PROCLUS

 

LA

SPHAIRE DE

 

PROCLE,   PHILOSOPHE   GREGEOIS.

 

TRANSLATEE  DE   GREC

en Françoys, par Helie

Vinet

Revue & corrigée par le translateur.

A PARIS,

 

De l’imprimerie de Hierofme de Marnef

Guillaume Cauellat, au mont S. Hilai-

re, à l'enfeigne du Pelican,

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1583

 

Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer

 


 

ELIE VINET

 

PROCVLVS est nom Romain, & Latin, dit même Sexte Pompée. Duquel quand les Grecs ont voulu user, ils l’ont raccourci & dit Πρκλος, c’est-à-dire, Proclus, pour Proculus, comme de Lentulus, & titulus, ils ont fait Λντλς & ττλος. Ce que cognoistres par Plutarque & autres Grégeois. Ceux donc, qui retournent en Latin le mot Proclos feront mieux, en mon avis de dire Proculus, que Proclus, & nous qui avons de coutume de prou souvent aussi abréger les mots pourrons aussitôt dire Procle que Procule. Or il y a eu plusieurs PROCLES de même langue Grégeoise, grands personnages en philosophie & toutes lettres, mais ne sais lequel de tous peut avoir composé ce livret de la Sphaire qui n'a autre chose en son titre qui appartienne à l’auteur que le seul nom de Procle. Suide dit que de ces Procles l’un fut de Surie, autrement appelé Procleie, c’est-à-dire Proculeius pour Proculus, lequel écrivit beaucoup de choses en géométrie: mais il ne nomme ni ce petit livre, ni les commentaires de Procle sur Euclide. Stoefler, qui a fait sur cette Sphaire des commentaires que trop grands, cuide, que ce soit le Procle de Lucie, pays d’Asie sur la mer de Cypre & de Rode plus près de nous, que Surie, duquel nous avons des commentaires sur Platon. & dit davantage avec Raphaël de Volaterre ,& quelques autres, que ce Procle fut du temps de l'Empereur Hadrien, & des Antonins, mais ces gens ici ont aussi mal entendu leur Spartien ou Capitolin, que peu lu ces commentaires sur Platon. Là où sont allégués les philosophes Porphyre, & Iamblique: qui vivaient environ l’an de Iesu-christ trois cents sous l'empire de Dioclétien & Constantin le grand, plus de cent cinquante ans après Hadrien & Marc Aurèle. Mais Suide fait aussi ce Procle commentateur de Platon, plus jeune que Porphyre quand il dit, qu’il a été le second après Porphyre, qui ait écrit contre les chrétiens.

 

 

 

'ESSIEU du Monde, s’appelle le diamètre du Monde : autour duquel. diamètre, le Monde se tourne. Les deux bouts dudit Essieu se nomment les Pôles du Monde. Et des Pôles, l'un a nom Arctique, & l'autre Antarctique. Le Pôle Arctique est celui qui se voit toujours en ce quartier ici de la terre, ou nous demeurons. Mais l'antarctique est celui : qui ne se voit jamais. Car il a des lieus sur la terre dont celui des Pôles ne se peut aucunement voir, lequel nous voyons nous d'ici en tout temps & au contraire, dont on voit toujours l'autre Pôle lequel nous nous ne voyons jamais. Et d'avantage, il y a un lieu fur la terre dont on peut voir les deux Pôles aussi tous deux en l'horizon.

r des cercles de la sphaire, les uns sont Parallèles, les autres Traversant, & les autres passant par les pôles. Les Parallèles sont ceux qui ont mêmes pôles que le Monde & sont en nombre cinq, l'Arctique, le Tropique d’été, l’Equinoxial, le Tropique d'hiver, & l'Antarctique.

Le parallèle Arctique est un cercle, le plus grand de tous ceux, que nous voyons toujours, lequel touche à l'horizon d'un point seulement: & est tout au-dessus de la terre dedans lequel toutes les étoiles qui sont encloses, elles ne couchent, ni ne lèvent jamais se voient toute la nuit vironner autour du pôle. Ce cercle ici, en cette notre région se pourtraict par le pied de devant de la grande Ourse.

Le parallèle Tropique d'été, est un cercle le plus près du Septentrion de tous ceux que le soleil fait, dedans lequel quand le soleil est venu, il fait le Retour d’été auquel retour se fait le plus long jour qui soit en tout l'an, & la plus courte nuit. Car après le retour d’été, le soleil ne marche plus vers le Septentrion : ainsi s'en retourne vers l'autre partie du Monde. Par quoi s'appelle ce cercle Tropique.

Le parallèle Equinoxial est un cercle, le plus grand de tous les cinq parallèles, coupé en deux parties égales par l'horizon de sorte que la moitié d'icelui est comprinse sous la terre, & la moitié dessus l'horizon, dedans lequel quand le soleil est venu il fait les Equinoxes, tant celui du printemps que celui de l'Automne,

Le parallèle Tropique d’hiver, est un cercle, le plus approchant de l'Austin, que le cercle, que fasse le soleil parle tournoiement du Monde dedans lequel cercle le soleil fait le retour d'hiver, auquel retour se fait la plus longue nuit & le plus court jour de tout l’an. Car le soleil après le retour d'hiver ne marche plus outre vers le Midi: ainsi il s'en retourne vers l'autre partie du Monde au moyen de quoi celui-ci s’appelle pareillement Tropique.

Le parallèle Antarctique, est un cercle égal & parallèle au cercle Arctique, touchant à l'horizon d'un seul point, & tout compris sous la terre & les étoiles qui sont dedans lui ne se montrent jamais à nous.

Or de ces cinq cercles, le plus grand est l'Equinoxial & après lui les deux Tropiques; mais les plus petits d'iceux, quant à notre demeurance, sont l'Arctique & l’Antarctique. Et faut imaginer ces cercles sans largeur, qui se voient par raison, figurés par la situation des étoiles, & par la vue de la dioptre, & par notre entendement. Car il n'y a qu'un seul cercle au Monde, qui se puisse voir, celui du Laict. Les autres se voient par raison.

 

Pourquoi il n’y a que cinq cercles parallèles en la Sphaire.

N ne met en la Sphaire, que cinq cercles parallèles, non qu'il n'en y ait que ces cinq au Monde, qui soient parallèles. Car le soleil, un chacun jour comme on voit à l’œil, fait un cercle parallèle à l’Equinoxial, par le tour que fait le Monde, par quoi entre les deux cercles Tropiques fait le soleil cent huitante deux cercles parallèles. Car tel est de nombre les jours qu'il y a entre les deux Retours

Pareillement toutes les étoiles sont des cercles parallèles un chacun jour, chacune le sien ; mais ces cinq ont ainsi tous été mis en la Sphaire, pour autant qu'ils servent beaucoup à d'autres affaires de l’Astrologie. Car il n'est point possible qu'on peut proprement étoiler la Sphaire sans tous ces cinq cercles parallèles, & si ne pourrait on parfaitement trouver la grandeur des jours & des nuits sans les dits cinq cercles. Les autres, qui ne servent aucunement de rien pour les premiers enseignements de l'astrologie, on ne les met en la Sphaire. Mais ces cinq cercles parallèles y ont été mis pour raison de certaine aide qu'on a de les entendre dès ce qu'on se met premièrement à étudier en l'astrologie. Car le cercle Arctique baille à connaître les étoiles: que nous voyons toujours. Le Tropique d’été comprend le retour du soleil & est le bout du chemin du soleil devers le Septentrion. L'Equinoxial contient l'égalité des jours & nuits. Le Tropique d'hiver est le bout du chemin du soleil vers le Midi, & comptant le retour d'hiver du soleil. L'Antarctique départ les étoiles : que jamais ne voyons. Puis donc que ils divisent sommairement toute la Sphaire & servent tant aux apprentis d'Astrologie : à bonne raison ont-ils été mis en la Sphaire.

 

Ce qui se montre des cinq parallèles & ce qui en demeure caché.

ces cinq cercles parallèles, l'Arctique est tout compris au-dessus de la terre. Le Tropique d'été est tranché en deux parties non égales par l'horizon & en est la plus grande au-dessus de la terre: .& la moindre dessous. Non pas que en tout pays & cité, il soit ainsi toujours d'une sorte divisé par l'horizon: ainsi selon la mutation des Climats y à diverse coupe de ce cercle. Ainsi à ceux qui demeurent plus près du Septentrion que nous, fait l'horizon les parties de ce cercle plus inégales qu'à nous. Et il y a finalement en ce quartier là, un pays où le Tropique d’été est tout au-dessus de la terre. Mais à ceux, qui sont plus près du Midi que nous, est ledit cercle par horizon coupé en parties plus égales, & finalement y à un pais où ledit Tropique est par l'horizon divisé droit par la moitié. Mais en cet endroit, ou nous sommes demeurant, est le Tropique d’été, coupé en telle sorte que si vous divisez tout le cercle en huit pièces égales, il en y aura cinq sur terre & trois dessous. Et semble le poète Arate avoir dressé la matière des Apparences, à ce climat. Car en parlant du Tropique d’été, il dit en cette sorte.

Si en huit parts ce cercle tu divises

 Sur terre cinq, dessous trois en advises,

Et dedans lui le Soleil tourne un tour

Quand d’été fait vers l’hiver son retour.

 

T de cette division s'ensuit, le é&> plus long four de l'an être là de quinze heures équinoxiales & sa nuit de neuf. Mais en l'horizon de Rhodes, le Tropique d’été est par l'horizon coupé de telle façon que tout le cercle parti en quarante & huit pièces, il en y: a. vingt & neuf dessus terre & dix & neuf dessous. De laquelle division s’ensuit le plus long jour de l'an à Rhodes avoir d'heures équinoxiales quatorze & demie & la nuit neuf & demie. L'Equinoxial en. tout pays de. la terre est par l'horizon coupé justement par moitié de sorte, qu’il y en a la moitié dessus la terre & la moitié dessous. Et pour cette cause sont les jours & nuits égaux en ce cercle. Le Tropique d'hiver est parti par l'horizon en telle sorte: que la moindre pièce en est dessus terre, &la plus grande dessous. Et l'inégalité des pièces de ce Tropique à pareil chargement en toutes contrées que celui qui se fait au Tropique d’été. Car toujours se changent d’une sorte, & se répondent l’une à l'autre chacune de son côté, les pièces des deux Tropiques. Dont il advient que le plus long jour de l’an est égal à la plus longue nuit de l’an aussi & le jour le plus court à la plus courte nuit. Quand est du parallèle Antarctique, il est tout caché au dessous de l'horizon.

 

De la grandeur des cinq cercles parallèles.

ES cinq susdits cercles parallèles, les uns ont toujours même grandeur par tout le monde des autres en changent selon les climats & aux uns sont plus grands, aux autres moindres. Car les deux Tropiques, & l'Equinoxial gardent toujours leur grandeur: quelque part qu'on se trouve. Mais le cercle Arctique, et l’Antarctique en changent & aux uns sont plus grands, aux autres moindres. A ceux qui se tiennent devers le Septentrion, lesdits deux cercles devienent plus grands. Car puisque le pôle se montre le plus élevé sur eux, il faut nécessairement que le cercle Arctique, qui touche l'horizon devienne toujours plus grand. Et à ceux qui s'approchent encore plus du Septentrion, advient a la parfin que le Tropique d’été est le cercle Arctique : en manière que deux cercles s'assemblent l'un avec que l'autre, savoir est le Tropique d'été, & l'Arctique, & ne sont plus qu'un cercle. Et qui marcherait encore plus avant vers le pôle Arctique, trouverait lieu où l'Arctique est plus grand que le Tropique d’été ; bref il y a lieu devers le Septentrion où le pôle se trouve droit sur le sommet de la tête de la personne: & le cercle Arctique saisit la place de l'horizon : s'assemble avec lui par le tour que fait le Monde: & prend même grandeur que l'Equinoxial, en sorte que ces trois cercles, l'Arctique, Equinoxial & l'horizon, se trouvent en un même lieu: & ne sont qu'un. Semblablement ceux qui demeurent vers le Midi, le pôle Arctique leur baisse: & se fait plus petit le cercle Arctique, & finalement y a pays de la partie de notre Midi qui est celui qu'on appelle le pays de dessous l'Equinoxial; là ou les deux pôles sont en l’horizon & le cercle arctique & l'antarctique sont entièrement effacés de manière que pour les cinq cercles parallèles il y en a seulement trois, les deux tropiques & l'Equinoxial. Car il ne faut pas penser pour cela que nous avons dit des cinq parallèles, qu'ils sont ainsi par tout pays : mais qu'il y en a ce nombre pour le regard du lieu & contrée où nous autres nous tenons. Car vous trouverez des Horizons, où il n'y a que trois cercles parallèles. Ce qui ce fait en trois lieus sur la terre. Desquels le premier est là ou le Tropique d’été touche l'horizon & prend la place du cercle Arctique. L'autre est, qu'on appelle le pays de dessous les pôles. Et le tiers est, dont nous avons parlé ci devant, le pays de dessous l'Equinoxial.

 

 

De l'ordre des parallèles.

 

ont s'ensuit que l’ordre des cinq parallèles n'est un même par tout pays, ainsi en cette notre demeurance, le premier est l'Arctique ; le second le Tropique d’été ; le tiers l'Equinoxial ; le quart le Tropique d'hiver ; le cinquième, l'Antarctique. Mais à ceux qui sont plus près du Septentrion que nous, advient finalement que le premier est le Tropique d'été, le second, l'Arctique & le tiers l'Equinoxial ; le quart, l'Antarctique ; le cinquième, le Tropique d'hiver, pour ce qu'il faut que tel soit l'ordre: quad l'Arctique est plus grand que le Tropique d’été.

 

De l'effet des parallèles.

 

emblablement ni les effets des cinq parallèles ne sont toujours un même. Car celui, qui à nous autres est le Tropique d’été, est le Tropique d'hiver aux Antipodes ; celui qui à eux est Tropique d'été, à nous il est Tropique d'hiver. Et à ceux qui demeurent sous l'Equinoxial, trois cercles leur sont Tropiques, au regard de l'effet. Car ils sont sous le chemin, que fait le soleil. Mais les comparant l'un à l'autre, celui qui nous est Equinoxial, est là le Tropique d’été ; & les deux Tropiques sont Tropiques d'hiver . Car proprement, & généralement en quelque endroit de la terre, que ce soit, peut-on dire ce cercle-là être Tropique d’été, qui est le plus près dudit lieu. Pour laquelle cause à ceux qui demeurent sous l'Equinoxial, ledit Equinoxial est leur Tropique d’été parce que lors est le soleil droit sur leur tête & tous les parallèles que fait le soleil leur sont Equinoxiaux. Car en tout temps il y a l’égalité de jours & de nuits, pour autant que l'horizon coupe tous les cercles parallèles également par la moitié.

 

Quelle distance il y a entre les cinq cercles parallèles.

 

ais il n'y a pas non plus par toute la terre mêmes distances entre lesdits cinq parallèles de l'un a l'autre. Ainsi pour dresser les sphaires sont ordonnées de telle sorte : que tout cercle méridien divise en soixante parties égales, le cercle Arctique est à six du pôle & de l'autre part à cinq du Tropique d’été, l'Equinoxial à quatre de l'un & l'autre Tropique. Le Tropique d'hiver à cinq de l'Antarctique, l'Antarctique à six de son pôle. Mais il n'y a pas même distance en tout pays & ville desdits cercles d'un à autre. Car bien que les Tropiques soient en toute région toujours d'une même distance de l'Equinoxial, ce néanmoins ils n'ont pas en tous Horizons même distance des cercles Arctiques mais s'en éloignent aucune fois plus, aucune fois moins. Semblablement les dits Arctiques n'ont pas même distance de leurs pôles en tout pays: mais en l'un l'ont moindre, en l'autre plus grande. Toutefois toutes les Sphaires se compassent sur l'horizon de la Grèce.

 

Des Colures.

 

 

ar les pôles passent des cercles qu'aucuns appellent Colures. Lesquels ont en leur circonférence lesdits deux pôles du Monde. Et ont ainsi été appelés, Colures: parce qu'aucune partie d'iceux ne se montre jamais. Car les autres cercles par le virement du Monde, se montrent tous entiers: mais quant aux Colures, il y a quelques pièces d'iceux, qu'on ne voit point, qui sont celles que le cercle Antarctique nous cache dessous l'horizon Or ces deux cercles passent par les points Tropiques & divisent en quatre parties égales le cercle qui est au milieu des douze signes.

 

Du cercle zodiaque

 

 L’Oblique & traversant est le cercle des douze Signes, appelé zodiaque qui se compose de trois cercles parallèles, desquels deux en bornent la largeur & l'autre s'appelle le cercle du milieu des Signes. Lesquels deux cercles égaux & parallèles, savoir est, au Tropique d’été par le commencement du Signe du diacre & au Tropique d'hiver par le premier point du Signe de capricorne. Or la grandeur du zodiaque est divisée en douze parties. Et s'est ce cercle appelle Oblique & Traversant pour autant qu'il va traversant les cercles parallèles.

 

De l’horizon.

 

 

L’horizon est un cercle qui nous divise la partie du Monde que nous voyons, d'avec celle que nous ne voyons & depart la boule du Monde par la moitié, en sorte que l'une demie boule est au-dessus de la terre & l'autre au-dessous. Et y a deux Horizons, l'un qu'on voit à l’œil, & l'autre qu'on imagine par raison. L'horizon, qu'on voit, est celui que notre vue fait, tant qu'elle se peut étendre tout autour de nous. Lequel n'a pas plus de deux mille stades de diamètre. Mais l'horizon que comprend notre raison & entendement, est celui s'étend jusques au ciel des étoiles arrêtées & divise tout le Monde en deux moitiés. Or il n'y a pas partout pays, & en tout lieu même Horizon, toutefois n'aperçoit-on point, qu'il se change, qu'on n'ait cheminé bien près de quatre cents stades, de sorte que ni la grandeur des jours, ni le climat, ni tout ce qu'on voit au ciel, n'est aucunement changé. Mais s’il y a plus que quatre cents stades de changement de pays: l'horizon se trouve autre,& différent, selon le climat, ou ce sera & se change tout ce qu'on voit au ciel. J’'entends, si ce changement de pays au-dessus de quatre cents stades est prins tirant vers le Midi, ou Septentrion. Car ceux qui se tiennent sous un même parallèles, auraient-ils cheminé dix milles stades, si voulez, leur Horizon est bien différent: mais le climat est tout un, & tout le ciel de même sorte qu'auparavant. Bien est vrai que les commencements & fins des jours ne seront d'une sorte a tous ceux qui se tiennent sous un même parallèle.

Toutefois si nous voulons regarder de bien près en notre esprit, nous trouverons que ne saurions nous être remués si peu de quelque côté du Monde, que ce soit que l'horizon ne se change & le climat & que tout le ciel ne soit différent. Or on ne met point d’horizon aux Sphaires, parce que tous les autres cercles, lors que le Monde vire d'orient en occident, tournent aussi eux quant & quant par ce mouvement du Mode : mais l’horizon de sa nature est immuable, gardant en tout temps son lieu & rang ordonné. Si donc on mettait les Horizons aux Sphaires, quand elles vireraient, les horizons vireraient aussi & se trouveraient quelques fois au dessus de notre tête, qui est chose impossible, & contraire à la nature de la Sphaire. Mais on peut fort bien imaginer la situation de l'horizon par l'étui, ou l’on garde la Sphaire.

 

Du Méridien.

 

 

E Méridien & un cercle, qui passe par les pôles du Monde, & par le point qui est au-dessus de notre tête : dedans lequel cercle, quand le soleil est venu, il fait la moitié du jour, & la moitié de la nuit. Et est aussi celui-ci un cercle, qui ne se bouge dans le Monde, & tient toujours un même lieu en tout le tour que fait le Monde. Et ne met-on ce cercle aux Sphaires étoilées parce qu'il ne se peut mouvoir & ne se change jamais: ainsi nous sentons qu'il demeure un même, quasi par l'espace de trois cents stades. Toutefois à bien regarder, & contempler par raisons ce fait, on ne saurait faire un seul pas, ou vers orient, ou occident, que le cercle du Midi ne se change. Car allés tant loin que voudrez du Septentrion droit vers le Midi, et si vous cheminez, voire dix mille stades, il y aura toujours un même cercle du Midi. Mais à marcher d'orient vers occident se font les diversités du Midi.

 

Du cercle de lect.

 

LE cercle de lect est aussi cercle traversant. Lequel est ainsi déviré dedans le cercle Tropique, à l'endroit qu'il est le plus large il est composé d'une matière rare, & claire, qui fait la comme une nue, & ni à autre cercle en tout le ciel, qu'on voie, que celui-ci. Il n'a point largeur arrêtée: ainsi en des endroits il est plus large, en d'autres plus étroit au moyen de quoi il y a beaucoup de Sphaires, ou l’on ne le met point. Et c’est l'un des plus grands cercles. Car les plus grands cercles de la Sphaire, sont ceux qui ont même centre que la Sphaire, & sont sept. L’Equinoxial, le zodiaque, celui qui passe par le milieu du zodiaque, ceux qui passent par les pôles, l'horizon de toute région, le Méridien, le cercle de lait.

 

De cinq zones.

 

LE dessus de toute la terre est rond & se divise en cinq zones. Deux desquelles, qui font aux pôles les plus éloignées du chemin du soleil, s’appelle froides, & la ne demeure personne à cause du grand froid qu'il y fait. Elles sont encloses dedans les parallèles Arctiques autour de leurs pôles. Les deux qui viennent après moyennement situées vers le chemin du soleil s'appellent Attrempées,& sont enfermées des deux parallèles Arctiques & des deux Tropiques, entre lesquels elles sont. La cinquième, qui est au milieu de ces deux sous le chemin du soleil on la nomme chaude, & est divisée en deux moitiés par l'Equinoxial: qui est en terre sous celui du ciel. Or des deux Zones attrempées, l'une est ici où nous nous tenons. Laquelle peut avoir bien près de cent mille stades de longueur & de largeur près de cinquante mille.

 

Des signes du Ciel.

 

 

LES Signes du ciel le divisent en trois parties. Car les uns sont dedans le zodiaque; les autres s'appellent Septentrionaux, & les autres Méridionaux. Ceux donc, qui sont en le zodiaque, sont douze Signes : que nous avons nommés ailleurs dedans lesquels il y a des étoiles auxquelles on a baillé certains noms, pour raison de ce quelles montrent & signifient. Car les six étoiles, qui sont sur les épaules du Taureau, s’appellent les Pléiades, & six autres, qui sont en la tête d'icelui, ont nom Hyades. Une étoile, qui va devant les pieds des Bessons, s’appelle Devant pied. Celles qui font au Chancre semblables a un tourbillon de nuée , se nomment La Crèche. & deux étoiles, qui sont auprès ont nom les Anes. Une e-étoile fort claire, assise au cœur du Lion, s'appelle comme le lieu ou elle est, le Cœur du lion, autres la nomment Basilique : parce qu'on pense que ceux qui naissent vers ce lieu là, aient naissance royale. Une belle étoile, qui est au bout de la main gauche de la Vierge s’appelle Espic mais une petite étoile, qui est jouxte l'aile gauche de la dicte Vierge, a nom l'Avant-vendangeresse. Quatre étoiles, qui sont au bout de la main droite du verseau s'appellent la cruche. Les étoiles qui sont aux queues des poissons s’entresuivant de rang, s'appellent les filets, & il y a dedans le filet du Midi, neuf étoiles, & en celui du Septentrion cinq. Mais une grosse étoile, qu'on voit au bout du filet. s'appelle le Nœud.

Septentrionaux sont tous ceux, qui sont hors du zodiaque devers les ourses, savoir est la grande ourse, la petite ourse. Le dragon, qui est entre les ourses, le Gardourse, la couronne, l'Agenouille, le Serpentier, le Serpent, la Lyre, l'Oiseau, le Trect, l'Aigle, le Dauphin, le devant du Cheval, le Cheval selon Hipparque, Cepheé, Cassiopée, Andromède, Persée, le Charretier, le Deltoton, & la perruque de la Reine Bérénice : laquelle a dernièrement été mise entre les signes par le poète Callimaque. En ceux-ci semblablement il y a des étoiles qui ont propres noms, pour raison de ce qu’elles représentent, & signifient. Car une grosse étoile, qui est au milieu de la cuisse du gardourse, s'appelle Arctoure. Une étoile, qui est en la Lyre, s'appelle Lyre, comme tout le signe. Les étoiles qui sont au bout de la main gauche de Persée, se nomment les Gorgoniennes, Celles qui sont au bout de sa dextre épaisses, & menues, sont une Faucille. Une claire étoile en l'épaule gauche du Charretier, s'appelle la Chieure, & deux petites, qui sont au bout de sa main gauche ont nom les chevreaux. Méridionaux sont tous ceux qui sont du côté du zodiaque, qui est devers le Midi & sont ceux qui s'ensuivent, Orion, le devant chien, le lièvre, Argo, l'Hydre, la Tasse, le Corbeau, le Centaure, la bête que le Centaure tient, la lance enramée, que tient ledit Centaure, l'Autel, le Poisson du Midi, la Baleine, l'eau du Verseau, la Rivière, qui vient d'Orion, la couronne du Midi, que d’aucuns appellent le petit ciel, & le Caducée, selon Hipparque. Pareillement il y a en ceux-ci des étoiles; qui ont propres noms. Car une claire, qui est en le devant chien, s’appelle devant chien, & une autre claire en la gueule du chien qu'on pense faire croître les chaleurs a tel nom, que tout le signe & s'appelle chien, bref une étoile belle & grosse, qui est au bout du gouvernail d'Argo, se nomme Canobe, laquelle à grand-peine peut-on voir de Rhodes, à moins que ce ne soit de quelques lieux hauts. Mais à Alexandrie on la voit bien haute. Car elle se montre là élevée presque de un quart de signe au dessus de l'horizon.

 

 

FIN.