FRASCATOR
NOTICE SUR FRACASTOR.
LES premiers ouvrages que l'impression fit éclore, dit La Harpe, furent
dictés par les Muses latines, qui revenaient avec plaisir, sous le beau ciel de
l'Ausonie, respirer l'air de leur ancienne patrie. Vida, Fracastor, Ange
Politien, Sadolet, Érasme, Sannazar et une foule d'autres firent reparaître
dans leurs écrits, non pas encore le génie, mais le goût et l'élégance de
l'ancienne latinité ; et il était juste que l'Italie fût le théâtre de
cette heureuse et brillante révolution.
Jérôme Fracastor, né à Vérone en 1483, mort en 1553, avait composé un
poème latin intitulé de Morbo Gallico, qui se distingue par une
agréable versification et une latinité digne du siècle d'Auguste. Ce poème
fut suivi d'un autre où les connaissances modernes, unies à celles des
anciens, sont revêtues d'un style plus simple, moins élégant et moins
correct. Il a pour titre Alcon, sive de Cura canum venaticorum. La
similitude des matières nous a fait insérer cette pièce, très peu étendue,
dans ce volume, à la suite des poèmes de Gratius et de Némésien, quoique
Fracastor n'appartienne pas à la même époque. Les éditeurs précédents ont
d'ailleurs réuni ces trois auteurs.
Cette pièce est une imitation de la cinquième églogue de Calpurnius, dans
laquelle le vieillard Mycon donne des conseils à son fils Canthus sur la
manière d'élever les troupeaux. Elle se divise en deux parties : la première
est une analyse succincte des poèmes de Gratius et de Némésien ; dans cette
partie, l'auteur s'occupe du choix des chiens de chasse, de leur reproduction et
de leurs exercices. Dans la seconde, il fait encore quelques emprunts aux deux
poètes qu'il a pris pour modèles ; mais il complète ce qui leur manquait.
C'est ainsi qu'il traite non seulement de la rage, de la gale et des blessures
des chiens de chasse, mais encore des maladies que leur occasionne la fatigue ou
la langueur, des maux qu'ils ressentent aux yeux, aux oreilles, au palais ; de
leurs obstructions, et des accidents qui résultent pour eux d'une morsure de
vipère, d'une piqûre de taon, d'une rupture d'artère ou de la chute de leurs
ongles. Chacun de ces maux est accompagné d'un remède propre à le guérir.
Quant au style de cette pièce, il est, comme nous l'avons dit, coulant et
facile ; mais on regrette que l'auteur ne se soit pas plus occupé à en varier
les formes, et qu'il n'ait pas assez fidèlement reproduit la diction élégante
et ferme des trois poètes qu'il s'était proposé d'imiter.
C. D.