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traduction française de Henri Berguin..

Garnier

 

 

 

Ἀμφιτρύων
Τίς τὸν Διὸς σύλλεκτρον οὐκ οἰ̂δεν βροτω̂ν,
ργει̂ον Ἀμφιτρύων', ὃν  Ἀλκαι̂ός ποτε
ἔτιχθ' ὁ Περσέως, πατέρα τόνδ'  Ἡρακλέους;
ὃς τάσδε Θήβας ἔσχον, ἔνθ' ὁ γηγενὴς 
σπαρτω̂ν στάχυς ἔβλαστεν, ὡ̂ν γένους Ἀρης 5
ἔσωσ' ἀριθμὸν ὀλίγον, οἳ Κάδμου πόλιν
τεκνου̂σι παίδων παισίν. ἔνθεν ἐξέφυ
Κρέων Μενοικέως παι̂ς, ἄναξ τη̂σδε χθονός.
Κρέων δὲ Μεγάρας τη̂σδε γίγνεται πατήρ, 
ἣν πάντες ὑμεναίοισι Καδμει̂οί ποτε 10
λωτῳ̂ συνηλάλαξαν, ἡνίκ' εἰς ἐμοὺς
δόμους ὁ κλεινὸς Ἡρακλη̂ς νιν ἤγετο.
Λιπὼν δὲ Θήβας, οὑ̂ κατῳκίσθην ἐγώ,
Μεγάραν τε τήνδε πενθερούς τε παι̂ς ἐμὸς 
Ἀργει̂α τείχη καὶ Κυκλωπίαν πόλιν 15
ὠρέξατ' οἰκει̂ν, ἣν ἐγὼ φεύγω κτανὼν
Ἠλεκτρύωνα· συμφορὰς δὲ τὰς ἐμὰς
ἐξευμαρίζων καὶ πάτραν οἰκει̂ν θέλων,
καθόδου δίδωσι μισθὸν Εὐρυσθει̂ μέγαν, 
ἐξημερω̂σαι γαι̂αν, εἰθ'  ̔́Ηρας ὕπο 20
κέντροις δαμασθεὶς εἰτε του̂ χρεὼν μέτα.
Καὶ τοὺς μὲν ἄλλους ἐξεμόχθησεν πόνους,
τὸ λοίσθιον δὲ Ταινάρου διὰ στόμα
βέβηκ' ἐς  Ἀιδου, τὸν τρισώματον κύνα 
ἐς φω̂ς ἀνάξων, ἔνθεν οὐχ ἥκει πάλιν. 25
Γέρων δὲ δή τις ἔστι Καδμείων λόγος
ὡς ἠ̂ν πάρος Δίρκης τις εὐνήτωρ Λύκος
τὴν ἑπτάπυργον τήνδε δεσπόζων πόλιν,
τὼ λευκοπώλω πρὶν τυραννη̂σαι χθονὸς 
Ἀμφίον' ἠδὲ Ζη̂θον, ἐκγόνω Διός. 30
Οὑ̂ ταὐτὸν ὄνομα παι̂ς πατρὸς κεκλημένος,
Καδμει̂ος οὐκ ὤν, ἀλλ' ἀπ' Εὐβοίας μολών,
κτείνει Κρέοντα καὶ κτανὼν ἄρχει χθονός,
στάσει νοσου̂σαν τήνδ' ἐπεσπεσὼν πόλιν. 
̔μι̂ν δὲ κη̂δος ἐς Κρέοντ' ἀνημμένον 35
κακὸν μέγιστον, ὡς ἔοικε, γίγνεται.
τοὐμου̂ γὰρ ὄντος παιδὸς ἐν μυχοι̂ς χθονὸς
ὁ καινὸς οὑ̂τος τη̂σδε γη̂ς ἄρχων Λύκος
τοὺς Ἡρακλείους παι̂δας ἐξελει̂ν θέλει 
κτανὼν δάμαρτά <θ'>, ὡς φόνῳ σβέσῃ φόνον, 40
κἄμ' -- εἰ τι δὴ χρὴ κἄμ' ἐν ἀνδράσιν λέγειν
γέροντ' ἀχρει̂ον -- μή ποθ' οἵδ' ἠνδρωμένοι
μήτρωσιν ἐκπράξωσιν αἵματος δίκην.
̓γὼ δέ -- λείπει γάρ με τοι̂σδ' ἐν δώμασιν 
τροφὸν τέκνων οἰκουρόν, ἡνίκα χθονὸς 45
μέλαιναν ὄρφνην εἰσέβαινε, παι̂ς ἐμός --
σὺν μητρί, τέκνα μὴ θάνωσ' Ἡρακλέους,
βωμὸν καθίζω τόνδε σωτη̂ρος Διός,
ὃν καλλινίκου δορὸς ἄγαλμ' ἱδρύσατο 
Μινύας κρατήσας οὑμὸς εὐγενὴς τόκος. 50
Πάντων δὲ χρει̂οι τάσδ' ἕδρας φυλάσσομεν,
σίτων ποτω̂ν ἐσθη̂τος, ἀστρώτῳ πέδῳ
πλευρὰς τιθέντες· ἐκ γὰρ ἐσφραγισμένοι
δόμων καθήμεθ' ἀπορίᾳ σωτηρίας. 
Φίλων δὲ τοὺς μὲν οὐ σαφει̂ς ὁρω̂ φίλους, 55
οἳ δ' ὄντες ὀρθω̂ς ἀδύνατοι προσωφελει̂ν.
Τοιου̂τον ἀνθρώποισιν ἡ δυσπραξία·
ἡ̂ς μήποθ' ὅστις καὶ μέσως εὔνους ἐμοὶ
τύχοι, φίλων ἔλεγχον ἀψευδέστατον.

HÉRACLÈS FURIEUX

AMPHITRYON
Qui des mortels ne connaît pas celui dont Zeus a partagé la couche conjugale, l'Argien Amphitryon, qu'engendra jadis Alcée (191), le fils de Persée, et qui est le père d'Héraclès ? Vous le voyez ici. Il habite cette ville, Thèbes, où, née de la terre, a germé la moisson des Spartes (192) : de leur race Arès ne sauva qu'un petit nombre, qui peuplent des enfants de leurs enfants la ville de Cadmos. C'est d'eux qu'est issu Créon, fils de Ménoecée, roi de ce pays. Or Créon est le père de Mégara que voici et que tous les Cadméens, aux chants d'hyménée, ont escortée avec la flûte, dans l'allégresse, quand à mon palais l'illustre Héraclès l'a conduite.
Ayant quitté Thèbes, où j'ai fixé ma demeure, et Mégara et ses beaux-parents, mon fils aspire à habiter Argos, et la ville cyclopéenne (193). J'en suis exilé pour avoir tué Électryon (194); mais pour adoucir mon infortune et me ramener dans ma patrie, il a offert à Eurysthée comme prix de mon retour - prix bien élevé - de purger de ses monstres la terre; c'est qu'Héra (195) l'avait dompté de son aiguillon, ou que le voulait ainsi la fatalité. Ses autres travaux, il en est venu à bout; mais, dernier exploit, par la bouche du Ténare (196) il est allé chez Hadès pour amener à la lumière le chien aux trois corps; il n'en est pas revenu.
Or, suivant une vieille tradition des Cadméens, il y a eu jadis un certain Lycos, époux de Dircé (197), qui était le maître de cette Ville aux Sept Tours avant que ne fussent rois de ce pays les jumeaux aux blancs coursiers (198), Amphion et Zéthos, nés de Zeus. Un fils de ce Lycos, qui porte le même nom que son père et qui n'est pas Cadméen, mais vient de l'Eubée, a tué Créon, et par ce meurtre s'est rendu souverain du pays, profitant de la sédition qui troublait cette cité pour tomber sur elle. Pour nous, cette alliance qui nous unit à Créon sera l'origine, semble-t-il, du plus grand des malheurs. Car pendant que mon fils est dans les entrailles de la terre, lui, le nouveau maître de ce pays, Lycos, veut faire périr les fils d'Héraclès après avoir tué, pour éteindre le meurtre par le meurtre, et son épouse et moi-même, s'il faut me compter encore parmi les hommes, moi, un vieillard inutile (199). Il craint qu'un jour ces enfants, devenus hommes, ne lui demandent compte du sang de leur aïeul maternel. Et moi - car mon fils m'a laissé dans ce palais pour élever ses enfants et garder sa demeure pendant qu'il descendait dans les ténèbres mystérieuses de la terre, mon pauvre fils ! - moi, avec leur mère, pour arracher à la mort les enfants d'Héraclès, je reste assis à cet autel de Zeus-Sauveur, qu'a élevé, en souvenir des glorieuses victoires de sa lance, après avoir triomphé des Minyens (200), mon noble fils. Nous demeurons sur ces marches, dénués de tout, d'aliments, de boisson, de vêtements; sur le sol nu nous reposons nos flancs : on nous a chassés, on a scellé (201) les portes du palais et nous sommes ici prostrés, désespérant du salut. De mes amis, les uns ne sont pas des amis sûrs, je le vois bien; et ceux qui le sont vraiment ne peuvent rien pour nous aider. Voilà ce qu'est pour les hommes l'adversité. Puisse-t-elle épargner toujours quiconque me veut un tant soit peu de bien! elle est de l'amitié la pierre de touche qui trompe le moins.

 

Μεγάρα 
̓̂ πρέσβυ, Ταφίων ὅς ποτ' ἐξει̂λες πόλιν 60
στρατηλατήσας κλεινὰ Καδμείων δορός,
ὡς οὐδὲν ἀνθρώποισι τω̂ν θείων σαφές.
̓γὼ γὰρ οὔτ' ἐς πατέρ' ἀπηλάθην τύχης,
ὃς οὕνεκ' ὄλβου μέγας ἐκομπάσθη ποτέ, 
ἔχων τυραννίδ', ἡ̂ς μακραὶ λόγχαι πέρι 65
πηδω̂σ' ἔρωτι σώματ' εἰς εὐδαίμονα,
ἔχων δὲ τέκνα· κἄμ' ἔδωκε παιδὶ σῳ̂
ἐπίσημον εὐνὴν Ἡρακλει̂ συνοικίσας.
Καὶ νυ̂ν ἐκει̂να μὲν θανόντ' ἀνέπτατο, 
ἐγὼ δὲ καὶ σὺ μέλλομεν θνῄσκειν, γέρον, 70
Οἵ θ' Ἡράκλειοι παι̂δες, οὓς ὑπὸ πτεροι̂ς
σῴζω νεοσσοὺς ὄρνις ὣς ὑφειμένη.
οἳ δ' εἰς ἔλεγχον ἄλλος ἄλλοθεν πίτνων,
μη̂τερ, αὐδᾳ̂, ποι̂ πατὴρ ἄπεστι γη̂ς; 
τί δρᾳ̂, πόθ' ἥξει; τῳ̂ νέῳ δ' ἐσφαλμένοι 75
ζητου̂σι τὸν τεκόντ'· ἐγὼ δὲ διαφέρω
λόγοισι, μυθεύουσα. Θαυμάζων δ' ὅταν
πύλαι ψοφω̂σι, πα̂ς ἀνίστησιν πόδα,
ὡς πρὸς πατρῳ̂ον προσπεσούμενοι γόνυ. 
Νυ̂ν οὐ̂ν τίν' ἐλπίδ' ἢ πέδον σωτηρίας 80
ἐξευμαρίζῃ, πρέσβυ; πρὸς σὲ γὰρ βλέπω.
ὡς οὔτε γαίας ὅρι' ἂν ἐκβαι̂μεν λάθρᾳ·
φυλακαὶ γὰρ ἡμω̂ν κρείσσονες κατ' ἐξόδους·
οὔτ' ἐν φίλοισιν ἐλπίδες σωτηρίας 
ἔτ' εἰσὶν ἡμι̂ν. ̔́ντιν' οὐ̂ν γνώμην ἔχεις 85
λέγ' ἐς τὸ κοινόν, μὴ θανει̂ν ἕτοιμον ᾐ̂.
̓Ἀμφιτρύων 88
̓̂̓̂ θύγατερ, οὔτοι ῥᾴδιον τὰ τοιάδε
φαύλως παραινει̂ν, σπουδάσαντ' ἄνευ πόνου· 
χρόνον δὲ μηκύνωμεν ὄντες ἀσθενει̂ς. 87
Μεγάρα 
Λύπης τι προσδει̂ς ἢ φιλει̂ς οὕτω φάος; 90
Ἀμφιτρύων
Καὶ τῳ̂δε χαίρω καὶ φιλω̂ τὰς ἐλπίδας.
Μεγάρα
Κἀγώ· δοκει̂ν δὲ τἀδόκητ' οὐ χρή, γέρον.
Ἀμφιτρύων
ν ται̂ς ἀναβολαι̂ς τω̂ν κακω̂ν ἔνεστ' ἄκη.
Μεγάρα
̔ δ' ἐν μέσῳ με λυπρὸς ὢν δάκνει χρόνος.
Ἀμφιτρύων 
Γένοιτο ἂν, ὠ̂ θύγατερ, οὔριος δρόμος 95
ἐκ τω̂ν παρόντων τω̂νδ' ἐμοὶ καὶ σοὶ κακω̂ν,
ἔλθοι τ' ἔτ' ἂν παι̂ς οὑμός, εὐνήτωρ δὲ σός.
̓λλ' ἡσύχαζε καὶ δακρυρρόους τέκνων
πηγὰς ἀφαίρει καὶ παρευκήλει λόγοις, 
κλέπτουσα μύθοις ἀθλίους κλοπὰς ὅμως. 100
Κάμνουσι γάρ τοι καὶ βροτω̂ν αἱ συμφοραί,
καὶ πνεύματ' ἀνέμων οὐκ ἀεὶ ῥώμην ἔχει·
οἵ τ' εὐτυχου̂ντες διὰ τέλους οὐκ εὐτυχει̂ς.
̓ξίσταται γὰρ πάντ' ἀπ' ἀλλήλων δίχα. 
οὑ̂τος δ' ἀνὴρ ἄριστος ὅστις ἐλπίσι 105
πέποιθεν αἰεί· τὸ δ' ἀπορει̂ν ἀνδρὸς κακου̂.

MÉGARA
O vieillard, qui as détruit jadis la cité des Taphiens quand tu commandais avec gloire à l'armée des Cadméens, les dieux pour les hommes n'ont jamais de faveur qui soit sûre. Ainsi moi, du côté de mon père, je n'étais pas exclue des faveurs de la Fortune : on vantait son opulence et sa puissance, autrefois; il avait la royauté, qui excite la convoitise et les assauts des longues lances contre la personne des princes heureux; il avait des enfants. Il me donna à ton fils, mariage insigne, et je vivais au foyer d'Héraclès. Maintenant tout ce bonheur est mort, s'est envolé. Toi et moi, nous allons mourir, vieillard, avec les enfants d'Héraclès que sous mes ailes j'abrite comme fait la poule sa couvée. Eux, pour m'interroger, à l'envi se pressent contre moi : « O mère, disent-ils, en quel lieu de la terre notre père est-il allé ? Que fait-il ? Quand reviendra-t-il ?
Trompés par leur innocence, ils cherchent leur père. Moi, je détourne leur pensée en leur contant des fables. Au moindre bruit de la porte, ils tressaillent; chacun se dresse et s'élance pour se jeter aux genoux de son père.
Maintenant, quel espoir as-tu encore ? Quel lieu de salut découvres-tu, vieillard ? car c'est vers toi que je tourne mes regards. Nous ne pourrions franchir les frontières du pays en secret : des gardes, plus forts que nous, ferment tous les passages. Nous n'avons plus d'amis en qui mettre nos espoirs de salut. Quel est ton avis ? Fais-nous-en part. La mort nous attend : ne cherchons pas à gagner du temps, faibles comme nous le sommes.
AMPHITRYON
O ma fille, il n'est pas facile de donner sans réfléchir de tels conseils, et l'empressement ne va pas sans dangers.
MÉGARA
Que manque-t-il donc à ta souffrance ? Tu aimes tant la lumière ?
AMPHITRYON
Oui, elle m'est douce, et j'aime à espérer (203).
MÉGARA
Moi aussi, mais il ne faut pas croire à l'impossible, vieillard.
AMPHITRYON
Les délais sont autant de remèdes aux malheurs.
MÉGARA
Mais l'attente est cruelle et me déchire le coeur.
AMPHITRYON
Il se peut, ô ma fille, qu'un vent favorable nous éloigne de nos maux présents, toi et moi, et que revienne encore mon fils, ton mari. Allons! calme-toi; arrête ces flots de larmes que versent tes enfants; console-les; trompe leurs chagrins par tes récits mensongers, il le faut. Le malheur même se lasse; les souffles du vent n'ont pas toujours leur violence et les favoris du sort finissent par perdre ses faveurs. Il n'y a sur terre que des changements et des retours (204). L'homme le plus grand est celui qui à l'espoir garde toujours sa confiance; désespérer est d'un lâche.
Le choeur, quinze vieillards compagnons d'armes d'Amphitryon, gravit les marches de la scène.

Χορός
̔πώροφα μέλαθρα καὶ
γεραιὰ δέμνι', ἀμφὶ βάκτροις
ἔρεισμα θέμενος, ἐστάλην 
ἰηλέμων γόων ἀοι- 110
δὸς ὥστε πολιὸς ὄρνις,
ἔπεα μόνον καὶ δόκη-
μα νυκτερωπὸν ἐννύχων ὀνείρων,
τρομερὰ μέν, ἀλλ' ὅμως πρόθυμ'.
̓̂ τέκεα, τέκεα πατρὸς ἀπάτορ', 
ὠ̂ γεραιὲ σύ τε τάλαινα μα̂- 115
τερ, ἃ τὸν Ἀίδα δόμοις
πόσιν ἀναστενάζεις. 
Μὴ προκάμητε πόδα βαρύ τε 
κω̂λον ὥστε πρὸς πετραι̂ον 120
λέπας † ζυγηφόρον πω̂λον
ἀνέντες ὡς βάρος φέρον
τροχηλάτοιο πώλου †.
Λαβου̂ χερω̂ν καὶ πέπλων,
ὅτου λέλοιπε ποδὸς ἀμαυρὸν ἰχνος· 125
γέρων γέροντα παρακόμιζ', 
ᾡ̂ ξύνοπλα δόρατα νέα νέῳ 127
τὸ πάρος ἐν ἡλίκων πόνοις 126
ξυνη̂ν ποτ', εὐκλεεστάτας 128
πατρίδος οὐκ ὀνείδη.
δετε, πατέρος ὡς γορ-
γω̂πες αἵδε προσφερει̂ς
ὀμμάτων αὐγαί,
τὸ δὲ κακοτυχὲς οὐ λέλοιπεν ἐκ τέκνων
οὐδ' ἀποίχεται χάρις. 135
Ἑλλὰς ὠ̂ ξυμμάχους
οἵους οἵους ὀλέσα-
σα τούσδ' ἀποστερήσῃ. 
λλ' εἰσορω̂ γὰρ τη̂σδε κοίρανον χθονὸς
Λύκον περω̂ντα τω̂νδε δωμάτων πέλας.

LE CHOEUR
Strophe. — Vers le palais au toit élevé et la couche du vieillard (205), sur des bâtons prenant appui, je me suis mis en marche en chantant de tristes complaintes comme un cygne chenu (206). le ne suis plus que paroles et qu'une apparition à visage de nuit des nocturnes songes, tremblant, mais pour-tant plein de coeur. (Apercevant les enfants.) O enfants, enfants orphelins d'un père ! ô vieillard et toi, malheureuse mère qui gémis sur ton époux captif dans les demeures d'Hadès !

 

Antistrophe. — Ne fatiguez pas d'avance votre pied et vos membres alourdis comme si vous lâchiez vers une cime rocheuse un pur-sang attelé au chariot pour qu'il emporte un fardeau... (Texte altéré.)... Prends les mains et le vêtement de celui que laisse en arrière son pied affaibli par l'âge. Vieillard, conduis un vieillard : autrefois, compagnons de même âge, dans les travaux de la guerre, jeunes nous avons uni nos jeunes lances, jadis; et notre patrie tout enrichie de gloire, nous ne l'avons pas déshonorée.

 

Épode. — Voyez : du regard de leur père ce sont les éclairs qu'ils portent dans leurs yeux brillants. L'infortune ne les épargne pas depuis leur enfance, mais non plus la grâce ne les a pas abandonnés. O Grèce, de quels défenseurs, de quels défenseurs, en les perdant, tu seras privée!

LE CORYPHÉE
Mais assez. Car je vois venir le roi de ce pays, Lycos; il s'approche de ce palais.

Entre Lycos, en habits royaux, suivi de gardes.

Λύκος
Τὸν Ἡράκλειον πατέρα καὶ ξυνάορον, 140
εἰ χρή μ', ἐρωτω̂· χρὴ δ', ἐπεί γε δεσπότης
ὑμω̂ν καθέστηχ', ἱστορει̂ν ἃ βούλομαι.
Vίν' ἐς χρόνον ζητει̂τε μηκυ̂ναι βίον;
τίν' ἐλπίδ' ἀλκήν τ' εἰσορα̂τε μὴ θανει̂ν;
ἢ τὸν παρ' ̔́Αιδῃ πατέρα τω̂νδε κείμενον 145
πιστεύεθ' ἥξειν; ὡς ὑπὲρ τὴν ἀξίαν
τὸ πένθος αἰρεσθ', εἰ θανει̂ν ὑμα̂ς χρεών,
σὺ μὲν καθ' Ἑλλάδ' ἐκβαλὼν κόμπους κενούς,
ὡς σύγγαμός σοι Ζεὺς τέκ<νου τε κ>οινεών,
σὺ δ' ὡς ἀρίστου φωτὸς ἐκλήθης δάμαρ. 150
Τί δὴ τὸ σεμνὸν σῳ̂ κατείργασται πόσει,
ὕδραν ἕλειον εἰ διώλεσε κτανὼν
ἢ τὸν Νέμειον θη̂ρα; ὃν ἐν βρόχοις ἑλὼν
βραχίονός φησ' ἀγχόναισιν ἐξελει̂ν.
Τοι̂σδ' ἐξαγωνίζεσθε; τω̂νδ' ἄρ' οὕνεκα 155
τοὺς Ἡρακλείους παι̂δας οὐ θνῄσκειν χρεών;
ὃς ἔσχε δόξαν οὐδὲν ὢν εὐψυχίας
θηρω̂ν ἐν αἰχμῃ̂, τἄλλα δ' οὐδὲν ἄλκιμος,
ὃς οὔποτ' ἀσπίδ' ἔσχε πρὸς λαιᾳ̂ χερὶ
οὐδ' ἠ̂λθε λόγχης ἐγγύς, ἀλλὰ τόξ' ἔχων,160
κάκιστον ὅπλον, τῃ̂ φυγῃ̂ πρόχειρος ἠ̂ν.
̓νδρὸς δ' ἔλεγχος οὐχὶ τόξ' εὐψυχίας,
ἀλλ' ὃς μένων βλέπει τε κἀντιδέρκεται
δορὸς ταχει̂αν ἄλοκα τάξιν ἐμβεβώς.
̓́χει δὲ τοὐμὸν οὐκ ἀναίδειαν, γέρον,165
ἀλλ' εὐλάβειαν· οἰ̂δα γὰρ κατακτανὼν
Κρέοντα πατέρα τη̂σδε καὶ θρόνους ἔχων.
Οὔκουν τραφέντων τω̂νδε τιμωροὺς ἐμοὺς
χρῄζω λιπέσθαι τω̂ν δεδραμένων δίκην.
 Ἀμφιτρύων
Τῳ̂ του̂ Διὸς μὲν Ζεὺς ἀμυνέτω μέρει 170
παιδός· τὸ δ' εἰς ἔμ', Ἡράκλεις, ἐμοὶ μέλει
λόγοισι τὴν του̂δ' ἀμαθίαν ὑπὲρ σέθεν
δει̂ξαι· κακω̂ς γάρ σ' οὐκ ἐατέον κλύειν.
Πρω̂τον μὲν οὐ̂ν τἄρρητ' -- ἐν ἀρρήτοισι γὰρ
τὴν σὴν νομίζω δειλίαν, Ἡράκλεες -- 175
σὺν μάρτυσιν θεοι̂ς δει̂ μ' ἀπαλλάξαι σέθεν.
Διὸς κεραυνόν τ' ἠρόμην τέθριππά τε,
ἐν οἱ̂ς βεβηκὼς τοι̂σι γη̂ς βλαστήμασιν
Γίγασι πλευροι̂ς πτήν' ἐναρμόσας βέλη
τὸν καλλίνικον μετὰ θεω̂ν ἐκώμασεν· 180
τετρασκελές θ' ὕβρισμα, Κενταύρων γένος,
Φολόην ἐπελθών, ὠ̂ κάκιστε βασιλέων,
ἐρου̂ τίν' ἄνδρ' ἄριστον ἐγκρίνειαν ἄν,
ἢ οὐ παι̂δα τὸν ἐμόν, ὃν σὺ φῂς εἰ̂ναι δοκει̂ν.
Δίρφυν τ' ἐρωτω̂ν ἥ σ' ἔθρεψ' Ἀβαντίδα, 185
οὐκ ἄν σ' ἐπαινέσειεν· οὐ γὰρ ἔσθ' ὅπου
ἐσθλόν τι δράσας μάρτυρ' ἂν λάβοις πάτραν.
Τὸ πάνσοφον δ' εὕρημα, τοξήρη σαγήν,
μέμφῃ· κλύων νυ̂ν τἀπ' ἐμου̂ σοφὸς γενου̂.
νὴρ ὁπλίτης δου̂λός ἐστι τω̂ν ὅπλων 190
καὶ τοι̂σι συνταχθει̂σιν οὐ̂σι μὴ ἀγαθοι̂ς
αὐτὸς τέθνηκε δειλίᾳ τῃ̂ τω̂ν πέλας,
θραύσας τε λόγχην οὐκ ἔχει τῳ̂ σώματι
θάνατον ἀμυ̂ναι, μίαν ἔχων ἀλκὴν μόνον·
ὅσοι δὲ τόξοις χει̂ρ' ἔχουσιν εὔστοχον, 195
ἓν μὲν τὸ λῳ̂στον, μυρίους οἰστοὺς ἀφεὶς
ἄλλοις τὸ σω̂μα ῥύεται μὴ κατθανει̂ν,
ἑκὰς δ' ἀφεστὼς πολεμίους ἀμύνεται
τυφλοι̂ς ὁρω̂ντας οὐτάσας τοξεύμασιν
τὸ σω̂μά τ' οὐ δίδωσι τοι̂ς ἐναντίοις, ͅ200
ἐν εὐφυλάκτῳ δ' ἐστί· του̂το δ' ἐν μάχη
σοφὸν μάλιστα, δρω̂ντα πολεμίους κακω̂ς
σῴζειν τὸ σω̂μα, μὴ 'κ τύχης ὡρμισμένον.
Λόγοι μὲν οἵδε τοι̂σι σοι̂ς ἐναντίαν
γνώμην ἔχουσι τω̂ν καθεστώτων πέρι. 205
Παι̂δας δὲ δὴ τί τούσδ' ἀποκτει̂ναι θέλεις;
τί σ' οἵδ' ἔδρασαν; ἕν τί σ' ἡγου̂μαι σοφόν,
εἰ τω̂ν ἀρίστων τἄκγον' αὐτὸς ὢν κακὸς
δέδοικας. ̓λλὰ του̂θ' ὅμως ἡμι̂ν βαρύ,
εἰ δειλίας ση̂ς κατθανούμεθ' εἵνεκα, 210
ὃ χρη̂ν σ' ὑφ' ἡμω̂ν τω̂ν ἀμεινόνων παθει̂ν,
εἰ Ζεὺς δικαίας εἰ̂χεν εἰς ἡμα̂ς φρένας.
εἰ δ' οὐ̂ν ἔχειν γη̂ς σκη̂πτρα τη̂σδ' αὐτὸς θέλεις,
ἔασον ἡμα̂ς φυγάδας ἐξελθει̂ν χθονός·
βίᾳ δὲ δράσῃς μηδέν, ἢ πείσῃ βίαν,215
ὅταν θεου̂ σοι πνευ̂μα μεταβαλὸν τύχη.
Φευ̂·
ὠ̂ γαι̂α Κάδμου· καὶ γὰρ ἐς σὲ ἀφίξομαι
λόγους ὀνειδιστη̂ρας ἐνδατούμενος·
τοιαυ̂τ' ἀμύνεθ' Ἡρακλει̂ τέκνοισί τε;
ὃς εἱ̂ς Μινύαισι πα̂σι διὰ μάχης μολὼν 220
Θήβαις ἔθηκεν ὄμμ' ἐλεύθερον βλέπειν.
Οὐδ' Ἑλλάδ' ᾔνεσ', οὐδ' ἀνέξομαί ποτε
σιγω̂ν, κακίστην λαμβάνων ἐς παι̂δ' ἐμόν,
ἣν χρη̂ν νεοσσοι̂ς τοι̂σδε πυ̂ρ λόγχας ὅπλα
φέρουσαν ἐλθει̂ν, ποντίων καθαρμάτων 225
χέρσου τ' ἀμοιβάς, ̔̂ν ἐμόχθησας χάριν.
Τὰ δ', ὠ̂ τέκν', ὑμι̂ν οὔτε Θηβαίων πόλις
οὔθ' Ἑλλὰς ἀρκει̂· πρὸς δ' ἔμ' ἀσθενη̂ φίλον
δεδόρκατ', οὐδὲν ὄντα πλὴν γλώσσης ψόφον.
ῥώμη γὰρ ἐκλέλοιπεν ἣν πρὶν εἰχομεν, 230
γήρᾳ δὲ τρομερὰ γυι̂α κἀμαυρὸν σθένος.
εἰ δ' ἠ̂ νέος τε κἄτι σώματος κρατω̂ν,
λαβὼν ἂν ἔγχος του̂δε τοὺς ξανθοὺς πλόκους
καθῃμάτωσ' ἄν, ὥστ' Ἀτλαντικω̂ν πέραν
φεύγειν ὅρων ἂν δειλίᾳ τοὐμὸν δόρυ. 235

LYCOS (à Amphitryon et Mégara)
Vous, le père et la femme d'Héraclès, puisque j'en ai le droit, je vais vous interroger. Oui, j'ai le droit, puisque je suis votre maître, de vous poser les questions que je veux. Combien de temps chercherez-vous à prolonger votre vie? Quel espoir, quel secours apercevez-vous contre la mort ? (Montrant les enfants.) Leur père gît dans l'Hadès : avez-vous foi en son retour ? Allons, est-ce la peine d'outrer à ce point votre douleur dans la nécessité où vous êtes de mourir, tout en colportant par la Grèce ces vaines pré-tentions, (à Amphitryon) toi d'avoir partagé avec Zeus ta couche conjugale et ta paternité, (à Mégara) toi d'être appelée l'épouse du plus vaillant des hommes ? Quel exploit si imposant a donc accompli ton époux en tuant l'hydre du marais (207) ou la bête de Némée ? Il l'a prise dans ses filets : et il prétend l'avoir étouffée dans ses bras! Voilà les arguments avec quoi vous luttez ? Voilà donc pourquoi les fils d'Héraclès ne devraient pas mourir? Il s'est acquis une réputation de bravoure — lui un homme de rien — à lutter contre des bêtes. Mais pour le reste, nullement courageux. Jamais il n'a tenu de bouclier à son bras gauche, ni affronté une lance; mais portant un arc, la plus lâche des armes, il était toujours prêt à la fuite. Ce qui prouve la bravoure d'un guerrier, ce n'est pas le tir à l'arc, c'est d'attendre, l'oeil clair, en regardant bien en face, l'assaut que donne un champ de lances, et de rester à son poste.
Ma conduite ne comporte pas de ressentiment, vieillard, seulement de la prudence (208). Je sais que j'ai tué Créon, le père de cette femme, et que j'occupe son trône : je ne veux donc pas laisser grandir ces enfants pour qu'ils se vengent et me punissent de ce que j'ai fait.

AMPHITRYON
Que Zeus défende la part qu'a Zeus à la naissance de mon fils. Pour moi, Héraclès, j'ai à coeur de montrer par des paroles la sottise de cet individu en ce qui te concerne; car je ne dois pas te laisser outrager.
D'abord il est des griefs impies — et je mets au nombre des accusations impies celle qu'on t'adresse de lâcheté, Héraclès — qu'avec le témoignage des dieux je dois écarter de toi. J'interroge la foudre de Zeus et le quadrige (209) qu'Héraclès montait quand, aux flancs des Fils de la Terre, des Géants, son adresse enfonça des traits ailés, glorieux triomphe qu'il a célébré avec les dieux. J'interroge les insolents Quadrupèdes, la race des Centaures. Va-t'en à Pholoé (210), ô le plus lâche des rois; demande-lui l'homme à qui elle décernerait le prix du courage. N'est-ce pas à mon fils, qui, d'après toi, n'en a que la réputation ? Interroge Dirphys (211) dans l'île des Abantes qui t'a élevé : ce n'est pas ton éloge qu'elle ferait. Il n'est pas un endroit où tu aies accompli un exploit dont puisse rendre témoignage ta patrie.
Quant à cette invention toute de génie, l'équipement de l'archer, tu la dénigres ? Écoute-moi bien et instruis-toi. Un hoplite pesamment armé est esclave de ses armes, et quand ses compagnons de rang ne sont pas braves, il périt, lui, par la lâcheté de ses voisins. Brise-t-il sa lance, il ne peut écarter la mort, car il n'a que cette seule défense. Mais celui dont la main est habile à tirer de l'arc avec précision — et l'avantage est unique — après avoir lancé mille traits, en a d'autres pour se garantir de la mort. Se tenant à distance il écarte les ennemis qui voient d'aveugles traits les blesser. Il n'expose pas son corps à ses adversaires; il est bien en sûreté. Or telle est dans le combat la suprême habileté : faire du mal à l'ennemi tout en préservant son corps et sans dépendre de la for-tune. Voilà les raisons que j'oppose à ton opinion, sur ce sujet (212).
Mais ces enfants, pourquoi veux-tu les tuer ? Que t'ont-ils fait ? Évidemment il est un point sur lequel tu montres du bon sens, c'est en craignant, lâche comme tu l'es, la postérité d'un héros. Mais il n'en est pas moins cruel pour nous de mourir victimes de ta couardise, quand c'est nous, les meilleurs, qui devrions te donner la mort si Zeus avait pour nous de justes sentiments. Si tu veux garder pour toi le sceptre de ce pays, laisse-nous quitter cette terre pour l'exil. N'emploie pas la violence, ou tu subiras la violence quand la divinité tournera contre toi le vent de la fortune.

 

 

Hélas! O terre de Cadmos — car j'en viens à t'adresser aussi ta part de reproches — est-ce ainsi que tu défends Héraclès et ses enfants ? Seul (213) contre tous les Minyens il a marché au combat; il a donné à Thèbes le regard d'un être libre. Je ne loue pas non plus la Grèce — et je ne pourrai jamais m'en taire — quand je la trouve si ingrate envers mon fils. Elle devait à ces petits venir apporter le secours du feu, de la lance, des armes, pour le récompenser d'avoir purgé et les mers et la terre, par reconnaissance pour ses travaux. Cette aide, ô mes enfants, ni la cité des Thébains, ni la Grèce ne vous l'offre; et c'est vers moi, un ami sans force, que vous tournez les yeux, vers moi qui ne suis rien que vaines paroles. La vigueur m'a quitté, que j'avais autrefois; la vieillesse fait trembler mes membres et ma force est éteinte. Si j'étais encore jeune et maître de mon corps, je saisirais une lance, j'ensanglanterais ses blondes boucles et par-delà les bornes de l'Atlantique (214) il fuirait mon arme, le lâche.

 

Χορός
ρ' οὐκ ἀφορμὰς τοι̂ς λόγοισιν ἁγαθοὶ
θνητω̂ν ἔχουσι, κἂν βραδύς τις ᾐ̂ λέγειν;
Λύκος
Σὺ μὲν λέγ' ἡμα̂ς οἱ̂ς πεπύργωσαι λόγοις,
ἐγὼ δὲ δράσω σ' ἀντὶ τω̂ν λόγων κακω̂ς.
̓́γ', οἳ μὲν Ἑλικω̂ν', οἳ δὲ Παρνασου̂ πτυχὰς 240
τέμνειν ἄνωχθ' ἐλθόντες ὑλουργοὺς δρυὸς
κορμούς· ἐπειδὰν δ' ἐσκομισθω̂σιν πόλει,
βωμὸν πέριξ νήσαντες ἀμφήρη ξύλα
ἐμπίμπρατ' αὐτω̂ν καὶ πυρου̂τε σώματα
πάντων, ἵν' εἰδω̂σ' οὕνεκ' οὐχ ὁ κατθανὼν 245
κρατει̂ χθονὸς τη̂σδ', ἀλλ' ἐγὼ τὰ νυ̂ν τάδε.
̔μει̂ς δέ, πρέσβεις, ται̂ς ἐμαι̂ς ἐναντίοι
γνώμαισιν ὄντες, οὐ μόνον στενάξετε
τοὺς Ἡρακλείους παι̂δας, ἀλλὰ καὶ δόμου
τύχας, ὅταν πάσχῃ τι, μεμνήσεσθε δὲ 250
δου̂λοι γεγω̂τες τη̂ς ἐμη̂ς τυραννίδος.
Χορός
γῆς λοχεύμαθ', οὓς ῎Αρης σπείρει ποτὲ
λάβρον δράκοντος ἐξερημώσας γένυν,
οὐ σκῆπτρα, χειρὸς δεξιᾶς ἐρείσματα,
ἀρεῖτε καὶ τοῦδ' ἀνδρὸς ἀνόσιον κάρα 255
καθαιματώσεθ', ὅστις οὐ Καδμεῖος ὢν
ἄρχει κάκιστος τῶν νέων ἔπηλυς ὤν;
λλ' οὐκ ἐμοῦ γε δεσπόσεις χαίρων ποτέ.
οὐδ' ἁπόνησα πόλλ' ἐγὼ καμὼν χερὶ
ἕξεις. ἀπέρρων δ' ἔνθεν ἦλθες ἐνθάδε, 260
ὕβριζ'. ἐμοῦ γὰρ ζῶντος οὐ κτενεῖς ποτε
τοὺς ῾Ηρακλείους παῖδας. οὐ τοσόνδε γῆς
ἔνερθ' ἐκεῖνος κρύπτεται λιπὼν τέκνα.
πεὶ σὺ μὲν γῆν τήνδε διολέσας ἔχεις,
ὃ δ' ὠφελήσας ἀξίων οὐ τυγχάνει. 265
κἄπειτα πράσσω πόλλ' ἐγώ, φίλους ἐμοὺς
θανόντας εὖ δρῶν, οὗ φίλων μάλιστα δεῖ;
δεξιὰ χείρ, ὡς ποθεῖς λαβεῖν δόρυ,
ἐν δ' ἀσθενείᾳ τὸν πόθον διώλεσας.
πεί σ' ἔπαυσ' ἂν δοῦλον ἐννέποντά με 270
καὶ τάσδε Θήβας εὐκλεῶς ᾠκήσαμεν.
ἐν αἷς σὺ χαίρεις· οὐ γὰρ εὖ φρονεῖ πόλις
στάσει νοσοῦσα καὶ κακοῖς βουλεύμασιν.
οὐ γάρ ποτ' ἂν σὲ δεσπότην ἐκτήσατο.

LE CORYPHÉE
N'est-il pas vrai que les hommes de bien trouvent le moyen (215) de bien parler, lors même qu'ils sont lents à s'exprimer ?
LYCOS
Guinde-toi tant que tu voudras, en paroles; moi, j'agirai, en réponse à tes discours, et bien.
(A ses gardes.) Allez, vous sur l'Hélicon, vous aux vallons du Parnasse (216); donnez l'ordre aux bûcherons de couper des branches de chêne, et quand on les aura transportées à la ville, entassez le bois autour de l'autel, mettez-y le feu et brûlez les corps de tous ces gens (217) pour leur apprendre que ce n'est pas le mort (218) qui règne sur ce pays, mais moi, maintenant.
Et vous, vieillards, qui vous montrez opposés à mes desseins, vous n'aurez pas à pleurer seulement les enfants d'Héraclès, mais encore le sort de votre maison, quand il lui arrivera malheur : vous vous souviendrez que vous êtes les esclaves de ma royauté.
LE CORYPHÉE (menaçant)
O enfants de la Terre, qu'Arès a fait naître jadis en semant les dents arrachées à la gueule vorace du dragon (219), que ne levez-vous vos bâtons, appuis de votre droite, pour ensanglanter la tête impie de cet homme qui, sans être Cadméen, commande — quel lâche! — à notre jeunesse, lui un intrus ? Mais, sur moi du moins tu n'exerceras pas impunément ton pouvoir, et les biens qui ont coûté à mon bras tant de travaux et de fatigues, tu ne les auras pas. Va-t'en à la malheure! Retourne là-bas, d'où tu viens! Exerces-y ton insolence! Moi vivante tu ne tueras jamais les fils d'Héraclès. Il n'est pas caché si profondément sous la terre < que je l'oublie > : il a laissé des enfants. Toi, tu as ruiné cette terre que tu gouvernes; lui, qui l'a sauvée, n'a pas le sort qu'il mérite. Et ensuite je fais trop de zèle, moi, en me montrant dévoué à un ami mort, quand il a plus que jamais besoin d'amis !O ma droite, comme tu désires prendre une lance! Mais ma faiblesse anéantit mon désir. Autrement, je t'aurais empêché de m'appeler esclave et nous habiterions avec honneur cette Thèbes où toi tu jouis du bonheur. Il n'y a plus de sagesse dans cette cité atteinte par la discorde et les mauvais conseils ! Sinon, elle ne t'aurait jamais accepté pour maître.

 

Μεγάρα
Γέροντες, αἰνῶ· τῶν φίλων γὰρ οὕνεκα 275
ὀργὰς δικαίας τοὺς φίλους ἔχειν χρεών·
ἡμῶν δ' ἕκατι δεσπόταις θυμούμενοι
πάθητε μηδέν. Τῆς δ' ἐμῆς, ᾿Αμφιτρύων,
γνώμης ἄκουσον, ἤν τί σοι δοκῶ λέγειν.
γὼ φιλῶ μὲν τέκνα· πῶς γὰρ οὐ φιλῶ 280
ἅτικτον, ἁμόχθησα; καὶ τὸ κατθανεῖν
δεινὸν νομίζω· τῷ δ' ἀναγκαίῳ τρόπῳ
ὃς ἀντιτείνει σκαιὸν ἡγοῦμαι βροτόν.
μᾶς δ', ἐπειδὴ δεῖ θανεῖν, θνῄσκειν χρεὼν
μὴ πυρὶ καταξανθέντας, ἐχθροῖσιν γέλων 285
διδόντας, οὑμοὶ τοῦ θανεῖν μεῖζον κακόν.
φείλομεν γὰρ πολλὰ δώμασιν καλά·
σὲ μὲν δόκησις ἔλαβεν εὐκλεὴς δορός,
ὥστ' οὐκ ἀνεκτὸν δειλίας θανεῖν σ' ὕπο·
οὑμὸς δ' ἀμαρτύρητος εὐκλεὴς πόσις, 290
ὡς τούσδε παῖδας οὐκ ἂν ἐκσῶσαι θέλοι
δόξαν κακὴν λαβόντας· οἱ γὰρ εὐγενεῖς
κάμνουσι τοῖς αἰσχροῖσι τῶν τέκνων ὕπερ,
ἐμοί τε μίμημ' ἀνδρὸς οὐκ ἀπωστέον.
Σκέψαι δὲ τὴν σὴν ἐλπίδ' ᾗ λογίζομαι· 295
ξειν νομίζεις παῖδα σὸν γαίας ὕπο;
καὶ τίς θανόντων ἦλθεν ἐξ ῞Αιδου πάλιν;
ἀλλ' ὡς λόγοισι τόνδε μαλθάξαιμεν ἄν;
ἥκιστα· φεύγειν σκαιὸν ἄνδρ' ἐχθρὸν χρεών,
σοφοῖσι δ' εἴκειν καὶ τεθραμμένοις καλῶς· 300
ῥᾷον γὰρ αἰδοῦς ὑπολαβὼν φίλ' ἂν τέμοις.
δη δ' ἐσῆλθέ μ' εἰ παραιτησαίμεθα
φυγὰς τέκνων τῶνδ'· ἀλλὰ καὶ τόδ' ἄθλιον,
πενίᾳ σὺν οἰκτρᾷ περιβαλεῖν σωτηρίαν·
ὡς τὰ ξένων πρόσωπα φεύγουσιν φίλοις 305
ἓν ἦμαρ ἡδὺ βλέμμ' ἔχειν φασὶν μόνον.
Τόλμα μεθ' ἡμῶν θάνατον, ὃς μένει σ' ὅμως.
προκαλούμεθ' εὐγένειαν, ὦ γέρον, σέθεν.
Τὰς τῶν θεῶν γὰρ ὅστις ἐκμοχθεῖ τύχας,
πρόθυμός ἐστιν, ἡ προθυμία δ' ἄφρων· 310
ὃ χρὴ γὰρ οὐδεὶς μὴ χρεὼν θήσει ποτέ.
Χορός
Εἰ μὲν σθενόντων τῶν ἐμῶν βραχιόνων
ἦν τίς σ' ὑβρίζων, ῥᾳδίως ἐπαύσατ' ἄν·
νῦν δ' οὐδέν ἐσμεν. Σὸν δὲ τοὐντεῦθεν σκοπεῖν
ὅπως διώσῃ τὰς τύχας, ᾿Αμφιτρύων. 315

MÉGARA
Vieillards, je vous remercie. C'est ainsi que pour défendre leurs amis les amis doivent montrer de justes colères. Mais en vous irritant à cause de nous contre votre maître, n'allez pas attirer sur vous quelque malheur.
Écoute mon avis, Amphitryon, et vois ce qu'il vaut. J'aime mes enfants — comment ne pas les aimer ? je les ai enfantés dans la douleur — et je trouve la mort une chose terrible. Mais l'homme qui résiste à la nécessité, je le considère comme un être vil. Puisqu'il nous faut mourir, mourons, mais non point dévorés par les flammes, et sans donner à rire à des ennemis, ce qui pour moi est un malheur pire que la mort. Nous avons beaucoup de nobles devoirs envers notre maison : toi, tu t'es acquis par ta lance une réputation glorieuse qui ne te permet pas de mourir lâchement; et faut-il des témoignages pour prouver que mon glorieux époux ne consentirait pas à sauver ses fils au prix de leur honneur ? Les hommes bien nés souffrent des hontes de leurs enfants, et pour moi, je ne dois pas rejeter l'exemple d'un mari.
Quant à ton espérance, examinons-la. Ce que j'en pense ? Tu crois que ton fils sortira de sous la terre ? Mais lequel des morts est revenu de l'Hadès ? Tu penses que nous pourrions fléchir cet homme par nos prières ? Non pas; il faut fuir un ennemi si c'est un vilain, et ne s'incliner que devant l'homme sage et de bonne éducation : de celui-ci, il est plus facile, par la soumission et la réserve, d'obtenir satisfaction (220). Déjà, la pensée m'est venue d'implorer l'exil pour ces enfants. Mais c'est encore un malheur que de les plonger dans une pauvreté lamentable, pour les sauver. Car le visage d'un hôte, pour des amis exilés, ne garde un sourire accueillant qu'un seul jour, dit-on.
Résigne-toi à la mort avec nous, puisqu'elle t'attend, quoi que tu fasses. Nous faisons appel à ta noblesse, ô vieillard. Celui qui lutte pour échapper aux maux envoyés par les dieux est courageux, mais son courage est insensé. Ce qui doit arriver, personne ne l'empêchera jamais d'arriver.

LE CORYPHÉE
Si, au temps où mes bras étaient vigoureux, quelqu'un t'avait fait injure, je n'aurais pas eu de mal à réprimer son insolence. Mais aujourd'hui, je ne suis plus rien. A toi donc, désormais, de chercher un moyen de repousser les coups du sort, Amphitryon.

᾿Αμφιτρύων
Οὔτοι τὸ δειλὸν οὐδὲ τοῦ βίου πόθος
θανεῖν ἐρύκει μ', ἀλλὰ παιδὶ βούλομαι
σῷσαι τέκν'· ἄλλως δ' ἀδυνάτων ἔοικ' ἐρᾶν.
δοὺ πάρεστιν ἥδε φασγάνῳ δέρη
κεντεῖν φονεύειν, ἱέναι πέτρας ἄπο. 320
Μίαν δὲ νῷν δὸς χάριν, ἄναξ, ἱκνούμεθα·
κτεῖνόν με καὶ τήνδ' ἀθλίαν παίδων πάρος,
ὡς μὴ τέκν' εἰσίδωμεν, ἀνόσιον θέαν,
ψυχορραγοῦντα καὶ καλοῦντα μητέρα
πατρός τε πατέρα. Τἄλλα δ', εἰ πρόθυμος εἶ, 325
πρᾶσσ'· οὐ γὰρ ἀλκὴν ἔχομεν ὥστε μὴ θανεῖν.
Μεγάρα
Κἀγώ σ' ἱκνοῦμαι χάριτι προσθεῖναι χάριν,
<ἡμῖν> ἵν' ἀμφοῖν εἷς ὑπουργήσῃς διπλᾶ·
κόσμον πάρες μοι παισὶ προσθεῖναι νεκρῶν,
δόμους ἀνοίξας -- νῦν γὰρ ἐκκεκλῄμεθα -- 330
ὡς ἀλλὰ ταῦτά γ' ἀπολάχωσ' οἴκων πατρός.
Λύκος
σται τάδ'· οἴγειν κλῇθρα προσπόλοις λέγω.
κοσμεῖσθ' ἔσω μολόντες· οὐ φθονῶ πέπλων.
ταν δὲ κόσμον περιβάλησθε σώμασιν,
ἥξω πρὸς ὑμᾶς νερτέρᾳ δώσων χθονί. 335
Μεγάρα
ὦ τέκν', ὁμαρτεῖτ' ἀθλίῳ μητρὸς ποδὶ
πατρῷον ἐς μέλαθρον, οὗ τῆς οὐσίας
ἄλλοι κρατοῦσι, τὸ δ' ὄνομ' ἔσθ' ἡμῶν ἔτι.
᾿Αμφιτρύων
Ζεῦ, μάτην ἄρ' ὁμόγαμόν σ' ἐκτησάμην,
μάτην δὲ παιδὸς κοινεῶν' ἐκλῄζομεν· 340
σὺ δ' ἦσθ' ἄρ' ἥσσων ἢ 'δόκεις εἶναι φίλος.
ρετῇ σε νικῶ θνητὸς ὢν θεὸν μέγαν·
παῖδας γὰρ οὐ προύδωκα τοὺς ῾Ηρακλέους.
Σὺ δ' ἐς μὲν εὐνὰς κρύφιος ἠπίστω μολεῖν,
τἀλλότρια λέκτρα δόντος οὐδενὸς λαβών, 345
σῴζειν δὲ τοὺς σοὺς οὐκ ἐπίστασαι φίλους.
μαθής τις εἶ θεός, ἢ δίκαιος οὐκ ἔφυς.

AMPHITRYON
Non, ce n'est pas la lâcheté, ni l'amour de la vie qui me détournent de mourir; je veux seulement à mon fils conserver ses enfants. (Désabusé.) Mais il paraît que c'est en vain désirer l'impossible. (Un silence. Il quitte l'autel.) Eh bien! voici mon cou que je tends au glaive; qu'on m'égorge; qu'on m'assassine; qu'on me précipite d'un rocher. Accorde-nous une seule faveur, à tous les deux, roi, nous t'en supplions : tue-nous, cette malheureuse et moi, avant les enfants, pour que nous ne les voyions pas, spectacle impie, lutter contre la mort, appeler leur mère et le père de leur père. Pour le reste, fais ce que tu voudras, car nous sommes sans défense contre la mort.
MÉGARA
Et moi, je te supplie d'ajouter à cette faveur une autre faveur; ainsi tous les deux, de toi seul, nous recevrons un double bienfait. Permets-moi de revêtir mes fils de la parure des morts. Fais-moi ouvrir le palais, qui nous est maintenant fermé; qu'ils obtiennent au moins cette part de leur patrimoine.
LYCOS
Soit. (Aux gardes.) Ouvrez les portes, esclaves. (A Mégara et à ses fils.) Entrez vous parer : je ne vous refuse pas des vêtements. Mais quand vous aurez mis votre parure, je reviendrai vous livrer à la terre infernale.
II sort suivi de ses gardes.
MÉGARA
O mes enfants, suivez les pas de votre malheureuse mère dans le palais de votre père. De ses biens, d'autres sont les maîtres : il ne nous reste plus que son nom.
Elle entre dans le palais avec les enfants.
AMPHITRYON
O Zeus, c'est donc en vain que tu as partagé ma couche conjugale! en vain que je t'appelais avec moi le père de mon fils ! Tu étais donc moins mon ami que tu ne semblais ! Je ne suis qu'un mortel, mais en vertu je l'emporte sur toi, qui es un dieu puissant, car je n'ai pas trahi les fils d'Héraclès. Toi, tu as su t'introduire en secret dans ma couche, t'emparer sans aucun droit du lit d'autrui, mais tu ne sais pas sauver tes amis. Tu es un dieu aveugle, ou un dieu injuste.
Il entre dans le palais.

Χορός
Αἲλινον μὲν ἐπ' εὐτυχεῖ
μολπᾷ Φοῖβος ἰαχεῖ
τὸν κάλλει φθιτόν, κιθάραν 350
ἐλαύνων πλήκτρῳ χρυσέῳ·
ἐγὼ δὲ τὸν γᾶς ἐνέρων τ'
ἐς ὄρφναν μολόντα, παῖδ'
εἴτε Διός νιν εἴπω,
εἴτ' ᾿Αμφιτρύωνος ἶνιν,
ὑμνῆσαι στεφάνωμα μό- 355
χθων δι' εὐλογίας θέλω.
Γενναίων δ' ἀρεταὶ πόνων
τοῖς θανοῦσιν ἄγαλμα. 

Πρῶτον μὲν Διὸς ἄλσος
ἠρήμωσε λέοντος, 360
πυρσῷ δ' ἀμφεκαλύφθη
ξανθὸν κρᾶτ' ἐπινωτίσας
δεινῷ χάσματι θηρός. 

Τάν τ' ὀρεινόμον ἀγρίων
Κενταύρων ποτὲ γένναν 365
ἔστρωσεν τόξοις φονίοις,
ἐναίρων πτανοῖς βέλεσιν.
Ξύνοιδε Πηνειὸς ὁ καλ-
λιδίνας μακραί τ' ἄρου-
ραι πεδίων ἄκαρποι
καὶ Πηλιάδες θεράπναι 370
σύγχορτοί τ' ᾿Ομόλας ἔναυ-
λοι, πεύκαισιν ὅθεν χέρας
πληροῦντες χθόνα Θεσσαλῶν
ἱππείαις ἐδάμαζον. 

Τάν τε χρυσοκάρανον 375
δόρκαν ποικιλόνωτον
συλήτειραν ἀγρωστᾶν
κτείνας, θηροφόνον θεὰν
Οἰνωᾶτιν ἀγάλλει. 

Τεθρίππων τ' ἐπέβα 380
καὶ ψαλίοις ἐδάμασε πώλους
Διομήδεος, αἳ φονίαισι φάτναις ἀχάλιν' ἐθόαζον 
κάθαιμα σῖτα γένυσι, χαρμοναῖσιν ἀν-
δροβρῶσι δυστράπεζοι·  385
πέραν δ' ἀργυρορρύτων ῞Εβρου
διεπέρασεν ὄχθων,
Μυκηναίῳ πονῶν τυράννῳ. 
ν τε Πηλιάδ' ἀκτὰν
᾿Αναύρου παρὰ πηγὰς 390
Κύκνον ξεινοδαΐκταν
τόξοις ὤλεσεν, ᾿Αμφαναί-
ας οἰκήτορ' ἄμεικτον. 

μνῳδούς τε κόρας
ἤλυθεν ἑσπέριον ἐς αὐλάν, χρυσέων πετά- 395
λων ἄπο μηλοφόρον χερὶ καρπὸν ἀμέρξων, 
δράκοντα πυρσόνωτον, ὅς <σφ'> ἄπλατον ἀμ-
φελικτὸς ἕλικ' ἐφρούρει, 
κτανών· ποντίας θ' ἁλὸς μυχοὺς 400
εἰσέβαινε, θνατοῖς
γαλανείας τιθεὶς ἐρετμοῖς. 
Οὐρανοῦ θ' ὑπὸ μέσσαν
ἐλαύνει χέρας ἕδραν,
῎Ατλαντος δόμον ἐλθών, 405
ἀστρωπούς τε κατέσχεν οἴ-
κους εὐανορίᾳ θεῶν. 

Τὸν ἱππευτάν τ' ᾿Αμαζόνων στρατὸν 
Μαιῶτιν ἀμφὶ πολυπόταμον 
ἔβα δι' ῎Αξεινον οἶδμα λίμνας, 410
τίν' οὐκ ἀφ' ῾Ελλανίας
ἄγορον ἁλίσας φίλων,
κόρας ᾿Αρείας πέπλων
χρυσεόστολον φάρος, 
ζωστῆρος ὀλεθρίους ἄγρας. 415
Τὰ κλεινὰ δ' ῾Ελλὰς ἔλαβε βαρβάρου κόρας 
λάφυρα, καὶ σῴζεται Μυκήναις. 

Τάν τε μυριόκρανον
πολύφονον κύνα Λέρνας 420
ὕδραν ἐξεπύρωσεν,
βέλεσί τ' ἀμφέβαλ' <ἰόν>,
τὸν τρισώματον οἷσιν ἔ-
κτα βοτῆρ' ᾿Ερυθείας. 

Δρόμων τ' ἄλλων ἀγάλματ' εὐτυχῆ  425
διῆλθε· τόν τε πολυδάκρυον 
ἔπλευσ' ἐς ῞Αιδαν, πόνων τελευτάν,
ἵν' ἐκπεραίνει τάλας
βίοτον, οὐδ' ἔβα πάλιν.
στέγαι δ' ἔρημοι φίλων, 430
τὰν δ' ἀνόστιμον τέκνων
Χάρωνος ἐπιμένει πλάτα
βίου κέλευθον ἄθεον ἄδικον· ἐς δὲ σὰς 
χέρας βλέπει δώματ' οὐ παρόντος. 435 

Εἰ δ' ἐγὼ σθένος ἥβων
δόρυ τ' ἔπαλλον ἐν αἰχμᾷ,
Καδμείων τε σύνηβοι,
τέκεσιν ἂν προπαρέσταν
ἀλκᾷ· νῦν δ' ἀπολείπομαι 440
τᾶς εὐδαίμονος ἥβας. 

λλ' ἐσορῶ γὰρ τούσδε φθιμένων
ἔνδυτ' ἔχοντας, τοὺς τοῦ μεγάλου
δή ποτε παῖδας τὸ πρὶν ῾Ηρακλέους,
ἄλοχόν τε φίλην ὑπὸ σειραίοις  445
ποσὶν ἕλκουσαν τέκνα, καὶ γεραιὸν
πατέρ' ῾Ηρακλέους.
Δύστηνος ἐγώ,
δακρύων ὡς οὐ δύναμαι κατέχειν
γραίας ὄσσων ἔτι πηγάς. 450 

LE CHOEUR
Strophe I. — C'est la plainte d'Ailinos (221) qu'après un chant de victoire lance Phoibos en frappant de son plectre d'or sa cithare aux beaux sons. Moi, c'est celui qui dans la nuit de la terre et des enfers est descendu — que je doive l'appeler fils de Zeus ou rejeton d'Amphitryon — que je veux chanter et, pour le couronner de ses travaux, combler de louanges. La gloire de leurs nobles exploits est la parure des morts.

 

 

D'abord il délivra le bois consacré à Zeus d'un lion farouche (222) ; de son fauve pelage il enveloppa son dos et sur sa tête blonde il mit la gueule béante de la bête.

 

Antistrophe I. — Puis ce fut la race montagnarde des sauvages Centaures, jadis, qu'il abattit de son arc meurtrier et tua de ses flèches ailées. Il en atteste le Pénée aux beaux tourbillons et les vastes guérets de ses plaines sans moissons, et les vallées du Pélion et les cavernes de l'Homolé toutes proches, d'où, armant de pins leurs mains, ils partaient pour conquérir la terre des Thessaliens dans leurs chevauchées (223).
Puis c'est la biche aux cornes d'or, au dos tacheté, dévastatrice des campagnes, qu'il tue; et la tueuse de bêtes sauvages, la déesse d'Œnoé (224), la reçoit en hommage.

 

 

 

 

Strophe II. — Il monta sur un quadrige et soumit aux rênes les pur-sang de Diomède (225), qui dans leurs crèches homicides, sans mors, furieux, broyaient les chairs sanglantes entre leurs mâchoires, heureux de dévorer des hommes en leurs festins horribles. Au-delà de l'Hèbre qui roule de l'argent il pénétra, pour accomplir ce travail ordonné parle tyran de Mycènes (226).
Puis au rivage abrupt que domine le Pélion, près du cours de l'Anauros, c'est le Cygne (227), meurtrier des étrangers, le sauvage habitant d'Amphanées, qu'il tua de ses flèches.

 

 

Antistrophe II. — Chez les vierges qui chantent leurs hymnes, au jardin d'Hespérie (228) il est venu; aux rameaux d'or lourds de fruits sa main devait cueillir les pommes; un dragon au dos couleur de feu avait enroulé autour de l'arbre ses replis immenses et le gardait : il le tua. Dans les abîmes de la mer salée il entra : sous les rames des mortels la voici apaisée ( 229).
Sous la voûte céleste, en son milieu, il éleva ses bras, étant allé à la demeure d'Atlas (230) ; et il soutint les palais étoilés des dieux, de sa seule force d'homme.

 

Strophe III. — Contre l'escadron belliqueux des Amazones, près de la Maeotide (231) où se jettent tant de fleuves, il marcha, traversant les flots soulevés de l'Euxin (232). Quelle troupe ne forma-t-il pas de ses amis venus de Grèce, pour conquérir, d'entre les voiles de la fille d'Arès, le pharos brodé d'or, baudrier funeste (233) ! La Grèce reçut les fameuses dépouilles de la fille barbare. On les garde à Mycènes.

 

 

Puis c'est le monstre aux mille têtes, la Chienne aux innombrables victimes, l'hydre de Lerne (234) qu'il brûla. Il trempa dans son venin les flèches dont il tua le bouvier d'Érythie au triple corps (235).

 

Antistrophe III. — D'autres expéditions encore le destin lui a donné de revenir avec les lauriers de la victoire. Puis c'est vers la Vallée des larmes, vers l'Hadès qu'il vogua, dernier de ses travaux (236).
Là le malheureux achève sa vie. Il n'en est pas revenu. Son toit est vide d'amis; et pour un voyage sans retour la barque de Charon attend ses enfants, qui vont quitter la vie, victimes de l'impiété et de l'injustice. C'est vers ton bras seul que jette ses regards ta famille; et tu n'es pas là !

 

Si j'avais la force de la jeunesse et pouvais brandir la lance dans le combat, avec les Cadméens jeunes comme moi je me dresserais devant tes enfants dans ma vigueur. Mais aujourd'hui j'ai perdu l'heureuse jeunesse.

Parés d'ornements funèbres, Mégara, ses enfants et Amphitryon sortent du palais.

Je les vois venir. Ils portent les vêtements des morts. Ce sont là les fils de celui qui était le grand Héraclès. La femme qu'il aimait traîne comme à la remorque, sur ses pas, ses enfants et le vieux père d'Héraclès. Malheureux que je suis ! Je ne puis retenir les flots de larmes qui coulent de mes yeux vieillis.

Μεγάρα
Εἶἑν· τίς ἱερεύς, τίς σφαγεὺς τῶν δυσπότμων
ἢ τῆς ταλαίνης τῆς ἐμῆς ψυχῆς φονεύς;
ἕτοιμ' ἄγειν τὰ θύματ' εἰς ῞Αιδου τάδε.
τέκν', ἀγόμεθα ζεῦγος οὐ καλὸν νεκρῶν,
ὁμοῦ γέροντες καὶ νέοι καὶ μητέρες. 455
μοῖρα δυστάλαιν' ἐμή τε καὶ τέκνων
τῶνδ', οὓς πανύστατ' ὄμμασιν προσδέρκομαι. 
τεκον μὲν ὑμᾶς, πολεμίοις δ' ἐθρεψάμην
ὕβρισμα κἀπίχαρμα καὶ διαφθοράν.
Φεῦ·
ἦ πολύ με δόξης ἐξέπαισαν ἐλπίδες, 460
ἣν πατρὸς ὑμῶν ἐκ λόγων ποτ' ἤλπισα.
Σοὶ μὲν γὰρ ῎Αργος ἔνεμ' ὁ κατθανὼν πατήρ,
Εὐρυσθέως δ' ἔμελλες οἰκήσειν δόμους
τῆς καλλικάρπου κράτος ἔχων Πελασγίας,
στολήν τε θηρὸς ἀμφέβαλλε σῷ κάρᾳ 465
λέοντος, ᾗπερ αὐτὸς ἐξωπλίζετο.
Σὺ δ' ἦσθα Θηβῶν τῶν φιλαρμάτων ἄναξ,
ἔγκληρα πεδία τἀμὰ γῆς κεκτημένος,
ὡς ἐξέπειθες τὸν κατασπείραντά σε·
ἐς δεξιάν τε σὴν ἀλεξητήριον 470
ξύλον καθίει δαίδαλον, ψευδῆ δόσιν.
Σοὶ δ' ἣν ἔπερσε τοῖς ἑκηβόλοις ποτὲ
τόξοισι δώσειν Οἰχαλίαν ὑπέσχετο.
Τρεῖς δ' ὄντας <ὑμᾶς> τριπτύχοις τυραννίσι
πατὴρ ἐπύργου, μέγα φρονῶν εὐανδρίᾳ. 475
γὼ δὲ νύμφας ἠκροθινιαζόμην,
κήδη συνάψουσ', ἔκ τ' ᾿Αθηναίων χθονὸς
Σπάρτης τε Θηβῶν θ', ὡς ἀνημμένοι κάλῳς
πρυμνησίοισι βίον ἔχοιτ' εὐδαίμονα.
Καὶ ταῦτα φροῦδα· μεταβαλοῦσα δ' ἡ τύχη 480
νύμφας μὲν ὑμῖν Κῆρας ἀντέδωκ' ἔχειν,
ἐμοὶ δὲ δάκρυα λουτρά -- δύστηνος φρενῶν.
Πατὴρ δὲ πατρὸς ἑστιᾷ γάμους ὅδε,
῞Αιδην νομίζων πενθερόν, κῆδος πατρός.
μοι, τίν' ὑμῶν πρῶτον ἢ τίν' ὕστατον 485
πρὸς στέρνα θῶμαι; τῷ προσαρμόσω στόμα;
τίνος λάβωμαι; πῶς ἂν ὡς ξουθόπτερος
μέλισσα συνενέγκαιμ' ἂν ἐκ πάντων γόους,
ἐς ἓν δ' ἐνεγκοῦσ' ἀθρόον ἀποδοίην δάκρυ;
φίλτατ', εἴ τις φθόγγος εἰσακούεται 490
θνητῶν παρ' ῞Αιδῃ, σοὶ τάδ', ῾Ηράκλεις, λέγω·
θνῄσκει πατὴρ σὸς καὶ τέκν', ὄλλυμαι δ' ἐγώ,
ἣ πρὶν μακαρία διὰ σ' ἐκλῃζόμην βροτοῖς.
ἄρηξον, ἐλθέ· καὶ σκιὰ φάνηθί μοι· 495
ἅλις γὰρ ἐλθὼν κἂν ὄναρ γένοιο σύ·
κακοὶ γάρ εἰσιν οἳ τέκνα κτείνουσι σά.

MÉGARA
Eh bien! où est le prêtre ? où est l'égorgeur de ces infortunés ? où est l'assassin de ces malheureux qui sont ma vie ?Voici les victimes, prêtes à descendre chez Hadès.
O mes enfants, on nous emmène. Cortège horrible de cadavres! à la fois un vieillard, de jeunes enfants, une mère! O misérable destinée que la mienne et celle de ces enfants que mes yeux regardent pour la dernière fois! Je vous ai enfantés, je vous ai élevés pour être à des ennemis un objet d'outrage, et de risée, et de meurtre.
Hélas !Comme ont croulé les espérances que j'avais conçues jadis aux paroles de votre père! A toi, c'est Argos que t'attribuait ce père qui est mort; tu devais habiter le palais d'Eurysthée et régner sur la Pélasgie aux beaux fruits (237); il jetait sur tes épaules la robe du lion féroce, dont il s'était fait une partie de son armure. Toi, tu étais roi de Thèbes, l'amie des chars; tu possédais par héritage les plaines de mon pays, comme tu en avais obtenu l'assurance de celui qui t'a engendré. A ta main il remettait sa massue tutélaire (238), présent trompeur de Dédale. A toi, c'était la ville réduite jadis par son arc à longue portée, Œchalie (239), qu'il promettait de donner. Vous êtes trois et c'est le rempart d'un triple royaume que vous élevait un père, hautes ambitions de son mâle courage. Et moi, je vous cherchais des vierges dans la fleur de leur prime jeunesse pour en faire vos épouses, aux pays d'Athènes, de Sparte et de Thèbes : je voulais, en amarrant ainsi par des cordages vos poupes élevées (240), vous assurer une vie heureuse. Tout cela était vain. La fortune a changé. Les épouses qu'elle vous a données, ce sont les Kères (241). Et moi, ce sont des larmes que j'apporterai pour votre bain nuptial (242). Infortunée! C'est lui, le père de votre père, qui prépare le banquet de noces (243), puisque Hadès est, pour lui, votre beau-père : funèbre alliance!
Hélas! qui de vous le premier ou qui le dernier presserai-je sur ma poitrine ? Lequel vais-je baiser ? Lequel prendre dans mes bras ? Comment pourrais-je, telle une blonde abeille, butiner vos pleurs à tous, les réunir pour verser un fleuve de larmes ?O mon époux bien-aimé, si la voix des mortels peut se faire entendre chez Hadès, c'est à toi, Héraclès, que je m'adresse. Ton père meurt avec tes enfants. Je péris moi aussi que jadis les mortels, à cause de toi, proclamaient heureuse entre toutes. Secours-nous, viens; même si tu n'es qu'une ombre, apparais-moi. Il suffirait que tu viennes comme en un songe : des lâches devant toi, voilà ce que seront les meurtriers de tes enfants.

 

᾿Αμφιτρύων
Σὺ μὲν τὰ νέρθεν εὐτρεπῆ ποιοῦ, γύναι.
γὼ δὲ σέ, ὦ Ζεῦ, χεῖρ' ἐς οὐρανὸν δικὼν
αὐδῶ, τέκνοισιν εἴ τι τοισίδ' ὠφελεῖν
μέλλεις, ἀμύνειν, ὡς τάχ' οὐδὲν ἀρκέσεις. 500
Καίτοι κέκλησαι πολλάκις· μάτην πονῶ·
θανεῖν γάρ, ὡς ἔοικ', ἀναγκαίως ἔχει.
λλ', ὦ γέροντες, μικρὰ μὲν τὰ τοῦ βίου,
τοῦτον δ' ὅπως ἥδιστα διαπεράσετε,
ἐξ ἡμέρας ἐς νύκτα μὴ λυπούμενοι. 505
ς ἐλπίδας μὲν ὁ χρόνος οὐκ ἐπίσταται
σῴζειν, τὸ δ' αὑτοῦ σπουδάσας διέπτατο.
ρᾶτ' ἔμ' ὅσπερ ἦ περίβλεπτος βροτοῖς
ὀνομαστὰ πράσσων, καί μ' ἀφείλεθ' ἡ τύχη
ὥσπερ πτερὸν πρὸς αἰθέρ' ἡμέρᾳ μιᾷ. 510
δ' ὄλβος ὁ μέγας ἥ τε δόξ' οὐκ οἶδ' ὅτῳ
βέβαιός ἐστι. χαίρετ'· ἄνδρα γὰρ φίλον
πανύστατον νῦν, ἥλικες, δεδόρκατε.
Μεγάρα
α·
ὦ πρέσβυ, λεύσσω τἀμὰ φίλτατ'· ἢ τί φῶ;
᾿Αμφιτρύων
Οὐκ οἶδα, θύγατερ· ἀφασία δὲ κἄμ' ἔχει. 515
Μεγάρα
δ' ἐστὶν ὃν γῆς νέρθεν εἰσηκούομεν,
εἰ μή γ' ὄνειρον ἐν φάει τι λεύσσομεν.
Τί φημί; ποῖ' ὄνειρα κηραίνουσ' ὁρῶ;
οὐκ ἔσθ' ὅδ' ἄλλος ἀντὶ σοῦ παιδός, γέρον.
Δεῦρ', ὦ τέκν', ἐκκρίμνασθε πατρῴων πέπλων, 520
ἴτ' ἐγκονεῖτε, μὴ μεθῆτ', ἐπεὶ Διὸς
σωτῆρος ὑμῖν οὐδέν ἐσθ' ὅδ' ὕστερος.
῾Ηρακλῆς
χαῖρε, μέλαθρον πρόπυλά θ' ἑστίας ἐμῆς,
ὡς ἄσμενός σ' ἐσεῖδον ἐς φάος μολών.
α· τί χρῆμα; τέκν' ὁρῶ πρὸ δωμάτων 525
στολμοῖσι νεκρῶν κρᾶτας ἐξεστεμμένα,
ὄχλῳ τ' ἐν ἀνδρῶν τὴν ἐμὴν ξυνάορον,
πατέρα τε δακρύοντα  συμφορὰς τίνας;
Φέρ' ἐκπύθωμαι τῶνδε πλησίον σταθείς·
γύναι, τί καινὸν ἦλθε δώμασιν χρέος; 530
Μεγάρα
φίλτατ' ἀνδρῶν ...
᾿Αμφιτρύων
φάος μολὼν πατρί ....
Μεγάρα
κεις, ἐσώθης εἰς ἀκμὴν ἐλθὼν φίλοις;
῾Ηρακλῆς
Τί φῄς; τίν' ἐς ταραγμὸν ἥκομεν, πάτερ;
Μεγάρα
Διολλύμεσθα· σὺ δέ, γέρον, σύγγνωθί μοι,
εἰ πρόσθεν ἥρπασ' ἃ σὲ λέγειν πρὸς τόνδ' ἐχρῆν· 535
τὸ θῆλυ γάρ πως μᾶλλον οἰκτρὸν ἀρσένων,
καὶ τἄμ' ἔθνῃσκε τέκν', ἀπωλλύμην δ' ἐγώ.
῾Ηρακλῆς
῎Απολλον, οἵοις φροιμίοις ἄρχῃ λόγου.
Μεγάρα
Τεθνᾶσ' ἀδελφοὶ καὶ πατὴρ οὑμὸς γέρων.
῾Ηρακλῆς
Πῶς φῄς; τί δράσας ἢ δορὸς ποίου τυχών; 540
Μεγάρα
Λύκος σφ' ὁ καινὸς γῆς ἄναξ διώλεσεν.
῾Ηρακλῆς
πλοις ἀπαντῶν ἢ νοσησάσης χθονός;
Μεγάρα
Στάσει· τὸ Κάδμου δ' ἑπτάπυλον ἔχει κράτος.
῾Ηρακλῆς
Τί δῆτα πρὸς σὲ καὶ γέροντ' ἦλθεν φόβος;
Μεγάρα
Κτείνειν ἔμελλε πατέρα κἀμὲ καὶ τέκνα. 545
῾Ηρακλῆς
Τί φῄς; τί ταρβῶν ὀρφάνευμ' ἐμῶν τέκνων;
Μεγάρα
Μή ποτε Κρέοντος θάνατον ἐκτεισαίατο.
῾Ηρακλῆς
Κόσμος δὲ παίδων τίς ὅδε νερτέροις πρέπων;
Μεγάρα
Θανάτου τάδ' ἤδη περιβόλαι' ἀνήμμεθα.
῾Ηρακλῆς
Καὶ πρὸς βίαν ἐθνῄσκετ'; ὦ τλήμων ἐγώ. 550
Μεγάρα
Φίλων ἔρημοι· σὲ δὲ θανόντ' ἠκούομεν.
῾Ηρακλῆς
Πόθεν δ' ἐς ὑμᾶς ἥδ' ἐσῆλθ' ἀθυμία;
Μεγάρα
Εὐρυσθέως κήρυκες ἤγγελλον τάδε.
῾Ηρακλῆς
Τί δ' ἐξελείπετ' οἶκον ἑστίαν τ' ἐμήν;
Μεγάρα
Βίᾳ, πατὴρ μὲν ἐκπεσὼν στρωτοῦ λέχους... 555
῾Ηρακλῆς
Κοὐκ ἔσχεν αἰδῶ τὸν γέροντ' ἀτιμάσαι;
Μεγάρα
Αἰδώς γ' ἀποικεῖ τῆσδε τῆς θεοῦ πρόσω.
῾Ηρακλῆς
Οὕτω δ' ἀπόντες ἐσπανίζομεν φίλων;
Μεγάρα
Φίλοι γάρ εἰσιν ἀνδρὶ δυστυχεῖ τίνες;
῾Ηρακλῆς
Μάχας δὲ Μινυῶν ἃς ἔτλην ἀπέπτυσαν; 560
Μεγάρα
φιλον, ἵν' αὖθίς σοι λέγω, τὸ δυστυχές.

AMPHITRYON

Toi, femme, prépare la cérémonie funèbre. Moi, ô Zeus, je tends ma main vers le ciel et je t'implore : si ton intention est de porter aide à ces enfants, secours-les : bientôt tu ne pourras plus rien. Nous t'avons pourtant invoqué souvent. — Peine inutile! La mort, je le vois, est inévitable.
Hélas! ô vieillards, c'est peu de chose que la vie; vous la passerez avec tous les plaisirs possibles si de l'aube à la nuit vous évitez les chagrins (244). Car le temps ne sait pas sauvegarder les espoirs; son oeuvre faite, il s'envole. Voyez mon cas; j'attirais sur moi les regards de tous les mortels, tant mon bonheur était célèbre : la Fortune me l'a emporté, comme le vent enlève une plume dans les airs, en un seul jour. Le bonheur, le bonheur absolu, et la gloire, à qui sont-ils assurés ? Adieu. Cet homme que vous aimez, c'est aujourd'hui pour la dernière fois que vous le voyez, ô mes vieux compagnons.
Héraclès apparaît soudain.
MÉGARA
Ah!
Vieillard, je vois mon bien-aimé! Ou que dire ?
AMPHITRYON
Je ne sais, ma fille. Je reste sans voix, moi aussi.
MÉGARA
C'est lui qu'on disait sous la terre, aux Enfers, à moins que ne nous apparaisse son ombre en plein jour. Que dis-je ? Quel sceptre voyais-je dans mon angoisse ? Ce n'est pas un autre que ton fils, vieillard. Venez, ô mes enfants, suspendez-vous aux vêtements de votre père. Allez, hâtez-vous, ne le quittez pas, puisqu'il ne vaut pas moins pour vous que Zeus-Sauveur.
Les enfants se blottissent contre Mégara. Entre Héraclès.
HÉRACLÈS
Ah! salut, toit et seuil de mon foyer ! Avec quelle joie je vous revois à mon retour à la lumière! — Eh bien! que se passe-t-il ? J'aperçois mes enfants devant le palais, la tête couronnée d'ornements funèbres, et au milieu d'une troupe d'hommes mon épouse et mon père en larmes ! Quel malheur y a-t-il ? Allons ! interrogeons-les; approchons-nous. Femme, quel nouveau malheur est-il arrivé à la maison ?
MÉGARA
O ce que j'ai de plus cher au monde!
AMPHITRYON
O lumière qui apparais à ton père!
MÉGARA
Te voilà, tu es sauf, tu reviens à temps pour sauver ceux que tu aimes.
HÉRACLÈS
Que dis-tu ? Quelle est cette angoisse où je vous trouve,père ?
MÉGARA
Nous étions perdus, — vieillard, pardonne-moi si je t'ai devancé et t'ai enlevé la réponse que tu devais lui faire : la femme, en général, est plus prompte aux larmes que l'homme — mes enfants mouraient; je périssais moi aussi.
HÉRACLÈS
Apollon! Par quel prélude commence ton discours!
MÉGARA
Mes frères sont morts ainsi que mon vieux père.
HÉRACLÈS
Que dis-tu ? Qu'a-t-il fait ? Quelle arme l'a frappé ?
MÉGARA
Lycos, le nouveau roi du pays, l'a tué.
HÉRACLÈS
Dans une rencontre armée ou lors d'une sédition ?
MÉGARA
Une sédition lui a donné le pouvoir sur la Ville aux Sept Portes.
HÉRACLÈS
Mais pourquoi la frayeur s'est-elle emparée de vous, le vieillard et toi ?
MÉGARA
Il allait tuer ton père, et moi, et les enfants.
HÉRACLÈS
Que dis-tu ? Qu'avait-il à craindre de mes enfants orphelins ?
MÉGARA
Qu'ils ne vengent un jour la mort de Créon.
HÉRACLÈS
Mais pourquoi mes fils ont-ils la parure qui ne convient qu'aux trépassés ?
MÉGARA
Nous avions déjà revêtu les ornements de la mort.
HÉRACLÈS
Vous alliez mourir victimes de la violence ? Malheureux que je suis!
MÉGARA
Nous n'avions plus d'amis; on te disait mort.
HÉRACLÈS
Pourquoi aviez-vous ainsi perdu toute espérance ?
MÉGARA
Des hérauts d'Eurysthée annonçaient ces nouvelles.
HÉRACLÈS
Qui vous a fait quitter ma maison, mon foyer ?
 MÉGARA
La violence : ton père a été arraché de son lit.
HÉRACLÈS
La pudeur ne l'a pas retenu d'outrager ce vieillard ?
MÉGARA
La Pudeur ? Elle n'habite pas avec la Violence.
HÉRACLÈS
Ainsi donc, mon absence m'avait privé de mes amis ? 
MÉGARA
Oui. Quels amis peut avoir l'homme malheureux ?
HÉRACLÈS
Ils ont renié les combats que j'ai soutenus contre les Minyens ?
MÉGARA
Le malheur, pour te le répéter, n'a pas d'amis.

῾Ηρακλῆς
Οὐ ῥίψεθ' ῞Αιδου τάσδε περιβολὰς κόμης
καὶ φῶς ἀναβλέψεσθε, τοῦ κάτω σκότου
φίλας ἀμοιβὰς ὄμμασιν δεδορκότες;
γὼ δέ -- νῦν γὰρ τῆς ἐμῆς ἔργον χερός -- 565
πρῶτον μὲν εἶμι καὶ κατασκάψω δόμους
καινῶν τυράννων, κρᾶτα δ' ἀνόσιον τεμὼν
ῥίψω κυνῶν ἕλκημα· Καδμείων δ' ὅσους
κακοὺς ἐφηῦρον εὖ παθόντας ἐξ ἐμοῦ,
τῷ καλλινίκῳ τῷδ' ὅπλῳ χειρώσομαι· 570
τοὺς δὲ πτερωτοῖς διαφορῶν τοξεύμασι
νεκρῶν ἅπαντ' ᾿Ισμηνὸν ἐμπλήσω φόνου,
Δίρκης τε νᾶμα λευκὸν αἱμαχθήσεται.
Τῷ γάρ μ' ἀμύνειν μᾶλλον ἢ δάμαρτι χρὴ
καὶ παισὶ καὶ γέροντι; χαιρόντων πόνοι· 575
μάτην γὰρ αὐτοὺς τῶνδε μᾶλλον ἤνυσα.
Καὶ δεῖ μ' ὑπὲρ τῶνδ', εἴπερ οἵδ' ὑπὲρ πατρός,
θνῄσκειν ἀμύνοντ'· ἢ τί φήσομεν καλὸν
ὕδρᾳ μὲν ἐλθεῖν ἐς μάχην λέοντί τε
Εὐρυσθέως πομπαῖσι, τῶν δ' ἐμῶν τέκνων 580
οὐκ ἐκπονήσω θάνατον; οὐκ ἄρ' ῾Ηρακλῆς
ὁ καλλίνικος ὡς πάροιθε λέξομαι.
Χορός
Δίκαια τοὺς τεκόντας ὠφελεῖν τέκνα,
πατέρα τε πρέσβυν τήν τε κοινωνὸν γάμων.
᾿Αμφιτρύων
Πρὸς σοῦ μέν, ὦ παῖ, τοῖς φίλοις εἶναι φίλον 585
τά τ' ἐχθρὰ μισεῖν· ἀλλὰ μὴ 'πείγου λίαν.
῾Ηρακλῆς
Τί δ' ἐστὶ τῶνδε θᾶσσον ἢ χρεών, πάτερ;
᾿Αμφιτρύων
Πολλοὺς πένητας, ὀλβίους δὲ τῷ λόγῳ
δοκοῦντας εἶναι συμμάχους ἄναξ ἔχει,
οἳ στάσιν ἔθηκαν καὶ διώλεσαν πόλιν 590
ἐφ' ἁρπαγαῖσι τῶν πέλας, τὰ δ' ἐν δόμοις
δαπάναισι φροῦδα διαφυγόνθ' ὑπ' ἀργίας.
φθης ἐσελθὼν πόλιν· ἐπεὶ δ' ὤφθης, ὅρα
ἐχθροὺς ἀθροίσας μὴ παρὰ γνώμην πέσῃς.
῾Ηρακλῆς
Μέλει μὲν οὐδὲν εἴ με πᾶσ' εἶδεν πόλις· 595
ὄρνιν δ' ἰδών τιν' οὐκ ἐν αἰσίοις ἕδραις,
ἔγνων πόνον τιν' ἐς δόμους πεπτωκότα·
ὥστ' ἐκ προνοίας κρύφιος εἰσῆλθον χθόνα.
᾿Αμφιτρύων
Καλῶς· παρελθὼν νῦν πρόσειπέ θ' ἑστίαν
καὶ δὸς πατρῴοις δώμασιν σὸν ὄμμ' ἰδεῖν. 600
ξει γὰρ αὐτὸς σὴν δάμαρτα καὶ τέκνα
ἕλξων φονεύσων κἄμ' ἐπισφάξων ἄναξ·
μένοντι δ' αὐτοῦ πάντα σοι γενήσεται
τῇ τ' ἀσφαλείᾳ κερδανεῖς· πόλιν δὲ σὴν
μὴ πρὶν ταράξῃς πρὶν τόδ' εὖ θέσθαι, τέκνον. 605
῾Ηρακλῆς
Δράσω τάδ'· εὖ γὰρ εἶπας· εἶμ' ἔσω δόμων.
χρόνῳ δ' ἀνελθὼν ἐξ ἀνηλίων μυχῶν
῞Αιδου Κόρης <τ'> ἔνερθεν, οὐκ ἀτιμάσω
θεοὺς προσειπεῖν πρῶτα τοὺς κατὰ στέγας.
᾿Αμφιτρύων
λθες γὰρ ὄντως δώματ' εἰς ῞Αιδου, τέκνον; 610
῾Ηρακλῆς
Καὶ θῆρά γ' ἐς φῶς τὸν τρίκρανον ἤγαγον.
᾿Αμφιτρύων
Μάχῃ κρατήσας ἢ θεᾶς δωρήμασιν;
῾Ηρακλῆς
Μάχῃ· τὰ μυστῶν δ' ὄργι' εὐτύχησ' ἰδών.
᾿Αμφιτρύων
καὶ κατ' οἴκους ἐστὶν Εὐρυσθέως ὁ θήρ;
῾Ηρακλῆς
Χθονίας νιν ἄλσος ῾Ερμιών τ' ἔχει πόλις. 615
᾿Αμφιτρύων
Οὐδ' οἶδεν Εὐρυσθεύς σε γῆς ἥκοντ' ἄνω;
῾Ηρακλῆς
Οὐκ οἶδ'· ἵν' ἐλθὼν τἀνθάδ' εἰδείην πάρος.
᾿Αμφιτρύων
Χρόνον δὲ πῶς τοσοῦτον ἦσθ' ὑπὸ χθονί;
῾Ηρακλῆς
Θησέα κομίζων ἐχρόνισ' <ἐξ> ῞Αιδου, πάτερ.
᾿Αμφιτρύων
Καὶ ποῦ 'στιν; ἢ γῆς πατρίδος οἴχεται πέδον; 620
HÉRACLÈS
Arrachez de votre tête ces bandelettes funèbres et levez les yeux vers la lumière : après les ténèbres infernales le changement est doux aux yeux qui la contemplent. Quant à moi — car c'est maintenant à mon bras d'agir — j'irai d'abord renverser le palais du nouveau tyran; je trancherai sa tête impie et la jetterai en pâture aux chiens. Et tous ceux des Cadméens que j'ai trouvés ingrats envers moi, leur bienfaiteur, je les abattrai de cette arme victorieuse (245); je transpercerai les autres de mes flèches ailées; je remplirai de cadavres tout l'Isménos (246) et l'onde limpide de Dircé sera rougie de sang. Qui donc a plus de droit à ma protection que mon épouse, mes enfants et ce vieillard ? Adieu, mes travaux! C'est en vain que j'aurai négligé ce devoir pour les mener à bien ? Je me dois, en défendant mes enfants, de mourir pour eux puisqu'ils devaient mourir pour leur père. Sinon à quelle gloire pourrai-je prétendre, pour être allé combattre l'hydre et le lion sur l'ordre d'Eurysthée, si je ne parviens pas à écarter de mes enfants la mort ? Héraclès le triomphant! qui m'appellera encore ainsi ?
LE CORYPHÉE
Il est juste qu'un père vienne en aide à ses enfants, à son vieux père et à celle qui partage sa vie.
AMPHITRYON
C'est ton devoir, ô mon fils, d'aimer ceux qui t'aiment et de haïr tes ennemis. Mais ne te hâte pas trop.
HÉRACLÈS
En quoi suis-je plus prompt qu'il ne faut, père ?
AMPHITRYON
Une foule de pauvres, mais qui passent dans l'opinion pour vivre dans l'opulence, sont fermes partisans du roi; ils ont excité la sédition et perdu la cité pour dépouiller leur prochain; leur patrimoine, par leurs dépenses, s'est évanoui, dissipé par leur oisiveté. On t'a vu entrer dans la ville; puisqu'on t'a vu, prends garde que tes ennemis ne se rassemblent et ne tombent sur toi à l'improviste.
HÉRACLÈS
La ville entière m'eût-elle vu, peu importe. Mais j'ai aperçu un oiseau dans un endroit où il n'était pas de bon augure; j'ai compris qu'un malheur était tombé sur mon palais; aussi, par précaution, je me suis caché pour entrer dans le pays.
AMPHITRYON
Bien. Entre maintenant, salue ton foyer et laisse voir ton visage au palais de tes pères. Le roi viendra en personne arracher d'ici ton épouse et tes enfants pour les mettre à mort et m'égorger moi aussi. Si tu restes ici, tout te réussira; car ta sécurité te servira. Quant à la cité, ne l'alarme pas avant d'avoir bien pris toutes tes précautions, mon fils.
HÉRACLÈS
Je ferai ainsi : ton conseil est bon. Je vais entrer dans le palais. Remonté enfin des abîmes sans soleil où règnent sous la terre Hadès et Coré, je ne manquerai pas de rendre hommage avant tout aux dieux de mon foyer.
AMPHITRYON
Tu es donc allé vraiment dans le palais d'Hadès, ô mon fils ?
HÉRACLÈS
Oui, et j'ai amené à la lumière le monstre à trois têtes.
AMPHITRYON
L'as-tu combattu et vaincu, ou la déesse t'en a-t-elle fait don ?
HÉRACLÈS
Je l'ai combattu; le destin m'a été favorable parce que j'ai vu les rites des initiés aux mystères (247).
AMPHITRYON
Le monstre est-il encore au palais d'Eurysthée ?
HÉRACLÈS
Le bois consacré à la Chthonienne (248) et la cité d'Hermione (249) le gardent.
AMPHITRYON
Eurysthée ne sait pas que tu es revenu sur la terre ?
HÉRACLÈS
Non : j'ai voulu venir ici auparavant et savoir ce qui s'y passe.
AMPHITRYON
Comment es-tu resté si longtemps sous la terre ?
HÉRACLÈS
C'est pour ramener Thésée (250) que je me suis attardé chez Hadès, père.
AMPHITRYON
Où est-il ? A-t-il regagné le sol de sa patrie ?

῾Ηρακλῆς
Βέβηκ' ᾿Αθήνας νέρθεν ἄσμενος φυγών.
λλ' εἶ', ὁμαρτεῖτ', ὦ τέκν', ἐς δόμους πατρί·
καλλίονές τἄρ' εἴσοδοι τῶν ἐξόδων
πάρεισιν ὑμῖν. ἀλλὰ θάρσος ἴσχετε
καὶ νάματ' ὄσσων μηκέτ' ἐξανίετε. 625
Σύ τ', ὦ γύναι μοι, σύλλογον ψυχῆς λαβὲ
τρόμου τε παῦσαι, καὶ μέθεσθ' ἐμῶν πέπλων·
οὐ γὰρ πτερωτὸς οὐδὲ φευξείω φίλους.
,
οἵδ' οὐκ ἀφιᾶσ', ἀλλ' ἀνάπτονται πέπλων
τοσῷδε μᾶλλον· ὧδ' ἔβητ' ἐπὶ ξυροῦ; 630
ἄξω λαβών γε τούσδ' ἐφολκίδας χεροῖν,
ναῦς δ' ὣς ἐφέλξω· καὶ γὰρ οὐκ ἀναίνομαι
θεράπευμα τέκνων. Πάντα τἀνθρώπων ἴσα·
φιλοῦσι παῖδας οἵ τ' ἀμείνονες βροτῶν
οἵ τ' οὐδὲν ὄντες· χρήμασιν δὲ διάφοροι· 635
ἔχουσιν, οἳ δ' οὔ· πᾶν δὲ φιλότεκνον γένος.
Χορός
νεότας μοι φίλον αἰεί· τὸ δὲ γῆρας ἄχθος
βαρύτερον Αἴτνας σκοπέλων
ἐπὶ κρατὶ κεῖται, βλεφάρων σκοτεινὸν 
φάος ἐπικαλύψαν.
Μή μοι μήτ' ᾿Ασιήτιδος
τυραννίδος ὄλβος εἴη,
μὴ χρυσοῦ δώματα πλήρη 645
τᾶς ἥβας ἀντιλαβεῖν,
ἃ καλλίστα μὲν ἐν ὄλβῳ,
καλλίστα δ' ἐν πενίᾳ.
Τὸ δὲ λυγρὸν φόνιόν τε γῆ-
ρας μισῶ· κατὰ κυμάτων δ' 650
ἔρροι, μηδέ ποτ' ὤφελεν
θνατῶν δώματα καὶ πόλεις
ἐλθεῖν, ἀλλὰ κατ' αἰθέρ' αἰ-
εὶ πτεροῖσι φορείσθω.

Εἰ δὲ θεοῖς ἦν ξύνεσις καὶ σοφία κατ' ἄνδρας, 655
δίδυμον ἂν ἥβαν ἔφερον
φανερὸν χαρακτῆρ' ἀρετᾶς ὅσοισιν 
μέτα, κατθανόντες τ' 660
εἰς αὐγὰς πάλιν ἁλίου
δισσοὺς ἂν ἔβαν διαύλους,
ἁ δυσγένεια δ' ἁπλοῦν ἂν
εἶχεν ζόας βίοτον,
καὶ τῷδ' ἦν τούς τε κακοὺς ἂν 665
γνῶναι καὶ τοὺς ἀγαθούς,
ἴσον ἅτ' ἐν νεφέλαισιν ἄ-
στρων ναύταις ἀριθμὸς πέλει.
Νῦν δ' οὐδεὶς ὅρος ἐκ θεῶν
χρηστοῖς οὐδὲ κακοῖς σαφής, 670
ἀλλ' εἱλισσόμενός τις αἰ-
ὼν πλοῦτον μόνον αὔξει.

Οὐ παύσομαι τὰς Χάριτας
Μούσαις συγκαταμειγνύς,
ἁδίσταν συζυγίαν. 675
μὴ ζῴην μετ' ἀμουσίας,
αἰεὶ δ' ἐν στεφάνοισιν εἴην.
τι τοι γέρων ἀοιδὸς 
κελαδεῖ Μναμοσύναν·
ἔτι τὰν ῾Ηρακλέους 680
καλλίνικον ἀείδω.
Παρά τε Βρόμιον οἰνοδόταν
παρά τε χέλυος ἑπτατόνου
μολπὰν καὶ Λίβυν αὐλόν·
οὔπω καταπαύσομεν 685
Μούσας, αἵ μ' ἐχόρευσαν.

Παιᾶνα μὲν Δηλιάδες
ὑμνοῦσ' ἀμφὶ πύλας τὸν
Λατοῦς εὔπαιδα γόνον
εἱλίσσουσαι καλλίχορον· 690
παιᾶνας δ' ἐπὶ σοῖς μελά-
θροις κύκνος ὣς γέρων ἀοι-
δὸς πολιᾶν ἐκ γενύων
κελαδήσω· τὸ γὰρ εὖ
τοῖς ὕμνοισιν ὑπάρχει· 695
Διὸς ὁ παῖς· τᾶς δ' εὐγενίας
πλέον ὑπερβάλλων <ἀρετᾷ>
μοχθήσας τὸν ἄκυμον
θῆκεν βίοτον βροτοῖς
πέρσας δείματα θηρῶν. 700

HÉRACLÈS
Il est allé à Athènes, heureux d'avoir fui les Enfers. Mais allons! mes enfants, suivez dans le palais votre père. Votre entrée y sera plus belle que ne fut votre sortie. Allons! ayez du courage et ne versez plus ces flots de larmes. Toi aussi, ô ma femme, recueille tes esprits et cesse de trembler. Lâchez mes vêtements; car je n'ai pas d'ailes et je ne cherche pas à fuir ceux que j'aime.
Ah! ils ne me lâchent pas, mais ils ne s'attachent à moi que davantage! — Vous marchiez donc ainsi sur le tranchant de la lame (251). Je vais leur donner la main et emmener ce tendre fardeau, les traîner à la remorque comme un navire une barque. Car je n'ai pas de honte à prendre soin de mes fils. En cela, les hommes sont tous pareils : ils aiment leurs enfants, les plus puissants des mortels comme ceux qui ne sont rien. Ils diffèrent par les richesses : les uns en possèdent, les autres non; mais la race humaine tout entière aime ses enfants.
Ils rentrent tous dans le palais.
LE CHŒUR
Strophe I. — La jeunesse est pour moi un bien précieux; la vieillesse est un fardeau plus pesant que les cimes de l'Etna (252) : elle accable mes épaules ; elle couvre mes paupières d'un voile de ténèbres. je ne souhaiterais pas l'opulence de l'empire asiatique, ni un palais rempli d'or, en échange de la jeunesse: elle est si belle dans l'opulence, si belle aussi dans la pauvreté ! Mais la vieillesse sinistre et meurtrière, je la hais. Qu'elle se précipite dans les flots! Ah ! si jamais elle n'était entrée dans les demeures et les cités des mortels ! Puissent dans les airs, pour toujours, des ailes l'emporter !

 

 

 

Antistrophe I. — Si les dieux avaient une intelligence et une sagesse en rapport avec celles des hommes, c'est une double jeunesse qu'ils donneraient, comme signe manifeste de leur vertu, aux gens de bien (253). Après leur mort, aux rayons du soleil ils reviendraient pour un second diaule (254); mais les hommes de basse origine n'auraient qu'une seule vie à vivre; ainsi reconnaîtrait-on et les méchants et les bons, comme entre les nuages les hommes peuvent compter les étoiles. Mais aujourd'hui nulle frontière n'est tracée par les dieux, avec netteté, entre les honnêtes gens et les méchants (255); dans sa ronde le temps exalte la seule richesse.

 

 

Strophe II. — je ne cesserai pas d'unir les Charites aux Muses (256) dans la plus délicieuse des alliances. Puissé-je ne pas vivre sans les Muses, mais toujours porter des couronnes ! Même vieux, l'aède célèbre encore Mnémosyne (257); encore je chanterai d'Héraclès l'hymne triomphal. Avec Bromios (258) donneur du vin, avec la mélodie de la lyre aux sept cordes et la flûte libyenne, je n'abandonnerai pas encore les Muses qui m'ont fait choreute. 

 

 

 

Antistrophe II. — C'est un péan que les filles de Délos (259) chantent devant les portes de Lêtô, en l'honneur de son noble fils (260), en déployant les rondes de leurs beaux choeurs; ce sont des péans que devant ton palais, vieil aède à la barbe chenue, comme un cygne (261) je ferai retentir. Quel beau sujet s'offre à mes hymnes : mon roi est fils de Zeus ! Mais à sa noble origine est encore supérieure sa vertu ; ses travaux ont assuré une vie sans tempête aux mortels; il a mis fin aux terreurs causées par les monstres.

Amphitryon apparaît à la porte du palais. Au même moment Lycos arrive, suivi de ses gardes.

 

Λύκος
ς καιρὸν οἴκων ᾿Αμφιτρύων ἔξω περᾷ·
χρόνος γὰρ ἤδη δαρὸς ἐξ ὅτου πέπλοις
κοσμεῖσθε σῶμα καὶ νεκρῶν ἀγάλμασιν.
λλ' εἶα, παῖδας καὶ δάμαρθ' ῾Ηρακλέους
ἔξω κέλευε τῶνδε φαίνεσθαι δόμων, 705
ἐφ' οἷς ὑπέστητ' αὐτεπάγγελτοι θανεῖν.
᾿Αμφιτρύων
ναξ, διώκεις μ' ἀθλίως πεπραγότα
ὕβριν θ' ὑβρίζεις ἐπὶ θανοῦσι τοῖς ἐμοῖς·
ἃ χρῆν σε μετρίως, κεἰ κρατεῖς, σπουδὴν ἔχειν.
πεὶ δ' ἀνάγκην προστίθης ἡμῖν θανεῖν, 710
στέργειν ἀνάγκη· δραστέον δ' ἃ σοὶ δοκεῖ.
Λύκος
Ποῦ δῆτα Μεγάρα; ποῦ τέκν' ᾿Αλκμήνης γόνου;
᾿Αμφιτρύων
Δοκῶ μὲν αὐτήν, ὡς θύραθεν εἰκάσαι...
Λύκος
Τί χρῆμα δόξης; τοῦ δ' ἔχεις τεκμήριον;
᾿Αμφιτρύων
κέτιν πρὸς ἁγνοῖς ῾Εστίας θάσσειν βάθροις... 715
Λύκος
νόνητά γ' ἱκετεύουσαν ἐκσῷσαι βίον.
᾿Αμφιτρύων
Λαὶ τὸν θανόντα γ' ἀνακαλεῖν μάτην πόσιν.
Λύκος
δ' οὐ πάρεστιν οὐδὲ μὴ μόλῃ ποτέ.
᾿Αμφιτρύων
Οὔκ, εἴ γε μή τις θεῶν ἀναστήσειέ νιν.
Λύκος
Χώρει πρὸς αὐτὴν κἀκκόμιζε δωμάτων. 720
᾿Αμφιτρύων
Μέτοχος ἂν εἴην τοῦ φόνου δράσας τόδε.
Λύκος
μεῖς, ἐπειδὴ σοὶ τόδ' ἔστ' ἐνθύμιον,
οἱ δειμάτων ἔξωθεν ἐκπορεύσομεν
σὺν μητρὶ παῖδας. δεῦρ' ἕπεσθε, πρόσπολοι,
ὡς ἂν σχολὴν λύσωμεν ἄσμενοι πόνων. 725
᾿Αμφιτρύων
Σὺ δ' οὖν ἴθ', ἔρχῃ δ' οἷ χρεών· τὰ δ' ἄλλ' ἴσως
ἄλλῳ μελήσει. Προσδόκα δὲ δρῶν κακῶς
κακόν τι πράξειν. γέροντες, ἐς καλὸν
στείχει, βρόχοισι δ' ἀρκύων γενήσεται
ξιφηφόροισι, τοὺς πέλας δοκῶν κτενεῖν 730
ὁ παγκάκιστος. Εἶμι δ', ὡς ἴδω νεκρὸν
πίπτοντ'· ἔχει γὰρ ἡδονὰς θνῄσκων ἀνὴρ
ἐχθρὸς τίνων τε τῶν δεδραμένων δίκην.
Χορός
Μεταβολὰ κακῶν· μέγας ὁ πρόσθ' ἄναξ 735
πάλιν ὑποστρέφει βίοτον ἐξ ῞Αιδα.
ώ·
δίκα καὶ θεῶν παλίρρους πότμος. 740
λθες χρόνῳ μὲν οὗ δίκην δώσεις θανών,
ὕβρεις ὑβρίζων εἰς ἀμείνονας σέθεν.
Χαρμοναὶ δακρύων ἔδοσαν ἐκβολάς·
πάλιν ἔμολεν, ἃ πάρος οὔποτε διὰ φρενὸς ἤλπισ' ἂν
745
παθεῖν, γᾶς ἄναξ.
λλ', ὦ γεραιοί, καὶ τὰ δωμάτων ἔσω
σκοπῶμεν, εἰ πράσσει τις ὡς ἐγὼ θέλω.
Λύκος
ώ μοί μοι. 750
Χορός
Τόδε κατάρχεται μέλος ἐμοὶ κλύειν
φίλιον ἐν δόμοις· θάνατος οὐ πόρσω.
Βοᾷ
φόνου φροίμιον στενάζων ἄναξ.
Λύκος
πᾶσα Κάδμου γαῖ', ἀπόλλυμαι δόλῳ.
LYCOS
C'est à propos, Amphitryon, que tu sors du palais; il vous a fallu beaucoup de temps pour orner votre corps des vêtements et des parures des morts. Allons! invite les fils et l'épouse d'Héraclès à sortir de ce palais et à paraître devant nous : vous avez promis de vous livrer de vous-mêmes à la mort.
AMPHITRYON
Roi, tu me poursuis malgré mon infortune, et tu m'accables d'outrages parce que mon fils est mort. Tu devrais, malgré ta puissance, modérer ton acharnement. Puisque par la force tu nous imposes la mort, force nous est bien de l'accepter et d'obéir à ta loi!
LYCOS
Où est Mégara ? Où sont les enfants du fils d'Alcmène ?
AMPHITRYON (scrutant l'intérieur du palais)
Je crois, à juger de la porte, que c'est elle qui...
LYCOS
Eh bien ? pour le croire, sur quoi t'appuies-tu ?
AMPHITRYON
... qui est assise en suppliante sur les marches sacrées de l'autel.
LYCOS
C'est en vain qu'elle supplie pour sauver sa vie.
AMPHITRYON
En vain, puisqu'il est mort, qu'elle appelle son mari.
LYCOS
Mais il n'est pas ici; et il ne reviendra jamais.
AMPHITRYON
Non, à moins qu'un des dieux ne le ressuscite.
LYCOS
Va près d'elle et fais-la sortir du palais.
AMPHITRYON
Je prendrais part au meurtre, si je t'obéissais.
LYCOS
Eh bien! moi, puisque ce scrupule t'arrête, je n'aurai pas de ces frayeurs : je les ferai sortir, la mère et les fils. (A ses gardes.) Ici! Suivez-moi, esclaves. Assez de délais; délivrons-nous enfin — avec quelle joie! — de ces ennuis.
Lycos entre dans le palais avec ses gardes.
AMPHITRYON
Va donc, va-t'en vers ton destin. Pour le reste, peut-être un autre s'en chargera-t-il. Attends-toi, faisant le mal, à subir le mal. — O vieillards, c'est bien; il entre; aux mailles du filet il se prendra et par l'épée il périra, lui qui pensait tuer les autres, le monstre de lâcheté! J'entre pour voir son cadavre tomber. Quelle jouissance que la mort d'un ennemi qui subit le châtiment de ses crimes! Il entre dans le palais.
LE CHOEUR
Strophe I. — Le malheur change de camp. Puissant, l'ancien roi revient à la vie, au sortir de l'Hadès.
Io.
O justice ! ô divins retours de la destinée ! 
LE CORYPHÉE
L'heure est venue où tu vas payer ta dette en mourant, pour avoir accablé d'outrages de meilleurs que toi.
LE CHŒUR
La joie fait jaillir mes larmes. Il est revenu — bonheur qu'auparavant mon coeur n'eût jamais espéré — le roi du pays !
LE CORYPHÉE
Allons, vieillards, regardons aussi à l'intérieur du palais. Quelqu'un y subit-il le sort que je lui souhaite ?
LYCOS
Ah!... à moi! à moi! 
LE CHŒUR
Antistrophe I. — Voici que commence un chant que j'aime à entendre, dans le palais. La mort n'est pas loin. Il crie.
Prélude au meurtre ! un gémissement du roi ! 
LYCOS
O pays tout entier de Cadmos! Je péris par la ruse.

Χορός
Καὶ γὰρ διώλλυς· ἀντίποινα δ' ἐκτίνων 755
τόλμα, διδούς γε τῶν δεδραμένων δίκην.
Τίς ὁ θεοὺς ἀνομίᾳ χραίνων, θνητὸς ὤν,
ἄφρονα λόγον οὐρανίων μακάρων κατέβαλ', ὡς ἄρ' οὐ
σθένουσιν θεοί;
Γέροντες, οὐκέτ' ἔστι δυσσεβὴς ἀνήρ. 760
Σιγᾷ μέλαθρα· πρὸς χοροὺς τραπώμεθα.
[Φίλοι γὰρ εὐτυχοῦσιν οὓς ἐγὼ θέλω.]

Χοροὶ χοροὶ καὶ θαλίαι 
μέλουσι Θήβας ἱερὸν κατ' ἄστυ.
Μεταλλαγαὶ γὰρ δακρύων, 765
μεταλλαγαὶ συντυχίας
<νέας> ἔτεκον ἀοιδάς.
Βέβακ' ἄναξ ὁ καινός, ὁ δὲ παλαίτερος
κρατεῖ, λιμένα λιπών γε τὸν ᾿Αχερόντιον. 770
δοκημάτων ἐκτὸς ἦλθεν ἐλπίς.

θεοὶ θεοὶ τῶν ἀδίκων 
μέλουσι καὶ τῶν ὁσίων ἐπᾴειν.
χρυσὸς ἅ τ' εὐτυχία
φρενῶν βροτοὺς ἐξάγεται, 775
δύνασιν ἄδικον ἐφέλκων.
Χρόνου γὰρ οὔτις τὸ πάλιν εἰσορᾶν ἔτλα·
νόμον παρέμενος, ἀνομίᾳ χάριν διδοὺς
ἔθραυσεν ὄλβου κελαινὸν ἅρμα. 780

᾿Ισμήν' ὦ στεφαναφόρει,
ξεσταί θ' ἑπταπύλου πόλεως
ἀναχορεύσατ' ἀγυιαί,
Δίρκα θ' ἁ καλλιρρέεθρος,
σύν τ' ᾿Ασωπιάδες κόραι, 785
πατρὸς ὕδωρ βᾶτε λιποῦσαι συναοιδοί,
Νύμφαι, τὸν ῾Ηρακλέους
καλλίνικον ἀγῶνα.
Πυθίου δενδρῶτι πέτρα 790
Μουσῶν θ' ῾Ελικωνιάδων δώματα,
ἥξετ' εὐγαθεῖ κελάδῳ
ἐμὰν πόλιν, ἐμὰ τείχη,
Σπαρτῶν ἵνα γένος ἔφανε
χαλκασπίδων λόχος, ὃς γᾶν 795
τέκνων τέκνοις μεταμείβει,
Θήβαις ἱερὸν φῶς.

λέκτρων δύο συγγενεῖς
εὐναί, θνατογενοῦς τε καὶ
Διός, ὃς ἦλθεν ἐς εὐνὰν 800
Νύμφας τᾶς Περσηίδος· ὡς
πιστόν μοι τὸ παλαιὸν ἤ-
δη λέχος, ὦ Ζεῦ, σὸν ἐπ' οὐκ ἐλπίδι φάνθη,
λαμπρὰν δ' ἔδειξ' ὁ χρόνος 805
τὰν ῾Ηρακλέος ἀλκάν·
ὃς γᾶς  ἐξέβα θαλάμων
Πλούτωνος δῶμα λιπὼν νέρτερον.
Κρείσσων μοι τύραννος ἔφυς
ἢ δυσγένει' ἀνάκτων, 810
ἃ νῦν ἐσορᾶν ἔφανε
ξιφηφόρων ἐς ἀγώνων
ἅμιλλαν, εἰ τὸ δίκαιον
θεοῖς ἔτ' ἀρέσκει.

α ἔα·
ἆρ' ἐς τὸν αὐτὸν πίτυλον ἥκομεν φόβου,
γέροντες, οἷον φάσμ' ὑπὲρ δόμων ὁρῶ;
Φυγῇ φυγῇ
νωθὲς πέδαιρε κῶλον, ἐκποδὼν ἔλα.
ναξ Παιάν, 820
ἀπότροπος γένοιό μοι πημάτων.

LE CORYPHÉE
C'est que tu en as fait périr d'autres. Tu paies ta dette : résigne-toi. Tu subis le châtiment de tes crimes.
LE CHŒUR
Quel impie sans loi, pour souiller les dieux, tout mortel qu'il est, a lancé ce blasphème insensé contre les Bienheureux du ciel que les dieux n'ont pas de puissance ?
LE CORYPHÉE
Vieillards, l'homme impie n'est plus. Le palais est silencieux. Retournons à nos choeurs. < Mes amis sont favorisés par le destin, selon mon désir >.
LE CHŒUR
Strophe II. — Les chœurs, les choeurs et les festins sont le seul souci des Thébains par la ville sacrée : tout a changé; plus de larmes; tout a changé dans les événements... (lacune)... ont fait naître les chants. Car il a trépassé, le roi nouveau. Le plus ancien règne : il a quitté le rivage de l'Achéron. Contre toute attente s'est réalisée notre espérance.

Antistrophe II. — Les dieux, les dieux ont à coeur de connaître l'injustice et la piété. L'or et les faveurs du sort égarent la raison des mortels et entraînent la puissance à l'injustice. Personne n'ose envisager les vicissitudes du temps, quand il a rejeté la loi et se complaît dans l'iniquité. Il brise dans les ténèbres le char de sa prospérité (262).

 

Strophe III. — Isménos, ah ! pare-toi de couronnes. Rues bien pavées de la Ville aux Sept Portes, remplissez-vous de chœurs ; et toi, Dircé la source aux belles eaux, et vous aussi, filles d'Asôpos (263), de votre père quittez les ondes, venez chanter avec moi, nymphes, d'Héraclès le glorieux exploit. Oh ! Rocher boisé de Pythô (264), demeures des Muses de l'Hélicon (265), exaltez par vos chants de joie ma cité, mes remparts, où la race des Spartes est apparue en un bataillon aux boucliers d'airain (266), qui transmet la terre aux enfants de ses enfants, pour Thèbes flambeau sacré.

 

 

 

Antistrophe III. — O couche deux fois ensemencée, par un homme de race mortelle et par Zeus (267) qui est venu dans le lit de l'Épousée, fille de Persée (268) ! Combien est certaine pour moi désormais cette ancienne union, ô Zeus ! Ta paternité, contre toute espérance, s'est révélée (269). Et dans tout son éclat s'est montrée, avec le temps, la valeur d'Héraclès : il est sorti des profondeurs de la terre, ayant quitté de Pluton la demeure infernale. Tu es pour moi un roi plus puissant, de par ta naissance, que des princes dont l'origine est vile. On peut aujourd'hui constater, avec évidence, par l'issue de ce duel à l'épée, que la justice aux dieux plaît encore.

Apparaissent Iris et Lyssa (270), sur la plate-forme qui domine la scène.

 

LE CORYPHÉE
Ah! ah! allons-nous retomber encore dans les mêmes agitations de la frayeur, vieillards ? Quelle apparition vois-je sur le palais ?
Fuyons, fuyons. Hâte ta marche lente. Éloigne-toi d'ici.
O roi Péan, secours-moi. Détourne de moi les malheurs.

῏Ιρις
Θαρσεῖτε Νυκτὸς τήνδ' ὁρῶντες ἔκγονον
Λύσσαν, γέροντες, κἀμὲ τὴν θεῶν λάτριν
῏Ιριν· πόλει γὰρ οὐδὲν ἥκομεν βλάβος,
ἑνὸς δ' ἐπ' ἀνδρὸς σῶμα συστρατεύομεν, 825
ὅν φασιν εἶναι Ζηνὸς ᾿Αλκμήνης τ' ἄπο.
πρὶν μὲν γὰρ ἄθλους ἐκτελευτῆσαι πικρούς,
τὸ χρή νιν ἐξέσῳζεν, οὐδ' εἴα πατὴρ
Ζεύς νιν κακῶς δρᾶν οὔτ' ἔμ' οὔθ' ῞Ηραν ποτέ·
πεὶ δὲ μόχθους διεπέρασ' Εὐρυσθέως, 830
῞Ηρα προσάψαι καινὸν αἷμ' αὐτῷ θέλει
παῖδας κατακτείναντι, συνθέλω δ' ἐγώ.
λλ' εἶ', ἄτεγκτον συλλαβοῦσα καρδίαν,
Νυκτὸς κελαινῆς ἀνυμέναιε παρθένε,
μανίας τ' ἐπ' ἀνδρὶ τῷδε καὶ παιδοκτόνους 835
φρενῶν ταραγμοὺς καὶ ποδῶν σκιρτήματα
ἔλαυνε, κίνει, φόνιον ἐξίει κάλων,
ὡς ἂν πορεύσας δι' ᾿Αχερούσιον πόρον
τὸν καλλίπαιδα στέφανον αὐθέντῃ φόνῳ
γνῷ μὲν τὸν ῞Ηρας οἷός ἐστ' αὐτῷ χόλος, 840
μάθῃ δὲ τὸν ἐμόν· ἢ θεοὶ μὲν οὐδαμοῦ,
τὰ θνητὰ δ' ἔσται μεγάλα, μὴ δόντος δίκην.
Λύσσα
ξ εὐγενοῦς μὲν πατρὸς ἔκ τε μητέρος
πέφυκα, Νυκτὸς Οὐρανοῦ τ' ἀφ' αἵματος·
τιμάς τ' ἔχω τάσδ' οὐκ ἀγασθῆναι φίλοις,  845
οὐδ' ἥδομαι φοιτῶσ' ἐπ' ἀνθρώπων φίλους.
Παραινέσαι δέ, πρὶν σφαλεῖσαν εἰσιδεῖν,
῞Ηρᾳ θέλω σοί τ', ἢν πίθησθ' ἐμοῖς λόγοις.
νὴρ ὅδ' οὐκ ἄσημος οὔτ' ἐπὶ χθονὶ
οὔτ' ἐν θεοῖσιν, οὗ σύ μ' ἐσπέμπεις δόμους· 850
ἄβατον δὲ χώραν καὶ θάλασσαν ἀγρίαν
ἐξημερώσας, θεῶν ἀνέστησεν μόνος
τιμὰς πιτνούσας ἀνοσίων ἀνδρῶν ὕπο·
σοί τ' οὐ παραινῶ μεγάλα βούλεσθαι κακά.
῏Ιρις
Μὴ σὺ νουθέτει τά θ' ῞Ηρας κἀμὰ μηχανήματα. 855
Λύσσα
ς τὸ λῷον ἐμβιβάζω σ' ἴχνος ἀντὶ τοῦ κακοῦ.
῏Ιρις
Οὐχὶ σωφρονεῖν γ' ἔπεμψε δεῦρό σ' ἡ Διὸς δάμαρ.
Λύσσα
῞Ηλιον μαρτυρόμεσθα δρῶσ' ἃ δρᾶν οὐ βούλομαι.
Εἰ δὲ δή μ' ῞Ηρᾳ θ' ὑπουργεῖν σοί τ' ἀναγκαίως ἔχει
τάχος ἐπιρροίβδην θ' ὁμαρτεῖν ὡς κυνηγέτῃ κύνας, 860
εἶμί γ'· οὔτε πόντος οὕτως κύμασιν στένων λάβρως
οὔτε γῆς σεισμὸς κεραυνοῦ τ' οἶστρος ὠδῖνας πνέων,
οἷ' ἐγὼ στάδια δραμοῦμαι στέρνον εἰς ῾Ηρακλέους·
καὶ καταρρήξω μέλαθρα καὶ δόμους ἐπεμβαλῶ,
τέκν' ἀποκτείνασα πρῶτον· ὁ δὲ κανὼν οὐκ εἴσεται 865
παῖδας οὓς ἔτικτ' ἐναίρων, πρὶν ἂν ἐμὰς λύσσας ἀφῇ.
ν ἰδού· καὶ δὴ τινάσσει κρᾶτα βαλβίδων ἄπο
καὶ διαστρόφους ἑλίσσει σῖγα γοργωποὺς κόρας.
μπνοὰς δ' οὐ σωφρονίζει, ταῦρος ὣς ἐς ἐμβολὴν
δεινὰ μυκᾶται δὲ Κῆρας ἀνακαλῶν τὰς Ταρτάρου. 870
Τάχα σ' ἐγὼ μᾶλλον χορεύσω καὶ καταυλήσω φόβῳ.
Στεῖχ' ἐς Οὔλυμπον πεδαίρουσ', ῏Ιρι, γενναῖον πόδα·
ἐς δόμους δ' ἡμεῖς ἄφαντοι δυσόμεσθ' ῾Ηρακλέους.
IRIS
Rassurez-vous. Vous voyez ici, vieillards, la fille de la Nuit, Lyssa; et moi, je suis la servante des dieux, Iris. La ville n'aura pas à souffrir de notre venue : c'est un seul homme et sa famille que nous attaquons, celui qu'on dit né de Zeus et d'Alcmène. Tant qu'il n'avait pas achevé ses pénibles travaux, le destin le protégeait, et son père, Zeus, ne permettait jamais à Héra ni à moi de lui faire du mal. Mais maintenant qu'il a mené à terme les épreuves imposées par Eurysthée, Héra veut qu'il se souille du sang des siens, qu'il abatte ses fils; et je le veux avec elle.
Va donc, trempe ton coeur inexorable, fille de la sombre Nuit, vierge étrangère à l'hymen; jette cet homme dans les accès de la démence (271); qu'il tue ses enfants, dans les troubles de la folie; fais-lui danser une danse forcenée; excite-le; lâche le câble (272) du meurtre pour qu'il fasse passer le cours de l'Achéron à ses fils, merveilleuse couronne; que de sa propre main il les tue; qu'il sache ce qu'est la haine d'Héra pour lui, ce qu'est la mienne. Les dieux ne seront plus rien, mais l'humanité aura la puissance, s'il n'est pas puni.

LYSSA
Un père et une mère de noble race m'ont donné le jour : je suis du sang de la Nuit et du Ciel (273). J'exerce des fonctions qui ne sont pas pour me faire vénérer ni aimer et je ne me réjouis pas d'avoir à visiter ceux des hommes que j'aime. Je veux donc, avant de vous voir commettre une erreur, vous exhorter, Héra et toi, à vous laisser persuader par mes paroles. Cet homme dans la demeure de qui tu m'envoies n'est pas sans renom ni sur la terre ni chez les dieux. Des contrées inaccessibles et une mer sauvage, voilà ce qu'il a pacifié; il a relevé, seul, le culte des dieux abattu par des hommes impies. Je te conseille de renoncer à lui vouloir de terribles malheurs.

IRIS (274)
Ne critique pas, toi, les desseins d'Héra et les miens.
LYSSA
C'est dans le bon chemin que je te ramène : tu es dans le mauvais.
IRIS
Ce n'est pas pour faire de la morale que t'a envoyée ici l'épouse de Zeus.
LYSSA
J'en prends le Soleil à témoin : l'acte que j'accomplis, je ne le veux pas. Mais s'il me faut absolument servir Héra et toi, et tournoyant, jappant, marcher sur vos pas comme le chien derrière le chasseur, ni les flots mugissants de la mer déchaînée, ni le tremblement de la terre, ni l'aiguillon de la foudre quand elle sème les angoisses ne m'égaleront pour foncer, tel le coureur dans le stade, sus à la poitrine d'Héraclès. J'abattrai le palais et sur lui renverserai sa demeure. Je ferai périr les enfants d'abord; leur meurtrier ne saura pas qu'il tue les fils qu'il a engendrés, avant d'être délivré de mes fureurs.(Se tournant vers l'intérieur du palais.) Regarde. Voici que déjà il secoue la tête; il franchit les barrières de l'arène et roule des yeux hagards; il se tait, prunelles exorbitées; il ne modère plus sa respiration haletante; comme un taureau qui va se ruer, il pousse des mugissements terribles, en invoquant les Kères du Tartare. Bientôt je te ferai danser mieux encore aux accents de la flûte de l'épouvante. Va, Iris; vers l'Olympe élève tes pas généreux; moi je pénétrerai sans me faire voir dans le palais d'Héraclès.
Elle entre dans le palais. Iris disparaît.

Χορός
τοτοτοτοτοῖ, στέναξον· ἀποκείρεται 875
σὸν ἄνθος πόλεος, ὁ Διὸς ἔκγονος.
Μέλεος ῾Ελλάς, ἃ τὸν εὐεργέταν
ἀποβαλεῖς, ὀλεῖς μανίαισιν Λύσσας
χορευθέντ' ἐναύλοις.

Βέβακεν ἐν δίφροισιν ἁ πολύστονος, 880
ἅρμασι δ' ἐνδίδωσι
κέντρον ὡς ἐπὶ λώβᾳ
Νυκτὸς Γοργὼν ἑκατογκεφάλοις
ὄφεων ἰαχήμασι, Λύσσα μαρμαρωπός.

Ταχὺ τὸν εὐτυχῆ μετέβαλεν δαίμων, 885
ταχὺ δὲ πρὸς πατρὸς τέκν' ἐκπνεύσεται.
LE CHŒUR
Hélas ! hélas ! hélas ! gémis : on moissonne la fleur de ta cité, le fils de Zeus. Malheureuse Hellade, qui perdras ton bienfaiteur ! Il va périr des fureurs de Lyssa qui l'excite à la danse avec sa flûte.

Elle est partie sur son char, la déesse qui fait tant gémir; à son attelage elle donne de l'aiguillon comme pour le précipiter, la fille de la Nuit, Gorgone (275) ; les cent têtes de vipères sifflent : c'est Lyssa, dont le regard pétrifie.

En un moment, un dieu lui a retiré ses faveurs ; en un moment, sous les coups de leur père, les enfants expireront.

 

᾿Αμφιτρύων
ώ μοι μέλεος.
Χορός
ὼ Ζεῦ, τὸ σὸν γένος ἄγονον αὐτίκα
λυσσάδες ὠμοβρῶτες ἄδικοι Ποιναὶ
κακοῖσιν ἐκπετάσουσιν. 890
᾿Αμφιτρύων
ὼ στέγαι.
Χορός
Κατάρχεται χόρευμα τυμπάνων ἄτερ,
οὐ βρομίῳ κεχαρισμένα θύρσῳ . . .
᾿Αμφιτρύων
ὼ δόμοι.
Χορός
Πρὸς αἵματ', οὐχὶ τᾶς Διονυσιάδος
βοτρύων ἐπὶ χεύμασι λοιβᾶς. 895 
᾿Αμφιτρύων
Φυγῇ, τέκν', ἐξορμᾶτε.
Χορός
Δάιον τόδε
δάιον μέλος ἐπαυλεῖται.
Κυναγετεῖ τέκνων διωγμόν· οὔποτ' ἄκραντα δόμοισι
Λύσσα βακχεύσει.
᾿Αμφιτρύων
Αἰαῖ κακῶν. 900
Χορός
Αἰαῖ δῆτα τὸν γεραιὸν ὡς στένω
πατέρα τάν τε παιδοτρόφον, < > μάταν
τέκεα γεννᾶται.
δοὺ ἰδού,
θύελλα σείει δῶμα, συμπίπτει στέγη. 905
῾Ηρακλῆς
ἤ· τί δρᾷς, ὦ Διὸς παῖ, μελάθρῳ;
τάραγμα ταρτάρειον, ὡς ἐπ' ᾿Εγκελάδῳ ποτέ, Παλλάς,
ἐς δόμους πέμπεις.
῎Αγγελος
λευκὰ γήρᾳ σώματ' 
Χορός
νακαλεῖς με τίνα
βοάν; 910
῎Αγγελος
λαστα τἀν δόμοισι.
Χορός
Μάντιν οὐχ
ἕτερον ἄξομαι.
῎Αγγελος
Τεθνᾶσι παῖδες.
Χορός
Αἰαῖ.
῎Αγγελος
Στενάζεθ', ὡς στενακτά.
Χορός
Δάιοι φόνοι,
δάιοι δὲ τοκέων χέρες· ὤ. 915
῎Αγγελος
Οὐκ ἄν τις εἴποι μᾶλλον ἢ πεπόνθαμεν.
Χορός
Πῶς παισὶ στενακτὰν ἄταν ἄταν
πατέρος ἀμφαίνεις;
λέγε, τίνα τρόπον ἔσυτο θεόθεν ἐπὶ
μέλαθρα κακὰ τάδε, 920
τλήμονάς τε παίδων τύχας;
AMPHITRYON
Ah ! à moi ! malheur !
LE CHŒUR
Ah ! Zeus, ta descendance n'aura plus de descendance, bientôt. Furieuses, gorgées de chair vivante, exigeant une juste rançon (276) les Vengeances dans les filets du malheur vont l'envelopper.
AMPHITRYON (de l'intérieur)
O mon toit !
LE CHOEUR
Voici que commence une danse, sans les tambours ni le thyrse de Bromios pour l'égayer.
AMPHITRYON
O mon palais !
LE CHŒUR
Il lui faut du sang, non la libation dionysienne du jus de la grappe.
AMPHITRYON
Fuyez, enfants, sauvez-vous !
LE CHOEUR
Horrible, ah ! horrible, ce chant qu'accompagne la flûte.
Comme une meute, il active la poursuite de ses enfants. Ce n'est pas en vain que bientôt au palais Lyssa va lancer la bacchanale.
AMPHITRYON
Hélas ! Malheur !
LE CHOEUR
Hélas ! Ce vieux père, comme je le plains, et celle qui a nourri ces fils, qui vainement les a mis au monde !
LE CORYPHÉE
Voyez! voyez!
Une tempête ébranle la maison; le toit s'écroule.
Un grand fracas.
LE CHŒUR
Ah ! ah ! que fais-tu, ô fille de Zeus, dans le palais ? C'est un bouleversement qui s'étend jusqu'au Tartare, comme jadis pour ensevelir Encelade, ô Pallas, que tu portes dans le palais.
Un messager sort du palais.
LE MESSAGER
O têtes blanchies par la vieillesse!
LE CHŒUR
Que veux-tu? Pourquoi ce cri?
LE MESSAGER
La malédiction est au palais.
LE CHŒUR
Un devin ne nous apprendrait rien.
LE MESSAGER
Les enfants sont morts.
LE CHŒUR
Hélas !
LE MESSAGER
Lamentez-vous : leur sort est lamentable.
LE CHŒUR
Horrible meurtre ! horribles mains d'un père ! Ah !
LE MESSAGER
Nulle parole ne pourrait égaler nos malheurs.
LE CHŒUR
Comment sur les enfants la calamité, la calamité lamentable que tu annonces a-t-elle puni leur père? Dis-nous de quelle façon se sont abattus du ciel sur le palais de tels malheurs ; dis-nous les terribles infortunes de ses fils.

῎Αγγελος
ερὰ μὲν ἦν πάροιθεν ἐσχάρας Διὸς
καθάρσι' οἴκων, γῆς ἄνακτ' ἐπεὶ κτανὼν
ἐξέβαλε τῶνδε δωμάτων ῾Ηρακλέης·
χορὸς δὲ καλλίμορφος εἱστήκει τέκνων
925
πατήρ τε Μεγάρα τ'· ἐν κύκλῳ δ' ἤδη κανοῦν
εἵλικτο βωμοῦ, φθέγμα δ' ὅσιον εἴχομεν.
Μέλλων δὲ δαλὸν χειρὶ δεξιᾷ φέρειν,
ἐς χέρνιβ' ὡς βάψειεν, ᾿Αλκμήνης τόκος
ἔστη σιωπῇ. καὶ χρονίζοντος πατρὸς 930
παῖδες προσέσχον ὄμμ'· ὁ δ' οὐκέθ' αὑτὸς ἦν,
ἀλλ' ἐν στροφαῖσιν ὀμμάτων ἐφθαρμένος
ῥίζας τ' ἐν ὄσσοις αἱματῶπας ἐκβαλὼν
ἀφρὸν κατέσταζ' εὐτρίχου γενειάδος.
λεξε δ' ἅμα γέλωτι παραπεπληγμένῳ· 935
Πάτερ, τί θύω πρὶν κτανεῖν Εὐρυσθέα
καθάρσιον πῦρ, καὶ πόνους διπλοῦς ἔχω;
ἔργον μιᾶς μοι χειρὸς εὖ θέσθαι τάδε·
ὅταν δ' ἐνέγκω δεῦρο κρᾶτ' Εὐρυσθέως,
ἐπὶ τοῖσι νῦν θανοῦσιν ἁγνιῶ χέρας. 940
κχεῖτε πηγάς, ῥίπτετ' ἐκ χειρῶν κανᾶ.
Τίς μοι δίδωσι τόξα; τίς <δ'> ὅπλον χερός;
πρὸς τὰς Μυκήνας εἶμι· λάζυσθαι χρεὼν
μοχλοὺς δικέλλας θ', ὥστε Κυκλώπων βάθρα
φοίνικι κανόνι καὶ τύκοις ἡρμοσμένα 945
στρεπτῷ σιδήρῳ συντριαινῶσαι πάλιν.
Αὐτοῦ δὲ βαίνων ἅρματ' οὐκ ἔχων ἔχειν
ἔφασκε, δίφρου δ' εἰσέβαινεν ἄντυγας
κἄθεινε, κέντρον δῆθεν ὡς ἔχων, χερί.
Διπλοῦς δ' ὀπαδοῖς ἦν γέλως φόβος θ' ὁμοῦ.
Καί τις τόδ' εἶπεν, ἄλλος εἰς ἄλλον δρακών·
Παίζει πρὸς ἡμᾶς δεσπότης ἢ μαίνεται;
δ' εἷρπ' ἄνω τε καὶ κάτω κατὰ στέγας,
μέσον δ' ἐς ἀνδρῶν' ἐσπεσὼν Νίσου πόλιν
ἥκειν ἔφασκε· δωμάτων τ' ἔσω βεβώς, 955
κλιθεὶς ἐς οὖδας, ὡς ἔχει, σκευάζεται
θοίνην. διελθὼν δ' ὡς βραχὺν χρόνον μονῆς
᾿Ισθμοῦ ναπαίας ἔλεγε προσβαίνειν πλάκας.
Κἀνταῦθα γυμνὸν σῶμα θεὶς πορπαμάτων,
πρὸς οὐδέν' ἡμιλλᾶτο κἀκηρύσσετο 960
αὐτὸς πρὸς αὑτοῦ καλλίνικος οὐδενός,
ἀκοὴν ὑπειπών. δεινὰ δ' Εὐρυσθεῖ βρέμων
ἦν ἐν Μυκήναις τῷ λόγῳ. Πατὴρ δέ νιν
θιγὼν κραταιᾶς χειρὸς ἐννέπει τάδε·
῏Ω παῖ, τί πάσχεις; τίς ὁ τρόπος ξενώσεως 965
τῆσδ'; οὔ τί που φόνος σ' ἐβάκχευσεν νεκρῶν,
οὓς ἄρτι καίνεις; ὁ δέ νιν Εὐρυσθέως δοκῶν
πατέρα προταρβοῦνθ' ἱκέσιον ψαύειν χερός,
ὠθεῖ, φαρέτραν δ' εὐτρεπῆ σκευάζεται
καὶ τόξ' ἑαυτοῦ παισί, τοὺς Εὐρυσθέως 970
δοκῶν φονεύειν. οἳ δὲ ταρβοῦντες φόβῳ
ὤρουον ἄλλος ἄλλοσ', ἐς πέπλους ὁ μὲν
μητρὸς ταλαίνης, ὁ δ' ὑπὸ κίονος σκιάν,
ἄλλος δὲ βωμὸν ὄρνις ὣς ἔπτηξ' ὕπο.
Βοᾷ δὲ μήτηρ· ῏Ω τεκών, τί δρᾷς; τέκνα 975
κτείνεις; Βοᾷ δὲ πρέσβυς οἰκετῶν τ' ὄχλος.
δ' ἐξελίσσων παῖδα κίονος κύκλῳ,
τόρνευμα δεινὸν ποδός, ἐναντίον σταθεὶς
βάλλει πρὸς ἧπαρ· ὕπτιος δὲ λαΐνους
ὀρθοστάτας ἔδευσεν ἐκπνέων βίον. 980
δ' ἠλάλαξε κἀπεκόμπασεν τάδε·
Εἷς μὲν νεοσσὸς ὅδε θανὼν Εὐρυσθέως
ἔχθραν πατρῴαν ἐκτίνων πέπτωκέ μοι.
ἄλλῳ δ' ἐπεῖχε τόξ', ὃς ἀμφὶ βωμίαν
ἔπτηξε κρηπῖδ' ὡς λεληθέναι δοκῶν. 985
Φθάνει δ' ὁ τλήμων γόνασι προσπεσὼν πατρός,
καὶ πρὸς γένειον χεῖρα καὶ δέρην βαλών,
῏Ω φίλτατ', αὐδᾷ, μή μ' ἀποκτείνῃς, πάτερ·
σός εἰμι, σὸς παῖς· οὐ τὸν Εὐρυσθέως ὀλεῖς.
δ' ἀγριωπὸν ὄμμα Γοργόνος στρέφων, 990
ὡς ἐντὸς ἔστη παῖς λυγροῦ τοξεύματος,
μυδροκτύπον μίμημ', ὑπὲρ κάρα βαλὼν
ξύλον καθῆκε παιδὸς ἐς ξανθὸν κάρα,
ἔρρηξε δ' ὀστᾶ. Δεύτερον δὲ παῖδ' ἑλών,
χωρεῖ τρίτον θῦμ' ὡς ἐπισφάξων δυοῖν. 995
λλὰ φθάνει νιν ἡ τάλαιν' ἔσω δόμων
μήτηρ ὑπεκλαβοῦσα, καὶ κλῄει πύλας.
δ' ὡς ἐπ' αὐτοῖς δὴ Κυκλωπίοισιν ὢν
σκάπτει μοχλεύει θύρετρα, κἀκβαλὼν σταθμὰ
δάμαρτα καὶ παῖδ' ἑνὶ κατέστρωσεν βέλει. 1000
Κἀνθένδε πρὸς γέροντος ἱππεύει φόνον·
ἀλλ' ἦλθεν εἰκών, ὡς ὁρᾶν ἐφαίνετο,
Παλλὰς κραδαίνουσ' ἔγχος ἐπὶ λόφῳ κέαρ,
κἄρριψε πέτρον στέρνον εἰς ῾Ηρακλέους,
ὅς νιν φόνου μαργῶντος ἔσχε, κεἰς ὕπνον 1005
καθῆκε· πίτνει δ' ἐς πέδον, πρὸς κίονα
νῶτον πατάξας, ὃς πεσήμασι στέγης
διχορραγὴς ἔκειτο κρηπίδων ἔπι.
μεῖς δ' ἐλευθεροῦντες ἐκ δρασμῶν πόδα 1010
σὺν τῷ γέροντι δεσμὰ σειραίων βρόχων 1009
ἀνήπτομεν πρὸς κίον', ὡς λήξας ὕπνου
μηδὲν προσεργάσαιτο τοῖς δεδραμένοις.
Εὕδει δ' ὁ τλήμων ὕπνον οὐκ εὐδαίμονα,
παῖδας φονεύσας καὶ δάμαρτ'. ἐγὼ μὲν οὖν
οὐκ οἶδα θνητῶν ὅστις ἀθλιώτερος. 1015

LE MESSAGER
Les victimes étaient devant le foyer de Zeus (277). On devait purifier la maison, le roi du pays ayant été tué et son cadavre jeté hors du palais par Héraclès. Le choeur gracieux des enfants se tenait auprès du père d'Héraclès et de Mégara. Autour de l'autel avait déjà circulé la corbeille (278) et nous gardions un silence religieux. Il allait prendre dans sa main droite un tison pour le plonger dans l'eau lustrale (279). Leur père s'arrêtant, ses fils tournent vers lui leurs regards. Il n'était plus le même (280); il roulait les yeux, décomposé; ses prunelles, veinées de sang, sortaient de leurs orbites; la bave dégouttait sur sa barbe touffue. Il dit avec un rire de dément : « Père, à quoi bon allumer, avant d'avoir tué Eurysthée, le feu purificateur, et prendre double peine quand je puis d'un seul coup achever tout ? Quand j'aurai apporté ici la tête d'Eurysthée, je purifierai mes mains des deux meurtres à la fois. Répandez l'eau; rejetez de vos mains la corbeille. Qu'on me donne mon arc. Qu'on me donne l'arme de mon bras (281). Je pars pour Mycènes. Il faut prendre des leviers et des pioches pour renverser les assises que les Cyclopes ont ajustées au cordeau enduit de pourpre et au ciseau; avec un pic de fer je les abattrai d'un coup, de fond en comble. » Alors il se met en marche. Il n'a pas d'attelage, mais il prétend en avoir un; il monte sur le siège du char et comme s'il avait un aiguillon fait le geste de frapper.
Deux sentiments partageaient les serviteurs, l'envie de rire et la crainte. Ils se regardent; l'un dit : « S'amuse-t-il de nous, notre maître, ou est-il fou ? » Mais lui parcourt de haut en bas le palais; il se précipite au milieu de la salle des hommes; il prétend qu'il est arrivé dans la ville de Nisos (282), qu'il est entré dans une maison. Il s'étend sur le sol et, sans tarder, se prépare un repas. Courte halte; car bientôt il déclare qu'il se dirige vers les vallons boisés de l'Isthme et ses plateaux. Alors il se met nu, ayant dégrafé et quitté son manteau. Il lutte contre un être imaginaire, puis il se croit un héraut et, ordonnant le silence, se proclame glorieux vainqueur... d'un absent. Puis il fait retentir de terribles menaces contre Eurysthée; car il prétend qu'il est à Mycènes. Son père touche sa main puissante et lui dit : « O mon fils, qu'as-tu ? Quelle est cette façon de voyager ? Ne serait-ce pas le sang de ceux que tu viens de tuer qui t'a jeté dans ces transports bachiques (283) ? » Mais lui croit que c'est le père d'Eurysthée (284) qui tremble pour son fils et qui le supplie en lui touchant la main : il le repousse, met à portée son carquois et son arc pour tuer ses fils, croyant que ce sont ceux d'Eurysthée. Eux, tremblants de terreur, se précipitent en tous sens, l'un contre la robe de sa malheureuse mère, l'autre dans l'ombre d'une colonne; le troisième, au pied de l'autel comme un oiseau se blottit. La mère crie : « Malheureux père, que fais-tu ? Ce sont tes enfants! tu veux les tuer ? » Cris du vieillard, de la foule des serviteurs. Lui s'élance, tourne après son fils autour de la colonne, fait volte-face, terrible, devant lui se dresse, l'atteint au foie. L'enfant gît sur le dos; le marbre des piliers est couvert de son sang; il expire. Héraclès pousse un cri de joie et, triomphant : « Voilà tué un des petits d'Eurysthée; de la haine de son père sa mort m'a vengé. » Il dirige son arc sur un autre qui contre la base de l'autel s'était tapi, croyant y être bien caché. Le malheureux devance son père, se jette à ses genoux, tend la main vers son menton et son cou : « O père chéri, s'écrie-t-il, ne me tue pas, père : je suis à toi, je suis ton fils; ce n'est pas celui d'Eurysthée que tu vas tuer. » Mais lui roule les yeux farouches d'une Gorgone; et comme l'enfant se tient trop près de l'arc funeste, avec le geste du forgeron qui frappe le fer rouge, au-dessus de la tête il brandit la massue, l'abat sur la tête blonde de l'enfant, fracasse ses os. Après avoir tué le second de ses fils, il marche à sa troisième victime pour l'égorger sur les deux autres. Mais il est devancé par la malheureuse mère; elle soustrait l'enfant et l'emporte dans l'intérieur du palais; elle ferme les portes. Mais lui, comme s'il était justement devant les murs des Cyclopes, il sape, il force au levier les battants, il fait sauter les jambages, puis abat son épouse (285) et son fils d'un seul trait. Alors il s'élance pour tuer le vieillard. Mais survient une apparition. Tous les yeux reconnaissent Pallas brandissant une lance (texte altéré) ; elle jette contre la poitrine d'Héraclès une pierre qui arrête sa furie de meurtre et dans le sommeil le plonge. Il tombe sur le sol; son dos heurte une colonne qui, dans la chute du toit brisée en deux, gisait sur sa base. Délivrés, nous ne pensons plus à fuir. Nous aidons le vieillard à lier son fils avec les courroies qui lui servaient de guides; nous l'attachons à une colonne pour qu'à son réveil il n'ajoute pas un nouveau crime à ses forfaits. Il dort, l'infortuné; de quel triste sommeil! Il a tué ses fils et son épouse. Pour moi, je ne connais pas un mortel qui soit plus malheureux.

 

Χορός
φόνος ἦν ὃν ᾿Αργολὶς ἔχει πέτρα
τότε μὲν περισαμότατος καὶ ἄπιστος ῾Ελλάδι
τῶν Δαναοῦ παίδων· τάδε δ' ὑπερέβαλε, παρ-
έδραμε τὰ τότε κακὰ. 1020

Τάλανι διογενεῖ κόρῳ
μονοτέκνου Πρόκνης φόνον ἔχω λέξαι
θυόμενον Μούσαις· 
σὺ δὲ τέκνα τρίγονα τεκόμενος, ὦ δάιε,
λυσσάδι συγκατειργάσω μοίρᾳ.
Αἰαῖ, τίνα στεναγμὸν 1025
ἢ γόον ἢ φθιτῶν
ᾠδάν, ἢ τὸν ῞Αιδα χορὸν ἀχήσω;
Φεῦ φεῦ·
ἴδεσθε, διάνδιχα κλῇθρα
κλίνεται ὑψιπύλων δόμων. 1030
ώ μοι·
ἴδεσθε δὲ τέκνα πρὸ πατρὸς
ἄθλια κείμενα δυστάνου,
εὕδοντος ὕπνον δεινὸν ἐκ παίδων φόνου· 
περὶ δὲ δεσμὰ καὶ πολύβροχ' ἁμμάτων 1035
ἐρείσμαθ' ῾Ηράκλειον
ἀμφὶ δέμας τάδε λαΐνοις
ἀνημμένα κίοσιν οἴκων.
δ' ὥς τις ὄρνις ἄπτερον καταστένων
ὠδῖνα τέκνων, πρέσβυς ὑστέρῳ ποδὶ 1040
πικρὰν διώκων ἤλυσιν πάρεσθ' ὅδε.
᾿Αμφιτρύων
Καδμεῖοι γέροντες, οὐ σῖγα σῖ-
γα τὸν ὕπνῳ παρειμένον ἐάσετ' ἐκ-
λαθέσθαι κακῶν;
Χορός
Κατὰ σὲ δακρύοις στένω, πρέσβυ, καὶ 1045
τέκεα καὶ τὸ καλλίνικον κάρα.
᾿Αμφιτρύων
καστέρω πρόβατε, μὴ
κτυπεῖτε, μὴ βοᾶτε, μὴ
τὸν εὔδι' ἰαύονθ'
ὑπνώδεά τ' εὐνᾶς ἐγείρετε. 1050
Χορός
Οἴμοι.
φόνος ὅσος ὅδ'...
᾿Αμφιτρύων
ἆ,
διά μ' ὀλεῖτε.
Χορός
Κεχυμένος ἐπαντέλλει.
᾿Αμφιτρύων
Οὐκ ἀτρεμαῖα θρῆνον αἰάξετ', ὦ γέροντες;
ἢ δέσμ' ἀνεγειρόμενος χαλάσας ἀπολεῖ πόλιν, 1055
ἀπὸ δὲ πατέρα, μέλαθρά τε καταράξει.
Χορός
δύνατ' ἀδύνατά μοι.
᾿Αμφιτρύων
Σῖγα, πνοὰς μάθω· φέρε πρὸς οὖς βάλω.
Χορός
Εὕδει;
᾿Αμφιτρύων
Ναί, εὕδει
ὕπνον γ' ἄυπνον ὀλόμενον, ὃς ἔκανεν ἄλοχον, ἔ-
κανε δὲ τέκεα, τοξήρει ψαλμῷ τοξεύσας.
Χορός
Σῖτέναζέ νυν
᾿Αμφιτρύων
Στενάζω. 1065
Χορός
τέκνων ὄλεθρον 
᾿Αμφιτρύων
μοι.
Χορός
Σέθεν τε παιδὸς.
᾿Αμφιτρύων
Αἰαῖ.
Χορός
πρέσβυ . . .
᾿Αμφιτρύων
Σῖγα σῖγα·
παλίντροπος ἐξεγειρόμενος στρέφεται· φέρε,
ἀπόκρυφον δέμας ὑπὸ μέλαθρον κρύψω. 1070
Χορός
Θάρσει· νὺξ ἔχει βλέφαρα παιδὶ σῷ.
᾿Αμφιτρύων
ρᾶθ' ὁρᾶτε. Τὸ φάος ἐκ-
λιπεῖν μὲν ἐπὶ κακοῖσιν οὐ
φεύγω τάλας, ἀλλ' εἴ με κανεῖ πατέρ' ὄντα,
πρὸς δὲ κακοῖς κακὰ μήσεται 1075
πρὸς ᾿Ερινύσι θ' αἷμα σύγγονον ἕξει.
Χορός
Τότε θανεῖν σ' ἐχρῆν, ὅτε δάμαρτι σᾷ
φόνον ὁμοσπόρων ἔμολες ἐκπράξας
Ταφίων περίκλυστον ἄστυ πέρσας. 1080
᾿Αμφιτρύων
Φυγὰν φυγάν, γέροντες, ἀποπρὸ δωμάτων
διώκετε· φεύγετε μάργον
ἄνδρ' ἐπεγειρόμενον.
Τάχα φόνον ἕτερον ἐπὶ φόνῳ βαλὼν
ἀν' αὖ βακχεύσει Καδμείων πόλιν. 1085
Χορός
Ζεῦ, τί παῖδ' ἤχθηρας ὧδ' ὑπερκότως
τὸν σόν, κακῶν δὲ πέλαγος ἐς τόδ' ἤγαγες;

LE CHOEUR
Le meurtre dont garde le souvenir le rocher d'Argos (286) était jusqu'alors le plus célèbre, et incroyable pour la Grèce : c'est le forfait des filles de Danaos (287). Ceux-ci le surpassent et laissent loin derrière eux les crimes de ce temps-là.

Le malheureux et noble fils de Procné (288), enfant unique par sa mère égorgé, je puis dire qu'il fut immolé aux Muses. Mais toi, tu avais trois enfants, ô horreur ! et tu les as tous abattus, dans ta folie fatale.

Hélas ! quel gémissement, ou quelle lamentation, ou quel chant des morts vais-je faire retentir ? le choeur d'Hadès?
L'arrière-scène s'ouvre sur Héraclès endormi, attaché à une colonne. La machine amène au premier plan les cadavres de Mégara et de ses trois fils.
Ah! ah !
Voyez, les deux battants s'ouvrent, des hautes portes du palais.
Hélas !Voyez ici les enfants; devant leur père, les malheureux, ils gisent. L'infortuné ! Il dort un sommeil effrayant depuis le meurtre de ses fils. Il est entouré de liens, et leurs innombrables noeuds immobilisent le corps d'Héraclès attaché aux colonnes de marbre du palais.
Entre Amphitryon.
LE CORYPHÉE
Lui, comme un oiseau gémit sur la fin horrible de sa couvée encore sans plumes, le vieillard, derrière les autres, à pas pressés, précipite sa marche; le voilà.
AMPHITRYON (289)
Vieillards cadméens, silence, silence ! Il est abattu par le sommeil; laissez-le oublier ses malheurs. 
LE CHŒUR
C'est sur toi que, dans les larmes, je gémis, vieillard, sur toi et les enfants, et sur cette tête qu'ennoblissait la victoire.
AMPHITRYON
Plus loin ! Écartez-vous. Ne faites pas de bruit; ne criez pas. Il dort, calme comme un beau jour ; il est engourdi ; ne le réveillez pas.
LE CHOEUR
Hélas ! que de sang...
AMPHITRYON
Ah ! ah ! vous me ferez périr.
LE CHOEUR
... répandu apparaît à nos yeux.
AMPHITRYON
Faites moins de bruit en chantant votre thrène, ô vieillards. Prenez garde qu'il ne se réveille, qu'il ne brise ses liens pour anéantir la cité, tuer son père et renverser le palais.

LE CHOEUR
Je ne puis pas, non je ne puis pas.
AMPHITRYON
Silence, que j'écoute sa respiration ! Attends, que j'approche l'oreille !
Il se penche sur Héraclès.
LE CHŒUR
Dort-il ?
AMPHITRYON
Oui, il dort, mais de quel sommeil ! du sommeil du meurtre : il a tué son épouse, il a tué ses enfants; de son arc vibrant il les a transpercés.
LE CHOEUR
Pleure donc...
AMPHITRYON
Je pleure.
LE CHOEUR
... la perte des enfants...
AMPHITRYON
Ah ! malheur à moi !
LE CHOEUR
... et de ton fils.
AMPHITRYON
Hélas !
LE CHŒUR
O vieillard...
AMPHITRYON
Silence, silence ! il change de côté ; il se réveille ; il se retourne. Ah ! fuyons, cachons-nous au fond du palais.
LE CHŒUR
Rassure-toi : la nuit couvre encore les paupières de ton fils.
AMPHITRYON
Voyez, voyez donc ! — Perdre la vie, dans mes malheurs, non, ce n'est pas ce dont j'ai peur, hélas ! mais s'il me tue, moi son père, à ses malheurs il ajoutera des malheurs, et à ses Érinyes, celles du parricide.
LE CHŒUR
Alors tu aurais dû mourir quand des frères de ton épouse tu allais venger le meurtre en ruinant des Taphiens (290) la ville baignée par les flots.
AMPHITRYON
Fuyez, fuyez, vieillards. Loin, bien loin du palais, sauvez-vous. Fuyez l'homme furieux qui se réveille. Bientôt il va entasser meurtre sur meurtre et déchaîner encore ses transports bachiques par la cité de Cadmos.
LE CORYPHÉE
O Zeus, pourquoi un tel débordement de haine contre ton fils ? Pourquoi l'avoir jeté dans cette mer de malheurs (291) ?

 

῾Ηρακλῆς
α·
ἔμπνους μέν εἰμι καὶ δέδορχ' ἅπερ με δεῖ,
αἰθέρα τε καὶ γῆν τόξα θ' ῾Ηλίου τάδε· 1090
ὡς ἐν κλύδωνι καὶ φρενῶν ταράγματι
πέπτωκα δεινῷ καὶ πνοὰς θερμὰς πνέω
μετάρσι', οὐ βέβαια, πνευμόνων ἄπο.
δού, τί δεσμοῖς ναῦς ὅπως ὡρμισμένος
νεανίαν θώρακα καὶ βραχίονα, 1095
πρὸς ἡμιθραύστῳ λαΐνῳ τυκίσματι
ἧμαι, νεκροῖσι γείτονας θάκους ἔχων;
πτερωτά τ' ἔγχη· τόξα δ' ἔσπαρται πέδῳ,
ἃ πρὶν παρασπίζοντ' ἐμοῖς βραχίοσιν
ἔσῳζε πλευρὰς ἐξ ἐμοῦ τ' ἐσῴζετο. 1100
Οὔ που κατῆλθον αὖθις εἰς ῞Αιδου πάλιν,
Εὐρυσθέως δίαυλον; εἰς ῞Αιδου; πόθεν;
λλ' οὔτε Σισύφειον εἰσορῶ πέτρον
Πλούτωνά τ', οὐδὲ σκῆπτρα Δήμητρος κόρης.
κ τοι πέπληγμαι· ποῦ ποτ' ὢν ἀμηχανῶ; 1105
ή, τίς ἐγγὺς ἢ πρόσω φίλων ἐμῶν,
δύσγνοιαν ὅστις τὴν ἐμὴν ἰάσεται;
σαφῶς γὰρ οὐδὲν οἶδα τῶν εἰωθότων.
᾿Αμφιτρύων
Γέροντες, ἔλθω τῶν ἐμῶν κακῶν πέλας;
Χορός
Κἀγώ γε σὺν σοί, μὴ προδοὺς τὰς συμφοράς. 1110
῾Ηρακλῆς
Πάτερ, τί κλαίεις καὶ συναμπίσχῃ κόρας,
τοῦ φιλτάτου σοι τηλόθεν παιδὸς βεβώς;
᾿Αμφιτρύων
τέκνον· εἶ γὰρ καὶ κακῶς πράσσων ἐμός.
῾Ηρακλῆς
Πράσσω δ' ἐγὼ τί λυπρόν, οὗ δακρυρροεῖς;
᾿Αμφιτρύων
κἂν θεῶν τις, εἰ μάθοι, καταστένοι. 1115
῾Ηρακλῆς
Μέγας γ' ὁ κόμπος, τὴν τύχην δ' οὔπω λέγεις.
᾿Αμφιτρύων
ρᾷς γὰρ αὐτός, εἰ φρονῶν ἤδη κυρεῖς.
῾Ηρακλῆς
Εἴπ', εἴ τι καινὸν ὑπογράφῃ τὠμῷ βίῳ.
᾿Αμφιτρύων
Εἰ μηκέθ' ῞AEHIOUVΑιδου βάκχος εἶ, φράσαιμεν ἄν.
῾Ηρακλῆς
Παπαῖ, τόδ' ὡς ὕποπτον ᾐνίξω πάλιν. 1120
᾿Αμφιτρύων
Καί σ' εἰ βεβαίως εὖ φρονεῖς ἤδη σκοπῶ.
῾Ηρακλῆς
Οὐ γάρ τι βακχεύσας γε μέμνημαι φρένας.
᾿Αμφιτρύων
Λύσω, γέροντες, δεσμὰ παιδός; ἢ τί δρῶ;
῾Ηρακλῆς
Καὶ τόν γε δήσαντ' εἴπ'· ἀναινόμεσθα γάρ.
᾿Αμφιτρύων
Τοσοῦτον ἴσθι τῶν κακῶν· τὰ δ' ἄλλ' ἔα. 1125
῾Ηρακλῆς
ρκεῖ σιωπὴ γὰρ μαθεῖν ὃ βούλομαι;
᾿Αμφιτρύων
Ζεῦ, παρ' ῞Ηρας ἆρ' ὁρᾷς θρόνων τάδε;
῾Ηρακλῆς
λλ' ἦ τι κεῖθεν πολέμιον πεπόνθαμεν;
᾿Αμφιτρύων
Τὴν θεὸν ἐάσας τὰ σὰ περιστέλλου κακά.
῾Ηρακλῆς
πωλόμεσθα· συμφορὰν λέξεις τινά. 1130
᾿Αμφιτρύων
δού, θέασαι τάδε τέκνων πεσήματα.
῾Ηρακλῆς
Οἴμοι· τίν' ὄψιν τήνδε δέρκομαι τάλας;
᾿Αμφιτρύων
πόλεμον, ὦ παῖ, πόλεμον ἔσπευσας τέκνοις.
῾Ηρακλῆς
Τί πόλεμον εἶπας; τούσδε τίς διώλεσε;
᾿Αμφιτρύων
Σὺ καὶ σὰ τόξα καὶ θεῶν ὃς αἴτιος. 1135
῾Ηρακλῆς
Τί φῄς; τί δράσας; ὦ κάκ' ἀγγέλλων πάτερ.
᾿Αμφιτρύων
Μανείς· ἐρωτᾷς δ' ἄθλι' ἑρμηνεύματα.
῾Ηρακλῆς
καὶ δάμαρτός εἰμ' ἐγὼ φονεὺς ἐμῆς;
᾿Αμφιτρύων
Μιᾶς ἅπαντα χειρὸς ἔργα σῆς τάδε.
῾Ηρακλῆς
Αἰαῖ· στεναγμῶν γάρ με περιβάλλει νέφος. 1140
᾿Αμφιτρύων
Τούτων ἕκατι σὰς καταστένω τύχας.
῾Ηρακλῆς
γὰρ συνήραξ' οἶκον ἢ βάκχευσ' ἐμόν; 
᾿Αμφιτρύων
Οὐκ οἶδα πλὴν ἕν· πάντα δυστυχεῖ τὰ σά.
῾Ηρακλῆς
Ποῦ δ' οἶστρος ἡμᾶς ἔλαβε; ποῦ διώλεσεν;
᾿Αμφιτρύων
τ' ἀμφὶ βωμὸν χεῖρας ἡγνίζου πυρί. 1145
HÉRACLÈS
Ah!
Je respire et je vois ce que je dois voir, l'air, la terre et les traits du soleil. Une vague a comme bouleversé mon âme, s'est abattue sur moi, terrible. Un souffle brûlant s'échappe, saccadé, inégal, de mes poumons.
Que vois-je ? Pourquoi a-t-on lié, comme un navire au port, ma jeune poitrine et mon bras ? Pourquoi contre un bloc de marbre à demi brisé suis-je assis, avec des cadavres étendus près de moi. Mes flèches ailées et mon arc gisent sur le sol; avant ils armaient mes bras; ils défendaient mes flancs et je les défendais. Non, il ne se peut pas que je sois redescendu une seconde fois chez Hadès et qu'Eurysthée m'ait fait courir un second diaule infernal ? Mais non, je ne vois pas le rocher de Sisyphe, ni Pluton, ni le sceptre de la fille de Déméter. Je suis frappé de stupeur. Où suis-je ? Comment le savoir ?Ohé! y a-t-il près ou loin d'ici un ami qui veuille remédier à mon incertitude ? Car je ne reconnais nettement aucun des objets qui me sont familiers.

AMPHITRYON
Vieillards, faut-il m'approcher de l'objet de mon malheur ?
LE CHŒUR
Oui, et je te suis, pour ne pas trahir tes infortunes.
HÉRACLÈS
Père, pourquoi pleurer et te couvrir les yeux ? Pourquoi t'éloigner de ton fils si cher ? 
AMPHITRYON
O mon enfant ! car tu es toujours mon fils, même dans ton malheur.
HÉRACLÈS
Un malheur ? qui me frappe, et te fait verser des larmes ?
AMPHITRYON
Un dieu même, s'il le subissait, en gémirait.
HÉRACLÈS
Voilà de grands mots; mais tu ne me dis toujours pas mon sort.
AMPHITRYON
Tu le vois toi-même, si tu as maintenant ta raison.
HÉRACLÈS
Parle : tu as quelque reproche à me faire ?
AMPHITRYON
Si tu n'es plus agité des transports d'Hadès, je m'expliquerai.
HÉRACLÈS
Quoi ? voilà encore tes reproches énigmatiques ?
AMPHITRYON
C'est que j'examine si ta raison est stable désormais.
HÉRACLÈS
Je ne me souviens pas d'avoir été agité de transports.
AMPHITRYON
Dois-je ôter, vieillards, les liens de mon fils ? Que faut-il faire ?
HÉRACLÈS
Qui me les a mis ? Parle. C'est une honte.
AMPHITRYON
Apprends seulement le plus grand de tes maux; laisse le reste.
HÉRACLÈS
Suffit-il du silence pour m'apprendre ce que je veux savoir ?
AMPHITRYON
O Zeus, du trône d'Héra vois-tu ce spectacle ?
HÉRACLÈS
Ai-je donc eu encore à combattre sa haine ?
AMPHITRYON
Laisse la déesse; ne songe qu'à tes maux.
HÉRACLÈS
Je suis perdu. Quelle infortune vas-tu m'annoncer ? 
AMPHITRYON
Tiens ! regarde ici les cadavres de tes enfants.
HÉRACLÈS
Hélas! quel spectacle vois-je là ? Malheureux!
AMPHITRYON
C'est un combat qui n'en était pas un, ô mon fils, que tu as livré, à des enfants.
HÉRACLÈS
Que parles-tu de combat ! Qui les a tués ? 
AMPHITRYON
Toi, et ton arc, et un dieu qui est la cause du crime.
HÉRACLÈS
Que dis-tu ? Qu'ai-je fait ? Quels maux tu m'annonces, père!
AMPHITRYON
Tu étais fou. Tu me poses d'horribles questions.
HÉRACLÈS
Est-ce que je suis aussi le meurtrier de ma femme ?
AMPHITRYON
Ta main seule a tout fait.
HÉRACLÈS
Hélas! un nuage de désolation m'enveloppe.
AMPHITRYON
Voilà pourquoi je plains tes infortunes.
HÉRACLÈS
Qui a détruit la maison ? Celle qui m'a livré au délire ?
AMPHITRYON
Je ne sais qu'une chose : ton infortune est complète.
HÉRACLÈS
Où la fureur s'est-elle emparée de moi ? Où m'a-t-elle perdu ?
AMPHITRYON
Quand au feu de l'autel tu purifiais tes mains.

῾Ηρακλῆς
Οἴμοι· τί δῆτα φείδομαι ψυχῆς ἐμῆς
τῶν φιλτάτων μοι γενόμενος παίδων φονεύς;
κοὐκ εἶμι πέτρας λισσάδος πρὸς ἅλματα
ἢ φάσγανον πρὸς ἧπαρ ἐξακοντίσας
τέκνοις δικαστὴς αἵματος γενήσομαι; 1150
ἢ σάρκα τὴν ἔμηνεν ἐμπρήσας πυρί,
δύσκλειαν ἣ μένει μ' ἀπώσομαι βίου;
λλ' ἐμποδών μοι θανασίμων βουλευμάτων
Θησεὺς ὅδ' ἕρπει συγγενὴς φίλος τ' ἐμός.
φθησόμεσθα, καὶ τεκνοκτόνον μύσος 1155
ἐς ὄμμαθ' ἥξει φιλτάτῳ ξένων ἐμῶν.
Οἴμοι, τί δράσω; ποῖ κακῶν ἐρημίαν
εὕρω, πτερωτὸς ἢ κατὰ χθονὸς μολών;
† φέρ' ἄν τι † κρατὶ περιβάλω σκότον.
Αἰσχύνομαι γὰρ τοῖς δεδραμένοις κακοῖς· 1160
καὶ τῶνδε προστρόπαιον αἷμα προσλαβὼν
οὐδὲν κακῶσαι τοὺς ἀναιτίους θέλω.
Θησεύς
κω σὺν ἄλλοις, οἳ παρ' ᾿Ασωποῦ ῥοὰς
μένουσιν, ἔνοπλοι γῆς ᾿Αθηναίων κόροι,
σῷ παιδί, πρέσβυ, σύμμαχον φέρων δόρυ. 1165
Κληδὼν γὰρ ἦλθεν εἰς ᾿Ερεχθειδῶν πόλιν
ὡς σκῆπτρα χώρας τῆσδ' ἀναρπάσας Λύκος
ἐς πόλεμον ὑμῖν καὶ μάχην καθίσταται.
Τίνων δ' ἀμοιβὰς ὧν ὑπῆρξεν ῾Ηρακλῆς
σῴσας με νέρθεν, ἦλθον, εἴ τι δεῖ, γέρον, 1170
ἢ χειρὸς ὑμᾶς τῆς ἐμῆς ἢ συμμάχων.
α·
τί νεκρῶν τῶνδε πληθύει πέδον;
οὔ που λέλειμμαι καὶ νεωτέρων κακῶν
ὕστερος ἀφῖγμαι; τίς τάδ' ἔκτεινεν τέκνα;
τίνος γεγῶσαν τήνδ' ὁρῶ ξυνάορον; 1175
οὐ γὰρ δορός γε παῖδες ἵστανται πέλας,
ἀλλ' ἄλλο πού τι καινὸν εὑρίσκω κακόν.
᾿Αμφιτρύων
τὸν ἐλαιοφόρον ὄχθον ἔχων . . .
Θησεύς
Τί χρῆμά μ' οἰκτροῖς ἐκάλεσας προοιμίοις;
᾿Αμφιτρύων
πάθομεν πάθεα μέλεα πρὸς θεῶν. 1180
Θησεύς
Οἱ παῖδες οἵδε τίνες, ἐφ' οἷς δακρυρροεῖς;
᾿Αμφιτρύων
τεκε μέν οὑμὸς ἶνις τάλας,
τεκόμενος δ' ἔκανε, φόνιον αἷμα τλάς.
Θησεύς
Εὔφημα φώνει.
᾿Αμφιτρύων
Βουλομένοισιν ἐπαγγέλλῃ. 1185
Θησεύς
δεινὰ λέξας.
᾿Αμφιτρύων
Οἰχόμεθ' οἰχόμεθα πτανοί.
Θησεύς
Τί φῄς; τί δράσας;
᾿Αμφιτρύων
Μαινομένῳ πιτύλῳ πλαγχθεὶς
ἑκατογκεφάλου βαφαῖς ὕδρας. 1190
Θησεύς
῞Ηρας ὅδ' ἁγών· τίς δ' ὅδ' οὑν νεκροῖς, γέρον;
᾿Αμφιτρύων
μὸς ἐμὸς ὅδε γόνος ὁ πολύπονος, ἐπὶ
δόρυ γιγαντοφόνον ἦλθεν σὺν θεοῖ-
σι Φλεγραῖον ἐς πεδίον ἀσπιστάς.
Θησεύς
Φεῦ φεῦ· τίς ἀνδρῶν ὧδε δυσδαίμων ἔφυ; 1195
᾿Αμφιτρύων
Οὐκ ἂν εἰδείης 
ἕτερον πολυμοχθότερον πολυπλαγκτότερόν τε θνατῶν.
Θησεύς
Τί γὰρ πέπλοισιν ἄθλιον κρύπτει κάρα;
᾿Αμφιτρύων
Αἰδόμενος τὸ σὸν ὄμμα
καὶ φιλίαν ὁμόφυλον 1200
αἷμά τε παιδοφόνον.
Θησεύς
λλ', εἰ συναλγῶν γ' ἦλθον, ἐκκάλυπτέ νιν.
HÉRACLÈS
Hélas! pourquoi épargner ma vie quand je suis devenu le meurtrier de mes fils chéris ? Pourquoi ne pas aller me précipiter d'un roc escarpé dans les flots ? Ou ne pas m'enfoncer un glaive dans le foie pour venger le sang de mes enfants ? Ou ne pas consumer mon corps dans les flammes pour échapper à l'ignominie qui attend ma vie.
Mais voici un obstacle à mes projets de mort : Thésée, mon parent (292) et mon ami, s'avance. Il va me voir et mon crime abominable souillera la vue du plus cher de mes hôtes. Hélas! que faire ? Où trouver un désert pour y cacher mes maux ? M'envoler, ou descendre sous la terre ? Allons! que l'obscurité enveloppe ma tête! (Il se couvre la tête de son manteau.) J'ai honte des crimes que j'ai commis et si j'ai contracté la souillure de leur sang, je ne veux pas attirer le malheur sur des innocents.
Entrent Thésée et sa suite.
THÉSÉE
Je viens avec des compagnons qui attendent près des rives de l'Asôpos (293), en armes; ce sont de jeunes hommes du pays d'Athènes : à ton fils, vieillard, j'apporte le secours de ma lance. Le bruit s'est répandu dans la ville d'Érechthée que Lycos s'est emparé du sceptre de ce pays, qu'il est en guerre contre vous et va vous livrer bataille. Pour payer ma dette de reconnaissance à Héraclès qui m'a sauvé des enfers, je vous apporte, s'il est besoin, vieillard, le secours de mon bras et de mes alliés. — (Apercevant les cadavres.) Ah! pourquoi ces cadavres qui couvrent le sol ? Est-il trop tard ? Des malheurs tout récents m'ont-ils devancé ? Qui a tué ces enfants ? De qui la femme que je vois ici était-elle l'épouse ? (Réfléchissant.) Non, des enfants n'approchent pas d'un combat... c'est sans doute un nouveau malheur que je découvre.


AMPHITRYON
O toi qui règnes sur la colline où croit l'olivier (294) !
THÉSÉE
Pourquoi m'interpelles-tu en préludant ainsi par des lamentations ?
AMPHITRYON
Nous avons été soumis à de cruelles épreuves par les dieux.
THÉSÉE
Quels sont ces enfants sur qui tu verses des larmes ?
AMPHITRYON
Leur père est mon malheureux fils; et c'est leur père qui les a tués et a dû verser leur sang.
THÉSÉE
Ne blasphème pas.
AMPHITRYON
Je le voudrais.
THÉSÉE
O terribles paroles !
AMPHITRYON
Nous sommes perdus, oui, perdus; c'en est fait de nous.
THÉSÉE
Que dis-tu ? Comment a-t-il commis ce crime ?
AMPHITRYON
Égaré par un accès de folie, avec ses flèches trempées dans le sang de l'hydre aux cent têtes (295).
THÉSÉE
C'est d'Héra que part le coup ! (Montrant Héraclès voilé.) Qui est cet homme entre les cadavres, vieillard ?
AMPHITRYON
Mon fils, hélas ! oui, mon fils, qui accomplit tant de travaux, qui pour tuer les Géants est allé au combat, avec tes dieux, dans la plaine de Phlégra (296), armé du bouclier...
THÉSÉE
Hélas! hélas! quel homme a jamais tant souffert du destin ?
AMPHITRYON
Non, tu n'en trouverais pas un autre qui ait subi tant d'épreuves, qui ait été autant ballotté, parmi les mortels.
THÉSÉE
Pourquoi se couvre-t-il la tête de son manteau, le malheureux ?
AMPHITRYON
Par honte, devant ton regard et ton amitié fraternelle, devant le sang de ses fils.
THÉSÉE
Mais c'est pour compatir à ses maux que je suis venu : découvre-le.

᾿Αμφιτρύων
τέκνον· 
πάρες ἀπ' ὀμμάτων 
πέπλον, ἀπόδικε, ῥέθος ἀελίῳ δεῖξον. 1205
Βάρος ἀντίπαλον, δακρύοις συναμιλλαταί,
ἱκετεύομεν ἀμφὶ γενειάδα καὶ
γόνυ καὶ χέρα σὰν προπίτνων, 
πολιόν τε δάκρυον ἐκβάλλων· 1210
ἰὼ παῖ, κατάσχεθε λέοντος ἀγρίου θυμόν, ὡς
βρόμον ἐπὶ φόνιον ἀνόσιον ἐξάγῃ,
κακὰ θέλων κακοῖς συνάψαι, τέκνον.
Θησεύς
Εἶἑν· σὲ τὸν θάσσοντα δυστήνους ἕδρας
αὐδῶ, φίλοισιν ὄμμα δεικνύναι τὸ σόν. 1215
Οὐδεὶς σκότος γὰρ ὧδ' ἔχει μέλαν νέφος,
ὅστις κακῶν σῶν συμφορὰν κρύψειεν ἄν.
Τί μοι προσείων χεῖρα σημαίνεις φόνον;
ὡς μὴ μύσος με σῶν βάλῃ προσφθεγμάτων;
Οὐδὲν μέλει μοι σύν γε σοὶ πράσσειν κακῶς· 1220
καὶ γάρ ποτ' εὐτύχησα. ἐκεῖσ' ἀνοιστέον,
ὅτ' ἐξέσῳσάς μ' ἐς φάος νεκρῶν πάρα.
Χάριν δὲ γηράσκουσαν ἐχθαίρω φίλων,
καὶ τῶν καλῶν μὲν ὅστις ἀπολαύειν θέλει,
συμπλεῖν δὲ τοῖς φίλοισι δυστυχοῦσιν οὔ. 1225
νίστασ', ἐκκάλυψον ἄθλιον κάρα,
βλέψον πρὸς ἡμᾶς. ὅστις εὐγενὴς βροτῶν,
φέρει τά γ' ἐκ θεῶν πτώματ' οὐδ' ἀναίνεται.
῾Ηρακλῆς
Θησεῦ, δέδορκας τόνδ' ἀγῶν' ἐμῶν τέκνων;
Θησεύς
κουσα, καὶ βλέποντι σημαίνεις κακά. 1230
῾Ηρακλῆς
Τί δῆτά μου κρᾶτ' ἀνεκάλυψας ἡλίῳ;
Θησεύς
Τί δ'; οὐ μιαίνεις θνητὸς ὢν τὰ τῶν θεῶν.
῾Ηρακλῆς
Φεῦγ', ὦ ταλαίπωρ', ἀνόσιον μίασμ' ἐμόν.
Θησεύς
Οὐδεὶς ἀλάστωρ τοῖς φίλοις ἐκ τῶν φίλων.
῾Ηρακλῆς
πῄνεσ'· εὖ δράσας δέ σ' οὐκ ἀναίνομαι.1235
Θησεύς
γὼ δὲ πάσχων εὖ τότ' οἰκτίρω σε νῦν.
῾Ηρακλῆς
Οἰκτρὸς γάρ εἰμι τἄμ' ἀποκτείνας τέκνα.
Θησεύς
Κλαίω χάριν σὴν ἐφ' ἑτέραισι συμφοραῖς.
῾Ηρακλῆς
Ηὗρες δέ γ' ἄλλους ἐν κακοῖσι μείζοσιν;
Θησεύς
πτῃ κάτωθεν οὐρανοῦ δυσπραξίᾳ. 1240
῾Ηρακλῆς
Τοιγὰρ παρεσκευάσμεθ' ὥστε κατθανεῖν.
Θησεύς
Δοκεῖς ἀπειλῶν σῶν μέλειν τι δαίμοσιν;
῾Ηρακλῆς
Αὔθαδες ὁ θεός, πρὸς δὲ τοὺς θεοὺς ἐγώ.
Θησεύς
σχε στόμ', ὡς μὴ μέγα λέγων μεῖζον πάθῃς.
῾Ηρακλῆς
Γέμω κακῶν δή, κοὐκέτ' ἔσθ' ὅπῃ τεθῇ. 1245
Θησεύς
Δράσεις δὲ δὴ τί; ποῖ φέρῃ θυμούμενος;
῾Ηρακλῆς
Θανών, ὅθενπερ ἦλθον, εἶμι γῆς ὕπο.
Θησεύς
Εἴρηκας ἐπιτυχόντος ἀνθρώπου λόγους.
῾Ηρακλῆς
Σὺ δ' ἐκτὸς ὤν γε συμφορᾶς με νουθετεῖς.
Θησεύς
πολλὰ δὴ τλὰς ῾Ηρακλῆς λέγει τάδε; 1250
῾Ηρακλῆς
Οὐκ οὖν τοσαῦτά γ', εἰ μέτρῳ μοχθητέον.
Θησεύς
Εὐεργέτης βροτοῖσι καὶ μέγας φίλος;
῾Ηρακλῆς
Οἱ δ' οὐδὲν ὠφελοῦσί μ', ἀλλ' ῞Ηρα κρατεῖ.
Θησεύς
Οὐκ ἄν ἀνάσχοιθ' ῾Ελλὰς ἀμαθίᾳ θανεῖν.
AMPHITRYON
O mon enfant, écarte de tes yeux ton manteau, rejette-le, montre ton visage au soleil. Une force de valeur égale lutte contre tes larmes. le t'en supplie par ton menton, par ton genou, par ta main, en me jetant à tes pieds, en versant des larmes, moi un vieillard chenu. Ah ! mon fils, contiens ton coeur de lion farouche, car il excite en toi un ouragan de meurtre et d'impiété et voudrait ajouter les malheurs aux malheurs, ô mon enfant.

THÉSÉE
Allons ! ne reste plus assis dans cette attitude lamentable, je te le demande; à tes amis montre ton visage. Il n'est pas de ténèbres dont l'obscurité soit assez noire pour cacher de telles infortunes accumulées. Pourquoi tends-tu la main pour me montrer le sang ? Crains-tu de me souiller en m'adressant la parole (297) ? Peu m'importe de partager ta misère à toi : j'ai bien partagé jadis ton heureuse fortune. Ma pensée doit remonter au temps où tu m'as sauvé en me ramenant à la lumière de chez les morts. J'exècre les amis qui laissent vieillir leur gratitude, qui veulent bien jouir de votre prospérité, mais non pas naviguer avec leurs amis quand les frappe le sort. Lève-toi, découvre ta tête malheureuse, regarde-nous. Quand un mortel est bien né, il supporte les coups portés par les dieux et sait s'y résigner.
Il découvre la tête d'Héraclès.

HÉRACLÈS
Thésée, tu as vu le combat que j'ai livré à mes enfants ?
THÉSÉE
Je l'ai appris et je vois les malheurs dont tu parles.
HÉRACLÈS
Pourquoi découvres-tu mon visage au soleil ?
THÉSÉE
Pourquoi non ? Tu ne souilles pas, toi un mortel, le monde des dieux.
HÉRACLÈS
Mais toi, fuis, malheureux! ma souillure impie.
THÉSÉE
Il n'y a pas de malédiction qui aille des amis aux amis.
HÉRACLÈS
Béni sois-tu! Je ne me repens pas de t'avoir rendu des services.
THÉSÉE
J'en fus alors l'objet; je te plains aujourd'hui.
HÉRACLÈS
Oui, je suis à plaindre : j'ai tué mes enfants.
THÉSÉE
Je pleure, par sympathie pour toi, sur ton destin contraire.
HÉRACLÈS
As-tu rencontré d'autres hommes en proie à des maux plus grands ?
THÉSÉE
De la terre tu atteins jusqu'au ciel par ton infortune.
HÉRACLÈS
Aussi je suis à portée pour frapper.
THÉSÉE
Crois-tu que les dieux aient cure de tes menaces ?
HÉRACLÈS
La divinité me brave; je brave les dieux, moi aussi.
THÉSÉE
Arrête; prends garde que tes blasphèmes n'accroissent tes maux.
HÉRACLÈS
La mesure est comble; rien n'y peut ajouter.
THÉSÉE
Que vas-tu faire ? Où va t'emporter ta colère ?
HÉRACLÈS
Je mourrai pour m'en aller d'où je viens, sous la terre.
THÉSÉE
Tu tiens le langage d'un homme du vulgaire.
HÉRACLÈS
Tu es à l'abri de l'infortune, toi : il t'est facile de me faire des reproches.
THÉSÉE
C'est le vainqueur de tant d'épreuves, Héraclès, qui parle ainsi ?
HÉRACLÈS
Elles n'étaient pas si terribles : il y a une limite au courage.
THÉSÉE
Le bienfaiteur et l'ami puissant des mortels ?
HÉRACLÈS
Ils ne peuvent rien pour moi : Héra est toute-puissante.
THÉSÉE
La Grèce ne souffrirait pas que tu meures pour expier une erreur.

῾Ηρακλῆς
κουε δή νυν, ὡς ἁμιλληθῶ λόγοις 1255
πρὸς νουθετήσεις σάς· ἀναπτύξω δέ σοι
ἀβίωτον ἡμῖν νῦν τε καὶ πάροιθεν ὄν.
Πρῶτον μὲν ἐκ τοῦδ' ἐγενόμην, ὅστις κτανὼν
μητρὸς γεραιὸν πατέρα προστρόπαιος ὢν
ἔγημε τὴν τεκοῦσαν ᾿Αλκμήνην ἐμέ. 1260
ταν δὲ κρηπὶς μὴ καταβληθῇ γένους
ὀρθῶς, ἀνάγκη δυστυχεῖν τοὺς ἐκγόνους.
Ζεὺς δ' ὅστις ὁ Ζεύς, πολέμιόν μ' ἐγείνατο
῞Ηρᾳ - σὺ μέντοι μηδὲν ἀχθεσθῇς, γέρον·
πατέρα γὰρ ἀντὶ Ζηνὸς ἡγοῦμαι σὲ ἐγώ. - 1265
τ' ἐν γάλακτί τ' ὄντι γοργωποὺς ὄφεις
ἐπεισέφρησε σπαργάνοισι τοῖς ἐμοῖς
ἡ τοῦ Διὸς σύλλεκτρος, ὡς ὀλοίμεθα.
πεὶ δὲ σαρκὸς περιβόλαι' ἐκτησάμην
ἡβῶντα, μόχθους οὓς ἔτλην τί δεῖ λέγειν; 1270
ποίους ποτ' ἢ λέοντας ἢ τρισωμάτους
Τυφῶνας ἢ Γίγαντας ἢ τετρασκελῆ
κενταυροπληθῆ πόλεμον οὐκ ἐξήνυσα;
τήν τ' ἀμφίκρανον καὶ παλιμβλαστῆ κύνα
ὕδραν φονεύσας μυρίων τ' ἄλλων πόνων 1275
διῆλθον ἀγέλας κἀς νεκροὺς ἀφικόμην,
῞Αιδου πυλωρὸν κύνα τρίκρανον ἐς φάος
ὅπως πορεύσαιμ' ἐντολαῖς Εὐρυσθέως.
Τὸν λοίσθιον δὲ τόνδ' ἔτλην τάλας πόνον,
παιδοκτονήσας δῶμα θριγκῶσαι κακοῖς. 1280
κω δ' ἀνάγκης ἐς τόδ'· οὔτ' ἐμαῖς φίλαις
Θήβαις ἐνοικεῖν ὅσιον· ἢν δὲ καὶ μένω,
ἐς ποῖον ἱερὸν ἢ πανήγυριν φίλων
εἶμ'; οὐ γὰρ ἄτας εὐπροσηγόρους ἔχω.
λλ' ῎Αργος ἔλθω; πῶς, ἐπεὶ φεύγω πάτραν; 1285
φέρ' ἀλλ' ἐς ἄλλην δή τιν' ὁρμήσω πόλιν;
κἄπειθ' ὑποβλεπώμεθ' ὡς ἐγνωσμένοι,
γλώσσης πικροῖς κέντροισι κλῃδουχούμενοι·
Οὐχ οὗτος ὁ Διός, ὃς τέκν' ἔκτεινέν ποτε
δάμαρτά τ'; οὐ γῆς τῆσδ' ἀποφθαρήσεται; 1290
[Κεκλημένῳ δὲ φωτὶ μακαρίῳ ποτὲ
αἱ μεταβολαὶ λυπηρόν· ᾧ δ' ἀεὶ κακῶς
ἔστ', οὐδὲν ἀλγεῖ συγγενῶς δύστηνος ὤν.
ς τοῦτο δ' ἥξειν συμφορᾶς οἶμαί ποτε·
φωνὴν γὰρ ἥσει χθὼν ἀπεννέπουσά με 1295
μὴ θιγγάνειν γῆς καὶ θάλασσα μὴ περᾶν
πηγαί τε ποταμῶν, καὶ τὸν ἁρματήλατον
᾿Ιξίον' ἐν δεσμοῖσιν ἐκμιμήσομαι.
καὶ ταῦτ' ἄριστα μηδέν' ῾Ελλήνων μ' ὁρᾶν,
ἐν οἷσιν εὐτυχοῦντες ἦμεν ὄλβιοι.] 1300
Τί δῆτά με ζῆν δεῖ; τί κέρδος ἕξομεν
βίον γ' ἀχρεῖον ἀνόσιον κεκτημένοι;
Χορευέτω δὴ Ζηνὸς ἡ κλεινὴ δάμαρ
κρόουσ' ᾿Ολύμπου ξεστὸς ἀρβύλῃ πέδον.
πραξε γὰρ βούλησιν ἣν ἐβούλετο, 1305
ἄνδρ' ῾Ελλάδος τὸν πρῶτον αὐτοῖσιν βάθροις
ἄνω κάτω στρέψασα. Τοιαύτῃ θεῷ
τίς ἂν προσεύχοιθ'; ἣ γυναικὸς οὕνεκα
λέκτρων φθονοῦσα Ζηνὶ τοὺς εὐεργέτας
῾Ελλάδος ἀπώλεσ' οὐδὲν ὄντας αἰτίους. 1310
Θησεύς
Οὐκ ἔστιν ἄλλου δαιμόνων ἀγὼν ὅδε
ἢ τῆς Διὸς δάμαρτος· εὖ τόδ' αἰσθάνῃ.
. . . . . . .
παραινέσαιμ' ἂν μᾶλλον ἢ πάσχειν κακῶς.
Οὐδεὶς δὲ θνητῶν ταῖς τύχαις ἀκήρατος,
οὐ θεῶν, ἀοιδῶν εἴπερ οὐ ψευδεῖς λόγοι. 1315
Οὐ λέκτρ' ἐν ἀλλήλοισιν, ὧν οὐδεὶς νόμος,
συνῆψαν; οὐ δεσμοῖσι διὰ τυραννίδας
πατέρας ἐκηλίδωσαν; ἀλλ' οἰκοῦσ' ὅμως
῎Ολυμπον ἠνέσχοντό θ' ἡμαρτηκότες.
Καίτοι τί φήσεις, εἰ σὺ μὲν θνητὸς γεγὼς 1320
φέρεις ὑπέρφευ τὰς τύχας, θεοὶ δὲ μή;
Θήβας μὲν οὖν ἔκλειπε τοῦ νόμου χάριν,
ἕπου δ' ἅμ' ἡμῖν πρὸς πόλισμα Παλλάδος.
κεῖ χέρας σὰς ἁγνίσας μιάσματος,
δόμους τε δώσω χρημάτων τ' ἐμῶν μέρος. 1325
δ' ἐκ πολιτῶν δῶρ' ἔχω σώσας κόρους
δὶς ἑπτά, ταῦρον Κνώσιον κατακτανών,
σοὶ ταῦτα δώσω. πανταχοῦ δέ μοι χθονὸς
τεμένη δέδασται· ταῦτ' ἐπωνομασμένα
σέθεν τὸ λοιπὸν ἐκ βροτῶν κεκλήσεται 1330
ζῶντος· θανόντα δ', εὖτ' ἂν εἰς ῞Αιδου μόλῃς,
θυσίαισι λαΐνοισί τ' ἐξογκώμασι
τίμιον ἀνάξει πᾶσ' ᾿Αθηναίων πόλις.
Καλὸς γὰρ ἀστοῖς στέφανος ῾Ελλήνων ὕπο
ἄνδρ' ἐσθλὸν ὠφελοῦντας εὐκλείας τυχεῖν. 1335
κἀγὼ χάριν σοι τῆς ἐμῆς σωτηρίας
τήνδ' ἀντιδώσω· νῦν γὰρ εἶ χρεῖος φίλων.
θεοὶ δ' ὅταν τιμῶσιν, οὐδὲν δεῖ φίλων·
λις γὰρ ὁ θεὸς ὠφελῶν, ὅταν θέλῃ.
῾Ηρακλῆς
Οἴμοι· πάρεργα <μὲν> τάδ' ἔστ' ἐμῶν κακῶν, 1340 
ἐγὼ δὲ τοὺς θεοὺς οὔτε λέκτρ' ἃ μὴ θέμις
στέργειν νομίζω, δεσμά τ' ἐξάπτειν χεροῖν
οὔτ' ἠξίωσα πώποτ' οὔτε πείσομαι,
οὐδ' ἄλλον ἄλλου δεσπότην πεφυκέναι.
Δεῖται γὰρ ὁ θεός, εἴπερ ἔστ' ὀρθῶς θεός, 1345
οὐδενός· ἀοιδῶν οἵδε δύστηνοι λόγοι.
σκεψάμην δὲ καίπερ ἐν κακοῖσιν ὤν,
μὴ δειλίαν ὄφλω τιν' ἐκλιπὼν φάος·
ταῖς συμφοραῖς γὰρ ὅστις οὐχ ὑφίσταται,
οὐδ' ἀνδρὸς ἂν δύναιθ' ὑποστῆναι βέλος. 1350
γκαρτερήσω βίοτον· εἶμι δ' ἐς πόλιν
τὴν σήν, χάριν τε μυρίων δώρων ἔχω.
τὰρ πόνων δὴ μυρίων ἐγευσάμην·
ὧν οὔτ' ἀπεῖπον οὐδέν' οὔτ' ἀπ' ὀμμάτων
ἔσταξα πηγάς, οὐδ' ἂν ᾠόμην ποτὲ 1355
ἐς τοῦθ' ἱκέσθαι, δάκρυ' ἀπ' ὀμμάτων βαλεῖν·
νῦν δ', ὡς ἔοικε, τῇ τύχῃ δουλευτέον.
Εἶἑν· γεραιέ, τὰς ἐμὰς φυγὰς ὁρᾷς,
ὁρᾷς δὲ παίδων ὄντα μ' αὐθέντην ἐμῶν·
δὸς τούσδε τύμβῳ καὶ περίστειλον νεκροὺς 1360
δακρύοισι τιμῶν - ἐμὲ γὰρ οὐκ ἐᾷ νόμος -
πρὸς στέρν' ἐρείσας μητρὶ δούς τ' ἐς ἀγκάλας,
κοινωνίαν δύστηνον, ἣν ἐγὼ τάλας
διώλεσ' ἄκων. Γῇ δ' ἐπὴν κρύψῃς νεκρούς,
οἴκει πόλιν τήνδ', ἀθλίως μέν, ἀλλ' ὅμως 1365
ψυχὴν βιάζου τἀμὰ συμφέρειν κακά.
τέκν', ὁ φύσας καὶ τεκὼν ὑμᾶς πατὴρ
ἀπώλεσ', οὐδ' ὤνασθε τῶν ἐμῶν καλῶν,
ἁγὼ παρεσκεύαζον ἐκμοχθῶν βίᾳ
εὔκλειαν ὑμῖν, πατρὸς ἀπόλαυσιν καλήν. 1370
Σέ τ' οὐχ ὁμοίως, ὦ τάλαιν', ἀπώλεσα
ὥσπερ σὺ τἀμὰ λέκτρ' ἔσῳζες ἀσφαλῶς,
μακρὰς διαντλοῦσ' ἐν δόμοις οἰκουρίας.
Οἴμοι δάμαρτος καὶ τέκνων, οἴμοι δ' ἐμοῦ,
ὡς ἀθλίως πέπραγα κἀποζεύγνυμαι 1375
τέκνων γυναικός τ'· ὦ λυγραὶ φιλημάτων
τέρψεις, λυγραὶ δὲ τῶνδ' ὅπλων κοινωνίαι.
μηχανῶ γὰρ πότερ' ἔχω τάδ' ἢ μεθῶ,
ἃ πλευρὰ τἀμὰ προσπίτνοντ' ἐρεῖ τάδε·
῾Ημῖν τέκν' εἷλες καὶ δάμαρθ'· ἡμᾶς ἔχεις 1380
παιδοκτόνους σούς. εἶτ' ἐγὼ τάδ' ὠλέναις
οἴσω; τί φάσκων; ἀλλὰ γυμνωθεὶς ὅπλων,
ξὺν οἷς τὰ κάλλιστ' ἐξέπραξ' ἐν ῾Ελλάδι,
ἐχθροῖς ἐμαυτὸν ὑποβαλὼν αἰσχρῶς θάνω;
Οὐ λειπτέον τάδ', ἀθλίως δὲ σῳστέον. 1385
ν μοί τι, Θησεῦ, σύγκαμ'· ἀθλίου κυνὸς
κόμιστρ' ἐς ῎Αργος συγκατάστησον μολών,
λύπῃ τι παίδων μὴ πάθω μονούμενος.
γαῖα Κάδμου πᾶς τε Θηβαῖος λεώς,
κείρασθε, συμπενθήσατ', ἔλθετ' ἐς τάφον 1390
παίδων· ἅπαντας δ' ἑνὶ λόγῳ πενθήσετε
νεκρούς τε κἀμέ· πάντες ἐξολώλαμεν
῞Ηρας μιᾷ πληγέντες ἄθλιοι τύχῃ.
HÉRACLÈS
Écoute donc les raisons que j'oppose à tes reproches. Je veux t'expliquer pourquoi la vie m'est impossible, aujourd'hui et depuis longtemps.D'abord je dois le jour à un homme qui avait tué le vieux père (298) de ma mère, et qui, souillé de ce meurtre, épousa celle qui m'a enfanté, Alcmène. Quand les fondements d'une race ont été mal jetés, il est fatal que toute la lignée soit vouée aux malheurs. Zeus — quel que soit ce Zeus — m'a fait l'ennemi d'Héra en m'engendrant. (Se tournant vers Amphitryon.) Ne t'en offense pas, vieillard : c'est toi et non Zeus que je regarde comme mon père. — J'étais encore au sein que des serpents aux regards terrifiants s'introduisirent dans mon berceau, envoyés par l'épouse de Zeus pour me faire périr.
Quand la jeunesse m'eut fait une armure de muscles, est-il besoin de rapporter les travaux que j'ai accomplis ? Lions, Typhons à trois corps (299), Géants, troupes de Centaures quadrupèdes, que n'ai-je pas combattu et vaincu ? La chienne toute hérissée de têtes renaissantes, l'Hydre, est tombée sous mes coups; j'ai passé par une foule innombrable d'autres épreuves et je suis allé chez les morts pour ramener à la lumière le portier de l'Hadès, le chien aux trois têtes, par ordre d'Eurysthée.
Ma dernière épreuve, la voici, malheureux que je suis : c'est ce meurtre. En tuant mes fils, j'ai mis le comble aux maux de ma maison. J'en suis réduit à cette extrémité : je ne puis habiter ma chère Thèbes sans impiété; car si j'y reste, dans quel temple ou dans quelle réunion d'amis pourrai-je aller ? La malédiction jetée sur moi m'interdit un accueil affable. Irai-je à Argos ? Mais le puis-je, quand je suis exilé de ma patrie ? Soit. Eh bien! je me rendrai dans une autre cité quelconque. Pour y être reconnu ? pour y rencontrer des regards soupçonneux ? pour avoir à me barricader contre les traits de la calomnie ? « N'est-ce pas là le petit-fils de Zeus qui a tué autrefois ses enfants et sa femme ? Qu'il s'en aille périr loin de ce pays ! »
Pour l'homme qu'on a jadis appelé heureux, les revers sont chose douloureuse. Celui qui ne cesse pas d'être malheureux ne souffre pas, son infortune étant congénitale. Voici le degré de misère où j'en viendrai, je crois, un jour : la terre élèvera la voix pour m'interdire de fouler le sol, la mer de la traverser, les sources des fleuves aussi; et je serai comme Ixion qui tourne enchaîné sur sa roue. Le mieux est de ne pas m'exposer aux yeux des Grecs qui m'ont vu favorisé par le sort et heureux.
Qu'ai-je besoin de vivre ? Que gagnerai-je à conserver une existence inutile et impie ? Qu'elle danse, l'illustre épouse de Zeus ! qu'elle frappe de sa bottine argienne (300) le sol lisse de l'Olympe! Elle a accompli son dessein : de l'homme le plus grand de la Grèce elle a bouleversé jusqu'en ses assises, de fond en comble, l'existence. A une telle déesse, qui adresserait des prières ? Pour une femme aimée de Zeus, par jalousie, elle a fait périr le bienfaiteur de la Grèce, qui était innocent.

 

 

THÉSÉE

Non, ce n'est pas une autre divinité qui t'a frappé, c'est l'épouse de Zeus. Tu as raison de le penser.... (lacune) ... Je te le conseillerais plutôt que de céder au malheur (301). Il n'y a pas un des mortels qui ne soit touché par les coups du sort, pas un des dieux, si les récits des aèdes ne sont pas mensongers. N'ont-ils pas entre eux formé des unions contraires à toute loi ? N'ont-ils pas, pour régner, chargé leurs pères de chaînes honteuses (302) ? Cependant ils habitent l'Olympe et portent allégrement leurs fautes. Alors qu'iras-tu dire ? Que toi, un mortel, tu as à supporter un excès d'infortunes, et les dieux non ?
Quitte Thèbes, pour obéir à la loi (303), et suis-moi à la ville de Pallas. Là je purifierai tes mains de leur souillure, je te donnerai une demeure et une part de mes richesses. Les présents que j'ai reçus des citoyens pour avoir sauvé sept jeunes gens et sept jeunes filles en tuant le taureau de Cnosse (304) je te les donnerai. Partout des lots de terre m'ont été attribués : ils porteront désormais ton nom (305) et t'appartiendront tant que tu vivras. Après ta mort, quand tu seras descendu chez Hadès, des sacrifices te seront offerts, des monuments de marbre seront élevés en ton honneur par la cité d'Athènes. Ce sera pour mes concitoyens une belle couronne que la gloire d'avoir aidé un héros. Pour moi, envers mon sauveur, je m'acquitterai comme j'ai dit. Car c'est aujourd'hui que tu as besoin d'amis. Quand les dieux nous favorisent, à quoi servent les amis ? Il suffit de la protection de la divinité quand elle nous l'accorde.

 


HÉRACLÈS
Hélas ! Ceci n'a rien à faire avec mes maux, mais que les dieux se plaisent dans des unions sacrilèges, je ne le pense pas, ni qu'ils s'enchaînent les uns les autres; je ne l'ai jamais cru, comme je ne croirai jamais que l'un, de par sa nature, soit le maître d'un autre. Car Dieu, s'il est réellement Dieu, ne connaît aucun besoin. Le reste n'est que misérables récits d'aèdes.
Mais j'y ai réfléchi : je crains, tout accablé de maux que je sois, d'être accusé de lâcheté si je renonce à la lumière. Celui qui ne sait pas supporter les infortunes ne pourrait pas non plus affronter l'arme d'un ennemi. J'attendrai la mort de pied ferme. J'irai dans ta cité et je te suis infiniment reconnaissant de tes dons. Infinies aussi sont les épreuves auxquelles j'ai dû goûter; jamais je n'en ai refusé aucune, jamais mes yeux n'ont pleuré : je n'aurais jamais cru que j'en viendrais un jour à verser des larmes. Maintenant, je le vois, je dois être l'esclave de la fortune.
Soit. Vieillard, tu me vois partir pour l'exil; tu vois que j'ai tué de ma propre main mes fils. Donne-leur une tombe, ensevelis leurs corps, honore-les de tes larmes — car la loi me l'interdit, à moi. — Qu'ils reposent sur le sein de leur mère; mets-les dans ses bras; qu'ils soient tous unis dans le malheur comme ils l'étaient avant mon crime involontaire. Quand la terre aura recouvert leurs cadavres, habite cette cité, malgré ta douleur. Fais violence à ton coeur, aide-moi à supporter mes malheurs.
O mes enfants, celui qui vous a engendrés et vous a donné le jour, votre père, vous a fait périr! vous n'avez pas profité de mes exploits, de ce que je vous préparais par les travaux de mon existence, de ma gloire, noble héritage d'un père! Et toi, je t'ai bien mal récompensée, ô malheureuse, en te tuant, d'avoir sauvegardé l'honneur de ma couche sans faillir et d'avoir si longtemps et si courageusement veillé sur mon foyer!
Hélas! Malheureuse épouse et malheureux enfants! Malheureux moi-même! Sort terrible! Je suis séparé de mes enfants et de ma femme! O cruelle douceur de leurs baisers (rassemblant ses flèches) et cruelle nécessité de vivre avec mes armes pour compagnes! Je ne sais si je dois les garder ou les abandonner. Battant à mes flancs, elles me diront : « C'est par nous que tu as tué tes enfants et ta femme; en nous tu gardes les meurtriers de tes fils. » Et je pourrais les porter encore à mes épaules! Et pourquoi ? Mais dois-je me dépouiller de ces armes avec lesquelles j'ai accompli mes glorieux exploits en Grèce, me livrer à mes ennemis et à une mort honteuse ? Non, je ne dois pas les abandonner, mais malgré ma douleur les garder.
Il n'y a qu'un service que je te demande, Thésée : c'est pour le prix (306) du chien de malheur. Viens avec moi à Argos le réclamer. Je crains, dans mon chagrin d'avoir perdu mes enfants, de faire un malheur si je suis seul.
O terre de Cadmos ! O peuple thébain, rasez vos têtes, prenez tous le deuil, allez au tombeau de mes fils, et tous ensemble, pleurez sur les morts et sur moi. Tous nous avons péri : Héra d'un seul coup nous a plongés dans de cruelles infortunes.

 

Θησεύς
νίστασ', ὦ δύστηνε· δακρύων δ' ἅλις.
῾Ηρακλῆς
Οὐκ ἂν δυναίμην· ἄρθρα γὰρ πέπηγέ μου. 1395
Θησεύς
Καὶ τοὺς σθένοντας γὰρ καθαιροῦσιν τύχαι.
῾Ηρακλῆς
Φεῦ·
αὐτοῦ γενοίμην πέτρος ἀμνήμων κακῶν.
Θησεύς
Παῦσαι· δίδου δὲ χεῖρ' ὑπηρέτῃ φίλῳ.
῾Ηρακλῆς
λλ' αἷμα μὴ σοῖς ἐξομόρξωμαι πέπλοις.
Θησεύς
κμασσε, φείδου μηδέν· οὐκ ἀναίνομαι. 1400
῾Ηρακλῆς
Παίδων στερηθεὶς παῖδ' ὅπως ἔχω σ' ἐμόν.
Θησεύς
Δίδου δέρῃ σὴν χεῖρ', ὁδηγήσω δ' ἐγώ.
῾Ηρακλῆς
Ζεῦγός γε φίλιον· ἅτερος δὲ δυστυχής.
πρέσβυ, τοιόνδ' ἄνδρα χρὴ κτᾶσθαι φίλον.
᾿Αμφιτρύων
γὰρ τεκοῦσα τόνδε πατρὶς εὔτεκνος. 1405
῾Ηρακλῆς
Θησεῦ, πάλιν με στρέψον, ὡς ἴδω τέκνα.
Θησεύς
ς δὴ τί; φίλτρον τοῦτ' ἔχων ῥᾴων ἔσῃ;
῾Ηρακλῆς
Ποθῶ· πατρός τε στέρνα προσθέσθαι θέλω.
᾿Αμφιτρύων
δοὺ τάδ', ὦ παῖ· τἀμὰ γὰρ σπεύδεις φίλα.
Θησεύς
Οὕτως πόνων σῶν οὐκέτι μνήμην ἔχεις; 1410
῾Ηρακλῆς
παντ' ἐλάσσω κεῖνα τῶνδ' ἔτλην κακά.
Θησεύς
Εἴ σ' ὄψεταί τις θῆλυν ὄντ', οὐκ αἰνέσει.
῾Ηρακλῆς
Ζῶ σοι ταπεινός; ἀλλὰ πρόσθεν οὐ δοκῶ.
Θησεύς
γαν γ'· ὁ κλεινὸς ῾Ηρακλῆς οὐκ εἶ νοσῶν.
῾Ηρακλῆς
Σὺ ποῖος ἦσθα νέρθεν ἐν κακοῖσιν ὤν; 1415
Θησεύς
ς ἐς τὸ λῆμα παντὸς ἦν ἥσσων ἀνήρ.
῾Ηρακλῆς
Πῶς οὖν ἔμ' επaς ὅτι συνέσταλμαι κακοῖς;
Θησεύς
Πρόβαινε.
῾Ηρακλῆς
Χαῖρ', ὦ πρέσβυ.
᾿Αμφιτρύων
Καὶ σύ μοι, τέκνον.
῾Ηρακλῆς
Θάφθ' ὥσπερ εἶπον παῖδας.
᾿Αμφιτρύων
μὲ δὲ τίς, τέκνον;
῾Ηρακλῆς
γώ.
᾿Αμφιτρύων
Πότ' ἐλθών;
῾Ηρακλῆς
νίκ' ἂν θάψῃς τέκνα. 1420
᾿Αμφιτρύων
Πῶς;
῾Ηρακλῆς
Εἰς ᾿Αθήνας πέμψομαι Θηβῶν ἄπο.
λλ' ἐσκόμιζε τέκνα δυσκόμιστα γῇ·
ἡμεῖς δ' ἀναλώσαντες αἰσχύναις δόμον,
Θησεῖ πανώλεις ἑψόμεσθ' ἐφολκίδες.
στις δὲ πλοῦτον ἢ σθένος μᾶλλον φίλων 1425
ἀγαθῶν πεπᾶσθαι βούλεται, κακῶς φρονεῖ.
Χορός
Στείχομεν οἰκτροὶ καὶ πολύκλαυτοι,
τὰ μέγιστα φίλων ὀλέσαντες.

THÉSÉE
Relève-toi, ô malheureux : c'est assez de larmes.
HÉRACLÈS
Je ne le pourrais pas; mes membres sont raidis.
THÉSÉE
C’est que les coups du sort abattent même les plus forts.
HÉRACLÈS
Hélas !Qu'ici même je devienne un rocher pour oublier mes maux.
THÉSÉE
Arrête. Donne ta main à un ami qui sera ton serviteur.
HÉRACLÈS
Oui, mais prends garde que le sang ne souille tes vêtements.
THÈSÉE
Essuie-le sur moi sans aucune crainte, peu m'importe.
HÉRACLÈS
Privé de mes fils, j'ai un fils en toi.
THÈSÉE
Mets ton bras à mon cou; je guiderai ta marche.
HÉRACLÈS
Couple d'amis; mais l'un est frappé par le sort. — O vieillard, c'est un tel homme qu'il faut avoir pour ami.
AMPHITRYON
La patrie qui lui a donné le jour a de nobles enfants.
HÉRACLÈS
Thésée, laisse-moi me retourner, que je voie mes enfants.
THÈSÉE
A quoi bon ? Crois-tu ainsi charmer ta douleur et la soulager ?
HÉRACLÈS
Je le désire... Je veux aussi presser mon père sur ma poitrine.
AMPHITRYON
Me voilà, mon fils; tu devances mon désir.
Amphitryon et Héraclès s'embrassent.
THÉSÉE
As-tu perdu à ce point le souvenir de tes épreuves ?
HÉRACLÈS
Toutes le cèdent à mes derniers malheurs.
THÉSÉE
A te voir pleurer comme une femme, on ne te louera pas.
HÉRACLÈS
A tes yeux, je suis tombé bien bas ? J'augmente encore mes maux ?
THÉSÉE
Oui, trop; cet illustre Héraclès, où est-il ?
HÉRACLÈS
Qu'étais-tu, toi-même, aux Enfers, dans le malheur?
THÉSÉE
Oui, pour le courage, j'étais le dernier des hommes.
HÉRACLÈS
Pourquoi as-tu dit alors que je me laisse abattre par le malheur ?
THÉSÉE
Avance.
HÉRACLÈS
Adieu, ô vieillard.
AMPHITRYON
Adieu, mon enfant.
HÉRACLÈS
Enterre, comme je te l'ai demandé, mes fils.
AMPHITRYON
Et moi, qui m'enterrera, mon enfant ?
HÉRACLÈS
Moi.
AMPHITRYON
Quand viendras-tu ?
HÉRACLÈS
Quand tu auras enseveli les enfants...
AMPHITRYON
Comment ?
HÉRACLÈS
... je t'amènerai de Thèbes à Athènes (307). Mais dépose pieusement mes enfants dans la terre. Funèbre dépôt! Moi qui ai ruiné honteusement ma maison, je suivrai Thésée comme une embarcation désemparée. — Celui qui préfère la richesse ou la puissance à des amis sûrs n'a pas son bon sens.
LE CORYPHÉE
Nous partons pleins de pitié, les yeux baignés de larmes : nous avons perdu le plus grand de nos amis.

NOTES

(
191) Alcée était roi d'Argos.
(192) Sur les Spartes, voir Médée (478 et 480 et les notes 134 et 135 du tome IV), les Phéniciennes (638 sqq.). Nous rappelons la légende : Cadmos tue le serpent d'Arès, sème ses dents; il pousse une moisson de guerriers qui s'entre-tuent, à l'exception de cinq.
(193) Voir Iphigénie à Aulis (151); Électre (1158); Iphigénie en Tauride (845); les Troyennes (1088). Argos est confondue ici avec Mycènes qu'elle avait conquise; on voit encore à Mycènes les constructions cyclopéennes.
(194) Électryon était fils de Persée et père d'Alcmène. Il était frère d'Alcée, père d'Amphitryon, et par conséquent oncle paternel d'Amphitryon. Amphitryon avait tué Électryon involontairement.
(195) Nul n'ignore les motifs de la colère d'Héra contre Héraclès, fils de Zeus et d'Alcmène.
(196) Le Ténare est un promontoire de Laconie.: Saevi spiracula Ditis (Virgile, Énéide, V., 658).
(197) Lycos et Dircé avaient poursuivi de leur haine Antiope, mère de Zéthos et Amphion, qui se vengèrent en les faisant périr. Voir les fragments d'Antiope, au tome IV.
(198) Même expression dans les Phéniciennes (606).
(
199) Il semble que ce forfait de Lycos est de l'invention d'Euripide
(200)
Ces Minyens habitaient Orchomène; ils avaient pour roi Erginos, fils de Clyménos; les Thébains étaient leurs tributaires. Héraclès affranchit Thèbes de ce tribut (cf. Strabon, IX, 9; Diodore, I V, 10, 5; Apollodore, Bibliothèque, II, 4, 11). Voir plus bas vers 220.
(201)
Cf. Oreste (1108).
(202)
Taphos est une des îles Échinades; elle est située près de la côte de l'Acarnanie (Apollodore, II, 4, 6). Amphitryon dans sa jeunesse avait fait la guerre aux Taphiens et à leur roi Ptérélaos, meur­trier des frères d'Alcmène, fils d'Électryon (Hésiode, Bouclier, 15).
(203)
Voir Alkestis (691).
(204)
C'est la doctrine d'Héraclite.
(205)
D'Amphitryon.
(206)
Cf. plus bas v. 692 et Iphigénie en Tauride (1104 sq.).
(207)
Voir la description de ce combat dans Ion (191 sqq.).
(208)
La Prudence est aussi la déesse que révère Étéocle dans les Phéniciennes (782).
(209)
Sur des vases à figures noires représentant la Gigantomachie, on voit Héraclès tirant de l'arc sur le char de Zeus qui lance la foudre (L. Parmentier, Euripide, III, p. 28, n. 2).
(210)
Pholoé est une montagne d'Arcadie où Héraclès avait combattu les Centaures (Strabon, VIII; Diodore de Sicile, IV, 12). Voir aussi Aristophane, les Nuées (1048).
(211)
Le mont Dirphys est au centre de l'Eubée. Les Abantes sont des habitants de l'Eubée (Iliade, II, 536).
(212) Le succès de Sphactérie, en 425, avait été dei aux archers qui avaient anéanti les hoplites spartiates (Thucydide, IV, 90, 4). C'est que le général qui commandait à Sphactérie, Démosthène, avait été, en 426, vaincu par les archers des Étoliens (Thucydide, III, 97 sq.). Jusqu'alors l'arc, arme asiatique (Hérodote, V, 97), était peu estimé.
(213) Voir la note 200. L'exagération est manifeste.

(214) Les colonnes d'Héraclès.

(215) Si on interprète bien ce passage, Euripide devait avoir un acteur qui imitait parfaitement le parler difficile des vieillards.

(216)
Le Parnasse est bien loin de Thèbes! Trait de caractère.
(217)
Cf. Andromaque (257).
(218) Créon, que Lycos a tué.

(219) Voir la note 192. C'est Cadmos qui sème les dents du dragon, non Arès. Cette erreur est volontaire : les vieillards thébains rehaussent ainsi leur origine.

(220) Voir Électre (294) et la note 109 du tome I.

(221) Sur ce cri d'Ailinos, voir les Phéniciennes (1519), et la note 400 de ce volume.

(222)
Le lion de Némée. D'après Pausanias (II, 15, 2), ce bois sacré était un bois de cyprès.
(223) Au vers 182, Euripide plaçait ce combat en Arcadie. Ici, il se livre en Thessalie. L'Iliade (I, 263 sqq.) donne pour chefs aux Lapithes, adversaires des Centaures, Pirithoüs et Thésée et ne nomme pas Héraclès. Le Pélion et l'Homolé sont des montagnes de Thessalie. (Cf. Iphigénie à Aulis, 706 et 1046 sq.; Ion, 1161.)
(224) Œnoé se trouve en Argolide. La déesse d'Œnoé est Artémis.
(225) Ce Diomède était fils d'Arès et roi du peuple des Bistons, en Thrace (Alceste, 485 sqq.). L'Hèbre est un fleuve de Thrace et la Thrace était riche en mines d'argent.
(226) Eurysthée.
(227) Le combat d'Héraclès contre Cycnos (le cygne) fait le sujet du poème d'Hésiode intitulé le Bouclier. Cycnos était fils d'Arès. Posté sur la route de Thessalie aux Thermopyles près de la rivière Anauros, il guettait les voyageurs et les tuait. Amphanées est au sud de Pagases, en Thessalie.
(228) Dans la région du Maroc actuel. C'est là que Zeus et Héra avaient célébré leur mariage et que se trouvait l'arbre aux pommes d'or. (Cf. Hippolyte, 742 sqq.)
(229) Il est fait allusion ici à la lutte d'Héraclès contre Triton, monstre marin. (Cf. Pindare, Isthmiques, IV, 56 et Néméennes, III, 22.)
(230) Sur Atlas, voir Ion (1) et la note I du tome IV.
(231) La Maeotide est au nord du Pont-Euxin.
(232) La Mer hospitalière.
(233)  On trouvera le récit de cet exploit dans les Héraclides (218). Voir aussi la note 264 du tome IV.
(234) Sur l'hydre de Lerne, voir les Phéniciennes (126) et la note 321 de ce volume.
(235) Il s'agit de Géryon, monstre à trois corps. Héraclès lui enleva ses troupeaux (Hésiode, Théogonie, 287; Apollodore, II, 5, et Hygin, Préface). Érythie est identifiée avec Gadés.
(236)  On remarquera qu'Euripide a omis, dans cette énumération des travaux d'Héraclès, ses luttes contre le sanglier d'Érymanthe, contre le taureau de Crète, contre les oiseaux du lac Stymphale, et le nettoyage des écuries d'Augias.
(237)  Argos, appelée ἱππόβοτον, nourricière de chevaux, dans les Suppliantes (365).
(238)  D'après Diodore de Sicile (IV) Héraclès avait reçu sa massue d'Héphaïstos. Il est vrai que Dédale est fils d'Héphaïstos d'après Platon (Alcibiade, I).Le présent est trompeur parce qu'il n'a pas sauvé Héraclès de l'Hadès.
(239) Oechalie est ou en Thessalie ou en Eubée. C'est là qu'il avait vaincu l'archer Eurytos (Iliade, II, 595 et 730; Odyssée, VIII, 224). Cf. Hippolyte (545 sqq.) Une épopée fameuse qu'on attribue à Homère ou à Créophyle de Samos chante la Prise d'Œchalie. Sophocle lui avait emprunté le sujet des Trachiniennes.
(240)  Voir une métaphore du même genre dans Médée (770).
(241)  Les Kères sont les divinités de la mort.
(242)  La métaphore est, pour le moins, recherchée.
(243) C'était le père de la fiancée qui offrait le festin de noces.
(244)  Cf. Suppliantes (953) et Antiope (fragment 196).
(245)  Sa massue.
(246) Sur l'Isménos et Dircé, voir les Bacchantes (5), et la note 3 de ce volume.
(247)  Héraclès s'était fait initier aux mystères à Éleusis (Apollodore, II, 5, 12). Ces mystères étaient célébrés jusque dans l'Hadès (scolie au vers 158 des Grenouilles d'Aristophane)
(248)  Coré.
(249)  Hermione était dans le Péloponnèse, près de Trézène. Il y avait près de cette ville une entrée des Enfers par où Héraclès y était descendu (Pausanias, Corinthiaca, 35).
(250)  Cf. les Phéniciennes (218 sq.). Thésée était descendu aux Enfers pour aider Pirithoüs à enlever Perséphoné.
(251) Cette expression figure déjà dans l'Iliade (X, 173).
(252)  Allusion soit à Typhée, géant emprisonné sous l'Etna (Eschyle, Prométhée, 351 sqq.; Pindare, Pythiques, I, 15 sqq.), soit à Encelade enseveli par Athéna sous la Sicile (Apollodore, Bibliothèque, I, 6, 2).
(253)   On sait combien Euripide aime à faire de ces voeux utopiques.
(254)  Sur le diaule, voir Électre (825) et la note à ce vers (note 144 du tome I).
(255)  Cf. Électre (367 sqq.).
(256) Hésiode unit déjà les Muses aux Grâces (Théogonie, 64). Sur les Grâces, voir Pindare (Pythiques, VI, 2 et Olympiques, XIV,5 sqq.).
(257)  Mère des Muses, elle-même Muse de la mémoire. Cf. Eschyle, Agamemnon (104).
(258)  Le vin. Sur Bromios, voir les Bacchantes (66) et la note 21 de ce volume.La flûte est libyenne parce qu'elle est en bois de lôtos.
(259)  On avait rétabli la grande fête religieuse de Délos en 425 (Thucydide, III, 104).
(260) Apollon.
(261)
Sur cette épithète de chenu, voir vers 110. On connaît le passage du Phédon (85 A) sur le chant du cygne plus harmonieux à l'heure où l'oiseau va mourir.
(262
Et n'achève pas sa course.
(263)
Cf. Pindare (Isthmiques, VIII, 17 sqq.).
(264)
Delphes.
(265)  Séjour des Muses.

(266) Sur les Spartes, voir note 192.

(267)
Par Zeus et Amphitryon.
(268)
Alcmène est fille d'Électryon, fils de Persée, donc petite-fille de Persée.
(269)
Puisqu'il a ramené Héraclès des Enfers et puni Lycos.
(270)
Sur Lyssa, voir les Bacchantes (977). Cf. Eschyle, fr. 169
(271)
La démence d'Héraclès était déjà connue par les Chants Cypriens, par Stésiphore et par Panyassis. On la plaçait avant les douze travaux.
(272) Métaphore nautique.
(273) Les Érinyes aussi sont nées des gouttes du sang d'Ouranos, mutilé par Cronos, et recueillies par la Terre. Lyssa figurait déjà dans un drame d'Eschyle (fragment 169).
(274) A partir de cet endroit jusqu'à la partie chorale, le mètre (tétramètres trochaïques) indique une passion violente.
(275) Ou plutôt un monstre semblable à Gorgone. La vraie Gorgone est fille de Phorkys et de Kéto (Hésiode, Théogonie, 274).
(276)  La vengeance d'Héra.
(277) Zeus Herkeios.
(278) La corbeille contenant le couteau et les grains d'orge.
(279) En même temps que la corbeille on portait près de l'autel un bassin d'eau lustrale; on y plongeait un tison pris sur l'autel et on aspergeait les assistants. Cf. Aristophane, la Paix (956 sqq.); Euripide, Iphigénie à Aulis (1568), Électre (810 sqq.) et la note 143 du tome I.
(280) Voir des observations d'ordre physiologique et du même genre dans Oreste (253 sqq.) et les Bacchantes (616 sqq.).
(281) Ma massue.
(282) Mégare, ainsi nommée d'après son roi Nisos, qui l'avait reçue de Pandion, son père, frère d'Égée.
(283) Cf. Eschyle, les Choéphores (1055) : « Le sang est encore tout frais sur tes mains : de là le trouble qui s'abat sur ton âme » et Agamemnon (1428) : « Aussi bien, après le meurtre qui l'a souillé, le cœur croit-il en son délire que sa sanglante tâche n'est que parure pour son front! »
(284) Sthénélos. Il était frère d'Alcée, père d'Amphitryon.

285
D'après la tradition, Héraclès avait donné Mégara pour épouseà Iolaos. En modifiant la légende, Euripide ajoute au pathétique de la scène.
286
La citadelle d'Argos.
287
.
Elles étaient cinquante. Elles avaient assassiné pendant leur nuit de noces leurs maris, fils d'Aegyptos.
288
.
Sur Procné, voir les Troyennes (1244 sqq.).
289
.
Cf. Oreste (140 sqq.).
290
.
Voir la note 202.
291
.
Même métaphore dans Hippolyte (822) et les Suppliantes (824).
292
.
Sur cette parenté d'Héraclès et de Thésée, voir les Héraclides (207 sqq.); Pélops et Hippodamie ont pour enfants Pitthée et Lysidicé. De Pitthée naît Æthra, mère de Thésée, et de Lysidicé, Alcmène, mère d'Héraclès.
293
.
L'Asôpos.
294
.
Pallas Athéna, qui avait fait pousser sur l'Acropole d'Athènes le premier olivier. 
295
Sur l'hydre, voir les vers 419 et suivants.
296
.Dans la péninsule de Pallène
297
Avant d'être purifié. Cf. Eschyle, Euménides (448) : « La loi, il est vrai, défend au meurtrier d'élever la voix, mais jusqu'au jour seulement où, par les soins d'un purificateur du sang répandu, le sang d'une jeune bête a coulé sur lui.: (Trad. P. Mazon, Eschyle, III, P. 149).
298
.
. Voir la note au vers 17 (note 194).
299
.
Voir Hésiode, Théogonie (306 Cl 821 sqq.)
300
.
L'ἀρβύλη est la chaussure nationale à Argos, où Héra était particulièrement honorée. C'était une bottine d'homme et ce n'est pas sans intention qu'Héraclés emploie ce terme.
301
.
Ou encore : « Il est plus aisé de donner des conseils que d'en-durer les souffrances. »
302
.
Allusion au traitement infligé par Zeus à Cronos, son père. (Cf. Eschyle, Prométhée.)
303
.
On sait qu'un meurtre, même involontaire, entraînait l'exil de son auteur. (Cf. Oreste, 512.)
304
.
Le Minotaure. Cnosse était une des grandes villes de la .Crète. Cette légende est bien connue. (Cf. Platon, Phédon, 58 A.)
305
.
Comme il est expliqué par Plutarque, Vie de Thésée (35). Tous les Théseia devinrent des Héracleia, à l'exception de quatre
306
.
Son retour à Argos. Il craint de s'abandonner à sa colère et de tuer Eurysthée. D'après Athénée (IV, 157) il aurait tué les trois fils d'Eurysthée.
307
.Et pourtant on montrait à Thèbes le tombeau d'Amphitryon (Pindare, Pythiques, IX, 81; Néméennes, IV, 20; Pausanias, I, 41, 1).