page 256
oracles, pour établir deux choses : l'une, que les dieux voient
tout.; l'autre, qu'ils se complaisent dans les hommes pieux (00) :
J'étends de toutes parts mes rayons flamboyants,
Et le roc le plus dur cède à mes yeux perçants
Ils plongent au travers de la mer azurée,
Et les astres brillants au front du l'Empyrée
Reconnaissent ma loi quand, clans le ciel d'airain,
Ils roulent emportés par la loi du destin.
Jusqu'au fond du Tartare aux immensités sombres,
Mon empire s'étend sur les tribus des ombres.
Quand je vois un mortel au cœur juste et pieux,
Je l'aime comme j'aime et l'Olympe et les dieux.
Si toute âme, et surtout l'âme humaine, est de beaucoup
supérieure aux rochers, par son rapprochement et son affinité avec les dieux, il
est tout naturel qu'elle soit plus facilement et plus intimement pénétrée par
leurs regards. Vovez aussi la bienveillance du dieu, qui dit qu'il est aussi
touché de la vertu des hommes pieux que des splendeurs de l'Olympe. Ne
retirera-t-il pas nos âmes des ténèbres et du Tartare, si nous le servons avec
piété, lui qui connaît ceux qui sont détenus dans les abîmes de l'enfer? Cette
œuvre n'est point au-dessus de la puissance des dieux, et il promet aux mortels
religieux de les faire passer du Tartare à l'Olympe.
11. Cela étant, il convient surtout à ceux qui pratiquent la
piété, de s'approcher des dieux avec un profond respect. Ils ne doivent.dire,
ils ne doivent entendre rien d'indécent. Un prêtre doit se garder pur non
seulement de toute oeuvre honteuse, de tout acte inconvenant, mais de paroles et
de propos semblables. Bannissons loin de nous tous les jeux de mots qui alarment
la pudeur, tous les entretiens obscènes. Et, pour te dire franchement ma pensée,
un prêtre ne doit lire ni Archiloque ni Hipponax, ni aucun des auteurs qui ont
écrit, comme eux. Qu'il évite dans l'ancienne comédie tout ce qui porte ce même
caractère. Mieux vaut la philosophie toute seule; c'est elle qui nous convient :
j'entends celle qui émane des dieux mêmes et qui nous dicte leurs préceptes,
celle de Pythagore, de Platon, d'Aristote, de Chrysippe et de Zénon. Car il ne
faut pas s'attacher à tous les philosophes, ni suivre les dogmes de tous ; mais
chercher auprès d'eux ce qui peut nous conduire à la piété et nous apprendre ce
que nous devons savoir des dieux, d'abord qu'ils existent, que. leur providence
veille aux choses d'ici-bas,
l C'est Phébus qui parle.
(01) Écrit, suivant Tillemont, en
357. - II y eut deux Salluste du temps de Julien, l'un qui fut son ami intime et
que Julien empereur fit préfet des Gaules; l'autre, Salluste Second ou Secundus,
qui fut préfet d'Orient. C'est au premier que Julien adresse cette lettre, du
genre de celles que les Grecs appelaient προτεπτικαί.
(02) Voyez Odyssée, IV, 221. Le népenthès,
ou remède qui éloigne le deuil, était une sorte de narcotique égyptien qui, pris
dans le vin, éloignait le chagrin du cœur.
(03) Il y a une lacune dans le texte.
(04) Mardonius.
(05) Iliade, XI, 401.
(06)
Législateur et demi-dieu des Scythes, auquel on dit qu'ils sacrifiaient un
vieillard tous les ans. - Cf. Platon, Charmide, chap. V.
(07) Voyez Platon, Charmide, chap. III, vers la fin. La lecture de ce passage et de
celui que nous indiquons dans la note précédente éclairera le texte de Julien,
assez mal compris par ses traducteurs, notamment par Tourlet.
(08)
Odyssée, IX, 14.
(09)
Le grec a une autre expression proverbiale, φιληθεὶς ἴσῳ ζυγῷ, aimé d'un joug
égal. - L'amitié de Scipion et de Lélius est immortalisée par le traité de
Cicéron.
(10) On dirait que notre vieux Balzac connaissait cette insinuation envieuse quand
il écrivait, en parlant des fléaux de Dieu :
«
Dieu est le poète, et les hommes
ne sont que les acteurs : ces grandes pièces qui se jouent sur la terre ont été
composées dans le ciel.
»
(11) Travaux et Jours, v. 295. - Saint Basile fait allusion à ce passage d'Hésiode
dans son Disc. aux jeunes gens, à la fin du premier paragraphe.
(12) Sans doute Empédocle.
(13) Iliade, XV, 80. Traduction de Bignan.
(14) Formule homérique.
(15) Sur le démon de Socrate, voyez notre traduction de Xénophon, t. I, p. 2.
(16) Iliade, I, 55.
(17) On voit dans Plutarque, Vie de Périclès, 31 et 32, que le héraut
Anthémocrite, envoyé à Mégare par les Athéniens, y mourut,
«
et pensa lon que
les Mégariens l'eussent fait mourir. Parquoy Charinus incontinent proposa un
decret contre eulx : qu'ilz fussent declarez ennemis rnortelz des Atheniens à
jamais... et que si un Megarien mettait le pied seulement dedans le territoire
de l'Attique, qu'il fust puny de mort... Mais les Megariens nians fort et ferme
qu'ilz eussent esté cause de la mort de cestuy Anthemocritus, en rejettoyent la
cause sur Aspasia et sur Periclès... Ainsi il est bien malaisé de sçavoir dire,
à la vérité, la première origine et cause primitive de ceste guerre.
»
(18) Odyssée, V, 84.
(19) Je lis πόνων au lieu de φόνων .
(20) Roi de Naxos, le plus beau des Grecs, dit Homère
qui vinrent devant Troie.
(21) Odyssée, XIII, 332.
(22)
Allusion an passage suivant de Thucydide, I, chap. 118:.
« Les
Lacédémoniens
envoyèrent à Delphes demander au dieu s'ils auraient l'avantage dans la guerre
qu'ils méditaient d'entreprendre. On prétend que le dieu répondit que, en
combattant de toutes leurs forces, ils auraient la victoire, et qu'il leur
prêterait ses secours s'ils l'invoquaient, et même s'ils ne l'invoquaient pas.
»
- Cf. Horace, liv. II, ode XVIII, v. 40.
(23) Voyez Plutarque, Alexandre, 2 , à la fin
(24) Iliade, XXIV, 62 et 63.
(25) Iliade, VIII, 1 et passim.
(26) Odyssée, III, 1.
(27) Odyssée, XIX, 172.
(28) Odyssée, XXIV, 401.
|