De Administrando Imperio. CHAPITRE XLI
Oeuvre mise en page et traduite par Marc Szwajcer
Περὶ τῆς χώρας τῆς Μοραβίας. Ἰστέον, ὅτι ὁ Μοραβίας ἄρχων, ὁ Σφενδοπλόκος, ἀνδρεῖος καὶ φοβερὸς εἰς τὰ πλησιάζοντα αὐτῷ ἔθνη γέγονεν. Ἔσχε δὲ ὁ αὐτὸς Σφενδοπλόκος τρεῖς υἱούς, καὶ τελευτῶν διεῖλεν εἰς τρία μέρη τὴν ἑαυτοῦ χώραν, καὶ τοῖς τρισὶν υἱοῖς αὐτοῦ ἀνὰ μιᾶς μερίδος κατέλιπεν, τὸν πρῶτον καταλείψας ἄρχοντα μέγαν, τοὺς δὲ ἑτέρους δύο τοῦ εἶναι ὑπὸ τὸν λόγον τοῦ πρώτου υἱοῦ. Παρῄνεσεν δὲ αὐτοὺς τοῦ μὴ εἰς διάστα– σιν καὶ κατ´ ἀλλήλων γενέσθαι, παράδειγμα αὐτοῖς τοιοῦτον ὑποδείξας· ῥάβδους γὰρ τρεῖς ἐνεγκὼν καὶ συνδήσας, δέδωκεν τῷ πρώτῳ υἱῷ τοῦ ταύτας κλάσαι, τοῦ δὲ μὴ ἰσχύσαντος, πάλιν δέδωκεν τῷ δευτέρῳ, ὡσαύτως καὶ τῷ τρίτῳ, καὶ εἶθ´ οὕτως διαιρῶν τὰς τρεῖς ῥάβδους δέδω– κεν τοῖς τρισὶ πρὸς μίαν· οἱ δὲ λαβόντες καὶ κελευσθέντες ταύτας κλά– σαι, εὐθέως αὐτὰς κατέκλασαν. Καὶ διὰ τοιούτου ὑποδείγματος παρῄνε– σεν αὐτοὺς εἰπών, ὡς ὅτι· «Εἰ μὲν διαμένετε ἐν ὁμοψυχίᾳ καὶ ἀγάπῃ ἀδιαίρετοι, ἀκαταγώνιστοι παρὰ τῶν ἐναντίων καὶ ἀνάλωτοι γενήσεσθε· εἰ δὲ ἐν ὑμῖν γένηται ἔρις καὶ φιλονικία, καὶ διαχωρισθῆτε εἰς τρεῖς ἀρχάς, μὴ ὑποκείμενοι τῷ πρώτῳ ἀδελφῷ, καὶ ὑπ´ ἀλλήλων ἀφανισθή– σεσθε, καὶ ὑπὸ τῶν πλησιαζόντων ὑμῖν ἐχθρῶν παντελῶς ἐξολοθρευθή– σεσθε.» Μετὰ δὲ τὴν τελευτὴν τοῦ αὐτοῦ Σφενδοπλόκου ἕνα χρόνον ἐν εἰρήνῃ διατελέσαντες, ἔριδος καὶ στάσεως ἐν ἑαυτοῖς ἐμπεσούσης, καὶ πρὸς ἀλλήλους ἐμφύλιον πόλεμον ποιήσαντες, ἐλθόντες οἱ Τοῦρκοι τούτους παντελῶς ἐξωλόθρευσαν, καὶ ἐκράτησαν τὴν ἑαυτῶν χώραν, εἰς ἣν καὶ ἀρτίως οἰκοῦσιν. Καὶ οἱ ὑπολειφθέντες τοῦ λαοῦ διεσκορπί– σθησαν, προσφυγόντες εἰς τὰ παρακείμενα ἔθνη, εἴς τε τοὺς Βουλγάρους καὶ Τούρκους καὶ Χρωβάτους καὶ εἰς τὰ λοιπὰ ἔθνη.
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41. Le pays de Moravie.Le prince de Moravie,[1] Sphendoplokos, était un homme courageux et redoutable pour les peuples voisins. Ce même Shendoplokos avait trois fils, et avant de mourir, il partagea son pays en trois parties et laissa l’une d’elles à chacun de ses trois fils ; il laissa l'aîné comme grand prince et les deux autres furent placés sous son commandement. Il les exhorta à ne pas se brouiller avec eux, en leur donnant cet exemple à titre d'illustration: il acheta trois baguettes, les réunit et les donna à son premier fils pour essayer de les rompre ; comme il ne fut pas assez fort, il les tendit au second, puis pareillement au troisième, puis il sépara les trois baguettes et en donna une à chacun d’eux, [et là,] ils les brisèrent tout de suite. Il les exhorta par cet exemple, en disant: « Si vous restez unis dans la concorde et l'amour, vos adversaires ne pourront pas vous supplanter et vous resterez invincibles, mais si les conflits et les rivalités s’installent entre vous et que vous vous sépariez en trois gouvernements, sans rester fidèles à votre aîné, non seulement vous vous entredétruirez mais vous serez amenés à la ruine par vos ennemis, nos voisins. » Après la mort de ce même Sphendoplokos,[2] [ses fils] restèrent en paix pendant un an, puis conflits et rébellions les emportèrent ; ils furent conduits à une guerre civile et les Turcs les envahirent, les ruinèrent totalement puis s’emparèrent de leur pays, où ils vivent encore aujourd'hui.[3] Ceux qui survécurent, se dispersèrent en cherchant refuge chez les peuples voisins, Bulgares, Turcs, Croates et d’autres.
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[1] Le terme de Grande-Moravie nous est connu grâce aux écrits de Constantin VII Porphyrogénète, on ignore cependant si les Moraves eux-mêmes appellent alors ainsi leur pays. [2] Sviatopolk mourut en 894, et une guerre entre ses fils eut lieu selon les Annales de Fulda en 898. La raison présentée par Constantin entre cette guerre et la chute de la Grande-Moravie, ne serait pas aussi évidente car le conflit fut éphémère. La décomposition la plus réelle du pays se produisit sous la poussée des Hongrois vers 906-907. Voici une chronologie : · 870 : Svatopluk, neveu de Rastislav, fait alliance avec Carloman de Bavière pour se débarrasser de son oncle, Carloman reçoit en échange la Moravie (Svatopluk règne sur la partie est de la Grande-Moravie). Plus tard, Svatopluk, qui n'est pas à une trahison près, se retourne contre son allié d'hier et reprend la Moravie. Il étend son royaume vers la Bohême, la Pologne du Sud. Son règne marque l'extension maximale du royaume. · 894 : mort de Svatopluk, les Slaves de Bohême font alliance avec Arnulf de Carinthie pour se débarrasser du joug morave et reprendre leur indépendance. · 901 : face au péril magyar, les Moraves font alliance avec les Francs. Le 4 juillet 907, à Bratislava, les Magyars mettent en déroute les Bavarois et les Carantaniens. La présence des Moraves à cette bataille n'est pas même mentionnée dans les chroniques (certes franques) de l'époque. La Grande-Moravie s'effondre et les Magyars prennent la Slovaquie, alors partie centrale du royaume. (Wikipédia) [3] Aux environs de 950.
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