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PENTADIUS.

NOTICE SUR PENTADIUS.

PENTADIUS ne nous est connu que par ses ouvrages. On présume que c'est à lui que Lactance dédia l'abrégé de ses Institutions divines. Ses vers sont de l'espèce de ceux que les grammairiens nomment épanaleptiques, c'est-à-dire qui ont une sorte de refrain ou de ritournelle en forme d'écho, de manière que le dernier hémistiche d'un pentamètre reproduit fidèlement le premier hémistiche de l'hexamètre, comme dans le distique suivant :
Per cava saxa sonat pecudum mugitibus Echo,
Voxque repulsa jugis per cava saxa sonat.
Les poètes d'une époque plus heureuse ont fait des vers de cette espèce; mais ils ne les emploient qu'avec une grande discrétion. Ainsi Ovide a dit dans ses Amours (liv. I, élég. 9) :
Militat omnis amans, et habet sua castra Cupido ;
Attice, crede mihi, militat omnis amans.
Ailleurs (Fastes, liv. IV, v. 365) , il s'exprime ainsi :
Qui bibit inde, furit : procul hinc discedite, queis est
Cura bonae mentis; qui bibit inde, furit.
Martial, qui s'est beaucoup exercé dans la poésie légère, n'a pas non plus dédaigné de recourir à cette forme de style pour exhaler avec plus de force son indignation contre un de ses détracteurs, et l'on ne peut disconvenir qu'elle ne lui communique plus de chaleur et un accent plus passionné.
AD JULIUM.
Rumpitur invidia, quidam, carissime Juli,
Quod me Roma legit ; rumpitur invidia.
Rumpitur invidia, quod turba semper in omni
Monstramur digito ; rumpitur invidia.
Rumpitur invidia, tribuit quod Caesar uterque
lus mihi natorum ; rumpitur invidia.
Rumpitur invidia , quod rus mihi dulce sub urbe est ,
Parvaque in urbe domus; rumpitur invidia.
Rumpitur invidia, quod sumr jucundus amicis,
Quod conviva frequens ; rumpitur invidia.
Rumpitur invidia, quod amamur, quodque probamur.
Rumpatur, quisquis rumpitur invidia.

(Lib.IX, epigr.98.)
On doit en convenir : l'esprit aime quelquefois le retour des mêmes idées, comme l'oreille recherche les mêmes sons. C'est cette disposition naturelle qui fit naître les rondeaux et les chansons parmi nous; c'est ce goût qui, chez les Grecs, dicta quelques couplets à l'aimable Anacréon. Sans qu'il soit nécessaire de feuilleter tout son recueil, voyez la première ode, où il s'excuse de ne pouvoir chanter les héros et les dieux sur sa voluptueuse lyre ; elle vous offre un gracieux refrain :
Je voulus célébrer un jour
Le grand Cadmus, le fier Atride ;
Ce fut en vain : mon luth timide
Ne rendit que des sons d'amour.

D'Homère alors indigne émule,
A nouveau luth ayant recours,
J'entonnai les travaux d'Hercule ;
Il ne redit que les amours.

Adieu donc, adieu pour toujours,
Héros que l'univers admire ;
Car mon luth, que Vénus inspire,
Ne sait chanter que les amours.

Les poètes latins de l'âge de la décadence n'ont pas craint de s'exposer à l'uniformité en composant des pièces entières en vers épanaleptiques. Quelques-unes se lisent avec plaisir. Pour fixer l'attention et amuser l'esprit, elles doivent être courtes et présenter des idées justes, des images gracieuses ou des sentiments délicats. Telles sont les trois pièces principales de Pentadius sur les Vicissitudes de la Fortune, le Retour du Printemps et Narcisse épris de sa beauté. Parmi ses autres poésies d'une moindre importance, mais d'une versification régulière, nous signalerons le Tombeau d'Acis : c'est une feuille qui nous semble détachée du myrte de Tibulle ou d'Horace.