Platon traduit par Victor Cousin Tome I

PLINE L'ANCIEN

HISTOIRE NATURELLE.

TOME SECOND. LIVRE XXVI

Traduction française : É. LITTRÉ

livre XXV - livre XXVII

 LIVRE XXVI,

TRAITANT DES AUTRES REMÈDES QUE FOURNISSENT LES PLANTES, ET QUI SONT CLASSES PAR GENRES DE MALADIE.

I. Des maladies nouvelles. - II. Ce qu'est le lichen. - III. Quand le lichen a-t-il commencé à paraître en Italie? - IV. Du charbon. - V. De l'éléphantiasis. - VI. Du colum. - VII. De la nouvelle médecine. Du médecin Asclépiade. - VIII. Comment on a changé l'ancienne médecine. - IX. Contre les magiciens. - X. Remèdes contre le lichen. Herbe appelée lichen; remèdes, V. - XI. Angine. - XII. Scrofules. - XIII. Bellis; remèdes, II. - XIV. Condurdum, I. - XV. De la toux. - XVI. Béchion ou chamaeleuce, IV. - XVII. Salvia. - XVIII. Douleurs de côté, de poitrine et d'estomac. - XIX. Molon ou syron. Amomon, III. - XX. Ephedra ou anabasis, III. - XXI. Géum, III. - XXII. Pour le foie, pour les reins, pour le vomissement, I. Tripolium, III. - XXIII. Gromphaena. - XXIV. Malundrum, II. - XXV. Chalcetum, II. Molemonium, I. - XXVI. Halus ou cotonée, V. - XXVII. Chamaerops, I. Stoechas, I. - XXVIII. Remèdes pour le ventre. - XXIX. Astragale, III. - XXX. Ladanum, VIII. - XXXI. Chondris ou faux dictame, I. Hyposcistis. - XXXII. Laver ou sion, II. - XXXIII. Potamogéton, VIII. Statice, III. - XXXIV. Ceratia, II. Léontopodion ou leucéoron ou doripétron ou thorybéthron. Lagopus, III. - XXXV. Epithymon ou hippopheos, VIII. - XXXVI. Pycnocomon, IV. - XXXVII. Polypode, III. - XXXVIII. Scammonée, VIII. - XXXIX. Tithymale characias. - XL. Tithymale myrtites ou caryites, XXI. - XLI. Tithymale paralius. - XLII. Tithymale helioscopios. - XLIII. Tithymale cyparissias, XIX. - XLIV. Tithymale larges feuilles ou corymbitès ou amygdalites, III. - XLV. Tithymale arbrisseau ou cobios ou leptophyllos, XVIII. - XVLI. Apios ischas ou raifort sauvage, II. - XLVII. Remèdes pour les tranchées. - XLVIII. Pour la guérison de la rate. - XLIX. Pour les calculs et la vessie. - L. Crethmon, XI. Cachrys. - LI. Anthyllion, II. Anthyllis, II. - LII. Cepae, I. - LIII. Hypéricon ou chamaepitys ou corison, IX. - LIV. Caros ou hypéricon, X. - LV. Callithrix, I. Perpressa, I. Chrysanthème, I. Anthemis, I. - LVI. Silaus. - LVII. Herbe de Falvius. - LVIII. Pour les affections des testicules et du siége. - LIX. Inguinalis ou argemo. - LX. Pour les tumeurs. Chrysippeos, I. - LXI. Aphrodisiaques. - LXII. Orchis ou serapia, V. - LXIII. Satyrion ou erythraïcon, IV. - LXIV. Pour la goutte et les maladies des pieds. - LXV. Lappago ou mollugo, I. Asperugo, I. - LXVI. Phycos ou algue de mer; trois espèces. Lappa boaria. - LXVII. Pour les maux qui se portent sur tout le corps. - LXVIII. Géranion ou myrrhis ou myrtis; espèces, III; remèdes, IV. - LXIX. Onothera ou onuris, III. - LXX. Pour l'épilepsie. - LXXI. Pour les fièvres. - LXXII. Pour la phrenitis, pour le lethargus, pour le charbon. - LXXIII. Pour l'hydropisie. Acte ou ebulum. Chamaeacte. - LXXIV. Pour la guérison du feu sacré. - LXXV. Pour la guérison des luxations. - LXXVI. Pour l'ictère. - LXXVII. Pour les furoncles. - LXXVIII. Pour la guérison des fistules. - LXXIX. Pour les dépôts et les tumeurs dures. - LXXX. Pour les brûlures. - LXXXI. Pour les ligaments et les articulations. - LXXXII. Pour les hémorragies. - LXXXIII. Hippuris ou éphédron ou anabase ou equisetum; espèces, II; remèdes, XVIII. - LXXXIV. Stephanomelis. - LXXXV. Pour les ruptures et les convulsions. - LXXXVI. Pour le phtiriasis. - LXXXVII. Pour les ulcères et les plaies. - LXXXVIII. Polycnémon, I. - LXXXIX. Pour enlever les verrues et faire disparaître les cicatrices. - XC. Pour les maladies des femmes. - XCI. Arsénogonon et thélygonon. - XCII. Pour les cheveux. Lysimachie. Ophrys.

Résumé: Remèdes, histoires et observations, 1128.

Auteurs :

Les mêmes que pour le livre précédent.



I. (I.) [1] Le visage même de l'homme a éprouvé des maladies nouvelles, et inconnues à toute l'antiquité, non seulement en Italie, mais presque dans l'Europe entière; et alors même ces maladies ne se sont guère répandues dans l'Italie, IIllyrie, les Gaules et l'Espagne, ni ailleurs; mais elles ont sévi à Rome et dans les environs. Elles n'étaient ni dangereuses pour la vie ni douloureuses; mais elles étaient si dégoûtantes, qu'on eût préféré la mort, sous quelque forme qu'elle se fût présentée.

II. [1] La plus insupportable de toutes fut celle qu'on appela, d'un nom grec, lichen : comme elle commençait généralement par le menton, les Latins, par plaisanterie d'abord (tant le commun des hommes est porté à plaisanter des maux d'autrui) lui donnèrent le nom de mentagre, dénomination qui est restée. Chez beaucoup de malades elle occupait le visage entier, à l'exception seulement des yeux ; mais elle descendait aussi sur le cou, la poitrine et les mains, en laissant sur la peau de sales croûtes farineuses.

III. [1] Ce fléau n'était point connu de nos aïeux ni de nos pères; c'est vers le milieu du règne de l'empereur Tibère qu'il se glissa pour la première fois en Italie. Il fut apporté d'Asie, où il avait apparu, par un certain chevalier romain de Pérouse, greffier du questeur. Cet homme en fut l'introducteur. Le mal ne gagna pas les femmes, les esclaves, le bas peuple ou même la classe moyenne; mais il attaqua les grands, se propageant surtout parle contact rapide d'un simple baiser. Plusieurs de ceux qui avaient pu se résoudre à souffrir l'application des remèdes en conservaient des cicatrices plus hideuses que le mal. On le traitait, en effet, par les caustiques; et si l'on ne cautérisait pas jusqu'aux os, le mal repullulait.

[2] Il vint alors d'Égypte, mère d'affections semblables, des médecins qui n'avaient que cette spécialité, et qui en firent bonne curée : il est certain que Manilius Cornutus, personnage prétorien, lieutenant de la province d'Aquitaine, s'engagea à payer pour le traitement deux cent mille sesterces (42,000 fr.). Plus souvent, au contraire, il est arrivé que de nouveaux genres de maladies ont attaqué les classes inférieures. Que peut-on voir de plus singulier? Des épidémies soudaines surviennent dans certaines contrées, s'attachent, comme par une sorte d'élection, à certaines parties du corps, à certains âges, même à certaines conditions; les unes frappent les enfants, les autres les adultes; celles-ci les grands, celles-là les pauvres.

IV. [1] Ce fut, est-il écrit dans les Annales, pendant la censure de L. Paullus et de Q. Martius (an de Rome 590), que parut pour la première fois en Italie le charbon, maladie particulière à la province Narbonnaise. Il est mort de cette affection, dans la même année, et pendant que nous écrivions ceci, deux personnages consulaires, Julius Rufus et Q. Lecanius Bassus; le premier par l'ignorance des médecins qui pratiquèrent des incisions, le second s'étant fait lui-même une plaie au pouce gauche avec une aiguille, plaie si petite qu'on pouvait à peine l'apercevoir. Le charbon naît dans les parties les plus cachées du corps, et communément sous la langue. Il prend la forme d'un bouton dur et rouge, mais dont le sommet est noirâtre, d'autres fois livide. Il y a tension, sans enflure toutefois, sans douleur, sans démangeaison, sans autre symptôme qu'un assoupissement qui accable le malade et l'emporte en trois jours. Quelquefois il s'y joint du frisson, de petites pustules autour du charbon, et rarement de la fièvre. Quand il a gagné la gorge et le pharynx il tue très promptement.

V. [1] Nous avons dit (XX, 54) que l'éléphantiasis n'avait pas paru en Italie avant le temps de Pompée le Grand. Cette maladie commence, elle aussi, d'ordinaire par la face. Il se forme d'abord au nez une sorte de petite lentille; puis la peau devient aride par tout le corps, marquée de taches de diverses couleurs, et inégale, ici épaisse, là mince, ailleurs dure et couverte d'aspérités galeuses; à la fin elle prend une teinte noire, et presse les chairs sur les os; les doigts se tuméfient aux pieds et aux mains. Ce mal est particulier à l'Égypte; et il était funeste au peuple quand il attaquait les rois, parce qu'on leur faisait alors, pour les guérir, des bains où entrait le sang humain. Au reste, cette maladie s'est promptement éteinte en Italie, ainsi que celle qu'on nommait anciennement gemursa. Celle-ci se logeait entre les orteils; aujourd'hui le nom même en est oublié.

VI. [1] Une chose singulière, c'est de voir chez nous certaines maladies disparaître, d'autres se maintenir, comme, par exemple, le colum. Cette affection s'introduisit eu Italie sous l'empire de Tibère, qui en fut attaqué des premiers; et ce fut une grande perplexité à Rome lorsque, dans un édit où ce prince s'excusait sur sa mauvaise santé, on lut le nom alors inconnu de cette affection. A quelle cause attribuer tant de maux? ou quel est ce courroux des dieux? Était-ce donc peu pour l'homme d'être exposé à des maladies déterminées qui montaient à plus de trois cents, s'il n'en avait encore à craindre de nouvelles? Au reste, les tourments que les hommes se créent à eux-mêmes ne sont pas moins nombreux.

[2] Les remèdes que nous rapportons étaient ceux que l'antiquité employait, la nature faisant, pour ainsi dire, tous les frais de la médecine ; et longtemps il n'y en eut pas d'autres. (II.) Toujours est-il qu'Hippocrate, qui le premier a formulé avec une admirable clarté les préceptes médicaux, a rempli ses ouvrages de notions sur les plantes; en quoi il a été suivi par Dioclés de Caryste, le premier après lui pour l'époque et la réputation ; puis par Praxagore et Chrysippe, et enfin par Érasistrate (XXIX, 8). Hérophile (XXIX, 5) lui-même, quoique fondateur d'une secte trop subtile, a recommandé avant tout cette méthode. Mais peu à peu l'expérience, qui est le meilleur maître en toutes choses, et particulièrement en médecine, se perdit en paroles et en vain verbiage. En effet, il était plus agréable d'être assis dans les écoles et d'entendre à son aise le professeur, que d'aller dans les déserts chercher telle ou telle plante en telle ou telle saison de l'année.

VII. (III.) [1] Cependant l'ancienne méthode se maintenait, sans être ébranlée; et il lui restait l'autorité imposante d'un témoignage unanime, lorsque, du temps de Pompée le Grand, Asclépiade, professeur de rhétorique, qui ne gagnait pas assez dans cet art, mais que la sagacité de son esprit rendait propre à autre chose, se tourna tout à coup vers la médecine. Il ne l'avait point pratiquée, il ne possédait pas la connaissance des remèdes, laquelle ne s'acquiert que par les yeux et l'expérience : nécessairement Il lui fallut, captant journellement le public par des discours entraînants et médités, renoncer à toutes les anciennes méthodes. Il rappela la médecine entière à la recherche des causes, et la rendit ainsi toute conjecturale. Il reconnaissait essentiellement cinq ordres de secours généraux : la diète, l'abstinence du vin, les frictions, l'exercice à pied, l'exercice en litière. Chacun comprenait qu'on pouvait se procurer à soi-même ces sortes de secours; tout le monde s'intéressa à trouver vrai ce qui était si facile; et de cette façon Asclépiade attira sur lui les yeux de presque tout le genre humain, comme s'il eût été un envoyé du ciel.

VIII. [1] Il gagnait en outre la confiance avec une adresse admirable, tantôt promettant du vin aux malades et leur en donnant à propos, tantôt leur prescrivant de l'eau froide. Chez les anciens, Hérophile s'était mis le premier à scruter la cause des maladies; Cléophante avait donné la théorie de l'emploi du vin; Asclépiade voulut aussi devoir son surnom à l'usage de l'eau froide, ainsi que le rapporte M. Varron. Il imagina encore d'autres délicatesses : ainsi, il suspendait les lits des malades, dont le balancement ou diminuait le mal, ou provoquait le sommeil; il instituait l'usage des bains, accueilli avec le plus vif empressement; et tant d'autres pratiques douces et agréables. De là lui vint une grande vogue; et sa gloire ne fut pas moindre quand, ayant rencontré le convoi d'un homme qu'il ne connaissait pas, et que l'on conduisait au bûcher, il fit rapporter le corps, et le rendit à la vie (VII,37). Je cite ce fait, pour qu'on n'attribue pas à de frivoles motifs une aussi grande révolution. Une seule chose peut nous indigner: c'est qu'un homme appartenant à la nation la plus frivole, né dans l'indigence, ait, pour faire fortune, donné subitement au genre humain des lois médicales, qu'à la vérité bien des médecins ont abrogées depuis.

[2] Le succès d'Asclépiade fut favorisé par beaucoup de pratiques de la médecine ancienne, qui étaient fatigantes et mal entendues : ainsi, on accablait les malades de couvertures, et on provoquait la sueur de toutes façons; on les faisait, pour ainsi dire, griller au feu; on leur recommandait de chercher continuellement le soleil dans une ville où le temps est souvent couvert, inconvénient qui est même celui de l'Italie entière, dominatrice du monde. Asclépiade introduisit le premier l'usage spécial des bains suspendus (IX, 79), ce qui flattait infiniment les malades. En outre, dans certaines maladies, il supprima les traitements douloureux, par exemple dans l'angine, que l'on traitait en introduisant un instrument dans la gorge. Il proscrivit encore avec raison les vomissements, dont on abusait extraordinairement. Il condamna l'usage intérieur des médicaments nuisibles à l'estomac, condamnation approuvée en grande partie par les médecins; aussi indiquons-nous en premier lieu les médicaments bons à l'estomac.

IX. (IV.) [1] Ce qui le seconda plus que le reste, ce furent les sottises magiques, portées au point de détruire toute confiance dans les vertus des végétaux: ainsi l'aethiopis (XXIV, 102,) jetée dans les rivières et les étangs, les desséchait; le seul contact de cette plante ouvrait toutes les portes. Il suffisait de jeter l'achéménis (XXIV, 102) dans une armée pour troubler les bataillons et leur faire prendre la fuite. Les rois de Perse étaient dans l'usage de donner le latacé à leurs envoyés, afin que ceux-ci trouvassent partout où ils iraient abondance de toutes choses; et tant d'autres contes semblables. Où étaient ces herbes quand les Cimbres et les Teutons poussaient leurs terribles hurlements, ou quand Lucullus défaisait avec quelques légions tant de rois qui commandaient aux mages?

[2] Pourquoi les généraux romains ont-ils dans la guerre songé toujours, avant tout, à pourvoir aux subsistances? et pourquoi l'armée de César a-t-elle souffert de la famine à Pharsale, si pour avoir abondance de tout il suffisait de l'heureuse vertu d'une seule plante? N'aurait-il pas mieux valu pour Scipion l'Émilien ouvrir les portes de Carthage en les touchant avec une herbe, que d'en battre pendant tant d'années les remparts avec des machines? Qu'aujourd'hui avec l'herbe méroïs (XXIV, 102) on dessèche les marais Pontins (III, 9), et qu'on rende tant de terrain à la s campagne de Rome.

[3] Démocrite indique une recette pour engendrer des enfants beaux, bons et heureux : à quel roi de Perse a-t-elle jamais réussi? Il y aurait lieu certes de s'étonner que la crédulité des anciens, partie de commencements très salutaires, eût été portée si loin, si l'esprit humain pouvait jamais se renfermer dans de justes bornes, et si la méthode même inventée par Asclépiade n'avait pas dépassé jusqu'aux folies des mages, comme nous le prouverons en son lieu (XXIX, 5). Mais telle est en tout la condition de l'homme : on commence par le nécessaire, et l'on arrive à l'excès. Reprenons donc ce qui nous reste à dire sur les propriétés des plantes dénommées dans le livre précédent; nous y ajouterons celles que nous jugerons nécessaires.

X. [1] Pour les traitements du lichen, mal si dégoûtant, nous accumulerons les remèdes, quoique nous en ayons déjà signalé un grand nombre. On emploie le plantain pilé, la quintefeuille, la racine de l'asphodèle (XXI, 68), dans du vinaigre; les jeunes pousses du figuier cuites dans du vinaigre, la racine de guimauve bouillie avec de la colle et du vinaigre fort, jusqu'à réduction des trois quarts. On passe encore la pierre ponce sur le lichen, pour l'étuver ensuite avec la racine de patience broyée dans du vinaigre, et avec l'écume de glu mêlée à la chaux. On recommande la décoction de tithymale avec la résine. Mais à tous ces remèdes on préfère la plante appelée lichen (marchantia polymorpha, L.), en raison même de sa propriété.

[2] Le lichen croit dans les pierres; il a une seule feuille large à la racine, une petite tige, et de longues feuilles qui pendent. Il efface même les stigmates de la peau. On le broie avec du miel. Il y a une autre espèce de lichen (lecanora parella, Ack.) entièrement attaché aux pierres comme la mousse, et qu'on emploie aussi en topique; on en instille le suc dans les plaies, et il arrête le sang; on en fait un topique pour les tumeurs; avec le miel, il guérit l'ictère, et pour cela on s'en frotte la bouche et la langue : dans ce traitement le malade se lave avec de l'eau salée, se frotte avec de l'huile d'amande, et s'abstient des plantes potagères. On se sert encore pour le lichen de la racine de thapsia (XIII, 43) broyée dans du miel.

XI. [1] Pour l'angine on recommande l'argémone prise (XXV, 56) avec du vin; l'hysope bouilli avec du vin, et employé en gargarismes; le peucedanum avec partie égale de présure de veau marin ; la proserpinaca (XXVII, 104) broyée avec de la saumure d'anchois et de l'huile, ou tenue seule sous la langue; le suc de quintefeuille pris à la dose de trois cyathes (o lit., 135) : ce suc en gargarisme guérit toutes les affections de la gorge. Le verbascum (XXV, 73), pris dans l'eau, guérit spécialement les affections des amygdales.

XII. (V.) [1] Pour les écrouelles on a le plantain, la chélidoine avec du miel et de l'axonge, la quintefeuille, la racine de persolata (XXV, 66), avec de l'axonge aussi, en topique, et recouverte de la feuille de la plante ; l'armoise, la racine de mandragore dans de l'eau. Les larges feuilles de la sidéritis (chenopodium scoparia) (XXV, 19), arrachées de la main gauche avec un clou, se portent attachées à la partie malade; mais il faut après la guérison conserver la plante avec soin, de peur que, remise en terre par un herboriste perfide, elle ne provoque la récidive du mal, comme il arrive dans quelques autres cas (XXX, 83, 3 ; XXV, 109). Je trouve dans les auteurs que les personnes guéries par l'armoise ou par le plantain doivent prendre la même précaution. Le damasonion (XXV, 77), qu'on nomme aussi alcea, étant cueilli au solstice d'été, s'emploie en topique dans de l'eau de pluie. On se sert soit de la feuille broyée, soit de la racine pilée avec de l'axonge, et qu'on a soin, après l'avoir appliquée, de recouvrir de la feuille de la plante; c'est de cette façon qu'on en fait usage pour toutes les douleurs du cou et pour toutes les tumeurs, en quelque partie que ce soit.

XIII. [1] Le bellis (pâquerette, bellis perennis, L.),qui croît dans les prés, a la fleur blanche avec une teinte rouge; on dit qu'appliqué avec l'armoise il est plus efficace.

XIV. [1] Le condurdum est une herbe du solstice d'été; il a la fleur rouge. Suspendu au cou, il arrête, dit-on, le progrès des scrofules; il en est de même de la verveine avec le plantain. Tous les maux des doigts, et en particulier les ptérygions, sont guéris par la quintefeuille.

XV. [1] De toutes les affections de poitrine la plus fatigante est la toux : la racine du panacès dans du vin doux la guérit, ainsi que le suc de jusquiame même, quand elle est compliquée d'hémoptysie. La jusquiame, en fumigation, est bonne pour la toux. Le scordotis (XXV, 27), mêlé à du cresson et à de la résine pilée sèche avec du miel, a la même vertu; employé seul, il facilite l'expectoration, ainsi que la grande centaurée, même en cas d'hémoptysie, accident pour lequel ou se sert aussi du suc de plantain. La bétoine, à la dose de trois oboles dans de l'eau, s'emploie contre les expectorations purulentes ou sanguinolentes, ainsi que la racine de persolata, à la dose d'une drachme, avec onze pignons.

[2] Le suc du peucedanum est un remède pour les douleurs de poitrine, comme aussi l'acorum (XXV, 100), qui pour cette raison entre dans les antidotes. Le daucus et l'herbe scythique (XXII, 11) guérissent la toux : cette dernière, à la dose de trois oboles dans du vin cuit, s'administre pour toutes les affections de poitrine, pour la toux et l'expectoration purulente. (VI.) Même dose pour le verbascum, dont la fleur est couleur d'or (XXV, 60) : cette dernière plante est si énergique, qu'en boisson elle soulage les bêtes de somme non seulement toussant, mais encore poussives, vertu que je trouve aussi attribuée à la gentiane. La racine de la cacalia (XXV, 85), mâchée et trempée dans du vin, est bonne non seulement pour la toux, mais aussi pour la gorge. Cinq tiges d'hysope cuites avec deux tiges de rue et trois figues purgent la poitrine.

XVI. [1] La toux est calmée par le béchion (XXIV, 85), appelé aussi tussilage. Il y a deux espèces de béchion : là où croit le béchion sauvage on pense qu'il y a une source ; et c'est un signe consulté par ceux qui recherchent les eaux. Les feuilles, un peu plus grandes que celles du lierre, sont au nombre de cinq ou sept, blanchâtres en dessous, d'un vert pâle en dessus. Le béchion n'a ni tige, ni fleur, ni graine; la racine et menue: quelques-uns pensent que le béchion est, sous un autre nom, la même plante que le chamaeleuce (XXXV, 85). La fumée de la racine sèche, aspirée à l'aide d'un roseau, guérit, dit-on, les vieilles toux ; mais à chaque gorgée de fumée il faut boire un peu de vin cuit.

XVII. [1] L'autre béchion est appelé par quelques-uns salvia (xxv, 73) (verbascum lychnitis L); il ressemble au verbascum; on le pile, on le passe, on fait chauffer le suc, et on le prend en boisson pour la toux et les douleurs de poitrine, préparation qui est efficace aussi coutre le venin des scorpions et des dragons marins; on s'en frotte utilement avec de l'huile contre la morsure des serpents. On fait cuire aussi pour la toux un paquet d'hysope, avec un quarteron de miel.

XVIII. (VII.) [1] Contre les douleurs de côté et de poitrine on prescrit le verbascum avec de la rue dans de l'eau, la bétoine en poudre dans de l'eau chaude. On fortifie l'estomac avec le suc de scordotis, avec la centaurée et la gentiane bues dans de l'eau, avec le plantain soit pris seul en aliment, soit pris avec des lentilles ou dans un potage d'alica (XVIII, 29). La bétoine, contraire en général à l'estomac, guérit pourtant les affections de cet organe, soit prise eu boisson, soit mâchée en feuilles, ainsi que l'aristoloche en breuvage, l'agaric que l'on mange sec en buvant de temps eu temps du vin pur, le nymphaea héraclia (XXV, 37) en topique, le suc du peucedanum. On emploie en topique, pour les ardeurs d'estomac, le psyllion (XXV, 90 ), ou le cotylédon (XXV, 101) pilé avec de la polenta, ou l'aizoon.

XIX. [1] Le molon (XXV, 8) a la tige cannelée, de petites feuilles molles, la racine longue de quatre doigts, à l'extrémité de laquelle est une espèce de gousse d'ail; quelques-uns le nomment syron. Dans du vin, c'est un remède pour les maux d'estomac et pour la dyspnée. La grande centaurée se prescrit en loch ; le plantain, en suc ou en aliment; la bétoine pilée, à la dose d'une livre avec une demi-once de miel attique, à prendre chaque jour dans de l'eau chaude; l'aristoloche ou l'agaric, en boisson, à la dose de trois oboles, dans de l'eau chaude ou du tait d'ânesse. On prend en boisson le cissanthemos (XXV, 68) pour l'orthopnée; l'hysope, pour l'orthopnée et pour l'asthme. Le suc du peucedanum est bon dans les maladies du foie, les maux de poitrine et de côté, s'il n'y a pas de fièvre. L'agaric s'emploie dans l'hémoptysie, pilé, à la dose d'un victoriat (I gr., 92), et donné dans cinq cyathes de vin miellé. L'amomon produit le même effet (XII, 28).

[2] La teucria fraîche se prend, pour le foie particulièrement, en boisson à la dose de quatre drachmes dans une hémine d'oxycrat. La bétoine s'administre à la dose d'une drachme dans trois cyathes d'eau chaude; on la donne dans deux cyathes d'eau froide pour la cardialgie. Le suc de la quintefeuille remédie aux maladies du foie et du poumon, à l'hémoptysie, et à tout vice du sang. Les anagallis (XXV, 92) sont singulièrement bons pour le foie. Ceux qui mangent du capnos (XXV, 99) rendent la bile avec l'urine. L'acoron est un remède pour le foie, pour la poitrine et les viscères.

XX. [1] L'éphédra (ephedra fragilis, L.), nommé par d'autres anabasis, croît d'ordinaire dans les lieux exposés au vent. Il grimpe le long des arbres, et pend de leurs branches; il n'a point de feuilles, mais il a des jets nombreux, garnis de noeuds comme les joncs; la racine est blanchâtre. On le donne pilé, dans du vin noir astringent, pour la toux, l'asthme et les tranchées. On en fait aussi un potage, auquel il convient d'ajouter du vin. On emploie au même usage la gentiane détrempée la veille, broyée, à la dose d'un denier, dans trois cyathes de vin.

XXI. [1] Le geum (la benoîte, geum urbanum, L.) a de petites racines menues, noires, et de bonne odeur : non seulement il guérit les douleurs de poitrine et de côté, mais encore il dissipe les crudités, en raison de sa saveur agréable. La verveine est bonne pour tous les viscères, pour le côté, pour le poumon, pour le foie, pour la poitrine. Mais un remède spécial pour le poumon et pour les personnes menacées de phtisie pulmonaire, c'est la racine du consiligo, plante découverte récemment, comme nous l'avons dit (XXV, 48). Elle guérit souverainement les affections pulmonaires chez les cochons et tout le bétail, même quand on ne fait que la passer à travers l'oreille de l'animal. Il faut la prendre en boisson dans de l'eau, et en garder continuellement dans la bouche, sous la langue; on ne sait pas encore si la partie de la plante qui est hors de terre est propre à quelque usage. Le plantain en aliment, la bétoine on boisson, l'agaric en boisson, comme dans la toux, sont bons pour les reins.

XXII. [1] Le tripolium (statice limonium, L) croît sur les rochers qui bordent la mer et où le flot vient se briser, c'est-à-dire, dans un terrain qui n'est ni absolument humide ni absolument sec. Il a la feuille de l'isatis (XX, 25), mais plus épaisse; la tige haute d'un palme, et divisée à l'extrémité; la racine blanche, odorante, épaisse, d'une saveur chaude. Pour les maladies du foie, on le donne cuit dans de la farine. Suivant quelques•uns, cette plante est la même que le radium, dont nous avons parlé en son lieu (XXI, 21).

XXIII. [1] La gromphœna, dont la tige est garnie alternativement de feuilles vertes et de feuil les roses, guérit, dans l'oxymel, l'hémoptysie.

XXIV. [1] Pour le foie on prescrit le malundrum, qui croît dans les blés et les prairies, à fleur blanche et odorante : on en broie les petites tiges dans du vin vieux (lychnis dioica?).

XXV. [1] Le chalcetum (plante inconnue), qui croît dans les vignobles, s'emploie, pilé, en topique pour le foie. La racine de bétoine procure des vomissements faciles, à la manière de l'ellébore, à la dose de quatre drachmes, dans du vin cuit ou miellé. L'hysope pilé avec du miel devient plus efficace, si l'on prend auparavant du cresson ou de l'irion (XVIII, 10).
Le molemonium (XXV, 61) se prend à la dose d'un denier. Le silybum (sonchus palustris, L.) a un suc laiteux, qui, épaissi en gomme, se prend avec du miel à la dose indiquée plus haut; il évacue surtout la bile. D'un autre côté, le vomissement est arrêté par le cumin sauvage et par la poudre de bétoine; on les prend dans de l'eau. On dissipe le dégoût et les crudités à l'aide du daucus, de la poudre de vettonica (bétoine) dans l'eau miellée, du plantain cuit comme une plante potagère. Le hoquet est calmé par l'hemionium (asplenium celerach, L.), par l'aristoloche; l'asthme, par le clymenos (XXV, 33). Aux pleurétiques et aux péripneumoniques on prescrit la grande centaurée, ainsi que l'hysope en boisson; aux pleurétiques, le suc de peucedanum.

XXVI. [1] La plante nommée par les Gaulois halus (XXVII, 24), et par les Vénètes cotonea, guérit les douleurs de côté, les reins, les convulsions, les ruptures. Elle ressemble à la cunila babula (XXV, 55), et, par le haut de la tige, au thym. Elle est douce, et apaise la soif. La racine est tantôt blanche, tantôt noire.

XXVII. [1] La même vertu pour les douleurs de côté se trouve dans le chamaerops (XXIV, 80) (teucrium chamaedrys, L.), dont les feuilles, semblables a celles du myrte, sont rangées par couple autour de la tige; les sommités ressemblent à la rose grecque; on le prend dans du vin. L'agaric en boisson, comme pour la toux (XXVI, 18), soulage la coxalgie et les douleurs de l'épine.
Il en est de même de la poudre de stoechas (lavandula staechas, L.) ou de bétoine, dans de l'eau miellée.

XXVIII. (VII.) [1] Mais ce qui cause le plus de souffrances, c'est le ventre, pour lequel vivent la plupart des hommes. Tantôt il ne laisse pas les aliments passer, tantôt il ne les garde pas, tantôt il ne peut les contenir, tantôt il ne peut les digérer. Les moeurs en sont venues à ce point, que l'homme périt surtout par ses aliments. Cet organe, le pire du corps humain, est pressant comme un créancier, et nous interpelle plusieurs fois par jour. C'est pour lui que l'avarice est insatiable, la sensualité raffinée; c'est pour lui qu'on navigue jusqu'au Phase, et qu'on fouille les profondeurs de la mer. Et personne n'en mesure l'ignominie au dégoût du résultat final. En définitive, aucun viscère ne donne autant d'occupation à la médecine.

[2] Le scordotis frais, à la dose d'une drachme, broyé avec du vin ou bouilli, en boisson, arrête le cours de ventre. La polemonia dans du vin s'administre contre la dysenterie; pour le même objet on prend en boisson long comme deux doigts de racine de verbascum dans de l'eau, la graine du nymphaea héraclia avec du vin, la racine supérieure (XXV, 89) du xiphion à la dose d'une drachme dans du vinaigre, la graine de plantain pilée dans du vin, le plantain cuit dans du vinaigre, ou un potage d'alica (XVIII, 29) fait avec le suc de cette plante, le plantain cuit avec la lentille, la poudre de plantain desséché dans un breuvage avec du pavot grillé et pilé, ou le suc de plantain en lavement, ou celui de bétoine dans du vin échauffé à raide d'un fer chaud. Pour la maladie céliaque on donne la bétoine dans du vin astringent; on fait un topique avec l'ibéris, comme il a été dit (XXV, 84). Pour le ténesme on prend la racine du nymphæa heraclia dans du vin, le psyllium dans de l'eau, la racine d'acoron en décoction. Le suc d'aizoon arrête le cours de ventre, la dysenterie, et chasse les vers ronds. La racine de la grande consoude et celle du daucus arrêtent la dysenterie. Dans du vin, les feuilles broyées de l'aizoon, et l'alcéa (XXVII, 6) desséchée et réduite en poudre, dissipent les tranchées.

XXIX. [1] L'astragalus (orobus sessilifolius, Sibth.) a les feuilles longues, à découpures nombreuses, obliques vers les racines, trois ou quatre tiges garnies de feuilles, la fleur de l'hyacinthe, les racines chevelues, entortillées, rouges, très dures. Il croît dans les terrains pierreux, bien exposés, et en même temps neigeux, comme autour du lac Phénée en Arcadie. Les propriétés en sont astringentes. La racine prise dans du vin arrête le cours de ventre; aussi, forçant les humeurs à prendre une autre voie, elle est diurétique, ainsi que la plupart des substances qui resserrent le ventre. Pilée dans du vin rouge, elle guérit la dysenterie. Mais elle est difficile à piler. Il est très avantageux d'en fomenter les gencives qui suppurent. On la récolte, à la fin de l'automne, quand les feuilles de la plante sont tombées; on la fait sécher à l'ombre.

XXX. [1] On arrête encore le cours de ventre avec les deux espèces de ladanum (XII, 37). Celui qui croit dans les blés se pile, se passe au tamis, et se boit dans de l'eau miellée ou dans de bon vin. On donne le nom de lédon à la plante de laquelle se tire le ladanum en Chypre; il s'attache à la barbe des chèvres; celui de l'Arabie est plus renommé. Actuellement on en prépare aussi en Syrie et en Afrique, et on lui donne le nom de toxicon (de τόξον, arc ), parce que pour le ramasser on passe sur la plante un arc dont les cordes tendues sont entourées de laine, à laquelle s'attachent les flocons de ladanum. Nous en avons plus amplement parlé à l'article des parfums (XII, 37). Ce ladanum est d'une odeur très forte, et très dur au toucher; en effet, il contient beaucoup de terre. On estime le plus celui qui est pur, parfumé, mou, vert et résineux. Il a la propriété d'amollir, de dessécher, de mûrir et d'endormir; Il empêche les cheveux de tomber et en conserve la couleur noire; on l'instille dans les oreilles avec de l'hydromel ou de l'huile rosat. Avec addition de sel il guérit les éruptions furfuracées et les ulcères humides; pris avec le styrax, il guérit la toux Invétérée; il est souverain contre les rapports.

XXXI. [1] On resserre encore le ventre avec le chondris ou pseudodictame (XXV, 53).
L'hypocisthis (cytinus hypocisthis, L.), appelé par quelques-uns orobéthron, est semblable à une grenade non encore mûre; il croit, comme nous l'avons dit (XXIV, 48 ), au pied du cisthus, d'où lui vient le nom qu'il porte. Séchés à l'ombre et pris dans du vin astringent et noir, les deux hypocisthis arrêtent le cours de ventre. Il y en a en effet de deux espèces : le blanc et le roux. C'est le suc qu'on emploie; il est astringent et dessiccatif; le roux convient mieux pour le traitement des fluxions de l'estomac. Pris en boisson, à la dose de trois oboles, avec l'amidon, il arrête les hémoptysies; en boisson et en lavement, la dysenterie. Il en est de même de la verveine donnée dans de l'eau ou, quand il n'y a pas de fièvre, dans du vin amminéen (XIV, 5, 2), à la dose de cinq cuillerées dans trois cyathes de vin.

XXXII. [1] Le laver [ou sion] (XXII, 41 ), qui croîit dans les ruisseaux, cuit et assaisonné, guérit les tranchées.

XXXIIII. [1] Le potamogeton (potamogetum natans, L. ), dans du vin, est un remède pour la dysenterie et le flux céliaque; il a les feuilles semblables à celles de la bette, plus petites seulement et plus velues; il ne s'élève que de peu au-dessus du niveau de l'eau. Ce sont les feuilles qu'on emploie; elles sont réfrigérantes, astringentes et bonnes, avec du miel ou du vinaigre, particulièrement contre les maladies des jambes et contre les ulcères rongeants. Castor en a donné une autre description. Suivant lui, c'est une plante à feuilles déliées comme des crins de cheval, à tige longue et lisse, et croissant dans les eaux (equisetum telmateia). Avec la racine il traitait les scrofules et les duretés. Le potamogeton est antipathique au crocodile; aussi ceux qui chassent cet animal en portent sur eux. L'achillea arrête aussi le cours de ventre.
La même vertu appartient au statice (statice armeria, L.), qui porte comme des têtes de roses sur sept tiges.

XXXIV. [1] La cératia (convallaria bifolia, L.), qui a une seule feuille, une racine noueuse et longue, guérit, prise en aliment, le flux céliaque et la dysenterie.
Le léontopodion (XXVII, 72), ou leucéoron, ou doripétron, ou thoribétron, arrête, par sa racine, le cours de ventre, et évacue la bile, à la dose de deux deniers (7 gr., 7) dans de l'eau miellée. Il croit dans les champs et les terrains maigres. La graine, prise en boisson, provoque, dit-on, des rêves extravagants.

[2] Le cours de ventre est arrêté par le lagopus (trèfle des champs, trifolium arvense, L.) pris dans du vin, ou, s'il y a fièvre, dans de l'eau; on l'attache à l'aine quand cette partie est tuméfiée. Il croît dans les champs de blé. Plusieurs médecins recommandent par-dessus tout pour les dysenteries désespérées la quintefeuille, dont on prend les racines cuites dans du lait, et l'aristoloche, à la dose d'un victoriat (1 gr., 92 ) dans trois cyathes de vin. Parmi les substances dénommées ci- dessus, celles qu'on prendra chaudes doivent être préparées à l'aide d'un fer rouge qu'on y éteint.

[3] Au contraire, le suc de la petite centaurée à la dose d'une drachme dans une hémine d'eau, avec un peu de sel et de vinaigre, est purgatif, et évacue la bile. La grande centaurée dissipe les tranchées. La bétoine procure des évacuations alvines à la dose de quatre drachmes dans neuf cyathes d'hydromel ; de même l'euphorbe (XXV, 38) ou l'agaric, à la dose de deux drachmes, avec un peu de sel, dans de l'eau, ou, à la dose de trois oboles, dans du vin miellé; de même le cyclaminos pris dans de l'eau ou en suppositoire; de même le chamaecissos (XXV, 69) en suppositoire. Une poignée d'hysope bouillie jusqu'à réduction des deux tiers, avec du sel, ou pilée avec de l'oxymel et du sel, provoque, en topique, des évacuations pituiteuses, et chasse les vers intestinaux. La racine de peucedanum évacue la pituite et la bile.

XXXV. [1] L'anagallis dans de l'eau miellée est purgatif. Il en est de même de l'épithymon (cuscute, cuscuta epithymum, L.), qui est la fleur d'une espèce de thym semblable à la sarriette : la seule différence, c'est que cette fleur est verte, et que celle de l'autre thym est blanche. Quelques-uns le nomment hippophéon. Cette plante provoque des vomissements qui fatiguent l'estomac; mais elle dissipe les tranchées et les flatuosités. On la prend en loch pour les affections pectorales, avec du miel et parfois de l'iris. Elle est purgative à la dose de quatre à six drachmes, avec un peu de miel, de sel et de vinaigre. Quelques-uns décrivent autrement l'épithymon (la cuscute aussi) : suivant eux, c'est une plante sans racine, menue, en forme de petit chapeau et rougeâtre ; on la fait sécher à l'ombre ; on la prend dans de l'eau, à la dose d'un demi-acétabule, et de cette façon elle évacue la pituite et la bile. Le nymphaea, dans du vin astringent, est aussi un doux purgatif.

XXXVI. [1] Le pycnocomon (leonurus marrubiastrum, L.) est encore un purgatif; il a les feuilles de la roquette, mais plus épaisses et d'un goût plus âcre; la racine ronde, jaune, sentant la terre; la tige carrée, peu élevée, menue, et la fleur de l'ocimum. On le trouve dans les terrains pierreux. La racine, à la dose de deux deniers dans de l'eau miellée, est purgative, et évacue la bile et la pituite. La graine provoque des songes tumultueux, à la dose d'une drachme dans du vin. Le capnos, par les urines, évacue la bile.

XXXVII. [1] Le polypode (polypodium vulgare, L.), appelé par les Romains filicula. ressemble à la fougère (filix). C'est la racine qu'on emploie : elle est chevelue, verte intérieurement, de la grosseur du petit doigt, et garnie de ventouses semblables à celles que portent les bras des polypes ; elle est d'une saveur douceâtre. Cette plante croît dans les pierres ou sous les vieux arbres. On en tire le suc après l'avoir fait tremper dans l'eau : la plante même se hache menu et se prend avec des choux, avec de la bette, ou de la mauve, ou des salaisons; ou bien on la fait cuire avec une bouillie, pour relâcher doucement le ventre, même en cas de fièvre. Elle évacue la bile et la pituite. Elle fait mal à l'estomac. En poudre, on l'introduit dans les narines, et elle y consume les polypes. Elle ne porte ni graine ni fleur.

XXXVIII. [1] La scammonée aussi (convolvulus scammonia, L.) évacue la bile, provoque des selles et fait mal à l'estomac, à moins qu'on n'ajoute deux drachmes d'aloès pour deux oboles (1 gr., 5) de scammonée. Cette drogue est le suc d'une plante rameuse dès la racine, à feuilles grasses, triangulaires, blanches; à racine épaisse, humide et nauséabonde. Elle croît dans une terre blanche et grasse. Vers le lever du Chien on fait un trou à la racine pour que le suc y afflue. Ce suc séché au soleil est divisé en trochisques. On fait sécher aussi la plante même ou l'écorce.
On estime pour la provenance la scammonée de Colophon, de Mysie, de Priène; pour l'aspect, celle qui est brillante, ressemblant beaucoup à la colle forte, fongueuse, criblée de petits trous, très facile à fondre, d'une odeur vireuse, ayant l'apparence de la gomme, laiteuse au contact de la langue, très légère, et blanchissant quand on la délaye.

[2] La même chose arrive à la fausse scammonée, qui se fait avec la farine d'ers et le suc de tithymale marin; celle ci tient presque toute de la Judée. Elle saisit à la gorge quand on en prend. On la reconnaît au goût; en effet, le tithymale brûle la langue. Pour être employée, la scammonée doit avoir deux ans; elle ne vaut rien ni avant ni après. On l'a donnée seule, à la dose de quatre oboles, dans de l'eau miellée et du sel; mais la meilleure manière est de l'adjoindre à l'aloès, et, quand la purgation commence, de faire boire du vin miellé. On en fuit bouillir aussi la racine dans du vinaigre jusqu'à consistance de miel, préparation qu'on emploie à l'extérieur contre la lèpre, et dont on frotte la tète avec de l'huile, en cas de céphalalgie.

XXXIX. [1] Le tilhymale est appelé par les Latins herbe au lait, ou laitue de chèvre (XX, 24 ). On dit que si l'on trace des caractères sur quelque partie du corps avec le lait de cette plante, et que secs on les saupoudre de cendre, les lettres paraissent; et on ajoute que des amants ont préféré aux billets ce moyen de correspondance avec leurs maîtresses adultères. Il y a plusieurs espèces de tithymales. Le premier est appelé characias (euphorbia characias, L. ); on le regarde comme le tithymale mâle. Les branches sont de la grosseur du doigt, rouges, juteuses, au nombre de cinq ou six, et longues d'une coudée. Les feuilles vers la racine sont presque semblables à celles de l'olivier; la sommité de la tige ressemble aux têtes du jonc.

[2] Il croît dans des lieux âpres, sur le bord de la mer. La graine se recueille en automne, avec les sommités; on la sèche au soleil, on la bat, et on la met en réserve. Quant au suc, aussitôt que les fruits commencent à se cotonner, on l'obtient des branches qu'on casse, et on le recueille sur de la farine d'ers ou sur des figues, afin qu'il sèche avec ces substances; il suffit que chaque figue en reçoive cinq gouttes; et on prétend que prenant une figue ainsi préparée les hydropiques ont autant de selles que la figue a reçu de gouttes. Quand on recueille le suc il faut prendre garde qu'il ne touche les yeux. On tire encore des feuilles pilées un suc moins actif que le précédent.

[3] On fait une décoction des branches. On se sert aussi de la graine bouillie avec du miel, et on en prépare des pilules purgatives. On remplit avec la graine dans de la cire les dents creuses. On se rince la bouche avec la décoction de la racine dans du vin ou de l'huile. On emploie le suc à l'extérieur pour le lichen ; et on le boit pour procurer des évacuations, tant par le haut que par le bas : du reste, il ne vaut rien à l'estomac. En boisson il évacue la pituite avec addition de sel, et la bile avec addition d'aphronitre (XXI, 46, 7). Si l'on veut se purger par le bas on le prend dans de l'oxymel; si par le haut, dans du vin cuit ou de l'eau miellée. La dose moyenne est de trois oboles. La meilleure manière est d'avaler aussitôt après le repas des figues préparées. Il laisse dans la gorge un léger sentiment d'ardeur. Il est en effet d'une qualité si chaude, qu'appliqué seul sur un endroit du carpes il y cause des ampoules comme le feu, et qu'il est employé en guise de caustique.

XL. [1] Le second tithymale est appelé myrsinites ou caryites (euphorbia myrsintles, L). Il a les feuilles du myrte, pointues et piquantes, mais plus molles; il croit aussi dans les lieux âpres. On en cueille les sommités quand l'orge commence à grossir; et après les avoir fait ressuyer à l'ombre pendant neuf jours, on les fait sécher au soleil. Le fruit ne mûrit pas tout à la fois; il en mûrit une partie la seconde année, et c'est ce qu'on appelle la noix, d'où le nom de caryites que les Grecs ont donné à ce tithymale (κάρυον, noix ). On le recueille à la maturité des moissons; on le lave, ou le sèche, et on le donne avec deux parties de pavot noir, de sorte que le tout fasse un acétabule (0 lit., 068). Ce tithymale, ainsi que les suivants, est moins vomitif que le précédent. Quelques médecins ont fait prendre la feuille comme il vient d'être dit, mais la noix dans du vin miellé ou dans du vin cuit, ou avec du sésame. Il évacue par le bas la bile et la pituite; il guérit les ulcères de la bouche. La feuille se mange avec du miel pour les ulcères rongeants de la bouche.

XLI. [1] Le troisième tithymale (XX, 80) se nomme paralios ou tithymalis (euphorbia paralias, L.). Il a la feuille ronde, la tige haute d'un palme, les branches rougeâtres et la graine blanche. On recueille cette graine quand le raisin commence à se former; après ravoir fait sécher, on la broie, et on la prend pour se purger, à la dose d'un acétabule.

XLII. [1] Le quatrième tithymale, appelé hélioscopios (euphorbia helioscopia, L.) a les feuilles du pourpier (xx, st), les rameaux dressés au nombre de quatre ou cinq, partant de la racine, rougeâtres, hauts d'un demi-pied, et pleins de suc. Il croît autour des villes. La graine est blanche, et les pigeons en sont très friands. Le nom vient de ce que les sommités tournent avec le soleil. Il évacue la bile par le bas, à la dose d'un demi-acétabule dans de l'oxymel. Il a d'ailleurs les autres usages du characias.

XLIII. [1] Le cinquième (euphorbia aleppica, L.) est appelé cyparissias, à cause de la ressemblance de ses feuilles avec celles du cyprès. Il a la tige double ou triple; il croit dans les campagnes; il a les mêmes propriétés que l'hélioscopios ou le characias.

XLIV. [1] Le sixième est appelé platyphyllos (euphorbia platyphyllos, L.), ou corymhites, ou amygdalites, à cause de sa ressemblance avec l'amandier. C'est celui de tous qui a les plus larges feuilles; il fait mourir les poissons. La racine, les feuilles, le suc, pris dans du vin miellé ou de l'eau miellée, à la dose de quatre drachmes, sont purgatifs; en particulier, il évacue les eaux des hydropiques.

XLV. [1] Le septième est surnommé dendroïdes (euphorbia dendroides, L.), ou cobios, ou leptophyllos. Il croît dans les pierres; c'est le plus touffu de tous. Il a de petites tiges rougeâtres, et beaucoup de graine. Mêmes propriétés que le characias.

XLI. [1] L'apios ischas (euphorbia apios, L.), ou raifort sauvage, étale à terre deux ou trois tiges en forme de jonc, rougeâtres. Il a les feuilles de la rue, la racine de l'oignon, mais plus grosse; aussi quelques-uns le nomment-ils raifort sauvage. L'intérieur de cette racine est plein d'un suc blanc, mais l'écorce est noire. Cette plante croît dans les lieux montagneux et âpres, et quelquefois dans les herbages. On la tire de terre au printemps; on la pile, on la met dans un vaisseau de terre; on jette ce qui surnage; le suc qui reste purge par le haut et par le bas, à la dose d'une demi-obole dans de l'eau miellée. On le donne de la même façon aux hydropiques, à la dose d'un acétabule. On met encore la racine en poudre dans une potion ; et l'on prétend que la partie supérieure de la racine évacue la bile par le haut, et la partie inférieure les eaux par le bas.

XLVII. [1] Toutes les espèces de panacès guérissent les tranchées, ainsi que la bétoine, excepté les tranchées qui proviennent d'indigestion. Le sue du peucedanum guérit les flatuosités, en procurant des éructations. Il en est de même de la racine d'acoron, et du daucus mangé en salade. Le ladanum de Chypre, pris en boisson, guérit les affections intestinales; il en est de même de la gentiane en poudre, dont on prend gros comme une fève dans de l'eau tiède; de même du plantain pris le matin, à la dose de deux cuillerées, avec une cuillerée de pavot, dans quatre cyathes d'un vin qui ne doit pas être vieux. On le donne encore au moment du sommeil, avec addition de nitre ou de polenta, s'il y a longtemps qu'on a mangé. On en donne le sue en lavement, à la dose d'une hémine, même quand il y a fièvre.

XLVIII. [1] L'agaric en boisson, à la dose de trois oboles, dans un cyathe de vin vieux, guérit la rate. Il en est de même de la racine de toutes les espèces de panacès, dans du vin miellé ; mais surtout de la teucria sèche, à la dose d'une poignée, que l'on prend bouillie dans trois hémines de vinaigre. On applique la teucria, avec du vinaigre, sur les plaies, ou, si cette préparation ne peut être supportée, avec des figues ou de l'eau.

[2] La polemonia se boit dans du vin; la vettonica (bétoine), à la dose d'une drachme, dans trois cyathes d'oxymel; l'aristoloche, comme pour les morsures serpents (XXV, 55 ). On prétend que l'argémo prise pendant sept jours en aliment, consume la rate; même effet attribué à l'agaric, pris à la dose de deux oboles dans de l'oxymel ;

[3] à la racine du nymphaea heraclea prise dans du vin. Le cissanthemos (XXV, 68) pris à la dose d'une drachme deux fois par jour, dans deux cyathes de vin blanc, pendant quarante jours, fait, dit-on, rendre peu à peu la rate par les urines. On emploie encore l'hysope bouilli avec des figues; la racine du lonchitis (aspidium lonchitis, L.), bouillie avant que la plante ait grené. La racine du peucedanum, bouillie, est bonne pour la rate et les reins. L'acoron, en boisson, consume la rate. La racine de cette plante est excellente pour les viscères et les flancs. Pour la rate on administre la graine de clymenos (XXV, 33) pendant trente jours, à la dose d'un denier dans du vin blanc; la poudre de bétoine, dans du miel et du vinaigre scillitique en boisson. On emploie en topique la racine du lonchitis, dans de l'eau; le teucrium, le scordium avec du cérat, l'agaric avec du fenugrec en poudre.

XLIX. [1] Pour les affections de la vessie et les calculs (ce qui, comme nous l'avons dit (XXV, 7 ), cause les tourments les plus cruels), on emploie la polemonia en boisson dans du vin; l'agaric, la racine ou les feuilles du plantain, dans du vin cuit; la bétoine, comme nous l'avons dit pour les affections du foie (XXVI, 19). On se sert aussi de cette plante, en boisson et en topique, pour les hernies; elle est très efficace pour la strangurie. Pour les calculs, quelques-uns recommandent comme un remède souverain la bétoine, la verveine et la millefeuille, à doses égales, dans de l'eau.

[2] Il est certain que le dictamne dissipe la strangurie; de même, la quintefeuille bouillie dans du vin jusqu'à réduction des deux tiers : cette dernière plante est très bonne, à l'Intérieur et en topique, pour l'entérocèle. La racine supérieure du xiphium est diurétique chez les enfants. On la donne dans l'eau pour l'entérocèle, et on en fait un topique pour les affections de la vessie. Le suc de peucedanum s'emploie pour les hernies des enfants; et le psyllium, en topique, pour les hernies ombilicales. Sont diurétiques les anagallis, la décoction de la racine d'acoron, ou cette racine même broyée et prise en boisson, laquelle d'ailleurs est bonne pour toutes les affections de la vessie. La tige et la racine du cotylédon s'emploient contre les calculs, et aussi contre toute inflammation des parties génitales, à doses égales de la tige, de la graine et de myrrhe.

[3] Les feuilles tendres de l'hièble, pilées et prises dans du vin, chassent les calculs; appliquées sur les testicules, elles les guérissent. L'érigéron, avec de la poudre d'encens et du vin doux, guérit les inflammations des testicules. La racine de grande consoude, en to¬pique, contient l'entérocèle. L'hypocisthis blanc guérit les ulcères rongeants des parties génitales. L'armoise se donne aussi dans du vin doux pour les calculs et pour la strangurie. La racine du nymphaea heraclia, dans du vin, calme les douleurs de la vessie.

L. [1] La même propriété appartient au crethmos (crithmum maritimum, L.) (XXI, 80; XXV, 96), beaucoup vanté par Hippocrate (De nat. mul, t . 20; De morb. mul. I, t. 10 ). Il est du nombre des plantes sauvages qui se mangent; du moins c'est le mets que sert, dans un poème de Callimaque (XXII, 44), la villageoise Hécate. Le crethmos est une espèce voisine du batis des jardins (XXI, 50). La tige est unique, haute d'un palme; la graine est odorante, ronde comme celle du libanotis; sèche, elle se brise : dans l'Intérieur elle a un noyau blanc, nommé par quelques-uns cachrys. La feuille est grasse, blanchâtre, comme celle de l'olivier, plus épaisse, d'une saveur salée. Les racines, grosses comme le doigt, sont au nombre de trois ou quatre. Il croit sur le bord de la mer, dans les terrains pierreux. On le mange cru ou cuit, avec le chou; le goût et le parfum en sont agréables.

[2] On le garde même dans de la saumure. On l'emploie surtout pour la strangurie : on se sert de la feuille, ou de la tige, ou de la racine, dans du vin. Il donne aussi à la peau une couleur plus agréable; mais, pris eu trop grande quantité, il cause des flatuosités. En décoction, il relâche le ventre, et fait couler l'urine et l'humeur des reins. De la même façon la poudre d'alcéa (XXVII, 6) desséchée, prise dans du vin, dissipe la strangurie; elle est plus efficace avec addition de daucus; elle est bonne aussi pour la rate; on la boit contre le venin des serpents; mêlée à l'orge, on l'emploie pour les bêtes de somme qui souffrent de catarrhe ou de strangurie.

LI. [1] L'anthyllion (cressa cretica, L.) est très semblable à la lentille. Pris dans du vin, il délivre des maux de vessie, il arrête le sang. Il y a encore l'anthyllis (XXI, 103), semblable au chamaepitys, à fleur pourpre, à odeur forte, à racine de la chicorée.

LII. [1] La cepaea (sedum cepaea, L.) est encore un meilleur remède. Elle ressemble au pourpier; mais la racine est plus noire, et ne sert à rien. Elle croît sur le bord de la mer, dans les sables. La saveur en est amère. Dans du vin, avec la racine d'asperge, elle est très bonne pour la vessie.

LIII. [1] Même propriété dans l'hypéricon, appelé encore chamaepitys, ou corion (hypericum crispum, L.). La tige est celle d'une plante potagère; elle est menue, haute d'une coudée et rougeâtre; la feuille, semblable à celle de la rue, a une odeur âcre. La graine, dans une gousse, est noire, et mûrit en même temps que l'orge. Cette graine est astringente; elle resserre le ventre; elle est diurétique; on la prend avec du vin pour les maux de vessie.

LIV. [1] Il est un autre hypéricon (hypericum coris, L.), appelé encore coris; il a la feuille du tamarix (XVI, 45; XXIV, 41), sous lequel il croît, mais plus grasse et moins rouge. Il est odorant, haut de plus d'un palme, d'une saveur suave, légèrement piquante. La graine est d'une qualité chaude; aussi produit-elle des flatuosités: cependant elle n'est pas mauvaise à l'estomac. Cette plante est souveraine pour la strangurie, pourvu que la vessie ne soit pas ulcérée; prise dans du vin, elle guérit aussi la pleurésie.

LV. [1] Un autre remède pour la vessie est le callithrix (adiantum capillus Veneris, L.), pilé avec du cumin et donné avec du vin blanc. la verveine, bouillie avec ses feuilles jusqu'à réduction des deux tiers, ou la racine dans du vin miellé chaud, fait sortir les graviers.
Il en est de même de la perpressa, qui croît aux environs d'Aretium et dans l'Illyrie, qu'on fait bouillir dans deux hémines d'eau jusqu'à réduction des deux tiers, et qu'on prend en boisson; de même du trèfle (XXI, 30), qu'on prend dans du vin ; de même de la chrysanthème (XXII, 26). L'anthemum (XXII, 26, 3) (anthemis rosea, L.) aussi fait sortir les graviers. Cette plante a cinq petites feuilles à la racine, deux longues tiges, et la fleur couleur de rose. La racine pilée se donne seule, comme le laver (XXVI, 32) cru.

LVI. [1] Le silaus (peucedanum silaus, L.) croît dans les eaux vives et coulant sur du gravier. Il ressemble à l'ache, et est haut d'une coudée. On le fait cuire comme les légumes acides; il est excellent pour la vessie. Si cet organe est affecté de psore, on le guérit avec la racine du panacès, mauvaise dans les autres affections vésicales. La pomme erratique (XXV, 54) chasse aussi les graviers. On fait bouillir une livre de la racine dans un conge de vin (3 lit., 24) jusqu'à réduction de moitié; puis on prend une hémine de cette décoction pendant trois jours : ce qui reste se prend dans du vin avec le sion (XXII, 41), On emploie au même usage l'ortie marine, le daucus, et la graine de plantain dans du vin.

LVII. [1] L'herbe fulvienne (ce nom vient de celui qui l'a découverte, et elle est bien connue des botanistes) est diurétique, broyée dans du vin.

LVIII. [1] Le scordion arrête le progrès des tumeurs des testicules. La jusquiame guérit les parties génitales. La strangurie est guérie par le suc de peucedanum dans du miel, et par la graine de cette plante; par l'agaric, à la dose de trois oboles dans un cyathe de vin vieux ; par la racine de trèfle (XXI, 30 ), à la dose de deux drachmes dans du vin; par la racine ou la graine de dancus, à la dose d'une drachme. La coxalgie est guérie par la graine et les feuilles de la garance broyées, par le panacès en boisson, par la polemonia en friction, par les feuilles d'aristoloche en décoction. L'agaric en boisson, à la dose de trois oboles dans un cyathe de vin vieux, guérit le nerf appelé platys (tendon d'Achille?) et la douleur d'épaule. On use, en boisson et en cataplasme, de la quintefeuille pour la coxalgie. On emploie de même la scammonée bouillie avec de la farine d'orge.

[2] La graine des deux hypéricons se prend dans du vin. Les affections du siège et les écorchures sont très promptement guéries par le plantain ; les condylomes, par la quintefeuille; les chutes du rectum, par la racine du cyclaminos dans du vinaigre. L'anagallis bleu fait rentrer le fondement tombé; au contraire, l'anagallis rouge le fait sortir; le cotylédon guérit merveilleusement les condylomes et les hémorroïdes; la racine d'acoron bouillie dans du vin, pilée et appliquée, les tumeurs des testicules. Au dire de Caton (De re rust., CLIX), ceux qui ont sur eux de l'absinthe du Pont (XXVII, 28) ne s'écorchent point entre les cuisses. (IX.) D'autres en disent autant du pouliot, et prétendent que si après l'avoir cueilli à jeun on l'attache derrière soi, il préserve de toute douleur aux aines, ou fait cesser celles qui existent déjà. Quant à l'inguinalis (aster amellus, L.), que quelques-uns nomment argémone, et qui croît communément dans les buissons épineux, il suffit de la tenir à la main pour en éprouver de bous effets dans les aines.

LIX. [1] Les tumeurs sont guéries par le panacès avec du miel, par le plantain avec du sel, par la quintefeuille, par la racine de persolata employée comme pour les scrofules (XXVI, 12), par le damasonium, par le verbascum pilé avec sa racine, arrosé de vin, enveloppé dans ses feuilles, chauffé de la sorte dans de la cendre, et appliqué chaud. Des personnes qui en ont fait. l'expérience ont assuré qu'il importe beaucoup que cette application soit faite par une jeune fille nue, à jeun ainsi que le malade, et que cette personne, touchant le mal du dos de la main, dise : Apollon défend que le feu de la peste puisse s'accroître chez le malade qui le fait éteindre par une vierge nue. Après avoir retourné sa main, elle prononcera trois fois cette formule, et elle et le malade cracheront trois fois. On emploie encore la racine de mandragore dans de l'eau; la décoction de la racine de scammonée avec du miel, le sidéritis avec du vieux oing, ou la chrysippea avec des figues grasses : le nom de cette dernière plante vient de celui qui l'a découverte.

LX. (X.) [1] Le nymphaea heraclia (nénuphar ) éteint pour jamais les désirs amoureux, employé comme nous l'avons dit (XXV, 37); et pour quarante jours, pris une seule fois en boisson. Bu à jeun et pris en aliment, il empêche les rêves érotiques. La racine, appliquée sur les parties génitales, réprime non seulement les désirs amoureux, mais encore l'afflux du sperme; aussi dit-on qu'elle est propre à donner de l'embonpoint et à entretenir la voix (XX, 13, 4 ).

LXI. [1] La racine supérieure du xiphium (XXV, 89) excite les désirs vénériens, donnée a boire dans du vin. Il en est de même du crethmos sauvage; de même de l'herminos sauvage (salvia horminum, L.) (XVIII, 22), pilé avec de la polenta.

LXII. [1] Mais il y a peu de plantes aussi merveilleuses que l'orchis ou serapias (orchis undulatifolia, Biv.), herbe à feuilles de poireau, à tige haute d'un palme, à fleur pourpre, à racine formée de deux tubercules qui ressemblent aux testicules. Le tubercule le plus gros, ou, comme quelques-uns disent, le plus dur, pris dans de l'eau, excite à l'amour; le plus petit ou le plus mou, pris dans du lait de chèvre, réprime les désirs amoureux. Quelques-uns dépeignent cette plante avec une feuille semblable à celle de la scille, mais plus petite et plus lisse, et avec une tige épineuse (limodorum abortivum, Sw.). Les racines de cette plante guérissent les ulcères de la bouche. Prises dans du vin, elles arrêtent les pituites de la poitrine et le cours de ventre. Le satyrion est stimulant; il y en a deux espèces : l'une (orchis morio, L.) à feuilles d'olivier, mais plus longues, à tige haute de quatre doigts, à fleur pourpre, à racine double configurée comme les testicules humains, laquelle se gonfle une année, et revient l'année suivante à son volume primitif.

[2] L'autre espèce est surnommée satyrios orchis, et passe pour être la plante femelle. On la distingue à l'espacement de ses noeuds, à sa tige plus touffue; la racine s'emploie dans les fascinations. Cette plante croît ordinairement près de la mer. Appliquée avec de la polenta ou seule, elle guérit les tumeurs et les affections des parties génitales. La racine de la première espèce, donnée dans le lait d'une brebis de ferme, excite l'érection, et, prise dans de l'eau, la fait cesser.

LXIII. [1] Les Grecs donnent le nom de satyrion (aceras anthropophora, L.) à une plante qui a les feuilles du lis rouge, mais plus petites et ne sortant pas de terre au nombre de plus de trois, une tige lisse, haute d'une coudée, nue, et une racine double, dont la partie inférieure et plus grosse fait concevoir des garçons, et la partie supérieure et plus petite, des filles. Ils connaissent encore une autre espèce de satyrion, qu'ils nomment erythraicon (fritillaria pyrenaica, L.); il a la graine du vitex (vitex agnus), mais plus grosse, lisse, la racine dure, l'écorce rouge, l'intérieur blanc et d'un goût douceâtre; il se trouve ordinairement dans les endroits montueux ils assurent qu'il suffit d'en tenir la racine à la main pour en éprouver la vertu aphrodisiaque, effet encore plus marqué si on la prend dans du vin astringent; qu'on l'administre en boisson aux béliers et aux boucs trop lents à saillir,

[2] et que les Sarmates la donnent à leurs chevaux qu'un travail trop soutenu a rendus paresseux à s'accoupler, maladie appelée par eux prosedamum. On éteint les ardeurs produites par le satyrion en buvant de l'eau miellée, ou en mangeant de la laitue (XIX, 38, 3 ). Au reste, les Grecs donnent le nom de satyrion à toute substance aphrodisiaque, par exemple au crataegis, au tnetygonon et à l'arrhenogonon (XXVII, 40), plantes dont la graine ressemble aux testicules. Ceux qui ont sur eux de la moelle des branches de tithymale deviennent, dit-on, plus enclins à l'amour. Théophraste (Hist., IX, 20), auteur si grave d'ailleurs, raconte là-dessus des choses incroyables, entre autres que par le seul contact d'une herbe dont il ne marque ni le nom ni l'espèce un homme a pu exercer soixante-dix fois l'acte du coït.

LXIV. [1] Le sidéritis, attaché à la partie malade, diminue les varices, et les guérit sans douleur. La goutte était rare, non seulement du temps de nos pères et de nos aïeux, mais même aussi de nos jours; en effet, c'est encore là une maladie étrangère : si elle eût anciennement régné en Italie. elle aurait un nom latin. Il ne faut pas la regarder comme incurable, car elle cesse chez beaucoup spontanément, et chez un nombre plus rand, par le traitement. Ou emploie les racines de panacès avec du raisin cuit, le suc ou la graine de jusquiame avec de la farine, le scordion dans du vinaigre, l'ibéris comme nous l'avons dit (XXV, 49),

[2] la verveine broyée avec de la graisse, la racine de cyclaminos, dont la décoction est bonne aussi pour les engelures. Pour ôter le feu de la goutte on applique la racine du xiphium, la graine du psyllium, la ciguë avec de la litharge ou de l'axonge, l'aizoon au premier accès du mal lorsqu'il y a rougeur, c'est-à-dire lorsque la goutte est chaude. Aux deux espèces de gouttes conviennent l'érigeron avec l'axonge, les feuilles du plantain broyées avec un peu de sel, et l'argémone pilée avec du miel. On guérit encore la goutte en appliquant de la verveine, ou en faisant tremper les pieds dans la décoction de la même plante.

LXV. [1] On emploie aussi le lappago (xxzv)t t 6), t qui ressemblerait à l'anagallis s'il n'était plus garni de branches, hérissé de plus de feuilles et rugueux, s'il n'avait un suc plus âcre et une odeur forte. L'espèce de lappago qui est comme l'anagallis s'appelle mollugo (gallum mollugo, L.).
L'asperugo est semblable, mais il a les feuilles plus âpres. Le suc du premier, tiré par expression, se prend tous les jours à la dose de onze deniers (42 gr., 35) dans deux cyathes de vin.

LXVI. [1] Mais un remède excellent pour la goutte, c'est le phycos thalassion, ou algue marine, qui ressemble à la laitue, et qu'on emploie dans la préparation des teintures de pourpre. Cette plante s'applique, avant d'être sèche, non seulement sur les parties goutteuses, mais aussi sur toutes les articulations malades. Il y eu a trois espèces : l'une à feuilles larges, l'autre à feuilles plus longues et à teinte rougeâtre; la troisième à feuilles crépues ; on l'emploie en Crète pour teindre les étoffes. Toutes trois ont les mêmes propriétés. Nicandre (Ther., p. 60) les a même données dans du vin contre le venin des serpents. On se sert encore de la graine de la plante que nous avons appelée psyllion (XXV, 90); on la fait tremper dans de l'eau, mettant pour une hémine de graine deux cuillerées de résine de colophon, et une d'encens. On vante encore les feuilles de la mandragore, pilées avec de la polenta. (XI.)

[2] Pour l'enflure des talons le limon pétri avec de l'huile est d'un effet admirable ; pour l'enflure des articulations, le suc de la petite centaurée, lequel est très bon pour les nerfs. lien est de même de la ceutauris (XXV, 32). La bétoine remédie aux douleurs des nerfs qui se fout sentir aux omoplates, aux épaules, à l'épine, aux lombes; on la prend en boisson de la manière quenous avons indiquée pour le foie (XXVI, 19). On emploie sur les articulations la quintefeuille en cataplasme, ainsi que les feuilles de la mandragore avec la polenta, ou la racine fraîche, soit pilée avec le concombre sauvage (XX, 2), soit bouillie dans de l'eau. La racine du polypode guérit les crevasses des orteils. Pour les articulations on emploie le suc de la jusquiame avec l'axonge, le suc d'amomum avec la décoction de la plante, le centunculus (XXIV, 88) bouilli, la mousse récente, mouillée, et attachée aux parties malades jusqu'a ce qu'elle soit sèche.

[3] La racine de la lappa boaria prise dans du vin a le même effet. Le cyclaminos bouilli dans de l'eau guérit les engelures et toutes les autres maladies produites par le froid. On emploie encore contre les engelures le cotylédon avec l'axonge, les feuilles du batrachion (XXV, 109), le suc de l'épithymum. Le ladanum avec le castoréum, et dans du vin la verveine, déracinent les cors des pieds.

LXVII. [1] Ayant fini le détail des maux qui se font sentir dans chaque partie, nous allons parler de ceux qui attaquent le corps entier. Voici les remèdes généraux que je trouve indiqués. Avant tout il faut user en boisson du dodecatheos, dont nous avons parlé (XXV, 9 ),puis des racines de toutes les espèces de pultacés, particulièrement dans les maladies de longue durée, ainsi que de la graine pour les affections des intestins. On recommande pour toutes les douleurs du corps le suc de scordium, celui de la bétoine, laquelle irise en boisson dissipe spécialement la couleur plombée du teint, et donne une meilleure coloration à la peau.

LXVIII. [1] Le géranion est appelé encore myrrhis (erodium moschatum, L.) ou merthrys; il ressemble à la ciguë, mais il a les feuilles plus petites, et la tige plus courte et ronde ; il a un goût et une odeur agréables : c'est ainsi du moins que le décrivent nos herboristes; mais les Grecs le décrivent (erodium malachoides, L.) avec des feuilles un peu plus blanches que celles de la mauve, avec des tiges déliées, velues, garnies par intervalle de branches longues de deux palmes, et portant à leur extrémité, au milieu des feuilles, des têtes en forme de becs de grues. Il y en a une troisième espèce (geranium tuberosum, L.) qui a les feuilles de l'anémone, mais plus profondément incisées; la racine ronde comme une pomme, douce, et très bonne pour les convalescents qui réparent leurs forces : celle-ci paraît être le vrai géranion. On en prend, contre la phtisie, une drachme dans trois cyathes de vin, deux fois par jour; de même contre les flatuosités:

[2] mangée crue, elle produit des effets pareils. Le suc de la racine guérit les maux d'oreilles, Dans l'opisthotonos on fait prendre la graine à la dose de quatre drachmes, avec du poivre et de la myrrhe. Le suc du plantain en boisson, et la décoction de la plante, guérissent la phtisie. Le plantain en aliment avec du sel et de l'huile, et pris dès le matin en se levant, est rafraîchissant; on le donne dans l'atrophie, mais en laissant des jours d'intervalle. On donne la bétoine aux phtisiques, gros comme une fèc e, en loch, avec du miel; l'agarie, en boisson, à la dose de deux oboles dans du vin cuit; le daucus, avec la grande centaurée, dans du vin. La phagédène, nom commun à une faim désordonnée et à une espèce d'ulcère, est guérie par les tithymales pris avec le sésame.

LXIX. [1] Entre les maux qui attaquent tout le corps, l'insomnie est des plus ordinaires. On indique pour remède le panacès, le clymenos, l'aristoloche, dont il faut respirer l'odeur et se frotter la tête, l'aizoon ou sedum, qu'on enveloppe dans un morceau d'étoffe noire, et qu'on met sous le chevet du malade, sans qu'il le sache; I'oenotherasou onuris (epilobium hirsutum, L.), qui dans du vin a des propriétés exhilarantes. Cette plante a la feuille de l'amandier, la fleur rose, des tiges nombreuses, une longue racine qui quand elle est sèche a l'odeur du vin. Elle adoucit jusqu'aux bêtes, auxquelles on la donne en breuvage.

[2] La bétoine dissipe les indigestions (XXVI, 25) qui causent des nausées; la même plante prise en boisson, après le repas, facilite la digestion : on la donne à la dose d'une drachme dans trois cyathes d'oxymel ; elle dissipe l'ivresse. Il en est de même de l'agaric pris dans de l'eau chaude après le repas. La bétoine guérit, dit-on, la paralysie, ainsi que l'ibéris, employée comme nous l'avons dit (XXV, 49). Cette dernière plante est bonne encore pour les membres perclus; il en est de même de l'argémone, qui dissipe tout ce qui peut exposer au bistouri.

LXX. [1] L'épilepsie est guérie par les racines du panacès que nous avons appelé héraclion (XXV, 12), prises avec la présure du veau marin, à la dose de trois parties de la plante sur une de présure; par le plantain en boisson; par la bétoine ou l'agaric dans de l'oxymel, l'une à la dose d'une drachme, l'autre à la dose de trois oboles; par les feuilles de la quintefeuille, dans de l'eau; par l'archezostis (XXIII,16,1), qu'il faut boire pendant un an ; par la racine du bacchar (XXI, 16), séchée, réduite en poudre, et prise dans trois cyathes d'eau chaude, avec un cyathe de coriandre; par le centunculus broyé dans du viuaigre, ou du miel, ou de l'eau chaude; par la verveine, qui se boit dans du vin ; par trois baies d'hysope (XXV, 87), broyées et bues dans de l'eau pendant seize jours ; par le peucedanum, avec la présure du veau marin à égale portion, encore en breuvage; par les feuilles de la quintefeuille broyées et bues dans du vin pendant trente et un jours ; par la bétoine en poudre, à la dose de trois deniers, avec un cyathe de vinaigre scillitique et une once de miel attique; par la scammonée, à la dose de deux oboles, avec quatre drachmes de castoreum.

LXXI. [1] L'agaric, bu dans de l'eau chaude, soulage les fièvres froides; le sidéritis avec de l'huile, les fièvres tierces : de même le Iadanum, qui croît dans les champs de blé (XXVI, 30), et que l'on pile; le plantain pris à la dose de deux drachmes, dans de l'eau miellée, deux heures avant l'accès; le suc de la racine de plantain détrempée ou pilée, ou la racine même pilée dans de l'eau, et chauffée par l'immersion d'un fer chaud. Quelques médecins ont donné trois racines de cette plante dans trois cyathes d'eau; et les mêmes, quatre racines dans les fièvres quartes. Quand la buglosse commence à sécher, si on en tire la moelle de la tige en disant que c'est pour délivrer de la fièvre telle personne, et si l'on attache ensuite a cette personne, avant l'accès, sept feuilles de la plante, le malade est, dit-on, délivré de sa fièvre.

[2] On guérit encore particulièrement les fièvres qui sont accompagnées de frisson, avec une drachme de bétoine dans trois cyathes d'eau miellée, ou avec de l'agaric. Quelques-uns ont donné trois feuilles de quintefeuille dans les fièvres tierces, quatre dans les fièvres quartes, et un plus grand nombre pour les autres fièvres; d'autres en donnent pour toutes les fièvres la dose de trois oboles, avec du poivre, dans de l'eau miellée. La verveine, dans du vin, guérit les lièvres même des bêtes de somme : mais Il faut couper la plante, pour les fièvres tierces, au troisième noeud; pour les fièvres quartes, au quatrième. On prend encore eu potion la graine des deux espèces d'hypéricon, dans les fièvres quartes et les frissons; la bétoine en poudre, qui arrête toute sorte de frissons; le panacès, dont la qualité est si chaude qu'on recommande d'en boire et de s'en frotter â ceux qui vont faire un trajet à travers les neiges. L'aristoloche arrête aussi les frissons.

LXXII. [1] La phrénésie se guérit par le sommeil, qu'on provoque avec une infusion de pencedanum versée sur la tête, ou avec le suc des anagallis. Au contraire, il est difficile de réveiller les léthargiques : on prétend y réussir en touchant les narines avec du suc de peucedanum mêlé à du vinaigre. Contre la folie on administre la bétoine. Le panacès amène la rupture des anthrax; on les guérit avec la poudre de bétoine dans de l'eau; avec le chou uni à l'encens, et beaucoup d'eau chaude en boisson ; avec un charbon qu'on laisse éteindre en sa présence, dont on applique la cendre chaude à l'aide du doigt ; avec du plantain pilé (XXV, 39).

LXXIIII. [1] On guérit les hydropiques par le tithymale characias; par le plantain en aliment, on mange préalablement du pain sec sans boire; par la bétoine, à la dose de deux drachmes dans deux cyathes de vin ou de vin miellé; par l'agaric ou par la graine de lonchilis (XXV, 88 ), deux cuillerées dans de l'eau; par le psyllium dans du vin; par le suc des anagallis; par la racine du cotylédon dans du vin miellé; par la racine d'hièble fraîche, dont on secoue seulement la terre sans la laver, une pincée dans une hémine de vin vieux, chaud ; par la racine de trèfle, deux drachmes dans du vin; par le tithymale platyphylos (XXVI, 44); par la graine de l'hypéricon, surnommé coris (XXVI, 54) ;

[2] par l'acté (sureau), qui, suivant quelques-uns, est l'hièble, la racine pilée, dans trois cyathes de vin, s'il n'y a pas de fièvre, ou la graine dans du vin rouge; par la verveine, une pleine poignée bouillie dans de l'eau jusqu'a réduction de moitié; mais surtout par le suc de chamaeacté (hièble), qu'on regarde comme souverain. Les éruptions pituiteuses se traitent par le plantain ; par la racine de cyclaminos dans du miel; par les feuilles pilées de l'hièble, lesquelles en cataplasme avec du vin vieux guérissent aussi le boa, sorte de papules rouges. Le suc de strychnos en onction est un remède pour le prurit.

LXXIV. [1] Pour l'érysipèle on emploie: l'aizoon, les feuilles pilées de la ciguë, la racine de la mandragore. On la coupe en rondelles comme le concombre, et d'abord on la suspend sur du vin qui cuve, puis à la fumée; ensuite on la broie dans du vin ou du vinaigre. Il est encore bon d'employer en topique : le vin de myrte, deux onces de menthe, une once de soufre vif, le tout pilé ensemble dans du vinaigre; la suie, dans du vinaigre. Il y a plusieurs espèces d'érysipèles, entre autres celui qui, occupant la demi-circonférence du corps, est appelé zoster, et qui tue s'il en occupe toute la circonférence : pour cet érysipèle on emploie le plantain avec la terre cimoliée, la verveine seule, la racine de la persolata; pour les érysipèles serpigineux, la racine du cotylédon avec du vin miellé, l'aizoon, le suc de la mercuriale dans du vinaigre.

LXXV. (XII.) [1] On emploie en topique pour les luxations la racine de polypode. La douleur et les gonflements sont guéris par la graine de psyllium, par les feuilles de plantain pilées avec un peu de sel, par la graine de verbascum bouillie dans du vin et pilée, par la ciguë avec de l'axonge. On emploie en topique les feuilles de l'éphémerum (XXV, 107) sur les tumeurs et les engorgements qui sont encore susceptibles de résolution.


LXXVI. [1] C'est surtout dans les yeux que l'effet de la jaunisse parait singulier : comment la bile pénètre-t-elle des membranes aussi ténues et aussi denses? Hippocrate (Aph., IV, 62 et 64) a enseigné que dans la fièvre la jaunisse après le septième jour est un symptôme mortel; nous savons pourtant que plusieurs ont vécu même après ce funeste pronostic. Au reste, la jaunisse vient aussi sans fièvre; on la combat par la grande centaurée, prise comme nous avons dit (XXV, 30) en boisson; par la bétoine; par l'agaric, trois oboles dans un cyathe de vin vieux; par les feuilles de verveine, trois oboles dans une hémine de vin chaud, pendant quatre jours.

[2] Mais le remède le plus actif est le suc de la quintefeuille, trois cyathes en potion avec du sel et du miel. On prend en potion la racine de cyclaminos à la dose de trois drachmes, dans un lieu chaud et à l'abri de tout refroidissement; en effet, elle provoque des sueurs couleur de bile. On emploie les feuilles de tussilage dans de l'eau; la graine des deux espères de mercuriale, mêlée à la boisson, ou bouillie soit avec de l'absinthe, soit avec des pois chiches; les baies de l'hysope prises avec de l'eau ; le lichen, en observant, pendant qu'on en use, de s'abstenir de toute autre sorte d'herbage; le polythrix (XXV, 83), donné dans du vin; la saponaire, dans du vin miellé.

LXXVII. [1] Il survient assez communément, et dans toutes les parties du corps, une éruption qui cause de très grandes incommodités, et qu'on nomme furoncle, maladie quelquefois mortelle chez les personnes épuisées; on emploie dans ce cas les feuilles de pycnocomum (scabiosa ambrosioides, Sibth.) pilées avec de la polenta; il faut que le furoncle n'ait pas encore fait pointe. Les feuilles de l'éphedrum (XXVI, 20 ), en topique, dissipent aussi les furoncles.

LXXVIIII. [1] Des fistules se creusent dans toutes les parties du corps, par la faute des médecins qui pratiquent mal les incisions. On les traite par la petite centaurée, en y ajoutant des lotions avec le miel bouilli; par le suc de plantain en injection; par la quintefeuille, avec du sel et du miel; par le ladanum, avec le castoréum; par le cotylédon, avec de la moelle de cerf, le tout appliqué chaud; par la moelle de la racine du verbascum, réduite à la ténuité d'un collyre, et injectée dans la fistule; par la racine de l'aristoloche; par le suc du tithymale.

LXXIX. [1] Les collections et les inflammations se guérissent par les feuilles de l'argémone en cataplasme. Pour les duretés et collections de toute sorte on emploie la verveine, ou la quintefeuille bouillie dans du vinaigre; les feuilles ou la racine du verbascum ; l'hysope appliquée dans du vin; la racine de l'acoron, tout en fomentant la partie malade avec la décoction de cette plante; par l'aizoon. On traite les contusions, les duretés et les ulcères sinueux, par l'illecebra (sedum acre, L.) (XXV, 103). On obtient l'extraction de tous les corps étrangers entrés dans les chairs, à l'aide des feuilles du tussilage, du daucus, de la graine de léontopodium (evax pygmaeus) pilée dans de l'eau avec de la polenta. Sur les suppurations ou applique les feuilles du pycnocomum (XXVI, 77 ) pilées avec la polenta, ou la graine de cette plante, ou l'orchis. Un remède excellent pour les affections des os, c'est, dit-on, la racine du satyrion en topique. Pour les ulcères rongeants et toutes les collections ou emploie l'algue marine (XXVI, 66) avant qu'elle soit desséchée. La racine d'alcea (XXVII, 6) dissipe les collections.

LXXX. [1] Les brûlures se guérissent à l'aide du plantain, de la bardane, au point qu'on n'en voit pas la marque. On emploie en topique les feuilles de cette dernière plante, bouillies dans l'eau et pilées; les racines du cyclaminos, avec l'aizoon; l'espèce d'hypéricon que nous avons appelé corion (XXVI, 52).

LXXXI. [1] Aux nerfs et aux articulations conviennent : le plantain pilé avec du sel, l'argémone broyée dans du miel. On frotte avec le suc du peucedanum les personnes affectées de spasme, de tétanos. Pour les duretés des nerfs on emploie en topique le suc de l'aegilops (XXV, 93); pour les douleurs, l'érigeron dans du vinaigre. En cas de spasme et d'opisthotonos, il est avantageux d'être frotté avec l'épithymum (XXVI, 35), avec la graine de l'hypéricon appelé coris (XXVI, 53 ), et de prendre en boisson cette même graine. Le phryidon (XXV, 76) guérit, dit-on, même les nerfs coupés si on l'applique immédiatement, pilé ou mâché. Pour le spasme, Le tremblement, l'opisthotonos, on administre en boisson la racine d'alcea (XXVII, 6) dans de l'eau miellée. De cette manière aussi elle réchauffe dans les frissons.

LXXXII. [1] La graine rouge de la pivoine arrête l'écoulement du sang; même propriété dans la racine; mais c'est au clymenos (XXV, 33) qu'il faut avoir recours quand le sang est rejeté ou par la bouche, ou par les narines, ou parle siège, ou pur l'utérus. On emploie la lysimachia, soit en boisson, soit en topique, soit introduite dans les narines; la graine du plantain ; la quintefeuille en boisson et en topique; la graine de ciguë pilée dans de l'eau et introduite dans les narines, si le sang s'échappe par cette voie; l'aizoon (XXV, 102), la racine d'astragale. Le sang est encore arrêté par l'ischaemon (XXV, 45) et par l'achillea.

LXXXIII. (XIII.) [1] L'equisetum, appelé hippuris par les Grecs (oquisetum limosum, L. ), et que nous avons condamné en parlant des prés (XVIII, 67, 8) (c'est une espèce de poil de la terre, semblable à des crins de cheval ), l'equisetum consume la rate des coureurs (XI, 80) : on le fait bouillir dans un vase de terre neuf, autant que le vase en peut contenir, jusqu'à réduction de deux tiers : pendant trois jours on boit une hémine de cette décoction; avant de s'y mettre, on s'abstient pendant un jour entier de tout aliment gras. Les Grecs varient sur cette plante : suivant les un, qui le nomment hippuris. Il a les feuilles semblables à celles du pin, et est noirâtre ; il possède des vertus tellement admirables, qu'il suffit d'en toucher le malade pour arrêter les hémorragies; suivant les autres, cette plante, appelée tantôt hippuris, tantôt ephedros, tantôt anabase (ephedra fragilis, L. ), croît auprès des arbres, sur lesquels elle grimpe, et d'où elle pend en touffes chevelues, nombreuses, noires comme est la queue des chevaux : elle a les branches articulées ; peu de feuilles, minces et petites ;

[2] la graine ronde, semblable à celle de la coriandre; la racine ligneuse; on la trouve principalement dans les lieux boisés. Elle a des propriétés astringentes. Le suc, renfermé dans les narines, arrête l'épistaxis; il arrête aussi le cours de ventre. Pris à la dose de trois cyathes dans du vin doux, il guérit la dysenterie; il est diurétique. Il guérit la toux, l'orthopnée, les ruptures, les affections serpigineuses. On prend en potion les feuilles pour les maladies des intestins et de la vessie. Il contient l'entérocèle. On décrit encore un autre hippuris (equisetum telmateia), à touffes plus courtes, plus molles, plus blanches. On prétend que celui-ci est très bon pour la coxalgie, et, appliqué avec du vinaigre, pour les plaies, à cause ide sa propriété hémostatique. On applique aussi sur les plaies le nymphaea pilé. Le peucedanum avec la graine de cyprès se prend en potion, lorsque le sang est rejeté par la bouche ou s'échappe par les voies inférieures. Le sidéritis (XXV, 15) a tant de puissance, qu'attaché à la blessure même récente d'un gladiateur il ferme le passage au sang, effet que produisent aussi la cendre ou le charbon de la férule, et, avec plus d'efficacité encore, le champignon qui croît près de la racine de cette plante.

LXXXIV. [1] Pour l'épistaxis on regarde comme efficace la graine de ciguë pilée dans de l'eau et introduite dans la narine, la stéphanornélis dans de l'eau. La poudre de bétoine prise dans du lait de chèvre et le plantain pilé arrêtent le sang qui s'échappe par la mamelle. On donne dans les vomissements de sang le suc de plantain. Pour les éruptions erratiques du sang on recommande la racine de persolata, appliquée avec du vieux oing.

LXXXV. [1] Pour les ruptures, les convulsions, les chutes de haut, on recommande la grande centaurée, la racine de gentiane pilée ou bouillie, le suc de bétoine, qui convient aussi aux maladies causées par les efforts de la voix ou de la poitrine, le ;milices, le scordion, l'aristoloche en boisson. Pour les contusions et les chutes on emploie l'agaric en boisson, à la dose de deux oboles dans trois cyathes de vin miellé, ou, s'il y a fièvre, dans de l'eau miellée; le verbascum à la fleur d'un jaune d'or, la racine d'acoron, toutes les espèces d'aizoon ; mais le suc de la plus grande a le plus d'efficacité; la décoction de la racine de grande consoude, le daucus cru. L'érysithales (cnicus erysithales, Wild.), dont la fleur est jaune et la feuille semblable à celle de l'acanthe, se prend en potion dans du vin; de même le chamaerops (XXIV, 80); l'irio (XVIII, 10, 7), dans un potage; le plantain, de toutes les façons.

LXXXVI. [1] Le phtiriasis, qui enleva le dicta teur Sylla (XI, 39; XX, 32 ), et qui engendre dans le sang même du patient les insectes destinés a ronger le corps, est combattu par le suc de l'uva taminia (XXIII, 13 et 14) ou celui de l'ellébore; on frotte le malade avec ces sucs, mêlés à l'huile. L'uva taminia, bouilli dans du vinaigre, débarrasse les hardes de cette vermine.

LXXXVII. (XIV.) [1] Il y a des ulcères de beaucoup d'espèces, et on les traite de plusieurs manières différentes. La racine de tous ses panacès, dans du vin chaud, s'emploie en typique sur les ulcères fluents. Le panacès que nous avons appelé chironion (XXV, 13) est particulièrement dessiccatif. Pilé avec du miel, il ouvre les tumeurs; on s'en sert pour les ulcères serpigineux qui sont désespérés, en l'amalgamant avec la fleur de cuivre traitée par le vin ; et pour cela on se sert soit de la fleur, soit de la graine, soit de la racine. La même plante, avec la polenta, est bonne pour les vieilles plaies, que détergent aussi l'héraclion sidérion (XXV, 15), l'apollinaris, le psyllium, la tragacantha, le scordotis avec du miel.

[2] La poudre de scordotis jetée seule sur les fongosités les consume. La polemonia guérit les ulcères appelés cacoèthes. La grande centaurée, en cataplasme ou saupoudrée sur le mal, les feuilles de la petite bouillies ou pilées, détergent aussi et guérissent les vieux ulcères. On applique sur les plaies récentes les follicules du clymenos. Sur les ulcères serpigineux on applique de la gentiane, soit la racine pilée ou bouillie dans de l'eau jusqu'à consistance de miel, soit le suc; sur les plaies, le lycium (sorte d'onguent) (XXIV,77) préparé avec la gentiane.

[3] La lysimachia guérit les plaies récentes; le plantain, les plaies de toute espèce, particulièrement celles des femmes, des vieillards et des enfants. Cette plante, attendrie par l'action du feu, est meilleure : avec du cérat, elle déterge les ulcères à bords épais, et elle arrête les ulcères rongeants ; Il faut, après l'avoir appliquée pilée, la recouvrir de ses propres feuilles. La chélidoine dessèche les suppurations, les collections et les clapiers. Elle dessèche si bien les plaies, qu'on l'emploie au lieu de spode. On l'applique avec de l'axonge sur les plaies désespérées. Le dictame (XXV, 53) à l'intérieur fait tomber les flèches, et à l'extérieur fait sortir des chairs les autres traits;

[4] on la prend en boisson, une obole des feuilles dans un cyathe d'eau. Même propriété à peu près dans le pseudo-dictame. Ces deux plantes dissipent aussi les suppurations. L'aristoloche cautérise les ulcères putrides, déterge, avec du miel, les ulcères sordides, et enlève les vers ainsi que les callosités qui se forment dans les ulcères, tous les corps étrangers enfoncés dans les chairs, particulièrement les flèches, et, avec de la résine, les esquilles osseuses; seule, elle remplit les cavités des ulcères; avec l'iris, dans du vinaigre, elle ferme les plaies récentes. La verveine, la quintefeuille avec du sel et du miel, cicatrisent les vieux ulcères.

[5] Les racines de la persolata s'appliquent sur les blessures récentes faites par le fer; les feuilles, sur les vieilles plaies; les unes et les autres avec de l'axonge, et par-dessus on met les feuilles de la plante. Le damasonium s'emploie comme pour les scrofules (XXVI, 121. Les feuilles du verbascum s'emploient dans du vinaigre ou dans du vin. La verveine est bonne pour toutes les espèces d'ulcères soit calleux, soit putrides. La racine du nymphaea heraclia guérit les ulcères fluents; de même la racine du cyclaminos, soit seule, soit dans du vinaigre, soit avec du miel. La même racine est bonne contre les stéatomes; l'hysope, contre les ulcères fluents, ainsi que le peucedanum, qui a tant de puissance pour les plaies récentes, qu'il fait exfolier les os. Les anagallis ont les mêmes propriétés ; ils arrêtent les ulcères rongeants et les fluxions; ils sont avantageux aussi dans les plaies récentes, surtout chez les vieillards.

[6] Les feuilles fraîches de la mandragores avec le cérat s'emploient pour les apostèmes et les ulcères de mauvaise nature; pour les plaies on se sert de la racine, avec du miel ou de l'huile. La ciguë incorporée à de la farine avec du vin, et l'aizoon, guérissent les herpès, les ulcères rongeants, les ulcères putrides. L'érigeron s'emploie pour les ulcères vermineux. Pour les plaies récentes on se sert de la racine d'astragale. Les vieux ulcères sont détergés par les deux espèces d'hypoeisthis. La graine du léontepodium pilée dans de l'eau, et appliquée avec de la polenta, fait sortir des chairs le fer des flèches; de même la graine du pycnocome. Le tithymale characias, soit par son suc, soit par la décoction de ses branches avec de la polenta et de l'huile, arrête les ulcères gangréneux, phagédéniques, putrides. Autant font les racines de l'orchis; et de plus, soit sèches, soit récentes, dans du vinaigre et du miel, elles guérissent les ulcères cacoèthes. L'oenothéra (XXVI, 69), employé seul, guérit les ulcères qui deviennent malins. Les Scythes traitent les plaies avec la scythice (XXV, 42).

[7] L'argémone dans du miel est très bonne pour 'les carcinomes. Pour les plaies trop tôt fermées on emploie la racine d'asphodèle bouillie comme nous avons dit (XXII, 33 ), pilée avec de la polenta, et appliquée; pour toutes les espèces de plaies, l'apollinaris. La racine d'astragale réduite en poudre est .bonne pour les ulcères humides; de même le callithrix (XXII, 30) bouilli dans de l'eau. On se sert en particulier, pour les ulcérations produites par la chaussure, de la verveine, de la lysimachia pilée, du nymphaea séché, et réduit en poudre. Pour ces mimes ulcérations invétérées le polythrix vaut mieux.

LXXXVIII. [1] Le polycnemon (ziziphora captata, L.) ressemble à la cunila bubula : il a la graine du pouliot, beaucoup de rejetons, de nombreuses articulations, des tètes de fleur d'une odeur forte et agréable. Mâché on l'applique sur les plaies faites par le fer, et ou ne l'enlève que le cinquième jour. La grande consoude cicatrise rapidement; de même le sidéritis. On fait de ce dernier un cataplasme avec le miel. La graine et les feuilles da verbascum, cuites dans du vin et pilées, font sortir tous les corps étrangers enfoncés dans les chairs; de même les feuilles de la mandragore avec de la polenta ; de même les racines du cyclaminos avec du miel. Les feuilles du trixago broyées dans de l'huile s'appliquent surtout sur les ulcères serpigineux, ainsi que l'algue broyée dans du miel. La bétoine s'emploie pour les carcinomes et les vieilles taches noires, avec addition de sel.

LXXXIX. [1] Les verrues sont enlevées par l'argémone dans du vinaigre, ou par la racine du batrachion (XXV, 109 ), qui fait tomber aussi les ongles malades, par les feuilles ou le suc, employé en topique, des deux mercuriales. Toutes les espèces de tithymale enlèvent toutes sortes de verrues, toutes les excroissances membraneuses, et les boutons du visage. Le ladanum donne une belle couleur aux cicatrices. (XV.) Le voyageur qui porte de l'armoise (XXV, 81) et de la sauge attachées sur lui ne ressent point, dit-on, de lassitude.

XC. [1] Un spécifique universel pour les maladies des femmes est la graine noire de la pivoine (XXV, 10) dans de l'eau miellée; une vertu emménagogue appartient à la racine de la même plante. La graine du panacès avec l'absinthe, le scordotis à l'intérieur et à l'extérieur, provoquent les règles et les sueurs. La bétoine, à la dose d'une drachme dans trois cyathes de vin, se prend contre toutes les affections de matrice ou les suites de couches. On arrête les règles trop abondantes avec un cataplasme d'achillea ou un bain de siège dans la décoction de cette plante. Sur les mamelles on applique la graine de la jusquiame dans du vin; sur la vulve la racine en cataplasme; sur les mamelles, la chélidoine.

[2] Les racines de panacès en pessaire font sortir l'arrière-faix en retard ou le foetus mort. Le panacès même, pris dans du vin ou appliqué en pessaire avec du miel, déterge la matrice. La polemonla prise dans du vin chasse l'arrière-faix. L'odeur de cette plante brûlée est bonne pour l'hystérie. Le suc de la petite centaurée, en boisson et en fomentation, est emménagogue, ainsi que la racine de la grande, qui est bonne de la même manière pour les douleurs de la matrice. Cette racine, ratissée et en pessaire, fait sortir le foetus mort. Pour les douleurs de matrice on fait avec le plantain un pessaire dans de la laine; pour les suffocations hystériques on le prend en boisson.

[3] Mais ce qui a le plus d'efficacité, c'est le dictame; il est emménagogue; il fait sortir les foetus morts et ceux qui sont placés de travers. On prend dans de l'eau une obole des feuilles; et il est tellement actif, qu'on se garde même d'en porter dans la chambre de femmes enceintes. Il opère non seulement en boisson, mais encore en topique et en fumigation. Le pseudo-dictame vient après : pour qu'il soit emménagogue, il faut le faire bouillir à la dose d'un denier avec du vin pur. Mais l'aristoloche a plus d'usages : avec de la myrrhe et du poivre, en boisson ou en pessaire, elle est emménagogue, et provoque la sortie de l'arrière-faix et du foetus mort. Cette plante, surtout la petite espèce (XXV, 54), en fomentation, en fumigation ou en pessaire, empêche la chute de la matrice. On guérit les suffocations hystériques et la dysménorrhée, avec l'agaric, trois oboles dans un cyathe de vin vieux ; avec la verveine en pessaire, dans de la graisse de porc récente; avec l'antirrhinon, dans de l'huile rosat et du miel.

[4] La racine du nymphaea de Thessalie (XXV, 37) en pessaire guérit les douleurs de matrice ; prise dans du vin rouge, elle arrête les pertes : au contraire, la racine du cyclaminos en boisson et en pessaire est emménagogue. Un bain de siége dans la décoction de cette plante guérit les affections de la vessie. Le cissanthemos, en boisson, chasse l'arrière-faix, périt la matrice. La racine supérieure du xiphium est emménagogue, une drachme en boisson dans du vinaigre. Le peucedanum, brûlé, soulage par son odeur les suffocations hystériques. Le psyllium, à la dose d'une drachme dans trois cyathes d'eau miellée, fait très bien couler les flueurs blanches. La graine de la mandragore, en potion, déterge la matrice; le suc, en pessaire, provoque l'éruption des règles et la sortie du foetus mort; d'un autre côté, la graine avec du soufre vif (XXXV, 50) arrête les règles trop abondantes : au contraire, le batrachion, en boisson ou en aliment, est emménagogue.

[5] Cette plante, qui, comme nous l'avons dit (XXV, 109), est âcre et brûlante lorsqu'elle est crue, est, lors s qu'elle est cuite, d'un bon usage, avec du sel, cic l'huile et du cumin. Le daucus en boisson détermine très aisément l'éruption des règles et la sortie de l'arrière-faix. Le ladanum, en fumigation, guérit l'hystérie. Dans les douleurs et les ulcérations de la matrice on l'emploie en topique, La scammenée en boisson ou en pessaire fait sortir les foetus morts. Les deux hypéricons (XXVI, 53 et 54) en pessaire sont emménagogues. Mais la plante qui parait à Hippocrate (De morb. mul., I, t. 10 ) la plus efficace est le crethmos dans du vin, soit la graine, soit la racine. L'écorce fait sortir aussi l'arrière-faix. Cette plante prise dans de l'eau est bonne pour les suffocations hystériques; de même la racine du géranion, qui convient particulièrement pour l'arrière-faix et pour les pneumatoses de la matrice. L'hippuris en boisson et en pessaire déterge l'utérus. Le polygonus (XXVII, 91) en boisson et la racine d'althaea sont emménagogues, ainsi que les feuilles du plantain et l'agaric dans de l'eau miellée.

[6] L'armoise pilée, en pessaire, dans de l'huile d'iris, ou avec une figue, ou avec de la myrrhe, guérit les affections de matrice. La racine en boisson est tellement active, qu'elle fait sortir les foetus morts. Un bain de siège dans une décoction des branches de cette plante est emménagogue, et facilite la sortie de l'arrière-faix; de même les feuilles en boisson, à la dose d'une drachme. Elles produisent encore les mêmes effets, appliquées seules sur le ventre ou avec de la farine d'orge. Pour les maladies intérieures des femmes on recommande encore l'acoron, les deux conyza (XXI, 29), et le crethmos. Les deux anthyllis, en potion dans du vin, sont très bons pour la matrice, pour les tranchées utérines, pour le retard de l'arrière-faix. Le callithrix en fomentation guérit les parties secrètes, enlève les pellicules blanches de la tête, et, pilé dans de l'huile, colore les cheveux. Le géranion dans du vin blanc, l'hypocisthis dans du vin rouge, arrêtent les pertes.

[7] L'hysope soulage les suffocations utérines. La racine de verveine, en boisson dans de l'eau, est excellente pour tous les accidents qui surviennent pendant ou après l'accouchement. Au peucedanum quelques-uns mêlent dans du vin rouge la graine de cyprès pilée. La graine du psyllium bouillie dans l'eau, et tiède, adoucit toutes les inflammations de l'utérus. La grande consoude broyée dans du vin rouge est emménagogue. Le scordotis en boisson, une drachme de suc dans quatre cyathes d'eau miellée, accélère l'accouchement. On donne aussi pour cela avec succès les feuilles de dictame dans de l'eau : Il est certain qu'une obole de ces feuilles, quand même l'enfant serait mort dans l'utérus, le fait sortir sur-le-champ sans aucun mal pour la femme; même effet avec le pseudo¬dictame, mais plus lent; avec le cyclaminos en amulette; avec le cissanthémos en boisson; avec la bétoine en poudre dans de l'eau miellée.

XCI. [1] L'arsénogonon et le thélygonon (mercurialis perennis, L.) sont des herbes qui ont des grappes semblables aux fleurs de l'olivier, mais plus pâles, et une graine blanche comme celle du pavot. On prétend que le thélygonon pris en boisson fait concevoir des filles. L'arsénogonon n'en diffère que par sa graine, qui ressemble à celle de l'olivier. Ajouterons-nous foi à ce qu'on dit, que l'arsénogonon pris eu boisson fait concevoir des garçons? D'autres prétendent que ces deux plantes ressemblent à l'ocimum, mais que la graine de l'arsénogonon, laquelle est double, a de la ressemblance avec les testicules.

XCII. [1] L'aizoon, que nous avons nommé digitellus (XXV, 102), est souverain pour les affections des mamelles. On fait venir le lait en abondance avec l'érigeron dans du vin cuit; avec le sonchus (XXII, 44), cuit dans de la farine. La plante appelée mastos (mamelle), en topique, guérit l'affection des mamelles appelée poil, qui survient après l'accouchement, ainsi que le masque des nouvelles accouchées et d'autres affections de la peau. La gentiane, le nymphaea herscha en topique, la racine de cyclaminos, enlèvent toutes les taches de la peau. Les grains de la cacalia, incorporés à de la cire liquide, font une pommade qui tend la peau du visage et en efface les rides. La racine de l'acoron corrige tous les vices de la peau.

XCIII. [1] La lysimachia rend les cheveux blonds. L'hypéricon, nommé aussi corion, les rend noirs; de même l'ophrys (ophrys bifolia, L.), qui ressemble au chou dentelé, et qui n'a que deux feuilles; de même la polemonia bouillie dans de l'huile. Nous rangeons, nous, les épilatoires parmi les cosmétiques propres aux femmes, encore que les hommes en fassent maintenant usage. On regarde comme très efficace l'archézostis (XXVI, 70), le suc du tithymale, dont on se frotte soit au soleil, avec de l'huile, à plusieurs reprises, soit après s'être arraché les poils. L'hysope, dans de l'huile, guérit la gale des quadrupèdes; le sidéritis, en particulier, l'esquinancie des cochons. Maintenant passons aux espèces de plantes dont il nous reste à parler.