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Vestricius Spurinna

De contemptu saeculi, ad Marium

Poetae minores. M. Cabaret-Dupaty. Paris : Panckoucke, 1842. (Bibliothèque latine-francaise. 2nde série)

I. Adieu aux honneurs et à l'ambition

Marius, ne loue pas trop les doux amusements de Spurinna, ces fruits tardifs de ses méditations. Un favori des grands dédaigne ordinairement l'homme qui, ayant passé l'âge de l'activité et de l'ambition, consacre à la seule philosophie le calme de sa vieillesse, et qui, revenu à lui-même., après s'être occupé de travaux difficiles, et avoir rempli de pénibles emplois, s'est réservé les années qu'il ne peut plus donner à sa patrie. Que, revêtue d'une robe blanche, l'Ambition berce les autres de ses illusions fécondes. Pour moi, j'ai triomphé tard des orages de la mer : mon rôle est achevé. Mes quatorze lustres pourraient-ils me ramener les aimables jeux, et rendre encore mon oreille sensible aux accords de la lyre ? Quiconque est arrivé à cet âge de décrépitude, est assez éloquent lorsqu'il profite de ses avantages et de ses privilèges pour se condamner au repos et au silence. Toutefois ce sont plutôt mes cheveux blancs que mes goûts naturels qui me forcent à user de ce droit ; car les charmes de la poésie....

II. Éloge de la médiocrité

Salut, fille auguste du ciel, aimable Médiocrité, noble rivale des dieux, fidèle dépositaire de la sagesse naturellement étrangère aux honneurs fastueux, tu portes en toi-même la source du bonheur parfait, lorsque, loin du fracas de l'opulence, ensevelie dans l'obscurité, tu caches, sous l'humble toit de tes pères, tes fertiles loisirs. La flatterie ne saurait te corrompre; tu dédaignes fièrement les clameurs insensées du barreau; tu te suffis à toi-même, et, loin de ramper furtivement aux pieds des grands, tu t'élèves un trône dans le fond de ton cœur. Heureux qui, dès l'enfance, a ressenti ton amour de mère et ton pouvoir de reine ! La cruelle Fortune ne brise point ses faisceaux consulaires, et ne le plonge pas à son gré dans un abîme de maux, comme dans une mer orageuse qui dérobe les astres à ses yeux. Une nuit brillante d'étoiles et une trompeuse sérénité ne l'exposent point à un funeste trépas ....

III. Contre la paresse

Lorsque l'ancre, une fois litée dans le sol, refuse de suivre les nochers errants sur les flots courroucés, elle trouve en elle-même la ruine qu'elle a voulu éviter au milieu d'une mer orageuse : la rouille s'y attache, et la ronge insensiblement. De même, si l'étude ne sanctifie vos loisirs, vous aurez beau fuir le tourbillon du monde, vos passions troubleront votre félicité, et se joueront éternellement de vous. Sans être tourmenté pendant votre sommeil par le terrible fouet des Furies, vous serez néanmoins en proie à un chagrin permanent.

IV. Sur la force d'âme

La peur enveloppe le cœur du lâche comme d'un affreux nuage. La Fortune a beau sévir contre l'homme de bien, et faire triompher l'audacieux criminel, tenez bon, restez ferme. Celui dont la force d'âme ne se dément point, pousse quelquefois trop loin la résistance; il ne peut se résoudre à fuir ....

[Le reste manque]