LIVRE X CHAPITRE V - LIVRE ONZE CHAPITRE II
STRABON
Géographie
ΣΤΡΑΒΟΝΟΣ ΓΕΩΓΡΑΦΙΚΩΝ IA'
I. Τῇ δ' Εὐρώπῃ συνεχής ἐστιν ἡ Ἀσία κατὰ τὸν Τάναϊν συνάπτουσα αὐτῇ· περὶ ταύτης οὖν ἐφεξῆς ῥητέον διελόντας φυσικοῖς τισιν ὅροις τοῦ σαφοῦς χάριν. Ὅπερ οὖν Ἐρατοσθένης ἐφ' ὅλης τῆς οἰκουμένης ἐποίησε, τοῦθ' ἡμῖν ἐπὶ τῆς Ἀσίας ποιητέον. [2] Ὁ γὰρ Ταῦρος μέσην πως διέζωκε ταύτην τὴν ἤπειρον ἀπὸ τῆς ἑσπέρας ἐπὶ τὴν ἕω τεταμένος, τὸ μὲν αὐτῆς ἀπολείπων πρὸς βορρᾶν τὸ δὲ μεσημβρινόν. Καλοῦσι δὲ αὐτῶν οἱ Ἕλληνες τὸ μὲν ἐντὸς τοῦ Ταύρου τὸ δὲ ἐκτός. Εἴρηται δὲ ταῦθ' ἡμῖν καὶ πρότερον, ἀλλ' εἰρήσθω καὶ νῦν ὑπομνήσεως χάριν. [3] Πλάτος μὲν οὖν ἔχει τὸ ὄρος πολλαχοῦ καὶ τρισχιλίων σταδίων, μῆκος δ' ὅσον καὶ τὸ τῆς Ἀσίας, τεττάρων που μυριάδων καὶ πεντακισχιλίων, ἀπὸ τῆς Ῥοδίων περαίας ἐπὶ τὰ ἄκρα τῆς Ἰνδικῆς καὶ Σκυθίας πρὸς τὰς ἀνατολάς. [4] Διῄρηται δ' εἰς μέρη πολλὰ καὶ ὀνόματα περιγραφαῖς καὶ μείζοσι καὶ ἐλάττοσιν ἀφωρισμένα. Ἐπεὶ δ' ἐν τῷ τοσούτῳ πλάτει τοῦ ὄρους ἀπολαμβάνεταί τινα ἔθνη, τὰ μὲν ἀσημότερα τὰ δὲ καὶ παντελῶς γνώριμα ̔καθάπερ ἡ Παρθυαία καὶ Μηδία καὶ Ἀρμενία καὶ Καππαδοκῶν τινες καὶ Κίλικες καὶ Πισίδαἰ, τὰ μὲν πλεονάζοντα ἐν τοῖς προσβόρροις μέρεσιν ἐνταῦθα τακτέον, τὰ δ' ἐν τοῖς νοτίοις εἰς τὰ νότια, καὶ τὰ ἐν μέσῳ δὲ τῶν ὀρῶν κείμενα διὰ τὰς τῶν ἀέρων ὁμοιότητας πρὸς βορρᾶν πως θετέον· ψυχροὶ γάρ εἰσιν, οἱ δὲ νότιοι θερμοί. Καὶ τῶν ποταμῶν δὲ αἱ ῥύσεις ἐνθένδε ἰοῦσαι πᾶσαι σχεδόν τι εἰς τἀναντία αἱ μὲν εἰς τὰ βόρεια αἱ δ' εἰς τὰ νότια μέρη ̔τά γε πρῶτα, κἂν ὕστερόν τινες ἐπιστρέφωσι πρὸς ἀνατολὰς ἢ δύσεισ̓, ἔχουσί τι εὐφυὲς πρὸς τὸ τοῖς ὄρεσιν ὁρίοις χρῆσθαι κατὰ τὴν εἰς δύο μέρη διαίρεσιν τῆς Ἀσίας· καθάπερ καὶ ἡ θάλαττα ἡ ἐντὸς στηλῶν, ἐπ' εὐθείας πως οὖσα ἡ πλείστη τοῖς ὄρεσι τούτοις, ἐπιτηδεία γεγένηται πρὸς τὸ δύο ποιεῖν ἠπείρους, τήν τε Εὐρώπην καὶ τὴν Λιβύην, ὅριον ἀμφοῖν οὖσα ἀξιόλογον. [5] Τοῖς δὲ μεταβαίνουσιν ἀπὸ τῆς Εὐρώπης ἐπὶ τὴν Ἀσίαν ἐν τῇ γεωγραφίᾳ τὰ πρὸς βορρᾶν ἐστι πρῶτα τῆς εἰς δύο διαιρέσεως, ὥστε ἀπὸ τούτων ἀρκτέον. Αὐτῶν δὲ τούτων πρῶτά ἐστι τὰ περὶ τὸν Τάναϊν, ὅνπερ τῆς Εὐρώπης καὶ τῆς Ἀσίας ὅριον ὑπεθέμεθα. Ἔστι δὲ ταῦτα τρόπον τινὰ χερρονησίζοντα· περιέχεται γὰρ ἐκ μὲν τῆς ἑσπέρας τῷ ποταμῷ τῷ Τανάιδι καὶ τῇ Μαιώτιδι μέχρι τοῦ Βοσπόρου καὶ τῆς τοῦ Εὐξείνου παραλίας τῆς τελευτώσης εἰς τὴν Κολχίδα· ἐκ δὲ τῶν ἄρκτων τῷ Ὠκεανῷ μέχρι τοῦ στόματος τῆς Κασπίας θαλάττης· ἕωθεν δὲ αὐτῇ ταύτῃ τῇ θαλάττῃ μέχρι τῶν μεθορίων τῆς τε Ἀλβανίας καὶ τῆς Ἀρμενίας, καθ' ἃ ὁ Κῦρος καὶ ὁ Ἀράξης ἐκδιδοῦσι ποταμοί, ῥέοντες ὁ μὲν διὰ τῆς Ἀρμενίας Κῦρος δὲ διὰ τῆς Ἰβηρίας καὶ τῆς Ἀλβανίας· ἐκ νότου δὲ τῇ ἀπὸ τῆς ἐκβολῆς τοῦ Κύρου μέχρι τῆς Κολχίδος, ὅσον τρισχιλίων οὔσῃ σταδίων ἀπὸ θαλάττης ἐπὶ θάλατταν, δι' Ἀλβανῶν καὶ Ἰβήρων, ὥστε ἰσθμοῦ λόγον ἔχειν. Οἱ δ' ἐπὶ τοσοῦτον συναγαγόντες τὸν ἰσθμὸν ἐφ' ὅσον Κλείταρχος, ἐπίκλυστον φήσας ἐξ ἑκατέρου τοῦ πελάγους, οὐδ' ἂν λόγου ἀξιοῖντο. Ποσειδώνιος δὲ χιλίων καὶ πεντακοσίων εἴρηκε τὸν ἰσθμόν, ὅσον καὶ τὸν ἀπὸ Πηλουσίου ἰσθμὸν εἰς τὴν Ἐρυθράν. “Δοκῶ δέ” φησί “μὴ πολὺ διαφέρειν μηδὲ τὸν ἀπὸ τῆς Μαιώτιδος εἰς τὸν Ὠκεανόν.” [6] Οὐκ οἶδα δὲ πῶς ἄν τις περὶ τῶν ἀδήλων αὐτῷ πιστεύσειε μηδὲν εἰκὸς ἔχοντι εἰπεῖν περὶ αὐτῶν, ὅταν περὶ τῶν φανερῶν οὕτω παραλόγως λέγῃ, καὶ ταῦτα φίλος Πομπηίῳ γεγονὼς τῷ στρατεύσαντι ἐπὶ τοὺς Ἴβηρας καὶ τοὺς Ἀλβανοὺς μέχρι τῆς ἐφ' ἑκάτερα θαλάττης τῆς τε Κασπίας καὶ τῆς Κολχικῆς. Φασὶ γοῦν ἐν Ῥόδῳ γενόμενον τὸν Πομπήιον, ἡνίκα ἐπὶ τὸν λῃστρικὸν πόλεμον ἐξῆλθεν ̔εὐθὺς δ' ἔμελλε καὶ ἐπὶ Μιθριδάτην ὁρμήσειν καὶ τὰ μέχρι τῆς Κασπίας ἔθνἠ, παρατυχεῖν διαλεγομένῳ τῷ Ποσειδωνίῳ, ἀπιόντα δ' ἐρέσθαι εἴ τι προστάττει, τὸν δ' εἰπεῖν Αἰὲν ἀριστεύειν καὶ ὑπείροχον ἔμμεναι ἄλλων. Ππροστίθει δὲ τούτοις ὅτι καὶ τὴν ἱστορίαν συνέγραψε τὴν περὶ αὐτόν. Διὰ δὴ ταῦτα ἐχρῆν φροντίσαι τἀληθοῦς πλέον τι. [7] Δεύτερον δ' ἂν εἴη μέρος τὸ ὑπὲρ τῆς Ὑρκανίας θαλάττης, ἣν [καὶ] Κασπίαν καλοῦμεν, μέχρι τῶν κατ' Ἰνδοὺς Σκυθῶν. Τρίτον δὲ μέρος τὸ συνεχὲς τῷ λεχθέντι ἰσθμῷ καὶ τὰ ἑξῆς τούτῳ καὶ ταῖς Κασπίαις πύλαις, τῶν ἐντὸς τοῦ Ταύρου καὶ τῆς Εὐρώπης ἐγγυτάτω· ταῦτα δ' ἐστὶ Μηδία καὶ Ἀρμενία καὶ Καππαδοκία καὶ τὰ μεταξύ. Τέταρτον δ' ἡ ἐντὸς Ἅλυος γῆ καὶ τὰ ἐν αὐτῷ τῷ Ταύρῳ καὶ ἐκτὸς ὅσα εἰς τὴν χερρόνησον ἐμπίπτει, ἣν ποιεῖ ὁ διείργων ἰσθμὸς τήν τε Ποντικὴν καὶ τὴν Κιλικίαν θάλατταν. Τῶν δὲ ἄλλων τῶν ἔξω τοῦ Ταύρου τήν τε Ἰνδικὴν τίθεμεν καὶ τὴν Ἀριανὴν μέχρι τῶν ἐθνῶν τῶν καθηκόντων πρός τε τὴν κατὰ Πέρσας θάλατταν καὶ τὸν Ἀράβιον κόλπον καὶ τὸν Νεῖλον καὶ πρὸς τὸ Αἰγύπτιον πέλαγος καὶ τὸ Ἰσσικόν. |
XI, 1 - Considérations générales sur l'Asie 1. Comme on n'a, pour passer d'Europe en Asie, qu'à franchir le Tanaïs, limite commune des deux pays, c'est à la description de l'Asie que nous allons maintenant procéder. Seulement, pour plus de clarté, nous établirons au préalable quelques divisions générales empruntées à des limites naturelles, faisant ainsi pour l'Asie ce qu'Eratosthène a fait pour toute la terre habitée. 2. Le Taurus [nous fournira une première division,] car, en se prolongeant, comme il fait, de l'O. à l'E., il figure proprement une ceinture coupant ce continent par le milieu et détermine ainsi deux régions distinctes, l'une au Nord, l'autre au Sud. C'est là ce que les Grecs appellent les deux régions cis-taurique et trans-taurique. Nous avons déjà donné cette indication précédemment, mais nous croyons devoir la répéter ici pour mémoire. 3. La largeur de cette chaîne, sur beaucoup de points, n'atteint pas moins de 3000 stades ; quant à sa longueur, elle se confond à proprement parler avec la longueur même de l'Asie, laquelle mesure, avons-nous dit, 45 000 stades depuis la côte qui fait face à l'île de Rhodes jusqu'aux extrémités orientales de l'Inde et de la Scythie. 4. Certains géographes ont divisé le Taurus lui-même en plusieurs parties formant sous différents noms des circonscriptions plus ou moins étendues ; mais nous, considérant que cette chaîne, vu son immense largeur, se trouve comprendre dans son sein de grandes nations, les unes il est vrai plus obscures, les autres au contraire connues de tout le monde, ocomme voilà les nations Parthe, Mède, Arménienne et en partie du moins les nations Cappadocienne, Cilicienne et Pisidienne, nous avons cru devoir rattacher à l'Asie septentrionale celles de ces nations dont la situation incline plutôt vers le nord, et à l'Asie méridionale celles dent la situation se rapproche plus du midi ; restaient les nations qui occupent la partie centrale de la chaîne, mais pour celles-là il nous a paru qu'on pouvait à la rigueur les attribuer aussi à l'Asie septentrionale, puisque les deux climats sont presque identiques et que, tandis que dans l'Asie méridionale il fait partout très chaud, on éprouve encore un froid très vif au coeur de ces montagnes. Ajoutons que presque tous les fleuves qui descendent du Taurus coulent (au moins dans la partie supérieure de leur cours et quittes à se détourner ensuite pour la plupart soit vers l'E. soit vers l'0.) dans un sens diamétralement opposé, les uns au nord, et les autres au midi, et que cette direction symétrique est une circonstance heureuse qui vient encore justifier l'emploi que nous avons fait de la chaîne du Taurus comme délimitation naturelle dans notre division de l'Asie en deux grandes régions. N'est-ce pas, au reste, de la même manière que la mer Intérieure qui, dans presque toute son étendue, forme en quelque sorte le prolongement direct de la chaîne du Taurus, nous a fourni le moyen de faire de l'Europe et de la Libye deux continents distincts qui trouvent désormais en elle leur meilleure ligne de démarcation ? 5. Cette division de l'Asie en deux grandes régions une fois admise, comme c'est la région du Nord que le géographe rencontre la première quand il passe d'Europe en Asie, c'est par celle-ci naturellement que nous commencerons, et, dans celle-ci, c'est la partie qui borde le Tanaïs que nous décrirons d'abord, puisque nous avons décidé de prendre précisément le cours de ce fleuve pour limite entre l'Europe et l'Asie. - Or, nous avons là en quelque sorte une presqu'île, bornée au couchant par le Tanaïs même, le Palus-Maeotis jusqu'au Bosphore [Cimmérien] et la partie de la côte du Pont-Euxin qui aboutit à la Colchide ; au nord par l'Océan jusqu'au débouché de la mer Caspienne ; au levant par cette même mer jusqu'aux confins de l'Albanie et de l'Arménie, ou, ce qui revient au même, jusqu'à l'embouchure du Cyrus et de l'Araxe, fleuves qui arrosent, le premier, l'Arménie, et, le second, l'Ibérie et l'Albanie ; et enfin au midi par une ligne allant d'une mer à l'autre sur un espace de 3000 stades environ entre l'embouchure du Cyrus et la frontière de la Colchide et à travers l'Albanie et l'Ibérie de manière à figurer l'isthme de ladite presqu'île. Il n'y a pas à tenir compte, fût-ce un moment, de l'opinion de ceux qui prétendent réduire cet isthme autant que l'a fait Clitarque, par exemple, quand il a affirmé qu'il était sujet à être entièrement couvert par les eaux des deux mers qu'il sépare. Mais Posidonius à son tour n'assigne à ce même isthme que 1500 stades d'étendue, juste autant, dit-il, qu'à l'isthme compris entre Péluse et la mer Erythrée, déclarant, qui plus est, qu'à son idée l'isthme qui va du Mmotis à l'Océan ne doit guère différer des deux autres. 6. Or, nous le demandons, quelle autorité peut-on accorder à cette dernière assertion de Posidonius sur un point que personne n'a encore pu constater et dont lui par conséquent ne peut rien dire qui ait une apparence de fondement, quand on le voit sur les faits patents outrager à ce point l'évidence et le bon sens ? Et notez qu'il était l'ami de Pompée, l'ami de celui-là même qui, en portant la guerre jusque chez les Ibères et les Albani, avait touché à la fois aux deux mers, à la mer Caspienne aussi bien qu'à la mer de Colchide ! Chacun sait en effet que, passant par Rhodes pour aller prendre le commandement de l'expédition contre les pirates (prélude de ses campagnes contre Mithridate et les Barbares voisins de la Caspienne), Pompée assista à une leçon de Posidonius et lui demanda en le quittant s'il n'avait pas quelque recommandation à lui faire, à quoi Posidonius répondit · «Oui, une seule, d'être en tout et toujours le premier et le meilleure». Notez encore que l'ami du héros s'était fait plus tard son historien. N'aurait-il pas dû pour toutes ces raisons se montrer un peu plus soucieux de la vérité ? 7. Une seconde partie de la zone ou région septentrionale de l'Asie pourrait comprendre tout le pays qui s'étend au-dessus de la mer Hyrcanienne, ou, comme nous l'appelons souvent [aussi], de la mer Caspienne, jusqu'à la Scythie ; une troisième embrasserait non seulement ce qui touche à l'isthme en question, mais encore ce qu'on rencontre à la suite dans la région cis-taurique quand, après avoir franchi les Pyles Caspiennes, on se rapproche de l'Europe, c'est à savoir la Médie, l'Arménie, la Cappadoce et les différents pays intermédiaires ; enfin une quatrième partie se composerait du territoire sis en deçà de l'Halys et de tout le pays situé soit au sein du Taurus soit même au delà qui se trouve enclavé dans la presqu'île ayant pour isthme l'étroit espace compris entre la mer Pontique et la mer de Cilicie. Pour ce qui est de l'autre région ou région trans-taurique, nous y placerons l'Inde d'abord, puis l'Ariane et tous les pays à la suite, nous avançant de proche en proche jusqu'aux pays qui touchent d'une part à la mer Persique, au golfe Arabique et au Nil et d'autre part à la mer d'Egypte ainsi qu'à la mer d'Issus. |