre les armes, si les consuls leur en donnent le signal, que d'ailleurs la plus grande partie du peuple, est fort en balance, et très peu disposée à souffrir qu'on livre à la mort le plus illustre personnage de Rome, sans l'avoir jugé et condamné dans les formes. Par ces remontrances réitérées, il lui persuade qu'il doit céder pour le présent, et ne pas se commettre avec les consuls, de peur qu'il n'en arrive un plus grand mal, qu'il est plus à propos de citer Marcius à un jour marqué, pour comparaître au tribunal du peuple, qui le jugerait en donnant ses suffrages par tribus, afin d'être puni comme il serait décidé à la pluralité des voix. Que ce qu'il entreprenait pour lors en se portant pour accusateur, pour juge, et pour arbitre du genre de punition, était une démarche tyrannique et violente, qu'il serait bien plus conforme aux règles et aux maximes d'un légitime gouvernement, de permettre à ce consulaire de se défendre selon les lois, pour être puni ensuite comme les juges l'auraient décidé à la pluralité des suffrages. Sicinnius qui ne voyait point d'autre moyen de se tirer d'embarras, défère au conseil de Brutus et embrasse ce parti comme le plus prudent : Ensuite s'étant avancé au milieu de l'assemblée, il tint ce discours. « Vous voyez, Romains, avec quelle, ardeur les patriciens se portent au meurtre et à la violence, et qu'ils font moins de cas de vous tous, que d'un orgueilleux qui a insulté toute la ville. Gardons-nous bien de leur ressembler, ou de courir tête baissée à notre perte, soit que nous fassions la guerre, soit que nous la repoussions si on nous la déclare ; et puisque quelques-uns apportent un prétexte apparent pour secourir le coupable, et pour le soustraire au châtiment, en citant la loi qui ne permet pas de faire mourir un citoyen sans l'avoir jugé et condamné dans les formes, accordons-leur ce prétendu droit, quoiqu'ils n'agissent pas avec nous dans les règles de la justice ni selon les lois. Faisons leur voir que dans le temps même que nos propres citoyens nous font du mal, nous préférons les voies de la douceur à celles de la violence. Allez-vous-en donc chez vous :attendez un moment plus favorable, il ne tardera pas à venir. Pour nous, après que nous aurons réglé les affaires les plus pressées, nous ferons assigner Marcius à comparaître en jugement, et nous renverrons l'affaire par devant vous. Ayez soin seulement, quand on vous aura donné le droit de suffrages selon les lois, de lui imposer la peine qu'il vous paraîtra avoir méritée. En ce voila assez sur cet article. Pour ce qui regarde la vente et distribution du blé, et le juste taux qu'il y faut mettre, nous y pourvoirons nous-mêmes, si les consuls et le sénat n'en ont pas soin. ». Ce discours fini, il renvoya l'assemblée. |
I. Ordonnance des consuls pour régler le taux des denrées. II. Ils font différer let poursuites contre Marcius. III. Les tribuns indiquent le jour qu'on doit le juger. IV. Conférence des tribuns avec les consuls. V. Discours du consul Minucius, que le peuple ne doit rien décider sans un délibéré du sénat. VI. Amnistie du sénat. VII. Discours du tribun Lucius. VIII. Que le peuple a droit de juger Marcius. IX. Que les patriciens doivent garder les articles du traité de réconciliation. X. Plaintes contre Marcius. XI. Qu'il doit se présenter au tribunal du peuple pour lui demander grâce. XII. Délibérations du sénat. |
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I. [7,37] Μετὰ τοῦθ´ οἱ μὲν ὕπατοι συναγαγόντες τὴν βουλὴν ἐσκόπουν ἐφ´ ἡσυχίας, τίς ἂν γένοιτο τῆς παρούσης ταραχῆς λύσις. Καὶ ἔδοξεν αὐτοῖς πρῶτον μὲν ἀποθεραπεῦσαι τοὺς δημότας, εὐώνους πάνυ καὶ λυσιτελεῖς ποιήσαντας αὐτοῖς τὰς ἀγοράς· ἔπειτα πείθειν τοὺς προεστηκότας αὐτῶν χάριτι τῆς βουλῆς παύσασθαι καὶ μὴ παράγειν τὸν Μάρκιον, εἰ δὲ μὴ πείθοιεν εἰς μακροτάτους ἀναβάλλεσθαι χρόνους, ἕως ἂν μαρανθῶσιν αἱ τῶν πολλῶν ὀργαί. Ταῦτα ψηφισάμενοι τὸ μὲν ὑπὲρ τῆς ἀγορᾶς δόγμα εἰς τὸν δῆμον ἐξήνεγκαν καὶ πάντων ἐπαινεσάντων ἐκύρωσαν. Ἦν δὲ τοιόνδε· Τὰς τιμὰς εἶναι τῶν ὠνίων τῶν πρὸς τὸν καθ´ ἡμέραν βίον, αἵτινες ἐγένοντ´ ἐλάχισται πρὸ τῆς ἐμφυλίου στάσεως. II. Παρὰ δὲ τῶν δημάρχων πολλὰ λιπαρήσαντες τὴν μὴν ὁλοσχερῆ πάρεσιν οὐχ εὕροντο, τὴν δ´ εἰς χρόνον ὅσον ἠξίουν ἀναβολὴν ἔλαβον· αὐτοί τε προσεμηχανήσαντο διατριβὴν ἑτέραν ἀφορμῇ τοιᾷδε χρησάμενοι. Τοὺς ἐκ Σικελίας ἀποσταλέντας ὑπὸ τοῦ τυράννου πρέσβεις καὶ παρακομίσαντας τῷ δήμῳ τὴν τοῦ σίτου δωρεὰν ἀποπλέοντας οἴκαδε Ἀντιάται πειρατήριον στείλαντες κατήγαγον ἀποσαλεύοντας οὐ πρόσω τῶν λιμένων καὶ τά τε χρήματ´ αὐτῶν ὡς πολεμίων δι´ ὠφελείας ἔθεντο, καὶ τὰ σώματα κατακλείσαντες εἶχον ἐν φυλακῇ. Ταῦτα μαθόντες οἱ ὕπατοι ἔξοδον ἐψηφίσαντο ἐπὶ τοὺς Ἀντιάτας, ἐπειδὴ πρεσβευομένοις αὐτοῖς οὐδὲν ἠξίουν τῶν δικαίων ποιεῖν· καὶ ποιησάμενοι τῶν ἐν ἀκμῇ κατάλογον ἐξῄεσαν ἀμφότεροι, ψήφισμα κυρώσαντες ὑπὲρ ἀναβολῆς τῶν τ´ ἰδίων καὶ τῶν δημοσίων δικῶν, ὅσον ἂν χρόνον ὦσιν ἐν τοῖς ὅπλοις. Ἐγένετο δ´ οὗτος οὐχ ὅσον ὑπέλαβον, ἀλλὰ πολλῷ ἐλάττων. Οἱ γὰρ Ἀντιάται μαθόντες ἐξεστρατευμένους πανδημεὶ Ῥωμαίους οὐδὲ τὸν ἐλάχιστον ἀντέσχον χρόνον, δεόμενοι δὲ καὶ λιπαροῦντες τά τε σώματα τῶν ἁλόντων Σικελιωτῶν ἀπέδοσαν καὶ τὰ χρήματα, ὥστ´ ἠναγκάσθησαν οἱ Ῥωμαῖοι εἰς τὴν πόλιν ἀναστρέψαι. III. [7,38] Διαλυθείσης δὲ τῆς στρατιᾶς ὁ μὲν Σικίννιος ὁ δήμαρχος συναγαγὼν τὸ πλῆθος εἰς ἐκκλησίαν προεῖπεν ἡμέραν, ἐν ᾗ συντελεῖν ἔμελλε τὴν περὶ τοῦ Μαρκίου κρίσιν· καὶ παρεκάλει τούς τε κατὰ πόλιν ὑπάρχοντας ἀθρόους ἥκειν ἐπὶ τὴν διάγνωσιν τῆς δίκης καὶ τοὺς ἐπὶ τῶν ἀγρῶν διατρίβοντας ἀφεμένους τῶν ἔργων εἰς τὴν αὐτὴν ἡμέραν ἀπαντᾶν, ὡς ὑπὲρ ἐλευθερίας καὶ σωτηρίας ὅλης τῆς πόλεως τὴν ψῆφον ἀναληψομένους· παρήγγελλε δὲ καὶ τῷ Μαρκίῳ παρεῖναι πρὸς τὴν ἀπολογίαν ὡς οὐδενὸς ἀτυχήσοντι τῶν περὶ τὰς κρίσεις νομίμων. IV. Τοῖς δ´ ὑπάτοις ἐδόκει βουλευσαμένοις μετὰ τοῦ συνεδρίου μὴ περιορᾶν τὸν δῆμον ἐξουσίας τηλικαύτης κύριον γενόμενον. Εὕρητο δ´ αὐτοῖς τῆς κωλύσεως ἀφορμὴ δικαία καὶ νόμιμος, ᾗ χρώμενοι πάντα διαλύσειν ᾤοντο τὰ τῶν ἀντιδίκων βουλεύματα. Καὶ μετὰ τοῦτο παρεκάλεσαν εἰς λόγους ἐλθεῖν τοὺς προεστηκότας τοῦ δήμου συνόντων αὐτοῖς τῶν ἐπιτηδείων. Καὶ ἔλεξε Μηνύκιος τοιάδε· V. Ἡμῖν, ὦ δήμαρχοι, δοκεῖ χρῆναι τὴν στάσιν ἐξελαύνειν ἐκ τῆς πόλεως ἁπάσῃ δυνάμει καὶ μὴ φιλονεικεῖν ἐναντία τῷ δήμῳ περὶ μηδενὸς χρήματος· μάλιστα δ´ ὅταν ὁρῶμεν ὑμᾶς ἀπὸ τῶν βιαίων ἐπὶ τὰ δίκαια καὶ τοὺς λόγους ἥκοντας. Ταύτης μέντοιγε τῆς γνώμης ἐπαινοῦντες ὑμᾶς τὴν βουλὴν οἰόμεθα δεῖν ἄρξαι προβούλευμα ποιησαμένην, ὥσπερ ἐστὶν ἡμῖν πάτριον. Δύναισθε δ´ ἂν καὶ αὐτοὶ τοῦτο μαρτυρεῖν, ὅτι, ἐξ οὗ τήνδε τὴν πόλιν ἔκτισαν ἡμῶν οἱ πρόγονοι, τοῦτο τὸ γέρας ἔχουσα ἡ βουλὴ διατετέλεκε, καὶ οὐθὲν πώποτε ὁ δῆμος, ὅ τι μὴ προβουλεύσειεν ἡ βουλή, οὔτ´ ἐπέκρινεν οὔτ´ ἐπεψήφισεν, οὐχ ὅτι νῦν, ἀλλ´ οὐδ´ ἐπὶ τῶν βασιλέων {τὰ δ´}, ἀλλ´ ὅσα τῷ συνεδρίῳ δόξειε, ταῦθ´ οἱ βασιλεῖς εἰς τὸν δῆμον ἐκφέροντες ἐπεκύρουν. Μὴ δὴ τοῦτ´ ἀφαιρεῖσθε τὸ δίκαιον ἡμῶν, μηδὲ ἀρχαῖον καλὸν ἔθος ἀφανίζετε· διδάξαντες δὲ τὸ συνέδριον, ὅτι δικαίου δεῖσθε καὶ μετρίου πράγματος, ὅτι ἂν ἐκείνῳ δοκῇ, τούτου τὸν δῆμον ἀποδείξατε κύριον. [7,39] Ταῦτα τῶν ὑπάτων λεγόντων ὁ μὲν Σικίννιος οὐκ ἠνείχετο τῶν λόγων οὐδὲ ἠξίου τὴν βουλὴν οὐδενὸς ποιεῖν κυρίαν· οἱ δὲ τὴν αὐτὴν ἔχοντες ἐξουσίαν ἐκείνῳ Δεκίου γνώμῃ χρησάμενοι συνεχώρουν γενέσθαι τὸ προβούλευμα, δικαίαν τινὰ καὶ αὐτοὶ ποιησάμενοι πρόκλησιν, ἣν οὐχ οἷόν τ´ ἦν μὴ δέξασθαι τοῖς ὑπάτοις. Ἠξίουν γὰρ τοὺς βουλευτὰς λόγον ἀποδόντας αὐτοῖς τε τοῖς ὑπὲρ τοῦ δήμου πράττουσι καὶ τοῖς συναγορεύειν ἢ τἀναντία λέγειν βουλομένοις, ἐπειδὰν ἀκούσωσιν ἁπάντων τῶν βουλομένων, ὅ τι ἂν αὐτοῖς φανῇ δίκαιόν τε καὶ τῷ κοινῷ συμφέρον ἀποφήνασθαι, φέρειν δὴ τὴν γνώμην ἅπαντας ὥσπερ ἐν δικαστηρίῳ τὸν νόμιμον ὅρκον ὀμόσαντας· ὅ τι δ´ ἂν αἱ πλείους γνῶμαι καθαιρῶσι, τοῦτ´ εἶναι κύριον. Συγχωρησάντων δὲ τῶν ὑπάτων ὥσπερ ἠξίουν οἱ δήμαρχοι τὸ προβούλευμα γενέσθαι, τότε μὲν διελύθησαν· τῇ δὲ κατόπιν ἡμέρᾳ παρῆν μὲν εἰς τὸ συνέδριον ἡ βουλή· VI. Οἱ δ´ ὕπατοι δηλώσαντες αὐτῇ τὰ συγκείμενα τοὺς δημάρχους ἐκάλουν, καὶ περὶ ὧν ἥκουσιν ἐκέλευον λέγειν. Παρελθὼν δ´ ὁ Δέκιος ὁ συγχωρήσας τὸ προβούλευμα γενέσθαι τοιούτοις ἐχρήσατο λόγοις. VII. [7,40] Οὐ λανθάνει μὲν ἡμᾶς, ὦ βουλή, τὸ συμβησόμενον, ὅτι δι´ αἰτίας ἐσόμεθα παρὰ τῷ δήμῳ τῆς εἰς ὑμᾶς ἀφίξεως ἕνεκα, καὶ κατήγορον ἕξομεν τοῦ προβουλεύματος ἄνδρα τὴν αὐτὴν ἐξουσίαν ἔχοντα ἡμῖν, ὃς οὐκ ᾤετο δεῖν, ἃ δίδωσιν ἡμῖν ὁ νόμος, ταῦτα παρ´ ὑμῶν αἰτεῖν, οὐδ´ ἐν εὐεργεσίας μέρει τὸ δίκαιον λαμβάνειν. Κίνδυνον δ´ οὐ τὸν ἐλάχιστον ἀναρρίψομεν εἰς δίκην ὑπαχθέντες, ἀλλ´ ὡς αὐτόμολοι καὶ προδόται καταγνωσθέντες τὰ αἴσχιστα πεισόμεθα. Ἀλλὰ καίπερ ἐπιστάμενοι ταῦτα, ὅμως ὑπεμείναμεν εἰς ὑμᾶς ἐλθεῖν τῷ τε δικαίῳ πεποιθότες καὶ τοῖς ὅρκοις ἐπιτρέψαντες, οἷς ὀμόσαντες οἴσετε τὰς γνώμας. Φαῦλοι μὲν οὖν ἡμεῖς γ´ ὡς περὶ τηλικούτων καὶ τοσούτων λέγειν καὶ πολὺ τοῦ προσήκοντος ἐνδεέστεροι, τὰ δὲ πράγματα οὐ φαῦλα, ὑπὲρ ὧν λέξομεν. Τούτοις οὖν προσέχετε τὸν νοῦν, καὶ ἐὰν ὑμῖν δόξῃ δίκαιά τε καὶ συμφέροντα τῷ κοινῷ, προσθήσω δ´ ὅτι καὶ ἀναγκαῖα, συγχωρήσατε ἡμῖν αὐτῶν τυχεῖν ἑκόντες. VIII. [7,41] Ἐρῶ δὲ περὶ τοῦ δικαίου πρῶτον. Ὑμεῖς δή, ὦ βουλή, ὅτε τοὺς βασιλεῖς ἀπηλλάξατε συμμάχους ἔχοντες ἡμᾶς καὶ τὴν πολιτείαν, ἐν ᾗ νῦν ἐσμεν, κατεστήσατε, ἣν οὐ ψέγομεν, μειονεκτοῦντας ἐν ταῖς δίκαις τοὺς δημοτικοὺς ὁρῶντες, ὁπότε συμβαίη τι διάφορον αὐτοῖς πρὸς τοὺς πατρικίους· πολλὰ δ´ ἦν ταῦτα· νόμον ἐκυρώσατε Ποπλίου Οὐαλερίου θατέρου τῶν ὑπάτων γνώμῃ χρησάμενοι, ἐξεῖναι τοῖς κατισχυομένοις ὑπὸ τῶν πατρικίων δημόταις προκαλεῖσθαι τὰς κρίσεις ἐπὶ τὸν δῆμον· καὶ παρ´ οὐδὲν οὕτως ἕτερον ὡς τὸν νόμον τόνδε τήν τε πόλιν ἐν ὁμονοίᾳ διεφυλάξατε καὶ τοὺς βασιλεῖς ἐπιόντας ἀπεώσασθε. Τοῦτον δὴ προφερόμενοι τὸν νόμον, ὑπὲρ ὧν ἅπαντες ἀδικεῖσθαί τε καὶ κατισχύεσθαι λέγομεν ὑπὸ Γαΐου Μαρκίου τουδί, καλοῦμεν αὐτὸν ἐπὶ τὸν δῆμον καὶ τὰ δίκαια παραγγέλλομεν ἐκεῖ λέγειν. Καὶ προβουλεύματος ἐνταῦθ´ οὐκ ἔδει. Περὶ ὧν γὰρ οὐκ εἰσὶ νόμοι, περὶ τούτων ὑμεῖς τοῦ προβουλεύεσθαι κύριοι καὶ ὁ δῆμος ἐπιψηφίσαι· νόμου δ´ ὄντος ἀκινήτου, κἂν μηδὲν ὑμεῖς προβουλεύσητε, τούτῳ δήπου χρηστέον. Οὐ γὰρ δὴ τοῦτό γ´ ἂν εἴποι τις, ὅτι τῶν μὲν ἰδιωτῶν {ὄντων} οἷς τὸ μειονεκτεῖν συμβαίνει περὶ τὰς κρίσεις κυρίαν εἶναι δεῖ τὴν ἐπὶ τὸν δῆμον πρόκλησιν, ἡμῖν δὲ τοῖς δημάρχοις ἄκυρον. Νόμου μὲν δὴ συγχωρήματι τῷδε ἰσχυριζόμενοι καὶ διὰ τοῦτο παρακινδυνεύσαντες ὑφ´ ὑμῖν γενέσθαι δικασταῖς ἥκομεν. Ἐπ´ ἀγράφῳ δὲ καὶ ἀνομοθετήτῳ φύσεως δικαίῳ τόδε ἀξιοῦμεν, ὦ βουλή, μήτε πλέον ἔχειν ὑμῶν {τὸν δῆμον} μήτε μεῖον, {ἐν γοῦν τῷ δικαίῳ, {οἱ} πολλοὺς καὶ μεγάλους συνδιενέγκαντες ὑμῖν πολέμους καὶ} περὶ τὴν ἀπαλλαγὴν τῶν πολέμων πλείστην ἐπιδειξάμενοι προθυμίαν, καὶ τοῦ μηδενὶ τὸ κελευόμενον ποιεῖν τὴν πόλιν, ἀλλ´ αὐτὴν ἑτέροις ἐπιτάττειν τὰ δίκαια, οὐκ ἐλαχίστην μοῖραν παρασχόμενοι. Οὕτω δ´ ἂν ἡμῖν τὸ μὴ μεῖον ἔχειν τῶν δικαίων ἀποδοίητε, ὦ πατέρες, εἰ τοὺς ἐπιχειροῦντας εἰς τὰ σώματα ἡμῶν καὶ τὴν ἐλευθερίαν παρανομεῖν κωλύοιτε τὸν ἐκ τῆς δίκης ἐφιστάντες αὐτοῖς φόβον. Ἀρχὰς μὲν δὴ καὶ προεδρίας καὶ τιμὰς τοῖς ἀρετῇ καὶ τύχῃ προὔχουσιν ἡμῶν οἰόμεθα δεῖν ἀπονέμειν· τὸ δὲ μηδὲν ἀδικεῖσθαι καὶ τὸ δίκας ὧν ἄν τις πάθῃ προσηκούσας λαμβάνειν ἴσα καὶ κοινὰ τοῖς ἅμα πολιτευομένοις εἶναι δικαιοῦμεν. Ὥσπερ οὖν τῶν λαμπρῶν καὶ μεγάλων ἀφιστάμεθ´ ὑμῖν, οὕτως τῶν ἴσων καὶ κοινῶν οὐ μεθιέμεθα. Ἱκανὰ ταῦτ´ εἰρήσθω περὶ τοῦ δικαίου πολλῶν ἐνόντων καὶ ἄλλων λέγεσθαι.
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I. PEU de temps après, les consuls convoquèrent le sénat, et on délibéra à loisir sur les moyens d'apaiser les troubles. Il fut résolu, premièrement qu'on tâcherait d'adoucir les plébéiens en leur vendant les vivres à bon marché, secondement qu'on engagerait leurs magistrats à se désister de leurs poursuites pour l'amour du sénat, et: à ne pas obliger Marcius à comparaitre, ou au moins ( s'ils ne voulaient pas accorder cette grâce ) à différer la chose le plus longtemps qu'ils pourraient, jusqu'à ce que la colère du peuple se calmât. Ces résolutions prises, ils publièrent leur décret touchant le taux des denrées, et tout le monde en étant fort content ils le ratifièrent. Il portait que les denrées [nécessaires] pour vivre chaque jour, se vendraient au prix le plus bas qu'elles avaient été avant la sédition intestine. II. Ces choses ainsi réglées, ils redoublèrent leurs instances auprès des tribuns : mais ils n'en purent obtenir une grâce entière. On leur accorda seulement que les poursuites contre Marcius seraient différées jusqu'au temps qu'ils demandaient, mais dans la suite ils trouvèrent les moyens de prolonger ce terme par location que je vais dire. Les ambassadeurs que le tyran de Sicile avaient envoyés porter au peuple Romain le blé dont il lui faisait présent, mouillèrent en revenant à Rome, auprès du port d'Antium, où ils furent pris par des pirates de cette ville, qui les traitèrent comme ennemis, pillèrent leurs effets, et les retinrent en prison. Sur cette nouvelle les consuls envoyèrent une ambassade à Antium. Les Antiates ayant refusé de leur rendre justice, ils publièrent une expédition contre eux, et après avoir enrôlé la fleur de la jeunesse ils se mirent tous deux en campagne, ordonnant qu'on sursît toutes les affaires publiques et particulières pendant tout le temps que durerait la guerre. Mais ce temps rut beaucoup plus court qu'on n'espérait. Car les Antiates informés qu'on marchait contre eux avec toutes les forces de la république, ne firent point de résistance : ils n'eurent recours qu'aux prières, et rendirent aussitôt les ambassadeurs Siciliens avec tous leurs effets, en sorte que les Romains furent obligés de s'en retourner. III. APRES qu'on eut congédié les troupes, le tribun Sicinnius convoqua une assemblée du peuple, et marqua le jour auquel la cause de Marcius devait être jugée: Non seulement il invita tout le peuple de la ville à s'y trouver en grand nombre pour prendre connaissance de cette affaire, mais il ordonna à ceux qui demeuraient à la campagne, de quitter leur travail, pour venir exactement à l'assemblée, afin de donner leurs suffrages comme dans une affaire où il s'agissait de la liberté et au salut de toute la ville. Il avertit aussi Marcius de s'y trouver pour défendre sa cause, l'assurant qu'on lui rendrait justice dans toutes les formes. IV. LES consuls délibérèrent sur ce sujet avec le sénat, et furent d'avis de ne pas souffrir que te peuple s'attribuât tant d'autorité, car ils croyaient avoir trouve des moyens justes et légitimes pour traverser les desseins de leurs adversaires. Après avoir pris toutes les mesures nécessaires, ils invitèrent les magistrats du peuple de se trouver, eux et leurs amis, à une conférence particulière, dans laquelle Minucius parla en ces termes. V. « NOUS sommes d'avis qu'il faut employer tous nos soins pour apaiser la sédition, afin de n avoir plus de disputes avec le peuple sur quelqu'affaire que ce puisse être. Nous prenons d'autant plus volontiers ce parti, que nous voyons que vous renoncez à la violence et aux voies des faits pour traiter amiablement avec nous par la voie des conférences. Nous ne saurions trop louer la sage résolution que vous avez prise ; mais nous sommes persuadés qu'il faut que le sénat commence le premier à faire les ordonnances, puisque c'est l'ancien usage. Vous êtes témoins vous-mêmes que depuis que vos ancêtres ont fondé cette ville, le sénat a toujours eu cette prérogative, et que le peuple n'a jamais rien jugé ni confirmé par ses suffrages qui n'eût été décidé en premier lieu par le sénat, non seulement dans ces derniers temps, mais encore sous le gouvernement monarchique. Car les rois proposaient au peuple toutes les décisions de notre assemblée, et les faisaient confirmer par ses suffrages. Ne nous ôtez donc pas nos prérogatives ; n'abolissez point une coutume si belle et si ancienne: mais si vous avez quelque chose de juste et de raisonnable à demander, proposez-le au sénat, et faites votre rapport au peuple de ce qui aura été décidé, afin qu'il le ratifie. Ce discours ne plut point à Sicinnius, qui ne pouvait souffrir que les patriciens disposassent d'aucune chose. Ses collègues se montrèrent plus traitables. Suivant l'avis de Lucius, ils consentirent que le sénat ferait le premier ses décrets, mais en récompense ils demandèrent pour eux un certain droit que les consuls ne pouvaient leur refuser. Ils voulaient que dans les assemblées les sénateurs accordassent aux citoyens la liberté de parler, et que ce droit s'étendît non seulement aux tribuns qui étaient engagés par leurs charges à soutenir les intérêts du peuple, mais encore à tous ceux qui auraient quelque chose à dire ou pour détruire le sentiment des Tribuns ou pour l'appuyer, que les avis entendus, le sénat donnerait ses conclusions, et qu'après avoir examiné mûrement les raisons de part et d'autre, il décidât ce qui lui paraîtrait de plus équitable et de plus avantageux à la république : qu'ensuite un chacun prêterait serment selon les lois, comme dans une assemblée de juges, et qu'après avoir recueilli les suffrages, on ratifierait ce qui aurait été décidé à la pluralité des voix. Les tribuns ayant donc consenti que le sénat fît le décret comme les consuls l'avaient demandé, on termina la conférence. VI. LE lendemain le sénat s'assembla, les consuls lui communiquèrent les conventions qu'ils avaient faites la veille avec les magistrats du peuple : Ensuite on fit venir les tribuns et on leur ordonna de dire ce qu'ils demandaient. Alors Lucius qui avait consenti que le sénat fît un délibéré pour donner ses conclusions, s'avança au milieu de l'assemblée où il parla en ces termes. VII. VOUS n'ignorez-pas, Sénateurs, qu'il y a un de nos collègues qui pour certaines raisons que nous connaissons, ne manquera point de nous faire un crime auprès du peuple, de ce que nous venons ici pour faire le décret de concert avec vous. Il prétend qu'il n'est pas besoin de vous demander un droit que les lois mêmes nous ont déjà donné, ni de recevoir de vous comme une grâce, des prérogatives qui nous appartiennent à juste titre. S'il nous oblige à comparaître au tribunal du peuple, nous ferons en grand dangers de nous voir condamnés comme traîtres et déserteurs, et de souffrir les plus indignes traitements. Quoique nous connaissions le péril qui nous menace, nous n'avons pas laissé néanmoins de nous rendre à l'assemblée du sénat, comptant uniquement sur la justice de notre cause, et sur la foi des serments par lesquels vous vous engagerez à faire vos décrets selon les formalités dont nous sommes convenus. J'avoue que nous sommes des gens de peu de chose, à qui il ne convient guères de parler sur des matières si importantes. Mais les affaires que nous avons à vous proposer, sont de la dernière conséquence. Faites-y donc attention, et si ce que nous demandons vous parait juste et utile à l'état, je dis même nécessaire, ne balancez pas à nous l'accorder de bonne grâce. VIII POUR commencer par ce qui concerne le droit,; après avoir chassé les rois par notre secours, lorsque vous eûtes établi le gouvernement sous lequel nous vivons aujourd'hui et que nous n'avons garde de blâmer, vous comprîtes, Messieurs, que les plébéiens étaient plus faibles, et que toutes les fois qu'il leur survenait quelque procès avec les patriciens ( ce qui arrivait fort souvent ) ils avaient toujours le dessous Il vous souvient que pour remédier à cet abus, vous fîtes une loi à la persuasion du consul Valerius, portant qu'il serait permis aux plébéiens opprimés par les patriciens, d'en appeler au tribunal du peuple. Rien n'a plus contribué que cette loi, à entretenir l'union dans Rome, et à repousser les rois qui ont fait plusieurs tentatives pour remonter sur le trône. C'est en vertu de cette loi, que nous citons aujourd'hui Caius Marcius au tribunal du peuple, pour y être ouï, entendu et jugé sur les insultes et les violences que nous prétendons qu'il nous a faites. Nous n'avons donc pas besoin dans ce cas d'une ordonnance du sénat. Dans les affaires sur lesquelles il n'y a point encore de lois écrites, vous êtes les maîtres de délibérer et de donner vos conclusions, et c'est au peuple à les confirmer par ses suffrages ; mais lorsqu'il y a une loi subsistante et inviolable, il faut la suivre sans attendre vos délibérations ou vos décrets. Car on ne peut pas dire qu'il est libre aux particuliers opprimés par un jugement injuste d'en appeler au peuple, mais que les tribuns n'ont pas le même droit. C'est donc sur cette loi que nous nous appuyons : elle nous est si favorable, elle est si formelle et si claire, que nous ne craignons pas de venir ici nous en rapporter à votre jugement. A l'égard des lois de la nature qui ne sont ni écrites ni publiées par l'autorité des hommes, nous demandons, Messieurs, que la condition du peuple ne soit ni pire ni meilleure que la vôtre, prétention d'autant plus juste qu'en vous aidant à soutenir et à terminer plusieurs guerres importantes où vous avez vu des preuves de sa valeur, il a beaucoup contribué à mettre la ville de Rome en état de ne pas recevoir la loi des autres peuples, mais de la leur faire. Or le moyen que nous ne soyons pas de pire condition que vous, c'est de réprimer par la crainte des jugements ceux qui osent nous insulter et en notre liberté et en nos personnes. Au reste, nous convenons que les honneurs, la préséance, les charges et les dignités sont dues à ceux d'entre vous que la fortune ou le mérite a élevés au-dessus des autres. Mais pour ce qui est de se mettre à couvert des insultes et de tirer une juste vengeance du mal qu'on a reçu, nous prétendons que c'est un droit égal et commun à tous ceux qui vivent ensemble dans une même république. C'est pourquoi, autant que nous sommes disposés à vous céder l'éclat de la magistrature, le brillant de la prééminence, et tout ce qui distingue les grands d'avec le commun des citoyens ; autant sommes-nous résolus de maintenir l'égalité du droit naturel, et de ne pas perdre ce qui nous est commun avec vous. Mais en voila assez pour ce qui regarde le droit, quoiqu'il me fût facile d'apporter encore plusieurs autres raisons sur cette matière. |
IX. [7,42] Ὡς δὲ καὶ συνοίσει τῷ κοινῷ ταῦθ´ ὡς ὁ δῆμος ἀξιοῖ γινόμενα, μικρὰ διεξιόντος ἀνέχεσθέ μου. Φέρε γάρ, εἴ τις ὑμᾶς ἔροιτο, τί μέγιστον οἴεσθε εἶναι τῶν καταλαμβανόντων κακῶν τὰς πόλεις, καὶ τοῦ ταχίστου τῶν ὀλέθρων αἴτιον, ἆρ´ οὐχὶ τὴν διχοστασίαν εἴποιτ´ ἄν; Ἐμοὶ γοῦν δοκεῖ. Τίς γὰρ ὑμῶν οὕτως ἠλίθιός ἐστιν ἢ σκαιὸς ἢ πέρα τοῦ μετρίου μισῶν τὴν ἰσηγορίαν, ὃς οὐκ οἶδεν, ὅτι δοθείσης ἐξουσίας τῷ δήμῳ κρίνειν ἃς ἔξεστιν αὐτῷ δίκας κατὰ τὸν νόμον ἐν ὁμονοίᾳ πολιτευσόμεθα, εἰ δὲ τἀναντία γνοίητε καὶ ἀφέλοισθ´ ἡμῶν τὴν ἐλευθερίαν· ἐλευθερίαν γὰρ ἀφαιρήσεσθε δίκην καὶ νόμον ἀφαιρούμενοι· στασιάζειν ἡμᾶς αὖθις ἀναγκάσετε καὶ πολεμεῖν ὑμῖν; Ἐξ ἧς γὰρ ἂν ἐξελασθῇ πόλεως δίκη καὶ νόμος, εἰς ταύτην στάσις εἰσπορεύεσθαι φιλεῖ καὶ πόλεμος. Καὶ ὅσοι μὲν οὐκ ἦλθον εἰς πεῖραν ἐμφυλίων διαφορῶν, οὐδὲν θαυμαστόν, εἰ δι´ ἀπειρίαν τῶν κακῶν μήτ´ ἄχθονται τοῖς γεγονόσι δεινοῖς μήτε κωλύουσιν ἐκ πολλοῦ τὰ μέλλοντα. Ὅσοι δ´ ὥσπερ ὑμεῖς εἰς τοὺς ἐσχάτους κινδύνους καταστάντες ἀγαπητῶς ἀπηλλάγησαν, ἣν ὁ καιρὸς ἀπῄτει ποιησάμενοι τῶν κακῶν λύσιν, τίς εὐπρεπὴς ἢ μετρία πρόφασις ἀπολείπεται τούτοις, ἐὰν ἔτι ταῖς αὐταῖς συμφέρωνται τύχαις; Τίς δ´ οὐκ ἂν ὑμῶν καταγνοίη πολλὴν ἄνοιαν καὶ μανίαν ἐνθυμούμενος, ὅτι μικρὸν μὲν ἔμπροσθεν ὑπὲρ τοῦ μὴ στασιάζειν τοὺς δημότας πολλὰ παρὰ γνώμην ὑπεμείνατε, ὧν ἔνια οὔτε κάλλιστα ἦν ἴσως οὔτε λυσιτελέστατα· νῦν δ´ οὔτ´ εἰς χρήματα βλάπτεσθαι μέλλοντες οὔτ´ εἰς εὐδοξίαν οὔτ´ εἰς ἄλλο τῶν κοινῶν οὐδ´ ὁτιοῦν, ἵνα χαρίζησθε τοῖς μισοδημοτάτοις, τὸ δημοτικὸν αὖθις ἐκπολεμώσετε; Οὔκ, ἐάν γε σωφρονῆτε. Ἡδέως δ´ ἂν ὑμᾶς ἐροίμην, τίνα γνώμην λαβόντες τότε τὴν κάθοδον ἡμῖν συνεχωρήσατε ἐφ´ οἷς ἠξιοῦμεν, πότερα λογισμῷ προϊδόμενοι τὸ κράτιστον ἢ τῇ ἀνάγκῃ εἴξαντες; Εἴπερ γὰρ ταῦθ´ ὑπελαμβάνετε ὠφελιμώτατα εἶναι τῇ πόλει, τί οὐ μένετε καὶ νῦν ἐν αὐτοῖς; Εἰ δ´ ἀναγκαῖα καὶ οὐκ ἐνδεχόμενα ἄλλως γενέσθαι, τί χαλεπαίνετε γενομένοις; Τὴν ἀρχὴν γὰρ ἴσως ἔδει μὴ συγχωρῆσαι, εἰ δύναμις ἦν ὑμῖν, συγχωρήσαντας δὲ μηκέτι τοῖς πεπραγμένος ἐγκαλεῖν. [7,43] Ἐμοὶ μὲν γὰρ δοκεῖτε, ὦ βουλή, περὶ μὲν τὰς διαλύσεις γνώμῃ τῇ βελτίστῃ κεχρῆσθαι - - - οἷς ἀνάγκη εἴκειν ... τοῦ βέβαια τηρεῖν τὰ συγκείμενα. Θεοὺς γὰρ ἡμῖν ἐγγυητὰς ἐδώκατε τῶν ὁμολογιῶν, πολλὰ καὶ δεινὰ ἐπαρασάμενοι τοῖς παραβᾶσι τὰς συνθήκας αὐτοῖς τε καὶ ἐγγόνοις εἰς τὸν ἀεὶ χρόνον. Ἀλλ´ ὅτι μὲν δὴ τά τε δίκαια ἀξιοῦμεν καὶ τὰ συμφέροντα, ἃ καὶ πολλὴ ἀνάγκη ποιεῖν ὑμᾶς μεμνημένους τῶν ὅρκων, ὡς πρὸς εἰδότας ἅπαντας οὐκ οἶδ´ ὅ τι δεῖ πλείω λέγοντα ἐνοχλεῖν. X. Ὡς δ´ οὐ μικρὰ τὰ διαφέροντα ἡμῖν ἐστι τόνδε μὴ ἐκλιπεῖν τὸν ἀγῶνα μήτε βίᾳ εἴξαντας μήτ´ ἀπάτῃ παραχθέντας, ἀλλὰ κατὰ πολλὴν ἀνάγκην εἰς αὐτὸν ἀφίγμεθα, δεινὰ καὶ πέρα δεινῶν πεπονθότες ὑπὸ τοῦδε τοῦ ἀνδρός, μάθετε, ὦ πατέρες, μᾶλλον δ´ ἀναμνήσθητε· οὐδὲν γὰρ ὅ τι οὐ πρὸς εἰδότας ὑμᾶς ἅπαντας ἐρῶ· καὶ ἅμα γνώμῃ χρήσασθε οἰκείᾳ πρὸς τὰ λεγόμενα ἐνθυμηθέντες, εἰ {τῶν δημοτῶν} ἡμῶν ἐπεχείρησέ τις ἐν τῷ πλήθει τοιαῦτα λέγειν ἢ πράττειν καθ´ ὑμῶν, οἷα Μάρκιος ἐτόλμησεν ἐνθάδε εἰπεῖν, ποῖόν ποτ´ ἂν ὑμῖν παρέστη πρὸς αὐτὸν πάθος. [7,44] Τὰς γὰρ ὑπὲρ τῆς ὁμονοίας τῇ βουλῇ ἀκινήτους ὁμολογίας καὶ μόνον οὐκ ἀδαμαντίνοις δεσμοῖς ἠσφαλισμένας, ἃς οὔτε ὑμῖν τοῖς ὀμωμοκόσιν οὔτε τοῖς ἐξ ὑμῶν ἐσομένοις καταλύειν θέμις, ἕως ἂν ἡ πόλις ἥδε οἰκῆται, πρῶτος ἐπεχείρησε λύειν ἐξ ὑμῶν οὑτοσὶ Μάρκιος οὔπω τέταρτον ἔτος ἐξ οὗ γεγενημένας, οὐ σιγῇ πράττων τὴν κατάλυσιν, οὐδ´ εἰς ἀφανές που καταδὺς χωρίον, ἀλλ´ ἀναφανδὸν ἐν τῷδε τῷ τόπῳ πάντων παρόντων ὑμῶν γνώμην ἀποφηνάμενος, ὡς χρὴ τὴν δημαρχικὴν ἐξουσίαν μηκέτι συγχωρεῖν ἡμῖν, ἀλλ´ ἀνελεῖν, ᾗ πρώτῃ καὶ μόνῃ τῆς ἐλευθερίας φυλακῇ πιστεύσαντες ἐποιησάμεθα τὰς διαλύσεις. Καὶ οὐκ ἐνταῦθ´ ἔστη τῆς ἀλαζονείας, ἀλλ´ ὕβριν τὴν ἐλευθερίαν τῶν πενήτων καὶ τυραννίδα τὴν ἰσηγορίαν ὀνομάζων ἀφελέσθαι παρῄνει ταύτην ὑμῖν. Ὃ δὲ πάντων ἀνοσιώτατον ἦν τῶν τότε ὑπὸ τούτου ἀξιωθέντων, ἀναμνήσθητε, ὦ πατέρες, ὅτ´ ἀπέφαινε καλὸν εἶναι καιρὸν ἀπομνημονεῦσαι πρὸς τὸ δημοτικὸν ἁπάσας τὰς ἐπὶ τοῖς προτέροις ἐγκλήμασιν ὀργάς, καὶ παρῄνει νῦν, ἐν ᾧ τετρύχωταί θ´ ὑπ´ ἀχρηματίας καὶ πολὺν ἤδη χρόνον τῆς ἀναγκαίου σπανίζεται τροφῆς, ἅπαν αὐτὸ ἐπιτρῖψαι, διακατασχόντας ἐπὶ τῆς αὐτῆς ἀπορίας τῶν ἐπιτηδείων τὴν ἀγοράν. Οὐ γὰρ ἀνθέξειν ἡμᾶς ἐπὶ πολὺν χρόνον ὀλίγα σιτία πολλοῦ ὠνουμένους ἀργυρίου πένητας ἀνθρώπους, ἀλλὰ τοὺς μὲν οἰχήσεσθαι τὴν πόλιν ἐκλείποντας, ὅσοι δ´ ἂν ὑπομείνωσι τῷ κακοδαιμονεστάτῳ διαφθαρήσεσθαι τῶν μόρων. Οὕτω δ´ ἄρα παρεφρόνει καὶ θεοβλαβὴς ἦν ταῦτα πείθων ὑμᾶς, ὥστ´ οὐδ´ ἐκεῖνο ἠδυνήθη καταμαθεῖν, χωρὶς τῶν ἄλλων ὧν προσετρίβετο τὰς τῆς βουλῆς σπονδὰς λύειν ἀξιῶν, ὅτι πένητες ἄνθρωποι τῆς ἀναγκαίου τροφῆς ἀποκλειόμενοι τοσοῦτοι τὸ πλῆθος ὄντες ὁμόσε χωρεῖν ἀναγκασθήσονται τοῖς αἰτίοις τῆς συμφορᾶς οὐθὲν ἔτι φίλιον ἡγούμενοι. Ὥστ´ εἰ μανέντες ὑμεῖς ἐπεκυρώσατε τὰς γνώμας αὐτοῦ, μηθὲν ἂν γενέσθαι τὸ διὰ μέσου, ἀλλ´ ἤτοι τὸ δημοτικὸν ἀπολωλέναι πλῆθος ἅπαν, ἢ μηδὲ τὸ τῶν πατρικίων περιλελεῖφθαι γένος. Οὐ γὰρ ἂν οὕτως ἀνδραποδωδῶς παρέσχομεν ἑαυτούς, οἱ μὲν ἐκπεσεῖν, οἱ δ´ ἀποθανεῖν, ἀλλὰ θεοὺς μάρτυρας ὧν ἐπάσχομεν καὶ δαίμονας ἐπικαλεσάμενοι, πολλῶν ἂν ἐξεπληρώσαμεν, εὖ ἴστε, τὰς ἀγορὰς καὶ τοὺς στενωποὺς νεκρῶν, καὶ μέγαν αἵματος κρατῆρα πολιτικοῦ στήσαντες οὕτως ἂν ἐδεξάμεθα τὴν ὀφειλομένην μοῖραν. Τοιούτων ὑμῖν δυσσεβημάτων εἰσηγητής, ὦ πατέρες, ἐγένετο, καὶ τοιαῦτα δημηγορεῖν ᾤετο δεῖν. [7,45] Καὶ οὐχὶ λέγειν μὲν ὁ Μάρκιος, ἐξ ὧν διαστήσει τὴν πόλιν, ἐπεχείρησε, πράττειν δ´ οὐχ οἷα ἔλεγεν ἐπεβάλετο, ἀλλὰ καὶ στῖφος ἀνθρώπων εἰς ἅπασαν ὑπηρεσίαν ἑτοίμων παρ´ ἑαυτῷ ἔχων, καλούμενος ἐπὶ τὴν ἀρχὴν ἡμῶν οὐκ ἀπαντᾷ, καὶ τοῖς ὑπηρέταις τοῖς ἡμετέροις, ὁπότε κελευσθέντες ἄγειν αὐτὸν ἐπιβάλλοιντο, πληγὰς ἐντρίβεται, καὶ οὐδὲ τῶν ἡμετέρων σωμάτων τὼ χεῖρε τελευτῶν ἀπέχεται. Ὥστε περίεστιν ἡμῖν, τό γ´ ἐπὶ τοῦτον εἶναι μέρος, ὄνομα μὲν εὐπρεπὲς ἀσύλου ἀρχῆς ἐπὶ χλευασμῷ κείμενον ἔχειν, ἔργον δὲ τῶν ἀποδεδομένων τῇ ἀρχῇ μηδ´ ὁτιοῦν πράττειν. Πῶς δ´ ἂν ἑτέροις ἀδικεῖσθαι λέγουσι βοηθήσαιμεν, οἷς γε μηδ´ αὐτοῖς ὑπάρχει τἀσφαλές; Ταύτας μέντοι τὰς ὕβρεις οἱ πένητες ὑβριζόμενοι πρὸς ἑνὸς ἀνδρὸς οὔπω τυραννοῦντος, ἀλλ´ ἔτι μέλλοντος, καὶ τὰ μὲν ἤδη πεπονθότες, ὦ βουλή, δεινά, τὰ δ´ εἰ μὴ τὸ πλεῖον ὑμῶν μέρος ἐμποδὼν ἐγένετο παρασχεδὸν ἐλθόντες παθεῖν, ἄρα εἰκότως ἀγανακτοῦμεν καὶ βοηθείας τινὸς οἰόμεθα δεῖν οὐκ ἄνευ τῆς ὑμετέρας συναγανακτήσεως τυχεῖν, ἐπὶ δίκην αὐτὸν ἴσην καὶ νόμιμον, ὦ βουλή, προσκαλούμενοι, περὶ ἣν ἅπασα ἡ πληθὺς μερισθεῖσα κατὰ φυλὰς λόγου δοθέντος τοῖς δεομένοις ἔνορκον ἐποίσει τὴν ψῆφον. XI. ἴθι ἐκεῖ, Μάρκιε, καὶ ταῦθ´, ἃ μέλλεις λέγειν ἐνθάδε, πρὸς ἅπαντας τοὺς πολίτας ἀθρόους ἀπολογοῦ, εἴτε ὡς ἀπὸ τοῦ βελτίστου τὰ κράτιστα συνεβούλευες τούτοις καὶ συνήνεγκεν ἂν τῇ πόλει ταῦτα γενόμενα, εἴτε ὡς οὐκ ἔστι δίκαιον λόγων εὐθύνας ὑπέχειν τοὺς ἀποφαινομένους ἐνθάδε τὰς γνώμας, εἴτε ὡς οὐκ ἐκ προνοίας οὐδὲ ἐπιβουλῆς, ἀλλ´ ὀργῇ ἐπιτρέψας τὰ μιαρὰ ταῦτα παραινεῖν προήχθης, εἴθ´ ὁτιδήποτε ἄλλο ἀπολόγημα ἔχεις. Καταβίβασον ἀπὸ τῶν ὑπερηφάνων καὶ τυραννικῶν αὐχημάτων ἐκείνων σεαυτὸν ἐπὶ τὸ δημοτικώτερον, ὦ πονηρέ, καὶ ποίησον ἤδη ποτὲ τοῖς ἄλλοις ἀνθρώποις ὅμοιον. Ἡμαρτηκότος λαβὲ καὶ παραιτουμένου σχῆμα ταπεινὸν καὶ ἐλεεινόν, οἷον ἀπαιτοῦσιν αἱ συμφοραί. Μὴ βιαζόμενος τοὺς κακῶς πεπονθότας, ἀλλ´ ὑπερχόμενος ἀξίου σώζεσθαι. Γενέσθω σοι παράδειγμα τῆς ἐπιεικείας, ᾗ χρώμενος ἂν εἴης πρὸς τοὺς ἅμα πολιτευομένους ἀνεπίληπτος, τὰ τῶν ἀγαθῶν τούτων ἔργα, οἳ τοσοῦτοι μὲν ὄντες τὸ πλῆθος, ὅσους νῦν αὐτὸς ὁρᾷς, τοσαύτας δ´ ἀρετὰς ἀποδεδειγμένοι καὶ πολεμικὰς καὶ πολιτικάς, ἃς οὐδ´ ἐν πολλῷ πάνυ χρόνῳ διελθεῖν ῥᾴδιον, οὐδὲν ὠμὸν οὐδ´ ὑπερήφανον ἐξήνεγκαν τέλος καθ´ ἡμῶν τῶν φαύλων καὶ ταπεινῶν οἱ σεμνοὶ καὶ μεγάλοι, ἀλλὰ καὶ λόγων ἦρξαν συμβατηρίων αὐτοὶ πρότεροι προτείνοντες διαλλαγάς, ὅτε διεῖλεν ἡμᾶς ἀπ´ ἀλλήλων ἡ τύχη, καὶ τὰς συμβάσεις οὐχ ὡς ἑαυτοῖς ὑπελάμβανον ἄριστα ἕξειν, ἀλλ´ ὡς ἡμεῖς ἠξιοῦμεν συνεχώρησαν γενέσθαι, καὶ τὰ τελευταῖα ταυτὶ τὰ περὶ τὴν σιτοδοσίαν ἔναγχος τοῦ χρόνου προσκρούματα, ἐφ´ οἷς δι´ αἰτίας εἴχομεν αὐτούς, περὶ πολλοῦ ἐποιήσαντο ἀπολύσασθαι. [7,46] Ἐῶ τἆλλα, ἀλλ´ ὑπὲρ αὐτοῦ σοῦ καὶ τῆς σῆς θεοβλαβείας τίνας οὐκ ἐποιήσαντο δεήσεις ἁπάντων κοινῇ τε καὶ καθ´ ἕκαστον τῶν δημοτικῶν παραιτούμενοί σε τῆς τιμωρίας; Ἔπειτα τοῖς μὲν ὑπάτοις καὶ τῇ βουλῇ τοσαύτην πόλιν ἐπιτροπευούσῃ καλῶς εἶχεν, ὦ Μάρκιε, δικαστὴν τὸν δῆμον ὑπὲρ ὧν ἐνεκαλοῦντο ὑπομένειν, σοὶ δ´ ἆρ´ οὐχὶ καλῶς ἔχει; Καὶ δεῖσθαί γε τῶν δημοτῶν ὑπὲρ ἀφέσεως τῆς σῆς οὗτοι μὲν ἅπαντες οὐδὲν αἰσχρὸν εἶναι νομίζουσι, σὺ δὲ δι´ αἰσχύνης λαμβάνεις τὸ αὐτὸ τοῦτο; Καὶ οὐκ ἀπόχρη σοι ταῦτ´, ὦ γενναῖε, ἀλλ´ ὥσπερ τι καλὸν ἐξειργασμένος ὑψαυχενῶν καὶ μεγαληγορῶν περιέρχῃ καὶ μηδὲν ὑφεῖναι τοῦ φρονήματος ἀπομαχόμενος· ἐῶ γάρ, ὅτι καὶ λοιδορούμενος τῷ δήμῳ καὶ προσεγκαλῶν καὶ ἀπειλῶν. Ἔπειτ´ οὐ νεμεσᾶτε αὐτῷ τῆς ὑπερηφανίας, ὦ πατέρες, εἰ τηλικούτων αὑτὸν ἀξιοῖ μόνος, ἡλίκων οὐδ´ ἅπαντες ὑμεῖς ἑαυτούς; Ὃν ἐχρῆν, εἰ καὶ πάντες ὑμεῖς ἀνεδέχεσθε τὸν ὑπὲρ αὐτοῦ πόλεμον ψηφίσασθαι, τὸ μὲν εὔνουν καὶ πρόθυμον ὑμῶν ἀγαπᾶν, μὴ δέχεσθαι δὲ χάριν ἰδίαν ἐπὶ κοινῇ βλάβῃ, ἀλλ´ ὑπομένειν ἀπολογούμενον καὶ δίκην ὑπέχοντα εἰ δέοι καὶ πάντα πάσχοντα. Ταῦτα γὰρ ἦν ἔργα ἀγαθοῦ πολίτου καὶ τὸ καλὸν ἔργοις ἀσκοῦντος, οὐ λόγοις. Ἃ δὲ νῦν οὗτος βιάζεται, τίνος ἐστὶ σημεῖα βίου; Ποίων μηνύματα προαιρέσεων, ὅρκους παραβαίνειν, δεξιὰς παρασπονδεῖν, ὁμολογίας ἀναιρεῖν, δήμῳ πολεμεῖν, εἰς ἀρχόντων σώματα ὑβρίζειν, καὶ μηδ´ ἐφ´ ἑνὶ τούτων τὸ σῶμα ὑπεύθυνον ποιεῖν, ἀλλ´ ἄκριτον ἀναπολόγητον μηδενὸς δεηθέντα μηθένα φοβηθέντα μηθενὶ τῶν τοσούτων πολιτῶν ἴσον γενόμενον ἀδεῶς περινοστεῖν; Ἆρ´ οὐ τυραννικοῦ τρόπου σημεῖα ταῦτ´ ἐστίν; Ἔμοιγε δοκεῖ. Καὶ τοῦτον ὅμως εἰσί τινες οἱ παραψύχοντες καὶ παρακροτοῦντες ἐξ ὑμῶν αὐτῶν, οἷς ἐντέτηκε τὸ πρὸς τοὺς δημοτικοὺς μῖσος ἀδιάλλακτον, καὶ οὐ δύνανται συνιδεῖν, ὅτι οὐθὲν μᾶλλον κατὰ τοῦ ταπεινοτέρου μέρους τῶν ἐν τῇ πόλει φύεται τουτὶ τὸ κακὸν ὡς καὶ κατὰ τοῦ σεμνοτέρου· ἀλλ´ οἴονται τοῦ διαφόρου φύσει καταδουλωθέντος καὶ δὴ τὸ καθ´ ἑαυτοὺς ἕξειν ἀσφαλῶς. Οὐχ οὕτως ἔχει τἀληθές, ὦ γνώμης ἁμαρτάνοντες τῆς ἀρίστης· διδάσκαλον δὲ τὴν πεῖραν ἣν ὁ Μάρκιος παρέχεται καὶ τὸν χρόνον λαβόντες, ὀθνείοις θ´ ἅμα καὶ οἰκείοις σωφρονισθέντες παραδείγμασι γνοίητ´ ἄν, ὅτι μοσχευομένη κατὰ τοῦ δήμου τυραννὶς καθ´ ὅλης τῆς πόλεως μοσχεύεται, καὶ νῦν μὲν ἀφ´ ἡμῶν ἄρχεται, κρατήσασα δ´ οὐδ´ ὑμῶν φείσεται. [7,47] Τοιαῦτα διεξιόντος τοῦ Δεκίου καὶ τῶν ἄλλων δημάρχων ἃ παραλιπεῖν αὐτοῖς ἐκεῖνος ἐδόκει συναγορευσάντων, XII. ἐπειδὴ γνώμας ἔδει τοὺς συνέδρους ἀποφαίνεσθαι, πρῶτοι μὲν οἱ πρεσβύτατοι τῶν ὑπατικῶν καλούμενοι κατὰ τὸν εἰωθότα κόσμον ὑπὸ τῶν ὑπάτων ἀνίσταντο, ἔπειθ´ οἱ τούτων ὑποδεέστεροι κατ´ ἄμφω ταῦτα, τελευταῖοι δ´ οἱ νεώτατοι λόγον μὲν οὐθένα λέγοντες· ἔτι γὰρ ἦν δι´ αἰσχύνης τότε Ῥωμαίοις τοῦτο, καὶ νέος οὐδεὶς ἠξίου ἑαυτὸν σοφώτερον εἶναι πρεσβύτου· ἐπεκύρουν δὲ τὰς κειμένας ὑπὸ τῶν ὑπατικῶν γνώμας. Ἅπασι δὲ προσετάττετο παριοῦσι καθάπερ ἐν δικαστηρίῳ μεθ´ ὅρκου τὴν ψῆφον ἐπιφέρειν. |
IX. PROUVONS maintenant que ce que le peuple demande sera utile a la république si on le lui accorde. Nous ne dirons que deux mots sur cet article: continuez, s'il vous plaît, vos attentions. Si quelqu'un vous demandait, Messieurs, quel est, selon vous, le plus grand malheur qui puisse arriver à une ville, et quelle peut être la cause la plus sûre de sa ruine prochaine, ne répondriez-vous pas que c'est la discorde? Pour moi je le crois Y a-t-il donc parmi vous des personnes assez dépourvues de bon sens, des esprits assez de travers et assez ennemis de toute égalité, pour ne pas voir qu'en accordant au peuple le pouvoir de juger les causes dont la loi lui permet de connaître, nous ne pouvons manquer de vivre dans une parfaite union : et qu'au contraire en nous dépouillant de notre liberté ( comme ce serait effectivement nous la ravir que de nous ôter le droit et les lois qui nous sont favorables ) vous nous mettriez dans la nécessité de penser à une nouvelle révolte et de rallumer le feu d'une guerre intestine ? Bannir d'une ville la justice et les lois, n'est-ce pas en effet donner des armes aux citoyens pour s'entr'égorger : n'est-ce pas les plonger dans de nouveaux désordres ? Ceux qui n'ont jamais éprouvé les malheurs d'une guerre civile, il n'est pas surprenant que faute d'expérience, peu touchés des maux présents ils ne préviennent pas de longue-main les malheurs futurs. Mais ceux qui, comme vous, sont déjà tombés dans de moindres périls, et qui ont été bien aises de s'en tirer en y apportant tous les remèdes que le temps leur permettait, seront-ils excusables s'ils se replongent dans les mêmes malheurs ? Qui est l'homme qui ne vous accuserait pas de la plus grande fureur et de la dernière folie, s'il faisait réflexion que pour empêcher les plébéiens de continuer leurs séditions, vous leur avez accordé malgré vous plusieurs choses qui ne vous sont ni utiles ni honorables, et qu'aujourd'hui, dans le temps que vous n'êtes menacés d'aucun danger ni pour vos biens, ni pour votre honneur, ni pour aucune partie de la république, vous irritez ce même peuple, uniquement pour faire plaisir à ses ennemis ? Non, Sénateurs, vous n'en userez pas ainsi, si vous êtes sages. Mais je voudrais bien vous demander, dans quelles pensées vous étiez lorsque vous nous accordâtes notre rappel aux conditions que nous exigions. Vous parut-il dans ce temps-là que c'était le meilleur parti que vous pussiez jamais prendre, ou bien cédiez-vous à la nécessité ? Si vous crûtes alors qu'il était avantageux pour la république de nous accorder nos demandes, pourquoi n'êtes-vous pas encore aujourd'hui dans les mêmes sentiments ? « Que si c'était pour vous une nécessité absolue, et qu'il n'y eut pas moyen de faire autrement, ou plutôt, si vous n'aviez en vue que l'utilité et l'intérêt de la république quand vous prîtes ce parti: pourquoi vous repentez-vous aujourd'hui de ce que vous avez fait ? Il valait peut-être mieux ne rien accorder dans le commencement, si cela dépendait de vous. Mais du moment que vous avez accordé une chose, il ne faut pas vous repentir de ce qui est fait. Pour moi, Messieurs, je suis persuadé que vous avez pris le bon parti d'entrer dans un accommodement, et je crois que vous êtes obligés d'en garder tous les articles puisque vous les avez faits. Vous nous avez donné les dieux pour garants du traité, et vous avez fait mille imprécations, tant contre ceux qui en violeraient les articles, que contre leurs descendants à perpétuité. Tout ce que nous vous demandons aujourd'hui, c'est ce que vous gardiez les articles du traité de notre réconciliation. Il n'y a rien de plus juste ni de plus utile : vous ne pouvez en disconvenir, pour peu que vous vous souveniez de vos serments. II serait inutile d'apporter d'autres preuves : vous savez la vérité de ce que j'ai dit, fit tout ce que j'ajouterais ne servirait qu'à vous fatiguer. X. IL faut présentement vous faire voir, qu'il est de votre intérêt de ne céder ni à la violence ni aux tromperies, et de ne pas nous désister de nos justes poursuites, que nous n'avons commencées qu'à la dernière contrainte après avoir reçu de Marcius les plus sanglantes insultes et le plus rude affront. Ecoutez ce que je vais dire, ou plutôt, rappelez-vous le souvenir ce que vous avez vu; car je dirai rien que vous ne sachiez tous : mais écoutez-moi avec les mêmes dispositions, que si la chose dont il s'agit, vous regardait tous personnellement. Si quelqu'un des plébéiens s'était échappé à dire ou à faire contre vous, dans une assemblée du peuple, ce que Marcius a osé dire contre nous en plein sénat, quels seraient vos ressentiments ? Il n'y avait pas encore quatre ans écoulés depuis la réconciliation faite avec les patriciens, qu'il a été le premier de vous tous à rompre ce traité sacré, qui fut confirmé et cimenté par des serments inviolables, non seulement pour vous qui les avez faits, mais encore pour toute votre postérité tant que la ville de Rome subsistera. Il a, dis-je, entrepris de l'enfreindre, non par des intrigues secrètes, ni dans quelque assemblée particulière, mais ouvertement, en présence de vous tous, et en pleine assemblée du sénat, où il a eu l'insolence de dire qu'il fallait abolir l'autorité des tribuns, le premier et l'unique appui de notre liberté, sur lequel nous avons fondé le traité d'accommodement. Sa présomption a même été encore plus loin : il a traité de pétulance la liberté des pauvres, il a donné le nom de tyrannie à l'égalité rétablie entre tous les citoyens, et il a opiné à nous en dépouiller. Mais la plus impie de toutes ses propositions, souvenez-vous en, Sénateurs, c'est d'avoir dit que l'occasion favorable était venue pour faire sentir au peuple toute votre colère sur ses fautes passées : c'est de vous conseiller, aujourd'hui que nous sommes épuisés d'argent et assiégés depuis longtemps par une affreuse disette, de faire continuer la cherté des vivres et de l'en laisser le maitre : c'est de vous faire entendre que si vous suivez ses avis, nous ne pourrons pas refuser longtemps à acheter le blé à un prix excessif, nous qui manquons d'argent, et qui réduits à la dernière misère, n'avons plus aucune ressource : c'est enfin de vous avoir dit que par ce moyen une partie des pauvres sera obligée de quitter la ville pour se réfugier ailleurs, et que ceux qui y resteront, ne peuvent éviter d'y périr de la mort la plus funeste. En vous donnant de semblables conseils, il était si transporté de colère et. de rage, qu'il ne fit pas même attention qu'outre les autres inconvénients qui s'ensuivraient si le sénat rompait le traité, les pauvres qui font grand nombre, seraient contraints, dès qu'ils se verraient pressés par la famine, de se jeter sur les auteurs du mal et de les regarder comme leurs plus cruels ennemis. Que si vous eussiez été assez déraisonnables pour donner dans la même fureur, et pour vous livrer à ses emportements, il n'y avait point de milieu, il fallait absolument ou que tout le peuple pérît, ou que de toute la race des patriciens il n'en restât pas un seul. Ne croyez pas que nous eussions été assez esclaves pour souffrir ou qu'on nous ôtât la vie ou qu'on nous chassât de notre patrie. Après avoir invoqué les dieux et les génies témoins de nos maux, n'en doutez pas, Messieurs, vous ce. nous eussiez vu couvrir les rues et les places de corps morts, et nous n'aurions enfin terminé notre destinée qu'en répandant le sang de nos citoyens. Voila les impiétés où Marcius nous engageait par ses discours : voila à quelles extrémités il a cru qu'il devait nous porter par ses mauvais conseils. Mais il ne s'est pas contenté d'exciter des séditions dans Rome par ses discours, il en est venu même aux voies de fait. Escorté d'une troupe de mutins prêts à le servir en tout, il a refusé de comparaître à { notre ] tribunal où il était cité, il a repoussé et frappé nos ministres quand ils se sont approchés par notre ordre pour le prendre, enfin il a poussé l'insolence jusqu'à mettre la main sur nous-mêmes. C'est donc pour se moquer de nous, qu'on nous a donné le beau nom de magistrats sacrés et inviolables, sans, nous laisser les pouvoirs qui doivent être attachés à notre dignité Exposés nous-mêmes aux insultes les plus sanglantes, comment pourrons-nous secourir les autres citoyens qui viendront se plaindre de quelque injustice ? Quelle ressource trouveront-ils dans des magistrats qui ne sont pas même en sûreté pour leurs personnes ? Après avoir reçu tant d'insultes d'un homme qui n'a pas encore l'autorité d'un tyran, mais qui y aspire, ne sommes-nous pas en droit de nous plaindre, nous qui ce avons déjà souffert mille injures atroces, et qui nous sommes vus à la veille d'en souffrir bien d'autres si la plupart des sénateurs ne l'avaient empêché ? Quelque pauvres que nous soyons, n'avons-nous pas sujet d'être indignés : et pouvez-vous vous-mêmes vous dispenser de favoriser nos justes prétentions, lorsque nous ne vous demandons que la liberté de faire comparaître Marcius à un tribunal légitime, où tout le peuple divisé par tribus doit donner ses suffrages, après avoir fait serment de rendre exactement la justice lorsqu'il aura ouï et entendu ceux qu'il appartiendra ? XI. Allez, Marcius, allez vous présenter à ce tribunal : allez alléguer pour votre défense devant tous les citoyens, ce que vous avez à dire ici, allez y protester ou que l'avis que vous avez ouvert dans le sénat, n'était qu'un effet de vos droites intentions, et que vous ne le donniez que comme un bon conseil qui aurait été salutaire à la république si on l'avait suivi, ou qu'il n'est pas juste de vous obliger à rendre compte à un autre tribunal de ce que vous avez dit ici dans l'assemblée des sénateurs ; ou que ce n'a. pas été de dessein formé ni à mauvaise intention, mais par une espèce d'emportement, que vous avez donne ces conseils impies: enfin, allez y alléguer quelqu'autre raison pour votre défense si vous en avez. Mais défaites-vous, scélérats que vous êtes, défaites-vous de ce cœur altier et tyrannique : rabaissez-vous jusqu'à la condition d'un simple citoyen : soyez plus modeste et devenez enfin semblable aux autres hommes. Avouez-vous coupable, prenez un extérieur capable d'exciter la compassion, un habit de suppliant, une posture convenable à vos malheurs, paraissez avec les sentiments d'un cœur humilié et repentant de ses fautes, et au lieu d'employer la violence contre ceux que vous avez offensés, soumettez-vous et demandez grâce. Que la conduite de tant d'illustres sénateurs qui sont ici, vous serve d'exemple : apprenez d'eux la douceur et la modération dont vous devez user envers vos citoyens pour être irréprochable. Quoiqu'ils soient en aussi grand nombre que vous les voyez présentement, recommandables par tant de vertus militaires et civiles dont il faudrait trop de temps pour faire rémunération,, vénérables par leurs qualités personnelles et élevés au-dessus des autres par leur dignité, loin de nous traiter durement et avec hauteur, vils et pauvres plébéiens que nous sommes,, ils ont été les premiers à faire des ouvertures de paix, et à nous inviter à la réconciliation dans le temps que la fortune nous avait séparés d'eux: ils nous ont accordé des conditions, telles que nous les avons demandées, et non pas suivant leurs propres intérêts : enfin, dans la sédition qui s'est excitée dernièrement à l'occasion de la distribution du blé, ils ont fait tout leur possible pour dissiper les soupçons que nous avions contre eux. Je passe plusieurs autres choses sous silence. Mais quelles prières n'ont-ils pas employées auprès de tous les plébéiens, tant en général qu'en particulier, afin d'obtenir grâce pour vous, et de nous faire oublier vos emportements furieux ? Quoi, les consuls et le sénat, qui gouvernent une si grande ville, se sont rabaissés jusqu'à subir le jugement du peuple sur les faits et articles dont on les accusait : et vous, Marcius, vous balancerez encore à vous soumettre à ce même tribunal ? Ils n'ont pas cru se dégrader en demandant grâce pour vous, ils se sont réunis tous ensemble pour l'obtenir des plébéiens : et vous, vous rougirez de le faire vous même ? Mais votre orgueil n'en est pas resté là: non content d'avoir refusé de vous soumettre, vous allez partout tête levée, comme si vous aviez fait quelque belle action, vous faites trophée de vos crimes, et vous ne pouvez vous résoudre à rien rabattre de votre fierté ordinaire. Je ne parle point ici des injures que vous débitez, ni des accusations et menaces que vous faites contre le peuple. Et cependant, Messieurs, vous n'êtes point choqués de son orgueil insupportable ! vous souffrez un homme si hautain et si arrogant, qui s'en fait plus accroire lui seul que tous les sénateurs ensemble ! Quand même vous seriez tous dans la résolution de prendre fait et cause pour lui, devrait-il accepter sa grâce au détriment du bien public ? Ne serait-il pas de son devoir de vous remercier de votre bonne volonté et de votre affection, sans souffrir que vous épousassiez sa querelle ? En homme d'honneur ne devrait-il pas se soumettre au tribunal devant lequel on l'a cité, pour y défendre sa cause, pour y être jugé, et pour subir, s'il le faut, toutes les peines auxquelles il peut être condamné ? C'est là ce que devrait faire un bon citoyen, qui serait véritablement vertueux d'effet et de conduite, et non pas seulement de parole. Mais les violences dont il use aujourd'hui, quel dessein marquent-elles, et qu'en doit-on penser ? Rompre les traités, violer les serments, enfreindre les conditions des alliances, faire la guerre au peuple, insulter les magistrats en leurs personnes sacrées, refuser de comparaître pour rendre raison de sa conduite, aller partout tête levée, se regarder comme au-dessus de tous les citoyens sans vouloir être comptable à personne, ni défendre sa cause, ni subir le jugement, ne sont-ce pas là les actions d'un tyran ? Pour moi je n'en doute point. Et cependant, il y en a plusieurs parmi vous qui le soutiennent, et qui lui applaudissent. La haine implacable qu'ils ont conçue est si enracinée dans leur cœur., qu'ils ne peuvent faire réflexion que les maux présents ne menacent pas moins les perso ries de la première qualité que le dernier des plébéiens. Ils s'imaginent que quand une fois ils auront réduit sous l'esclavage le pauvre peuple qu'ils haïssent naturellement, ils seront eux-mêmes dans une entière et parfaite sûreté. Mais il n'en est pas ainsi, Messieurs, et j'ose dire que vous vous trompez lourdement. L'expérience et le temps pourront vous désabuser de ces fausses idées, à mesure que vous découvrirez les desseins de Marcius. Vos propres malheurs et ceux des autres, vous apprendront à être sages. Vous connaîtrez que la tyrannie qu'on fomente maintenant contre le peuple, est un péril qui menace également toute la ville, et que si elle commence aujourd'hui par nous, elle ne vous épargnera pas vous, mêmes quand elle sera affermie: » Tel fut le discours de Lucius ; les autres tribuns y ajoutèrent ce qu'ils crurent qu'il avait oublié. XII. LE moment étant venu que le sénat devait dire son avis, les plus anciens et les plus qualifiés des sénateurs consulaires, se levèrent les premiers, à mesure que les consuls les appelaient par leur nom suivant la coutume : on vint ensuite à ceux qui leur étaient inférieurs et en âge et en mérite. Les jeunes se levèrent les derniers, seulement pour confirmer par leurs suffrages les avis des consulaires, et non pas pour haranguer, car cette liberté passait encore alors chez les Romains pour messéante et même pour honteuse, et il n'y avait point de jeune patricien qui se crût plus sage que les vieillards. Il leur était enjoint à tous, tant jeunes que vieux, de ne donner leurs voix qu'après avoir fait serment,. comme il se pratique dans les jugements. |
I. Discours d'Appius contre le peuple. II. Qui le peuple ne tend qu'à détruire l'aristocratie. III. Que si l'on souffre qu'il juge Marcius, il voudra traiter de même les autres patriciens. IV. Qu'il n'a aucun droit de juger un patricien. V. Que les menaces des tribuns ne doivent pas épouvanter le sénat. VI. Valérius prend la défense des plébéiens etc. Qu'on doit leur permettre de juger Marcius. VII. Qu'il est bon que les plébéiens aient part à l'administration de la république. VIII. Que si le peuple abuse de ses pouvoirs on pourra créer un dictateur etc. IX. Marcius demande aux tribuns de quel crime ils prétendent l'accuser au tribunal dit peuple. X. Les tribuns répondent qu'ils l'accuseront d'avoir aspiré à la tyrannie. XI. Décret du sénat permettant au peuple de juger Marcius etc. |
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I. Ἄππιος μὲν οὖν Κλαύδιος, ὑπὲρ οὗ καὶ πρότερον ἔφην, ὅτι μισοδημότατος ἦν τῶν πατρικίων καὶ οὐδέποτε ταῖς πρὸς τὸ δημοτικὸν ἠρέσκετο διαλλαγαῖς, οὐκ εἴα γενέσθαι τὸ προβούλευμα τοιούτοις λόγοις χρώμενος. [7,48] Ἐβουλόμην μὲν ἂν ἔγωγε καὶ τοῖς θεοῖς ηὐξάμην πολλάκις ἐμαυτὸν μὲν ἁμαρτεῖν τῆς γνώμης, ἣν εἶχον ὑπὲρ τῶν πρὸς τὸν δῆμον διαλύσεων, ὡς οὔτε καλὴν καὶ δικαίαν οὔτε συμφέρουσαν ἡμῖν ὑπελάμβανον ἔσεσθαι τὴν τῶν φυγάδων κάθοδον καὶ διὰ παντός, ὁσάκις περὶ τούτου προὐτέθη σκοπεῖν, πρῶτός τε τῶν ἄλλων καὶ τελευτῶν μόνος, ἐπειδὴ οἱ λοιποὶ ἀπέστησαν, ἠναντιούμην· ὑμᾶς δ´, ὦ βουλή, τοὺς ἐπὶ τὰ κρείττω τὴν ἐλπίδα λαμβάνοντας καὶ πάντα τῷ δήμῳ δίκαιά τε καὶ ἄδικα προθύμως χαριζομένους ἄμεινον ἐμοῦ δόξαι φρονεῖν. Ἐπειδὴ δ´ οὐχ, ὡς ἐβουλόμην τε καὶ τοῖς θεοῖς ηὐχόμην, τὰ πράγματα ὑμῖν κεχώρηκεν, ἀλλ´ ὡς ᾤμην, καὶ περιεστήκασιν αἱ χάριτες ὑμῖν εἰς φθόνους καὶ μίση, τὸ μὲν ἐπιτιμᾶν τοῖς ἡμαρτημένοις ὑμῖν καὶ λυπεῖν ὑμᾶς διὰ κενῆς, ὃ ῥᾷστόν ἐστι καὶ πᾶσιν ὡς τὰ πολλὰ ποιεῖν σύνηθες, οὐκ ἐν καιρῷ νυνὶ γενησόμενον ὁρῶν ἐάσω. Ἐξ ὧν δὲ τά τε παρελθόντα ἐπανορθωσόμεθα, ὅσα μὴ παντάπασιν ἀνιάτως ἔχει, καὶ περὶ τῶν παρόντων ἄμεινον φρονήσομεν, ταῦτα πειράσομαι λέγειν. Καίτοι με οὐ λέληθεν, ὅτι μαίνεσθαι καὶ θανατᾶν δόξω τισὶν ὑμῶν γνώμην περὶ τούτων ἐλευθέραν ἀποφαινόμενος ἐνθυμουμένοις, ἡλίκους ἔχει κινδύνους ὁ μετὰ παρρησίας λόγος, καὶ τὰς Μαρκίου συμφοράς, ὃς οὐ δι´ ἕτερόν τι νυνὶ τὸν ὑπὲρ τῆς ψυχῆς ἀγῶνα τρέχει, λογιζομένοις. Ἀλλ´ οὐκ οἴομαι δεῖν τῆς ἰδίας ἀσφαλείας πλείω ποιεῖσθαι πρόνοιαν ἢ τῆς κοινῆς ὠφελείας. Δέδοται γὰρ ἤδη τοῖς ὑπὲρ ὑμῶν κινδύνοις τὸ σῶμα τοὐμόν, ὦ βουλή, καὶ καθωσίωται τοῖς ὑπὲρ τῆς πόλεως ἀγῶσιν, ὥστε ὅ τι ἂν τῷ δαίμονι δοκῇ, μετὰ πάντων τε καὶ σὺν ὀλίγοις, εἰ δ´ ἀνάγκη καὶ μόνος εὐγενῶς πείσομαι· ἕως δ´ ἂν ἔχω τὴν ψυχήν, οὐδείς με ἀφέξει φόβος μὴ οὐχ ἃ φρονῶ λέγειν. II. [7,49] Πρῶτον μὲν οὖν τοῦθ´ ὑμᾶς ἤδη ποτὲ ἀξιῶ βεβαίως μαθεῖν, ὅτι δυσμενῆ καὶ πολέμιον ἔχετε τῇ καθεστώσῃ πολιτείᾳ τὸν δημοτικὸν ὄχλον, καὶ πάνθ´ ὅσα μαλακισθέντες αὐτῷ συνεχωρήσατε μάτην θ´ ὑμῖν ἀνήλωται καὶ καταφρονήσεως αἴτια γέγονεν, ὡς διὰ τὴν ἀνάγκην συγχωρηθέντα ὑφ´ ὑμῶν, ἀλλ´ οὐκ ἀπ´ εὐνοίας οὐδὲ κατὰ κρίσιν. Σκοπεῖτε γὰρ οὕτως. Ὅτ´ ἀπέστη λαβὼν τὰ ὅπλα ὁ δῆμος ἀφ´ ὑμῶν καὶ πολέμιος ὑμῖν ἐτόλμησεν ἐκ τοῦ φανεροῦ γενέσθαι, ἀδικηθεὶς μὲν οὐδέν, τὸ μὴ δύνασθαι δὲ τὰ χρέα τοῖς συμβεβληκόσι διαλῦσαι σκηπτόμενος, καὶ εἰ ψηφίσαισθε ὑμεῖς χρεῶν τ´ ἀποκοπὰς καὶ ἄδειαν ὧν ἥμαρτε κατὰ τὴν ἀπόστασιν οὐθενὸς ἔτι δεήσεσθαι ἔφησεν, ἔγνωσαν οἱ πλείους ὑμῶν, οὐ γὰρ δὴ πάντες γε, παρακρουσθέντες ὑπὸ τῶν συμβούλων, ὡς μή ποτε ὤφελον, ἀκυρῶσαι τοὺς ἐπὶ τῇ πίστει τεθέντας νόμους καὶ μηθενὸς τῶν τότε γεγενημένων μνησικακεῖν ἀδικημάτων. Οὐκ ἠγάπησε ταύτης τυχὼν τῆς χάριτος, ἧς μόνης μεμνημένος ἔφη πεποιῆσθαι τὴν ἀπόστασιν, ἀλλ´ εὐθὺς ἑτέραν ἔτι ταύτης ᾔτει μείζω καὶ παρανομωτέραν δωρεάν, ἐξουσίαν αὐτῷ δοθῆναι δημάρχους ἐξ αὐτοῦ καθ´ ἕκαστον ἔτος ἀποδεικνύναι, πρόφασιν μὲν ποιούμενος τὴν ἡμετέραν ἰσχύν, ἵνα δὴ τοῖς ἀδικουμένοις καὶ κατισχυομένοις τῶν πενήτων ἐπικουρία τις ὑπάρχῃ καὶ καταφυγή· ὡς δὲ τἀληθὲς εἶχεν, ἐπιβουλεύων τῷ κόσμῳ τῆς πολιτείας καὶ εἰς δημοκρατίαν περιστῆσαι τὰ πράγματα βουλόμενος. Καὶ τοῦτ´ ἔπεισαν ἡμᾶς οἱ σύμβουλοι τὸ ἀρχεῖον ἐᾶσαι παρελθεῖν εἰς τὴν πόλιν ἐπὶ τῷ κοινῷ παραγινόμενον κακῷ, καὶ μάλιστ´ ἐπὶ τῷ κατὰ τῆς βουλῆς φθόνῳ, πολλά, εἴπερ ἄρα μέμνησθε, κεκραγότος ἐμοῦ καὶ μαρτυρομένου θεούς τε καὶ ἀνθρώπους, ὅτι πόλεμον ἐμφύλιον ἄπαυστον εἰς τὴν πόλιν εἰσάξετε, καὶ πάνθ´ ὅσα ὑμῖν προβέβηκε λέγοντος. [7,50] Τί οὖν ἐποίησεν ὁ χρηστὸς ἡμῖν δῆμος, ἐπειδὴ καὶ ταύτην αὐτῷ συνεχωρήσατε τὴν ἀρχήν; Οὐκ ἐταμιεύσατο τὴν τοσαύτην χάριν οὐδ´ ἔλαβεν αἰσχυνομένως αὐτὴν καὶ σωφρόνως, ἀλλ´ ὡς δεδοικόσι τὴν ἰσχὺν αὐτοῦ καὶ κατεπτηχόσιν ἡμῖν - - - ἔπειτα ἱερὰν καὶ ἄσυλον ἔφη δεῖν ἀποδειχθῆναι τὴν ἀρχὴν ὅρκοις ἐμπεδωθεῖσαν, κρείττω τιμὴν αἰτούμενος ἧς δεδώκατε ὑμεῖς τοῖς ὑπάτοις. Ὑπεμείνατε καὶ τοῦτο καὶ στάντες ἐπὶ τῶν τομίων κατ´ ἐξωλείας ἑαυτῶν τε καὶ τῶν ἀπογόνων ὠμόσατε. Τί οὖν ἐποίησε καὶ τούτου τυχών; Ἀντὶ τοῦ χάριτας ὑμῖν εἰδέναι καὶ σώζειν τὸν πάτριον κόσμον τῆς πολιτείας, ἀρξάμενος ἀπὸ τούτων τῶν πλεονεξιῶν καὶ ταύταις ταῖς παρανομίαις ἀφορμαῖς τῶν ὕστερον χρησάμενος νόμους τ´ ἀπροβουλεύτους εἰσφέρει, καὶ τούτους ἐπιψηφίζει δίχα τῆς ὑμετέρας γνώμης, καὶ οἷς ἂν ὑμεῖς ἐκφέρητε δόγμασιν οὐ προσέχει τὸν νοῦν, καὶ τῶν ὑπάτων ὡς οὐκ ὀρθῶς τὴν πόλιν ἐπιτροπευόντων κατηγόρει, καὶ τοῖς ἐκβαίνουσι παρὰ τὰς ὑμετέρας συνθήκας· πολλὰ δ´ ἐστίν, ὧν οὐ δύναται στοχάσασθαι λογισμὸς ἀνθρώπινος· οὐ τὴν τύχην, ὥσπερ ἐχρῆν, ἀλλὰ τὴν ὑμετέραν ἐπιγράφει διάνοιαν, ἐπιβουλεύεσθαί θ´ ὑφ´ ὑμῶν σκηπτόμενος καὶ δεδιέναι, μὴ τὴν ἐλευθερίαν ἀφέλησθε ἢ τῆς πατρίδος ἐκβάλητε, αὐτὸς ἐφ´ ὑμῖν ταῦτα μηχανώμενος διατελεῖ, καὶ τὸ μὴ παθεῖν ὃ δεδοικέναι φησίν, οὐκ ἄλλῳ τινὶ φυλαττόμενος δῆλός ἐστιν, ἢ τῷ δρᾶσαι φθάσας. III. Ἐδήλωσε δὲ τοῦτο πολλάκις μὲν καὶ πρότερον καὶ ἐπὶ πολλῶν ὧν ἐξείργομαι μεμνῆσθαι κατὰ τὸ παρόν, μάλιστα δὲ Μάρκιον τουτονὶ τὸν φιλόπολιν ἄνδρα, οὔτε προγόνων ἀφανῶν ὄντα οὔτ´ αὐτὸν ἀρετῇ λειπόμενον οὐθενὸς ἡμῶν, αἰτιασάμενος ἐπιβουλεύειν αὐτῷ καὶ πονηρὰς ἐνθάδε γνώμας λέγειν, ἄκριτον ἐπεχείρησεν ἀποκτεῖναι. Καὶ εἰ μὴ δεινὸν ἡγησάμενοι τὸ πρᾶγμα οἵ θ´ ὕπατοι καὶ ὑμῶν οἱ τὰ κρείττω φρονοῦντες συνεστράφητε καὶ τὴν παρανομίαν ἐπέσχετε αὐτῶν, ἐν μιᾷ τῇ τότε ἡμέρᾳ πάντ´ ἂν ἀφῃρέθητε, ὅσα οἱ πατέρες θ´ ὑμῖν σὺν πολλοῖς κτησάμενοι πόνοις κατέλιπον καὶ αὐτοὶ ὑμεῖς οὐκ ἐλάττους ἀγῶνας ἐκείνων ὑποστάντες ἔχετε, τὸ ἀξίωμα, τὴν ἡγεμονίαν, τὴν ἐλευθερίαν· οἱ δὲ γενναιότεροι καὶ οὐκ ἀγαπήσαντες αὐτὸ τὸ ζῆν, εἰ μὴ μετὰ τούτων ἐμέλλετε τῶν ἀγαθῶν βιώσεσθαι, τὰς ψυχὰς ἂν πρότερον ἢ ταῦτ´ ἀφῃρέθητε, οἱ μὲν εὐθύς, οἱ δ´ οὐκ εἰς μακράν. Τί γὰρ ἂν τὸ κωλῦσον ἦν οὕτως αἰσχρῶς καὶ κακῶς Μαρκίου τοῦδε ἀναρπασθέντος ὥσπερ ἐν ἐρημίᾳ κἀμὲ μετὰ τοῦτον ἀπολωλέναι διασπασθέντα ὑπὸ τῶν ἐχθρῶν, καὶ πάντας, ὅσοι πώποτ´ ἠναντιώθησαν, καὶ τὸ λοιπὸν ἔμελλον ἐναντιώσεσθαι ταῖς παρανόμοις ἐπιθυμίαις τοῦ δήμου; Οὐ γὰρ ἂν ἠρκέσθη τοὺς δύο μόνους ἡμᾶς ἐκποδὼν ποιησάμενος, οὐδὲ μέχρι δεῦρ´ ἐλθὼν ἀπέστη τῆς παρανομίας, εἰ δεῖ τὰ μέλλοντα τεκμαίρεσθαι τοῖς γεγονόσιν, ἀλλ´ ἀφ´ ἡμῶν ἀρξάμενος ἅπαν τὸ ἀντίπαλον καὶ μὴ εἶκον ὥσπερ χειμάρρους πολὺς ἐμπεσὼν παρέσυρεν ἂν καὶ κατήνεγκεν, οὔτ´ εὐγενείας φειδόμενος οὔτ´ ἀρετῆς οὔθ´ ἡλικίας. [7,51] Ταύτας ὑμῖν ὁ δῆμος, ὦ βουλή, τὰς καλὰς ἀμοιβὰς ἀνθ´ ὧν ἔπαθεν ἀγαθῶν πολλῶν ὄντων καὶ μεγάλων τὰς μὲν ἀπέδωκεν ἤδη, τὰς δ´ ἀποδώσειν ἔμελλεν, εἰ μὴ τὸ κωλῦσον παρ´ ὑμᾶς ἐγένετο. Ἄγε δὴ νῦν κἀκεῖνα ἐνθυμήθητε πάλιν, ἃ μετὰ τοῦτο τὸ γενναῖον καὶ σῶφρον ὑμῶν ἔργον ἔδρασεν, ἵνα γνῶτε, ὅντινα χρὴ τρόπον αὐτῷ προσφέρεσθαι. Ἐτοίνυν ὡς ἔμαθεν ὑμᾶς οὐκέτι φέροντας αὐτοῦ τὴν ὕβριν, ἀλλ´ ὁμόσε χωρεῖν παρεσκευασμένους, ἔπτηξε καὶ μικρὸν ἀναλαβὼν ἑαυτὸν ὥσπερ ἐκ μέθης καὶ μανίας ἀπὸ μὲν τοῦ βιάζεσθαι κατέβη, ἐπὶ τὸ δικάζεσθαι δ´ ἐτράπετο· καὶ προειπὼν ἡμέραν ῥητὴν εἰς αὐτὴν ἐκάλει τὸν ἄνδρα ὡς δίκην ὑφέξοντα, ἧς αὐτὸς ἔμελλεν ἔσεσθαι κατήγορός τε καὶ μάρτυς καὶ δικαστὴς καὶ τοῦ μεγέθους τῆς τιμωρίας κύριος. Ἐπειδὴ δὲ καὶ πρὸς τοῦτ´ ἐνέστητε νομίσαντες οὐκ ἐπὶ δίκην, ἀλλ´ ἐπὶ τιμωρίαν καλεῖσθαι τὸν ἄνδρα, ὁρῶν ὡς οὐδενὸς αὐτοκράτωρ ἐστὶ πράγματος, ἀλλ´ ὅς´ ἂν ὑμεῖς προβουλεύσητε, ταῦτ´ ἐπιψηφίσαι κύριος, τῆς τ´ αὐθαδείας, ἧς πολὺς ἔπνει τότε, ὑφεῖται νυνὶ καὶ δεησόμενος ὑμῶν ἥκει συγχωρῆσαι καὶ ταύτην αὐτῷ τὴν χάριν. Ἐνθυμούμενοι δὴ ταῦτ´ αἴσθεσθε ἤδη ποτὲ καὶ μάθετε, ὅτι πάνθ´, ὅσα μὲν εὐηθέστερα βουλευσάμενοι μᾶλλον ἢ φρονιμώτερα ἐχαρίσασθε, αὐτῷ συμφορὰς ὑμῖν ἐνήνοχε καὶ βλάβας, ὅσα δὲ μετὰ τοῦ γενναίου στάντες τοῖς παρανόμοις αὐτοῦ καὶ βιαίοις ἠναντιώθητε, ταῦθ´ ὑμῖν εἰς δέον ἐκβέβηκε. Τί οὖν ὑμῖν ἐπισταμένοις ταῦτα παραινῶ πράττειν καὶ τίνα γνώμην ὑπὲρ τῶν παρόντων ἀποφαίνομαι; Ὅσα μὲν ἐχαρίσασθε καὶ συνεχωρήσατε τῷ δήμῳ τὴν ἔχθραν διαλλαττόμενοι ὁπωσδήποτε φυλάττειν κύρια, καὶ μὴ λύειν τῶν τότε συγχωρηθέντων μηθέν, οὐχ ὡς καλῶν καὶ τῆς πόλεως ἀξίων ὄντων· πόθεν γάρ; Ἀλλ´ ὡς ἀναγκαίων καὶ μηκέτι δεχομένων διόρθωσιν· ὅσα δ´ ἂν ἔξω τούτου βιαζόμενος καὶ παρανομῶν ἀκόντων ὑμῶν ἐπιχειρῇ λαμβάνειν μήτε συγχωρεῖν αὐτῷ μήτ´ ἐπιτρέπειν, ἀλλ´ ἀντιπράττειν λόγοις τε καὶ ἔργοις καὶ ὁμοῦ πάντας καὶ ἕνα ἕκαστον ἰδίᾳ. Οὐ γάρ, ἂν ἅπαξ ἁμάρτῃ τις εἴτ´ ἀπατηθεὶς εἴτ´ ἀναγκασθείς, καὶ τὰ λοιπὰ ὅμοια δεῖ πράττειν, ἀλλ´ ἐκείνου μεμνημένους τἆλλα ὅπως μὴ τοιαῦτα γενήσεται σκοπεῖν. Ταῦτα μὲν οὖν ἐστιν, ἃ κοινῇ πάντας ὑμᾶς οἴομαι δεῖν ἐγνωκότας εἶναι, καὶ παρεσκευάσθαι πρὸς τὰς ἀδίκους τοῦ δήμου πλεονεξίας παραινῶ. IV. [7,52] Ὡς δὲ καὶ τοῦτο, περὶ οὗ νυνὶ πρόκειται σκοπεῖν ὅμοιόν ἐστι τοῖς ἄλλοις ἐγχειρήμασιν αὐτοῦ τοῖς ἀδίκοις καὶ παρανόμοις, καὶ οὐχ, οἷον ὁ δήμαρχος ἐξαπατῶν ὑμᾶς ἐπειρᾶτο ἀποφαίνειν, δίκαιον καὶ μέτριον, μάθετε οἱ μήπω σαφῶς εἰδότες. Ὁ μὲν οὖν νόμος ὁ περὶ τῶν δικαστηρίων τῶν δημοτικῶν, ᾧ Δέκιος ἐκρατύνατο μάλιστα, οὐ καθ´ ὑμῶν ἐγράφη τῶν πατρικίων, ἀλλ´ ὑπὲρ ἀσφαλείας τῶν κατισχυομένων δημοτικῶν, ὡς αὐτός τε δηλοῖ γραφὰς ἔχων οὐκ ἀμφιβόλους, καὶ ὑμεῖς τοῦτο πάντες ἀεὶ λέγετε καλῶς ἐπιστάμενοι. Μέγα δὲ τούτου σημεῖόν ἐστιν, ὃ καὶ παντὸς ἀμφισβητουμένου δικαίου κριτήριον εἶναι δοκεῖ κράτιστον, ὁ χρόνος ἐννεακαιδεκέτης ἤδη γεγονώς, ἐξ οὗ ὁ νόμος οὗτος ἐτέθη· ἐν ᾧ παντὶ Δέκιος οὐκ ἂν ἔχοι δεῖξαι δίκην οὐδεμίαν οὔτε δημοσίαν κατ´ οὐδενὸς τῶν πατρικίων ἐν τῷ νόμῳ δεδικασμένην, οὔτ´ ἰδίαν· εἰ δὲ φήσει, δειξάτω καὶ μηθὲν ἔτι δεόμεθα λόγου. Αἱ δ´ ὁμολογίαι, καθ´ ἃς διελύσασθε πρὸς τοὺς δημότας αἱ νεωστὶ γενόμεναι· χρὴ γὰρ καὶ περὶ τούτων ὑμᾶς μαθεῖν, ἐπειδὴ πονηρὸς ἐξηγητὴς ὁ δήμαρχος αὐτῶν ἐγένετο· δύο ταῦτα συγχωρήματα περιέχουσιν· ἀφεῖσθαι τοὺς δημοτικοὺς τῶν χρεῶν, καὶ τὴν ἀρχὴν τήνδε ἀποδείκνυσθαι καθ´ ἕκαστον ἐνιαυτὸν ἐπικουρίας ἕνεκα τῶν κατισχυομένων καὶ κωλύσεως, ἄλλο δὲ παρὰ ταῦτ´ οὐδέν. Μέγιστον δ´ ὑμῖν γενέσθω τεκμήριον, ὅτι οὔθ´ ὁ νόμος οὔθ´ αἱ συνθῆκαι κατ´ ἀνδρὸς πατρικίου δικάζειν τῷ δήμῳ δεδώκασιν ἐξουσίαν, ὃ ποιεῖ νῦν αὐτὸς ὁ δῆμος. Αἰτεῖται γὰρ αὐτὸ παρ´ ὑμῶν τήμερον, ὡς πρότερόν γ´ οὐκ ἔχων· οὐδεὶς δ´ ἂν ἀξιώσειέ τι παρ´ ἄλλων λαμβάνειν, ὧν ἐστι νόμῳ κύριος. Δίκαιον δὲ φύσεως ἀνομοθέτητον, ὦ βουλή, πῶς ἂν εἴη τοῦτο· καὶ γὰρ τοῦτο Δέκιος ὑμᾶς ᾤετο δεῖν σκοπεῖν· τοῖς μὲν δημόταις, ἅς τ´ ἂν φύγωσι δίκας ὑπὸ τῶν πατρικίων καὶ ἃς ἂν ἐκείνους διώκωσι, τὸν δῆμον δικάζειν, τοῖς δὲ πατρικίοις μήθ´ ὅταν ἐπάγωσί τινα τῶν δημοτικῶν δίκην μήθ´ ὅταν αὐτοὶ κινδυνεύσωσι τοὺς πατρικίους τὰ νείκη διαιτᾶν, ἀλλὰ τούτοις μὲν ἀμφότερα ἐξεῖναι πλεονεκτεῖν, ἡμῖν δ´ οὐδετέρου τῶν δικαίων μετέχειν; Εἰ δέ τι Μάρκιος ἀδικεῖ τὸν δῆμον, {ἢ} καὶ ἄλλος τῶν πατρικίων ὁστισοῦν καὶ δίκαιός ἐστιν ἀποθανεῖν ἢ τῆς πόλεως ἐκπεσεῖν, μὴ παρ´ αὐτοῖς, ἀλλ´ ἐνθάδε κριθεὶς διδότω δίκας, ὥσπερ ἐστὶ νόμιμον. Εἰ μὴ ἄρα, ὦ Δέκιε, ὁ μὲν δῆμος ἴσος ἔσται δικαστὴς καὶ οὐθὲν ἂν χαρίσαιτο αὑτῷ πρὸς ἀνδρὸς ἐχθροῦ τὴν ψῆφον ἐπιφέρων· οὗτοι δ´ εἰ γένοιντο τῆς ψήφου κύριοι τὸν ἀδικοῦντα περὶ πλείονος ποιήσονται τῆς ἀδικουμένης ὑπ´ αὐτοῦ πόλεως, μέλλοντες ἀρὰν καὶ ἐπιορκίαν καὶ μῖσος μὲν παρ´ ἀνθρώπων, χόλον δὲ παρὰ θεῶν ἐκ τῆς δίκης ἀποίσεσθαι καὶ μετὰ πονηρῶν ἐλπίδων ζῆν. Οὐκ ἀξιῶ ταῦτα περὶ τῆς βουλῆς ὑμᾶς, ὦ δημόται, σκοπεῖν, ᾗ τιμὰς καὶ ἀρχὰς καὶ τὰ κράτιστα τῶν ἐν τῇ πόλει παραχωρεῖν ὁμολογεῖτε δι´ ἀρετήν, καὶ πολλὰς χάριτας εἰδέναι φατὲ τῆς προθυμίας, ἣν ἀπεδείξατο περὶ τὴν κάθοδον ὑμῶν. Μάχεται ταῦτ´ ἀλλήλοις· καὶ οὐκ ἔχει λόγον, οὓς ἐπαινεῖτε, τούτους φοβεῖσθαι καὶ ἅμα τοῖς αὐτοῖς περὶ μὲν τῶν μειζόνων ἐπιτρέπειν, περὶ δὲ τῶν ἄλλων ἀπιστεῖν. Τί δ´ οὐχὶ μιᾷ χρώμενοι γνώμῃ ἢ πάντα πιστεύετε αὐτοῖς ἢ περὶ πάντων ἀπιστεῖτε; Ἀλλὰ προβουλεῦσαι μὲν αὐτοὺς τὰ δίκαια ἱκανοὺς εἶναι νομίζετε, δικάσαι δὲ περὶ αὐτῶν τούτων ὧν προβουλεύουσιν οὐχ ἱκανούς. Πολλὰ καὶ ἄλλα περὶ τῶν δικαίων εἶχον, ὦ βουλή, λέγειν, ἀλλὰ καὶ ταῦθ´ ἱκανά. V. [7,53] Ἐπειδὴ δὲ καὶ περὶ τοῦ συμφέροντος ἐπειρᾶτο λέγειν Δέκιος, ὡς ἀγαθὸν μὲν ὁμόνοια, δεινὸν δὲ στάσις, καὶ θεραπεύοντες μὲν τὸν δῆμον ἐν ὁμονοίᾳ πολιτευσόμεθα, κωλύσαντες δ´ οὓς βούλονται τῶν πατρικίων ἀνδρηλατεῖν ἢ μιαιφονεῖν εἰς πόλεμον ἐμφύλιον καταστησόμεθα, πολλὰ λέγειν ἔχων ὀλίγοις πάνυ χρήσομαι. Πρῶτον μὲν οὖν θαυμάσαι ἔχω Δέκιον τῆς εἰρωνείας· οὐ γὰρ ἠλιθιότητός γε· εἰ κρεῖττον οἴεται τὰ συμφέροντα τῷ κοινῷ φρονεῖν ἑαυτόν, ὃς ἄρτι παρελήλυθεν εἰς πολιτικὰς πράξεις, ἡμῶν τῶν καταγεγηρακότων ἐν αὐταῖς καὶ μεγάλην ἐκ μικρᾶς πεποιηκότων τὴν πόλιν. Ἔπειτ´ εἰ πείσειν ὑπέλαβεν ὑμᾶς, ὡς χρὴ παραδοῦναί τινα ἔκδοτον ἐπὶ τιμωρίᾳ τοῖς ἐχθροῖς καὶ ταῦτα πολίτην ὑμέτερον καὶ οὐχὶ τῶν ἀφανῶν τινα {πολιτῶν} ἢ φαύλων, ἀλλ´ ὃν αὐτοὶ καὶ τὰ πολέμια λαμπρότατον ἡγεῖσθε εἶναι καὶ τὸν βίον σωφρονέστατον τά τε πολιτικὰ πράττειν οὐθενὸς χείρονα. Καὶ ταῦτ´ ἐτόλμησεν εἰπεῖν εἰδὼς ὑμᾶς πλείστην αἰδῶ ποιουμένους ἱκετῶν, καὶ μηδὲ πολεμίων τοὺς καταφεύγοντας ἐνθάδε ταύτης ἀποκλείοντας τῆς φιλανθρωπίας. Εἰ δὲ τἀναντία ἡμᾶς ἐγίγνωσκες ἐπιτηδεύοντας, ὦ Δέκιε, ἀνόσια μὲν φρονοῦντας περὶ θεούς, ἄδικα δὲ πράττοντας πρὸς ἀνθρώπους, τί ἂν ἡμῖν τούτου συνεβούλευες ἔργον ὑπομεῖναι δεινότερον, ἀφ´ οὗ πρόρριζοι καὶ πανώλεις, μισηθέντες θεοῖς τε καὶ ἀνθρώποις, διαφθαρησόμεθα; Οὐ δεόμεθά σου συμβούλου, Δέκιε, οὔτε περὶ πολιτῶν ἐκδόσεως οὔτε περὶ ἄλλου χρήματος ὧν ἡμῖν πρακτέον οὐδενός· οὐδὲ ὀθνείᾳ φρονήσει νέων ἀνδρῶν τὰ οἰκεῖα συμφέροντα κρίνειν οἰόμεθα δεῖν οἱ μέχρι τῆσδε τῆς ἡλικίας διὰ πολλῆς πείρας κακῶν τε καὶ ἀγαθῶν ἐληλυθότες. Πολέμου δ´ ἀπειλάς, αἷς χρώμενοι φοβεῖτε ἡμᾶς, οὐ νῦν πρῶτον ἐπαγομένας ὑφ´ ὑμῶν, ἀλλὰ πολλάκις ἤδη καὶ ὑπὸ πολλῶν ἐπανασεισθείσας τῇ συνήθει πρᾳότητι παραδόντες ἀκαταπλήκτως οἴσομεν. Καὶ εἰ δήπερ δράσετε τὰ ὅμοια οἷς λέγετε, ἀμυνούμεθα θεούς τε συναγωνιστὰς ἔχοντες, οἳ νεμεσῶσι τοῖς ἄρχουσι πολέμου ἀδίκου, καὶ ἀνθρώπων ἕξοντες χεῖρα οὐκ ὀλίγην σύμμαχον. Λατῖνοί τε γὰρ ἅπαντες, οἷς νεωστὶ τὴν ἰσοπολιτείαν δεδώκαμεν, σὺν ἡμῖν στήσονται, ὡς περὶ πατρίδος ἤδη τῆς πόλεως τῆσδε ἀγωνιζόμενοι, αἵ τ´ ἐνθένδε ἀποικισθεῖσαι πόλεις πολλαὶ καὶ ἀγαθαὶ περὶ παντὸς ποιούμεναι σώζεσθαι τὴν μητρόπολιν ἀμυνοῦσιν αὐτῇ. Εἰ δ´ εἰς ἀνάγκην ἡμᾶς κατακλείσετε τῆς πανταχόθεν ἐπικουρίας περιέχεσθαι, ὑπομενοῦμεν, ὦ Δέκιε, καὶ θεράποντας εἰς ἐλευθερίαν προκαλούμενοι καὶ πολεμίους εἰς φιλίαν καὶ πάντας ἀνθρώπους εἰς κοινωνίαν τῶν ἐκ τῆς νίκης ἐλπίδων ὁμόσε χωρεῖν ὑμῖν. Μηθενὸς δὲ τούτων δεήσειεν, ὦ Ζεῦ καὶ θεοὶ πάντες οἱ πόλιν τὴν Ῥωμαίων κατέχοντες, ἀλλ´ εἴη μέχρι λόγων τὰ φοβερὰ ταῦτ´ ἐλθεῖν, ἔργον δὲ μηθὲν ἐξ αὐτῶν γένοιτ´ ἄχαρι. VI. [7,54] Ταῦτα μὲν Ἄππιος εἶπεν. Μάνιος δὲ Οὐαλέριος ὁ δημοτικώτατος τῶν ἐκ τοῦ συνεδρίου καὶ περὶ τὰς διαλλαγὰς πλείστην ἀποδειξάμενος προθυμίαν φανερῶς καὶ τότε τῷ δήμῳ συνελάμβανε καὶ λόγον διεξῆλθε μετὰ πολλῆς συγκείμενον φροντίδος, ἐπιτιμῶν μὲν τοῖς οὐκ ἐῶσι μίαν εἶναι τὴν πόλιν, ἀλλὰ διαιροῦσι τὸ δημοτικὸν ἀπὸ τῶν πατρικίων καὶ διὰ μικρὰς προφάσεις πολέμους ἀναζωπυροῦσιν ἐμφυλίους· ἐπαινῶν δὲ τοὺς ἓν τὸ συμφέρον καὶ κοινὸν ἡγουμένους καὶ πάντ´ ἐλάττω τῆς ὁμονοίας τιθεμένους, διδάσκων, ὡς, εἰ γένοιτο τῆς δίκης ὁ δῆμος, ὥσπερ ἀξιοῖ, κύριος, καὶ ταύτην παρὰ τοῦ συνεδρίου τὴν χάριν ἑκόντος λάβοι, τάχα μὲν οὐδ´ ἐπέξεισιν ἄχρι τέλους, ἀλλ´ ἀρκεσθεὶς αὐτῷ τῷ κεκρατηκέναι τοῦ σώματος ἐπιεικέστερον μᾶλλον ἢ χαλεπώτερον αὐτῷ χρήσεται. Εἰ δ´ ἄρα ἐκ παντὸς οἰομένων τρόπου τῶν δημάρχων τέλος ἐπιθεῖναι δεῖν νόμιμον τῇ δίκῃ τῆς ψήφου γενήσεται κύριος, ἀπολύσει τὸν ἄνδρα τῆς αἰτίας αἰδούμενος μὲν αὐτὸ τὸ κινδυνεῦον σῶμα, οὗ πολλὰ καὶ καλὰ ἔργα ἔχει μεμνῆσθαι, ἀνταποδιδοὺς δὲ ταύτην τὴν χάριν τῇ παρασχούσῃ τὴν ἐξουσίαν αὐτῷ βουλῇ καὶ πρὸς μηδὲν ἐναντιωθείσῃ τῶν μετρίων. Παρεῖναι μέντοι τῇ δίκῃ συνεβούλευε καὶ συναπολογεῖσθαι τῷ ἀνδρὶ καὶ τὸν δῆμον ἀξιοῦν μηθὲν διαγνῶναι περὶ αὐτοῦ χαλεπὸν τούς θ´ ὑπάτους καὶ τοὺς ἐκ τοῦ συνεδρίου πάντας καὶ τοὺς ἄλλους πατρικίους κατὰ πλῆθος ἀφικομένους· συνοίσειν γὰρ οὐ μικρὰ τῷ κινδυνεύοντι καὶ τούτους εἰς σωτηρίας ῥοπήν· καὶ μὴ μόνον αὐτοὺς οὕτως ἔχειν ταῖς γνώμαις, ἀλλὰ καὶ πελάτας ἕκαστον τοὺς αὑτοῦ παρακαλεῖν καὶ φίλους συνάγειν, καὶ εἴ τινας οἰκείως ἔχειν σφίσι τῶν δημοτικῶν δι´ εὐεργεσίας ὑπολαμβάνουσι, καὶ τούτους νυνὶ τὴν πρότερον ὀφειλομένην χάριν ἐπὶ τῆς ψηφοφορίας ἀπαιτεῖν. Τό τε φιλόχρηστον καὶ μισοπόνηρον οὐκ ὀλίγον ἀπέφηνεν ἐκ τοῦ δήμου μέρος ἐσόμενον, καὶ ἔτι πλεῖον τούτου, ὃ πρὸς τὰς τύχας πάσχειν τι τὰς ἀνθρωπίνας καὶ ἐλεεῖν οἶδε τοὺς ἐν τοῖς ἀξιώμασιν, ὅταν εἰς ταπεινὰ πέσωσιν αὐτῶν αἱ τύχαι. Ὁ δὲ πλείων λόγος ἐγίνετο αὐτῷ πρὸς τὸν Μάρκιον παράκλησιν ἔχων νουθετήσει μεμιγμένην καὶ δέησιν ἀνάγκῃ. Ἠξίου γὰρ αὐτόν, ἐπεὶ διιστάναι τὸν δῆμον ἀπὸ τῆς βουλῆς αἰτίαν ἔχει καὶ τυραννικὸς εἶναι διαβάλλεται διὰ τὴν αὐθάδειαν τοῦ τρόπου, δέος τε παρέστηκεν ἅπασι, μὴ δι´ αὐτὸν ἀρχὴ γένηται στάσεως καὶ κακῶν ἀνηκέστων, ἃ φέρουσιν ἐμφύλιοι πόλεμοι, μὴ ποιεῖν ἀληθεῖς καὶ κυρίας τὰς κατ´ αὐτοῦ διαβολὰς μένοντα ἐν τῷ φθονουμένῳ τοῦ βίου, ἀλλὰ σχῆμα ταπεινὸν μεταλαβεῖν καὶ τοῖς ἀδικεῖσθαι λέγουσι τὴν ἐξουσίαν τοῦ σώματος παρασχεῖν, καὶ μὴ φεύγειν ἄδικον ἔγκλημα λόγῳ μετὰ δίκης ἀπολυόμενον. Ταῦτα γὰρ αὐτῷ πρός τε σωτηρίαν ἀσφαλέστατα εἶναι καὶ πρὸς εὐδοξίαν, ἧς ὀρέγεται, λαμπρότατα καὶ τοῖς προυπηργμένοις ἔργοις ἀκόλουθα. Εἰ δ´ αὐθαδέστερος ἔσται μᾶλλον ἢ μετριώτερος, καὶ τὴν βουλὴν ἀξιώσει πάντα κίνδυνον δι´ ἑαυτὸν ὑπομένειν, κακὴν μὲν ἧτταν, αἰσχρὰν δὲ νίκην τοῖς πεισθεῖσι προσάψειν αὐτὸν ἀπέφαινεν· ἦν τ´ ἐνταῦθα πολὺς ὀλοφυρόμενος καὶ τῶν καταλαμβανόντων κακῶν τὰς πόλεις ἐν ταῖς διχοστασίαις τὰ μέγιστα καὶ φανερώτατα ἐπιλεγόμενος. [7,55] Διεξιὼν δὲ ταῦτα μετὰ πολλῶν δακρύων οὐ προσποιητῶν καὶ πεπλασμένων, ἀλλ´ ἀληθινῶν, ἀνὴρ ἡλικίας τε καὶ ἀρετῆς ἀξιώσει προὔχων, ὡς ἔμαθε κινούμενον ἐπὶ τοῖς λεγομένοις τὸ συνέδριον, ἐκ τοῦ τεθαρρηκότος ἤδη τὸ λοιπὸν ἐξύφαινε τῶν λόγων· VII. Εἰ δέ τινες ὑμῶν, ὦ βουλευταί, λέγων, ταράττονται δοκοῦντες ἔθος εἰσάγειν πονηρὸν εἰς τὴν πόλιν, ἐὰν τῷ δήμῳ συγχωρήσητε ψῆφον ἐπιφέρειν κατὰ τῶν πατρικίων, καὶ ἐπ´ οὐδενὶ ἀγαθῷ νομίζουσι τὴν τῶν δημάρχων ἐξουσίαν πολλὴν ἰσχὺν λαβοῦσαν γενήσεσθαι, μαθέτωσαν ἁμαρτάνοντες τῆς δόξης καὶ τἀναντία ἢ προσῆκεν ὑπειληφότες. Εἰ γάρ τι καὶ ἄλλο σωτηρίας αἴτιον ἔσται τῇ πόλει τῇδε καὶ τοῦ μηδέποτε τὴν ἐλευθερίαν μηδὲ τὴν ἰσχὺν ἀφαιρεθῆναι, ὁμονοοῦσαν δ´ ἀεὶ καὶ μιᾷ γνώμῃ περὶ πάντων χρωμένην διατελεῖν, ὁ δῆμος αἰτιώτατος ἔσται συμπαραληφθεὶς ἐπὶ τὰ πράγματα· καὶ τὸ μὴ μίαν εἶναι τὴν διοικοῦσαν τὰ κοινὰ πολιτείαν ἄκρατον μήτε μοναρχίαν μήτ´ ὀλιγαρχίαν μήτε δημοκρατίαν, ἀλλὰ τὴν μικτὴν ἐξ ἁπασῶν τούτων κατάστασιν, τοῦτο ὑπὲρ ἅπαντα ἡμᾶς ὠφελήσει. ῥᾷστα γὰρ εἰς ὕβρεις ἀποσκήπτει καὶ παρανομίας τούτων ἕκαστον τῶν πολιτευμάτων αὐτὸ καθ´ ἑαυτὸ γινόμενον, ὅταν δ´ ἀνακερασθῇ πάντα μετρίως, τὸ παρακινοῦν μέρος αἰεὶ καὶ ἐκβαῖνον ἐκ τοῦ συνήθους κόσμου ὑπὸ τοῦ σωφρονοῦντος καὶ μένοντος ἐν τοῖς ἰδίοις ἤθεσι κατείργεται. Μοναρχία μὲν ὠμὴ καὶ αὐθάδης γενηθεῖσα καὶ τυραννικὰ διώκειν ἀρξαμένη ζηλώματα ὑπ´ ἀνδρῶν ὀλίγων καὶ ἀγαθῶν καταλύεται. Ὀλιγαρχία δ´ ἐκ τῶν ἀρίστων ἀνδρῶν συνεστηκυῖα, ᾗ χρῆσθε καὶ ὑμεῖς νυνί, ὅταν πλούτῳ καὶ ἑταιρίαις ἐπαρθεῖσα δικαιοσύνης καὶ τῆς ἄλλης ἀρετῆς μηθένα ποιῆται λόγον, ὑπὸ δήμου φρονίμου καταλύεται. Δῆμος δὲ σωφρονῶν καὶ κατὰ νόμους πολιτευόμενος ὅταν ἀκοσμεῖν ἄρξηται καὶ παρανομεῖν ὑπὸ τοῦ κρατίστου ἀνδρὸς βίᾳ καταληφθεὶς δικαιοῦται. Ὑμῖν δ´, ὦ βουλή, μονάρχου μὲν ἐξουσίας, ἵνα μὴ τυραννὶς γένηται, τὰ δυνατὰ εὕρηται βοηθήματα. Δύο τε γὰρ ἀνθ´ ἑνὸς ἀποδείξαντες τῆς πόλεως κυρίους καὶ τούτοις οὐκ ἀόριστον χρόνον ἐπιτρέψαντες ἔχειν τὴν ἀρχήν, ἀλλ´ ἐνιαύσιον οὐδὲν ἧττον ἀποδείκνυτε φύλακας αὐτῶν τριακοσίους ἄνδρας ἐκ τῶν πατρικίων τοὺς κρατίστους τε καὶ πρεσβυτάτους, ἐξ ὧν ἥδε ἡ βουλὴ συνέστηκεν· ὑμῶν δ´ αὐτῶν, ἵνα μένητε ἐν τῷ προσήκοντι κόσμῳ, φυλακὴν οὐδεμίαν ἄχρι τοῦδε φαίνεσθε πεποιημένοι. Καὶ περὶ μὲν ὑμῶν οὔπω ἔδεισα, μὴ διαφθαρῆτε τὰς διανοίας ὑπό τε μεγέθους καὶ πλήθους ἀγαθῶν, οἳ τυραννίδος τε πολυχρονίου ἠλευθερώκατε τὴν πόλιν ἔναγχος καὶ οὔπω σχολὴν ἐσχήκατε ὑβρίζειν καὶ τρυφᾶν διὰ τοὺς συνεχεῖς καὶ μακροὺς πολέμους· περὶ δὲ τῶν μεθ´ ὑμᾶς ἐσομένων ἐνθυμούμενος ὅσας ὁ μακρὸς αἰὼν φέρει μεταβολὰς δέδοικα, μή τι παρακινήσαντες οἱ δυνατοὶ οἱ ἐκ τοῦ συνεδρίου λάθωσιν εἰς μοναρχίαν τὸ πολίτευμα περιστήσαντες τυραννικήν. [7,56] Ἐὰν οὖν κοινωνήσητε καὶ τῷ δήμῳ τῶν πολιτευμάτων, οὐθὲν ὑμῖν ἐνθάδε φύσεται κακόν, ἀλλ´ ὁ πλέον ἔχειν τῶν ἄλλων ἀξιῶν καὶ τῆς βουλῆς προσεταιρισάμενος τὸν βουλόμενον συννοσεῖν καὶ συναδικεῖν· πάντα γὰρ τὰ εἰκότα χρὴ περὶ πόλεως βουλευομένους προνοεῖν· κληθεὶς ὑπὸ τῶν δημάρχων εἰς τὸ πλῆθος ὁ μέγας ἐκεῖνος καὶ σεμνὸς ἀποδώσει τῷ δήμῳ τῷ φαύλῳ καὶ ταπεινῷ λόγον ὧν πράττει τε καὶ διανοεῖται, κἂν ἀδικῶν φαίνηται δίκης, ἧς ἂν ἄξιος ᾖ, τεύξεται. VIII. Αὐτὸν δὲ τὸν δῆμον, ἵνα μὴ τρυφᾷ τηλικαύτης ἐξουσίας γενόμενος κύριος, μηδ´ ὑπὸ τῶν κακίστων ἐκδημαγωγούμενος τοῖς κρατίστοις πολεμῇ· καὶ γὰρ ἐν ὄχλῳ φιλεῖ γίνεσθαι τυραννίς· φυλάξει τε καὶ οὐδὲν ἐάσει παρανομεῖν ὁ διαφέρων φρονήσει ἀνὴρ δικτάτωρ ὑφ´ ὑμῶν αἱρεθείς, ὃς αὐτοκράτορι καὶ ἀνυπευθύνῳ χρώμενος ἐξουσίᾳ τό τε νοσοῦν ἐξελεῖ τῆς πόλεως μέρος, καὶ τὸ μήπω διεφθαρμένον οὐκ ἐάσει κακωθῆναι, ἔθη τε καὶ νόμιμα καὶ ζηλώματα βίων τὰ κράτιστα μεθαρμοσάμενος ἀρχάς τ´ ἀποδείξας ἃς ἂν ἡγῆται σωφρονέστατα τῶν κοινῶν ἐπιτροπεύσειν· καὶ ταῦτ´ ἐντὸς ἓξ μηνῶν διοικησάμενος ἰδιώτης αὖθις ἔσται τὸ τιμᾶσθαι μόνον ἐκ τούτων λαβών, ἄλλο δ´ οὐθέν. Ταῦτ´ οὖν ἐνθυμηθέντες καὶ τὸ σχῆμα τῆς πολιτείας τοῦθ´ ἡγησάμενοι κράτιστον εἶναι μηθενὸς ἀπελαύνετε τὸν δῆμον, ἀλλ´ ὥσπερ ἀρχὰς ἀποδεικνύναι τὰς καθ´ ἕκαστον ἐνιαυτὸν ἡγησομένας τῆς πόλεως, καὶ νόμους τοὺς μὲν ἐπικυροῦν, τοὺς δ´ ἀναιρεῖν, καὶ περὶ πολέμου καὶ εἰρήνης διαγιγνώσκειν, ἃ μέγιστα καὶ κυριώτατά ἐστι τῶν ἐν τῇ πόλει διαπραττομένων, μεταδεδώκατε αὐτῷ καὶ οὐθενὸς τούτων αὐτοκράτορα πεποιήκατε τὴν βουλήν· οὕτως καὶ τῶν δικαστηρίων μεταδίδοτε, καὶ μάλισθ´ ὑπὲρ ὧν ἄν τις αἰτίαν ἔχῃ τὴν πόλιν ἀδικεῖν στάσιν εἰσάγων ἢ τυραννίδα κατασκευαζόμενος ἢ περὶ προδοσίας τοῖς πολεμίοις διαλεγόμενος ἢ τοιοῦτό τι ἄλλο κακὸν ἐπιχειρῶν πράττειν. Ὅσῳ γὰρ ἂν φοβερώτερον κατασκευάσητε τὸ παραβαίνειν τοὺς νόμους καὶ τὰ ἔθη κινεῖν τοῖς ὑβρισταῖς καὶ πλεονέκταις, πολλοὺς ὀφθαλμοὺς καὶ φύλακας αὐτῶν ἀποδείξαντες, τοσούτῳ κρεῖττον ὑμῖν ἕξει τὰ κοινά. IX. [7,57] Ταῦτα καὶ τὰ παραπλήσια τούτοις εἰπὼν ἐπαύσατο. Τῶν δὲ βουλευτῶν οἱ μετ´ αὐτὸν ἀνιστάμενοι πλὴν ὀλίγων οἱ λοιποὶ ταύτῃ προσέθεντο τῇ γνώμῃ. Καὶ ἐπειδὴ τὸ προβούλευμα ἔδει γράφεσθαι, λόγον αἰτησάμενος ὁ Μάρκιος εἶπεν· Οἷος μέν, ὦ βουλή, πρὸς τὰ κοινὰ ἐγὼ γέγονα, καὶ ὡς διὰ τὴν πρὸς ὑμᾶς εὔνοιαν εἰς τοῦτον τὸν κίνδυνον ἐλήλυθα, καὶ ὅτι παρὰ γνώμην ἀπήντηταί μοι τὰ παρ´ ὑμῶν, ἅπαντες ἴστε καὶ ἔτι μᾶλλον εἴσεσθε, ὅταν τὰ κατ´ ἐμὲ σχῇ τέλος. Ἐπεὶ δ´ ἡ Οὐαλερίου γνώμη νικᾷ, συνενέγκειε μὲν ταῦτα ὑμῖν, καὶ γενοίμην ἐγὼ κακὸς εἰκαστὴς τῶν ἐσομένων. Ἵνα δὲ καὶ ὑμεῖς οἱ τὸ προβούλευμα γράφοντες εἰδῆτε ἐφ´ οἷς παραδιδόναι με τῷ δήμῳ μέλλετε, κἀγὼ μὴ ἀγνοῶ, περὶ τίνος ἀγωνιοῦμαι, κελεύσατε δὴ τοὺς δημάρχους εἰπεῖν ἐναντίον ὑμῶν, τί τὸ ἀδίκημά ἐστιν, ἐφ´ οὗ μέλλουσί μου κατηγορεῖν, καὶ ποταπὸν ὄνομα ἐπιγράψουσι τῇ δίκῃ. X. [7,58] Ὁ μὲν δὴ ταῦτ´ ἔλεγε δοκῶν ἐπὶ τοῖς λόγοις, οἷς εἶπεν ἐν τῇ βουλῇ, τὴν δίκην ὑφέξειν, καὶ βουλόμενος ὁμολογῆσαι τοὺς δημάρχους, ὅτι ταύτης ἕνεκα τῆς αἰτίας μέλλουσιν αὐτοῦ κατηγορεῖν. Οἱ δὲ δήμαρχοι βουλευσάμενοι κατὰ σφᾶς τυραννίδι ἐπιβουλεύειν αὐτὸν ᾐτιάσαντο καὶ πρὸς ταύτην ἐκέλευον ἥκειν τὴν αἰτίαν ἀπολογησόμενον, οὐ βουλόμενοι τὸ ἔγκλημα εἰς μίαν αἰτίαν κατακλεῖσαι καὶ ταύτην οὔτ´ ἰσχυρὰν οὔτε τῇ βουλῇ κεχαρισμένην, ἀλλ´ ἑαυτοῖς τε πράττοντες ἐξουσίαν ὅσα βούλονται ἐγκαλεῖν, καὶ βοήθειαν ἀφαιρήσεσθαι τοῦ Μαρκίου τὴν ἐκ τῶν συνέδρων οἰόμενοι. Καὶ ὁ Μάρκιος εἶπεν· Ἀλλ´ ἤτοι, εἰ ἐπὶ ταύτῃ γε κριθήσομαι τῇ διαβολῇ, δίδωμι ἐμαυτὸν ὑπόδικον τοῖς δημόταις, καὶ μηδὲν ἔστω τὸ κωλῦον γράφεσθαι τὸ προβούλευμα. Ἐγένετο δὲ καὶ τοῖς πλείστοις τῶν συνέδρων ἀσμένοις ἐπὶ τούτῳ γενέσθαι τῷ ἐγκλήματι τὴν δίκην κατ´ ἀμφότερα, καὶ ὅτι οὐκ ἔσται τὸ λέγειν ἃ φρονεῖ τις ἐν τοῖς συνέδροις ὑπαίτιον, καὶ ὅτι ῥᾳδίως ἀπολύσεται τὴν διαβολὴν ὁ ἀνὴρ βίον ἐζηκὼς σώφρονα καὶ ἀνεπίληπτον. Γράφεται τὸ προβούλευμα μετὰ ταῦθ´ ὑπὲρ τῆς δίκης, καὶ χρόνος εἰς παρασκευὴν τῆς ἀπολογίας ὁρίζεται τῷ ἀνδρὶ μέχρι τῆς τρίτης ἀγορᾶς· αἱ δ´ ἀγοραὶ Ῥωμαίοις ἐγίνοντο ὡς καὶ μέχρι τῶν καθ´ ἡμᾶς χρόνων δι´ ἡμέρας ἐνάτης. Ἐν δὲ ταύταις συνιόντες ἐκ τῶν ἀγρῶν εἰς τὴν πόλιν οἱ δημοτικοὶ τάς τ´ ἀμείψεις ἐποιοῦντο τῶν ὠνίων καὶ τὰς δίκας παρ´ ἀλλήλων ἐλάμβανον, τά τε κοινά, ὅσων ἦσαν κύριοι κατὰ τοὺς νόμους καὶ ὅσα ἡ βουλὴ ἐπιτρέψειεν αὐτοῖς, ψῆφον ἀναλαμβάνοντες ἐπεκύρουν· τὰς δὲ μεταξὺ τῶν ἀγορῶν ἑπτὰ ἡμέρας αὐτουργοί τ´ ὄντες οἱ πολλοὶ καὶ πένητες ἐν τοῖς ἀγροῖς διέτριβον. Ἐπειδὴ δὲ τὸ προβούλευμα ἔλαβον οἱ δήμαρχοι, προελθόντες εἰς τὴν ἀγορὰν συνεκάλεσαν εἰς ἐκκλησίαν τὸν δῆμον καὶ πολλὰ ἐγκώμια τῆς βουλῆς διελθόντες καὶ τὰ δόγματα αὐτῆς ἀναγνόντες προεῖπον ἡμέραν, ἐν ᾗ τὴν δίκην ἔμελλον ἐπιτελεῖν, εἰς ἣν ἅπαντες ἠξίουν ἥκειν τοὺς πολίτας ὡς ὑπὲρ τῶν μεγίστων διαγνωσομένους. [7,59] Ὡς δὲ διεβοήθη ταῦτα, πολλὴ σπουδὴ καὶ παράταξις ἐγίνετο τῶν τε δημοτικῶν καὶ τῶν πατρικίων· τῶν μὲν ὡς τιμωρησομένων τὸν αὐθαδέστατον, τῶν δ´ ἵνα μὴ γένοιτο ὑποχείριος τοῖς ἐχθροῖς ὡς ὑπὲρ τῆς ἀριστοκρατίας ἀγωνιζόμενος. Ἐδόκει δὲ πᾶσα κινδυνεύεσθαι ἡ τοῦ βίου καὶ τῆς ἐλευθερίας δικαίωσις ἐν τῷ τότε ἀγῶνι ἀμφοτέροις. |
I. APPIUS Claudius, qui comme j'ai déjà dit, était de tous les patriciens le plus déclaré ennemi du peuple et qui n avait jamais approuvé le traité de réconciliation conclu avec lui, s'opposa fortement à ce que le sénat fît une ordonnance, et parla en ces termes. « Je souhaiterais de tout mon cœur ( et c'est une grâce que j'ai souvent demandée aux dieux ) m'être trompé dans l'opinion que j'ai eue au sujet de la réconciliation du peuple, [ lorsque je vous ai prédit ] que le rappel des fugitifs ne vous serait jamais ni honorable, ni utile, ni avantageux. Toutes les fois qu'il s'est agi de cette matière dans nos délibérations, j'ai été le premier à m'y opposer, et j'ai persisté seul jusqu'à la fin dans la même résolution, après m'être vu abandonné de tout le sénat. Quelque attaché néanmoins que j'aie été à mon propre sentiment, je voudrais bien, Messieurs, qu'il parût aujourd'hui que vous fûtes les plus sages, et: que vous prîtes le meilleur parti, Lorsque concevant de meilleures espérances, vous accordâtes volontiers au peuple toutes les conditions qu'il demandait, sans examiner à la rigueur si elles étaient justes ou injustes. Mais aujourd'hui que nous ne voyons que trop clairement que les affaires n'ont pas tourné comme je le souhaitais et comme je le demandais aux dieux, puisqu'elles ont pris le train que je craignais qu'elles ne prissent, et que les grâces que vous avez accordées au peuple n'ont servi qu'à vous attirer de la haine et de l'envie, je ne prétends pas m'en prévaloir pour vous faire des reproches ou pour vous chagriner en vain. Il me serait très aisé de le faire, comme c'est la coutume de bien des gens, mais je vois qu'il n'en est pas temps, présentement que nous avons d'autres affaires plus importantes. Je tâcherai seulement de vous dire par quels moyens nous pourrons nous relever des fautes passées quant à ce qui n'est pas absolument sans remède, et prendre un meilleur parti pour le présent. Je n'ignore pas qu'il s'en trouvera plusieurs parmi vous qui me traiteront de forcené, et qui croiront que je cours à la mort, si je parle avec liberté sur ce sujet . Je vois aussi bien que tout autre qu'il y a du danger à dire ouvertement sa pensée. Je me représente les malheurs de Marcius, qui n'est maintenant en péril de la vie, qu'à cause de la liberté avec laquelle il a dit ce qu'il pensait. Mais je ne crois pas après tout, que ma propre sûreté doive l'emporter sur l'utilité publique. En effet, Sénateurs, il y a déjà longtemps que mon corps a été exposé aux dangers pour vous-mêmes, et dévoué aux combats pour Rome ma patrie. C'est pourquoi je souffrirai généreusement avec vous » tous, ou avec un petit nombre de personnes, ou même moi seul, s'il le faut, tout ce que la fortune en décidera ; et tant que mon âme animera mon corps, rien ne m'empêchera de dire franchement ce que je pense. II. PREMIEREMENT il faut que vous sachiez une fois pour tout que le peuple est fort mécontent du gouvernement présent, que l'aristocratie n'a point d'ennemi plus dangereux, que tout ce que vous lui avez accordé avec trop de facilité, est absolument perdu pour vous ; et que tous les ménagements que vous avez eus pour lui, n'ont fait qu'augmenter le mépris qu'il avait pour vous, convaincu qu'il est, que la nécessité seule vous a fait condescendre à tout ce qu'il exigeait de vous, sans que l'amitié, la prudence ou la volonté y aient eu aucune part. En effet, lorsqu'il prit les armes pour se séparer de vous, et qu'il osa se déclarer ouvertement [ notre ] ennemi, sans autre sujet de plainte et sans autre prétexte que l'impossibilité où il se trouvait de payer ses créanciers ; lorsque vous lui accordâtes l'abolition de ses dettes et l'amnistie de sa révolte, ne vous dît- il pas qu'il ne demanderait rien de plus ? Mais ne poussa-t-il pas plus loin ses injustes prétentions ? Souvenez-vous en, Messieurs : lorsque par un excès de complaisance, vous lui eûtes accordé ces deux choses, contre le sentiment de plusieurs d'entre vous, qui ne s'étant pas laissé tromper par de mauvais, conseils étaient d'avis de ne jamais infirmer les lois qui concernaient la foi publique, ni oublier entièrement les injustices du peuple ; il ne se contenta pas d'avoir obtenu cette grâce, quoiqu'il protestât qu'il ne s'était révolté que pour obtenir celle-là seule. Mais aussitôt après il vous en demanda une seconde plus grande et plus contraire aux lois. II vous extorqua la permission de créer tous les ans des tribuns du corps des plébéiens, sous le spécieux prétexte de procurer quelque secours et un asile aux pauvres citoyens opprimés par notre puissance, qu'il disait être montée à un trop haut point : mais dans le fond, sa véritable intention était de renverser par ce moyen l'ordre du gouvernement, et de le changer en démocratie. Dans la suite, les principaux conseillers du sénat, vous ont engagés à admettre dans vos assemblées et délibérations, le collège des tribuns qui semble n'être établi que pour la ruine de la république, et surtout pour rendre le sénat plus odieux. Vous les y avez admis, quoique je m'y sois opposé de toutes mes forces. Vous vous en souvenez : j'ai eu beau crier et prendre à témoins et les dieux et les hommes, que c'était introduire dans Rome des semences éternelles de guerres intestines ; en un mot, j'ai eu beau vous prédire tout ce qui vous est arrivé, vous n'avez tenu compte de mes remontrances. Qu'a-t-il donc fait le peuple, après tant de grâces que vous lui avez accordées ? Au lieu de vous en avoir obligation et de conserver le bon ordre du gouvernement, ses premiers avantages lui on servi d'acheminement à de plus grandes entreprises. Il a poussé l'insolence jusqu'à faire des lois sans consulter le sénat, il les a confirmées par ses suffrages sans votre consentement. En un mot, il ne fait plus aucun cas de vos décisions, il méprise vos ordonnances, et accuse les consuls de ne pas bien administrer les affaires de l'état. S'il arrive quelque chose d'extraordinaire et contre notre intention, n'étant pas possible que les conseils et la prudence des hommes réussissent en toutes choses, en rejette la faute, comme j'ai dit, non pas sur la fortune, mais sur notre prétendue mauvaise volonté. Il fait semblant d'être persuadé que vous lui dressez des embûches, et qu'il est en danger d'être dépouillé de sa liberté ou chassé de sa patrie. Sous ce prétexte il ne cesse de machiner contre vous ce qu'il feint d'appréhender pour lui-même, et il fait assez voir qu'il ne fait point d'autre moyen pour se mettre à couvert des malheurs dont il se croit menacé, que de nous prévenir en faisant tomber sur nous ces mêmes malheurs. III. C'est ce qu'il nous a déjà fait connaître bien des fois par plusieurs de ses actions, dont il ne vous souvient que trop, mais particulièrement lorsque sans aucune forme de jugement, il a voulu faire mourir Marcius ( ce brave guerrier, cet homme issu d'illustres ancêtres, et qui n'est inférieur en vertu à aucun de nous ) sous prétexte qu'il lui dressait des embûches, et qu'il donnait de mauvais conseils dans nos assemblées. Si les consuls indignés de cette entreprise trop hardie, et les sénateurs les mieux intentionnés, ne se fussent unis ensemble pour arrêter la fureur du peuple, en un seul jour on vous aurait enlevé tout ce que vos pères vous ont acquis par tant de travaux, et que vous conservez avec autant de soin et de peines qu'ils en ont eu à le gagner, je veux dire qu'on vous aurait ôté vos dignités, votre puissance, et votre liberté : et les plus généreux, d'entre vous ne pouvant vivre sans ces avantages, auraient sacrifié leur vie, les uns dans le moment même, les autres bientôt après, plutôt que de se laisser dépouiller de leurs charges et des honneurs dont ils jouissent. En effet, si on avait laissé enlever Marcius d'une manière si honteuse et si indigne, et que tout le monde l'eût abandonné lâchement, qui aurait empêché que nos ennemis ne m'eussent enlevé après lui pour me faire mourir, moi et tous ceux qui se sont déjà déclarés contre lui, ou qui se seraient opposés dans la suite à ses injustes prétentions ? Car il ne se serait pas contenté de se défaire de nous deux ; son iniquité n'en serait pas restée là s'il faut juger de l'avenir par le passé : mais après avoir commencé par nous, semblable à un torrent qui roule ses eaux avec violence, il aurait enseveli sous les mêmes ruines tout ce qui se serait opposé à lui, sans épargner ni dignité, ni noblesse, ni mérite, ni âge. Voila, Messieurs, les belles récompenses que le peuple vous a déjà rendues pour tant de bienfaits dont vous l'avez comblé : il vous en aurait encore rendu d'autres dans la suite, si vous ne vous étiez et opposés à ses pernicieux desseins. Voyons maintenant comment il en a usé après votre prudente et généreuse démarche, afin que vous connaissiez de quelle manière il faut vous comporter envers lui. Aussitôt qu'il s'est aperçu que vous étiez bien résolus de ne plus souffrir son insolence, mais de la réprimer vivement, la crainte l'a arrêté pour quelque temps. Mais peu après, se réveillant comme d'une espèce d'ivresse ou de folie, il a passé des voies de fait aux voies de droit. Il a assigné Marcius à comparaître à un certain jour devant son tribunal, où il devait être lui-même accusateur, témoin et juge dans la même cause. Vous vous y êtes opposés, parce que vous avez senti qu'il ne citait pas le prétendu coupable pour le juger, mais pour l'envoyer au supplice. Comme il a vu qu'il n'était maître absolu d'aucune chose, et qu'il n'avait que le droit de confirmer vos décidons, il a mis bas cette fierté insupportable qu'il respirait alors, et aujourd'hui il vient encore vous demander une dernière grâce. Faites-y donc réflexion, Messieurs, et reconnaissez enfin votre faute : songez que toutes les grâces que vous lui avez accordées jusqu'ici avec plus de simplicité que de prudence, n'ont tourné qu'à votre malheur et à votre ruine, au lieu que quand vous vous êtes opposés généreusement à ses illégitimes entreprises et à ses violences, vos démarches ont toujours eu un heureux succès. Mais, me direz-vous, pourquoi nous donner ces avertissements ? A quoi servent ces instructions ? Ne savons-nous pas tout cela ? Que ne nous dites-vous plutôt votre avis sur l'affaire dont il s'agit présentement ? He bien, Messieurs, le voici mon avis, puisque vous me le demandez. Ratifiez tout ce que l'amour de la paix vous a fait relâcher en faveur du peuple. Que toutes les prérogatives que vous lui avez accordées, en quelque manière que ce soit, restent comme elles sont : il n'y faut rien changer, non pas qu'elles soient toutes justes, raisonnables et dignes de la république ( car comment peuvent-elles l'être ?) mais parce que c'est un mal nécessaire et sans remède. A l'égard des autres choses qu'il voudra vous extorquer par force, malgré vous et contre les lois, je vous conseille de vous y opposer et de fait et de paroles, tous en général et chacun en particulier. Quand on s'est trompé en quelque chose et qu'on a eu la faiblesse de se laisser désarmer par la crainte, ou gagner par les prières, il faut être plus sages à l'avenir, et une première faute doit nous servir à prendre des mesures pour ne pas tomber dans une seconde. Voila les avertissements que j'ai cru qu'il fallait vous donner à tous en général : je ne puis trop vous exhorter à résister fortement aux injustes prétentions du peuple. IV. APPRENEZ aujourd'hui . si vous ne le savez pas encore, que l'affaire dont il s'agit maintenant est toute semblable à ses autres entreprises, qu'elle n'est pas moins injuste, et qu'il s'en faut bien qu'elle soit aussi légitime et aussi raisonnable que le tribun a tâché de nous le faire accroire. En effet, Messieurs, la loi qui concerne les jugements du peuple et sur laquelle Lucius s'appuyé davantage, n'a pas été faite contre les patriciens, mais pour la sûreté des plébéiens opprimés. Les termes même de la loi, qui n'ont aucune ambigüité, le prouvent clairement : vous le savez tous, et vous l'avez toujours dit. Mais nous avons encore pour nous la grande preuve qui décide de tout droit contesté : c'est l'espace de dix-neuf ans déjà écoulés depuis que cette loi est faite. Lucius ne peut prouver que pendant tout ce temps-là on ait jamais intenté en vertu de cette loi, aucune action ni en public, ni en particulier, contre qui que ce soit de l'ordre des patriciens. S'il dit qu'il en a des preuves, qu'il les apporte, et l'affaire fera finie sans qu'il soit besoin de disputer plus longtemps. Au reste, puisque le tribun a donné un mauvais sens aux articles du dernier traité conclu avec le peuple, il est bon de vous les rapporter ici pour vous faire voir qu'il les a mal interprétés. Ils ne lui accordent précisément que deux choses, l'abolition de ses dettes et le pouvoir de créer tous les ans des tribuns pour défendre les opprimés. Voila tout ce qui e^st contenu dans les conditions de raccommodement, et rien davantage. De plus la conduite que garde aujourd'hui le peuple, prouve clairement que ni la loi, ni les articles du traité, ne lui ont pas donné le pouvoir de juger un patricien. Car il vous le demande [présentement] ce droit, qu'il n'a jamais eu jusqu'ici : on ne demande point aux autres un privilège qu'on a déjà en vertu d'une loi. D'ailleurs quelle est cette loi de la nature, cette loi non écrite, cette loi que Lucius a alléguée, qui met le peuple en droit de juger les causes, soit que les plébéiens soient accusés par les patriciens, soit qu'ils les accusent eux-mêmes, sans donner aussi aux patriciens le pouvoir de juger les causes de ceux de leur ordre, ou demandeurs, ou défendeurs contre quelque plébéien ? Peut-il y avoir aucune loi de la nature qui rende la condition des plébéiens supérieure à la nôtre, et la nôtre inférieure à celle du peuple dans l'un et l'autre cas dont je viens de parler ? Si donc Marcius ou quelque autre patricien, a offensé le peuple jusqu'à mériter la mort ou l'exil, qu'il soit jugé, non pas dans l'assemblée des plébéiens, mais ici dans celle du sénat, et qu'il soit puni selon les lois. Mais peut-être prétendez-vous, Lucius, que le peuple serait un juge équitable dans se propre cause, et qu'il ne se flatterait pas lui-même en donnant ses suffrages contre son ennemi: qu'au contraire les patriciens, si l'affaire leur était renvoyée, auraient plus à cœur les intérêts du coupable que ceux de la république qu'il aurait offensée : qu'ils s'embarrasseraient peu de prononcer un jugement inique, ou de s'attirer par un insigne parjure, les imprécations et la haine des hommes et la colère des dieux, et de passer le reste de leur vie dans l'attente des plus terribles châtiments. Non, Romains, je ne vous conseille pas d'avoir de pareilles idées d'une compagnie aussi respectable que celle du sénat, vous qui ne disconvenez pas que par l'unique estime que vous faites de sa vertu, vous lui avez cédé et les honneurs et les ce dignités, et tout ce qu'il y a de plus relevé et de plus éclatant dans la république, vous qui dites que vous lui avez mille obligations de la tendre affection dont il vous a donné des marques en procurant votre rappel à Rome, vous enfin qui paraissez sensibles aux services qu'il vous a rendus. En effet, ces deux choses se contredissent : craindre ceux que vous louez, leur abandonner les plus grandes affaires, et ne pas vous ce fier à eux sur les moins importances, c'est un procédé déraisonnable. Que ne gardez-vous plutôt une conduite uniforme; ou en leur mettant tout entre les mains, ou en vous défiant d'eux en toutes choses ? Si vous leur connaissez assez de discernement pour donner de bons et de justes conseils sur une affaire, pourquoi ne les croyez-vous pas capables de juger équitablement cette même affaire sur laquelle ils donnent conseil ? Je n'en dirai pas d'avantage sur ce qui concerne le droit et la justice, quoique j'aie beaucoup d'autres choses à ajouter. » V. MAIS puisque Lucius a parlé de ce qui est utile, et qu'il dit que la concorde est un grand bien, de même que les séditions font un grand mal ; puisqu'il a avancé qu'en ménageant le peuple, l'union régnerait dans l'état, au lieu que si nous l'empêchions d'exiler ou de faire mourir les patriciens, nous nous replongerions dans les horreurs d'une guerre civile, je dirai quelque chose sur cette matière, sans néanmoins m'y étendre autant que je pourrais. Premièrement j'admire la dissimulation, pour ne pas dire l'extravagance de Lucius. Je suis extrêmement surpris que ce tribun, qui ne fait que d'entrer dans les affaires civiles, s'imagine entendre mieux les véritables intérêts de l'état que nous, qui avons vieilli dans l'administration de la république, et qui avons élevé au comble de la grandeur une ville aussi faible et aussi peu considérable qu'était Rome dans les commencements. Secondement je ne m'étonne pas moins qu'il se soit mis dans la tête qu'il vous persuadera de livrer quelqu'un entre les mains de ses ennemis pour être puni, surtout lorsqu'il s'agit d'un des plus illustres et des plus nobles de vos citoyens, que vous regardez comme un grand guerrier, comme un homme d'une vie irréprochable, d'une probité reconnue et d'une prudence sans pareille dans les affaires du gouvernement. C'est de quoi il a eu l'audace de se vanter, quoiqu'il sache bien que vous avez beaucoup d'égards pour les suppliants, et que vous ne refusez pas même cette marque de bonté et d'humanité à vos ennemis qui ont recours à vous. Si vous aviez donc eu une autre idée de nous, Lucius, si vous nous aviez cru impies envers les dieux et injustes envers les hommes, et si vous nous aviez connus capables de trahir notre devoir, quelle autre action plus méchante que. celle-là, nous auriez-vous conseillé de commettre, pour nous faire périr absolument en nous attirant la haine et des dieux et des hommes ? Non, Lucius, nous n'avons pas besoin de vos avis. ni pour nous engager a livrer des citoyens, ni sur la conduite que nous devons garder. Nous ne cherchons point des conseils étrangers, principalement ceux d'un jeune homme pour connaître nos intérêts. A l'âge où nous sommes, nous connaissons assez par une longue expérience les biens et les maux de la guerre. Les menaces par lesquelles vous prétendez nous intimider, ne sont pour nous qu'un vain épouvantai!. Ce n'est pas d'aujourd'hui que vous les employez : vous l'avez déjà fait bien des fois, plusieurs autres l'ont fait aussi : mais quoiqu'elles ne nous épouvantent point, nous ne les souffrirons peut-être pas toujours avec la même douceur dont nous avons usé jusqu'ici, et si vous ajoutez les effets aux paroles, nous nous défendrons en gens de cœur avec le secours des dieux qui haïssent les auteurs d'une guerre injuste. Nous ne manquerons pas de bonnes troupes auxiliaires de la part de nos alliés. Tous les Latins, à qui nous venons de donner le même droit de bourgeoisie dont nous jouissons, se rangeront de notre côté : ils combattront pour cette ville comme pour leur patrie. Plusieurs villes puissantes qui sont des colonies de Rome, s'intéresseront comme nous à la conservation de leur ancienne patrie, elles emploieront toutes leurs forces pour la défendre. Que si vous nous métrez dans la nécessité de ramasser des secours de toutes parts, sachez, Lucius, que nous ne serons pas difficulté de donner la liberté aux esclaves, de faire alliance avec nos ennemis, d'inviter tous les hommes à participer aux espérances de la victoire, et de vous combattre avec toutes les forces que nous pourrons trouver. Fasse Jupiter et tous les dieux protecteurs de Rome, que nous n'ayons jamais besoin d'en venir à de telles extrémités ; que ces terribles menaces n'aillent pas ce plus loin que les paroles, et qu'elles ne causent aucun malheur sans remède. » VI. Ainsi parla Appius. Après lui, Manius Valerius, le plus populaire des sénateurs, qui avait fait paraître beaucoup d'ardeur pour la réconciliation du peuple, prit encore alors ouvertement sa défense, et prononça un discours fort étudié. Il invectiva contre ceux qui entretenaient la division dans Rome entre les patriciens et le peuple, et qui pour de légers sujets rallumaient le feu de la guerre civile. Il loua ceux qui n'avaient en vue que l'utilité publique, et rien plus à cœur que l'union et la concorde. Ensuite il représenta, que si le sénat accordait de bon cœur au peuple la grâce qu'il demandait, c'est-à-dire, le pouvoir de juger Marcius, il ne le pousserait peut-être pas à l'extrémité, et que content de ce qu'on lui aurait livré le coupable, il le traiterait avec plus d'équité et de clémence que de rigueur. Que si les tribuns voulaient absolument que l'affaire fut terminée par un jugement légitime et dans les formes, le peuple maître de ses suffrages absoudrait l'accusé, partie en considération de son mérite personnel, et de ses belles actions dont la mémoire était encore toute fraîche, partie en reconnaissance du pouvoir que le sénat lui aurait accordé, et de sa facilité à écouter toutes ses demandes pour peu qu'elles fussent justes. II conseillait cependant au sénat, aux consuls, et à tous les patriciens, d'intercéder pour Marcius, et de se trouver au jugement afin de prier le peuple de ne rien décerner de trop rude contre lui. Il leur fit entendre que leur intercession serait d'un grand poids pour le tirer du péril, qu'ils devaient non seulement s'employer eux-mêmes, mais faire agir leurs clients, leurs amis et ceux des plébéiens qui pouvaient leur avoir quelque obligation ; qu'il fallait demander à ces derniers à l'occasion de ce jugement, quelques marques de leur reconnaissance. Qu'une grande partie des plébéiens qui aimaient la république et qui haïssaient le mal, pouvaient leur servir beaucoup dans l'affaire présente ; qu'il y en avait encore un plus grand nombre, qui seraient touchés de compassion à la vue des malheurs qui arrivent aux personnes de mérite et de distinction, lorsque leur état vient à changer par quelque revers de fortune. Mais la plus grande partie de son discours s'adressait à Marcius. Il lui représentait la nécessité inévitable de subir le jugement du peuple, il mêlait les exhortations et les prières aux avertissements : il lui remettait devant les yeux, qu'il était accusé d'être la cause des divisions qui régnaient entre le sénat et le peuple, qu'on faisait passer sa fierté naturelle pour un penchant à la tyrannie; et qu'on craignait que les troubles excités à son occasion, ne fussent suivis d'une guerre civile et de maux sans remède. Qu'ainsi il le conjurait de ne pas confirmer ces calomnies, en s'entêtant à ne vouloir rien changer de sa manière de vivre odieuse à tout le monde, mais de prendre un extérieur de suppliant, de se livrer entre les mains de ceux qui se plaignaient qu'il les avait offensés, et de ne pas dédaigner de se laver par une juste défense du crime qu'on lui imposait. Que c'était là le meilleur moyen pour conserver sa vie, le parti le plus digne de la gloire à laquelle il aspirait, et le plus convenable à sa conduite précédente. Que si au contraire il faisait paraître plus de fierté que de modération, et s'il voulait que le sénat prît sur lui tout le danger qui le menaçait, ce serait exposer ceux qui prendraient sa défense à être malheureusement vaincus, ou à ne remporter qu'une victoire honteuse. Là-dessus il employa beaucoup de temps à gémir, à exciter la compassion par des larmes qui n'étaient pas feintes mais véritables, et à rapporter les plus grands et les plus terribles malheurs arrivés à plusieurs villes dans les séditions et dans les guerres intestines. Après en avoir fait une longue énumération avec des larmes sincères et des soupirs qui partaient du fond du cœur, ce grand homme, vénérable et par son âge et par son mérite, voyant que le sénat était touché de son discours, commença à parler avec plus de confiance. VII. « S'IL y a, dit-il, Messieurs, quelques personnes parmi vous qui paraissent alarmées de ce que je dis : s'il y en a qui croient que ce serait introduire une mauvaise coutume dans Rome, que de permettre au peuple de donner ses suffrages contre les patriciens, et que la puissance des tribuns ne peut s'augmenter considérablement que pour notre propre ruine : qu'ils apprennent que c'est là justement ce qui trompe, et qu'il en arriverait tout le contraire de ce qu'ils s'imaginent. En effet, le plus sûr moyen de conserver la république, notre liberté, notre puissance, et d'entretenir toujours l'union et la concorde dans Rome, c'est que le peuple prenne part à l'administration des affaires, c'est d'établir une forme de gouvernement qui ne soit ni purement oligarchique, ni entièrement démocratique, mais composée de l'une et de l'autre : voila ce que nous pouvons faire de mieux. Chacun de ces deux gouvernements étant seul! et sans mélange, donne facilement dans l'excès et dans le dérèglement : mais quand on les tempère l'un par l'autre, si l'un des deux passe les bornes ou viole les lois, l'autre plus modéré et jaloux de ses anciennes coutumes, le fait rentrer dans l'ordre. Le gouvernement monarchique, s'il devient cruel et insupportable et s'il commence à dégénérer en tyrannie peut être détruit par les magistrats et par les grands de l'état. Pour ce qui est de l'oligarchique composé de magistrats de distinction, tel qu'est aujourd'hui celui de Rome, si ses richesses et sa faction le rendent insolent jusqu'à mépriser la justice et les autres vertus, il peut être réprimé par la prudence du peuple. Il en est de même du peuple : si après une conduite sage et bien réglée, il commence à tomber dans le désordre et à violer: les lois, il peut être forcé par quelqu'homme puissant à rentrer dans les bornes de son devoir. Vous avez pris, Sénateurs, toutes les précautions possibles pour empêcher que la puissance royale ne se changeât en tyrannie. Au lieu d'un maitre vous en avez établi deux à Rome, et vous ne leur avez pas donné l'autorité souveraine pour toujours, mais pour un an seulement. Outre ces sages précautions, pour éclairer leur conduite vous leur avez donné trois cents surveillants, je veux dire trois cents patriciens dont le sénat est composé ; tous personnages des plus respectables et par leur mérite et par leur âge. Mais je ne vois pas que jusqu'ici vous ayez pris aucun associé, pour veiller sur vous-mêmes et pour vous retenir dans l'ordre. Ce n'est pas que j'aie jamais appréhendé que l'éclat de votre puissance et la bonne fortune ne vous corrompît, vous qui venez de délivrer Rome d'une longue tyrannie, vous à qui les guerres continuelles n'ont pas encore laissé assez de loisir pour devenir insolents et pour abuser de votre autorité, mais quand je pense à ceux qui viendront après vous, et que j'envisage toutes les funestes révolutions qu'un long espace de temps peut causer, je crains que les plus puissants du sénat ne remuent un jour pour changer insensiblement le gouvernement en une monarchie tyrannique. Si donc vous faites part du gouvernement aux plébéiens, il n'en arrivera aucun mal : « mais s'il se trouve quelqu'un qui prétende se mettre au-dessus des autres ou se faire dans le sénat un parti propre à favoriser les injustices ( car quand on délibère sur le salut de république, il faut prévenir de longue-main tout ce qui peut nous arriver ) dans ce cas les tribuns seraient en droit de le citer, ce grand et vénérable personnage, pour lui faire rendre compte de ses actions et de ses desseins devant le peuple, quelque vil et quelque méprisable qu'il puisse être, et s'il se trouvait convaincu de malversation, il porterait la peine que mériteraient ses crimes. VIII. Mais de peur que le peuple ne fasse l'insolent quand il se verra revêtu d'une si grande autorité, et que de mauvais esprits ne le portent à se soulever contre les magistrats, ( car la populace pousse ordinairement sa puissance jusqu'à la tyrannie ; ) dans ces circonstances vous choisiriez pour dictateur un homme entendu, d'un rare mérite et. d'une prudence consommée. Revêtu de l'autorité absolue dont il ne serait comptable à personne, il veillerait à conserver le bon ordre dans la ville, à réprimer les mutins, à punir les insolents, à retrancher du corps de la république les membres gâtés et à empêcher les autres de se corrompre, à corriger les mœurs, à remettre la police sur un bon pied [par des règlements légitimes qui pussent exciter les citoyens à la vertu, ] à établir pour magistrats ceux qu'il croirait les plus capables de gouverner avec prudence, et au bout de six mois, après avoir remis le bon ordre dans la république il redeviendrait homme privé, ne remportant de la dictature que l'honneur seulement, et rien davantage. Si ce que je viens de dire, remplit l'idée d'un parfait gouvernement, ne refusez point au peuple ce qu'il vous demande. Il crée tous les ans les magistrats qui doivent gouverner la ville : Vous lui avez donné le pouvoir de porter des lois, d'en abroger d'autres, de faire la paix, de déclarer la guerre ; et vous n'avez point prétendu que le sénat fut le maître absolu de toutes ces choses, qui sont néanmoins les plus importantes de l'état. Après lui avoir donné toutes ces prérogatives, pourquoi ne lui accorderiez-vous pas le pouvoir de juger, surtout quand il s'agit de l'exercer envers ceux qui sont accusés d'exciter des séditions, d'aspirer à la tyrannie, de tramer des trahisons avec les ennemis de la république, ou d'avoir commis quelque [ autre ] crime semblable ? Plus vous intimiderez les violateurs des lois et des coutumes de la patrie, en établissant plusieurs inspecteurs pour veiller sur les magistrats trop fiers et. trop avides de s'enrichir, mieux les affaires se maintiendront dans le bon ordre. » IX. VALERIUS ayant allégué ces raisons et autres semblables, les sénateurs qui se levèrent Ensuite, adhérèrent tous intiment, excepté un fort petit nombre. Quand on fut sur le point d'écrire le sénatus-consulte, Marcius parla en ces termes avec la permission de l'assemblée. « Personne de vous n'ignore, Sénateurs, de quelle manière je me suis conduit dans les affaires de la république. Vous savez que c'est pour l'amour de vous que je me suis exposé au péril, et qu'ainsi je ne devais pas m'attendre à ce qui m'arrive de votre part : vous le savez, dis-je, et vous le saurez encore mieux „ quand mon affaire sera finie. Puisque le sentiment de Valerius a prévalu, je souhaite que cela tourne à votre avantage, et que mes conjectures sur l'avenir soient entièrement fausses. Mais afin que vous sachiez, vous qui écrivez le décret du sénat, pour quel sujet vous allez me livrer au peuple, et que je sache moi-même sur quoi je dois me défendre : ordonnez aux tribuns de dire en votre présence quel est le crime dont ils m'accusent, et sous quel titre ils prétendent me dénoncer. » X. MARCIUS parla de la sorte, croyant que l'accusation devait rouler sur ce qu'il avait dit dans le sénat, et parce qu'il voulait que les tribuns avouassent qu'ils n'avaient que ce chef d'accusation contre lui. Mais les tribuns ayant tenu conseil entre eux, l'accusèrent d'aspirer à la tyrannie, et lui ordonnèrent de comparaître pour répondre sur ce point, ce qu'ils faisaient à dessein, parce qu'ils ne voulaient pas renfermer l'accusation dans un seul grief qui n'aurait été ni assez fort ni agréable au sénat, mais se réserver le pouvoir de lui imposer tel crime qu'ils jugeraient à propos, afin de lui ôter tout le secours et toute la protection qu'il pouvait attendre de la part des sénateurs. « Hé bien, dit alors Marcius, si c'est sur ce chef qu'on me doit juger, je me soumets au jugement des plébéiens : rien n'empêche qu'on n'écrive le sénatus-consulte. » La plupart des sénateurs furent bien aises que l'accusation roulât sur ce crime : et cela pour deux raisons ; la première parce que ce n'était pas là faire un crime à ceux qui diraient librement leur sentiment dans les assemblées ; la seconde, c'est qu'ils espéraient qu'il lui serait d'autant plus facile de se laver de cette calomnie, qu'il avait toujours vécu en honnête homme et d'une manière irréprochable. XI. Ensuite on écrivit le décret du sénat sur cette affaire, et on donna du temps à Marcius jusqu'au troisième jour de marché pour se préparer à défendre sa cause. Les Romains tenaient alors leur marché de neuf jours en neuf jours, comme ils font encore aujourd'hui. Ces jours-là, les gens de la campagne se trouvaient à la ville pour y échanger leurs denrées, vider leurs différents, et donner leurs suffrages sur les affaires de l'état, tant celles dont les lois leur adjugeaient la compétence, que celles dont le sénat leur remettait la décision. Les sept autres jours d'entre deux marchés, ils demeuraient à la campagne, la plupart étant pauvres et travaillant de leurs mains. Lors donc que les tribuns eurent reçu le sénatus-consulte, ils se rendirent à la place publique et convoquèrent une assemblée du peuple. Là, après avoir loué le sénat par un long discours, et fait la lecture de son ordonnance, ils annoncèrent le jour que le procès de Marcius devait être jugé, et. exhortèrent tous les citoyens à se trouver à l'assemblée pour y connaître des affaires les plus importantes. La nouvelle s'en étant répandue, les patriciens et les plébéiens faisaient de grandes diligences chacun de leur côté, ceux-ci pour se venger d'un citoyen dont la fierté leur était insupportable, ceux-là pour empêcher que ce brave défenseur de l'aristocratie ne fût livré à la merci de ses ennemis déclarés. Car ils croyaient les uns et les autres que leur vie et leur liberté dépendait absolument de la décision de cette affaire. |
I. Assemblée dit peuple, tant de la ville que de la campagne ; les suffrages s'y donnent, non par centuries, mais sur tribus. II. Le consul Minucius exhorte le peuple à absoudre Marcius etc. III. Marcius gagne une partie des plébéiens par ses discours. IV. Le tribun Lucius l'accuse d'avoir aspiré à la tyrannie. V. Cette accusation, quoique mal fondée, fait pencher la balance. VI. Marcius est condamné à un exil perpétuel. |
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I. Ἐπιστάσης δὲ τῆς τρίτης ἀγορᾶς ὁ μὲν ἐκ τῶν ἀγρῶν ὄχλος, ὅσος οὔπω πρότερον, συνεληλυθὼς εἰς τὴν πόλιν ἕωθεν εὐθὺς κατεῖχε τὴν ἀγοράν· οἱ δὲ δήμαρχοι συνεκάλουν τὸ πλῆθος ἐπὶ τὴν φυλέτιν ἐκκλησίαν, χωρία τῆς ἀγορᾶς περισχοινίσαντες, ἐν οἷς ἔμελλον αἱ φυλαὶ στήσεσθαι καθ´ αὑτάς. Καὶ τότε πρῶτον ἐγένετο Ῥωμαίοις ἐκκλησία κατ´ ἀνδρὸς ψηφοφόρος {ἡ φυλετικὴ} πολλὰ {δὲ} ἐναντιουμένων τῶν πατρικίων, ἵνα μὴ τοῦτο γένηται, καὶ τὴν λοχῖτιν ἀξιούντων συνάγειν ἐκκλησίαν, ὥσπερ αὐτοῖς πάτριον ἦν. Ἐν γὰρ τοῖς πρότερον χρόνοις, ὅτε μέλλοι ψῆφον ἐπιφέρειν ὁ δῆμος ὑπὲρ ὁτουδήτινος ὧν ἐπιτρέψειεν ἡ βουλή, ἐκάλουν μὲν οἱ ὕπατοι τὴν λοχῖτιν ἐκκλησίαν, ἱερὰ πρότερον ἐπιτελέσαντες, ἃ νόμος αὐτοῖς ἐστι, καὶ μέχρι τοῦ καθ´ ἡμᾶς χρόνου τινὰ ἐξ αὐτῶν ἔτι γίνεται. Συνῄει δὲ τὸ πλῆθος εἰς τὸ πρὸ τῆς πόλεως Ἄρειον πεδίον ὑπό τε λοχαγοῖς καὶ σημείοις τεταγμένον ὥσπερ ἐν πολέμῳ, ἐπέφερον δὲ τὴν ψῆφον οὐχ ἅπαντες ἀναλαβόντες, ἀλλὰ κατὰ τοὺς ἰδίους ἕκαστοι λόχους, ὁπότε κληθεῖεν ὑπὸ τῶν ὑπάτων. Ὄντων δὲ τῶν συμπάντων τριῶν καὶ ἐνενήκοντα καὶ ἑκατὸν λόχων καὶ τούτων εἰς ἓξ διῃρημένων συμμορίας πρώτη μὲν ἐκαλεῖτο συμμορία καὶ τὴν ψῆφον ἐπέφερεν ἡ τῶν ἐχόντων τὸ μέγιστον τίμημα τῆς οὐσίας καὶ τὴν πρώτην λαμβανόντων τάξιν ἐν πολέμοις· ἐν οἷς ἦσαν ἱππέων μὲν ὀκτωκαίδεκα λόχοι, πεζῶν δ´ ὀγδοήκοντα. Δευτέρα δ´ ἐψηφοφόρει συμμορία τῶν ὑποδεεστέρων τοῖς βίοις καὶ τὴν ὑποβεβηκυῖαν τάξιν ἐν ταῖς μάχαις {μαχομένων} καὶ ὁπλισμὸν οὐ τὸν αὐτὸν ἐχόντων τοῖς πρωτοστάταις, ἀλλ´ ἐλάττονα· τοῦτο δὲ τὸ πλῆθος εἰς εἴκοσι λόχους συντεταγμένον ἦν, προσέκειντο δ´ αὐτοῖς δύο ἶλαι τεκτόνων καὶ χαλκοτύπων καὶ ὅσοι ἄλλοι πολεμικῶν ἔργων ἦσαν χειροτέχναι. Οἱ δ´ ἐν τῇ τρίτῃ συμμορίᾳ καλούμενοι λόχους μὲν ἐξεπλήρουν εἴκοσι, τίμημα δ´ εἶχον ἔλαττον τῶν δευτέρων καὶ τάξιν τὴν ἐπ´ ἐκείνοις {ἐλάττονα,} καὶ ὅπλα οὐκ ἴσα τοῖς πρὸ αὐτῶν ἔφερον. Οἱ δὲ μετὰ τούτους καλούμενοι τίμημά τ´ οὐσίας ἔλαττον εἶχον καὶ τάξιν ἐν πολέμῳ τὴν ἀσφαλεστέραν ἐλάμβανον καὶ ὁπλισμὸν εὐσταλέστερον εἶχον· διῄρηντο δ´ εἰς εἴκοσι καὶ οὗτοι λόχους· συνετάττοντο δὲ καὶ τούτοις δύο λόχοι βυκανιστῶν καὶ σαλπιστῶν. Πέμπτη δ´ ἐκαλεῖτο συμμορία τῶν ὀλίγου πάνυ τετιμημένων ἀργυρίου, ὅπλα δ´ ἦν αὐτῶν σαυνία καὶ σφενδόναι· οὗτοι τάξιν οὐκ εἶχον ἐν φάλαγγι, ἀλλὰ ψιλοὶ καὶ κοῦφοι συνεστρατεύοντο τοῖς ὁπλίταις εἰς τριάκοντα λόχους διῃρημένοι. Οἱ δ´ ἀπορώτατοι τῶν πολιτῶν οὐκ ἐλάττους τῶν ἄλλων ἁπάντων ὄντες ἔσχατοι τὴν ψῆφον ἀνελάμβανον, ἕνα μόνον ἔχοντες λόχον· οὗτοι στρατειῶν τ´ ἦσαν ἐλεύθεροι τῶν ἐκ καταλόγου καὶ εἰσφορῶν τῶν κατὰ τιμήματα γινομένων ἀτελεῖς καὶ δι´ ἄμφω ταῦτ´ ἐν ταῖς ψηφοφορίαις ἀτιμότατοι. Εἰ μὲν οὖν ἐπὶ τῶν πρώτων λόχων, οὓς οἵ θ´ ἱππεῖς ἐξεπλήρουν καὶ τῶν πεζῶν οἱ τὴν πρώτην τάξιν ἐν τοῖς πολέμοις λαμβάνοντες, ταὐτὸ φρονήσαιεν ἑπτὰ καὶ ἐνενήκοντα λόχοι, τέλος εἶχεν ἡ ψηφοφορία, καὶ οὐκέτι τοῖς λοιποῖς ἓξ καὶ ἐνενήκοντα λόχοις ἀνεδίδοτο ἡ ψῆφος· εἰ δὲ μὴ τοῦτο γένοιτο, ἡ δευτέρα συμμορία τῶν δύο καὶ εἴκοσι λόχων ἐκαλεῖτο, καὶ ἡ τρίτη· καὶ τοῦτο συνέβαινεν, ἕως οὗ ταὐτὸ φρονήσωσιν ἑπτὰ καὶ ἐνενήκοντα λόχοι. Καὶ τὰ μὲν πολλὰ τῶν ἀγωνισμάτων ἐπὶ τῶν πρώτων κλήσεων τέλος ἐλάμβανεν, ὥστε μηδὲν ἔτι δεῖν τῶν ἐσχάτων. Σπανίως δέ που πρᾶγμα οὕτως ἐνδοιαζόμενον ἐνέπιπτεν, ὥστε μέχρι τῆς ἐσχάτης ψήφου τῆς τῶν ἀπορωτάτων προελθεῖν· καὶ ἦν ὥσπερ τέρας τοῦτο σχισθέντων δίχα τῶν προτέρων δύο καὶ ἐνενήκοντα καὶ ἑκατὸν λόχων τὴν τελευταίαν ψῆφον ἐπενεχθεῖσαν ἐκείναις αἰτίαν γενέσθαι τῆς ἐπὶ θάτερα ῥοπῆς. Οἱ μὲν οὖν συναγωνιζόμενοι Μαρκίῳ ταύτην ἠξίουν καλεῖν τὴν ἀπὸ τῶν τιμημάτων ἐκκλησίαν ὑπολαμβάνοντες τάχα μὲν ἐπὶ τῆς πρώτης κλήσεως ὑπὸ τῶν ὀκτὼ καὶ ἐνενήκοντα λόχων ἀπολυθήσεσθαι τὸν ἄνδρα, εἰ δὲ μή γ´ ὑπὸ τῆς δευτέρας ἢ τρίτης. Οἱ δὲ δήμαρχοι ταῦθ´ ὑφορώμενοι καὶ αὐτοὶ τὴν φυλετικὴν ἐκκλησίαν ᾤοντο δεῖν συνάγειν καὶ τοῦ ἀγῶνος ἐκείνην ποιῆσαι κυρίαν, ἵνα μήθ´ οἱ πένητες τῶν πλουσίων μειονεκτῶσι μήθ´ οἱ ψιλοὶ τῶν ὁπλιτῶν ἀτιμοτέραν χώραν ἔχωσι, μήτ´ ἀπερριμμένον εἰς τὰς ἐσχάτας κλήσεις τὸ δημοτικὸν πλῆθος ἀποκλείηται τῶν ἴσων, ἰσόψηφοι δὲ καὶ ὁμότιμοι πάντες ἀλλήλοις γενόμενοι μιᾷ κλήσει τὴν ψῆφον ἐπενέγκωσι κατὰ φυλάς. Καὶ ἐδόκουν δικαιότερα οὗτοι τῶν ἑτέρων ἀξιοῦν δημοτικὸν οἰόμενοι δεῖν, ἀλλ´ οὐκ ὀλιγαρχικὸν εἶναι τὸ τοῦ δήμου δικαστήριον, καὶ τὴν περὶ τῶν ἀδικούντων τὸ κοινὸν διάγνωσιν ἁπάντων εἶναι κοινήν. II. [7,60] Συγχωρηθέντος δ´ αὐτοῖς καὶ τούτου μόγις ὑπὸ τῶν πατρικίων, ἐπειδὴ τὴν δίκην ἐχρῆν λέγεσθαι, πρῶτος ἀνέβη Μηνύκιος, ἅτερος τῶν ὑπάτων, καὶ ἔλεξεν οὓς ἐπέστειλεν αὐτῷ λόγους ἡ βουλή· πρῶτον μὲν ἁπάσας τὰς εὐεργεσίας ὑπομιμνήσκων, ὅσας ἦν εἰληφὼς ὁ δῆμος παρὰ τῶν πατρικίων, ἔπειτ´ ἀξιῶν ἀντὶ πολλῶν καὶ καλῶν ἔργων μίαν ἀποδοθῆναι παρὰ τοῦ δήμου δεομένοις σφίσιν ἀναγκαίαν χάριν ἐπὶ τῷ κοινῷ τῆς πόλεως ἀγαθῷ. Πρὸς δὲ τούτοις ἐπαινῶν μὲν ὁμόνοιαν καὶ εἰρήνην, καὶ ὅσης εὐδαιμονίας ἑκάτερον τούτων αἴτιόν ἐστι ταῖς πόλεσιν ἐπιλεγόμενος, κατηγορῶν δὲ διχοστασίας καὶ πολέμων ἐμφυλίων, ἐξ ὧν πόλεις αὐτάνδρους ἀπέφαινεν ἀνῃρῆσθαι καὶ ἔθνη ὅλα διολωλέναι· παρακαλῶν δὲ μὴ τὰ χείρω αἱρεῖσθαι πρὸ τῶν κρειττόνων ὀργῇ ἐπιτρέψαντας, ἀλλ´ ἐκ λογισμοῦ σώφρονος τὰ μέλλοντα ὁρᾶν, μηδὲ τοῖς κακίστοις τῶν πολιτῶν χρῆσθαι συμβούλοις περὶ τῶν μεγίστων βουλευομένους, ἀλλὰ τοῖς κρατίστοις σφίσιν εἶναι δοκοῦσιν, ὑφ´ ὧν ᾔδεσαν ἐν εἰρήνῃ τε καὶ κατὰ πολέμους πολλὰ ὠφελημένην τὴν πατρίδα, οἷς οὐκ ἂν δικαιώσωσιν ὡς μεταβεβλημένοις τὴν φύσιν ἀπιστεῖν. Ἓν δὲ κεφάλαιον ἦν ἁπάντων τῶν λόγων, μηδεμίαν αὐτοὺς ἐπενεγκεῖν κατὰ τοῦ Μαρκίου ψῆφον, ἀλλὰ μάλιστα μὲν δι´ αὐτὸν ἀφεῖναι τῆς δίκης τὸν ἄνδρα ἀναμιμνησκομένους, οἷος εἰς τὰ κοινὰ ἐγένετο καὶ ὅσους κατώρθωσεν ὑπὲρ τῆς κοινῆς ἐλευθερίας τε καὶ ἡγεμονίας πολέμους, καὶ ὡς οὔτε ὅσια οὔτε δίκαια οὔτε προσήκοντα σφίσι ποιήσουσι, λόγων μὲν αὐτῷ μνησικακοῦντες φαύλων, ἔργων δ´ ἀχαριστοῦντες καλῶν. Εἶναι δὲ καὶ τὸν καιρὸν τῆς ἀφέσεως καλόν, ὅτε γ´ αὐτὸς ἥκει παρέχων τὸ σῶμα τοῖς διαφόροις καὶ στέρξων, ὅ τι ἂν ἐκεῖνοι περὶ αὐτοῦ διαγνῶσιν. Εἰ δ´ οὐχ οἷοί τέ εἰσι διαλύσασθαι πρὸς ἐκεῖνον, ἀλλὰ χαλεπῶς καὶ ἀπαραιτήτως ἔχουσιν, ἐνθυμηθέντας, ὅτι ἡ βουλὴ δεησομένη περὶ αὐτοῦ πάρεισιν, ἄνδρες οἱ κράτιστοι τῆς πόλεως τριακόσιοι, παθεῖν τι καὶ ἐπικλασθῆναι τὰς γνώμας, καὶ μὴ δι´ ἑνὸς ἐχθροῦ τιμωρίαν τοσούτων δέησιν ἀπώσασθαι φίλων, ἀλλὰ πολλῶν καὶ ἀγαθῶν ἀνδρῶν χάριτι δίκην ἀνδρὸς ἑνὸς ὑπεριδεῖν. Ταῦτα καὶ παραπλήσια τούτοις εἰπὼν τελευταῖον ἐκεῖνον ἐπέθηκε τὸν λόγον, ὅτι ψήφου μὲν ἐπαχθείσης, ἐὰν ἀπολύσωσι τὸν ἄνδρα, διὰ τὸ μηδὲν ἀδικεῖσθαι τὸν δῆμον ὑπ´ αὐτοῦ δόξουσιν ἀφεικέναι· ἐὰν δὲ κωλύσωσιν ἐπιτελεσθῆναι τὴν δίκην τοῖς δεομένοις ὑπὲρ αὐτοῦ φανήσονται κεχαρισμένοι. [7,61] Παυσαμένου δὲ τοῦ Μηνυκίου παρελθὼν ὁ δήμαρχος Σικίννιος οὔτ´ αὐτὸς ἔφη προδώσειν τὴν ἐλευθερίαν τῶν δημοτῶν οὔτε τοῖς προδιδοῦσιν ἐπιτρέψειν ἑκών, ἀλλ´ εἰ τῷ ὄντι παρέχουσιν οἱ πατρίκιοι τὸν ἄνδρα ἐπὶ δίκην τοῖς δημοτικοῖς, ἀναδώσειν περὶ αὐτοῦ ψῆφον, ἄλλο δὲ ποιήσειν παρὰ ταῦτ´ οὐδέν. Μετὰ ταῦτα παρελθὼν ὁ Μηνύκιος εἶπεν· Ἐπειδὴ πάντως, ὦ δήμαρχοι, ψῆφον ἐπενεχθῆναι περὶ τοῦ ἀνδρὸς προθυμεῖσθε, μηθὲν ἔξω τοῦ ἐγκλήματος κατηγορεῖτε· ἀλλ´ ἐπειδὴ τυραννίδι αὐτὸν ἐπιχειρεῖν εἰσηγγείλατε, τοῦτο διδάσκετε καὶ περὶ τούτου τὰς πίστεις φέρετε. Λόγων δ´, ὧν αὐτὸν αἰτιᾶσθε κατὰ τοῦ δήμου πρὸς τὴν βουλὴν εἰπεῖν, μήτε μέμνησθε μήτε κατηγορεῖτε. Ἀφεῖσθαι γὰρ αὐτὸν ἐψηφίσατο ταύτης τῆς αἰτίας τὸ συνέδριον, καὶ ἐπὶ ῥητοῖς ἥκειν εἰς τὸν δῆμον ἐδικαίωσε. Καὶ μετὰ τοῦτ´ ἀνέγνω τὸ προβούλευμα. Ὁ μὲν δὴ ταῦτ´ εἰπών τε καὶ ἐπιμαρτυράμενος κατέβη. III. Τῶν δὲ δημάρχων πρῶτος μὲν διέθετο τὴν κατηγορίαν Σικίννιος ἐκ πολλῆς ἐπιμελείας καὶ παρασκευῆς, πάνθ´ ὅσα πράττων ἢ λέγων ὁ ἀνὴρ κατὰ τοῦ δήμου διετέλεσεν εἰς κατασκευὴν τυραννίδος ἀναφέρων· ἔπειτα μετ´ ἐκεῖνον οἱ δυνατώτατοι τῶν δημάρχων εἰπεῖν. [7,62] Ὡς δὲ παρέλαβεν ὁ Μάρκιος τὸν λόγον, ἀρξάμενος ἄνωθεν ἀπὸ τῆς πρώτης ἡλικίας διῆλθεν, ὅσας ἐστρατευμένος ἦν ὑπὲρ τῆς πόλεως στρατείας, καὶ ὅσους εἰληφὼς ἐπινικίους παρὰ τῶν στρατηγῶν στεφάνους πολεμίων τε τοὺς ληφθέντας αἰχμαλώτους ὑπ´ αὐτοῦ καὶ πολιτῶν τοὺς διασωθέντας ἐν τοῖς ἀγῶσι· καὶ παρ´ ἕκαστον τῶν λεγομένων τά τ´ ἀριστεῖα ἐπεδείκνυτο καὶ τοὺς στρατηγοὺς μάρτυρας παρείχετο καὶ τῶν πολιτῶν τοὺς διασωθέντας ἐξ ὀνόματος ἐκάλει. Οἱ δὲ παρῄεσαν ὀλοφυρόμενοι καὶ δεόμενοι τῶν πολιτῶν, μὴ τὸν αἴτιον σφίσι τῆς σωτηρίας ὡς πολέμιον ἀπολέσαι, μίαν τ´ ἀντὶ πολλῶν ψυχὴν αἰτούμενοι καὶ παραδιδόντες ἑαυτοὺς ἀντ´ ἐκείνου χρῆσθαι, ὅ τι βούλονται. Ἦσαν δ´ οἱ πλείους αὐτῶν ἐκ τοῦ δημοτικοῦ γένους καὶ πολλὰ τῷ κοινῷ χρήσιμοι· ὧν τάς τ´ ὄψεις καὶ τὰς δεήσεις δι´ αἰσχύνης ὁ δῆμος λαμβάνων εἰς οἴκτους καὶ δάκρυα ἐτράπετο. Ὡς δὲ καὶ τὴν ἐσθῆτα ὁ Μάρκιος περιρρηξάμενος ἐπεδείξατο τὰ στέρνα τραυμάτων μεστὰ καὶ πᾶν {τὸ} ἄλλο μέρος τοῦ σώματος ἀνάπλεων τῶν πληγῶν, καὶ ἐπύθετο, εἰ τῶν αὐτῶν ἀνθρώπων ἔργα εἶναι νομίζουσι σώζειν μὲν ἐκ τῶν πολέμων τοὺς πολίτας, ἀπολλύναι δὲ τοὺς σωθέντας ἐν εἰρήνῃ· καὶ εἰ τυραννίδα κατασκευαζόμενός τις τὸ δημοτικὸν ἐλαύνει μέρος ἐκ πόλεως, ὑφ´ οὗ μάλιστ´ αὔξεταί τε καὶ τρέφεται τυραννίς· ἔτι δ´ αὐτοῦ λέγοντος ὅσον μὲν ἦν τοῦ δημοτικοῦ μέρους ἐπιεικὲς καὶ φιλόχρηστον ἀπολύειν ἐβόα τὸν ἄνδρα, καὶ δι´ αἰσχύνης ἐλάμβανεν, εἰ καὶ δίκην ὑπεῖχε τὴν ἀρχὴν περὶ τοιαύτης αἰτίας ἀνὴρ τοσαυτάκις ὑπεριδὼν τῆς ἑαυτοῦ ψυχῆς ἕνεκα τῆς ἁπάντων φυλακῆς. Ὅσοι δ´ ἦσαν φύσει βάσκανοι καὶ μισόχρηστοι καὶ πρὸς πᾶσαν εὐκίνητοι στάσιν, ἤχθοντο μὲν ἀπολύειν τὸν ἄνδρα μέλλοντες, οὐκ εἶχον δ´, ὅ τι ἂν ἄλλο ποιῶσι διὰ τὸ μηδεμίαν εὑρίσκειν ἀφορμὴν τυραννίδος ἐπιθέσεως φαινομένην, ὑπὲρ ἧς τὰς ψήφους ἀνειλήφεσαν. IV. [7,63] Τοῦτο καταμαθὼν ὁ Δέκιος ἐκεῖνος, ὁ καὶ τοὺς ἐν τῇ βουλῇ ποιησάμενος λόγους καὶ τὸ προβούλευμα περὶ τῆς δίκης γραφῆναι παρασκευάσας, ἀνέστη καὶ σιωπὴν γενέσθαι κελεύσας ἔλεξεν· Ἐπειδή, ὦ δημόται, τῶν ἐν τῇ βουλῇ λεχθέντων ὑπὸ Μαρκίου λόγων, καὶ τῶν διὰ τούτους ἀκολουθησάντων ἔργων βιαίων τε καὶ ὑπερηφάνων ἀπολύουσιν αὐτὸν οἱ πατρίκιοι καὶ οὐδ´ ἡμῖν ἐπιτρέπουσι κατηγορεῖν, ἀκούσατε, οἷον ὑμῖν ἔργον ἕτερον ἔξω τῶν λόγων ὁ γενναῖος οὗτος ἀνὴρ τυγχάνει διαπεπραγμένος, ὡς αὔθαδες καὶ τυραννικόν, καὶ οἷον ὑμῶν κατέλυσε νόμον αὐτὸς ἰδιώτης ὢν μάθετε. Ἴστε δήπου πάντες, ὅτι τὰ ἐκ τῶν πολέμων λάφυρα, ὅσων ἂν ἡμῖν ὑπάρχῃ τυχεῖν δι´ ἀρετήν, δημόσια εἶναι κελεύει ὁ νόμος, καὶ τούτων οὐχ ὅπως τις ἰδιώτης γίνεται κύριος, ἀλλ´ οὐδ´ αὐτὸς ὁ τῆς δυνάμεως ἡγεμών· ὁ δὲ ταμίας αὐτὰ παραλαβὼν ἀπεμπολᾷ καὶ εἰς τὸ δημόσιον ἀναφέρει τὰ χρήματα· καὶ τοῦτον τὸν νόμον, ἐξ οὗ τήνδε οἰκοῦμεν τὴν πόλιν, οὐχ ὅπως κατέλυσέ τις, ἀλλ´ οὐδ´ ᾐτιάσατο μὴ οὐχὶ καλῶς ἔχειν· ἀλλ´ οὗτος ὁ Μάρκιος πρῶτος καὶ μόνος ὑπεριδὼν αὐτοῦ κειμένου καὶ κυρίου ὄντος ἠξίωσε σφετερίσασθαι τὰ κοινὰ ἡμῶν, ὦ δημόται, λάφυρα, πέρυσι καὶ οὐ πάλαι. Ποιησαμένων γὰρ ὑμῶν καταδρομὴν τῆς Ἀντιατῶν γῆς καὶ πολλὰ μὲν σώματα, πολλὰ δὲ βοσκήματα, πολὺν δὲ σῖτον, πολλὰ δ´ ἄλλα χρήματα περιβαλομένων οὔτε τῷ ταμίᾳ ταῦτ´ ἀπέδειξεν οὔτ´ αὐτὸς ἀποδόμενος εἰς τὸ δημόσιον ἀνήνεγκε τὸ ἀργύριον, ἀλλὰ διένειμε καὶ κατεχαρίσατο τοῖς ἑαυτοῦ φίλοις ἅπασαν τὴν λείαν· τοῦτο δὴ τυραννίδος τεκμήριον εἶναι φημὶ τὸ ἔργον· πῶς γὰρ οὔ; Ὃς τοὺς ἑαυτοῦ κόλακάς τε καὶ σωματοφύλακας καὶ τῆς μελλούσης τυραννίδος συνεργοὺς ἐκ τῶν δημοσίων εὐηργέτει χρημάτων· καὶ νόμου κατάλυσιν εἶναι φανερὰν ταύτην λέγω. Δυεῖν δὴ θάτερον ἀποφηνάτω παρελθὼν Μάρκιος, ἢ ὡς οὐ διένειμε τὰ λάφυρα τοῖς ἑαυτοῦ φίλοις, ἃ ἔλαβεν ἐκ τῆς πολεμίας, ἢ ὡς ταῦτα ποιῶν οὐ καταλύει τοὺς νόμους· ὧν οὐδέτερον ἕξει πρὸς ὑμᾶς εἰπεῖν. Αὐτοὶ γὰρ ἀμφότερα ἴστε, καὶ τὸν νόμον καὶ τὸ ἔργον, καὶ οὐκ ἔνεσθ´ ὑμῖν ἀποψηφισαμένοις αὐτοῦ τὰ δίκαια καὶ τὰ εὔορκα δοκεῖν ἐγνωκέναι. Ἐάσας δὴ τοὺς στεφάνους καὶ τὰ ἀριστεῖα καὶ τὰ τραύματα καὶ τὴν ἄλλην τερατείαν πρὸς ταῦτα λέγε, ὦ Μάρκιε· παραδίδωμι γὰρ ἤδη σοὶ τὸν λόγον. V. [7,64] Τοῦτο τὸ κατηγόρημα πολλὴν ἐποίησε τὴν ἐπὶ θάτερα μεταβολήν. Οἱ μὲν γὰρ ἐπιεικέστεροί τε καὶ σπουδάζοντες ὑπὲρ ἀφέσεως τοῦ ἀνδρὸς μαλακώτεροι τούτων ἀκούσαντες ἐγένοντο, τὸ δὲ κακόηθες ἅπαν, ὃ τοῦ δήμου πλεῖστον μέρος ἦν, ἐκ παντὸς ἀπολέσαι τὸν ἄνδρα δήπου προθυμούμενον, ἔτι μᾶλλον εἰς ταῦτ´ ἐπερρώσθη μεγάλης ἀφορμῆς καὶ φανερᾶς λαβόμενον. Ἦν γὰρ ἀληθὴς ἡ τῶν λαφύρων διάδοσις, οὐ μὴν ἐκ προαιρέσεώς γε πονηρᾶς καὶ ἐπὶ κατασκευῇ τυραννίδος, ὡς ὁ Δέκιος ᾐτιᾶτο, γενομένη, ἀλλ´ ἀπὸ παντὸς τοῦ βελτίστου καὶ ἐπανορθώσεως ἕνεκα τῶν κατεχόντων τὰ κοινὰ κακῶν. Στασιάζοντος γὰρ ἔτι καὶ διεστηκότος ἀπὸ τῶν πατρικίων τοῦ πλήθους τότε καταφρονήσαντες οἱ πολέμιοι καταδρομὰς τῆς χώρας ἐποιοῦντο καὶ λεηλασίας συνεχεῖς· καὶ ὁπότε δόξειε τῇ βουλῇ τὴν κωλύσουσαν ταῦτα δύναμιν ἐξελθεῖν, οὐδεὶς ἐξῄει τῶν δημοτῶν, ἀλλ´ ἐπέχαιρόν τε καὶ περιεώρων τὰ γινόμενα· ἡ δὲ τῶν πατρικίων χεὶρ οὐκ ἦν καθ´ ἑαυτὴν ἀξιόμαχος. Τοῦτο καταμαθὼν ὁ Μάρκιος ὑπέσχετο τοῖς ὑπάτοις, ἐὰν ἐπιτρέψωσιν αὐτῷ τὴν ἡγεμονίαν, στρατιὰν ἄξειν ἑκούσιον ἐπὶ τοὺς πολεμίους καὶ δίκην λήψεσθαι παρ´ αὐτῶν ἐν τάχει. Λαβὼν δὲ τὴν ἐξουσίαν συνεκάλει τούς τε πελάτας καὶ τοὺς φίλους καὶ τῶν ἄλλων πολιτῶν οἷς ἦν βουλομένοις ἀπολαῦσαί τι τῆς τοῦ στρατηγοῦ τύχης κατὰ τὰ πολέμια καὶ ἀρετῆς. Ὡς δ´ αὐτῷ χεὶρ ἀξιόμαχος ἐδόκει συνεληλυθέναι, προῆγεν ἐπὶ τοὺς πολεμίους οὐθέν πω προειδότας. Ἐμβαλὼν δ´ εἰς χώραν πολλῶν ἀγαθῶν μεστὴν γενόμενος ἀφθόνου λείας κύριος ἐφῆκε τοῖς στρατιώταις ἅπαντα τὰ ληφθέντα διανείμασθαι, ἵν´ οἱ μὲν συναράμενοι τοῦ ἔργου τὸν τῶν πόνων καρπὸν κομισάμενοι προθύμως ἐπὶ τὰς ἄλλας στρατείας ἀπαντῶσιν· οἱ δ´ ἀποκνήσαντες ἐνθυμηθέντες, ὅσων ἀγαθῶν αὐτοῖς ἐξὸν μεταλαβεῖν, διὰ τὸ στασιάζειν ἀπεκωλύθησαν εἰς τὰς λοιπὰς ἐξόδους γένωνται φρονιμώτεροι. Διάνοια μὲν τοῦ ἀνδρὸς ἥδε ἐγένετο περὶ τὸ ἔργον· χόλῳ δ´ ὑπούλῳ καὶ φθόνῳ δυσμενῶν αὐτὴ καθ´ αὑτὴν ἡ πρᾶξις ἐξεταζομένη δημαγωγία τις ἐφαίνετο εἶναι καὶ δεκασμὸς τυραννικός. Ὥστε βοῆς καὶ θορύβου πᾶσα ἦν ἀνάπλεως ἡ ἀγορά, καὶ οὔθ´ ὁ Μάρκιος πρὸς ταῦτ´ εἶχεν, ὅ τι ἀπολογήσαιτο, οὔθ´ ὁ ὕπατος οὔτ´ ἄλλος οὐδείς, οἷα δὴ παραδόξου καὶ ἀπροσδοκήτου φανείσης ἐπὶ σφίσι τῆς αἰτίας. VI. Ἐπειδὴ δ´ οὐδεὶς οὐκέτι ἀπελογεῖτο, ἀνέδωκαν οἱ δήμαρχοι τὴν ψῆφον ταῖς φυλαῖς τίμημα ἐπιγράψαντες τῇ δίκῃ φυγὴν ἀίδιον, κατὰ δέος, οἶμαι, τοῦ μὴ ἂν ἁλῶναι τὸν ἄνδρα θανάτου {αὐτῷ τιμησάντων}. Ὡς δ´ ἐπεψήφισαν ἅπαντες, διαριθμουμένων τῶν ψήφων οὐ μέγα τὸ διάλλαγμα ἐφάνη. Μιᾶς γὰρ καὶ εἴκοσι τότε φυλῶν οὐσῶν, οἷς ἡ ψῆφος ἀνεδόθη, τὰς ἀπολυούσας φυλὰς ἔσχεν ὁ Μάρκιος ἐννέα· ὥστ´ εἰ δύο προσῆλθον αὐτῷ φυλαί, διὰ τὴν ἰσοψηφίαν ἀπελέλυτ´ ἄν, ὥσπερ ὁ νόμος ἠξίου. |
I. LE jour du troisième marché, dès le grand matin la place publique se trouva occupée par une si grande foule de gens de la campagne qu'on n'y en avait jamais tant vu. Les tribuns assemblèrent le peuple par tribus qu'ils placent chacune dans leur quartier, ayant eu la précaution de faire tendre des cordes dans la place pour les séparer l'une de l'autre. Ce fut alors pour la première fois que le peuple Romain donna ses suffrages par tribus, malgré l'opposition des patriciens qui voulaient l'empêcher et qui demandaient qu'on s'assemblât par centuries selon l'ancienne coutume. En effet dans les temps précédents, quand il était question que le peuple donnât ses suffrages sur quelqu'affaire que le sénat lui avait renvoyée, les consuls le convoquaient par centuries après avoir fait les sacrifices ordonnés par les lois, dont quelques-uns sont encore en usage de nos jours. Alors le peuple s'assemblait devant la ville dans le champ de Mars, chaque centurie sous son chef et sous son étendard comme une armée rangée en bataille. Les citoyens ne donnaient pas leurs suffrages tous ensemble et confusément, mais chacun dans sa propre centurie, à mesure que les consuls les appelaient. Comme il y avait six classes partagées en cent quatre-vint-treize centuries, celle qui était composée des plus riches et qui avait le premier rang dans la guerre, donnait ses suffrages la première. Cette classe comprenait dix-huit centuries de cavaliers et quatre-vingt de fantassins. La classe moins riche, qui occupait le second rang dans les batailles et qui n'avait pas les mêmes armes que la première, mais des armes un peu plus légères, donnait ses suffrages la seconde: elle consistait en vint centuries auxquelles on en avait ajouté deux autres de charpentiers, forgerons, et autres ouvriers nécessaires dans la guerre. La troisième moins riche que la seconde et armée autrement, montait à vingt centuries et avait le troisième rang. Ensuite on appelait la quatrième classe, qui était moins riche que la précédente, dont les armes étaient encore plus légères, et qui avait un rang dans les batailles qui l'exposait moins au péril : elle faisait aussi vingt centuries auxquelles on en joignait deux autres de trompettes, de tambours et de sonneurs de cor. On appelait après cela la classe de ceux qui n'avaient que très peu de bien. Leurs armes étaient la fronde et le dard : ils n'avaient point de rang dans les batailles, mais comme troupes légères et propres seulement à escarmoucher, ils suivaient les légionnaires pour les soutenir, cette classe était divisée en trente centuries. Les plus pauvres citoyens dont le nombre se montait aussi haut que tous les autres ensemble, étaient les derniers à donner leur voix, et ne faisaient qu'une centurie. Ceux-ci ne servaient qu'en qualité de volontaires sans être obligés de s'enrôler comme les autres s'ils ne voulaient, ils étaient aussi exempts de tout tribut : et. c'est pour cela qu'ils avaient le moins d'autorité dans les suffrages. Si donc quatre-vingt-dix-sept centuries de la première classe composée de la cavalerie et: de l'infanterie qui avait le premier rang dans la guerre, s'accordaient ensemble, les suffrages finissaient-là et on ne recueillait point ceux des quatre-vingt-seize centuries qui restaient. Si elles ne s'accordaient pas, on appelait la deuxième classe de vingt-deux centuries, et ensuite la troisième, ce qu'on faisait jusqu'à ce que quatre-vingt-dix-sept centuries fussent du même sentiment. Mais la plupart des différends ne manquaient guère d'être décidés par les suffrages des premières classes, et alors il n'était pas besoin de recueillir ceux des dernières. Il arrivait donc très rarement qu'une affaire fût si embarrassée, qu'on en vînt aux voix de la dernière classe composée des pauvres. Mais si par hasard les cent quatre-vingt-douze premières centuries étaient quelquefois également partagées de sentiments, cette dernière faisait pencher la balance par son suffrage du côté qu'elle se rangeait, et elle décidait absolument l'affaire en question. Voila pourquoi ceux qui favorisaient Marcius, demandaient qu'on fît une assemblée par centuries où les suffrages se donnassent en commençant par les classes les plus riches, ils espéraient que les quatre-vingt-dix-huit centuries de la première classe, ou au moins celles de la seconde ou de la troisième, le renverraient absous. Mais les tribuns qui se doutaient bien de ce qui pouvait arriver, aimèrent mieux tenir l'assemblée par tribus et en recueillir les suffrages sur l'affaire dont il s'agissait, afin que les riches n'ayant pas plus d'avantage que les pauvres, ni les légionnaires plus que les citoyens armés légèrement, mais qu'étant tous égaux et par leur rang et par leurs suffrages, ils pussent donner tous ensemble leurs voix par tribus, et que le petit peuple ne fût pas rejeté au dernier rang où il aurait pu être exclus des suffrages. Il semblait que les tribuns avaient en cela plus de raison que les autres, parce que le jugement du peuple devait être rendu par le peuple même, et non par la faction des patriciens, et que d'ailleurs il appartenait également à tous les citoyens de connaître d'un crime qui regarda l'état II. LES tribuns ayant donc obtenu des patriciens ce qu'ils demandaient, quoiqu'avec bien de la peine : quand on fut sur le point d'entamer la cause de l'accusé, Minucius l'un des consuls se plaça en un endroit élevé, et exposa les ordres que le sénat lui avait donnés. D'abord il rappela le souvenir de tous les bienfaits dont les patriciens avaient comblé le peuple, et pour récompense de tant de bons offices il lui demanda une seule chose qui était nécessaire à ceux-ci et utile à l'état Ensuite il fit l'éloge de la paix et de la concorde : il s'étendit sur le bonheur qu'elles procurent aux villes où elles règnent. Il blâma les séditions et. les guerres civiles, qui avaient fait périr une infinité de villes avec tous leurs habitants, et même des nations entières. Il exhorta les plébéiens de ne se pas se laisser tellement emporter à leur colère qu'elle leur fît embrasser le mauvais parti au lieu du bon. Il les conjura de prendre de sages précautions pour l'avenir, et de suivre dans les affaires importantes, non pas les conseils des mauvais citoyens, mais ceux des gens de bien, qu'ils connaissaient pour avoir rendu de grands services à l'état tant dans la paix que dans la guerre, et dont ils ne pouvaient se défier, comme s'ils avaient changé de sentiments et de volonté, et qu'ils eussent moins de zèle qu'autrefois pour le salut de la république. Enfin le principal but de tout son discours fut de les détourner de porter un jugement contre Marcius, et de les engager à l'absoudre en considération de son mérite. Il les priait de se souvenir de quelle manière ce brave citoyen avait servi la république, dans combien d'expéditions on l'avait mis à la tête des troupes, et combien de guerres il avait heureusement terminées en prenant la défense de la liberté publique. Il leur faisait voir qu'il n'était ni juste ni digne d'eux de s'arrêter à quelques discours de peu de conséquence qui étaient échappés à Marcius, et d'oublier les services importants qu'il avait rendus à l'état. Qu'ils avoient une belle occasion de l'absoudre, puisqu'il se livrait lui-même à ses accusateurs, prêt de s'en tenir à leur jugement, Que si leur haine était si implacable qu'ils ne pusse se réconcilier avec lui, ils devaient du moins avoir quelque égard aux prières du sénat. Que cette auguste compagnie composée des trois cents premières têtes de Rome, venait demander grâce pour lui. Qu'ils devaient donc laisser fléchir leur colère et ne pas désobliger un si grand nombre d'amis pour assouvir leur vengeance contre un seul ennemi. Qu'en considération de tant d'illustres intercesseurs, il fallait lui faire grâce, ou mépriser ses insultes, s'il en avait fait. Avant allégué ces motifs et autres semblables, il ajouta par manière d'avertissement, que s'ils l'absolvaient après avoir recueilli les suffrages, on dirait qu'ils ne le renverraient absous que parce qu'ils l'auraient trouvé innocent: qu'au contraire s'ils le renvoyaient sans examiner sa cause et sans pousser plus loin la. procédure, ils seraient réputés avoir accordé sa grâce à ses intercesseurs. Minucius ayant fini son discours, le tribun Sicinnius s'avança au milieu de l'assemblée. Il protesta hautement qu'il ne trahirait jamais la liberté du peuple, et qu'il ne souffrirait pas que personne entreprît de la trahir : mais que si les patriciens livraient véritablement le coupable entre les mains du peuple, il se contenterait de recueillir les suffrages par tribus, sans rien faire davantage contre Marcius. « Hé bien, Tribun, répartit Minucius, puisque vous voulez absolument juger l'accusé, ne lui imputez point d'autre crime que celui dont il s'agit. Vous lui imputez d'aspirer à la tyrannie : instruisez donc son procès sur ce chef, et apportez vos preuves. Mais ne parlez point du discours que vous l'accusez d'avoir prononcé dans le sénat contre le peuple, et ne lui en faites point un crime, car le sénat l'en a absous en ordonnant qu'il serait jugé par le peuple sur les autres chefs d'accusation que vous avez allégués. » Ensuite il lut l'arrêt du sénat, et descendit de sa place, conjurant toute l'assemblée d'avoir égard à ses remontrances. III. ALORS Sicinnius le premier des tribuns, fit l'accusation par un discours préparé avec beaucoup de soin, et s'efforça de prouver que tout ce que l'accusé avait dit et fait contre le peuple, tendait directement à la tyrannie : après lui, les plus puissants des tribuns déclamèrent à leur tour, Quand ce fut à Marcius à parler, il remonta jusqu'à sa plus tendre jeunesse : il fit le détail de toutes les campagnes qu'il avait faites pour le service de la patrie, des couronnes qu'il avait reçues de la main de ses généraux pour récompense de la valeur, des prisonniers de guerre qu' il avait pris, et des citoyens Romains qu'il avait sauvés dans les combats. A chaque article il montrait les prix de bravoure qu'il avait reçus, il citait pour témoins les généraux sous lesquels il avait servi, et appelait par leur nom les citoyens qui lui devaient la vie. Ces citoyens se présentaient aussitôt, ils se lamentaient, ils conjuraient les autres de ne pas perdre ou livrer à la mort comme un ennemi celui qu'ils reconnaissaient pour leur conservateur : ils demandaient la vie pour ce brave qui l'avait sauvée à tant d'autres, et s'offraient eux-mêmes à subir en sa place toutes les peines auxquelles on le condamnerait. Ils étaient plébéiens pour la plupart, et comme ils avaient rendu plusieurs services à l'état, le peuple ne pouvant soutenir leur présence ni résister à leurs pressâtes sollicitations, fut touché de compassion jusqu'à répandre des larmes. Mais ce fut encore toute autre chose, quand Marcius déchirant ses habits, montrant sa poitrine percée de coups, et toutes les parties de son corps couvertes de cicatrices, [ leur demanda ] s'il était probable que celui qui avait sauvé tant de citoyens dans les guerres, voulût faire périr pendant la paix ceux-là mêmes qui lui devaient leur conservation, et s'il y avait apparence qu'un homme qui aurait cherché à s'ouvrir un chemin à la tyrannie, chassât de Rome les plébéiens qui en sont d'ordinaire les premiers moteurs et le principal appui. A peine eut-il prononcé ces paroles, que tout ce qu'il y avait de plébéiens portés à la douceur et amateurs de la justice, s'écrièrent qu'il le fallait absoudre, ne pouvant souffrir qu'on accusât d'un crime si énorme, un citoyen qui avait tant de fois exposé sa vie pour le salut de tous les autres. Ceux au contraire qui étaient d'un naturel méchant, ennemis de tout bien, et qui ne cherchaient que l'occasion de remuer, crevaient de dépit de se voir obligés à le renvoyer absous. Néanmoins ils ne voyaient pas de moyen de faire autrement, parce qu'ils ne trouvaient point de preuve assez forte pour le convaincre d'avoir aspiré à la tyrannie ou dressé des embûches : car c'était sur ce chef d'accusation qu'on leur demandait leurs suffrages. » IV. LUCIUS qui avait parlé dans l'assemblée du sénat et qui avait fait écrire le sénatus-consulte, s'aperçut de l'embarras où l'on était : il se lève dans le moment, et ayant fait faire silence, il parle en ces termes: « Romains, puisque les patriciens absolvent Marcius, non seulement des discours séditieux qu'il a tenus dans le sénat, mais encore des actions de violence et de fierté qui s'en sont ensuivies, et. qu'ils ne nous permettent pas même de l'accuser : écoutez ce que ce brave homme a fait contre vous,: apprenez jusqu'à quel point il a porté sa fierté et sa tyrannie, et avec quelle arrogance il a osé violer une de nos lois fondamentales quoiqu'il ne fût qu'homme privé, car sans parler davantage de les discours insolents, je veux vous faire voir par d'autres preuves combien il est coupable. Vous savez tous qu'il y a une loi, par laquelle les dépouilles que nous remportons sur les ennemis par notre valeur, appartiennent de droit à la république, et qu'aucun particulier n'en peut disposer, pas même le général d'armée, mais qu'on les doit livrer au questeur afin qu'il les vende et qu'il en mette l'argent dans le trésor public. Depuis que la ville de Rome est habitée, on n'a jamais violé cette loi, et personne ne l'a blâmée. Marcius est le seul qui la méprise cette loi inviolable de nos pères. Il est le seul, Romains, qui ait osé l'année dernière nous ôter les dépouilles qui appartenaient au public. Lorsque vous eûtes fait vos courses sur les terres des Antiates, où vous enlevâtes beaucoup de prisonniers, de troupeaux, de blé et d'autres effets, et au lieu de présenter ce butin au questeur, ou de le vendre pour en mettre le produit dans le trésor, il le distribua tout entier à ses amis à qui il en fit présent. Voila ce que j'appelle une preuve de sa tyrannie. En effet peut-on en juger autrement, puisqu'il a employé l'argent du public à gagner ses flatteurs, à se faire des gardes, des créatures, et des défenseurs de la tyrannie où il aspire ? Voila, dis-je ce que j'appelle un violement manifeste de la loi. Que Marcius paraisse donc, et qu'il nous prouve qu'il n'a pas distribué à ses confidents le butin qu'il a fait sur les ennemis, ou que s'il leur a partagé, il n'a pas e, cela violé les lois. Je suis bien sûr qu'il ne saurait vous prouver ni l'un ni l'autre. Vous savez la loi, et vous connaissez ce qu'il a fait : il ne vous est donc pas possible de l'absoudre sans violer la justice et. sans aller directement contre vos serments. Ainsi, Marcius, laissez-là les couronnes, les prix de valeur, les blessures, les cicatrices, et tous vos autres prestiges. Répondez à ce que je dis : car c'est là sur quoi je vous ordonne de parler maintenant, V. CETTE accusation fit entièrement pencher la balance de l'autre côté: ceux qui auparavant étaient les plus portés à la douceur et qui penchaient à absoudre Marcius devinrent moins empresses à lui faire grâce après qu'ils eurent entendu ce discours. Tout ce qu'il y avait au contraire de citoyens mal intentionnés pour lui, dont la plupart étaient plébéiens, redoublèrent leurs efforts pour le faire condamner : comme ils avaient toujours cherché à le perdre à quelque prix que ce pût être, l'occasion leur parut trop belle pour la manquer. Il était vrai qu'il avait distribué le butin, aux soldats, mais il ne l'avait pas fait à mauvaise intention . ni pour se frayer un chemin à la tyrannie, comme Lucius l'en accusait : il n'avait point eu d'autre dessein que de soulager par cette libéralité les misères publiques. Car il y avait alors des divisions entre le peuple et les patriciens : les ennemis en profitaient, et devenus plus hardis ils faisaient de fréquentes courses sur les terres des Romains, d'où ils enlevaient beaucoup de butin. Quand le sénat voulait y envoyer des troupes pour empêcher le dégât, aucun des plébéiens ne s'enrôlait, la populace par dépit laissait ravager le pays et: se réjouissant du mal qu'elle voyait faire elle négligeait de l'arrêter. D'ailleurs les patriciens n'étaient pas assez forts pour y remédier par eux-mêmes. Marcius promit aux consuls, que s'ils le voulaient faire commandant dans cette guerre, il se mettrait en campagne avec une armée de volontaires, et qu'il ne tarderait pas à tirer vengeance des insultes de l'ennemi. Les consuls lui accordèrent ce qu'il demandait: il assembla ses clients, ses amis et tous les autres citoyens qui dans l'espérance de retirer quelque avantage de cette expédition se portaient d'eux-mêmes à suivre les étendards d'un général si fameux par sa bravoure et par la prospérité de ses armes. Lorsqu'il eut ramassé une armée assez nombreuse, il se mit en marche, et attaqua les ennemis dans le moment qu'ils ne s'attendaient à rien moins. Ensuite il fit des courses sur leurs terres qui regorgeaient de toutes sortes de biens : il en enleva un grand butin qu'il distribua tout entier aux soldats, afin que ceux qui avaient fait la campagne, percevant le fruit de leurs travaux, s'offrissent de bon cœur à servir une autrefois, et que ceux qui étaient restés à Rome sans vouloir rendre service à l'état, sentissent de quels avantages ils s'étaient privés eux-mêmes par leurs séditions, et qu'ils devinssent plus sages dans la suite quand il s'agirait de faire d'autres campagnes. Tel était le dessein de Marcius dans cette action. Mais le peuple envieux et malintentionné l'interprétait en mauvaise part comme une largesse qui tendait à la tyrannie et à gagner les cœurs. Toute place publique retentissait des cris de la populace : le tumulte était si grand que ni Marcius, ni le consul, ni aucun autre ne savait que répondre à cette accusation qu'on n'a voit pu prévoir, et à laquelle personne ne s'était attendu. VI. LES tribuns voyant que personne ne se présentait pour justifier Marcius, demandèrent les suffrages des tribus, après avoir prononcé contre le coupable l'arrêt d'un exil à perpétuité. Ils ne se contentèrent, je crois, d'une si légère peine, que parce qu'ils appréhendaient qu'en le condamnant à mort, leur sentence ne fût pas confirmée par le peuple. Tous les suffrages recueillis, on compta les voix, il ne se trouva pas grande différence pour le nombre entre celles qui renvoyaient Marcius absous et celles qui le condamnaient. Car de vingt et une tribus qui opinèrent dans cette occasion, il y en avait neuf qui l'absolvaient; de sorte que s'il s'était encore joint deux autres tribus à celles-ci, il aurait été absous par l'égalité des suffrages, comme portait la loi. |
I. Réflexions de Denys d'Halicarnasse sur la condamnation de Marcius. II. Si la coutume de citer les patriciens au tribunal du peuple est louable ou blâmable. III. Pourquoi il s'est étendu si au long sur la première sédition du peuple Romain. |
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I. [7,65] Αὕτη πρώτη κατ´ ἀνδρὸς πατρικίου πρόσκλησις εἰς τὸν δῆμον ἐγένετο ἐπὶ δίκῃ. Καὶ ἀπ´ ἐκείνου τοῦ χρόνου τοῖς ὕστερον λαμβάνουσι τὴν τοῦ δήμου προστασίαν ἔθος κατέστη καλεῖν οὓς δόξειε τῶν πολιτῶν δίκην ὑφέξοντας ἐπὶ τοῦ δήμου· καὶ ἐνθένδε ἀρξάμενος ὁ δῆμος ἤρθη μέγας, ἡ δ´ ἀριστοκρατία πολλὰ τοῦ ἀρχαίου ἀξιώματος ἀπέβαλε βουλῆς τε μετέχειν ἐπιτρέπουσα τοῖς δημοτικοῖς καὶ ἀρχὰς μετιέναι συγχωροῦσα ἱερῶν τε προστασίας λαμβάνειν οὐ κωλύουσα καὶ ὅσα ἄλλα τιμιώτατα ἦν καὶ ἴδια τῶν πατρικίων μόνων ἅπασι κοινωσαμένη, τὰ μὲν ὑπ´ ἀνάγκης τε καὶ ἄκουσα, τὰ δ´ ἐκ προνοίας τε καὶ σοφίας, ὑπὲρ ὧν κατὰ τὸν οἰκεῖον καιρὸν ἐρῶ. II. Τοῦτο μέντοι τὸ ἔθος, {λέγω δὲ} τὸ καλεῖσθαι τοὺς ἐν τῇ πόλει δυναστεύοντας ἐπὶ δίκην, ἧς ὁ δῆμος ἐγίνετο κύριος, πολλὰς ἂν παράσχοι λόγων ἀφορμὰς τοῖς ἐπαινεῖν αὐτὸ βουλομένοις ἢ ψέγειν. Πολλοὶ μὲν γὰρ ἤδη καλοὶ καὶ ἀγαθοὶ ἄνδρες οὐκ ἄξια τῆς ἀρετῆς ἔπαθον, αἰσχρῶς καὶ κακῶς τὰς ψυχὰς ὑπὸ τῶν δημάρχων ἀφαιρεθέντες· πολλοὶ δ´ αὐθάδεις καὶ τυραννικοὶ τοὺς τρόπους λόγον ἀναγκασθέντες ὑποσχεῖν τοῦ βίου καὶ τῶν ἐπιτηδευμάτων δίκας τὰς προσηκούσας ἔδοσαν. Ὁπότε μὲν οὖν ἀπὸ τοῦ κρατίστου γένοιντο αἱ διαγνώσεις, καὶ καθαιρεθείη τὰ τῶν μεγάλων αὐχήματα σὺν δίκῃ, μέγα τι καὶ θαυμαστὸν ἐφαίνετο εἶναι χρῆμα καὶ ὑπὸ πάντων ἐπῃνεῖτο, ὁπότε δ´ ἀρετὴ φθονηθεῖσα ἀνδρὸς τὰ κοινὰ εὖ διοικοῦντος ἀδίκως ἀναιρεθείη, δεινόν τι τοῖς ἄλλοις κατεφαίνετο, καὶ οἱ τοῦ ἔθους ἄρξαντες κατηγοροῦντο. Πολλάκις τε βουλευσάμενοι οἱ Ῥωμαῖοι, πότερα χρὴ καταλῦσαι αὐτὸ ἢ φυλάττειν, οἷον παρὰ τῶν προγόνων παρέλαβον, οὐθὲν ἐπέθηκαν τῇ βουλῇ πέρας. Εἰ δὲ δεῖ καὶ αὐτὸν ἀποφήνασθαι περὶ τηλικούτων πραγμάτων γνώμην, ἐμοὶ δοκεῖ τὸ μὲν ἔθος αὐτὸ καθ´ ἑαυτὸ ἐξεταζόμενον χρήσιμον εἶναι καὶ πόλει τῇ Ῥωμαίων ἀναγκαιότατον, κρεῖττον δὲ καὶ χεῖρον γίνεσθαι παρὰ τοὺς τῶν δημάρχων τρόπους. Ὅταν μὲν γὰρ τύχωσι τῆς ἐξουσίας ταύτης ἄνδρες δίκαιοι καὶ σώφρονες καὶ τὰ κοινὰ ἀναγκαιότερα τῶν ἰδίων τιθέμενοι, ὁ μὲν ἀδικῶν τὰ κοινὰ τιμωρίαν δούς, ἣν προσῆκε, πολὺ δέος τοῖς ὅμοια παρεσκευασμένοις δρᾶν ἐνειργάσατο, ὁ δ´ ἀγαθὸς καὶ ἀπὸ τοῦ κρατίστου πρὸς τὰ κοινὰ παριὼν οὔτε δίκην ἀσχήμονα ὑπέσχεν οὔτ´ εἰς αἰτίας ἀλλοτρίους τῶν ἐπιτηδευμάτων κατέστη. Ὅταν δὲ πονηροὶ καὶ ἀκόλαστοι καὶ φιλοκερδεῖς ἄνθρωποι τηλικαύτης ἐξουσίας τύχωσι, τἀναντία τούτων γίνεται. Ὥστ´ οὐ τὸ ἔθος ἐπανορθοῦσθαι προσῆκεν ὡς ἡμαρτημένον, ἀλλὰ σκοπεῖν, ὅπως ἄνδρες καλοὶ καὶ ἀγαθοὶ τοῦ δήμου γενήσονται προστάται καὶ μὴ τοῖς τυχοῦσι τὰ μέγιστα εἰκῆ ἐπιτραπήσεται. III. [7,66] Ἡ μὲν δὴ πρώτη Ῥωμαίοις ἐμπεσοῦσα μετὰ τὴν ἐκβολὴν τῶν βασιλέων στάσις ἔσχε τοιαύτας αἰτίας καὶ εἰς τοῦτο κατέσκηψε τὸ τέλος· ἐμήκυνα δὲ τὸν ὑπὲρ αὐτῶν λόγον τοῦ μή τινα θαυμάσαι, πῶς ὑπέμειναν οἱ πατρίκιοι τηλικαύτης ἐξουσίας ποιῆσαι τὸν δῆμον κύριον, οὔτε σφαγῆς τῶν ἀρίστων ἀνδρῶν γενομένης οὔτε φυγῆς, οἷον ἐν ἄλλαις πολλαῖς ἐγένετο πόλεσι. Ποθεῖ γὰρ ἕκαστος ἐπὶ τοῖς παραδόξοις ἀκούσμασι τὴν αἰτίαν μαθεῖν καὶ τὸ πιστὸν ἐν ταύτῃ τίθεται μόνῃ. Ἐλογιζόμην οὖν, ὅτι μοι πολλοῦ καὶ τοῦ παντὸς δεήσει πιστὸς εἶναι ὁ λόγος, εἰ τοσοῦτον ἔφην μόνον, ὅτι παρῆκαν οἱ πατρίκιοι τοῖς δημοτικοῖς τὴν ἑαυτῶν δυναστείαν, καὶ ἐξὸν αὐτοῖς ἐν ἀριστοκρατίᾳ πολιτεύεσθαι τὸν δῆμον ἐποίησαν τῶν μεγίστων κύριον, δι´ ἃς δὲ συνεχωρήθη ταῦτ´ αἰτίας παρέλιπον· διὰ τοῦτ´ ἐπεξῆλθον ἁπάσας. Καὶ ἐπειδὴ οὐχ ὅπλοις ἀλλήλους βιασάμενοι καὶ προσαναγκάσαντες, ἀλλὰ λόγοις πείσαντες μεθήρμοσαν, παντὸς μάλιστ´ ἀναγκαῖον ἡγησάμην εἶναι τοὺς λόγους αὐτῶν διεξελθεῖν, οἷς τότ´ οἱ δυναστεύσαντες ἐν ἑκατέροις ἐχρήσαντο. Θαυμάσαιμι δ´ ἄν, εἴ τινες τὰς ἐν τοῖς πολέμοις πράξεις ἀκριβῶς οἴονται δεῖν ἀναγράφειν, καὶ περὶ μίαν ἔστιν ὅτε μάχην πολλοὺς ἀναλίσκουσι λόγους, τόπων τε φύσεις καὶ ὁπλισμῶν ἰδιότητας καὶ τάξεων τρόπους καὶ στρατηγῶν παρακλήσεις καὶ τἆλλα διεξιόντες ὅσα τῆς νίκης αἴτια τοῖς ἑτέροις ἐγένετο· πολιτικὰς δὲ κινήσεις καὶ στάσεις ἀναγράφοντες οὐκ οἴονται δεῖν ἀπαγγέλλειν τοὺς λόγους, δι´ ὧν αἱ παράδοξοι καὶ θαυμασταὶ πράξεις ἐπετελέσθησαν. Εἰ γάρ τι καὶ ἄλλο τῆς Ῥωμαίων πόλεως μέγα ἐγκώμιόν ἐστι καὶ ζηλοῦσθαι ὑπὸ πάντων ἀνθρώπων ἄξιον κἀκεῖνο ἐγένετο κατ´ ἐμὴν δόξαν τὸ ἔργον, μᾶλλον δ´ ὑπὲρ ἅπαντα πολλὰ καὶ θαυμαστὰ ὄντα λαμπρότατον, τὸ μήτε τοὺς δημοτικοὺς καταφρονήσαντας τῶν πατρικίων ἐπιχειρῆσαι αὐτοῖς, καὶ πολὺν ἐργασαμένους τῶν κρατίστων φόνον ἅπαντα τἀκείνων παραλαβεῖν, μήτε τοὺς ἐν τοῖς ἀξιώμασιν ἢ διὰ σφῶν αὐτῶν ἢ ξενικαῖς ἐπικουρίαις χρησαμένους διαφθεῖραι τὸ δημοτικὸν ἅπαν καὶ τὸ λοιπὸν οἰκεῖν ἀδεῶς τὴν πόλιν· ἀλλ´ ὥσπερ ἀδελφοὺς ἀδελφοῖς ἢ παῖδας γονεῦσιν ἐν οἰκίᾳ σώφρονι περὶ τῶν ἴσων καὶ δικαίων διαλεγομένους πειθοῖ καὶ λόγῳ διαλύεσθαι τὰ νείκη, ἀνήκεστον δ´ ἢ ἀνόσιον ἔργον μηθὲν ὑπομεῖναι δρᾶσαι κατ´ ἀλλήλων· οἷα Κερκυραῖοί τε κατὰ τὴν στάσιν εἰργάσαντο καὶ Ἀργεῖοι καὶ Μιλήσιοι καὶ Σικελία πᾶσα καὶ συχναὶ ἄλλαι πόλεις. Ἐγὼ μὲν οὖν διὰ ταῦτα προειλόμην ἀκριβεστέραν μᾶλλον ἢ βραχυτέραν ποιήσασθαι τὴν διήγησιν· κρινέτω δ´ ἕκαστος ὡς βούλεται.
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I. C'EST ici la première fois qu'un patricien ait été cité au tribunal du peuple pour y être jugé. Depuis ce temps là les magistrats plébéiens ont établi la coutume de citer au tribunal du peuple quelque citoyen que ce puisse être. Sa puissance s'est augmentée considérablement. Les grands au contraire ont beaucoup perdu de leur ancienne dignité, pour avoir admis les plébéiens dans le sénat, aux charges, aux dignités sacerdotales, et à tous les plus grands honneurs qui n'appartenaient auparavant qu'aux seuls patriciens. Ils en ont usé de la sorte, partie malgré eux et par nécessité, partie par une conduite sage et prudente, comme je le dirai en son lieu. II. Au reste, cette coutume, [ j'entends la coutume ] de citer les plus puissants de la ville au tribunal du peuple pour y être jugés, peut fournir une ample matière aux réflexions de ceux qui voudront [ la ] louer ou [ la ] blâmer. D'un côté plusieurs personnes de distinction ont été traitées indignement par les tribuns, et livrées à une mort honteuse sans l'avoir mérité. Mais aussi combien a-t-on vu de mauvais citoyens, d'esprits fiers et tyranniques, qui ont été obligés de rendre compte de leur conduite, et qui ont porté les peines dues à leur arrogance insoutenable ? Lors donc que les procédures se faisaient dans les règles de la justice, et que par des voies légitimes on rabattait la fierté des plus puissants, c'était un grand coup d'état : rien ne paraissait de plus digne de l'admiration et des éloges d'un chacun. Mais quand par un effet contraire, des hommes d'une conduite irréprochable dans l'administration de la république, ont été dégradés par envie et maltraités contre toute justice, on s'est récrié contre une si détestable coutume et on en a blâmé les auteurs. Les Romains ont même délibéré plusieurs fois s'il fallait l'abolir ou la conserver telle qu'ils l'avaient reçue de leurs pères : mais toutes leurs délibérations n'ont rien terrine. Pour moi, s'il m'est permis de dire mon sentiment sur une question si importante, j'estime que cette coutume considérée en elle-même était utile et, très nécessaire à la république Romaine, mais qu'elle est devenue tantôt salutaire, tantôt mauvaise, selon le différent génie des tribuns. Quand la dignité tribunitienne tombait à des hommes justes, modérés, prudents, et. moins attachés à leur intérêt particulier qu'à celui de l'état, quiconque faisait quelque tort à la république ne manquait pas de porter la peine qu'il avait méritée. Cette punition servait d'exemple aux autres citoyens, et personne n'était assez hardi pour former de pareilles entreprises. D'un autre côté ceux qui prenaient le maniment des affaires avec de bonnes intentions, n'étaient point en danger ni de se voir maltraités par un jugement ignominieux, ni d'être accusés de crimes entièrement opposés à leur conduite. Mais quand par malheur on donnait le tribunat à des hommes méchants, avides de gain, sans aucune modération, sans honneur et sans probité, il en arrivait tout le contraire. Il ne s'agissait donc pas alors de réformer cette coutume comme mauvaise : mais on ne pouvait prendre trop de précautions pour ne créer que des tribuns d'une conduite irréprochable et pour ne pas donner une dignité si relevée au premier venu. III. Tels furent les commencements, les causes et la fin de la première sédition qui s'excita chez les Romains après l'expulsion des rois. Si j'ai été un peu long sur cette matière, c'est afin de prévenir les lecteurs qui auraient eu de la peine à se persuader que les patriciens eussent pu se résoudre à donner tant de pouvoir au peuple, qui n'a ni tué ni exilé aucun des grands de l'état comme il est arrivé dans plusieurs autres villes. Quand il s'agit de quelque événement extraordinaire, chacun en veut savoir les causes, et on n'y ajoute foi qu'après les avoir connues. Sur ce principe, j'ai fait réflexion que mes paroles ne trouveraient que très peu de créance dans l'esprit des lecteurs, et que peut-être même on n'y ajouterait point de foi, si je me contentais de dire simplement que les patriciens abandonnèrent au peuple leur propre autorité, et que pouvant maintenir l'aristocratie sur l'ancien pied, ils rendirent les plébéiens maitres des affaires les plus importantes, tandis que je négligerais d'ajouter à ma .narration les motifs qui les portèrent à céder au peuple de si beaux privilèges. C'est ce qui m'a engagé à descendre dans le détail de toute ces raisons, et parce que les patriciens et les plébéiens sans avoir recours à la violence et aux armes n'employèrent que la voie de la parole et des remontrances pour parvenir à mettre les affaires du gouvernement sur le pied que nous avons dit, j'ai cru qu'il était nécessaire de présenter aux yeux du lecteur les harangues que firent alors les principaux chefs et orateurs des deux factions. Pour moi je suis surpris du procédé de certains historiens, qui se piquent d'exactitude à raconter les exploits de guerre. Ont-ils à parler d'un combat, ils emploient un temps infini à en faire le détail, à décrire la situation des lieux, les armes des combattants, l'ordre de la bataille, et à rapporter les harangues des généraux avec toutes les circonstances qui ont servi à procurer la victoire à l'une des deux armées : lorsqu'il s'agit des séditions populaires et des révolutions qui sont arrivées dans les républiques les plus célèbres, ils ne croient pas qu'il soit besoin de conserver à la postérité les discours qui ont produit des effets si surprenants et si dignes d'admiration. En effet est-il rien de plus louable dans le gouvernement de la république Romaine, que cette conduite dont je viens de parler ? Est-il rien qui en fasse mieux l'éloge ou qui soit plus digne d'être proposé pour exemple à toutes les nations ? Je le dis sans hésiter : ce qui me charme le plus et ce que je préfère aux actions les plus éclatantes et les plus admirables, c'est cette rare modération qui retenait le peuple dans les bornes du devoir, sans jamais en venir jusqu'à mépriser les patriciens, ou à employer la violence contre les plus puissants, dans la vue de s'emparer de tout ce qui leur appartenait : c'est cette sage conduite des patriciens, qui revêtus des premières dignités, ne se servaient ni de leur propres forces, ni de secours étrangers pour exterminer le peuple, afin d'être dans la suite les seuls maîtres de Rome et de dominer sans rien craindre : c'est cette sacrée et respectable politique, qui les engageait à se comporter ensemble comme des frères, ou comme des enfants envers leurs pères et mères dans une famille bien réglée, et à vider leurs différends par la voie des remontrances et des conférences où chacun apportait ses raisons, sans jamais en venir aux mains, sans employer des voies inhumaines ou causer des maux sans remède, comme il est arrivé aux Corcyriens, aux Argiens, aux Milésiens, à toute la Sicile, et à plusieurs autres villes et républiques où il s'est excité des séditions. Voila pourquoi j'ai pris le parti de m'étendre sur ce sujet, aimant mieux faire ma narration plus longue pourvu qu'elle fût exacte, que de me renfermer dans des bornes trop étroites. Je laissé néanmoins la liberté à un chacun d'en juger comme il lui plaira. |
I. Générosité et grandeur d'âme de Marcius. II. Il part pour son exil. |
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I. [7,67] Τότε δ´ οὖν τῆς δίκης τοῦτο λαβούσης τὸ τέλος ὁ μὲν δῆμος ἀπελύετο προσειληφὼς ἀνόητον αὔχημα καὶ καθῃρηκέναι τὴν ἀριστοκρατίαν οἰόμενος, οἱ δὲ πατρίκιοι κατηφεῖς τε καὶ ταπεινοὶ καὶ δι´ αἰτίας ἔχοντες τὸν Οὐαλέριον, ὑφ´ οὗ πεισθέντες ἐπέτρεψαν τῷ δήμῳ τὴν δίκην· ἦν τ´ οἰμωγὴ καὶ δάκρυα τῶν οἰκτειρόντων τε καὶ προπεμπόντων τὸν Μάρκιον. Αὐτὸς δ´ ὁ Μάρκιος οὔτ´ ἀνακλαυσάμενος ὤφθη τὰς αὑτοῦ τύχας οὔτ´ ἀποιμώξας οὔτ´ ἄλλο εἰπὼν ἢ δράσας ἀνάξιον τῆς ἑαυτοῦ μεγαλοφροσύνης οὐδ´ ὁτιοῦν· ἔτι δὲ μᾶλλον ἐδήλωσε τὴν γενναιότητα καὶ τὴν καρτερίαν τῆς γνώμης, ἐπειδὴ οἴκαδε ἀφικόμενος γυναῖκά τ´ εἶδε καὶ μητέρα καταρρηγνυμένας τοὺς πέπλους καὶ τὰ στέρνα τυπτούσας καὶ οἷα εἰκός ἐστιν ἐπὶ τοιαύταις συμφοραῖς λέγειν τὰς ἀποζευγνυμένας ἀπὸ τῶν ἀναγκαιοτάτων σφίσι θανάτοις ἢ φυγαῖς ἀναβοώσας. Οὐθὲν γὰρ πρὸς τὰ δάκρυα καὶ τοὺς θρήνους τῶν γυναικῶν ἔπαθεν, ἀσπασάμενος δ´ αὐτὰς μόνον, καὶ παρακαλέσας γενναίως φέρειν τὰς συμφοράς, τούς τε παῖδας αὐταῖς παρακαταθέμενος· ὁ γὰρ πρεσβύτερος τῶν παίδων ἦν δέκα γεγονὼς ἔτη, ὁ δὲ νεώτερος ἔτι ὑπαγκάλιος· ἄλλο δ´ οὐθὲν οὔτε φιλοφρονησάμενος οὔτε διοικησάμενος οἷς εἰς τὴν φυγὴν χρήσεσθαι ἔμελλεν, ἐξῄει κατὰ σπουδὴν ἐπὶ τὰς πύλας οὐθενὶ δηλώσας, ὅποι τὴν ἀπαλλαγὴν ποιήσοιτο. |
I. LA sentence prononcée et le jugement fini, le peuple s'en retourna, sottement enflé d'orgueil, dans la persuasion que l'aristocratie était détruite. Les patriciens au contraire, abattus de tristesse et accablés de chagrin, se plaignaient hautement de Valérius qui les avait portés à accorder au peuple le droit de juger un patricien. Ils fondaient en larmes en conduisant Marcius chez lui, et gémissaient sur son sort. Pour lui, on ne le vit point déplorer son malheur, il ne répandit pas une seule larme, il ne fit rien et ne prononça pas une parole qui fût indigne de sa grandeur d'âme, lorsqu'il fut arrivé dans sa maison, il fit paraître une générosité plus qu'humaine, et une force d'esprit qui surpasse toutes nos expressions. A la vue de sa femme et de sa mère qui déchiraient leurs habits, qui frappaient leur poitrine, et qui faisaient retentir l'air de leurs cris et de leurs tristes accents, comme font ordinairement les femmes qui se voient enlever ou par la mort ou par l'exil ce qu'elles ont de plus cher au monde, son courage ne fut point ébranlé. Sans être touché de leurs gémissements ou se laisser attendrir par leurs larmes, il se contenta de leur dire les derniers adieux : il les exhorta à porter généreusement leur malheur, et leur recommanda ses enfants, dont l'aîné n'avait que dix ans, et l'autre était encore entre les bras de sa mère. II. Il n'en dit pas davantage, et sans répondre aux marques de leur tendre affection, sans prendre rien de ce qui pouvait lui être nécessaire pour son exil, sans dire à personne où il avait dessein de se retirer, il gagna promptement. les portes de la ville |
I. Vingtième consulat. Prodiges ; maladies. II. On en recherche les causes ; le vieillard Titus Latinus annonce au sénat que la dernière pompe des jeux n'avait pas été agréable au dieu à l'honneur duquel on l'avait célébrée parce qu'elle avait été conduite par un mauvais danseur. III. Qui était ce mauvais danseur ? |
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I. [7,68] Ὀλίγαις δ´ ὕστερον ἡμέραις καθῆκε μὲν ὁ τῶν ἀρχαιρεσιῶν καιρός, ὕπατοι δ´ ἀπεδείχθησαν ὑπὸ τοῦ δήμου Κόιντος Σουλπίκιος Καμερῖνος καὶ Σέργιος Λάρκιος Φλαύιος τὸ δεύτερον. ταραχαὶ δέ τινες ἐνέπιπτον ἐκ δειμάτων δαιμονίων τῇ πόλει συχναί· ὄψεις τε γὰρ οὐκ εἰωθυῖαι ἐφαίνοντο πολλοῖς, καὶ φωναὶ ἠκούοντο οὐδενὸς ὄντος τοῦ φθεγγομένου, γοναί τ´ ἀνθρώπων καὶ βοσκημάτων πολὺ ἐκ τοῦ κατὰ φύσιν ἐκβεβηκυῖαι εἰς τὸ ἄπιστόν τε καὶ τερατῶδες ἐφέροντο, χρησμοί τ´ ᾔδοντο ἐν πολλοῖς χωρίοις, καὶ θειασμοῖς κάτοχοι γυναῖκες οἰκτρὰς ἐμαντεύοντο καὶ δεινὰς τῇ πόλει τύχας. II. ἥψατο δέ τις καὶ νόσος τοῦ πλήθους λοιμικὴ καὶ πολλὴν ἐποίησε βοσκημάτων φθοράν· ἀνθρώπων μέντοι θάνατος οὐ πολὺς ἐγένετο, ἀλλ´ ἄχρι νόσων τὸ δεινὸν ἐχώρησεν· τοῖς μὲν δὴ ταῦτ´ ἐδόκει κατὰ θεοῦ γενέσθαι γνώμην νεμεσῶντος, ὅτι τὸν ἄριστον τῶν πολιτῶν ἐξήλασαν τῆς πατρίδος, τοῖς δ´ οὐθὲν τῶν γινομένων θεοῦ ἔργον, ἀλλὰ τυχηρὰ καὶ ταῦτα καὶ τἆλλα πάντα ἀνθρώπεια εἶναι πάθη. ἔπειθ´ ἧκέ τις ἐπὶ τὸ συνέδριον τῆς βουλῆς ἄρρωστος ἐπὶ κλινιδίου κομιζόμενος, Τῖτος Λατίνιος ὄνομα, πρεσβύτερός τ´ ἀνὴρ καὶ οὐσίας ἱκανῆς κύριος, αὐτουργὸς δὲ καὶ τὸν πλείω χρόνον τοῦ βίου ζῶν ἐν ἀγρῷ. οὗτος εἰς τὴν βουλὴν ἐνεχθεὶς ἔφη δόξαι καθ´ ὕπνον ἐπιστάντα τὸν Καπιτώλιον Δία λέγειν αὐτῷ· Ἴθι, Λατίνιε, καὶ λέγε τοῖς πολίταις, ὅτι μοι τῆς νεωστὶ πομπῆς τὸν ἡγούμενον ὀρχηστὴν οὐ καλὸν ἔδωκαν, ἵν´ ἀναθῶνται τὰς ἑορτὰς καὶ ἐξ ἀρχῆς ἑτέρας ἐπιτελέσωσιν· οὐ γὰρ δέδεγμαι ταύτας. αὐτὸς δ´ ἐκ τῶν ὕπνων ἔφησεν ἀναστὰς παρ´ οὐδὲν ἡγήσασθαι τὸ ὄναρ, ἀλλ´ ἕν τι τῶν πολλῶν καὶ ἀπατηλῶν ὑπολαβεῖν. ἔπειτ´ αὐτῷ πάλιν κατὰ τοὺς ὕπνους ἐπιφανὲν ταὐτὸ εἴδωλον τοῦ θεοῦ χαλεπαίνειν τε καὶ ἀγανακτεῖν, ὅτι οὐκ ἀπήγγειλε πρὸς τὴν βουλὴν τὰ κελευσθέντα, καὶ ἀπειλεῖν, εἰ μὴ τοῦτο δράσει διὰ ταχέων, ὅτι σὺν μεγάλῳ μαθήσεται κακῷ μὴ ὀλιγωρεῖν τῶν δαιμονίων. ἰδὼν δὲ καὶ τὸ δεύτερον ὄναρ, τὴν αὐτὴν ἔφη ποιήσασθαι περὶ αὐτοῦ δόξαν, καὶ ἅμα δι´ αἰσχύνης {ἔχειν} τὸ πρᾶγμα λαβεῖν, ἀνὴρ αὐτουργὸς καὶ γέρων ὀνείρατα πρὸς τὴν βουλὴν ἐκφέρειν ὀττείας καὶ δειμάτων μεστά, μὴ καὶ γέλωτα ὄφλῃ. ὀλίγαις δ´ ὕστερον ἡμέραις τὸν υἱὸν αὐτοῦ νέον ὄντα καὶ καλὸν οὔτε ὑπὸ νόσων οὔτε ὑπ´ ἄλλης τινὸς αἰτίας φανερᾶς ἀναρπασθέντα αἰφνιδίως ἀποθανεῖν· καὶ αὖθις τὴν τοῦ θεοῦ ὄψιν φανεῖσαν ἐν τοῖς ὕπνοις δηλοῦν, ὅτι τῆς ὑπεροψίας καὶ τῆς καταφρονήσεως τῶν αὐτοῦ λόγων τὴν μὲν ἤδη δέδωκε δίκην τὸν υἱὸν ἀφαιρεθείς, τὰς δ´ ὀλίγον ὕστερον δώσει. ταῦτα δ´ ἀκούσας ἔφη καθ´ ἡδονὴν δέξασθαι τὸν λόγον, εἰ μέλλοι θάνατος αὐτῷ ἐλεύσεσθαι παρημεληκότι τοῦ βίου· τὸν δὲ θεὸν οὐ ταύτην αὐτῷ προσθεῖναι τὴν τιμωρίαν, ἀλλ´ εἰς ἅπαντα τὰ μέλη τοῦ σώματος ἀφορήτους καὶ δεινὰς ἐμβαλεῖν ἀλγηδόνας, ὥστε μηδὲν ἄρθρον ἄνευ κατατάσεως τῆς ἐσχάτης δύνασθαι κινεῖν. τότε δὴ τοῖς φίλοις κοινωσάμενος τὰ συμβεβηκότα καὶ κελευσθεὶς ὑπ´ ἐκείνων ἥκειν ἐπὶ τὴν βουλήν. διεξιὼν δὲ ταῦτα κατὰ μικρὸν ἐδόκει τῶν ἀλγηδόνων ἀπαλλάττεσθαι· καὶ ἐπειδὴ πάντα διεξῆλθεν ἀναστὰς ἐκ τοῦ κλινιδίου καὶ τὸν θεὸν ἀναβοήσας ἀπῄει τοῖς ἑαυτοῦ ποσὶ διὰ τῆς πόλεως οἴκαδε ὑγιής. III. [7,69] Ἡ δὲ βουλὴ δέους ἀνάπλεως ἐγένετο, καὶ ἀχανὴς ἦν ἕκαστος οὐκ ἔχων συμβαλεῖν, ὅ τι τὸ δηλούμενον ἦν ὑπὸ τοῦ θεοῦ, καὶ τίς ποτε ὁ τῆς πομπῆς ὀρχηστὴς προηγούμενος οὐ καλὸς αὐτῷ ἐφάνη. ἔπειτα λέγει τις ἐξ αὐτῶν ἀναμνησθεὶς τὸ γενόμενον, καὶ πάντες ἐμαρτύρησαν. ἦν δὲ τοιόνδε· ἀνὴρ Ῥωμαῖος οὐκ ἀφανὴς θεράποντα ἴδιον ἐπὶ τιμωρίᾳ θανάτου παραδοὺς τοῖς ὁμοδούλοις ἄγειν, ἵνα δὴ περιφανὴς ἡ τιμωρία τοῦ ἀνθρώπου γένηται, δι´ ἀγορᾶς αὐτὸν ἐκέλευσε μαστιγούμενον ἕλκειν καὶ εἴ τις ἄλλος ἦν τῆς πόλεως τόπος ἐπιφανὴς ἡγούμενον τῆς πομπῆς, ἣν ἔστελλε τῷ θεῷ κατ´ ἐκεῖνον τὸν καιρὸν ἡ πόλις. οἱ δ´ ἄγοντες τὸν θεράποντα ἐπὶ τὴν τιμωρίαν τὰς χεῖρας ἀποτείναντες ἀμφοτέρας καὶ ξύλῳ προσδήσαντες παρὰ τὰ στέρνα τε καὶ τοὺς ὤμους καὶ μέχρι τῶν καρπῶν διήκοντι παρηκολούθουν ξαίνοντες μάστιξι γυμνὸν ὄντα. ὁ δ´ ἐν τοιᾷδε ἀνάγκῃ κρατούμενος ἐβόα τε φωνὰς δυσφήμους, ἃς ἡ ἀλγηδὼν ἐβούλετο, καὶ κινήσεις διὰ τὴν αἰκίαν ἀσχήμονας ἐκινεῖτο. τοῦτον δὴ πάντες ἐνόμισαν εἶναι τὸν ὑπὸ τοῦ θεοῦ μηνυόμενον ὀρχηστὴν οὐ καλόν. |
I. QUELQUES jours après, le temps des comices étant venu., le peuple nomma consuls Quintus Sulpicius Camerinus, et Spurius Largius Flavus pour la seconde fois. Cette année il parut un grand nombre de prodiges envoyés. des dieux, et la ville de Rome en fut alarmée. Plusieurs personnes virent des spectres extraordinaires et d'une forme terrible. On entendit des voix épouvantables sans savoir d'où elles pouvaient venir. Les hommes et les animaux produisirent des monstres d'une figure prodigieuse, telle qu'on n'avait jamais rien vu de semblable. II le rendait des oracles en différents endroits. Des femmes agitées par une fureur divine prédisaient à la ville de Rome les malheurs les plus terribles. Les hommes étaient atteints d'une espèce de maladie pestilente qui enlevait aussi une grande quantité de bestiaux, et quoique la plupart de ceux qui en étaient frappés, en fusent quittes pour le mal sans en mourir, elle fut néanmoins très fréquente et répandit l'alarme dans tous les quartiers de la ville. II. Les uns [ disaient ] que ce fléau était envoyé de la part des dieux en punition de ce qu'on avait chassé de la patrie le meilleur des citoyens. Les autres prétendaient que les dieux n'y avaient aucune part ; ils regardaient cette contagion comme un pur effet du hasard, semblable à une infinité d'autres accidents qui arrivent aux hommes. Enfin un certain vieillard, nommé Titus Latinus, qui était accablé d'infirmités, se fit porter à l'assemblée du sénat dans une litière. Il était passablement riche, et la plupart du temps il demeurait à la campagne où il travaillait de ses mains. Lorsqu'on l'eut fait entrer dans le sénat, il dit qu'il croyait avoir vu en songe Jupiter Capitolin qui lui disait : « Latinus, va dire aux citoyens que dans la dernière solennité des jeux, ils ne m'ont pas donné un beau danseur pour conduire la cérémonie et pour marcher devant la pompe. Va leur dire qu'ils recommencent la fête et qu'ils la célèbrent mieux qu'ils n'ont fait la dernière fois : car je n'ai pas accepté la première, elle ne m'a point été agréable. » Il ajoutait qu'après s'être éveillé il n'avait fait aucun cas de ce songe, et qu'il l'avait regardé comme une de ces visions fausses et trompeuses qu'on a souvent pendant la nuit : mais que le dieu lui était encore apparu une seconde fois en songe sous la même forme, fort en colère de ce qu'il n'avait pas été dire au sénat ce qu'il lui avait ordonné ; qu'il l'avait en même temps menacé que s'il n'obéissait au plus vite, il apprendrait à son grand malheur, à ne pas faire si peu de cas des ordres des dieux : Qu'il avait jugé de ce second songe comme du premier, que n'étant qu'un pauvre vieillard qui travaillait de ses mains à la campagne, il avait eu honte d'aller étourdir le sénat sur un songe vain qui l'épouvantait, et qu'il avait craint d'apprêter à rire à toute l'illustre compagnie. Que quelques jours après ce second avertissement, son fils qui était un jeune homme des mieux faits, lui avait été enlevé par une mort subite, sans avoir eu aucune maladie et sans qu'on pût savoir la cause de cet accident. Que le dieu lui était apparu une troisième fois, qu'il lui avait dit que la perte de son fils était une partie de la punition qu'il méritait pour avoir négligé et méprisé ses avertissements, et que dans peu il subirait le reste du châtiment. Que comme il n'avait plus rien qui l'attachât à la vie, il avait reçu ces menaces avec joie, dans l'espérance que la mort viendrait bientôt le délivrer. Que cependant, au lieu de cette punition, le dieu lui avait envoyé dans toutes les parties de son corps, un mal si cruel et si insupportable, qu'il ne pouvait remuer un de ses membres sans sentir les douleurs les plus cuisantes. Que pour lors il avait pris conseil de ses amis et que par leur ordre il était venu trouver le sénat. Pendant qu'il racontait ce songe, il lui semblait que ses douleurs diminuaient peu à peu : quand il eut achevé le récit, il se leva de sa litière, il invoqua le dieu, traversa la ville, et marchant à pied il s'en re tourna chez-lui dans une santé parfaite III. SUR ce récit le sénat fut saisi de crainte et. d'étonnement. Chacun demeura dans le silence, ne pouvant deviner ce que signifiaient les avertissements du dieu, ni quel pouvait être ce conducteur de la pompe des jeux qui ne lui avait pas plu. Enfin un des sénateurs se ressouvint du fait et le raconta avec l'approbation de toute l'assemblée. Voici ce fait. Un Romain de quelque distinction avait livré un de ses esclaves entre les mains des autres pour le conduire au dernier supplice. Afin que la punition se fît à la vue de tout le monde, il leur avait ordonné de le conduire en le battant de verges par le milieu de la place publique et. des autres places remarquables, et de le faire marcher devant la pompe des jeux que Rome célébrait alors en l'honneur du dieu dont nous venons de parler. Ceux qui conduisaient cet esclave au supplice lui étendirent les deux bras avec un morceau de bois attaché à sa poitrine et à ses épaules et qui allait jusqu'aux. jointures des mains avec les bras. Ils le suivaient en frappant à grands coups de fouet sur son corps tout nu. Le pauvre patient dans un état si malheureux jetait des cris épouvantables. La violence de la douleur lui arrachait des imprécations et lui faisait faire des contorsions indécentes à chaque coup que lui donnaient les bourreaux. Toute l'assemblée du sénat ne douta point que ce ne fût là ce mauvais danseur dont le dieu se plaignait. |
I. Qu'on prouve par les cérémonies de ces jeux, que les Romains tiraient leur origine des Grecs. II. Qu'ils les avaient empruntées des anciens peuples de Grèce. III. Pourquoi le sénat institua cet jeux. IV. Description des jeux Romains. V. Que la coutume défaire combattre des athlètes nus venait des Grecs. VI. Les danseurs, les joueurs d'instruments etc. VII. Les danses satyriques. VIII. Joueurs de harpe et de flûte etc. IX. Que dans les sacrifices les Romains suivaient les cérémonies des anciens Grecs. X. Courses des chevaux, combats, jeux etc. XI. Le sénat ordonne de recommencer la célébration dis jeux Romains. |
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I. [7,70] Ἐπεὶ δὲ κατὰ τοῦτο γέγονα τῆς ἱστορίας τὸ μέρος, οὐκ οἴομαι δεῖν τὰ περὶ τὴν ἑορτὴν ἐπιτελούμενα ὑπ´ αὐτῶν παρελθεῖν, οὐχ ἵνα μοι χαριεστέρα γένηται προσθήκας λαβοῦσα θεατρικὰς καὶ λόγους ἀνθηροτέρους ἡ διήγησις, ἀλλ´ ἵνα τῶν ἀναγκαίων τι πιστώσηται πραγμάτων, ὅτι τὰ συνοικίσαντα ἔθνη τὴν Ῥωμαίων πόλιν Ἑλληνικὰ ἦν ἐκ τῶν ἐπιφανεστάτων ἀποικισθέντα τόπων, ἀλλ´ οὐχ ὥσπερ ἔνιοι νομίζουσι βάρβαρα καὶ ἀνέστια· ὑπεσχόμην γὰρ ἐπὶ τῷ τέλει τῆς πρώτης γραφῆς, ἣν περὶ τοῦ γένους αὐτῶν συνταξάμενος ἐξέδωκα, μυρίοις βεβαιώσειν τεκμηρίοις τὴν πρόθεσιν, ἔθη καὶ νόμιμα καὶ ἐπιτηδεύματα παλαιὰ παρεχόμενος αὐτῶν, ἃ μέχρι τοῦ κατ´ ἐμὲ φυλάττουσι χρόνου, οἷα παρὰ τῶν προγόνων ἐδέξαντο· οὐχ ἡγούμενος ἀποχρῆν τοῖς ἀναγράφουσι τὰς ἀρχαίας καὶ τοπικὰς ἱστορίας, ὡς παρὰ τῶν ἐπιχωρίων αὐτὰς παρέλαβον, ἀξιοπίστως διελθεῖν, ἀλλὰ καὶ μαρτυριῶν οἰόμενος αὐταῖς δεῖν πολλῶν καὶ δυσαντιλέκτων, εἰ μέλλουσι πισταὶ φανήσεσθαι. Ἐν αἷς πρῶτα καὶ κυριώτατα πάντων εἶναι πείθομαι τὰ γινόμενα καθ´ ἑκάστην πόλιν περὶ θεῶν καὶ δαιμόνων πατρίους σεβασμούς. Ταῦτα γὰρ ἐπὶ μήκιστον χρόνον διὰ φυλακῆς ἔχει Ἑλλάς τε καὶ βάρβαρος χώρα, καὶ οὐθὲν ἀξιοῖ καινοτομεῖν εἰς αὐτὰ ὑπὸ δείματος κρατουμένη μηνιμάτων δαιμονίων. Μάλιστα δὲ τοῦτο πεπόνθασιν οἱ βάρβαροι διὰ πολλὰς αἰτίας, ἃς οὐ καιρὸς ἐν τῷ παρόντι λέγειν, καὶ χρόνος οὐθεὶς μέχρι τοῦ παρόντος ἀπομαθεῖν ἢ παρανομῆσαί τι περὶ τοὺς ὀργιασμοὺς τῶν θεῶν ἔπεισεν οὔτ´ Αἰγυπτίους οὔτε Λίβυας οὔτε Κελτοὺς οὔτε Σκύθας οὔτ´ Ἰνδοὺς οὔτ´ ἄλλο βάρβαρον ἔθνος οὐδὲν ἁπλῶς· εἰ μή τινες ὑφ´ ἑτέρων ἐξουσίᾳ ποτὲ γενόμενοι τὰ τῶν κρατησάντων ἠναγκάσθησαν ἐπιτηδεύματα μεταλαβεῖν. Τῇ δὲ Ῥωμαίων πόλει τοιαύτης οὐδέποτε πειραθῆναι συνέβη τύχης, ἀλλ´ αὐτὴ τὰ δίκαια τάττει διὰ παντὸς ἑτέροις. Εἰ δὴ βάρβαρον αὐτῶν τὸ γένος ἦν, τοσούτου ἂν ἐδέησαν αὐτοὶ τὰ πατρῷα ἱερὰ καὶ τοὺς ἐπιχωρίους ἐθισμοὺς ἀπομαθεῖν, δι´ οὓς εἰς τοσαύτην προῆλθον εὐδαιμονίαν, ὥστε καὶ τοῖς ἄλλοις ἅπασιν, ὧν ἦρχον, ἐν καλῷ κατέστησαν τοὺς θεοὺς τοῖς σφετέροις τιμᾶν νομίμοις· καὶ οὐθὲν ἂν ἐκώλυσεν ἅπαν ἐκβεβαρβαρῶσθαι τὸ Ἑλληνικὸν ὑπὸ Ῥωμαίων ἑβδόμην ἤδη κρατούμενον ὑπ´ αὐτῶν γενεάν, εἴπερ ἦσαν βάρβαροι. II. [7,71] Ἕτερος μὲν οὖν ἀποχρῆν ἂν ὑπέλαβε καὶ αὐτὰ τὰ νῦν πραττόμενα ἐν τῇ πόλει μηνύματα οὐ μικρὰ τῶν παλαιῶν ἐπιτηδευμάτων ὑπολαβεῖν· ἐγὼ δ´, ἵνα μή τις ἀσθενῆ τὴν πίστιν εἶναι ταύτην ὑπολάβῃ {εἴτε} κατ´ ἐκείνην τὴν ἀπίθανον ὑπόληψιν, ὅτι παντὸς τοῦ Ἑλληνικοῦ κρατήσαντες ἀσμένως ἂν τὰ κρείττω μετέμαθον ἔθη τῶν ἐπιχωρίων ὑπεριδόντες, ἐξ ἐκείνου ποιήσομαι τοῦ χρόνου τὴν τέκμαρσιν, ὅτ´ οὔπω τὴν τῆς Ἑλλάδος εἶχον ἡγεμονίαν οὐδὲ ἄλλην διαπόντιον οὐδεμίαν ἀρχήν, Κοίντῳ Φαβίῳ βεβαιωτῇ χρώμενος καὶ οὐδεμιᾶς ἔτι δεόμενος πίστεως ἑτέρας· παλαιότατος γὰρ ἁνὴρ τῶν τὰ Ῥωμαϊκὰ συνταξαμένων, καὶ πίστιν οὐκ ἐξ ὧν ἤκουσε μόνον, ἀλλὰ καὶ ἐξ ὧν αὐτὸς ἔγνω παρεχόμενος. III. Ταύτην δὴ τὴν ἑορτὴν ἐψηφίσατο μὲν ἡ βουλὴ τῶν Ῥωμαίων ἄγειν, ὡς καὶ πρότερον ἔφην, κατὰ τὰς γενομένας εὐχὰς ὑπὸ τοῦ δικτάτορος Αὔλου Ποστομίου, ὅτ´ ἔμελλεν ἀγωνίζεσθαι πρὸς τὰς ἀποστάσας Λατίνων πόλεις κατάγειν ἐπιχειρούσας Ταρκύνιον ἐπὶ τὴν ἀρχήν· ἀναλοῦσθαι δ´ ἔταξε καθ´ ἕκαστον ἐνιαυτὸν εἴς τε τὰς θυσίας καὶ τοὺς ἀγῶνας ἀργυρίου πεντακοσίας μνᾶς· καὶ μέχρι τοῦ Φοινικικοῦ πολέμου ταῦτ´ ἐδαπάνων εἰς τὴν ἑορτήν. IV. Ἐν δὲ ταῖς ἱεραῖς ἡμέραις ταύταις πολλὰ μὲν καὶ ἄλλα ἐγίνετο νόμοις Ἑλληνικοῖς κατά τε πανηγυρισμοὺς καὶ ξένων ὑποδοχὰς καὶ ἐκεχειρίας, ἃ πολὺ ἂν ἔργον εἴη λέγειν, τὰ δὲ περὶ πομπήν τε καὶ θυσίαν καὶ τὰ κατὰ τοὺς ἀγῶνας· ἀπόχρη γὰρ ἐκ τούτων καὶ τὰ μὴ λεχθέντα ἐξετάζειν· τοιάδε. [7,72] Πρὶν ἄρξασθαι τῶν ἀγώνων, πομπὴν ἔστελλον τοῖς θεοῖς οἱ τὴν μεγίστην ἔχοντες ἐξουσίαν, ἀπὸ τοῦ Καπιτωλίου τε καὶ δι´ ἀγορᾶς ἄγοντες ἐπὶ τὸν μέγαν ἱππόδρομον. Ἡγοῦντο δὲ τῆς πομπῆς πρῶτον μὲν οἱ παῖδες αὐτῶν οἱ πρόσηβοί τε καὶ τοῦ πομπεύειν ἔχοντες ἡλικίαν, ἱππεῖς μέν, ὧν οἱ πατέρες τιμήματα ἱππέων εἶχον, πεζοὶ δ´ οἱ μέλλοντες ἐν τοῖς πεζοῖς στρατεύεσθαι· οἱ μὲν κατ´ ἴλας τε καὶ κατὰ λόχους, οἱ δὲ κατὰ συμμορίας τε καὶ τάξεις ὡς εἰς διδασκαλεῖον πορευόμενοι· ἵνα φανερὰ γίνοιτο τοῖς ξένοις ἡ μέλλουσα ἀνδροῦσθαι τῆς πόλεως ἀκμὴ πλῆθός τε καὶ κάλλος οἵα τις ἦν. Τούτοις ἠκολούθουν ἡνίοχοι τὰ τέθριππά τε καὶ τὰς συνωρίδας καὶ τοὺς ἀζεύκτους ἵππους ἐλαύνοντες· μεθ´ οὓς οἱ τῶν ἀθλημάτων ἀγωνισταὶ τῶν τε κούφων καὶ τῶν βαρέων V. τὸ μὲν ἄλλο σῶμα γυμνοί, τὸ δὲ περὶ τὴν αἰδῶ καλυπτόμενοι. Τοῦτο καὶ εἰς ἐμὲ τὸ ἔθος ἐν Ῥώμῃ διέμενεν, ὡς ἐξ ἀρχῆς ἐγίνετο παρ´ Ἕλλησιν· ἐν Ῥώμῃ διέμενεν, ὡς ἐξ ἀρχῆς Λακεδαιμονίων αὐτὸ καταλυσάντων. Ὁ δὲ πρῶτος ἐπιχειρήσας ἀποδυθῆναι τὸ σῶμα καὶ γυμνὸς Ὀλυμπίασι δραμὼν ἐπὶ τῆς πεντεκαιδεκάτης ὀλυμπιάδος Ἄκανθος ὁ Λακεδαιμόνιος ἦν. Τὰ δὲ πρὸ τούτων δι´ αἰσχύνης εἶχον ἅπαντες Ἕλληνες ὅλα γυμνὰ φαίνειν ἐν ταῖς ἀγωνίαις τὰ σώματα, ὡς Ὅμηρος τεκμηριοῖ, μαρτύρων ἀξιοπιστότατός τε καὶ ἀρχαιότατος ὢν ζωννυμένους τοὺς ἥρωας ποιῶν. Τὴν γοῦν Αἴαντος καὶ Ὀδυσσέως πάλην ἐπὶ τῇ Πατρόκλου ταφῇ γενομένην ἀφηγούμενός φησι· Τὼ δὲ ζωσαμένω βήτην ἐς μέσσον ἀγῶνα· καὶ ἔτι σαφέστερον ἐν Ὀδυσσείᾳ τοῦτο ποιεῖ φανερὸν ἐπὶ τῆς Ἴρου καὶ Ὀδυσσέως πυγμῆς ἐν τοῖσδε τοῖς ἔπεσιν·
Ὣς ἔφαθ´· οἱ δ´ ἄρα πάντες ἐπῄνεον· αὐτὰρ Ὀδυσσεὺς Στήθεά τε στιβαροί τε βραχίονες. Τὸν δὲ πτωχὸν οὐκέτι βουλόμενον μάχεσθαι, ἀλλ´ ἀποδειλιῶντα εἰσάγων τάδε εἴρηκεν·
Ὡς ἂρ ἔφαν· Ἴρῳ δὲ κακῶς ὠρίνετο θυμός· Τοῦτο δὴ τὸ ἔθος ἀρχαῖον ἐν τοῖς Ἕλλησιν ὂν οἱ φυλάττοντες μέχρι τοῦδε Ῥωμαῖοι δῆλοί εἰσιν οὐ προσμαθόντες παρ´ ἡμῶν ὕστερον, ἀλλ´ οὐδὲ μεταθέμενοι σὺν χρόνῳ καθάπερ ἡμεῖς. VI. Ἠκολούθουν δὲ τοῖς ἀγωνισταῖς ὀρχηστῶν χοροὶ πολλοὶ τριχῇ νενεμημένοι, πρῶτοι μὲν ἀνδρῶν, δεύτεροι δ´ ἀγενείων, τελευταῖοι δὲ παίδων, οἷς παρηκολούθουν αὐληταί τ´ ἀρχαϊκοῖς ἐμφυσῶντες αὐλίσκοις βραχέσιν, ὡς καὶ εἰς τόδε χρόνου γίνεται, καὶ κιθαρισταὶ λύρας ἑπταχόρδους ἐλεφαντίνας καὶ τὰ καλούμενα βάρβιτα κρέκοντες. Ἧν παρὰ μὲν Ἕλλησιν ἐκλέλοιπεν ἡ χρῆσις ἐπ´ ἐμοῦ πάτριος οὖσα· παρὰ δὲ Ῥωμαίοις ἐν ἁπάσαις φυλάττεται ταῖς ἀρχαίαις θυηπολίαις. Σκευαὶ δὲ τῶν ὀρχηστῶν ἦσαν χιτῶνες φοινίκεοι ζωστῆρσι χαλκέοις ἐσφιγμένοι, καὶ ξίφη παρηρτημένα, καὶ λόγχαι βραχύτεραι τῶν μετρίων· τοῖς δ´ ἀνδράσι καὶ κράνη χάλκεα λόγοις ἐπισήμοις κεκοσμημένα καὶ πτεροῖς. Ἡγεῖτο δὲ καθ´ ἕκαστον χορὸν εἷς ἀνήρ, ὃς ἐνεδίδου τοῖς ἄλλοις τὰ τῆς ὀρχήσεως σχήματα, πρῶτος εἰδοφορῶν τὰς πολεμικὰς καὶ συντόνους κινήσεις ἐν τοῖς προκελευσματικοῖς ὡς τὰ πολλὰ ῥυθμοῖς. Ἑλληνικὸν δ´ ἄρα καὶ τοῦτ´ ἦν ἐν τοῖς πάνυ παλαιὸν ἐπιτήδευμα, ἐνόπλιος ὄρχησις ἡ καλουμένη πυρρίχη, εἴτ´ Ἀθηνᾶς πρώτης ἐπὶ Τιτάνων ἀφανισμῷ χορεύειν καὶ ὀρχεῖσθαι σὺν τοῖς ὅπλοις τἀπινίκια ὑπὸ χαρᾶς ἀρξαμένης, εἴτε παλαίτερον ἔτι Κουρήτων αὐτὴν καταστησαμένων, ὅτε τὸν Δία τιθηνούμενοι θέλγειν ἐβούλοντο κτύπῳ τε ὅπλων καὶ κινήσει μελῶν ἐνρύθμῳ καθάπερ ὁ μῦθος ἔχει. Δηλοῖ δὲ καὶ τούτου τὴν ἀρχαιότητα ὡς ἐπιχωρίου τοῖς Ἕλλησιν Ὅμηρος πολλαχῇ μὲν καὶ ἄλλῃ, μάλιστα δ´ ἐν ἀσπίδος κατασκευῇ, ἣν Ἀχιλλεῖ δωρήσασθαί φησιν Ἥφαιστον. Ὑποθέμενος γὰρ ἐν αὐτῇ δύο πόλεις τὴν μὲν εἰρήνῃ κοσμουμένην, τὴν δὲ πολέμῳ κακοπαθοῦσαν, ἐν ᾗ τὴν ἀμείνω καθίστησι τύχην ἑορτὰς ποιῶν καὶ γάμους καὶ θαλίας ὥσπερ εἰκὸς καὶ ταῦτα λέγει·
Κοῦροι δ´ ὀρχηστῆρες ἐδίνεον· ἐν δ´ ἄρα τοῖσιν
Καὶ αὖθις ἕτερον ἐν αὐτῇ λέγων διακεκοσμῆσθαι Κρητικὸν ἠιθέων τε καὶ παρθένων χορὸν ὧδε εἴρηκεν·
Ἐν δὲ χορὸν ποίκιλλε περικλυτὸς ἀμφιγυήεις,
Κόσμον τ´ αὐτοῦ ἀφηγούμενος, ἵνα δῆλον ἡμῖν ποιήσειεν, ὅτι ἡ τῶν ἀρρένων κίνησις ἐνόπλιος ἦν, τάδε λέγει·
Καί ῥ´ αἱ μὲν καλὰς στεφάνας ἔχον, οἱ δὲ μαχαίρας Ἡγεμόνας τε τῆς ὀρχήσεως αὐτῶν τοὺς ἐνδιδόντας τοῖς ἄλλοις καὶ προκαταρχομένους εἰσάγων τοιάδε γράφει·
Πολλὸς δ´ ἱμερόεντα χορὸν περιΐσταθ´ ὅμιλος VII. Οὐ μόνον δ´ ἐκ τῆς ἐναγωνίου τε καὶ κατεσπουδασμένης ὀρχήσεως τῶν χορῶν, ᾗ παρὰ τὰς θυηπολίας τε καὶ πομπὰς ἐχρῶντο Ῥωμαῖοι, τὸ συγγενὲς ἄν τις αὐτῶν τὸ πρὸς τοὺς Ἕλληνας ἴδοι, ἀλλὰ καὶ ἐκ τῆς κερτόμου καὶ τωθαστικῆς. Μετὰ γὰρ τοὺς ἐνοπλίους χοροὺς οἱ τῶν σατυριστῶν ἐπόμπευον χοροὶ τὴν Ἑλληνικὴν εἰδοφοροῦντες σίκιννιν. Σκευαὶ δ´ αὐτοῖς ἦσαν τοῖς μὲν εἰς Σιληνοὺς εἰκασθεῖσι μαλλωτοὶ χιτῶνες, οὓς ἔνιοι χορταίους καλοῦσι, καὶ περιβόλαια ἐκ παντὸς ἄνθους· τοῖς δ´ εἰς Σατύρους περιζώματα καὶ δοραὶ τράγων καὶ ὀρθότριχες ἐπὶ ταῖς κεφαλαῖς φόβαι καὶ ὅσα τούτοις ὅμοια. Οὗτοι κατέσκωπτόν τε καὶ κατεμιμοῦντο τὰς σπουδαίας κινήσεις ἐπὶ τὰ γελοιότερα μεταφέροντες. Δηλοῦσι δὲ καὶ αἱ τῶν θριάμβων εἴσοδοι παλαιὰν καὶ ἐπιχώριον οὖσαν Ῥωμαίοις τὴν κέρτομον καὶ σατυρικὴν παιδιάν. Ἐφεῖται γὰρ τοῖς κατάγουσι τὰς νίκας ἰαμβίζειν τε καὶ κατασκώπτειν τοὺς ἐπιφανεστάτους ἄνδρας αὐτοῖς στρατηλάταις, ὡς Ἀθήνησι τοῖς πομπευταῖς τοῖς ἐπὶ τῶν ἁμαξῶν πρότερον ἅμα {τοῖς} σκώμμασι παροχουμένοις, νῦν δὲ ποιήματ´ ᾄδουσιν αὐτοσχέδια. Εἶδον δὲ καὶ ἐν ἀνδρῶν ἐπισήμων ταφαῖς ἅμα ταῖς ἄλλαις πομπαῖς προηγουμένους τῆς κλίνης τοὺς σατυριστῶν χοροὺς κινουμένους τὴν σίκιννιν ὄρχησιν, μάλιστα δ´ ἐν τοῖς τῶν εὐδαιμόνων κήδεσιν. Ὅτι δ´ οὔτε Λιγύων οὔτ´ Ὀμβρικῶν οὔτ´ ἄλλων τινῶν βαρβάρων τῶν ἐν Ἰταλίᾳ κατοικούντων εὕρημα ἡ σατυρικὴ παιδιὰ καὶ ὄρχησις ἦν, ἀλλ´ Ἑλλήνων, δέδοικα, μὴ καὶ ὀχληρὸς εἶναί τισι δόξω, λόγοις πλείοσι πιστοῦσθαι ὁμολογούμενον πρᾶγμα βουλόμενος. VIII. Μετὰ δὲ τοὺς χοροὺς τούτους κιθαρισταί τ´ ἀθρόοι καὶ αὐληταὶ πολλοὶ παρεξῄεσαν· καὶ μετ´ αὐτοὺς οἵ τε τὰ θυμιατήρια κομίζοντες, ἐφ´ ὧν ἀρώματα καὶ λιβανωτὸς παρ´ ὅλην ὁδὸν ἐθυμιᾶτο, καὶ οἱ τὰ πομπεῖα παραφέροντες ἀργυρίου καὶ χρυσίου πεποιημένα τά τε ἱερὰ καὶ τὰ δημόσια. Τελευταῖα δὲ πάντων αἱ τῶν θεῶν εἰκόνες ἐπόμπευον ὤμοις ὑπ´ ἀνδρῶν φερόμεναι, μορφάς θ´ ὁμοίας παρέχουσαι ταῖς παρ´ Ἕλλησι πλαττομέναις καὶ σκευὰς καὶ σύμβολα καὶ δωρεάς, ὧν εὑρεταὶ καὶ δοτῆρες ἀνθρώποις ἕκαστοι παραδίδονται, οὐ μόνον Διὸς καὶ Ἥρας καὶ Ἀθηνᾶς καὶ Ποσειδῶνος καὶ τῶν ἄλλων, οὓς Ἕλληνες ἐν τοῖς δώδεκα θεοῖς καταριθμοῦσιν, ἀλλὰ καὶ τῶν προγενεστέρων, ἐξ ὧν οἱ δώδεκα θεοὶ μυθολογοῦνται γενέσθαι, Κρόνου καὶ Ῥέας καὶ Θέμιδος καὶ Λητοῦς καὶ Μοιρῶν καὶ Μνημοσύνης καὶ τῶν ἄλλων ἁπάντων, ὅσων ἐστὶν ἱερὰ καὶ τεμένη παρ´ Ἕλλησι· καὶ τῶν ὕστερον, ἀφ´ οὗ τὴν ἀρχὴν Ζεὺς παρέλαβε, μυθολογουμένων γενέσθαι, Περσεφόνης Εἰλειθυίας Νυμφῶν Μουσῶν Ὡρῶν Χαρίτων Διονύσου, καὶ ὅσων ἡμιθέων γενομένων αἱ ψυχαὶ τὰ θνητὰ ἀπολιποῦσαι σώματα εἰς οὐρανὸν ἀνελθεῖν λέγονται, καὶ τιμὰς λαχεῖν ὁμοίας θεοῖς, Ἡρακλέους Ἀσκληπιοῦ Διοσκούρων Σελήνης Πανὸς ἄλλων μυρίων. Καίτοι εἰ βάρβαροι ἦσαν οἱ τὴν Ῥώμην οἰκίσαντες καὶ τὴν ἑορτὴν ταύτην καταστησάμενοι, τί προσῆκεν αὐτοῖς τοὺς μὲν Ἑλληνικοὺς ἅπαντας σέβειν θεούς τε καὶ δαίμονας, τῶν δὲ πατρίων ὑπερορᾶν; Ἢ δειξάτω τις ἡμῖν ἔξω τοῦ Ἑλληνικοῦ φῦλον ἕτερον, ᾧ πάτριά ἐστι ταῦτα τὰ ἱερά, καὶ τότε διαβαλλέτω ταύτην τὴν ἀπόδειξιν ὡς οὐχ ὑγιῆ. IX. Συντελεσθείσης δὲ τῆς πομπῆς ἐβουθύτουν εὐθὺς οἵ θ´ ὕπατοι καὶ τῶν ἱερέων οἷς ὅσιον, καὶ ὁ τῶν θυηπολιῶν τρόπος ὁ αὐτὸς ἦν τῷ παρ´ ἡμῖν. Χερνιψάμενοί τε γὰρ αὐτοὶ καὶ τὰ ἱερὰ καθαρῷ περιαγνίσαντες ὕδατι καὶ Δημητρίους καρποὺς ἐπιρράναντες αὐτῶν ταῖς κεφαλαῖς, ἔπειτα κατευξάμενοι, θύειν τότε τοῖς ὑπηρέταις αὐτὰ ἐκέλευον. Τῶν δ´ οἱ μὲν ἑστῶτος ἔτι τοῦ θύματος σκυτάλῃ τοὺς κροτάφους ἔπαιον, οἱ δὲ πίπτοντος ὑπετίθεσαν τὰς σφαγίδας, καὶ μετὰ τοῦτο δείραντές τε καὶ μελίσαντες ἀπαρχὰς ἐλάμβανον ἐξ ἑκάστου σπλάγχνου καὶ παντὸς ἄλλου μέλους, ἃς ἀλφίτοις ζέας ἀναδεύσαντες προσέφερον τοῖς θύουσιν ἐπὶ κανῶν· οἱ δ´ ἐπὶ τοὺς βωμοὺς ἐπιθέντες ὑφῆπτον καὶ προσέσπενδον οἶνον κατὰ τῶν ἁγνιζομένων. Ἕκαστον δ´ ὅτι κατὰ νόμους ἐγίνετο τοὺς ἀμφὶ θυσίαν ὑφ´ Ἑλλήνων κατασταθέντας, ἐκ τῆς Ὁμήρου ποιήσεως γνῶναι ῥᾴδιον. Καὶ γὰρ χερνιπτομένους εἰσάγει τοὺς ἥρωας καὶ οὐλαῖς χρωμένους ἐν οἷς φησι· Χερνίψαντο δ´ ἔπειτα καὶ οὐλοχύτας ἀνέλοντο. Τριχοτομοῦντάς τ´ ἀπὸ τῆς κεφαλῆς τὰς τρίχας καὶ τιθέντας ἐπὶ τὸ πῦρ ὧδε γράφων· Ἀλλ´ ὅ γ´ ἀπαρχόμενος κεφαλῆς τρίχας ἐν πυρὶ βάλλε. Σκυτάλαις τε παίοντας τὰ μέτωπα τῶν ἱερείων καὶ τὰ πεσόντα θύοντας, ὡς ἐπὶ τῆς Εὐμαίου ποιεῖ θυσίας·
Κόψε δ´ ἀπαρχόμενος σχίζῃ δρυός, ἣν λίπε κείων.
Ἀπαρχάς τ´ ἀπὸ τῶν σπλάγχνων καὶ ἀπὸ τῶν ἄλλων λαμβάνοντας μελῶν, καὶ ταύτας ἀλφίτοις δεύοντας καὶ καθαγίζοντας ἐπὶ τῶν βωμῶν, ὡς ἐπὶ τῆς αὐτῆς ποιεῖ θυσίας· ὁ δ´ ὠμοθετεῖτο συβώτης,
Πάντοθεν ἀρχόμενος μελέων ἐς πίονα δημόν·
ἐπὶ ταῖς θυσίαις ἰδὼν ἐπίσταμαι· καὶ μιᾷ πίστει τῇδε ἀρκούμενος οὐ βαρβάρους ἐπείσθην εἶναι τοὺς οἰκιστὰς τῆς Ῥώμης, ἀλλ´ ἐκ πολλῶν τόπων συνεληλυθότας Ἕλληνας. Ὀλίγα μὲν γὰρ ἐπιτηδεύματα περὶ θυσίας τε καὶ ἑορτὰς ὁμοίως Ἕλλησι καὶ βαρβάρους τινὰς ἐπιτελεῖν ἐνδέχεται, πάντα δὲ ταὐτὰ πράττειν ἀπίθανον. X. [7,73] Λοιπὸν δ´ ἔτι μοι καὶ περὶ τῶν ἀγώνων, οὓς μετὰ τὴν πομπὴν ἐπετέλουν, ὀλίγα διελθεῖν. Πρῶτος ὁ τῶν τεθρίππων τε καὶ συνωρίδων καὶ τῶν ἀζεύκτων ἵππων ἐγίνετο δρόμος, ὡς παρ´ Ἕλλησι τὸ ἀρχαῖον Ὀλυμπίασί τε καὶ μέχρι τοῦ παρόντος. Ἐν δὲ ταῖς ἱππικαῖς ἁμίλλαις ἐπιτηδεύματα δύο τῶν πάνυ παλαιῶν ὡς ἐξ ἀρχῆς ἐνομοθετήθη φυλαττόμενα ὑπὸ Ῥωμαίων μέχρι τῶν κατ´ ἐμὲ διάκειται χρόνων, τό τε περὶ τὰ τρίπωλα τῶν ἁρμάτων, ὃ παρ´ Ἕλλησι μὲν ἐκλέλοιπεν, ἀρχαῖον ὂν ἐπιτήδευμα καὶ ἡρωικόν, ᾧ ποιεῖ τοὺς Ἕλληνας Ὅμηρος ἐν ταῖς μάχαις χρωμένους· δυσὶ γὰρ ἵπποις ἐζευγμένοις, ὃν τρόπον ζεύγνυται συνωρίς, τρίτος παρείπετο σειραῖος ἵππος ῥυτῆρι συνεχόμενος, ὃν ἀπὸ τοῦ παρῃωρῆσθαί τε καὶ μὴ συνεζεῦχθαι παρῄορον ἐκάλουν οἱ παλαιοί· ἕτερον δὲ παρ´ ὀλίγαις ἔτι φυλαττόμενον πόλεσιν Ἑλληνίσιν ἐν ἱερουργίαις τισὶν ἀρχαϊκαῖς, ὁ τῶν παρεμβεβηκότων τοῖς ἅρμασι δρόμος. Ὅταν γὰρ τέλος αἱ τῶν ἱππέων ἅμιλλαι λάβωνται, ἀποπηδῶντες ἀπὸ τῶν ἁρμάτων οἱ παροχούμενοι τοῖς ἡνιόχοις, οὓς οἱ ποιηταὶ μὲν παραβάτας, Ἀθηναῖοι δὲ καλοῦσιν ἀποβάτας, τὸν σταδιαῖον ἁμιλλῶνται δρόμον αὐτοὶ πρὸς ἀλλήλους. Τελεσθέντων δὲ τῶν ἱππικῶν δρόμων οἱ τοῖς ἑαυτῶν σώμασιν ἀγωνιζόμενοι τότ´ εἰσῄεσαν δρομεῖς τε καὶ πύκται καὶ παλαισταί. Τρία γὰρ ἀθλήματα παρὰ τοῖς ἀρχαίοις Ἕλλησι ταῦτ´ ἦν, ὡς Ὅμηρος ἐπὶ τῇ Πατρόκλου δηλοῖ ταφῇ. Ἐν δὲ τοῖς διὰ μέσου τῶν ἀθλημάτων χρόνοις Ἑλληνικώτατον καὶ κράτιστον ἁπάντων ἐθῶν ἀπεδείκνυντο, στεφανώσεις καὶ ἀναρρήσεις ποιούμενοι τιμῶν, αἷς ἐτίμων τοὺς ἑαυτῶν εὐεργέτας, ὡς Ἀθήνησιν ἐν ταῖς Διονυσιακαῖς ἐγίνετο θυσίαις, καὶ σκύλων, ὅσων ἐκ πολέμων λάβοιεν, ἐπιδείξεις τοῖς εἰς θέαν συνεληλυθόσιν. Ἀλλὰ γὰρ ὑπὲρ μὲν τούτων οὔτε μηθένα ποιήσασθαι λόγον ἀπαιτούσης τῆς ὑποθέσεως καλῶς εἶχεν, οὔτε μηκύνειν πέρα τοῦ δέοντος ἥρμοττε. Καιρὸς δ´ ἐπὶ τὴν ἀπολειπομένην διήγησιν ἐπανάγειν. XI. Ὡς γὰρ δὴ τὰ περὶ τὸν ἀπαχθέντα ἐπὶ τιμωρίαν ὑπὸ τοῦ δεσπότου καὶ προηγησάμενον τῆς πομπῆς ἔμαθεν ἡ βουλὴ παρὰ τοῦ τὸ πραχθὲν ἀνανεωσαμένου, τοῦτον ὑπολαβοῦσα ὑπὸ τοῦ θεοῦ λέγεσθαι τὸν οὐ καλὸν ἔπαρχον τῶν ὀρχηστῶν, ὥσπερ ἔφην, ἀναζητήσασα τὸν τῷ θεράποντι λωβησάμενον καὶ ζημίαν ἐπιβαλοῦσα, ἧς ἄξιος ἦν, ἑτέραν ἐψηφίσατο τῷ θεῷ πομπὴν ἐπιτελεσθῆναι καὶ ἀγῶνας ἐξ ἀρχῆς ἑτέρους ἀπὸ διπλασίων χρημάτων ἢ πρότερον ἐγένοντο. Καὶ τὰ μὲν ἐπὶ τούτων συντελεσθέντα τῶν ὑπάτων τοιάδε ἦν. |
I. PUISQUE j'en suis à ce point de l'histoire, je crois qu'il ne faut pas omettre ce que les Romains pratiquaient dans ces sortes de fêtes. Mon dessein n'est pas d'égayer mon discours par cette digression comme par une pièce de théâtre, ni de faire une narration en termes plus fleuris : je veux seulement prouver un fait important, savoir que les premiers peuples qui ont habité la ville de Rome, étaient Grecs d'origine et. des colonies sorties de pays fameux, et non pas des barbares et des vagabonds, comme quelques écrivains l'ont prétendu. Sur la fin du premier livre que j'ai composé touchant leur origine, j'ai promis d'établir ce point par une infinité de preuves, en rapportant les lois, les mœurs, et les anciennes coutumes qu'ils retiennent encore de notre temps telles qu'ils les ont reçues de leurs ancêtres. D'ailleurs je suis persuadé qu'il ne suffit pas à ceux qui écrivent les antiquités de quelque nation, de rapporter ce qu'ils en savent sur la foi des naturels du pays, mais qu'il leur faut outre cela plusieurs preuves irréfragables s'ils veulent trouver quelque créance dans l'esprit des lecteurs. Entre toutes ces preuves, les premières et les plus convaincantes sont celles qui se tirent des cérémonies que chaque ville pratique dans le culte des dieux et des génies. En effet, il y a déjà fort longtemps que les Grecs et les Barbares conservent toujours le même culte, et ils n'est rien où ils souffrent moins d'altération, dans la crainte de s'attirer la colère des dieux. Les Barbares surtout s'en sont tenus scrupuleusement aux anciennes coutumes pour plusieurs raisons qu'il n'est pas temps de rapporter maintenant : et jusqu'aujourd'hui jamais rien n'a pu engager les Egyptiens, les peuples de la Lybie, les Celtes, les Scythes, les Indiens, ni aucune nation barbare à oublier les cérémonies de leurs dieux ou à y faire des changements, à moins que quelques-uns deux n'aient été subjugués par d'autres peuples et contraints de se conformer aux usages et coutumes des vainqueurs. Mais les Romains n'ont jamais été dans cette dure nécessité : accoutumés à donner la loi aux autres nations, ils ne l'ont jamais reçue de qui que ce soit. Si donc ils étaient Barbares d'origine, loin de changer leur premier culte de religion, et les anciennes coutumes de leur pays qui les avaient élevés à un si haut point de prospérité, ils se seraient fait un devoir d'introduire leurs cérémonies et les sacrifices de leurs dieux chez les nations qu'ils avaient soumises à leur obéissance, et si on les suppose originairement Barbares, rien ne les aurait empêché de rendre Barbares tous les peuples de la Grèce qu'ils tiennent sous leur empire depuis sept générations. II. Un autre se contenterait peut-être de ce qui se pratique aujourd'hui chez les Romains pour démontrer invinciblement que leurs coutumes sont très anciennes. Pour moi je remonte plus haut, et je veux détromper certaines personnes, qui aveuglées par leurs préventions, ne manqueraient pas de rejeter cette preuve comme peu convaincante, et. de soutenir que les Romains après avoir réduit toute la Grèce sous leur puissance, ont renoncé à leurs anciens usages pour embrasser les cérémonies des Grecs qui leur paraissaient meilleures. Je tire mes preuves du temps que la ville de Rome n'avait point encore étendu son empire sur la Grèce ni sur aucune de ces provinces qui sont au-delà des mers. Je citerai Quintus Fabius pour garant et je n'aurai recours qu'à sa seule autorité. C'est le plus ancien auteur qui ait écrit l'histoire des Romains, il fonde ses preuves, non seulement sur ce qu'il avait entendu dire, mais encore sur ce qu'il savait par lui-même et sur ce qu'il avait vu de ses yeux. III. CE fut le sénat, comme j'ai déja.dit, qui ordonna la célébration de ces jeux, en conséquence du vœu fait par le dictateur Aulus Postumius lorsqu'il était sur le point de livrer bataille aux Latins qui s'étaient révoltés et qui voulaient rétablir Tarquin sur le trône. Il assigna pour la dépense des jeux et des sacrifices un fond de cinq cents mines d'argent par chaque année. On y a toujours dépensé cette somme jusqu'au temps de la guerre Punique. IV. Pendant ces jours de fêtes, on pratiquait plusieurs choses à la manière des Grecs, comme les assemblées, les foires, la réception des hôtes, et les armistices . il serait trop long d'en faire le détail. Mais voici ce qui regarde la pompe, les sacrifices et les jeux : je m'arrête particulièrement à ce point par lequel on pourra juger des autres cérémonies, que je me dispense de rapporter. Avant que de commencer les jeux, les principaux citoyens qui avaient l'autorité souveraine, conduisaient la pompe en l'honneur des dieux. Ils partaient du capitole, passaient par la place publique et se rendaient au grand cirque. Les enfants qui approchaient de quatorze ou quinze ans et qui étaient en âge d'assister à la fête, commençaient la marche, mais avec cette différence que ceux dont les pères avaient assez de bien pour être chevaliers, étaient à cheval, au lieu que les autres qu'on destinait pour être un jour incorporés dans l'infanterie, marchaient à pied. Les uns étaient rangés par brigades et par escadrons, les autres par compagnies et par classes, avec autant d'ordre que quand ils se rendaient dans le lieu de leurs exercices, spectacle qui attirait l'admiration des étrangers, pour leur apprendre quelles ressources la république pouvoir trouver dans un si grand nombre de jeunes gens bien tournés et bien faits qui devaient bientôt atteindre l'âge viril Ils étaient suivis par des cochers, dont les uns menaient des chars à quatre chevaux, les autres à deux chevaux attelés de front, et d'autres un cheval seul. Après eux, marchaient les athlètes destinés pour les petits et pour les grands combats. V. LES athlètes avaient le corps tout nu, excepté ce que la pudeur ne permet pas de découvrir. Cette coutume a duré chez les Romains jusqu'à notre temps, telle qu'on l'observait autrefois chez les Grecs. Aujourd'hui elle n'est plus d'usage dans la Grèce : les Lacédémoniens l'ont abolie, Acanthus de Lacédémone fut le premier qui mit bas tous ses habits pour courir nu dans les jeux olympiques la première année de la quinzième olympiade. Avant ce temps là tous les Grecs regardaient comme une chose honteuse de paraîtres tout nu dans la lice. Homère le plus digne de foi et le plus ancien de tous les auteurs, nous en fournit une preuve convaincante, lorsqu'il représente ses héros ceints de quelque morceau d'étoffe. Voici comme il parle de la lutte d'Ajax et d'Ulysse dans les jeux funèbres célébrés en l'honneur de Patrocle : « Ces deux héros se mettent des ceintures autour des reins, et s'avancent au milieu de l'arène. » Il dit la même chose encore plus clairement dans son Odyssée, en parlant d'Ulysse et d'Irus qui se battent à coups de poing. Voici comme il s'en explique : « II dit, et toute la compagnie applaudit à son discours. Ulysse se ceignit les reins de quelques haillons, lassant à découvert ses grandes et belles cuisses, ses épaules carrées, sa large poitrine et ses bras nerveux » Ensuite parlant du gueux Irus, qui saisi de crainte refuse de se mesurer avec Ulysse, voici ce qu'il dit «. Ils parlent de la sorte, et aussitôt Irus sent son courage abattu. Les amants de Pénélope le ceignent d'un linge, et le mènent malgré lui sur le champ de bataille. Le pauvre champion tremble de tous ses membres et sa force l'abandonne. » Il est donc évident que les Romains, qui observent encore aujourd'hui cette ancienne coutume des Grecs, ne l'ont point empruntée de nous dans ces derniers temps, et qu'ils ne l'ont pas changée dans la suite, comme nous avons fait nous-mêmes. VI. Pour revenir à la description de la pompe, les Athlètes étaient suivis de trois chœurs de danseurs. Le premier était composé d'hommes faits, le second de jeunes gens qui n'avaient pas encore atteint l'âge de puberté, et le dernier était composé d'enfants. Après eux, marchaient les joueurs de flûte courte et à l'ancienne mode, comme on fait encore de notre temps : Ensuite les joueurs de harpe d'ivoire à sept cordes, et les joueurs de luth, instruments autrefois propres et particuliers aux Grecs, qui en ont aujourd'hui perdu l'usage, tandis que les Romains les conservent encore dans toutes les anciennes cérémonies des sacrifices. L'habit des danseurs consistait en une tunique d'écarlate, serrée avec un ceinturon de cuivre. Ils portaient une épée à leur côté, et des lances plus courtes que les lances ordinaires. Les hommes avaient outre cela des casques d'airain, ornés de panaches et de magnifiques aigrettes. Chaque chœur était conduit par un maître de ballet, qui donnait le branle, marquant aux danseurs le pas et la cadence, le ton et la mesure aux musiciens. Il représentait des danses de guerre et d'un mouvement très prompt, la plupart en rythmes proceleusmatiques. Cet exercice, c'est-à-dire la danse des gens armés qu'on apelle la Pyrrhique, était un des plus anciens parmi les Grecs, soit qu'il eût été inventé par Pallas qui fut, dit- on, la première qui dansa toute armée dans la joie qu'elle avait de la victoire remportée sur les Titans, soit que les Curètes l'aient institué longtemps auparavant, lorsque par le cliquetis de leurs armes, par le mouvement de leurs corps, et par leurs danses en cadence, ils tâchaient d'apaiser, comme dit la fable, le petit Jupiter dans le berceau, à qui ils servaient de pères nourriciers. Homère en plusieurs endroits de les poésies, surtout dans la description du bouclier dont il dit que Vulcain fit présent à Achille, nous fournit des preuves que cette forte d'exercice est très ancienne et qu'elle fut autrefois en usage chez les Grecs. Il feint que le dieu y avait gravé deux villes dont l'une jouissait des douceurs d'une paix profonde, et l'autre était plongée dans les horreurs de la guerre. Il décrit la première comme la plus heureuse ; il lui fait célébrer des fêtes, des noces, des festins, et autres, réjouissances, qui sont les doux fruits de la paix, puis il ajoute ce qui fuit : « On y voyait de jeunes gens qui dansaient en rond au son des flûtes et des guitares. Les femmes attirées. par la curiosité, étaient sur le pas de leurs portes, d'où elles regardaient la danse avec admiration ». Ensuite, décrivant un autre chœur de jeunes garçons et de jeunes filles de Crète ciselé sur le même bouclier avec tout l'art et toute la délicatesse possible, il parle en ces termes « L'ingénieux Vulcain, y avait gravé avec une variété admirable, une danse pareille à celle que fit autrefois Dédale pour la charmante Ariadne dans la grande ville de Cnosse. On y voyait de jeunes garçons danser avec de jeunes filles belles comme l'amour, et. qui se tenaient les uns les autres par la main ». Et lorsqu'il parle des ornements du bal, pour nous faire voir que les garçons dansaient armés, il poursuit ainsi sa description. « Celles-ci étaient couronnées de belles fleurs : ceux-là avaient et des épées d'or suspendues par des baudriers d'argent ». Il parle ensuite des rois du bal qui commençaient la danse et qui donnaient le branle aux autres, et il ajoute en trois qui suit : « II y avait autour de cette agréable troupe de danseurs, une foule de monde qui prenait plaisir à regarder. ». Deux sauteurs commençaient les airs et dansaient en rond au milieu du cercle ». VII. CE n'est pas seulement par cette danse réglée et propre aux combats, dont les Romains se servaient dans les cérémonies sacrées et dans la pompe des jeux, qu'on peut prouver leur parenté avec les Grecs : leurs danses bouffonnes et satyriques prouvent aussi la même chose. Après la troupe des danseurs armés, suivaient les chœurs satyriques qui représentaient la Sicinne des Grecs. Voici comment ils étaient habillés. Ceux qui représentaient les Silènes, portaient des tuniques à long poil, que quelques-uns appellent chortées, avec des mantes de toutes sortes de fleurs : ceux qui représentaient les satyres étaient couverts de peaux de bouc avec des ceintures, portant sur leur tête des aigrettes d'un poil long et hérissé, et d'autres ornements semblables. Ils contrefaisaient d'une manière grotesque les danses les plus sérieuses, imitant les gestes des Satires et des Silènes pour faire rire les spectateurs. La pompe des triomphes nous fournit aussi des preuves que ces jeux de bouffons et de Satyres font d'un usage ancien chez les Romains. Ceux qui accompagnent la superbe cérémonie du triomphe ont toute permission de donner des lardons et de dire des brocards aux personnes les plus illustres, sans épargner même les généraux d'armée, comme autrefois à Athènes ceux qui se faisaient porter par les rues dans un tombereau, disaient des quolibets et faisaient des railleries piquantes contre tous les passants : aujourd'hui ils se contentent de chanter des vers qu'ils composent sur le champ. J'ai vu même aux funérailles des personnes de distinction, principalement de ceux qui laissaient de gros biens après leur mort, j'y ai vu, dis-je, des chœurs de Satyres qui marchaient devant le corps avec le reste de la pompe funèbre, en dansant la Sicinne. Je craindrais d'ennuyer le lecteur si je m'arrêtais à faire voir que les jeux et les danses satyriques ne sont pas de l'invention des Liguriens y ni des Ombriens, ni des autres Barbares qui habitent l'Italie, mais qu'ils viennent des Grecs, car tout le monde en convient, et la chose est trop évidente pour avoir besoin de preuves. VIII. APRES ces chœurs, suivait une troupe de joueurs de harpe et de flûte. Ensuite marchait une autre troupe qui portait des coffrets et des cassolettes d'or et d'argent, tant sacrées que profanes, [ pleines d'aromates et d'encens, dont elle parfumait toutes les rues par où elle passait. ] Les statues des dieux fermaient la marche de cette pompe. Des hommes les portaient sur leurs épaules. Elles avaient la même forme, la même attitude, les mêmes ornements et les mêmes marques que celles qu'on fait chez les Grecs. Les dons qui sont de l'invention de chaque divinité et dont elle a fait présent aux hommes, y étaient représentés. On y voyait les statués non seulement de Jupiter, de Junon, de Minerve, de Neptune, et des autres dieux que les Grecs mettent au nombre des douze grandes divinités,j mais encore les images des autres dieux anciens dont les fables disent que les douze grands dieux tirent leur origine, c'est-à-dire celles de Saturne, d'Ops, de Themis, de Latone, des Parques, de Mnémosyne et de toutes les autres divinités qui ont des temples et des autels chez les Grecs. On y voyait aussi les statues des dieux et déesses qu'on dit être nés de puis que Jupiter fut devenu le roi des cieux, par exemple celles de Proserpine, de Lucine, des Nymphes, des Muses, des Heures, des Grâces, de Bacchus et de tous les demi-dieux, dont on prétend que les âmes séparées de leur corps mortel ont pris place dans le ciel où elles jouissent des honneurs divins, tels que sont Hercule, Esculape, Castor et Pollux, Hélène, Pan, et une. infinité d'autres. Si les fondateurs de Rome et ceux qui ont institué cette fête, étaient des Barbares est-il probable qu'ils eussent négligé les dieux. et les demi-dieux de leur pays, pour rendre leur culte à. tous ceux des Grecs ? Qu'on avoue donc que les fondateurs de cette ville n'étaient pas Barbares : ou qu'on nous fasse voir que ces dieux et ce culte ont été communs à quelqu'autre nation; qu'à celle des Grecs, et pour lors je consens qu'on rejette comme fausses les preuves que j'apporte. IX. DES que la pompe était finie, les consuls, les prêtres et les ministres destinés pour ces sortes de fondions, immolaient les victimes. Ils suivaient en tout nos cérémonies Grecques. Ils commençaient par laver leurs mains, ils aspergeaient leurs victimes avec de l'eau pure, répandaient un peu de blé sur leurs têtes, et après avoir fait des prières, ils ordonnaient à leurs ministres de les égorger. Aussitôt les uns donnaient un coup de massue sur les tempes de la victime qui était encore debout, les autres lui enfonçaient le couteau dans la gorge quand elle était tombée. Ensuite ils la dépouillaient et. la coupaient par morceaux, puis détachant les prémices des entrailles et de tous les autres membres, ils les saupoudraient de farine d'orge, et les présentaient dans des corbeilles aux sacrificateurs. Ceux-ci les mettaient sur les autels pour y être consumées par le feu, et pendant qu'elles brûlaient ils les arrosaient de vin. Il est aisé de voir par les poésies d'Homère, que tout cela se pratiquait suivant les cérémonies que les Grecs observaient dans leurs sacrifices. Ce poète nous représente des héros qui lavent leurs mains, et qui se servent de farine d'orge. Voici comme il en parle : « Ensuite ils se lavent les mains et préparent l'orge sacré pour l'oblation du sacrifice » Il dit aussi qu'ils coupaient un peu de poil de dessus la tête de la victime, et qu'ils le jetaient dans le feu : « Eumée, dit-il, prend les foies du haut de la tête de cette victime, ( c'était un porc de cinq ans, ) et les jette dans le feu comme des prémices ». Ensuite il représente ces héros assommant les victimes d'un coup de massue sur le front et leur enfonçant le couteau dans la gorge lorsqu'elles sont tombées. Il parle du sacrifice d'Eumée en ces termes : « II assomme la victime d'un coup de massue de chêne qu'il avait réservée pour cet usage. Elle tombe sans vie, et en même temps ses bergers l'égorgent et la font passer par les flammes ». Il ajoute qu'ils prenaient les prémices des entrailles et des autres membres, et qu'après les avoir parsemées de farine, ils les brûlaient sur l'autel. .C'est en parlant du même sacrifice d'Eumée : « L'intendant des bergers prend des morceaux de tous les membres de la victime. Il les couvre tout crus de la graisse de la victime, puis les saupoudrant de fleur de farine il les jette au feu pour y être consumés. » Je sais pour l'avoir vu, que les Romains observent encore aujourd'hui ces cérémonies dans leurs sacrifices ; et je n ai pas besoin d'autre preuve pour me convaincre que les fondateurs de Rome n'étaient point des Barbares, mais des Grecs rassemblés de plusieurs cantons. Je veux bien croire qu'il ne serait pas impossible que des Barbares eussent [ autrefois ] observé quelques cérémonies semblables à celles des Grecs dans leurs sacrifices et dans leurs fêtes : mais qu'ils les aient observées toutes, c'est ce que je ne puis me persuader. X. IL me reste à dire quelque chose des combats et des jeux qui suivaient la pompe. Le premier était la course des chevaux attelés quatre ou deux ensemble, ou d'un cheval seul contre un autre cheval. Elle était autrefois en usage chez les Grecs dans les jeux olympiques, et elle l'est encore aujourd'hui Dans ces combats de chevaux, il y a deux sortes d'exercices des anciens Grecs que les Romains ont toujours observés jusqu'à nos jours, tels qu'ils ont été établis et pratiqués dès le commencement. L'un est celui du char attelé de trois chevaux qui est très ancien, mais dont l'usage a cessé parmi les Grecs. Leurs héros s'en servaient autrefois dans les combats, comme nous le témoigne Homère. Outre les deux chevaux attelés de front, on en attachait un troisième avec des courroies. Les anciens l'appelaient le cheval Paréore, parce qu'il était attaché aux deux autres. L'autre exercice qu'un petit nombre de villes Grecques observent encore aujourd'hui dans les cérémonies de quelques anciens sacrifices, c'est la course de ceux qui se mettaient sur chaque chariot auprès du cocher. Lorsque le combat des chevaux était fini, ces hommes assis auprès du cocher sautaient à bas du chariot, couraient ensemble dans la lice et se disputaient le prix de vitesse. Les poètes les [ appellent ] Parabates et les Athéniens les nomment Apobates. Après que la course des chevaux était achevée, ceux qui devaient combattre corps à corps se présentaient dans l'arène, savoir, les coureurs, les lutteurs, et. les athlètes destinés pour l'exercice du pugilat : ce sont les trois espèces de combats autrefois en usage chez les Grecs, comme le dit Homère dans les descriptions des jeux célébrés aux funérailles de Patrocle. Dans les intervalles qui se trouvaient entre deux combats, ils couronnaient leurs bienfaiteurs, faisaient leur éloge suivant la louable coutume des Grecs, de même qu'il se pratiquait à Athènes pendant les fêtes de Bacchus, et montraient à tous les spectateurs les dépouilles qu'ils avaient remportées dans la guerre. Je n'ai pu me dispenser de faire cette digression sur une matière où mon sujet semble m'avoir conduit naturellement. Mais il ne convient pas que je m'y étende plus au long : il est temps de reprendre le fil de mon histoire. XI. QUAND le sénat entendit parler de cet esclave que son maitre avait fait conduire au supplice devant la pompe des jeux, le fait lui parut extraordinaire : il ne douta point que ce ne fut là le mauvais danseur dont le dieu s'était plaint, comme nous avons dit ci-devant. Aussitôt on fit chercher le maitre qui avait fait traiter si impitoyablement son esclave, et. après lui avoir imposé l'amende et. la punition qu'il méritait, le sénat ordonna par un nouvel arrêt qu'on recommencerait à célébrer tout de nouveau la pompe et les jeux à l'honneur de Jupiter avec la moitié plus de magnificence et de dépense qu'auparavant. Et voila ce qui arriva sous ces deux consuls. Fin du septième livre. |