Diogène Laërce

DIOGÈNE DE LAERTE



LIVRE IX

 

CHAPITRE VI. LEUCIPPE- ΛΕΥΚΙΠΠΟΣ

5 Zénon d'Elée - 7. Démocrite

Autre traduction - Traduction Genaille sur le site de Ugo Bratelli

 

 

 

 

 

DIOGENE DE LAERTE.

 

 

LIVRE IX.

CHAPITRE VI.

LEUCIPPE.

ΛΕΥΚΙΠΠΟΣ

 

[30] Λεύκιππος Ἐλεάτης, ὡς δέ τινες, Ἀβδηρίτης, κατ' ἐνίους δὲ Μιλήσιος.  Οὗτος ἤκουσε Ζήνωνος. Ἤρεσκε δ' αὐτῷ ἄπειρα εἶναι τὰ πάντα καὶ εἰς ἄλληλα μεταβάλλειν, τό τε πᾶν εἶναι κενὸν καὶ πλῆρες [σωμάτων]. Τούς τε κόσμους γίνεσθαι σωμάτων εἰς τὸ κενὸν ἐμπιπτόντων καὶ ἀλλήλοις περιπλεκομένων· ἔκ τε τῆς κινήσεως κατὰ τὴν αὔξησιν αὐτῶν γίνεσθαι τὴν τῶν ἀστέρων φύσιν. Φέρεσθαι δὲ τὸν ἥλιον ἐν μείζονι κύκλῳ περὶ τὴν σελήνην· τὴν γῆν ὀχεῖσθαι περὶ τὸ μέσον δινουμένην· σχῆμά τ' αὐτῆς τυμπανῶδες εἶναι. Πρῶτός τ' ἀτόμους ἀρχὰς ὑπεστήσατο.

<Καὶ> κεφαλαιωδῶς μὲν ταῦτα. ἐπὶ μέρους δ' ὧδε ἔχει· [31] Τὸ μὲν πᾶν ἄπειρόν φησιν, ὡς προείρηται· τούτου δὲ τὸ μὲν πλῆρες εἶναι, τὸ δὲ κενόν, <ἃ> καὶ στοιχεῖά φησι. Κόσμους τε ἐκ τούτων ἀπείρους εἶναι καὶ διαλύεσθαι εἰς ταῦτα. Γίνεσθαι δὲ τοὺς κόσμους οὕτω· φέρεσθαι κατὰ ἀποτομὴν ἐκ τῆς ἀπείρου πολλὰ σώματα παντοῖα τοῖς σχήμασιν εἰς μέγα κενόν, ἅπερ ἀθροισθέντα δίνην ἀπεργάζεσθαι μίαν, καθ' ἣν προσκρούοντα <ἀλλήλοις> καὶ παντοδαπῶς κυκλούμενα διακρίνεσθαι χωρὶς τὰ ὅμοια πρὸς τὰ ὅμοια. Ἰσορρόπων δὲ διὰ τὸ πλῆθος μηκέτι δυναμένων περιφέρεσθαι, τὰ μὲν λεπτὰ χωρεῖν εἰς τὸ ἔξω κενόν, ὥσπερ διαττώμενα· τὰ δὲ λοιπὰ συμμένειν καὶ περιπλεκόμενα συγκατατρέχειν ἀλλήλοις καὶ ποιεῖν πρῶτόν τι σύστημα σφαιροειδές.  [32] Τοῦτο δ' οἷον ὑμένα ἀφίστασθαι, περιέχοντ' ἐν ἑαυτῷ παντοῖα σώματα· ὧν κατὰ τὴν τοῦ μέσου ἀντέρεισιν περιδινουμένων λεπτὸν γενέσθαι τὸν πέριξ ὑμένα, συρρεόντων ἀεὶ τῶν συνεχῶν κατ' ἐπίψαυσιν τῆς δίνης. Καὶ οὕτω γενέσθαι τὴν γῆν, συμμενόντων τῶν ἐνεχθέντων ἐπὶ τὸ μέσον. Αὐτόν τε πάλιν τὸν περιέχοντα οἷον ὑμένα αὔξεσθαι κατὰ τὴν ἐπέκκρισιν τῶν ἔξωθεν σωμάτων· δίνῃ τε φερόμενον αὐτὸν ὧν ἂν ἐπιψαύσῃ, ταῦτα ἐπικτᾶσθαι. Τούτων δέ τινα συμπλεκόμενα ποιεῖν σύστημα, τὸ μὲν πρῶτον κάθυγρον καὶ πηλῶδες, ξηρανθέντα καὶ περιφερόμενα σὺν τῇ τοῦ ὅλου δίνῃ, εἶτ' ἐκπυρωθέντα τὴν τῶν ἀστέρων ἀποτελέσαι φύσιν. [33] Εἶναι δὲ τὸν τοῦ ἡλίου κύκλον ἐξώτατον, τὸν δὲ τῆς σελήνης προσγειότατον, τῶν ἄλλων μεταξὺ τούτων ὄντων.

Καὶ πάντα μὲν τὰ ἄστρα πυροῦσθαι διὰ τὸ τάχος τῆς φορᾶς, τὸν δ' ἥλιον καὶ ὑπὸ τῶν ἀστέρων ἐκπυροῦσθαι· τὴν δὲ σελήνην τοῦ πυρὸς ὀλίγον μεταλαμβάνειν. Ἐκλείπειν δ' ἥλιον καὶ σελήνην <* * τὴν δὲ λόξωσιν τοῦ ζῳδιακοῦ γενέσθαι> τῷ κεκλίσθαι τὴν γῆν πρὸς μεσημβρίαν· τὰ δὲ πρὸς ἄρκτῳ ἀεί τε νίφεσθαι καὶ κατάψυχρα εἶναι καὶ πήγνυσθαι. Καὶ τὸν μὲν ἥλιον ἐκλείπειν σπανίως, τὴν δὲ σελήνην συνεχῶς, διὰ τὸ ἀνίσους εἶναι τοὺς κύκλους αὐτῶν. Εἶναί τε ὥσπερ γενέσεις κόσμου, οὕτω καὶ αὐξήσεις καὶ φθίσεις καὶ φθοράς, κατά τινα ἀνάγκην, ἣν ὁποία ἐστὶν <οὐ> διασαφεῖ.
 

Leucippe, disciple de Zénon, était d'Élée. Quelques auteurs cependant le disent Abdéritain, d'autres Milésien. Il admettait la pluralité infinie des êtres et leurs transformations réciproques, ainsi que l'existence simultanée du vide et du plein dans l'univers. Suivant lui les mondes se produisent lorsque des corps tombent dans le vide et s'y agglomèrent. Ces corps, accrus par des additions successives et animés d'un mouvement propre, forment les astres. Le soleil, placé au delà de la lune, parcourt un cercle plus grand. La 206 terre, située au centre, est emportée par un mouvement circulaire; sa forme est celle d'un tambour. Leucippe a le premier enseigné que les atomes sont les principes des choses.

A cette exposition générale ajoutons quelques détails : il admet, comme nous l'avons dit, l'infinité de l'univers, et il y fait entrer deux éléments, le vide et le plein. Ces éléments sont l'un et l'autre infinis, ainsi que les mondes qu'ils produisent et qui se résolvent en eux. Les mondes se forment de cette manière : un grand nombre de corps, détachés de l'infini et affectant toutes les formes possibles, se meuvent dans l'immensité du vide; de leur ensemble résulte un tourbillon unique où, ballottés circulairement, s'entre-choquant l'un l'autre, ils finissent par se démêler de telle sorte que ceux qui sont semblables se réunissent. Mais comme toutes les particules ne peuvent pas, à cause de leur multitude, suivre uniformément le mouvement du tourbillon, les plus légères sont relancées vers le vide extérieur. Les autres restent et, embrassées dans le même mouvement, elles s'enlacent et forment une sorte de continu , un premier assemblage sphérique, une membrane qui enveloppe des corps de toute espèce. Bientôt la continuité du mouvement circulaire, unie à la résistance du noyau central, fait que les corps se portent incessamment vers le centre, la membrane extérieure devenant de moins en moins dense ; une fois au centre, ils y restent unis, et ainsi se forme la terre. D'un autre côté, il se produit dans l'espace une autre enveloppe qui s'accroît sans cesse par l'apport des corps extérieurs et qui, animée elle-même d'un mouvement circulaire, entraîne et s'adjoint tout ce qu'elle rencontre. Quelques-uns de ces corps ainsi enveloppés se réunissent et forment 207 des composés d'abord humides et boueux ; desséchés ensuite et entraînés dans le mouvement universel du tourbillon circulaire ils s'enflamment et constituent la substance des astres. L'orbite du soleil est la plus éloignée, celle de la lune la plus rapprochée de la terre ; entre les deux sont les orbites des autres astres.

Tous les astres sont enflammés par la rapidité de leur mouvement; le soleil doit aux autres astres sa chaleur et sa lumière ; la lune n'en reçoit qu'une faible partie. Les éclipses de soleil et de lune tiennent... (1) à ce que la terre est inclinée au midi. Les régions arctiques sont couvertes de neige, de frimas et de glaces. La rareté des éclipses de soleil et la fréquence de celles de la lune ont pour cause l'inégalité des orbites de ces astres. Leucippe admet aussi que la production des mondes, leur accroissement, leur diminution et leur destruction tiennent à une certaine nécessité dont il ne détermine pas du reste la nature.

(1) II y a très-probablement ici une lacune.