Daron

ETIENNE AÇOGH'IG DE DARON

HISTOIRE UNIVERSELLE.

LIVRE I, Chapitres 1 à 4

chapitre 5

Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer

 

 

 

 

PUBLICATIONS DE L'ÉCOLE DES LANGUES ORIENTALES VIVANTES

HISTOIRE UNIVERSELLE

PAR

ETIENNE AÇOGH'IG DE DARON

Traduite de l'arménien, et annotée

PAR'

E. DULAURIER

MEMBRE DE L'INSTITUT

 

PROFESSEUR A I.'ÉCOLE DES LANGUES ORIENTALES VIVANTES

PREMIERE PARTIE

PARIS

ERNEST LEROUX, ÉDITEUR

LIBRAIRE DE LA SOCIÉTÉ ASIATIQUE

A l'école des langues orientales vivantes, etc.

28, RUE BONAPARTE, 28

 

1883


 

HISTOIRE UNIVERSELLE

 

 

D'ETIENNE AÇOGH'IG DE DARON

 

 

TABLE DES CHAPITRES DU LIVRE PREMIER (1)

Chapitre Ier. — Les Historiens des nations étrangères (2) et préface.

Chapitre II. — Les Ptolémées (3), souverains de l'Egypte.

Chapitre III. — Chefs des Hébreux de Tordre sacerdotal, qui gouvernèrent le peuple, après le retour de la captivité.

Chapitre IV. — Rois des Assyriens, des Mèdes (4) et des Perses.

Chapitre V. — Rois arsacides (5) d'Arménie.

 

LIVRE PREMIER

 

CHAPITRE PREMIER

 

LES HISTORIENS DES NATIONS ÉTRANGÈRES ET PRÉFACE

Honorés de la grâce divine, les poètes et les littérateurs (1) de l'Arménie et des autres nations, jaloux d'imiter les Prophètes, dont la parole a été inspirée par l'Esprit-Saint, ont, à leur exemple, commencé leurs récits au principe des choses, à partir de la création. Ils ont transmis aux générations futures la mémoire des événements passés, dans une narration savante, développée avec suite et vérité, depuis le premier homme jusqu'aux âges ou ces écrivains ont vécu. Ainsi Moïse, cet homme de Dieu, a raconté en cinq livres l'histoire de la création et de la religion des générations primitives, en continuant jusqu'à son époque. Nous avons aussi le livre de Josué, et ceux de Jéhu, fils de Hanan, qui composa les deux [premiers] livres des Rois, et Jérémie, qui est l'auteur des deux autres (2); ensuite viennent les Paralipomènes; Esdras et Néhémie, qui ont retracé les faits mémorables survenus à Babylone (3), la restauration du Temple et la reconstruction de Jérusalem. Après eux, dans l'ordre des temps, il y a l'histoire des Macchabées (4), dont l'époque est voisine de la naissance du Christ, histoire dont Josèphe s'est fait le narrateur (5). Pareillement, il s'est rencontré, après la venue du Verbe incarné, des hommes favorisés des dons de l'intelligence, qui ont consigné dans de remarquables compositions, les noms et les dates des souverains, avec la mention des événements contemporains dignes de souvenir, comme Eusèbe Pamphile (5), le véritable chronologiste, qui a commencé son ouvrage au moment où le premier homme sortit du jardin de délices, et l'a terminé à la célébration de la vingtième année du règne de l'empereur Constantin le Grand. Après Eusèbe (6), nous citerons Socrate (7). Il y a encore une foule d'autres historiens chez les Grecs; mais ces deux derniers sont semblables aux deux astres principaux du firmament, qui l'emportent sur tous par leur éclat.

Parmi nous, Arméniens, le premier de nos historiens est l'excellent Agathange, qui nous apprend les admirables prodiges qu'opéra saint Grégoire, les tourments qu'il endura et la conversion de notre pays au culte du vrai Dieu (8). Après lui, nous avons le grand Moïse [de Khoren], qui est l'égal d'Eusèbe et qui a été surnommé le Père des lettrés (9) ; le vartabed (docteur en théologie) Elisée, qui a écrit le récit de la guerre de Vartan et de ses compagnons [d'armes], des supplices et du martyre des saints prêtres (10); Lazare de Ph'arbe, l'éloquent historien (11); Faustus, appelé aussi Byzant (le Byzantin) (12) ; l'évêque Sébéos, auteur de l'histoire d'Héraclius (13) ; Léonce, le Prêtre, qui nous a fait connaître les invasions des Dadjigs (Arabes) et les maux que leur tyrannie infligea à l'Arménie (14); enfin, et dans ces derniers temps, Schabouh (Sapor) le Bagratide (15); et le seigneur Jean, catholicos (patriarche) d'Arménie, qui ont été contemporains d'Aschod et de Sempad, premiers rois de la dynastie des Bagratides (16).

A mon tour, après avoir recueilli, dans tous ces auteurs, comme dans de vastes prairies, comme sur des montagnes entrecoupées de vallées, des fleurs agréables à la vue par leurs brillantes couleurs, et à l'odorat par leurs parfums, je te les offre en cadeau, homme pieux; je les présente à ton esprit curieux d'apprendre, d'après l'ordre pressant que tu m'en as donné et auquel je soumets ma volonté, ô toi, le sage des sages, toi que Dieu a orné de ses dons et qui, pour la noblesse de tes vertus, es honoré plus que tous, ô seigneur Sarkis (Serge) (17).

Nous commencerons notre récit dès le principe, lorsque notre premier père quitta le paradis et prit possession de la terre couverte d'épines (18). Voici comment on fait le calcul de ces temps.

En l'année 75 de la vie d'Abraham, Dieu se révéla à lui, et promit de donner à sa postérité la terre de la Bonne-Nouvelle (19). Il y a ainsi, depuis la naissance d'Abraham 75 ans, et, depuis cette soixante-quinzième année jusqu'à la sortie d'Egypte, 430 ans. C'est ce qu'atteste l'Apôtre en disant : « Le Testament autrefois confirmé par Dieu n'a pu être aboli par la Loi, établie quatre cent trente ans après (20). » Il est évident que, depuis la naissance d'Abraham jusqu'à Moïse et la sortie d'Egypte, il s'est écoulé 505 ans comptés de la manière suivante : Abraham, âgé de cent ans, engendra Isaac. Isaac, âgé de soixante ans, engendra Jacob.

Jacob, âgé de quatre-vingts ans, engendra Lévi. Lévi, âgé de quarante-six ans, engendra Caath. Caath, âgé de soixante-trois ans, engendra Amran. Amran, âgé de soixante-dix ans, engendra Moïse, de Jocabed sa femme. Moïse, âgé de quatre-vingts ans, emmena le peuple hors de l'Egypte. En somme, depuis la première année d'Abraham, jusqu'à l'Exode, 505 ans (21); depuis Adam, 3.809 ans (22).

Cette supputation d'un homme si digne de foi (23) s'appuie sur des cycles qui cadrent entre eux : car il fait concorder exactement ces 3.809 ans, avec le 13 de Niçan (24), où eut lieu la sortie de l'Egypte. Depuis lors jusqu'à la construction du Temple, il y a, suivant Origène (25) et Ananie de Schirag (26), 490 ans, tout en retranchant le temps pendant lequel les Hébreux furent soumis aux infidèles. Mais si nous réunissons les intervalles pendant lesquels ils furent libres et ceux où ils subirent le joug, et si nous comptons en particulier le temps des Juges, nous aurons une somme d'années dépassant celle qui est indiquée par tous les historiens.

Le calcul doit être fait ainsi :

Moïse, après la sortie [d'Egypte], 40 ans.

Josué, 27 ans.

[Servitude sous] les infidèles, et judicature d'Othoniel (Kothoniêl), 40 ans.

Les infidèles; Aod et Samegar, 40 ans.

Les infidèles; Débora et Barac, 80 ans.

Gédéon, 40 ans.

Abimelech, 3 ans.

Thola, 22 ans.

Jaïr, 22 ans.

Les infidèles et Jephthé, juge 40, ans

Abesan (Esebon), 7 ans.

Ahialon (Elon), 10 ans.

Abdon (Labdon), 8 ans, — Prise de la ville d'Ilion.

Les infidèles et Samson, 20 ans.

Héli, 6 ans.

Samuel et Saül, 40 ans.

David, 40 ans.

Salomon, 40 ans (27).

Depuis Moïse et la sortie d'Egypte jusqu'à l'édification du Temple, total, 490 ans.

Quant au successeur de Moïse, Josué, le livre qui porte son nom ne marque rien de lui, si ce n'est à l'occasion de sa mort, où on lit qu'il vécut cent dix ans (28). Le texte hébreu dit que la durée de son commandement fut de 27 ans, en sorte qu'il aurait eu, lors de la sortie d'Egypte, sous Moïse, quarante-quatre ans. Pour Samuel, comme l'Ecriture ne précise pas le temps ou il fut en fonctions, je pense qu'il faut l'entendre de ce qui est dit de Samuel et de Saül dans les [Actes des] Apôtres divins (29). Il paraît, en effet, que Samuel gouverna le peuple pendant de longues années, tandis que le texte [hébreu] semble n'attribuer à Saül que deux ans. On lit, dans le récit de son règne : « Saül était un enfant d'un an, lorsqu'il devint roi ; » c'est-à-dire qu'il était simple de cœur et inexpérimenté dans le mal, ainsi que ce texte l'affirme de lui, pour le temps où il commença à régner, [en ajoutant] qu'il vécut deux ans dans cet état d'innocence et qu'ensuite il se corrompit et fut rejeté de Dieu, au point qu'il fut étranglé par le démon. C'est pourquoi ses autres années sont rapportées à Samuel. En conséquence nous avons admis, pour ce dernier et pour Saül, 40 ans.

Du témoignage de l'Apôtre résulte cette somme d'années pour Saül, et même d'un examen minutieux de l'Ecriture sainte. Car, après la mort de Saül, l'histoire dit qu'Isboseth (Eph'ousdia), son fils, avait quarante ans, lorsqu'il monta sur le trône d'Israël; il régna deux ans; mais son pouvoir ne s'étendait pas sur la tribu restée fidèle à David. L'Ecriture mentionne, au début du règne de Saül, ses trois fils, Jonathan, Abinadab (Esav) et Melchisoua (Meliksav) (30), sans parler en rien d'Isboseth ; de manière qu'il y a lieu de supposer que la naissance de ce dernier est postérieure, et que le règne de Saül fut d'une durée égale à celle des années de ses fils, après sa mort. Il faut savoir, en outre, qu'il est dit, au troisième livre (31) des Rois, qu'il s'écoula 440 ans depuis la sortie d'Egypte, jusqu'à ce que Salomon entreprît de bâtir la maison de Dieu (32). Mais les docteurs hébreux et Eusèbe, le chronographe, font cet intervalle de 480 ans; Origène et Ananie [de Schirag], de 490, en imputant dix années à la judicature d'Ahialon. D'après la donnée de 440 ans, énoncée dans le livre des Rois, [l'auteur] (33) s'exprime ainsi : « Lorsque le peuple traversa le Jourdain et s'arrêta dans la terre de la Bonne-Nouvelle, cette migration, il l'appelle Exode, à l'instar des souverains qui s'envoyaient l'un à l'autre des messages pour s'annoncer que le peuple avait quitté l'Egypte. Si l'on défalque les 40 années passées dans le désert et les 4 années du règne de Salomon, antérieures à la construction du Temple, on obtiendra 436 ans [jusqu'à la mort de David] (34) ; depuis la première année d'Abraham, 997 ans (35), et depuis Adam, 4.299 ans (36).

Le Temple fut bâti en sept ans, grâce au concours de Hiram (Khiram), roi de Tyr.

Au bout de 124 ans (37), Pygmalion régna sur les

Tyriens. Il était dans sa septième année, lorsque sa sœur Didon émigra dans le pays des Libyens et y fonda Cartilage.

La présente chronologie compte, depuis la troisième année (38) de Salomon et depuis la construction du Temple, jusqu'à sa destruction par les Babyloniens, 441 ans (39), qui se répartissent ainsi qu'il suit :

Salomon............................. règne en plus           36 ans (40)

Roboam........................................................            17 »

Abia..............................................................            3 >

Asa...............................................................            51 »

Josaphat........................................................ .......... 25 »

Joram. .......................................................... .......... 8 »

Ochosias......................................................             1 »

Athalie, sa mère............................................             7 »

Joas...............................................................           40 »

Amasias........................................................           49 »

Ozias, appelé aussi Azaria............................           52 »

Joatham. Première olympiade (41)                           16 »

Achaz............................................................           16 »

Ezéchias....................................................... ......... 29 »

Manassé........................................................            55 »

Amos............................................................            12 »

Josias............................................................ .......... 31 »

Joachas..........................................................            3 »

Eliacim, dit aussi Joakim..............................           12 »

Joachin, dit aussi Jechonias........................... ....... 3 mois.

Matthanias, dit aussi Sédékias,                              11 ans.

Total.............................................................    441 ans. (42)

Puis a lieu la captivité des Juifs à Babylone, pendant 70 ans, qui finissent en nous conduisant à la seconde année de Darius (Tareh), roi de Perse. Mais un examen attentif te fera dire sans doute : Comment se peut-il que l'on lise au commencement du Livre d'Esdras (43) qu'en la première année de Cyrus, roi de Perse, Dieu inspira à ce prince la pensée de promulguer un édit portant que partout, dans ses Etats, les Juifs seraient mis en liberté? et comment Cyrus prescrivit-il de rebâtir le Temple? Seras-tu amené par ces paroles à supposer que c'est sous ce prince que s'accomplit la soixante-dixième année de la captivité, et non point sous Darius? A cela je réponds qu'il y a deux termes aux soixante-dix ans prédits par le Prophète [Daniel] : l'un qui part de la destruction du Temple et finit à la seconde année de Darius; l'autre qui va de la treizième année de Josias, où Jérémie commença à prophétiser et qui se termine à la prise de Babylone et à la chute de l'empire des Chaldéens, sous Cyrus. Or, de la treizième année de Josias, qui marque le début du ministère prophétique de Jérémie, jusqu'à l'incendie du Temple il y a quarante ans; et jusqu'à la première année de Cyrus, soixante-dix ans. Depuis la seconde année de Joachim, roi des Juifs, sous lequel eut lieu la première captivité, opérée par Nabuchodonosor, fils de Nabopolassar, jusqu'à la première année de Cyrus, il y a cinquante ans, intervalle qui s'appelle jubilé. Il était nécessaire et juste que le retour de la captivité eut heu dans cette même année à laquelle l'ordre de Dieu avait fixé l'affranchissement des esclaves. A partir de la ruine du Temple, la trentième année tombait sous Cyrus, et, dans la seconde année de Darius [fils d'Hystape], expirait la soixante-dixième.

Jusqu'à cette époque, les Juifs restèrent sans souverains issus de leurs familles royales; ils furent gouvernés par leurs grands-prêtres, à la fois chefs [religieux] et rois, tant que dura la domination des Perses, sous la dépendance desquels ils étaient placés. Après les Perses, ils eurent pour maîtres les Macédoniens, successeurs d'Alexandre, jusqu'à Antiochus Epiphane, roi de Syrie, qui les persécuta, pour les forcer à embrasser le paganisme. Au temps de ce prince, on vit surgir Mathathias, prêtre de Jérusalem, fils d'Asamon et son fils Juda, surnommé Macchabée. Leurs descendants gouvernèrent les Juifs, rendus par eux à la liberté, et se maintinrent jusqu'à Auguste, sous le règne duquel Hérode, fut le premier de race infidèle, qui, par la volonté des Romains, posséda le royaume de Judée.

De son temps, naquit le Christ, fils de Dieu, et s'accomplirent les paroles [de Jacob], rapportées par Moïse (44) : « Un chef issu de Juda et un roi [sorti] de ses reins, ne manquera point jusqu'à ce que vienne celui dont la place est marquée, et qui est l'espérance des Gentils; » prédiction qui, en effet, s'est réalisée.

La somme des temps écoulés, depuis Salomon et la première construction du Temple jusqu'à la seconde année de Darius, roi de Perse, et la restauration du Temple, est de 511 ans (45); et, depuis cette seconde année de Darius jusqu'au crucifiement de notre Sauveur, qui coïncide avec la dix-neuvième année de Tibère, il y a 501 ans (46), que l'on divise ainsi qu'il suit :

A Cyrus, qui régna 30 ans, succéda Cambyse, qui en régna 8; après lui, les mages 7 mois; puis Darius, 36 ans.

Sous Darius, Zorobabel devint le chef des Hébreux avec le grand-prêtre Jésus, et il acheva la reconstruction du Temple.

Aggée et Zacharie faisaient alors entendre leurs prophéties.

Xerxès, fils de Darius, 21 ans.

Ardavan (Artaban), 7 mois.

Ardaschès (Artaxerxès), Longuemain, 40 ans.

Au temps de ce prince, Esdras se rendit à Jérusalem et enseigna la loi de Dieu.

La vingtième année d'Artaxerxès, Néhémie, son échanson, ayant sollicité sa permission, vint à Jérusalem, bâtit les remparts de cette ville et en embellit les places publiques.

Xerxès II, 2 mois.

Sogdien, 2 mois (47).

Darius Nothus, 19 ans.

Ardaschès (Artaxerxès), Mnémon, 40 ans.

Ardaschès (Artaxerxès), Ochus, 26 ans,

Ardaschès, fils d'Ochus, 4 ans.

Darius, fils d'Arscham, 6 ans.

La sixième année de son règne, Darius fut tué par Alexandre, qui mit fin à l'empire des Perses, après une durée de deux cent-trente ans (48). Alexandre régna encore 6 ans et 7 mois (49), après s'être emparé de Babylone. Il vécut en tout 32 ans.

CHAPITRE DEUXIÈME

LES PTOLÉMÉES, SOUVERAINS DE L’ÉGYPTE (1)

Après Alexandre, la ville d'Alexandre et l'Egypte eurent pour roi Ptolémée, fils de Lagus, pendant 33 ans.

Puis Ptolémée Philadelphe, 28 ans.

Sous son règne, les livres saints des Hébreux furent traduits en grec et déposés dans la bibliothèque d'Alexandrie.

De son temps, régna le Parthe Arsace (Arschag), le Brave.

Ptolémée Evergète, 26 ans.

Ptolémée Philopator, 12 ans.

[Ptolémée Epiphane, 22 ans].

[Ptolémée Philométor, 30 ans] (2).

Ce dernier eut pour contemporain Antiochus Epiphane, sous le règne duquel eurent lieu les événements racontés dans les livres des Macchabées, et qui s'efforça par la violence de convertir la nation juive à l'idolâtrie. Sous ce prince, Mathathias, fils d'Asamon, plein de zèle pour la loi de sa patrie, se mit à la tête du peuple armé. Il eut pour successeur son fils Juda Macchabée.

Après Ptolémée Philométor, l'Egypte fut gouvernée par Ptolémée Evergète II, 29 ans.

Ptolémée Physcon, surnommé Soter, 17 ans.

Ptolémée Alexandre, 10 ans.

Ptolémée Philadelphe, qui fut expulsé, 38 ans.

Ptolémée Denys [Aulète], 30 ans.

Cléopâtre, fille de Ptolémée [Aulète], tint le trône deux ans, avant que Caius Julius [César] devînt souverain et que les Romains, s'emparassent de l'Egypte; puis, pendant vingt ans, sous leur protectorat. Nous avons ainsi à tenir compte de ces deux règnes de Cléopâtre dans le canon, et, dès ce moment, à supputer les années de l'Empire romain.

Après les deux années [du premier règne] de Cléopâtre, Caius Julius [César], premier empereur et monarque des Romains, régna 4 ans.

Il eut pour successeur le sébaste Octavien dit aussi Auguste (2), qui régna 56 ans.

Tibère, 24 ans, jusqu'au crucifiement du Christ.

Le temps écoulé depuis la seconde année de Darius, sous lequel se fit la restauration du Temple jusqu'à la dix-neuvième année de Tibère et la Passion de notre Sauveur, est de 501 ans (3).

Depuis Salomon et la première édification du Temple, 1.012 ans.

Depuis Moïse et la sortie d'Egypte, 1.501 ans.

Depuis la première année d'Abraham, 2.006 ans.

Depuis le déluge, 3.068 ans.

Depuis Adam, 5.310 ans.

Or, il y a, suivant Eusèbe, depuis Adam, jusqu'à la dix-neuvième année de Tibère, où fut crucifié notre Sauveur, 5.232 ans (4).

CHAPITRE TROISIÈME (1)

LES CHEFS DES HÉBREUX, DE L'ORDRE SACERDOTAL, QUI GOUVERNÈRENT LE PEUPLE APRÈS LE RETOUR DE LA CAPTIVITÉ.

Jésu, fils de Josédech, avec Zorobabel, sous Cyrus, roi de Perse.

Joachim, fils de Jésu.

Eliasib ou Joasib (Egh'aros), fils de Joachim.

Joïada, fils d'Eliasib ('Asep).

Jean, fils de Joïada.

Jaddus ou Jeddoa ('Outas), fils de Jean. De son temps, Alexandre fonda Alexandrie; étant venu à Jérusalem, il y adora [le vrai] Dieu.

Onias, fils de Jaddus.

Simon [dit le Juste], fils d'Onias.

Eléazar [frère de Simon, le Juste]. A cette époque les Septante traduisirent les Livres saints.

[Manassès, oncle paternel d'Eléazar].

Onias [fils de Simon le Juste, et] frère d'Eléazar.

Simon, fils d'Onias, sous lequel se fit connaître Jésu, fils de Sirach.

[Jésu ou Jason, frère d'Onias.]

Onias [nommé aussi Ménélas]. De son temps, Antiochus [Epiphane] persécuta les Juifs et voulut les contraindre à se faire païens (2).

Juda, fils de Mathathias, 3 ans. Par ses efforts le pays fut purgé des nations impies.

Jonathan, son frère, 19 ans.

Simon, fils de Jonathan, 8 ans.

Hyrcan Jean, 26 ans.

Aristobule, 1 an.

Celui-ci ajouta la couronne royale au souverain pontificat dont il était déjà investi.

Jannée dit aussi Alexandre, 27 ans, à la fois roi et souverain pontife.

Depuis Cyrus, les chefs qui reçurent l'onction sainte se continuèrent pendant 483 ans, intervalle qui fait les soixante-neuf semaines d'années annoncées par Daniel, de la manière suivante (2) : « Sache, [dit l'ange Gabriel au prophète], et comprends que depuis l'issue de la parole, pour « donner réponse relativement à la construction du Temple, « jusqu'à l'oint conducteur, il y aura sept semaines et « soixante-deux semaines. » Les premières sont comptées depuis Cyrus jusqu'à Darius, sous lequel fut achevée la restauration du Temple; les soixante-deux autres semaines, se prolongent jusqu'ici.

La révélation de ces semaines fut faite par Daniel dans la première année de Darius, fils d'Arschavir (Assuérus) (3) et s'accomplit à Jannée Alexandre, chef consacré par l'onction sainte, grand-prêtre et roi. En lui finirent ceux qui, se succédant dans la lignée sacerdotale, sont désignés par le Prophète sous le double titre de chefs et oints.

A Alexandre l’année succéda Salina (4), sa femme. Après elle la discorde ayant éclaté entre ses fils Aristouble et Hyrcan, Pompée, général des Romains, vint assiéger Jérusalem, s'en empara et pénétra dans le Temple. Dès ce moment, toutes les nations devinrent tributaires des Romains. Pompée donna le suprême pontificat à Hyrcan, et le gouvernement de la Palestine à Antipater d'Ascalon.

Au temps d'Antipater, le premier monarque qu'aient eu les Romains est Caius Julius César, lequel régna 4 ans et 7 mois. Après lui, Auguste 56 ans et 6 mois. La huitième année (5) de ce prince, le royaume de Judée échut pour la première fois à un infidèle, Hérode, fils d'Antipater d'Ascalon.

Hérode ayant fait mourir Hyrcan [fils d'Alexandre Jannée], la légitime transmission du souverain pontificat fut interrompue et cette dignité conférée par Hérode à des gens de basse extraction. Sous son règne, naquit notre Seigneur et Sauveur, et s'accomplit la prophétie de Jacob, rapportée ci-dessus.

Ce fut en la quarante-deuxième année d'Auguste et la trente-deuxième d'Hérode, fils d'Antipater l'infidèle, lequel régna 37 ans.

Hérode eut pour successeur Archélaüs, son fils, pendant 9 ans.

Hérode le Tétrarque, frère d'Archélaüs, 4 ans.

La quinzième année de Tibère et la quinzième aussi d'Hérode [le Tétrarque], Jésus se rend au Jourdain pour recevoir le baptême de Jean, et commence dès lors, par ses actes et ses prédications, le cours de sa mission évangélique.

En l'année dix-neuf d'Hérode et de l'empereur Tibère, Jésus, l'oint de Dieu, souffrit la passion, comme les Prophètes l'avaient prédit.

Après Hérode le Tétrarque, régna Agrippa, 7 ans.

Puis Agrippa [le Jeune, fils d'Agrippa, 26 ans.

Sous ce dernier, arriva la ruine finale de Jérusalem, par Vespasien et Titus.

Depuis le crucifiement de notre Sauveur et la dix-neuvième année de Tibère, jusqu'à Constantin, il s'est écoulé 291 ans (6), que l'on suppute de la manière suivante, en ajoutant, après le crucifiement, 4 ans aux 19 années écoulées de Tibère (c) :

Caius [Caligula], 4 ans.

Claude, 13 ans.

Néron, 14 ans.

Vespasien, 10 ans.

Titus, 2 ans.

Domitien, 16 ans,

Nerva, 1 an.

Trajan, 19 ans.

Adrien, 21 ans.

Titus-Antonin [le Pieux], 23 ans.

[Marc-] Aurèle, 19 ans.

Commode, 13 ans,

Aelius Pertinax, 1 an.

Sévère, 18 ans.

Antonin 1er [Caracalla], 4 ans.

[Macrin, 1 an],

[Antonin II, Héliogabale, 4 ans].

[Alexandre, fils de Mammée, 13 ans].

Maximin, 3 ans.

Gordien, 6 ans.

Philippe, 7 ans. Dèce, 1 an.

Gallus [et Volusien], 2 ans.

Valérien et Gallien, 15 ans.

Claude [II], 2 ans.

Aurélien, 6 ans,

Tacite, 6 mois.

Florien, 88 jours.

Probus, 6 ans.

Carus [avec ses deux fils Carin et Numérien], 2 ans.

Dioclétien, 20 ans.

Constantin; sa vingtième année est la première de la paix accordée à l'Église (8).

CHAPITRE QUATRIÈME

ROIS DES ASSYRIENS, DES PERSES ET DES MÈDES

Nous avons précédemment exposé ce qui concerne les deux fils de Noé, Japheth et Sem. Il nous reste maintenant à parler sommairement de la race de Cham et des rois qu'elle a produits.

Après le déluge, la famille humaine issue de ces trois hommes se répandit dans tout l'univers. Car on dit que l'Europe entière à partir du mont Imaüs (Émavon) jusqu'à l'océan Occidental est la demeure des nations japhéthiques; les Chamites tiennent l'Egypte et la Libye jusqu'aux régions de l'Occident; les descendants de Sem, l'aîné des trois frères, eurent en partage l'Assyrie et tous les pays d'Orient.

Les livres des Hébreux nous apprennent que Babylone fut fondée par Nemrod, et qu'il fut le premier de tous les rois. Voici en quels termes :

Kousch, l'Ethiopien, engendra Nemrod, qui, d'après le langage de l'Ecriture, commença à devenir géant sur la surface de la terre, et Babylone fut l'origine de son empire ; ensuite Arach (Erek), Achad (Akath) et Chalannê, dans la terre de Sénêar. De cette contrée sortit Assour, qui fonda Ninive, la première ville de l'Assyrie, bâtie par lui. Il était un des fils de Sem, qui possédait, ainsi que nous l'avons vu, toutes les contrées d'orient.

On dit que les fils de Sem furent Elam, Assour et Arphaxad, Aram et Loud (Gh'out). D'Elam sont sortis les Élamites, la première race de la Perse, lesquels bâtirent la ville d'Élymaïs. D'Assour descendent les Assyriens; d'Arphaxad, les Arphaxadites, qui reçurent le nom de Chaldéens; d'Aram [viennent] les Araméens nommés aussi Syriens, et de Loud, les Lydiens (Gh'outatsis).

Ninive, fondée par Assour, fat reconstruite par Ninus, roi d'Assyrie, qui lui donna son nom. On prétend que Ninus était de la lignée de Cham, le sixième depuis Nemrod, premier roi d'Assyrie, qu'il fut contemporain d'Abraham, et qu'il domina sur toute l'Asie, excepté l’Inde, pendant 52 ans.

Puis régna Sémiramis (Schamiram), sa femme, 42 ans (1).

Zamessès, autrement appelé Ninyas, 38 ans.

Arius, 30 ans.

Aralius, 2 ans (2).

Xerxès, dit aussi Balœus, 35 ans (3).

Armamithrès, 38 ans (4).

Bélichus, 30 ans (5).

[Balaeus, 12 ans].

[Altadas, 32 ans].

[Mamythus, 30 ans].

[Manchaleus, 30 ans].

Sphaerus, 20 ans.

Mamylus, 10 ans (6).

Sparethus, 3 ans (7).

Ascatadès, 20 ans (8),

Amyntès, 7 ans (9).

Bélichus II, 35 ans (10).

Bariarus, 50 ans (11).

Labedès, 32 ans (12).

Mouarès, 10 ans (13).

Lamparès, 22 ans (14).

Pannyas, 45 ans (15).

Sosarmas, 19 ans (16).

Mithraeus, 21 ans.

Teutamus, 51 ans. Sous son règne la ville d'Ilion fut prise [par les Grecs] (17).

Teuteus, 40 ans (18).

Thinseus, 30 ans (19).

Dercius, 40 ans (20).

Eupalmès, 38 ans.

Laosthénès, 45 ans.

Pertiesdès, 30 ans (21).

Ophrad, 32 ans (22).

Ophratanès, 50 ans.

Acrazanès, 42 ans (23).

Sardanapale, 20 ans.

Jusqu'à Sardanapale les souverains d'Assyrie, possédèrent tout l'Orient et une partie des contrées du nord, du midi et de l'occident. Ils se rendirent très-puissants jusqu'à Thonos Concholéros qui est le Sardanapale des Grecs. Vaincu par Arbace (Varpaguès), le Mède et Bélésis (Bélisios), il se précipita dans les flammes. Arbace ayant détruit l'empire assyrien, établit Bélésis, roi de Babylone et transporta la domination des Assyriens aux Mèdes (24), qui la conservèrent pendant le temps, dont le compte suit : Arbace, le Mède, régna sur tout l'Orient, 28 ans.

Madaucès 20 ans.

Sosarmus [Hagatimos], 30 ans (25).

[Artycas, 30 ans].

Déjocès (Dekos), 54 ans.

Phraorte, 44 ans.

Cyaxare, 32 ans.

Ajtahag (Astyage), 38 ans.

Astyage fut renversé par Cyrus qui détruisit l'empire des Mèdes, et non seulement des Mèdes, mais aussi des Chaldéens et des Babyloniens. Ce prince ayant tué Crésus, mit fin pareillement au royaume de Lydie.

Cyrus, 30 ans.

Cambyse, 8 ans.

Darius, fils d'Hystaspe (Veschdasp), 36 ans.

Xerxès, 41 ans.

Ardaschès (Artaxerxès), Longuemain, 40 ans.

Darius Nothus, 19 ans.

Artaxerxès Mnémon, 40 ans.

Artaxerxès Ochus, 26 ans.

Arschès (Ardaschès), fils d'Ochus, 40 ans.

Darius, fils d'Arschès, 6 ans (26).

Darius fut tué par Alexandre de Macédoine, fils de Philippe, lequel régna à la fois sur la Perse et l'Assyrie.

Après la mort d'Alexandre, l'empire passa aux mains de plusieurs chefs, comme nous l'avons dit plus haut, sous le nom d'empire macédonien'.

Ptolémée, fils de Lagus, eut en partage l'Egypte ; Seleucus Nicanor, Babylone, l'Assyrie et toute la Perse. Antigone et son fils Démétrius surnommé Poliorcète, obtinrent l'Asie et la Syrie.

La guerre ayant éclaté entre Seleucus et Démétrius, au sujet de la Syrie, Ptolémée Ier, fils de Lagus, roi d'Egypte, s'avança vers l'ancienne Gaza, en vint aux mains avec Démétrius, fils d'Antigone, et resta vainqueur; alors il établit Seleucus, roi de Syrie, de Babylone, du haut pays (27) et de la Perse; mais les Perses et les Parthes (Barthev) et tout l'Orient (28), ayant refusé de se soumettre aux Macédoniens, Seleucus marcha contre eux avec des forces considérables, les défit et par cette victoire, mérita le surnom de Nicanor qui signifie victorieux. Seleucus régna 31 ans (29) et en vécu 75.

Il eut pour successeur son fils Antiochus, dit Soter [né de son épouse] Apama, qui était Perse de naissance; il vécut 64 ans, dont 19 sur le trône (30).

La onzième année de son règne et la soixantième après la mort d'Alexandre (31), les Parthes secouèrent le joug des Macédoniens et se donnèrent pour roi Arsace (Archag) (32), le Brave qui siégea dans la ville royale de Bahl (33) au pays des Kouschans (34). Il s'empara de toutes les contrées de l'Orient, et à la suite de combats terribles, enleva Babylone aux Macédoniens.

Après avoir régné 57 ans, il laissa le trône à son fils Ardaschès qui l'occupa 31 ans.

A Ardaschès succéda son fils Arsace, surnommé le Grand.

Démétrius, roi des Macédoniens, étant venu l'attaquer à Babylone, Arsace le vainquit, le fit prisonnier et le conduisit dans le pays des Parthes; de là le surnom de Sidéritès, donné à Démétrius, parce qu'il avait été emmené captif, et était resté en prison, chargé de fers.

Démétrius avait un frère puiné, nommé Antiochus, qui avait été élevé dans la ville de Sidê, et auquel cette circonstance valut le surnom de Sidètès (Sitèatsi). Antiochus ayant appris que son frère était retenu captif, vint de Sidê et se mit en possession de la Syrie. Antiochus imposa son joug aux Juifs; et ayant assiégé Jérusalem, détruisit les remparts de cette ville et extermina l'élite des habitants.

Cependant le roi des Parthes, Arsace, s'avança à la tête de 120.000 hommes, ayant imaginé une ruse, qu'il se proposait de mettre à exécution. Il relâcha Démétrius, son prisonnier, frère d'Antiochus. Celui-ci s'étant mis en route, pendant l'hiver, s'engagea dans des défilés ; et malgré les plus grands efforts pour repousser les troupes d'Arsace, ayant été blessé, il périt, âgé de 37 ans. Son fils Seleucus, qui l'avait suivi dans cette expédition, tomba au pouvoir d'Arsace, qui le traita royalement.

A cette époque, Arsace le Grand, petit-fils d'Arsace le Brave, donna pour roi aux Arméniens son frère Valarsace (Vagharschag) (35), en lui abandonnant en même temps tous les pays d'Occident, soumis à son autorité, et lui-même se retira à Bahl. C'est ainsi que s'opéra la séparation des deux dynasties de Perse et d'Arménie.

Arsace, le plus brave des ancêtres de ces deux familles royales, Bahlavig et Arsacide, régna en monarque victorieux, 57 ans.

Arschagan, 30 ans.

Arschanag, 32 ans.

Ardaschès, 20 ans.

Arschavir, 20 ans.

Bérose, 33 ans.

Valarsace, 50.

Artaban (Ardavan), 36 ans.

Artaban fut tué par Ardaschir (36) de Sdahr (Istakhar), fils de Sassan, lequel détruisit l'empire des Bahlavig, dans la seconde année de Philippe, empereur des Romains. Ici prend fin la domination des Parthes, de la dynastie des Bahlavig; elle avait commencé la trentième année du règne de Ptolémée Philadelphe, et duré 457 ans (37).

Après cet événement, [Ardaschir] de Sdahr, fils de Sassan, ayant soumis tous les Ariens et les Anariens (38), et un grand nombre de princes de la famille royale des Parthes et des Bahlavig, monta sur le trône de Perse, où se maintinrent de la même manière ses descendants.

suite


 

ANNOTATIONS

Table des chapitres. — (1) Cette table est précédée dans le Ms B. N. 99, d'un titre ainsi conçu : Histoire des temps [écoulés], composée par Etienne de Darôn, surnommé Açogh'nig. Dans l'éd. Schahn. : Histoire raisonnée (ou critique), par Etienne de Darôn, extraite des documents historiques. Mais la table manque dans le Ms B. N. 99.

(2) L'auteur a sous-entendu les historiens arméniens. Car, après avoir mentionné les livres historiques de l'Ancien Testament, et ensuite deux écrivains grecs chrétiens, Eusèbe et Socrate, il énumère ceux de son pays, ses devanciers, au nombre de neuf, depuis Agathange jusqu'à Jean Catholicos, du ive au ixe siècle.

(3) Les historiens arméniens appellent ces princes Ptoléméens, du nom du premier d'entre eux, Ptolémée, fils de Lagus ; les Lagides des modernes.

(4) En arménien Mar ou Maratsi, « Mède » ; Madai, dans le tableau ethnographique de la Genèse, x, 2. Dans les inscriptions cunéiformes Mada; les Mèdes d'Hérodote. Ce nom de Mar prit plus tard en arménien la forme Mouratsan, dénomination qui avait prévalu et qui persistait encore au ve siècle de l'ère chrétienne, comme nous le voyons dans Moïse de Khoren (Hist. d'Arménie, II, 8). La forme Mar ou Mour était très ancienne; elle avait cours, à ce qu'il paraît, dans les chants héroïques de l'Arménie païenne, comme on peut l'inférer du témoignage du même historien. M. Emin a cherché à l'expliquer, mais sans rien dire de concluant. (Trad. russe d'Acogh'ig, annot. addit., n° 5.)

L'étymologie du nom de Mar, par lequel les Arméniens désignent la nation des Mèdes, étymologie qui est restée jusqu'ici une énigme pour tous les arménistes, me paraît s'expliquer par le rapprochement de ce nom avec celui d'Ajtahag (Astyage). La signification originelle de ce dernier mot, en zend Ajis Dahâka, une des incarnations du génie du mal, le serpent démoniaque, est parfaitement connue de Moïse de Khoren qui nous dit (Hist. d'Arménie, I, 30), qu'Astyage se traduit par vischab « dragon, gros serpent, » et que les descendants d'Astyage, qui, après la défaite de ce souverain, par le roi d'Arménie Tigrane Ier, furent transportés et colonisés au pied du Massis ou Ararad, avaient reçu le surnom de Vischabazounk' », descendants ou dragon » ; d'après cette donnée historique et philologique, il est facile de comprendre l'analogie qui rattache le nom de Mar, en zend Mâra, en persan Uâr, « serpent, » au mot vischab et comment ce nom est devenu pour les Arméniens l'appellation vulgaire des Mèdes. (Cf. P. Justi, Handbuch der zend sprache, sub vo. Mâra, et G. Darmesteter, Ormazd et Ahriman. Bibliothèque de l'Ecole des hautes études, 29e livraison, passim.)

(5) En arménien Arschagouni, « Arsacide », du nom du fondateur de la dynastie des Arsacides ou Parthes, Arsace surnommé le Brave. La terminaison ouni, très fréquente en arménien archaïque indique la descendance d'une race royale ou princière et forme les noms ethniques des maisons satrapales d'Arménie. (V. la note 31 du chap. iv).

Chapitre Ier. — (1) Il y a dans le texte : Les poètes et les rhéteurs. Ce dernier mot me paraît devoir être pris dans le sens général d'écrivain en prose, et l'auteur avoir peut-être voulu distinguer les deux formes sous lesquelles se manifestèrent successivement les créations de l'esprit humain, historiques ou littéraires, d'abord en vers chantes et dans des compositions métriques d'une étendue plus ou moins considérable, et ensuite, dans un langage libre de toute entrave conventionnelle, oratione soluia. Ce phénomène s'est produit dans l'ancienne Arménie, comme en Grèce et partout ailleurs. Moïse de Khoren atteste, dans divers passages de son Histoire d'Arménie, l'existence de poèmes historiques, qui étaient répétés encore de son temps, au ve siècle, au son de la lyre appelée pampir'n.

Suivant M. Emin (trad. p. 1, note 1), le mot poète aurait dans ce passage l'acception de savant, philosophe ou historien, et le mot rhéteur ou orateur, le sens d'homme qui a reçu une éducation complète et qui a été initié aux secrets de la scolastique du moyen âge.

(2) On présume que c'est Samuel qui écrivit le premier et le second livres des Rois, puisqu'ils portent son nom. Quant aux deux autres, ils sont de différents auteurs, parmi lesquels on cite Jéhu, fils de Hanan le Voyant, dont il est question dans le second livre des Paralipomènes (xix, 2 et 3). Le quatrième livre est attribué à Jérémie, non point tout entier, mais pour ce qui concerne le règne de Josias. Des additions furent faites par différentes mains à ce quatrième livre qui, réuni aux trois premiers, compléta le corps d'annales que nous possédons aujourd'hui. Voir le Prologue des quatre livres des Rois, dans la Bible arménienne, éd. de Zohrab, Venise, 1805, in-4°.

(3) Dans la Bible arménienne, les livres d'Esdras et de Noémie correspondent de la manière suivante, avec la Vulgate, c'est-à-dire avec l'ordre adopté par le concile de Trente.

Bible arménienne.                                  Vulgate.

1er livre. Canonique.                      3e livre. Extra-canonique.

2e — Canonique.                           1er — Canonique.

Néhémie.                                       2e — Canonique.

3e livre. Extra-canonique               4e — Extra-canonique, en partant du chap. m.

(4)  Il y a quatre livres portant le nom des Macchabées et dont les deux premiers seulement sont considérés comme authentiques. Le troisième relate des événements survenus sous le règne de Ptolémée Philopator, roi d'Egypte, et antérieurs, par conséquent, de plus de 40 années aux faits que rapportent les deux premiers, et qui appartiennent au règne du roi de Syrie, Antiochus Epiphane. Le troisième livre est compris dans le canon arménien.

(5)  Acogh'ig fait allusion au traité attribué à Josèphe et qui est intitulé : De Maccabaeis liber seu de rationis imperio, qui forme le IVe livre des Macchabées. Il se trouve dans Fl. Josephi 0pp. t. II, éd. G. Dindorf. Paris, 1847, collection des auteurs grecs de P. Didot. Voir sur cette production du judaïsme hellénique la dissertation de M. J. Freudenthal, intitulée : Die Flavius Josephus beigelegte schrift ueber die Herrschaft der Vernunft (IV Makkabaerbuch), Breslau, 1869, in-8°.

(6)  On ne possédait, du texte grec de la Chronique d'Eusèbe, que des fragments recueillis et mis au jour par J. J. Scaliger, dans son Thesaurus temporum, Leyde, 1666, in-fol., lorsque, au commencement de notre siècle, on retrouva, à Constantinople, une traduction arménienne de l'ouvrage complet, faite au ve siècle, par Moïse de Khoren, à ce que l'on suppose. Une version latine, due à la collaboration d'un docte religieux, Jean Zohrab, et du cardinal Angelo Mai, parut à Milan en 1816, in-4°. La même année, Jean-Baptiste Aucher, de l'ordre des Mékhitharistes de Saint-Lazare, donna, de son côté, une autre traduction latine avec le texte arménien en regard, en 2 vol. in-4°, à Venise, imprimerie du couvent de Saint-Lazare. Une nouvelle publication à laquelle cet ouvrage a donné lieu est celle de MM. A. Schoene et H. Petermann, Berlin, 1875, in-4°. Le premier volume seulement a paru jusqu'ici.

Les dates et les calculs d'Acogh'ig, comme ceux de tous les chronographes et historiens arméniens, étant fondés sur le système chronologique d'Eusèbe, il peut être utile, pour avoir l'intelligence de ces calculs et pouvoir les contrôler, d'avoir sous les yeux l’ensemble de ce système. Le voici d'après la réduction qu'en a donnée le chronographe Samuel d'Ani, dans le tableau suivant que je reproduis d'après mes Recherches sur la chronologie arménienne, technique et historique, t. Ier, p. 39-40.

Depuis Adam, jusqu'au déluge, on compte                                                                                  2.242 ans.

Du déluge à la construction de la Tour de Babel.                                                            525 »

De la construction de la Tour, jusqu'à Abraham.                                                             417 »

Du déluge, jusqu'à la naissance d'Abraham                                                                                 942 »

D'Abraham, jusqu'à Moïse et la sortie d'Egypte.                                                             505 »

De la sortie d'Egypte, jusqu'à Salomon et la première construction du Temple              480 »

De la construction du Temple, jusqu'à sa restau ration                                                   511 »

De la restauration du Temple, jusqu'à la naissance de Jésus-Christ                                             518 »

Somme de ces années réunies...................                                                                       5.198 »

Je place maintenant ce tableau en concordance avec les ères employées en synchronismes par Eusèbe et mises en rapport avec notre ère vulgaire, à laquelle on pourra ainsi faire l'application de toutes les notations fournies par l'évêque de Césarée.

N.B. — L'année olympique d'Eusèbe est réglée par le calendrier solaire des Syro-Macédoniens et s'ouvre le 1er d'Hyperbérétaeus ou de Tischrin 1er (octobre), tandis que les olympiades d'Iphitus sont calculées d'après le cours de l'année luni-solaire des anciens Grecs, dont le commencement était fixé au 1er d'Hécatombaeon qui suivait le solstice d'été, c'est-à-dire vers les premiers jours de juillet. Par suite, le cours de l'olympiade eusébienne anticipe de neuf mois environ sur celui de l'olympiade d'Iphitus.

(7)  Socrate le Scolastique, auteur d'une histoire ecclésiastique écrite en grec et divisée en sept livres, qui comprennent un espace de 103 ans, depuis 306 jusqu'à 409 de J.-C. Il existe une version arménienne encore inédite de cet ouvrage, faite au viie siècle, avec une continuation par le vartabed (docteur en théologie) Philon de Thirag. Cf. Quadro delle opere anticamente tradotte in armeno par feu Mgr Soukias Somal, Venise, 1825, brochure in-8° de 46 p., et Catalogue de la littérature arménienne, par M. Patkanian (Patkanoff), Saint-Pétersbourg, 1860, brochure in-8° de 134 pp. Cette version est mentionnée dans le catalogue de la bibliothèque du couvent patriarcal d'Edchmiadzin, publié à Tiflis, in-4°, 1865, sous le n° 1640.

(8)  Agathange, le premier en date des historiens arméniens, dont les ouvrages nous soient parvenus, vivait vers la fin du me siècle de notre ère et le commencement du ive. Il était Romain d'origine, probablement de l'une des provinces orientales de l'Empire où la langue grecque était en usage. Il fut secrétaire du roi d'Arménie, Tiridate, le contemporain de Dioclétien et de Constantin le Grand. Son livre présente le tableau des événements dont l'Arménie fut le théâtre, lors de la chute de la dynastie des Arsacides de Perse et l'avènement des Sassanides, et en particulier sous les règnes de Khosrov le Grand ou Chosroès Ier, roi d'Arménie et de son fils Tiridate ; il raconte en détail la conversion de ce dernier et de ses peuples au christianisme, opérée par saint Grégoire l'Illuminateur. Le livre d'Agathange est précieux, surtout par les renseignements qu'il fournit sur l'ancien culte et les temples de l'Arménie païenne. Il a eu plusieurs éditions : deux à Constantinople (1709 et 1824) et deux à Venise, au couvent de Saint-Lazare (1835 et 1862), mais cette dernière n'est à proprement parler qu'une simple réimpression. L'édition de Venise a été faite sur un manuscrit de la bibliothèque nationale de Paris, l'un des textes les plus anciens et les meilleurs d'Agathange, connus jusqu'ici. Une traduction abrégée en italien par les Mékhitharistes de Venise a paru dans cette ville (1843), in-8°, traduction sur laquelle V. Langlois a fait la version française qu'il a donnée dans le tome Ier de sa Collection des historiens anciens et modernes de l'Arménie, en l'annonçant comme élaborée par lui d'après le texte original.

(9)  Moïse, dit de Khoren ou Khorni, et quelquefois aussi de Darôn, du nom du bourg ou du district où il était né, dans la province de Douroupéran, à l'ouest du lao de Van, le plus savant et le plus célèbre de tous les écrivains arméniens. Disciple de saint Mesrob et du patriarche saint Sahag (Isaac), les rénovateurs littéraires de l'Arménie, il entreprit, pour compléter son éducation, de parcourir le monde hellénique, fréquenta les écoles de Byzance et d'Athènes, et alla jusqu'à Rome. Le premier fruit de ses studieuses pérégrinations est son Livre des chries ou progymnasmata, composé sur le modèle de ces exercices oratoires que les rhéteurs grecs de cette époque avaient mis si fort en vogue. Si l'on en juge par le caractère archaïque du style de ce livre qui tient de la première manière de l'auteur, on doit croire qu'il l'écrivit peu de temps après son retour dans sa patrie. Ce n'est que plus tard, et lorsqu'il était parvenu à la plénitude de la science et de son talent d'écrivain qu'il composa son Histoire d'Arménie, ouvrage qui se recommande par une connaissance approfondie des sources occidentales et orientales, par l'esprit judicieux qui l'anime, autant que par la magnificence et la régularité du style, qualités qui l'égalent aux chefs-d'œuvre historiques que la Grèce et Rome nous ont légués. Aussi en existe-t-il un grand nombre d'éditions et de traductions. L'édition princeps est celle qui parut à Amsterdam en 1695, petit in-8°, par les soins de l'évêque Thomas de Vanant, et qui a été reproduite par les frères Whiston, à Londres, 1737, in-4°. La plus récente et la meilleure est celle donnée par les Mékhitharistes, avec les variantes de plusieurs manuscrits, dans les Œuvres complètes de notre auteur, Venise, 1843, in-8°. Les traductions de l'Histoire d'Arménie, sont les suivantes : celle des frères Whiston, en latin, publiée par eux avec le texte; celle en français de M. Levaillant de Florival, Paris, 1838, in-8°, retouchée et réimprimée à Venise, en 1840, in-8°, et sur laquelle a été faite, avec quelques corrections et des notes, la version italienne des Mékhitharistes, Venise, 1841 et 1850, in-8°; celle de M. l'abbé Cappelleti, en italien, Venise, 1841, in-8°. Des deux versions russes, celle du diacre Joseph Ohannesoff, Saint-Pétersbourg, 1804 ou 1805, est très-imparfaite ; celle de M. Emin, la dernière en date et la plus fidèle, a vu le jour à Moscou, en 1858, in-8°.

A l’Histoire d'Arménie, il faut joindre, comme appendice, la Géographie, qui est un abrégé du traité de Pappus d'Alexandrie, mais original dans la description de l'Arménie et dans les détails qui y sont consignés sur les productions naturelles des pays de l'Asie centrale et de l'extrême Orient, et dont plusieurs étaient importées alors par le commerce dans l'empire des Sassanides.

Ses autres compositions sont des monographies historiques, des discours et des panégyriques, d'un caractère religieux ou hagiographique, qui ont leur intérêt au point de vue de l'histoire ecclésiastique ou des sciences théologiques, et aussi comme modèles de Style.

Moïse prolongea sa carrière, jusqu'aux limites d'une extrême vieillesse, si l'on s'en rapporte au témoignage de l'historien Thomas Ardzrouni; ce qu'il y a de certain, c'est qu'il travailla à son Histoire d'Arménie étant déjà très âgé, comme il nous l'apprend lui-même. Nous ne savons de sa biographie autre chose que ce qu'il nous en raconte lui-même, lorsqu'il se met en scène, à propos de ses voyages et aussi qu'il fut évêque des districts d'Arscharouni et de Pakrévant. L'admiration que lui ont vouée ses compatriotes lui a valu de leur part les surnoms de Grand, et de Père des lettrés, et peut-être aussi le titre de saint, sous lequel il est inscrit dans le ménologe arménien.

(10) Le vartabed (docteur) Elisée, secrétaire de Vartan Mamigonien, général en chef des Arméniens, dans la guerre qu'ils soutinrent contre Yazguerd (Yezdedjerd II), roi de Perse, s'est fait l'historien des événements politiques et militaires survenus dans le cours de cette lutte, entreprise par les Arméniens pour la revendication de leur indépendance nationale. Ce livre est précieux pour les renseignements qu'il contient sur la cour des monarques sassanides et l'organisation religieuse de leur royaume sous la loi de Zoroastre. Il est écrit d'un style doux et élégant, et en même temps vif et pathétique. Elisée est aussi l'auteur de plusieurs compositions ou discours d'un caractère théologique ou moral, qui ont été réunis dans l'édition de ses Œuvres complètes, Venise, 1838, in-8°, et où il laisse percer sa croyance au millénarisme, croyance si répandue dans les premiers siècles du christianisme. Les éditions de son ouvrage principal, l’Histoire de la guerre contre les Perses, sont très-nombreuses, depuis celle d'Abraham d'Edchmiadzin, parue à Constantinople en 1764, jusqu'à l'édition de 1825 et les réimpressions de 1852 et 1864, données à Venise, par les PP. Mékhitharistes. Nous avons encore à citer l'édition de Mgr Khoren Calfa, publiée à Théodosie ou Caffa, en Crimée, en 1864, d'après le célèbre manuscrit des Antzévatsis, et celle qui a vu le jour en 1865, au couvent de Saint-Jacques, à Jérusalem, par les soins du patriarche Esaïe, et qui sont utiles à consulter pour les variantes qu'elles fournissent.

Elisée a été traduit en plusieurs langues européennes : en anglais, mais sous forme d'abrégé, par M. Fr. Neumann, de Munich, Londres, 1828, in-4° ; en italien, par M. l'abbé Capelletti, Venise, 1840, in-8° ; en français, mais en manière de paraphrase très-infidèle, par le P. Garabed Kabaradji, Paris, 1845, in-8°; en russe, par M. Pierre Schanscheïeff, Tiflis, 1853.

(11) Lazare dit Ph'arbetsi, parce qu'il avait fait profession de la vie religieuse dans le couvent de Ph'arbe, petit village de la province d'Ararad, est connu par son Histoire d'Arménie, écrite au ve siècle, et qui, faisant suite à celle d'Elisée, embrasse l'intervalle de 463 à484 ou 485. Lazare raconte l'invention de l'écriture arménienne, par saint Mesrob, l'organisation ecclésiastique du pays et les institutions pédagogiques, fondées par ce savant et infatigable docteur. Après avoir passé rapidement sur la période qu'embrassent les récits de ses prédécesseurs, il retrace en détail et avec un esprit politique très remarquable les faits et gestes de Vahan Mamigonien, d'abord chef des Arméniens par sa grande position sociale et son autorité morale, et ensuite institué gouverneur ou marzban (garde-frontières), par le roi de Perse.

Il n'existe qu'une seule édition de Lazare de Ph'arbe, publiée en 1793, à Venise, in-12, et, en second tirage, dans la même ville, 1807. La première traduction, qui est en français et qui est signée du nom du P. Mékhitariste Samuel Ghésarian, a paru dans le tome Ier de la collection des Historiens, anciens et modernes de l'Arménie, de M. Langlois. On peut voir notre appréciation de cette traduction dans le Journal des Savants, cahiers d'octobre et novembre 1869 et 1871.

Lazare de Ph'arbe nous a laissé aussi une lettre adressée à Vahan Mamigonien, pour se justifier des accusations portées contre lui par ses ennemis. Cette lettre, retrouvée par M. Emin, a été publiée par lui, mais d'une manière assez défectueuse, à Moscou, en 1853, in-8° de 68 pages.

(12) Le nom de Faustus de Byzance a été déplacé dans cette liste des historiens arméniens, puisqu'il vient après Moïse de Khoren, Elisée et Lazare de Ph'arbe, qui appartiennent au ve siècle, et que lui-même est du iv°. La patrie de Faustus nous est inconnue ; son nom, qui est latin, pourrait faire supposer qu'il était né dans les provinces orientales de l'Empire romain, si ce nom n'était pas peut-être une traduction de son nom original. Quoi qu'il en soit, on peut affirmer que Faustus n'était pas Arménien de naissance ; tous les autres historiens de cette nation semblent le considérer comme un étranger et témoignent pour lui peu de sympathie ; et ce qui confirme cette conjecture, c'est le caractère des documents dont il s'est servi, qui paraissent provenir de sources toutes différentes de celles où ont puisé les autres historiens. On a soulevé plusieurs fois la question de savoir s'il a écrit son livre en grec ou en arménien. Je crois avoir démontré que l'hypothèse d'une primitive rédaction arménienne est la plus vraisemblable, dans le Journal des Savants, cahiers précités.

Faustus commence sa narration, au règne de Khosrov (Chosroès II), dit le Petit, fils de Tiridate, et la continue jusqu'au règne de Khosrov III; c'est-à-dire de 344 à 388. Cet auteur a été imprimé à Venise, en 1832, in-8°, d'après un manuscrit dont le texte réclame de nombreuses corrections. Une traduction française d'un grand mérite, par les difficultés vaincues, et dont les imperfections sont très excusables de la part d'un Arménien de Russie, qui a eu à manier notre langue et à s'exercer sur un texte rendu souvent très-obscur par les altérations qu'il a subies, est due à M. Emin ; elle fait partie du tome Ier de la collection Langlois. J'ai essayé d'en donner une idée dans le Journal des Savants, cahiers précités.

(13) Le livre de Sébéos contient, sous le titre d'Histoire d'Héraclius, le récit des campagnes victorieuses de ce prince contre la Perse, et ensuite de sa lutte malheureuse contre les Arabes, et de leurs premières invasions en Arménie, Ce récit est d'autant plus intéressant, que l'auteur était contemporain et a souvent été témoin oculaire des événements qu'il a enregistrés. L'ouvrage de Sébéos, considéré comme perdu, fut retrouvé dans ces derniers temps dans la bibliothèque d'Edchmiadzin. En 1850, le patriarche Nersès V en fit faire une copie pour M. Thaddée Mihrtadian, qui la publia l'année suivante à Constantinople, in-12. Il en existe une traduction russe, par M. Patkanoff, qui a vu le jour aux frais de l'Académie impériale des sciences de Saint-Pétersbourg, en 1862, in-8°.

(14) Léonce le Prêtre, écrivain de la seconde moitié du viiie siècle, nous a laissé une histoire des invasions arabes en Arménie. Elle comprend l'intervalle écoulé de 661 à 788. Feu l'archimandrite Garabed Schahnazarian en publia une traduction française, à Paris, en 1856, in-8°, et l'année suivante, le texte d'après un manuscrit en sa possession, provenant, à ce qu'il paraît, de la bibliothèque d'Edchmiadzin, et mis au jour dans sa Galerie historique arménienne. (Paris, 11 vol. in-12.) Plus tard, en 1862, l'Académie impériale des sciences de Saint-Pétersbourg en a fait paraître une traduction russe, due à M. Patkanoff, et qui porte le titre assez impropre de : Histoire des Khalifes par le vartabed Léonce.

(15) Schabouh (Sapor), surnommé le Bagratide, parce qu'il appartenait à l'illustre famille de ce nom, était fils d'Aschod, seigneur du district de Sber (Hyspiratis de Strabon et Syspiritis du même géographe et de Constantin Porphyrogénète), dans la province de Haute Arménie. Il vivait vers le milieu du ixe siècle. Nous savons par Jean Catholicos, dont il va être question tout à l'heure, que Schabouh avait écrit l'histoire du règne d'Aschod, dit le Grand, premier souverain bagratide d'Ani (859-890), fils de Sempad le Confesseur. Cet ouvrage, malheureusement perdu aujourd'hui, existait encore, à ce qu'il paraît, au xiie siècle, puisque, outre les écrivains antérieurs à cette époque, qui le citent, comme Jean Catholicos, l'évêque Oukhthanès d'Edesse, Acogh'ig et autres, il est encore mentionné par Vartan le Grand qui vivait à la fin du xive siècle. Il nous en reste seulement un petit fragment qui nous a été conservé dans l’Histoire de la séparation de l'Eglise géorgienne d'avec l'Eglise d'Arménie, d'Oukhthanès, et qui a été inséré dans le Sbornik (Revue) littéraire du magistros Mseriants, 3° partie, n° XI, p. 127-131. Voir M. Emin., trad. russe d'Acogh'ig, p. 4, note 12.

(16)  Jean VI, catholicos (patriarche) d'Arménie (897-925), plus connu sous le nom de Jean Catholicos, a composé une histoire d'Arménie, depuis les temps les plus reculés jusqu'à 920 de l'ère chrétienne, en se guidant, pour la période ancienne, de Moïse de Khoren et de quelques documents négligés ou oubliés par ce dernier. Mais la partie de cet ouvrage qui a le plus de prix pour nous est celle où il raconte les rapports tantôt pacifiques, plus souvent hostiles des gouverneurs arabes (osdigans) de l'Arménie avec les princes Bagratides, leurs exactions et leurs violences à l'égard de ces princes et des populations. Une traduction française, qui n'est à proprement parler qu'une ébauche, faite par Saint-Martin, a été publiée après sa mort par Félix Lajard, Paris, 1841, in-8°. Elle a été appréciée par M. Félix Nève, professeur à l'université de Louvain, dans un article inséré dans l'Université catholique, n° 96, décembre, 1843, sous le titre de : Histoire d'Arménie par Jean VI, dit Jean Catholicos, traduite par Saint-Martin. La première édition de cet auteur est sortie des presses du couvent de Saint-Jacques, à Jérusalem, 1843, in-12 ; la seconde a paru à Moscou en 1853, in-8° par les soins de M. Emin.

(17)  Sarkis Ier ou Serge, catholicos d'Arménie, occupa le siège de 992 à 1019 de notre ère, suivant Tchamitch. (Hist. d'Arménie, annot. du livre IV, t. II, p. 1030.) La date de son avènement au patriarcat est confirmée par Acogh'ig, qui marque l'année 441 de l'ère arménienne (23 mars 992 — 21 mars 993), dans le chapitre qu'il a consacré au pontificat de Sarkis (Liv. III, ch. 32).

(18) Tout en affirmant qu'il va remonter jusqu'au premier âge du monde, Acogh'ig omet l'intervalle de 3184 ans, comptés par Eusèbe depuis Adam jusqu'à la naissance d'Abraham, c'est-à-dire 2.242 ans de la période antédiluvienne et les 942 premières années de la période postdiluvienne. Acogh'ig commence aux temps historiques, marqués par des dates sinon certaines, du moins approximatives, comme le fait l'évêque de Césarée qui, dans son Canon, part de la première année ou de la naissance d'Abraham, 43e de Ninus, roi d'Assyrie, et de l'avènement de la seizième dynastie, thébaine, en Egypte.

(19) La terre de la Bonne-Nouvelle Erguir avediats, suivant l'expression arménienne, c'est-à-dire, la contrée de Chanaan, ou la Terre promise.

(20) Saint Paul, Ep. aux Galates, iii, 17.

(21) La somme de 505 ans est parfaitement exacte, comme on peut s'en assurer par l'addition des chiffres particuliers des générations :

 

Abraham 100 ans.

Isaac

60

Jacob

86

Lévi

46

Caath

63

Amran

70

Moïse

80

 

505

(22) En ajoutant les 505 ans écoulés depuis Abraham jusqu'à Moïse aux 3.184, comptés depuis Adam jusqu'à la naissance d'Abraham, nous aurons 3.689 ans et non 3.889, chiffre énoncé par Acogh'ig. C'est une erreur de sa part, sans doute, comme on peut s'en convaincre, en jetant les yeux sur le tableau chronologique de Samuel d'Ani, basé sur les calculs d'Eusèbe, tableau rapporté ci-dessus (note 7). — Mais Acogh'ig s'écarte parfois des supputations et des données d'Eusèbe, tel que nous le possédons aujourd'hui. Il se peut qu'il ait consulté et suivi ici quelque autre chronographe de sa nation, comme Ananie de Schirag, qu'il cite un peu plus loin.

(23) Je crois que l'auteur fait allusion à Ananie de Schirag, qu'il paraît suivre volontiers et avoir en vue toutes les fois que dans ce premier chapitre, il emploie la locution : Il dit, « asê » M. Emin a singulièrement interprété ce passage en attribuant à Abraham ces mots : un homme digne de foi, quoi qu'ils ne se lient en rien à la phrase précédente, où se trouve incidemment le nom de ce patriarche.

(24) Le treizième jour du mois de Nissan, dans le calendrier des Hébreux, est la veille du jour auquel Moïse avait fixé la commémoration du pesah (passage) ou de la Pâque et la célébration de cette fête. Mais chez les chrétiens, si ce jour tombe dans la semaine, cette fête est renvoyée, comme on le sait, au dimanche suivant. Il se peut aussi (v. ci-dessus, note 18) qu'Acogh'ig ait emprunté le chiffre précité de 3.869 à quelqu'un de ces canons chronologiques, comme ceux des moines Egyptiens Anianus et Panodore, qui étaient basés sur un système d'ère mondaine, dont chaque année, divisée par le cycle lunaire de dix-neuf ans, servait à trouver le mois pascal, et, dans ce mois, le quatorzième jour de la lune. Voir le tableau du cours du cycle décemnovennal, à la page 36 de notre Chronologie arménienne, technique et historique, et ibid., Appendice n° II, sur les Eres mondaines, p. 167-173.

(25) Origène, dans ses ouvrages, s'est guidé par les calculs de la version grecque des Septante, qui prévalaient dans l'Eglise d'Alexandrie.

(26) Ananie de Schirag, surnommé le Calculateur ou le Computiste, vivait au viie siècle de notre ère. Ses voyages littéraires et scientifiques dans l'empire grec, le conduisirent à Trébizonde, où il se mit pendant huit ans sous la direction d'un mathématicien, nommé Tychicus. De retour en Arménie, il ouvrit une école où il compta des disciples dont les plus célèbres furent Hermon, Tiridate, Azarie Ezéchiel et Cyriaque (Guiragos). Entre autres ouvrages émanés de lui, ses compositions mathématiques sont les plus remarquables. Ce sont : un traité d'arithmétique, un traité du calendrier comparé des différentes nations, dont il ne nous reste que des fragments disséminés dans quelques manuscrits, et enfin un traité des poids et mesures, traduit par le P, Pascal Aucher, et publié avec le texte, au couvent de Saint-Lazare, à Venise, 1821, in-8°. Cf. Soukias Somal, Quadro della storia letteraria di Armenia, Venise, 1829, in-8°, et M. Patkanoff, Catalogue de la littérature arménienne.

(27) Il y a dans le texte d'Açogh'ig : Salomon, 40 ans. C'est une erreur qu'a répétée par inadvertance M. Emin. En effet Salomon était seulement dans la quatrième année de son règne, lorsqu'il entreprit la construction du temple de Jérusalem ; et c'est à cette dernière date que se terminent la série des Juges, le règne de David et la première partie de celui de Salomon. La liste d’Açogh'ig est une combinaison des deux listes dressées par Eusèbe d'après le texte hébreu-samaritain (Chron, t. 1er, p. 160-161), et d'après les Septante (ibid., p. 168-170). On voit que notre auteur s'en tient plus particulièrement au calcul d'Origène et d'Ananie de Schirag, qui portent à 490 ans l'intervalle de l'Exode à la quatrième année de Salomon, au lieu des 480 ans des Septante et d'Eusèbe.

(28) Josué, xxiv, 29, et Livre des Juges, ii, 8.

(29) Actes des apôtres, xiii, 17-21. Discours de saint Paul dans la synagogue d'Antioche de Pisidie.

(30) Les noms de ces trois fils de Saül sont omis dans Eusèbe. Le nom du second est Abinadab, comme on le lit dans la Bible (I Rois, xxxi, 2), et non point Esati, qui figure dans notre auteur, sans que l'on sache ni comment ni pourquoi.

(31) On lit dans Acogh'ig, par une erreur de copiste, probablement, au IIe chapitre des Rois au lieu de : au IIIe livre, comme j'ai corrigé. Le passage dont il est ici question est le verset 1er du chapitre vi.

(32) Notre auteur énonce le chiffre de 440 ans, qui est effectivement dans la Bible arménienne, tandis que, le texte hébreu, les Septante, la Vulgate, ainsi qu'Eusèbe disent 480 ans.

(33) Il y a, dans le texte d'Acogh'ig, comme précédemment « il dit, » que M. Emin traduit sans chercher quel est l'auteur dont le témoignage est invoqué dans ce passage. Je conjecture qu'il s'agit comme ci-dessus, n° 23, d'Ananie de Schirag.

(34) Ces mots : jusqu'à la mort de David, ont été omis par Acogh'ig, quoiqu'ils soient dans Eusèbe. Il y a, dans notre auteur, 430 ans, ce qui est une erreur évidente, car 480 — 4 — 40 = 436.

(35) 942 ans, dans Eusèbe.

(36) 4.250 ans, ibid.

(37) Plus exactement 143 ans et 8 mois, comme on lit dans Eusèbe (t. Ier, p. 181). Faute d'avoir consulté le texte du chronographe grec, qui lui aurait rendu intelligible ce passage, M. Emin a cru que les 124 ans énoncés par Acogh'ig sont l'âge qu'avait Pygmalion, quand il monta sur le trône, et comme son règne fut de 47 ans, il en résulte qu'il en aurait eu 177 à l'époque de sa mort. Le traducteur russe a employé une très-longue note à ce calcul imaginaire qu'il n'a su expliquer que par une erreur de copiste.

(38) La quatrième année, dans Eusèbe.

(39) 432 ans, ibid.

(40) C'est-à-dire à partir de la quatrième année de Salomon, date de la fondation du Temple ; en tout 40 ans de règne. Il faut lire, dans Acogh'ig, 37 ans, comme le prouve le texte d'Eusèbe, la lettre numérale arménienne É ou 5, ayant été confondue ici, comme cela arrive très-souvent dans les manuscrits, avec le É ou 7.

(41) Ce synchronisme de la première olympiade et de la première année de Joatham, roi de Juda, a été emprunté par Eusèbe à Jules l'Africain. En réalité, Eusèbe termine la première olympiade à la cinquante-deuxième année d'Azaria, prédécesseur de Joatham et fait commencer la deuxième olympiade à la première année de Joatham (Voir Canon, t. II, p. 173). C'est, en effet, ce qu'il donne à entendre en disant que Jules l'Africain compte le total, koumarê, de la première olympiade ou des quatre premières années olympiques accomplies, à l'avènement de Joatham. Or, comme la première année olympique d'Eusèbe s'ouvre le 1er octobre 777 av. J.-C, il s'ensuit que la première année royale de Joatham va, d'après le calcul de l'évêque de Césarée, du 1er octobre 773 au 30 septembre 772.

(42) L'addition des chiffres de chaque règne, dans la liste des rois de Juda, produit, en réalité, un total de 454 ans, et non de 441. Eusèbe indique une somme de 432 ans, tandis que, par l'addition des chiffres successifs, on n'en obtient que 412. Samuel d'Ani a 442 ans, le chronographe grec, Nicéphore, 448, en partant de la première année royale de Salomon, ce qui, par le retranchement des trois premières années de ce prince, antérieures à la construction du Temple, nous fait retomber sur le chiffre 445. S'il y a erreur quelque part, dans ces divergences, c'est plutôt dans les chiffres partiels, sujets chacun à s'altérer sous la plume des copistes, que dans l'énoncé du total.

(43) Le second livre d'Esdras, dans la Bible arménienne, le premier dans les Septante et la Vulgate.

(44) Genèse, xlix, 10.

(45) 502 ans, dans Eusèbe.

(46) Eusèbe compte 518 ans depuis la restauration du Temple, sous Darius, jusqu'à la naissance de Jésus-Christ, qu'il place à l'an du monde 5198 ou 2015 de l'ère d'Abraham, olympiade 194, IV, c'est-à-dire à l'an 2 avant l'ère chrétienne. Par conséquent, il faut, pour atteindre la dix-neuvième année de Tibère, qui est celle du crucifiement du Christ, ou 5231 de l'âge du monde, 2048 d'Abraham, olympiade 203, I, ajouter en réalité 23 ans et rectifier notre chiffre de 501 en 534.

(47) 6 mois, dans Eusèbe.

(48) Eusèbe assigne à la dynastie des Achéménides une durée de 235 ans et 11 mois. (230 ans dans son Canon); mais, en réalité, 243 ans et 3 mois, d'après l'addition des chiffres qu'il attribue à chaque règne. Il la fait commencer à la quinzième olympiade et finir à la cent treizième, c'est-à-dire à partir de l'an 640-637 jusqu'en 329-326 av. J.-C. Ce calcul n'est pas exact, puisqu'en descendant jusqu'à la quatrième année de l'olympiade, 115 = 326, et en tenant compte des six années du règne d'Alexandre sur la Haute-Asie, nous avons le chiffre 320, pour la date de sa mort, contrairement au calcul le plus généralement admis, qui fixe cet événement en 312.

(49) 5 ans, dans Eusèbe.

Chapitre II. — (1) Dans ce second chapitre, Acogh'ig continue à transcrire Eusèbe (Chron., Part. 1, t. I", p. 191 et 251), qui lui-même reproduit un assez long fragment de Porphyre (ibid., p. 236-250). Le texte de notre auteur présentant, dans la liste des Lagides, des altérations de chiffres ou des omissions de noms, nous plaçons sous les yeux du lecteur la liste originale d'Eusèbe :

Ptolémée Soter, fils de Lagus, 40 ans.

Ptolémée Philadelphe, 38 ans.

Ptolémée Evergète, 24 ans.

Ptolémée Philopator, 21 ans.

Ptolémée Epiphane, 22 ans.

Ptolémée Philométor, 30 ans.

Ptolémée Evergète le Jeune, 29 ans.

Ptolémée Physcon, dit aussi Soter, 17 ans et 0 mois.

Ptolémée Alexandre, renversé et mis en fuite, 3 ans.

Ptolémée Philadelphe, 8 ans.

Ptolémée Denys [Aulète], dit aussi Philadelphe, 30 ans.

Cléopâtre, sa fille, 20 ans.

Le total indiqué dans le texte arménien est de 295 ans, dans le grec, 293; suivant le chronographe Samuel d'Ani 296; tandis que le calcul des chiffres partiels, ne produit que 282 ans, 6 mois. Dans une autre liste d'Eusèbe (Isagoge ad Canonem, series regum, t. II, p. 34), le total d'accord avec l'addition partielle est 296. En fixant, avec M. H. Fines Clinton (Fasti Hellenici, t. III, p. 408-409), l'ouverture de la première année royale de Ptolémée, fils de Lagus, au 7 novembre 305 av. J.-C, et en finissant le rogne de Cléopâtre au 30 août, de l'an 30 av. J.-C, date officielle du commencement de l'ère augustale en Egypte, nous obtenons un intervalle de 275 ans. Si, à ce dernier chiffre, nous ajoutons les 17 années pendant lesquelles le premier des Lagides fut à la tête de l'Egypte, avec le simple titre de gouverneur ou préfet, nous aurons un total de 292 ans, qui est à très-peu près celui (293 ans) par lequel Eusèbe résume la première de ses deux listes.

(2) Le titre sébaste est la traduction du latin auguste. Notre auteur, comme Eusèbe, les distingue, parce que, sans doute, le second est celui que portait l'empereur dans le langage officiel.

(3) J'ignore d'où Acogh'ig a tiré ce calcul, ainsi que les quatre précédents. Le premier, de 1.012 ans, est de 1.062, d'après Eusèbe ; différence en plus, pour ce dernier calcul, 50 ans.

Le second, est de 1.501 ans; dans Eusèbe, 1.542; — différence en plus, 41 ans.

Le troisième, est de 2.006 ans, ibid., 2.047; — différence en plus, 41 ans.

Le quatrième, est de 3.068 ans, ibid., 2.989; — différence en moins, 79 ans.

Le cinquième, est de 5.310 ans, Mi., 5.231 ; — différence en plus, 79 ans.

(4)   Ce chiffre est exact à une année près; il fallait 5.231 ans, comme on peut le voir ci-dessus, note 46 du chap. Ier.

Chapitre III. — (1) Ce chapitre, comme le précédent est un extrait fait passim de la chronique d'Eusèbe.

(2)  Daniel, ix, 25 et suiv.

(3)  Darius, dit le Mode, fils d'Arschavir (Assuérus). Après de longues guerres avec les Babyloniens, il prit possession de cet empire à la mort de Balthazar, à l'âge de soixante-deux ans (Daniel, v, 31). Il établit cent-vingt satrapes pour gouverner ses Etats, et, à leur tête, trois principaux, dont l'un était Daniel (ibid., vi, 1, 2 et 3). Il ne régna que deux ans à Babylone, et en fut le dernier souverain ; après lui, cette ville passa au pouvoir de Cyrus, roi de Perse. La date du règne de Darius peut être placée à la fin du vie siècle avant notre ère. On l'a assimilé à Cyaxare, roi des Mèdes, le frère de Mandane, qui fut la mère de Cyrus.

(4)  Alexandra Messalina, dans Eusèbe, t. I, p. 193 et II, p. 251. (Josèphe, Ant. Juil., XII, 161, et Bell. Jud., I, 5.)

(5)  Il faut lire la onzième année d'Auguste, date fixée par Eusèbe à l'avènement d'Hérode (Canon, t. II, p. 255). Mais, en réalité, c'est la quatrième année comptée depuis la mort de Jules-César. Appien, Bell. civil., V, 75, mentionne Hérode parmi les souverains que créa Antoine après la conclusion de la paix avec Sextus Pompée, 39 av. J.-C. Mais Josèphe, Antiq. Jud., XIV, marque une année plutôt, en 40, sous le consulat de Caius (Cneius), Domitius Calvinus iterum et C. Asinius Pollion. Cette année, Hérode, s'étant rendu à Rome auprès d'Antoine et d'Octave, obtint par leur crédit un sénatus-consulte qui lui accordait le royaume de Judée.

(6)  Ces 291 ans, ajoutés à l'année 33 de l'ère chrétienne, année qui est celle de la Passion, nous donnent 324. C'est à très-peu près la date du concile de Nicée (325), que réunit Constantin, date que notre auteur paraît avoir eue ici en vue ; et ce qui confirme cette supposition, c'est la leçon : jusqu'au concile de Constantin, au lieu de : jusqu'à Constantin, admise dans un des manuscrits consultés par Garabed Schahnazarian. (Cf. note 20, p. 282 de son édition d'Acogh'ig.)

(7)  Notre auteur, dans le chiffre des années de chaque règne des empereurs romains, a négligé les fractions de mois et de jours, qu'il compte le plus souvent comme années pleines. J'ai rétabli le calcul exact d'Eusèbe, dans la liste suivante extraite de son Canon.

Auguste, 56 ans, 6 mois.

Tibère, 23 ans.

Caius [Caligula], 3 ans, 4 mois.

Claude, 14 ans, 8 mois.

Néron, 13 ans, 7 mois.

Vespasien, 9 ans, 11 mois, 22 jours.

Titus, 2 ans, 2 mois.

Donatien, 16 ans.

Nerva, 1 an, 3 mois.

Trajan, 19 ans et 6 mois.

Adrien, 21 ans.

Titus Antonin avec ses fils [Marc]-Aurèle et Lucius, 22 ans, 6 mois.

Marc-Aurèle et Commode, 19 ans.

Commode, 13 ans.

Aelius Pertinax, 1 an.

Sévère, 18 ans.

Antonin Ier [Caracalla], 7 ans.

Macrin, 1 an.

Antonin II, 4 ans.

Alexandre, fils de Mammée, 13 ans.

Maximin, 3 ans.

Gordien, 6 ans.

Philippe, 7 ans.

Dèce, 1 an et 3 mois.

Gallus et Volusien, 2 ans et 6 mois.

Valérien et Gallien, 15 ans.

Claude, 1 an, 9 mois.

Aurélien, 5 ans, 6 mois.

Tacite, 6 mois.

Plorien, 82 jours.

Probus, 6 ans et 4 mois.

Carus avec ses fils Carin et Numérien, 2 ans.

Dioclétien, 20 ans.

Constantin. Sa vingtième année termine le canon d'Eusèbe.

(8) C'est la date de la célébration de la vingtième année, vicennalia, de Constantin à Nicomédie, et l'année suivante à Rome, et la date aussi du concile de Nicée, Paulino et Juliano coss., olymp. 276, I, l'an varronien de Rome, 1078, 325 de l'ère chrétienne. Par conséquent l'avènement de Constantin était compté officiellement à partir de 306. Voir H. Fines Clinton, Fasti Romani, t. I, Tables ad ann. 306 et 325, où il cite toutes les autorités sur lesquelles ces synchronismes s'appuient.

Chapitre IV. — (1) Cette liste des rois assyriens est tirée d'Eusèbe (t. I, p. 98-100 et t. II, p. 15 et 16), auquel l'a empruntée aussi Moïse de Khoren (Hist. d'Arménie, 1,19)» Eusèbe a suivi, entre autres historiens, Céphalion, qui lui-même paraît s'être guidé de Ctésias, et comme ce dernier avoir confondu les deux empires d'Assyrie en un seul, d'une durée de 1240 ans ou, suivant d'autres, de 1300 ans. (Voir Eusèbe, t. I, p. 100.); de 1460 ans, d'après le Syncelle (p. 132). Acogh'ig a omis cinq noms dans cette liste, et les a presque tous altérés. J'ai rempli cette lacune et rectifié les leçons vicieuses d'après le Canon d'Eusèbe. (Cf. la même liste avec ses variantes dans la Chronique, t. I, p. 98-100., et, dans l’Isagoge, t. II, p. 15-16.)

(2)  Aralius dit aussi Amyrus, 40 ans.

(3)  Xerxès nommé aussi Balaeus, 30 ans.

(4)  Armamithrès, 38 ans.

(5)  Bélochus, 35 ans.

(6)  Mamylus, 30 ans.

(7)  Sparethus, 40 ans.

(8)  Ascatadès, 40 ans.

(9)  Amyntas, 45 ans.

(10) Bélochus, 25 ans.

(11) Palebarès ou Balatorès, 30 ans.

(12) Lampridès, 32 ans.

(13) Sosarès ou Sosmarés, 10 ans.

(14) Lampareus ou Lamparès, 30 ans.

(15) Pannias, 42 ans.

(16) Sosarmos.

(17) Teutamès ou Teutamus, 32 ans.

(18) Teuteus, 40 ans.

(19) Thineus, 30 ans.

(20) Derusus ou Dercylus.

(21) Peritiadès.

(22) Ophrateus, 20 ans,

(23) Acrazanès.

(24) La liste des rois Mèdes est très fautive dans Acogh'ig ; elle ne comprend que sept souverains au lieu des huit que mentionne Eusèbe. Voici celle de ce dernier, avec les variantes qu'elle présente, dans sa Chronique (t. I, p. 101), et ensuite dans l'Isagoge ad canonem, series regum (t. II, p. 32) :

Chronique.                                                     Isagoge,

Arbace, 28 ans.                                                     Arbace, 28 ans.

Maudacès, 20 ans.                                                 Sosarmus, 30 ans.

Sosarmus, 30 ans.                                                 Mamicus, 40 ans.

Articas, 30 ans.                                                     Cartices, 13 ans.

Déjocès, 54 ans.                                                    Déjocès, 54 ans (a).

Phraorte, 24 ans (Aphraartès, 51 ans, Syncelle).      Phraorte, 24 ans (b).

Cyaxare, 32 ans.                                       Cyaxare, 32 ans (c).

Astyage, 28 ans.                                      Astyage, 38 ans (d).

(a) Olymp. 18, II,   année d'Abraham 1.309. = 708 av. J.-C.

(b) » 31, III,                                                 » » 1.362. = 600.

(c) » 37, IV,                                                  » » 1.387. = 631.

(d) » 48, IV,                                                 » » 1.419. = 598.

(25) On ne peut s’expliquer par quelle hallucination Fauteur ou ses copistes ont inséré dans cette liste des rois Mèdes le nom Hagatimos, qui est le grec Académus. Ce mot ne ressemble guère à celui de Sosarmos ou Sosarmas, par lequel il faut le remplacer.

(26) Pour rectifier cette liste des rois de Perse, en ce qu'elle a d'incomplet, de fautif, ou de divergent dans notre auteur, je transcris celle d'Eusèbe qui en a été le modèle. (Chron., 1 p., t. I, p. 104, et Isagoge, t. II, p. 33.)

Cyrus, 30 ans. Olymp. 55, II, année d'Abraham 1.457 = 560 av. J.-C.

Cambyse, 8 ans.

Les deux frères Mages, 7 mois.

Darius, fils d'Hystaspe, 36 ans.

Xerxès, fils de Darius, 21 ans.

Artaban, 7 ans.

Artaxerxès Longuemain, 40 ans.

Xerxès II, 2 mois.

Sogdien, 6 mois.

Darius Nothus, 19 ans.

Artaxerxès Mnémon, 40 ans.

Artaxerxès Ochus, 26 ans.

Arsès ou Ardaschès, fils d'Ochus, 4 ans.

Darius [Codoman], fils d'Arscham, 6 ans. La sixième année de Darius est l'olymp. 112, III, année d'Abraham 1.686 = 331 av. J.-C.

Total des règnes partiels, 238 ans 3 mois ; en nombre rond, 239 ans qui est, en effet, le chiffre de l'intervalle écoulé entre l'Olymp. 55, II, et l'olymp. 112, III.

(27) Par cette dénomination le haut pays, l'auteur entend la Mésopotamie septentrionale ou Mésopotamie arménienne, la Grande-Arménie et, au nord, la région du Caucase.

(28) L'expression Orient désigne ici la Perse et tous les pays plus à l'est. Dans les chroniqueurs arméniens du moyen âge, elle s'applique spécialement à la Grande-Arménie et, en général, à toutes les contrées au-delà de l'Euphrate.

(29) Seleucus Nicator, 32 ans dans Eusèbe (t. Ier, p. 357 et II, p. 34).

(30) La mort d'Antiochus Soter, roi de Syrie, est fixée par Eusèbe, Chron. Can., t. II, p. 231, à la ive année de la 129e olympiade, 1755 d'Abraham, c'est-à-dire, 1er octobre, 261-262 av. J.-Ch.

(31) Voir plus bas, note 37, la discussion de cette date.

(32) Arsace, le premier des souverains arsacides de Perse, surnommé le Brave « K'adeh, » par les historiens arméniens. Ce nom d'Arsace fut porté par tous les princes de cette dynastie, en souvenir de celui qui en fut le fondateur, tout en ayant chacun son nom particulier, et comme un titre honorifique. Les noms d'Arschagan, Arschanag, deux des successeurs d'Arsace, ont sans doute, comme dérivés, le sens de descendants de ce roi, ses fils ou petits-fils. Ce même nom d'Arsace se rencontre accru d'un préfixe dans celui du premier des rois d'Arménie de la même famille, Vagharschag ou Valarsace. Comme ce prince était le frère cadet d'Arsace le Grand, le troisième de cette famille, on peut supposer que le préfixe vagh' indique un degré d'infériorité de naissance ou de rang, et en même temps que le mot Vagh'arschag est un diminutif de Vagharsch, le Vologèse des Grecs.

Le rapprochement de ces divers noms permet d'en tirer une double série étymologique dont l'élément primitif est le mot arsch, qui dut avoir dans l'ancien idiome des Parthes, aujourd'hui éteint, un sens analogue à celui de héros, brave ou glorieux.

1.  Arsch.                                        1. Vagh'-arsch.

2.  Arch-ag.                                     2. Vagh'-arsch-ag.

3.  Arsch-ag-an.

4.  Arsch-an-ag.

(33) Balh, Bahl ou Balkh, l'ancienne Bactra, capitale de la Bactriane, dont le nom a formé celui de Balhav, et avec la terminaison adjective ig, en arménien, Bahlavig, c'est-à-dire, « celui qui est originaire ou possesseur de Balh», en persan pahlav, pahlavan, « un héros. » Cette dénomination, d'abord purement géographique ou ethnique, semble être devenue par la suite une sorte de titre d'honneur pour les souverains de Bahl et de prééminence pour la nation à laquelle ils commandaient. On peut supposer que ce titre est de provenance parthe et qu'il est l'équivalent du mot ari, « viril, brave, » d'origine sanskrite, et que les Perses s'attribuaient pareillement.

La ville de Bahl est nommée plus loin (chap. v), comme dans Moïse de Khoren (Hist. d'Arm., II, 2), Bahl Aravadin. Ce dernier mot signifiait peut-être, dans la langue parthe, et traduisait le mot Schahasdan, « résidence royale, » que Bahl reçoit quelquefois des historiens arméniens. Ceux-ci appellent ordinairement cette contrée du nom des pays des Aris, pris dans l’acception de pays des braves ou des forts.

 (34) Les Kouschans, peuple qui paraît être le même que les Huns blancs, ou Hephthalites des écrivains byzantins, les Koueï-Schan des écrivains chinois. Ils occupaient, suivant Tchamitch (Hist. d'Arménie, Index général, t. III, p. 195), le K'ousdi-Khoraçan ou le Khorazm, entre le Turkestan et le Khoraçan proprement dit, au sud et au nord de l'Oxus.

Reinaud (trad. de la Géographie d'Aboulféda, introd., p. ccclxi-ccclxiii) les assimile aux Turks Tagazgaz, qui lui paraissent être les mêmes que les Ouïgours. Mais les Kouschans n'habitaient point le Turkestan, et ils appartenaient non point à la race turque, mais à la race mongole. (Cf. Saint-Martin, annot. à l'Histoire du Bas-Empire de Lebeau, t. III. p. 386, note 2.)

(35) Pour la date où commença la dynastie des Arsacides d'Arménie, voir ci-après, liv. II, chap. Ier in fine.

(36) Ardaschir ou Ardeschir Babégan, fils de Sassan, dit Sdahratsi, ou originaire du district de Sdahr (Istakhar des Arabes et des Persans, l'ancienne Persépolis), fut le fondateur de la quatrième dynastie de Perse, la dynastie des Sassanides. Son avènement fut dû en grande partie à la révolution religieuse dont il se fit le promoteur et qui substitua, aux croyances syncrétistes et imprégnées d'hellénisme, qu'avaient fait prévaloir les Arsacides, l'ancien culte national, le mazdéisme ou doctrine de Zoroastre.

(37) La seconde année de l'empereur Philippe coïncide avec l'Olymp. 256,1, et l'an varronien de Rome 998, ou 245 de l'ère chrétienne. Comme Acogh'ig donne à la dynastie des Arsacides de Perse une durée de 457 ans, elle aurait, par conséquent, commencé en 212 avant Jésus-Christ. Mais ce dernier chiffre est évidemment fautif, puisqu'un peu plus loin il dit que ce fut dans la trentième année de Ptolémée Philadelphe, c'est-à-dire, en 256 av. J.-Ch., date corroborée par le témoignage de Justin qui indique le consulat de L. Manlius Vulso et Marcus Atilius Regulus. Suivant Moise de Khoren (Histoire d'Arménie, II, i) les Parthes se révoltèrent contre les Séleucides, la onzième année d'Antiochus Théus, roi de Syrie, ou 250 ans avant Jésus-Christ. Un peu plus loin (chap. ii), il ajoute qu'Arsace le Brave monta sur le trône, la soixantième année après la mort d'Alexandre ; ce qui nous donne octobre 251-252. On voit que ces dates concordent entre elles à quelques années près (250 à 256), qui se passèrent dans les troubles et les guerres dont le résultat final fut le triomphe d'Arsace et sa proclamation comme roi. Acogh'ig fait terminer trop tard cette dynastie, qui s'éteignit par la mort d'Artaban et l'avènement d'Ardaschir (Artaxerxès), le premier des Sassanides, sur la fin de la quatrième année d'Alexandre-Sévère, 226 de notre ère, et après une durée d'environ 475 ans. Notre auteur ne compte que dix Arsacides depuis Arsace le Brave jusqu'à Artaban, dont les règnes additionnés produisent un total effectif de 365 ans seulement. Mais les témoignages combinés de Justin, Suétone, Tacite, Dion Cassius, etc., d'accord avec les médailles de ces princes, en ont fait retrouver au moins ving-huit. Voir H. Fines Clinton, Fasti Romani, vol. II, Appendix, pp. 243-259; et Saint Martin, Fragments d'une Histoire des Arsacides, 2 vol, in-8°, Paris, 1850, ouvrage posthume publié sous les auspices et aux frais du Ministère de l'instruction publique, par Félix Lajard.

(38) Les Anaris ou Anariens, c'est-à-dire les non-ariens, mot dans lequel entre le préfixe négatif an, qui est l'a privatif sanskrit et grec, in latin et un des idiomes germaniques. Les écrivains arméniens nous font connaître parfaitement le sens historique de cette double dénomination, Ariens et Anariens : la première, désignant les Perses ou Iraniens proprement dits, les sujets immédiats des Sassanides; la seconde, les tribus du Caucase et autres peuples, de race étrangère, qui relevaient de ces princes. Cette distinction nous donne l'intelligence de ces paroles de la suscription d'une lettre adressée par Sapor II aux habitants de Tigranocerte (Dikranaguerd), qu'il assiégeait (Moïse de Khoren, III, 26), paroles sur lesquelles se sont mépris Quatremère et Levaillant de Florival : « A vous qui ne serez plus comptés désormais parmi les Ariens et les Anariens, c'est-à-dire parmi les Perses et les peuples étrangers soumis à mon empire. » Elisée, dans son Histoire de l'insurrection des Arméniens contre Yazguerd II, roi de Perse, emploie dans le même sens l'expression Eran et Daneran, c'est-à-dire l'Iran et le non-Iran, les Iraniens et les non-Iraniens.