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XÉNOPHANE
DOXOGRAPHIE - FRAGMENTS
Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer
XÉNOPHANE.
DOXOGRAPHIE
1. Théophr., fr. 5 (Simpl. in physic, 5 6, Vors. 50, 13-36). — Théophraste dit que Xénophane de Colophon, le maître de Parménide, suppose un seul principe ou considère l'être total comme un, ni limité, ni infini, ni en mouvement ni en repos. Théophraste convient au reste que la mention de cette opinion appartient plutôt à une autre histoire qu'à celle qui concerne la nature; car, au dire de Xénophane, cet un universel, c'est le dieu. Il montre qu'il est unique, parce qu'il est plus puissant que tout; car s'il y a plusieurs êtres, dit-il, il faut que la puissance soit également partagée entre eux; or dieu, c'est ce qu'il y a de plus excellent et de supérieur à tout en puissance. Il est inengendré, parce que ce qui naît doit naître soit du semblable, soit du dissemblable ; mais le semblable, dit-il, ne peut avoir ce rôle par rapport au semblable; car il n'y a pas plus de raison pour que l'un, plutôt que l'autre, engendre ou soit engendré; si d'autre part l'être naissait du dissemblable, il naîtrait de ce qui n'est pas; c'est ainsi qu'il prouve la non-génération et l'éternité. L'un n'est ni infini ni limité, parce que, d'une part, l'infini c'est le non-être puisqu'il n'a ni commencement, ni milieu, ni fin; que, de l'autre, ce sont les objets en pluralité qui se limitent réciproquement. Il supprime de même le mouvement et le repos; car l'immobile, c'est le non-être, qui ne devient rien d’autre, et que rien d'autre ne devient; le mouvement, au contraire, appartient à la pluralité, car alors il y a changement de l'un en l'autre. Aussi, quand il dit que l'être reste dans le même état et ne se meut pas (voir fr. 4), il faut entendre cela, non pas du repos opposé au mouvement, mais de l'état stable sans mouvement ni repos. Nicolas de Damas, dans son Traité Sur les Dieux, le mentionne comme ayant dit que le principe est infini et immobile. D'après Alexandre, il l'aurait dit limité et de forme sphérique. Mais on a vu clairement comment il prouve la non-infinitude et la non-limitation ; la limitation et la forme sphérique sont indiquées lorsqu'il dit que l'être est semblable de tous côtés; il dit encore qu'il pense à toutes choses (voir fr. 3). 2. Théophr., fr. 5 a (Galien sur Hippocr., Vors. 52, 28-53, 3). — Divers exégètes ont faussement parlé de Xénophane; ainsi Sabinus qui dit à peu près textuellement : « Je dis que l'homme n'est pas entièrement air, comme le veut Anaximène, ou eau, suivant Thalès, ou terre, comme le dit Xénophane chez un certain auteur. » On ne trouve nulle part une telle assertion de Xénophane; mais il est bien clair, par le texte même de Sabinus, que, s'il a péché, c'est volontairement et non pas par ignorance, car autrement, au lieu de parler comme il l'a fait, il aurait dit au juste dans quel livre se trouve cette assertion. D'ailleurs Théophraste aurait rapporté cette opinion de Xénophane dans l'abrégé des Opinions des physiciens. Il vous est facile de lire les livres où Théophraste a fait cet abrégé, si cette histoire vous intéresse. 3. Théophr., fr. 16 (Aétius, II, 20, Vors. 53, 12-14). — Théophraste, dans les Physiciens, a dit que, suivant Xénophane, le Soleil est formé par la réunion d'étincelles provenant des exhalaisons humides. 4. Philosophumena, 14 (Vors. 51, 12-31). — (1) Xénophane de Colophon, fils d'Orthomène, vécut jusqu'aux temps de Cyrus. Il a proclamé le premier l'incompréhensibilité de toutes choses, disant : (voir fr. 14). — (2). Il dit que rien ne se produit, ni ne se détruit, ni ne se meut; que l'univers est un et en dehors du changement; que le dieu est éternel, unique, semblable de toutes parts, limité, sphérique, doué de sentiment dans toutes ses parties. — (3). Le Soleil se forme chaque jour de petites étincelles qui se réunissent; la Terre est infinie et n'est pas enveloppée par l'air ni par le ciel; il y a des soleils et des lunes en nombre infini; enfin tout vient de la Terre. — (4) Il attribue la salure de la mer aux nombreux mélanges qui y découlent; Métrodore donne pour raison qu'elle filtrerait à travers la terre. — (5) Xénophane croit d'ailleurs qu'il y a eu mélange de la terre et de la mer et que c'est le temps qui a amené la séparation; il en donne pour preuve qu'en pleine terre et dans les montagnes on trouve des coquillages, que dans les carrières de Syracuse on a rencontré des empreintes d'un poisson et de phoques, à Paros une empreinte d'aphye (anchois ?) au milieu d'une pierre, à Malte des plaques de toutes sortes de choses de mer. — (6) Cela vient, dit-il, de ce qu'autrefois tout était houe, et que, quand cette bouc s'est desséchée, les empreintes se sont conservées. Lorsque la terre s'enfonce dans la mer et se transforme en bouc, la race humaine disparaît, puis il y a une nouvelle genèse; ce changement arrive dans tous les mondes. 5. Ps-Plut. (Strom., 4, Vors. 50, 37-51, 11). — Xénophane de Colophon, entrant dans une voie particulière, s'écarta de tous les précédents et n'admit ni genèse ni destruction. L'univers, dit-il, est toujours semblable; car, s'il eût été produit, il eût fallu qu'auparavant il ne fût pas; or, ce qui n'est pas ne peut ni être produit, ni rien faire, ni contribuer à rien produire. Il affirme que les sens sont trompeurs et, en même temps, il ébranle aussi l'autorité de la raison. Il dit qu'avec le temps la terre descend continûment et insensiblement dans la mer; que le Soleil est la réunion d'un grand nombre de petites étincelles. Il affirme des dieux qu'il n'y a aucune prépondérance parmi eux, car il serait impie qu'un dieu fût assujetti; qu'aucun d'eux n'a absolument besoin de rien; qu'ils entendent et voient de partout et non pas par des organes spéciaux. Enfin la Terre serait infinie et la partie inférieure ne serait point entourée d'air; tout viendrait de la Terre; le Soleil et les astres seraient produits par les nuées. 6. Épiphane, III, 9 (Dox. 590, 15). — Xénophane, fils d'Orthomène, de Colophon, dit que tout naît de la terre et de l'eau, mais que, dans tout ce qu'il avance, il n'y a rien de certain, tant la vérité est obscure; il n'y a partout que des opinions et surtout sur ce qui est invisible. 7. Galien (Hist. phil.). — (3, Dox. 601, 5). — Cette secte, qui est d'ordinaire considérée plutôt comme aporétique que comme dogmatique, eut, dit-on, pour chef Xénophane de Colophon. — (7, Vors. 51, 38). Parmi ceux qui appartiennent à la secte intermédiaire, Xénophane a des doutes sur toutes choses, sauf qu'il pose pour dogme que l'univers est un et que c'est là le dieu, qui est limité, raisonnable, immuable. (Cf. Sext. Emp., I, 225 : L'univers est un et le dieu est incorporé à l'univers; il est sphérique, impassible, immuable, raisonnable, Vors. 52, 17-19). 8. Cicéron (Vors. 51, 32-36). — (Lucullus, 37). Xénophane, un peu plus ancien (qu'Anaxagore), dit que tout est un, immuable, que c'est le dieu·, qu'il est inengendré, éternel et de forme sphérique. — (De deor. nat., I, 11.) Puis Xénophane, qui veut que Dieu soit l'univers, qu'il prétend infini et auquel il ajoute l'intelligence, est passible des mêmes reproches que les autres sur ce dernier point, mais bien plus à cause de l'infinitude, où il ne peut y avoir rien de sentant, non plus que de lié. — (De divinat., I, 3, Vors. 54, 26.) Xénophane de Colophon est le seul qui, tout en affirmant l'existence des dieux, nie absolument la divination. 9. Théodoret, IV, 5 (Vors. 52, 20-24). — Xénophane, fils d'Orthomène, de Colophon, chef de la secte éléatique, dit que l'univers est un, sphérique, limité, non engendré, mais éternel et absolument immobile. Puis oubliant ce langage, il dit que tout est sorti de la Terre; car c'est de lui qu'est ce vers : (voir fr. 8). — (Cf. Aétius, I, 3. Xénophane : Le principe de tout est la Terre, car il dit dans son écrit sur la Nature, etc.). 10. Sext. Emp., X. (Dox. 92). — (313). Xénophane, d'après quelques-uns, admet comme principe la Terre (voir fr. 8). — (314) De plusieurs principes dénombrables; de deux, à savoir la terre et l'eau; Xénophane, d'après quelques-uns (voir fr. 9); Homère : « Mais puissiez-vous tous devenir terre et eau. » — (Cf. Ps.-Plut., Vie d'Homère). 11. Galien (Hist. phil., 18, Dox, 610, 14). — Xénophane de Colophon (admet comme principe matériel) la terre et l'eau. — (Cf. Macrobe, Songe de Scipion, I, l4 : Xénophane (dit que l'âme est formée) de terre et d'eau, Vors. 54, 22.) 12. Aétius, II 4. (Vors. 53, 4) — Xénophane, Parménide, Mélissos : Le monde est inengendré, éternel, incorruptible. 13. Aétius, II. (Vors. 53, 6-23). — 13. Xénophane : (Les astres sont formés) de nuages enflammes qui s'éteignent chaque jour et après la nuit se rallument comme des charbons; leurs levers et leurs couchers sont en réalité des inflammations et des extinctions. — 18. Ces sortes d'étoiles qui paraissent sur les vaisseaux, et qu'on appelle Dioscures, sont de petits nuages devenus lumineux par un mouvement approprié. — 20. Le Soleil est un nuage enflammé —24. Les éclipses ont lieu par extinction; il s'en reforme un autre au levant. Il a parlé d'une éclipse de Soleil ayant duré un mois entier et encore d'une éclipse complète telle que le jour aurait paru comme la nuit. — Il y a nombre de soleils et de lunes selon les divers climats, régions et zones de la Terre; à un certain moment, le disque arrive sur une région non habitée et là, comme sa course serait inutile, il subit une éclipse. Xénophane dit encore que le Soleil s'en va à l'infini, mais qu'à cause de la distance il paraît tourner. 14. Aétius, II (Vors. 53, 26-28). — 23. La Lune est un nuage feutré (enflammé ?) — 28. Anaximandre, Xénophane, Bérose : La Lune a sa lumière propre. — 29. Xénophane attribue aussi à l'extinction sa disparition mensuelle. 15. Aétius, III (Vors. 53, 29-37). — 2. Les comètes et les étoiles filantes sont des nuages enflammés qui se constituent ou qui sont en mouvement. — 3. Les éclairs proviennent des nuées illuminées par le mouvement. — 4. Tous les phénomènes météorologiques proviennent, comme cause principale, de la chaleur du Soleil. Celui-ci pompant l'humidité de la mer, l'eau douce, en raison de sa légèreté, se dégage, puis, passant à l'état de brouillard, forme des nuages d'où l'épaississement fait dégoutter la pluie, ou encore elle se dissipe en vents. Il dit textuellement : (voir fr. 11). 16. Aétius III (Vors. 54, 4-7) — 9· Les racines de la Terre s'enfoncent à l'infini par en bas; en haut, elle a été solidifiée par l'air et le feu. — 11. La position de la Terre est primordiale, car ses racines vont à l'infini. 17. Aétius, IV, 9. — Pythagore, Empédocle, Xénophane, Parménide, Zénon, Mélissos, Anaxagore, Démocrite, Métrodore, Protagoras, Platon : Les sens sont trompeurs. 18. Aétius, V, 1 (Vors. 54, 29). — Xénophane et Epicure suppriment la divination. 19. Tertullien (De anima, 43, Vors. 54, 30). — Anaxagore et Xénophane attribuent le sommeil à l'épuisement. FRAGMENTS.[1]
. [1] Les chiffres gras entre parenthèses indiquent, l'ordre des fragments dans Diels (Vorsokratiken, I, p. 54-67).
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