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FRONTON

 

LETTRES

FRAGMENTS

DE LETTRES

DE M. C. FRONTO

A M. ANNIUS VERUS

Oeuvre numérisée et mise en page par Thierry Webr

 

 

M. C. FRONTINIS

EPISTULARUM

AD M. ANNIUM VERUM

FRAGMENTA.

FRAGMENTS

DE LETTRES

DE M. C. FRONTO

A M. ANNIUS VERUS

FRAGMENTUM I.

... Vestrae pro re nata occupationes... aliud... percontatum an videre me posset; postquam respondi posse, succidaneum sibi Tranquillum nostrum paravit. quem etiam caenae succidaneum paraverat. Mea parum refert, quis me de caris tibi amicis diligat, nisi quod prior ratio est ejus, qui minus est nostri fastidiosus. Ego.. dem... ver ... cerem. Nam is quoque ex tempore ego vidi. Inevenit autem me Tranquillus cum frigeret, etiam nunc vetantem, sed minus... belli... ago quanta Transquillli industriae, qui nisi sciret, quanto opere me diligeres, voluntarium hoc negotium sibi numquam expetisset.

FRAGMENT I

*** II demanda s'il pouvait me voir. Après que j'eus répondu qu'il le pouvait, il se substitua notre Tranquillus, qu'il s'était aussi substitué au souper. Peu m'importe lequel m'affectionne de tous ceux que tu chéris, si ce n'est que ma plus grande considération est pour celui qui est le moins dédaigneux de notre personne. *** Car il l'a vu sur-le-champ. Or, Tranquillus m'a trouvé, lorsqu'il se morfondait, défendant même alors, mais moins... J'admire l'adresse de Tranquillus, qui jamais, s'il n'eût su a quel point tu m'aimes, ne se serait chargé volontairement de cette affaire.
 

FRAGMENTUM II.

(INEDITUM IN CODICE VATICANO.)

... Sit, quod jubes, rectum fortasse, sed serum; neque enim omnia quae ratio postulat etiam aetas tolerat... An tu cycnum coges in ultima cantione cornicum voculas aemulari?...

... Ingenio discrepanti. Juberesne me niti contra naturam, adverso, quod aiunt flumine? Quid siquis postularet ut Phidias ludicra, aut Canachus Deum simulacra fingerent ? aut Calamis Turina, aut Polycletus Etrusca? Quid si Parrhasium versicolora pingere juberet, aut Apellen unicolora, aut Nealcen magnifica, aut Nician obscura, aut Dionysium inlustria, aut lascivia Euphranorem aut Pausiam (p)rae(l)ia ? In poetis autem quis ignorat, ut gracilis sit Lucilius, Albucius aridus, sublimis Lucretius, medicoris Pacubius, inaequalis Accius, Ennius multiformis? Historiam quoque scripsere Sallustius structe, Pictor incondite, Claudius lepide, Antias invenuste, Seisenna longinque ; verbis Cato multijugis, Coelius singulis. Contionatur autem Cato infeste, Gracchus turbulente, Tullius gloriose. Jam in judiciis saevit idem Cato, triumphat Cicero, tumultuantur Gracchus, Calvus rixatur.

Sed haec exempla fortasse contemnas? Quid? Philosophi ipsi nonne diverso genere orationis usi sunt? Xeno ad docendum planissimus, Socrates ad coarguendum captiosissimus, Diogenes ad exprobrandum promptissimus, Heraclitus obscurus involvere omnia, Pythagora mirificus: clandestinis signis sancire omnia, Clitomachus anceps in dubium vocare omnia. Quidnam igitur agerent isti ipsi sapientissimi viri, si de suo quisque more atque instituto deducerentur? Socrates ne coargueret, Zeno ne disceptaret, Diogenes ne increparet, nequid Pythagora sanciret, nequid Heraclitus absconderet, nequid Clitomachus ambigeret?

Sed ne in prima ista parte diutius quam epistulae modus postulat, commoremur, tempus est de verbis primum, quid censeas considerare. Dic sodes hoc mihi, utrum ne tametsi sine ullo labore ac studio meo verba mihi elegantiora ultro occurrerent, spernenda censes ac repudianda ? An cum labore quidem et studio investigare verba elegantia prohibes ; eadem vero, si ultro, si injussu atque invocatu meo venerint, ut Menelaum ad epulas, quidem recipi jubes? Nam istud quidem vetare, durum prosus atque inhumanum est : consimile ut si ab hospite, qui te falerno accipiat, quod rure ejus natum domi superfiat, cretense postules vel saguntinum, quod, malum ! foris quaerendum sibi atque mercandum sit. Quid...  Haud igitur indicarent ea, si ... Quid nostra memoria Euphrates, Dio, Timocrates, Athenodotus? quid horum magister Musonius? nonne summa facundia praediti, neque minus sapientiae, quam eloquentiae gloria incluti extiterunt? An tu... consulto verbis usum... ne pallium quidem sordibus obsitum candido et pure lauto praetulisset ? Nisi forte eum tu arbitrare claudum quoque consulto factum, et servum consulto natum. Quid igitur est? Tam facile ille...

FRAGMENT II

*** Soit ; ce que tu ordonnes est bien peut-être, mais tardif ; car tout ce que la raison demande, l'âge ne le comporte pas.... Contraindrais-tu le cygne à imiter, dans son dernier chant, la voix criarde de la corneille ? *** Me forcerais-tu, avec un génie étranger à mon genre, de lutter contre la nature, en remontant, comme on dit, le courant ? Que dirais-tu, si quelqu'un demandait que Phidias sculptât des grotesques, Canachus des statues des dieux, Calamis des Turins, Polycletus des Étrusques ? S'il voulait que Parrhasius peignît de diverses couleurs, Apellès d'une seule, Néalcès du magnifique, Nicias du sombre, Dionysius du brillant, Euphranor du licencieux, ou Pausias des batailles ? Mais, dans les poètes, qui ne sait combien Lucilius est maigre, Albucius aride, Lucretius sublime, Pacuvius médiocre, Accius inégal, Ennius varié ? Sallustius aussi écrit l'histoire avec symétrie, Pictor sans ordre, Claudius élégamment, Antias sans charme, Sisenna d'un style étrange, Cato avec fécondité, Coelius avec concision. Dans la harangue, Cato guerroie, Gracchus bouillonne, Tullius abonde. Dans les plaidoiries, le même Cato ne ménage rien, Cicero triomphe, Gracchus tempête, Calvus chicane.

Mais tu méprises peut-être ces exemples ! Eh bien ! les philosophes eux-mêmes n'ont-ils pas eu chacun leur manière ? Nul n'a plus de clarté que Zeno dans l'enseignement, plus de finesse que Socratès dans l'argumentation, plus de saillie que Diogenès dans le. Sarcasme ; Héraclitus enveloppe tout de son obscurité, Pythagoras est merveilleux pour sanctionner tout par des signes mystérieux ; Clitomachus, pour rendre toute chose incertaine et douteuse. Que feraient donc tous ces mêmes hommes, ces sages, si chacun d'eux était forcé de sortir de sa manière et du genre qui lui est propre, de façon que Socratès ne pût argumenter, Zéno discuter, Diogénès reprendre, Pythagoras rien sanctionner, Héraclitus rien cacher, et Clitomachus rien mettre en doute ?

Mais, pour ne pas nous arrêter sur cette première partie, plus que la mesure d'une lettre ne le comporte, il est temps de considérer d'abord quelle est ta pensée sur les mots. Dis-moi, si tu l'oses, si, dans le cas où, sans travail et sans étude de ma part, les mots les plus élégans se présentaient d'eux-mêmes à moi, tu es d'avis que je dusse les dédaigner et les rejeter ; et si, en défendant de rechercher, avec soin et peine, des termes élégants, tu veux en même temps que, si ces termes se sont offerts d'eux-mêmes sans mon ordre et mon invitation, ils soient accueillis comme Ménélaus au festin ? Vraiment, une pareille défense est tout-à-fait dure et inhumaine ; c'est exactement comme si un hôte te recevant avec du falerne, produit de son vignoble, et qui abonde chez lui, tu allais lui demander du Crétois ou du sagontin, qu'il lui faudrait, quelle misère ! aller chercher au dehors et acheter ! ***

Que diraient nos contemporains " Euphratès, Dio, Timocratès, Athénodotus ? que dirait Musonius, leur maître ? ces hommes n'étaient-ils pas doués du talent de la parole, et ne brillèrent-ils pas autant par la gloire de l'éloquence que par celle de la sagesse ? *** Epictetus eût-il préféré un manteau sale à un autre tout blanc et bien lavé ? A moins que tu ne croies qu'il s'était fait boiteux à dessein, et qu'il était né à dessein esclave.