Diogène Laërce

DIOGÈNE DE LAERTE


LIVRE I

CHAPITRE IX. MYSON- ΜΥΣΩΝ

LIVRE I (8 Anacharsis) -LIVRE I (10 Epiménide)

Autre traduction - Traduction Genaille sur le site de Ugo Bratelli

 

 

 

 

 

DIOGENE DE LAERTE.

 

CHAPITRE IX.

MYSON.

ΜΥΣΩΝ

 

 

[106] Μύσων Στρύμωνος, ὥς φησι Σωσικράτης Ἕρμιππον παρατιθέμενος, τὸ γένος Χηνεύς, ἀπὸ κώμης τινὸς Οἰταϊκῆς ἢ Λακωνικῆς, σὺν τοῖς ἑπτὰ καταριθμεῖται. Φασὶ δὲ αὐτὸν καὶ τυράννου πατρὸς εἶναι. Λέγεται δὴ πρός τινος Ἀναχάρσιδος πυνθανομένου εἴ τις αὐτοῦ σοφώτερος εἴη, τὴν Πυθίαν εἰπεῖν ἅπερ προείρηται ἐν τῷ Θαλοῦ βίῳ ὑπὲρ Χίλωνος.

Οἰταῖον τινά φημι Μύσωνα ἐν Χηνὶ γενέσθαι
σοῦ μᾶλλον πραπίδεσσιν ἀρηρότα πευκαλίμῃσι.

Πολυπραγμονήσαντα δὲ ἐλθεῖν εἰς τὴν κώμην καὶ εὑρεῖν αὐτὸν θέρους ἐχέτλην ἀρότρῳ προσαρμόττοντα, καὶ εἰπεῖν, « Ἀλλ’, ὦ Μύσων, οὐχ ὥρα νῦν ἀρότρου. » « Καὶ μάλα, » εἶπεν, « ὥστε ἐπισκευάζειν. » [107] Ἄλλοι δὲ τὸν χρησμὸν οὕτως ἔχειν φασί,

« Ἠτεῖόν τινά φημι· »

καὶ ζητοῦσι τί ἐστιν ὁ Ἠτεῖος. Παρμενίδης μὲν οὖν δῆμον εἶναι Λακωνικῆς, ὅθεν εἶναι τὸν Μύσωνα. Σωσικράτης δ’ ἐν Διαδοχαῖς, ἀπὸ μὲν πατρὸς Ἠτεῖον εἶναι, ἀπὸ δὲ μητρὸς Χηνέα. Εὐθύφρων δ’ ὁ Ἡρακλείδου τοῦ Ποντικοῦ, Κρῆτά φησιν εἶναι· Ἠτείαν γὰρ πόλιν εἶναι Κρήτης. Ἀναξίλαος δ’ Ἀρκάδα.

Μέμνηται δ’ αὐτοῦ καὶ Ἱππῶναξ εἰπών·

Καὶ Μύσων ὃν Ὡπόλλων
ἀνεῖπεν ἀνδρῶν σωφρονέστατον πάντων.

Ἀριστόξενος δέ φησιν ἐν τοῖς σποράδην οὐ πόρρω Τίμωνος αὐτὸν καὶ Ἀπημάντου γεγονέναι· μισανθρωπεῖν γάρ. [108] Ὀφθῆναι γοῦν ἐν Λακεδαίμονι μόνον ἐπ’ ἐρημίας γελῶντα· ἄφνω δέ τινος ἐπιστάντος καὶ πυθομένου διὰ τί μηδενὸς παρόντος γελᾷ, φάναι, « Δι’ αὐτὸ τοῦτο. »

Φησὶ δ’ Ἀριστόξενος ὅτι ἔνθεν καὶ ἄδοξος ἦν, ὅτι μηδὲ πόλεως, ἀλλὰ κώμης, καὶ ταῦτα ἀφανοῦς. Ὅθεν διὰ τὴν ἀδοξίαν αὐτοῦ καὶ τὰ αὐτοῦ τινας Πεισιστράτῳ περιθεῖναι τῷ τυράννῳ, χωρὶς Πλάτωνος τοῦ φιλοσόφου. Μέμνηται γὰρ αὐτοῦ καὶ οὗτος ἐν τῷ Πρωταγόρᾳ, ἀντὶ Περιάνδρου θεὶς αὐτόν.

Ἔφασκε δὲ μὴ ἐκ τῶν λόγων τὰ πράγματα ἀλλ’ ἐκ τῶν πραγμάτων τοὺς λόγους ζητεῖν· οὐ γὰρ ἕνεκα τῶν λόγων τὰ πράγματα συντελεῖσθαι, ἀλλ’ ἕνεκα τῶν πραγμάτων τοὺς λόγους.

Κατέστρεψε δὲ βιοὺς ἔτη ἑπτὰ καὶ ἐνενήκοντα.

[106] Myson, fils de Strymon, suivant Hermippe, cité par Sosicrate, est mis au nombre des sept sages. Il était originaire de Chénée, bourg de l’Oeta ou de la Laconie. Son père exerçait, dit-on, la tyrannie. On prétend aussi qu’Anacharsis ayant demandé à l’oracle d’Apollon quel homme était plus sage que lui, reçut 53 de la prêtresse cette réponse déjà citée plus haut à propos de Chilon, dans la vie de Thalès :

Je déclare que Myson , de Chénëe sur l’Oeta, l’emporte sur toi par la sublimité du génie.

Anacharsis, vivement piqué par cet oracle, se rendit dans le bourg désigné et trouva Myson occupé à réparer , en été, le manche de sa charrue. Il lui dit alors : « Myson ce n’est pas la saison de labourer. — Sans doute, reprit Myson, mais c’est celle de s’y préparer. » [107] D’autres prétendent que l’oracle était ainsi conçu :

Je déclare que Myson l’Étéen, etc....

Et ils se demandent ce que signifie ce mot Étéen. Suivant Parménide, Étée est un bourg de Laconie, où était né Myson. Sosicrate prétend, dans les Successions (01) que son père était d’Étée et sa mère de Chénée. Eutyphron, fils d’Héraclide de Pont, dit qu’il était Crétois, Étée étant une ville de Crète. Enfin Anaxilaus le dit originaire d’Arcadie.

Hipponax parle de lui en ces termes : « Myson, qu’Apollon a déclaré le plus sage des hommes ! » Suivant Aristoxène, dans les Mélanges, son caractère ressemblait beaucoup à celui de Timon et d’Apémantus ; il avait toute leur misanthropie : [108] ainsi on le trouva un jour, à Lacédémone, riant tout seul dans un endroit écarté ; celui qui l’avait surpris lui ayant demandé pourquoi il riait ainsi, sans qu’il y eût personne avec lui, il répondit : « C’est pour cela même que je ris. »

54 Aristoxène croit aussi que s’il fut peu célèbre cela tient à ce qu’il eut pour patrie non une grande ville, mais un bourg complétement ignoré. De là vient, selon lui, l’erreur de quelques auteurs qui ont mis sur le compte de Pisistrate le tyran ce qui était relatif à Myson. Il fait pourtant une exception pour Platon qui cite Myson dans le Protagoras et le met au rang des sages, à la place de Périandre.

Myson disait que ce n’est pas dans les mots qu’il faut chercher l’intelligence des choses, mais dans les choses celle des mots, parce que les mots sont subordonnés aux choses et non les choses aux mots.

Il mourut à l’âge de quatre-vingt-dix-sept ans.

(01) Diogène désigne souvent ainsi l’ouvrage intitulé : Succession des philosophes.