Diogène Laërce

DIOGÈNE DE LAERTE

LIVRE IX

CHAPITRE III. PARMÉNIDE. - ΠΑΡΜΕΝΙΔΗΣ

Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer 

Xénophane       Mélisse

Le texte est parfois écrit en marron clair, ce qui signifie un emprunt à la traduction de Zevort. 
Le texte en bleu concerne les citations.

Autre traduction - Traduction Genaille sur le site de Ugo Bratelli

 

 

 

 

 

DIOGENE DE LAERTE.

 

 

LIVRE IX.

CHAPITRE TROIS.

PARMÉNIDE

ΠΑΡΜΕΝΙΔΗΣ

 

 

 

[21] Ξενοφάνους δὲ διήκουσε Παρμενίδης Πύρητος Ἐλεάτης -τοῦτον Θεόφραστος ἐν τῇ Ἐπιτομῇ Ἀναξιμάνδρου φησὶν ἀκοῦσαι-. Ὅμως δ' οὖν ἀκούσας καὶ Ξενοφάνους οὐκ ἠκολούθησεν αὐτῷ. Ἐκοινώνησε δὲ καὶ Ἀμεινίᾳ Διοχαίτα τῷ Πυθαγορικῷ, ὡς ἔφη Σωτίων, ἀνδρὶ πένητι μέν, καλῷ δὲ καὶ ἀγαθῷ. ᾯ καὶ μᾶλλον ἠκολούθησε καὶ ἀποθανόντος ἡρῷον ἱδρύσατο γένους τε ὑπάρχων λαμπροῦ καὶ πλούτου, καὶ ὑπ' Ἀμεινίου ἀλλ' οὐχ ὑπὸ Ξενοφάνους εἰς ἡσυχίαν προετράπη.

Πρῶτος δ' οὗτος τὴν γῆν ἀπέφαινε σφαιροειδῆ καὶ ἐν μέσῳ κεῖσθαι. Δύο τε εἶναι στοιχεῖα, πῦρ καὶ γῆν, καὶ τὸ μὲν δημιουργοῦ τάξιν ἔχειν, τὴν δ' ὕλης.

[22] Γένεσίν τ' ἀνθρώπων ἐξ ἡλίου πρῶτον γενέσθαι· αὐτὸν δὲ ὑπάρχειν τὸ θερμὸν καὶ τὸ ψυχρόν, ἐξ ὧν τὰ πάντα συνεστάναι. Καὶ τὴν ψυχὴν καὶ τὸν νοῦν ταὐτὸν εἶναι, καθὰ μέμνηται καὶ Θεόφραστος ἐν τοῖς Φυσικοῖς, πάντων σχεδὸν ἐκτιθέμενος τὰ δόγματα. Δισσήν τε ἔφη τὴν φιλοσοφίαν, τὴν μὲν κατὰ ἀλήθειαν, τὴν δὲ κατὰ δόξαν. Διὸ καὶ φησί που·

Χρεὼ δέ σε πάντα πυθέσθαι
ἠμὲν Ἀληθείης εὐκυκλέος ἀτρεμὲς ἦτορ,
ἠδὲ βροτῶν δόξας, ταῖς οὐκ ἔνι πίστις ἀληθής.

Καὶ αὐτὸς δὲ διὰ ποιημάτων φιλοσοφεῖ, καθάπερ Ἡσίοδός τε καὶ Ξενοφάνης καὶ Ἐμπεδοκλῆς. Κριτήριον δὲ τὸν λόγον εἶπε· τάς τε αἰσθήσεις μὴ ἀκριβεῖς ὑπάρχειν. Φησὶ γοῦν·

Μηδέ σ' ἔθος πολύπερον ὁδὸν κατὰ τήνδε βιάσθω
νωμᾶν ἄσκοπον ὄμμα καὶ ἠχήεσσαν ἀκουὴν

καὶ γλῶσσαν, κρῖναι δὲ λόγῳ πολύδηριν ἔλεγχον.

[23]  Διὸ καὶ περὶ αὐτοῦ φησιν ὁ Τίμων

Παρμενίδου τε βίην μεγαλόφρονος οὐ πολύδοξον,
ὅς ῥ' ἀπὸ φαντασίας ἀπάτης ἀνενείκατο νώσεις.

Εἰς τοῦτον καὶ Πλάτων τὸν διάλογον γέγραφε, "Παρμενίδην" ἐπιγράψας "ἢ Περὶ ἰδεῶν."

Ἤκμαζε δὲ κατὰ τὴν ἐνάτην καὶ ἑξηκοστὴν Ὀλυμπιάδα. Καὶ δοκεῖ πρῶτος πεφωρακέναι τὸν αὐτὸν εἶναι Ἕσπερον καὶ Φωσφόρον, ὥς φησι Φαβωρῖνος ἐν πέμπτῳ Ἀπομνημονευμάτων· οἱ δὲ Πυθαγόραν· Καλλίμαχος δέ φησι μὴ εἶναι αὐτοῦ τὸ ποίημα.

Λέγεται δὲ καὶ νόμους θεῖναι τοῖς πολίταις, ὥς φησι Σπεύσιππος ἐν τῷ Περὶ φιλοσόφων. Καὶ πρῶτος ἐρωτῆσαι τὸν Ἀχιλλέα λόγον, ὡς Φαβωρῖνος ἐν Παντοδαπῇ ἱστορίᾳ.

Γέγονε δὲ καὶ ἕτερος Παρμενίδης, ῥήτωρ τεχνογράφος.

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[21] Parménide, fils de Pyrétus et natif d'Élée, fut disciple de Xénophane, quoique Théophraste, dans son Abrégé, le fasse disciple d'Anaximandre. Cependant, bien qu'il ait eu Xénophane pour maître, au lieu de l'avoir suivi, il se lia avec Aminias, ensuite avec Diochète, lequel, dit Sotion, était pythagoricien et pauvre, mais fort honnête homme. Aussi fut-ce pour ces raisons que Parménide s'attacha plus à lui qu'à tout autre, jusque là qu'il lui éleva une chapelle après sa mort. Parménide, également noble et riche, dut aux soins d'Aminias, et non aux instructions de Xénophane, le bonheur d'avoir acquis la tranquillité d'esprit.

On tient de lui ce système que la terre est ronde, et située au centre du monde. Il croyait qu'il y a deux éléments, le feu et la terre, dont le premiers la qualité d'ouvrier, et le second lui sert de matière; [22] que l'homme a été premièrement formé par le soleil, qui est lui-même composé de froid et de chaud ; qualités dont l'assemblage constitue l'essence de tous les êtres. Selon ce philosophe, l’âme et l'esprit ne sont qu'une même chose, comme le rapporte Théophraste dans ses livres de physique, où il détaille les sentiments de presque tous les philosophes. Enfin il distingue une double philosophie, l'une fondée sur la vérité, l'autre sur l'opinion. De là ce qu'il dit : « Il faut que vous connaissiez toutes choses : la simple vérité qui parle toujours sincèrement, et les opinions des hommes, sur lesquelles il n'y a point de fond à faire. »

Il a expliqué en vers ses idées philosophiques, à la manière d'Hésiode, de Xénophane et d'Empédocle. Il établissait la raison dans le jugement, et ne trouvait pas que les sens pussent suffire pour juger sainement des choses.

Que les apparences diverses, disait-il, ne t'entraînent jamais à juger sans examen, sur le faux rapport des yeux, des oreilles, ou de ta langue. Mais discerne toutes choses par la raison.

[23] C'est ce qui donna à Timon occasion de dire, en parlant de Parménide, que son grand sens lui fit rejeter les erreurs qui s'insinuent dans l'imagination.

Platon composa, à la louange de ce philosophe, un dialogue qu'il intitula Parménide ou des Idées.

Il florissait vers la soixante-neuvième olympiade, et paraît avoir observé le premier que l'étoile du matin et celle du soir sont le même astre, écrit Phavorin dans le cinquième livre de ses Commentaires. D'autres attribuent cette observation à Pythagore. Callimaque conteste au philosophe le poème qu'on lui attribue.

L'histoire porte qu'il donna des lois à ses concitoyens. Speusippe en fait Toi dans son premier livre des Philosophes, et Phavorin, dans son Histoire diverse, le répute pour le premier qui s'est servi du syllogisme appelé Achille.

Il y a eu un autre Parménide, auteur d'un traité de l'art oratoire.