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DEUXIÈME PARTIE

 POLITIQUE INTÉRIEURE, GUERRE EXTÉRIEURE

 LE TRIUMVIRAT (60 ACN)

En 60, César conclut avec Pompée et Crassus une alliance officieuse entrée dans l'histoire sous le nom de 1er triumvirat. Qui étaient les partenaires de César ?

CRASSUS (vers 112 - 53 ACN)

Fabuleusement riche (entre autres, grâce à la spéculation immobilière); principal vainqueur des esclaves révoltés (71); consul en 70 (avec Pompée).

POMPÉE (106 - 48 ACN)

Commence très jeune une brillante carrière militaire pendant la 1ère guerre civile;
campagne en Espagne(77); victoire sur les esclaves révoltés qui avaient échappé à Crassus (71); consul en 70; campagne contre les pirates (67) et en Orient(66 - 62).

César réconcilia Crassus et Pompée, non parce qu'il désirait les voir d'accord, mais parce qu'il voyait qu'ils étaient tout puissants et qu'il savait bien que sans le secours de l'un et de l'autre ou même de l'un des deux, il n'atteindrait jamais un pouvoir considérable. D'autre part, s'il s'alliait à l'un des deux, quel qu'il soit, il aurait l'autre comme adversaire et celui-ci lui ferait perdre plus qu'il ne gagnerait par l'alliance avec le premier. Pompée n'avait pas l'importance qu'il avait espéré et il voyait la puissance de Crassus et l'ascension de César. Craignant que les deux autres ne l'évincent complètement, il espéra qu'en liant son sort au leur, il récupérerait grâce à eux son ancienne autorité. Crassus estimait qu'il l'emportait sur tout le monde par la naissance et la fortune, mais il était éclipsé par Pompée et pensait que César se hisserait au sommet de la puissance. Il voulut donc les dresser l'un contre l'autre de sorte qu'aucun ne l'emporterait, car il escomptait que les rivaux seraient de force égale, qu'il tirerait profit de leur amitié et les surclasserait en honneurs. 
DION CASSIUS

Absent, Pompée avait plus de renommée et de puissance à Rome à cause de ses campagnes, mais à présent, il se voyait souvent préférer Crassus. 
PLUTARQUE

Il se trouvait qu'alors, Crassus brillait par sa naissance, ses richesses, son prestige, ce qui ne l'empêchait pas de vouloir accroître ses ressources, C. César était grandi par son éloquence et son génie ambitieux, bientôt aussi par son consulat. Entre eux deux, cependant, Pompée dominait. Ainsi, César désirant acquérir du prestige, Crassus, accroître le sien, Pompée le garder, et tous désirant également le pouvoir, il leur fut facile de s'entendre pour s'emparer de l'Etat.  
FLORUS

LA SOLDE

Les légions levées par César posaient un problème technique : qui devait les payer ?

Aux légions qu'il avait reçues de l'Etat, il en ajouta d'autres levées à ses frais; l'une d'elles fut même recrutée chez les Gaulois Transalpins et garda un nom gaulois, celui d'Alauda (l'Alouette), mais il l'assujettit à la discipline des Romains, la pourvut de leur équipement et plus tard la gratifia tout entière du droit de cité.  
SUÉTONE

On a récemment rapporté devant nous [le Sénat] la question de la solde de son armée. J'ai voté oui. J'estimais, en effet, que même sans ces subsides, le butin conquis antérieurement lui permettrait de conserver ses effectifs et de finir la guerre, mais j'ai pensé qu'il ne fallait pas restreindre par notre lésinerie l'éclat et la pompe de son triomphe.  
CICÉRON (discours prononcé en 56)

 I. UNE ARMÉE QUI NE CESSE DE CROÎTRE

Les effectifs dont César disposait en Gaule ne font jamais l'objet d'un exposé d'ensemble. On ne peut en faire le relevé qu'à travers des allusions éparses.

Provinciae toti quam maximum potest militum numerum imperat (erat omnino in Gallia ulteriore legio una).
I, 7, 2.

Ipse in Italiam magnis itineribus contendit duasque ibi legiones conscribit et tres, quae circum Aquileiam hiemabant, ex hibernis educit et, qua proximum iter in ulteriorem Galliam per Alpes erat, cum his quinque legionibus contendit.
I, 10, 3

qua : par où

 

Au début de 57, les Belges complotent contre Rome.

His nuntiis litterisque commotus, Caesar duas legiones in citeriore Gallia conscripsit.
II, 2, 1.

 

En 54, César perd ensuite une légion et cinq cohortes (= une demi-légion) probablement prélevées une par une par une sur les autres légions dont il disposait. Les quinze cohortes, commandées par Q. Titurius Sabinus, avaient été massacrées par les Eburons.

LA SITUATION DE POMPÉE EN 53

Consul en 55, Pompée avait reçu l'Espagne comme province pour l'année suivante, mais en raison de la situation troublée, il était resté aux abords de Rome où il ne pouvait entrer à cause de son statut de chef d'armée, et faisait gouverner sa province par des légats.

Il avait également reçu pendant son consulat l'autorisation de lever des troupes là où il le désirait. Il avait donc fait une levée en Gaule Cisalpine, province de César, mais les conscrits n'avaient pas encore été appelés sous les drapeaux.

LES EFFECTIFS DE CÉSAR

Le total que nous pouvons tirer des indications de César est de dix légions mais nous savons par Cicéron qu'à la fin de la guerre des Gaules, César disposait de onze légions. Il y eut donc une levée que César n'a pas jugé utile de rappeler à ses lecteurs

[1] Les motifs ne manquaient pas à César pour s'attendre à des désordres plus graves encore en Gaule. Aussi décida-t-il de procéder à une levée par l'intermédiaire des légats M. Silanus, C. Antistius Reginus et T. Sextius. [2] En même temps, il demanda à Pompée, puisque celui-ci, dans l'intérêt de l'Etat, demeurait à proximité de Rome revêtu de l'imperium, de donner l'ordre à ceux qu'il avait enrôlés de se rassembler sous les drapeaux et de se mettre en route pour la Gaule. [3] En effet, pensait-il, il était capital pour l'avenir que l'Italie passe aux yeux des Gaulois pour disposer de ressources telles que, même en cas de revers, elle pouvait non seulement combler les pertes en peu de temps, mais aussi mettre sur pied des troupes plus nombreuses encore qu'auparavant. [4] Comme Pompée avait fait le nécessaire, par patriotisme et par amitié, que la levée avait été achevée en peu de temps par les agents de César, qu'avant la fin de l'hiver, les légions avaient été constituées et amenées en Gaule et que les cohortes perdues par Titurius avait été remplacées par des troupes deux fois supérieures en nombre, César démontra par la rapidité de l'exécution et par les effectifs fournis, ce dont étaient capables l'organisation et les ressources du peuple romain. 
VI, 1

CÉSAR ET SES SOLDATS : LE LIEN ECONOMIQUE

César parle rarement des largesses faites à ses soldats. En voici d'autres exemples :

Quant à ses légions, il doubla leur solde pour toujours. Toutes les fois que le blé était en abondance, il leur en fit même distribuer sans limitation, ni mesure et il donna de temps à autre à chaque homme un esclave pris sur le butin.
Les fantassins de ses anciennes légions, en plus des deux mille sesterces qu'il leur avait comptés à chacun au début des troubles civils, en reçurent vingt-quatre mille à titre de butin.
SUÉTONE

N'oublions pas que l'armée romaine est composée à l'époque de César de volontaires pour qui un engagement dans l'armée est un moyen commode de sortir de la misère.

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