Démophyle

DEMOPHYLE 

 

SENTENCES

 

Oeuvres numérisées par Marc Szwajcer

 

 

 

SENTENCES

DE

DÉMOPHYLE,

PYTHAGORICIEN.

 

 

I.

Ne laisse pas ta raison tomber dans la langueur : son sommeil est plus funeste que celui de la mort.

II.

Dieu ne peut éprouver la colère. Il punira, sans doute, les coupables qui refusent de le reconnaître ; il frappera l'impie, mais sans être irrité. Les hommes se fâchent parce qu'on résiste à leur volonté : mais rien peut-il se faire contre la volonté de Dieu ?

III.

Le sage honore la divinité, même par son silence : il lui plaît, non par ses paroles, mais par ses actions.

IV.

Je compare la vie aux cordes d'un instrument de musique qu'il faut tendre et relâcher pour qu'elles rendent un son plus agréable.

V.

Il est bien plus utile de s'entretenir avec soi-même qu'avec les autres.

VI.

Les hommes qui se vantent le plus ressemblent trop souvent à des armes dorées : le dehors semble précieux : ôtez la superficie, vous ne trouverez qu'un vil métal.

VII.

Il n'est de véritables biens que ceux de l'esprit. On peut les communiquer sans en rien perdre ; ils s'augmentent quand on les partage. Mais un si riche trésor ne se peut acquérir au sein de la paresse.

VIII.

Les paroles du sage ressemblent à ces baumes salutaires qui nous soulagent dans nos maux et nous réjouissent dans la santé.

IX.

Riez du mépris et des éloges de l'insensé : regardez sa vie entière comme un opprobre.

X.

Le sage se retire modestement de la vie comme d'un festin.

XI.

Les sacrifices des insensés ne sont que des aliments pour le feu ; et les offrandes qu'ils déposent dans les temples, que des appâts pour des voleurs sacrilèges.

XII.

La fausseté ne peut longtemps se soutenir : elle n'a qu'un instant pour tromper.

XIII.

L'ampleur excessive des vêtements embarrasse les mouvements du corps ; une trop grande fortune gêne ceux de l'âme.

XIV.

Bien plus cruellement tourmenté par la conscience de ses crimes que s'il était déchiré par les fouets des Furies, l'homme injuste porte son supplice dans son sein.

XV.

C'est au terme de la carrière qu'on reçoit le prix de la course : c'est vers la fin de la vie qu'on cueille la palme de la sagesse.

XVI.

Les peines que tu feras aux autres ne tarderont pas à retomber sur toi-même.

XVII.

La terre nous fait attendre une année entière ses présents : on recueille à chaque instant les doux fruits de l'amitié.

XVIII.

Lorsque le vent est favorable, le prudent nocher se précautionne contre la tempête : le sage, dans la prospérité, se ménage des ressources contre l'infortune.

XIX.

Ce n'est pas acquérir une science méprisable, que d'apprendre à supporter la sottise des ignorants.

XX.

Préfère l'étranger qui aime la justice à tes plus proches parents qui ne la respectent pas.

XXI.

Fais ce que tu sais être honnête, sans en attendre aucune gloire ; n'oublie pas que le vulgaire est un bien mauvais juge des bonnes actions.

XXII.

Le musicien sait accorder sa lyre ; et le sage, mettre son esprit d'accord avec tous les esprits.

XXIII.

Donne ta confiance aux actions des hommes, ne l'accorde pas à leurs discours : on ne voit que des gens qui vivent mal et parlent bien. «

XXIV.

Se livrer aux perfides insinuations du flatteur, c'est boire du poison dans une coupe d'or.

XXV.

L'hirondelle nous amène la belle saison ; et les paroles du sage, la tranquillité de l'âme.

XXVI.

Ne promets pas des merveilles, et fait de grandes choses.

XXVII.

C'est dans le sein de la tempérance que l'âme réunit toutes ses forces : c'est dans le calme des passions qu'elle est éclairée de la véritable lumière. L'insensibilité du tombeau ne vaut-elle pas mieux que l'inutilité d'un esprit offusqué par l'incontinence ?

XXVIII.

Le furieux tourne ses armes contre son propre sein : l'insensé ne fait usage de ses richesses que pour se nuire à lui-même.

XXIX

Appellerez-vous heureux celui qui fonde son bonheur sur ses enfants, sur ses amis, sur des choses fragiles et périssables ? En un moment, toute sa félicité peut s'évanouir. Ne connaissez d'autre appui que vous-même et la divinité.

XXX.

Il en est des jeunes gens comme des plantes : on connaît à leurs premiers fruits ce qu'on doit en attendre pour l'avenir,