Hippocrate

HIPPOCRATE

 

TOME VIII

 

DES CHAIRS - ΠΕΡΙ ΣΑΡΚΩΝ.

HIPPOCRATE

 

 

 

DES CHAIRS.

ARGUMENT.

L'auteur de ce traité a vu des gens qui, s'étant coupé la gorge, et la plaie pénétrant dans le larynx, ne pouvaient plus parler, et à qui on rendait la parole en réunissant les bords de la lésion.

Il a été témoin de ruptures de l'œil et a constaté que l'humeur qui s'en écoule se coagule par le refroidissement. M. Andréas, en commentant ce passage (1), regarde comme certain que cette humeur glutineuse qui sort d'un œil crevé et qui, se coagulant par le refroidissement, ressemble à de t'encens, est le cristallin. Suivant lui, ce passage est une preuve sûre qu'à cette époque l'extraction de la cataracte n'était pas connue ; autrement , l'auteur ne se serait pas borné à invoquer la rupture plus rare de l'œil au sujet du cristallin.

Il a examiné l'os maxillaire inférieur et reconnu le pertuis qui donne entrée aux vaisseaux nourriciers ; mais il a cru que c'était le seul os qui reçût ainsi une veine, fondant là-dessus une théorie pour expliquer comment cet os, seul entre les autres, produisait les dents.

Il a remarqué que le sang tiré du corps , abandonné à lui-même, se coagulait, mais que, si on le battait et agitait, il ne se coagulait plus.

Il a observé une pellicule qui se forme sur le sang laissé en repos et qui se reproduit quand on la détache.

Voulant distinguer les parties tendineuses des autres, il a 577 eu recours à l'ébullition, notant que les parties tendineuses se cuisent plus difficilement que les autres, et entamant ainsi des recherches qui n'ont été reprises que bien plus tard, à savoir la recherche des caractères spécifiques des tissus.

Il sait que la moelle épinière n'est une moelle que de nom : elle a des membranes, ce que n'ont pas les véritables moelles, et il la fait provenir du cerveau.

De telles observations témoignent que notre auteur est non pas un philosophe, quoique son ouvrage ait rapport à des spéculations communes parmi les anciens sages, mais bien un médecin essayant de traiter, lui aussi, des questions dont s'étaient occupés Empédocle , Parménide et d'autres.

Il est difficile d'aller plus loin dans la détermination de sa personne. A la vérité, rapportant qu'il a appris des femmes elles-mêmes beaucoup de choses touchant la conception et la grossesse, et renvoyant aux accoucheuses (ἀκεστρίδες) pour appuyer ses dires, on pourrait être tenté de le rapprocher de l'auteur qui a écrit sur les maladies des femmes. Mais cela est bien trop vague. Ajoutons une particularité qui ne s'explique pas facilement : l'auteur du livre des Maladies des femmes, qui est aussi celui de la Nature de l'enfant, a consigné un fait singulier qui n'a pu être interprété que dans ces derniers temps; il a signalé chez une femme la chute, au sixième jour après des rapports avec un homme, d'un corps qu'il a cru être le produit de la conception , mais qui est la membrane utérine (2). Cette observation est parfaitement réelle comme le montre l'interprétation qui en a été donnée ; elle est très-curieuse puisqu'elle est le premier fait de ce genre consigné dans les livres, et elle est présentée par l'auteur comme un cas singulier dont il n'a vu qu'un exemple. Ici, dans le traité des Chairs, est rapportée une observation semblable en plusieurs traits, mais défigurée en d'autres, el qui excite des doutes : les filles publiques (αἱ ἑταῖραι αἱ δημόσιαι) savent quand elles conçoivent ; 578 c'est comme dans l'autre observation où l'hétère sut quand elle devint enceinte. Elles se font avorter; dans l'autre c'est le médecin qui donne un conseil amenant l'avortement. II tombe alors une espèce de chair ; dans l'autre, ce qui tombe est appelé semence, γονή. C'est au bout de sept jours; dans l'autre, c'est au bout de six. La masse offre toutes les parties du corps, les membres, les yeux, les organes génitaux; dans l'autre, l'observateur n'aperçoit qu'une membrane, des fibres, une humeur. Ceci est représenté comme fréquent ; dans l'autre, c'est un cas singulier. Remarques de plus que dans le livre des Chairs il y a une erreur certaine : sept jours après la conception, l'ovule est tout au plus arrivé dans la matrice, et il n'est pas encore dessiné dans toutes les parties comme le suppose l'auteur. Ce qu'on peut croire, c'est qu'en effet il a vu des embryons venus par avortement, mais certainement ils étaient plus âgés qu'il ne dit ; et il a accommodé leur âge à son système. En tout cas, quelque idée qu'on se fasse d'une telle observation fautive en des points essentiels et dès lors mal assurée, il me paraît constant qu'on a là un écho de l'observation, bien autrement réelle, qui est dans le livre de la Nature de l'enfant. On ne peut, suivant moi, en expliquer autrement les analogies frappantes, soit que l'auteur ait imaginé le tout d'après ce texte, soit plutôt qu'il y ait conformé des faits dont il avait été véritablement témoin. Les cas de chute de muqueuse utérine ne sont pas très-fréquents ; ceux d'avortement le sont beaucoup plus, ils l'étaient surtout dans les mœurs antiques; et sans doute c'est sans fausseté qu'il a dit en avoir vu beaucoup, tout en se trompant sur l'âge de l'embryon, tout en modifiant son récit d'après le récit antérieur. Car, à mes yeux, par tout cela il est établi que le livre des Chairs est postérieur au livre de la Nature de l'enfant.

L'auteur, qui attache une grande importance à la division septénaire delà vie humaine, connue d'écrivains plus anciens que lui, Solon, par exemple, désigne ainsi celte subordination au nombre sept : « L'âge de l'homme est de sept 579 jours (3). » Et, expliquant sa pensée, il apporte en preuve qu'en sept jours le fœtus est tout formé dans la matrice; que sept jours d'abstinence amènent la mort; qu'à sept mois ou à neuf mois le fœtus est viable, ayant un nombre exact de semaines de jours; que les périodes des maladies sont réglées par semaines, ou fractions de semaines, ou multiples de semaines ; enfin, qu'en sept ans l'enfant a toutes ses dents, sept ans faisant trois cent soixante-cinq semaines. On voit qu'en disant que l'âge de l'homme est de sept jours, il entend que le nombre de sept jours se retrouve dans plusieurs des plus essentiels phénomènes de la vie et de son développement; et il n'attribue pas au mot jour un sens plus général, plus indéterminé que celui qu'il a d'ordinaire.

Connaissant que la nutrition se fait par un fluide commun qui, puisé dans le canal intestinal, se rend à tons les organes, il connaît aussi que chaque organe a la vertu de transformer en substance similaire à soi ce liquide, qui ne possède qu'en puissance les divers éléments du corps. C'est avec cela que l'os fait de l'os, que le foie fait du foie, et ainsi de suite, chaque partie produisant l'accroissement qui lui est semblable.

Pour les plus anciens esprits qui spéculèrent sur la formation des tissus vivants, il paraît que la première idée qui se présenta, c'est que ces tissus doivent leur formation à l'action des milieux ambiants. Ainsi noire auteur, à l'exemple d'autres qui l'avaient précédé, attribue la formation de la peau et sa texture résistante au froid et au choc de l'air dans lequel l'homme est placé. Cette idée, plusieurs fois reprise par la biologie moderne, s'est résolue en celle-ci plus générale : qu'il y a un rapport nécessaire entre l'organe et le milieu.

L'objet du livre des Chairs est une espèce de physiologie générale. La cause intelligente et universelle est le chaud, qui, répandu dans le haut des régions célestes , mais incorpore à des portions de matières plus grossières , façonne les 580 organes. Cette formation toute d'imagination occupe une grande part du livre. On y voit, en passant, que, suivant l'auteur, le cœur, qui est la partie la plus chaude, attire l'air extérieur, le distribuant à tout le reste et entretenant ainsi la chaleur et le mouvement ; opinion très-ancienne qui a persisté si longtemps, et qui est un des fondements de cette physiologie rudimentaire. Puis il explique l'audition, l'olfaction, la vision et la parole. Il suppose, et c'est l'avis de la plupart des médecins de ce temps-là (4), que le cerveau est le siège de l'humidité et la source de catarrhes qui s'épanchent sur les autres parties du corps ; cela, qui est capital aussi, doit toujours être devant notre esprit, quand nous voulons nous figurer comment les anciens se représentaient l'organisme humain. Enfin il termine par des remarques sur le nombre sept, qui, suivant lui, est une loi du développement vital.

Voici donc une idée très-sommaire de l'antique physiologie des Hippocratiques, ou, pour ne pas donner un nom trop ambitieux a des notions tellement rudimentaires et hypothétiques, des vues qui étaient courantes parmi eux au sujet des fonctions du corps humain. Les veines partaient de la tête, et allaient se distribuant dans le corps entier jusqu'aux doigts des pieds. L'air, attiré dans la trachée-artère, les bronches et les poumons, passait dans le cœur et les artères, qui prenaient de là leur nom et portaient, de cette façon, l'esprit de vie et de mouvement dans toutes les parties. Le cerveau était considéré comme l'organe qui recevait l'humide et en faisait la répartition ; c'était même là qu'ils avaient placé une certaine circulation : l'humeur y affluait de toutes les régions du corps comme à un réceptacle ; et, à son tour, ce réceptacle renvoyait l'humeur à toutes les régions. Les glandes, d'ailleurs fort incomplètement énumérées, avaient pour usage de débarrasser le corps des liquides superflus. La digestion était conçue comme une cuisson des aliments, d'où résultait un fluide qui 581 allait, par les glandes et par les veines, nourrir les différentes parties; mais toutes les opérations intermédiaires entre la digestion stomacale et le passage du fluide nourricier dans l'économie, demeuraient ignorées. A quatre humeurs était attribué le rôle capital d'opérer dans le corps toutes les mutations essentielles : ces humeurs étaient le sang, la pituite, la bile et la bile noire ; quelques-uns, en place de la bile noire, mettaient l'eau. Ce qui frappe surtout en ceci, c'est qu'il n'est question nulle part du système nerveux et de son influence prépondérante dans les organismes qui occupent le haut de l'échelle animale. Qu'on se figure par ce seul fait la difficulté qu'il y eut pour les anciens hommes d'aborder les questions biologiques. Les Hippocratiques, malgré leurs connaissances médicales, malgré leur habileté dans la pratique, et quoiqu'ils fussent placés dans le siècle si brillant de Périclès, ne savaient pas qu'il y eût des nerfs, ou que ces nerfs servissent à quelque chose. Toutefois, il ne faut pas oublier qu'il s'agit ici seulement des Hippocratiques et de leur temps. Leurs successeurs n'en restèrent pas là, et l'école d'Alexandrie, qui rendit tant de services aux sciences mathématique et astronomique, agrandit notablement aussi les rudiments d'anatomie et de physiologie, tels que les comportait un âge où l'on manquait des sciences intermédiaires, chimie et physique.

Ici s'offre une occasion de montrer, à un point de vue général, l'état de la science antique; ce qui nous permettra de mieux la comprendre historiquement. Aujourd'hui toute biologie s'appuie d'abord et essentiellement sur la chimie, puis sur la physique ; les notions astronomiques, mécaniques, géométriques, numériques n'interviennent que très-peu; ce n'est qu'à l'aide de cet échafaudage devenu nécessaire qu'elle peut établir les théories qui lui sont le plus particulières et qui la constituent le mieux science indépendante. Au contraire voyez comment se présente l'essai antique que nous avons ici sous les yeux : pas un mot de chimie ou de physique, par l'excellente raison que ni chimie ni physique n'existaient alors ; 582 l'auteur passe aussitôt à la notion d'un éther occupant les régions célestes, notion qui tient plus à l'astronomie qu'à toute autre chose. Il y a donc ici une lacune inévitable qui frappe de stérilité tous ces essais. A leur insu, ces penseurs réunissaient des choses qui avaient des intermédiaires et qui pourtant leur semblaient n'en pas avoir, de sorte qu'en place d'un lien réel et objectif ils ne saisissaient qu'un lien fictif et subjectif. Rien n'est plus honorable pour l'esprit ancien que sa perpétuelle tendance à généraliser et à former des systèmes d'idées qui le satisfissent. Et ils le satisfaisaient en effet; mais c'est une satisfaction qui n'avait rien de permanent, qui passait sans peine de doctrine en doctrine , et que la postérité surtout ne pouvait pas ratifier. On voit en quelle condition défavorable il généralisait, et en même temps on voit quelles sont les conditions à remplir pour généraliser avec sûreté. La biologie , considérée en soi, est le couronnement d'une série de notions qui ont pour base la chimie , laquelle a pour base la physique, laquelle a pour base l'astronomie, laquelle a pour base la mathématique; et, à un autre point de vue, la biologie devient, à son tour, échelon, conduisant à une science encore plus élevée, à savoir l'histoire ou doctrine de l'évolution sociale, ou connaissance de l'homme collectif, qui ne peut être instituée sans la connaissance de l'homme individuel et des organismes vivants.

583 BIBLIOGRAPHIE.

MANUSCRITS.

2146 = C, 2255 = E, Cod. Serv. ap. Foes = L, Imp. Cornar. ap. Mack = K', Imp. Samb. ap. Mack = P'.

ÉDITIONS, TRADUCTIONS ET COMMENTAIRES.

Hic liber prodiit in opusculorutn Rhasis Coll. veneta 1497. — Sylvii commentarius in hunc librum prodiit Venet. 1543 in-8°. Paris. 1561 in-8°. — Galeni de elementis lib. 2, interprete Vict. Trincavelio ; access. Hippocr. liber de elementis eum comment. Jac. Sylvii, Lugd. 1550 in-12. — Lallamantius; vide t. VII, p. 435. — Comment. Joh. Heurnii, Lugd. Bat. 1603 in-4° et in Operibus omnibus.
 

(1) Die Augenheilkunde des Hippocrates, p. 58, Magdeburg, 1843.

(2) De la Nat. de l'enf., § 12.  Voy. aussi l'Argument, t. VIII, p. 463.

(3)  Ὁ δὲ αἰών ἐστι τοῦ ἀνθρώπου ἑπταήμερος.

(4) Voy. entr'autres l'opuscule Des Glandes.

 

 

ΠΕΡΙ ΣΑΡΚΩΝ.

1. Ἐγὼ τὰ μέχρι τοῦ λόγου τούτου κοινῇσι γνώμῃσι χρέομαι ἑτέρων τε τῶν ἔμπροσθεν, ἀτὰρ καὶ ἐμεωυτοῦ· ἀναγκαίως γὰρ ἔχει κοινὴν ἀρχὴν ὑποθέσθαι τῇσι γνώμῃσι βουλόμενον ξυνθεῖναι τὸν λόγον τόνδε περὶ τῆς τέχνης τῆς ἰητρικῆς. Περὶ δὲ τῶν μετεώρων οὐδὲ δέομαι λέγειν, ἢν μὴ τοσοῦτον ἐς ἄνθρωπον ἀποδείξω καὶ τὰ ἄλλα ζῶα, ὁκόσα ἔφυ καὶ ἐγένετο, καὶ ὅ τι ψυχή ἐστιν, καὶ ὅ τι τὸ ὑγιαίνειν, καὶ ὅ τι τὸ κάμνειν, καὶ ὅ τι τὸ ἐν ἀνθρώπῳ κακὸν καὶ ἀγαθὸν, καὶ ὅθεν ἀποθνήσκει. Νῦν δὲ ἀποφαίνομαι αὐτὸς ἐμεωυτοῦ γνώμας.

2. Δοκέει δέ μοι ὃ καλέομεν θερμὸν, ἀθάνατόν τε εἶναι καὶ νοέειν πάντα καὶ ὁρῇν καὶ ἀκούειν καὶ εἰδέναι πάντα ἐόντα τε καὶ ἐσόμενα· τοῦτο οὖν τὸ πλεῖστον, ὅτε ἐταράχθη πάντα, ἐξεχώρησεν εἰς τὴν ἀνωτάτω περιφορήν· καὶ ὀνομῆναί μοι αὐτὸ δοκέουσιν οἱ παλαιοὶ αἰθέρα. Ἡ δευτέρα μοῖρα κάτωθεν, αὐτὴ καλέεται μὲν γῆ, ψυχρὸν καὶ ξηρὸν καὶ πουλὺ κινοῦν· καὶ ἐν τουτέῳ ἔνι δὴ πουλὺ τοῦ θερμοῦ. Ἡ δὲ τρίτη μοῖρα ἡ τοῦ ἠέρος μέσον χωρίον εἴληφε θερμόν τι ὂν καὶ ὑγρόν. Ἡ δὲ τετάρτη ἡ τοῦ ἐγγυτάτω πρὸς τῇ γῇ ὑγρότατόν τε καὶ παχύτατον.

3. Κυκλεομένων δὲ τουτέων, ὅτε συνεταράχθη, ἀπελείφθη τοῦ θερμοῦ πουλὺ ἐν τῇ γῇ ἄλλοθι καὶ ἄλλοθι, τὰ μὲν μεγάλα, τὰ δὲ ἐλάσσω, τὰ δὲ καὶ πάνυ σμικρὰ, πλῆθος πολλά. Καὶ τῷ χρόνῳ ὑπὸ τοῦ θερμοῦ ξηραινομένης τῆς γῆς, ταῦτα καταληφθέντα περὶ αὐτὰ σηπεδόνας ποιέει οἷόν περ χιτῶνας. Καὶ πολλῷ χρόνῳ θερμαινόμενον, ὁκόσον μὲν ἐτύγχανεν ἐκ τῆς γαίης σηπεδόνος λιπαρόν τε ἐὸν καὶ ὀλίγιστον τοῦ ὑγροῦ ἔχον, τάχιστα ἐξεκαύθη καὶ ἐγένετο ὀστέα. Ὁκόσα δὲ ἐτύγχανε κολλωδέστερα ἐόντα καὶ τοῦ ψυχροῦ μετέχοντα, ταῦτα δὲ θερμαινόμενα οὐκ ἠδύνατο ἐκκαυθῆναι, οὐδὲ μὴν τοῦ ὑγροῦ γενέσθαι· διὰ τοῦτο εἰδέην ἀλλοιοτέρην ἔλαβε τῶν ἄλλων καὶ ἐγένετο νεῦρα στερεά· οὐδὲ γὰρ ἐνῆν πολὺ τοῦ ψυχροῦ αὐτῷ. Αἱ δὲ φλέβες τοῦ ψυχροῦ εἶχον πουλύ· καὶ τούτου τοῦ ψυχροῦ τὸ μὲν πέριξ ὅσον κολλωδέστατον ἦν, ὑπὸ τοῦ θερμοῦ ἐξοπτηθὲν, μήνιγξ ἐγένετο, τὸ δὲ ψυχρὸν ἐὸν κρατηθὲν ὑπὸ τοῦ θερμοῦ διελύθη καὶ ἐγένετο ὑγρὸν διὰ τοῦτο. Κατὰ δὲ τὸν αὐτὸν λόγον καὶ ἡ φάρυγξ καὶ ὁ στόμαχος καὶ ἡ γαστὴρ καὶ τὰ ἔντερα ἐς τὸν ἀρχὸν κοῖλα ἐγένοντο· τοῦ γὰρ ψυχροῦ αἰεὶ θερμαινομένου τὸ μὲν πέριξ ἐξωπτήθη ὅσον αὐτὸ κολλῶδες ἦν, καὶ ἐγένετο χιτὼν ὁ περὶ αὐτὸν μήνιγξ, τὸ δὲ ἐντὸς τοῦ ψυχροῦ, οὐ γὰρ ἔην ἐν αὐτῷ οὔτε λιπαρὸν οὔτε κολλῶδες πουλὺ, διετάκη καὶ ἐγένετο ὑγρόν. Κατὰ δὲ τὸν αὐτὸν λόγον καὶ ἡ κύστις, πουλὺ ψυχρὸν ἀπολειφθὲν, τὸ πέριξ αὐτοῦ ὑπὸ τοῦ θερμοῦ θερμαινόμενον διελύθη καὶ ἐγένετο ὑγρόν· οὐ γὰρ ἔην ἐν αὐτῷ οὔτε τοῦ λιπαροῦ οὔτε τοῦ κολλώδεος· ὅσον δὲ περιῆν χιτὼν ἐγένετο. Ἀτὰρ καὶ περὶ τῶν ἄλλων, ὅσα κοῖλα, τὸν αὐτὸν ἔχει τρόπον· ὅκου μὲν ἦν τοῦ κολλώδεος πλέον ἢ τοῦ λιπαροῦ, χιτὼν μήνιγξ ἐγένετο· ὅκου δὲ τοῦ λιπαροῦ πλέον ἢ τοῦ κολλώδεος, ὀστέα ἐγένετο. Ωὐτὸς δὲ λόγος καὶ τῶν ὀστέων· ὅκου μὲν μὴ ἐνῆν τοῦ κολλώδεος, τοῦ δὲ λιπαροῦ καὶ τοῦ ψυχροῦ, ἐξεκαίετο θᾶσσον διὰ τὸ λιπαρὸν, καὶ ταῦτα τῶν ὀστέων καὶ σκληρότατα καὶ στριφνότατα· ὅκου δὲ λιπαρὸν καὶ κολλῶδες παραπλήσια, ταῦτα δὲ τῶν ὀστέων σηραγγώδεα. Περὶ μὲν τουτέων οὕτως· τὸ μὲν ψυχρὸν πήγνυσιν· τὸ δὲ θερμὸν διαχέει, ἐν δὲ τῷ πολλῷ καὶ ξηραίνει χρόνῳ· ὅκου δὲ ἂν τοῦ λιπαροῦ ξυνίῃ τι, τουτέοισι θᾶσσον ἐκκαίει καὶ ξηραίνει· ὅκου δὲ ἂν τὸ κολλῶδες ξυνίῃ τῷ ψυχρῷ ἄνευ τοῦ λιπαροῦ, οὐκ ἐθέλει ἐκκαίεσθαι, ἀλλὰ τῷ χρόνῳ θερμαινόμενον πήγνυται.

4. Ὁ δὲ ἐγκέφαλός ἐστι μητρόπολις τοῦ ψυχροῦ καὶ τοῦ κολλώδεος, τὸ δὲ θερμὸν τοῦ λιπαροῦ μητρόπολις· θερμαινόμενον γὰρ, τὸ πρῶτον πάντων διαχεόμενον λιπαρὸν γίνεται, καὶ διὰ τοῦτο ἐγκέφαλος ὅτι ὀλίγιστον ἔχει τοῦ λιπαροῦ, τοῦ δὲ κολλώδεος πλεῖστον, οὐ δύναται ἐκκαυθῆναι ὑπὸ τοῦ θερμοῦ, ἀλλ´ ἐν τῷ χρόνῳ χιτῶνα μήνιγγα παχείην ἔλαβε· περὶ δὲ τὴν μήνιγγα ὀστέα ὁκόσον τὸ θερμὸν ἐκράτησε, καὶ ἐν ὅσοισι τοῦ λιπαροῦ ἐνῆν. Καὶ ὁ μυελὸς ὁ καλεόμενος νωτιαῖος καθήκει ἀπὸ τοῦ ἐγκεφάλου· καὶ οὐκ ἐστὶν ἐν αὐτῷ τοῦ λιπαροῦ ἢ τοῦ κολλώδεος πουλὺ, ὥσπερ καὶ τῷ ἐγκεφάλῳ· διὰ τοῦτο οὐκ ἂν δικαίως καὶ αὐτῷ εἴη μυελὸς οὔνομα· οὐ γὰρ ὅμοιος τῷ ἄλλῳ μυελῷ, ὡς ἐν τοῖσιν ἄλλοισιν ὀστοῖσιν ἔνι· μοῦνος γὰρ μήνιγγας ἔχει, ὁ δὲ ἄλλος οὐκ ἔχει. Τεκμήρια δὲ τουτέων σαφέα, εἴ τις ἐθέλοι ὀπτᾷν νευρώδεά τε καὶ κολλώδεα, καὶ τὰ ἄλλα δέ· τὰ μὲν ἄλλα ταχὺ ὀπτᾶται, τὰ δὲ νευρώδεά τε καὶ κολλώδεα οὐκ ἐθέλει ὀπτᾶσθαι· ἐλάχιστον γὰρ ἔχει τοῦ λιπαροῦ· τὸ δὲ πιότατον καὶ λιπαρὸν τάχιστα ὀπτᾶται.

5. Τὰ δὲ σπλάγχνα ὧδέ μοι δοκέει ξυστῆναι· περὶ μὲν οὖν τῶν φλεβῶν εἴρηταί μοι πρότερον· ἡ δὲ καρδίη πουλὺ τοῦ κολλώδεος καὶ τοῦ ψυχροῦ ἔχει· καὶ ὑπὸ τοῦ θερμοῦ θερμαινόμενον, κρέας ἐγένετο σκληρὸν καὶ γλίσχρον, καὶ μήνιγξ περὶ αὐτὴν, καὶ ἐκοιλώθη οὐχ ὥσπερ φλέβες, καί ἐστιν ἐπὶ τῆς κεφαλῆς τῆς φλεβὸς τῆς κοιλοτάτης. Δύο γάρ εἰσι κοῖλαι φλέβες ἀπὸ τῆς καρδίης· τῇ μὲν οὔνομα ἀρτηρίη· τῇ δὲ κοίλη φλὲψ, πρὸς ᾗ ἡ καρδίη ἐστίν· καὶ πλεῖστον ἔχει τοῦ θερμοῦ ἡ καρδίη, ᾗ ἡ κοίλη φλέψ, καὶ ταμιεύει τὸ πνεῦμα. Πρὸς δὲ τούτοιν τοῖν φλεβοῖν ἄλλαι κατὰ τὸ σῶμα· ἡ δὲ κοιλοτάτη φλὲψ, πρὸς ᾗ ἡ καρδίη, διὰ τῆς κοιλίης ἁπάσης διήκει καὶ διὰ τῶν φρενῶν, καὶ σχίζεται ἐς ἑκάτερον τῶν νεφρῶν· καὶ ἐπὶ τῇ ὀσφυὶ σχίζεται, καὶ ἀΐσσει ἐπί τε τὰ ἄλλα καὶ ἐς ἑκάτερον σκέλος, ἀτὰρ καὶ ἄνωθεν τῆς καρδίης πρὸς τῷ αὐχένι, τὰ μὲν ἐπὶ δεξιὰ, τὰ δ´ ἐπ´ ἀριστερά· καὶ τότε ἐπὶ τὴν κεφαλὴν ἄγει καὶ ἐν τοῖς κροτάφοισι σχίζεται ἑκατέρη. Ἔστι δὲ καὶ ἀριθμῷ εἰπεῖν τὰς φλέβας τὰς μεγίστας· ἑνὶ δὲ λόγῳ ἀπὸ τῆς κοίλης φλεβὸς καὶ ἀπὸ τῆς ἀρτηρίης αἱ ἄλλαι φλέβες ἐσχισμέναι εἰσὶ κατὰ πᾶν τὸ σῶμα· κοιλόταται δὲ αἱ πρὸς τῇ καρδίῃ καὶ τῷ αὐχένι καὶ ἐν τῇ κεφαλῇ καὶ κάτωθεν τῆς καρδίης μέχρι τῶν ἰσχίων.

6. Καὶ τὸ θερμὸν πλεῖστον ἔνι τῇσι φλεψὶ καὶ τῇ καρδίῃ, καὶ διὰ τοῦτο πνεῦμα ἡ καρδίη ἔχει θερμὴ ἐοῦσα μάλιστα τῶν ἐν τῷ ἀνθρώπῳ. Ῥηΐδιον δὲ τοῦτο καταμαθεῖν, ὅτι τρέφον ἐστὶ τὸ πνεῦμα· ἡ καρδίη καὶ αἱ κοῖλαι φλέβες κινέονται αἰεὶ, καὶ τὸ θερμότατον πλεῖστον ἐν τῇσι φλεψίν· καὶ διὰ τοῦτο πνεῦμα ἡ καρδίη ἕλκει θερμὴ ἐοῦσα μάλιστα τῶν ἐν τῷ ἀνθρώπῳ. Ἔστι δὲ καὶ ἄλλως γνῶναι· πῦρ εἴ τις θέλει καίειν ἐν οἰκήματι ὁκόταν ἄνεμος μὴ εἰσπνέῃ, φλὸξ κινέεται τοτὲ μὲν μᾶλλον, τοτὲ δὲ ἧσσον· καὶ λυχνὸς καιόμενος τὸν αὐτὸν τρόπον κινέεται, τοτὲ μὲν μᾶλλον, τοτὲ δὲ ἧσσον, ἀνέμου οὐδενὸς κινέοντος, ὅν τινα καὶ ἡμεῖς οἷοί τέ ἐσμεν γινώσκειν πνέοντα· καὶ τροφή ἐστι τῷ θερμῷ τὸ ψυχρόν. Τὸ δὲ παιδίον ἐν τῇ γαστρὶ συνέχον τὰ χείλεα μύζει ἐκ τῶν μητρέων τῆς μητρὸς καὶ ἕλκει τήν τε τροφὴν καὶ τὸ πνεῦμα τῇ καρδίῃ εἴσω· τοῦτο γὰρ θερμότατόν ἐστιν ἐν τῷ παιδίῳ, ὅταν περ ἡ μήτηρ ἀναπνέῃ· τούτῳ δὲ καὶ τῷ ἄλλῳ σώματι τὴν κίνησιν παρέχει τὸ θερμὸν καὶ τοῖς ἄλλοις πᾶσιν. Εἰ δέ τις ἐρωτοίη πῶς τοῦτο οἶδέ τις, ὅτι ἐν τῇ μήτρῃ τὸ παιδίον ἕλκει καὶ μύζει, τάδε αὐτῷ ἔστιν ἀποκρίνασθαι· κόπρον ἔχον ἐν τοῖσιν ἐντέροισι γίνεται, καὶ ἀποπατέει ἐπειδὰν γένηται τάχιστα, καὶ οἱ ἄνθρωποι καὶ τὰ πρόβατα· καίτοι οὐκ ἂν εἶχε κόπρον, εἰ μὴ ἐν τῇσι μήτρῃσιν ἔμυζεν, οὐδ´ ἂν θηλάζειν τὸν μασθὸν ἠπίστατο γεννώμενον αὐτίκα, εἰ μὴ καὶ ἐν τῇ μήτρῃ ἔμυζε. Καὶ περὶ μὲν τῆς κινήσιος τῆς καρδίης καὶ τῶν φλεβῶν οὕτως ἔχει.

7. Ὁ δὲ πνεύμων πρὸς τῇ καρδίῃ ἐγένετο ὧδε· τοῦ ὑγροῦ ὁκόσον ἦν κολλωδέστατον, ἡ καρδίη θερμαίνουσα ταχὺ ἐξήρανεν ὅκως περ ἀφρὸν, καὶ ἐποίησε σηραγγῶδες, καὶ φλέβια πολλὰ ἐν αὐτέῳ. Διὰ δὲ τοῦτο ἐποίησε τὰ φλέβια· ὁκόσον ἐν τῷ κολλώδει ἐνῆν ψυχρὸν, τοῦτο μὲν ὑπὸ τοῦ θερμοῦ διετάκη καὶ ἐγένετο ὑγρόν· τὸ δὲ ἀπὸ τοῦ κολλώδεος αὐτὸς ὁ χιτών.

8. Τὸ δὲ ἧπαρ ὧδε ξυνέστη· ξὺν τῷ θερμῷ πουλὺ τοῦ ὑγροῦ ἀποληφθὲν ἄνευ τοῦ κολλώδεος καὶ τοῦ λιπαροῦ, ἐκράτησε τὸ ψυχρὸν τοῦ θερμοῦ, καὶ ἐπάγη. Τεκμήριον δέ μοι τόδε· ὁκόταν σφάξῃ τις ἱερεῖον, τέως μὲν ἂν θερμὸν ᾖ, ὑγρόν ἐστι τὸ αἷμα· ἐπειδὰν δὲ ψυχθῇ, ἐπάγη· ἢν δέ τις αὐτὸ τινάσσῃ, οὐ πήγνυται· αἱ γὰρ ἶνές εἰσι ψυχραὶ καὶ κολλώδεες.

9. Ὁ δὲ σπλὴν συνέστη ὧδε· σὺν τῷ θερμῷ καὶ κολλώδει καὶ τοῦ θερμοῦ πλεῖστον, τοῦ δὲ ψυχροῦ ἐλάχιστον, τοσοῦτον μόνον ὁκόσον πῆξαι τὸ κολλῶδες αὐτὸ, ὅ εἰσιν αἱ ἶνες αἱ ἐνοῦσαι ἐν τῷ σπληνί· καὶ διὰ τὰς ἶνας ταύτας μαλακός ἐστιν ὁ σπλὴν καὶ ἰνώδης. Οἱ δὲ νεφροὶ ξυνέστησαν ὧδε· ὀλίγον τοῦ κολλώδεος, τοῦ θερμοῦ ὀλίγον, τοῦ ψυχροῦ πλεῖστον, καὶ ἐπάγη ὑπὸ τούτου, καὶ ἐγένετο σκληρότατον τὸ σπλάγχνον καὶ ἥκιστα ἐρυθρὸν, ὅτι οὐ πουλὺ τοῦ θερμοῦ ξυνέστη. Ὁ δὲ αὐτὸς λόγος καὶ περὶ τῶν σαρκῶν· τὸ μὲν ψυχρὸν ἔστησε καὶ ξυνέπηξε καὶ ἐποίησε σάρκα, τὸ δὲ κολλῶδες τρῶγλαι ἐγένοντο· ἐν δὲ τῇσι τρώγλῃσι ταύτῃσι τὸ ὑγρὸν, ὥσπερ καὶ ἐν τῇσι φλεψὶ τῇσι μεγάλῃσιν. Τὸ δὲ θερμὸν ἐν παντὶ τῷ σώματι, πλεῖστον δὲ τοῦ ὑγροῦ ἐν τῷ σώματι, καὶ τοῦ ψυχροῦ πουλὺ ἐν τῷ ὑγρῷ· τοσοῦτο δέ ἐστι τοῦ ψυχροῦ ὁκόσον δύναται πῆξαι τὸ ὑγρόν· ἀλλὰ νενίκηται, ὥστε διακέχυται ὑπὸ τοῦ θερμοῦ. Ἡ δὲ ἀπόδειξις τοῦ ὑγροῦ ὅτι θερμόν ἐστιν, εἴ τις ἐθέλοι τάμνειν τοῦ ἀνθρώπου τοῦ σώματος, ὅκου ἐθέλοι· ῥεύσει τε αἷμα θερμὸν, καὶ τέως μὲν ἂν θερμὸν ᾖ, ὑγρὸν ἔσται· ἐπειδὰν δὲ ψυχθῇ ὑπό τε τοῦ ἐνεόντος ψυχροῦ καὶ τοῦ ἐκτὸς, ἐγένετο δέρμα καὶ ὑμὴν, καὶ εἴ τις ἀφελὼν τοῦτο τὸ δέρμα ἐάσειεν ὀλίγου χρόνου, ὄψεται ἄλλο δέρμα γινόμενον· εἰ δέ τις τοῦτο αἰεὶ ἀφαιρεῖ, ἄλλο δέρμα γίνοιτ´ ἂν πρὸς τοῦ ψυχροῦ. Τούτου δὲ εἵνεκα πλείω ἔλεξα, τέως ἀποδείξω ὅτι τὸ ἔσχατον τοῦ σώματος πρὸς τοῦ ἠέρος ἀναγκαίως ἔχει δέρμα γενέσθαι ὑπὸ τοῦ ψυχροῦ καὶ τῶν πνευμάτων προσβαλλόντων.

10. Τὰ δὲ ἄρθρα ὧδε ἐγένετο· ὅτε τὰ ὀστέα ξυνίστατο, ὁκόσα μὲν αὐτέων λιπαρὰ ἦν, τάχιστα ἐξεκαύθη, ὥσπερ πρόσθεν λέλεκται ἐν τῷ προτέρῳ λόγῳ· ὁκόσον δ´ αὐτέων κολλῶδες ἦν, τοῦτο δὲ οὐκ ἠδύνατο ἐκκαυθῆναι, ἀλλὰ μεταξὺ ἀποληφθὲν τοῦ καιομένου καὶ ξηραινομένου ὑπὸ τοῦ θερμοῦ νεῦρα καὶ σίαλον ἐγένετο· τὸ δὲ σίαλον, ὁκόσον τοῦ κολλώδεος ὑγρότατον ἦν, τόδε θερμαινόμενον παχύτερον ἐγένετο ὑγρὸν ἐόν· καὶ ἀπὸ τούτου σίαλον ἐγένετο. Οἱ δὲ ὄνυχες ἀπὸ τουτέου ἐγένοντο τοῦ κολλώδεος· ἀπὸ γὰρ τῶν ὀστέων καὶ τῶν ἄρθρων αἰεὶ τὸ ὑγρότατον αὐτέου ἀπιὸν κολλῶδες γίνεται, ἀπὸ τοῦ θερμοῦ ξηραινόμενον καὶ ἐξαυαινόμενον, θύραζε ὄνυχες.

11. Οἱ δὲ ὀδόντες ὕστερον γίνονται διὰ τόδε· ἀπὸ τῶν ὀστέων τῶν ἐν τῇ κεφαλῇ καὶ τοῖν γνάθοιν ἡ αὔξησις γίνεται· τοῦ κολλώδεος καὶ τοῦ λιπαροῦ τὸ ἐνεὸν ὑπὸ τοῦ θερμοῦ ξηραινόμενον ἐκκαίεται, καὶ γίνονται ὀδόντες σκληρότεροι τῶν ἄλλων ὀστέων, ὅτι οὐκ ἔνεστι τοῦ ψυχροῦ. Καὶ οἱ μὲν πρῶτοι ὀδόντες φύονται ἀπὸ τῆς διαίτης τῆς ἐν τῇ μήτρῃ, καὶ, ἐπὴν γένηται, ἀπὸ τοῦ γάλακτος θηλάζοντι τῷ παιδίῳ· ἐπειδὰν δὲ οὗτοι ἐκπέσωσιν ἀπὸ τῶν σιτίων καὶ τῶν ποτῶν, ἐκπίπτουσι δὲ ἐπειδὰν ἑπτὰ ἔτεα ἔῃ τῆς πρώτης τροφῆς, ἔστι δὲ καὶ οἷς πρότερον, ἢν ἀπὸ νοσερῆς τροφῆς φυῶσιν· τοῖσι δὲ πλείστοισιν, ἐπειδὰν ἑπτὰ ἔτεα γένηται· οἱ δὲ μεταφυέοντες συγκαταγηράσκουσιν, ἢν μὴ ὑπὸ νόσου διαφθαρῶσι.

12. Διὰ δὲ τοῦτο φύονται οἱ ὀδόντες ὕστερον τῶν ἄλλων· ἐν τῇ γνάθῳ φλέβες εἰσὶ τῇ κάτω κοῖλαι, καὶ μούνοισι τῶν ὀστέων αὗται τὴν τροφὴν παρέχουσι τῷ ὀστέῳ· τὰ δὲ ὀστέα τοιαύτην αὔξησιν ὁποῖά πέρ ἐστι, καὶ τὰ ἄλλα δὲ πάντα τοιαύτην ἀποδίδωσιν αὔξησιν, ὁποῖα αὐτά ἐστιν· καὶ γὰρ αἱ φλέβες αἱ ἐκ τῆς νηδύος καὶ τῶν ἐντέρων, εἰς ἃ συλλέγεται τὰ σιτία καὶ τὰ ποτὰ, ἐπειδὰν θερμανθῇ ταῦτα, ἕλκουσι τὸ λεπτότατον καὶ τὸ ὑγρότατον· τὸ δὲ παχύτατον αὐτέου καταλείπεται, καὶ γίνεται κόπρος ἐν τοῖσιν ἐντέροισι τοῖσι κάτω· τὸ δὲ λεπτότατον αἱ φλέβες ἕλκουσιν ἐκ τῆς νηδύος καὶ τῶν ἐντέρων τῶν ἄνωθεν τῆς νήστιος, θερμαινομένων τῶν σιτίων· ἐπὴν δὲ περήσῃ τὴν νῆστιν, ἐς τὰ κάτω ἔντερα ξυνεστράφη, καὶ κόπρος ἐγένετο· ἡ δὲ τροφὴ ἐπειδὰν ἀφίκηται ἐς ἕκαστον, τοιαύτην ἀπέδωκε τὴν εἰδέην ἑκάστου ὁκοία περ ἦν· ἀρδόμενα γὰρ ὑπὸ τῆς τροφῆς αὔξεται ἕκαστα, τὸ θερμὸν καὶ τὸ ψυχρὸν καὶ τὸ κολλῶδες καὶ τὸ λιπαρὸν καὶ τὸ γλυκὺ καὶ τὸ πικρὸν καὶ τὰ ὀστέα καὶ τὰ ἄλλα ξύμπαντα ὁκόσα ἐν τῷ ἀνθρώπῳ ἔνι.

13. Διὰ τοῦτο ὕστερον οἱ ὀδόντες φύονται· εἴρηται δέ μοι καὶ πρότερον ὅτι μοῦναι τῶν ὀστέων αἱ γνάθοι φλέβας ἔχουσιν αὐταὶ ἐν ἑωυταῖσι· καὶ διὰ τοῦτο τροφὴ ἕλκεται πλέον ἢ ἐς τὰ ἄλλα ὀστέα. Καὶ πλέονα τὴν τροφὴν ἔχοντα καὶ ἀθροωτέρην τὴν ἐπιῤῥοὴν, ἀποτίκτει αὔξησιν αὐτὰ ἀφ´ ἑαυτέων τοιαύτην οἷά πέρ ἐστιν αὐτὰ, τέως ἄν περ καὶ ἄνθρωπος οὖλος αὐξάνηται. Αὐξάνεται δὲ ἐπὴν γένηται ἐπίδηλος· ἐπίδηλος δὲ μάλιστα γίνεται ἀπὸ ἑπταετέος μέχρι τεσσαρεσκαιδεκαετέος, καὶ ἐν τουτέῳ τῷ χρόνῳ οἵ τε μέγιστοι τῶν ὀδόντων φύονται καὶ ἄλλοι πάντες, ἐπὴν ἐκπέσωσιν οἳ ἐγένοντο ἀπὸ τῆς τροφῆς τῆς ἐν τῇ μήτρῃ. Αὐξάνεται δὲ καὶ ἐς τὴν τρίτην ἑβδομάδα, ἐν ᾗ νεηνίσκος γίνεται, μέχρι τεσσάρων καὶ πέντε ἑβδομάδων· καὶ ἐν τῇ τετάρτῃ δὲ ἑβδομάδι ὀδόντες φύονται δύο τοῖσι πολλοῖσι τῶν ἀνθρώπων, οὗτοι καλέονται σωφρονιστῆρες.

14. Αἱ δὲ τρίχες φύονται ὧδε· ὀστέα εἰσὶ καὶ ἐγκέφαλος, ἀφ´ ὧν ἡ τοιαύτη αὔξησις, ὅτι τοῦ πέριξ κολλώδεος, ὅπως περ τοῖσι νεύροισι, καὶ τοῦ λιπαροῦ οὐκ ἔνεστιν· εἰ γὰρ ἐνῆν τοῦ λιπαροῦ, ἐξεκαίετο ἂν ἐκ τοῦ θερμοῦ. Τάχα δὲ θαυμάσειεν ἄν τις ὅτι καὶ ἐν τῇσι μασχάλῃσι καὶ ἐν τῷ ἐπισείῳ τρίχες πολλαὶ καὶ ἐν τῷ σώματι παντί εἰσιν· ωὐτὸς λόγος περὶ τουτέου· ὅπου τυγχάνει τοῦ σώματος τὸ κολλῶδες ὂν, ἐνταῦθα αἱ τρίχες γίνονται ὑπὸ τοῦ θερμοῦ.

15. Ἀκούει δὲ διὰ τόδε· τὰ τρήματα τῶν οὐάτων προσήκει πρὸς ὀστέον σκληρόν τε καὶ ξηρὸν ὅμοιον λίθῳ· τοῦτο δὲ, πέφυκε πρὸς ὀστέον κοίλωσις σηραγγώδης· οἱ δὲ ψόφοι ἀπερείδονται πρὸς τὸ σκληρόν· τὸ δὲ ὀστέον τὸ κοῖλον ἐπηχεῖ διὰ τοῦ σκληροῦ· τὸ δὲ δέρμα τὸ πρὸς τῇ ἀκοῇ πρὸς τῷ ὀστέῳ τῷ σκληρῷ λεπτόν ἐστιν ὥσπερ ἀράχνιον, ξηρότατον τοῦ ἄλλου δέρματος. Τεκμήρια δὲ πολλὰ ὅτι ξηρότατον ἠχεῖ μάλιστα· ὅταν δὲ μέγιστον ἠχήσῃ, τότε μάλιστα ἀκούομεν. Καί εἰσί τινες οἳ ἔλεξαν φύσιν ξυγγράφοντες ὅτι ὁ ἐγκέφαλός ἐστιν ὁ ἠχέων· τοῦτο δὲ οὐκ ἂν γένηται· αὐτός τε γὰρ ὁ ἐγκέφαλος ὑγρός ἐστι, καὶ μῆνιγξ περὶ αὐτόν ἐστιν ὑγρὴ καὶ παχείη, καὶ περὶ τὴν μήνιγγα ὀστέα· οὐδὲν οὖν τῶν ὑγρῶν ἠχεῖ, ἀλλὰ ξηρά· τὰ δὲ ἠχέοντα ἀκοὴν ποιεῖ.

16. Ὀσφραίνεται δ´ ὁ ἐγκέφαλος ὑγρὸς ἐὼν αὐτὸς τῶν ξηρῶν, ἕλκων τὴν ὀδμὴν ξὺν τῷ ἠέρι διὰ τῶν βρογχίων ξηρῶν ἐόντων· προήκει γὰρ ὁ ἐγκέφαλος τῆς ῥινὸς ἐς τὰ κοῖλα· καὶ ταύτῃ αὐτῷ οὐκ ἔστιν ἐπίπροσθεν ὀστέον οὐδὲν, ἀλλὰ χόνδριον μαλακὸν ὅκως περ σπόγγος, οὔτε κρέας οὔτε ὀστέον. Καὶ ὅταν μὲν ξηρὰ ᾖ τὰ κοῖλα τῆς ῥινὸς, ὀσμᾶσθαι τῶν ξηροτέρων αὐτὸς ἑωυτοῦ ἀκριβέστερός ἐστιν· ὕδατος γὰρ οὐκ ὀδμᾶται· ὑγρότερον γάρ ἐστι τοῦ ἐγκεφάλου, ἐὰν μὴ σαπῇ· σηπόμενον γὰρ τὸ ὕδωρ παχύτερον γίνεται καὶ τὰ ἄλλα πάντα· ὁκόταν δὲ ὑγρανθέωσιν αἱ ῥῖνες, οὐ δύναται ὀσφραίνεσθαι· οὐ γὰρ τὸν ἠέρα ἕλκει αὐτὸς πρὸς ἑωυτόν. Ταύτῃ δὲ καὶ ὅταν ἀποτήκῃ ὁ ἐγκέφαλος πλεῖστον αὐτὸς ἀφ´ ἑωυτοῦ ἐς τὴν ὑπερώην καὶ τὴν φάρυγγα καὶ τὸν πνεύμονα καὶ ἐς τὴν ἄλλην κοιλίην, γινώσκουσιν οἱ ἄνθρωποι καὶ φασὶ καταῤῥέειν ἐκ τῆς κεφαλῆς· καταῤῥέει δὲ καὶ ἐς τὸ ἄλλο σῶμα· καί ἐστι τροπὴ τῷ θερμῷ.

17. Ὁρῇ δὲ διὰ τοῦτο· ἀπὸ τοῦ ἐγκεφάλου τῆς μήνιγγος φλὲψ καθήκει ἐς τὸν ὀφθαλμὸν διὰ τοῦ ὀστέου ἑκάτερον· διὰ ταύταιν ταῖν φλεβοῖν ἀπὸ τοῦ ἐγκεφάλου διηθέεται τὸ λεπτότατον τοῦ κολλωδεστάτου· καὶ διὰ τοῦτο αὐτὸ περὶ αὐτὸν δέρμα ποιέει τοιοῦτον οἷόν περ αὐτό ἐστι τὸ διαφανὲς τοῦ ὀφθαλμοῦ τὸ πρὸς τοῦ ἠέρος, πρὸς ὃ προσβάλλει τὰ πνεύματα, κατὰ τὸν αὐτὸν λόγον ὥσπερ περὶ τοῦ ἄλλου δέρματος ἔλεξα. Πολλὰ δὲ ταῦτ´ ἐστὶ τὰ δέρματα πρὸ τοῦ ὁρέοντος διαφανέα, ὁκοῖόν περ αὐτό ἐστιν· τούτῳ γὰρ τῷ διαφανεῖ ἀνταυγέει τὸ φῶς καὶ τὰ λαμπρὰ πάντα· τουτέῳ οὖν ὁρῇ τῷ ἀνταυγέοντι· ὅ τι δὲ μὴ λαμπρόν ἐστι μηδὲ ἀνταυγεῖ, τουτέῳ οὐχ ὁρῇ· τὸ δὲ ἄλλο τὸ περὶ τοὺς ὀφθαλμοὺς λευκὸν κρέας ἐστίν. Ἡ δὲ κόρη καλεομένη τοῦ ὀφθαλμοῦ μέλαν φαίνεται διὰ τοῦτο, ὅτι ἐν βάθει ἐστὶ καὶ χιτῶνες περὶ αὐτὸ εἰσὶ μέλανες· χιτῶνα δὲ καλέομεν τὸ ἐνεὸν ὥσπερ δέρμα· ἔστι δὲ οὐ μέλαν ὄψει, ἀλλὰ λευκὸν διαφανές. Τὸ δὲ ὑγρὸν κολλῶδες· πολλάκις γὰρ ὀπώπαμεν ἐπὶ συῤῥαγέντος ὀφθαλμοῦ ἐξιὸν ὑγρὸν κολλῶδες· κἢν μὲν ᾖ ἔτι θερμὸν, ὑγρόν ἐστιν· ἐπειδὰν δὲ ψυχθῇ, ἐγένετο ξηρὸν ὥσπερ λιβανωτὸς διαφανὴς, καὶ τῶν ἀνθρώπων καὶ τῶν θηρίων ὅμοιόν ἐστι. Τὸν δὲ ὀφθαλμὸν ἀνιᾷ πᾶν ὅ τι ἂν ἐμπέσῃ, καὶ τὰ πνεύματα προσβάλλοντα, καὶ τὰ ἄλλα ὅσα λαμπρότερα ἢ κατ´ αὐτόν ἐστι, καὶ εἴ τις ἐγχρίσει, διὰ τόδε, ὅτι ὁμόχροια ἔνυγρός ἐστιν, ὥσπερ τὸ στόμα καὶ ἡ γλῶσσα καὶ ἡ ἄλλη κοιλίη ἔνυγρά ἐστιν.

18. Διαλέγεται δὲ διὰ τὸ πνεῦμα ἕλκων ἔσω ἐς πᾶν τὸ σῶμα, τὸ πλεῖστον δὲ ἐς τὰ κοῖλα αὐτὸς ἑωυτῷ· αὐτὸ δὲ θύραζε ὠθεόμενον διὰ τὸ κενὸν ψόφον ποιέει· ἡ κεφαλὴ γὰρ ἐπηχεῖ. Ἡ δὲ γλῶσσα ἀρθροῖ προσβάλλουσα· ἐν τῷ φάρυγγι ἀποφράσσουσα καὶ προσβάλλουσα πρὸς τὴν ὑπερώην καὶ πρὸς τοὺς ὀδόντας ποιέει σαφηνίζειν· ἢν δὲ μὴ ἡ γλώσση ἀρθροῖ προσβάλλουσα ἑκάστοτε, οὐκ ἂν σαφέως διαλέγοιτο, ἀλλ´ ᾗ ἕκαστα φύσει τὰ μονόφωνα. Τεκμήριον δέ ἐστι τουτέῳ, οἱ κωφοὶ οἱ ἐκ γενεῆς οὐκ ἐπίστανται διαλέγεσθαι, ἀλλὰ τὰ μονόφωνα μοῦνον φωνέουσιν, οὐδ´ εἴ τις τὸ πνεῦμα ἐκπνεύσας πειρῷτο διαλέγεσθαι. Δῆλον δὲ τόδε· οἱ ἄνθρωποι ὁκόταν βούλωνται μέγα φωνῆσαι, ἕλκοντες τὸ πνεῦμα τὸ ἔξω ὠθέουσι θύραζε καὶ φθέγγονται μέγα ὡς ἀντηχῇ τὸ πνεῦμα, ἔπειτα δὲ καταμαραίνεται τὸ φθέγμα· καὶ οἱ κιθαρωδοὶ, ὁκόταν δέῃ αὐτοῖς μακροφωνέειν, ἐπ´ ἄκρον ἑλκύσαντες τὸ πνεῦμα ἔσω πουλὺ ἐκτείνουσι τὴν ἐκφορὰν καὶ φωνοῦσι καὶ φθέγγονται μέγα ὡς ἀντηχῶσι τῷ πνεύματι, ἐπὴν δὲ τὸ πνεῦμα ἐπιλίπῃ, καταπαύονται· τουτέοισι δῆλον ὅτι τὸ πνεῦμά ἐστι τὸ φθεγγόμενον. Εἶδον δὲ ἤδη οἳ, σφάξαντες ἑωυτοὺς, ἀπέταμον τὸν φάρυγγα παντάπασιν· οὗτοι ζῶσι μὲν, φθέγγονται δὲ οὐδὲν, εἰ μή τις συλλάβῃ τὸν φάρυγγα· οὗτοι δὲ φθέγγονται· δῆλον δὲ καὶ τούτῳ, ὅτι τὸ πνεῦμα οὐ δύναται, διατετμημένου τοῦ λάρυγγος, ἕλκειν ἔσω ἐς τὰ κοῖλα, ἀλλὰ κατὰ τὸ διατετμημένον ἐκπνέει. Οὕτως ἔχει περὶ φωνῆς ἴσως καὶ διαλέξιος.

19. Ὁ δὲ αἰών ἐστι τοῦ ἀνθρώπου ἑπταήμερος. Πρῶτον μὲν ἐπὴν ἐς τὰς μήτρας ἔλθῃ ὁ γόνος, ἐν ἑπτὰ ἡμέρῃσιν ἔχει ὁκόσα περ ἐστὶν ἔχειν τοῦ σώματος· τοῦτο δέ τις ἂν θαυμάσειεν ὅκως ἐγὼ οἶδα· πολλὰ δὲ εἶδον τρόπῳ τοιῷδε· αἱ ἑταῖραι αἱ δημόσιαι, αἵτινες αὐτέων πεπείρηνται πολλάκις, ὁκόταν παρὰ ἄνδρα ἔλθῃ, γινώσκουσιν ὁκόταν λάβωσιν ἐν γαστρί· κἄπειτ´ ἐνδιαφθείρουσιν· ἐπειδὰν δὲ ἤδη διαφθαρῇ, ἐκπίπτει ὥσπερ σάρξ· ταύτην τὴν σάρκα ἐς ὕδωρ ἐμβαλὼν, σκεπτόμενος ἐν τῷ ὕδατι, εὑρήσεις ἔχειν πάντα μέλεα καὶ τῶν ὀφθαλμῶν τὰς χώρας καὶ τὰ οὔατα καὶ τὰ γυῖα· καὶ τῶν χειρῶν οἱ δάκτυλοι καὶ τὰ σκέλεα καὶ οἱ πόδες καὶ οἱ δάκτυλοι τῶν ποδῶν, καὶ τὸ αἰδοῖον καὶ τὸ ἄλλο πᾶν σῶμα δῆλον. Εὔδηλον δὲ καὶ ὅταν λάβῃ ἐς γαστέρα τῇσιν ἐπισταμένῃσιν, αὐτίκα ἔφριξε, καὶ θέρμη καὶ βρυγμὸς καὶ σπασμὸς ἔχει, καὶ τὸ ἄρθρον καὶ τὸ σῶμα πᾶν καὶ τὴν ὑστέρην ὄκνος· καὶ ὁκόσαι καθαραί εἰσι καὶ μὴ ὑγραὶ, τοῦτο πάσχουσιν· ὁκόσαι δὲ παχεῖαι καὶ βλεννώδεις, οὐ γινώσκουσι τουτέων τῶν γυναικῶν πολλαί· ᾗ δέ μοι ἔδειξαν, κατὰ τοῦτο δὴ καὶ ἐπίσταμαι εἰδέναι. Δῆλον δὲ καὶ τῷδε, ὅτι ἑπτήμερος ὁ αἰὼν, εἴ τις ἐθέλει ἑπτὰ ἡμέρας φαγέειν ἢ πιέειν μηδὲν, οἱ μὲν πολλοὶ ἀποθνήσκουσιν ἐν αὐτῇσιν· εἰσὶ δέ τινες καὶ οἳ ὑπερβάλλουσιν, ἀποθνήσκουσι δ´ ὅμως· εἰσὶ δέ τινες οἳ καὶ ἐπείσθησαν ὥστε μὴ ἀποκαρτερῆσαι, ἀλλὰ φαγέειν τε καὶ πιέειν· ἀλλ´ ἡ κοιλίη οὐκέτι καταδέχεται· ἡ γὰρ νῆστις συνεφύη ἐν ταύτῃσι τῇσιν ἡμέρῃσιν· ἀλλὰ θνήσκουσι καὶ οὗτοι. Ἔστι δὲ καὶ τῷδε τεκμήρασθαι· τὸ παιδίον ἑπτάμηνος γόνος γενόμενον, λόγῳ γεγένηται, καὶ ζῇ, καὶ λόγον ἔχει τοιοῦτον καὶ ἀριθμὸν ἀτρεκέα ἐς τὰς ἑβδομάδας· ὀκτάμηνον δὲ γενόμενον, οὐδὲν βιοῖ πώποτε· ἐννέα δὲ μηνῶν καὶ δέκα ἡμερέων γόνος γίγνεται, καὶ ζῇ, καὶ ἔχει τὸν ἀριθμὸν ἀτρεκέα ἐς τὰς ἑβδομάδας· τέσσαρες δεκάδες ἑβδομάδων ἡμέραι εἰσὶ διηκόσιαι ὀγδοήκοντα· ἐς δὲ τὴν δεκάδα τῶν ἑβδομάδων ἑβδομήκοντα ἡμέραι. Ἔχει δὲ καὶ τὸ ἑπτάμηνον γενόμενον τρεῖς δεκάδας ἑβδομάδων, ἐς δὲ τὴν δεκάδα ἑκάστην ἑβδομήκοντα ἡμέραι, τρεῖς δεκάδες δὲ ἑβδομάδων αἱ σύμπασαι δέκα καὶ διηκόσιαι. Καὶ αἱ νοῦσοι οὕτω τοῖς ἀνθρώποις ὀξύταται γίνονται, ἡμερέων παρελθουσέων ἐν τῇσιν ἀνακρίνονται καὶ ἀπέθανον ἢ ὑγιέες ἐγένοντο, [τεσσάρων, ἥμισυ ἑβδομάδος· καὶ δευτεραῖαι ἐν μιᾷ ἑβδομάδι]· καὶ τριταῖαι ἕνδεκα ἡμέρῃσιν, ἐν μιᾷ ἑβδομάδι καὶ ἥμισυ ἑβδομάδος· καὶ τεταρταῖαι ἐν δυσὶν ἑβδομάσιν· καὶ αἱ πεμπταῖαι ἐν δυοῖν δεούσῃσιν εἴκοσιν ἡμέρῃσι, δυοῖν τε ἑβδομάδοιν καὶ ἥμισυ ἑβδομάδος. Αἱ δὲ ἄλλαι νοῦσοι οὐκ ἔχουσι διὰ γνώμην ἐν ὁκόσῳ ὑγιέες ἔσονται ἀποφαίνεσθαι. Οὕτω δὲ ἔχουσι καὶ τὰ ἕλκεα τὰ μεγάλα τὰ ἐν τῇ κεφαλῇ καὶ τὰ ἐν τῷ ἄλλῳ σώματι, τεταρταῖα φλεγμαίνειν ἄρχεται, ἐν ἑπτὰ δὲ καθίστανται φλεγμήναντα καὶ ἐν τεσσαρεσκαίδεκα [καὶ ἐν εἴκοσι] δυοῖν δεούσῃσιν. Ἢν δέ τις ἀνακῶς θεραπεύῃ καὶ μὴ καταστῇ ἐν τουτέῳ τῷ χρόνῳ τὰ ἐν τῇσι κεφαλῇσι μεγάλα ἕλκεα, ἀποθνήσκουσιν οἱ ἄνθρωποι. Θαυμάσειε δ´ ἄν τις καὶ τοῦτο ὅστις ἄπειρος ᾖ, εἰ ἑπτάμηνον γίνεται παιδίον· ἐγὼ μὲν οὖν αὐτὸς ὄπωπα καὶ συχνά· εἰ δέ τις βούλεται καὶ τοῦτο ἐλέγξαι, ῥηΐδιον· πρὸς τὰς ἀκεστρίδας αἳ πάρεισι τῇσι τικτούσῃσιν ἐλθὼν πυθέσθω. Ἔστι δὲ καὶ ἄλλο τεκμήριον· τοὺς ὀδόντας οἱ παῖδες ἑπτὰ ἐτέων διελθόντων πληροῦσι· καὶ ἐν ἑπτὰ ἔτεσίν ἐστι δὲ λόγῳ καὶ ἀριθμῷ ἀτρεκέως δεκάδες ἑβδομάδων [ἓξ καὶ τριήκοντα καὶ ἥμισυ δεκάδος, ἑβδομάδες πέντε καὶ] ἑξήκοντα καὶ τριηκόσιαι. Τῆς δὲ φύσιος τὴν ἀνάγκην, διότι ἐν ἑπτὰ τούτεων ἕκαστα διοικεῖται, ἐγὼ φράσω ἐν ἄλλοισιν.
 

1. (Préambule.) J'emploie, pour les préliminaires de ce traité, les opinions communes d'autres qui ont été avant moi ; puis les miennes propres; car il faut donner un principe commun aux opinions, voulant composer ce traité touchant l'art médical. Je n'ai besoin de parler des choses célestes qu'autant qu'il faut pour montrer, quant à l'homme et au reste des animaux , quelles parties sont nées et se sont formées, ce qu'est l'âme, ce qu'est la santé et la maladie, ce qu'est le mal et le bien dans l'homme, et par quelle cause il meurt. Présentement j'expose mes propres opinions.

2. (Idée de l'auteur sur la constitution de l'univers. Le chaud est la substance immortelle qui a la vie et l'intelligence. Chaos primitif. Quatre éléments, le chaud ou l'éther, la terre, l'air et l'eau.) Ce que nous appelons le chaud est, à mon avis, immortel, a l'intelligence de tout, voit, entend, connaît tout, le présent comme l'avenir. Quand toutes choses se confondirent, la plus grande partie du chaud gagna la circonférence supérieure ; c'est ce que les anciens me paraissent avoir nommé éther. Le second élément, placé inférieurement, s'appelle la terre, froid, sec et plein de mouvements; et, de fait, il a une grande quantité de chaud. Le troisième élément, qui est l'air, occupe, étant un peu chaud et humide, l'espace intermédiaire; le quatrième, qui est le plus près de la terre, est le plus humide et le plus épais.

3. (La formation des êtres vivants et de leurs organes est expliquée, en supposant qu'à des portions de terre se joignirent des portions de chaud, qui, suivant les proportions de glutineux, 587 de gras, d'humide, etc., ont détermine les différents tissus et organes. Si aujourd'hui on essayait une pareille hypothèse, chose fort inutile, puisque la formation primordiale des êtres organisés est en dehors de [expérience et de toute explication positive, on dirait des choses très-semblables substituant seulement au chaud de notre auteur la force vitale, cause inconnue de la vie.) Tout cela foulant ensemble, quand la confusion s'y mit : la terre retint beaucoup de chaud, çà et là, ici de grands amas, là de moindres, ailleurs de très-petits, mais en très-grand nombre. Avec le temps, le chaud séchant la terre, ce qui en avait été retenu produisit des putréfactions tout autour comme des membranes. Avec une chaleur longtemps prolongée, tout ce qui, né de la putréfaction de la terre, se trouva gras et privé presque d'humidité, fut bientôt consumé et transformé en os. Mais tout ce qui se trouva glutineux et tenant du froid, n'ayant pu sans doute être consumé par la chaleur ni passer à l'humide, prit une forme différente de tout le reste et devint nerf solide ; car ces choses n'avaient pas beaucoup du froid. Au contraire, les veines en avaient beaucoup ; et, de ce froid, tout ce qui, à la Circonférence, était le plus glutineux , rôti par le chaud , devint membrane ; mais la partie froide, vaincue par le chaud, fut dissoute et se transforma en liquide. De la même façon, la gorge, l'œsophage , l'estomac et les intestins jusqu'au rectum devinrent creux; car le froid s'échauffant sans cesse , tout ce qu'il y avait de glutineux à la circonférence se rôtit, et la membrane intérieure devint une tunique ; mais ce qu'il y avait de froid à l'intérieur, ne contenant pas beaucoup de gras et de visqueux, se fondit et devint humide. Il en fut de même pour la vessie; beaucoup de froid y fut laissé ; l'intérieur, échauffé par le chaud, fut 589 dissous et devint liquide ; car il n'y avait là ni gras ni glutineux ; et ce qui resta de trop devint tunique. Les choses s'étant passées ainsi pour tout ce qui est creux, là où il y avait plus de parties glutineuses que de parties grasses, la membrane est devenue tunique, et là où il y avait plus de parties grasses que de glutineuses, il s'est formé des os. Disons-en autant des os : Ceux qui n'avaient point de glutineux, mais qui étaient pourvus de parties grasses et froides, ont été brûlés plus promptement à cause de ces parties grasses, et ils sont devenus les plus durs et les plus solides des os. Là où le gras et le glutineux se correspondent, les os sont fistuleux. Voici comment : le froid condense; le chaud raréfie, et, à la longue, dessèche; quand il se trouve des parties grasses, il brûle et dessèche plus promptement; au lieu que, si le glutineux est uni au froid sans le gras, il ne peut être brûlé ; mais, échauffé, il se condense avec le temps.

4. (Le cerveau, formé de même. Il est la métropole du froid, fui moelle épinière en émane. Distinction de la moelle épinière d'avec la moelle des os. L'auteur soumet à la cuisson certains tissus pour les distinguer des autres. C'est un essai pour en reconnaître les caractères. ) Le cerveau est la métropole du froid et du glutineux. Le chaud est la métropole du gras; car ce qui se fond tout d'abord par la chaleur, devient gras. Ainsi le cerveau , ayant très-peu de gras et beaucoup de glutineux, ne peut être brûlé par la chaleur, mais, avec le temps, il a formé autour de soi une membrane qui lui sert de tunique; et autour de cette membrane, ce quia été vaincu par le chaud et contenait des parties grasses, est devenu os. La moelle appelée dorsale provient du cerveau ; et il n'y a en elle ni beaucoup de parties grasses ni beaucoup de parties glutineuses, non autrement qu'au cerveau. C'est donc à tort qu'on lui donne le nom de moelle. Elle n'est pas semblable à la moelle des os. 591 Seule, elle a des membranes ; l'autre moelle n'en a pas. On se convaincra de tout cela en faisant cuire des parties tendineuses et glutineuses et d'autres parties ; les autres parties cuisent promptement ; mais les parties tendineuses et glutineuses ne cuisent pas, car elles ont trop peu de gras. Or ce sont les choses grasses et onctueuses qui cuisent le plus vite.

5. (Formation semblable du cœur. Deux veines partent du cœur, l'une appelée artère , l'autre veine cave. Distribution des veines dans le corps. Le cœur est le viscère le plus chaud; il attire l'air et le distribue aux autres parties.) Voici, selon moi, l'origine des viscères (j'ai déjà parlé des veines) : Le cœur contient beaucoup de glutineux et de froid; échauffé par la chaleur, il est devenu une chaire durent visqueuse; autour de lui s'est formée une membrane, et il a été creusé non comme les veines. Il est placé à l'origine de la veine la plus creuse. Deux veines caves sortent du cœur; l'une est appelée artère, l'autre veine cave, à laquelle le cœur est appliqué. Le cœur a le plus de chaleur là où est la veine cave, et il distribue l'air. Outre ces deux veines, il y en a d'autres dans le corps. Celle qui est la plus cave et à laquelle tient le cœur, traverse tout l'abdomen et les phrénes (diaphragme), et se partage à l'un et à l'autre rein. Aux lombes, elle se divise et se rend aux autres parties et aux deux membres inférieurs. De même, au-dessus du cœur, dans le col, les unes vont à droite, les autres à gauche. Elles se rendent à la tête et se partagent l'une et l'autre dans les tempes. Il est facile d'énumérer les plus grandes veines; et on peut dire en un seul mot que toutes les veines distribuées dans tout le corps proviennent de la veine cave et de l'artère. Les plus grosses sont près du cœur, au col et à là tête, et, au-dessous du cœur, jusqu'aux hanches.

593. 6. (Le cœur et les veines se meuvent continuellement et attirent l'air. Comparaison du cœur avec un feu allumé ou une flamme, qui attirent le souffle, même sans qu'aucun vent se fasse sentir. L'enfant, dans la matrice, attire l'air qui lui vient des vaisseaux de la mère. Ce qui prouve que l'enfant suce dans la matrice, c'est qu'il naît avec des excréments dans les intestins; puis, ajoute routeur, comment saurait-il téter et prendrait-il aussitôt après la naissance le mamelon, s'il n'avait pas dans la matrice fait apprentissage de la succion ? Celte dernière raison, qui avait été donnée aussi par Démocrite, est au moins singulière.) La plus grande chaleur est dans les veines et clans le cœur; c'est pourquoi le cœur, qui est la partie la plus chaude de l'homme, a de l'air. On se convainc facilement que l'air est ce qui l'alimente : Le cœur et les veines caves se meuvent continuellement, et ces veines contiennent le plus de chaleur; voilà la raison pour laquelle le cœur, qui est la partie la plus chaude dans l'homme, attire l'air. En voici encore une autre preuve : qu'on allume du feu dans une maison où nul vent ne se fait sentir, la flamme se meut tantôt plus tantôt moins ; une lampe allumée se meut de la même façon, tantôt plus, tantôt moins, sans qu'elle soit agitée par aucun vent dont nous soyons capables de percevoir le souffle. Ajoutez que le froid sert d'aliment au chaud. L'enfant, dans le ventre maternel, ayant les lèvres continuellement rapprochées, suce la matrice et tire l'aliment et l'air dans le dedans du cœur, car cet air est très-chaud chez l'enfant, autant du moins que respire la mère; or, le chaud donne le mouvement à l'air et au corps, ainsi qu'à tout le reste. Si l'on demande comment l'on s'est convaincu que l'enfant dans la matrice suce et attire, on répondra ceci : l'enfant naît ayant des matières excrémen- 595 tielles dans l'intestin, et il les rend aussitôt qu'il vient au monde, les hommes comme les animaux; or, il n'aurait pas de matières excrémentielles s'il n'avait sucé dans la matrice, et, à la naissance, il ne saurait prendre tout d'abord le mamelon, si, dans l'utérus, il n'avait usé de la succion. Voilà ce qui en est du mouvement du cœur et des veines.

7. (Formation du poumon.) Le poumon s'est formé à côté du cœur de cette façon : le cœur, échauffant la partie de l'humeur qui était la plus glutineuse, l'eut bientôt desséchée en forme d'écume, la fit spongieuse et la remplit de petites veines. Ces veines furent produites par ceci : tout ce qu'il y avait de froid dans le glutineux fut dissous et devint liquide ; quant au glutineux même, il devint tunique.

8. (Formation du foie. L'auteur avait observé que, si on bat le sang sorti du corps, il ne se coagule pas.) Le foie s'est formé ainsi : beaucoup d'humide ayant été intercepté avec le chaud sans le glutineux et le gras, le froid triompha du chaud, et l'organe se consolida. En voici une preuve : lorsqu'on tue une victime, le sang, tant qu'il est chaud, est fluide, et il se coagule quand il se refroidit. Si on l'agite , il ne se coagule pas ; car les fibres sont froides et glutineuses.

9. (Formation de la rate, des reins et des chairs. Le froid a la vertu de coaguler. L'auteur remarque que le sang, tant qu'il est chaud, ne se prend pas, mais que, dès qu'il se refroidit, une pellicule se forme. Il en conclut que la peau même du corps a été formée par l'action de Pair ambiant et des vents. On reconnaît là en germe la doctrine de physiologistes qui sont bien postérieurs.) La rate s'est formée ainsi avec le chaud et le glutineux, beaucoup de chaud, mais très-peu de froid, seulement ce qu'il en fallait pour coaguler le glutineux même, qui constitue les fibres de la rate. Ce sont ces fibres qui rendent la rate molle et filamenteuse. Les reins se sont formés ainsi : peu de 597 glutineux , peu de chaud et beaucoup de froid, ce qui produisit la coagulation ; et ce viscère est devenu le plus dur et le moins rouge, à cause que beaucoup de chaud ne s'est pas réuni à sa composition. Il faut en dire autant des chairs : le froid a dressé et coagulé, faisant ainsi la chair ; le glutineux est devenu des canaux, et dans ces canaux est le liquide comme dans les grandes veines. Le chaud est répandu par tout le corps, mais dans le corps il y a le plus d'humide , et dans l'humide beaucoup de froid; il y en a autant qu'il en faut pour coaguler l'humide ; mais il est vaincu, de sorte que le chaud le dissout. On montrera que l'humide est chaud en rappelant que, si on incise le corps de l'homme où que ce soit, il en coulera du sang chaud, qui sera fluide tant qu'il conservera sa chaleur ; mais, quand le froid, tant celui qu'il possède que celui qui vient du dehors, aura agi, il se formera une peau, une membrane. Si, enlevant cette peau, vous le laissez en repos quelque temps, vous en verrez une autre se produire; et autant de fois vous l'enlèverez, autant de fois il en naîtra une autre par l'effet du froid. Je me suis étendu sur ce sujet afin de montrer que l'extérieur du corps exposé à l'air, a dû nécessairement devenir peau par l'effet du froid et des vents qui l'assaillent.

10. (Formation des articulations. Synovie.) Les articulations se sont formées ainsi : quand les os se réunirent, les parties grasses qu'ils contenaient furent promptement consumées, comme il a été dit plus haut, mais les parties glutineuses ne purent pas l'être, et, interceptées au milieu de ce qui était brûlé et desséché, elles furent transformées par le chaud en 599 nerfs (ligaments) et en synovie. Quant à la synovie, la partie la plus liquide du glutineux, échauffée, devint plus épaisse, tout en restant liquide, et de là provint la synovie.

11. (Formation des ongles.) Les ongles ont aussi été produits par ce glutineux, car ce qu'il y a de plus humide dans le glutineux s'écoulant sans cesse des os et des articulations, va, desséché et torréfié par le chaud, former les ongles an dehors.

12. (Formation des dents.) Les dents naissent les dernières pour ceci : la croissance s'en fait par les os de la tète et les mâchoires. Ce que ces os contiennent de glutineux et de gras, séché par le chaud, se consume, et les dents deviennent plus dures que les autres os parce qu'elles ne contiennent pas de froid. Les premières dents se forment par l'alimentation du fœtus dans la matrice et par l'allaitement de l'enfant après sa naissance. Le changement de la nourriture et des boissons les fait tomber ; la chute s'en opère lorsque sept années de la première alimentation se sont écoulées ; quelquefois même auparavant, quand elles proviennent d'une mauvaise nourriture; pour la plupart, c'est à l'âge de sept ans ; celles qui leur succèdent vieillissent avec l'homme, à moins que quelque maladie ne les détruise.

13. (Raison pour laquelle les dents naissent en dernier. L'au- 601 teur a vu que Pos de la mâchoire reçoit des vaisseaux; mais il croit que c'est le seul os qui en reçoive. L'aliment puisé dans les intestins par les veines est apporté à chaque organe; et chaque organe, se l'appropriant, croit par un accroissement qui lui est homogène; en d'autres termes, dans l'os il se fait du tissu osseux, dans le muscle du tissu musculaire, etc. L'os de la mâchoire, pourvu d'une veine, produit quelque chose de plus que les autres os ; et cela est les dents. Cet accroissement en plus se continue tant que l'homme croit; de là les dents de lait, les dents de sept ans', les dents de douze, les dents de sagesse.) Voici pourquoi les dents naissent postérieurement à tous les autres os : dans la mâchoire inférieure il y a des veines creuses; ce sont les seuls os qui reçoivent par des veines l'aliment; or les os croissent par un accroissement qui leur est semblable; et, de fait, toutes les autres parties du corps croissent par un accroissement qui leur est semblable. Les veines provenant du ventre et des intestins où se rassemblent les aliments et les boissons, y puisent, quand cela est échauffé, ce qu'il y a de plus ténu et de plus liquide; tandis que ce qu'il y a de plus épais reste et se transforme en excrément dans les intestins inférieurs. Les veines absorbent, dans le ventre et dans les intestins au-dessus du jéjunum , la partie la plus ténue des aliments échauffés qui, traversant le jéjunum, se rassemblent dans les intestins inférieurs et deviennent excrément. L'aliment, arrivé à chaque partie, y produit la forme de cette partie telle qu'elle était; car chaque chose, arrosée par l'aliment, s'accroît, le chaud, le froid, le glutineux, le gras, le doux, l'amer, les os, tout en un mot ce qui est dans le corps de l'homme. Je reviens à la raison pour laquelle les dents naissent en dernier : j'ai dit plus haut que les mâchoires, seules entre les os, renferment des veines dans leur intérieur; 603 c'est pourquoi elles attirent plus de nourriture que les autres os. Ayant plus de nourriture et un afflux plus abondant, elles engendrent par elles-mêmes un accroissement qui est comme elles sont; et elles l'engendrent jusqu'à ce que l'homme ait crû tout entier. Il croît quand il est devenu formé, et il devient surtout formé de sept ans à quatorze ; c'est dans cet intervalle que naissent les plus grosses dents et toutes celles qui remplacent les dents de la nourriture dans la matrice. Il croît aussi jusqu'à la troisième semaine où il devient jeune homme, et jusqu'à la quatrième et à la cinquième. Dans la quatrième semaine naissent chez la plupart des hommes deux dents dites de sagesse.

14. (Formation des cheveux. L'explication est différente de celle qui est donnée dans l'opuscule des Glandes, § 4. ) Les cheveux poussent ainsi : ce sont les os et le cerveau qui les produisent, attendu qu'il n'y a pas, comme dans les nerfs, du glutineux placé à l'extérieur et du gras; car, s'il y avait des parties grasses, elles seraient consumées par le chaud. Mais peut-être on s'étonnera qu'il naisse des poils abondants aux aisselles , au pubis et sur tout le corps. Le raisonnement est le même : là ou le corps renferme du glutineux, le chaud fait germer des poils.

15. (Audition. On trouve rapportée l'opinion d'auteurs qui avaient écrit sur la nature et qui pensaient que c'était le cerveau qui, dans l'audition, résonnait.) L'homme entend de cette façon : les conduits auditifs sont attenants à un os dur et sec comme la pierre ; en outre , l'os est creusé d'une cavité fistuleuse. Les sons viennent se heurter contre ce corps dur; et l'os, qui est creux, retentit par sa dureté même. Dans 1« conduit auditif est fixée à l'os dur une membrane, ténue comme une toile d'araignée, la plus sèche de toutes les membranes. Il est beaucoup de preuves que les corps les plus durs 605 résonnent le mieux ; or, plus les sons ont de force, mieux nous entendons. Quelques-uns qui ont écrit sur la nature ont prétendu que c'était le cerveau lui-même qui résonnait, ce qui est impossible ; car le cerveau est humide et entouré d'une membrane humide et épaisse, et autour de la membrane sont des os. Les corps liquides ne résonnent pas ; il n'y a que les corps secs ; or ce qui résonne est ce qui produit l'audition.

16. (Olfaction. C'est par les voies nasales que le cerveau envoie les catarrhes sur les parties inférieures ; même théorie que dans l'opuscule des Glandes; voy. § 11.) Le cerveau, étant humide lui-même, sent les substances sèches , attirant l'odeur avec Pair à travers des tuyaux qui sont secs. Car il s'étend dans les cavités des narines ; de ce côté , aucun os ne lui oppose une barrière ; et il n'est borné que par un cartilage mou comme une éponge, et qui n'est ni chair ni os. C'est quand les cavités des narines sont sèches qu'il perçoit avec le plus d'exactitude l'odeur des substances sèches. Il ne sent pas l'eau, car elle est plus humide que le cerveau lui-même, à moins qu'elle ne soit putréfiée ; car l'eau, ainsi que tous les autres corps, s'épaissit, en se corrompant. Mais quand les narines deviennent humides, elles perdent la faculté de sentir, le cerveau n'attirant plus l'air à lui. C'est par cette voie aussi que le cerveau, par lui-même, flue abondamment sur le palais, sur la gorge, sur le poumon et sur le ventre ; alors on reconnaît et on dit qu'il se fait un catarrhe de la tête ; il s'en fait aussi sur le reste du corps, et c'est une conversion pour le chaud.

17. (Vision. L'auteur a vu souvent les humeurs de l'œil après la rupture de cet organe.) La vision est ainsi : une veine partie de la membrane du cerveau se rend à chaque œil au travers de l'os. Par ces deux veines, ce qu'il y a de plus ténu dans le glutineux est filtré hors du cerveau, et, de cette façon, forme 607 autour de l'œil une peau telle qu'est ce ténu même, c'est-à-dire forme le diaphane de l'œil, ce qui est exposé à l'air, ce qui reçoit le choc des vents, de la même manière que j'ai exposée pour les autres peaux. Ces tuniques, placées devant la portion voyante, sont multiples, diaphanes comme elle. Or, c'est dans ce diaphane que la lumière et toutes les choses brillantes se réfléchissent; et la vision s'opère par cette réflexion. Par ce qui n'est pas brillant et ne réfléchit pas, il n'est pas de vision. Le restant autour de l'œil est une chair blanche. La partie de l'œil dite pupille paraît noire parce qu'elle est située au fond et entourée de tuniques noires. Nous appelons tunique ce qui est dans l'œil comme une peau. Elle n'est pas noire à la vue, mais elle est incolore et diaphane. Le liquide de l'œil est glutineux, car souvent nous avons vu sortir un liquide glutineux hors d'un œil rompu ; tant qu'il est chaud, il reste fluide ; mais il devient, en se refroidissant, sec comme un morceau d'encens transparent (le cristallin, voy. note 8). Il est semblable chez les hommes et les animaux. L'œil souffre par tout ce qui entre dedans, par le vent qui le frappe, par ce qui est trop brillant pour lui, par les onctions qu'on y pratique ; la raison, c'est que la surface en est humide, comme le sont la bouche, la langue et le reste du ventre.

18. (Voix et parole. C'est l'air qui produit le son. L'auteur 609 apporte différentes preuves, entre autres qu'il a vu des gens qui, s'étant coupé la gorge, ne pouvaient plus parler, et reprenaient la parole quand on réunissait la plaie du larynx.) L'homme parle par l'air qu'il attire dans tout son corps, mais surtout dans les cavités. Poussé au dehors à travers le vide, l'air produit un son, car la tête résonne. La langue articule par ses chocs ; interceptant dans la gorge et heurtant contre le palais et les dents, elle rend les sons distincts. Si, à chaque fois , la langue n'articulait pas en heurtant, l'homme ne parlerait pas distinctement, et il n'émettrait que chacun des sons simples naturels. La preuve en est dans les sourds de naissance, qui,, ne sachant pas parler, n'émettent que les sons simples. On ne réussira pas non plus si on veut parler après une expiration. En effet, un homme qui veut faire entendre une grande voix, attire l'air extérieur, le chasse au dehors et crie fort afin que l'air résonne à l'encontre ; ensuite le son va en s'affaiblissant. Les musiciens, quand il leur faut porter la voix au loin, faisant une inspiration profonde, prolongent l'expiration et chantent fort afin que l'air résonne à l'encontre ; le son cesse quand l'air fait défaut. Tout cela montre que c'est l'air qui bruit. J'ai vu des gens qui, voulant se tuer, s'étaient coupé la gorge tout à fait; ils vivent, il est vrai, mais ne parlent pas, à moins qu'on ne réunisse la plaie ; alors ils parlent. Cela encore prouve que l'air ne peut plus être attiré dans les cavités, le larynx étant coupé ; mais il passe à travers la plaie. Telle est sans doute l'explication de la voix et de la parole.

19. (L'âge de l'homme est de sept jours, c'est-à-dire marc/te par septénaires. Preuve : en sept jours le produit de la concep- 611 tion a toutes tes parties essentielles ; l'auteur s'en est assuré plus d'une fois en examinant des embryons rejetés à cette époque par des filles publiques qui se font avorter ; comp. un dire pareil dans le traité de la Nat. de l'enfant , §13; suivant l'auteur, beaucoup de femmes savent le moment de la conception. Autre preuve : ceux qui restent sept jours sans manger succombent, quand même ils se mettraient à manger après ce terme. Autre preuve : l'enfant né à sept mois ou à neuf mois et dix jours est viable; mais l'enfant né à huit mois n'est pas viable; cela dépend de ce que dans l'un des cas le nombre des semaines est exact, et dans l'autre il ne l'est pas ; l'auteur dit qu'il a vu plusieurs fois des enfants nés à sept mois, ajoutant que, toutes ses informations, il les a gagnées auprès des femmes et des accoucheuses. Autre preuve : les maladies se jugent suivant les semaines ou les fractions de semaines. Autre preuve : les enfants changent de dents à sept ans , et dans sept ans il y a un nombre exact de semaines. L'auteur promet d'expliquer la nécessité naturelle de ces périodes septénaires dans un autre traité, qui n'est peut-être pas le traité des Semaines.) L'âge de l'homme est de sept jours. D'abord, dès que le produit de la conception est dans la matrice, il a en sept jours toutes les parties que le corps doit avoir. On se demande peut-être comment je le sais. Je l'ai vu plusieurs fois de cette façon : Les filles publiques, qui se sont souvent exposées, allant avec un homme, connaissent quand elles ont conçu ; puis elles font mourir en elles le produit de la conception ; ce produit étant mort, ce qui tombe est comme une chair. Jetez cette chair dans de l'eau, examinez-la dans l'eau, et vous verrez qu'elle a toutes les parties, l'emplacement des yeux, les oreilles, les membres ; les doigts des mains, les jambes , les pieds et les doigts de pieds , les parties génitales , enfin tout le corps est visible. Une femme qui a de l'expérience connaît aussi quand elle a conçu; elle éprouve aussitôt du frisson, de la chaleur, des grincements de dents, des spasmes ; un engourdissement à l'articulation (le bassin), à tout le corps et à l'utérus. Les femmes qui sont pures, c'est-à-dire qui ne 613 sont pas humides, éprouvent ces phénomènes; mais celles qui sont épaisses et pituiteuses, pour la plupart n'y connaissent rien. Au reste, je ne sais là-dessus que ce que les femmes m'ont appris. Voici encore qui montre que l'âge de l'homme est de sept jours ; restant sept jours sans manger ni boire, la plupart meurent dans ce temps; quelques-uns le dépassent, mais ils n'en meurent pas moins ; chez d'autres , à qui on persuada de ne pas se laisser mourir de faim, mais de manger et de boire, le ventre n'a plus voulu rien recevoir, le jéjunum s'était fermé durant ces sept jours, et ils succombèrent également. Autre preuve : l'enfant né au bout de sept mois naît suivant la raison des choses et vit, ayant une telle raison et un nombre exact par rapport aux semaines ; mais , des enfants nés à huit mois, aucun ne vit jamais, au lieu qu'à neuf mois et dix jours l'enfant vit et a le nombre exact pour les semaines : quatre dizaines de semaines font deux cent quatre-vingts jours ; une dizaine de semaines fait soixante-dix jours. De son côté, l'enfant né à sept mois a trois dizaines de semaines, chaque dizaine de semaines a soixante-dix jours ; ainsi trois dizaines de semaines font en tout deux cent dix jours. Semblablement, chez les hommes, les maladies les plus aiguës se jugent, rétablissement ou mort, en quatre jours, une demi-semaine; celles qui viennent en second lieu pour l'acuité, en une semaine ; en troisième lieu, dans onze jours , une semaine et une demi- 615 semaine ; en quatrième lieu, dans deux semaines ; en cinquième lieu, dans dix-huit jours, deux semaines et une demi-semaine. Les autres maladies n'ont pas de signe qui permette de juger en combien de temps elles guériront. De même les grandes plaies de la tête et du reste du corps commencent à s'enflammer le quatrième jour; et l'inflammation tombe le septième , le quatorzième, le dix-huitième. Si, le traitement étant bien dirigé, l'inflammation des grandes plaies de tète ne tombe pas dans cet intervalle, le patient succombe. Quiconque est peu au courant de ces choses s'étonnera que l'enfant vienne à sept mois ; pour moi, j'en ai été bien des fois témoin ; et, si l'on veut s'en convaincre, cela est facile; on peut s'en informer auprès des guérisseuses qui assistent les femmes en couche. Une autre preuve, c'est que les enfants prennent leurs dents à sept ans accomplis ; et, dans sept ans, il y a juste, en raison et en nombre, trente-six dizaines de semaines et une demi-dizaine, ou trois cent soixante-cinq semaines. La nécessité naturelle pour laquelle chacune de ces choses est réglée par septénaires , je l'expliquerai ailleurs.

 

FIN DU LIVRE DES CHAIRS
 

ici de grands amas, là de moindres,