LIVRE IX.
ΠΕΡΙ ΕΥΣΧΗΜΟΣΥΝΗΣ.
DE LA BIENSÉANCE.
ARGUMENT.
Appeler l'attention du médecin sur la manière dont il doit se munir des choses nécessaires à l'exercice de son art et se comporter à l'égard des malades, afin qu'il obtienne une juste renommée parmi les hommes, tel est le but de cet écrit.
L'établissement du médecin exigeait un iatrion ou boutique dans laquelle il avait des médicaments, des instruments, des machines et où il pratiquait une foule d'opérations plus ou moins importantes. C'était aussi là que commençait l'instruction des élèves. On leur enseignait tout le détail des pansements, des bandages, des machines et des opérations.
Outre ce qui garnissait l'iatrion, le médecin avait un appareil portatif qui lui servait dans les voyages, et où les choses à son usage étaient placées dans un ordre commode.
Le médecin était probablement aussi pharmacien. Du moins il avait chez lui les médicaments qui lui servaient dans sa pratique : topiques, potions, purgatifs, substances conservées ou substances fraîches. Les médicaments qui le comportaient étaient préparés selon la formule; d'ailleurs nous savons qu'il y avait des livres sur les médicaments et les formules.
Si notre opuscule ne contenait que cela, il ne mériterait pas la réputation d'obscurité qui lui a été faite. Mais il commence par un long morceau dont les difficultés sont tout à fait désespérantes. Outre les incertitudes et les incorrections du texte, pour lequel les manuscrits ne fournissent que peu de lumières, la suite des idées est, par elle-même, obscure et, du moins pour nous, 223 mal cohérente. Il s'y agit de ce que vaut la sophie (σοφία), cette forme nouvelle que le savoir général prenait parmi les Grecs, dont les adeptes les plus actifs avaient le nom de sophistes, et qui inquiétait, par ses discussions bruyantes et dissolvantes, les vieilles mœurs et les vieilles opinions.
Il y avait des sophies de toute espèce ; et, au fond, le mot était d'un sens fort peu précis. Notre auteur ne prétend pas recommander celles qui dissertent sur des choses sans utilité ; cependant, même alors, et pourvu qu'elles ne soient pas accompagnées de la honte morale et de la soif de l'argent, il leur trouve un mérite, c'est d'exercer l'esprit. Les sophies qui vivent de honte et de lucre séduisent, à la vérité, les jeunes gens ; mais les hommes mûrs en rougissent, et les vieillards les bannissent des cités. Notre auteur décrit alors les gens de ces sortes de sophies comme des charlatans de place publique, attirant la foule et vêtus magnifiquement. Faut-il voir là une allusion aux célèbres sophistes qui en ce temps occupaient la Grèce, ou seulement aux charlatans médicaux qui faisaient concurrence aux médecins élevés régulièrement suivant la tradition ? Peut-être aux uns et aux autres.
A ce tableau l'auteur oppose celui de la vraie sophie, où il dépeint le philosophe grave dans ses manières, orné des vertus morales et habile à bien dire.
Il y a deux manières de tomber .dans la fausse sophie. La première est celle dont il vient d'être parlé, c'est-à-dire celle qui provient d'une dialectique mal employée, ou, pour mieux dire, d'une philosophie vicieuse ; c'était la philosophie des sophistes. La seconde est celle qui provient d'une étude insuffisante de la nature, étude dans laquelle on substitue à la réalité l'hypothèse ou l'opinion; autre manière non moins sûre de tomber dans le charlatanisme.
C'est pour cela qu'il importe de transporter la philosophie dans la médecine, et la médecine dans la philosophie : la philosophie dans la médecine, afin que celle-ci ne soit pas étrangère aux conceptions générales; la médecine dans la philo- 224 sophie, afin que celle-ci ne soit pas étrangère aux conceptions réelles. C'est là la réunion des deux discours (λόγοι) dont il est parlé § 4.
C'est après ce préambule que l'auteur s'occupe du médecin.
BIBLIOGRAPHIE.
MANUSCRITS.
2255 = E, 2144 = F, 2141 = G, 2142 = H, 2440 = I, 2143 = J, 2145 =
K, Cod. Serv. ap. Foes = L, 2332 = X, Imp. ap. Mack = F, Cod. Fevr.
ap. Foes = Codex Venetus Sancti Marci n° 269 = a (1).
ÉDITIONS, TRADUCTIONS ET COMMENTAIRES.
Libelli Hippocratis praparatorii Jani Cornarii. Basil. 1543. — Zwinger. Hipp. viginti duo Commentarii. Basil., in-fol., 1579.— Heurnius, Hippocratis Coi Prolegomena, etc., in-4°. Lugd. Bat. 1597, in-24, 1607. 2 vol. 1609.— Ergo medicus philosophus isotheos (Deo aequalis), Stephani Bachot (Senonensis, medici Parisini) Dissertatio. Parisiis, in-4°, 1646. — Andr. Mongaglia, in libro de aquae usu in febribus. Florent., in-4° 1700. — Epistola ad G. Ph. Gesnerum, de habitu medicinse ad religionem secundum Hippocratem Περί εὐσχημοσύνης. Auctore Georg. Matthias. Gottingae, in-4°, 1739. — 225 Tractatus de philosophia medici, sive Ἱπποκράτους Κώου περὶ εὐσχημοσύνης, Hippocratis Coi liber de Honestate qnem recen-suit, interpretatione latina notisque perpetuis et commentario illustravit, itemque prolegomena de statu antiquae philosophiae et medicinae graecanicae et caetera prsemisit, et, ex communicatione v. ex p. Henr. Christiani Crugeri, med. d. et pbys. Luneburg. adhuc inedita graeca scholia et gnomas ms. bibliotheca creg. Paris, hujusque et edit. Aid. Venet., 1526, varietatem lectionis atque ipsius laudati viri animadversiones, in eumdem librum adjunxit Georgius Matthias. Adjecta est commentatio Περὶ χρέους ἀδιδάκτου, eodem auctore, Gottingae, in-4°, 1740. — Claudii Francisa Atthalin, professons medici Bisontini, dissertatio medica de requisitis in medico dotibus. Vesuntione, in-8°, 29 pages, 1764.— Ἰατρὸς φιλόσοφος ἰσόθεος, hoc est Medicus philosophus deo aequalis ; eliatum Hippocraticum commenta tione academica illustratum a Samuel Detsy. Trajecti ad Viadrum, in-4°, 1777. — Traités hippocratiques. Préceptes. De la Bienséance. Traduction accompagnée d'une introduction, de commentaires et de notes par MM. Boyer, professeur, et Girbal, agrégé à la faculté de médecine de Montpellier. Montpellier, 1855.
(1) La collation de ce manuscrit m'a été communiquée par M. le docteur Daremberg, qui a parcouru les principales bibliothèques de l'Europe avec tant de fruit pour lui et aussi pour les autres.
ΠΕΡΙ ΕΥΣΧΗΜΟΣΥΝΗΣ. 1. Οὐκ ἀλόγως οἱ προβαλλόμενοι τὴν σοφίην πρὸς πολλὰ εἶναι χρησίμην, ταύτην δὴ τὴν ἐν τῷ βίῳ. Αἱ γὰρ πολλαὶ πρὸς περιεργίην φαίνονται γεγενημέναι· λέγω δὲ, αὗται αἱ μηδὲν ἐς χρέος τῶν πρὸς ἃ διαλέγονται· ληφθείη δ´ ἂν τουτέων μέρεα ἐς ἐκεῖνο, ὅτι ὅπη οὐκ ἀργίη, οὐδὲ μὴν κακίη· τὸ γὰρ σχολάζον καὶ ἄπρηκτον ζητέει ἐς κακίην καὶ ἀφέλκεσθαι· τὸ δ´ ἐγρηγορὸς καὶ πρός τι τὴν διάνοιαν ἐντετακὸς ἐφειλκύσατό τι τῶν πρὸς καλλονὴν βίου τεινόντων. Ἐῶ δὲ τουτέων τὰς μηδὲν ἐς χρέος πιπτούσας διαλέξιας· χαριεστέρη γὰρ ἡ πρὸς ἕτερον μέν τι ἐς τέχνην πεποιημένη, τέχνην δὲ τὴν πρὸς εὐσχημοσύνην καὶ δόξαν. 2. Πᾶσαι γὰρ αἱ μὴ μετ´ αἰσχροκερδείης καὶ ἀσχημοσύνης καλαὶ, ᾗσι μέθοδός τις ἐοῦσα τεχνικὴ ἐργάζεται· ἀλλ´ εἴ γε μὴ, μὴ πρὸς ἀναιτίην δημευτέαι. Νέοι τε γὰρ αὐτέοισιν ἐμπίπτουσιν· ἀκμάζοντες δὲ δι´ ἐντροπίην ἱδρῶτας τίθενται βλέποντες· πρεσβῦται δὲ διὰ πικρίην νομοθεσίην τίθενται ἀναίρεσιν ἐκ τῶν πόλεων. Καὶ γὰρ ἀγορὴν ἐργαζόμενοι, οὔτοι μετὰ βαναυσίης ἀπατέοντες, καὶ ἐν πόλεσιν ἀνακυκλέοντες οἱ αὐτοί. Ἴδοι δέ τις ἂν καὶ ἐπ´ ἐσθῆτος καὶ ἐν τῇσιν ἄλλῃσι περιγραφῇσι· κἢν γὰρ ἔωσιν ὑπερηφανέως κεκοσμημένοι, πουλὺ μᾶλλον φευκτέοι καὶ μισητέοι τοῖσι θεωμένοισίν εἰσιν. 3. Τὴν δὲ ἐναντίην χρὴ ὧδε σκοπέειν· οἷς οὐ διδακτὴ κατασκευὴ, οὐδὲ περιεργίη· ἔκ τε γὰρ περιβολῆς καὶ τῆς ἐν ταύτῃ εὐσχημοσύνης καὶ ἀφελείης, οὐ πρὸς περιεργίην πεφυκυίης, ἀλλὰ μᾶλλον πρὸς εὐδοξίην, τό τε σύννουν, καὶ τὸ ἐν νῷ πρὸς ἑωυτοὺς διακεῖσθαι, πρός τε τὴν πορείην. Οἷοι ἕκαστοι σχήματι, τοιοῦτοι· ἀδιάχυτοι, ἀπερίεργοι, πικροὶ πρὸς τὰς συναντήσιας, εὔθετοι πρὸς τὰς ἀποκρίσιας, χαλεποὶ πρὸς τὰς ἀντιπτώσιας, πρὸς τὰς ὁμοιότητας εὔστοχοι καὶ ὁμιλητικοὶ, εὔκρητοι πρὸς ἅπαντας, πρὸς τὰς ἀναστάσιας σιγητικοὶ, πρὸς τὰς ἀποσιγήσιας ἐνθυμηματικοὶ καὶ καρτερικοὶ, πρὸς τὸν καιρὸν εὔθετοι καὶ λημματικοὶ, πρὸς τὰς τροφὰς εὔχρηστοι καὶ αὐτάρκεες, ὑπομονητικοὶ πρὸς καιροῦ τὴν ὑπομονὴν, πρὸς λόγους ἀνυστοὺς πᾶν τὸ ὑποδειχθὲν ἐκφέροντες, εὐεπίῃ χρώμενοι, χάριτι διατιθέμενοι, δόξῃ τῇ ἐκ τουτέων διισχυριζόμενοι, ἐς ἀληθείην πρὸς τὸ ὑποδειχθὲν ἀποτερματιζόμενοι. 4. Ἡγεμονικώτατον μὲν οὖν τουτέων ἁπάντων τῶν προειρημένων ἡ φύσις· καὶ γὰρ οἱ ἐν τέχναισιν, ἢν προσῇ αὐτέοισι τοῦτο, διὰ πάντων τουτέων πεπόρευνται τῶν προειρημένων. Ἀδίδακτον γὰρ τὸ χρέος ἔν τε τῇ σοφίῃ καὶ ἐν τῇ τέχνῃ· πρόσθε μὲν ἢ διδαχθῇ, ἐς τὸ ἀρχὴν λαβεῖν ἡ φύσις κατεῤῥύη καὶ κέχυται, ἡ δὲ σοφίη ἐς τὸ εἰδῆσαι τὰ ἀπ´ αὐτέης τῆς φύσιος ποιεύμενα. Καὶ γὰρ ἐν ἀμφοτέροισι τοῖσι λόγοισι πολλοὶ κρατηθέντες οὐδαμῆ συναμφοτέροισιν ἐχρήσαντο τοῖσι πρήγμασιν ἐς δεῖξιν· ἐπὴν οὖν τις αὐτέων ἐξετάζῃ τι πρὸς ἀληθείην τῶν ἐν ῥήσει τιθεμένων, οὐδαμῆ τὰ πρὸς φύσιν αὐτέοισι χωρήσει. Εὑρίσκονται γοῦν οὗτοι παραπλησίην ὁδὸν ἐκείνοισι πεπορευμένοι. Διόπερ ἀπογυμνούμενοι τὴν πᾶσαν ἀμφιέννυνται κακίην καὶ ἀτιμίην. Καλὸν γὰρ ἐκ τοῦ διδαχθέντος ἔργου λόγος· πᾶν γὰρ τὸ ποιηθὲν τεχνικῶς ἐκ λόγου ἀνηνέχθη· τὸ δὲ ῥηθὲν τεχνικῶς, μὴ ποιηθὲν δὲ, μεθόδου ἀτέχνου δεικτικὸν ἐγενήθη· τὸ γὰρ οἴεσθαι μὲν, μὴ πρήσσειν δὲ, ἀμαθίης καὶ ἀτεχνίης σημεῖόν ἐστιν· οἴησις γὰρ μάλιστα ἐν ἰητρικῇ αἰτίην μὲν τοῖσι κεχρημένοισιν, ὄλεθρον δὲ τοῖσι χρεομένοισιν ἐπιφέρει· καὶ γὰρ ἢν ἑωυτοὺς ἐν λόγοισι πείσαντες οἰηθῶσιν εἰδέναι ἔργον τὸ ἐκ μαθήσιος, καθάπερ χρυσὸς φαῦλος ἐν πυρὶ κριθεὶς τοιούτους αὐτοὺς ἀπέδειξεν. Καίτοι γε τοιαύτη ἡ πρόῤῥησις ἀπαρηγόρητος. ᾟ σύνεσις ὁμογενής ἐστιν, εὐθὺ τὸ πέρας ἐδήλωσε γνῶσις· τῶν δ´ ὁ χρόνος τὴν τέχνην εὐοδέα κατέστησεν, ἢ τοῖσιν ἐς τὴν παραπλησίην οἶμον ἐμπίπτουσι τὰς ἀφορμὰς δήλους ἐποίησε. 5. Διὸ δεῖ ἀναλαμβάνοντα τουτέων τῶν προειρημένων ἕκαστα, μετάγειν τὴν σοφίην ἐς τὴν ἰητρικὴν καὶ τὴν ἰητρικὴν ἐς τὴν σοφίην. Ἰητρὸς γὰρ φιλόσοφος ἰσόθεος· οὐ πολλὴ γὰρ διαφορὴ ἐπὶ τὰ ἕτερα· καὶ γὰρ ἔνι τὰ πρὸς σοφίην ἐν ἰητρικῇ πάντα, ἀφιλαργυρίη, ἐντροπὴ, ἐρυθρίησις, καταστολὴ, δόξα, κρίσις, ἡσυχίη, ἀπάντησις, καθαριότης, γνωμολογίη, εἴδησις τῶν πρὸς βίου χρηστῶν καὶ ἀναγκαίων, ἀκαθαρσίης ἀπεμπόλησις, ἀδεισιδαιμονίη, ὑπεροχὴ θεία. Ἔχουσι γὰρ ἃ ἔχουσι πρὸς ἀκολασίην, πρὸς βαναυσίην, πρὸς ἀπληστίην, πρὸς ἐπιθυμίην, πρὸς ἀφαίρεσιν, πρὸς ἀναιδείην. Αὕτη γὰρ ἡ γνῶσις τῶν προσιόντων καὶ χρῆσις τῶν πρὸς φιλίην, καὶ ὡς καὶ ὁκοίως τὰ πρὸς τέκνα, πρὸς χρήματα. Ταύτῃ μὲν οὖν ἐπικοινωνὸς σοφίη τις, ὅτι καὶ ταῦτα τὰ πλεῖστα ὁ ἰητρὸς ἔχει. 6. Καὶ γὰρ μάλιστα ἡ περὶ θεῶν εἴδησις ἐν νόῳ αὐτὴ ἐμπλέκεται· ἐν γὰρ τοῖσιν ἄλλοισι πάθεσι καὶ ἐν συμπτώμασιν εὑρίσκεται τὰ πολλὰ πρὸς θεῶν ἐντίμως κειμένη ἡ ἰητρική. Οἱ δὲ ἰητροὶ θεοῖσι παρακεχωρήκασιν· οὐ γὰρ ἔνι περιττὸν ἐν αὐτέῃ τὸ δυναστεῦον. Καὶ γὰρ οὗτοι πολλὰ μὲν μεταχειρέονται, πολλὰ δὲ καὶ κεκράτηται αὐτέοισι δι´ ἑωυτέων. Ἃ δὲ καταπλεονεκτεῖ νῦν ἡ ἰητρικὴ, ἐντεῦθεν παρέξει. Ἔστι γὰρ ὁδός τις ἐν σοφίῃ ὧδε καὶ αὐτέοισιν ἐκείνοισιν· οὕτω δ´ οὐκ οἴονται, ὁμολογέουσι δὲ τὰ περὶ σώματα παραγενόμενα, ἃ δὴ διὰ πάσης αὐτῆς πεπόρευται, μετασχηματιζόμενα ἢ μεταποιούμενα, ἃ δὲ μετὰ χειρουργίης ἰώμενα, ἃ δὲ βοηθούμενα, θεραπευόμενα ἢ διαιτώμενα. Τὸ δὲ κεφαλαιωδέστατον ἔστω ἐς τὴν τουτέων εἴδησιν. 7. Ὄντων οὖν τοιουτέων τῶν προειρημένων ἁπάντων, χρὴ τὸν ἰητρὸν ἔχειν τινὰ εὐτραπελίην παρακειμένην· τὸ γὰρ αὐστηρὸν δυσπρόσιτον καὶ τοῖσιν ὑγιαίνουσι καὶ τοῖσι νοσέουσιν. Τηρεῖν δὲ χρὴ ἑωυτὸν ὅτι μάλιστα, μὴ πολλὰ φαίνοντα τῶν τοῦ σώματος μερέων, μηδὲ πολλὰ λεσχηνευόμενον τοῖσιν ἰδιώτῃσιν, ἀλλὰ τἀναγκαῖα· νομίζειν γὰρ τωὐτὸ βίῃ εἶναι ἐς πρόκλησιν θεραπηΐης. Ποιέειν δὲ κάρτα μηδὲν περιέργως αὐτέων, μηδὲ μετὰ φαντασίης· ἐσκέφθω δὲ ταῦτα πάντα, ὅκως ᾖ σοι προκατηρτισμένα ἐς τὴν εὐπορίην, ὡς δέοι· εἰ δὲ μὴ, ἐπὶ τοῦ χρέους ἀπορίη ἀηδής. 8. Μελετᾷν δὲ χρὴ ἐν ἰητρικῇ ταῦτα μετὰ πάσης καταστολῆς, περὶ ψηλαφίης, καὶ ἐγχρίσιος, καὶ ἐγκαταντλήσιος, πρὸς τὴν εὐρυθμίην τῶν χειρέων, περὶ τιλμάτων, περὶ σπληνῶν, περὶ ἐπιδέσμων, περὶ τῶν ἐκ καταστάσιος, περὶ φαρμάκων, ἐς τραύματα καὶ ὀφθαλμικὰ, καὶ τουτέων τὰ πρὸς τὰ γένεα, ἵν´ ᾖ σοι προκατηρτισμένα ὄργανά τε καὶ μηχαναὶ καὶ σίδηρος καὶ τὰ ἑξῆς· ἡ γὰρ ἐν τουτέοισιν ἀπορίη ἀμηχανίη καὶ βλάβη ἐστίν. Ἔστω δέ σοι ἑτέρη παρέξοδος ἡ λιτοτέρη πρὸς τὰς ἀποδημίας ἡ διὰ χειρέων· ἡ δ´ εὐχερεστάτη διὰ μεθόδων· οὐ γὰρ οἷόν τε διέρχεσθαι πάντα τὸν ἰητρόν. 9. Ἔστω δέ σοι εὐμνημόνευτα φάρμακά τε καὶ δυνάμιες ἁπλαῖ καὶ ἀναγεγραμμέναι, εἴπερ ἄρα ἐστὶν ἐν νόῳ καὶ τὰ περὶ νούσων ἰήσιος, καὶ οἱ τουτέων τρόποι, καὶ ὁσαχῶς καὶ ὃν τρόπον περὶ ἑκάστων ἔχουσιν· αὕτη γὰρ ἡ ἀρχὴ ἐν ἰητρικῇ καὶ μέσα καὶ τέλος. 10. Προκατασκευάσθω δέ σοι καὶ μαλαγμάτων γένεα πρὸς τὰς ἑκάστων χρήσιας, ποτήματα τέμνειν δυνάμενα ἐξ ἀναγραφῆς ἐσκευασμένα πρὸς τὰ γένεα. Προητοιμάσθω δὲ καὶ τὰ πρὸς φαρμακίην [ἐς τὰς καθάρσιας], εἰλημμένα ἀπὸ τόπων τῶν καθηκόντων, ἐσκευασμένα εἰς ὃν δεῖ τρόπον, πρὸς τὰ γένεα καὶ τὰ μεγέθεα ἐς παλαίωσιν μεμελετημένα, τὰ δὲ πρόσφατα ὑπὸ τὸν καιρὸν, καὶ τἄλλα κατὰ λόγον. 11. Ἐπὴν δὲ ἐσίῃς πρὸς τὸν νοσέοντα, τουτέων σοι ἀπηρτισμένων, ἵνα μὴ ἀπορῇς, εὐθέτως ἔχων ἕκαστα πρὸς τὸ ποιησόμενον, ἴσθι γινώσκων, ὃ χρὴ ποιέειν πρὶν ἐσελθεῖν· πολλὰ γὰρ οὐδὲ συλλογισμοῦ, ἀλλὰ βοηθείης δεῖται τῶν πραγμάτων. Προδιαστέλλεσθαι οὖν χρὴ τὸ ἐκβησόμενον ἐκ τῆς ἐμπειρίης· ἔνδοξον γὰρ καὶ εὐμαθές. 12. Ἐν δὲ τῇ εἰσόδῳ μεμνῆσθαι καὶ καθέδρης, καὶ καταστολῆς, περιστολῆς, ἀνακυριώσιος, βραχυλογίης, ἀταρακτοποιησίης, προσεδρίης, ἐπιμελείης, ἀντιλέξιος πρὸς τὰ ἀπαντώμενα, πρὸς τοὺς ὄχλους τοὺς ἐπιγινομένους εὐσταθείης τῆς ἐν ἑωυτῷ, πρὸς τοὺς θορύβους ἐπιπλήξιος, πρὸς τὰς ὑπουργίας ἑτοιμασίης. Ἐπὶ τουτέοισι μέμνησο παρασκευῆς τῆς πρώτης· εἰ δὲ μὴ, τὰ κατ´ ἄλλα ἀδιάπτωτον, ἐξ ὧν παραγγέλλεται εἰς ἑτοιμασίην. 13. Ἐσόδῳ χρέο πυκνῶς, ἐπισκέπτεο ἐπιμελέστερον, τοῖσιν ἀπατεωμένοισιν ἐπὶ τὰς μεταβολὰς ἀπαντῶν· ῥᾷον γὰρ εἴσῃ, ἅμα δὲ καὶ εὐμαρέστερος ἔσῃ· ἄστατα γὰρ τὰ ἐν ὑγροῖσι· διὸ καὶ εὐμεταποίητα ὑπὸ φύσιος καὶ ὑπὸ τύχης· ἀβλεπτηθέντα γὰρ τὰ κατὰ τὸν καιρὸν τῆς ὑπουργίης ἔφθασαν ὁρμήσαντα καὶ ἀνελόντα· οὐ γὰρ ἦν τὸ ἐπικουρῆσον. Πολλὰ γὰρ ἅμα τὰ προσιόντα τι χαλεπόν· τὸ γὰρ καθ´ ἓν κατ´ ἐπακολούθησιν εὐθετώτερον καὶ ἐμπειρότερον. 14. Ἐπιτηρεῖν δὲ δεῖ καὶ τὰς ἁμαρτίας τῶν καμνόντων, δι´ ὧν πολλοὶ πολλάκις διεψεύσαντο ἐν τοῖσι προσάρμασι τῶν προσφερομένων· ἐπεὶ τὰ μισητὰ ποτήματα οὐ λαμβάνοντες, ἢ φαρμακευόμενοι ἢ θεραπευόμενοι, ἀνῃρέθησαν· καὶ αὐτῶν μὲν οὐχ ὡς ὁμολογίην τρέπεται τὸ ποιηθὲν, τῷ δὲ ἰητρῷ τὴν αἰτίην προσῆψαν. 15. Ἐσκέφθαι δὲ χρὴ καὶ τὰ περὶ ἀνακλίσεων, ἃ μὲν αὐτέων πρὸς τὴν ὥρην, ἃ δὲ καὶ πρὸς τὰ γένεα· οἱ μὲν γὰρ αὐτέων ἐς ὑψηλοὺς, οἱ δὲ ἐς μὴ ὑψηλοὺς, οἱ δὲ ἐς καταγείους καὶ σκοτεινοὺς τόπους· τά τε ἀπὸ ψόφων καὶ ὀσμῶν, μάλιστα δ´ ἀπὸ οἴνου, χειροτέρη γὰρ αὕτη, φυγεῖν δὲ καὶ μετατιθέναι. 16. Πρήσσειν δ´ ἅπαντα ταῦτα ἡσύχως, εὐσταλέως, μεθ´ ὑπουργίης τὰ πολλὰ τὸν νοσέοντα ὑποκρυπτόμενον· ἃ δὲ χρὴ, παρακελεύοντα ἱλαρῶς καὶ εὐδιεινῶς, σφέτερα δὲ ἀποτρεπόμενον, ἅμα μὲν ἐπιπλήσσειν μετὰ πικρίης καὶ ἐντάσεων, ἅμα δὲ παραμυθέεσθαι μετ´ ἐπιστροφῆς καὶ ὑποδέξιος, μηδὲν ὑποδεικνύντα τῶν ἐσομένων ἢ ἐνεστώτων αὐτέοισι· πολλοὶ γὰρ δι´ αἰτίην ταύτην ἐφ´ ἑκάτερα ἀπεώσθησαν, διὰ τὴν πρόῤῥησιν τὴν προειρημένην τῶν ἐνεστώτων ἢ ἐπεσομένων. 17. Τῶν δὲ μανθανόντων ἔστω τὶς ὁ ἐφεστὼς, ὅκως τοῖσι παραγγέλμασιν οὐκ ἀκαίρως χρήσεται, ποιήσει δὲ ὑπουργίην τὸ προσταχθέν· ἐκλέγεσθαι δὲ αὐτέων ἤδη τοὺς ἐς τὰ τῆς τέχνης εἰλημμένους, προσδοῦναί τι τῶν ἐς τὸ χρέος, ἢ ἀσφαλέως προσενεγκεῖν· ὅκως τε ἐν διαστήμασι μηδὲν λανθάνῃ σε· ἐπιτροπὴν δὲ τοῖσιν ἰδιώτῃσι μηδέποτε διδοὺς περὶ μηδενός· εἰ δὲ μὴ, τὸ κακῶς πρηχθὲν εἰς σὲ χωρῆσαι τὸν ψόγον ἐᾷ· μήποτ´ ἀμφιβόλως ἔχῃ, ἐξ ὧν τὸ μεθοδευθὲν χωρήσει, καὶ οὐ σοὶ τὸν ψόγον περιάψει, καὶ τευχθὲν δὲ πρὸς τὸ κλέος ἔσται· πρόλεγε οὖν ταῦτα πάντα ἐπὶ τῶν ποιευμένων, οἷς καὶ τὸ ἐπεγνῶσθαι πρόκειται. 18. Τοιουτέων οὖν ἐόντων τῶν πρὸς εὐδοξίην καὶ εὐσχημοσύνην τῶν ἐν τῇ σοφίῃ καὶ ἰητρικῇ καὶ ἐν τῇσιν ἄλλῃσι τέχνῃσι, χρὴ τὸν ἰητρὸν διειληφότα τὰ μέρεα περὶ ὧν εἰρήκαμεν, περιεννύμενον πάντοτε τὴν ἑτέρην διατηρέοντα φυλάσσειν, καὶ παραδιδόντα ποιέεσθαι· εὐκλεᾶ γὰρ ἐόντα πᾶσιν ἀνθρώποισι διαφυλάσσεται· οἵ τε δι´ αὐτέων ὁδεύσαντες δοξασταὶ πρὸς γονέων καὶ τέκνων· κἤν τινες αὐτέων μὴ πολλὰ γινώσκωσιν, ὑπ´ αὐτέων τῶν πρηγμάτων ἐς σύνεσιν καθίστανται. |
1. (Sagesse ou philosophie; son utilité générale.) Ce n'est pas sans raison qu'on présente la sagesse, du moins celle de la vie, comme utile à beaucoup d'égards. A la vérité, la plupart des sagesses paraissent appartenir aux curiosités ; je parle de ces sagesses sans utilité dans les choses dont elles dissertent; mais on en accepterait des parties sur ce motif que là où n'est pas l'oisiveté, n'est pas non plus le mal. La paresse et l'inoccupation tendent à dégénérer en mal ; mais la pensée, éveillée et dressée vers un objet, amène avec soi quelqu'une des tendances vers la vie honorable. Je laisse de côté les dialectiques qui n'aboutissent à aucune utilité ; mais mieux venue est celle qui, faite en vue de quelque autre but, devient un art, je dis un art pour une vie honnête et digne de louange. 2. (Fausse sagesse ou fausse philosophie. Ce passage a sans doute en vue tes sophistes auxquels Socrate faisait de son côté une rude guerre.) Toutes les sagesses qui ne sont pas avec un lucre honteux et avec le déshonneur sont bonnes, quand il s'y 229 forme une méthode technique ; sinon, ce n*est pas sans raison qu'on les proscrit. Les jeunes gens s'y laissent séduire ; mais, devenus hommes, la honte, à cet aspect, leur fait monter la sueur au front ; et, devenus vieux, ils font, dans leur amertume, des lois pour les bannir des cités. Car ce sont des gens qui rassemblent la foule, trompent non sans adresse et vont par les villes. On les reconnaît au vêtement et au reste de leur attirail ; car, s'ils sont parés somptueusement, il faut d'autant plus que ceux qui les voient les haïssent et les fuient. 3. (Peinture de la vraie sagesse ou philosophie.) La sagesse opposée, on la reconnaîtra à ces traits : point d'arrangement étudié, point d'affectation, un vêtement plein de bienséance et de simplicité, fait non pour le luxe, mais pour la bonne opinion, pour la gravité, pour un esprit qui se ramène en soi-même, et pour la marche. Tels ils sont dans l'apparence extérieure, tels ils sont en réalité : sérieux, sans recherche, sévères dans les rencontres, dispos aux réponses, difficiles dans les contradictions, pénétrants et parleurs dans les concordances, modérés envers tous, silencieux dans les troubles, résolus et fermes pour garder le silence, bien disposés pour l'opportunité et la saisissant ; sachant user de la nourriture avec frugalité ; patients à attendre l'occasion ; produisant, autant qu'il est possible, par des discours, tout ce qui a été démontré ; usant du bien-dire ; gracieux par disposition ; fortifiés par la bonne réputation qui en résulte ; tournant, dans ce qui est démontré, le regard vers la vérité. 231 4. (Passage obscur, mais qui peut, je crois, se résumer ainsi : En toute sagesse, en tout art, il y a la nature et l'opinion, ou, si vous voulez, la réalité et l'hypothèse. La nature, la réalité ont le premier rang; la sagesse n'est faite que pour connaître la réalité, la nature. Ceux qui n'ont qu'une partie, c'est-à-dire l'opinion , l'hypothèse, n'aboutissent pas, et dès lors sont rejetés vers le côté du charlatanisme, de la tromperie et du gain honteux. Mais ceux chez qui l'intelligence est homogène, c'est-à-dire chez qui existe le juste rapport entre la réalité et l'opinion, sont dans la bonne voie.) En tout ce qui vient d'être dit, c'est la nature qui tient le premier rang ; car ceux qui sont dans les arts, si la nature est avec eux, cheminent en tout cela. Savoir user dans la sagesse et dans l'art, ne s'enseigne pas. Avant qu'il y ait enseignement, la nature a sa pente et son inclination à donner le branle; et la sagesse, à connaître les choses faites par la nature elle-même. Beaucoup, vaincus dans les deux discours (la théorie et l'opinion), n'ont, en aucune façon, usé des deux choses (la nature et la pratique) pour la démonstration ; quand 233 donc quelqu'un d'eux examine, auprès de la vérité, quelque point mis en discussion, rien de ce qui est de la nature ne procède pour eux ; il se trouve donc que ces gens suivent une route semblable à celle des autres charlatans; aussi, dépouillés, ils revêtent toute méchanceté et toute honte. La théorie qui vient d'une œuvre enseignée est une belle chose ; tout ce qui a été fait suivant l'art a été produit par la théorie ; mais ce qui est dit et non fait suivant l'art est l'indice d'une méthode que l'art ne dirige pas. S'imaginer, mais ne pas mettre en pratique, signifie défaut de connaissance et d'art ; et s'imaginer est ce qui en médecine cause surtout le blâme aux gens qui imaginent et la perte à ceux qui se servent d'eux; car, si, se persuadant par la parole, ils s'imaginent savoir l'œuvre qui procède de la science, ils sont comme l'or faux dont le feu fait voir la qualité. Un tel pronostic est inexorable. Chez ceux où l'intelligence est homogène, immédiatement la connaissance a manifesté le but; et pour les autres le temps a mis l'art en bonne voie, ou a signalé les procédés à ceux qui prennent le même chemin. 5. (Il faut transporter la philosophie dans la médecine, et la médecine dans la philosophie.) Aussi faut-il, reprenant chacun des points susdits, transporter la philosophie dans la médecine, et la médecine dans la philosophie. Le médecin philosophe est égal aux dieux. Il n'y a guère de différence entre la philosophie et la médecine ; tout ce qui est de la première se trouve dans la seconde : désintéressement, réserve, pudeur, modestie du vêtement, opinion, jugement, tranquillité, fermeté dans les 235 rencontres, propreté, manière sentencieuse, connaissance de ce qui est utile et nécessaire dans la vie, rejet de l'impureté, affranchissement de la superstition, précellence divine. Ce qu'on a, on l'a contre l'intempérance, la bassesse, la cupidité, la concupiscence, la rapine, l'impudeur. Là est la connaissance des revenus qu'on possède et l'usage des choses d'affection ; là est le mode de se comporter envers ses enfants et avec sa fortune. A cela participe une certaine philosophie; et le médecin a la plus grande partie de tout cela. 6. (La médecine est pleine de révérence à l'égard des dieux, devant qui elle s'incline. En effet, il y a dans les maladies beaucoup de choses et beaucoup de cas qui guérissent spontanément et qui sont dès lors attribuables à la puissance supérieure. Puis, par un passage d'idées implicites, fauteur indique que les phénomènes qui surviennent dans le corps par le fait du traitement sont la manifestation de tordre naturel qui est dans les choses, et l'assise sur laquelle la médecine repose.) C'est surtout la notion même des dieux qui s'enlace dans l'esprit. Pour l'ensemble des maladies et des symptômes, la médecine est, dans la plupart des cas, pleine de révérence à l'égard des dieux. Devant les dieux les médecins s'inclinent ; car la médecine n'a pas une puissance qui surabonde. Les faux médecins font mainte entreprise ; et maint cas guérit spontanément et de soi entre leurs mains. De là vient la force qui est présentement en la médecine. Car, même pour ces gens, il est, de cette façon, une certaine route dans la sagesse. Ils ne le pensent pas ; mais témoignage en est rendu par ce qui, se passant dans les corps, fait la voie générale de la médecine, à savoir changement dans la forme ou dans l'action, et guérisons soit par la chirurgie 237 soit par les secours de la thérapeutique ou du régime. Que le principal soit pour vous la connaissance de toutes ces choses. 7. (Remarques sur la conduite que doit tenir le médecin.) Ce qui vient d'être dit étant ainsi, il faut que le médecin ait à son service une certaine urbanité ; car la rudesse repousse et les gens en santé et les gens malades. Il s'observera diligemment, de manière à ne découvrir que peu de parties de son corps et à ne pas disserter beaucoup avec les personnes étrangères à l'art, mais leur disant le nécessaire ; il pensera qu'agir autrement est l'équivalent d'une provocation au traitement. Il ne fera rien qui soit entaché de recherche ou d'ostentation. Que toutes ces choses aient été bien considérées, afin qu'elles soient prêtes d'avance pour le service, comme il convient ; autrement, le manque dans le besoin est une disgrâce. 8. (Recommandations au sujet du palper, des affusions, de la charpie, des préparations pour les plaies, des machines, des instruments, en un mot de tout ce qui doit se trouver ou se faire dans l'iatrion. Il faut aussi avoir un appareil portatif pour les voyages.) Il faut, en médecine, avoir diligence, avec toute retenue, pour le palper, les onctions, les affusions, la conduite élégante des mains, la charpie, les compresses, les liens, les choses de la constitution atmosphérique, les remèdes évacuants, ce qui regarde les plaies, les préparations ophtalmiques ; en tout cela il faut des arrangements par genre, afin d'avoir prêts d'avance les instruments, les machines, le fer et le reste ; car le manque en ces choses est impuissance et dommage. Vous aurez pour les voyages un autre appareil plus simple et portatif ; le plus commode est celui qui est méthodiquement dis- 239 posé ; car il n'est pas possible que le médecin ait la revue de toute chose. 9. (Mettre dans sa mémoire tes médicaments, tes formates et les modes des maladies.) Ayez bien dans la mémoire les médicaments et les qualités simples et mises par écrit, si déjà sont dans l'esprit les notions sur le traitement des maladies, leurs modes, la multiplicité de ces modes et leurs variétés en chaque cas. Car c'est là, en médecine, le commencement, le milieu et la fin. 10. (Le médecin était aussi pharmacien. Conseils sur cette pharmacie.) Ayez prêts à l'avance les différents topiques émoi-tien ts pour l'usage en chaque circonstance, et les breuvages incisifs, préparés suivant la formule, selon les genres. Ayez aussi en provision les substances purgatives, prises dans les localités, les meilleures, préparées suivant le mode qui convient, disposées selon les genres et les grosseurs, et traitées pour être conservées, puis les substances fraîches préparées an moment même, et le reste à l'avenant. 11. (Conseils au médecin prêt à entrer chez le malade.) Quand vous visitez le malade, ces dispositions étant prises, afin de n'être pas dans l'embarras, tout étant arrangé pour ce qui doit être fait, sachez, avant d'entrer, ce qui est à faire; car beaucoup de cas ont besoin non de raisonnement, mais d'intervention secourable. Il importe de s'expliquer d'avance, à l'aide de l'expérience, sur ce qui doit advenir ; cela fait bien à la réputation et s'apprend facilement. 12. (Conseils au médecin entré chez le malade.) En entrant, rappelez-vous la manière de s'asseoir, la réserve, l'habillement, la gravité, la brièveté du langage, le sang-froid qui ne se trouble pas, la diligence près du malade, le soin, la réponse aux objections, la possession de soi-même dans les perturba-» lions qui surviennent, la sévérité à réprimer ce qui trouble, la 241 bonne volonté pour ce qui est à faire. En cela souvenez-vous de la disposition première ; sinon, ne laissez dans le reste rien manquer de ce qui est de précepte pour le service du malade. 13. (Faire de fréquentes visites. L'extrême utilité de ce précepte est incontestable ; et, toutes les fois que les circonstances le permettent, il faut avoir présente à l'esprit l'injonction de l'auteur hippocratique.) Faites de fréquentes visites, examinez soigneusement, remédiant à ce qui trompe dans les changements; vous saisirez avec plus de facilité, et en même temps vous serez plus à portée. Car ce qui est dans les humeurs est instable et se change aisément par la nature et par le hasard. Aussi des choses non aperçues au moment où l'on agissait ont pris les devants et causé la mort, vu que ce qui aurait secouru faisait défaut. Ce qui vient à la fois est difficile ; mais ce qui vient l'un après l'autre et à la suite, il est plus facile d'en disposer et d'en avoir l'expérience. 14. (Des fautes des malades. En écarter de soi la responsabilité.) Il faut observer les fautes des malades ; il est arrivé plus d'une fois qu'ils ont menti au sujet des choses prescrites ; ne prenant pas les breuvages désagréables, soit purgatifs, soit autres remèdes, ils ont succombé ; et le fait ne s'avoue pas, mais l'inculpation est rejetée sur le médecin. 15. (Du coucher. Des odeurs.) On considérera aussi ce qui concerne le coucher, soit quant à la saison, soit quant à l'espèce de coucher, les uns couchant en des endroits élevés, les antres en des endroits non élevés, d'autres en des endroits souterrains et obscurs. On prendra garde aux bruits et aux odeurs, surtout aux odeurs de vin ; celle-là est la pire ; il faut la fuir et l'écarter 243 16. (Faire toute chose avec calme et avec autorité. Ne rien laisser apercevoir au malade de ce qui arrivera.) On fera toute chose avec calme, avec adresse, cachant au malade, pendant qu'on agit, la plupart des choses ; lui donnant avec gaieté et sérénité les encouragements qui conviennent ; écartant ce qui est de lui ; tantôt le réprimandant avec vigueur et sévérité, tantôt le consolant avec attention et bonne volonté ; ne lui laissant rien apercevoir de ce qui arrivera ni de ce qui menace ; car plus d'un malade a été mis à toute extrémité par cette cause, c*est-à-dire par un pronostic où on lui annonçait ce qui devait arriver ou ce qui menaçait. 17. (Laisser un élève auprès du malade.) Vous laisserez un élève veillant à ce que le malade n'use pas des prescriptions à contretemps et que ce qui a été ordonné fasse son office. On choisira un élève déjà reçu dans les choses de l'art et capable d'ajouter quelque chose si l'utilité en survient, ou d'administrer avec sûreté les aliments; il est là aussi afin que rien de ce qui arrive dans l'intervalle des visites ne soit ignoré de vous. Ne vous remettez jamais de rien sur les personnes étrangères à Part ; autrement, le blâme de ce qui sera mal fait retombera sur vous. Qu'il n'y ait jamais de doute sur la marche et l'issue des choses faites méthodiquement ; le blâme ne s'attachera pas à vous, et, s'il y a succès, de la gloire vous en reviendra. Déclarez donc tous vos pronostics sur les choses que vous faites à ceux qui ont intérêt à les connaître. 245 18. (Conclusion.) Puisqu'il en est ainsi dans la philosophie, dans la médecine et les autres arts, pour la bonne réputation et l'honneur, il faut que le médecin qui a distingué les parties dont nous avons parlé (voy. § 1), se revêtant pleinement de l'une des deux doctrines, l'observe et la garde, l'exerce et la transmette; car ce qui est glorieux se conserve parmi les hommes. Ceux d'entre eux qui ont ainsi cheminé sont en renom auprès de leurs pères et de leurs enfants ; et, si quelques-uns n'ont pas beaucoup de science, les choses mêmes leur apprennent à savoir.
FIN DU LIVRE DE LA BIENSÉANCE. |