Diogène Laërce

DIOGÈNE DE LAERTE



LIVRE VIII

 

CHAPITRE IV. ARCHYTAS - ΑΡΧΥΤΑΣ

3 Epicarme 5 Alméon

Autre traduction - Traduction Genaille sur le site de Ugo Bratelli

 

 

 

 

 

DIOGENE DE LAERTE.

 

 

LIVRE VIII.

CHAPITRE IV.

ARCHYTAS.

ΑΡΧΥΤΑΣ

 

[79] Ἀρχύτας Μνησαγόρου Ταραντῖνος, ὡς δὲ Ἀριστόξενος, Ἑστιαίου, Πυθαγορικὸς καὶ αὐτός. οὗτός ἐστιν ὁ Πλάτωνα ῥυσάμενος δι' ἐπιστολῆς παρὰ Διονυσίου μέλλοντ' ἀναιρεῖσθαι. ἐθαυμάζετο δὲ καὶ παρὰ τοῖς πολλοῖς ἐπὶ πάσῃ ἀρετῇ· καὶ δὴ ἑπτάκις τῶν πολιτῶν ἐστρατήγησε, τῶν ἄλλων μὴ πλέον ἐνιαυτοῦ στρατηγούντων διὰ τὸ κωλύειν τὸν νόμον. πρὸς τοῦτον καὶ Πλάτων γέγραφεν ἐπιστολὰς δύο, ἐπειδήπερ αὐτῷ πρότερος ἐγεγράφει τοῦτον τὸν τρόπον·

« Ἀρχύτας Πλάτωνι ὑγιαίνειν.

[80] « Καλῶς ποιέεις ὅτι ἀποπέφευγας ἐκ τᾶς ἀρρωστίας· ταῦτα γὰρ αὐτός τυ ἐπέσταλκας καὶ τοὶ περὶ Λαμίσκον ἀπάγγελον. περὶ δὲ τῶν ὑπομνημάτων ἐπεμελήθημες καὶ ἀνήλθομες ὡς Λευκανὼς καὶ ἐνετύχομες τοῖς Ὀκκέλω ἐκγόνοις. τὰ μὲν ὦν Περὶ νόμω καὶ Βασιληίας καὶ Ὁσιότατος καὶ τᾶς τῶ παντὸς γενέσιος αὐτοί τ' ἔχομες καὶ τὶν ἀπεστάλκαμες· τὰ δὲ λοιπὰ οὔτοι νῦν γα δύναται εὑρεθῆμεν, αἰ δέ κα εὑρεθῇ, ἥξει τοι. »

Ὧδε μὲν ὁ Ἀρχύτας· ὁ δὲ Πλάτων ἀντεπιστέλλει τοῦτον τὸν τρόπον·

« Πλάτων Ἀρχύτᾳ εὖ πράττειν.

[81] « Τὰ μὲν παρὰ σοῦ ἐλθόντα ὑπομνήματα θαυμαστῶς ἄσμενοί τε ἐλάβομεν καὶ τοῦ γράψαντος αὐτὰ ἠγάσθημεν ὡς ἔνι μάλιστα, καὶ ἔδοξεν ἡμῖν ἁνὴρ ἄξιος ἐκείνων τῶν παλαιῶν προγόνων. λέγονται γὰρ δὴ οἱ ἄνδρες οὗτοι Μυραῖοι εἶναι· οὗτοι δ' ἦσαν τῶν ἐπὶ Λαομέδοντος ἐξαναστάντων Τρώων ἄνδρες ἀγαθοί, ὡς ὁ παραδεδομένος μῦθος δηλοῖ. τὰ δὲ παρ' ἐμοῦ ὑπομνήματα, περὶ ὧν ἐπέστειλας, ἱκανῶς μὲν οὔπω ἔχει· ὡς δέ ποτε τυγχάνει ἔχοντα ἀπέσταλκά σοι. περὶ δὲ τῆς φυλακῆς ἀμφότεροι συμφωνοῦμεν, ὥστε οὐδὲν δεῖ παρακελεύεσθαι. ἔρρωσο.»

Καὶ ὧδε μὲν πρὸς ἀλλήλους αὐτοῖς ἔχουσιν αἱ ἐπιστολαί. [82] Γεγόνασι δ' Ἀρχύται τέτταρες· πρῶτος αὐτὸς οὗτος, δεύτερος Μυτιληναῖος μουσικός, τρίτος Περὶ γεωργίας συγγεγραφώς, τέταρτος ἐπιγραμματοποιός. ἔνιοι καὶ πέμπτον ἀρχιτέκτονά φασιν, οὗ φέρεται βιβλίον Περὶ μηχανῆς, ἀρχὴν ἔχον ταύτην, « Tάδε παρὰ Τεύκρου Καρχηδονίου διήκουσα. »

περὶ δὲ τοῦ μουσικοῦ φέρεται καὶ τόδε, ὡς ὀνειδιζόμενος ἐπὶ τῷ μὴ ἐξακούεσθαι εἴποι, « Tὸ γὰρ ὄργανον ὑπὲρ ἐμοῦ διαγωνιζόμενον λαλεῖ. » Τὸν δὲ Πυθαγορικὸν Ἀριστόξενός φησι μηδέποτε στρατηγοῦντα ἡττηθῆναι· φθονούμενον δ' ἅπαξ ἐκχωρῆσαι τῆς στρατηγίας καὶ τοὺς αὐτίκα ληφθῆναι. [83] Οὗτος πρῶτος τὰ μηχανικὰ ταῖς μαθηματικαῖς προσχρησάμενος ἀρχαῖς μεθώδευσε καὶ πρῶτος κίνησιν ὀργανικὴν διαγράμματι γεωμετρικῷ προσήγαγε, διὰ τῆς τομῆς τοῦ ἡμικυλίνδρου δύο μέσας ἀνὰ λόγον λαβεῖν ζητῶν εἰς τὸν τοῦ κύβου διπλασιασμόν. κἀν γεωμετρίᾳ πρῶτος κύβον εὗρεν, ὥς φησι Πλάτων ἐν Πολιτείᾳ.

Archytas de Tarente, fils de Mnésagoras, ou d'Hestiée, suivant Aristoxène, était aussi pythagoricien. C'est lui qui, par une lettre écrite à Denys , sauva la vie à Platon, que le tyran avait résolu de faire périr. Éminent dans toutes les vertus, il avait excité à un tel point l'admiration universelle, que ses concitoyens lui conférèrent sept fois de suite le titre de général, contrairement à la loi qui défendait de remplir plus d'un an ces fonctions. Platon lui écrivit deux lettres, Archytas lui ayant le premier écrit en ces termes :

ARCHYTAS A PLATON, SANTE.

Je te félicite du rétablissement de la santé, dont j'ai été informé par ta lettre et par Damiscus. Je me suis occupé des mé¬moires; j'ai été en Lucanie où j'ai trouvé les descendants dOcellus ; j'ai maintenant en ma possession et je t'envoie les traités sur la Loi, la Royauté, la Piété et la Production de l'Univers. Quant aux autres, je n'ai pu jusqu'ici les trouver; si je les rencontre, je le les ferai tenir.

Telle est la lettre d'Archytas. Celle de Platon est ainsi conçue :

PLATON A ARCHYTAS, SALUT.

Je ne saurais l'exprimer avec quelle joie j'ai reçu les mémoires que tu m'as envoyés, et quelle estime j'ai conçue pour l'auteur. 11 m'a paru vraiment digne de ces antiques héros ses 185 ancêtres. On les dit originaires de Myra et du nombre des Troyens qu'amena avec lui Laomédon, homme généreux s'il en fut, ainsi que l'atteste l'histoire. Quant à mes écrits que tu me demandes, ils n'ont pas encore reçu la dernière main ; tels quels, je te les envoie; je ne le recommande pas d'en prendre soin, car sur ce point nous avons l'un et l'autre les mêmes principes. Porte-toi bien.

Voilà en quels termes ils s'écrivaient de part et d'autre. Il y a eu quatre Archytas : le premier est celui dont nous venons de parler ; le second est un musicien de Mitylène ; le troisième a écrit sur l'agriculture; le quatrième est un épigrammatiste. Quelques auteurs en comptent un cinquième, un architecte dont on a un ouvrage sur la mécanique, commençant par ces mots : « J'ai appris ceci de Teucer de Carthage. »

On rapporte du musicien le trait suivant : comme on lui reprochait de ne pas se faire écouter, il répondit : « Mon instrument parle pour moi. » Quant au pythagoricien, Aristoxène rapporte que, pendant tout le temps qu'il fut général, il ne fut jamais vaincu; mais que l'envie l'ayant forcé à abdiquer le commandement, les soldats se laissèrent aussitôt surprendre. Il est le premier qui ait appliqué les mathématiques à la mécanique ; le premier aussi il a donné une impulsion méthodique à la géométrie descriptive en cherchant sur des sections du demi-cylindre une moyenne proportionnelle qui permît de trouver le double d'un cube donné. Enfin il est le premier, au dire de Platon dans la République, qui ait donné la mesure géométrique du cube.