Hippocrate

HIPPOCRATE

 

TOME VII

INTRODUCTION

 

HIPPOCRATE

 

 

 

ŒUVRES

 

COMPLÈTES

 

D'HIPPOCRATE,

 

TRADUCTION NOUVELLE

AVEC LE TEXTE GREC EN REGARD,


COLLATIONNÉ SUR LES MANUSCRITS ET TOUTES LES ÉDITIONS ;


ACCOMPAGNÉE D'UNE INTRODUCTION,


DE COMMENTAIRES MÉDICAUX, DE VARIANTES ET DE NOTES PHILOLOGIQUES;


Suivie d'une table générale des matières.

 

PAR É. LITTRÉ,


DE L'INSTITUT (ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES - LETTRES ),

DE LA SOCIÉTÉ D'HISTOIRE NATURELLE DE HALLE,


Tοῖϲ τῶν παλαιν ἀδρῶν
ὁμιλῆσαι
γράμμασι.
GAL.


TOME CINQUIÈME.



A PARIS,

CHEZ J. B. BAILLI ÈRE,

LIBRAIRE DE L'ACADÉMIE NATIONALE DE MÉDECINE,


RUE HAUTEFEUILLE, N° 49.

LONDRES, CHEZ H. BAILLIÊRE, 219, REGENT-STREET ;

A NEW-YORK, CHEZ H. BAILLIERE, 169, FULTON-STREET;

A MADRID, CHEZ CH. BA1LLY-BAILLIÈRE, LIBRAIRE, CALLE DEL PRINCIPE, 11
1846.



OUVRAGES

QUI SONT ATTRIBUÉS A HIPPOCRATE.

DEUXIÈME CLASSE.

Περὶ φύσιος ἀνθρώπου . — De la nature de l'homme.
Περὶ διαίτης ὑγεινῆς. — Du régime des gens en santé.

TROISIÈME CLASSE.

Προρρητιλὸς α. — Premier prorrhétique.
Κωακαὶ προγνώσις. — Prénotions de Cos.

QUATRIÈME CLASSE.

Περὶ ἑλκῶν. — Des ulcères.

Περὶ συρίγγων. — Des fistules.

Περὶ αἱμορροίδων. — Des hémorrhoïdes.

Περὶ ἱερῆς νόσου. — De la maladie sacrée.

Περὶ πνευμάτων. — Des airs.

Περὶ τόπων τῶν κατ' ἄνθρωπον. — Des lieux dans l'homme.

Περὶ τέχνης. — De l'art.

Περὶ διαίτης, α, β, γ. — Du régime, en trois livres.

Περὶ ἐνυπνίων. — Des songes.

Περὶ παθῶν. — Des affections.

Περὶ τῶν ἐντὸς παθῶν. — Des affections internes.

Περὶ νούσων α, β, γ.. — Des maladies, I, II, III.

IΠερὶ ἑπταμήνου. — De la naissance à sept mois.

Περὶ ὀκτομήνου. — De la naissance a huit mois.

Ἐπιδημιών β, δ, ε, ς, ζ — Épidéniee ΙΙ, IV, V, VI et VIΙ

Περὶ χυμῶν. — Des humeurs.

Περὶ ὑγρῶν χρήσμος. — De l'usage des liquides.

Рouг ces classes, on peut se référer au tome Ier, pages 365— 372. Je les place après les œuvres que je regarde comme plus particulièrement dues à Hippocrate lui-même; toutefois j'ai préféré mettre immédiatement à la suite de ces écrits ceux qui y ont les rapports les plus directs, tels sont les IIe, IVe Ve, VIe et VIIe livres des Épidémies, le livre des Humeurs, celui de l'Usage des liquides, le 1er des Prorrhétiques, les Prénotions de Cos, le livre des Ulcères, avec les opuscules sur les Fistules et sur les Hémorrhoides, qui n'en peuvent guère être détachés. Cela forme un ensemble de notes, d'extraits, qui ont les relations les plus nombreuses avec les livres figurant dans les quatre premiers volumes. Le reste des deuxième, troisième, quatrième et cinquième classes sera rangé à la suite, et comprend des livres fort divers, mais tous ayant reçu une rédaction définitive, tous destinés à la publication et dont chacun a besoin d'un examen particulier.

ΕΠΙΔΗΜΙΩΝ

 

ТО ΔΕΥTEPON, TO TETAPTON, TO ΠEMΠTON, ТО EKTON KAI ТО EBΔOMON.

 

ÉPIDÉMIES II, IV, V, VI et VII.

 

ARGUMENT.

Les cinq livres des Épidémies ci-dessous désignés me paraissent un des monuments les plus singuliers qui nous soient parvenus de l'antiquité ; ce sont des notes sans rédaction définitivere, papiers, si je puis me servir de cette expression moderne, sauvés du cabinet d'un médecin, mémoires médicaux qui n'étaient point destinés à la publication sous cette forme. Outre la curiosité qui s'attache à de pareilles pièces, ces papiers ne sont pas non plus dénués d'importance, et, comme on le verra, ils renferment des observations d'un grand intérêt. Ces cinq livres ayant des rapports très-nombreux entre eux, un argument général m'a paru nécessaire.µ

I. Division des cinq livret des Épidémies. Ils se divisent en deux groupes : le IIe , le IVe et le VIe tiennent entre eux par les liens les plus étroits, et, à vrai dire, c'est un seul et unique travail, un recueil de notes dans lesquelles l'auteur se réfère continuellement d'un livre à l'autre. Le Ve et le VIIe sont entre eux dans le même rapport : les observations incomplètes dans celui-ci sont complétées dans celui-là. D'autre part, ces deux groupes ne présentent entre eux que des communautés très-restreintes et très-peu nombreuees. Il s'agit de démontrer ces trois faits.

Considérons d'abord les rapports de Ép. ii avec Ép. iv. Il est dit Ép. ii, 1, 7 : « II faut encore que le dépôt ne soit pas au-dessous de la grandeur de la maladie, comme chez la nièce de Téménès : à la suite d'une maladie intense, dépôt sur un doigt ; le doigt ne suffisait pas à recevoir le dépôt ; récidive, mort. » Or, on lit Ép. iv, 26, tout au long l'histoire de cette nièce de Téménès, de laquelle a été tiré l'exemple d'Ép. ii; on y voit qu'au onzième jour d'une maladie fébrile, le pouce droit s'enflamma , qu'il survint alors de l'amélioration ; mais que le seizième jour l'inflammation locale s'affaissa et que la malade succomba. Il est dit Ép. ii, 2,9: « Apernante, le père du charpentier et Nicostrate, ne toussèrent pas, mais ils avaient des douleurs ailleurs, aux reins; interrogés, ils dirent qu'ils se remplissaient continuellement d'aliments et de boissons. » Cette note a des connexions varices avec Ép. iv et vi. En effet, Ép. iv, 29, les observations d'Apémante, du père du charpentier et de Nicostrate, sont données avec des détails ; il n'y est en effetmention d'aucune toux. Il faut remarquer dans Ép. ii les mots ne toussèrent pas; pourquoi le dire dans une affection des reins ? cela paraît inintelligible ou , pour mieux parler, est une note dont nous n'avons plus le sens; mais, ce sens, on le retrouve en se reportant à Ép. vi, 7, 10, où il est question de la toux épidémique qui sévit sur Périnthe ; là, on voit que cette toux laissa des reliquats sérieux chez les personnes d'une santé altérée, que cependant il y eut des individus atteints d'affections chroniques qui n'eurent pas de ces reliquats, par exemple ceux qui souffraient de douleurs rénales. Cela se rapporte évidemment à Êp. ii : Apernante, le père du charpentier et Nicostrate étaient de Périnthe, ils n'eurent pas la toux épidémique ; ce qui explique le ne toussèrent pas ; ce qui explique aussi le ils avaient des douleurs ailleurs; l'auteur hippocralique observe que, bien que les personnes maladives eussent particulièrement souffert de la toux, les affections rénales firent exception. Enfin, dernière connexion de ce passage d'Ép. ii, il est dit Ép. vi, 1,5, que, lorsqu'on se remplit d'aliments, on éprouve une douleur gravative aux reins , remarque qui est en rapport avec l'observation faite Ép. ii sur nos trois néphrétiques, qui, eux, se remplissaient d'aliments et de boissons. Je me borne à ces indications : j'ai noté soigneusement dans la traduction toutes les correspondances, et, en la feuilletant, on en trouvera plusieurs autres.

Les rapports d'Ép. ii avec Ép. vi, sont également incontestables. Déjà on vieut de voir que les observations relatives à Apernante, au père du charpentier et à Nicostrale, qui témoignent une relation entre Ép. ii et Ép. iv, lient aussi Ép. ii avec Ép. vi. On lit Ép. vi, 3, 11, l'histoire de Scopus et d'Antigène, de Périnthe, dans laquelle la crise est représentée comme tenant à l'évacuation d'urines quasi-spermatiques. Dans Ép. vi, 2, 19, il est fait allusion à l'influence critique de pareilles évacuations, à Périnthe aussi, ce qui identifie les deux passages. Quelquefois la rédaction dans l'un de ces livres est l'abrégé du passage correspondant dans l'autre. On lit Ép. ii, 1,3: « C'est en automne qu'il y a le plus de vers intestinaux et de cardialgies ; et cette cardialgie est moins nuisible que quand la maladie est par elle-même cardialgique. Les ascarides tourmentent le soir comme cette affection ; et c'est l'heure du jour où ils sont le plus fatigants , non-seulement parce qu'alors on est plus mal à l'aise, mais aussi par eux-mêmes et indépendamment de cette circonstance. » Parallèlement on lit Ép. vi, 1,2: « En automne, les vers intestinaux, les cardialgies, les frissons et les mélancolies. Au début, considérer les paroxysmes ainsi que dans tout le cours de la maladie, par exemple les redoublements du soir; considérer l'année; c'est aussi le soir que les ascarides tourmentent. » On peut (aire bon nombre de rapprochements pareils en rechercbant les renvois que j'ai mis dans la traduction.

Enfin, ríen de plus manifeste que les connexions qui existent entre Ép. iv et Ép. vi. On trouve Ép. vi, 7, 1, une description d'une toux épidémique qui régna à Périnthe et qui causa des impuissances tant aux membres supérieurs qu'aux membres inférieur«. Or, on a, parallèlement, Ép. iv, 50, des observations particulières qui appartiennent à l'histoire de celte toux. Il est dit au même endroit : Ép. vi, 7, 10, que In toux fut funeste aux individus atteints antécédemment d'affections chroniques ; un exemple en est donné Ép. iv, 49. Il y a Ép. ii, 47, une observation ainsi conçue: « Celui qui avait une plaie à la jambe offrit une éruption rouge et grande; cela suppléa à la récidive de la toux; en effet, il ne l'eut pas, mais il avait eu la toux du début. » Cette mention de la toux serait inintelligible si on ne se référait à Ép. vi, 7, 1, ouest décrite la toux épidémique, toux qui présentait en effet une intermission et une récidive, et à Ép. vi, 7, 10, où il est noté que certaines affections préservèrent de la récidive de la toux.Il est dit Ép. iv, 57, que Nicippe, ayant la fièvre, éprouvait des pollutions nocturnes, sans que son état empirât; or, Ép. vi, 6, 26, on lit que les pollutions sont funestes, avec cette restriction cependant qu'il n'en est plus de même si elles surviennent dans le cours d'une affection fébrile. Cette restriction est dans un rapport quelconque, mais certain, avec l'observation de Nicippe. Il est dit Ép. vi, 7,10, que l'individu auprès de qui Cyniscus conduisit l'auteur ne souffrit point, quoique ayant une affection chronique, des reliquats de la toux épidémique de Périnthe; l'histoire de cet individu, à laquelle il n'est fait là qu'une simple allusion, se trouve tout au long Ép. iv, 03. Voici encore une observation de Ép. iv, 36 : « Le foulon éprouvait de la douleur au cou et à la tète, le septième jour, le bras engourdi ; le neuvième, la jambe engourdie ; la toux cessa. » Ceci est encore une observation particulière se référant à la description générale de la toux épidémique avec paralysie qui est Ép. vi, 7, 1. Après des exemples aussi décisifs, il est inutile de signaler d'autres endroits parallèles; le lecteur, à l'aide de mes renvois, étendra, s'il le veut, cette comparaison.

On voit donc que Ép. ii, iv et vi sont entre eux dans des rapports tels qu'ils appartiennent au même auteur. Il serait même impossible d'établir entre eux une antériorité. Cela tient à ce que ces notes, déposées sans doute sur des feuillets détachés, ont été réunies après la mort de l'auteur dans un ordre qui n'était pas l'ordre primitif, si tant est que l'un puisse admettre un ordre pour des pensées jetées à fur et mesure et пол encore préparées pour la publication. Il est dit Ép. ii, 3, 8, que les mouvements d'humeur se font dam la direction de la partie affectée : par exemple , affection de la rate, epistaxis par la narine gauche. Cette phrase est répétée, Ép. vi, 2, 5; nuns la un doute est exprimé, et l'auteur se demande si, les dépôts de bas en baut se faisant dans la direction, les dépôts de haut en bas se font dans la direction aussi. A ce propos, Galien s'adresse une question que d'autres commentateurs s'étaient adressée avant lui : la phrase du vie livre a-t-elle été écrite avant celle du iie, ou vice versa? Dans la première hypothèse, l'auteur aura levé les doutes qui s'étaient présentes à son esprit, et il aura dans le iie livre supprimé la restriction ; dans la seconde hypothèse, des faiti nouveaux se seront offerts à lui, et il n'aura plus dans le vie livre parlé qu'avec doute. Cet exemple, que j'emprunte à Galien, est applicable à bon nombre de lieux parallèles entre Ép. ii, iv et vi. Il faut encore porter en ligne de compte les passages textuellement répétée de l'un i l'autre livre, répétitions que j'ai aussi indiquées soigneusement. Il demeure donc prouvé que ces trois livres forment un groupe cohérent et représentent une masse de travaux exécutés sous des influences et dans des circonstances communes.

Le second groupe est constitué par Ép. v et vii. Le même genre de preuves démontre la connexion entre les deux livres. Outre les répétitions textuelles, qui sont plus nombreuses encore que pour les livres précédents et qui comprennent parfois des pages entières, il est des rapports que j'appellerai plus intimes. Ainsi on trouve Êp. v, 84, une observation ainsi conçue :  « Chez Parméniscus il y avait, même antécédemment, des découragements, un désir de quitter la vie, et derechef bon courage. » Cette histoire, si brève ici, est considérablement développée Ép. vii, 89; là on voit que la phrase d'Ép. v n'est que le commencement, et que cette note ainsi jetée a été reproduite Ép. vii, avec l'histoire complète de Parméniscus. Même remarque à faire pour les observations de l'enfant de Phanias et de celui d'Évergète, Ép. v, 97; là, cette double observation ne consiste qu'en quelques mots; mais Ép. vii, 34, des détails sont ajoutés; par exemple, on y voit que ces enfants furent trépanés, ce qui n'est point énoncé Ép. v. L'histoire du garçon de Nicolaus, Ép. v, 88, est tronquée, on croirait même que le malade guérit ; cependant il n'en est rien ; cette même histoire est reprise Ép. vii, 92, avec des détails suffisants ; là, on voit que le malade succomba le septième jour. Il est dit Ép. v, 71, que Bias fut pris d'accidents cholériques après avoir mangé beaucoup de viande, et l'auteur ajoute, à la suite, les conditions qui favorisent le plus la production de pareils accidents; le passage est répété Ép. vii , 82, avec cette différence, toutefois, que le cas particulier de Bias est omis et qu'il ne reste que la mention générale relative aux causes. On trouve Ép. v, 89, l'histoire de la sœur de Diopithès, qui, affectée d'une fièvre hémitritée, avait à chaque accès une violente cardialgie; cette observation est répétée Ép. vi, 95, mais là elle n'est plus isolée, et elle est accompagnée de deux autres observations de fièvre hémitritée, avec cardialgie ; cela montre que le passage d'Ép. v n'est qu'un fragment d'une relation plus complète conservée dans Ép. vii. On voit donc que ces deux livres sont connexes et constituent des parties d'un tout commun.

Ces rapprochements établissent de lu façon la plus formelle deux groupes entre Ép. ii, iv, v, vi et vii. Il faut y ajouter ce que j'ai déjà indiqué à plusieurs reprises, les répétitions textuelles et en grand nombre qui se trouvent d'une part d'Ép. iii à Ép. ii et iv, et d'autre part d'Ép. v à Ép. vii. Ces répétitions concourent à fortifier les liens qui unissent respectivement les diverses parties de ces deux groupes. Par là aussi on comprend combien les premiers arrangeurs de Ia Collection hippocratique ont été mal inspirés quand ils ont placé Ép. iii entre Ер. ii et iv, et quand ils ont séparé Ép. v et Ép. vii par l'interposition d'Ép. vi. Il serait facile de remettre ces livres dans un meilleur ordre à l'aide des rapprochements que j'ai exposés; toutefois il vaut mieux respecter l'ordre ancien, quelque vicieux qu'il soit, établi qu'il est depuis les premiers temps de l'existence de la Collection hippocratique à Alexandrie.

Maintenant, si l'on compare l'un avec l'autre les deux groupes , on verra, chose singulière, qu'ils n'ont ensemble presque aucun rapport du genre de ceux que je viens de signaler. Je n'en ai pu trouver que deux. On a Ép. v, 44, l'observation de l'enfant d'Athénadès, qui fut affecté d'un ulcère rongeant à la mâchoire, ce qui détermina la chute de plusieurs dents; cette observation est répétée dans les mêmes termes Ép. iv, 19. Une connexion non moins digne d'attention est le passage d'Ép. vi, 8, 27, qui contient une note très-brève sur une fistule, comparé au passage parallèle Ép. vii, 117, où l'observation est détaillée ; des cas ainsi abrégés dans un livre, exposés avec étendue dans un autre, prouvent de In manière la plus péremptoire les connexions dont il s'agit, et il est certain que l'auteur des livres du premier groupe, s'il n'est pas l'auteur dee livres du deuxième, les a eus sous les yeux et les a consultés, et vice versa.

Les anciens critiques avaient jusqu'à un certain point reconnu ces deux groupes. D'après Galien (Comm. Ép. vi, 2, 15), on pensait que Ép. n et vi étaient des notes écrites par Hippocrate pour son usage personnel et recueillies par son filsTbessalns, notes qui, dans l'opinion de quelques commentateurs, avaient été augmentées par Thessalus lui-même et par ses successeurs ; quelques-uns mettaient Ép. iv dans la même catégorie, ce qui répond exactement au groupe que j'ai formé. D'après Galien encore (Comm. Ép. vi, Préambule), les livres Ép. v et vii étaient regardés comnve n'appartenant pas à Hippocrate et comme manifestement supposés, ἐναργῶς νοθά : on еа faisait donc virtuellement un autre groupe. Quoi qu'il en soit des questions d'authenticité , j'établis, non pas comme un fait probable, mais comme un fait certain, les connexions qui unissent d'un« part Ép. ii, iv et vi, d'autre part Ép. v et vii , et la séparation de ces deux groupes en deux systèmes presque complètement indépendants.

II. Des villes oit les Hippocraliques ont exercé la médecine.Il faut maintenant examiner ces groupes par rapport aux noms de villes qui y figurent. On trouve dans le premier : Cranon, ville de Thessalie, non loin de Larisse, Ép. ii, 1, 1; iv, 14, 37; vi, 1, 7; vi, 3, 2; Périnthe, ville de Thrace, située sur la Propontide, Ép. ii, 1, 5; ii, 3, 1; ii, 3, 11 ; vi, 2, 19; vi, 7, 10;  Aenos, ville de Thrace, a l'embouchure de l'Hèbre, Ép. ii, 4, 3; iv, 48; vi, 4, 11 ; Acanthes, ville de la Péninsule Chalcidiqtu, sur le golfe du Strymon, Ép. iv, 20; Abdère, ville de Thrace, Ép. iv, 31, 56; vi, 8, 30, 32; Corinthe, ville du Péloponèse, Ép. iv, 40; Pharsale, ville de Thessalie, non loin de Larisse, Ép. vi, 8, 18; Thasos, île de la mer Egée, sur la côte de Thrace, Ép. vi, 8, 29; vi, 8, 32.

Le médecin qui a écrit Ép. ii, iv et vi a donc pratiqué (allant de la Thrace vers la Grèce) à Périnthe, à Aenos, à Abdère, à Tbasos, à Acanthos, enfin à Cranon et à Pharsale, villes de Thessalie. Mais sa plus grande activité a été à Périnthe, comme on peut s'en convaincre en parcourant ces trois livres et comme on le verra ressortir encore davantage par l'énnmération des noms propres. Quant à Corinthe, ville du Péloponèse, la mention en est tout à fait incidente, et il est probable que c'est une note prise dans cette ville et ajoutée aux notes beaucoup plus nombreuses recueillies dans la Thrace et daus la Thessalie.

On trouve dang le second groupe : Elis, ville du Péloponèse, Ép. v, 1 ; v, 2 ; Oéniades, ville de Thessalie, sur les confins de la Doride, Ép. v, 3—8; Athènes, Ép. v,9; v, 10; Larisse, ville de Thessalie, Ép. v, 11 ; v, 13—25; Phères, ville de Thessalie, Ép. v, 12 ; le pays des Maliens, à l'extrémité .sud de la Thessalie, snr le golfe Malraque, Ép. v, 26; Omilos, qui est sans doute une ville de Thessalie, peut-être l'Honrilae de Ptolémée (Geogr. iii, 13), Ép. v, 27; v, 28; v, 29; v, 31 ; Salamine, Ép. v, 32; Délos, Ép. v, 61 ; vii, 32; Detos, ville de Thrace, Ép. v, 95; vii, 121; Cardia, ville de Thrace, sur le golfe de Mêlas, dans la Chersonnèse, Ép. v, 100; vii, 113; Abdère, Ép. v, 101; vii, 112; vii, 115; vii, 118; vii, 117; Olynthe, ville de Macédoine, attribuée aussi quelquefois à la Thrace, Ép. v, 106; vii, 20; vii, 80; vii, 89; Balée, ville de Macédoine, au dire de Galien dans son Glossaire, Ép. vii, 17; Acanthos, Ép. v, 52; vii, 71; Syros, île de la mer Egée, Ép. vii, 79; Besses, ville de Thrace, d'après Galien dans son Glossaire, et dont Foes rapporte là mention à Ép. vii, 105; Thyme, en Thrace, Ép. vii, 108 ; Pella, ville de Macédoine, Ép. vii, 118 ; Alaptes, localité dans la Thrace, d'après le Glossaire de Galien ; on croit la retrouver Ép. vii , 9, mais cela est douteux.

La revue de ces noms de villes montre que la principale activité de l'auteur des v et vii livres s'est exercée en Thessalie, particulièrement a Oeniades, à Larisse et à Omilos, puis accessoirement en Thrace et en Macédoine ; cependant la mention d'Athènes, d'Élis dans le Péloponèse, des îles de Délos et de Syros, fait voir que ce médecin avait notablement voyagé pendant la rédaction de ces noies. Si l'on compare tes points qui sont communs entre les deux groupes, on ne trouve que Abdère et Acanthos ; et, tandis que pour le le second groupe l'activité médicale est surtout en Thessalie, et secondairement en Thrace, elle est, pour le premier groupe, principalement à Périnthe, ville très-reculée de la Thrace, et accessoirement dans les parties de cette contrée plus voisine de la Grèce proprement dite.

Il ne sera pas sans intérêt de rapprocher de ce tableau les noms des villes qui se rencontrent dans Ép. i et iii, que tous les critiques anciens et modernes reconnaissent comme dus à Hippocrate et publiés par lui. Voici cette liste : Thasos, Ép. i, 1, 4,7 ; Ép. i, quatrième malade, neuvième malade; Ép. iii, quatrième malade, 1ere série ; premier malade, 2e série; deuxième malade, 2e série ; troisième malade, 2* série ; onzième malade, 2e série ; quinzième malade, 2e série ; Larisse, Ép. iii, cinquième malade, 2e série; douzième malade, 2esérie; Abdère, Ép. iii, sixième malade, 2e série; septième malade, 2e série; huitième malade, 2e série; neuvième malade, 2e série; dixième malade, 2e série; treizième malade, 2e série; Cyzique, île et ville de la Propontide, Ép. iii, quatorzième malade, 2e série ; Mélibée, ville de la Thessalie, auprès du mont Ossa, Ép. iii, seizième malade, 2e série.

On voit que l'activité médicale d'Hippocrate s'est exercée , pour le temps correspondant à Ép. i et iii, principalement dans l'île de Thasos, puis à Abdère, qui est en face sur le continent ; de plus, quelques observations sont prises à Cyzique , île de la Propontide, en face de Périnthe, mais sur la côte opposée, à Larisse et à Mélibée, villes de la Thessalie. Comparant ce nouveau groupe avec les deux groupes examinés précédemment, on reconnaît qu'ils ont, quant aux localités, de nombreuses liaisons ; seulement on pourra signaler ceci, que pour le groupe Ép. ii, iv et vi, Périnthe est le siège principal; pour le groupe Ép. i et iii, Thasos et Abdère; pour le groupe Ép. v et vii , la Thessalie, Larisse, Oeuiades, Phères, le pays des Maliens, etc. Cela n'exclut point la mention d'autres localités éloignées de ce centre, telles que les îles de Syros et de Délos, la ville d'Athènes, Salamine, Élis et Corinthe dans le Peloponèse ; mais il n'en est pas moins certain que la plus grande somme des observations recueillies par Hippocrate ou les Hippocraliques appartient à la Thrace, à la Macédoine et à la Thessalie. On voit aussi par là combien était juste le nom de Periodeutes ou voyageurs donné à ces anciens médecins.

Cherchons encore dans le reste des livres hippocratiques les traces de la pratique d'Hippocrate et de ses élèves. Dans le livre des Humeurs, 7, il est fait mention de Périnthe et justement de la toux épidémique décrite dans Ép. vi, 7, 1 ; de l'île de Cos dans Prorrhétique i, 34 ; d'Odessus, ville reculée au Nord et non loin de l'embouchure du Danube, Prorrhé tique, i, 72.

Il demeure établi par ces comparaisons que l'auteur de Ép. i et iii, qui est Hippocrate, de l'avis des critiques anciens, a pratiqué la médecine en Thessalie, comme l'auteur de Ép. v et vii, que les critiques anciens disent n'être pas d'Hippocrate, et en Thrace comme l'auteur de Ép. ii, iv et vi que les critiques anciens attribuent en partie à Hippocrate, en partie à son fils Thessalus, en partie à d'autres Hippocratiques. Ce séjour commun est un fait positif et qui doit être pris en grande considération dans ces sortes de discussions.

III. Voyages d'Hippocrate. Hippocrate avait sans doute beaucoup voyagé. Il dit dans le Pronostic, t. II, p. 191 : « Les signes que j'ai enumeres se vérifient dans la Libye, à Délos et dans la Scythie. » Le traité des Airs, des Eaux et des Lieux renferme une description détaillée des Scythes et de leur pays (t. II, p. 67-83), traite de l'Asie Mineure (ib., p. 63), des habitants du Phase (ib., p. 61); et nomme les Égyptiens elles Libyens (ib., p. 57); probablement un chapitre, qui a péri, avait été consacré à l'Egypte et à la Libye. Cette mention de la Libye est intéressante ; rapprochée de celle qui est dans le Pronostic, elle montre, on peut le dire avec vraisemblance, qu'Hippocrate avait parcouru cette contrée méridionale, et qu'il y avait même assez séjourné pour s'être convaincu que les lois pathologiques qui régissaient les affections fébriles aiguës, et déterminaient l'association des différents symptômes, étaient identiques en Grèce et en Libye. D'autre part, il fait la même affirmation pour la Scythie , que d'ailleurs il décrit dons le traité des Airs, des Eaux et des Lieux; de plus on a, Prorrh. i, 72, la preuve que les Hippocratiques sont allés exercer la médecine tout à fait au nord, à Odessus, sur le pont-Euxin . Tout cela s'enchaîne et établit positivement le voyage d'Hippocrate dans les pays septentrionaux qui bordent la mer Noire. On a une observation recueuillie à l'embouchure du Danube ; mais on n'en a aucune pour une localité particulière de la Libye ; seulement une trace de l'activité médicale d'Hippocrate en ce pays, est demeurée dans le passage cité plus baut du Pronostic. Plus on étudie minutieusement les monuments hippocratiques, plus on voit les médecins à  qui ils appartiennent, perdre le caractère d'abstraction que leur donnait la perspective lointaine de l'antiquité, et apparaître en qualité de praticiens actifs, voyageant, visitant les malades, et se rendant compte des résultats de leur expérience.

IV. Clientèle des Hippocratiques. En relevant les noms qui figurent dans les Épidémies, on trouve que le médecin, quel qu'il soit, qui en est l'auteur, était employé auprès de certaines familles. Ainsi la famille de Téménès lui a fourni plusieurs notes : on y voit la nièce de Téménès, Ép. ii, 1, 7; iv, 26; le garçon de Téménès, Ép. iv, 25; la femme de chez la soeur de Téménès, Ép. iv, 25, l'homme de chez la nièce de Téménès, Ép. vi, 2, 19. Ailleurs, on trouve Apernante, Ép.ii, 2, 9, iv, 29; la femme du frère d'Apémante, iv, 22; la femme d'Apémante, Ép. iv, 23 ; le garçon de la femme, soeur d'Apémante, Ep. iv, 27; l'homme chez Léocydès, Ép. iv, 1; un autre homme chez Léocydès, Ép. iv, 20. Ceci apaprtient au groupe Ép. ii, iv et vi.

Dans le groupe Ép. v et vii on trouve : la femme de Polémarque, Ép. iv, 63 ; v, 95 ; vii, 27; vii , 51 ; vii, 100 ; ie garçon de Polémarque, Ép. vii, 107 ; le garçon de Cléoménès, Ép. v, 61 ; vii , 70 ; la femme de Cléoménès, Ép. vii, 99 ; Parméniscu», Ép. v, 84 ; vii, 89; le garçon de Pa méniscus, Ép. v, 66; vii, 63; Timocharris, Ép. v, 72; vii, 69; le domestique de Timocharis, Ép. v, 87; vii, 91; Polycrate, Ép. v, 73 ; vii, 1; la femme de Polycrate, Ép. vii, 7 : Hégésipolis, Ép. v, 78 ; vii , 58 ; l'entant d'Hégésipolis, vii, 52; le garçon de Nicolaus, Ép. v, 88; vii  92; la femme de Nicolaus, Ép. vii , 41; Ëpicbarme, Ep. v, 92; vii, 103; la femme d'Épicharme, v, 90; vii, 99; le garçon d'Epicharme, Ép. vii 109, la soeur d'Harpalidès , Ep. vii , 6; un homme chez Harpatides, Ép. vii, 9; Hermoptolème, Ep. vii, 14; la femme d'Hermoptolème, Ép. vii , 11; la femme de Théodore, Ép. vii 21 ; le garçon de Théodore, Ép. vii , 34.

Quant au groupe Ép. i et vii, on trouve : Silène, Ép. i, p. 642. et Bion chez Silène, Ép. i, p.644 ;  la fille de Daïtharsée, Ep. 1, p. 648 , et Ëvagron , fils de Daïtharsée, Ép. i, p. 664 ; Xéanpbane, Ep. i, p. 648, et Critia logée chez lui, Ép. i, p. 650; les frères d'Épigène, Ép. i, p. 660.

Ces faits prouvent qu'il s'agit ici d'un médecin véritablement praticien , dont la clientèle était faite , et fréquemment appelé au sein des mêmes familles.

Les désignations des demeures des malades sont en général très-vagues. En voici quelques unes : Une femme, habitant chez Archélaüs, près du précipice, Ép. ii, 2, 18; Zoïle, habitant près de la muraille, Ép. ii, 3,3; la jeune fille demeurant derrière l'Hléroum, Ép. iv, 23 ; le vieillard demeurant dans les propylées de pierre, Ép. iv, 42 ; celui qui demeure près du Cours , Ép. v, 38 ; la femme demeurant en baut, Êp. vii, 22 ; Phîliscns, demeurant près de la muraille, Ép. i, p. 682; Cléonectidès, au-dessus du temple d'Hercule , Ép. i, p. 698; Erasmus, auprès du fossé du Bouvier, Ép.i, p. 702; le Clazoménien, auprès du puits de Phrynichidès, Ép. i, р.704; une femme sur le bord de la mer, Ép. i, p.712 ; Mélidie, près du temple de Junon, Ép. i, p. 716 ; Pythion, près du temple de la Terre, Ép. iii, p. 24 ; Hermocrate, près de la nouvelle muraille; l'homme de Parium, logé au-dessus du temple de Diane, Ép. iii p. 102; la femme près de l'eau froide, Ép. iii, p. 108; la femme de Déaltès, Ép. iii, p. 142. En trois endroits seulement il y a une désignation plus précise : à savoir le nom d'une rue, la voie sacrée, à  Abdère , Ép. iii p. 122 ; le nom d'une porte, la porte de Thrace, à Abdère, Ép. iii, p. 124; enfin, le nom d'un marché, le marché des Menteurs, Ép. iii, p. 56 et 62.

Quant aux professions, voici celles qui sont désignées : charpentiers, Ép. ii, 2, 9; iv, 23; cordonniers ou corroyeurs, Ép. ii , 2, 17 ; iv, 20 ; v, 45 ; vii, 55 , Agoranome ou magistrat surveillant les marchés, Êp. iv, 24 ; mineur, Ép. iv, 25 ; vignerons, Ép. iv, 25; iv, 50 ; foulons , Ép. iv, 36; v, 59; vii 79; tailleur de pierres, Ép. iv, 20 ; grammairien, Ép. iv, 37 ; précepteur, Ép. iv, 56 ; gardien de palestre, Ép. vi, 8, 30; cuisinier, Ép. v, 52; jardinier, Ép. v, 1 ; palfrenier, Ép. v, 16; pugiliste, Ép. v, 71 ; surveillant de navire, Ép. v, 74; marchand, Ép. vii, 13.

Tels sont les renseignements, peu considérables sans doute, mais positifs, qu'on peut recueillir sur les localités où ont pratiqué les Hippocratiques, et sur leur clientèle.

V. Rechercher chronologiques. Au premier rang des renseignements chronologiques qu'on peut déduire des livres des Epidémies, il faut mettre ce passage-ci : « Au solstice d'hiver, apparition d'un astre non petit ; le cinquième et le sixième jour suivante, tremblement de terre. » (Ép. iv, 21.) Cette apparition d'un astre non petit ne peut s'entendre que d'une comète ; or, voici ce qu'on lit dans Pingré, Cométographie, torn. I, p. 259 : «. Eucléès, fils de Molon, étant archonte à Athènes, on vit, vers le solstice d'hiver, une comète près du pôle arctique. (Arist. Méteor., 1,6.) Il y a eu deux Eucléès ou Euclide, archontes à Athènes, l'un en 426, l'autre en 402 ; mais je ne trouve rien qui puisse me faire distinguer celui qui était fils de Molon. Struyck détermine l'apparition de la comète à l'an 428. et il pense que c'est un retour de la comète de Halley; mais cette comète de Halley ne peut ni ne pouvait alors paraître au milieu de l'hiver au voisinage du pôle arctique. Zahn, d'après d'autres cométographes modernes, fixe l'apparition de cette comète à l'an 412. Le passage d'Aristote est ainsi conçu: « Sous l'arcbontat, à Athènes, d'Eucléès, fils de Molon, apparut une comete au nord dans le mois de Gamellon, le soleil étant au solstice d'hiver (1). » Sans doute, une apparition de comète est un fait trop peu précis pour déterminer une époque; cependant, ici, on remarquera une concordance qui est de nature à autoriser un rapprochement : Aristote dit, que la comète fut visible, le soleil étant au solstice d'hiver, et le passage hippocratique porte que ce fut аu solstice d'hiver aussi, qu'apparut l'astre non petit ; cette coïncidence est faite pour appeler l'attention.

L'auteur hippocratique ajoute que : peu de jours après il survint un tremblement de terre. Un tremblement de terre est encore un phénomène trop commun pour avoir quelque chose de caractéristique; cependant, il faut noter ce que dit Thucydide pour la fin de la cinquième année de la guerre du Péloponèse : « L'hiver survenant, la maladie attaqua de nouveau les Athéniens.... Alors il y eut beaucoup de tremblements de terre à Athènes, en Eubée, en Béotie, et surtout à Orchomène de Béotie (2).» Ce tremblement de terre se fit sentir pendant l'hiver, comme celui qui a été signalé par l'auteur hippocraliquc ; la seule difference, c'est que Thucydide ne cite, comme l'ayant éprouve, qu'Athènes, l'ile d'Eubée et lu Béotie ; mais il est permis de supposer que quelques secousses se sont étendues jusque dans la Thrnce, jusqu'à Périnlhe, où pratiquait alors l'auteur hippocratique, secousses que Thucydide u'anra pas connues, ou dont il aura omis de parler.

Ainsi, on voit dans l'auteur hippocratique la mention d'une comète et d'un tremblement de terre, ces deux phénomènes arrivant vers l'époque du solstice d'hiver ; et d'un autre cùté, on trouve, dans Aristote, une comète visible à la même époque de l'année, et dans Thucydide un tremblement de terre survenu en hiver. Parmi ces événements, la date du tremblement est de l'an 426; celle de la comète, déterminée seulement par un archontat, est de l'an 402 ou 426 ; il devient donc très-probable que la note de l'auteur bippocratique a été rédigée l'an 426, ce qui du reste coïncide parfaitement avec la chronologie hippocratique; Hippocrate, né en 460, avait alors trente-quatre ans. Ce qui donne du poids à ces déterminations, c'est la multiplicité des coïncidences ; la comète de l'auteur hippocratique est au solstice d'hiver ; celle d'Aristote y est aussi ; celle d'Aristote est de l'an 402 ou 426 ; l'auteur hippocratique peut appartenir à l'une ou l'autre de ces dates ; le tremblement de terre est des deux parts en hiver; la date en est spécifiée, et elle convient très-bien à Hippocrate , toute incertitude, pour ainsi dire, serait levée si on savait que ce tremblement s'est étendu jusqu'à Périnthe.

Indiquons encore un autre fait qui suggère un minimum d'antiquité pour la composition des Epidémies. Il est parlé Ép. v, 100, et Ép. vii, 110, de Cardia; celle ville de Thrace fut détruite par Lysimaque, qui fonda en place Lysimachie sur l'isthme de la Chersonese de Thrace ( Pausanias, Att. 9 in fine). Lysiuiuque était un officier d'Alexandre, qui joua un rôle actif dans le partage des conquêtes de ce prince, et par conséquent la rédaction des Épidémies, où il est fait mention non de Lysimachie, mais de Cardia, est antérieure à cet événement. Au reste, ceci vient confirmer un résultat auquel j'étais arrivé par une tout autre voie, à savoir qu'il était impossible d'assigner à la publication de la Collection hippocratiqne une date plus récente que l'époque des successeurs d'Alexandre ( voy, t. I, p. 285. On remarquera que Pausanias parle, (ib., 10), d'un bourg de Cardia comme existant de son temps ( Kocpíía xúp¡ ) ; un bourg subsista donc sur l'emplacement de la ville ruinée. Si l'auteur hippocratique avait écrit à l'époque où Cardia était en cet état, il aurait sans doute ajouté le mot xoûfoj, comme il fait с» différents endroits, Ép. iv, 31, 45, et ailleurs.

II y a encore quelques remarques chronologiques à tirer des Épidémies. Il est dit, Ép. vi, 3, 18  : Hérodicus tuait les fébricitants par les courses et les exercices. " Cet Hérodicus, dont il est ici question, est évidemment l'Hérodicus cité par Platon (De rep., iii, p. 406 ), et contemporain de Socrate. La mention de cet ancien gymnaste est parfaitement naturelle pour Hippocrate, plus jeune de peu qu'Hérodicus.

Il est dit Ép. vi, 2, 25, que les fœtus mâles sont dans la partie la plus chaude , la plus solide de l'utérus , c'est-à- dire à droite , et que les mâles sont noirs pour cette raison (ert (v etpjJLtnipti, h втсрсштЕрш, «v Tolri afçioîffi, xal fiéXavi; dut Tovto). Galien, commentant ce passage, rapporte ce vers-ci d'Empédocle : È» fàp 6«p(ioTspa> то хат* âpptva игХето faint Kai pt).avsç oía TcÜto (le mâle se forme dans la partie la plus i-baude de la terre , et les mâles sont noirs pour cette raison). Évidemment, le passage bippocratique est copié sur celui d'Empédocle, et la ressemblance des deux textes peut d'autant moins être regardée comme une coïncidence fortuite que le poëte philosophe est nommé dans un des livres de la Collection hippocratique (Voy. de P Ancienne Médecine, t. I , p. 621).

Si Homère est cité dans le traité des Articulations, t. iv, p. 99, un emprunt est fait à Hésiode, Ép. vi , 7, 9. Dans le passage hippocratique, il est dit qu'au printemps, une époque dangereuse pour les phlbisiques est celle où les feuilles de figuier sont aussi longues que les pattes de la corneille, et Hésiode avait signóle an printemps, comme un moment favorable à la navigation, l'époque où les feuilles de

figuier sont égales à la trace laissée sur le sol par la pnlte de

cet oiseau1. Ces mentions ou citations se rapportent à des hommes tous

véinxt iciàot
àr, то ТС^ЫТОУ ÔffOv тЧттебйзя

(Op. 676-679).

antérieurs à l'époque hippocratique ; argument négatif, il est vrai 5 toutefois, il est bon de montrer que les renseignements, s'ils se prêtent mal à fournir une date particulière et positive, ne contredisent pas la date générale.

Il y a pourtant, Ép. iv, 53, une phrase où on lit dans les éditions: îrpôjôvôxvivixôtiiyayé f*s. Hallcren aconcluquece livre était postérieur à la fondation de la secte cynique. Mais cette conclusion n'est point sûre ; car ce passage est répété Ép. vt, 7, 10 , et là on ne lit plus xtmxö; mais xuvurxo; ; or, ce dernier mot est un nom propre, qui ne préjuge rien.

On verra, en parcourant Ép. v, bon nombre d'observations où la mort des malades est évidemment causée par l'administration de purgatifs violents; or, nous savons par un fragment de Ctésias, conservé dans Oribase et cité t. I, p. 69, que du temps de son père et de son grand-père l'administration de l'hellébore était fort dangereuse. Rien de plus dangereux eu effet que l'emploi des purgatifs dont il est fait mention dans le cinquième livre, et l'époque du père et du grand- père de Ctésias répond à celle d'Hippocrate et de son père. Ctésias était en effet postérieur d'une génération à Hippocrate. Ceci est une indication chronologique d'autant plus frappante, qu'elle est inattendue.

Le temps paraît être un temps de guerre. Il est question d'un individu blessé d'un dard dans l'aine , Ép. v, 46 ; d'un autre blessé d'un trait nigu à la partie postérieure du cou, Ép. v, 47 ; d'un autre qui reçut une flèche dans l'œil, Ép. v, 49; d'un homme qui reçut un coup de javelot dans le foie, Ép. v, 62 ; d'un individu blessé à la poitrine d'un coup de catapulte au siège de Datos, Ép. v,96; d'un individu atteint d'une plaie pénétrante de poitrine, Ép. v, 95 ; de deux autres qui recurent des coups de flèches dans le ventre, Ép. v, 98 et 99. Comme Datos est en Thrace, et que la pratique de l'auteur du cinquième livre a eu aussi celte contrée pour siège, on peut croire que les blessures dont il s'agit y ont été observées. Goulin pense que ce siège de Datos appartient à l'expédition faite par Philippe, père d'Alexandre, en Thrace, l'an.'556 avant l'ère chrétienne (Mémoires littéraires pour servir « l'histoire de la médecine, année 1776, p. 4l). De sorte que le cinquième livre serait postérieur de plus de trois générations à Hippocrate. Au contraire, M. Rosenbaum incline à donner à ce passage une date beaucoup antérieure en se fondant sur une particularité qui n'a encore été signalée par personne. « Qu'Hip- pocrate, dit-il, n'ait pas créé la médecine, c'est ce qui peut se démontrer clairement, même pour un bon nombre de conceptions théoriques ; mais la collection de ses écrits renferme aussi des observations plus anciennes que les siennes propres ; du moins un argument, qu'à ma connaissance on n'a pas encore fait valoir, me porte à admettre qu'il en est ainsi. Il est raconté queTychon, lors du siège ou de l'assaut de Datos, fut blessé à b poitrine par une arme de jet ; or, Hérodote, IX, 75, parle d'un combat auprès de Datos pour les mines d'or de la contrée, combat où le général athénien Sophanes fui tué; voyez aussi Isocrate, De pace, § 86. C'est ce même combat dont parlent Thucydide, i, 100, Pausanias, i, 29, et Diodore de Sicile, xn, 68, xvi, 71 ; ces auteurs nomment, il est vrai, le lieu Drabcscus; mais Datos et Drabescus sont deux villes situées près l'une de l'autre dans la même contrée ; voy. Stra- bon, vu, infne. D'après Larcher, Chronol. d'Hérodote, p. 655, la mort de Sophanes eut lieu 01. Lxxxi, iv, ou l'an 453 avant J.-C-, date à laquelle Hippocrate était âgé de sept nus. Si donc, ce qui nous paraît certain, la bataille de Dutos est celle dont parlent Hérodote et d'autres, le rédacteur de l'observation qui dit : le médecin me parut, etc., èioxst 3t pot ó ч-.-.--,. хтХ., doit être autre qu'Hippocratc et plus ancien que lui. De plus, il fallût que le combat fut un événement connu; du moins, on peut l'inférer de la présence de l'article : Tychon, lors Ли siège de Datos, Tú^wv iv тч iro/iopxúi тч ntpl AŒtov. Or, le conibat de Datos ou Drabescus était suffisamment connu, car les corps des Athéniens tués furent transportés à Athènes et ensevelis le long du chemin allant à l'Académie, et Pausanias y vit encore
les monuments funéraires avec les noms (Article de M. Rosen- baum, sur le Livre de M. Darcmberg : Le Serment, la Loi, l'Art, etc.; Paris, 1843; dans Schmidt's Jahrbüclicr der Me- dicin, 1845, t. XLV, p. 251 ). »

Une difficulté préliminaire doit être levée. Il est dit dans le passage hippocratique, que Tychon fut blessé d'un trait lancé par une catapulte; or, on lit dans Diod'ore de Sicile, que l'art de construire des catapultes fut inventé à Syracuse, sou* le règne de Di-nys, à l'époque de sa guerre avec les Carthaginois, dans la 95e olympiade', c'est-à-dire environ cinquante ans après l'époque du siège de Dntos. Mais je ne pense pas qu'il faille prendre à la lettre le passage de Diodore ; en effet, l'invention des catapultes est He beaucoup antérieure à l'époque de Denys ; il en est fait mention, hors de la Grèce, il est vrai, pour le neuvième siècle avant J.-C. Ozias, roi de Judée, en l'an 810 avant notre ère, fabriqua, dans Jérusalem, dec machines de diverses espèces qu'il plaça sur les tours et les angles des murs pour jeter det flèches et de grosses pierres ( Pa- ralip., lib. II, chap, xxvi, 15) (voy. Dureau de la Malle, Po- liorcétique des anciens,p. 356). Ou Diodore s'est trompé, ou sa phrase ne se rapporte qu'à des perfectionnements introduits dans l'art de la balistique du temps de Denys l'Ancien.

En un point toutefois il n'y a pas concordance complète. Dans le passage hippocraliquc, il est question du siège de Datos ; les historiens cités plus haut parlent d'une bataille livrée dans les environs de cette ville. Cette différence laisse planer des doutes sur l'assimilation proposée par M. Ro- senbaum ; cependant, elle ne suffit pas pour la faire rejeter. Il est certain qu'à Datos eut lieu un fait d'armes mentionné par les historiens, et qu'un fait d'armes relatif aussi à Datos est indiqué dans le passage hippocratique ; cela ne peut être détruit.

1 Kal yàp rb xaTAirtiTixJv tùpiBni хататоитот riv xatpiv (Diodore,Bibl. bist., xnr, 42.)

De la sorte, le cinquième livre portant In date d'un combat de Datos, contenant une série d'observations presque sane aucun point de repère avec les autres livres des Epidémies, et pouvant être mis, on l'a vu plus haut, en relation avec la pratique telle qu'elle ¿tait du temps du grand-père de Ctésias, il n'est pas déraisonnable de penser que ce livre Mt .mir- rieur à Hippocrate, provient peut-être de son père ou d* son aïeul, et témoigne de l'état de la médecine à celte époque recalée.

À la vérité le cinquième livre exprime très-nettement la distinction entre les artères et les veines; et, comme on sait, de* critiques modernes ont vu dans cette distinction une raison pour placer les livres où elle existe longtemps après Hippocrate et vers l'époque de la fondation de l'école anntomique i Alexandrie. Ces critiques seraient donc encore moins disposés à admettre celte distinction pour un temps antérieur i Ilip- povrite lui-même ; mais j'ai fait voir, t. I, p. 201-214, que l'objection n'avait rien de fondé : la distinclion des artères et des veines ne peul pas servir à fixer une dale relative.

Si la date de 453 pour Datos dans le cinquième livre et celle de 426 pour Périnlhe dans le quatrième, peuvent être admises, on en conclura que les Epidémies renferment des observations recueillies i des époques notablement éloignées l'une de l'autre. Le père d'Hippocrate, Hippocrale lui-mame, sans doute ees fils, y ont contribué; et ces papiers médicaux, dont nous n'avons certainement que des débris, témoi- gneat de l'existence d'une fumille ou école médicale où ils ont été augmentés et conservés, et d'où ils sont sortis très- mutilés à une époque quelconque ( Voj. t. I, p. 282).

VI. I', la nature dtt cinq livres des Épidémie*. La «ompoeition de ces cinq livre) des Épidémies a frappé 1rs commentateurs ; tous y ont vu une suite de notes sans liaison entre elles et qui n'ont jamais été destinées à 1л publication. Galien est formel sur ce point. (Voyez en particulier le préambule de son Commentaire sur f p. vi. ) Cela est incontestable, il suffit de parcourir, même superficiellement, ces livres pour s'en convaincre.

J'ai fait remarquer dans l'argument des Aphorisme*, t. rv, p. 434 , qu'un certain nombre de propositions faisaient double emploi et étaient reproduites textuellement ou à peu près d'une section à l'autre. La même singularité est offerte par les cinq livres des Épidémies ici examines : des passages considérables sont communs aux deuxième, quatrième et sixième livres, d'autres le sont aux cinquième et septième. On peut faire bien des suppositions pour expliquer de pareilles reproductions ; toutefois la plus probable est sans doute que , l'auteur ayant par devers lui en doubles une certaine portion de ces notes , ces doubles ont été,après sa mort, recueillis sans aucun ordre et publiés tels qu'ils se trouvaient.

Un autre fait qui semble indiquer que nous avons en effet des doubles, et des doubles nullement revus par l'éditeur primitif, c'est que des observations données à moitié seulement dans un livre, sont données en totalité dans un autre , la partie commune étant identique ou à peu près des deux côtés. Je citerai pour exemples: Ép. vi, 6, 15, où l'on trouve les premiers mots de l'observation de Lycie, laquelle est in extenso Êp. n, 2, 22; l'observation du garçon de Nicolaiis , Ép. v, 88 , qui là est incomplète , et se trouve entière Ép. vu , 92 ; l'observation de Parméuiscus , dont une partie seulement se lit Ép. v, 84, et qui est complète, Ép. vu, 89.

J'ai signalé plus haut des cas où l'auteur utilise une observation contenue dans un livre pour appuyer quelque proposition générale dans un autre livre.

Dans d'autres cas, l'auteur donne une description générale d'une constitution, par exemple de la toux, Ép. vi, 7, 1, qui régna ¡i lYrinthe , et Ép. H, 2, 8, et iv , 36, 47 , 49 , 50, 52 , il rapporte des observations particulières empruntées à

celte constitution.

\

Enfin ces notes portent la preuve , du moins en certain* cas , qu'elles ont été rédigées à fur et mesure des observations de l'auteur. Ainsi , dans le passage très - remarquable relatif à la taxation spontanée des vertèbres du cou, Ép. n, 2, 24, il est dit: и S'il vient à ma connaissance que quelqu'un décès malades ait succombé, je le rappellerai ; mais tous ceux que je connais à ce moment ont réchappé. » Ce passage est évidemment contemporain de la maladie qui y est décrite.

VII. Usage* médicaux; iatrium; médecins de classe et iF instruction inférieures. Il est sans doute impossible de savoir avec exactitude de quelle façon ces anciens médecins exerçaient leur art; cependant on peut , ù l'aide de certains textes, reconnaître quelques-uns des usages de leur pratique. On se tromperait si on se représentait la demeure d'un médecin d'alors comme celle d'un médecin d'aujourd'hui. L,i maison du médecin de l'antiquité , du moins au temps d'Hippocrate et anx époques voisines , renfermait un local destiné à la pratique <!*mi grand nombre d'opérations , contenant les machines et les instruments nécessaires , et de plus étant aussi une boutique de pharmacie. Ce local se nommait un iatrium (iT.Tosïov). Il s'agit d'établir ces trois points.

D'abord Hippocrate et les Hippocratiques avaient-ils un

iatrinm ? Cela est établi par leur propre témoignage. Le mé

decin , sans doute Hippocrate , qui pratiquait à Thasos , dit

lui-même : « Du reste , les Thasiens ne vinrent pas chercher

de secours dans l'officine du médecin (iatrium), Êp. i, t. II ,

p. 605.» Les médecins à Athènes avaient aussi un ia/num,cela

est prouvé par ce passage-ci de Platon : « Les aides-esclaves

qn'ont les médecins traitent généralement les esclaves soit

dans les visites qu'ils font en ville, soit dans l'ialrinm*. »

Selon Vhistorien Timée , Âristote avait renoncé à un iatrium

de grande valeur*, allégation qui est peut-être fausse (car

1 T; ,,- O.Í1 ôeUouf axtSó'f Ti oi èoOioc ri iroXià ¡cfrpeueust

«ri ¿ЧТвГ{ ¡ZTp€ÍOt( irf/9l/*ÍVOVT»í. ( Об Icgg. IV, p. 730).

3 T4 noiuri^KiTov Ixr pilot ¿priât àitox«x)iixéra. (Dans Polybe, Ejccerpta ex Collect. Confiant. Porphyr., p. 46. Pari». 1634.)

il paraît que Timée, parlant de la haine à Aristote , n'avait pas toujours dit la vérité sur son compte), mai» qui, dans tous les cas, prouve l'existence de l'iatrium à cette époque.

Secondement, l'iatrium contenait toutes les commodités nécessaires pour plusieurs sortes d'opérations, La meilleure preuve s'en trouve dans le livre щёте de la Collection hippo- cratique qui est intitulé ; De l'Officine du médecin (Кат' ÍdtjpÍÍov). Qn y fait mention des instruments, de la lumière naturelle ou artificielle, des bandes , des compresses, des attèles. Le nom seul de ce petit traité suffirait à montrer que les Hippocrati- que.s avaient aussi un ¡atrium. C'était dan» l'iatrium sens doute qu'était placée la machine appelée baño , et de laquelle Hippocrate dit: v II importe au médecin pratiquant dans une ville populeuse de posséder une machine ainsi disposée.» (Des ortie,, t. IV, p. 297. ) Quand Hippocrate (Des artù., t. IV, p. 205 ) conseille de faire dans la muraille une entaille transversale pour y introduire l'extrémité d'une planche^ if ne peut s'agir que d'une disposition toute préparée , pour les cas échéants , dans un ¡atrium.

Enfin l'iatrium était un Heu dans lequel on venait chercher des médicamepts ; cela se volt par Platon, qui dit: « Ceux qui vont dans l'iatrium pour s'y faire administrer une potion purgative' » On voit par l.'i que dans l'iatrium ou fournissait des médicaments a ceux qui en avaient besoin - ce que j'ai conclu également d'un passage du Serment ( Voyez .-//-,«- ment, t. IV, p,622).

Dans le livre intitulé De Г Officine du médecin, t. III, p. 276 , il est parlé des aides, :j-¡-.'—>. La nature des choses exige que les chirurgiens aient toujours des aides, beaucoup d'opérations pe pouvant s'effectuer sans ce concours. Indubitablement, les jeunes gens qui se destinaient à devenir médecins servaient en cette qualité ; mais il y avait aussi des aides qui ne devaient jamais dépasser ce premier degré. Voici ce qu'on

' Toîi« ei{ та ¡arpeTsc OcÙtov« ftuSKoiTat M уярцяхокое1х. (Delegg. I, p. 646.)
lit dans Platon: «II est des médecins et certains aides des médecin* ; nous donnons aussi le nom de médecins à ces derniers , soit libres, soit esclaves ; c'est sous la direction et la théorie de leurs maîtres et par empirisme qu'ils arrivent à posséder l'art médical1. » Ainsi on avait dans la haute antiquité âne class« inférieure de médecins composée soit d'hommes libres, soit d'esclaves, et qui, sans théorie aucune «t sans apprentissage régulier, acquéraient , en voyant faire et par empirisme , une certaine pratique de l'art.

VIII. Médecins dont il est question dans let cinq livret. En différents endroits des Épidémies, il est question des médecins exerçant concurremment avec le rédacteur de ces livres. Il est dit, ¿p. n , 1 , 7 t « II y a des epistaxis salutai-» res comme che*Héragoras ; mais les médecins ne le connurent pas ; Ép. M. 8 , 32 : tous les médecins que je rencontrai furent d'avis, ete.| Ép. v, 14: Hipposthène paraissait aux mer 'trrins(Лге affecté de péripneumonie; il n'en était rien; Ép. v, 95 : Ir médecin qui retira la Inncc me parut en bisser un fragment dans la région du diaphragme.... Au jour, le blessé, dans l'opinion du médecin et dos autres , allait mieux ; pronostic: le tétanos surviendra; Ép. vu, 119: les médecins preserivaient au malade de manger beaucoup. On voit dans ces passages des médecins consultés , des médecins blâmée, des médecins avec lesquels l'auleur diffère d'opinion , et enfip an médecin que l'auteur semble assister , qui laisse un fragv ment de la lance dans le corps , et qui ne se doute pas de l'approche du tétanos, prévue par le médecin hippocratique.

Trois médecins sont nommés dans les Epidémies : Héro- dieu«. Ép. vi, 3, 18;Pythocli'», Ép. v, 56, et Mnésimaque, Ép. vu, 113. La pratique d'Hérodicus est déclarée très-nuisible. Quant à Pythoclès , on se contente d'indiquer l'emploi

' Eiti «v Tcvk izTpoi, f я/ùv, nal Timj virqpitcci тип Ixrpuv, ixrpotif

хят' ¿ïtÎTStÇiv (à TÛv ofíTTOTCüv xfltl Gc'jpíxv хя1 хат' IfAnsiplxv T^v rá^vij» *тв»?в1. (De legg. i», p. 7ÎO.)

qu'il faisait du lait. Mnésimaque paraît être , dans le passage cité , un médecin consultant, d'après le conseil duquel une saignée fut pratiquée. Ces mentions, toutes brèves qu'elles sont, montrent que de nombreux médecins , y compris les Hippocratiques , se partageaient la clientèle.

Le médecin bippocratique, quel qu'il soit, ayant tenu l'ia- trium et soigné les malades dont les observations sont consignées dans les Épidémies, avait certainement des élèves. En considérant les disparates très-sensibles qu'offre la rédaction dans ces différents livres et même dans différentes parties d'un même livre, j'ai eu la pensée que peut-être des portions provenaient d'élèves inégalement habiles à consigner par écrit les faits pathologiques. Ainsi on remarquera que la description générale de la luxation spontanée des vertèbres cervicales, Ép. il, 3, 24, celle des causus régnant à Périntbe, Ép. n , 4 , 1 , et celle de la toux épidémique, Ép. yi, 7, 1 , sont tracées de main de maître. Il n'en est pas de même de bon nombre d'observations particulières disséminées dans le deuxième, le quatrième et le sixième livres, lesquelles laissent beaucoup à désirer. En revanche, les observations particulières du cinquième et septième sont généralement bien rédigées.

IX. Rapports des cinq livres avec les autres livres de la Collection hippocratique. Il convient maintenant d'examiner quels sont les rapports que les cinq livres des Epidémies ici publiés ont avec d'autres traités de la Collection hippocra- tîque. Sur ce point encore, il faut les diviser en deux groupes et considérer isolément d'une part, Ép. n, iv et vi, et d'autre part, Kp. v et vu.

Premier groupe. L'aphorisme ni, 9, relatif à l'insalubrité de l'automne et à la salubrité du printemps, se trouve Ép. и, 1, 4; seulement, dans le passage de Ép. n, il n'est point fait mention du printemps, et l'automne est comparé au soir de la journée, où les maladies ont d'ordinaire une exacerbation.

L'aphorisme ni, 8 , sur les saisons régulières et les saisons irrégulières qui produisent la régularité ou l'irrégularité des maladies, est textuellement Ép. n, 1, 5; mais là ce paraît être une observation particulière et relative seulement à IV- rinthe ; et à la suite il est fait mention de la salubrité du printemps, toujours, ce semble, par rapport à Périntbe. Ainsi l'aphorisme ni, 9, est formé de deux propositions qui sont séparées dans Ép. il ; et ce qui est là une observation particulière est devenu une sentence générale dans les Aphorismet.

L'aphorisme i, 12, est ainsi conçu:« Les redoublements et les constitutions sont indiquée par les maladies , par les saisons de l'année et par les correspondances réciproques des périodes soit quotidiennes, soit tierces, soit séparées même par un intervalle encore plus long; et aussi par les épiphéno- mènes: ainsi chez les pleurétiques l'expectoration, commençant tout d'abord, abrège la durée du mal, et, se manifestant plus tardivement, l'allonge ; de même les urines, les selles, les sueurs indiquent par la manière dont elles surviennent les maladies de solution difficile ou facile, de courte ou de longue durée. » On peut suivre, je crois, dans les Epidémies la formation successive de cet aphorisme. 11 est dit Ép. iv , .56 : « Observez les jours auxquels un paroxysme, survenant, prolonge la durée et auxquels un amendement la raccourcit ; les

améliorations auxquelles il ne faut pas se fier Dans les pé-

ripneumonies où les crachats sont bilieux , quand le mal approche du terme , les crachats très-jaunes durent peu ; s'ils se montrent alors tels qu'ils étaient an commencement, ils ne viennent guère, je pense , à maturation ; mais la crise se fait comme chez l'individu demeurant auprès de l'instituteur et dans d'autres cas que j'ai vus. » Là l'observation est toute spéciale et porte sur des cas où les crachats, gardant l'apparence du commencement, ne sont pas venus à maturation. Ép. tv , 20 , l'auteur signale brièvement l'importance de l'examen des exacerbations: « Au début aussi les paroxysmes; et il faul considérer ce qui anticipe; la condition des fièvres continues et celle de l'année. » Même remarque presque dans les mêmes termes , Ép. vi, 1, 11. L'auteur , Ép. vi, 8, 14 , compare ebtre elles les périodes et les correspondances des périodes. Enfin , Ép. n, 1, 6, toutes ces diverses considérations sont réunies d'une façon générale très-analogue à l'aphorisme , quoique peut-être avec une rédaction un peu moins serrée.

Je renvoie à Y Argument des Aph. , t. IV, p. 437, pour les rapports qui se trouvent entre Aph. vi, 1 , et Ép. и , 2 , 21 ; Aph. vi, 9, et Ép. vi, 2, 15; Aph. r, 68 , et Ép. vi, 2, 13. On voit là des cas qui sont particuliers dans les Épidémies se transformer en propositions générales dans les Aphorisme*.

L'Aph. iV, 69, où il est dit que la fièvre tierce légitime se juge en sept périodes , parait être une meilleure rédaction de Ép. H, 3, 10.

L'Aph. vti, 42, relatif à l'administration des affusions d'eau chaude dans une fièvre dont la bile n'est pas la cause, paraît être une rédaction abrégée de Ép. il, 6,31.

L'Aph. iv, 52, est ainsi conçu i « Dans des fièvres ou d'autres maladies, des pleurs motivés n'ont rien d'inquiétant, mais des pleurs non motivés sont plus inquiétants. » Cette pensée est exprimée quatre fois dans les Epidemie». Ép. I, t. II, p. 659 : n Chez ceux qui dans des fièvres aiguës et surtout dans les fièvres ardentes versent involontairement des larmes , il faut attendre une bémorrhâgie par les narines , à moins que les autres signes ne soient de funeste augure ; car si l'état est mauvais , ce n'est pas une hémorrhagie , c'est la mort que les larmes présagent. » Ép. iVj 46 : « Les pleurs motivés ne sont pas mauvais , mais les pleurs non motivés le sont. » Ép. vi, 1, 13: « Les larmes, dans les maladies aiguës, chez ceux qui sont en danger, coulant volontairement, sont bonnes, coulant involontairement, sont mauvaises. « Enfin , Ép. vi, 8 , 8 : « Larmes volontaires, involontaires. »

Dans les fièvres iritéophyes, est-il dit Ép. vr, 2, 10, la nuit qui précède le redoublement est difficile à supporter. Cette proposition, Aph. il, 13, est devenue générale; et là, au lieu de dans les fièvret tritéophyes, on lit : Quand une crise ¿opère-

« Ceux qui, est-il dit Aph. It, 54, dans les fièvres ardcn- <<-~. ont pendant longtemps une toux sèche causant une courte irritation, n'ont pas une soif extreme. » Cette proposition se trouve, Ép. vi, 2, 11, où elle est beaucoup plus développée, et il est évident que l'aphorisme n'en est qu'un abrégé. Mais 11 y a plus ; le passage des Épidémies dit que la toux de ce caractère s'observe .surtout dans les fièvres avec lassitude ; or, plus loin, I P. vi, 7,7, ou lit : " Les toux avec lassitude attaquent aussi les parties souffrantes, et surtout les articulations ; dans le« fièvres avec lassitude, il survient des toux sèches, lesquelles frappent d'impuissance les articulations, si elles laissent quelque reliquat. » La toux sèche des fièvres avec lassitude qui se trouve dans les deux passages des Epidémies, montre que ces deux passages sont relatifs à un seul et même objet. De plus, le dernier passage est dans la section consacrée presque entièrement a l'épidémie de toux qui régna a Périnthe ; il y est dit que la toux sèche affecte les articulations ; c'est ce qui arriva dans cette épidémie ; il y est dit enfin, que l'affection des articulations par la toux survient surtout quand la toux laisse des reliquats, et en effet dans l'épidémie de Périnthe la toux n'amenait l'affection des articulations que dans une récidive qui était fort commune. Ainsi donc, l'aphorisme qui vient < 1V- tre cité est relatif» l'épidémie de toux qui régna à Périnthe. Ob voit par cet exemple combien on a du se tromper sur les aphorisme«, en prenant pour des propositions générales, de* propositions toutes particulières ; combien cela a été grave, on considère l'autorité dont ce livre a joui dans la médecine, el combien il importe, pour en avoir l'intelligence, de remonter, autant que faire se peut, à l'origine des propositions.

La seconde partie de Aph. i, 1, relative au malade, aux assistant» et aux choses extérieures, est prise à Èp. vi, 2, 24.

1/Л; ; v, 24, et le passage Ép. vi, 3, 22, sur l'action du froid, sont deux rédactions de la même pensée.

L'Aph. iv, 74, sur l'utilité de l'urine très-épaisse rendue au quatrième jour, parait être aussi un cas particulier, car dans
le passage correspondant, Ép. vi, 4, 2, le malade est nommé.

Jl est dit, Aph. v, 70, que les personnes ayant la fièvre quarte ne sont pas prises de spasmes. Cela est textuellement Ép. vi, 6, 5, avec celte différence qu'au lieu de spasme il y a épilepsie.

Enfin, les Épidémies peuvent servir, soit à corriger dans les Aphorismes des fautes qui y sont depuis la première copie livrée au public par Thessalus ou parquelque autre, soit à ftuggé- rer un sens nouveau.

L'Aph. vi, 5, relatif aux différences des douleurs, est fort obscur; et Galien .s'est beaucoup torturé pour y trouver un sens. Mais cette obscurité, comme je l'ai fait voir d'après Op- sopœus, t. IV, p. 564, note 6, vient de ce qu'un mot a été omis, mot que donne le passage parallèle, Ép. vi, 7, 1t. L'Apb. v, 27 : « Si ceux qui, pendant la nuit, ont des envies de boire dues à une soif, bien entendu, iuteuse, se rendorment, cela est bon ', » a également donné beaucoup de peine à Galien, qui n'en a tiré qu'un sens bien incertain. Mais plaçons en regard un passage que je crois correspondant, Ép. vi, 4, 18 : « Quand on se réveille, si la soif est légère, le sommeil y remédie1. » Dans le commentaire de l'aphorisme, Gallen est obligé de supposer, ce qui n'y est pourtant nullement exprimé, qu'on donne à buire au malade réveillé. Mais si on prend le texte de Kp. vi, cette difficulté se trouve levée. Il faut donc, je pense, introduire dans l'aphorisme une négation qui aura été omise par le premier copiste, de cette façon : rotor* où Travu ni.lii.^i.-j, et traduire: «Si ceux qui pendant la nuit ont des envies déboire dues à une soif peu intense se rendorment, cela est bon. » Ou lit Aph. \ i, 2 : « Ceux dont les narines son l naturellement humides, et dont le sperme est aqueux, ont une santé plus débile ; dans des conditions contraires la santé est

'Oxróoiít THrty ¿fiÇttî vùxrup Toλi тгауи ¡tfySimv, f,t ¿Tit во'у.

3 Ev Tw iypvi'jopivai Sityiji £7U-&/atou OttvÛÎ â/.Oï-

pías robuste '. » Tel est le sens que j'ai donné à cet aphorisme, suivant en cela l'exemple de tous les commentateurs et de tous les traducteurs. Aujourdbui, je pense que la significo- tinu en est toute différente ; et ce qui m'a conduit à cette opinion, c'est le passage parallèle, Ép. Ti, 6, 8, où on lit : « Chez ceux dont les narines sont naturellement humides, et dont le sperme est aqueux et trop abondant, cela, en santé, annonce un état maladif; mais, survenant en maladie, cela ' n'indique rien de fâcheux*. » Pour comprendre la fin de ce passage de Ép. vi, il faut se référer à Êp. iv, 57, où est rapportée l'observation de Nicippe : cet individu, fébricitant, était affecté de pollutions -, son état n'en était point aggravé, et leí pertes cessèrent qucndla fièvre cessa. Ainsi les pertes séminales, que l'autcnr hippocratique juge lâcheuses dans l'état de santé, ne lui paraissent pas telles (et il se fonde sur des observations) dans l'état de maladie. C'est cela qu'il a exprimé dans le passage de Ép. vi, 6, 8, et c'est certainement aussi ce qu'il a voulu exprimer dans l'aphorisme ci-dessus rapporté. Il faut donc traduire ainsi cet aphorisme : « Chez ceux dont les narines sont naturellement humides et le sperme aqueux, cela en état de santé annonce un état maladif, en état de maladie n'a point de caractère fâcheux. Le texte de l'aphorisme, à la rigueur, permet cette interprétation ; mais, il faut l'avouer, c'est un sens tout autre qui se présente naturellement, et que, sans le parallèle de lp. vi, on n'aurait pas songé à rejeter. Peut- être même, est-on autorise à supposer que l'éditeur des Apho- riimes , dont la publication a été certainement posthume (voy. t. IV,p. 438), n'a pas compris cette proposition, qui suppose en -Hi-; une expérience très-étendue, et en a altéré le texte; ou bien tout simplement que cette altération est due à uoe faute du premier copiste.

' OTtt plMf vr/pvnpxi yiwti xzi т, 7>ev>) ¿ypOTÎpj, ¿yiaiveo« '.-.. ,-,-,-,' otffi fli ronzrrlv., uyutvorcpov.

3 Ofït ¿bis ii-fpanpxt yui«t xxi ñ увуч.и-/|»втерч **' nlii'w», Cr/(Kívou«t Tiftt tain itist jTO'.ii ñs ofctv j-a veùrev, TÔvseuti«.

тем. v. 3

Enfin, l'Aph. v, 69, sur les frissons, est d'une obscurité désespérante; Galien »'est vainement fatigué à l'éclaircir; mai» l'obscurité disparaît si on le compare avec Ép. vi, 3, 11. On Voit qu'un membre de phrase : en effet mus frissonnons plut aux parties extérieures qu'aux parties intérieures du corps, ypí<7<7opív '/«p та sçtuôev (*оЛ1оу i та svJoflív той <7<¿¿x«Tet, a été omis, et que la difficulté d'expliquer l'aphorisme provient de celte omission, aussi ancienne que la première publicationbiptr pocratique. Il est singulier que la même lacune ее trouve dam le passage parallèle, Ép. n, 3, 16.

Quelques rapports existent aussi avec le Prorrh. i,«t fe» Coa* ques. Le passage sur les variations delà respiration^ Èp. u, 'A, 7, et vi, 2,3,se trouve dans la Coaque2f>5. La proposition relative à la terminaison delà fièvre tierce en sept accès, assez mal rédigée Ép. n, 3, 10, et vi, 2, 9, a reçu une rédaction plus exacte Apb. iv, 59, et une addition dans la Coaquc 144, où il est dit que la solution arrive au plus tard après le neuvième accès. La proposition sur le signe a tirer de l'affaissement du visage, est plus développée dans laCoaque 208, muis contient cependant en plus dans le passage parallèle, Ép. n, 5, 12, la mention du jour critique. La proposition sur les solutions du gonflement de l'hypochondre, Ép. u, 6, 5, se trouve dans la Coaquc 125. avec cette différence que Êp. n, il est parlé des pulsations des veines des bras et dans la Coaque des veines des tempes ; elle se trouve aussi Coaque 290, avec celte différence que là il n'est question d'aucune pulsation des veines.

Galien rapproche, et avec raison, ce semble, le passage de Ép. Yi, 1,15, relatif à la paupière qui tombe, de Prorrh. i,84.

Les relations s'étendent encore plus loin. Les macrocé- phales , qui sont tels par l'effet des usages, Ép. n, 1 , 8, se rapportent aux macrocéphales décrits dans le livre Des Airs, des Eaux et des Lieux , t. II, p. 59, et qui devaient la forme de leur (été à des usages nationaux. Les cous allongés provenant des gibbosités, Ép. n, 1,8, appartiennent à la description de la gibbosité siégeant au-dessus du diaphragme,

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description où il est dit : « Сев ¡»dividas sont forcé» de tenir le cou saillant en avant vers la grande verUbre , afin que U tète ne soit pas pendante.» ( Des ЛЛк., t. IV, p. 179,)

Trouver chez ceux qu'on amaigrit b mesure de l'amiugris- Mment, l p. u, 1 , S . est une phrase en relation avec cette phrase-ci : M On voit les personnes maigres, qui n'ont pas ¿té amaigries par un procédé régulier de l'art, avoir les chairs plus muqueuses que les personne« pogrvues d'embonpoint. » (Des Artic., l. IV, p. 101.)

Le Mochliqiu, § 39, a en commun avec Ép.iv, 19, et vi, 1, 9, le passage relatif à la destruction de la voùle palatine et à l'affaissement «lu ru-/.

Le passage de Ép. iv, 43¡ sur lee moyens de reconnaître le* lésions, est identique pour 1« tond et quelquefois pour le« expressions avec les § 1 et 2 du livre De С Officine du médecin , «.III, p. 272.

Quand il est dit, Ép. \ i , 1, 12 , que les suppurations à l'épaule, «lu-/, les enfants eu bas âge, les rendent galiancones, cela «e rapporte évidemment au passage détaillé sur le galian- conisme, l>i-f sirti,., t. IV, p. 115.

Le passage relatif à ce qui est agréable au malade , I ¡>. vi, 4, 7, a de très-grandes analogies avec le début du § 2 du livre Du Régime ¿ans Ut maiadù* aiguës, t. H, p. 230.

La remarque sur l'eau qu'on fait bouillir, Ép. vi, 4 , 8 , appartient aussi au livra Det Еаыя , dût Airs et des iûiut, t.H, p. 86,1. 4.

Deuxième groupe. Les relations du deuxième groupe sont

moins étendues, mais ne sont pas moins positives. C'est avec

Wlivre De* Plaiet de tt'te que ce second groupe a des rapports.

Пы dit, Des Ptniei de tat, t. 111 - p. 257, § 21, que, dans la

trépanation faite immédiatement après l'accident, on ne »ciera

pas toot d'abord l'o* jusqu'à la méninge; ur, le pnlfrenier de

Palamide, Ép. v, 16, neftit trépané que jusqu'au diploé. L'au-

trnr Det Plaiet dettàt, t. III, p. 220, reoviumande avec ¡u-

nstaoce d« ne pas ее laûstr induire en erreur parle« suture»; l'auteur de Ép. v, 27, avoue avoir pris une fracture pour une suture et avoir trop tardé à trépaner ; la recommandation pressante dans l'un, l'aveu d'erreur dans l'outre ont une liaison certaine. L'auteur Des Plaies de tue, § 20, p. 255, décrit l'crysipèle qui survient parfois ; le même palfrenier de Pala- mède présente un érysipèle pareil, à tel point qu'on pourrait regarder ce cas particulier comme la source de la proposition générale du livre Des Plaies de tête. On voit donc que l'auteur de Èp. v agit comme le conseille l'auteur Des Plaies de t£te , ou que l'auteur Des Plaies de tue a puisé une bonne portion de ses enseignements dans la pratique de l'auteur de Kp. v. J'ai déjà appelé l'attention du lecteur sur ces rapports, t. HT, Avertissement, p. xxni.

Les détails dans lesquels je viens d'entrer établissent positivement les nombreux et intimes rapports qui existent entre les livres des Épidémies et d'autres traités. On y voit la source d'une foule d'enseignements qui se retrouvent ailleurs dans la Collection hippocratique. Si cette Collection avait, dans ses parties essentielles, besoin d'arguments qui en confirmassent l'authenticité , les livres des Epidémies suffiraient seuls pour donner une pleine conviction à cet égard. Eu effet on a là des pièces qui portent au plus haut degré le caractère médical. Ces pièces, d'un autre côté, tiennent au restant de la Collection par des liens si étroits qu'elles n'en sont pas separables. Cela est important à remarquer; car s'il est vrai que certaines dates peuvent être assignées aux livres des Epidémies, il s'ensuit que cette date appartiendra aussi à une portion quelconque de la Collection.

Il est permis de croire à l'existence de grandes lacunes dans oes papiers médicaux. Nous ne possédons sans doute qu'une petite partie des notes ainsi prises par les médecins hippocra- tiques ; il est remarquable que les Epidémies, riches à tant d'autres égards, ne contiennent absolument rien sur les fractures et les luxations. Aucune des observations sur lesquelles Hippocrate a composé ses beaux traités Des Fractura et Des
Articulations, ne nous a été conservée. Dp pins , 1'examen seul de ces papiers suffil pour montrer un grand désordre. Lee répétitions nombreuses qui s'y trouvent tiennent sans doute, comme je l'ai dit plus haut, à la présence de doubles ; et, lorsqu'ils ont passé entre les mains des premiers éditeurs, toute notion sur la connexion interne de ces notes était perdue, car il a été possible d'intercaler , par une grossière erreur , le sixième livre entre le cinquième et le septième, qui sont intimement unis. Cette dernière particularité montre, ce qui est du reste établi de bien d'autres façons , que la publication de plusieurs livres bippocratiques n'a pu être que posthume. Les critiques anciens , quoique variant beaucoup dans leurs dires, ont attribué à Thessalus , fils d'Hippocrate, l'édition du deuxième livre, du sixième et même du quatrième. Quoi qu'il en soit de ces assertions, ce n'est certainement pas lui qui a arrangé les livres des Epidémies dans leur ordre actuel, ordre qui du reste remonte jusqu'aux premiers temps de la critique alexandrine ; car il n'aurait pas commis la méprise de disjoindre le sixième livre du quatrième.

X. Rectification du point de vue relativement aux cinq Uvres. Quand on fait attention au mode de rédaction de ces notes, quand on remarque combien elles sont succinctes et incomplètes , quand on considère le caractère tantôt particulier, teetot dubitatif qui y est attaché, on s'étonne du rôle que -le hasard des choses leur a fait jouer dans la médecine. DY-mi- aentes qualités , un esprit d'une sûreté incroyable , uu jugement ferme , une observation attentive , une expérience consommée , un style plein de nerf et de profondeur , et aussi la circonstance d'apparaître des premiers sur le seuil de l'histoire médicale, ont donné à Hippocrate un grand crédit dans l'antiquité et un crédit encore plus grand à la Renaissance. Cette admiration a tout embrassé , aussi bien des notes purement personnelles et véritablement informes que les compositions les plus élaborées. On s'est mépris dès lors sur le «en* de ces notes ; elles ont paru , Comme le teste et a tltr* égalt des résultats auxquels l'auteur avait donné toute la s;m. lion de son jugement. L'obscurité qui y était nécessairement attachée n'a été qu'un aiguillon de plus ; et, au lieu d'y voir des textes à discussion et une étude curieuse des moyens par le1*" quels les Hippocratiques avaient acquis leurs connaissances , on y vit des espèces de dogmes auxquels 11 fallait se soumet« fre. La confusion s'est encore étendue plus loin ; il y a «Inns les Âpliorismès certaines propositions qui dérivent directement dés1 Épidémies ; par elles-mêmes, elles portent l'esprit loin dit si-us ijni leur appartient réellement, et, si l'on vent en avoir Itt Véritable intelligence , 11 faut remonter à la source d'où elles dérivent. De là , nouvelle cause d'erreurs pouf les médecins, lui Se trouvèrent soumis à l'influence de ces texte« mal i-om- pris et mal appliqués.

Autre est le point dé vue de là critique. Elle possède, par le singulier concours de circonstances qui, à côté des traités destinés à la publication, à conservé des notes, et en quelque Sorte, des1 pièces à l'appui j elle possède, du^je, quelques élc- ini-iiis qui lui permettent de reconnaître le mode d'étude des Hippocratiques, là nàlnre1 de leUf* procédés, et la valeur des résultats obtenus par eux. Elle entre profondément dans lY-b- bóratiórt primordiale de Cette ancienne médecine ; et certaine*- ihent, loin de perdre à cet examen, les travaux des Hippocrati'- tjues y gagnent. Au lieu de propositions générales qui peuvent sembler on vagues Ou arbitraire*, séparées qu'elles sont de leur origine, ой aperçoit de toute part lés faits et les observations qui leur dht donné naissance. Là même où manquent lea documents, on a la certitude qu'ils aVaietit existé; et dès-lors, toute la médecine hippocratique prend, aux yeux de la critique , un caractère de réalité que l'admiration trop exclusive des siècles passés tendait à lui ôter. Les livres des Epidémie^, dis-je, sont, par tous ces défauts mèméà, leS pièces les plus curieuses de la haute antiquité médicale. Ils portent jusqu'à un certain point là garantie de tout le reste ; nur trace de là pra>tiqne journalière des rlippocratiqùes, des cas vus pat eu*, et des méditations suggérées, y a été conservée. Le lecteur tlfe demandera donc à des noies décousues, i des réflexions qui «OBt, si- i-- puis me serrir de cette comparaison chimique, a l'étal Baissant, l'ordre et la suite qni appartiennent à des traites complètement élaborés. Mais, pour peu qu'il se soit familiarisé dans les volumes précédents avec, la personne d'Hippo- crate, pour peu qu'il ait pris goût et intérêt à cette médecine antique, racine de la nôtre, pour peu qu'il se soit attaché à la contemplation réfléchie de l'histoire, sûr complément et vraie philosophie de la science, il recherchera avec curiosité et non sans quelque fruit, les observations tantôt brèves, tantôt plus longues, recueillies a Âbdère, à Périnllu , à Thasos, 1ед réflexions entremêlées, les pronostics portés, les doutes soulevés, les aveux d'erreur, et il ne regrettera pas d'avoir passé quelques moments en compagnie intime avec ces praticiens d'un autre âge.

XI. Résumé. De l'examen auquel je viens de soumettre les Kvfts des Épfáémíéf, Oh peut tirer les conclusions suivantes :

! Cis livres tiennent entre eux par les liens les plus étroits ; toutefois ils se séparent en deux groupes qui n'ont que peu de rapports l'un avec l'autre.

2' La pratique des Hippocratiquesa eu, principalement pour

^tiége 4e nordi de la Grèce* la ThesJalie , la Macédoine, la

Thratfe; i-i, ti l'on fait entrer en ligne de compte le premier

Prorrhétique, elle s'est étendue jusqu'à l'emboucbure du

Danube.

3°Une date qui n'est phs saris vraisemblance place la rédaction de certaines observations l'an 453 avant J.-C., c'est- à-dire du temps de la génération qui a précédé Hippocrate.

4° Une date dont In détermination a aussi de la probabilité ¿xe la composition d'une portion du moids de ces livres a l'an 436 avant l'ère chrétienne; ce qui la confirme par surcroit, c'est qu'aucune des autres indications chronologiques qu'on peut recueillir n'est eh désacord.

5* En démêlant, comme j'ai fuît, les histoires de malades qui, disséminées cà et là, appartiennent à une description commune , par exemple à la description de l'épidémie de toux de Périuthe, en rattachant à des faits particuliers des remarques qui ont une apparence de généralité, en signalant les rapports des cinq livres avec d'autres de la Collection, on obtient des notions exactes sur le mode d'observation et d'étude des Hippocratiques.

BIBLIOGRAPHIE.

MANUSCRITS.

= C, 2254 = D, 2144=F, 2HI=G, 2Ш = Н, 3140 t=I, 2U3 = J, 2145 = K, Cod. Serv. = L, Cod. Fevr.=Q/.

ÉDITIONS, TRADUCTIONS ET COMMENTAIRES.

Liber Epidimiarum et Commentaria Joannis Alexandria) me- dici et sophistae, dans Articella, Лгепе1., 1523, f. Joh. Alexandrini Comment, in YI Epid. , cum ipso textu, latine, Lugd., 1527, 4.

Hipp. Coi de Vulgaribus Morbis libri septem a Petro Vede- licio, Cracovia?, 1S35, 8. Parish's, 1575, 12.

Über YI Epid. jam recens latinitate donatus, Leonbardo Fuchsio interprete, addita est luculenta ejus libri explicado. Hageno», 1532, 4. Basil., 1837, f.

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Liber YI Epid. ex interpretatione Leonh. Fuchsii, cum alia veten translation«, studio Jo. Agrícola; Ammouii, cum Aph., 1537,4.

Epid. liber sextus, Grace, cum Aph., 1343, 12.

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. Hipp. Epid. liber II, gr. et lat., com Comment. Aunt. Foes., Basil., 1560, 8. . Cardan, v. t. II, p. 593.

Vallesins, v. t. П, p. 594.

Palkdii Scholia Hippocratis sexta; Epidemia?, ed. P. J. Crasso, Basil., 1581,4, latine. Le texte grec a été publié par Dietz, Scholia, Regimonlii Prussorom, 1834, t. II, p. 1—204.

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Hier. Mercnriali, Praelcctiones Bononienses in Epid. vi librnm. Foroliv., 16Î6.

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G. E. Stahl, Progr. itipl y-;«»« aitouJíÚTow. Halse, 1703, 8, pp. 4. (Ad Hipp. Epid. vi, S.)

J. G. Albrecht, Programma de loco Hipp, male explícalo, Ер. vi, sect. 5, Getting. 173S, 4. (Rec. in BaWingeri Selectis opnsc. in quibus Hippocrates explicatur, Getting., 1782, 8, p. 313. )

Chr. Gfr. Stenzel, Dcfensio Hippocratis foci non mali accu- tati (morb. Epid. vi, sect. 5, aph. 12), Vitemb., 1748, 4.

Abr. Vater, De lienis prolapsione ad illustrandum vexatum Hipp, locum, L. VI, sect. 2, aph. 30. Vitemb. 1746. (Rec. in Baldingeri Opuse., p. 223.)

Sgm. Schmieden Observai'« > de equo fictili, locum Hipp. libr. IV Epid. corraptum pristine sanilati restituens, in Misc. Lips., IV, p. 107.

Dan. \Vilh. Triller, Exercitatio de gibbo ex nephritide potiui qoam ex phrenitide orto. Vitemb., 1784, 4. ( Op., t. I, p. 431.) ( Ad Epid. v. )

Triller, Exercitatio de vitandis sordidis ac lascivis remediis aofidjsentericis. Vitemb., 1770, 4. (Op., t. Ill, p. 40. ) (Ad Epid. vu.)

Triller, De eo qni a Ceramii equo graviter delapsus est, hoc est exercitatio in locum ex IV Epid. Hipp, libro, in: Misc. Lip*., !- X, p. 118.

Triller, De febre miliar! potis^imitm feeminarum prlftcie me- dicis baud incognita, ad quaedam Hipp, loca illustranda. Vitemb., 4, 1766.

Triller, l'Acrcitatio de nova reraque explicatione léci tínjbs- dam Hippocratici hactenus obscurissimi, 1. VII Epi<t., de mcn- sibus per nares Leonids filia; erumpuntibus, ab imprudent! àu- tem medico cum ipsius interitu mlelitiu-r represeie. Yitemb. 17»», 4. (Op., t. l, p. BW.)

G. W. Fr. Strove, Lootos Htpp., Epid. vi, riWy»oy **l i>-w »Дот т» »и/*». Nordhas.j 1700, 8.

C. W. Fr. Struve, Löcus Hipp.» Epid. т, ekpositttf, Nortlhts., 1760,4.

Farr, v. t. II, p. 596.

Explication d'un passage des Épidémies d'Hippocrate, par M. Go»Jm, Pari», 1783, g. .<

Explication d'un passage des Epidémies d'uippocrate, lequel doaoe in-rasioii d'en corriger un d'Artémidore mal interprété par Suidas ; par M. Goulin, Paris, 1783, 8, Сотр. Journal en- ejrclopédique, à Bouillon, 1783, t. VI, p. 11. Сотр. Rosenbaom, jGesch-. iltr Lustscuclii', 1.1, p. 216;

 

(1) Ἐπὶ δ´ ἄρχοντος Ἀθήνησιν Εὐκλέους τοῦ Μόλωνος ἐγένετο κομήτης ἀστὴρ πρὸς ἄρκτον μηνὸς Γαμηλιῶνος περὶ τροπὰς ὄντος τοῦ ἡλίου χειμερινάς·

(2) Τοῦ δ᾿ ἐπιγιγνομένου χειμῶνος ἡ νόσος τὸ δεύτερον ἐπέπεσε τοῖς Ἀθηναίοις, ἐκλιποῦσα μὲν οὐδένα χρόνον τὸ παντάπασιν, ἐγένετο δέ τις ὅμως διοκωχή. παρέμεινε δὲ τὸ μὲν ὕστερον οὐκ ἔλασσον ἐνιαυτοῦ, τὸ δὲ πρότερον καὶ δύο ἔτη, ὥστε Ἀθηναίους γε μὴ εἶναι ὅτι μᾶλλον τούτου ἐπίεσε καὶ ἐκάκωσε τὴν δύναμιν· τετρακοσίων γὰρ ὁπλιτῶν καὶ τετρακισχιλίων οὐκ ἐλάσσους ἀπέθανον ἐκ τῶν τάξεων καὶ τριακοσίων ἱππέων, τοῦ δὲ ἄλλου ὄχλου ἀνεξεύρετος ἀριθμός. ἐγένοντο δὲ καὶ οἱ πολλοὶ σεισμοὶ τότε τῆς γῆς, ἔν τε Ἀθήναις καὶ ἐν Εὐβοίᾳ καὶ ἐν Βοιωτοῖς καὶ μάλιστα ἐν Ὀρχομενῷ τῷ Βοιωτίῳ.

(3) T.II, p. v.

(4) Δαρεος Κύρου πόγονος στάσπου δ ίος τος μάγοις πιθέμενος κα κρατήσας βασίλευε μέχρι συμπληρὼσεως ερουσαλήμ ἔτη ἓξ καὶ  πρὸς τούτοις ἕτερα λ'. π τούτου πποκράτης ατρς γνωρίζετο.

(5) Δημόκριτος—κμαζεν· πποκράτης Κος ατρν ριστος γνωρίζετο Ἀσκληπιάδης τ γένος· Δικτάτωρ ν ώμ πρῶτος κατεστήθη, Ῥοῦφος Λάρτιος.

(6) Τότε κα Δημόκριτος βδηρτης φυσικς φιλόσοφος γνωρίζετο κα μπεδοκλ; Ἀκραγαντνος, Ζήνων τε κα Παρμενίδης φιλόσοφος κα Ἱππολράτης Κος.

(7) Μετ τούτου ρταξέρξης μακρόχειρ, ἀφ' ᾧ Σοφοκλς κα ράκλειτος, ναξαγόρας κα Πυθαγόρας κα Θουκυδίδης καὶ Εριπίδης καὶ ρόδοτος κα Ἐμπεδωκλῆς καὶ Διογένης κα Ἱπποκράτης, Πλάθων καὶ Ἀριστοτέλης ἐγνωρίζοντο.

(8) Ceci est la conjecture de M. Petersen, laquelle, on le verra plus tard, n'est pas parfaitement sûre.

(9) Voy. t. II, p. xii, les raisons que j'ai fait valoir contre cet argument. On ne peut se fier à Platon, qui ne tient pas à scrupule d'observer dans ses dialogues une exacte chronologie.

(10) Voy. t. II, p. xviii.

(11) 1 Même dans ces termes la chose ne serait pas Impossible. Mais qu'on relise (t. Il de mon édition, p. xvii) les vers d'Aristophane, et l'on verra combien l'allusion du poète est fugitive, et combien il est difficile d'y trouver la certitude qu'il s'agit vraiment d'Hippocrate et de son livre.

(12) Voy. t. II, p. xvii.

(13) Voy. t. IV, p. 431.

(14) Il propose de lire Λυσίμαχος, auteur cité à différentes reprises par Erotien, ou Καλλίμαχος. — Je remarque que M. Schneider, dans le Mémoire que j'analyse plus loin, est d'avis de s'en tenir à la date fournie par cet Istomachus, quel que soit son nom.

(15) T. II, p. xxiv.

(16) Voy. le IIe livre des Maladies, §§ 2,6, 8 et 41 ; le livre des Affections internes, §§ 3, 5,7,12, 16, 27 et 29.

(17) Ἐκ πατρίδος τῆς μετέρης πλα πολέμια μ ρασθαι. C'est ainsi que M. Petersen traduit cette expression. Mais, indépendamment du doute que je conserve sur la traduction de πλα πολέμια par place d'armes, je remarque que le texte n'est pas même certain. Les mas. 2254, 2144,2140, 2243, 2145 sont mutilés en cet endroit ; le ms. 2141 a bien μετέρης ; mais les mass. 2146 et 2142 ont ὑμετέρης, ce qui changerait complètement le sens. Je crois même que le résultat de cette discussion sera de montrer qu'il faut lire en effet ὑμετέρης.

(18) Ces mots d'Hérodote paaissent se prêter à un autre sens que celui qu'indique M. Petersen, et signifier seulement, suivant le pléonasme habituel à l'Ionisme, que le temple actuel n'existait pas alors.

(19) ν δ τ ατ χωρίον τέ στι καλούμενον Βσααι, καὶ ναός το πόλλωνος το Ἐπικουοίου. Τ δ νομα ἐγένετο Ἀπόλλωνι ἐπικουρήσαντι ἐπὶ νόσ λοιμώδει· καθότι καὶ παρ' θηναίος πωνυμίαν ἔλαβεν Ἀλεξίκακος, ποτρέψας καὶ τούτοις τν νόσον. ἔπαυσε δ ὑπὸ τν τῶν Πελοποννησίων κα θηναίων πόλεμον καὶ τοῖς Φιγαλας, καὶ οὐχ ἑτέρῳ καιρῷ· μαρτύρια δὲ αἱ.... τε πικλήσεις μφότεραι τοῦ Ἀπόλλωνος ἐοικός τι ὑποσημαίνουσαι, καί Ἰκτῖνος ὁ ἀρχιτέκτων τοῦ ἐν Φλιγαλίᾳ ναοῦ, γεγονὼς τῇ ἡλικίᾳ κατὰ Περικλέα, καὶ Ἀθηναίοις τὸν παρθένωνα καλούμενον κατασκευάσας.

(20) Ἐς μὲν πελοόννησον οὐκ ἐσῆλθεν ὅτι καὶ ἄξιον λόγου (II, 54)

(21) Εὐφρένωρ... καὶ πλησίου ἐποίησεν ἐν τῷ ναῷ τὸν Ἀπόλλωνοϲ πατρῷον ἐπίκλησι, πρὸ δὲ τοῦ νεὼ τὸν μὲν Λουχάρης, ὃν δὲ καλοῦσιν Ἀλεξίκακον, Κάλαμις ἐποίησε(I, 3, 4)

(22) M. Petersen ajoute â ces honneurs : la permission pour les éphèbes de Cos de participer aux exercices des éphèbes athéniens. Ceci est une inexactitude : la permission appartient ua Décret et ne figure pas dans le Discours.

(23)  Voy. plus haut la note de la p. xviii.

(24) Voy. plus loin une rectification à cette traduction, p. xxxviii.

(25) A la vérité M. Petersen n'insiste que légèrement sur cet argument; mais ce refus d'Hippocrate est trop problématique pour qu'on puisse s'y appuyer dans la discussion.

(26) M. Petersen voit en ceci un grand arguent pour admettre que notre document est contemporan. Mais qui ne sait combien est douteux le refus d'Hippocrate?

(27) Denys d'Halicarnasse, dans son traité de l'Éloquence de Démosthène, c. iii, p. 956, cite un fragment d'un discours politique de Thrasymachus; et le fragment d'une harangue pour les Larisséens, rapporté par Clément d'Alexandrie (Strom., VI, p. 624), paraît appartenir a un discours de ce genre. Il est remarquable, ajoute M. Petersen, qu'il ait justement écrit une harangue pour la ville de Larlsse, où Hippocrate résidait alors; circonstance qui appuie la croyance à des rapports d'Hippocrate avec lui et son école.

(28)  Je pense que M. Petersen fait commencer le ive siècle à 400, et non à 301, c'est-à-dire qu'il compte en descendant vers l'ère chrétienne et non en remontant. Ainsi le Discours aurait été écrit entre 400 et 350, et non en l'an 412, au moment même de l'affaire. Ceci permet de concilier quelques difficultés.

(29) Voy. ce passage que j'ai cité t. II, p. xiv.

(30) Voici le texte entier : πατρ, νδρες θηναοι, κα γ αἰτέομεθα ὑμεῖς, οτω γρ επεν λευθέρους κα φίλους παρ φίλων τυχεν ἐλευθέρων, κ πατρίδος τς μετέρης (l. μετερης) πλα πολέμια μ ρασθαι· εἰ δὲ δεῖ, σπερ σως δε τοςπρ τς ατν προεληλυθότας, κα δεόμεθα μ μας όντας ξιωμάτων μεγάλων καὶ τοιουτων προΰπάρξαντας ἐν δούλων μοίρ τιθήσεσθαι· τι δ, καὶ γρ οτως ρμόσει λέγειν, κετεώομεν μ ποιήσασθαι τ μέτερα μν ατος δουρκτητα.

(31) Uhe expression- tres-semblable se trouve uir peu plus haut :   πατρς ἡ ἡμετέρη... ὡς μὴ καθ' ὑμέων... ὅπλα πολέμια λάβῃ.

(32) Ἐρρύσατο δὲ τὴν ἑαυτοῦ πατρίδα πολεμεῖσθαι μέλλουσαν !υπὸ Ἀθηναίων, Θεσσαλῶν δεηθεὶς ἐπιβοηθῆσαι

(33)  Voy. t. V, p. 261 et 331.

(34) Voy. t. I. p. 36.

(35) Οἱ τούτων τν έθνων βασιλήες, κατ δόξαν ητρικν, ληθς ἐοῦσα πανταχόθεν σχυεν ρχεσθαι, κα κατ πατρς το μέο, πέμπουσιν κτλ.— La gloire médicale qui, quand elle est véritable, a la force d'aller partout : voilà une phrase qui m'est suspecte et qui, à elle seule, me ferait, je crois, rejeter l'authenticité de ce Discours.

(36) Janus, t. I, p. 86.

(37) Il y en avait plusieurs. Voy. Heeren, de Fontibms Plutarchi, p. 94 et 96.

(38) Ce qui montre le peu de fol qu'on peut accorder à ces dires et l'absence d'un fondement historique sérieux, ce sont les variations. Ainsi, d'après un renseignement conservé par Stobée (Serm. xiii) Hippocrate est mis en rapport non pas avec Artaxerce, mais avec Xercès; et, comme, pour l'engager à se rendre à la cour de Perse, on lui faisait valoir la bonté du prince, il répondit : Je n'ai pas besoin d'un bon maître.

(39) J'ai dit (t I, p. 32) que Phérécyde, un des garants, cités par Soranus, pour la généalogie d'Hippocrate, était tout à fait inconnu. M. Schneider pense que ce Phérécyde n'est autre que le célèbre généalogiste (comp. Pherecydis fragmenta, par Sturz, p. 58), dont le témoignage a pu être invoqué par Ératosthène dans la généalogie des anciens Asclépiades; aussi Soranus le nomme-t-il après Ératosthène.

(40) Bemerkungen zu einer Hippocrates betreffenden Anecdote von Dr .Greenhill, Prof, in Oxford; Janus, t. III, p. 357.

(41) } Heractiteae Particula I Scripsit Jacobus Besnays, Hamburgeoris. Bonnae, 1848.

(42) Du Régime, I, 1.

(43) Du Régime, I, 1.

(44) Du Régime, 1,3.

(45) Τὸ ὑγρὸν τ πυρ τροφν εναι μόνον, ap. Arist Meteor., Β 2, p. 355, a 5,Bek.

(46) Du Régime, I, 4.

(47) Frag. 22, p. 364. Schlciermacher, Muséum d. Alt Win., I.

(48)  Du Régime, I, 6.

(49)  Du Régime, I, 6.

(50) Sextus Emp. adv. Math., IX, 337.

(51) Du Mal de mer, Paris, 1850. Je ite d'après la Gaz. médicale de Paris, 1850, p. 739.

 

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