PROCLUS
LA SPHAIRE DE
PROCLE, PHILOSOPHE GREGEOIS.
TRANSLATEE DE GREC en Françoys, par Helie Vinet Revue & corrigée par le translateur.
A PARIS,
De l’imprimerie de Hierofme de Marnef Guillaume Cauellat, au mont S. Hilai- re, à l'enfeigne du Pelican, ------------------------------- 1583
Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer
ELIE VINET
PROCVLVS est nom Romain, & Latin, dit même Sexte Pompée. Duquel quand les Grecs ont voulu user, ils l’ont raccourci & dit Πρόκλος, c’est-à-dire, Proclus, pour Proculus, comme de Lentulus, & titulus, ils ont fait Λέντλὀς & τίτλος. Ce que cognoistres par Plutarque & autres Grégeois. Ceux donc, qui retournent en Latin le mot Proclos feront mieux, en mon avis de dire Proculus, que Proclus, & nous qui avons de coutume de prou souvent aussi abréger les mots pourrons aussitôt dire Procle que Procule. Or il y a eu plusieurs PROCLES de même langue Grégeoise, grands personnages en philosophie & toutes lettres, mais ne sais lequel de tous peut avoir composé ce livret de la Sphaire qui n'a autre chose en son titre qui appartienne à l’auteur que le seul nom de Procle. Suide dit que de ces Procles l’un fut de Surie, autrement appelé Procleie, c’est-à-dire Proculeius pour Proculus, lequel écrivit beaucoup de choses en géométrie: mais il ne nomme ni ce petit livre, ni les commentaires de Procle sur Euclide. Stoefler, qui a fait sur cette Sphaire des commentaires que trop grands, cuide, que ce soit le Procle de Lucie, pays d’Asie sur la mer de Cypre & de Rode plus près de nous, que Surie, duquel nous avons des commentaires sur Platon. & dit davantage avec Raphaël de Volaterre ,& quelques autres, que ce Procle fut du temps de l'Empereur Hadrien, & des Antonins, mais ces gens ici ont aussi mal entendu leur Spartien ou Capitolin, que peu lu ces commentaires sur Platon. Là où sont allégués les philosophes Porphyre, & Iamblique: qui vivaient environ l’an de Iesu-christ trois cents sous l'empire de Dioclétien & Constantin le grand, plus de cent cinquante ans après Hadrien & Marc Aurèle. Mais Suide fait aussi ce Procle commentateur de Platon, plus jeune que Porphyre quand il dit, qu’il a été le second après Porphyre, qui ait écrit contre les chrétiens.
Le parallèle Arctique est un cercle, le plus grand de tous ceux, que nous voyons toujours, lequel touche à l'horizon d'un point seulement: & est tout au-dessus de la terre dedans lequel toutes les étoiles qui sont encloses, elles ne couchent, ni ne lèvent jamais se voient toute la nuit vironner autour du pôle. Ce cercle ici, en cette notre région se pourtraict par le pied de devant de la grande Ourse. Le parallèle Tropique d'été, est un cercle le plus près du Septentrion de tous ceux que le soleil fait, dedans lequel quand le soleil est venu, il fait le Retour d’été auquel retour se fait le plus long jour qui soit en tout l'an, & la plus courte nuit. Car après le retour d’été, le soleil ne marche plus vers le Septentrion : ainsi s'en retourne vers l'autre partie du Monde. Par quoi s'appelle ce cercle Tropique. Le parallèle Equinoxial est un cercle, le plus grand de tous les cinq parallèles, coupé en deux parties égales par l'horizon de sorte que la moitié d'icelui est comprinse sous la terre, & la moitié dessus l'horizon, dedans lequel quand le soleil est venu il fait les Equinoxes, tant celui du printemps que celui de l'Automne, Le parallèle Tropique d’hiver, est un cercle, le plus approchant de l'Austin, que le cercle, que fasse le soleil parle tournoiement du Monde dedans lequel cercle le soleil fait le retour d'hiver, auquel retour se fait la plus longue nuit & le plus court jour de tout l’an. Car le soleil après le retour d'hiver ne marche plus outre vers le Midi: ainsi il s'en retourne vers l'autre partie du Monde au moyen de quoi celui-ci s’appelle pareillement Tropique. Le parallèle Antarctique, est un cercle égal & parallèle au cercle Arctique, touchant à l'horizon d'un seul point, & tout compris sous la terre & les étoiles qui sont dedans lui ne se montrent jamais à nous. Or de ces cinq cercles, le plus grand est l'Equinoxial & après lui les deux Tropiques; mais les plus petits d'iceux, quant à notre demeurance, sont l'Arctique & l’Antarctique. Et faut imaginer ces cercles sans largeur, qui se voient par raison, figurés par la situation des étoiles, & par la vue de la dioptre, & par notre entendement. Car il n'y a qu'un seul cercle au Monde, qui se puisse voir, celui du Laict. Les autres se voient par raison.
Pourquoi il n’y a que cinq cercles parallèles en la Sphaire.
Pareillement toutes les étoiles sont des cercles parallèles un chacun jour, chacune le sien ; mais ces cinq ont ainsi tous été mis en la Sphaire, pour autant qu'ils servent beaucoup à d'autres affaires de l’Astrologie. Car il n'est point possible qu'on peut proprement étoiler la Sphaire sans tous ces cinq cercles parallèles, & si ne pourrait on parfaitement trouver la grandeur des jours & des nuits sans les dits cinq cercles. Les autres, qui ne servent aucunement de rien pour les premiers enseignements de l'astrologie, on ne les met en la Sphaire. Mais ces cinq cercles parallèles y ont été mis pour raison de certaine aide qu'on a de les entendre dès ce qu'on se met premièrement à étudier en l'astrologie. Car le cercle Arctique baille à connaître les étoiles: que nous voyons toujours. Le Tropique d’été comprend le retour du soleil & est le bout du chemin du soleil devers le Septentrion. L'Equinoxial contient l'égalité des jours & nuits. Le Tropique d'hiver est le bout du chemin du soleil vers le Midi, & comptant le retour d'hiver du soleil. L'Antarctique départ les étoiles : que jamais ne voyons. Puis donc que ils divisent sommairement toute la Sphaire & servent tant aux apprentis d'Astrologie : à bonne raison ont-ils été mis en la Sphaire.
Ce qui se montre des cinq parallèles & ce qui en demeure caché.
Si en huit parts ce cercle tu divises Sur terre cinq, dessous trois en advises, Et dedans lui le Soleil tourne un tour Quand d’été fait vers l’hiver son retour.
De la grandeur des cinq cercles parallèles.
De l'ordre des parallèles.
De l'effet des parallèles.
Quelle distance il y a entre les cinq cercles parallèles.
Des Colures.
Du cercle zodiaque
L’Oblique & traversant est le cercle des douze Signes, appelé zodiaque qui se compose de trois cercles parallèles, desquels deux en bornent la largeur & l'autre s'appelle le cercle du milieu des Signes. Lesquels deux cercles égaux & parallèles, savoir est, au Tropique d’été par le commencement du Signe du diacre & au Tropique d'hiver par le premier point du Signe de capricorne. Or la grandeur du zodiaque est divisée en douze parties. Et s'est ce cercle appelle Oblique & Traversant pour autant qu'il va traversant les cercles parallèles.
De l’horizon.
L’horizon est un cercle qui nous divise la partie du Monde que nous voyons, d'avec celle que nous ne voyons & depart la boule du Monde par la moitié, en sorte que l'une demie boule est au-dessus de la terre & l'autre au-dessous. Et y a deux Horizons, l'un qu'on voit à l’œil, & l'autre qu'on imagine par raison. L'horizon, qu'on voit, est celui que notre vue fait, tant qu'elle se peut étendre tout autour de nous. Lequel n'a pas plus de deux mille stades de diamètre. Mais l'horizon que comprend notre raison & entendement, est celui s'étend jusques au ciel des étoiles arrêtées & divise tout le Monde en deux moitiés. Or il n'y a pas partout pays, & en tout lieu même Horizon, toutefois n'aperçoit-on point, qu'il se change, qu'on n'ait cheminé bien près de quatre cents stades, de sorte que ni la grandeur des jours, ni le climat, ni tout ce qu'on voit au ciel, n'est aucunement changé. Mais s’il y a plus que quatre cents stades de changement de pays: l'horizon se trouve autre,& différent, selon le climat, ou ce sera & se change tout ce qu'on voit au ciel. J’'entends, si ce changement de pays au-dessus de quatre cents stades est prins tirant vers le Midi, ou Septentrion. Car ceux qui se tiennent sous un même parallèles, auraient-ils cheminé dix milles stades, si voulez, leur Horizon est bien différent: mais le climat est tout un, & tout le ciel de même sorte qu'auparavant. Bien est vrai que les commencements & fins des jours ne seront d'une sorte a tous ceux qui se tiennent sous un même parallèle. Toutefois si nous voulons regarder de bien près en notre esprit, nous trouverons que ne saurions nous être remués si peu de quelque côté du Monde, que ce soit que l'horizon ne se change & le climat & que tout le ciel ne soit différent. Or on ne met point d’horizon aux Sphaires, parce que tous les autres cercles, lors que le Monde vire d'orient en occident, tournent aussi eux quant & quant par ce mouvement du Mode : mais l’horizon de sa nature est immuable, gardant en tout temps son lieu & rang ordonné. Si donc on mettait les Horizons aux Sphaires, quand elles vireraient, les horizons vireraient aussi & se trouveraient quelques fois au dessus de notre tête, qui est chose impossible, & contraire à la nature de la Sphaire. Mais on peut fort bien imaginer la situation de l'horizon par l'étui, ou l’on garde la Sphaire.
Du Méridien.
Du cercle de lect.
LE cercle de lect est aussi cercle traversant. Lequel est ainsi déviré dedans le cercle Tropique, à l'endroit qu'il est le plus large il est composé d'une matière rare, & claire, qui fait la comme une nue, & ni à autre cercle en tout le ciel, qu'on voie, que celui-ci. Il n'a point largeur arrêtée: ainsi en des endroits il est plus large, en d'autres plus étroit au moyen de quoi il y a beaucoup de Sphaires, ou l’on ne le met point. Et c’est l'un des plus grands cercles. Car les plus grands cercles de la Sphaire, sont ceux qui ont même centre que la Sphaire, & sont sept. L’Equinoxial, le zodiaque, celui qui passe par le milieu du zodiaque, ceux qui passent par les pôles, l'horizon de toute région, le Méridien, le cercle de lait.
De cinq zones.
LE dessus de toute la terre est rond & se divise en cinq zones. Deux desquelles, qui font aux pôles les plus éloignées du chemin du soleil, s’appelle froides, & la ne demeure personne à cause du grand froid qu'il y fait. Elles sont encloses dedans les parallèles Arctiques autour de leurs pôles. Les deux qui viennent après moyennement situées vers le chemin du soleil s'appellent Attrempées,& sont enfermées des deux parallèles Arctiques & des deux Tropiques, entre lesquels elles sont. La cinquième, qui est au milieu de ces deux sous le chemin du soleil on la nomme chaude, & est divisée en deux moitiés par l'Equinoxial: qui est en terre sous celui du ciel. Or des deux Zones attrempées, l'une est ici où nous nous tenons. Laquelle peut avoir bien près de cent mille stades de longueur & de largeur près de cinquante mille.
Des signes du Ciel.
LES Signes du ciel le divisent en trois parties. Car les uns sont dedans le zodiaque; les autres s'appellent Septentrionaux, & les autres Méridionaux. Ceux donc, qui sont en le zodiaque, sont douze Signes : que nous avons nommés ailleurs dedans lesquels il y a des étoiles auxquelles on a baillé certains noms, pour raison de ce quelles montrent & signifient. Car les six étoiles, qui sont sur les épaules du Taureau, s’appellent les Pléiades, & six autres, qui sont en la tête d'icelui, ont nom Hyades. Une étoile, qui va devant les pieds des Bessons, s’appelle Devant pied. Celles qui font au Chancre semblables a un tourbillon de nuée , se nomment La Crèche. & deux étoiles, qui sont auprès ont nom les Anes. Une e-étoile fort claire, assise au cœur du Lion, s'appelle comme le lieu ou elle est, le Cœur du lion, autres la nomment Basilique : parce qu'on pense que ceux qui naissent vers ce lieu là, aient naissance royale. Une belle étoile, qui est au bout de la main gauche de la Vierge s’appelle Espic mais une petite étoile, qui est jouxte l'aile gauche de la dicte Vierge, a nom l'Avant-vendangeresse. Quatre étoiles, qui sont au bout de la main droite du verseau s'appellent la cruche. Les étoiles qui sont aux queues des poissons s’entresuivant de rang, s'appellent les filets, & il y a dedans le filet du Midi, neuf étoiles, & en celui du Septentrion cinq. Mais une grosse étoile, qu'on voit au bout du filet. s'appelle le Nœud. Septentrionaux sont tous ceux, qui sont hors du zodiaque devers les ourses, savoir est la grande ourse, la petite ourse. Le dragon, qui est entre les ourses, le Gardourse, la couronne, l'Agenouille, le Serpentier, le Serpent, la Lyre, l'Oiseau, le Trect, l'Aigle, le Dauphin, le devant du Cheval, le Cheval selon Hipparque, Cepheé, Cassiopée, Andromède, Persée, le Charretier, le Deltoton, & la perruque de la Reine Bérénice : laquelle a dernièrement été mise entre les signes par le poète Callimaque. En ceux-ci semblablement il y a des étoiles qui ont propres noms, pour raison de ce qu’elles représentent, & signifient. Car une grosse étoile, qui est au milieu de la cuisse du gardourse, s'appelle Arctoure. Une étoile, qui est en la Lyre, s'appelle Lyre, comme tout le signe. Les étoiles qui sont au bout de la main gauche de Persée, se nomment les Gorgoniennes, Celles qui sont au bout de sa dextre épaisses, & menues, sont une Faucille. Une claire étoile en l'épaule gauche du Charretier, s'appelle la Chieure, & deux petites, qui sont au bout de sa main gauche ont nom les chevreaux. Méridionaux sont tous ceux qui sont du côté du zodiaque, qui est devers le Midi & sont ceux qui s'ensuivent, Orion, le devant chien, le lièvre, Argo, l'Hydre, la Tasse, le Corbeau, le Centaure, la bête que le Centaure tient, la lance enramée, que tient ledit Centaure, l'Autel, le Poisson du Midi, la Baleine, l'eau du Verseau, la Rivière, qui vient d'Orion, la couronne du Midi, que d’aucuns appellent le petit ciel, & le Caducée, selon Hipparque. Pareillement il y a en ceux-ci des étoiles; qui ont propres noms. Car une claire, qui est en le devant chien, s’appelle devant chien, & une autre claire en la gueule du chien qu'on pense faire croître les chaleurs a tel nom, que tout le signe & s'appelle chien, bref une étoile belle & grosse, qui est au bout du gouvernail d'Argo, se nomme Canobe, laquelle à grand-peine peut-on voir de Rhodes, à moins que ce ne soit de quelques lieux hauts. Mais à Alexandrie on la voit bien haute. Car elle se montre là élevée presque de un quart de signe au dessus de l'horizon.
FIN.
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