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DES DIEUX A L'IMAGE DES HOMMES
IV.
La fin des caprices
Turnus que Junon a
toujours protégé et Énée vont s'affronter en un combat suprême.
Iunonem interea rex
omnipotentis Olympi
alloquitur, fulva pugnas de nube tuentem :
"Quae iam finis erit, coniunx ? quid denique restat ?
Indigetem Aenean scis ipsa et scire fateris
deberi caelo fatisque ad sidera tolli.
Quid struis ? aut qua spe gelidis in nubibus haeres ?
Mortalin decuit
violari vulnere divum,
aut ensem (quid enim sine te Iuturna valeret ?)
ereptum reddi Turno et vim crescere victis ?
Desine iam tandem precibusque inflectere nostris
ne te tantus edat tacitam dolor et mihi curae
saepe tuo dulci tristes ex ore recursent.
Ventum ad
supremum est. Terris
agitare vel undis
Troianos
potuisti, infandum accendere bellum,
deformare domum
et luctu miscere hymenaeos :
ulterius temptare veto." Sic Iuppiter
orsus;
sic dea submisso contra Saturnia vultu :
"Ista quidem quia nota mihi tua, magne, voluntas,
Iuppiter, et Turnum et terras invita reliqui.
Nec tu me aeria
solam nunc sede videres
digna indigna
pati; sed flammis cincta sub ipsa
starem acie traheremque inimica in proelia Teucros.
Iuturnam misero, fateor, succurrere fratri
suasi et pro vita maiora audere probavi,
non ut tela tamen, non ut contenderet arcum.
Adiuro Stygii caput
implacabile fontis,
una superstitio
superis quae reddita divis.
Et nunc cedo equidem pugnasque exosa relinquo.
Illud te, nulla fati quod lege tenetur,
pro Latio obtestor, pro maiestate
tuorum :
cum iam conubis
pacem felicibus, esto,
component, cum iam leges et foedera iungent,
ne vetus indigenas nomen mutare Latinos
neu Troas fieri
iubeas Teucrosque
vocari,
aut vocem mutare
viros aut vertere vestem.
Sit Latium, sint Albani per saecula reges,
sit Romana potens Itala virtute propago;
occidit occideritque
sinas cum nomine Troia."
Olli subridens hominum rerumque
repertor :
"Es germana
Iovis Saturnique altera proles.
Irarum tantos volvis sub pectore fluctus !
Verum age et inceptum frustra submitte furorem :
do quod vis et me victusque volensque remitto.
Sermonem Ausonii
patrium moresque tenebunt,
utque est, nomen erit; commixti corpore tantum
subsident
Teucri; morem ritusque
sacrorum
adiciam faciamque omnes uno ore Latinos.
Hinc genus, Ausonio mixtum quod sanguine surget,
supra homines, supra ire deos pietate videbis;
nec gens ulla tuos aeque celebrabit honores."
Annuit his Iuno
et mentem laetata retorsit.
VIRGILE, Enéide,
12, 791-841 |
Iuno,onis :
Junon
omnipotens,ntis
: tout-puissant
Olympus : l'Olympe
(montagne de Grèce, séjour des dieux)
alloqui,or,locutus sum + acc.
: parler à
fulvus,a,um : jaunâtre,
fauve, doré
Indiges,etis : Indigète,
les dieux Indigètes sont les dieux nationaux des Romains par opposition aux dieux
importés; Indiges (au
sg.) peut désigner Énée.
Aenean : acc. grec
mortalin = mortaline
Iuturna,ae : Juturne,
nymphe, soeur de Turnus; Junon l'a envoyée au secours de son frère
Turnus,i : Turnus (roi
des Rutules, ennemi d'Énée)
inflectere : impér.
passif à sens réfléchi de inflectere,o : fléchir
recursare,o,avi,atum : revenir souvent
ventum est : v.
intransitif au passif; sens impersonnel
Troianus,i : le Troyen
infandus,a,um : honteux,
abominable
accendere,o,cendi,censum
: allumer
deformare,o,avi,atum :
enlaidir, souiller
hymenaeus,i : le mariage
Iuppiter,Iovis : Jupiter
ordiri,ior,orsus sum
:
commencer
orsus (est)
contra
(adv.) : en face; au
contraire
Saturnia,ae
: la
Saturnienne = Junon (fille de Saturne) s.-e. dixit
nota (est)
v. 810 - 812 pour la clarté, il conviendrait de commencer la
traduction par "Sinon, ...".
aerius, a, um
: aérien, dans l'air
digna indigna
: le digne et l'indigne, le meilleur et le pire
Teucri, orum : les Troyens
succurrere, o, cursi, cursum + dat. : secourir
adiurare, o, avi, atum +
acc. : prêter serment au nom de
Stygius, a, um : du Styx
(fleuve des Enfers)
implacabilis, e :
inexorable
superstitio, onis :
l'objet de la crainte religieuse
una superstitio ... : unam superstitionem quae superis divis reddita (est)
exosus, a, um : débarrassé de sa
haine
Latium, i : le Latium
(région où se trouvera Rome)
obtestari, or, atus sum :
supplier, conjurer
tuorum : les tiens Les
Latins étaient apparentés à Jupiter, comme descendants de Saturne, son père, qui avait
autrefois régné en Italie.
conubis = connubiis
esto : soit, j'y consens
indigena, ae :
l'indigène
Latini, orum : les Latins
Troes, Troum : les
Troyens (Troas : acc.
pl. grec)
Teucri : voir v. 812
vox, vocis : ici, le
langage
Albanus, a, um : d'Albe ,
ville que fondera plus tard Ascagne, le fils d'Énée et d'où sortiront les fondateurs de
Rome
Italus, a, um : italien
propago, inis : la
lignée, la race
occiderit = (ut) occiderit
olli : dat. de olle =
ille
subridere, eo, risi, risum :
sourire
repertor, oris :
l'inventeur, le créateur (ici, Jupiter)
germana, ae : la soeur
Saturnus, i : Saturne
(père de Jupiter et Junon)
proles, is : la race, la
lignée
Ausonius, a, um :
ausonien (= italien = romain)
commiscere, eo, ui, mixtum : mélanger, mêler
subsidere, o, sedi, sessum : s'arrêter, s'installer
ritus, us : le rite, la
cérémonie
os, oris : ici, le
langage
annuere, o, ui, utum :
faire un signe d'approbation, accepter
retorquere, eo, torsi, torsum : changer |
Pendant ce temps, le roi tout puissant de l'Olympe interpelle Junon,
qui du haut d'un nuage doré regardait les combats :
"Quand donc en finira-t-on, chère épouse ? Qu'attendre encore ?
Énée, tu le sais et le reconnais, est promis au ciel comme dieu indigète;
les destins l'élèveront jusqu'aux astres.
Que trames-tu ? Dans quel espoir restes-tu sur ces nuages glacés ?
Était-il convenable pour un mortel d' outrager un dieu par une blessure ?
Ou de reprendre et de rendre à Turnus son épée (sans toi en effet,
que vaudrait Juturne ?) et d'accroître les forces des vaincus ?
Maintenant, en fin de compte, arrête et cède à nos prières,
il ne faudrait pas qu'un trop grand chagrin te ronge en silence,
ou que de ta bouche suave sans cesse affluent vers moi d'attristants soucis.
Le moment suprême est arrivé. Tu as pu tourmenter les Troyens
à travers les terres et les ondes, allumer une guerre abominable,
déshonorer une famille et répandre le deuil sur un hyménée :
je t'interdis d'en faire davantage". Ainsi parla Jupiter;
le visage baissé, la divine Saturnienne lui répond ainsi :
"Grand Jupiter, c'est bien parce que ta volonté m'est connue,
que, à regret, j'ai abandonné Turnus et la terre;
sinon, tu ne me verrais pas en ce moment, seule sur ce nuage,
subissant le meilleur et le pire; je me dresserais au premier rang,
ceinte de flammes, attirant les Troyens dans d'odieux combats.
J'ai persuadé Juturne de porter secours à son malheureux frère
(je l'avoue), et j'ai approuvé son extrême audace à le sauver,
sans toutefois moi-même lancer des traits ou tendre un arc,
je le jure par la source implacable des marais du Styx,
la seule règle religieuse imposée aux dieux d'en haut.
Et maintenant, bien sûr, je cède, et renonce à ces combats que j'exècre.
Mais il est une chose qui ne dépend nullement d'une loi du destin,
je t'implore de l'accorder au Latium, pour la majesté des tiens :
quand bientôt ils feront la paix, contractant d'heureux mariages (soit)
quand bientôt ils uniront leurs lois et leurs traités, n'ordonne pas
aux Latins nés sur cette terre de changer leur ancien nom,
ni de devenir Troyens, ni d'être appelés Teucères;
qu'ils ne changent ni de langue, ni de coutumes vestimentaires.
Que le Latium vive, que des rois albains règnent durant des siècles,
que vive une lignée des Romains forte de la valeur italienne :
Troie est tombée, permets que son nom soit mort avec elle".
En lui souriant, le créateur des hommes et de l'univers dit :
"Tu es bien la soeur de Jupiter et un autre enfant de Saturne,
pour rouler en ton coeur de telles vagues de colère !
Mais allons, réprime cette fureur à laquelle tu t'es vainement livrée :
Je t'accorde ce que tu veux, et je me rends, vaincu et content.
Les Ausoniens conserveront la langue et les coutumes de leurs pères,
et leur nom restera ce qu'il est; physiquement fusionnés seulement,
les Teucères seront un simple apport. J'y ajouterai leurs coutumes
et leurs rites sacrés, et ferai parler tous les Latins d'une seule voix.
La race qui surgira de là, mêlée de sang ausonien,
tu la verras en piété surpasser les hommes, surpasser les dieux,
et nulle autre nation ne célébrera aussi justement tes honneurs".
Junon approuva ces paroles, et heureuse, changea d'état d'esprit;
Alors, elle s'éloigna du ciel quittant son nuage. |
Commentaire :
La fin du poème est proche : Énée et Turnus vont s'affronter en un
combat suprême. Jupiter s'adresse alors à Junon.
L'extrait est constitué de trois brefs discours : c'est d'abord Jupiter
qui parle, Junon lui répond, Jupiter conclut.
Jupiter détient un pouvoir incontestable : il est l'"homme" du
ménage; il est le roi des dieux; Junon lui est donc subordonnée en tant qu'épouse et
sujette. Jupiter pourrait dans ces conditions lui donner l'ordre formel de cesser ses
manigances contre Énée. Mais il va opter pour une stratégie toute différente : il
amène d'abord Junon à reconnaître ses torts tout en ménageant sa susceptibilité et
enfin, il lui fait des concessions. C'est sur cette stratégie (et sur son pendant, la
réaction de Junon) que l'accent sera mis dans ce qui suit.
1. La première intervention de Jupiter comporte deux axes principaux :
a) Les choses ont assez duré.
b) Les choses sont allées trop loin.
Jupiter annonce d'emblée que l'opposition de Junon doit finir (finis -
denique) et il en donne la raison : Enée est appelé à vaincre (ce que Jupiter ne
dit pas, mais peut être inféré de la suite), mais aussi à être compté au nombre des
dieux (1).
De cela, Junon est informée et elle-même le reconnaît : c'est dire
qu'elle ne peut se retrancher derrière l'ignorance des arrêts du destin.
Après deux questions oratoires destinées à persuader Junon que tout est
inutile, Jupiter va mettre en évidence que par son obstination, Junon a franchi les
limites d'un certain ordre. Partant de l'idée un peu prématurée qu'Enée est un dieu,
Jupiter fait constater qu'une monstruosité a été commise : un homme (Turnus) a blessé
un dieu (Enée), ce qui appelle un châtiment. Sans doute, le personnage de Diomède qui a
blessé Vénus devant Troie est-il présent à l'esprit de l'auteur et du lecteur (2). Par ailleurs, l'intervention de Junon a
bouleversé l'ordre des choses en ce sens qu'elle a soutenu un vaincu : elle a rendu (ou
fait rendre) à Turnus l'épée qu'il avait perdue. Au passage, Jupiter signale qu'il n'a
pas été abusé par le fait que c'est la nymphe Juturne qui s'est manifestée sur le
champ de bataille; il sait très bien qu'elle a agi sur les conseils de Junon.
Jupiter donne alors ses ordres (desine),
mais il les tempère en feignant de solliciter une faveur (precibus
inflectere nostris) et en justifiant son injonction par le souci qu'il a de
Junon elle-même.
Il passe ensuite à la forme impersonnelle (ventum
ad supremum est), comme s'il constatait une situation indépendante de sa
volonté.
Il rappelle ensuite que Junon a démontré sa puissance par les épreuves
qu'elle a fait naître sur la route des Troyens, mais à présent, il lui interdit de
persévérer (veto, le dernier mot du
discours de Jupiter). En fait, le maître des dieux signifie à son épouse qu'il reprend
toute l'autorité et que la faculté qu'il lui a laissée de tourmenter Enée doit prendre
fin (3).
2. Junon, confuse (elle baisse les yeux), va
répondre. Elle commence par reconnaître qu'elle connaît la volonté de Jupiter et que
dans une certaine mesure, elle s'y est déjà soumise, puisqu'elle a abandonné "et
Turnus et la terre". Elle a, en effet, changé de tactique : alors qu'auparavant,
elle intervenait directement en faveur de Turnus (4),
elle se limite à présent à le protéger par personne interposée (Juturne) : "Dans
la mesure où la fortune semblait l'admettre et où les Parques autorisaient le succès du
Latium, j'ai protégé Turnus et ses remparts. Maintenant, je vois que ce jeune homme
affronte un destin supérieur au sien et qu'une force ennemie et le jour des Parques
approchent. Je ne puis être témoin de ce combat, ni de cette alliance. Si tu oses
tenter quelque chose de plus efficace pour ton frère, hâte-toi, cela te revient.
Peut-être notre misère en éprouvera-t-elle un adoucissement." (5)
Bref, Junon ne dissimule pas que Juturne a agi sur ses conseils (suasi);
elle répond en quelque sorte à la questiondu v. 798 (quid enim
sine te Iuturna valeret ?), mais c'est pour rejeter immédiatement le reproche
que lui fait son mari d'avoir causé la blessure d'un dieu. Et elle fait le serment
solennel (par la source du Styx) que Juturne a dépassé les limites que la reine des
dieux lui avait fixées. Si on se réfère aux paroles antérieures de Junon, on comprend
mieux où se situe la source du malentendu : "... arrache ton frère à la mort. Ou
encore fais de nouveau se rallumer la guerre et déchire le traité conclu. Je prends tes
audaces à mon compte (6)." Cependant,
il subsiste quelques doutes sur la bonne foi de Junon : certes, elle n'a pas dit à
Juturne qu'elle permettait qu'Enée soit blessé, mais elle ne le lui pas expressément
défendu.
Junon accepte de céder. Mais pas sans contre-partie : elle demande à
Jupiter quelque chose qui échappe à l'arrêt du destin et qui, jusqu'ici, est donc d'un
statut incertain, c'est-à-dire de l'ordre du possible, tandis que la victoire
d'Enée relève de l'inéductable. Elle adresse sa supplication à Jupiter au nom
du Latium, c'est-à-dire, en fait, des Latins qui sont eux aussi de la race de Jupiter (tuorum), puisque descendants de Saturne.
Junon demande que les Latins n'apparaissent pas comme des vaincus : ce qui
doit advenir, ce n'est pas la domination d'un peuple (les Latins) par un autre (les
Troyens), mais une fusion où les deux parties demeureront d'égale à égale. C'est aussi
ce que veut Virgile et ce qui se prépare depuis l'arrivée d'Enée en Italie (7).
Junon insiste particulièrement sur l'aspect verbal des choses : les
Latins ne devront pas changer de nom (c'est exprimé de trois façons différentes), ni de
langue. Les coutumes du Latium non plus ne changeront pas (vestem). A ces
conditions, elle accepte le déroulement des événements prévus par le destin : le
Latium, Albe, Rome dont la puissance sera le fruit de la virtus
Itala, ce qui est un moyen de minimiser, voire de nier l'apport troyen.
Junon revient enfin -de manière obsessionnelle- sur la destruction du nom
de Troie.
3. Jupiter sourit et conclut. Avec une
certaine bonhomie, il reconnaît bien dans les paroles de Junon l'esprit combatif de sa
femme (qui est aussi sa soeur). Il a immédiatement des paroles d'apaisement (Do quod vis) et accorde toute satisfaction à Junon : les
Latins garderont leur langue, leurs usages et leur nom; l'union avec les Troyens sera de
nature physique (ils se reproduiront), mais non culturelle; à la nouvelle communauté,
Jupiter donnera des rites nouveaux. Enfin, la race à venir sera d'une piété sans
égale, et particulièrement envers Junon qui se trouve ainsi dédommagée de son
renoncement.
Satisfaite, Junon accepte.
En guise de conclusion, on pourrait analyser cet extrait comme une scène
de ménage d'intensité moyenne: un mari, las de la guerre domestique que mène sa femme
contre des projets qui lui sont chers, s'efforce de mettre un terme au conflit en obtenant
gain de cause. Il se montre ferme sur ses positions, mais conciliant dans la forme. Lasse
des hostilités, la femme accepte de laisser le champ-libre à son mari, moyennant
quelques concessions secondaires auxquelles elle attache de l'intérêt. Le mari cède
alors sur l'accessoire, heureux d'avoir pu obtenir l'essentiel. Cà et là, l'Enéide
ne prendrait-elle pas des allures de comédie ?
(1)
L'apothéose d'Enée est prédite par Jupiter à Vénus (1, 259 - 260); de plus, il est
possible que 5, 519 - 531 y fasse allusion de manière dissimulée.
(2) Il en est fait mention en 11, 275 - 277.
(3) voir, 11, 606 - 632 où Junon adresse en faveur
de Turnus des prières à Jupiter qui consent à lui accorder un peu de temps.
(4) 9, 745 -746 : Junon détourne la lance de Pandare; 10, 633 - 662 :
elle prend l'apparence d'Enée pour mettre Turnus à l'abri.
(5) 12, 147 - 153
(6) 12, 157 - 159
(7) Une fois encore, l'Enéide apparaît
comme une épopée de l'inutile : Junon ne cesse de créer des difficultés dont elle sait
qu'elles n'auront qu'une efficacité passagère. C'est valable tant pour l'"Odyssée"
(chants 1 - 6) que pour l'"Iliade" (chants 7 - 12) virgiliennes. Les deux
volets commencent par décrire les Troyens touchant à un but (l'Italie / le Latium) qui
se dérobe au dernier moment à cause de Junon (la tempête / la guerre); la fin des deux
parties du poème voit les Troyens revenus au point de départ (l'arrivée en Italie /
l'alliance avec les Latins).
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