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NOTES SUR LE POLYLHISTOR * DE SOLIN.

* Le Polyhistor de Solin, traduit en français pour la première fois, devait présenter des difficultés, surtout pour certains détails scientifiques . Je me plais à rendre ici témoignage à l'érudition comme à obligeance de M. J. Chenu, traducteur de plusieurs ouvrages de la Bibhothèque Latine-Française. Je dois à ses utiles et savantes observations l' éclaircissement d'un grand nombre de passage, dont Saumaise lui-même n'avait pas réussi a dissiper l'obscurité.

1. - C. J. SOLINUS ADVENTO SUO S. D. Camers et Saumaise pensent que cette lettre n'est pas adressée au même personnage que celle qui la précède. La première, en effet, est ainsi terminée : « Collata igitur hac epistola cum ea quae auspicium scriptionis facit, intelligis eodem te loco habitum, quo eum, cui laboris nostri summam dedicavimus. » Cette phrase leur paraît signifier que Solin met le personnage auquel est adressée la première lettre au même rang que celui à qui il avait dédié d'abord l'ensemble de son ouvrage. Mais Saumaise lui-même reconnaît que tous les anciens manuscrits portent pour les deux lettres le même nom. Nous pensons donc que eodem te loco habitum peut signifier vous ne différez pas, vous êtes le même, et c'est ainsi que nous avons traduit. Dans beaucoup d'éditions antérieures à celle de Saumaise, au lieu du nom d'Adventus, on trouve celui d'Antius, d'Autius. Saumaise soupçonne que l'une des lettres a pu être adressée à un certain Avitus, ou à quelque personnage d'un nom à peu près semblable, et que l'autre a été adressée à Adventus. La traduction que nous donnons pour la dernière phrase de la première lettre nous paraît trancher toute difficulté.

2. - Valentiam dixerat juventus Latina. En grec ¤rrÇsyai, valere, être fort; „RÅmh, valentia, puissance. Le nom de Romulus, fondateur de Rome vient, si l'on suit les mêmes analogies, de =Çmow, homme fort; puis „Rvmælow, de =Çmow, comme ceædolow, menteur, de ceèdow, mensonge. On connaît le Pseudolus de Plaute.

3. - Arces. Cette étymologie d’arces, venant d'Arcades, n'est nullement probable. Arces vient évidemment du mot arcere, écarter, repousser, lequel paraît lui-même venir du mot grec §rkow, rempart.

4. - Sed vetitum publicari. - voyez PLINE, Hist. Nat., liv. III, ch. 6 , et liv. XXVIII, ch. 3. Rome n'était pas la seule ville qui cachât le nom de la déité protectrice ; Macrobe (Saturn., liv. III , ch. 9) nous a conservé la formule par laquelle les Romains évoquèrent la divinité de Carthage. On voit par cette formule que les Romains ignoraient non seulement le nom, mais encore le sexe de la divinité tutélaire de Carthage « Si deus, si dea es, cui populos civitasque Carthaginiensis est in tutela. »

5. -Aram.... Patri inventori dicavit. Tite-Live, au liv. I, ch. 7, et Virgile, au liv. VIII , v. 271 de l'Énéide, parlent de cet autel.

6. - Myagrium deum dicitur imprecatus. Ce dieu n'est guère connu que par ce passage de Solin, et par ce qu'en dit Pline (Hist. Nat., liv. X, ch.40) : « Les Égyptiens invoquent leurs ibis contre l'incursion des serpents et les Éléens le dieu Myagre, lorsque la multitude des mouches apporte des maladies pestilentielles ; elles meurent aussitôt qu'an a sacrifié à ce dieu. »

7. - Dicta est primam Roma Quadrata. Plutarque (Vie de Romulus) dit que Rome, dans le principe, était appelée Tetr‹gvnow.

8. - Jovi Feretrio primas suspendit. - Voyez FLORUS, Hist. rom., liv. I, ch. 1er.

9. - Septima et vicesima olympiade. -Voyez VELLEIUS PATERCULUS, liv. II, ch. 8.

10. - Ad Fagutalem lacum. Au lieu de ces mots, Camers conjecture qu'il faut lire ad Fagutalem lucum. Cette conjecture nous paraît d'autant plus fondée que le hêtre , consacré à Jupiter, fit donner à ce dieu le nom de Jupiter Fagutalis, et que les mots lucum, bois sacré, et Fagutalem, planté de hêtres, s'appliqueraient parfaitement au culte du dieu, et au choix de la demeure de Tarquin le Superbe.

11. - Iphitus Eleus. Presque toutes les anciennes éditions portent Iphictus.

12. - Qui principatum ita ingressus est. - Voyez FLORUS, Hist. rom., liv, IV, ch. 3.

13. - Graeci ergo.... detrahebant. Macrobe (Saturn., liv. 1, ch. 2) donne à cet égard quelques détails à peu près semblables. Il paraît même les avoir empruntés à Solin, ou bien ces deux auteurs ont puisé aux mêmes sources.

14. -Hoc, et multa alia Augusti temporibus debeantur, qui paene sine exemplo rerum potitus est. Pline est admirable en peignant la vie d'Auguste. Nous aurons quelquefois l’occasion de montrer combien il est supérieur à son copiste. Ici d'abord, quelle différence! La fortune d'Auguste, dit Pline (Hist. Nat., liv. VII , ch. 46), que tous les hommes s'accordent à porter sur la liste des heureux, présente aussi bien des fluctuations quand on examine attentivement les détails de sa vie; la préférence donnée sur lui à Lepidus, pour la place de maître de la cavalerie, qu'il avait sollicitée auprès de son oncle; la haine que lui attira la proscription; le partage du triumvirat avec les plus scélérats des hommes, partage encore inégal, et où il se trouva écrasé par Antoine, etc... Viennent ensuite d'autres détails reproduits par Solin, qui, dans ce passage, pille scandaleusement son prédécesseur. Pline termine ainsi : « Ce dieu (je n'examine point ici les titres de sa divinité), ce dieu mourut en laissant pour héritier le fils d'un homme qui lui avait fait la guerre. » Les expressions de Pline sont plus énergiques que les nôtres, à la fin du passage que nous citons : « Deus ille, caelumque, nescio adeptus magis, an meritus. »

15. - Fausta. Pour ce fait et les deux suivants, voyez PLINE, Hist. Nat., liv. VII, ch. 3.

16. - Cnaeum Pompeium.... in theatro suo publicasse. Saumaise remarque ici avec raison que Solin a dénaturé le fait dont il parle. Pline dit, en effet : « Parmi les décorations de son théâtre, Pompée le Grand plaça des statues admirables, qui avaient être travaillées avec le plus grand soin par les plus habiles artistes. On lisait sur une des inscriptions le nom d'Eutychis de Tralle, portée au bûcher par vingt de ses enfants : elle en avait eu trente. » Comme on le voit, il est question dans ce passage d'une statue, et non pas d'une femme. Dans les notes du livre VII de Pline, édition Panckoucke, G. Cuvier atteste qu'il a connu, au Jardin du roi, une portière qui avait eu trente enfants; il ajoute qu'un de ses fils a eu deux fois de suite des enfants jumeaux.

17. - Mulier solum animal menstruale est. Dans ces mêmes notes, G. Cuvier dit que les singes de l'ancien continent ont des écoulements sanguins comme les femmes, mais non pas aussi abondants, ni aussi réguliers. Il ajoute que toutes les propriétés vénéneuses attribuées au sang menstruel par les anciens, sont fabuleuses.

18. - Et de Proconensi ancilla. Pline (Hist. Nat., liv. VII , ch. 9) dit Proconnesia. Dans les anciens manuscrits, on trouve souvent Peloponnensi au lieu de Peloponnesio.

 19. - Utrumque patri suo similem. Un fait semblable est raconté par Buffon, et cité par M. Gueroult dans sa traduction du septième livre de l'Histoire Naturelle de Pline : « Une femme de Charles-Town, dit Buffon, accoucha, en 1714, de deux jumeaux tout de suite, l'un après l'autre. Il se trouva que l'un était un enfant nègre, et l'autre un enfant blanc, ce qui surprit beaucoup les assistants. Ce témoignage évident de l'infidélité de cette femme à l'égard de son mari, la força d'avouer qu'un nègre qui la servait, était entré dans sa chambre, un jour que son mari venait de la quitter et de la laisser dans son lit; elle ajouta, pour s'excuser, que ce nègre l'avait menacée de la tuer, et qu'elle avait été contrainte de le satisfaire. »

20. - Plane si corpusculum in marem figuretur, melior est color gravidis. Pour cette remarque, comme pour la plupart de celles qui suivent, on peut consulter l'Histoire Naturelle de Pline, liv. VII , ch. 5 et suivants.

21. - Scipio Africanus.... Caesar dictus est. Pline ne dit pas que Scipion l'Africain fût le premier nommé César; mais (liv. VII, ch. 7) il dit que le premier Scipion l'Africain et le premier des Césars ont en naissant donné la mort à leur mère. Il ajoute que le nom des Césons a la même origine.

22. - Vopiscus. La racine probable de ce mot est vi adipisci.

23. - Ipsum dentium numerurn discernit qualitas sexus. Le nombre normal des dents, dit G. Cuvier (notes du liv. VII de Pline, édit. Pauckouke, t. VI, p. 174), est le même dans les femmes que dans les hommes; mais il arrive, en effet, à certaines femmes de ne jamais pousser les quatre dernières, celles que l'on nomme dents de sagesse. Cela arrive, au reste, aussi à quelques hommes, mais plus rarement.

24. - Novimus.... risisse.... Zoroastrem. Zoroastre, l'auteur du Zend-Avesta, l'instituteur ou le restaurateur du culte du feu et de la religion des mages, a été contemporain de Darius Hystaspe, et naquit, suivant Anquetil, 589 ans avant J.-C.

25. - Alectoria.- Voyez PLINE, liv. XXXVI, ch. 54.

26. - Rubrius histrio. Lorsque les jeux Scéniques furent célébrés pour la première fois à Rome, l'an 391, dit Gueroult (notes du liv. VII de Pline), les acteurs que l'on fit venir de l'Etrurie dansèrent, à la manière de leur pays, au son des flûtes, sur un simple échafaud de planches. Ils furent nommés histrions, parce que hister, en langage étrusque, signifiait bateleur, bougon. Dans la suite, ce nom fut donné généralement à tous ceux qui paraissaient sur le théâtre. On sait cependant que ce mot se prenait souvent en mauvaise part, et servait à désigner un mauvais comédien, un plat bouffon, Cicéron , dans son plaidoyer pour Q. Roscius, dit, en parlant d'un homme qui avait pris des leçons de Roscius : « Qui ne in novissimis quidem erat histrionibus, ad primos pervenerat comoedos. »

27.- Surae. Il faut évidemment, d'après le texte de Pline (liv. VII, ch. 10 ), lire ici proconsuli Surae, et non Syriae, comme le portent les éditions anciennes de Solin. Saumaise, qui pourtant conserve Syriae dans son texte, adopte Suræ dans ses notes.

28.- Decus veteris proceritudinis perdidisse. Homère, dit Pline (Hist. Nat., liv. VII, ch. 16), ce poète divin, se plaignait déjà continuellement que les hommes étaient bien moins grands qu'autrefois. Vous trouverez plusieurs fois dans l'Iliade ces ex-pressions : Oáoi nèn brvtoÜ eàsin, que Virgile (Énéide, liv. XII , v. 900) a rendues par ce vers

Qualia nunc hominum producit corpora tellus.

Des hommes tels que la terre en produit aujourd'hui...

On trouve dans Juvénal, Sat. XV, v. 69

Nam genus hoc vivo jam decrescebat Homero.

Terra malos homines nunc educat, atque pusillos.

L'espèce humaine dégénérait déjà au temps d'Homère; aujourd'hui la terre ne porte plus que des hommes méchants et faibles.

29.- Pusionem. Ce nom lui fut donné par ironie, sans doute.

30.- Novem pedum et totidem unciarum. C'est- à - dire 2m. 872

31.- Cubitorum septem. Solin diffère ici de Pline (liv. VII, ch. 16), qui donne à son colosse quarante-six coudées. Phlégon dit aussi qu'après un tremblement de terre, on trouva, dans une montagne du Bosphore Cimmérien, des ossements qui avaient appartenu à un corps humain de quarante pieds. G. Cuvier, dans ses Recherches sur les ossements fossiles, t. 1er, donne des extraits d'une multitude de relations de ce genre . faites ou adoptées par les anciens. Mais « on trouve, dit-il (notes du liv. VII de l'Hist. Nat. de Pline, édit. Panckoucke, t VI, p. 174), dans les terrains meubles de toute l'Europe, de toute la Sibérie, de toute l'Amérique, et probablement aussi des autres parties du monde, des ossements qui ont appartenu à de très grands animaux, tels que des éléphants, des mastodontes et même des baleines, et chaque lois qu'il s'en est découvert, les gens du peuple, quelquefois même des anatomistes, les ont pris pour des os de géants. » Buffon cite les hommes de haute stature les plus connus dans les temps modernes. Ces hommes n'ont guère dépassé sept pieds. Cependant Gueroult cite dans ses notes un géant du nom de Gilli, et un garde du roi de Prusse, qui avaient plus de huit pieds.

32.- Callicrates formicas ex ebore scalpsit, etc. « Un horloger d'Angleterre, nommé Boverick, avait fait une chaise d'ivoire à quatre roues, dans laquelle un homme était assis; elle était si petite et si légère, qu'une mouche la traînait aisément. La chaise et la mouche ne pesaient qu'un grain. » (SAVERIEN , p. 314.)

33. - Bityae.... eas in oculis pupillas gemimas habere. J'ignore entièrement, dit G. Cuvier, à quoi peut tenir cette opinion sur les gens à double pupille, je doute même que de pareils yeux se soient vus dans l'espèce humaine.

34. - Praevaluisse fortitudine... L. Sicinium Dentatum. Dans ce qui précède, comme dans ce qui suit, observation que nous avons déjà faite à la note 20, Solin emprunte presque toutes ses remarques, presque tous ses exemples au septième livre de Pline. Aussi ne nous arrêterons-nous désormais qu'à ce qui nous paraîtra, soit pour l'exactitude, soit pour des travaux importants, mériter un rapprochement entre les deux auteurs.

35. - Quum oraculum moneret arcessi sacra deum Matris Pessinonte. - Voyez VALÈRE MAXIME, liv. VII , ch. 15.

36. - Pindarum.... Castor et Pollux vocarunt. Solin attribue à Pindare ce que tous les auteurs attribuent à Simonide.

37.- Cornelius Sylla. « À quel titre Sylla s'est-il dit heureux, s'écrie éloquemment Pline (Hist. Nat., liv. VII, ch. 44) ? est-ce pour avoir eu le pouvoir de proscrire et de massacrer tant de milliers de citoyens ? Fausse et barbare interprétation du bonheur, et dont les suites devaient être si déplorables ! Ne sont-ils pas plus heureux que lui, ceux qui périrent alors ? Ils inspirent aujourd'hui un touchant intérêt; Sylla n'excite que l'horreur. Mais voyez la fin de sa vie ne fut-elle pas plus douloureuse que tous les maux réunis de ceux qu'il avait proscrits, quand sa chair se dévorait elle-même et enfantait son propre supplice ? Qu'il ait dissimulé ses souffrances, et que nous croyions, d'après ce dernier songe auquel il survécut à peine, que lui seul a triomphé de l'envie par sa gloire, il a cependant avoué que l'inauguration du Capitole avait manqué à son bonheur. » (Trad. de M. AJASSON DE GRANDSAGNE.)

38. - In Italiam. Pour tout ce qui concerne la géographie de l'Italie, nous invitons le lecteur à se reporter aux notes du troisième livre de l'édition de Pline, donnée par M. Panckoucke, p. 129-154, et 157, 158. On trouvera dans ces notes, outre les divisions de l'Italie, telles d'ailleurs que les donne Solin, d'après Pline, les noms latins francisés, les noms latins et la synonymie ancienne, grecque ou latine, enfin les noms modernes, on positions correspondantes.

39. - Umbrios Graece nominatos, Racine ömbrow, en latin anber.

40. - A tubicine Misenum. - Voyez VIRGILE, liv. VI, v. 163 et suivants.

41. - Veneri matri, quæ frutis dicitur. Dans beaucoup d'éditions, et notamment dans celle de Camers, au lieu de quæ frutis dicitur, on lit quae ƒAfrodÛth dicitur. Peut-être le mot frutis n'est-il qu'une altération d’ƒAfrodÛth. Il nous semble venir plutôt du mot frui, comme les mots fruges, fructus. Saumaise disserte longuement là-dessus.

42.- Anno septimo. Nous avons indiqué dans notre traduction que ce doit être la septième année après la prise de Troie, quoique Solin ne le dise pas.

43. - Catabria..., boam gignit. Pline (liv. VIII , ch. 14) remarque que l'énormité de ces boas que l'on trouve en Italie rend vraisemblable ce que l'on a dit du serpent tué, sur les bords du Bagrada, dans les guerres puniques; c'est que Regulus dut l'attaquer avec des balistes et des machines de guerre, comme on le fait pour une citadelle. Ce serpent, ajoute Pline, avait cent vingt pieds : sa peau et ses mâchoires ont été conservées dans un temple de Rome jusqu'à la guerre de Numance.

44. - Quos cervarios dicimus. Le loup-cervier est, comme le loup commun, un animal de proie : il en approche encore par la grandeur du corps, quoique moins gros et plus bas sur ses jambes. Il a, comme lui, une espèce de hurlement ou de cri prolongé; mais, pour le reste il en diffère. On l'a nommé cervier, soit qu'il attaque les cerfs; soit, suivant Buffon, parce que sa peau est variée de taches, à peu près comme celles des jeunes cerfs, lorsqu'ils ont la livrée.

 45. - Ubi quid casu respiciunt. Rarement cet animal retourne à sa première proie; c'est ce qui a fait dire que, de tous les animaux, c'est celui qui a le moins de mémoire. (BUFFON, Hist Nat.)

46. - Ligusticum mare. Aujourd'hui rivière de Gènes.

47.- Zoroastres.- Voir, sur Zoroastre, la note 24 ci-dessus. Pline dit (liv. XXXII, ch. 11) que, selon les prophètes et les aruspices des Indiens, il n'est point d'amulette aussi efficace que le corail pour conjurer les dangers. Le Zend-Avesta, attribué à Zoroastre, n'en parle pas. Le seul arbre sur lequel l'auteur revient à tout propos est l'arbre Hom, représentant et adéquate du prophète de ce nom, ou, pour mieux dire, le prophète sous forme d'arbre, le prophète arborescent. Dans tout sacrifice, on doit avoir du feu allumé avec le bois de l'arbre Hom ; aussi va-t-on en cérémonie le recueillir annuellement dans le Kerman. (Extrait des notes du liv. XXXII de l'Histoire Naturelle de Pline, édit. Panckoucke.)

48. - A promontorio , quod Acran lapygian vocant. La pointe de l'Italie la plus saillante en mer, selon Pline (liv. III, ch. 16).

49. - Idem impositas manus detinet. Pline paraît douter de la vertu attribuée à cette pierre; car il dit (liv. XXXVII, ch. 56) : « Une particularité merveilleuse de cette pierre (supposé qu'on y croie), c'est que, comme de la gomme, elle retient captive la main qui se pose dessus. »

50. - In Aetnae vertice. En rappelant aux lecteurs les descriptions de l'Etna, que nous ont laissées Virgile et Claudien, nous ne devons pas omettre de mentionner le poème de Lucilius Junior, dont M. T. Chenu a donné, en 1843, pour la seconde série de la Bibliothèque Latine-Française, une version qui nous paraît réunir toutes les qualités qu'on est en droit d'attendre d'un traducteur habile et consciencieux.

51. - Nebrodes. De nebrñw, faon.

52. - Qui juxta siderum disciplinam. Saumaise, dans une note où il traite fort mal Solin, demande si, pour construire des machines, il est nécessaire de connaître les astres. Alors il donne à juxta siderum disciplinam ce sens : d'après la connaissance des astres. Pour moi, je pense que juxta signifie ici : à côté de; par conséquent, outre la connaissance des astres.

53. - Accommodatissimæ sunt in omnem sonum tibiarum. Pline (liv. VII, ch. 57) attribue à Pan, fils de Mercure, le chalumeau et la flûte simple, à Midas la flûte recourbée, à Marsyas la flûte double.

54. - Achatem lapidera Sicilia primum dedit. Pline (liv. XXXVII, ch. 54) dit, en parlant de l'agate, que jadis très estimée, elle ne l'était plus de son temps et qu'observée primitivement en Sicile, sur les bords du fleuve Homonyme, on l'a depuis retrouvée en vingt endroits; il en distingue un grand nombre d'espèces. La synonymie des agates, connues parmi celles que mentionne Pline, a été établie t. XX, p. 474 de l'édit. Panckoucke.

55. - Si procul. - Procul ne signifie pas toujours loin, mais à quelque distance. Virgile (Énéide, liv. X) en offre deux exemples très rapprochés

Illa volans, clypeo est excussa, proculque

Egregium Autorem latus inter et ilia figit.

La flèche adressée à Énée par Mézence, glisse sur le bouclier prince troyen, et à quelques pas de là va frapper Antor.

Plus bas, en parlant de Mézence, Virgile dit qu'il s'appuie outre un arbre, aux rameaux duquel est suspendu son casque.

Procul aerea ramis

Dependet galea.

56.- Merula,.. circa Cyllenem candidissima est.- Voyez PLINE liv. X, ch. 45. Les anciens étaient persuadés qu'il n'existait de merles blancs que sur le mont Cyllène. Mais il n'y a guère de pays où il ne s'en rencontre : ils sont plus communs dans le nord que partout ailleurs. Lacépède, Histoire des Poissons, dit que ce passage du noir au blanc est irrégulier, fortuit, très peu fréquent, et propre à quelques individus de la couvée, dans laquelle on compte d'autres individus qui ne présentent en rien cette sorte de métamorphose, Gueroult (notes du livre X de Pline) dit que le médecin Cosme, professeur d'histoire naturelle à l'École centrale du département d'Eure-et-Loir en 1802, possédait alors un merle blanc vivant, trouvé à Chavanne, petite commune peu éloignée de Cha­tres. G. Cuvier (notes du même livre de Pline, édit. Panckoucke) dit que les merles blancs sont une variété individuelle, rare partout, mais qui se rencontre quelquefois dans beaucoup de pays.

57. - Asbesto nomen est, ferri colore. Les anciens, en raison de son incombustibilité , croyaient l'asbeste propre à faire des lampes perpétuelles.

58.- Amicula in ornatum feminarum. Ces vêtements, dont parle Solin, étaient en soie. Un passage de Pline (liv. VI, ch. 27) ne laisse aucun doute à cet égard. Il y dit que l'île de Cos produit des bombyces, qui forment des coques que l'on jette dans l'eau pour les amollir; puis on les file avec un fuseau de jonc. Il ajoute que l'on fait de ces tissus des vêtements pour les femmes. Solin semble n'attribuer qu'à l'île de Cos la confection de ces tissus. Pline, même livre, ch. 25, dit que Pamphila, fille de Latoüs, inventa, dans l'île de Céos, l'art de dévider la toile ourdie par les bombyces, et d'en faire des tissus.

59. - Fiant praegnantes odore. Solin ne fait que copier ici ce que dit Pline (liv. X, ch. 51), qui lui-même reproduit un passage d'Aristote (Histoire de Animaux, liv. IV, ch. 9). Buffon (Histoire maturelle des Oiseaux) s'exprime ainsi sur l'assertion d'Aristote : « Aristote dit que les perdrix femelles conçoivent et produisent des oeufs, lorsqu'elles se trouvent sous le vent des mâles, ou lorsque ceux-ci passent au-dessus d'elles en volant, et même lorsqu'elles entendent leur voix ; et l'on a répandu du ridicule sur les paroles du philosophe grec, comme si elles eussent signifié qu'un courant d'air imprégné par les corpuscules fécondants du mâle, ou seulement mis en vibration par le son de sa voix, suffisait pour féconder réellement une femelle; tandis qu'elles ne veulent dire autre chose, sinon que les perdrix femelles ayant le tempérament assez chaud pour produire des oeufs d'elles-mêmes, et sans commerce avec le mâle, tout ce qui peut exciter leur tempérament doit augmenter encore cette puissance; et l'on ne niera point que ce qui leur annonce la présence du mâle ne puisse et ne doive avoir cet effet.»

60. - Jactu sagittae.... nomine quem petebat. Voici le vers grec tel que le cite Saumaise

ƒAst¯r FÛlippou ömmasin p¡mpei b¡low

Aster lance ce trait aux yeux du roi Philippe.

61. - Natum. .. parvulum de Hermiona. Cette tradition est loin de concorder avec celle qui sert de base à la tragédie d'Andromaque de notre grand Racine.

62. - Militia mundi dimicatum cum gigantibus. Solin, dans cette phrase, emploie évidemment mundus dans le sens du mot grec kñsmow.

63.- Olympum ah Homero... celebratum. On sait qu'Homère a fait de l'Olympe le séjour des dieux ; il dit, au chant XI de l’Iliade, que chaque dieu y habite un palais magnifique.

64. - Locum Doriscum illustrem reddidit Xerxis adventus. La plaine de Dorisque, au rapport de Pline (liv. IV, ch. 18), pouvait contenir dix mille hommes ; mais il faut croire que ce nombre a été altéré : car l'immense armée, dont, selon Pline et Solin, Xerxès passa la revue dans cette plaine, était très certainement de plus d'un million d'hommes, ou bien il faut rejeter le témoignage de tous les historiens de l'antiquité.

65. - Minime certe a diris avibus impetuntur. Pline (liv. X , ch. 35) explique très naturellement cette espèce de phénomène : « L'hirondelle, dit-il, est le seul oiseau qui ait le vol flexueux et très rapide; ce qui la sauve des serres de l'oiseau de proie.»

66. - A Crete nympha. Il y a quelque différence ici entre Solin et Pline. Celui-ci dit (liv. IV, ch. 20) : « Son nom vient, selon Dosiade, de la nymphe Crète ; selon Anaximandre, d'une fille d'Hespéride; d'un roi des Curètes, selon Philistides Mallotes.»

67.- Pyrrho repertore. Pline (liv VII, ch. 57) parle de deux danses instituées en Crète : l'une la danse armée, établie par les Curètes; l'autre la pyrrhique, par Pyrrhus. Les évolutions de la danse armée se faisaient à pied et avec des armes de buis : celles de la pyrrhique se faisaient au contraire à cheval ou sur des ânes. Des hommes, des femmes et des enfants prenaient part à ces jeux. (HARDOUIN.)

68. - Sphalangion. Pline (liv. VIII, ch. 41 ; liv. XI , ch. 24, etc.) écrit phalangium. Saumaise remarque avec raison que c'est par dialecte que les Grecs ont pu dire sfal‹ggion, au lieu de fal‹ggion : c'est le dialecte éolien. On dit de même smèw, au lieu de mèw, smogerñw au lieu de mogerñw, etc. La phalange, du reste, selon Pline, est une araignée dont la morsure est venimeuse, dont le corps est court, effilé, varié de plusieurs couleurs. Elle marche en sautant. Il en est dans cette espèce qui sont noires, et qui ont les jambes antérieures extrêmement longues.

69. - Metuunt vim flatus tumidioris. Pline dit humido. Ne devrait-on pas, dans Solin, lire humidioris, au lieu de tumidioris ? Le mot siccior, qu'on voit plus bas, semble demander humidioris; mais nous devons ajouter que le manuscrit de M. Panckoucke porte la leçon que nous avons adoptée.

70. - Ortygometra. L'ortygomètre, et autres oiseaux qui, selon Pline, accompagnent les cailles, tels que le glottis, le cychrame, n'ont pas encore été reconnus par les auteurs modernes. Au surplus, tous s'accordent à regarder comme une fable l'histoire de ces oiseaux qui guident ou accompagnent les cailles dans leurs voyages. Quant au hibou , que Pline place parmi ces oiseaux, voici ce que Buffon observe à ce sujet : « Les cailles surchargées de graisse, lorsqu'elles partent en automne, ne volent guère que la nuit; elles se reposent pendant le jour, à l'ombre, pour éviter la chaleur. On a pu, par cette raison, s'apercevoir que le hibou accompagnait ou précédait quelquefois ces troupes de cailles. »

71. - Dat et Sardam lapidem. Cette pierre est connue chez nous sous le nom de cornaline.

72. - Quoquo eant, conjuges evagantur. Le texte de Pline, cité ici par Camers, porte : agunt vere conjugia. Le texte de Solin a servi à recorriger celui de Pline, altéré par les copistes. On lit aujourd'hui dans Pline : Vagantur fere conjugia. Pline dit également des serpents Conjugae ferme vagantur, nec nisi cum pari vita est.

73. - Simones. L'étymologie assez curieuse de ce nom se trouve dans Pline (liv. IX , ch. 7) : « Rostrum simum, dit-il, qua de causa nomen simonis omnes miro modo agnoscunt, maluntque ita appellari. » Leur nez retroussé (simus) fait qu'on les appelle simons; et ce nom qu'ils reconnaissent leur plaît. Pline, même livre, ch. 9, dit que les dauphins s'associent avec l'homme pour la pêche, et que la multitude qui accourt au plaisir de cette pêche, fait, dès qu'on aperçoit les dauphins, retentir au loin l'appel de Simon.

74. - Ut Arionem transeamus. Voici comme Pline, en peu de mots, rappelle cette histoire (liv. IX , ch. 8) : « Arion était en pleine mer, et les matelots, pour s'emparer des richesses qu'il avait acquises par son talent, s'apprêtaient à le massacrer. Il obtint la permission de chanter une dernière fois sur sa lyre. Les dauphins étant accourus à ses doux accents, il se jeta dans les flots, oit l'un d'eux le reçut , et le porta au rivage de Ténare. » Aulu-Gelle raconte aussi, d'après Apion, grammairien égyptien, qui vivait sous Caligula, cette histoire merveilleuse, au liv. VII , ch. 8 des Nuits Attiques.

75.- Septem ostiis Pontum influit. Pline et Tacite n'attribuent à l'Ister que six embouchures. Hérodote, Éphore, Claudien, Arrien, Avienus, Rhemnius n'en comptent que cinq. Ammien, liv. XXII, et Valerius Flaccus, dans son poème des Argonautes, en reconnaissent huit. Pomponius Mela en compte sept, comme après lui, Solin. (CAMERS.)

76. - Testiculi.... in usum medelarum. C'est de là, dit Pline (liv. VIII, ch. 47), que vient le castoreum. Le castoreum, matière dont on fait un grand usage en médecine, est contenu dans deux grosses vésicules, situées près des aines, et que les anciens avaient prises pour les testicules de l'animal.

77. - In pristinam faciem rerertuntur. On lit à ce sujet , dans Pline (liv. VIII, ch. 34), un passage assez curieux, où il indique l'origine de la croyance aux loups-garous chez les Grecs. Que des hommes se changent en loups, dit-il, et qu'ensuite ils reprennent leur première forme, c'est un conte qu'il faut hardiment refuser de croire, ou bien il faut admettre tous les contes que l'expérience de tant de siècles a réfutés. J'indiquerai pourtant l'origine d'une opinion tellement enracinée, que le mot loup-garou est devenu une espèce d'anathème. Évanthe, auteur grec assez estimé, prétend avoir lu, dans les livres des Arcadiens, que, parmi les descendants d'un certain Anthus, on choisit au sort un homme que l'on mène au bord d'un étang; là, il suspend ses habits à un chêne, passe l'eau à la nage, gagne les déserts, où il est transformé en loup, et vit pendant neuf ans en société avec les autres loups. S'il passe tout ce temps sans voir un homme, il revient à l'étang, et dès qu'il l'a traversé à la nage, il reprend sa première forme; seulement il paraît vieilli de neuf ans. Fabius ajoute de plus qu'il retrouve ses mêmes habits. La crédulité des Grecs est vraiment un prodige!

78. - Deinde.... afflixit. Le récit fait par Pline (liv VIII, ch. 61) de ce combat d'un chien contre un éléphant est un tableau frappant d'intérêt. Voyez t. VI, p. 341 de l'édit. Panckoucke.

79. - Funestantur. Nous pensons qu'ici Solin prend le mot de funestari dans un sens tout à fait particulier. Nous avons remarqué, dans la Notice sur cet auteur, qu'il a des mots à lui. Funestari, verbe déponent, signifierait, selon nous, funera celebrare. Si l'on n'admet pas ce sens, il faudra traduire : ««Qui se souillent aussi entre eux par d'exécrables festins. » Hérodote, dans Melpoméne, Pomponius Mela, au commencement du second livre de sa Géographie, et Strabon, liv. XI, parlent de cette coutume des Essédons comme ne s'appliquant qu'aux funérailles.

80. - Non ut Essedones. Ceci confirme le sens que nous venons de donner au mot funestari. C'était dans les crânes de leurs parents. dont ils célébraient les funérailles, que buvaient les Essédons.

81. - Crescunt æstibus. Saumaise , dans une longue note, rétablit le texte de Pline. Siccari eas aestu recedente, ce qui signifie que le détroit est à sec lors du reflux. Il dit que Solin avance ici une absurdité qui, de sa part, ne doit étonner personne. Nous nous sommes contenté de traduire le texte de notre auteur, pensant toutefois, comme Saumaise, que dans Pline, aestu recedente, signifie le flux se retirant, c'est-à-dire lors du reflux.

82. - Grypes terrent universa. « Cette fable des griffons et de leurs combats avec les Arimaspes , dit G. Cuvier dans ses notes sur l'Histoire Naturelle de Pline (liv. VII, ch. 2), est du nombre de celles qui avaient été inventées dans la vue de cacher le véritable siège du commerce de l'or, qui paraît s'être fait dès la haute antiquité avec le nord de l'Asie. »

83. - Theophrastus dedit. Pourquoi Solin cite-t-il ici Théophraste, et ne dit-il rien de Pline? C'est, selon Saumaise, pour déguiser son larcin. «Solinus , ut furtum celaret, fecit ut fines solent fere deprehensi : alium auctorem nominant. a quo sese illud accepisse dicant, quod alteri surripuerunt. » Voir, au sujet des plagiats de Solin, la page vij de notre Notice, et pour le passage dont il est question, le liv. XXXVII, ch. 16, de l'Histoire Naturelle de Pline.

84. - Si quum globosi sunt, etc. Nous devons à la bienveillance de M. J. Chenu, l'interprétation de ce passage obscur, dont les différents commentateurs de Solin ne nous ont pas paru avoir saisi le sens véritable.

85. - Neque sole mutentur. Optimos tamen sortiuntur situs, quibus planities resupina est et extenta. Au dire des commentateurs de Solin, ce passage paraît avoir été altéré. Dans quelques anciennes éditions, on lit facies, au lieu de planities. Le sens, que nous trouvons dans les commentaires, est que les émeraudes rendent mieux les objets, quand la plaine s'étend au-dessous du lieu où elles se trouvent. Un léger changement de ponctuation, en isolant cette phrase des précédentes, la rend très claire. Ce changement d'ailleurs est autorisé par le manuscrit de M. Panckoucke, qui, comme nous, après mutentur, met un point au lieu de la virgule que donnent les éditions. C'est également à M. J. Chenu que nous devons l'explication de ce passage, d'après cette importante correction.

86. - Crystallus. Pline dit (liv. XXXVII, ch. 9) que la chaîne des Alpes en fournit de fort estimé, mais que celui de l'Inde a sur tous la prééminence. Remarquons en passant que Solin emploie crystallus comme substantif masculin, tandis que Pline le fait féminin ; Stace emploie crystallum au neutre.

87. - Tum ne duritia.... faciat. Il ne s'agit sans doute ici que du cristal sur lequel on gravait.

88. - Fabula erat de Hyperboreis. - Voyez PLINE, liv. VI, ch. 19 , et surtout liv. IV, ch. 26.

89. - Ubi deficiunt Riphaeorum montium juga. - Voyez PLINE, liv. VI, ch. 14.

90. - Per Asiaticae plagae terga. Ces mots, et la phrase eu général, sont obscurs. Pline (liv. VI, ch. 15) est bien plus clair, et présente d'ailleurs, géographiquement parlant , plus d'exactitude. Voici ses propres paroles . Irrumpit e Scythico oceano in aversa Asiae. La mer Caspienne pénètre de l'océan Scythique au coeur de l'Asie.

91. - Quum catulorum insistunt raptoribus. Pline (liv VIII, ch. 25) remarque qu'il ne s'agit ici que de la femelle du tigre : Maribus enim cura non est sobolis. Le mâle ne prend aucun soin de sa progéniture.

92. - Subvectis navibus ne s'entend pas, comme le remarqne Saumaise, qui, dans son indignation, s'écrie : Prodigiose mirum est, quod hic legitur ! monstranda stupiditas, et par utique monstro! En effet, comment supposer qu'un voyage par terre se soit fait sur des vaisseaux? D'après le texte de Pline, subvectus merces, je soupçonne qu'il faut lire subvectis mercibus; ce qui signifierait que dans un voyage terrestre de cinq jours , Pompée put faire transporter des marchandises du Cyrus au Phase.

93. - Paene similem continenti. Saumaise et l'édition de Deux-Ponts portent paene similem continent. Le manuscrit de M. Panckoucke et l'édition de Camers portent continenti. La première leçon n'a aucun sens ; nous avons adopté la deuxième.

94. - Facilius obvios se praebent sagittantibus. Le tableau que Pline présente ici est plein de charmes. « Le cerf, dit-il (liv. VIII. ch. 50), est un animal simple, et qui regarde tout avec une espèce d'admiration, au point que si un cheval ou une génisse s'approche de lui, il ne voit plus le chasseur qui va l'atteindre, ou, s'il le voit, il contemple son arc et ses flèches. »

95.- Lassorum capita clunibus per vices sustinent. Les cerfs, dit Pline (liv. VIII, ch. 50), traversent les mers par troupes et sur une seule file, la tête de l'un posée sur la croupe de celui qui le précède, et revenant tour à tour se placer à la queue.

96.- Plurimos.... sine febribus longaevos fuisse. Pline (liv. VIII. ch. 50) cite surtout des impératrices, principes feminae.

97.- Ad dignoscendam vivacitatem. Pline (liv. VII, ch. 49) regarde comme controuvé ce que l'on dit sur la durée de la vie de certains animaux. « Hésiode, dit-il, le premier qui ait traité cette matière, en rapportant un grand nombre de fables sur la vie de l'homme, attribue à la corneille une vie neuf fois aussi longue que la nôtre, au cerf, quatre fois la vie de la corneille, et trois fois la vie du cerf au corbeau. Ce qu'il dit du phénix et des nymphes est plus fabuleux encore. » Nous devons dire ici que les paroles prêtées par Pline à Hésiode appartenaient sans doute à un des nombreux poèmes qui ne nous sont pas parvenus. Un poète latin a dit, après Hésiode :

Hos novies superat vivendo garrula cornix,

Et quater egreditur cornicis secula cervus.

98.- Tragelaphos. Les racines tr‹gow ¦lafow établissent que cet animal participe du bouc et du cerf. Suivant Linnée, le tragélaphe est le renne. Buffon veut que le tragélaphe de Pline (liv. VIII, ch. 50) soit le même animal que l'hippélaphe d'Aristote, et que ces deux noms désignent également et uniquement le cerf des Ardennes.

99.- Mons Sevo ipse ingens. Saumaise et l'édition de Deux-Ponts donnent, Mons Sevo ipso ingens ; leçon évidemment fautive. C'est ipse qu'il faut lire, comme le portent le manuscrit de M. Panckoucke et l'édition de Carriers. L'édition de Saumaise est excellente sous le rapport des commentaires; mais on doit à juste titre s'étonner de trouver des fautes de cette nature dans un livre qui passe pour lutter avec tout ce qui jusqu'alors avait été le plus exactement imprimé.

100. - Est et alces. Saumaise, en parlant de l'alcé et de l'achlis, qu'il appelle machlis, dit que Solin confond ici deux animaux bien distincts. Pline, en effet, dit positivement (liv. VIII , ch. 16) que l'achlis diffère de l'alcé, en ce que ses jambes n'ont point de jointures. Mais Buffon, dans sa description de l'élan, qui n'est autre que l'alcé, croit devoir conclure, d'après plusieurs passages de Pausanias et de César, que les deux noms alcé et achlis désignent un seul et même animal. « Au reste, on ne doit pas, dit-il, être surpris du silence des Grecs au sujet de l'élan et du renne, ni de l'incertitude avec laquelle les Latins en ont parlé, puisque les climats septentrionaux étaient absolument inconnus aux premiers, et n'étaient connus des seconds que par relation.» Ajoutons que si, en effet, Solin a confondu l'alcé et l'achlis, l'animal dont il va parler a beaucoup de rapport avec ce dernier.

101. - Sed nihil in ea magnum, praeter ipsam. Ce jeu de mots est remarquable dans Solin, dont la gravité descend rarement à ces puérilités.

102. - In Germaniae continentibus callaica reperitur. Pline (liv. XXXVII, ch. 33), en parlant de cette pierre, qu'il nomme callaïs, et non callaïque, ne la dit pas plus nette et plus belle en Germanie, mais bien en Carmanie. Solin a pu confondre; et, selon Saumaise, il n'y a rien d'étonnant : Solin, dit-il souvent, altère tout, confond tout, déraisonne. Pour justifier Solin, nous dirons que beaucoup de manuscrits de Pline portent in Germania, et non in Carmania.

103. - Humanis litant hostiis. Ces sacrifices avaient réellement lieu dans les Gaules. Dans les notes des Martyrs, par Chateaubriand, on trouve, à propos de la prêtresse Velléda, des textes qui ne laissent à cet égard aucun doute.

104. - Apes non habent : advectum inde pulverem, etc. Telle est la leçon du manuscrit de M. Panckoucke, qui présente un sens satisfaisant, qu'on chercherait en vain dans l'assemblage de mots que donnent les diverses éditions.

105. - Navigantes escis abstinent. Une partie de ce qui suit a été extrait de Pline (liv. IV, ch. 30), et se ressent de cette confusion où devait jeter l'ignorance des lieux, à l'époque où Pline écrivait. La Bretagne n'avait encore reçu que quelques visites des armes romaines : Agricola seul devait la soumettre à peu près définitivement. Une remarque à faire, c'est que Solin n'a pas profité de ce que Tacite peut nous apprendre sur l'état de la Bretagne au temps d'Agricola.

106. - E quibus Thyle ultima. - L'île de Thulé passait chez les anciens pour la dernière des contrées, pour la limite du monde. On connaît ces vers de Sénèque (Médée, acte II, v. 375-379), où quelques-uns ont vu la prédiction, ou au moins la prévision de la découverte de l'Amérique

Venient annis secula seris,

Quibus Oceanus vincula rerum

Laxet, et ingens pateat tellus,

Tethysque novos detegat orbes

Nec sit terris ultima Thule.

107. - Diutina. Nous avons traduit ce mot par presque en tout temps, pour qu'il n'y ait pas de contradiction avec ce qui suit car, plus bas, Solin dit qu'ils font pour l'hiver une récolte de fruits.

108. - Utuntur feminis vulgo. Pline (liv. V, ch. 8) en dit autant des Garamantes, peuple d'Afrique.

109. - Inscriptisque visceribus.... notae crescunt. Le tatouage est, comme on le sait, très usité encore aujourd'hui chez les sauvages; il est même, chez les nations civilisées, assez souvent pratiqué par la classe vulgaire.

110. - Non coquunt ibi sales, sed effodiunt. Pline (liv. XXXI, ch. 39) dit que le sel est factice ou natif. Sal coquere, c'est préparer le sel par le feu.

111. - Ut ad ruborem merum deputent cocci venenum. Nous donnons ce sens d'après Saumaise, qui lit epotent au lien de deputent, qui n'a aucun sens. Peut-être même Solin, qui emploie souvent des mots qu'on ne trouve que chez lui, a-t-il écrit depotent.

112. - Olysipponense. Saumaise conjecture que ce mot est une abréviation ou altération de Ulyssipolis, ƒOluss¡vw pñliw, ville bâtie par Ulysse, et qui a donné son nom à ce cap. Voyez à la p. 14 de la Germanie de Tacite, traduite par C.-L.-F. Panckoucke, un passage de Malte-Brun, qui se réfère au nom de la ville d'Olysippo.

113. - Olysippone. Cet ablatif est assez commun aux écrivains du temps de Solin. Saumaise cite Vopiscus, l'un des auteurs de l'Histoire d'Auguste, qui, en parlant de la prise de Copte et de Ptolemaïs par Aurélien, dit Copte et Ptolemaide urbes cepit.

114. - Aspirante favonio vento concipiunt. - Voir, à la note 59, l'explication par Buffon d'un fait analogue à celui que rapporte ici Solin, d'après Pline, liv. IV, ch. 35.

115. - Boetis. Aujourd'hui Guadalquivir, dans l'Andalousie.

116. - Gemma ceraunio. Remarquons que Pline (liv. XXXVII, ch. 51) ne donne pas ici les détails que fournit Solin sur cette pierre. Il en donne d'autres, celui-ci par exemple , qu'elle ne se trouve que dans des lieux frappés de la foudre. Quoi qu'il en soit, elle tire sa dénomination du mot grec keraunñw, foudre.

117. - Cassiterides insulae. Nous ferons observer ici, que pour le livre IV de Pline, comme nous l'avons fait au second chapitre de Solin, pour le livre vu du grand naturaliste, nous n'indiquons pas toutes les sources où a puisé notre auteur. Ici, et depuis longtemps déjà, les détails géographiques sont tirés de Pline.

118. - Erytrhæam.... Cadis. Telle est la leçon du manuscrit de M. Panckoucke; l'édition de Deux-Ponts porte Erythaeam et Gardir.

119. - Sive quod.... sustollatur vi caloris. Pline, auquel Solin a emprunté une partie de ce qui suit, dit (liv. II, ch. 99), en parlant de l'influence exercée, selon lui, par le soleil, comme par la lune, sur le flux et le reflux de l'Océan : « Cet astre, ainsi que tout le inonde planétaire, monte-t-il sur l'horizon, l'onde s'enfle pour redescendre à l'instant où la lune, arrivée au faîte du ciel, commence à descendre à l'occident à peine y est-elle arrivée et tourne-t-elle vers des lieux inférieurs du ciel, lieux opposés à la partie australe, que la même intumescence recommence, et ne cesse que lorsque la planète reparaît. Notez que le flot ne revient jamais à la même heure que la veille : on dirait qu'il a pour esclave l'astre , dont l'avide influence attire l'onde à lui astre qui chaque jour se lève ailleurs que la veille. »

120. - Belone, Aujourd'hui Brabata, selon Clusius ; Tariffa selon d'autres.

121. - Africam. Cette dénomination, selon Servius (sur l'Énéide, liv. VI), vient du mot latin apricus, exposé au soleil; étymologie plus que douteuse.

122. - Libyam a Libye. - Voyez HERODOTE, liv. II, ch. 152; PAUSANIAS, liv. 1. ch. 44 ; et sur les étymologies des mots Afrique et Libye, la savante note de M. L. Marcus, sur le ch. 1er du liv. V de Pline, édit. Panckoucke.

123.- Flexuoso meatu aestuarium e mari fertur.... Cette partie de phrase, dont le sens est plus nettement expliqué dans la phrase suivante, signifie que là se trouve une île qui seule n'est jamais inondée par le flux de la mer, quoiqu'elle soit un peu plus basse que les terres circonvoisines, qui tontes sont couvertes par les eaux.

124. - Vertex semper nivalis. Saumaise ici voit une contradiction avec ce qui précède. Comment, dit-il, peut-on affirmer qu'il soit couvert de neige, puisque sa tête se perd dans les nues. Il faut avouer que cette observation est bien puérile. Saumaise devait alors également attaquer Pline, où on lit (liv. V, ch. 1) : Elati (Atlantis) super nubila; et plus bas : Suetonius Paulinus.... prodidit.... verticem altis, etiam aestate, operiri nivibus.

125. - Hannonis Punici libri. L'ouvrage attribué à ce fameux amiral carthaginois, est connu sous le nom de Périple, PerÛplouw, ou Circumnavigation.

126. - Suetonius quoque Paulinus. Suétone Paulin fut consul la douzième année de l'empire de Néron (TACITE, Ann,. liv. VI). Il fit la guerre aux habitants de la Mauritanie, l'an 41 après J.-C (DION CASSIUS, liv. LX).

127. - Tingitana. La Mauritanie Tingitane prenait son nom de la ville de Tingi, aujourd'hui Tanger. Cette ville, selon Plutarque (Vie de Sertorius), doit son nom à Tinge, femme d'Antée.

128. - Elephanti juxta sensum humanum intellectus habent. Cette expression se trouve dans Pline, au commencement du huitième livre de l'Histoire Naturelle. Voici les réflexions que ce passage a suggérées à G. Cuvier : « On a fort exagéré l'intelligence de l'éléphant : elle n'est pas supérieure à celle du chien, et les seules des actions de ce grand quadrupède que des chiens et des chevaux ne pourraient apprendre à exécuter, sont celles pour lesquelles il emploie sa trompe, organe sensible, robuste, mobile dans tous les sens, et terminé par une espèce de pince propre à saisir les corps les plus déliés; encore voyons-nous chaque jour des chiens et des chevaux en faire presque autant avec leurs lèvres. »

129. - Ne quod obvium animal interimant. L'éléphant, comme le cheval, dit G. Cuvier, évite de marcher sur un homme ou sur un animal vivant. Il lui est arrivé souvent de placer doucement de côté avec sa trompe des enfants auxquels il aurait pu faire mal.

130. - Sed biennio.... utero gravescunt. « Les éléphants, dit Buffon (Suppl. à l'Hist. Nat.), ne s'accouplent point lorsqu'ils ne sont pas libres. On enchaîne fortement les mâles quand ils sont en rut, pendant quatre à cinq semaines. Ils sont si furieux alors, que leurs cornacs ne peuvent les approcher sans danger. Il arrive quelquefois que la femelle qu'on garde à l'écurie dans ce temps, s'échappe et va joindre dans les bois les éléphants sauvages; mais, quelques jours après, son cornac va la chercher, et l'appelle par son nom tant de fois, qu'à la fin elle arrive, se soumet avec docilité, et se laisse conduire et renfermer; et c'est ainsi que l'on a vu qui. la femelle fait son petit à peu près au bout de neuf mois.»

131. - Si quis casu chamaeleontem devorauerit, vermem elephantis veneficum. Solin dit plus loin (ch. XXXVIII, p. 219) qu'on range les scorpions, les scinques et les lézards parmi les vers et non parmi les serpents; c'est ce qui nous a déterminé à traduire par ver le mot vermem, appliqué ici au caméléon. Cet animal est aujourd'hui rangé parmiles reptiles sauriens.

132.- Frigidior inest sanguis. G. Cuvier dit, à propos de cette assertion qu'on trouve aussi consignée dans Pline (liv. VIII, ch. 12) . Le motif que Pline suppose aux serpents de se rafraîchir par le sang de l'éléphant, est absurde. C'est le serpent qui a le sang froid; celui de l'éléphant est aussi chaud que celui d'aucun autre quadrupède.

133. - Quod is tantum.... promuscide. On lit dans Pline : « Quoniam is tantum locus defendi non possit manu. » Le promuscide et le manu sont ici évidemment synonymes. Voici la note de G. Cuvier sur le texte de Pline (liv. VIII, ch. 12), p. 411 du t. VI de l'Hist. Nat., édit. Panckoucke :« J'aime assez la leçon proposée par Pélicier, nisi manu, quoique non autorisée par les manuscrits, ni par Solin : car il est clair que l'éléphant peut aussi bien défendre son oreille que le reste de sou corps avec sa trompe; mais il a plus de peine à la défendre en se roulant, se frottant, etc. »

34.- Velut humanis conjugationibus copulantur. Quoique cette proposition soit prise d'Aristote (liv. VI, ch. 30), on ne doit pas pourtant y ajouter foi aveuglément, car on a vu des ours s'accoupler comme les autres animaux.

135. - Trigesimus dies. Buffon (Suppl. à l'Hist. Nat.) dit que des observations exactes, faites pendant plusieurs années, sur des ours nourris à Berne, ont constaté que la durée de la gestation de l'ours est de sept mois. Ils sont entrés en chaleur, ajoute-t-il , au mois de juin, et la femelle a toujours mis bas au mois de janvier.

136. - Carnes.... quibus color candidus. « Nous pouvons affirmer le contraire. Nous avons vu de petits oursons naissants, ou même en foetus et déjà complètement formés. Aldrovande dit déjà en avoir possédé un semblable. Au reste ce passage n'est qu'une exagération de ce que dit Aristote (liv. VI, ch. 30), et qui est très vrai , que l'ourse produit un petit intermédiaire, pour la grosseur. entre le chat et le rat, aveugle, nu (c'est-à-dire à poil ras), et dont les membres sont mal formés. » (G. CUVIER.)

137. - Domitius Aenobarbus.... ursos Numidieos centum..... edidit. « Je suis étonné, dit Pline (liv. VIII, ch. 54), qu'on les ait dits de Numidie, puisqu'il est constant que l'Afrique ne produit point de ces animaux. Mais Buffon (Hist. Nat.) dit que si les ours noirs n'habitent guère que les pays froids, les ours bruns ou roux se trouvent dans les climats froids et tempérés, et même dans les régions du midi; qu'il s'en trouve à la Chine, au Japon, en Arabie, en Égypte, et jusque dans l'île de Java.

138.- Regium. Silius Italicus (Puniques, liv. III , v. 259), dit, en parlant de cette ville :

... Antiquis dilectus regibus Hippo. 

139. - At hi, quos creant pardi. Les anciens donnaient le nom de léopard à un prétendu produit mélangé du parde on panthère mâle, et de la lionne. « Cette opinion du mélange des différentes espèces rassemblées près des sources en Afrique est fabuleuse, dit G. Cuvier (notes sur le liv. VIII de l'Hist. Nat. de Pline). Elle fut probablement occasionnée par les espèces inconnues au reste du monde, que l'on amenait de temps en temps de ce pays-là, et dont on voulait ainsi expliquer la variété. »

140. - Nec a misericordia separantur. Tout le inonde connaît l'histoire du lion de Florence. Cependant G. Cuvier (ubi supra) pense qu'il ne faut pas croire aveuglément à la générosité du lion. Les faits qu'on en rapporte se réduisent, selon lui, à ce que des lions qui n'avaient pas faim ont épargné leurs victimes, ou à ce que, surpris par quelque objet inaccoutumé, ils ont lâché leur proie; mais c'est ce qui peut arriver, ajoute-t-il, à tout animal, même au plus carnassier. Cuvier, certes, attaque ici une opinion bien répandue.

141. - Cantus gallinaceorum,.... timent.... sed igues magis. G. Cuvier (ubi supra) : « Le feu effraye le lion comme les autres carnassiers; il se peut qu'il ait aussi quelquefois eu peur d'une roue tournant rapidement; mais pour le coq, loin de le craindre, il le mange. Néanmoins Lucrèce s'amuse à rechercher gravement la cause de cette prétendue antipathie.»

142. -Cui cum spina riget collum continua unitate. « L'hyène, dit G. Cuvier (ubi supra), est de tous les animaux que j'ai disséqués, celui où j'ai trouvé les muscles du cou les plus épais : aussi a-t-il une très-grande force dans le cou, comme dans les dents. On ne peut jamais lui arracher ce qu'il a une fois saisi. Les Arabes en font l'emblème de l'opiniâtreté ;et c'est probablement par allusion à l'hyène, que la Bible appelle les entêtés gens de cou roide. »

143. - Eadem hyaena.... busta eruit. « Des habitudes de l'hyène rapportées par les anciens, celle-ci, selon G. Cuvier, est la seule vraie, et celle qui a fait imaginer toutes les autres. Un animal à figure aussi basse et aussi lugubre, qui ne va que la nuit, qui se nourrit de cadavres et viole les sépultures, qui remplit de ses hurlements nocturnes les bourgades et les villes mal policées du Levant, a dû inspirer des frayeurs, et donner lieu à des contes de toute espèce.»

144. - Crocottae nomen est. « C'est un animal fabuleux, comme la léontocrotte et le catoblépas : êtres imaginés par la superstition on la manie du merveilleux, et qui n'ont de fondement dans la nature que l'hyène et le gnou, dont les descriptions avaient été diversement mêlées par des voyageurs ignorants qui en avaient entendu parler à des peuples encore plus ignorants qu'eux. » (G. CUVIER.)

145. - Quedrigemina cornicula. Lacépède (Hist. Nat. des serpents) dit que le céraste a réellement au-dessus de chaque oeil un petit corps pointu et allongé, auquel paraît convenir le nom de corne. Il ajoute que l'on a comparé la forme de ces éminences à celles d'un grain d'orge, et que c'est apparemment cette ressemblance avec une graine dont se nourrissent quelques oiseaux, qui a fait penser que le céraste se cachait sous des feuilles, et ne laissait paraître que ses cornes qui servaient d'appât pour les petits oiseaux qu'il dévorait.

146. - Plures diversaeque aspidum species. On voit par Élien (des Animaux, liv. x, ch. 31) que l'on comptait en Égypte jusqu'à seize espèces d'aspics.

147. - Eum a quocumque gestabitur, subtrahat visibus obviorum. Pline, en parlant de cette prétendue vertu de la pierre dite héliotrope (liv. XXXVII, ch. 60), ne peut s'empêcher de s'écrier :« agorum impudentiae manifestissimum exemplum! »

148. - Lotophagos. Peuple qui se nourrissait du lotus, lvtñw, f‹gv. Il y a peu de plantes ou d'arbres qui rappellent plus de souvenirs historiques, et qui soient dans l'antiquité plus célèbres que ce végétal. Une dissertation très érudite se trouve à ce sujet dans les notes du liv. xi du Pline de la Biblioth. Lat.-Franc.; contentons-nous de rappeler que le lvtñw dont il est ici question est celui qu'Homère illustra, et dont le fruit, doux comme le miel , faisait oublier aux étrangers leur patrie.

149. - Hammonis.... cornum. C'est, dit Pline (liv. XXXVII ch. 60), une des gemmes que l'Éthiopie révèle le plus. Les cornes d'Hammon sont d'ailleurs des mollusques fossiles qui se trouvent en prodigieuse quantité dans les terrains secondaires, et surtout dans les calcaires coquillier, jurassique, oolithique.

150. - Laser. Abréviation de lac sirpicum. Cette étymologie assez curieuse n'est pas donnée par Pline. Pline dit seulement le laserpitium que les Grecs ont appelé silphion. - Voyez, plus loin. la note 155.

151. - Basiliscum creat. « Rien de plus fabuleux que cet animal, au sujet duquel on a répandu tant de contes ridicules, qu'on a doué de tant de qualités merveilleuses, et dont la réputation sert encore à faire admirer entre les mains des charlatans, par un peuple ignorant et crédule, une peau de raie desséchée, contournée d'une manière bizarre, et que l'on décore du nom fameux de cet animal chimérique » (LACÉPÈDE Hist. Nat. des quadrupèdes ovipares.)

152. - Berenicen.... Lethon amnis. Pline (liv. V, ch. 5) dit que le promontoire sur lequel est bâtie la ville de Bérénice portait autrefois le nom de corne des Hespérides ; il ajoute que non loin de cette ville est un bois sacré, autrefois, dit-on, jardin des Hespérides. Quant à la ville de Bérénice, c'est aujourd'hui Bengasi; quant au fleuve Lethon, ce n'est que le fameux Léthé, si connu dans la mythologie, et dont Lucain dit (Pharsale, liv. IX , v. 355)

. .. Lethes tacitus.... amnis,

Infernis, ut fama, trahens oblivia venis.

 153. - Plebes simiarum. - Voir, sur les singes, PLINE, liv. VIII, ch. 80, et liv. XI, ch. 100. Le singe est, du reste, défini par les naturalistes, animal anthropomorphe et quadrumane, d'espèces très variées, et multipliées par leur mélange.

154. - Immoderate foetus amant, etc. C passage présente une certaine obscurité que les commentateurs n'ont pas dissipée. Toutefois nous trouvons parmi les fables d'Avianus, dont M. J. Chenu a donné une élégante et fidèle traduction, l'apologue intitulé la Guenon et et ses Petits, qui est tout à fait propre à donner l'explication de cette phrase. Voyez AVIANUS, fable XXXV.

155. - Lasere vivunt. Le laser, dont Solin a parle déjà (ch. XXVII), est une sorte de résine aromatique, suc d'une espèce de férule. Voir la note savante de M. Fée sur cette substance t. XI, p. 300 du Pline de la Biblioth. Lat.-Franç.

156. - Sed Vespasiano principe. Ce passage surtout prouve évidemment que Solin n'est pas, comme quelques-uns l'ont prétendu, du siècle d'Auguste. Voyez notre observation à cet égard au commencement de la Notice sur cet écrivain. Ce passage prouve aussi que Solin est postérieur à Pline : car Pline et Vespasien moururent la même année, l'an 79 de J.-C. Or, ici Solin parle évidemment de Vespasien comme n'existant plus. Pline, il est vrai (liv. V, ch. 5), parle également de Vespasien; mais il ne dit pas comme Solin, Vespasiano principe; il dit initiis Vespasiani imperatoris.

157. -Sic papyro viret. On ne trouve pas plus aujourd'hui le papyrus sur les bords du Niger que sur les bords du Nil. Le célèbre voyageur Forskal (Voir les notes du livre XIII de Pline, Biblioth. Lat.-Franç.) a vainement cherché le papyrus en Égypte; cette plante n'a pas été non plus observée par les savants naturalistes de l'expédition d'Égypte, et aucun voyageur n'a pu depuis l'y trouver. Savary (Lettres sur l'Égypte) dit pourtant « C'est auprès de Damiette que j'ai vu des forêts de papyrus, avec lequel les anciens Égyptiens faisaient le papier. Mais il s'agit certainement ici de quelque grande espèce d'arundo; car on ne trouve plus le papyrus près du Delta, ni ailleurs, en Égypte du moins. Il abondait pourtant près du Delta, puisque dans les auteurs grecs, on trouve pour cette plante le nom de deltñw.

158. - Ab Oceano aestu ad Meroen, etc. Tout ce passage est pris de Pomponius Mela (liv. III, ch. 9).

159. - Quam nabun vocant. Le nabus n'est autre que la girafe. Cette description, dit G. Cuvier (notes sur le liv. VIII de Pline), est assez exacte; il est singulier cependant que l'auteur n'ait point remarqué la disproportion de son train de devant. Dion en donne une plus exacte encore (liv. XLIII). On en voit une ligure dans la mosaïque de Palestrine , avec son nom n‹biw.

160. - Cepos appellant. On ignore quel est cet animal. Brotlier veut que ce soit le gibbon. Buffon dit que c'est la mone. Cuvier croit que ce nom de cepus désigne les guenons ou singes à queue, nommés en grec cercopithèques (kerkopÛyhkow, singe à longue queue). Gueroult et G. Cuvier pensent que Pline avance trop légèrement que cet animal n'avait pas été revu à Rome. Solin n'a eu garde de s'écarter de Pline.

161. - Mittit et tarandum. Le tarande est probablement le renne. G. Cuvier, contrairement à quelques opinions émises avant lui, dit que ce ne peut être l'élan ; l'élan est, selon lui, l'alcé des anciens. Gueroult, à propos du passage de Pline (liv VIII, ch. 52), d'où celui de Solin est tiré, fait remarquer que le renne et l'élan ne se trouvent aujourd'hui que dans les pays les plus septentrionaux, l'élan en deçà et le renne au delà du cercle polaire.

162. - Thoas vocant. « Il n'y a guère de quadrupède, dit G. Cuvier, sur lequel les naturalistes aient autant disputé que sur le thos; mais Bochart parait avoir très bien prouvé que c'est le chacal.... Il est innocuus homini, parce qu'il est trop lâche pour l'attaquer. » (Notes de l'Hist. Nat. de Pline, liv. VIII , ch. 52.)

163. - Hyacinthus invenitur. L'hyacinthe des modernes est rouge orangé. Ce n'est donc pas celle de Pline et de Solin; ce n'est pas non plus celle de saint Épiphane, qui la qualifie d’êperporfutÛzvn.

164.- Chrysopastus. La chrysolampis de Pline. C'est quelque phosphate, et probablement le phosphate jaune de plomb, qui, la nuit, brillait de lui-même par un temps orageux, ou dans le voisinage d'une source de naphte.

165.- Oderunt deum lucis. Tout le monde connaît ces beaux sers de Le Franc de Pompignan :

Le Nil a vu sur ses rivages

Les noirs habitants des déserts

Insulter, par leurs cris sauvages,

L'astre éclatant de l'univers....

166. - Carnibus vivunt serpentium. C'est bien ce que dit Pline (liv. V, ch. 8). Pourquoi donc Solin, qui se trouve ici en contradiction avec lui-même, dit-il plus haut que les Troglodytes s'abstiennent de toute chair d'animal, ab animalibus universis?

167. - Pharsalico Bello non fuerit egressus quinque ulnas. Dans la guerre de Pharsale, dit Pline (liv. V, ch. 10), la plus faible crue fut de cinq coudées; on eût dit que le fleuve, par un miracle, voulait prouver son horreur pour le meurtre futur du grand Pompée.

168. - ln Nili statum gurgitem. Pline dit (liv. VIII, ch. 71) Un endroit du Nil, auquel sa forme a fait donner le nom de phiala (fiole).

 169. - Linguam non habet, maxillam novet superiorem. Le crocodile a une langue fort large et beaucoup plus considérable en proportion que celle du boeuf, mais qu'il ne peut allonger ni darder à l'extérieur, parce qu'elle est attachée aux deux bords de la mâchoire inférieure, par une membrane qui la couvre.

170. - Scinci. Pline fait mention du scinque au liv. VIII ch. 38. Ce lézard vit dans l'eau ainsi qu'à terre. Dans un autre endroit (liv. XXVIII, ch. 30), Pline dit : « Scincus quem quidam terrestrem crocodilum esse dixerunt, etc. » Plusieurs modernes l'ont appelé de même crocodile terrestre. « C'est un grand abus des dénominations que l'application du nom de cet énorme animal à un petit lézard qui n'a que sept à huit pouces de longueur,» dit Lacépède, Hist. Nat. des quadrup. ovipares.

171. - Ore pariunt. Pline (liv. 10, ch. 12) le nie formellement, et cite Aristote à l'appui de cette dénégation.

172. - Thebae. Thèbes, la plus ancienne capitale de l'Égypte, déchue lors de la fondation de Memphis, est remplacée aujourd'hui par des ruines immenses qui ont plus de huit lieues de tour.

173. - Scenitae. Du grec skhn®, tente. Ce sont les Bédouins d'aujourd'hui.

174. - Arabia, id est sacra. Pline (liv. XII, ch. 30) dit que le lieu où croît l'encens se nomme Saba; ce qui, chez les Grecs, signifie mystère. Il y a, comme on le voit, une différence entre les deux auteurs.

175. - Alii lentisco, alii terebintho. Le lentisque est un arbre moyen, apétale ; il en découle une résine ou mastic aromatique. Il arrête les diarrhées; il est bon pour la bouche et les dents. Le térébinthe, également résineux, est notre pistachier sauvage.

176. - Odore cremati storacis. Le storax ou styrax est l'alibousier, espèce de cognassier on poirier à feuilles blanchâtres.

177.- Phoenix. « Cet oiseau fabuleux n'était, dit Bailly (Hist. de l'Astron. anc.), que l'emblème d'une révolution solaire qui renaît au moment qu'elle expire. Il signifiait la grande année caniculaire des Égyptiens. Unique comme le soleil, le phénix brille des couleurs de la lumière. Il vient de l'Arabie : c'était en effet la route que les connaissances astronomiques avaient suivie pour parvenir jusqu'en Égypte. Enfin cet oiseau périt et renaît sur l'autel du soleil, parce que c'est le soleil qui règle et constitue la période caniculaire, et que les meilleurs astronomes égyptien faisaient leur séjour à Héliopolis, fameuse par la meilleure école des prêtres d'Égypte. »

178. - Cinnamolgos. Gueroult donne à l'oiseau qui construit son nid avec des branches de cannellier le nom même de cet arbrisseau. Ce que Solin et Pline disent de cet oiseau, d'après Hérodote (Thalie, ch. 11) et Aristote (liv. IX, ch. 20), est regardé par G. Cuvier (notes sur le livre X de Pline) comme une de ces fables que les marchands des choses éloignées inventaient pour donner plus de prix à leurs marchandises. Voyez les notes sur le livre X de Pline, t. VIII, p. 403 de l'édition Panckoucke.

179. - Sardoniae luxuriae excitavit facem. L'observation de Solin vient sans doute de ce passage de Pline (liv. XXXVII, ch. 23) « Scipion l'Africain est le premier des Romains qui ait porté une sardoine ; dès lors cette pierre acquit du renom à Rome. »

180. - Joppe oppidum. Joppé , Japho ou lapho de l'Ancien Testament (Josué, ch. XIX, v 46, Paralip., liv. II, ch. 2, v 16; Jonas, liv. II.), ƒIñpph des Grecs , et aujourd'hui Jaffa.

181. - Hiericus. C'est le nom que Pline (liv. V, ch. 15) donne à la ville de Jéricho.

182. - Gnomonici. La gnomonique (gnvmonik®) est l'art de construire des cadrans solaires. GnÅmvn signifie aiguille, style (de cadran solaire).

183. - Chalazias. La chalazie, d'où vient peut-être le mot caillou, désignait, en général, la variété blanche ou grise des pierres siliceuses. Leur nom tiré de k‹laza, grêle, indique leur forme.

184. - Solis gemma. Suivant les uns, c'est le girasol, sorte d'opale blanche, teinte de bleu et de jaune ; selon d'autres, c'est l'astérie. Mais comme Pline distingue parfaitement la pierre dite solis gemma, et la pierre dite asteria, nous préférons la première opinion. Remarquons que, pour cette pierre, comme pour beaucoup d'autres, il y a tant d'incertitude, qu'en vérité on ne peut le plus souvent émettre que des conjectures. Ici même, malgré la distinction que nous avons établie, on nous répondra que le girasol et l'astérie sont une seule et même pierre : car beaucoup de naturalistes donnent indifféremment le même nom aux deux pierres dont nous parlons.

185. - Mare Issicum. Ce lieu, dit Pomponius Mela (liv. ch. 13), fut autrefois le théâtre d'une grande bataille.... Là florissait Issus, qui aujourd'hui n'est plus rien. Combien de lieux, où de grandes batailles se sont livrées, sont aujourd'hui ou ignorés, ou bien peu visités !

186. - Tarson. Patrie d'Antipater, d'Archelaüs, de Nestor, des deux Athénodores, dont l'un fut l'ami de Caton d'Utique, et l'autre le précepteur de César. Un plus grand nom que tous ceux-]à est celui de l'apôtre saint Paul, qui , comme on le sait, était de Tarse.

187. - Quidquid candidum.... cydnum dicunt. Les mots kæknow, cygnus, cygne, ont sans doute la même racine.

188. - Et specus. Pomponius Mela (liv. 1, ch. 13) fait une admirable description de cet antre. Ce passage , très peu connu, fait honneur non seulement au géographe, mais à l'écrivain. La poésie de cette description est vraiment remarquable.

189. - Heliopolis.... et diu solum. Camers, quoique ayant trouvé dans presque tous les manuscrits Heliopolis, met dans son texte Soloe. Saumaise conserve Heliopolis. Il y a très certainement dans les diverses leçons de ce passage quelque confusion, et l'on peut soupçonner que le texte de Solin a été altéré. Je pense qu'a la place du mot solum, très difficile d'ailleurs à interpréter, on doit lire Solis oppidum. Ce dernier mot est dans le texte de Solin. Ce passage, où je crois que le mot d'Heliopolis doit être conservé, signifierait donc la ville du Soleil, comme on la nommait autrefois, mais à laquelle Pompée a fait donner le nom de Pompeiopolis. Je soumets cette conjecture aux érudits.

190. - Hephæstiam vocant. †Hfaistow, Vulcain. Les îles connues aujourd'hui sous le nom d'îles de Lipari, s'appelaient autrefois indifféremment Vulcaniennes, ou Héphestiennes.

191. - Telmesso. Telmesse, que les Livres carthaginois (Périple d'Hannon) nomment Théanisse et Télémense, n'existe plus; mais on sait qu'elle était aux lieux qu'occupe aujourd'hui Macri. Elle donnait son nom au golfe dit aujourd'hui de Macri.

192. - Quem Dinocratem, etc.- Voyez plus haut, ch. XXXII.

193. - Eventum gestae rei signat. « Dans l'Aulocrène, dit Pline (liv. XVI, ch. 89), on montre un platane auquel fut pendu Marsyas, vaincu par Apollon.»

194. - Per longitudinem trium jugerum. « Qu'est-ce qu'une longueur de trois jugera? dit G. Cuvier (notes sur le passage de Pline, liv. VIII, ch. 16, correspondant à celui de Solin). Les jugera étaient une mesure de surface et non pas de longueur. Brottier propose de lire trium passuum. Le passage de Solin est d'ailleurs emprunté, ainsi que celui de Pline, au ch. 45 du liv. IX de l'Histoire des Animaux d'Aristote. Or, Aristote dit que l'animal nommé bon‹sow (Pline, bonasus; Solin, bonnacus) lance ses excréments eÞw t¡ttaraw ôrgui‹w, à la distance de trois brasses, ou pas; car c'est ce que signifie le mot ôrgui‹w. Quant au bonnacus lui-même, la description d'Aristote répond à celle de l'aurochs, urus, déjà décrit par Solin, à l'exception des cornes recourbées sur elles-mêmes, et inutiles au combat.

195. - Inter quem et Hesiodum.... centum triginta octo anni medii fuerunt. Parmi les auteurs anciens, quelques-uns sont d'avis qu'Hésiode existait avant Homère; d'autres qu'il était son contemporain ; d'autres enfin le font de cent ans et même de quatre cents ans postérieur à ce grand poète, qui florissait au commencement du IXe siècle avant J.-C. Des nombreux ouvrages d'Hésiode, trois seulement sont venus jusqu'à nous : les Oeuvres et les Jours, la Théogonie et le Bouclier d'Hercule. M. J. Chenu a donné, en 1844, du premier de ces poèmes, une traduction française dont nous laissons aux lecteurs le soin d'apprécier le mérite ; nous engagerons seulement ici M. J. Chenu à poursuivre sa tâche.

196. - Chamaeleon. Cette description du caméléon, à part le style, est entièrement tirée de Pline. « Elle est, dit G. Cuvier (notes sur le liv. VIII de l'Hist. Nat. de Pline), assez exacte, mais bien moins que celle d'Aristote, dont elle est cependant en grande partie empruntée... »

197. - Quam haustu aeris vivat. G. Cuvier, et avant lui Valmont de Bomare et Lacépède, ont parfaitement établi que cette opinion des anciens est erronée. On a trouvé des mouches, des fourmis et d'autres petits insectes dans l'estomac du caméléon.

198. - Pythonos Come. Aujourd'hui canton de Serponouwtzi, par delà le fleuve Obi.

199. - Galatiam primis seculis priscae Gallorum gentes occu paverunt. - Voyez sur la Galatie la note savante de M. Val. Parisot (liv. V de Pline, t. IV, p. 417 de l'édition Panckoucke).

200. - A fontibus Sangarii fluminis. Le Sangarius ou Sangaris des anciens est aujourd'hui l'Aïala, que par ressouvenir on appelle aussi Sakaria.

201 - Deinde post Antiochum apud Thermopylas pugnantem mala pugna. Telle est la leçon du manuscrit de M. Panckoucke, qui nous paraît la véritable. Saumaise avait modifié celle des anciens manuscrits, qui portent pugnam tam malam, en lisant pugnatam malam pugnam, s'appuyant sur les exemples si connus de vitam vivere, servitutem servire, furorem furere, etc. Tout ingénieuse que paraisse cette correction, qui présente, du reste, le même sens que celle du manuscrit de M. Panckoucke, nous avons dû nous ranger à cette dernière autorité.

202. - Acherusius specus. C'était un antre ouvert dans le promontoire de l'Achéron. Ce promontoire s'avançait en forme de presqu'île et couvrait le golfe au fond duquel est située la ville d'Héraclée. C'est par cette caverne que, selon la fable, Hercule descendit aux enfers.

203. - Archelaidem.... Halys praeterfluit. Archélaïde, ou plutôt Archélaïs, était la capitale d'un prince cappadocien, nommé Archelaüs. Tibère joignit ses États à l'empire romain; Claude y envoya une colonie romaine. C'est dans cette ville que fut tué , en 218, l'empereur Macrin, successeur d'Héliobagale.

204. Mazacam sub Argaeo sitam. Mazaque, et depuis Césarée (PLINE, liv. VI, ch. 3), se nomme aujourd'hui Kêsaryeb. Cette ville était surtout remarquable par sa position au pied du mont Argée (ƒArgaÝon örow) Ce nom qui signifie mont Blanc, indiquait les neiges éternelles qui hérissent cette haute cime, d'où, selon Strabon (liv. XII ), on aperçoit la mer Noire et la Méditerranée.

205. - Cujus primores pedes facie vestigii humani tradunt fuisse. « La corne des pieds de devant de ce cheval était apparemment un peu échancrée par les bords, et le sculpteur aura exagéré cette conformation vicieuse pour les faire croire des doigts humains. » (G. CUVIER, notes sur le liv. VIII de l'Hist. Nat. de Pline.)

206. - Quum prœlio Antiochus Galatas subegisset. Pline (liv. VIII, ch. 64) dit positivement le contraire. Voici le passage du naturaliste : « Plutarque rapporte qu'un Galate, nommé Centarète, après avoir tué Antiochus dans un combat, saisit son cheval et le monta d'un air triomphant ; mais l'animal indigné prit le mors aux dents, et se jeta dans des précipices, où ils périrent tous deux .»

207. - Utpote qui etiam post vicesimum mittatur.. - Mittatur, est excessivement obscur, si on ne lit pas, comme dans Pline (liv. VIII, ch. 65), e circo. Je soupçonne donc que etiam est ici, par corruption de manuscrits, pour e circo; d'autant plus que etiam dans la phrase est complètement inutile.

208. - Hippomanes, - Voyez VIRGILE, Géorg., liv. III v. 280. Ce que les anciens rapportent de l'hippomanès, comme philtre, est fabuleux. Solin dit ici cicatricis simile. Pline (liv. VIII, ch. 66) dit carice magnitudine (carica, figue).

209. - Quod si praereptum.... felitanda. Pline ne dit pas cela: mais il prétend (ubi supra) que la mère dévore l'hippomanès aussitôt que le poulain est né, sans quoi elle refuse de le nourrir.

210. - Peregrina. Pline (liv. XIII, ch. 5) dit exotica, et fait remarquer que c'est le terme dont se servirent les censeurs : Sic enim appellavere.

211. - Carminibus Mantuanis. Virgile a décrit, en effet , en fort beaux vers (Georg., liv. II) le Medica arbor, ou citronnier.

212. - Caspiae portae. Le nom de ces portes vient d'un passage étroit que laisse l'interruption d'une chaîne de montagnes. Voyez PLINE, liv. V, ch. 27.

213. - Direum. Pline (liv. VI, ch. 18) nomme cette plaine Dareium. Ce mot, sur lequel discutent longuement les commentateurs, semble en résumé se rattacher au souvenir de Darius. Rien de plus fréquent d'ailleurs que ces transformations de noms, d'un peuple à l'autre, d'un idiome à l'autre, et par suite d'un écrivain à l'autre.

214. - Massagetae, Essedones. Massagètes signifie grands Gètes; Essédons, hommes de chariots (esseda).

215. - Hoc differunt. Cette distinction de deux espèces de chameaux est très juste, selon G. Cuvier; mais la haine qu'Aristote, Pline, et après eux Solin, leur prêtent pour les chevaux, n'existe pas. Cette opinion tient sans doute à quelque événement particulier, où des chameaux et des chevaux, s'étant rencontrés pour la première fois, se seront effrayés mutuellement. Aujourd'hui les caravanes offrent un mélange continuel des uns et des autres. On assure même qu'en Arabie les poulains tètent les femelles des chameaux.

216. - Sævissimis bestiis efferata. On regarde, en effet, cette partie de l'Asie comme un foyer d'où se sont répandus dans les contrées environnantes un grand nombre d'animaux l'hermine, la zibeline, le takia ou cheval sauvage, l'lack ou boeuf grognant, l'ours brun, l'ours noir, l'irgis ou lynx blanc, et d'autres, parmi lesquels certains auteurs placent le tigre.

217. - Quod Tabim barbari dicunt. Tabis parait signifier montagne, en général; le mot mongol Dalla, et le mot Met, qui n'en est que la transformation, semblent l'indiquer.

218. - Triumphavit. On sait que le triomphe était l'entrée solennelle d'un général vainqueur à Rome; il y aurait donc eu une sorte d'anachronisme à traduire triumphavit par triompha.

219. - Gangen quidem fontibus incertis nasci. La source du Gange n'a été fixée en effet qu'en 1808 par Webb, et en 1817 par Hudson, qui l'ont trouvée à quelques lieues au nord de Gangroute, sur le grand versant méridional de l'Himalaïa. C'est un lieu saint pour les naturels du pays.

220. - Quietum.... genus est. - Quietum est presque inintelligible. Il est probable, d'après le passage correspondant de Pline, qu'il faut lire quintum.... genus. Remarquons d'ailleurs que quatre classes ont été déterminées dans la phrase précédente.

221. - Femine nutum. Le manuscrit de M. Panckoucke porte femine, qui est évidemment la leçon véritable. car mhrñw, en grec, signifie cuisse. Il n'y a, du reste , aucun sens raisonnable à attacher au mot femina que donne I'édition de Deux-Ponts.

222. - Ut Jubae et Archelai regum libris editum est. Que les livres de Juba et d'Archelaüs aient ou non donné ces détails, toujours est-il que Solin les reproduit presque textuellement d'après le liv. III de Pomponius Mela.

223. - Philosophos habent Indi, gymnosophistas vocant, etc. Ces folies, qui ne sont rien moins que philosophiques, sont encore pratiquées aujourd'hui par les pénitents indous, qui paraissent être les successeurs des anciens gymnosophistes. On peut voir ce qu'en rapportent Bernier, Roger et les autres voyageurs qui sont allés aux Indes. (G, CUVIER.)

224. - Ad montem, qui Nulo dicitur. Pline dit : Cui nomen est Nulo.- Nulo, rapporté à cui, indique le mot Nulus, d'après l'usage latin. Une observation d'une tout autre importance sur ce passage et sur les suivants, c'est que Pline, d'après Mégasthène et Ctésias, puis Solin, d'après Pline, n'ont fait qu'adopter ou paraître adopter des fables dont la plupart ne sont pas, dit G. Cuvier (notes sur le livre VII de Pline), susceptibles d'explication : ce sont des fables pures et simples.

225. - Sunt qui cervicibus carent, etc. Raleigh, dit Buffon (Hist. de l'homme), parle des peuples indiens qui ont le cou si court et les épaules si élevées, que leurs yeux paraissent être sur les épaules, et leur bouche dans leur poitrine. Cette difformité si monstrueuse n'est sûrement pas naturelle; et il y a grande apparence que ces sauvages qui se plaisent tant à défigurer la nature en aplatissant, en arrondissant, en allongeant la tête de leurs enfants, auront aussi imaginé de leur faire rentrer le cou dans les épaules. Il ne faut pour donner naissance à toutes ces bizarreries, que l'idée de se rendre, par ces difformités, plus effroyables et plus terribles à leurs ennemis.

226. - Voce autem loquentium hominum sonos aemulatur. Selon Élien, cet animal non seulement imite la voix de l'homme, mais il écoute les bûcherons causer, apprend leurs noms, et les appelant ensuite, les entraîne à l'écart pour les dévorer.

227. - Eale. Selon G. Cuvier, cette description appartient au rhinocéros bicorne, dont les cornes jouissent de quelque mobilité, si l'on en croit Sparmann (Voyage au Cap).

228. - Monoceros. Rien de plus curieux et de plus savant que la note de G. Cuvier (notes du liv. VIII de Pline, t. VI, p. 430 de l'édit. Panckoucke) sur cet animal. « On traduit ordinairement monoceros par licorne; mais, selon les naturalistes français, c'est à l'oryx des anciens que répond notre licorne de blason. La licorne n'existe pas dans la nature. Les Anglais, dit G. Cuvier (ubi supra), qui paraissent plus curieux que d'autres de retrouver la licorne dans la nature, parce que c'est un support des armoiries de leur roi, ont prétendu récemment qu'il en existe dans l'intérieur de l'Afrique et dans les montagnes de l'Indostan; mais la première assertion ne repose que sur des dessins gravés, dit-on, sur des rochers par des sauvages; la seconde que sur des relations d'habitants de ces contrées éloignées, ou d'Indiens qui les avaient parcourues : elle n'a jusqu'à présent en sa faveur aucun Européen témoin oculaire.»

229. - Cubitorum non minus senum. Pline (liv. IX, ch. 17) dit soixante (sexaginta) au lieu de six. Nous pensons que Solin est ici plus exact que Pline.

230. - Album piper dicitur. C'est avec raison que Solin, d'après Pline, regarde le poivre blanc comme provenant du même arbrisseau que le poivre noir; mais la coloration des fruits de ce dernier tient uniquement, d'après les naturalistes modernes, à son intégrité : le poivre blanc n'en diffère que parce qu'il n'a plus sa première enveloppe.

231. - Utrinque secus leniter turbinatus. Pline (liv. XXXVIII,  ch. 15) dit plus clairement : « Ut si duo turbines latissimis suis partibus jungantur; » c'est-à-dire, comme si deux cônes se joignaient par la base.

232. - Nec ferro vincuntur, nec igne domantur. Le diamant, adamas, Žd‹maw, a été ainsi nommé parce qu'il est le plus dur de tous les métaux (racine Ž privatif, dam˜n, dompter). Quant au sang de bouc, auquel cède le diamant, c'est une fable. Cela n'empêche pas Pline, qui y ajoute foi, de s'écrier (liv. XXXVII, ch. 15) : « À quel génie, ou à quel hasard rapporter cette découverte ou cette trouvaille? Qui s'est avisé de tenter une expérience si bizarre et si mystérieuse sur un immonde animal ? Reconnaissons un dieu pour l'auteur de ce bienfait. »

233. - Beryllorum genus dividitur in speciem multifariam. Le béryl ne diffère de l'émeraude que par sa couleur vert-pré, vert de montagne ou vert d'eau, parfois bleuâtre, et même tirant sur le jaune. Bleuâtre, on lui donne le nom d'aigue marine (eau de mer) ; jaunâtre, il garde celui de béryl.

234. - Taprobanem insulam.... diu orbem alterum putaverunt. C'est aujourd'hui l'île de Ceylan ; et comme cette île est actuellement bien connue, on doit mettre au rang des fables, ou plutôt au nombre des choses mal comprises par ceux qui interrogeaient les ambassadeurs de Taprobane, les phénomènes rapportés sur le lever et le coucher du soleil, sur la direction des ombres, sur la disparition de la lune pendant les deux tiers de sa révolution, sur leur étonnement à la vue des Pléiades et de la grande Ourse.

235. - Rachia. Le mot rachias, donné comme nom propre du prince qui envoyait à Claude les ambassadeurs, n'est que le mot radjah, titre générique du souverain, et identique au mot rex, regis des Latins.

236. - Aedificia modica ab humo tollunt. Pline (liv. VI, ch. 24) dit modice, ce qui me semble signifier que les édifices s'élèvent peu au-dessus du sol. Peut-être est-ce ce qu'a voulu dire Solin.

237. - In regis electione. Ce passage est extrêmement curieux. Selon Solin, et Pline d'ailleurs qui donne une partie des mêmes détails, Taprobane aurait autrefois réalisé ce qu'ont bien souvent rêvé nos utopistes.

238. - Etiam colloqui.... negatur. Solin n'a pas achevé. Il n'a pas dit comment subissait sa peine ce roi frappé d'une sentence de mort. Pline nous l'apprend : on le laisse périr dans une grande et magnifique chasse contre les éléphants et les tigres.

239. - Cernunt latus Sericum. Cela n'est guère vraisemblable. De Ceylan à l'ancienne Sara, capitale du pays des Sères, il y a plus de quatre cent vingt lieues en ligne droite.

240. Opitulatur. Ce mot présente un sens absolument contraire à l'intention, à la pensée de l'auteur. Saumaise conjecture obstrigillatur, vieux mot employé par Ennius et Varron. Nous avons traduit d'après cette hypothèse.

241. - Offendi speravit. Passage évidemment corrompu. Camers porte seulement offendit. Saumaise suppose que speravit est dans le sens de metuit, et l'on pourrait citer à l'appui de cette opinion ce vers d'Avianus :

Sed dominus cupidum sperans vanescere votum,

(Auser et Rusticus, v.5.)

sperans est employé pour metuens. Il propose aussi asperavit du verbe asperare, exaspérer. Si j'osais hasarder une conjecture je serais porté à croire que Solin a écrit offendit et asperavit.

242. - Persicus appellatur. - Voyez dans les notes du liv. VI de la traduction de Pline (t. v, p.305 de l'édit Panckoucke) le tableau des lieux et positions principales du golfe Persique. On y trouvera la rectification de bien des erreurs géographiques commises par Pline, et, après Pline, par notre auteur.

243. - Vicies et sexagies. Cette manière d'exprimer 80 fois est inusitée, et le mot octogies nous paraîtrait plus convenable. Saumaise, de son côté, regarde comme plus vraisemblable le chiffre vicies et sexies; mais ne pourrait-on pas lui objecter qu'un copiste mal avisé, voulant mettre son érudition en relief, a pu écrire en toutes lettres le nombre LXXXe, qui se trouvait dans son modèle? Cette distance du reste, est diversement indiquée dans les manuscrits, et celui de M. Panckoucke porte l'indication Xes VIIes La millium passuum.

244. - Parthia quanta omnis est. L'ancienne Parthie, selon la plupart des géographes, comprend aujourd'hui la plus grande portion de l'Irac-Adjémi vers le levant, et une partie du Korassan vers le couchant.

245. - Babylon. Cette ville est tellement célèbre et si connue dans toutes les histoires, qu'il serait superflu d'en parler. Sa position toutefois n'a pas été nettement reconnue par tous les géographes. On est à peu près d'avis aujourd'hui que c'est la ville de Bélis sur l'Euphrate, fort au-dessus de sa jonction avec le Tigre.

246. - Insularum qualitatem. Telle est la fin un peu sèche du Polyhistor. Saumaise déclare, à la fin de ses commentaires sur cet ouvrage, qu'il avait voulu, à propos de Solin, faire sur Pline une suite complète d'exercices, Observationum Plinianarum, ou comme le porte le titre même de ses commentaires, Exercitationum Plinianarum. « Mais, dit-il, puisque celui que nous avons pris pour guide ne veut pas aller plus loin sur cette mer immense de Pline que nous avions à parcourir, nous devons, aux lieux mêmes où il s'est arrêté, aborder le port, et y terminer le cours de notre longue navigation. » Certes, la navigation de Saumaise paraîtra bien longue à ceux qui auront le courage de lire les deux énormes volumes in-f° qu'il a consacrés à l'examen du Polyhistor. Pour nous, quelque chose nous frappe dans la brusquerie inattendue avec laquelle l'imitateur de Pline termine son ouvrage.

Pline a couronné son Histoire Naturelle par un admirable tableau, où respire l'âme d'un intelligent et consciencieux écrivain, d'un homme ami de son pays, autant que dévoué aux intérêts de la science et de l'humanité. « Après avoir traité en détail de toutes les productions de la nature, dit-il solennellement (liv. XXXVII, ch. 77), établissons entre elles, et entre les pays eux-mêmes, une distinction nécessaire. Eh bien, dans le monde entier, sous l'immense étendue de la voûte céleste, nulle contrée n'égale en beauté l'Italie, nulle contrée ne peut disputer l'empire à cette souveraine et seconde mère du monde, que recommandent à la fois ses hommes et ses femmes, ses généraux, ses soldats, ses esclaves, sa supériorité dans les arts, et la célébrité de ses grands génies : l'Italie au beau ciel, au doux climat, dont la température est si heureuse, l'accès si facile à toutes les nations, les côtes si riches en ports, les vents si propices et si favorables (car rien de si avantageux que cette direction de la péninsule, qui s'avance entre l'est et le sud), dont les eaux sont si abondantes, les forêts si fraîches, les monts si coupés par des vallées, les animaux sauvages si peu nuisibles, le sol si fertile, les herbages si féconds, etc.! »

Comment se fait-il que Solin n'ait pas senti le besoin de couronner son oeuvre, sinon par un morceau d'éclat, au moins par une sorte de récapitulation? C'est que chez lui, comme on peut s'en convaincre par la lecture de son ouvrage, l'esprit de détail domine; mais que cet esprit de synthèse, qui rassemble et ordonne, lui manque à peu près aussi empiétement que l'imagination qui crée ou féconde, et qui sait résumer à grands traits.

Dans la Notice littéraire sur Solin, donnée par l'édition de Deux-Ponts, on rappelle que l'auteur du Polyhistor s'est aussi exercé en vers dans un ouvrage intitulé Pontik‹, et que ce qui nous reste de ce poème a été publié dans l'appendice de Virgile et parmi les fragments des poètes anciens; donnés par P. Pithou. Saumaise, ajoute la Notice, a donné du fragment de Solin une édition plus correcte. Nous devons dire que celle de Janus Glitius, dans son ouvrage intitulé Venatio novantiqua ( Elzévir, petit in-12, 1645), est plus correcte encore, comme nous le faisons remarquer dans le peu de notes qui suivent la traduction de ce fragment. On ne sait si Solin a composé sous le titre de Pontik‹ un ouvrage complet dans le genre des Halieutica d'Ovide. Barthius, écrivain allemand (Adversariorum pag. 1990), pense que Solin n'a fait que commencer ce poème; Saumaise ne décide rien : il se borne à discuter assez longuement si l'ouvrage ne serait pas mieux intitulé Pñntia que Pontik‹.

FRAGMENT DES PONTIQUES DE C. J. SOLIN.

JE me propose de chanter la fécondité de Téthys au sein de la mer, et cette foule de poissons qui respirent doucement au milieu des flots, et tous les animaux que contiennent les grottes où bouillonne l'humide élément. Soutiens-moi dans mon entreprise, bienveillante Vénus, toi qui venue du ciel, engendrée par les flots, fruit d'un germe divin, sors de la mer, au milieu de l'écume pourprée dont se couvrent ses abîmes, déesse née de l'ordre du monde. Car, lorsque la nature, obéissant aux lois qu'elle s'est imposées, présidait à la création, et maintenait l'univers dans sa sphère d'activité, un ciel serein t'assigna une place brillante au milieu des astres dont il est parsemé. La terre féconde t'étreignit de ses embrassements, et se tint tranquille sur sa hase, et les éléments furent forcés de rester à jamais dans les limites qui leur avaient été assignées. C'est toi qui produis tous les êtres; et c'est à toi que l'univers doit toute création. Je te prie donc, ô déesse, puisque par un humble sentier j'ose te suivre, aspirant à tes bienfaits, je te prie de m'être propice en me faisant voir, du fond de ton palais de cristal, ton visage sacré; et de m'indiquer d'un oeil bienveillant et serein la route du Parnasse. Fais que Nérée repose mollement au sein d'une mer sans orages, et, après avoir exaucé mes voeux, permets-moi de te faire l'offrande des premiers sables de la mer. Et vous, dont les choeurs retentissent dans la vallée de Tempé... .

NOTES SUR LE FRAGMENT DES PONTIQUES DE SOLIN.

1. - Et salis aequorei spirantes molle catervas. On lit dans les prolégomènes de Saumaise : salis aequoreas spirantes molle. Janus Ulitius s'appuie de deux passages de Pline (liv. IX , ch. 6, et liv. X , ch. 97), pour rapporter l'idée de respirer doucement aux poissons plutôt qu'à la mer. Nous avons suivi cette leçon.

2. - Aeternas servare vices. Saumaise donne aetherias. Janus Ulitius, d'après Barthius , donne æternas, que nous avons adopté.

3. - Vos quoque qui resono colitis cava Tempea coetu. Telle est la leçon donnée par l'édition elzévirienne de 1645. Au lieu de coetu, Saumaise donne la leçon citu, qui est inintelligible. La manière dont il ponctue le passage

Fac saltem primas pelagi libemus arenas,

Vos quoque, etc.

ne fait qu'ajouter à son obscurité.