Sagas

SAGAS

 

 

EXTRAITS DE EYRBYGGIA-SAGA.

 

Traduction française : Eugène BEAUVOIS

Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer

 

 

 

 

 

EXTRAITS DE

EYRBYGGIA-SAGA.

Aventures de Biœrn Breidvikingakappi et de Gudleif Gudlangsson.

L'histoire du premier est tellement romanesque, qu'on la prendrait pour une fiction, si elle n'était contenue dans l'une des sagas les plus exactes et les plus dignes de foi : il s'expatria volontairement à la suite d'une affaire d'amour et fut jeté dans l'une des contrées du Nouveau-Monde, où il fut retenu par les naturels qui le choisirent pour chef. Il y avait trente ans que l'on n'avait pas entendu parler de lui, lorsque quelques-uns de ses- compatriotes abordèrent dans le même pays et furent sauvés par lui. Rentrés dans leur patrie, ils racontèrent ces événements, qui furent consignés dans un livre spécial. Cet ouvrage est maintenant perdu; mais on trouve de nombreux détails sur Biœrn, dans l’Eyrbyggia-Saga, ou histoire des habitants de la péninsule d'Eyri dans le thing (district) de Thorsnes (Islande occidentale). Son père Asbrand était propriétaire du domaine de Kamb, situé dans le même canton. C'est là que Biœrn naquit en 957. Il avait environ vingt-cinq ans lorsqu'il s'éprit de Thurid, veuve de Thorbiœrn de Froda et sœur utérine du godi (prêtre-magistrat) Snorri de Helga fell. Ce dernier, qui désapprouvait cette liaison, emmena sa sœur chez lui et la maria au riche armateur Thorodd de Medalfellstrœnd, qui alla s'établir à Froda. Cette habitation est située à trois myriamètres au nord de Kamb. Biœrn y fit de fréquentes visites, et le bruit courut qu'il entretenait des relations illicites avec la femme de Thorodd. Celui-ci était importuné de ces rumeurs, mais, avec toutes ses qualités, il n'était pas homme à prendre des mesures efficaces pour sauvegarder son honneur, et prit patience, jusqu'à ce que deux de ses voisins, Œrn et Val, fils de Thorer d'Arnarhvol, lui eussent offert de l'aider à venger son outrage vrai ou supposé.

Extrait du chapitre XXIX de l'Eyrbyggia-Saga.

— « Un jour que Biœrn était à Froda, on ne put trouver Thorodd, qui restait toujours à la maison quand il recevait de telles visites. Thurid dit alors à son hôte : « Tiens-toi bien sur tes gardes quand tu viens ici ; car je soupçonne que mon mari veut mettre fin à tes visites, et j'ai un pressentiment qu'il t'attend sur ton chemin pour t'assaillir avec des forces supérieures. — C'est bien possible, » répondit Biœrn.

« Ensuite il prit ses armes et s'en retourna chez lui. Mais lorsqu'il montait le Digramule, il fut attaqué par cinq hommes : c'étaient Thorodd, deux de ses hommes et les fils de Thorer jambe de bois. Mais il se défendit vigoureusement. Œrn et Val le pressèrent vivement, le blessèrent, mais finirent par tomber sous ses coups. Les autres prirent la fuite avant même d'avoir été blessés. Il continua son chemin jusqu'à ce qu'il arrivât chez lui. Sur l'ordre de la maîtresse de la maison, une servante entra dans la chambre avec une lumière pour servir Biœrn. Voyant qu'il était tout ensanglanté, elle alla avertir Asbrand qui lui demanda des explications sur ses blessures : « Tu as sans doute rencontré Thorodd, » dit-il. Biœrn répondit affirmativement et chanta ces vers :

« Les deux fils de Thorer sont tombés sous mes coups ; il n'est pas si facile pour le pusillanime armateur de combattre contre un homme vaillant, que d'embrasser une femme ou d'acquérir des trésors. »

« Sa blessure fut bandée et se cicatrisa parfaitement. Sur l'invitation de son beau-frère, le godi Snorri poursuivit le meurtrier des fils de Thorer et lui intenta un procès devant le thing (assemblée des notables) de Thorsnes. Les fils de Thorlak de Eyri prirent la défense de Biœrn, qui fut condamné à payer le prix du sang et banni pour trois ans. Il partit le même été [983]. Vers le même temps, Thurid de Froda accoucha d'un enfant qui reçut le nom de Kiartari, fut élevé à Frodâ, et donna bientôt de grandes espérances.

« Lorsque Biœrn eut traversé la mer, il alla en Danemark et passa au sud chez les Jomsvikingar,[1] dont le chef était alors Palnatoki. Il fut admis dans leur société et reçut le titre de kappi (athlète). Il était à Jomsborg quand Styrbiœrn[2] s'en empara, et le suivit en Suède. Après la bataille de Fyrisvall (près d'Upsala) où périt Styrbiœrn, il opéra sa retraite avec ses compagnons, à travers les forêts. Aussi longtemps que vécut Palnatoki, il resta avec lui et se fit la réputation d'homme vaillant et éprouvé. »

Extrait du chapitre XL.

— « Le même été [996], les deux frères Biœrn et Arnbiœrn se rendirent à Raunhafnaros en Islande. Le premier fut depuis surnommé Breidvikingakappi (athlète de Breidvik);[3] l'autre, qui avait rapporté beaucoup de richesses, acheta aussitôt un domaine à Bakki sur le rivage du Raunhœfn. Il ne vivait pas dans le luxe et parlait peu : c'était néanmoins un homme de mérite sous tous les rapports. Son frère ayant adopté les usages des cours étrangères, menait un grand train ; il était beaucoup plus beau qu'Arnbiœrn, ne lui cédait en rien et s'était plus distingué par sa valeur dans les pays étrangers. Peu après leur arrivée, il se tint une grande réunion, au nord de la bruyère près de l'embouchure du Froda. Tous les marchands s'y rendirent en grande pompe. Thurid s'y trouvait aussi ; Biœrn l'aborda et s'entretint longtemps avec elle, ce dont personne ne les blâma, car il y avait très-longtemps qu'ils ne s'étaient vus. Il s'engagea une rixe où un habitant du Nordenfield reçut une blessure mortelle. Il fut porté sous des arbres près de la rivière, et perdit tant de sang qu'il s'en forma une mare. Le jeune Kiartan, fils de Thurid, se trouvait près de là et avait à la main une petite hache qu'il alla tremper dans le sang. Lorsque les gens du sud s'en retournèrent, Thord Blig demanda à Biœrn comment s'était passée son entrevue avec Thurid. « J'en suis très satisfait. — As-tu vu le fils de Thorodd ou le tien, et qu'en dis-tu? »

« Alors Biœrn chanta ces vers: « J'ai vu un enfant, avec des regards terribles, image de sa mère, qui courait vers la mare de sang sous les arbres. On dit qu'il ne connaît pas son véritable père, celui qui a parcouru les mers. »

« Thord continua : « A qui de vous deux Thorodd pense-t-il qu'appartient cet enfant? » Biœrn répondit par ce couplet :

« La supposition de Thorodd serait justifiée si la noble femme mettait au monde des enfants qui me ressemblent. Cette belle aussi blanche que la neige m'a toujours aimé, et j'ai pour elle une affection réciproque.

« Thord reprit : « Il vaudrait mieux pour vous que tu cessasses d'avoir des rapports avec elle. — C'est sans doute un bon conseil ; mais je ne puis me résoudre à le suivre, quoique je risque d'avoir une affaire avec son frère Snorri. —Alors tiens-toi sur tes gardes. » Ils se séparèrent, et Biœrn retourna à Kamb, dont il avait l'administration depuis la mort de son père. L'hiver il recommença à traverser la bruyère pour aller voir Thurid. Quoique ces visites fussent désagréables à Thorodd, il ne savait comment les faire cesser, se rappelant ce qu'il lui en avait coûté la première fois qu'il entreprit d'y mettre fin. Voyant en outre que Biœrn était beaucoup plus fort qu'auparavant, il gagna Thorgrima

Galdrakinn, afin qu'elle déchaînât la tempête quand Biœrn traverserait la montagne. Un jour que ce dernier était allé à Froda, il s'en retourna très-tard par un temps pluvieux. Il tombait une neige froide et il faisait si noir, quand il fut sur la montagne, qu'il ne pouvait distinguer le chemin. Les tourbillons de neige et la véhémence du vent l'empêchaient d'avancer. Le froid augmenta, et les vêtements du voyageur, qui étaient trempés, se congelèrent et devinrent roides. Il s'égara et ne sut plus où se diriger. Ayant trouvé une caverne, il y pénétra et y passa la nuit. Mais ce fut une froide habitation. Il chanta alors ce qui suit :

« La femme qui offre des vêtements à l'hôte qui a souffert de l'orage, ne me trouverait guère bien abrité, si elle savait que je suis engourdi par le froid et étendu dans une caverne, moi qui ai gouverné un navire. »

« Il resta trois jours dans la caverne, jusqu'à ce que l'orage s'apaisât; le quatrième il regagna Kamb, tout transi de froid. Ses gens lui demandèrent où il était pendant l'orage. Il répondit par ces vers :

« Moi qui ai fait parler de mes exploits, quand je combattais sous l'étendard de Styrbiœrn, dans la bataille où Erik au casque de fer renversa tant de guerriers, j'errais dans la bruyère, et les fortes averses de la sorcière m'empêchaient de retrouver le chemin. »

« Biœrn passa l'hiver à Kamb, et au printemps son frère alla s'établir à Bakki. »

Extrait du chapitre XLVII.

— « Cet été [999] Snorri se rendit avec vingt hommes à Froda, où son beau-frère donnait Un festin. Thorodd lui représenta que les visites de Biœrn à Froda étaient une charge et un déshonneur pour lui, et le pria d'y mettre ordre. Snorri partit au bout de quelques jours emportant des présents considérables. Il chevaucha dans la montagne et répandit le bruit qu'il allait visiter son navire à l'entrée du Raunhœfn. On était alors au temps de la fauchaison. En traversant la montagne de Ramb au sud, Snorri dit : « Descendons vers Kamb ; je dois vous apprendre que je veux visiter Biœrn, et le tuer si l'occasion s'en présente. Mais nous ne l'attaquerons pas dans la maison, car les murs en sont solides, et il est brave et vigoureux. Nous ne sommes d'ailleurs qu'en petit nombre, et il est reconnu que, même avec des forces supérieures, le succès est douteux quand on assiège dans leur maison ces hommes belliqueux. Il en fut ainsi quand Geir Godi et Gizur le Blanc avec quatre-vingts homme» attaquèrent Gunnar à Hlidarendi. Ce dernier était seul ; néanmoins il blessa et tua plusieurs de ses agresseurs ; ceux-ci avaient cessé de combattre quand Geir Godi remarqua que Gunnar manquait de projectiles. — Mais comme Biœrn est probablement dehors, je te charge, mon parent Mar, de lui porter le premier coup. Songe bien que ce n'est pas un homme avec qui l'on badine, et qu'il faut soutenir une rude lutte contre le loup, si on ne l'abat pas du premier coup. » En arrivant à Kamb, ils trouvèrent Biœrn dans sa cour, occupé à construire un traîneau. Il était seul et n'avait aucune arme, excepté une petite hache et un grand couteau d'un empan de long à partir du manche. Il s'en servait pour faire des trous dans le traîneau. Apercevant Snorri qui avait un manteau bleu et marchait en tête de sa bande, il le reconnut immédiatement, saisit son couteau et prit instantanément la résolution de marcher à leur rencontre. Lorsqu'il fut en leur présence, il saisit d'une main la manche du manteau de Snorri, de l'autre il tint son couteau de manière à lui percer la poitrine s'il le jugeait à propos. Il salua son ennemi, qui lui rendit son salut. Mar se tint coi, voyant bien qu'il y allait de la vie de Snorri, si l'on inquiétait Biœrn. Ce dernier les accompagna et leur demanda s'ils savaient quelques nouvelles. Mais il garda l'attitude qu'il avait prise d'abord. « Je ne me dissimule pas, Snorri, dit-il, que j'ai agi à ton égard de telle façon, que tu pourrais m'intenter une action ; et j'ai entendu dire que tu es mal disposé à mon égard. Si ta présence n'est pas un accident, mais que quelque affaire t'amène auprès de moi, explique-toi ; si ce n'est pas le cas, faisons la paix, et je m'en retournerai, car je ne veux pas aller plus loin. » Snorri répondit : « Tu as fait une si habile diversion en nous abordant, que je t'accorde la paix pour cette fois, quelles que fussent d'ailleurs nos intentions en venant ici. Mais je te prie de cesser de fréquenter Thurid ; car nous ne pourrions vivre en concorde, si tu continues comme tu as commencé. — Je ne veux promettre que ce que je me propose de tenir, dit Biœrn ; mais je ne crois pas que je puisse changer tant que Thurid et moi nous serons dans la même contrée. — Ta présence n'est pas tellement indispensable dans ce pays, dit Snorri, que tu ne puisses le quitter. — C'est vrai, dit Biœrn ; et puisque tu es venu près de moi, et que notre entretien a pris cette tournure, je te promets que Thorodd et toi vous ne serez désormais plus importuné de mes visites chez Thurid. » Ensuite ils se séparèrent. Snorri alla vers son vaisseau et retourna ensuite à Helgafell. Le lendemain Biœrn monta à cheval et se rendit à Raunhœfn, où il retint aussitôt une place sur un vaisseau. L'équipement fut bientôt terminé, et ils se mirent en mer [999] avec un vent de nord-est qui souffla pendant une bonne partie de l'été. Mais ce ne fut que longtemps après que l'on entendit parler de ce vaisseau. »

Extrait du chapitre XLIV.

—« Gudleif, fils de Gudland le Riche, deStraumfiord [Islande occidentale], et frère de Thorfinn, dont descendent les Sturlungar, était un grand négociant. Son navire et celui de Thorolf Eyra-Loptsson livrèrent un jour bataille au fils de Sigvald jarl, à Gyrd, qui perdit un œil dans cette affaire.[4] Vers la fin de la vie du roi Olaf le Saint [1030], Gudleif avait fait un voyage de commerce à Dublin. Lorsqu'il retourna en Islande, il navigua à l'ouest de l'Irlande, avec un vent de nord-est qui le poussa si loin à l'ouest et au sud-ouest, qu'il ne savait plus où se trouvait la terre. Comme l'été était déjà avancé, il était impatient d'arriver au terme de ce voyage. Apercevant une grande terre qu'il ne connaissait pas, il prit la résolution d'y débarquer, car il était las de combattre contre la violence de l'Océan. Il trouva un bon port, et il était à terre depuis peu de temps, lorsqu'il arriva des gens dont aucun ne lui était connu, mais dont la langue semblait se rapprocher de l'Irlandais. Bientôt les indigènes, qui étaient au nombre de plusieurs centaines, assaillirent les navigateurs, leurs lièrent les mains et les conduisirent dans l'intérieur du pays. Les Islandais, mis en présence d'une assemblée qui devait prononcer sur leur sort, comprirent que quelques-uns de leurs juges proposaient de les mettre à mort, et que d'autres étaient d'avis de les partager et les réduire à l'esclavage. Pendant ces délibérations, ils virent approcher une grande troupe avec un étendard, d'où ils conclurent qu'il y avait un chef au milieu de cette foule. Sous la bannière, s'avançait à cheval[5] un personnage considérable, de haute stature, déjà âgé et qui avait les cheveux blancs. Tous ceux qui étaient présents s'inclinèrent devant lui et le reçurent de leur mieux. C'est à lui que fut laissée la décision de l'affaire des étrangers. Le chef, ayant fait amener devant lui Gudleif et ses compagnons, leur adressa la parole en langue nosraena [islandaise] et les interrogea sur leur patrie. Apprenant que la plupart étaient Islandais, il demanda quels étaient spécialement ceux qui étaient de cette île. Gudleif salua le vieux chef, qui reçut bien cette politesse, et dit qu'il était de telle contrée sur les rives du Borgariiord. Son interlocuteur l'interrogea ensuite sur la plupart des personnages considérables du Borgarfiord et du Breidifiord et lui demanda des renseignements précis sur Snorri Godi, sur sa sœur Thurid de Froda, et particulièrement sur Kiartan, fils de cette dernière. D'un autre côté les indigènes criaient qu'il fallait rendre une décision aux étrangers. Alors le chef se retira et choisit douze hommes avec lesquels il délibéra longtemps. Ensuite il s'approcha de l'assemblée et dit à Gudleif : « Moi et les habitants de ce pays nous avons longtemps délibéré à votre égard : ils m'ont laissé la décision, et je vous autorise à aller où vous voudrez ; mais quoique l'été soit presque passé, je vous conseille pourtant de quitter ce pays, car il ne faut pas se fier aux indigènes ; il ne fait pas bon avoir affaire à eux ; ils croient d'ailleurs que la loi a été violée à leur préjudice. — Mais, dit Gudleif, si le destin nous permet de revoir notre patrie, comment nommerons-nous celui à qui nous devons notre liberté? — Je ne puis vous en instruire, répondit-il ; car je ne voudrais pas que mes parents et mes frères d'armes fissent un voyage comme celui que vous auriez fait, si je n'avais pas été là pour vous protéger. Mais maintenant je suis si âgé, que je puis m'attendre sans cesse à succomber de vieillesse ; et quand même je vivrais encore quelque temps, il y a d'autres chefs plus puissants que moi, qui ne sont pas en ces lieux pour le moment, et qui auraient peine à laisser des étrangers en paix.» Ensuite il fit appareiller leur vaisseau et y resta avec eux jusqu'à ce qu'il s'élevât un vent favorable qui les emporta. Mais avant de les quitter, il tira de son doigt un anneau et le remit à Gudleif ainsi qu'une bonne, épée : « Si le destin permet que tu retournes en Islande, lui dit-il, remets cette épée au colon Kiartan de Froda et cet anneau à sa mère Thurid. — Mais, demanda Gudleif, que dirai-je s'ils m'interrogent sur celui qui envoie ces présents? —Tu répondras : C'est une personne qui était en meilleures relations avec la dame de Froda, qu'avec son frère le godi de Helgafell. Si quelqu'un devine le nom de celui qui a possédé ces objets, dis que je défends à qui que ce soit de venir en ce pays ; car c'est un voyage périlleux : tout le monde n'effectue pas l'abordage aussi facilement que vous l'avez fait. La contrée est très-étendue, et il n'y a que peu de ports. Partout les étrangers peuvent s'attendre à être inquiétés, quand ils ne sont pas dans les mêmes circonstances que vous. » Ensuite Gudleif mit à la voile et débarqua en Irlande à une époque avancée de l'automne. Après avoir passé l'hiver à Dublin, il partit en été pour l'Islande et remit les présents aux destinataires. Des personnes tiennent pour certain que le chef des indigènes était Biœrn Breidvikingakappi. Mais il n'y a pas d'autres faits pour confirmer cette opinion, que ceux que l'on vient de rapporter. »


 

[1] Pirates de Jomsborg, qui formaient une espèce d'ordre chevaleresque gouverné par des lois très-remarquables. Ils étaient célèbres pour leur vaillance et leurs exploits sur terre et sur mer. Leur forteresse était située sur les côtes de Poméranie. On peut consulter à cet égard : Jomsvikinga-Sala, dans Fornmanna-Sogur, t. II.

[2] Fils du roi Olof et prétendant au trône de Suède.

[3] Le Breidvik ou large baie est une petite anse sur le rivage de laquelle se trouvait Kamb.

[4] Le détroit de Middelfart, entre le Jutland et l'île de Fionie, fut le théâtre de ce combat. Il parait que Gyrd avait attaqué les deux navires dans l'espoir de les capturer.

[5] Cette expression est digne de remarque. Elle semblerait indiquer que les habitants du Nouveau-Monde avaient des chevaux ; or on sait que cet animal n'est pas originaire du pays. Les Islandais l'auraient-ils importé dans le Nouveau-Monde? ou bien faut-il prendre le mot rita dans le sens d’être porté en litière qu'il a quelquefois? ou enfin l'auteur, qui vivait dans un pays où tous les personnages considérables vont à cheval, a-t-il supposé qu'il en était de même dans le Nouveau-Monde? Il arrive souvent aux historiens qui paraphrasent leurs sources de remplacer le mot propre par un synonyme qui change le sens.