Clément d'Alexandrie

CLÉMENT D'ALEXANDRIE

STROMATES. LIVRE ΙΙ. - ΚΛΗΜΕΝΤΟΣ ΣΤΡΩΜΑΤΕΩΝ ΔΕΥΤΕΡΟΣ

Chapitres VII à XII

chapitres I à VI - chapitres XIII à XVIII

 

Traduction française : M. DE GENOUDE.

 

 

 

SAINT CLÉMENT D'ALEXANDRIE.

 

 

STROMATES

 

 

 

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Οἱ δὲ τοῦ φόβου κατηγοροῦντες κατατρέχουσι τοῦ νόμου, εἰ δὲ τοῦ νόμου, δῆλόν που ὡς καὶ τοῦ δεδωκότος τὸν νόμον θεοῦ. Τρία γὰρ ταῦτα ἐξ ἀνάγκης ὑφέστηκεν περὶ τὸ ὑποκείμενον, ὁ διοικῶν, ἡ διοίκησις, τὸ διοικούμενον. Εἰ γοῦν καθ´ ὑπόθεσιν ἐξέλοιεν τὸν νόμον, ἀνάγκη δήπου ἕκαστον ὃς ἄγεται ὑπὸ ἐπιθυμίας, ἡδονῇ χαριζόμενον ἀμελεῖν μὲν τοῦ καλῶς ἔχοντος, ὑπερφρονεῖν δὲ τοῦ θείου, ἀσεβεῖν δὲ ἅμα καὶ ἀδικεῖν ἀδεῶς ἀποσκιρτήσαντα τῆς ἀληθείας. Ναί, φασίν, ἄλογος ἔκκλισις ὁ φόβος ἐστὶ καὶ πάθος. Τί σὺ λέγεις; καὶ πῶς ἄν σοι ἔτι σῴζοιτο οὗτος ὁ ὅρος διὰ λόγου δοθείσης μοι τῆς ἐντολῆς; ἐντολὴ δὲ ἀπαγορεύει, τὸν φόβον ἐπαρτῶσα διὰ παιδείαν τῶν οὕτως ἐπιδεχομένων νουθετεῖσθαι. Οὐ τοίνυν ἄλογος ὁ φόβος, λογικὸς μὲν οὖν· πῶς γὰρ οὔ, παραινῶν

« Οὐ φονεύσεις, οὐ μοιχεύσεις, οὐ κλέψεις, οὐ ψευδομαρτυρήσεις»;

λλ´ εἰ σοφίζονται τὰ ὀνόματα, εὐλάβειαν καλούντων οἱ φιλόσοφοι τὸν τοῦ νόμου φόβον, εὔλογον οὖσαν ἔκκλισιν. Ὀνοματομάχους τούτους οὐκ ἀπὸ τρόπου ὁ Φασηλίτης ἐκάλει Κριτόλαος. Ἀστεία μὲν οὖν ἤδη καὶ καλλίστη πέφηνε τοῖς ἐγκαλοῦσιν ἡμῖν ἡ ἐντολὴ ὀνόματος ἐναλλαγῇ νοηθεῖσα. Ἡ οὖν εὐλάβεια λογικὴ δείκνυται, τοῦ βλάπτοντος ἔκκλισις οὖσα, ἐξ ἧς ἡ μετάνοια τῶν προημαρτημένων φύεται.

«ρχὴ γὰρ σοφίας φόβος κυρίου, σύνεσις δὲ ἀγαθὴ πᾶσι τοῖς ποιοῦσιν αὐτήν.»

Τὴν σοφίας λέγει ποίησιν, ἥ ἐστι φόβος θεοῦ ὁδοποιῶν εἰς σοφίαν. Εἰ δὲ ὁ νόμος φόβου ἐμποιητικός, ἀρχὴ σοφίας γνῶσις νόμου, καὶ οὐκ ἔστιν ἄνευ νόμου σοφός. Ἄσοφοι τοίνυν οἱ παραιτούμενοι τὸν νόμον, ᾧ ἕπεται ἀθέους αὐτοὺς λογίζεσθαι. Παιδεία δὲ ἀρχὴ σοφίας.

« Σοφίαν δὲ καὶ παιδείαν ἀσεβεῖς ἐξουθενήσουσιν»,

λέγει ἡ γραφή.
Τίνα δὲ τὰ φοβερὰ ὁ νόμος καταγγέλλει, θεασώμεθα. Εἰ μὲν τὰ μεταξὺ ἀρετῆς καὶ κακίας, οἷον πενίαν καὶ νόσον καὶ ἀδοξίαν καὶ δυσγένειαν καὶ ὅσα παραπλήσια, ταῦτα μὲν καὶ οἱ κατὰ πόλιν νόμοι προτείνοντες ἐπαινοῦνται, καὶ τοῖς ἐκ Περιπάτου τρία γένη τῶν ἀγαθῶν εἰσηγουμένοις καὶ τὰ τούτων ἐναντία λογιζομένοις εἶναι κακὰ ἁρμόνιος ἥδε ἡ δόξα· ἡμῖν δὲ ὁ δοθεὶς νόμος τὰ τῷ ὄντι κακὰ ἀποφεύγειν προστάττει, μοιχείαν, ἀσέλγειαν, παιδεραστίαν, ἄγνοιαν, ἀδικίαν, νόσον ψυχῆς, θάνατον, οὐ τὸν διαλύοντα ψυχὴν ἀπὸ σώματος, ἀλλὰ τὸν διαλύοντα ψυχὴν ἀπὸ ἀληθείας· δειναὶ γὰρ καὶ φοβεραὶ τῷ ὄντι κακίαι αὗται καὶ αἱ ἀπὸ τούτων ἐνέργειαι·

« Οὐ μὴν ἀδίκως» ἐκτείνεσθαι «δίκτυα πτερωτοῖς» λέγουσιν οἱ χρησμοὶ οἱ θεῖοι, «αὐτοὶ γὰρ αἱμάτων μετέχοντες θησαυρίζουσιν ἑαυτοῖς κακά·»

Πῶς οὖν ἔτι οὐκ ἀγαθὸς ὁ νόμος πρός τινων αἱρέσεων λέγεται ἐπιβοωμένων τὸν ἀπόστολον λέγοντα

« Διὰ γὰρ νόμου γνῶσις ἁμαρτίας»;

πρὸς οὕς φαμεν· ὁ νόμος οὐκ ἐποίησεν, ἀλλ´ ἔδειξεν τὴν ἁμαρτίαν· προστάξας γὰρ ἃ ποιητέον ἤλεγξε τὰ μὴ ποιητέα. Ἀγαθοῦ δὲ τὸ μὲν σωτήριον ἐκδιδάξαι, τὸ δὲ δηλητήριον ἐπιδεῖξαι, καὶ τῷ μὲν χρῆσθαι συμβουλεῦσαι, τὸ δὲ ἀποφυγεῖν κελεῦσαι. Αὐτίκα ὁ ἀπόστολος, ὃν οὐ συνιᾶσι, γνῶσιν εἶπεν ἁμαρτίας διὰ νόμου πεφανερῶσθαι, οὐχὶ ὑπόστασιν εἰληφέναι. Πῶς δ´ οὐκ ἀγαθὸς ὁ παιδεύων νόμος,

« παιδαγωγὸς εἰς Χριστὸν»

δοθείς, ἵνα δὴ ἐπιστρέψωμεν διὰ φόβου παιδευτικῶς κατευθυνόμενοι πρὸς τὴν διὰ Χριστοῦ τελείωσιν;

« Οὐ βούλομαι» φησίν, «τὸν θάνατον τοῦ ἁμαρτωλοῦ ὡς τὴν μετάνοιαν αὐτοῦ.»

Μετάνοιαν δὲ ἐντολὴ ποιεῖ, κωλυτικὴ μὲν τῶν μὴ ποιητέων, ἐπαγγελτικὴ δὲ τῶν εὐεργεσιῶν. Θάνατον, οἶμαι, τὴν ἄγνοιαν λέγει· καὶ

« ἐγγὺς κυρίου πλήρης μαστίγων·»

ὁ συνεγγίζων δηλονότι τῇ γνώσει κινδύνων, φόβων, ἀνιῶν, θλίψεων διὰ τὸν πόθον τῆς ἀληθείας ἀπολαύει·

« Υἱὸς γὰρ πεπαιδευμένος σοφὸς ἀπέβη, καὶ διεσώθη ἀπὸ καύματος υἱὸς νοήμων, υἱὸς δὲ νοήμων δέξεται ἐντολάς.»

Καὶ Βαρνάβας ὁ ἀπόστολος

« Οὐαὶ οἱ συνετοὶ παρ´ ἑαυτοῖς καὶ ἐνώπιον αὐτῶν ἐπιστήμονες»

προτάξας ἐπήγαγεν·

« Πνευματικοὶ γενώμεθα, ναὸς τέλειος τῷ θεῷ. Ἐφ´ ὅσον ἐστὶν ἐφ´ ἡμῖν, μελετῶμεν τὸν φόβον τοῦ θεοῦ καὶ φυλάσσειν ἀγωνιζώμεθα τὰς ἐντολὰς αὐτοῦ, ἵνα ἐν τοῖς δικαιώμασιν αὐτοῦ εὐφρανθῶμεν.»

θεν

«ρχὴ σοφίας φόβος θεοῦ»

θείως λέλεκται.
 

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CHAPITRE VII.

 

Usage de la crainte ; réfutation de ceux qui l'attaquent.

Les détracteurs de la crainte sont en même temps les détracteurs de la loi. Attaquer la loi, c'est évidemment attaquer Dieu, auteur de la loi. Peut-on séparer l'administrateur de l'administration, et l'administration de la chose administrée? Vous posez en principe l'abolition de la loi ! il faut dès lors que chacun, se livrant au plaisir selon que ses désirs l'y poussent, méprise ce qui est juste, dédaigne Dieu, et affiche, sans crainte, l'injustice et l'impiété, puisqu'il a déserté les voies de la vérité. La crainte, dites-vous, n'est qu'un instinct de fuite où la raison n'agit en rien, une maladie de l'âme. Qu'est-ce à dire? Et comment pouvez-vous admettre plus longtemps une pareille définition, quand le précepte de la crainte m'a été donné par le Verbe lui-même? Or, le précepte a promulgué la crainte, préparant ainsi, par la discipline, la conversion du pécheur qui s'y soumet. La crainte n'est donc pas étrangère à la raison ; elle a donc la raison pour guide.

Comment n'en serait-il pas ainsi? La loi dit :

«Tu ne tueras point ; tu ne seras point adultère ; tu ne déroberas point ; tu ne porteras point de faux témoignage. »

Mais si les philosophes veulent sophistiquer sur les mots, eh bien ! qu'ils décorent la crainte de la loi du nom de circonspection, avertissement de la raison qui nous conseille de fuir. C'était à bon droit que Crételaüs le phasélyte appelait ces philosophes batailleurs de mots. Envisagé sous une autre qualification, le précepte a paru sage et même sublime à nos détracteurs. La circonspection, selon eux, est donc conforme à la raison, puisqu'elle nous porte à fuir toute chose nuisible, et qu'à sa suite arrive le repentir des fautes commises. Car,

« la crainte du Seigneur est le commen- 137 cement de la sagesse. »

La véritable intelligence habite en ceux gui réprouvent. David nomme la sagesse une opération dont le commencement est la crainte de Dieu ; crainte qui nous ouvre la route vers la sagesse. Si la loi engendre la crainte, le commencement de la sagesse est la connaissance de la loi, et, sans la loi, pas de sage. Les insensés sont ceux qui repoussent la loi; aussi est-ce justice de les appeler athées. Mais la discipline est le commencement de la sagesse.

« Les insensés méprisent la sagesse et la discipline »,

dit l'Ecriture. Voyons les maux que la loi proclame redoutables. Sont-ce les maux qui tiennent le milieu entre le vice et la vertu, la pauvreté, par exemple, les maladies, l'obscurité du rang, la bassesse de la naissance et d'autres semblables? Mais on vante la législation de plusieurs cités qui les proposent pour but. C'est aussi l'opinion des Péripatéticiens, qui établissent trois sortes de biens, et regardent leurs contraires comme des maux. Mais notre loi à nous, nous ordonne de fuir les véritables maux, savoir : l'adultère, le libertinage, le péché de Sodome, l'ignorance, l'injustice, les maladies de l'âme, la mort, non celle qui sépare l'âme du corps, mais celle qui sépare l'âme de la vérité. Voilà les maux graves et véritablement à redouter, ainsi que les désordres qui en découlent.

« Non, on ne tend pas impunément des pièges à l'innocence, disent les divins Proverbes; car les complices du meurtre amassent sur leurs propres têtes un trésor de maux. »

Comment donc certains hérétiques viennent-ils prétendre encore que la loi n'est pas bonne, en appelant de tous leurs poumons à cette parole de l'apôtre :

« La loi donne la connaissance du péché. »

Nous répondons : La loi n'a pas fait le péché ; elle l'a montré. Après avoir prescrit ce qu'il faut faire, elle a frappé de blâme ce qu'il ne fallait pas faire. Or, enseigner ce qui sauve, et signaler ce qui perd, conseiller l'un, défendre l'autre, n'est-ce pas là le caractère d'une bonne loi? Ils n'ont pas compris l'apôtre. D'après lui la connaissance du péché a été rendue manifeste par la loi ; il ne dit pas que l'on reçoive de la loi la cause du péché. Comment donc ne serait-elle pas bonne, la loi qui nous sert de maître et

« nous conduit, comme des enfants, à Jésus-Christ »,

afin que, 138 disciplinés par la crainte, et changeant de route, nous marchions droit à la perfection que l'on acquiert par Jésus-Christ ?

 « Je ne veux pas la mort de l'impie, dit le Seigneur, mais je veux que l'impie se convertisse. »

Or, le précepte fait le repentir, en défendant d'une part et en commandant de l'autre. Je pense que par la mort le Seigneur entend l'ignorance. Et par ces mots :

« celui qui est près du Seigneur est plein de châtiments »,

il veut dire, sans doute, que celui qui s'approche de la connaissance brave les dangers, les craintes, les ennuis et les tribulations par amour pour la vérité. Car, après avoir été châtié, le fils devient sage; et le fils intelligent échappe au désordre des passions ; et il se soumet aux préceptes.

« Malheur à vous qui êtes sages à vos propres yeux, dit l'apôtre Barnabé ; malheur à ceux qui croient à leur prudence ! »

Puis il ajoute :

« Servons Dieu en esprit ; soyons ce temple digne de sa majesté. Autant qu'il est en nous, méditons la crainte de Dieu, et combattons pour garder ses préceptes, afin de nous réjouir de l'accomplissement de ses ordonnances. »

De là cette parole divine :

« La crainte du Seigneur est le commencement de la sagesse. »

 

 

 

Ἐνταῦθα οἱ ἀμφὶ τὸν Βασιλείδην τοῦτο ἐξηγούμενοι τὸ ῥητὸν αὐτόν φασιν Ἄρχοντα ἐπακούσαντα τὴν φάσιν τοῦ διακονουμένου πνεύματος ἐκπλαγῆναι τῷ τε ἀκούσματι καὶ τῷ θεάματι παρ´ ἐλπίδας εὐηγγελισμένον, καὶ τὴν ἔκπληξιν αὐτοῦ φόβον κληθῆναι ἀρχὴν γενόμενον σοφίας φυλοκρινητικῆς τε καὶ διακριτικῆς καὶ τελεωτικῆς καὶ ἀποκαταστατικῆς· οὐ γὰρ μόνον τὸν κόσμον, ἀλλὰ καὶ τὴν ἐκλογὴν διακρίνας ὁ ἐπὶ πᾶσι προπέμπει. ἔοικε δὲ καὶ Οὐαλεντῖνος ἔν τινι ἐπιστολῇ τοιαῦτά τινα ἐν νῷ λαβὼν αὐταῖς γράφειν ταῖς λέξεσι·

« Καὶ ὡσπερεὶ φόβος ἐπ´ ἐκείνου τοῦ πλάσματος ὑπῆρξε τοῖς ἀγγέλοις, ὅτε μείζονα ἐφθέγξατο τῆς πλάσεως διὰ τὸν ἀοράτως ἐν αὐτῷ σπέρμα δεδωκότα τῆς ἄνωθεν οὐσίας καὶ παρρησιαζόμενον· οὕτω καὶ ἐν ταῖς γενεαῖς τῶν κοσμικῶν ἀνθρώπων φόβοι τὰ ἔργα τῶν ἀνθρώπων τοῖς ποιοῦσιν ἐγένετο, οἷον ἀνδριάντες καὶ εἰκόνες καὶ πάνθ´ ἃ χεῖρες ἀνύουσιν εἰς ὄνομα θεοῦ· εἰς γὰρ ὄνομα Ἀνθρώπου πλασθεὶς Ἀδὰμ φόβον παρέσχεν προόντος Ἀνθρώπου, ὡς δὴ αὐτοῦ ἐν αὐτῷ καθεστῶτος, καὶ κατεπλάγησαν καὶ ταχὺ τὸ ἔργον ἠφάνισαν.»

Μιᾶς δ´ οὔσης ἀρχῆς, ὡς δειχθήσεται ὕστερον, τερετίσματα καὶ μινυρίσματα ἀναπλάσσοντες οἵδε οἱ ἄνδρες φανήσονται. Ἐπειδὴ δὲ ἐκ νόμου καὶ προφητῶν προπαιδεύεσθαι διὰ κυρίου τῷ θεῷ συμφέρειν ἔδοξεν,

«ρχὴ σοφίας φόβος» εἴρηται «κυρίου»,

παρὰ κυρίου διὰ Μωυσέως δοθεὶς τοῖς ἀπειθοῦσι καὶ σκληροκαρδίοις· οὓς γὰρ οὐχ αἱρεῖ λόγος, τιθασεύει τούτους φόβος. Ὃ καὶ προϊδὼν ἄνωθεν ὁ παιδεύων λόγος ἑκατέρῳ τῶν τρόπων, ἐκκαθαίρων οἰκείως εἰς θεοσέβειαν, ἥρμοσεν ὄργανον. ἔστι μὲν οὖν ἡ [μὲν] ἔκπληξις φόβος ἐκ φαντασίας ἀσυνήθους ἢ ἐπ´ ἀπροσδοκήτῳ φαντασίᾳ, † ἅτε καὶ ἀγγελίας, φόβος δὲ ὡς γεγονότι ἢ ὄντι ἢ θαυμασιότης ὑπερβάλλουσα. Οὐ συνορῶσι τοίνυν ἐμπαθῆ ποιήσαντες δι´ ἐκπλήξεως τὸν μέγιστον καὶ πρὸς αὐτῶν ἀνυμνούμενον θεὸν καὶ πρό γε τῆς ἐκπλήξεως ἐν ἀγνοίᾳ γενόμενον. Εἰ δὴ ἄγνοια προκατῆρξε τῆς ἐκπλήξεως, ἡ δ´ ἔκπληξις καὶ ὁ φόβος ἀρχὴ σοφίας [φόβος] τοῦ θεοῦ γεγένηται, κινδυνεύει τῆς τε σοφίας τοῦ θεοῦ καὶ τῆς κοσμοποιίας ἁπάσης, ἀλλὰ καὶ τῆς ἀποκαταστάσεως αὐτῆς τῆς ἐκλογῆς ἄγνοια προκατάρχειν αἰτιωδῶς. Πότερον οὖν τῶν καλῶν ἢ φαύλων ἡ ἄγνοια; ἀλλ´ εἰ μὲν τῶν καλῶν, τί παύεται ἐκπλήξει; καὶ παρέλκει ὁ διάκονος αὐτοῖς καὶ τὸ κήρυγμα καὶ τὸ βάπτισμα. Εἰ δὲ τῶν φαύλων, πῶς τῶν καλλίστων αἴτιον τὸ κακόν; εἰ μὴ γὰρ προϋπῆρχεν ἄγνοια, οὐκ ἂν ὁ διάκονος κατῆλθεν, οὐδ´ ἂν ἔκπληξις εἷλε τὸν Ἄρχοντα, ὡς αὐτοὶ λέγουσιν, οὐδ´ ἂν ἀρχὴν σοφίας ἐκ τοῦ φόβου ἔλαβεν εἰς τὴν φυλοκρίνησιν τῆς τε ἐκλογῆς τῶν τε κοσμικῶν. Εἰ δὲ ὁ φόβος τοῦ προόντος Ἀνθρώπου ἐπιβούλους τοῦ σφετέρου πλάσματος πεποίηκε τοὺς ἀγγέλους, ὡς ἐνιδρυμένου τῷ δημιουργήματι ἀοράτου τοῦ σπέρματος τῆς ἄνωθεν οὐσίας, ἢ ὑπολήψει κενῇ παρεζήλωσαν, ὅπερ ἀπίθανον, ἀγγέλους δημιουργίας ἧς ἐπιστεύθησαν οἷον τέκνου τινὸς αὐθέντας γενέσθαι, ἄγνοιαν πᾶσαν κατεγνωσμένους· ἢ προγνώσει ἐνεχόμενοι κεκίνηνται, ἀλλ´ οὐκ ἂν ἐπεβούλευσαν δι´ οὗ ἐπεχείρησαν, ᾧ προέγνωσαν, οὐδ´ ἂν κατεπλάγησαν τὸ ἔργον τὸ αὑτῶν, ἐκ προγνώσεως τὸ ἄνωθεν σπέρμα νενοηκότες· ἢ τὸ τελευταῖον γνώσει πεποιθότες ἐτόλμησαν· ὃ καὶ αὐτὸ ἀδύνατον, μαθόντας τὸ διαφέρον τὸ ἐν πληρώματι Ἀνθρώπῳ ἐπιβουλεύειν, ἔτι καὶ τὸ «κατ´ εἰκόνα», ἐν ᾧ καὶ τὸ ἀρχέτυπον καὶ τὸ σὺν τῇ γνώσει τῇ λοιπῇ ἄφθαρτον παρειλήφεσαν. Τούτοις τε οὖν αὐτοῖς καὶ ἑτέροις τισί, μάλιστα δὲ τοῖς ἀπὸ Μαρκίωνος ἐμβοᾷ οὐκ ἐπαΐουσιν ἡ γραφή·

« δὲ ἐμοῦ ἀκούων ἀναπαήσεται ἐπ´ εἰρήνης πεποιθώς, καὶ ἡσυχάσει ἀφόβως ἀπὸ παντὸς κακοῦ.»

Τί τοίνυν τὸν νόμον βούλονται; κακὸν μὲν οὖν οὐ φήσουσι, δίκαιον δέ, διαστέλλοντες τὸ ἀγαθὸν τοῦ δικαίου. Ἁ δὲ κύριος φοβεῖσθαι τὸ κακὸν προστάττων οὐ κακῷ τὸ κακὸν ἀπαλλάττει, τῷ δὲ ἐναντίῳ τὸ ἐναντίον καταλύει. Ἀγαθῷ δὲ κακὸν ἐναντίον, ὡς δίκαιον ἀδίκῳ. Εἰ τοίνυν κακῶν ἀποχὴν ἀφοβίαν εἴρηκεν ἣν ὁ τοῦ κυρίου φόβος ἐργάζεται, ἀγαθὸν ὁ φόβος, καὶ ὁ ἐκ τοῦ νόμου φόβος οὐ μόνον δίκαιος, ἀλλὰ καὶ ἀγαθὸς κακίαν ἀναιρῶν· φόβῳ δὲ ἀφοβίαν εἰσάγων οὐ πάθει ἀπάθειαν, παιδείᾳ δὲ μετριοπάθειαν ἐμποιεῖ. Ἐπὰν οὖν ἀκούσωμεν·

« Τίμα τὸν κύριον καὶ ἰσχύσεις, πλὴν δὲ αὐτοῦ μὴ φοβοῦ ἄλλον,»

τὸ φοβεῖσθαι ἁμαρτάνειν, ἕπεσθαι δὲ ταῖς ὑπὸ θεοῦ δοθείσαις ἐντολαῖς τιμὴν εἶναι τοῦ θεοῦ ἐκδεχόμεθα. Δέος δέ ἐστι φόβος θείου. Ἀλλ´ εἰ καὶ πάθος ὁ φόβος, ὡς βούλονταί τινες, ὅτι φόβος ἐστὶ πάθος, οὐχ ὁ πᾶς φόβος πάθος. Ἡ γοῦν δεισιδαιμονία πάθος, φόβος δαιμόνων οὖσα ἐκπαθῶν τε καὶ ἐμπαθῶν· ἔμπαλιν οὖν ὁ τοῦ ἀπαθοῦς θεοῦ φόβος ἀπαθής· φοβεῖται γάρ τις οὐ τὸν θεόν, ἀλλὰ τὸ ἀποπεσεῖν τοῦ θεοῦ· ὁ δὲ τοῦτο δεδιὼς τὸ τοῖς κακοῖς περιπεσεῖν φοβεῖται καὶ δέδιεν τὰ κακά· ὁ δεδιὼς δὲ τὸ πτῶμα ἄφθαρτον ἑαυτὸν καὶ ἀπαθῆ εἶναι βούλεται.

« Σοφὸς φοβηθεὶς ἐξέκλινεν ἀπὸ κακοῦ, ὁ δὲ ἄφρων μίγνυται πεποιθώς,»

ἡ γραφὴ λέγει· αὖθίς τε «ἐν φόβῳ κυρίου ἐλπὶς ἰσχύος» φησίν.
 

CHAPITRE VIII.

 

Réfutation des Basilidiens et des Valentiniens, qui veulent que la crainte soit le mobile universel des actions.

Les Basilidiens interprètent ainsi l'oracle qui précède:

« L'archon suprême, à la voix de l'Esprit-Saint, qui le servait, fut frappé de stupéfaction de ce qu'il voyait et entendait, parce que l'Évangile lui était annoncé contre son attente. Cette stupéfaction fut appelée crainte et devint le commencement de la sagesse qui, après avoir divisé les genres, les distingua, les perfectionna, les rétablit. Car l'archon, qui commande à a toutes choses, n'envoya devant lui sa création que quand il eut arrêté dans ses desseins, non-seulement le plan du monde, mais encore le choix qu'il méditait. »

Valentin paraît avoir 139 eu les mêmes idées, dans l'épitre où il écrit :

« Les anges furent saisis de crainte lorsque cette argile humaine, qu'ils avaient pétrie, fit entendre des sons dont elle ne paraissait pas capable, merveilleux effet de la semence invisible de l'essence divine que l'homme avait reçue d'en haut, et qui lui donnait la faculté de la parole ; de même, parmi les générations païennes, les statues, les images, et tous les simulacres que fabriquèrent les mains humaines, en la forme de Dieu, devin mit des objets d'épouvanté à ceux-là même qui les avaient produits. Adam, ayant été fait en la forme de l'homme préexistant, inspira de la crainte aux anges, comme si le type primitif revivait dans l'imitation. Frappés d'étonnement, ils voulurent anéantir leur œuvre. »

Voilà ce que disent les Valentiniens. Mais il n'y a qu'un seul principe, comme nous le prouverons bientôt, d'où l'on verra clairement que ces hérétiques ne sont que des visionnaires et des rêveurs. Dieu ayant trouvé bon d'instruire son peuple par la loi et par les prophètes, avant de lui envoyer le Verbe, la crainte du Seigneur a été appelée le commencement de la sagesse, crainte proclamée par Moïse, pour les indociles et les cœurs durs. Car, ceux que ne subjugue pas la loi, la crainte les assouplit. Le Verbe qui enseigne et châtie avait bien prévu d'avance l'indocilité et la dureté du cœur. Il voulut les purifier de l'une et de l'autre manière; et monta l'instrument à la piété. La stupéfaction nait donc d'une chose qui se présente à nous, terrible ou inattendue, comme, par exemple, une nouvelle ou une vision subite ; la crainte, au contraire, est une admiration exagérée pour ce qui naît ou ce qui est.

Les Basilidiens ne remarquent donc pas qu'en soumettant à la stupéfaction ce grand Dieu qu'ils célèbrent eux-mêmes, ils le livrent également aux agitations de l'âme, et le font esclave de l'ignorance avant la stupéfaction ; puisque l'ignorance précède la stupéfaction. Mais si la stupéfaction et la crainte, commencement de la sagesse, furent la crainte de Dieu, prenez-y garde, voilà l'ignorance érigée en cause première, précédant la sagesse de Dieu, précédant la création, et même le choix et la distinction des genres? Est-ce l'ignorance du bien? Est-ce 140 l'ignorance du mal? Ignorance du bien! pourquoi cesse-t-elle après la stupéfaction? Et dès lors à quoi bon le céleste envoyé, et la prédication et le baptême ? Ignorance du mal ! comment le mal peut-il enfanter le bien? Si l'ignorance n'eut pas tout précédé, un envoyé fût-il descendu du ciel? La stupéfaction n'eût pas frappé l'archon suprême, comme ils l'appellent. La crainte n'eût pas été le commencement de la sagesse, pour guider sou Choix dans l'ordre et le gouvernement des choses terrestres. Mais si la crainte de l'homme préexistant a poussé les anges à tenter la perte de leur propre ouvrage, parce que cet ouvrage avait reçu d'en-haut l'influence invisible de l'essence divine, de trois choses l'une ; ou, par une fausse opinion, les anges, ce qui est inadmissible, jaloux de la créature dont ils étaient comme les pères, ont lutté contre elle pour en devenir maitres; dès lors il faut les supposer condamnés à une ignorance complète. Ou bien ils ont agi sous l'impulsion de In prescience. Mais, avec la prescience de ce que devait être la créature, ils ne lui auraient pas laborieusement dressé des embûches. D'autre part, ils n'auraient pas été frappés de stupéfaction à l'aspect de leur propre ouvrage, puisque la prescience leur révélait le mystère de la semence divine, que la créature avait reçue d'en-haut. Ou bien en dernier lieu, forts de la connaissance, ils n'ont pas craint de tendre des embûches à l'homme; ce qui est également impossible, puisqu'ils auraient connu l'excellence de la consommation (Pleroma). La tradition leur aurait appris d'ailleurs que l'homme est à l'image de son archétype, que cet archétype est reproduit dans l'empreinte, et qu'enfin l'âme humaine est impérissable, comme le reste de la connaissance ( Gnose ).

C'est à ces hérétiques, à quelques autres encore, et surtout aux Marcionites, que l'Écriture crie, mais à des oreilles qui sont sourdes :

« Celui qui m'écoute habitera dans la joie; libre de crainte, il vivra en paix. »

Que veulent-ils donc faire de la loi? La déclarer mauvaise ? Ils ne le diront pas. Ils sont obligés d'avouer qu'elle est juste, puisqu'ils établissent une différence entre le bon et le juste. Quand le Seigneur prescrit de craindre le mal, il n'éloigne pas le mal du mal, mais il sépare 141 deux contraires. Le mal est le contraire du bien, comme le juste de l'injuste. Si donc le Seigneur a dit que le commencement de la crainte est l'éloignement du mal qu'amène la crainte do Seigneur, la crainte est donc un bien ; la crainte de la loi n'est pas seulement juste, elle est encore bonne, puisqu'elle nous délivre du vice. En nous conduisant ainsi par la crainte a la délivrance de la crainte, ce n'est pas par les troubles de l'âme que le Seigneur produit le calme dans notre âme, c'est par la discipline qu'il établit en elle l'empire sur les passions. C'est pourquoi lorsque Salomon nous dit :

« Honore le Seigneur  et ta seras fort ; mais ne crains personne autre que moi, »

la conclusion est que, craindre le péché et obéir aux préceptes donnés par Dieu même, c'est honorer Dieu. La crainte, née du respect, voilà la crainte de Dieu. Mais, quoique la crainte soit un mouvement de l'âme, comme il en est qui le veulent, toute crainte n'est pas un trouble de l'âme : la crainte des démons est de cette nature, les démons n'étant que trouble au dedans et au dehors. Au contraire, Dieu étant impassible, la crainte qu'il inspire est aussi libre de troubles que lui-même. Ce n'est pas Dieu que je crains, je crains seulement d'être précipité du sein de Dieu. L'homme qui redoute de tomber dans le vice, craint le vice et le redoute. Celui qui redoute la chute veut être incorruptible et sans passions. Que dit l'Écriture?

« Le sage craint, et se détourne du mal ; l'insensé, dans sa folle confiance, s'attaque à Dieu. »

Et plus loin :

« Dans la crainte du Seigneur réside l'espérance de la force. »

 

 

 

Ἀνάγει γοῦν ὁ τοιοῦτος φόβος ἐπί τε τὴν μετάνοιαν ἐπί τε τὴν ἐλπίδα. Ἐλπὶς δὲ προσδοκία ἀγαθῶν ἡ ἀπόντος ἀγαθοῦ εὔελπις. Ἀμέλει καὶ ἡ ** 〈εὐ〉εμπτωσία λαμβάνεται εἰς ἐλπίδα, ἣν ἐπὶ τὴν ἀγάπην χειραγωγεῖν μεμαθήκαμεν. Ἀγάπη δὲ ὁμόνοια ἂν εἴη τῶν κατὰ τὸν λόγον καὶ τὸν βίον καὶ τὸν τρόπον ἢ συνελόντι φάναι κοινωνία βίου ἢ ἐκτένεια φιλίας καὶ φιλοστοργίας μετὰ λόγου ὀρθοῦ περὶ χρῆσιν ἑταίρων. Ἁ δὲ ἑταῖρος ἕτερος ἐγώ· ᾗ καὶ ἀδελφοὺς τοὺς τῷ αὐτῷ λόγῳ ἀναγεννηθέντας προσαγορεύομεν. Παράκειται δὲ τῇ ἀγάπῃ ἥ τε φιλοξενία, φιλοτεχνία τις οὖσα περὶ χρῆσιν ξένων· ξένοι δὲ ὧν ξένα τὰ κοσμικά. Κοσμικοὺς γὰρ τοὺς εἰς γῆν ἐλπίζοντας καὶ τὰς σαρκικὰς ἐπιθυμίας ἐξακούομεν·

« Mὴ συσχηματίζεσθε», φησὶν ὁ ἀπόστολος, «τῷ αἰῶνι τούτῳ, ἀλλὰ μεταμορφοῦσθε τῇ ἀνακαινώσει τοῦ νοός, εἰς τὸ δοκιμάζειν ὑμᾶς τί τὸ θέλημα τοῦ θεοῦ, τὸ ἀγαθὸν καὶ εὐάρεστον καὶ τέλειον.»

ναστρέφει τοίνυν ἡ φιλοξενία περὶ τὸ ὠφέλιμον τοῖς ξένοις, ξένοι δὲ οἱ ἐπίξενοι, ἐπίξενοι δὲ οἱ φίλοι, φίλοι δὲ οἱ ἀδελφοί·

« Φίλε κασίγνητε» φησὶν Ὅμηρος.

τε φιλανθρωπία, δι´ ἣν καὶ ἡ φιλοστοργία, φιλικὴ χρῆσις ἀνθρώπων ὑπάρχουσα, ἥ τε φιλοστοργία, φιλοτεχνία τις οὖσα περὶ στέρξιν φίλων ἢ οἰκείων, συμπαρομαρτοῦσιν ἀγάπῃ. Εἰ δ´ ὁ τῷ ὄντι ἄνθρωπος ὁ ἐν ἡμῖν ἐστιν ὁ πνευματικός, φιλαδελφία ἡ φιλανθρωπία τοῖς τοῦ αὐτοῦ πνεύματος κεκοινωνηκόσιν· στέρξις δ´ αὖ τήρησίς ἐστιν εὐνοίας ἢ ἀγαπήσεως, ἀγάπησις δὲ ἀπόδεξις παντελής, καὶ τὸ ἀγαπᾶν ἀρέσκεσθαι τῷ ἤθει, ἀγόμενόν τε καὶ ἀπαγόμενον· ἄγονται δὲ εἰς ταὐτότητα δι´ ὁμόνοιαν, ἐπιστήμην οὖσαν κοινῶν ἀγαθῶν· καὶ γὰρ ἡ ὁμογνωμοσύνη συμφωνία γνωμῶν. Καὶ

« ἀγάπη» φησὶν «ἀνυπόκριτος ἔστω ἡμῖν, αὐτοί τε ἀποστυγοῦντες τὸ πονηρὸν γινώμεθα, κολλώμενοι τῷ ἀγαθῷ τῇ φιλαδελφίᾳ τε»

καὶ τὰ ἑξῆς ἕως

«εἰ δυνατόν, τὸ ἐξ ὑμῶν, μετὰ πάντων ἀνθρώπων εἰρηνεύοντες.»

πειτα

« Μὴ νικῶ» λέγει «ὑπὸ τοῦ κακοῦ, ἀλλὰ νίκα ἐν τῷ ἀγαθῷ τὸ κακόν.»

 Ἰουδαίοις τε ὁ αὐτὸς ἀπόστολος μαρτυρεῖν ὁμολογεῖ

«τι ζῆλον θεοῦ ἔχουσιν, ἀλλ´ οὐ κατ´ ἐπίγνωσιν· ἀγνοοῦντες γὰρ τὴν τοῦ θεοῦ δικαιοσύνην, καὶ τὴν ἰδίαν ζητοῦντες στῆσαι, τῇ δικαιοσύνῃ τοῦ θεοῦ οὐχ ὑπετάγησαν·»

Οὐ γὰρ τὸ βούλημα τοῦ νόμου ἔγνωσάν τε καὶ ἐποίησαν, ἀλλ´ ὃ ὑπέλαβον αὐτοί, τοῦτο καὶ βούλεσθαι τὸν νόμον ᾠήθησαν· οὐδ´ ὡς προφητεύοντι τῷ νόμῳ ἐπίστευσαν, λόγῳ δὲ ψιλῷ καὶ φόβῳ, ἀλλ´ οὐ διαθέσει καὶ πίστει ἠκολούθησαν·

« Τέλος γὰρ νόμου Χριστὸς εἰς δικαιοσύνην»,

ὁ ὑπὸ νόμου προφητευθείς,

«παντὶ τῷ πιστεύοντι.»

θεν εἴρηται τούτοις παρὰ Μωυσέως·

«γὼ παραζηλώσω ὑμᾶς ἐπ´ οὐκ ἔθνει, ἐπ´ ἔθνει ἀσυνέτῳ παροργιῶ ὑμᾶς»,

τῷ εἰς ὑπακοὴν δηλονότι εὐτρεπεῖ γενομένῳ. Καὶ διὰ Ἡσαΐου

« Εὑρέθην» λέγει «τοῖς ἐμὲ μὴ ζητοῦσιν, ἐμφανὴς ἐγενόμην τοῖς ἐμὲ μὴ ἐπερωτῶσι,»

πρὸ τῆς τοῦ κυρίου παρουσίας δηλαδή, μεθ´ ἣν καὶ τῷ Ἰσραὴλ ἐκεῖνα τὰ προφητευθέντα οἰκείως λέγεται νῦν·

«ξεπέτασα τὰς χεῖράς μου ὅλην τὴν ἡμέραν ἐπὶ λαὸν ἀπειθοῦντα καὶ ἀντιλέγοντα.»

ρᾷς τὴν αἰτίαν τῆς ἐξ ἐθνῶν κλήσεως σαφῶς πρὸς τοῦ προφήτου ἀπείθειαν τοῦ λαοῦ καὶ ἀντιλογίαν εἰρημένην; εἶθ´ ἡ ἀγαθότης καὶ ἐπὶ τούτοις δείκνυται τοῦ θεοῦ· φησὶ γὰρ ὁ ἀπόστολος·

«λλὰ τῷ αὐτῶν παραπτώματι ἡ σωτηρία τοῖς ἔθνεσιν εἰς τὸ παραζηλῶσαι αὐτοὺς»

καὶ μετανοῆσαι βουληθῆναι. Ἁ Ποιμὴν δὲ ἁπλῶς ἐπὶ τῶν κεκοιμημένων θεὶς τὴν λέξιν δικαίους οἶδέ τινας ἐν ἔθνεσι καὶ ἐν Ἰουδαίοις οὐ μόνον πρὸ τῆς τοῦ κυρίου παρουσίας, ἀλλὰ καὶ πρὸ νόμου κατὰ τὴν πρὸς θεὸν εὐαρέστησιν, ὡς Ἄβελ, ὡς Νῶε, ὡς εἴ τις ἕτερος δίκαιος. Φησὶ γοῦν τοὺς ἀποστόλους καὶ διδασκάλους τοὺς κηρύξαντας τὸ ὄνομα τοῦ υἱοῦ τοῦ θεοῦ καὶ κοιμηθέντας τῇ δυνάμει καὶ τῇ πίστει κηρῦξαι τοῖς προκεκοιμημένοις. Εἶτα ἐπιφέρει·

« Καὶ αὐτοὶ ἔδωκαν αὐτοῖς τὴν σφραγῖδα τοῦ κηρύγματος. Κατέβησαν οὖν μετ´ αὐτῶν εἰς τὸ ὕδωρ καὶ πάλιν ἀνέβησαν. Ἀλλ´ οὗτοι ζῶντες κατέβησαν καὶ πάλιν ζῶντες ἀνέβησαν· ἐκεῖνοι δὲ οἱ προκεκοιμημένοι νεκροὶ κατέβησαν, ζῶντες δὲ ἀνέβησαν. Διὰ τούτων οὖν ἐζωοποιήθησαν καὶ ἐπέγνωσαν τὸ ὄνομα τοῦ υἱοῦ τοῦ θεοῦ. Διὰ τοῦτο καὶ συνανέβησαν μετ´ αὐτῶν καὶ συνήρμοσαν εἰς τὴν οἰκοδομὴν τοῦ πύργου καὶ ἀλατόμητοι συνῳκοδομήθησαν· ἐν δικαιοσύνῃ 〈γὰρ〉 ἐκοιμήθησαν καὶ ἐν μεγάλῃ ἁγνείᾳ, μόνην δὲ τὴν σφραγῖδα ταύτην οὐκ ἔσχον.»

«ταν γὰρ ἔθνη τὰ μὴ νόμον ἔχοντα φύσει τὰ τοῦ νόμου ποιῶσιν, οὗτοι νόμον μὴ ἔχοντες ἑαυτοῖς εἰσι νόμος»

κατὰ τὸν ἀπόστολον.

Ὡς μὲν οὖν ἀντακολουθοῦσιν ἀλλήλαις αἱ ἀρεταί, τί χρὴ λέγειν, ἐπιδεδειγμένου ἤδη ὡς πίστις μὲν ἐπὶ μετανοίᾳ ἐλπίδι τε, εὐλάβεια δὲ ἐπὶ πίστει, καὶ ἡ ἐν τούτοις ἐπιμονή τε καὶ ἄσκησις ἅμα μαθήσει συμπεραιοῦται εἰς ἀγάπην, ἣ δὲ τῇ γνώσει τελειοῦται; ἐκεῖνο δὲ ἐξ ἀνάγκης παρασημειωτέον ὡς μόνον τὸ θεῖον σοφὸν εἶναι φύσει νοεῖσθαι χρή· διὸ καὶ ἡ σοφία δύναμις θεοῦ ἡ διδάξασα τὴν ἀλήθειαν· κἀνταῦθά που εἴληπται ἡ τελείωσις τῆς γνώσεως. Φιλεῖ δὲ καὶ ἀγαπᾷ τὴν ἀλήθειαν ὁ φιλόσοφος, ἐκ τοῦ θεράπων εἶναι γνήσιος δι´ ἀγάπην ἤδη φίλος νομισθείς. Ταύτης δὲ ἀρχὴ τὸ θαυμάσαι τὰ πράγματα, ὡς Πλάτων ἐν Θεαιτήτῳ λέγει, καὶ Ματθίας ἐν ταῖς Παραδόσεσι παραινῶν

« Θαύμασον τὰ παρόντα»,

βαθμὸν τοῦτον πρῶτον τῆς ἐπέκεινα γνώσεως ὑποτιθέμενος· ᾗ κἀν τῷ καθ´ Ἑβραίους εὐαγγελίῳ

« θαυμάσας βασιλεύσει» γέγραπται «καὶ ὁ βασιλεύσας ἀναπαήσεται».

δύνατον οὖν τὸν ἀμαθῆ, ἔστ´ ἂν μένῃ ἀμαθής, φιλοσοφεῖν [δέ], τόν γε μὴ ἔννοιαν σοφίας εἰληφότα, φιλοσοφίας οὔσης ὀρέξεως τοῦ ὄντως ὄντος καὶ τῶν εἰς τοῦτο συντεινόντων μαθημάτων. Κἂν τὸ ποιεῖν καλῶς ᾖ τισιν ἐξησκημένον, ἀλλὰ τὸ ἐπίστασθαι, ὡς χρηστέον καὶ ποιητέον, [καὶ] συνεκπονητέον, καθὸ καὶ ὁμοιοῦταί τις θεῷ, θεῷ λέγω τῷ σωτῆρι, θεραπεύων τὸν τῶν ὅλων θεὸν διὰ τοῦ ἀρχιερέως λόγου, δι´ οὗ καθορᾶται τὰ κατ´ ἀλήθειαν καλὰ καὶ δίκαια. Εὐσέβεια ** ἔστι πρᾶξις ἑπομένη καὶ ἀκόλουθος θεῷ.
 

CHAPITRE IX.

 

Les  vertus chrétiennes se tiennent mutuellement.

Cette crainte nous élève donc vers le repentir et vers l'espérance. L'espérance est l'attente d'un bien ou le bon espoir d'entrer en possession d'un bien absent. On passe par des épreuves pour arriver au bon espoir qui semble nous conduire par la main vers la charité. La charité est l'observance de ce qui est 142 selon la raison, la vie et les usages, ou, en un mot, la doctrine sociale de la vie ; ou bien encore une amitié, une communauté d'affections, droite, sage et persévérante, entre soi et ses compagnons. Car l'étymologie du mot etairos, compagnon, est dans ces deux mots, eteros ego; un autre moi-même; c'est ainsi que nous appelons frères ceux qui ont été régénérés par le même Verbe. A la charité se rattache aussi l'hospitalité, espèce d'amitié qui s'exerce envers les étrangers; or, ceux-là sont étrangers pour lesquels les choses terrestres sont étrangères; car nous entendons par mondains ceux qui n'espèrent que dans la terre et dans les passions charnelles.

« Ne vous conformez point, dit l'apôtre, au siècle présent ; mais qu'il se fasse en vous une transformation par le renouvellement de votre esprit, afin que vous reconnaissiez quelle est la volonté de Dieu, et ce qui est bon, agréable à ses yeux, et parfait. »

L'hospitalité s'occupera donc de ce qui est utile aux étrangers ; or, ceux qui reçoivent l'hospitalité sont des hôtes ; les hôtes sont des amis, et les amis sont des frères.

« Ô frère ! ô ami, dit Homère. »

L'humanité, mère de l'affection, qui, à son tour, consiste dans un commerce d'amitié avec les hommes, et l'affection qui nous unit à ce que chérissent nos amis et nos proches, l'humanité, dis-je, et l'affection sont les compagnes inséparables de la charité. Or, si réellement l'homme qui est en nous procède de l'esprit, l'affection est une fraternité pour ceux qui participent du même esprit. L'affection est donc l'exercice persévérant de la bienveillance ou de la dilection. La dilection est une démonstration complète d'affection. Être aimé, c'est plaire aux autres par son naturel, conduit soi-même à les aimer par une influence réciproque. On arrive à s'identifier l'un à l'autre par l'unanimité, qui est la science des biens communs ; car le mot grec omognomosuné signifie littéralement l'action dépenser ensemble.

« Que votre charité, dit l'apôtre, soit sincère et sans déguisement. Ayez horreur du mal, et attachez-vous constamment au bien. Aimez-vous les uns les autres. »

Il poursuit dans les mêmes termes jusqu'à ces mots :

« Vivez en paix, si cela se peut, et autant qu'il est en vous, avec tous les hommes. »

Il 143 ajoute :

 Ne vous laissez pas vaincre par le mal, mais triomphez du mal par le bien. »

Le même apôtre confesse que les Juifs ont du zèle pour Dieu, mais que leur zèle n'est point selon la science, parce que, ne connaissant point la justice de Dieu, et s'efforçant d'établir la leur propre, ils ne se sont point humiliés sous la justice de Dieu. En effet, ils n'ont ni connu ni fait la volonté de la loi ; ce qu'ils ont pensé, ils ont cru que la loi le voulait. Ainsi ils n'ont pas cru à la loi en tant que parole prophétique, ils n'ont vu en elle qu'une parole stérile. C'est par crainte, non par affection ni par foi qu'ils lui ont été fidèles; car Jésus-Christ, dont l'avènement a été prédit par la loi, est la fin de la loi pour justifier tous ceux qui croiront. C'est pourquoi Moïse dit aux Juifs :

« Et moi je les provoquerai avec un peuple qui n'est pas le mien, et je les irriterai avec un peuple insensé, c'est-à-dire contre un peuple prêt à obéir. »

Isaïe ajoute :

 « J'ai été trouvé par ceux qui ne me cherchaient pas, et je me suis manifesté à ceux qui ne demandaient point à me connaitre ; »

c'est-à-dire avant la venue du Seigneur, après laquelle les reproches du prophète s'adressent avec raison à Israël :

« J'ai tendu les bras durant tout le jour à ce peuple incrédule et rebelle âmes paroles. »

Voyez-vous comme le prophète attribue clairement la cause de la vocation des gentils à l'incrédulité et à la rébellion du peuple de Dieu ? Ce n'est pas tout : là se manifeste aussi la bonté de Dieu ; car l'apôtre dit :

« Mais la chute des Juifs est devenue une occasion de salut aux gentils, afin que cet exemple leur inspirât une émulation salutaire, et les excitât au repentir.»

Le Pasteur, parlant de ceux qui dormaient déjà leur sommeil, reconnut que parmi les gentils et les Juifs, non-seulement avant la venue du Seigneur, mais encore avant la loi ancienne, plusieurs justes avaient trouvé grâce devant Dieu, tels qu'Abel, Noé, et d'autres encore. Suivant lui,

« les apôtres et les docteurs qui avaient prêché le nom du fils de Dieu, étant morts dans sa foi, et revêtus de sa puissance, avaient prêché à ceux qui étaient morts avant eux. »

Puis il ajoute :

« Et à ces derniers ils donnèrent le sceau de la prédication. Ils sont donc des- 144 cendus avec eux dans l'eau sainte, et en sont sortis de nouveau. Mais, descendus vivants, ils sont remontés vivants. Et quant à ceux qui étaient morts auparavant, à la vérité ils y sont entrés morts, mais ils en sont sortis vivants  (1). Ainsi c'est par les apôtres qu'ils ont reçu la vie et connu le Fils de Dieu. Figurés par ces pierres, ils ont été élevés avec eux de ce lieu profond, et sont entrés dans la structure de la tour tout entiers, et sans avoir été taillés, parce qu'ils étaient morts dans une grande chasteté et une parfaite justice. Il n'y avait que ce sceau qui leur manquât. »

« En effet, dit l'apôtre, lorsque les gentils qui n'ont point de loi font naturellement les choses que la loi commande, n'ayant point de loi, ils sont à eux-mêmes la loi. »

Les vertus se trouvant donc ainsi tour-à-tour subordonnées les unes aux autres, est-il besoin de dire ce que nous avons déjà prouvé, que la foi espère par le repentir, et la piété par la foi; et que la persévérance et l'exercice de ces vertus viennent avec la discipline aboutir ensemble dans la charité, qui elle-même se perfectionne par la connaissance. Or, il faut nécessairement se souvenir qu'à Dieu seul appartient la sagesse par nature ; en conséquence, la sagesse, la vertu de Dieu qui a enseigné la vérité, se trouve aussi être la perfection de la connaissance. Le philosophe aime et chi-rit la vérité; de serviteur fidèle, l'amour le transforme en ami.

« Le commencement de la vérité est l'admiration »,

dit Platon dans le Théétète. Et Mathias, en nous disant dans ses traditions

« Admirez ce qui est devant vous, »

établit que l'admiration est le premier degré pour atteindre ensuite à la connaissance; c'est pourquoi il est écrit pareillement dans l'Évangile selon les Hébreux :

« Celui qui aura admiré régnera, et celui « qui aura régné se reposera. »

 Impossible donc que celui qui ne sait pas s'applique à la philosophie, tant que durera son 145 ignorance, non plus que celui qui n'a reçu aucune notion de la sagesse, puisque la philosophie est le désir de ce qui est réellement, et des études qui ont la vérité pour objet. Quand même on serait exercé au bien par une pratique habituelle, il faudrait encore travailler à en acquérir la science et l'application. Ainsi l'on s'assimile à Dieu, j'entends à Dieu notre Sauveur, eu servant le Dieu de toutes choses par l'intermédiaire de son grand-pontife, le Verbe, par qui on distingue ce qui est juste et honnête selon la vérité ; car la piété est la pratique des désirs qui nous attachent au service de Dieu.

 

 

Τριῶν τοίνυν τούτων ἀντέχεται ὁ ἡμεδαπὸς φιλόσοφος, πρῶτον μὲν τῆς θεωρίας, δεύτερον δὲ τῆς τῶν ἐντολῶν ἐπιτελέσεως, τρίτον ἀνδρῶν ἀγαθῶν κατασκευῆς· ἃ δὴ συνελθόντα τὸν γνωστικὸν ἐπιτελεῖ. Ὅ τι δ´ ἂν ἐνδέῃ τούτων, χωλεύει τὰ τῆς γνώσεως. Ὅθεν θείως ἡ γραφή φησι·

« Καὶ εἶπεν κύριος πρὸς Μωυσῆν λέγων· λάλησον τοῖς υἱοῖς Ἰσραὴλ καὶ ἐρεῖς πρὸς αὐτούς· ἐγὼ κύριος ὁ θεὸς ὑμῶν· κατὰ 〈τὰ〉 ἐπιτηδεύματα γῆς Αἰγύπτου, ἐν ᾗ κατῳκήσατε ἐν αὐτῇ, οὐ ποιήσετε· καὶ κατὰ τὰ ἐπιτηδεύματα γῆς Χαναάν, εἰς ἣν ἐγὼ εἰσάγω ὑμᾶς ἐκεῖ, οὐ ποιήσετε· καὶ τοῖς νομίμοις αὐτῶν οὐ πορεύσεσθε· τὰ κρίματά μου ποιήσετε καὶ τὰ προστάγματά μου φυλάξεσθε, πορεύεσθαι ἐν αὐτοῖς· ἐγὼ κύριος ὁ θεὸς ὑμῶν. Καὶ φυλάξεσθε πάντα τὰ προστάγματά μου, καὶ ποιήσετε αὐτά. Ἁ ποιήσας αὐτὰ ἄνθρωπος ζήσεται ἐν αὐτοῖς· ἐγὼ κύριος ὁ θεὸς ὑμῶν.»

Εἴτ´ οὖν κόσμου καὶ ἀπάτης εἴτε παθῶν καὶ κακιῶν σύμβολον Αἴγυπτος καὶ ἡ Χανανῖτις γῆ, ὧν μὲν ἀφεκτέον, ὁποῖα δὲ ἐπιτηδευτέον ὡς θεῖα καὶ οὐ κοσμικά, ἐπιδείκνυσιν ἡμῖν τὸ λόγιον. Ὅταν δὲ εἴπῃ

« ποιήσας ἄνθρωπος ζήσεται ἐν αὐτοῖς»,

τήν τε Ἑβραίων αὐτῶν ἐπανόρθωσιν τήν τε τῶν πέλας, ἡμῶν αὐτῶν, συνάσκησίν τε καὶ προκοπὴν ζωὴν λέγει αὐτῶν τε καὶ ἡμῶν.

« Οἱ γὰρ νεκροὶ τοῖς παραπτώμασι συζωοποιοῦνται Χριστῷ»

διὰ τῆς ἡμετέρας διαθήκης. Πολλάκις δὲ ἐπαναλαμβάνουσα ἡ γραφὴ τὸ

«ἐγὼ κύριος ὁ θεὸς ὑμῶν»

 δυσωπεῖ μὲν διατρεπτικώτατα, ἕπεσθαι διδάσκουσα τῷ τὰς ἐντολὰς δεδωκότι θεῷ, ὑπομιμνῄσκει δὲ ἠρέμα ζητεῖν τὸν θεὸν καὶ ὡς οἷόν τε γινώσκειν ἐπιχειρεῖν, ἥτις ἂν εἴη θεωρία μεγίστη, ἡ ἐποπτική, ἡ τῷ ὄντι ἐπιστήμη, ἡ ἀμετάπτωτος λόγῳ γινομένη. Αὕτη ἂν εἴη μόνη ἡ τῆς σοφίας γνῶσις, ἧς οὐδέποτε χωρίζεται ἡ δικαιοπραγία.
 

CHAPITRE X.

 

Caractère du philosophe chrétien.

Voici donc les trois caractères qui distinguent notre philosophe : il contemple, il accomplit les préceptes, enfin il forme des hommes vertueux. La réunion de ces trois qualités constitue le parfait gnostique; que l'une des trois lui manque, la connaissance est boiteuse en lui. De là, ces divines paroles de l'Écriture :

« Or, le Seigneur s'adressa à Moïse, en ces termes : Parle aux enfants d'Israël, et dis-leur : Je suis le Seigneur votre Dieu. Vous n'agirez point selon la coutume du pays d'Égypte où vous avez habité, ni selon les mœurs du pays de Chanaan, dans lequel je vous introduirai, et vous ne suivrez point leurs lois. Vous garderez mes jugements, et observerez mes préceptes, et marcherez eu eux. Je suis le Seigneur votre Dieu. Gardez mes lois et mes jugements ; l'homme qui les accomplit vivra en eux. Je suis le Seigneur. »

Que l'Égypte et la terre de Chanaan soient les symboles ou du monde et de ses mensonges, ou des passions et des vices, ce n'est pas ici l'occasion de discuter cette question : le divin oracle ne nous en montre pas moins ce qu'il faut nous interdire et ce qu'il faut rechercher comme appartenant au ciel et non au monde. Et lorsqu'il dit :

« L'homme qui accomplit mes préceptes vivra en eux, »

c'est autant pour 146 l'amendement des Hébreux que pour l'instruction et le progrès de nous tous qui sommes prés du Christ ; c'est autant pour leur vie que pour la nôtre. Nous étions morts par nos péchés : notre alliance nous a rendu la vie en Jésus-Christ. Et l'Écriture, en répétant souvent, je suis le Seigneur votre Dieu, nous remplit d'une sainte confusion pour nous détourner du mal, et nous apprend à suivre Dieu qui nous a donné les commandements. Elle nous avertit même tacitement de chercher Dieu, et autant qu'il est en nous de nous efforcer de le connaître. Elle est donc la contemplation la plus haute, la contemplation qui voit dans les sainte mystères, la contemplation qui est la science certaine et immuable. Cette contemplation est la seule connaissance de la sagesse, de laquelle jamais ne se sépare la pratique de la justice.

 

 

 

Ἀλλ´ ἡ μὲν τῶν οἰησισόφων, εἴτε αἱρέσεις εἶεν βάρβαροι εἴτε οἱ παρ´ Ἕλλησι φιλόσοφοι, «γνῶσις φυσιοῖ» κατὰ τὸν ἀπόστολον· πιστὴ δὲ ἡ γνῶσις ἥτις ἂν εἴη ἐπιστημονικὴ ἀπόδειξις τῶν κατὰ τὴν ἀληθῆ φιλοσοφίαν παραδιδομένων. Φήσαιμεν δ´ ἂν αὐτὴν λόγον εἶναι τοῖς ἀμφισβητουμένοις ἐκ τῶν ὁμολογουμένων ἐκπορίζοντα τὴν πίστιν. Πίστεως δ´ οὔσης διττῆς, τῆς μὲν ἐπιστημονικῆς, τῆς δὲ δοξαστικῆς, οὐδὲν κωλύει ἀπόδειξιν ὀνομάζειν διττήν, τὴν μὲν ἐπιστημονικήν, τὴν δὲ δοξαστικήν, ἐπεὶ καὶ ἡ γνῶσις καὶ ἡ πρόγνωσις διττὴ λέγεται, ἣ μὲν ἀπηκριβωμένην ἔχουσα τὴν ἑαυτῆς φύσιν, ἣ δὲ ἐλλιπῆ. Καὶ μή τι ἡ παρ´ ἡμῖν ἀπόδειξις μόνη ἂν εἴη ἀληθής, ἅτε ἐκ θείων χορηγουμένη γραφῶν, τῶν ἱερῶν γραμμάτων καὶ τῆς «θεοδιδάκτου» σοφίας κατὰ τὸν ἀπόστολον. Μάθησις γοῦν καὶ τὸ πείθεσθαι ταῖς ἐντολαῖς, ὅ ἐστι πιστεύειν τῷ θεῷ. Καὶ ἡ πίστις δύναμίς τις τοῦ θεοῦ, ἰσχὺς οὖσα τῆς ἀληθείας. Αὐτίκα φησίν·

«ὰν ἔχητε πίστιν ὡς κόκκον σινάπεως, μεταστήσετε τὸ ὄρος·»

καὶ πάλιν·

« Κατὰ τὴν πίστιν σου γενηθήτω σοι·»

Καὶ ὃ μὲν θεραπεύεται προσλαβὼν τῇ πίστει τὴν ἴασιν, ὃ δὲ νεκρὸς ἀνίσταται διὰ τὴν τοῦ πιστεύσαντος ὅτι ἀναστήσεται ἰσχύν. Ἡ δὲ δοξαστικὴ ἀπόδειξις ἀνθρωπική τέ ἐστι καὶ πρὸς τῶν ῥητορικῶν γινομένη ἐπιχειρημάτων ἢ καὶ διαλεκτικῶν συλλογισμῶν. Ἡ γὰρ ἀνωτάτω ἀπόδειξις, ἣν ᾐνιξάμεθα ἐπιστημονικήν, πίστιν ἐντίθησι διὰ τῆς τῶν γραφῶν παραθέσεώς τε καὶ διοίξεως ταῖς τῶν μανθάνειν ὀρεγομένων ψυχαῖς, ἥτις ἂν εἴη γνῶσις. Εἰ γὰρ τὰ παραλαμβανόμενα πρὸς τὸ ζητούμενον ἀληθῆ λαμβάνεται, ὡς ἂν θεῖα ὄντα καὶ προφητικά, δῆλόν που ὡς καὶ τὸ συμπέρασμα τὸ ἐπιφερόμενον αὐτοῖς ἀκολούθως ἀληθὲς ἐπενεχθήσεται· καὶ εἴη ἂν ὀρθῶς ἡμῖν ἀπόδειξις ἡ γνῶσις. Ἡνίκα γοῦν τῆς οὐρανίου καὶ θείας τροφῆς τὸ μνημόσυνον ἐν στάμνῳ χρυσῷ καθιεροῦσθαι προσετάττετο,

« Τὸ γόμορ» φησὶ «τὸ δέκατον τῶν τριῶν μέτρων ἦν».

ν ἡμῖν γὰρ αὐτοῖς τρία μέτρα, τρία κριτήρια μηνύεται, αἴσθησις μὲν αἰσθητῶν, λεγομένων δὲ 〈καὶ〉 ὀνομάτων καὶ ῥημάτων ὁ λόγος, νοητῶν δὲ νοῦς. Ἁ τοίνυν γνωστικὸς ἀφέξεται μὲν τῶν κατὰ λόγον καὶ τῶν κατὰ διάνοιαν καὶ τῶν κατὰ αἴσθησιν καὶ ἐνέργειαν ἁμαρτημάτων, ἀκηκοὼς ὅπως

« ἰδὼν πρὸς ἐπιθυμίαν ἐμοίχευσεν,»

λαβών τε ἐν νῷ ὡς «μακάριοι οἱ καθαροὶ τῇ καρδίᾳ, ὅτι αὐτοὶ τὸν θεὸν ὄψονται,» κἀκεῖνο ἐπιστάμενος ὅτι

« Οὐ τὰ εἰσερχόμενα εἰς τὸ στόμα κοινοῖ τὸν ἄνθρωπον, ἀλλὰ τὰ ἐξερχόμενα διὰ τοῦ στόματος ἐκεῖνα κοινοῖ τὸν ἄνθρωπον· ἐκ γὰρ τῆς καρδίας ἐξέρχονται διαλογισμοί.»

Τοῦτ´, οἶμαι, τὸ κατὰ θεὸν ἀληθινὸν καὶ δίκαιον μέτρον, ᾧ μετρεῖται τὰ μετρούμενα, ἡ τὸν ἄνθρωπον συνέχουσα δεκάς, ἣν ἐπὶ κεφαλαίων τὰ προειρημένα τρία ἐδήλωσεν μέτρα. Εἴη δ´ ἂν σῶμά τε καὶ ψυχὴ αἵ τε πέντε αἰσθήσεις καὶ τὸ φωνητικὸν καὶ σπερματικὸν καὶ τὸ διανοητικὸν ἢ πνευματικὸν ἢ ὅπως καὶ βούλει καλεῖν. Χρὴ δὲ ὡς ἔπος εἰπεῖν τῶν ἄλλων πάντων ὑπεραναβαίνοντας ἐπὶ τὸν νοῦν ἵστασθαι, ὥσπερ ἀμέλει κἀν τῷ κόσμῳ τὰς ἐννέα μοίρας ὑπερπηδήσαντας, πρώτην μὲν τὴν διὰ τῶν τεσσάρων στοιχείων ἐν μιᾷ χώρᾳ τιθεμένων διὰ τὴν ἴσην τροπήν, ἔπειτα δὲ τὰς ἑπτὰ τὰς πλανωμένας τήν τε ἀπλανῆ ἐνάτην, ἐπὶ τὸν τέλειον ἀριθμὸν τὸν ὑπεράνω τῶν ἐννέα, τὴν [δὲ] δεκάτην μοῖραν, ἐπὶ τὴν γνῶσιν ἀφικνεῖσθαι τοῦ θεοῦ, συνελόντι φάναι μετὰ τὴν κτίσιν τὸν ποιητὴν ἐπιποθοῦντας. Διὰ τοῦτο αἱ δεκάται τοῦ τε οἶφι τῶν τε ἱερείων τῷ θεῷ προσεκομίζοντο, καὶ ἡ τοῦ πάσχα ἑορτὴ ἀπὸ δεκάτης ἤρχετο, παντὸς πάθους καὶ παντὸς αἰσθητοῦ διάβασις οὖσα. Πέπηγεν οὖν τῇ πίστει ὁ γνωστικός, ὁ δὲ οἰησίσοφος ἑκὼν τῆς ἀληθείας οὐχ ἅπτεται, ἀστάτοις καὶ ἀνιδρύτοις ὁρμαῖς κεχρημένος. Εἰκότως οὖν γέγραπται·

«ξῆλθεν δὲ Κάιν ἀπὸ προσώπου τοῦ θεοῦ καὶ ᾤκησεν ἐν γῇ Ναὶδ κατέναντι Ἐδέμ·»

ρμηνεύεται δὲ ἡ μὲν Ναὶδ σάλος, ἡ δὲ Ἐδὲμ τρυφή· πίστις δὲ καὶ γνῶσις καὶ εἰρήνη ἡ τρυφή, ἧς ὁ παρακούσας ἐκβάλλεται, ὁ δὲ οἰησίσοφος τὴν ἀρχὴν οὐδὲ ἐπαΐειν βούλεται τῶν θείων ἐντολῶν, ἀλλ´ οἷον αὐτομαθὴς ἀφηνιάσας εἰς σάλον κυμαινόμενον ἑκὼν μεθίσταται, εἰς τὰ θνητά τε καὶ γεννητὰ καταβαίνων ἐκ τῆς τοῦ ἀγεννήτου γνώσεως, ἄλλοτε ἀλλοῖα δοξάζων.

« Οἷς δὲ μὴ ὑπάρχει κυβέρνησις, πίπτουσιν ὥσπερ φύλλα·»

ὁ λογισμὸς καὶ τὸ ἡγεμονικὸν ἄπταιστον μένον καὶ καθηγούμενον τῆς ψυχῆς κυβερνήτης αὐτῆς εἴρηται· ὄντως γὰρ ἀτρέπτῳ πρὸς τὸ ἄτρεπτον ἡ προσαγωγή. Οὕτως

«Ἀβραὰμ ἑστὼς ἦν ἀπέναντι κυρίου καὶ ἐγγίσας εἶπεν·»

καὶ τῷ Μωυσεῖ λέγεται

« Σὺ δὲ αὐτοῦ στῆθι μετ´ ἐμοῦ.»

Οἱ δὲ ἀμφὶ τὸν Σίμωνα τῷ Ἑστῶτι, ὃν σέβουσιν, ἐξομοιοῦσθαι 〈τὸν〉 τρόπον βούλονται. Ἡ πίστις οὖν ἥ τε γνῶσις τῆς ἀληθείας αἰεὶ κατὰ τὰ αὐτὰ καὶ ὡσαύτως ἔχειν κατασκευάζουσι τὴν ἑλομένην αὐτὰς ψυχήν. Συγγενὲς δὲ τῷ ψεύδει μετάβασις 〈καὶ〉 ἐκτροπὴ καὶ ἀπόστασις, ὥσπερ τῷ γνωστικῷ ἠρεμία καὶ ἀνάπαυσις καὶ εἰρήνη. Καθάπερ οὖν τὴν φιλοσοφίαν ὁ τῦφος καὶ ἡ οἴησις διαβέβληκεν, οὕτως καὶ τὴν γνῶσιν ἡ ψευδὴς γνῶσις, ἡ [τε] ὁμωνύμως καλουμένη, περὶ ἧς ὁ ἀπόστολος γράφων

« Τιμόθεε,» φησίν, «τὴν παραθήκην φύλαξον, ἐκτρεπόμενος τὰς βεβήλους κενοφωνίας καὶ ἀντιθέσεις τῆς ψευδωνύμου γνώσεως, ἥν τινες ἐπαγγελλόμενοι περὶ τὴν πίστιν ἠστόχησαν.»

πὸ ταύτης ἐλεγχόμενοι τῆς φωνῆς οἱ ἀπὸ τῶν αἱρέσεων τὰς πρὸς Τιμόθεον ἀθετοῦσιν ἐπιστολάς. Φέρε οὖν εἰ ὁ κύριος «ἀλήθεια» καὶ «σοφία καὶ δύναμις θεοῦ», ὥσπερ οὖν ἐστι, δειχθείη ὅτι τῷ ὄντι γνωστικὸς ὁ τοῦτον ἐγνωκὼς καὶ τὸν πατέρα τὸν αὐτοῦ δι´ αὐτοῦ· συναίσθεται γὰρ τοῦ λέγοντος·

« Χείλη δικαίων ἐπίσταται ὑψηλά.»

CHAPITRE XI.

 

La connaissance qui vient de la foi est la plus sûre de toutes.

Chez les hommes qui s'estiment sages, qu'ils aient embrassé les hérésies des barbares ou la philosophie des Grecs, la science enfle, selon l'apôtre. Elle est fidèle au contraire la connaissance qui aura été une démonstration scientifique des traditions selon la vraie philosophie ; la véritable raison, ce sera pour nous celle qui, des points convenus, fait jaillir la foi sur les points controversés. Or, la foi étant double, l'une appuyée sur la science, l'autre sur l'opinion, rien n'empêche que l'on n'appelle double aussi la démonstration, l'une appuyée sur la science, l'autre sur l'opinion, puisque la connaissance et la prescience sont également appelées doubles ; l'une parfaite de sa nature, l'autre imparfaite. La démonstration que possède le chrétien ne sera-t-elle pas la seule véritable, puisqu'elle est fournie par les saintes Écritures qui sont les lettres sacrées, et par la sagesse que nous avons apprise de Dieu, selon l'expression de l'apôtre ? Dès lors la discipline est d'obéir aux préceptes; obéir, c'est 147 croire à Dieu ; la foi est la force de Dieu, puisqu'elle est la force de la vérité. Aussi le Seigneur a-t-il dit :

« Si vous aviez la foi dans la mesure d'un grain de sénevé, vous transporteriez des montagnes. »

Et de rechef :

« qu'il vous soit fait selon votre foi ; »

l'un est guéri pour avoir cru, l'autre est ressuscité grâce à la foi de celui qui avait cru à sa résurrection.

La démonstration qui s'appuie sur l'opinion est humaine et nait des arguments oratoires, ou des raisonnements de la dialectique. Mais la démonstration suprême qui repose sur la science, comme il a été prouvé, inculque la foi dans l'âme de ceux qui veulent apprendre, en leur présentant et en leur ouvrant les Écritures. Cette démonstration est la connaissance. Car, si les traditions auxquelles on a recours pour atteindre à la vérité, ont été reçues comme véritables, en tant que divines et prophétiques, il est évident que les conséquences qu'on en déduira seront véritables, et que la connaissance sera pour nous une démonstration. Aussi, lorsque Moïse reçut l'ordre de consacrer, dans un vase d'or, un témoignage commémoratif de la divine et céleste nourriture,

« le Gomor, nous dit-il, est la dixième partie des trois mesures.»

Ces trois mesures signifient que nous avons en nous trois critériums : le sentiment pour les choses sensibles ; la parole pour les choses parlées, c'est-à-dire les noms et les mots ; l'esprit pour les choses qui ne peuvent être perçues que par l'intelligence. Le gnostique s'abstiendra conséquemment de pécher, soit en parole, soit en pensée, soit en sentiment, soit en action, une fois qu'il sera averti par la parole que quiconque regarde avec un but de convoitise a déjà commis l'adultère ; une fois qu'il aura conçu dans son esprit le bonheur de ceux qui ont le cœur pur, parce qu'ils verront Dieu, et qu'il saura du reste que ce n'est pas ce qui entre dans la bouche, mais ce qui en sort, qui souille l'homme. Du cœur, en effet, viennent les pensées. A mon avis, les dix parties qui composent l'homme, et que représentent en somme les trois mesures énoncées plus haut, constituent cette mesure véritable et juste, selon Dieu, d'après laquelle nous mesurons tout ce 148 que nous devons mesurer. Ces dix parties sont : le corps, l'âme, les cinq sens, la parole, la vertu d'engendrer, et la faculté pensante, incorporelle, ou quelque soit le nom dont on veuille l'appeler. Or, il faut, pour tout dire en peu de mots, nous élever au-dessus des neuf parties inférieures et nous arrêter dans l'esprit. De même que dans le système de l'univers, après avoir franchi les neuf parties inférieures, la première qui embrasse les quatre éléments, réunis en un seul lieu pour y subir d'égales transformations, les sept planètes qui errent dans les cieux, et enfin la neuvième qui demeure immobile, il faut monter à la dixième partie, à ce nombre parfait, qui est le séjour des dieux ; ainsi, il faut arriver à la connaissance de Dieu, aspirant à posséder le Créateur, après avoir possédé la créature. C'est pourquoi la dime de l'Ephi et des victimes était offerte à Dieu, et la solennité pascale qui figurait le passage de toute passion et de toute chose sensible commençait le dixième jour. Le gnostique est donc consolidé par la foi : celui qui se croit sage, n'ayant que des désirs passagers et chancelants, ne peut atteindre à rien de ce qui est la vérité. C'est donc avec raison qu'il est écrit :

« Caïn sortit de la présence du Seigneur et habita dans la terre de Naïd, en face d'Eden. »

Or, Naïd signifie trouble, et Eden, délices. La foi, la connaissance et la paix sont des délices ; qui refuse d'écouter en est chassé. Le prétendu sage ne veut pas même écouter les préceptes divins ; mais, comme ceux qui n'ont eu d'autre maître qu'eux-mêmes, il secoue la règle, et se précipite, tête baissée, sur une mer pleine d'orages, descendant de la connaissance de l'incréé au périssable et au créé, toujours flottant d'une opinion à l'autre. Là où il n'y a point de régulateur les hommes tombent à la manière des feuilles. La raison, tant qu'elle demeure ferme et qu'elle gouverne l'âme, en est appelée le pilote. En effet, pour marcher vers l'immuable, ne faut-il pas une voie immuable?

Ainsi, Abraham se tenait debout en face du Seigneur, et s'approchant, il dit, etc. etc.

Ainsi, Dieu dit à Moïse :

« Mais toi, tiens-toi debout ici avec moi. »

Les sectateurs de Simon veulent devenir semblables à la statue de leur Dieu, qu'ils représentent 149 debout. La foi donc et la connaissance de la vérité donnent a l'âme qui les a reçues d'être toujours la même et de garder son équilibre. Mais le mensonge a pour alliées l'instabilité, la déviation et la défection, comme le vrai gnostique a pour compagnons, le calme, le repos et la paix. De même donc que la présomption et l'orgueil attaquent la philosophie ; ainsi, la véritable connaissance est attaquée par la fausse, qui prend le même nom, et dont l'apôtre dit :

« Ô Timothée ! gardez le dépôt qui vous a été confié, évitant les nouveautés profanes de paroles et les objections d'une doctrine qui a faussement le nom de science ; car ceux qui l'ont professée se sont égarés de la foi. »

Terrassés qu'ils sont par ces paroles, les hérétiques rejettent les épitres à Timothée. Concluons : si le Seigneur est la vérité, s'il est la sagesse et la vertu de Dieu, et il l'est véritablement, il devient évident que le vrai gnostique est celui qui a connu le Seigneur, et le Père, par le Fils. Salomon a dit de lui :

« Les lèvres du juste savent les choses du ciel.

 

 

 

Τῆς δὲ πίστεως καθάπερ τοῦ χρόνου διττῶν ὄντων εὕροιμεν ἂν διττὰς ἀρετὰς συνοικούσας ἀμφοῖν. Τοῦ γὰρ χρόνου τῷ μὲν παρῳχηκότι ἡ μνήμη, τῷ δὲ μέλλοντι ἐλπίς ἐστι· πιστεύομεν δὲ τὰ παρῳχηκότα γεγονέναι καὶ τὰ μέλλοντα ἔσεσθαι· ἀγαπῶμέν τε αὖ, οὕτως ἔχειν τὰ παρῳχηκότα πίστει πεπεισμένοι, τὰ μέλλοντα ἐλπίδι ἀπεκδεχόμενοι. Διὰ πάντων γὰρ ἡ ἀγάπη τῷ γνωστικῷ πεφοίτηκεν ἕνα θεὸν εἰδότι·

« Καὶ ἰδού, πάντα ὅσα δεδημιούργηκε λίαν καλὰ»

οἶδέν τε καὶ θαυμάζει· θεοσέβεια δὲ προστίθησι «μῆκος βίου» καὶ «φόβος κυρίου προστίθησιν ἡμέρας». Ὡς οὖν αἱ ἡμέραι μόριον βίου τοῦ κατ´ ἐπανάβασιν, οὕτω καὶ ὁ φόβος τῆς ἀγάπης ἀρχή, κατὰ παραύξησιν πίστις γινόμενος, εἶτα ἀγάπη· ἀλλ´ οὐχ ὡς φοβοῦμαι τὸ θηρίον καὶ μισῶ (διττοῦ τυγχάνοντος τοῦ φόβου), ὡς δὲ καὶ τὸν πατέρα δέδια, ὃν φοβοῦμαι ἅμα καὶ ἀγαπῶ· πάλιν, φοβούμενος μὴ κολασθῶ, ἐμαυτὸν ἀγαπῶ, αἱρούμενος τὸν φόβον· ὁ 〈δὲ〉 φοβούμενος προσκόψαι τῷ πατρὶ ἀγαπᾷ αὐτόν. Μακάριος οὖν ὃς πιστὸς γίνεται, ἀγάπῃ καὶ φόβῳ κεκραμένος· πίστις δὲ ἰσχὺς εἰς σωτηρίαν καὶ δύναμις εἰς ζωὴν αἰώνιον. Πάλιν ἡ προφητεία πρόγνωσίς ἐστιν, ἡ δὲ γνῶσις προφητείας νόησις, οἷον γνῶσις τῶν ἐκείνοις προεγνωσμένων ὑπὸ τοῦ προφαίνοντος τὰ πάντα κυρίου. Ἡ τοίνυν γνῶσις τῶν προαγορευθέντων τριττὴν ἐνδείκνυται τὴν ἔκβασιν, ἢ γεγονυῖαν πάλαι ἢ ἐνεστηκυῖαν ἤδη ἢ ἔσεσθαι μέλλουσαν. Εἶθ´ αἱ μὲν ἀκρότητες ὑποπεπτώκασι πίστει ἢ τελεσθέντων ἢ ἐλπιζομένων, πειθὼ δὲ παρέχει ἡ ἐνεστηκυῖα ἐνέργεια πρὸς τὴν βεβαίωσιν ἀμφοῖν τοῖν ἄκροιν. Εἰ γὰρ μιᾶς οὔσης τῆς προφητείας τὸ μὲν ἤδη τελεῖται, τὸ δὲ πεπλήρωται, πιστὸν ἐντεῦθεν καὶ τὸ ἐλπιζόμενον καὶ τὸ παρῳχηκὸς ἀληθές. Πρότερον γὰρ ἐνεστὸς ἦν, εἶτα ἡμῖν παρῴχηκεν, ὡς εἶναι καὶ τὴν τῶν παρῳχηκότων πίστιν κατάληψιν παρῳχηκότος, καὶ τὴν τῶν ἐσομένων ἐλπίδα κατάληψιν ἐσομένου πράγματος. Τὰς δὲ συγκαταθέσεις οὐ μόνον οἱ ἀπὸ Πλάτωνος, ἀλλὰ καὶ οἱ ἀπὸ τῆς Στοᾶς ἐφ´ ἡμῖν εἶναι λέγουσιν. Πᾶσα οὖν δόξα καὶ κρίσις καὶ ὑπόληψις καὶ μάθησις, οἷς ζῶμεν καὶ σύνεσμεν αἰεὶ τῷ γένει τῶν ἀνθρώπων, συγκατάθεσίς ἐστιν· ἣ δ´ οὐδὲν ἄλλο ἢ πίστις εἴη ἄν, ἥ τε ἀπιστία, ἀπόστασις οὖσα τῆς πίστεως, δυνατὴν δείκνυσι τὴν συγκατάθεσίν τε καὶ πίστιν· ἀνυπαρξίας γὰρ στέρησις οὐκ ἂν λεχθείη. Κἄν τις τἀληθὲς σκοπῇ, εὑρήσει τὸν ἄνθρωπον φύσει διαβεβλημένον μὲν πρὸς τὴν τοῦ ψεύδους συγκατάθεσιν, ἔχοντα δὲ ἀφορμὰς πρὸς πίστιν τἀληθοῦς.

« τοίνυν συνέχουσα τὴν ἐκκλησίαν», ὥς φησιν ὁ Ποιμήν, «ἀρετὴ ἡ πίστις ἐστί, δι´ ἧς σῴζονται οἱ ἐκλεκτοὶ τοῦ θεοῦ· ἡ δὲ ἀνδριζομένη ἐγκράτεια. Ἕπεται δ´ αὐταῖς ἁπλότης, ἐπιστήμη, ἀκακία, σεμνότης, ἀγάπη. Πᾶσαι δὲ αὗται πίστεώς εἰσι θυγατέρες.»

Καὶ πάλιν·

« Προηγεῖται μὲν πίστις, φόβος δὲ οἰκοδομεῖ, τελειοῖ δὲ ἡ ἀγάπη.»

« Φοβητέον οὖν τὸν κύριον», λέγει, «εἰς οἰκοδομήν, ἀλλ´ οὐ τὸν διάβολον εἰς καταστροφήν.»

μπαλιν δέ·

« Τὰ μὲν ἔργα τοῦ κυρίου, τουτέστι τὰς ἐντολάς, ἀγαπητέον καὶ ποιητέον, τὰ δὲ ἔργα τοῦ διαβόλου φοβητέον καὶ οὐ ποιητέον· ὁ μὲν γὰρ τοῦ θεοῦ φόβος παιδεύει καὶ εἰς ἀγάπην ἀποκαθίστησιν, ὁ δὲ τῶν τοῦ διαβόλου ἔργων μῖσος ἔχει σύνοικον.»

δὲ αὐτὸς καὶ τὴν μετάνοιαν

 « Σύνεσιν» εἶναί φησι «μεγάλην· μετανοῶν γὰρ ἐφ´ οἷς ἔδρασεν οὐκέτι ποιεῖ ἢ λέγει, βασανίζων δὲ ἐφ´ οἷς ἥμαρτεν τὴν ἑαυτοῦ ψυχὴν ἀγαθοεργεῖ.»

«φεσις τοίνυν ἁμαρτιῶν μετανοίας διαφέρει, ἄμφω δὲ δείκνυσι τὰ ἐφ´ ἡμῖν.»

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CHAPITRE XII.

 

Sur la double foi.

La foi étant double, comme le temps, nous trouvons en elle deux facultés qui se tiennent, le souvenir qui s'applique au passé, l'espérance qui s'applique à l'avenir. Que les choses passées aient eu lieu, que les choses futures doivent être, nous le croyons fermement. Et alors convaincus par la foi, nous acquiesçons par l'amour aux formes qu'a revêtues le passé, tandis que, par l'espérance, nous attendons les événements qui ne sont pas encore. Chez le gnostique, l'amour entre dans toutes les parties de l'édifice. Il sait qu'il n'y a qu'un Dieu, et que toutes les œuvres de Dieu sont parfaites ; il le sait, et il admire. La piété ajoute aux années de la vie, et la crainte du Seigneur, à la longueur des jours ; et de même que les jours mortels sont une partie de cette vie, qui va montant à l'éternité ; ainsi la crainte 150 est le commencement de l'amour. Elle devient, par accroissement, la foi d'abord, l'amour ensuite. Mais la crainte de Dieu n'est pas comme la crainte et l'aversion qu'inspiré une bête féroce (souvenons-nous que la crainte est double). J'appréhende le blâme de mon père que je crains et que j'aime à la fois. Dans la crainte du châtiment, je m'affectionne moi-même en choisissant la crainte ; mais craindre d'offenser son père, c'est l'aimer. Heureux donc celui qui devient fidèle sous la double influence de l'amour et de la crainte ! La foi est une force pour le salut, et une puissance pour la vie éternelle. La prophétie est une prescience. La connaissance est l'intelligence de la prophétie, et pour ainsi dire la connaissance des choses révélées d'avance aux prophètes, par le Seigneur, qui manifeste tout avant le temps. Ainsi, la connaissance des choses prédites nous découvre trois sortes d'événements ; ou celui qui a eu lieu, ou celui qui est déjà présent, ou celui qui arrivera. Sont du domaine de la foi les deux termes de la prophétie embrassant soit les faits accomplis, soit les faits espérés. Ce qui se passe maintenant sert à nous persuader ces prédictions du passé et de l'avenir. En effet, la prophétie étant une, si l'un de ses termes est déjà consommé, tandis que l'autre s'accomplit, ce qu'on attend encore est assuré, et le fait accompli est tenu pour vrai. Car, le passé était d'abord présent, puis il est resté en arrière de nous ; de telle sorte que la foi aux événements qui ne sont plus est la compréhension du passé, et que l'espérance dans les choses futures est la compréhension de l'avenir. Or, consultez, non-seulement les Platoniciens, mais encore les Stoïciens, ils vous diront que les acquiescements sont en notre pouvoir. Donc, toute opinion, tout jugement, toute pensée, toute discipline dans laquelle nous vivons, et qui lie nos rapports avec le genre humain, est un acquiescement qui se confond avec la foi. L'incrédulité ou l'infidélité, par là même qu'elle est la répudiation de la foi, montre aussi la possibilité de l'assentiment et de la foi. Y a-t-il privation d'une chose qui n'existe pas ? Et à bien considérer ici la vérité, ou trouvera que l'homme, intérieurement enclin à acquiescer au mensonge, a pourtant en lui des instincts qui le portent vers la foi à la vérité. Que dit 151 le Pasteur ?

« La vertu qui tient l'Église dans sa main est la foi, et c'est par elle que les élus de Dieu obtiennent le salut. L'autre vertu virile et forte, c'est la continence. Après elles viennent la simplicité, la science, l'innocence, la gravité de mœurs, la charité; toutes, elles sont les filles de la foi.»

Le Pasteur dit encore :

« La foi précède ; la crainte édifie ; la charité achève. »

Et ailleurs : « Il faut craindre le Seigneur, pour édifier, mais non

« Satan, pour détruire. Loin de là, il faut aimer et accomplir les œuvres du Seigneur, c'est-à-dire ses préceptes ; il faut détester et se garder d'accomplir les œuvres du démon ; car la crainte de Dieu nous enseigne et nous replace dans la charité. Mais la crainte des œuvres du démon emporte avec elle la haine. »

 Le Pasteur poursuit :

« La pénitence est une grande intelligence ; car, en se repentant de ses fautes, on ne pèche plus désormais, soit en actions, soit en paroles. Mais, en affligeant son âme par le souvenir de ses péchés, on fait le bien. »

La rémission des péchés est donc une chose qui diffère de la pénitence. Mais le Pasteur nous montre que toutes les deux dépendent de nous.

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1) II paraît qu'Hermas prend ici le mot de mort et de vie en deux sens différents, pour la mort et la vie temporelle ; et pour la mort et la vie spirituelle, c'est-à-dire pour la mort du pèché et pour la vie de la grâce.

(2) Ici saint Clément d'Alexandrie n'a pas cité le texte de saint Barnabé tel que nous l'avons. « Pratiquez-les, dit l'apôtre, afin que voug soyez sauvés au jour de son jugement. »

(3) La tradition orphique.

(4) Traduction de M. Cousin.