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table des matières de DIOGENE LAERCE

Diogène Laërce

 

 

LIVRE VI

 

MÉNÉDÈME

 

texte grec

 

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  Ménippe         LIVRE VII Zénon

 

LIVRE VI.

MÉNÉDÈME .

[102] Ménédème fut disciple de Colotes de Lampsaque. Hippobole dit que son goût pour les prodiges l'avait rendu si extravagant, que, sous la figure d'une furie, il se promenait, en criant qu'il était venu des enfers pour observer ceux qui faisaient mal, et pour en faire rapport aux démons à son retour dans ces lieux.

Voici dans quel équipage il se montrait en public : il se revêtait d'une robe de couleur foncée , laquelle lui descendait jusqu'aux talons et qu'il liait d'une ceinture rouge ; il se couvrait la tête d'un chapeau arcadien (01) , où étaient représentés les douze signes du zodiaque, et sa chaussure ressemblait au cothurne tragique. Il portait une longue barbe, et tenait à la main une baguette de bois de frêne.

[103] Voilà les Vies des philosophes cyniques, considérés chacun en particulier. Ajoutons quelque chose des sentiments qu'ils soutenaient en commun; car nous regardons leur philosophie comme formant une secte particulière , et non, ainsi que le prétendent quelques uns, un simple genre de vie. Un de leurs dogmes est donc de retrancher, à l'exemple d'Ariston de Chio, du nombre des connaissances nécessaires, tout ce qui regarde la logique et la physique, et de ne s'appliquer qu'à la morale, jusque là que ce que quelques uns attribuent à Socrate,

Dioclès le fait dire à Diogène. C'est-à-dire qu'il faut s'étudier à connaître ce qui se passe de bon et de mauvais en nous-mêmes. Ils rejettent aussi l'étude des humanités, et Antisthène dit que ceux qui sont parvenus à la sagesse ne s'appliquent point aux lettres, pour n'être point distraits par des choses étrangères. [104] Ils méprisent pareillement la géométrie, la musique et autres sciences semblables, puisque Diogène répondit à quelqu'un qui lui montrait un cadran, que c'était une invention fort utile pour ne pas passer le temps de dîner. Il dit aussi à un autre, qui lui faisait voir de la musique : qu'on gouverne des villes entières par de bonnes maximes, et qu'on ne parviendra jamais à bien conduire une seule maison par la musique.

Les philosophes cyniques établissent pour fin, de vivre selon la vertu, comme dit Antisthène dans Hercule; en quoi ils pensent comme les stoïciens. En effet, il y a de l'affinité entre ce, deux sectes ; de là vient qu'on a appelé la philosophie cynique « un chemin abrégé pour arriver à la vertu. »

Ainsi vécut aussi Zénon le Cittien. [105] Ils observent une grande simplicité de vie, ne prennent de nourriture qu'autant qu'elle est nécessaire, et ne se servent d'autre habillement que du manteau. Ils méprisent la richesse , la gloire et la noblesse. Plusieurs ne se nourrissent que d'herbes, et ils ne boivent absolument que de l'eau froide; ils n'ont de couvert que celui qu'ils rencontrent, ne fût-ce qu'un tonneau, à l'imitation de Diogène, qui disait que

« comme ce qui distingue principalement les dieux, c'est qu'ils n'ont besoin de rien ; de même celui-là leur ressemble le plus qui fait usage de moins de choses. »

Ils croient, comme dit Antisthène dans Hercule, que la vertu se peut apprendre, et que lorsqu'on l'a acquise, elle ne peut se perdre. Ils disent que le sage est digne d'être aimé, qu'il ne pèche point, qu'il est ami de celui qui lui ressemble, et qu'il ne se fie nullement à la fortune. Ils appellent indifférentes les choses qui sont entre le vice et la vertu ; en quoi ils suivent les sentiments d'Ariston de Chio.

Voilà pour ce qui regarde les philosophes cyniques. Venons à présent aux stoïciens, qui ont eu pour chef Zénon, disciple de Cratès.

(01) C'est-à-dire fort grand. Ménage.