Parthenios

PARTHENIOS

 

AVENTURES D'AMOUR

Traduction française : M.  VILLEMAIN

Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer

 

 

 


 

 

 

 

 

 

PARTHÉNIUS A C. GALLUS,

SALUT.

J'ai pensé, mon cher Gallus, que le recueil des aventures d'amour ne pouvait manquer de vous plaire, et je vous les envoie réunies en extraits fort courts. En effet celles qui déjà se trouvent chez nos poètes, sans que j'aie besoin d'en faire un récit développé, vous les saisirez facilement sur ce peu de mots; et quand il s'en présentera dans le nombre qui vous plairont davantage, vous pourrez sans peine les reproduire dans vos poèmes et dans vos élégies, maintenant qu'elles sont dégagées de tout ce qui leur était étranger. Si vous eussiez entrepris vous-même ces extraits, ces histoires auraient eu pour vous moins d'agrément. C'est en quelque sorte une collection de souvenirs que j'ai formée, et j'espère qu'elle ne tous sera pas inutile.


 

AVENTURES D'AMOUR.

 

 

 

 

CHAPITRE I.

LYRCUS.

Cette histoire se trouve dans le Lyrcus de Nicénète, et dans la Fondation de Caune par Apollonius.

Io, fille d'Inachus, roi d'Argos, avait été ravie par des brigands ; son père envoya différents officiers à sa recherche. L'un d'entre eux, Lyrcus, fils de Phoronée, parcourut plusieurs pays, explora diverses mers; mais à la fin, voyant ses efforts sans succès, il abandonna une entreprise inutile. Redoutant la colère d'Inachus, il n'osait retourner à Argos, et vint débarquer à Caune chez Ébiale, dont il épousa la fille Ilébia. Elle n’avait pu, dit-on, le voir sans l'aimer, et par ses sollicitations elle avait obtenu de son père de l'avoir pour époux. Ébiale donna à son gendre une partie considérable de ses états et de ses trésors.

Déjà plusieurs années s'étaient écoulées, et Lyrcus n’était pas encore père. Il voulut aller au temple d'Apollon Didymée consulter l'oracle à ce sujet, et le dieu lui répondit qu'il lui naîtrait des enfants de la première femme avec laquelle il aurait commerce après sa sortie du temple. Plein de joie, Lyrcus se hâtait d'aller retrouver sa femme, interprétant l'oracle au gré de ses désirs. Dans sa route il s'arrête à Bybaste chez Staphyle, fils de Denys. Staphyle lui fait l'accueil le plus affectueux, parvient à l’enivrer, et, quand il le voit appesanti par les vapeurs du vin, introduit dans le lit de son hôte sa fille Hémithée : il avait connaissance de l'oracle, et voulait que Lyrcus dût à.sa fille, le titre de père. Celle-ci et sa sœur Rhéo avaient conçu pour l'étranger un si violent amour, qu'elles se disputaient sa couche. Le lendemain, Lyrcus s'aperçoit de la faute qu'il a commise, et voit Hémithée couchée près de lui. Dans sa douleur, il reproche amèrement à Staphyle son odieuse fraude; mais le mal était sans remède. Il détache sa ceinture, la donne à la jeune fille, et lui recommande de la garder pour l'enfant qui naîtra de leur union, comme un signe de reconnaissance dont il aura besoin lorsque, parvenu à l'adolescence, il viendra retrouver son père à Caune.

Lyrcus partit; mais Ébiale, informé de la réponse de l'oracle et de l'aventure d'Hémithée, le chassa de ses états. De là une longue guerre entre les amis de Lyrcus et les partisans d'Ébiale. Ilébia ne fut pas l'alliée la moins utile de son époux, dont elle n'avait pas voulu se séparer. Dans la suite, le fils d'Hémithée et de Lyrcus, nommé Basile, devenu homme, vint en Caunie, se fit reconnaître de son père, et celui-ci se sentant déjà vieux lui résigna sa couronne.

CHAPITRE II.

POLYMÈRE.

Cette histoire est tirée de l'Hermès de Philétas.

Ulysse, errant aux environs de la Sicile, entre la mer des Tyrrhéniens et celle des Sicules, aborda chez Éole dans l'île Méligounis: Séduit par sa réputation de sagesse, Éole lui fit le plus favorable accueil; il se plaisait à l'entendre raconter les événements de la prise de Troie et la dispersion des vaisseaux grecs au retour de cette guerre. Il retint longtemps son hôte auprès de lui : Ulysse lui-même ne pouvait se déplaire dans ce séjour; car une des filles d'Eole, Polymèle, qui l'aimait, lui était secrètement unie. Les vents devenus favorables, Ulysse met à la voile, et Polymèle est surprise conservant des dépouilles troyennes, qu'elle ne cessait d'arroser de ses larmes. Éole s'emporte en reproches contre Ulysse quoique absent, et veut punir sa fille; mais heureusement Diorès, frère de Polymèle, épris d'amour pour sa sœur, intercède pour elle, et obtient de son père la permission de l'épouser.

CHAPITRE III.

ÉVIPPE.

Extrait de l'Euryale de Sophocle.

Éole n'éprouva pas seul la perfidie d'Ulysse. Après son retour de Troie et le meurtre des prétendants de Pénélope, Ulysse se rendit en Épire pour consulter l'oracle, et déshonora Évippe, fille de Tyrimma, qui l’avait accueilli, et qui lui donnait l'hospitalité la plus bienveillante. Il eut d'Évippe un fils qu'on nomma Euryale. Parvenu à l'adolescence, celui-ci reçut de sa mère des tablettes cachetées, qui devaient le faire reconnaître, et vint à Ithaque. Par malheur Ulysse était alors absent. Pénélope, instruite depuis longtemps de l’amour d'Évippe, apprend l'arrivée du jeune homme; et à peine Ulysse est-il de retour, que, sans lui laisser le temps de reconnaître la qualité d'Euryale, elle lui persuade de le tuer, accusant le jeune étranger de lui dresser des embûches. Ulysse était naturellement violent et emporté : il tua son fils de sa propre main, et, peu de temps après cet acte de cruauté, mourut lui-même, blessé par son fils (Télégonus) de l'arête d'un poisson marin.

CHAPITRE IV.

OENONE.

Nicandre, livre des poètes ; et Céphalon de Gergéthès, Antiquités de Troie.

Alexandre, fils de Priam et pasteur sur le mont Ida, conçut de l'amour pour Œnone, fille de Cébrène. Inspirée par un dieu, cette jeune fille, dit-on, prédisait l'avenir, et jouissait d'ailleurs d'une grande réputation de prudence et de sagesse. Alexandre l'emmena de la maison paternelle sur le mont Ida, où parquaient ses troupeaux, et l'épousa; il lui jurait qu'il ne l'abandonnerait jamais, et qu'il lui garderait un respect sans bornes. Je sais, répondait-elle, que vous m'aimez maintenant avec ardeur; mais un temps viendra où vous me délaisserez pour passer en Europe, et là, épris des charmes d'une femme étrangère, vous amènerez la guerre dans votre patrie. Elle ajoutait qu'il serait blessé dans cette guerre, et qu'elle seule pourrait le guérir. Elle lui répétait souvent cette prédiction, et chaque fois il en repoussait la pensée.

Cependant Alexandre, dans la suite, épouse Hélène : Œnone reproche à son époux son inconstance, et se retire chez Cébrène son père. La guerre s’était déclarée. Alexandre est blessé d'une flèche par Philoctète; il se souvient alors de la prédiction d'Œnone, et se rappelle qu'il ne peut espérer de guérison que d'elle seule. Il lui envoie un héraut pour la prier de venir sans retard à son secours, et d'oublier le passé, qu'il fallait, disait-il, attribuer à la volonté des dieux. Qu'il envoie près d'Hélène, répond-elle avec fierté; c'est à elle qu'il doit porter ses prières. Néanmoins elle se hâtait de se rendre aux lieux où il gisait mourant. Mais, hélas ! le héraut l’avait devancée, et quand Alexandre apprit cette réponse cruelle, il perdit tout espoir et expira. Œnone en arrivant ne trouva plus qu'un cadavre sans vie; elle fit éclater sa douleur par ses gémissements et ses pleurs, et se donna la mort.

CHAPITRE V.

LEUCIPPE.

Tiré du Léontium d'Hermésianax.

Leucippe, fils de Xanthius, de la race de Bellérophon, surpassait en force tous ses contemporains, et n'avait d'autre étude que la guerre : aussi les Lyciens et leurs voisins ne cessaient-ils de se plaindre de ses violences et de ses brigandages. Vénus irritée lui inspira pour sa propre sœur un violent amour. D'abord il voulut résister à une passion dont il croyait facilement triompher, mais, le temps n'apaisant pas le feu qui le dévorait, il s'ouvre à sa mère, et la supplie de ne pas le laisser périr: il allait s'immoler, disait-il, si elle lui refusait son secours. La mère se hâte de lui promettre l'objet de ses désirs, et cette promesse lui rend la vie. La jeune fille fut appelée et livrée à son frère. Depuis ce moment ils s'abandonnaient sans crainte à leur passion; mais quelqu'un avertit le fiancé de la jeune fille. Celui-ci, suivi de son père et de quelques parents, va trouver Xanthius, et lui révèle tout le mystère, sans toutefois lui nommer Leucippe. Irrité de ce qu'il apprend, Xanthius veut tout faire pour surprendre le séducteur. Avertissez-moi, dit-il, dès que vous les verrez ensemble. Il n'attendit pas longtemps : à l'instant même on le conduisit a la chambre des jeunes gens. La fille, au bruit soudain qu'elle entend, court à la porte dans l'espoir d'échapper à l'œil des survenants; mais le père, pensant frapper le séducteur, la renverse percée d'un coup d'épée.

La violence de la douleur arrache un cri à la jeune fille ; Leucippe vole à son secours, mais dans son trouble il immole son père sans l'avoir reconnu.

Ces funestes événements lui firent abandonner sa patrie, et, à la tête d'une troupe de Thessaliens, il prit part aux troubles de la Crète. Chassé par les peuples voisins, il vint à Éphèse, où il construisit le fort appelé Crétinée.

C'est ce même Leucippe dont, suivant un autre récit, Leucophrye, fille de Mandrolyte, devint amoureuse : on ajoute qu'elle livra sa ville aux ennemis, dont il se trouvait commandant, un oracle l'ayant fait élire pour chef par les troupes envoyées de Phère par Admète.

CHAPITRE VI.

PALLÈNE.

Diogène et Hégésippe, histoire de Pallène.

On raconte aussi que Sithon, roi des Odomans, avait une fille nommée Pallène, dont la renommée célébrait partout les grâces et la beauté. Pallène voyait à ses pieds de nombreux prétendants, non seulement de la Thrace, mais même des contrées les plus éloignées, de l'Illyrie et des bords du Tanaïs. Sithon déclara d'abord qu'il gardait sa fille ; et défiant au combat chacun des prétendants, les avertit que le vaincu serait mis à mort. Ainsi se défit-il de cette foule importune.

Mais dans la suite, sentant diminuer sa vigueur, il résolut de marier sa fille. Deux prétendants se présentaient, Dryas et Clitus. Sithon leur ordonna de combattre l'un contre l'autre: sa fille était le prix du combat; le vaincu devait recevoir la mort, et le vainqueur la couronne et la main de Pallène.

Le jour fixé arrive, Pallène tremblait pour Clitus ; c’était la sollicitude de l'amour. Confier son secret à quelqu'un de ses parents, elle n'osait; mais d'abondantes larmes baignaient ses joues, et excitèrent les soupçons d'un vieillard qui l’avait élevée : il l'interroge, elle avoue sa passion. Rassurez-vous, dit-il, vos vœux seront remplis. Il va trouver secrètement le cocher de Dryas, et celui-ci, gagné par des présents, n'attache point les fiches aux roues du char de son maître, la barrière s'ouvre, Dryas s'élance contre Clitus ; mais ses roues se détachent, il tombe, et Clitus de fondre sur lui et de lui donner la mort.

Sithon s’était aperçu de l'amour et du stratagème de sa fille ; il fait élever un vaste bûcher, y place Dryas, et allait y sacrifier aussi Pallène; mais un dieu lui apparaît, et soudain une nuée d'eau tombe sur le bûcher. Sithon renonce à sa sévérité, et, accordant sa fille à Clitus, il apaise les murmures du peuple thrace qui l'environnait

CHAPITRE VII.

HIPPARIN.

Tiré de Phanias d'Érèse.

Dans la ville d'Héraclée, en Italie, était un jeune homme d'une grande beauté nommé Hipparin. Antiléon, l'un des citoyens les plus distingués, conçut pour lui l'amitié la plus vive, et mit tout en œuvre pour obtenir du retour, mais toujours sans succès. Le jeune homme fréquentait les écoles, Antiléon s'attache à ses pas. Pour acquérir ton amitié, lui disait-il, j'ai déjà bien souffert, ordonne et je ne trouverai rien d'impossible. Eh bien, répond en plaisantant : Hipparin, apporte-moi la cloche du fort. Ce fort était gardé par le  roi d'Héraclée avec le plus grand soin ; Hipparin pensait bien ordonner une entreprise impraticable. Antiléon s'introduit secrètement dans le fort, surprend le garde de la cloche, le tue, et revient triomphant vers son jeune ami ; celui-ci fut touché d'un tel dévouement, et dès cet instant la plus étroite amitié les attacha l'un à l'autre.

Dans la suite, le roi vit Hipparin; épris de sa beauté, il n'eût pas craint d'employer la violence. Antiléon indigné recommande à son ami d'amuser le roi par de fausses espérances; il l'attend à sa sortie, l'attaque et l'immole. Après ce coup d'éclat, il fuit à la hâte ; il allait échapper, mais il se jeta au milieu d'un troupeau de moutons attachés ensemble, et fut pris. La mort du roi rendit à la ville son ancienne liberté. Les habitants élevèrent aux deux amis des statues d'airain, et défendirent par une loi de conduire à l'avenir les troupeaux attachés.

CHAPITRE VIII.

ÉRIPPE.

Cette aventure est racontée par Aristodème de Nysa, dans te premier livre de ses Histoires ; les noms seuls y sont changés : Érippe est appelée Gythymie, et le barbare Cavaras.

Lorsque les Gaulois faisaient des incursions en Ionie et saccageaient les villes, on célébrait un jour à Milet la fête des Thesmophories. Les femmes étaient toutes rassemblées dans le temple à quelque distance de la ville; tout-à-coup un parti détaché de barbares fondit sur le territoire de Milet, et vint à l'improviste enlever les femmes : les unes furent rachetées à prix d'or, et quelques autres, auxquelles les barbares s'étaient attachés, furent emmenées. Du nombre de ces dernières était Érippe, femme de Xanthus, citoyen très distingué de Milet, et de la première naissance; elle laissait un enfant de deux ans. Xanthus adorait sa femme; il vend une partie de ses biens et rassemble mille pièces d'or. D'abord il passe en Italie, de là, par les soins de quelques amis, il arrive à Marseille, et bientôt dans la Gaule. Parvenu à la maison où sa femme demeurait avec un des habitants les plus considérés du pays, il prie qu'on veuille bien le recevoir. Les Celtes sont très hospitaliers : on s'empresse de l'admettre ; il entre, et voit sa femme qui se jette dans ses bras et l'introduit avec mille démonstrations d'amitié. Le Celte rentre à l'instant; Érippe lui raconte le voyage de son mari, et lui apprend qu'il a poussé la tendresse jusqu'à venir lui-même apporter sa rançon. Admirant tant d'amour, le Celte réunit ses plus proches parents pour traiter son hôte. Sur la fin du repas, il fait placer Érippe près de son mari, et demande à celui-ci, par un interprète, à quelle somme se montait toute sa fortune. A mille pièces d'or, répond Xanthus. Eh bien, reprend le barbare, garde les trois quarts pour toi, ta femme et ton enfant, et laisse-moi le reste pour rançon.

Lorsqu'on se fut enfin retiré pour prendre du repos, la femme fit de vifs reproches à son mari de ce qu'il s’était engagé avec le barbare pour une somme qu'il n'avait pas, l'avertissant qu'il courrait de grands risques s'il ne pouvait remplir sa promesse. Xanthus lui avoua qu'il avait fait cacher mille autres pièces d'or dans les chaussures de ses esclaves ; car il n’avait pas espéré tant de modération d'un barbare, et il avait pensé qu'il lui faudrait une forte rançon.

Le lendemain Érippe révèle au Celte la quantité d'or que possède son mari, et l'engage à se défaire de lui: elle le préférait seul, disait-elle, à sa patrie, à son enfant, et n’avait pour Xanthus que de la haine. Le Celte n'entendit pas sans horreur ces propositions, et résolut de punir la perfide. Le Milésien se hâta de partir : son hôte, lui témoignant la plus cordiale amitié, voulut l'escorter; Érippe aussi les suivait. Arrivés aux frontières de la Gaule, le barbare exprima le désir d'offrir aux dieux un sacrifice avant la séparation. On apporte une victime, il la remet à Érippe, et, la lui faisant tenir, comme elle avait coutume de le faire, il lève son épée, et sous le coup l'on voit tomber la tête d’Érippe. Le Celte engage Xanthus à ne pas s'abandonner à la douleur; il lui découvre la perfidie de sa femme, et lui permet d'emporter son trésor tout entier.

CHAPITRE IX.

POLYCRITE.

Extrait du premier livre de l'Histoire de Naros, par Andriscus. Le même trait se retrouve aussi dans le premier livre du Traité des circonstances, par Théophraste.

Les Milésiens, soutenus par quelques auxiliaires, faisaient la guerre aux Naxiens ; ils avaient élevé devant la ville un retranchement et dévastaient le pays, tenant ainsi leurs ennemis enfermés. Près de la ville était un temple consacré à Apollon. Là, par un hasard heureux, avait été abandonnée uni jeune vierge nommée Polycrite. Ses charmes subjuguèrent Diognète, chef des Érythréens, qui, à la tête d'un corps de ses compatriotes, combattait dans les rangs des Milésiens. Cédant à la violence de sa passion, il envoie un émissaire à Polycrite, car faire violence à la prêtresse dans son temple, c'eût été commettre un sacrilège. Celle-ci, pendant quelque temps, refusa de recevoir ses messages. Il redouble ses instances, et elle déclare qu'elle n'écoutera ses vœux que s'il s'engage par serment à exécuter ce qu'elle exigera. Diognète, sans défiance, n'hésite pas; il jure par Diane de lui accorder tout ce qu'elle demandera. A peine a-t-il prononcé ce serment, qu'elle lui prend affectueusement la main, lui parle des malheurs de la ville, implore sa pitié pour elle-même et pour sa patrie, et demande qu'il livre le fort. A ce discours Diognète indigné, hors de lui, tire son épée ; il allait frapper la jeune fille; mais touché de tant de patriotisme, en même temps vaincu par sa passion, et le destin aussi voulant sans doute délivrer les Naxiens de leurs maux, il sort sans répondre, indécis sur ce qu'il doit faire. Le lendemain il consentit à la trahison exigée. Trois jours après devaient se célébrer les Thargélies, fête dans laquelle les Milésiens n'épargnent ni le vin ni les dépenses de toute espèce; ce fut le moment que choisit Diognète pour livrer le fort. Aussitôt, aidé de Polycrite, il cache dans un pain une lettre tracée sur une plaque de plomb, et l'envoie aux frères de la jeune fille ; car c'étaient eux qui se trouvaient gouverneurs de la ville. Il leur mandait de se tenir prêts à venir la nuit qu'il désignait; le signal devait être une torche qu'on tiendrait élevée. Polycrite fit dire à ses frères, par le porteur du pain, qu'ils n'eussent aucune crainte, que le succès était certain s'ils marchaient avec confiance. Le messager parvint bientôt à la ville; et Polyclès, frère de Polycrite, hésitait encore, incertain s'il devait ajouter foi à ces dépêches; enfin on arrêta unanimement de suivre l'avis qu'on recevait.

La nuit fixée pour la sortie arrive; les Naxiens implorent la protection des dieux et partent. Reçus par la troupe de Diognète, ils pénètrent dans le retranchement des assiégeants, les uns par la porte, qu'on leur a ouverte, les autres par escalade, et, se ralliant dans l'intérieur, ils massacrent les Milésiens. Diognète n'est pas reconnu ; il périt avec ceux qu'il trahissait.

Le jour parut; les Naxiens brûlaient tous de rendre hommage à leur libératrice. Les uns l'entourent de couronnes, les autres de bandelettes. Accablée par la multitude des objets qu'on lui jette de tous côtés, la jeune fille périt étouffée. On l'inhuma dans la plaine aux frais de l'état, après avoir sacrifié sur sa tombe cent victimes diverses. On prétend même que Diognète fut brûlé sur le même bûcher que Polycrite, par les soins des Naxiens reconnaissants.

CHAPITRE X.

LEUCONE.

Il y avait en Thessalie une jeune fille d'une rare beauté, nommée Leucone. Cyanippe, fils de Pharax, en devint amoureux, vint la demander à ses parents, et reçut sa main. Cyanippe était passionné peur la chasse; il passait les journées à poursuivre les lièvres et les sangliers, et revenait la nuit près de sa jeune femme excédé de fatigue : souvent même, avant de lui adresser la parole, il tombait appesanti par un profond sommeil. En proie au chagrin et à la jalousie, Leucone était dévorée de la plus cruelle inquiétude; elle mettait tous ses soins à découvrir quels charmes attiraient Cyanippe sur la montagne et l'y retenaient ainsi. Elle se ceint jusqu'au genou, échappe à ses femmes, et s'enfonce dans le bois. Les chiens de Cyanippe poursuivaient un cerf; animés et altérés de sang par l'ardeur de la chasse, à peine sentent-ils la jeune femme qu'ils se précipitent sur elle: personne ne survient, et en peu d'instants elle est mise en pièces. Ainsi périt cette infortunée, victime de son amour pour son jeune époux.

Bientôt arrive Cyanippe, et Leucone déjà n’était plus qu'un cadavre défiguré. Saisi de douleur, il appelle à grands cris ses esclaves, fait dresser un bûcher, y place les restes inanimés de son épouse, et après y avoir immolé ses chiens, il termine d'un même coup ses douleurs et sa vie.

CHAPITRE XI.

BYBLIS.

Aristocrite et Apollonius de Rhodes, Fondation de Caune.

On raconte diversement l'histoire de Caunus et de Byblis, enfants de Milétus. Nicénète rapporte que Caunus brûlait d'amour pour sa sœur. Ne pouvant vaincre sa passion, il abandonna le foyer paternel, et, loin de sa patrie, alla fonder une ville où il réunit les Ioniens alors dispersés. Ce poète s'exprime en ces termes :

« Milétus s'éloignant fonda la ville d'Écousie, et devint l'époux de Tragasie, fille de Calènes. Il eut d'elle deux enfants, Caunus, fidèle ami de la justice, et Byblis, belle comme le genévrier aux élégantes formes. Enflammé pour sa sœur d'un amour involontaire, Caunus s'exile vers la terre de Dia, fuyant et le Caprus que gardent les serpents, et le Cragus couronné de forêts, et le fleuve sacré qui baigne la Carie. Là, le premier des Ioniens, il construit use ville. Comme l'oiseau des nuits, malheureuse et plaintive, Byblis sous ses portiques appelait de son frère le retour désiré. »

La plupart des auteurs prétendent que ce fut Byblis qui conçut de l'amour pour son frère, qu'elle le lui déclara et le conjurait de prendre pitié des maux qui la consumaient. Caunus, ajoutent-ils, eut horreur d'un tel forfait, et passa dans le pays alors occupé par les Lélèges. Là, prés de la fontaine Échénéis, il bâtit une ville qui prit de lui le nom de Caune. Sa sœur, toujours brûlée de ses feux criminels, et se regardant comme la cause de l'éloignement de son frère, attacha son bandeau à un chêne, et se pendit. Voici nos vers sur le même sujet :

« Telle dans un hallier nous entendons Philomèle lamenter les destins du jeune enfant de Thrace ; telle Byblis, apprenant la funeste résolution de son frère, exhale en mille plaintes ses douleurs inépuisables. Aux branches d'un vieux chêne qu'ont endurci les ans, elle attache sa ceinture, et ses maux ont fini. Les vierges de Milet viennent sur sa tombe déchirer leurs vêtements. »

On dit encore que de ses larmes s'est formée la fontaine que l'on appelle Boublis.

CHAPITRE XII.

CALCHUS.

Circé, qui recueillit Ulysse, inspirait à Calchus, roi des Dauniens, un si violent amour, qu'il mit à ses pieds sa couronne, et lui fit les offres les plus séduisantes. Mais sa passion pour Ulysse, qui pour lors était auprès d'elle, lui rendait Calchus odieux; elle lui défendit l'entrée de son île. Cependant il ne cessait ni ses visites ni ses importunes sollicitations. Outrée de dépit, Circé vient à sa rencontre, l'accueille, et le fait asseoir à une table chargée de mets de toute espèce; ces mets étaient empoisonnés. Calchus à peine les a goûtés qu'il perd la raison, et Circé le chasse dans ses étables avec ses porcs. Quelque temps après, une armée de Dauniens fit une descente dans l'île pour chercher Calchus. La magicienne lui rendit la liberté, après avoir exigé de lui le serment de ne jamais paraître dans son île, ni pour lui demander sa main, ni pour aucune autre cause.

 

CHAPITRE XIII.

HARPALYCE.

Tiré du Thrace d'Enphorion, et de Dectadas.

Clymenus, fils de Télée, à Argos, épousa Épicaste, et eut d'elle deux fils, Ida et Théragre, et une fille nommée Harpalyce. Celle-ci par sa beauté effaçait toutes les femmes de son âge. Clyménus conçut pour elle une passion qu'il combattit quelque temps avec succès; mais son amour s'étant ranimé avec plus de violence, il parvint, à l'aide de la nourrice d'Harpalyce, à séduire cette jeune fille, et eut avec elle une liaison secrète.

Cependant l'instant de la marier arriva, et l'un des fils de Nélée, Alastor, son fiancé, se présenta pour l'épouser. Cryménus la lui remit aussitôt, et célébra les noces par un festin brillant. Mais il ne tarda pas à se repentir de son consentement. Hors de lui, il vole à la poursuite d'Alastor, l'atteint à la moitié de la route, enlève la jeune épouse, et la ramène à Argos, où il ne cache plus sa coupable liaison. Troublée d'horreur et de remords pour les crimes dont son père la rend complice, Harpalyce saisit son jeune frère et l'immole. C’était un jour de fête et de sacrifice, et les Argiens se réunissaient en un festin public. La sœur prépare les membres de son frère, et présente à son père ce mets impie. Après cet attentat, elle demande aux dieux d'être retirée de la société des hommes, et ses formes font place aux formes de l'oiseau nommé Calchis. Clymenus, à la vue de tant de malheurs, se donna la mort.

CHAPITRE XIV.

ANTHÉE.

Aristote et les auteurs des histoire de Milet

Un jeune homme d'Halicarnasse, nommé Anthée, de la race royale, avait été confié comme otage à Phobius, un des Néléides, alors roi des Milésiens. Éprise de ce jeune homme, la femme de Phobius, Cléobée (que d'autres nomment aussi Philechme), cherchait tous les moyens de le séduire ; mais Anthée se refusait à ses désirs. Tantôt il lui opposait la crainte qu'une telle intrigue ne vînt à se découvrir; tantôt il alléguait Jupiter hospitalier et les liens sacrés d'une table commune. Irritée d'une vertu qu'elle appelait orgueil, insensibilité, Cléobée résolut de se venger. Elle laissa s'écouler quelque temps, feignant d'être guérie de sa passion. Elle avait une perdrix privée, elle la jette dans un puits très profond, et prie Anthée de descendre la lui rechercher. Celui-ci, sans défiance, s'empresse de la satisfaire, et la perfide roule sur lui une pierre énorme; il périt à l'instant. Pénétrée de l'horreur de son crime, et toujours enflammée du plus violent amour pour sa victime, Cléobée se pendit. Phobius se regarda comme souillé par ce forfait et céda le trône à Phrygius.

Suivant quelques auteurs, ce ne fut pas une perdrix que Cléobée jeta dans le puits, ce fut un vase d'or. C'est ainsi que le raconte Alexandre d'Étolie dans les vers suivants, qu'on trouve dans son Apollon :

« De la noble famille de Nélée doit naître un illustre rejeton, Phobius, fils d'Hippoclée. Époux d'une jeune princesse habile dès l'enfance à tourner les fuseaux, il admettra dans son palais, appelé pour garant de la foi d'un traité, Anthée, fils du roi d'Assèse, Anthée, beau d'adolescence, et plus frais que le printemps. Moins séduisant et moins digne d'amour sera le fils que la nymphe Pirène doit donner à Mélisse, ce fils qui causera tant de joie à Corinthe, et tant de douleurs aux vaillants Bacchiades. Anthée sera l'ami de l'agile Mercure, et verra brûler pour lui seul, d'une flamme insensée l'épouse de Phobius, que l'amour armera d'une pierre homicide. Elle embrassera ses genoux et voudra l’entraîner sur la route du crime ; mais Anthée respectera Jupiter hospitalier, n'oubliera pas les libations faites avec Phobius et le sel mangé à sa table, il lavera dans les fontaines et dans les fleuves la souillure de ces honteuses propositions. Outrée de voir le bel Anthée repousser ses désirs adultères, Cléobée méditera la vengeance et forgera ses fraudes. Anthée lui dira-t-elle, je tirais de ce puits un vase d'or; la corde s'est rompue, mon vase est retombé chez les nymphes humides. Vois-tu cette ouverture? elle offre, assure-t-on, un passage facile ; je t'en conjure par les dieux, descends me retirer ce vase, et ma reconnaissance sera sans bornes. Ainsi parlera la femme du petit-fils de Nélée; et Anthée, sans défiance, dépouillera l'habit milésien, ouvrage de sa mère Ellamène, et se hâtera de descendre au fond du puits. Exécutant ses noirs desseins, elle enlèvera des deux mains une énorme pierre, et la précipitera sur sa victime. Tel sera le tombeau qu'à cet hôte infortuné réserve le destin; mais la coupable, s'étranglant, ira le suivre aux enfers. »

CHAPITRE XV.

DAPHNÉ.

Extrait de Diodore d'Elée, dans ses Élégies, et de Phylarque, dans son quinzième livre.

Voici l'histoire de Daphné, fille d'Amyda. Jamais elle ne se montrait dans la ville, et ne venait se mêler avec les autres jeunes filles; mais, suivie d'un très grand train, elle se livrait à la chasse, quelquefois jusque dans là Laconie, et parcourait les montagnes du Péloponnèse. Aussi était-elle chérie de Diane, qui prenait plaisir à diriger elle-même les traits de sa jeune amie.

Daphné errait un jour aux environs d'Elée. Leucippe, fils d'Énomaüs, la voit et l’adore : mais comment s'en faire aimer? Il quitte les habits de son sexe, et le voilà fille et chassant avec Daphné. Il touchait au bonheur : la fille d'Amycla ne quittait plus sa fausse compagne, la pressait à toute heure entre ses bras, et ne pouvait s'arracher d'auprès d'elle. Mais Apollon aussi aimait la jeune fille ; outré de colère et de jalousie contre son heureux rival, il inspire à Daphné le désir de se baigner dans une fontaine avec les autres jeunes filles. Arrivées au lieu du bain, toutes se dépouillent de leurs vêtements; Leucippe refuse de les imiter, elles l'entourent et déchirent tout ce qui le couvre; la fraude est reconnue. Furieuses du piège qu'il leur a tendu, elles le percent de leurs traits, et, par la volonté des dieux, il disparaît à tous les yeux. Daphné voyait Apollon s'approcher, elle fuit précipitamment, et, se sentant poursuivie, conjure Jupiter de la retirer du milieu des hommes. On dit qu'elle prit la forme de cet arbre qui a reçu d'elle le nom de Daphné (le laurier).

CHAPITRE XVI.

LAODICE.

Hégésippe, dans son histoire de Milet.

On rapporte le trait suivant de Laodice. Diomède et Acamas étaient venus à Troie pour réclamer Hélène, Laodice vit Acamas brillant de jeunesse, et brûla du désir de s'unir à lui. La honte la retint quelque temps; mais enfin, vaincue par sa passion, elle s'ouvre à Philobie, femme de Persée, la conjure de l'aider: c'est fait d'elle si elle éprouve un refus. Touchée de ses maux, Philobie prie Persée de lui prêter son secours; elle l'engage à offrir à Acamas l'hospitalité et à devenir son ami. Pour complaire à sa femme, et par compassion pour la jeune fille, Persée met tout en œuvre pour persuader à Acamas de venir à Dardane, place forte dont il était gouverneur. Sous le prétexte d’une fête, Laodice y vient aussi avec quelques autres Troyennes, vierges comme elle. Persée donne un festin somptueux, et livre ensuite Laodice à son hôte, la lui présentant comme une des concubines du roi. Ainsi Laodice satisfit sa passion. Dans la suite elle donna à Acaraas un fils qu'on nomma Munitus, et qui fut nourri par Éthra. Après la prise de Troie, son père l'emmena dans sa patrie, mais ce jeune homme, chassant près d’Olynthe en Thrace, mourut de la morsure d'un serpent.

CHAPITRE XVII.

LA MÈRE DE PÉRIANDRE.

Périandre, de Corinthe, fut, dit-on, dans ses premières années d'un caractère doux et humain, mais ensuite il devint féroce et sanguinaire ; c'est à l'aventure suivante qu'on attribue ce changement.

Il était fort jeune encore, et sa mère avait déjà pour lui une tendresse excessive. De simples embrassements suffisaient d'abord à ses désirs ; mais le temps ne fit qu'ajouter de nouvelles forces à sa passion, et bientôt il ne fut plus en son pouvoir de résister. Elle s'enhardit enfin, et confie à son fils qu'il est aimé d'une femme fort belle, elle le conjure de mettre un terme aux tourments qu'elle endure. Le jeune homme refuse d'abord; en vain l'inconnue sollicita son déshonneur, il sait ce qu'exigent les lois et les mœurs. Les instances redoublent, enfin il se rend. La nuit fixée arrive : la mère avait recommandé d'avance à son fils d'éloigner toute lumière, et de ne pas contraindre à parler l'étrangère, que la honte forçait à exiger cette condition ; Périandre promit de suivre fidèlement les avis de sa mère. Celle-ci se prépare avec les plus grands soins, et vient trouver son fils; avant l'aurore elle se retire secrètement. Le lendemain elle lui demande si ses désirs ont été satisfaits, et s'il veut recevoir de nouveau l'inconnue; il répond qu'il le désire ardemment, et qu'il a goûté les plaisirs les. plus vifs. Les visites nocturnes continuaient, et Périandre, épris déjà d'un véritable amour, brûlait de découvrir à quelle femme il devait le bonheur. Il pressa quelque temps sa mère pour qu'elle suppliât l'inconnue de rompre enfin ce silence obstiné. Elle m'inspire, disait-il, une si violente passion, peut-elle persister à rester inconnue? est-il donc raisonnable qu'elle m'interdise sa vue quand depuis longtemps elle n'a plus rien à me refuser? Enfin, impatient de ne rien obtenir, las de ce vain prétexte dune honte sans objet, il fait cacher une lampe par un de ses esclaves. La mère vient selon sa coutume, le lit allait la recevoir; Périandre accourant découvre la lumière, et reconnaît sa mère: il s'élançait pour l'immoler, mais un dieu lui apparaît, et arrête son bras.

Depuis ce moment son esprit s'aliéna; il se livra à une cruauté dont un grand nombre de ses concitoyens périrent victimes. Sa mère, après avoir longtemps déploré son infortune, se donna la mort.

CHAPITRE XVIII.

NÉÉRA.

Extrait de Théophraste, dans le premier livre de son Traité des circonstances.

Ypsicréon de Milet et Promédon de Naxos étaient unis par les liens d'une étroite amitié. Promédon vint un jour à Milet, et sa vue alluma tous les feux de l'amour dans le cœur de Nééra, femme d'Ypsicréon. Son mari était présent, elle n'osa découvrir sa passion à son hôte.

Quelque temps après, Ypsicréon se trouvait absent quand son ami revint à Milet. La nuit, comme celui-ci était couché, Nééra s'introduit dans sa chambre, et s'efforce de le gagner. Il résistait, par respect pour Jupiter protecteur de l'hospitalité et de l'amitié: elle fait fermer la chambre par ses femmes, et, redoublant ses séductions, elle triomphe de sa vertu. Le lendemain cependant, honteux de sa faiblesse, Promédon se rembarque pour Naxos. Nééra l'y suivit bientôt, redoutant le ressentiment de son époux. Celui-ci la réclamait; elle se réfugia suppliante aux autels de Vesta, dans le Prytanée. Ypsicréon insista, et les Naxiens refusèrent de la lui livrer; ils lui permettaient cependant de l'emmener s'il obtenait son consentement. Irrité de cette condition, qu'il regardait comme une insulte, il alluma la guerre entre Naxos et Milet.

CHAPITRE XIX.

PANCRATO.

Rapporté par Andriscus, au deuxième livre de son histoire de Naxos.

Scellis et Cassamène, fils de Cétore de Thrace, partis de l'île Strongyle, connue depuis sous le nom de Naxos, ravageaient le Péloponnèse et les îles environnantes. Ils descendirent en Thessalie, et enlevèrent un grand nombre de femmes, entre autres Iphimède, femme d’Aloé, et sa fille Pancrato. les charmes de cette dernière leur inspirèrent à tous deux une passion qui les fit périr sous les coups l'un de l'autre.

CHAPITRE XX.

HÉRO.

Héro était fille d'Énopion et de la nymphe Hélice. Épris de la beauté de cette jeune fille, Orion, fils d'Yriée, la demanda à son père Énopion. Pour lui plaire, il purgea son île des animaux féroces qui l'infestaient, et vint lui offrir, pour présent de noces, un riche butin enlevé sur ses voisins. Chaque jour cependant le père apportait de nouveaux délais au mariage; il avait horreur d'un tel gendre. Emporté par un instant d'ivresse, celui-ci vint forcer la chambre où couchait la jeune fille; il voulait lui faire violence : le père accourut, et le jeune insensé eut les yeux brûlés.

CHAPITRE XXI.

PISIDICE.

Achille croisait en mer et dévastait les îles voisines du continent. Il aborda dans l’île de Lesbos, on il attaqua les villes l'une après l'autre, et les mit toutes au pillage. Méthymne résistait avec vigueur, et il commençait à craindre pour le succès de son entreprise; mais une Méthymnéenne, Pisidice, fille du roi, l’avait aperçu du haut des remparts, et n’avait pu le voir sans l'aimer. Elle lui envoie sa nourrice, et lui promet de lui livrer la ville s'il s'engage à la prendre pour femme; il s'empresse d'y consentir, mais, une fois maître de la ville, indigné de la perfidie de Pisidice, il la fait lapider par ses soldats. Le poète qui a décrit la fondation de Lesbos rappelle aussi cette aventure; il la raconte en ces termes :

« Là, le fils de Pélée immole Lampétus, fils d'Irus; sous son glaive tombe aussi le fils du noble Lépétimne et de Méthymne son épouse, Hicétaon, le plus vaillant des Lesbiens, et le frère d'Hélicaon. Il périt dans les murs de sa patrie, que n'ont pu préserver ses portes élevées. Cypris, la belle Cypris elle-même les a ouvertes ; car elle enflamme d'amour le cœur de la jeune Pisidice, en lui montrant le fils de Thétis brillant au milieu de ses phalanges et beau de son ardeur guerrière. Du haut des remparts, la jeune fille éperdue étend les bras vers l'objet de ses vœux, et les airs portent au héros le message de ses amours. »

Le poète ajoute plus loin :

« Aussitôt Pisidice ouvre les portes de la ville qui l'a vue naître, et reçoit dans les murs les cohortes ennemies. Elle voit sous ses yeux le fer frapper ses parents, les chaînes de l'esclavage flétrir les bras de ses compagnes, qu'on entraine vers les vaisseaux: et cet horrible spectacle, elle a la force de le soutenir; car elle se fie aux promesses d'Achille, elle pense que Thétis, dans son humide empire, la nommera sa fille, que le fils d'Éaque deviendra son beau-père; épouse légitime du plus grand des guerriers, elle espère habiter les palais de Phtia. Abjure ces vains espoirs, insensée Pisidice; Achille irrité ne voit en toi que le perfide auteur des maux de ta patrie : tremble de l'hymen terrible qu'il te prépare; les guerriers grecs ont élevé leurs bras, et sous un orage de pierres, infortunée, tu péris ensevelie. »

CHAPITRE XXII.

NANIS.

Cette histoire se trouve dans Licymnius de Chio, poète lyrique, et dans Hermésianax.

Ce fut aussi, selon quelques auteurs, une jeune fille, Nanis, fille de Crésus, qui livra la citadelle de Sardes à Cyrus, roi de Perse. Cyrus assiégeait cette ville et ne faisait aucun progrès, il éprouvait même de vives craintes qu'une fois réunis les alliés de Crésus ne détruisissent son armée. C'est alors, dit-on, que la jeune fille prit avec lui l'engagement de lui livrer la ville s'il promettait de l'épouser selon la loi des Perses. La citadelle n'était pas gardée, la force de la position rassurait; Nanis y introduisit les ennemis à l'aide de quelques complices qu'elle sut gagner : mais Cyrus ne voulut pas remplir sa promesse.

CHAPITRE XXIII.

CHILONIS.

Cléonyme de Lacédémone, issu de la race royale, après avoir rendu d'éclatants services à sa patrie, épousa Chilonis, sa parente; mais la violence de sa passion le rendait malheureux, et faisait le supplice de Chilonis, qui n’avait pour lui que de l’aversion et brûlait d'amour pour Acrotate, fils du roi. Ce jeune homme ne cachait pas l'ardeur qu'il ressentait pour elle, et leur liaison devint la matière de tous les entretiens. Outre d'une telle conduite, et mécontent d'ailleurs des usages de Sparte, Cléonyme passa en Épire chez Pyrrhus, et l'excita par ses conseils à la conquête du Péloponnèse. Il assurait que si la guerre était poussée avec ardeur il serait aisé de s'emparer des villes de cette contrée. Déjà même, ajoutait-il, il avait préparé cette révolution, et la dissension déchirait plusieurs de ces villes.

CHAPITRE XXIV.

HIPPARIN.

Hipparin, tyran de Syracuse, avait conçu une vive tendresse pour un jeune homme d'une beauté remarquable, nommé Achaios. Il sut l'éblouir par ses brillantes promesses et l'engager à quitter sa famille pour demeurer auprès de lui. A quelque temps de là, il reçoit avis qu'une armée ennemie vient de se diriger sur une de ses places fortes et qu'il faut lui porter un prompt secours; il part en toute hâte recommandant au jeune bomme, si quelqu'un du palais voulait lui faire violence, de percer l'audacieux de l'épée qu'il a reçue de lui. Hipparin atteint l'ennemi, le bat, et célèbre sa victoire par un festin où sont prodigués le vin et la bonne chère. Enflammé par l'ivresse et par sa passion pour son jeune ami, Hipparin accourt à toute bride à Syracuse, et vole à l'appartement qu'il avait assigné pour demeure au jeune homme. Il entre sans se faire connaître, et contrefaisant la voix et le patois d'un Thessalien, lui annonce qu'Hipparin n'est plus; c’était dans l'obscurité : Achaios irrité le frappe d'un coup mortel. Il survécut trois jours, et mourut après avoir absous de sa mort son innocent meurtrier.

CHAPITRE XXV.

PHAYLLE.

Extrait de Phylarque.

Phaylle, tyran des Phocéens, épris des charmes de la femme d'Ariston, préfet des Étéens, lui fit offrir par ses émissaires de grandes richesses. Quelque autre désir qu'elle formât, il la priait de l'exprimer, et s'engageait à ne rien lui refuser. Il sut qu'elle désirait avec ardeur un collier suspendu dans le temple de Minerve Pronoïa et qu'on disait avoir appartenu à Ériphyle; c'était le seul don qu'elle voulût accepter. Phaylle dépouilla le temple de Delphes des offrandes qui s'y trouvaient, et n'oublia pas le collier désiré. La femme d'Ariston le reçut et le porta pendant quelque temps, au grand scandale de toute la ville. Mais elle ne tarda pas à subir le sort d'Ériphyle; car le plus jeune de ses fils, dans un accès de démence, incendia sa maison, et la mère fut consumée dans les flammes avec la plus grande partie de ses richesses.

CHAPITRE XXVI.

APRIATE.

Voyez le Thrace d’Euphorion.

Dans l'île de Lesbos, Trambèle, fils de Télamon, brûlait d'amour pour la jeune Apriate, et mettait tout en œuvre pour la gagner. Las enfin de la résistance constante qu'elle lui opposait, il eut recours à la ruse et à la surprise pour la soumettre à ses désirs. La jeune fille allait un jour à l'un des domaines de son père, situé sur les bords de la mer; Trambèle se met en embuscade et l'enlève ; elle défend son honneur avec un courage héroïque: son ravisseur, furieux, la précipite dans les flots. La mer, très profonde sur cette côte, engloutit l'infortunée jeune fille. D'autres prétendent que ce fut elle-même qui s'y précipita pour échapper à la poursuite de Trambèle. Quoi qu'il en soit, ce barbare ne tarda pas à recevoir des dieux le juste châtiment de son crime. Achille ravageait Lesbos et en enlevait un riche butin; les habitants appelèrent Trambèle à leur secours; celui-ci vint s'opposer au héros et tomba bientôt blessé d'un coup dans la poitrine, il respirait encore; Achille étonné de sa force, lui demanda son nom et sa famille : quand il apprit qu'il était fils de Télamon, il déplora amèrement sa victoire, et fit élever sur le rivage un grand tombeau, qu'on connait encore aujourd'hui sous le nom de monument de Trambèle.

CHAPITRE XXVII.

ALCINOÉ.

Méro dans ses Imprécations.

Alcinoé, fille de Polybe de Corinthe, et femme d'Amphiloque, fils de Dryas, tomba dans une folle passion pour Xanthus de Samos, son hôte. C’était un effet du courroux de Minerve. Elle avait loué une fileuse nommée Nicandre, et après une année de travail, elle l’avait renvoyée du nombre de ses domestiques en lui retenant une partie de son salaire. Nicandre supplia Minerve de la venger de ce refus injuste. La déesse aveugla tellement Alcinoé, que l'insensée abandonna sa maison et les enfants qu'elle avait déjà, pour s'embarquer avec Xanthus. A peine était-elle à la moitié du trajet que le voile se déchira; elle sentit sa faute, et versant des torrents de larmes, elle appelait tantôt son jeune époux, tantôt ses enfants. Xanthus par ses discours s'efforçait de la consoler; il lui jurait qu'il l'épouserait, mais il ne put la persuader, et elle se précipita dans la mer.

CHAPITRE XXVIII.

CLITÉ.

Voyez l'Apollodore d'Euphorion et le premier chant des Argonautiques d'Apollonius.

On ne s'accorde pas sur l'histoire de Cyzique fils d'Énéus; les uns prétendent qu'il épousa Larisse, fille de Piase, avec laquelle ce dernier avait eu un commerce incestueux avant de la lui donner en mariage, et qu'il périt dans un combat. Les autres racontent que nouvellement marié avec Clité, il combattit par erreur contre les Argonautes, compagnons de Jason, et qu'il succomba. Sa mort causa un regret général; Clité surtout en ressentit la plus vive douleur: lorsqu'elle vit le corps de son époux, elle se précipita sur ces restes chéris, et les tenant embrassés, elle les arrosait de ses larmes. La nuit suivante elle trompa la surveillance de ses femmes et se pendit à on arbre.

CHAPITRE XXIX.

DAPHNIS.

Extrait de Timée dans ses histoires Siciliennes.

Il y avait en Sicile un fils de Mercure, Baphnis, excellent joueur de flûte, et d'une rare beauté. Il fuyait la société des hommes, et gardant ses troupeaux sur l'Etna, ne connaissait et l'hiver et l'été d'autre habitation que les champs. La nymphe Échénaïs devint amoureuse du jeune berger et lui enjoignit d'éviter l'approche des femmes : il devait perdre la vue s'il négligeait de suivre ses conseils. Daphnis résista pendant quelque temps à la séduction, quoique beaucoup de femmes fussent éperdument éprises de sa beauté; mais enfin une des reines de Sicile l’ayant enivré sans qu'il s'en aperçût, alluma ses désirs. Il s'oublia ; et comme au Thrace Thamire, un moment d'égarement lui coûta la vue.

CHAPITRE XXX.

CELTINE.

Lorsque Hercule, emmenant d'Érythée les bœufs de Gérion, errait dans le pays des Celtes, il s'arrêta chez Bretannus. Celui-ci avait une fille nommée Celtine, qui, éprise du héros, fit cacher ses bœufs et lui déclara qu'elle ne les lui rendrait pas qu'auparavant il n'eût consenti à ses désirs. Pressé de recouvrer ses bœufs, et plus encore séduit par la beauté de Celtine, Hercule ne rejeta point ces avances. Plus tard ils eurent un fils qu'ils appelèrent Celtus, et qui donna son nom au peuple celte.

CHAPITRE XXXI.

DIMÈTE.

Dimète épousa Évopis, fille de son frère Trézène. Celle-ci avait un frère qu'elle adorait; Dimète apprit leur commerce criminel et le découvrit à Trézène. Éperdue de crainte et de honte, Évopis se pendit, non sans avoir surchargé d'anathèmes terribles l'auteur de son malheur. A peu de temps de là, Dimète trouva sur le rivage le corps d'une femme fort belle que les flots avaient rejeté; cette vue enflamma ses désirs et il assouvit sa brutalité ; mais comme déjà le temps altérait ce cadavre, il lui éleva un vaste tombeau, ou s'immolant lui-même, il éteignit dans son sang une passion dont il ne pouvait se délivrer.

CHAPITRE XXXII.

ANTHIPPE.

En Chaonie, un jeune homme des plus distingués aimait Anthippe. Il employa tous les moyens de séduction et triompha de la jeune fille, qui elle-même était loin de le voir avec indifférence. Dès lors à l'insu de leurs parents, ils se prouvaient leur amour. Un jour les Chaoniens célébraient une fête aux frais du public, et chacun se livrait aux plaisirs, de la table; nos amants s'échappèrent et s'enfoncèrent dans un bois épais. Par hasard le fils du roi, Cichyre, chassait une panthère; celle-ci s’était cachée dans le même endroit du bois; il lance après elle son javelot, il la manque, mais il atteint la jeune fille. Il croyait la panthère blessée, il pousse son cheval en avant et voit le jeune homme couvrant de ses deux mains la blessure de son amie. Troublé par cette vue, il perd le sentiment, et tombe de cheval dans un lieu escarpé et pierreux; il mourut sur la place, et les Chaoniens, par respect pour leur roi, entourèrent ce lieu d'une muraille, et donnèrent à leur ville le nom de Cichyre. Suivant d'autres auteurs, ce bois est celui d'Échion, fille d'Épirus, qui exilée de la Béotie fuyait avec Cadmus et Harmonie, portant les restes de Penthée. Elle mourut, et fut enterrée dans ce bois. Le pays prit d'elle le nom d'Épire.

CHAPITRE XXXIII.

ASSAON.

Extrait des histoires lydiennes de Xanthus, du deuxième livre de Néanthès

et de Simmias de Rhodes.

Ces auteurs racontent l'histoire de Niobé tout autrement que la plupart des écrivains.

Ce n'est pas Tantale qu'ils lui donnent pour père. Elle était, suivant eux, fille d'Assaon et femme de Philottus; elle osa disputer avec Latone sur la beauté de leurs enfants, et celle-ci ne tarda pas à s'en venger. Philottus fut tué dans une chasse. Assaon épris de sa fille voulut l'épouser; Niobé refusa. Il réunit dans un festin tous les enfants de sa fille et les fit périr dans les flammes. Au désespoir de ce malheur, Niobé se précipita du haut d'une roche escarpée; Assaon déchiré par le remords de ses crimes se donna la mort.

CHAPITRE XXXIV.

CORYTHE.

Hellanicus, histoires de Troie, et Céphalon de Gergèthe

Corythe était fils d'Enone et d'Alexandre, il vint au secours de Troie et conçut pour Hélène un amour auquel celle-ci ne demeura pas insensible, car c'était un jeune homme d'une rare beauté. Son père le surprit et le tua. Nicandre prétend que Corythe était fils, non d'Enone, mais d'Hélène et d'Alexandre; il dit:

« Sous ce monument repose Corythe précipité dans le Tartare, Corythe, fruit fatal, que dans l'affliction a conçu du bouvier la fille de Tyndare, soumise à un hymen ravisseur. »

CHAPITRE XXXV.

EULIMÈNE.

Asclépiade de Myrléa, histoires de Bithynie, livre premier.

Lycaste aimait Eulimène, fille de Cydon, roi de Crète, et promise par son père à Aptère qui tenait alors le premier rang parmi les Crétois. Les deux amants étaient secrètement unis. Il arriva que quelques villes de Crète se soulevèrent contre Cydon, et remportèrent de grands avantages; le roi fit consulter l'oracle sur les moyens de triompher des rebelles, et l'oracle conseilla de sacrifier une vierge aux dieux du pays. Cette réponse fut rapportée à Cydon, qui soumit au choix du sort toutes les jeunes filles : le sort désigna Eulimène. Tremblant pour son amie, Lycaste déclare sa séduction et les liens qui depuis longtemps l'unissent à la fille du roi : mais cet aveu ne fait que redoubler l'acharnement du peuple à demander sa mort; on l'immole, et sur l'ordre du roi, son sein, ouvert par la main du sacrificateur, offre la preuve de sa grossesse. Aptère, irrité de l'injure qu'il avait reçue de Lycaste, le tua par trahison et s'enfuit chez Xanthus à Terméra.

CHAPITRE XXXVI.

ARGANTHONE.

Rhésus, avant de marcher au secours de Troie, allait de contrée en contrée, soumettant les peuples et les rendant ses tributaires. Dans ses courses, il vint jusqu'à Cios, attiré par la célébrité d'une femme dont on vantait la beauté. Ennemie du repos et de la vie sédentaire, Arganthone, c'était son nom, rassemblent de nombreuses meutes et se livrait à la chasse, se dérobant à toute société. Rhésus vint donc dans la contrée qu'elle habitait, et, loin de chercher à la séduire par la force, se présenta comme n'ayant d'autre désir que de chasser avec elle; comme elle, disait-il, il avait en horreur la compagnie des hommes. Ce discours la persuada : elle le croyait sincère. Le temps fit naître dans le cœur d'Arganthone une violente passion pour Rhésus; mais la honte la retenait: enfin l'amour triompha et lui donna la hardiesse de se déclarer. Rhésus devint son époux et ne dut ainsi sa main qu'à elle-même.

Dans la suite la guerre fut déclarée à Troie. Les rois de la Troade réclamèrent le secours de Rhésus. Arganthone s'opposait à son départ, elle prévoyait l'avenir, éclairée par l'amour dont elle brûlait pour son époux, ou par quelque autre pressentiment. Rhésus, quoique amolli par le repos, sut résistera ses instances ; il vint à Troie, et, combattant sur les rives du fleuve qui porte aujourd'hui son nom, il tomba sous les coups de Diomède. A la nouvelle de sa mort, Arganthone voulut revoir les lieux témoins de leur premier amour. Errant dans ces forêts, elle remplissait les airs du nom de son époux. Enfin elle s'arrêta sur les rives d'un fleuve, et succomba sous le poids de sa. douleur.


 

NOTES DES AVENTURES D'AMOUR.

Chap. I.

Io, fille d'Inachus.

La fable d'Io se trouve rapportée par un très grand nombre d'auteurs, quelques uns même ont tenté de l'expliquer par l'histoire, mais aucun ne fait mention de cet enlèvement auquel Parthénius attribue la fuite de la fille d'Inachus. Tous regardent cette fuite comme volontaire, quoiqu'ils ne s'accordent pas sur les causes qui la déterminèrent.

A Caune chez Ébiale.

Ou plutôt chez Égiale. Caunus, fuyant l'amour incestueux de sa sœur, s'arrêta dans la Carie, où la nymphe Pronoé lui offrit avec sa main la souveraineté de cette contrée. Leur fils Égiale réunit les habitants qui vivaient dans des villages dispersés, et construisit une grande ville qu'il nomma Caune, du nom de son père. (Conon, narr. 3.) Nous trouverons plus loin que Parthénius (ch. XI) attribue à Caunus lui-même la fondation de cette ville.

L'oracle d'Apollon Didymée.

Apollon avait a Didyme, près de Milet, un oracle d'une haute antiquité, qui ne le cédait en réputation qu'à celui de Delphes. Il était fréquenté par tous les Éoliens et les Ioniens. Détruit par le Perses, il fut reconstruit par les Milésiens sur un plan si vaste qu'il ne put être recouvert. (Conon, narr. 23, Hérodote, Strabon. )

A Bybaste.

Ville de Carie plus connue sous le nom de Bubassus, de Bubassus, ce berger qui sauva le médecin Podalyre jeté sur ces côtes par une tempête an retour de Troie.

Chap. II.

Chez Eole.

Éole, dans Homère, remet à Ulysse une outre dans laquelle les vents étaient renfermés. Paléphate pense qu'Éole était un savant astronome qui instruisit Ulysse des temps où les vents devaient lui être favorables. Au rapport de Diodore de Sicile, une longue observation des phénomènes volcaniques avait appris à Éole à prédire les venu avec certitude. Ce fut aussi lui qui introduisit l'usage des voiles dans la navigation.

Dans l'île Méligounis.

La plus grande des sept îles Éoliennes (aujourd'hui îles de Lipari). Cette île prit ensuite le nom de Lipara, de Liparos, fils d'Auson, successeur d'Éole. Diodore nous apprend que de son temps elle était la seule habitée. Il attribue la richesse et la célébrité de la ville de Lipara aux sources minérales de l’île qui rendaient la santé avec une rapidité merveilleuse, et à une mine d'alun, la seule, selon lui, connue à cette époque. Suivant Pline, à l'inspection de la fumée qui s'élevait des volcans de l'île, les habitants pré disaient les vents trois jours à l'avance.

Diorès frère de Polymèle.

Dans les temps héroïques, le mariage entre frère et sœur était permis ; il ne fut défendu que plus tard quand un accroissement de population et une civilisation plus avancée exigèrent de nouvelles institutions; encore était-il permis à Athènes entre enfants nés d'un même père, et à Lacédémone au contraire entre enfants d'une même mère.

Chap. III.

Se rendit en Épire pour consulter l'oracle.

C’était en Épire que se trouvait la célèbre forêt de Dodone. Les chênes de cette forêt consacrée à Jupiter rendaient des oracles. Le navire Argo qui transporta les Argonautes était construit du bois de ces arbres, et en avait conservé le don de la parole.

Blessé par son fils Télégonus.

Télégonus était le fils qu'Ulysse avait eu de Circé. Ce jeune homme venait trouver son père, quand, assailli par une tempête terrible, il fat jeté sur les côtes d'Ithaque; il fallait se procurer des vivres; il commit quelques violences. Ulysse et Télémaque vinrent le repousser sans le connaître, et dans le combat Ulysse reçut de Télégonus un coup mortel. Un oracle, autrefois, lui avait prédit qu'il périrait de la main de son fils. Par l’ordre de Minerve, Télégonus retourna dans sa patrie, accompagné de Pénélope et de Télémaque, et le corps d'Ulysse, transporté chez Circé dans l’île d'Éa, y reçut les honneurs de la sépulture. Ce fut encore par l'avis de Minerve que Télégonus devint l'époux de Pénélope, et Télémaque celui de Circé. De Télémaque et de Circé est issu Latinus qui donna son nom aux peuples latins, et de Télégonus et de Pénélope naquit Italus, fondateur de l'Italie. (Hygin, 127.)

De l'arête d'un poisson marin.

Le grec dit τρυγὼν, pastinaca marina, la pastisnace, espèce de raie que les anciens regardaient comme très venimeuse. (Cf. Phile, de animal. propr. et poissons de M. de Lacepède, t. I, Raie aigle.)

Chap. IV.

Alexandre fils de Priam.

Hécube, femme de Priam, étant sur le point d'accoucher, songea qu'elle enfantait une torche dont la flamme embrasait et dévorait la ville tout entière. Elle raconta ce songe à son mari. Celui-ci avait eu d'Arisbé un fils que Mérops instruisit dans l'art d'interpréter les songes : il le fait appeler; Ésaque déclare que l'enfant doit un jour causer la ruine de la patrie, et qu'il faut l'exposer. Hécube accoucha d'un fils, et Priam le fit exposer par un esclave qui le porta sur le mont Ida. L'enfant abandonné fut nourri cinq jours par une ourse. Un berger le trouva sain et sauf et l'éleva comme son propre fils; il lui donna le nom de Pâris. Dans la suite, le jeune Pâris l'emporta sur tous ses compagnons par sa force et sa beauté, et reçut le nom d'Alexandre, parce qu'il défendait les bergers, et repoussait les brigands. (Apollodore.)

Chap. VI.

Sithon roi des Odomans.

Les Odomans étaient un peuple de la Thrace, ou selon d'autres, de la Macédoine. Conon rapporte aussi cette histoire de Pallène, avec cette différence qu'il assigne pour états à Sithon, la Chersonèse de Thrace, et qu'il donne à ce roi le nom d'OEthos (Οἴθων), ce qui ne me semble être qu'une erreur du copiste ou du premier éditeur, erreur occasionnée par la ressemblance de l’O avec le S, qui, dans la plupart des manuscrits, est figuré C.

Un vieillard qui l’avait élevée.

Les jeunes filles étaient entourées de femmes d'un âge avancé qui ne les quittaient jamais, soit au-dehors, soit dans l'intérieur. Ces duègnes étaient nommées τροφοι, nourrices, parce qu'elles prenaient soin d'une jeune fille dès son berceau, et lui restaient toujours attachées. Nous voyons dans le théâtre grec de fréquents exemples de ces nourrices dont la présence et les conseils étaient loin souvent d'être une sauvegarde bien sûre pour l’innocence. L'éducation morale et l'instruction des femmes pouvaient encore être confiées à des vieillards, comme on le voit souvent aussi dans d'autres pièces.

Le cocher de Dryas.

Les chars de guerre portaient deux personnes, le combattant et le conducteur, ce qu'on remarque sur les médailles antiques. Dans Homère, Minerve elle-même conduit le char de Diomède qu'elle favorise, et Juturne, dans Virgile, rend le même service à son frère Turnus. Hérodote raconte que chez les Zavéciens, peuple de Libye, c’étaient les femmes qui dirigeaient dans les combats les chars de leurs maris. Chez les Grecs cet emploi était réservé à un esclave ou a un guerrier d'un rang inférieur, tandis qu'au contraire chez certains peuples, au rapport de Tacite, conduire le char était plus honorable, et le soin de combattre était abandonné aux clients du conducteur. Quaedam nationes et curru prœliantur, honestior auriga, clientes propugnant (in Agric.).

Chap. VIII.

Lorsque les Gaulois.

La première incursion des Gaulois dans la Grèce fut faite par Brennus quarante-huit ans après la mort d'Alexandre, et deux cent soixante-seize ans avant l'ère chrétienne.

Par les soins de quelques amis.

Le grec dit : des amis d’hospitalité. Les secours que les modernes en voyage se procurent a prix d'argent dans une hôtellerie, les anciens les trouvaient gratuitement dans les maisons des particuliers. Un étranger demandait-il l’hospitalité, jamais il n'éprouvait un refus. On savait que souvent les dieux se plaisaient à visiter la terre, inconnus et revêtus des formes humaines. L'hôte était traité avec les plus grands égards; on le nourrissent, on le fêtait, et il ne partait que chargé de présents. En se quittant on se donnait quelque gage, le plus souvent un anneau ou un dé dont chacun conservait précieusement une moitié, pour perpétuer le souvenir des obligations et de l'alliance qu'on venait de contracter. Ces gages se transmettaient dans les deux familles, et ces alliances devenaient héréditaires ; elles étaient plus sacrées même que les liens du sang.

La fête des Thesmophories.

Fête qui se célébrait dans plusieurs contrées de la Grèce, en l'honneur de Cérès législatrice ; les hommes ne pouvaient y prendre part. (Voyez M. Noël, Dictionnaire de la Fable, Meursii Graecia feriata, etc.)

Chap. IX.

Devaient se célébrer les Thargélies.

Parthénius dans ce passage, et Hésychius dans son lexique, sont les seuls auteurs anciens qui fassent mention des Thargélies chez les Milésiens. Les Thargélies étaient une fête d'Athènes, ainsi appelée du mot Θαργήλεα, fruits, parce qu'on offrait dans cette fête des fruits de toute espèce à Apollon et, suivant quelques auteurs, à Apollon et à Diane, et mène aux Heures. Elles se célébraient le 6 et le 7 du mois Thargélion, ce qui correspond à peu près aux premiers jours de mai. On les avait instituées en expiation du crime d'un homme nommé Pharmace, qui, ayant dérobé les vases consacrés à Apollon, fut pris par Achille et lapidé ; d'où l'on appelait pharmaces les deux hommes destinés a laver de leur sang une faute étrangère, coutume barbare où l'on ne reconnaît plus la douceur et l'humanité d'Athènes, mais que trop d'auteurs attestent pour qu'il nous reste encore la consolation du doute. Au rapport d'Hésychius les pharmaces devaient être un homme et une femme pour représenter les deux sexes. Les victimes parées et portant au cou, l'homme des figues noires et la femme des figues blanches, étaient conduites au son des instruments qui jouaient un air particulier à cette cérémonie. On jetait à la mer les cendres des victimes. Les affaires étaient interrompues pendant ces fêtes dont le temps était destiné aux actes d'adoption.

Il périt avec eux, etc. ...

Plutarque qui cite aussi cette histoire (de Virt. Mul. 17) rapporte deux versions différentes. Selon la première tirée des historiens de Naxos, Diognète, n'eut aucune connaissance du complot de Polycrite, et celle-ci lui sauva la vie. Elle-même périt de joie aux portes de la ville, et son tombeau fut appelé le Monument de l'envie, parce qu'il semblait que la fortune jalouse lui eût envié les honneurs qu'elle recevait. La deuxième version est semblable à celle de Parthénius? quoique Plutarque et lui ne paraissent point avoir puisé dans la même source, Parthénius indiquant Andriscus et Théophraste, et Plutarque citant Aristote. (Voyez Recherches, p. lxxxviii. )

Chap. X.

Leucone.

Cette histoire se retrouve dans Plutarque, parallèle d'histoires grecques et romaines, ch. xlii.

Elle se ceint jusqu'au genou.

Le vêtement des Grecs, et celui des femmes surtout, tombait jusque sur les pieds. Lorsqu'elles avaient à prendre quelques exercices violents, elles étaient obligées de le relever au-dessus du genou. Les filles de Sparte s'exerçant journellement à la course, à la lutte, etc., portaient une robe retenue par une ceinture et ne descendant pas plus bas que le genou. C’est ainsi que dans l'Enéide Vénus apparaît à son fils

Nuda genu, nodoque sinus collecta fluentes.

Chap. XI.

Milétus s'éloignant....

Milétus, fils d'Apollon et d'Acacallis, fille de Minos, fut exposé dans une forêt. Des loups envoyés par Apollon le gardèrent et le nourrirent; il fut trouvé par des bergers qui l'élevèrent. Devenu grand, il se vit obligé de fuir Minos; c'est alors qu'il vint en Carie (Antoninus liberalis). Apollodore lui donne pour parents Apollon et Arca, fille de Cléochus.

S'exile vers la terre de Dia.

Ce passage dans le grec est altéré.

Le pays alors occupé par les Lélègues.

Les Lélègues ou Lélèges étaient les peuples qui habitaient la Carie, lorsque les Ioniens partis d'Athènes sous la conduite de Nélée vinrent s'emparer de cette contrée.

Près de la fontaine Échénéis.

Je ne trouve nulle part aucune notion sur cette fontaine, peut-être y a-t-il quelque rapport entre elle et la nymphe Pronoé qui, selon Conon, sortit du fleuve (Calchis) pour apprendre à Caunus la mort de sa sœur et lui offrir sa main et l'empire du pays.

Le jeune enfant de Thrace.

Itys, fils de Térée, roi de Thrace, et de Progna, sœur de Philomèle.

Chap. XIII.

Clymenus fils de Télée.

Selon Hygin et Apollodore, ce Clymenus était fils d’Œnée, roi de Calydon : c’était le frère de Méléagre et de Déjanire.

L'un des fils de Nélée, Alastor.

Apollodore compte effectivement Alastor au nombre des douze fils de Mêlée. Ce Nélée et onze de ses fils périrent sous les coups d'Hercule pour avoir pris parti dans la querelle d'Augias avec ce héros. Un seul dut son salut à son absence ; c’était Nestor qui se trouvait alors à Gérénie, ville de Messénie. C'est ce même Nestor qui parvint à un âge si avancé, et qui tient une place si honorable dans les poèmes immortels du chantre d'Ilium.

Chap. XIV.

Jupiter hospitalier et les liens sacrés d'une table commune, et plus loin : les libations faites avec Phobius et le sel mangé â sa table.

Les festins commençaient toujours par des libations en l'honneur des dieux, et particulièrement de Jupiter protecteur de l'amitié et de l'hospitalité. Le sel se plaçait devant les bâtes ; par sa propriété de préserver les viandes de la corruption, il était regardé comme l'emblème de la durée des nœuds que faisait contracter une table commune. Un repas pris ensemble était le gage d'une alliance éternelle, et ne pas respecter cette alliance (ce que les anciens appelaient violer le sel et la table) passait pour un des plus grands crimes.

Souillé par ce forfait....

Les anciens se regardaient comme souillés par une foule d'actes dont ils étaient personnellement innocents. Nous voyons dans la page suivante qu'Anthée se croit souillé par les propositions de Cléobée, et qu'il se purifie par des ablutions. Après avoir été témoin d'un présage sinistre, on se hâtait de se purifier pour le détourner.

L'Apollon d'Alexandre d'Étolie.

Dans ces vers tout est présenté dans l'avenir. C'est sans doute une prédiction ou une réponse d'oracle, dont ils ont d'ailleurs toute l'obscure ambiguïté.

Le fils que la nymphe Pirène....

Actéon, fils de Mélisse. Sa beauté excitait l'admiration générale à Corinthe. Les Bacchiades, famille la plus illustre de la ville, causèrent la mort de ce jeune homme; leur crime fut puni de l'exil. (Voyez Plutarque, Evénements tragiques arrivés par l’amour, ch. II. ) Pirène était une fontaine célèbre près de Corinthe..

Chap. XVII.

Périandre.

Hérodote dit aussi que Périandre fut d'abord plus humain que son père Cypsèle, mais cet historien attribue sa cruauté à une autre origine. Selon lui, Périandre était ami de Thrasybule, tyran de Milet ; il lui fit demander des conseils sur les moyens d'affermir sa puissance. Thrasybule lui fit cette réponse muette imitée depuis par Tarquin; il conduisit l'envoyé dans un champ de blé, et abattit en se promenant les épis les plus élevés; l'énigme ne fut que trop bien comprise.

Chap. XVIII.

Nééra.

C’est ce même fait que Plutarque raconte comme la cause de cette guerre dans laquelle Polycrite sauva Naxos. (Voyez plus haut, ch. IX, et Plutarque, de Virtutibus Mulierum, ch. XVII ).

Aux autels de Vesta dans le Prytanée.

A Athènes le Prytanée était une vaste enceinte destinée aux assemblées du conseil des cinq cents, aux festins publics, et aux jugements de meurtre involontaire ; on y voyait un autel consacré à Vesta, dont le feu sacré était entretenu par des femmes veuves. Naxos avait un semblable Prytanée.

Chap. XIX.

Pancrato.

Diodore raconte fort au long cet enlèvement ; sa narration est toute différente de celle-ci, on n'y retrouve que les noms des deux femmes qu'il appelle Iphimédie et Pancratis. On y reconnait aussi le nom de Cassamène dans celui d'Agassamène, à qui, selon lui, Pancratis fut donnée après la mort de Butès, son ravisseur.

CHAP. XX.

Il voulait lui faire violence.

Je préférerais, il lui fit violence; je trouve dans Eratosthène, ch. XXXII : étant ivre, il fit violence à Mérope, fille d'Énopion.... Orion privé de la vue vint à Lemnos où Vulcain lui donna un de ses jeunes ouvriers pour le conduire; le géant aveugle le prit sur ses épaules, et se fit diriger vers l'orient où le soleil lui rendit la vue.

Chap. XXI.

Les palais de Phtia.

Phtia, ville de Thessalie, patrie d'Achille.

Le fils d'Éaque.

Pélée, fils d'Éaque et d'Endeis, et père d'Achille.

Chap. XXII.

Hérodote raconte fort au long la prise de Sardes par Cyrus, et ne fait aucune mention de cette fille de Crésus.

Chap. XXIII.

Passa en Epire près de Pyrrhus.

Plutarque raconte aussi la même aventure dans la Vie de Pyrrhus.

Chap. XXV.

Le temple de Minerve Pronoïa.

Minerve avait à Delphes un temple sous l’invocation de Minerve Pronoïa (prévoyants), situé, selon les uns, hors de la ville près d'une des portes, et, selon d'autres, dans l'enceinte même des murs.

Eriphyle.

Amphiaraus, célèbre dans la science de la divination, avait appris par son art qu'il devait périr au siège de Thèbes. Il refusait d'y aller, mais sollicité par Admète, il déclara qu'il suivrait la décision de sa femme Eriphyle, persuadé quelle voudrait le. retenir; il se trompa; séduite par un collier qu'Admète lui donna, elle trahit son mari. Amphiaraus périt englouti avec son char par la terre qui s'entrouvrit sous ses pas. En partant, il avait exigé de son fils de le venger, et le jeune homme ne se montra que trop docile aux ordres cruels de son père; Eriphyle périt de la main de son fils.

Phaylle dépouille le temple de Delphes.

Selon Diodore et Strabon, ce ne fut pas Phaylle, ce fut son prédécesseur Polymèle qui dépouilla le temple de Delphes. La vengeance divine cependant poursuivit Phaylle qui mourut de consomption.

Chap. XXVI.

Fils de Télamon.

Télamon était frère de Pélée et oncle d'Achille.

Chap. XXVIII.

Larisse.

Nous trouvons dans Strabon que Piase était roi des Pélasges; il fit violence à sa fille Larisse qui ne tarda pas à s'en venger. Ayant surpris son père penché à regarder dans une cuve de vin, elle le saisit par les pieds et le précipita dans la cuve où il périt suffoqué.

CHAP. XXIX.

Thamyre.

Thamyre, fils de Philammon et de la nymphe Argiope, osa défier les Muses pour le chant, à la condition que s'il triomphait elles se livreraient toutes à lui, et que s'il était vaincu elles lui imposeraient telle privation qu'elles voudraient; il fut privé de la vue et de son talent, et de dépit) brisa sa lyre et la jeta dans un fleuve de Messénie qui prit de là le nom de Balyre.

Chap. XXXIV.

Corythe.

Conon rapporte que Corythe surpassait son père en beauté. Énone, par haine contre Hélène, lui envoya son fils; elle avait dessein d'éveiller la jalousie de Pâris et d'en rendre Hélène la victime. Corythe fut bien reçu d'Héléne, et Pâris, l’ayant surpris assis auprès d'elle dans sa chambre, tourna sa fureur contre son fils, et lui donna la mort. C’est après ce meurtre de Corythe que Conon place la prédiction d’Énone; le reste de son récit diffère peu de celui de Parthénius.

Chap. XXXVI.

A Cios.

Cius ou Cios, ville du Pont, près de laquelle était le mont Arganthonien où l'on racontait qu'Hercule dans l'expédition des Argonautes avait perdu son compagnon Hylas enlevé par les nymphes éprises de sa beauté.

Rhésus, selon Homère, fut tué la nuit même de son arrivée à Troie par Diomède qui le surprit endormi et lui plongea son épée dans le sein ; Ulysse pendant ce temps s'empara des chevaux de Rhésus, car un oracle avait prédit que Troie ne pourrait être prise si les chevaux de Rhésus buvaient de l'eau du Xanthe et goûtaient des pâturages de Troie. Virgile d'après Homère :

.............................. Primo quœ prodita somno

Tydides magna vastabat caede cruentus,

Ardentesque avertit equos in castra, prius quam

Pabula gustassent Trojae Xanthumque bibissent.


 

[1] Cette Bérénice était la femme de Ptolémée Evergète, et c'est à elle que ce dernier fit ériger un obélisque.