Aristote : Problèmes

ARISTOTE

PROBLEMES.

SECTION DIXIÈME : EXPLICATION SOMMAIRE DE QUELQUES FAITS NATURELS

Traduction française : BARTHÉLEMY SAINT-HILAIRE.

 

 

 

LES PROBLÈMES D'ARISTOTE

SECTION DIXIÈME

EXPLICATION SOMMAIRE DE QUELQUES FAITS NATURELS

 

Β. ΟΣΑ ΠΕΡΙ ΙΔΡΩΤΑ.

 

 

 

 

 

SECTION DIXIÈME

EXPLICATION SOMMAIRE DE QUELQUES FAITS NATURELS

De la toux chez l'homme et les autres animaux ; saignements de nez; la graisse; la lèpre blanche ; le lait produit plus ou moins abondamment selon les espèces ; la boisson change la couleur des animaux ; les mâles sont plus grands que les femelles; gestation longue ou courte ; ressemblance des jeunes à leurs parents ; les yeux bleus ; les nains ; multiparité ; distance des yeux ; pollntions nocturnes ; mouvements de la tête ; éternuement ; épaisseur de la langue ; urination des femelles ; chute des poils ; laine des montons ; lascivité des gens velus ; nombre des pieds toujours pair; les cicatrices; les jumeaux ; le sommeil ; relations des jeunes et des parents ; méchanceté des animaux après la parturition ; les eunuques ; la voix dans l'homme et dans les animaux ; la pierre chez l'homme ; le rot ; animaux domestiques et sauvages ; ombilic de l'homme ; saillies des animaux; écartement des dents ; raies de la main ; difformités de l'espèce humaine ; effets de la fumée ; sociabilité des animaux ; parties du corps plus ou moins velues; explication de l'éternuement ; grosseur des animaux marins ; nourriture sèche et liquide ; la calvitie n'atteint pas les eunuques ; déjections des animaux ; complexion plus ou molns dure des animaux en rapport avec leur courage; des monstruosités ; cheveux de l'homme seuls à blanchir; naissance spontanée; dents, ongles et peau des Éthiopiens; animaux vivant sans tête.

§

1.

Pourquoi y a-t-il des animaux qui toussent, tandis que d'autres ne toussent pas, et qu'ainsi l'homme tousse tandis que le bœuf ne tousse pas ?

N'est-ce pas parce que, chez la plupart des animaux, l'excrétion se dirige en toute antre partie du corps, tandis que c'est à la gorge qu'elle se dirige chez l'homme ?

N'est-ce pas parce que l'homme a le cerveau le plus considérable et le plus humide, et que la tou\ n'est qu'un écoulement du phlegme?

2.

Pourquoi l'homme est-il le seul animal qui rende du sang par le nez ?

N'est-ce pas encore parce qu'il a le cerveau le plus considérable et le plus humide, et que c'est du cerveau que les veines, pleines de la sécrétion, font sortir le flux par les conduits? Car la partie morbide du sang est plus légère que le sang pur; or c'est là ce qu'est le sang qui se mêle aux secrétions de l'encéphale ; et c'en est comme la suppuration.

3.

Pourquoi y a-t-il des animaux qui ont de la graisse sous la chair, tandis que la graisse se mêle à la chair dans d'autres animaux, et que certains animaux présentent à la fois ces deux organisations ?

N'est-ce pas parce que, chez ceux qui ont beancoup de chair sous la peau, l'humeur s'accumule entre la peau et la chair ? Car c'est là que naturellement la peau se détache et se soulève; et cette humeur, soumise à la coction, devient de la graisse. Mais les animaux qui ont la chair moins épaisse et la peau prédominante, deviennent gras dans leur chair. Ceux qui ont les deux dispositions engraissent aussi dans les deux sens.

4.

Pourquoi les enfants et les femmes sont-ils moins exposés que les hommes à avoir des dartres (lèpre blanche), et parmi les femmes pourquoi sont ce les vieilles qui y sont le plus sujettes?

N'est-ce pas parce que la dartre est la sortie du souffle? Or les corps des enfants ne sont pas très perméables au souffle, et ils sont épais. Les corps des femmes le sont moins que ceux des hommes, parce que, chez elles, la sécrétion se tourne en menstrues; leur peau lisse atteste bien l'épaisseur de leur chair. Au contraire, les corps des vieillards et des femmes âgées est aisément perméable au souffle ; car ainsi que de vieilles constructions, l'ensemble de tontes leurs parties est disloqué.

5.

Pourquoi l'homme est-il le seul entre les animaux à avoir des dartres (lèpre blanche) ?

N'est-ce pas parce que c'est l'homme qui, entre tous les animaux, a la peau la plus mince et la plus perméable à l'air? La preuve, c'est que la lèpre blanche se manifeste, surtont et d'abord, dans les parties du corps qui ont la peau la plus légère. N'est-ce pas aussi, ontre cette cause, parce que l'homme est le seul animal qui blanchisse ? Dans la lèpre blanche, les cheveux deviennent blancs; et, par conséquent, il est impossible que les animaux qui ne blanchissent pas aient cette lèpre.

6.

Pourquoi les chèvres et les brebis produisent-elles le plus de lait, sans avoir cependant le corps très gros, tandis que la femme et la vache ont moins do lait proportionnellement à leur dimension ?

N'est-ce pas parce que le lait est employé à grossir le corps, tandis que, dans les autres animaux, il tourne en sécrétion et en résidu? Dans les brebis et les chèvres, tout ce qui se produit de résidu se convertit entièrement en lait. N'est-ce pas aussi parce que ces animaux font bien plus de petits que les grands, et qu'ils ont plus de résidu, ayant plus de petits à nourrir ? Ou bien n'est-ce pas encore parce que, vu leur faiblesse de corps, les brebis et les chèvres produisent plus de sécrétion quand elles sont pleines ? Or le lait ne vient que de résidu.

7.

Pourquoi certains animaux, en changeant leur boisson, changent-ils aussi de couleur et ressemblent-ils alors aux animaux du pays, comme il arrive aux chèvres, tandis que d'au tres animaux ne changent point, par exemple les hommes ? Ou d'une manière générale, pourquoi les uns changent-ils, tandis que les autres ne changent pas, témoin le corbeau, qui ne change jamais ?

N'est-ce pas parce que ce sont ceux dont la nature ne domine pas l'humide, qui ne changent pas, comme les oiseaux, qui aussi n'ont pas de vessie? Et pourquoi ne sont-ce pas les animaux mêmes qui changent, mais les petits qu'ils produisent ? N'est-ce pas parce que les jeunes sont plus faibles que ne le sont leurs parents ?

8.

Pourquoi les mâles sont-ils ordinairement plus grands que les femelles?

N'est-ce pas parce qu'ils ont plus de chaleur, et que c'est la chaleur qui détermine la croissance? N'est-ce pas aussi parce que les mâles sont complètement formés, tandis que les femelles ne le sont qu'en partie ? N'est-ce pas encore parce que les mâles mettent beaucoup de temps à se former entièrement, et que les femelles en mettent peu ?

9.

Pourquoi certains animaux ont-ils une gestation très courte, tandis que d'autres en ont une très longue ?

N'est-ce pas parce que les animaux qui vivent le plus longtemps se forment et s'achèvent plus lentement? Mais ceux qui ont une longue vie ont aussi une longue gestation. Ce ne sont pas cependant ceux qui ont la gestation la plus longue. Ainsi, le cheval a une gestation bien plus longue que l'homme, et pourtant il vit moins. La cause de ce phénomène, c'est la dureté des matrices ; car de même que la terre, quand elle est sèche, est moins féconde, de même la matrice de la jument agit dans le même sens.

10.

Pourquoi les petits de tous les animaux leur ressemblent-ils tant, pour tontes leu rs dispositions naturelies, tandis que, pour l'espèce humaine, les enfants ressemblent moins à leurs parents?

N'est-ce pas parce que l'homme, au moment du rapprochement sexuel, a l'âme agitée de bien des manières? Car, selon les dispositions du père et de la mère, les enfants varient beaucoup. Au contraire, les autres animaux, pour la plupart, ne songent qu'à l'acte lui-même. Il fant ajonter que les animaux ne sont pas remplis et transportés continuellement de ce désir.

11.

Pourquoi les hommes et les chevaux qui sont blancs ont-ils le plus souvent les yeux bleus ?




N'est-ce pas parce que les yeux, pouvant avoir trois couleurs, couleur noire, couleur de bonc et couleur bleue, la couleur de l'œil suit la couleur du corps ? Or cette couleur est le bleu.

12.

Pourquoi y a-t-il des nains ? Ou d'une manière plus générale, pourquoi y a-t-il des animaux qui sont très grands et d'autres très petits ?



Voici comment on peut répondre : II y a pour ceci deux causes, d'abord le lieu, puis la nourriture. Le lieu rend les animaux petits, s'il est fort étroit; et la nourriture, si elle est peu abondante. C'estainsi qu'en prenant les animaux aussitôt qu'ils sont nés, on cherche à les rapetisser ; comme, par exemple, ces très petits chiens qu'on élève dans des cages à cailles. Les animaux sur lesquels c'est le lieu qui agit en ce sens, deviennent des pygmées. Us ont bien la longueur et la largeur en proportion avec la grandeur de leurs parents. Mais ils sont tout petits; et cela tient à l'étroi- tesse du lieu qui les renferme, et qui force leurs lignes droites à se replier et à devenir courbes. De même que les chiens qui sont peints sur des enseignes de bontiques, tout en étant assez petits, semblent avoir une largeur et une épaisseur ordinaires, de même les pygmées ont une apparence analogue. Mais quand c'est par défant de nourriture que les animaux ne se développent pas, ils ont des membres d'enfants, qui sont tout à fait petits, quoiqu'ils soient

aussi considérables. — On peut mais le développement régulier

répondre. Ou, « se rendre ne peut se produire. — Les

compte «deces changements».— chiens qui sont peints... La

Le lieu, comme les cages dont comparaison n'est pas frap-

il est question plus bas. — punte. — De même les pvgmccs.

Des pygmées. Qui sont aussi des II faudrait avoir vu les peintures

nains, qu'ont produits la volonté des enseignes pour juger jusqu'à

et le caprice de l'Iiomme. — quel point le rapprochement

En proportion. Sous entendu : peut être exact. — Par défaut

« Réduite ». — Leurs lignes de nourriture. C:est la seconde

droites. En d'autres termes, cause indiquée plus hant. —

« les membres ». — A devenir D'enfants. Cette expression spc-

courbes. C'est peut-être exagéré; cialc à la race humaine doit

les lignes ne se courbent pas ; s'appliquer également aux petits

bien proportionnés, comme les petits chiens de Malte. La cause en est que la nature n'agit pas sur eux comme le lieu peut agir.

13.

Pourquoi y a-t-il des animaux qui peuvent provenir les uns des antres, tandis que d'autres animaux ne peuvent provenir que de combinaisons semblables à celle que leur génération a pu d'abord présenter?

Est-ce qu'il est vrai, comme les naturalistes le prétendent, que l'origine première des animaux soit venue des changements et des bouleversements énormes du monde et de l'univers tout entier; et que,

des animaux. — Les petits chiens dc Malte. Ontre l'île bien connue de ce nom, il y avait une autre ile nommée de même par les Anciens, sur les eûtes ,1e l'Illy- rie. D'après Callimaque, cité par Pline, Histoire naturelle, III, 30, 3, édit.et trad. Littré, p. 180, c'est de I» que venaient ces petits chiens. Il faudrait alors nommer cette antre île Méliln, pour la distinguer de Malte.

§ 13. Provenir les uns des antres... leur génération a pu d'abord présenter. Septali trouve avec raison qu'il n'y a pas de question plus difficile que celle- ci ; au lieu de commenter le texte d'Aristote, il passe en revue les diverses théories sur l'origine des êtres animés ; et il donne sa théorie personnelle sur cet obscur sujet, qui est de nos jours encore l'occasion de

tant de controverses. Septali ;i le mérite de ne pas croire aussi aveuglément qu'on le faisait de son temps à la génération spontanée, sortant de la pntréfaction. Il attribue cette génération à la chaleur solaire, et même à l'intervention de Dieu. — Les naturalistes. Il est à regretter que l'auteur ne désigne pas nommément les naturalistes dont il vent parler. — Est venue des changements et des bouleversements énormes. C'est encore l'opinion des évolntionnistes de notre temps ; et l'on voit que cette théorie, qui fait aujourd'hui tant de bruit, est fort ancienne. Il est vrai que nous en savons davantage, par suite des observations accumulées ; mais le fond du mystère n'en reste pas moins impénétrable ; il le sera toujours. Mais l'An-
quand il faut que les animaux naissent de nouveau, des mouvements analogues sont de nouveau nécessaires ' Le point de départ est ce qu'il y a de plus important dans toute œuvre, puisque c'en est la moitié; et que c'est le germe qui est ici le point de départ. Ainsi, pour les animalcules et pour les animaux qui ne naissent pas les uns des antres, c'est la petitesse du germe qui fait qu'ils naissent de la même facon qu'ils sont nés à l'origine. Quand l'animal est plus petit, son principe est plus petit aussi. Les changements sont alors suffisants pour que son germe soit produit; et c'est en effet de cette manière que les choses se passent; car les animaux se produisent surtout parces changements. Seulement, le changement est plus grand pour un grand animal.

14.

Pourquoi certains animaux ont-ils beaucoup de petits, comme le cochon, le chien, le lièvre, tandis

tiquité s'en était préoccupée comme nous. Il était peu probable en clTet que ce problème échappât à l'intelligence grecque. — Le point de départ. Ici, c'est l'origine des êtres et du monde. — C'est la petitesse du germe. C'est cette extrême petitesse qui a empêché les Anciens, dépourvus des instruments indispensables, de voir les choses comme nous les voyons, et qui les a poussés à la théorie de la génération spon- tanée. Mais cette petitesse n'explique pas du tout l'origine,

comme l'auteur semble le croire. — Son germe soit produit. Il est absolument démontré par la science contemporaine que tout étre animé a des parents auxquels il ressemble ; la vie vient toujours de la vie ; et selon la profonde formule d Aristote, c'est l'homme qui engeudre l'homme. — Par ces changements. Cette indication est lelle- ment vague qu'elle ne peut pas servir à faire comprendre la pensée réelle de l'auteur.

§ 14. Certains animaux ont- ils beancoup de petits. Aristote

que d'autres n'en ont pas de si nombreux, par exemple, l'homme, le lion?

N'est-ce pas parce que ceux-là ont beaucoup de matrices avec des formes en même nombre, et qu'ils désirent l'accouplement qui remplit les matrices où se répartit la semence, tandis que c'est le contraire chez les autres ?

15.

Pourquoi l'homme est-il, de tous les animaux, celui qui, proportion gardée, a le moins de distance entre les yeux ?

N'est-ce pas parce que c'est l'homme qui, de tous les animaux, est le plus conforme à la nature ? Or la

n traité cette question, appliquée à plusieurs espèces particulières, dans l'Histoire des Animaux, passim ; et la question générale, dans le Traité de la Génération des animaux, livre IV, ch. 4. — Ceux-là ont beancoup de matrices. C'est une erreur manifeste ; et l'exemple bien compris de la multiparité elans l'espèce lui mai n ceta il s ufli sam ment clair. — Avec des formes en me me nombre. C'est supposer qu'il y a autant de matrices que de petits ; il n'eu est rien. — C'est le contraire. C'est-à-dire qu'il n'y a qu'une seule matrice. Pour réfnter cette singulière théorie, il n'y avait qu'à se rappeler que le nombre des petits est variable ; le nombre des matrices le serait donc aussi.

§ 15. L'homme... a le moins dc distance entre les yeux. La question est curieuse ; et il ne semble pas que, depuis Aris- tote, personne l'ait agitée de nouveau. Le fait n'est peut-être pas fort exact ; et pour s'eu assurer, il faudrait multiplier les mensurations précises sur l'homme et sur une foule d'animaux. L'Antiquité n'était pas assez avancée pour les faire, quelque faciles qu'elles fussent; et la science moderne ne paraît pas y avoir songé. — l.e pins conforme à la nature. Cette assertion est bien vague ; mais elle atteste que les Anciens se formaient de la nature de l'homme une hante idée ; et qu'ils le regardaicnt comme un rtre privilégié. Mais quelle était

sensation, selon les lois naturelles, doit avoir lieu en avant; et il faut voir devant soi l'objet vers lequel le mouvement nous porte. Plus la distance entre les yeux est grande, plus les regards se portent de côté. Ainsi, pour être conforme à la nature, il fant que l'intervalle soit le plus petit possible; car à cette condition, on se dirigera le plus sûrement en avant. Comme les autres animaux n'ont pas de mains, il fant nécessairement qu'ils regardent de côté. Aussi, leurs yeux sont-ils à une distance plus grande; et c'est ce qu'on peut remarquer surtont sur le bétail, parce que ces animaux spécialement marchent en baissant la tête.

16.

Pourquoi, parmi les animaux, les uns n'ont-ils jamais de pollntions nocturnes? Pourquoi les autres n'en ont-ils que très rarement ?

N'est-ce parce qu'aucun animal ne se conche sur

cette nature dont l'homme est la plus fidèle image? — Doit avoir lien en avant. L'observation est vraie pour tous les sens, mais surtont pour la vue.— Plus les regards se portent de côté. Il y a des animaux, comme le bison, sur lesquels cette organisation est très sensible ; ce qni ne vent pas dire absolument que ces animaux aussi ne voient pas directement devant eux. — Pour ttre conforme à la nature. Même remarque que plus hant. Quelle est précisément cette nature :' — /.es autres artlmaux n'ont pas de mains. Voir l'admirable discussion d'Aristute

contre Anaxagore sur l'usage des mnins ; Traité des Parties des animaux, livre IV, ch. 10, JJS 14 et suiv. ; et aussi livre II, ch. 4, § 9. — En baissant la tête. C'est déjà le même sen- timent qui plus tard inspirera à Ovide les beaux vers que l'on sait. La muse latine était l'écho de la sagesse grecque.

$ 16. De pollutions nocturnes. Il n'est pas directement question de l'homme dans ce problème ; mais cependant c'est à lui que pense l'auteur, dans la comparaison qu'il fait entre les divers animaux. — Ancun animal ne se conche sur le dos. L'explica-

le dos, et qu'il n'y a de pollntion que quand on se conche ainsi ? Mais n'est-ce pas encore parce que les autres animaux ne rêvent pas, comme l'homme, et que la pollntion ne se produit jamais sans l'influence de l'imagination ?

17.

Pourquoi certains animaux peuvent-ils mouvoir le tète, tandis que d'autres ne le peuvent pas ?

N'est-ce pas parce que certains animaux n'ont pas de cou, et que, par suite, il est bien impossible à ces animaux-là de mouvoir leur tête ?

18.

Pourquoi l'homme est-il, de tous les animaux, celui qui éternuc le plus?

N'est-ce pas parce que l'homme a de larges canaux dans lesquels circulent l'air et l'odeur? Quand ces

tion est exacte, eu se bornant à ce simple fait; mais l'homme peut avoir des pollntions nocturnes., sans être conché sur le dos, bicu que cette position dans le sommeil soit la cause la plus fréquente de ces accidents. — II n'y a de pollutions. C'est exagéré. — Les autres animaux ne révent pas. Les animaux rêvent aussi ; mais on ne saurait dire si c'est sous les mêmes influences que l'homme. — Ne se produit jamais. C'est trop dire, et il peut arriver souvent que la pollntion se produise

sans être accompagnée d'ancun rêve.

§ 17. Certains animaux n'ont pas de cou. Sur les fonctions du cou chez les diverses espèces, voir l'Histoire des animaux, livre H, ch. 1, § 2, et surtont le Traité des Parties des animaux, livre IV, chapitres 10 et 11.

§ 18. L'homme... éternue le plus. La même question est reproduite plus loin, § 54, et résolueautrement. On la retrouve encore section XXXIII, $ 10: et elle est résolue dans ce passage comme dans celui-ci. —

canaux se remplissent d'air, l'homme étcrnue. Ce ipii prouve l)ien la largeur de ces canaux, c'est que l'homme est l'animal qui a le moins d'odorat. Plus les'canaux sont étroits, plus la perception est vive. Si donc l'humidité, qui, en se vaporisant, produit l'éternuement, entre en plus grande quantité et plus souvent dans de larges canaux, et si les hommes ont plus que les autres animaux des canaux ainsi faits, il est tout simple qu'ils éternuent davantage. Ou bien, n'est-ce pas parce que le nez n'a presque pas de longueur, de telle sorte que l'humide, qui s'y échauffe, peut vite y devenir de l'air? Dans les autres animaux, l'humide se refroidit avant l'éternuement, à cause de la longueur de l'organe.

19. Pourquoi chez ancun animal la langue n'est-elle

grasse ?

Quand ces canaux se remplissent d'air. Ce ne peut pas être là la cause de l'éteruuement, puisque l'air circule constamment dans ces canaux pour la respiration. Voir Ueclard, Traité elémentaire de physiologie humaine, 6e édition, p. 357. — Qui a le moins d'odorat. Le fait n'est rien moins que certain. S il est vrai que quelques animaux ont l'odorat beancoup plus devéloppé que l'homme, il en est d'autres aussi cbe^ qui ce sens l'est bien moins que chez lui. —Plus la perception est riVe. 11 est bien donteux que ce soit lu la vraie

cause des différences. — L'humidité, qui. en se vaporisant. La physiologie actuelle n'admet pas cette explication. — Le nez n'a presque pas de longueur. Ceci encore est inexact; et la plupart des animaux ont le nez plus court que l'homme. Du reste, l'éternuement est un phénomène assez délicat, qui u'a peut-être jamais été assez étudié.

S 19. La langue n'est-elle grasse ? Aristote s'est beancoup occupé de l'organisation de la langue dans toute la série animale ; voir l'Histoire des animaux, livres II, IV, V, ete. et pas-
N'est-ce pas parce que tout ce qui est gras est épais, et que la langue doit, par sa nature, être peu dense, afin de percevoir les saveurs?

20.

Pourquoi les femelles s'accroupissent-elles pour uriner, tandis que les mâles ne le font pas ?

N'est-ce pas parce que la vessie des femelles est plus reculée, plus profonde et plus large ? Chez elles, la matrice est placée entre le siège et la vessie, de telle sorte qu'il y a besoin de plus de force pour expulser le liquide, à cause de la position écartée de la matrice. L'urine sort avec force, chassée par l'air.

21.

Pourquoi tous les animaux qui ne volent pas perdent-ils leurs poils en hiver, sauf le cochon ? Ainsi, le chien et le bœuf perdent leurs poils.

sim ; ct le Traité des Parties des Animaux, livre II, ch. 16 et 17. — Peu dense. II aurait fallu dire qu'elle est spongieuse ; car le fait est de toute évidence.

S20. S'accroupissent-ellespour uriner. L'observation est exacte; et quelle que soit la valeur de l'explication ici donnée, la ques- tiou vant au moins la peine qu'on la pose. — l.a vessie des femelles... La physiologie mo- derue n'accepte pas peut-être cette explication ; mais il est certain que c'est dans l'organisation anatomique qu'il fant chercher la cause de cette dili'é- rence. — Chassée par l'air. Ceci

n'est pas exact ; 1 action de l'air n'entre pour rien dans le phénomène, et ce n est pas l'air qui détermine les contractions de la vessie nécessaires à l'urination. Voir Béclard, Traité élémentaire de physiologie humaine, p. 512. 6eédit. Bien des physiologistes ont omis de signaler cette différence entre les deux sexes.

§21. Tous les animaux. C'est exagéré ; et tous les animaux «qui ne volent pas» ne sont point dans ce cas. — Sauf If cochon. peut-être faudrait-il plutôt dire : « la truie » à cause de ce qui suit : La chaleur qui

N'est-ce pas parce que le cochon a beancoup de chaleur, et que les poils naissent de la chaleur dans cet animal ? C'est la graisse qui produit cet effet. Che/ les autres animaux, les poils tombent, soit parce que l'humide se refroidit, soit parce que la chaleur qui leur est propre ne suffit pas à la coction de la nourriture. Ou bien encore, n'est-ce pas parce que l'humidité qui est dans la truie ne souffre aucun changement ? La nourriture subissant alors une coction complète, l'animal ne perd pas ses poils; et quand il y a quelque cause qui amène la perte des poils, la graisse suffit pour l'empêcher. Le bétail et l'homme ne subissent pas cette perte, parce que leur poil est bien fourni et épais. Le froid ne pénètre pas assez profondément pour coaguler l'humidité et empêcher la chaleur de faire la coction.

22. Pourquoi les poils des montons deviennent-ils plus

est dans la truie. —Le chien, moins au cochon. — Le bétail.

Les chiens à poils ras ne sem- On peut-ctre : « les montons ».

blent pas perdre leurs poils eu — Leur poil est bien fourni.

hiver. — Le cochon a beancoup Ceci s'applique à la race ovine ;

de chalcur. 11 s'agit bien ici du mais ne s'applique pas à la race

cochon, puisque l'article en grec humaine. On peut donc croire

est au masculin ; plus bas, un que ces mots : « Et 1 homme »,

pronom démonstratif sera mis sont une interpolation, ou une

au féminin, et s'adressera à la. erreur de copiste.— Le froid ne

truie. Ces divergences ne sont pénètre pas assez profondément.

pas 1res importantes; mais il Ceci n'est vrai que des montons,

convient de ne pas les omettre. § 22. Les poils. Aristotc a fait

— Qui est dans la truie. Ici le une très intéressante étude du

pronom est, dans l'original, mis pelage des animaux eu général,

au féminin ; mais ce qui est dit Traité de la Génération des Aui-

dc la truie ne s'applique pas maux, livre V, en. 3, 4 et 5. —

doux à mesure qu'on les coupe, tandis que ceux de l'homme deviennent plus durs ?

N'est-ce pas parce que les poils des montons sont superftciels? On peut les arracher sans faire de mal à la bête, parce que le principe de leur nntrition, qui est dans la chair, reste sans subir ancune altération. Alors, les résidus de sécrétions s'exhalent pluscomplè- tetnent, parce que les pores sont ouverts ; et la laine continue à prendre la nourriture propre de la chair. Or la chair ne se nourrit que de matières molles et douces. Au contraire, les poils chez l'homme viennent du fond, et on ne les arrache qu'avec une certaine force et quelque douleur. La preuve, c'est qu'on fait ainsi jaillir le sang. Le lieu avant été une fois blessé, il s'y fait même des cicatrices. A la fin, les poils repoussent après qu'on les a arrachés; mais en repoussant, ils sont durs, parce qu'il leur manque toute la partie nntritive de la chair, et qu'ils ne viennent plus que des résidus. Ce qui le prouve bien,

Deviennent-ils plus doux. Le fait n'est peut-être pas exact pour les montons. — Ceux de l'homme deviennent plus durs. C'est sans doute ce qui fait qu'on hésite toujours à couper les cheveux des jeunes filles. — Sont superficiels. C'est-à-dire qu ils ne sont pas enfoncés dans la peau autant qu'ils le sout chez d'autres espèces. — Les résidus de sécrctions. Il n'y a qu'un mot dans l'original.— La nourriture propre de la chair. La chair a la nourriture commune de tout le corps, qui est le sang ; il n'y a de

différences que celle qui résulte de la diversité des fonctions organiques.— Viennent du fond. Les poils comme les cheveux ont un bulbe, qu'on ne peut arracher qu'avec un certain effort et avec quelque douleur. — Jaillir le sang. C'est exagéré. — Des cicatrices. S'il se forme des cicatrices, elles sont presque imperceptibles. — Que des résidus. Il n'est pas probable que ce soit la vraie cause de la rudesse des poils. — Ce qui le prouve bien... Cette preuve prétendue n'est pas assez directe. —De tous les

c'est que les cheveux de tous les peuples méridionaux sont durs, parce que la chaleur du dehors, pénétrant profondément, fait évaporer la nourriture, qui est bien cuite. Au contraire, les cheveux des peuples du Nord sont très doux. En eux, le sanj; est plus à la surface, ainsi (pte les humeurs douces ; et voilà comment ils ont un beau teint.

23.

Pourquoi la laine des montons devient-elle d'autant plus rude qu'elle grandit davantage, et qu'au contraire, les cheveux de l'homme deviennent plus doux ?

N'est-ce pas parce que la laine des montons, ayant la nourriture, qu'on vient de dire, loin du principe, est moins nourrie ; et que leur nourriture, étant mal cuite par la chaleur, sort aisément de leurs corps, et s'évapore ? En se desséchant, les poils durcissent,

peuples méridionaux....... des

peuples du nord. Le contraste est très réel ; et la chevelure des nègres le démontrc suflisam- ment. — fis ont un beau teint. Probablement l'auteur fait allusion ù la blancheur du teint des peuples du Nord, comparativement au teint de plus eu plus foncé de ceux du Miiti.

§ 23. D'antant plus rude qu'elle grandit davantage. Ce n'est peut-être pas que la laine devienne plus rude ; mais étant plus longue, elle se salit davantage, et l'ordure la rend plus raide. — Deviennent plus doux.

Ce n'est pas non plus que les cheveux eux-mêmes deviennent plus doux ; mais étant plus longs, ils ollreut moins de résistance et sont plus flexibles. Ils sont d ailleurs en général plus soignés que les poils de la bête. — Q'on vient de dire. Dans le <i precédent. —Loin du principe. Ceci est bien vague ; et sans doute l'auteur vent dire que la laine est d'antant plus mal nourrie que le poil, en grandissant, s'éloigne davantage de la peau qui en est le principe. — Mal cuite. Il y a des manuscrits qui disent le contraire : « bien

tandis que c'est l'humide qui est mou. Les cheveux de l'homme sont plus courts ; mais ils sont plus près du principe. La coction s'y fait mieux, parce qu'ils sont plus courts ; et la nourriture bien digérée rend le cheveu plus doux. En effet, tout ce qui est bien cuit est plus tendre que les matières mal cuites. Le poil de l'homme vient d'une plus grande sécrétion et de plus de résidu que celui du monton. Ce qui le prouve bien, c'est que la laine des jeunes montons est plus douce que celle des vieux.

24.

Pourquoi les hommes velus et les oiseaux sont-ils lascifs ?

N'est-ce pas parce qu'ils sont d'une nature chaude et humide ? Or, il fant ces deux conditions pour l'accouplement. La chaleur en effet sécrète, et l'humidité est sécrétée. C'est là aussi ce qui fait que les boiteux sont lascifs. Chez eux, la nourriture ne se dirige

cuite ». Septali adopte cette der- Cette preuve prétendue n'a rien

nière leçon. J'ai préféré l'autre, de péremptoire.

qui s'accorde mieux avec le con- § 24. Les hommes velus et les

texte, et que donne l'édition oiseaux. Voir plus hant la même

Firmin-Didot. — Qui est mou. question, résolue d'une manière

II vaudrait mieux dire : « Qui un peu différente, section IV,

fait la mollesse ». — Plus près § 32.— Les oiseaux. Il y eu a en

du principe. C'est-à-dire, dela effet qui sont très lascifs, comme

peau et du bulbe, qui est leur les passereaux ; mais il y a

origine. — Plus tendre que les beancoup d'espèces volatiles qui

matières mal cuites. On ne doit ne le sont pas ; et, en général,

pas attacher à ces théories, trop les oiseaux de proie. — D'une

insuffisantes par leur généralité, nature chaude et humide. C est

plus d'importance qu'il ne con- là une théorie habituelle ù Aris-

vient. — Ce qui le prouve bien. tote. — Les boiteux sont lascifs.

T. i. 18
en bas qu'en faible quantité, à cause de l'infirmité de leurs jambes. Klle se dirige abondamment dans la partie supérieure, et elle s'y convertit en sperme.

25.

Pourquoi l'homme n'a-t-il pas de crinière ?

N'est-ce pas parce qu'il a de la barbe, et que la nourriture de cette excrétion, se retirant du cou, s'en va vers les mâchoires ?

26.

Pourquoi tous les animaux ont-tls des pteds en nombre pair ?

N'est-ce pas parce qu'il est impossible de se mouvoir, s'il n'y a pas quelque point fixe et droit, à moins qu'on ne sante ? Mais, comme il fant de toute nécessité pour la marche que le mouvement ait lieu par deux points, c'est-à-dire, mouvement et station, cela

La même assertion se retrouve question, § 30. Voir aussi le

déjà plns hant, «.lue. cit. ; et la Traité spécial dela Marche des

raison qu'on eu a donnée dif- animaux, ch. I, § 3. Le fait

fère de celle qui est donnée d'ailleurs est constant; et les

dans le présent S : maiselle n'en pieds, dans les espèces qui eu

est pas meilleure. sont pourvues, sont toujours

§25. N'a-t-il pas de crinière. en nombre pair.—Fixe et droit.

La question a quelque chose de II n'y a qu'un seul mot dans le

bizarre, et on pourrait la faire gree. Ici Droit peut se confondre

pour tous les animaux qui, avec Perpendiculaire. Le point

comme la race humaine, n'ont fixe est le point d'appui. — A

pas de crinière. La réponse est moins qu'on ne saute. Mais si

d'ailleurs assez ingénieuse, sans l'on sante avec l'appui d'un seul

être très justifiée. La barbe ne membre, on sante moins bien.

joue pas le rôle de crinière. — Que le mouvement ait lieu

§ 26. Des pieds en nombre par deux points. Cette condition

pair. Voir plus loin la même est indispensable ; et la dé-

fait bien deux choses, c'est-à-dire déjà un nombre pair. Les animaux quadrupèdes ont plus de deux points d'appui. Mais ils en meuvent deux, tandis que (leux autres membres restent en place. D'autres animaux ont six pieds. Mais, au fond, il n'y a toujours que deux points : l'un qui se meut et l'autre qui reste tout droit.

27.

Pourquoi, chez les chevaux et les ânes, les cicatrices se recouvrent-elles de poils, tandis qu'elles ne s'en recouvrent pas chez l'homme ?

N'est-ce pas parce que, chez les autres animaux, la peau fait partie de la chair, tandis que chez l'homme c'est comme une affection de la peau ? Chez les ani-

inonstration en a été faite complètement dans le Traité de la Marche des animaux, passim.— Les animaux quadrupèdes. On pourrait tirer des quadrupèdes une objection à la théorie qui vient d'être exposée ; mais l'auteur remarque tri'S justement que les quadrupèdes meuvent leurs quatre membres deux pai deux. et qu'ainsi chez eux le principe reste absolument le même. — d'autres animaux ont six pieds. Ces animaux ne font pas plus exception que les quadrupèdes ; des six pieds, Irois restent en place tandis que les trois autres se meuvent. Le principe général ne change pas. — Tout droit. Ou pourrait traduire aussi : Immobile, au lieu de Droit.

S 27. Les cicatrices se recouvrent-elles de poils. Voir la même question un peu plus bas § 29, et plus hant, section IX, § 13. La différence entre l'espèce chevaline et l'espèce humaine n'est peut-être pas aussi marquée que l'auteur le suppose ; mais cette observation n'en est pas moins la preuve d'une grande et attentive curiosité d'esprit. — I-'ait partie de la chair... une affection de la peau. Cette opposition ne semble pas très réelle ; et la seute différence c'est que, chez les animaux que l'auteur désigne ici, le cuir est beancoup plus épais qu'il ne pourrait l'être chez l'homme. On peut traduire aussi : « une modification », au lieu de « une nllection ». Septali

maux, la surface en se refroidissant devient plus solide, comme, sur les bouillies qu'on fait cuire, se forment ces croûtes appelées graillons. De même que ces croûtes ne sont que de la farine cuite, de même ce qu'on appelle la peau de l'homme pourrait bien n'être que de la chair. Sous une blessure ou sous une forte pression, la chair de l'homme tend à se durcir. La chair qui est à la surface venant à changer, les blessures n'y sont plus de la même nature que si la peau restait telle qu'elle est au moment de la naissance. Comme la peau vient à changer, il n'y a pas à s'étonner que ce qu'elle produit change également, ainsi qu'il arrive dans les affections qu'on appelle des alopécies, qui ne sont au fond que des maladies et des altérations de la surface de la chair. Chez les bêtes de somme, qu'on fatigue ontre mesure et qu'on guérit ensuite, les parties du corps qui avaient souffert se remplissent de nouveau et se réparent. Ce sont bien les mêmes; mais elles sont plus faibles

propose, d'après la tradnction de Gaza, de lire « partie du corps », au lieu de « partie de la chair ». Cette variante parait préférable. — Devient plus solide. C'est-à-dire qu'elle passe à l'état de cuir. — Sur les bouillies. Le texte dit simplement. « Sur les farines ». — Graillons. Je ne sais pas si ce terme est bien exact, dans notre langue. — Que de la chair. Ceci n'est n'est pas exact ; l'épidemie et le derme ne peuvent pas être confondus avec la chair propre- mont dite. — La chair de

l'homme tend à se durcir. Le fait est exact ; et les cors ne sont pas antre chose qu'un durcissement de la pean, sous une pression et un frottement réitérés. — Au moment de la naissance. On, d'une manière plus générale : « à l'origine ». — Qu'on appelle des alopécies. L'alopécie est une maladie qui fait tomber les cheveux. D'après ce qui est dit ici, l'alopécie ne tient qu'à une maladie de la peau de la tète. — Et qu'on guérit ensuite. Eu les laissant reposer, ou en soignant leurs plaies. ——

qu'au débnt. Comme la peau en fait partie, les poils peuvent se reproduire et pousser, puisque c'est de la peau qu'ils poussent. Mais ils repoussent blancs, parce que la peau est plus faible que celle du débnt, et que le poil blanc est le plus faible des poils.

28.

Pourquoi, chez les autres animaux, les jumeaux, mâle et femelle, peuvent-ils vivre, et pourquoi ne le peuvent-ils pas chez l'homme?

N'est-ce pas parce que les jumeaux sont extrêmement faibles? Car l'homme est nnipare; et dans les jumeaux, c'est chose contre nature qu'il y ait un mâle et une femelle.

29.

Pourquoi, chez les chevaux et les ânes, les poils repoussent-ils sur les cicatrices, tandis que chez les hommes ils ne repoussent pas ?

Se remplissent de nouveau et se réparent. Il n'y a qu'un seul mot daus le gree. — Ils repoussent blanes. Cette observation n'est peut-être pas très exacte. — Le plus faible. L'expression est bien vague.

§ 28. Les jumeaux mâle et

femelle Aristote dit encore

la même chose, Traité de la Génération des animaux, livre IV, ch. 6, § 9. — Ne le peuvent- ils pas chez l'homme. Le fait n'est pas absolument exact, et

l'on pourrait citer bien des cas où les jumeaux, garçon et fille, ont vécu. —Les jumeaux. Ceux de l'homme, eu particulier. — Cnipare. Dans la pluralité des cas; les jumeaux humains sont une exception. — C'est chose contre nature. C'est trop dire ; mais il est vrai que le cas des jumeaux, deux ou plus, est extraordinaire, sans être contre nature.

§ 29. Les poils repoussent-ils. Voir plus hant, § 27 ; et aussi,

N'est-ce pas l'épaisseur de la cicatrice qui empêche qu'ils ne repoussent ? Ou bien n'est-ce pas parce qu'elle nuit à la nutrition ? Chez les hommes, l'empêchement est complet, à cause de la faiblesse de leur poil ; chez les chevaux, elle n'empêche pas la nutrition ; mais elle la vicie.

30.

Pourquoi les pieds des animaux sont-ils en nombre pair ?

N'est-ce pas parce que, dans tout corps qui se meut, il fant qu'il y ait un point en repos? Ce ne serait pas possible si les pieds étaient en nombre impair ; car le mouvement ne se fait qu'à la condition que les pieds soient opposés.

31.

Pourquoi les animaux donnent-ils moins de temps au sommeil qu'à la veille, sans que d'ailleurs ce soit continu ?

N'est-ce pas parce que la superfluité tout entière

section IX, S 13. — L'epaisseur de la cicatrice. Cette cause peut ètrc très réelle ; et la peau devient toujours plus épaisse antour de la cicatrice, à cause de la congestion sanguine que la plaie a déterminée. — Elle nuit à la nntrition. Sous-entendu « des poils ». — Elle la vicie. En faisant que les poils qui repoussent sont blanes, comme il est dit plus hant, § 27. §30. Sont-ils en nombre pair.

Voir plus hant, Ji 26, la méme question, résolue de même. Il fant deux points uécessairemeut pour la locomotion ; un de ces points est eu mouvement, et l'autre est immobile, en tant que point d appui.

§ 31. Moins de temp^ au sommeil qu'à la veille. Le fait est exact, et l'on peut dire qu'en général le sommeil est d'un tiers et la veille de deux tiers ; huit heures d'un côté sur vingt-
ne subit pas la coction en même temps? Lorsque la coction est faite, l'animal, qui est allégé, s'éveille ; et l'animal s'éveille, à plusieurs reprises, dans tontes les espèces où le lieu dans lequel serait le résidu est froid. L'animal s'arrête vite de dormir et souvent ; or la cessation, c'est le réveil. Le sommeil est naturellement un plaisir, parce que ce semble être un repos. Mais même alors, la cessation des fonctions naturelles ne peut être de longue durée; et par exemple, bien que manger soit plus agréable que de ne pas manger, on ne mange pas pendant plus de temps qu'on ne

reste sans manger.

32.

Pourquoi y a-t-il des animaux qui suivent sur-le- champ leurs parents, et que d'autres ne les suivent

quatre, et seize heures, de l'autre côté. — l.a coction. D'une manière générale, la coc- tiou exprime la digestion arrivée à son terme, et fournissant les éléments nécessaires aux fonctions des organes. La supcr- fiuité doit s'entendre du résidu qui n'est pas absorbé par ces fonctions, et de la partie du bol alimentaire qui doit être rejetée. — S'éveille. Il semble que le réveil a lieu quand la réparation nerveuse est accomplie tout entière, dans létat de

santé. — Lc lieu est froid.

On Refroidi, après la coctiou qui suppose une sorte de combustion antérieure. — S'arrête vile et sotn-ent. Ce détail ne

répond pas à la réalité des choses. — Des fonctions naturelles. C'est la veille, et l'activité

qui la remplit. — Manger

ne pas manger. L'exemple est bien choisi et fort clair ; seulement le temps de 1 alimentation est beancoup plus court que celui du sommeil. Voir le traité spécial d'Aristote sur le Sommeil et la Veille, dans les Parva naturalia ; voir surtont le chapitre 3, sur les conditions physiologiques du sommeil.

§32. Qui suivent sur-le-champ leurs parents. L'expression n'est peut-être pas assez claire ; elle se comprend cependant ; et le contexte prouve qu'il s'agit ici du mouvement matériel qui est

qu'assez tard, comme l'homme, tandis que d'autres ne les suivent qu'à peine, ou même pas du tont?

N'est-ce pas parce que les uns perdent très vite la connaissance de leurs parents, que d'autres ne l'acquièrent que tard, que d'autres encore ne sentent pas ce qui leur est bon, tandis que d'autres le sentent ? Ainsi donc, tous les animaux qui remplissent cette double condition, je veux dire qui ont le sentiment de ce qui leur est bon et qui ont acquis tout le développement de leur corps, suivent leurs parents. Ceux qui ne remplissent pas ces deux conditions ne les suivent pas ; car il fant à la fois pouvoir se suffire et ne rien sentir.

33.

Pourquoi la lèpre blanche ne se produit-elle pas chez les autres animaux ?

accordé à quelques auimaux dès l'instant de leur naissance, et qui est refusé à d'autres, tels que l'homme. — Ou même pas du tont. Comme le poussin, qui au sortir de la coquille est en état de trouver sur-le-champ sa nourriture, et qui peut se passer de la conduite de la poule qui l'a produit. — La connaissance de leurs parents. C'est la première condition pour les suivre. — De ce qui leur est hon. L'expression du texte grec n'est pas plus précise ; on pourrait traduire aussi : « De ce qui leur sert ». — Et qui ont acquis tout le développement de leur corps.

C est la seconde condition. Si le petit qui vient de naître est en état de se mouvoir complètement, il cherche lui seul sa nourriture, sans la demander à sa mère, comme il arrive dans l'espèce humaine. — Pouvoir se suffire et ne rien sentir. Ce passage est exprimé avec trop de concision ; mais le contexte le fait bien comprendre.

S 33. La lèpre blanche. Voir plus hant la même question, si 5. Plus hant, la solntion est donnée à peu près dans les mêmes termes qu'ici. peut-être, par la Lcncé ou lèpre blanche fant-il entendre simplement les dar-

N'est-ce pas parce que, pour les autres animaux, c'est une maladie, tandis que, chez les hommes, la peau et les poils ne deviennent pas blancs ? Mais on peut néanmoins se demander pourquoi la variation de couleur ne vient pas plus tard, mais se produit aussitôt après la naissance. ;N'est-ce pas aussi parce que la peau des autres animaux est dure, tandis que la peau de l'homme est la plus mince de tontes? La lèpre blanche est une excrétion de l'air intérieur, qui, dans les autres animaux, ne peut sortir à cause de l'épaisseur de la peau.

34. Pourquoi, dans la lèpre blanche, les poils devien-

tres, ainsi que je lai déjà fait, ou l'affection qui produit les albinos — Pour les autres animaux. C est la leçon de tous les manuscrits et des éditions ordinaires. Septali remarque que Gaza semble avoir eu sous les yeux un texte différent et meilleur. Alors il faudrait traduire: « Pour les hommes, c'est une maladie, tandis que chez les animaux la peau et les poils ne deviennent pas blanes. » Je n'ai pas fait ce changement dans ma tradnction, tout en reconnaissant que le texte ainsi rédigé est beancoup plus satisfaisant. — Ne vient pas plus tard. Il fant évidemment sous-entendre: « chez les hommes », pour que les pensées concordent. — Aussitôt après la naissance. Eu clfet, on ne devient pas albinos ;

mais on l'est en naissant ; et cette affection subsiste durant la vie ntérine. — La peau de l'homme est la plus mince. Le fait n'est pas exact d'une manière générale, mais seulement en comparaison avec certains animaux. — Intérieur. J'ai ajonté ce mot, pour rendre la pensée plus claire. — Ne peut sortir. J'ai admis ici la variante, d'ailleurs peu importante, que donnent plusieurs éditions, et que signale déjà Septali.

§ 34. Dans la lèpre blanche. Ou, « dans l'affection dartreuse ». Voir, plus hant, le § précédent et § 5. peut-être s'agit-il toujours des albinos. Quand on naît avec cette affection particulière, les cheveux sont blanes; et cependant plus tard, ou ne devient pas albinos par cela

nent-ils blancs? Et pourquoi, les poils devenant blancs, n'a-t-on pas toujours cette lèpre ?

N'est-ce pas parce que les poils naissent de la peau, et que la blancheur est comme une pourriture des poils ? Lors donc que la peau est malade, il fant aussi que le poil qui en sort soit malade comme elle; et au contraire, quand le poil est malade, il n'y a pas nécessité que la peau soit comme lui.

35.

Pourquoi tels animaux sont-ils méchants après la parturition, comme la chienne et la truie, tandis que d'autres n'en donnent aucun signe apparent, comme la femme et la brebis ?

N'est-ce pas parce que les animaux qui ont beaucoup de résidus excrétoires, deviennent doux en laissant sortir, avec la parturition, les matières qui les gênent? Au contraire, les animaux auxquels est enlevé ce qui leur donne la santé s'exaspèrent et deviennent méchants. Ainsi, pour les poules, ce n'est pas quand elles pondent, mais quand elles couvent, qu'elles

seul que les cheveux blanchissent. Il semble qu'ainsi entendn, ce passage est bien plus compréhensible. — Les poils naissent de la iieau. Les poils sont plutôt sous la peau ; mais ils ont une origine à part, dans le bulbe qui les nourrit. — Unr pourriture des poils. Le mot grec n'est pas moins fort que ma tradnction.

§ 35. — Après la parturition. Le fait est exact tel que l'auteur

le présente ; mais l'explication n'est pas aussi acceptable ; et les différences entre les animaux tiennent à d'autres causes encore que celles que l'auteur signale. — Comme la femme et la hrelns. Il est évident que la comparaison est fausse ; et la situation de la femme n'a ancun rapport à celle de la brebis. — Beancoup de résidus excrétoires. La physiologie moderne

sont méchantes. C'est donc la sécheresse du corps qui excite la colère des animaux, à cause de l'état où elle les met. Les poules mêmes qui pondent et couvent deviennent méchantes, parce qu'elles cessent

alors de manger.

36.

Pourquoi les eunuques se rapprochent-ils en tout le reste du sexe féminin ? Ainsi, leur voix devient celle de la femme, et ils en prennent le son aigu et les fausses articulations. Ils changent d'état aussi complètement que, dans les autres espèces, les animaux que l'on coupe. Ainsi, les taureaux et les béliers poussent les cornes en sens contraire de celles qu'ont leurs femelles, dans un sens opposé. D'ailleurs, ces animaux, coupés, ont les uns les cornes plus grandes, tandis que d'autres les ont plus petites que les femelles. I1 n'y a que par la grandeur du corps

ne saurait accepter cette théorie. que de son temps les eunuques

— l.a secheresse du corps. Ou dussent être fort rares en Grèce,

peut-être encore: « la maigreur ». — En tout le reste. Sauf les

peut-être aussi l'auteur vent-il organes du sexe. — Le son aigu

rappeler ce qu'il vient de dire, et les fausses articulations. Je

sur les animaux qui perdent les fais rapporter ces détails à la

éléments de leur santé. — Elles voix seule ; mais il y a des

cessent alors de manger. Cette tradncteurs qui ont cru qu'il

raison est bien peu probable. s'agissait des articulations du

§ 36. Les eunuques... Voir corps entier. — En sens con-

l'Histoire des animaux, livre IX, traire. Cette expression est bien

ch. 37, et le Traité de la Gêné- vague ; et je n'ai pas dû la

ration des animaux, livre V, préciser davantage. — La gran-

ch. 3, § 11, et ch. 6. § 11 et deur du corps. Le mot grec

passim. Aristote a observé très n'est pas plus déterminé; et

exactement les effets de la daus la suite du contexte, le

mntilation sur l'homme, bien mot de Grandeur semble s'a-
que les eunuques se rapprochent du sexe mâle en passant au sexe féminin ; car ils deviennent plus grands. Cette qualité est propre au mâle, puisqu'en général les femelles sont plus petites que les mâles.

Mais ce développement même de l'eunuque n'est- il pas encore étranger au sexe mâle et n'est-il-pas plutôt du sexe femelle? Car ce n'est pas une grandeur en tous sens qu'acquiert l'eunuque, mais c'est seulement en largeur. Le mâle, au contraire, grandit en largeur et en hanteur; et c'est à ces deux conditions que son organisation est complète. De plus, le rapport de la femelle au mâle est aussi, dans le sexe féminin lui-même, le rapport de la jeune vierge à la femme ; car l'une est alors complètement formée, tandis que l'autre ne l'est pas encore. L'eunuque change donc pour prendre la forme des femmes mariées; car c'est en largeur que se fait leur accroissement. Aussi, Homère a-t-il eu bien raison de dire :

dresser, tantôt à la hanteur du réellement une assez grande corps, et tantôt à sa largeur. — différence de formes- entre la Plus grands. Il parait que ceci jeune vierge et la femme mariée ; concerne la taille en hanteur, mais cette différence n'est pas puisqu'en effet les mâtes sont comparable à celle que présente généralement plus grands que l'eunuque avec le mâle qui n'a les femelles. — De l'eunuque. pas subi de mntilation. Ce qui J'ai ajonté ces mots pour plus est vrai, c'est que l'acte sexuel de clarté. — En largeur... en a toujours une influence consi- hautcnr. L'opposition est ici dérable sur les formes du corps, plus marquée ; et selon ce texte, et que là où cette fonction est l'eunuque grossirait sans grao- troublée, l'aspect total du corps dir. Le mâle complètement doit s'en ressentir. — Complète- forme se développe dans les ment formée. L'expression grec- deux scus, quand il n'a pas été que est moins précise. — La mntilé. — l,c rapport de la forme des femmes mariées, jeune vierge à la femme. Il y a Même remarque. — Homère.

« La chaste Diane lui donna la largeur », comme pouvant lui donner à cause de sa virginité ce qu'elle- même possédait. L'eunuque ne se rapproche donc pas du mâle en hanteur ; car il ne peut pas, en changeant, atteindre une forme complète;aussi, les eunuques ne font-ils qu'augmenter leur largeur pour toute croissance.

37.

Pourquoi les eunuques n'ont-ils jamais de varices, ou pourquoi en ont-ils moins ?

N'est-ce pas parce que, par la castration, ils changent leur nature en celle des êtres qui sont sans semence ? Or tels sont l'enfant et la femme, qui ni l'un ni l'autre n'ont de varices; ou, du moins, la femme n'en a-t-elle que bien rarement.

38. Pourquoi est-ce l'homme qui a le plus de variétés

SepUli se plaint de n'avoir pas trouve cet hémistiche dans Homère. La citation cependant est exacte; et on peut lire ce passage dans l'Odyssée, chant XX, v. 71. —Augmenter leur largeur. Ce sens n'est pas très sûr, à cause de l'indécision même du texte.

§ 37. Les eunuques n'ont-ils jamais de varices. La physiologie moderne ne parait pas s'être occupée de ce détail, qui cependant est assez curieux. — Des ftres quî sont sans semence. Ce rapprochement ne doit pas

être pousse trop loin, puisque d'une part c est un état tout naturel, et d'antre part un état contre nature. — La femme n'en a-t-elle qne bien rarement. Cette réserve est indispensable ; car les femmes ont aussi des varices. L'école Hippocratique avait remarqué également que les varices ne se produisent pas avant la puberté ; voir Hippocrate, Lit- tré, tome V, p. 701. Voir aussi Aristote, Histoire des animaux, livre III, ch. 14, § 8.

§ 38. Le plus de variétés de sons. L'expression grecque n'est

de sons dans la voix ?Les autres animaux n'ont qu'un seule genre de voix, quand ils sont semblables en espèce. L'homme n'a bien aussi qu'une voix ; mais il parle une foule de langues.

39.

Pourquoi la voix même est-elle si variée chez l'homme, tandis qu'elle ne l'est pas chez les autres animaux ?

N'est-ce pas parce que les hommes articulent beancoup de lettres, et que, parmi les animaux, il en est qui n'en articulent pas une seule, et que d'autres n'articulent que deux ou trois consonnes ? Or, ce sont les consonnes qui, avec les voyelles, font le langage humain. Le langage ne consiste pas uniquement dans l'émission de la voix ; mais il consiste dans les modulations ijue la voix peut prendre pour exprimer la

pas aussi précise. — Un seul genre de voix. Ce qui n'empêche pas encore une grande variété de timbres. — Quand ils sont semblables en espèce. Cette restriction est évidente. Ainsi, le chien aboie ; le cheval hennit ; le lion rugit, ete. — Mais il parle une foule de langues. C'est le sens le plus probable du mot gree, qui pourrait signifier aussi les articulations diverses dans un seul et même langage, et dans un même individu.

S 39. Chez l'homme. J'ai ajonte ces mots, qui ressortant du contexte, et qui semblent indispensables pour marquer la différence de l'homme aux animaux. —

Beancoup de lettres. C'était vrai pour la langue grecque aussi bien que pour les nôtres, les alphabets se ressemblant beaucoup de part et d antre.— Parmi les animaux. C'est peut-être pousser trop loin les choses que de distinguer des lettres dans le cri des animaux ; mais cet excès même de précision atteste une observation très attentive. — Les consonnes qui avec les vo- relles... Aristotea tonché ce sujet dans l'Histoire des animaux, livre IV, ch. 9, §§2,15,16 et 17. Il a bien vu que la parole est le privilège de l'homme, et qu'elle met un abîme entre l'homme et l'animal. — Pour exprimer la

douleur ou la joie. Or, ce sont les lettres qui forment les modulations de la voix. Les enfants et les animaux sont dans la même impuissance de manifester leur pensée; car les enfants non plus ne sont pas encore en état de prononcer les lettres.

40.

Pourquoi l'homme est-il de tous les animaux le seul qui bégaie ?

N'est-ce pas parce qu'il est aussi le seul qui soit muet, et que le bégaiement est un mntisme ? Mais cela tient aussi à ce que l'organe de la voix n'est pas complètement formé. N'est-ce pas encore parce que l'homme a surtont un langage, tandis que les antres

douleur ou la joie. Ce sens n'est pas sûr, parce que l'expression grecque est très insuffisante. Septali, qui a cette phrase équivoque dans son texte, ne l'a pas donnée dans sa tradnction. Il serait possible aussi que l'an- teur eût voulu dire que la douleur et la joie peuvent se manifester antrement que par la voix, et qu'un simple mouvement de quelque partie du corps y suffit. Eu adoptant la correction de Sylburge et de Cekker. ou pourrait traduire encore : « Sans que l'on ait à exprimer la douleur ou la joie ». Mais quelque parti que l'on prenne, la pensée reste obscure. — Qui forment les modulations de la voix. C'est vrai; mais la voix peut avoir bien d'autres modulations que celles-

là. — Dans la même impuissance. C'est exact ; l'enfant acquiert peu à peu cette faculté, tandis que l'animal ne l'a jamais.

§ 40. Le seul qui bégaie. Voir la même question plus loin, section XI, Ji§ 55 et 60. Cette section est consacrée tout entière à l'étude de la voix. — Le seul qui soit muet. Ce n'est peut-être pas tout à fait exact ; il y a aussi des animaux qui ne peuvent émettre de son. On cite particulièrement des chiens, qui n'aboient pas. — Le bégaiement est un mntisme. C'est trop dire. — L'organe de la voix. L'original est moins précis. — Formé. Le mot grec signifie proprement : Rempli. — Un langage. Le même mot grec signifie tout à la fois

animaux n'ont que la voix ? D'ailleurs le bégaiement ne s'applique pas à un mot unique ; mais il tient à ce que le son ne sort pas d'une manière continue.

41.

Pourquoi l'homme est-il plus que tout antre animal exposé à être bancal à sa naissance ?

N'est-ce pas parce que les jambes des autres animaux sont très fortes, comme chez les quadrupèdes et les oiseaux, qui les ont osseuses et nerveuses? L'homme, au contraire, a des jambes charnues. A cause de cette mollesse, le mouvement les fait bien vite dévier. Ou bien n'est-ce pas parce que l'homme a seul, parmi les animaux, des époques diverses de naissance, sept, huit ou dix mois? Les antres, au contraire, n'ont toujours pour leur développement com- pletqu'unseul et unique temps, qui n'est jamais outre-

Langage et Raison. —A un mot ment non moins fortes. — Ner- unique. Ici encore, l'expression vcuses. Ce mot daus l'Antiquité grecque est insuffisante ; elle est ne signifie pas seulement les trop vague pour que je sois nerfs proprements dits ; mais il assuré de l'avoir bien rendue. signifie tout aussi bien lesmus- — Le son ne sort pas d'une ma- cles, qu'on ne distinguait point uière continue. On voit bien ce alors. — Des jambes charnues. que l'auteur a voulu dire; mais Cette observation est très vraie, il pouvait ètre plus clair. — Le mouvement. Il aurait fallu § 41. Bancal. On pourrait tra- dire de quel mouvement on enduire encore : Boiteux ; mais le tend parler. La suite semble mot de Bancal représente mieux prouver qu'il s'agit surtont du l'état où se trouvent bien des mouvement intra-ntérin. — Des enfants à leur naissance, ou peu époques diverses de naissance. de temps après. Les explica- Voir l'Histoire des animaux. tions que donne l'auteur sont livre VII. ch. 4, § 7, sur les di- très plausibles. — Très fortes. vers intervalles auxquels l'hom- C'est exact; mais les jambes de me peut naître. — Qui n'est l'homme sont proportionnelle- jamais ontrepassé. Cette asser-
passé ; chez l'homme, au contraire, le temps qui est employé à la durée de la gestation peut être fort long. De telle sorte que, dans leur mouvement, les extrémités des membres qui sont mous se blessent plus souvent, patre que le fœtus reste plus de temps à naître.

42.

Pourquoi les eunuques ont-ils les cuisses exposées aux ulcères et aux plaies purulentes ?

N'est-ce pas aussi parce que les femmes sont exposées à ces accidents, et que les eunuques se rapprochent de la femme? Mais si les femmes y sont sujettes, c'est que, chez elles, la chaleur se dirige en bas, comme l'attestent leurs menstrues. C'est là aussi ce qui fait que les eunuques et les femmes ne deviennent pas velus, parce que leur constitntion est essentiellement humide.

tion est un peu trop générale. — peut être fort long. Ce n'est pas trop dire, puisque la dillé- rence peut être de deux mois, et même de trois.

S 42. Les cuisses exposées aux ulcères. I1 fallait observer de très près le tempérament des eunuques pour s'assurer de ce fait; et ces observations ne devaient être, ni faciles, ni fréquentes, du temps d'Aristote.— Les femmes sont exposées à ces accidents. On ne voit pas que sous ce rapport les femmes

soient plus exposées que les hommes. — La chaleur se dirige en bas. Chez les hommes aussi.

— Comme l'attestent leurs menstrues. Ce n'est pas une preuve.

— Ne deviennent pas velus. Dans sa tradnction, Seutali dit Chauves, au lieu de Velus ; mais son texte est le même que le texte vulgaire. — Leur constitntion est essentiellement humide. C'est là une raison peu solide, pour expliquer la fréquence supposée des ulcères aux jambes chez les femmes.

43.

Pourquoi l'homme est-il le seul des animaux qui ait la pierre ?

N'est-ce pas parce que, chez les bêtes de somme et chez les animaux à plusieurs doigts, les canaux de la vessie sont fort larges ? Quant aux animaux qui ne sont pas vivipares du premter coup et qui le deviennent plus tard en eux-mêmes, comme quelques poissons, il n'y en a pas un qui ait une vessie. C'est dans leur ventre que s'accumule le dépôt du liquide, comme on le voit chez quelques oiseaux; et ce dépôt sort vite par le fondement. L'homme, au contraire, a une vessie, et le canal en est étroit relativement à sa longueur. L'homme ayant cette organisation, la partie terreuse s'amasse dans la vessie ; et ce terreux colore souvent les vases où repose l'urine. Klle y est recuite par la chaleur du lieu, et elle s'y épaissit de plus en

S 43. Le seul des animaux qui des animaux, livre VI, ch. 11.—

ait la pierre. Le fait n'est peut- Le dépôl du liquidf Le texte

être pas aussi genéral que l'an- n'est pas aussi précis ; mais le

teur semble le croire ; mais le sens ue peut être donteux.— l.e

fait étant admis, il était assez canal C'est le canal de 1 urèthre,

cuiieux d'eu rechercher la cause. et peut-être aussi l'uretère. —

— A plusieurs doigts. Comme la L'homme ayant cette organisa- plupart des quadrupèdes, en tion. La maladie de In pierre opposition aux solipèdes, qui résulte de la nature des ali- sont désignés ici sous le nom de mcnts et du régime, bien plus Bêtes de somme. — Les canaux que de l'orgauisation naturelle. de la vessie sont fort larges. Ou —Colore souvent les vases. Cette ne pouvait connaître ce détail observation est fort exacte ; et que par l'auatomie, dont Aris- c'est l'urée qui s'attache alors tote a fait le plus fécond usage. aux vases où repose l'urine. —

— Connue quelques paissons. Ce Elle y est recuite... Il uy a pas sont les cétacés ; voir l'Histoire à s'arrêter plus qu il ue con-

plus. Elle y séjourne et s'y accumule par1'étroitesse de l'uretère. Il en résulte que les matières terreuses, ne pouvant pas sortir facilement, se condensent les unes sur les autres ; ce qui constitue la pierre.

44.

Pourquoi les bêtes de somme ne rotent-elles pas, non plus que les bœufs, les bêtes à cornes, et les oiseaux ?

N'est-ce pas à cause de la sécheresse de leur ventre? Car en eux le liquide est vite absorbé, et il circule. Lorsque le liquide y séjourne et qu'il se vaporise, c'est ce qui produit l'éructation. Quant aux animaux à crinière, la longueur de leur cou fait que l'air se dirige en bas; et c'est là surtont ce qui produit en eux des vents bruyants. Les oiseaux et les bêtes à

vient à ces explications physiologiques. — Se condensant les unes sur les autres. Cette description est exacte ; et c'est bien par dépôts snccessifs que se forment les calculs de la vessie. Voir Béclard, Traité élémentaire de physiologie humaine, 6e édition, p. 528. Les substances dont se forment les calculs urinaires sont très nombreuses ; et elles varient beaucoup.

§ 44. Ne rotent-elles pas. Je dois employer ce mot, quoiqu'il soit bas, et que l'Académie française en proscrive l'usage. Ce substantif peut être remplacé par le mot scientifique d'Érnctation ; mais le verbe est indis

pensable, à moins qu'on ne crée le mot d'Érncter. L'érnctation est une émission par la bonche de gaz venus de l'estomae. — La sécheresse de leur ventre. Cette explication n'est pas très juste ; car il ne semble pas que les animaux dont il est question ici, aient une nature particulièrement sèche. — C'est ce qui produit l'érnctation. Le liquide absorbe par l'animal ne peut pas être la cause unique de ce phénomène. — Quant aux animaux à crinière. C'est surtont à la race équine que ceci s applique. — La longueur de leur cou. La longueur du cou n'est pour rien dans la prodnction des vents. — Des vents

cornes ne sont, ni dans l'un, ni dans l'autre cas. Les ruminants n'ont pas non plus d'érnctations, parce qu'ils ont plusieurs estomacs, et ce qu'on appelle la résille. Il en résulte que l'air a une foule d'issues, soit par en hant, soit par en bas ; et le liquide disparaît en un instant, avant qu'il ne se vaporise, et qu'il ne produise on l'éructation ou levent bruyant.

45.

Pourquoi tous les animaux qui sont domestiques et doux se trouvent-ils aussi à l'état sauvage, tandis que les animaux sauvages ne s'apprivoisent jamais ? On a vu, par exemple, quelquefois des hommes sauvages, ainsi que des chiens sauvages dans les Indes, et des chevaux sauvages dans d'autres contrées. Mais les lions, les léopards, les vipères, et bien d'autres animaux, ne s'adoucissent jamais.

N'est-ce pas parce qu'il est plus facile d'être mauvais dès le débnt, et plus facile aussi de changer en

bruyants. Le fait est exact, si l'explication ne l'est pas. — Xi dans l'un, ni dans l'autre cas. C'est-à-dire, la sécheresse du ventre et la longueur du cou ; ou plutôt, la vaporisation du liquide, et la direction de l'air vers le bas. — Les ruminants... Voir une belle étude sur les estomacs des ruminants, dans l'Histoire des animaux, liv. II, ch. 12, § 9 et suiv. — Le liquide disparaît en un instant. Cette théorie est la suite logique de celles qui précèdent. Le liquide disparaît, ou est absorbé.

S 45. Domestiques et doux... à l'état sauvage. L'observation est exacte, et le fait vant la peine d'être étudié. L'explica- liou qu'en donne l'auteur est trop générale, et ne tonche pas d'assez près à la question ; mais il serait difficile, même à la science contemporaine, d être satisfaisante sur un tel sujet ; on doit se borner à constater le fait, sans en comprendre la cause. — Hommes... chiens... chevaux... Les exemples sont bien choisis. — Mauvais dis le débnt. Ceci regarde les bêtes

mal ? La nature, non pas celle qui est la première, mais celle de la fin qu'on poursuit, est diflicile à obtenir du premier coup. Aussi, même les animaux domestiques naissent d'abord sauvages plutôt que doux ; et par exemple, tel est l'enfant, qut mange de tout plutôt que l'homme, et qut ne vit que d'mstinct ; mais les animaux apprivoisés devtennent plus faibles. Les règles qut régissent les œuvres de l'art s'appliquent également aux œuvres de la nature. Presque tout ce que fait l'art a été mal fait d'abord ; ainsi la plupart des objets sont mal faits; un lit, un manteau ou lel antre objet est mal fait. tout ce qui peut devenir bien peut aussi être mal, tandis que tout ce qui est mal ne peut pas toujours devenir bien. Par exemple, si l'on se reporte aux œuvres des anciens peintres et des anciens sculpteurs, on voit que leurs œuvres étaient laides, parce qu'alors on ne savait pas faire un bon tableau ni une bonne statue. tout était mau-

féroces. — Changcr en mal. tion. — peut aussi cire mal. Ceci ivgarde les animaux do- Les progrès de l'art prouvent mestiqncs qui deviennent snn- que l'un commence par le laid vages. — Qu'on poursuit. J'ai et par l'imparfait, pour arriver ajouté es mots, dont le seus au beau. — Si l'on se reporte est implicitement compris aux œuvres des anciens peintres. daus l'expression grecque. — Ce style ne semble guère renies œuvres de l'art... aux œn- trer dans les habitudes d'Aris- vrcs de la nature. Cette compa- tote. — La nature fait tout raison n'est pas très juste, en mal. Ceci est absolument con- ce que l'art peut se perfec- traire à tontes les théories tionuer, tandis que la nature d'Aristote dans son Histoire est ce qu'elle est, sans avoir à naturelle, où il sontient sans se perfectionner jamais. — cesse que la Nature ne fait rien D'abord. J'ai ajonté ce mot en vain ; et qu'elle mérite too- pour plus de clarté ; et la suite jours d'être étudiée, jusque daus du contexte justilie cette addi- ses plus minces détails. — Ou
vais. Dc même, la natnrc fait lont mal, ou du moins elle fait plus de choses qui sont laides ; il y en a peu qu'elle fasse bien tout à fait, et elle ne peut pas faire bien iM) tont. Or, l'animal apprivoisé vant mieux que le sauvage ; et l'animal sauvage est mauvais. Ce n'est donc pas par la nature initiale des êtres, mais par la nature qu'il est, je crois, plus facile d'obtenir, qu'on parvient à faire les choses douces et bonnes. Quant aux choses contraires, ou elles n'ont jamais lieu, ou elles n'ont lieu qu'à grand'peine, et dans certains lieux, dans certains moments, ou incomplètement, ou peut-être grâce à un certain mélange du tont. Dans ces limites, tous les animaux s'apprivoisent. Il en est de même de tontes les plantes. Celles qui sont domestiques peuvent aussi être sauvages; mais tontes ne peuvent pas devenir domestiques, et elles ne le devtennent que quand le pays est dans une condition spéciale, à bien des égards. D'ailleurs, négligées et sauvages, elles peuvent parfois être meilleures et plus

du moins. Cette restriction est indispensable ; mais elle n'est pas suffisante, si ou se rappelle l'enthousiasme d'Aristote pour les œuvres de la Nature. Voir ma préface au Traite de la Génération des animaux, pp. ccxxiv et suiv. — tout à fait. J'ai ajonté ces mots, — La nature initiale des êtres. Qui est mauvaise dans les animaux féroces. — Qu'il est, je crois, plus facile d'obtenir. Celle vers laquelle on tend, quand on essaie d'apprivoiser des animaux sauvages. — Quant aux: choses

contraires. l,'expression est bien vague ; je n'ai pas cru devoir la préciser davantage. Il s'agit sans doute de ce qui est contraire à la nature de 1 animal; et en effet, cette nature essentielle est plus difficile ,i changer. — Certain mélange du tout. Antre expression encore trop vague. — De tontes les plantes. Ce rapprochement entre les plantes et les animaux est une des théories habituelles d'Aristote. — Meilleures et plus agréables. La botanique pourrait offrir d'assez nombreux

agréables que celles qui sont cultivées, en une terre moins favorable.

46.

Pourquoi, chez les hommes, les cordons ombilicaux sont-ils si grands, tandis qu'ils disparaissent complètement chez les autres animaux ?

N'est-ce pas parce que, chez les hommes, qui restent longtemps à l'intérieur du sein maternel, le cordon se dessèche ; il se dresse tout droit, et les sntures se gonflent tout entières. Aussi, y a-t-il des nombrils qui sont très déformés. L'homme, en venant au monde, est fort incomplet ; et, par suite, les nombrils sont assez humides et pleins de sang, par u ne conséquence ton te naturel le. Cequi prouve que tels animaux sont achevés dès la naissance, et que d'autres

exemples à l'appui de cette assertion.

§ 46. Les cordons ombilicaux... ils disparaissent. J'ai garde le pluriel pour rester fidèle au texte grec ; mais le singulier serait préférable, parce qu'il rendrait mieux la généralité de l'idée. — Du sein maternel. J'ai ajouté ces mots qui sont indispensables pour que la pensée soit tout a fait claire, et pour qu'elle s'accorde avec ce qui suit. — Se dessèche. J'ai adopté la variante donnée dans l'édition Firmin-Didot. Septali semble, d'après son commentaire, avoir connu cette variante, qu'il n'accepte pas dans sou texte, ni dans sa tra

dnction. — // se dresse tout droit. La pensée reste obscure par trop de concision. — Les sntures. Le mot grec signifie précisément : « les plaies ». — Des nombrils qui sont très déformes. J'ai cru devoir prendre ici le mot de Nombrils, au lieu du mot de Cordons ombilicaux. — Pleins de sang. C'est une variante proposée d'abord par Septali ; elle paraît tout à fait nécessaire. Le texte vulgaire dit au contraire : « privés de sang ». La différence ne tient qu'à une seule lettre. L'édition Firmin-Didot accepte la variante dans sa tradnction latine, bien qu'elle ne 1 accepte pas dans sou texte gree. — Tels

ne le sont pas, c'est que les uns peuvent vivre sur- le-champ, tandis que les enfants exigent de longs soins.

47.

Pourquoi certains animaux saillissent-ils une seule fois, tandis que d'autres saillissent plusieurs fois? Pourquoi la saison de la saillie est-elle l'été pour ceux-ci, et une saison quelconque pour ceux-là? Pourquoi l'homme peut-il s'accoupler en tout temps? Pourquoi les hêtes féroces s'accouplent-clles rarement? Pourquoi le sanglier s'accouple-t-il une seule fois, tandis que le porc domestique s'accouple fréquemment?

N'est-ce pas à cause de la nourriture, de la chaleur, de la fatigue? Cypris en effet vent de l'exubérance. Il fant ajouter que les mêmes animaux ne font qu'une seule portée en tel lieu, et en font plusieurs en un climat différent. Ainsi, les montons de Magnésie

animaux... L'observation est très exacte. — Les enfants exigent de longs soins. C'est là ce qui constitue providentiellement la famille, privilège de l'espèce humaine ; elles familles, en se rénnissant, forment les sociétés.

§ 47. Saillissent-ils une seule fois. Aristote a fait une très longue et très exacte étude de l'accouplement chez les différentes races d'animaux, dans sou Histoire des animaux, livre V tout entier, et spécialement pour l'homme, chap. 8 et suiv.

Ce sont toutes ces théories ipiî semblent se résumer dans les questions posées par ce §. — Le sanglier. Le texte dit précisément : « le porc sauvage ». Cependant il uc faut pas absolument confondre le porc et le sanglier, bien que le sanglier soit la souche du cochon; voir Cuvier, Règne animal, tome I. p. 2i3, édit. de 1829. — De la nourriture... L'explication est très juste. — Cypris, ou Vénus. — En tel lieu... en un climat diffèrent. Ces observations sont fondées sur la réalité. — De

et de Libye ont deux portées. Cela tient à la longue durée de la gestation. Les animaux ne désirent plus l'accouplement quand ils sont pleins, de même qu'ils ne veulent plus de nourriture quand ils ont tout ce qu'il leur en fant. Les femelles qui sont pleines désirent moins vivement de s'accoupler, parce que la puriftcation n'a plus lieu chez elles.

48.

Pourquoi les hommes qui ont perdu des dents ont- ils généralement une courte existence ?

N'est-ce pas parce que cela indique que leurs os sont serrés? C'est comme l'encéphale, qui est faible, parce qu'il n'est pasbien aéré, et qu'étant humide desa

Magnésie ct de Libye. Aristote ne fait pas mention de ces singularités dans son Histoire des animaux, ni dans ses autres traités zoologiques. — Les animaux. J'ai conservé cette forme de l'original, bien qu'il s'agisse uniquement des femelles. — La purification, c'est-à- à-dire, les évacuations menstruelles, qui sont plus apparentes pour l'espèce humaine que pour les antres.

§ 48. Qui ont perdu des dents. Le texte dit précisément : « rares ». Le sens du mot grec est peu clair; j'ai cru pouvoir prendre une expression qui n'a plus rien d'équivoque. La solidité et le nombre des dents peut avoir en effet de I influence sur la longévité, cu facilitant la mastication des aliments et la

bonne digestion. La même question est reproduite section XXXIV, S 1, sous une forme un peu différente. Aristote a fait une étude spéciale sur les dents, Histoire des animaux,livre II, ch. 3, §§ 2 et 16. Dans le § 19, il émet la même opinion qu'ici, sur la brièveté de la vie des animaux qui ont moins de dents et des dents écartées. Ce fait est-il réel ? Il serait difficile de le dire ; il ne parait pas que la science moderne se soit occupée de ce détail. — Leurs os sont srrrés. On ne comprend pas assez complètement ce que l'auteur a voulu dire. De quels os est-il question ? Il semble que ce devraient être les os des mâchoires, miles dents sont insérées; mais rien ne l'indique. — Bien aéré. Etant enfermé

nature, il se pourrit vite. C'est ce qui arrive à tontes les substances qui restent sans mouvement et qui n'ont pas d'air. Aussi, l'homme a-t-il la tête la plus velue entre tous les animaux ; et le mâle vit plus longtemps que la femelle à cause des sntures de la tête. C'est ce qu'on peut vérifier sur les autres animaux.

49.

Pourquoi les hommes qui ont une raie dans toute la largeur de la main vivent-ils plus longtemps?

N'est-ce pas parce ipte les animaux qui n'ont pas d'articulations sont ceux qui vivent le moins, comme on le voit dans les animaux aquatiques? Mais si les êtres qui sont sans articulations ont la vie la plus courte, il est clair que ceux qui sont articulés doivent être tout le contraire. C'est ce qui doit arriver

dans la boîte osseuse de la tête. — L'homme a-t-il la tête la plus velue. La même assertion se trouve dans le traité des Parties des animaux, livre II, ch. 14, § 5. — A cause des sntures de la téte. Ceci semble indiquer que l'auteur a pu croire que l'encéphale recevait l'air par les sntures de la boite crânienne. Dans l'Histoire des animaux, livre I, ch. 9, § 3, Âristote parle des sntures du crâne chez l'homme et chez la femme ; il commet des erreurs étranges, sur des réalités qui sont très facilementobservables. — C'est ce qu'on peut vérifier...

Aristote a très fréquemment compare l'homme et les animaux comme ici.

§ 49. Une raie dans toute la largeur de la main. Cette idée superstitieuse n'a pas encore disparu ; il y a des gens parmi nous qui y croient comme y croyait l'Antiquité ; et de là, la prétendue science de la chiromancie. La raison qui eu est donnée dans ce § ne sontient pas l'examen. — Les animaux qui n'ont pas d'articulations. Il est bien vrai que les poissons n'ont pas antan) d'articulations que les quadrupèdes ; mais ils n'eu manquent pas non plus,
aux choses qui, ne devant pas avoir par leur nature d'articulations, en ont cependant de très marquées ; or, le dedans de la main est ce qui doit avoir le moins d'articulations.

50.

Pourquoi l'homme est-il le seul animal qui soit lonche, ou du moins qui soit lonche plus souvent que tous les autres ?

N'est-ce pas parce que l'homme est, parmi les animaux, le seul qui soit sujet à avoir des convulsions dans son enfance, ou du moins celui qui y est le plus e\j)osé ? Et, dans ce cas, il arrive à tous d'avoir les yeux de travers.

comme le contexte semblerait le faire croire. — Aux choses. J'ai pris l'expression la plus générale possible, pour rester d'accord avec le contexte. — Le moins d'articulations.. Il fant remarquer qu'il s'agit seulement du creux de la main. Cette même question est reproduite section XXXIV, § 10 ; et elle est résolue de même, quoique avec plus de concision.

§ 50. Qui soit louche. Septali remarque avec raison que le texte grec est insuffisamment rédigé. Plus loin, section XXXI, §§ 26 et 27, on trouvera la même question plus développée et plus clairement exprimée. Ce nouveau texte ne peut pas

laisser le moindre doute sur le sens de celui-ci. C'est bien de la vue qu'il s'agit ici, et de cette affection particulière qui reud lonche ; la présente rédaction est tellement générale qu'on aurait pu s'y tromper. — Lc seul... C'est peut-être aller trop loin ; et l'auteur se corrige lui-même en faisant une réserve. — A avoir des convulsions. C'est le sens que, d'après les problèmes cités ci-dessus de la section XXXI, il fant donner à ce passage. — A tous. Le texte grec n'est pas plus précis ; se rapporte-t-il à tons les enfants, ou à tous les animaux, qui ont des convulsions ? Il est difficilc de le décider.

51.

Pourquoi l'homme souffre-t-il de la fumée plus que tout antre animal ?

N'est-ce pas parce que l'homme a plus de larmes, et que l'effet de la fumée, c'est de faire pleurer ?

52.

Pourquoi le cheval se plaît-il avec le cheval, dont il recherche la société, et l'homme avec l'homme ? Et d'une manière générale, pourquoi les animaux de la même espèce se phtiseut-ils avec leurs congénères et leurs semblables ?

Ce n'est pas parce que tout animal est également beau, et que le désir s'attache à ce qui est beau. Il s'ensuivrait en c1fct que le beau serait toujours ce qui est le plus agréable ; mais une chose peut être

Ji 5l. Plus qnc tout antre animal. C'est là un fait assez dillicile à constater, parce qu'il y a peu d'occasions où l'on puisse comparer l'influence de In fumée sur l'homme et les animaux.—A plus de larmes. L'observation est exacte, bien que parfois les nnimnnx pleurent aussi. Voir le larmoiement des ivrognes, plus hant, section III, § 4.—ne faire pleurer. Le fait est très exact pour l'homme; mais il aurait fallu le vérifier sur les animaux pour que la comparaison fût complète.

§ 52. L'homme avec l'Iiomme. Cette sociabilité est surtout marquée dans l'espèce humaine ; et

c'est elle qui forme les agglomérations des peuples. —Avec leurs congénères. D'une manière générale, cette assertion est vraie, bien qu'il y ait aussi des rivalités et des discordes parmi les animaux — Parce que tout animal est également beau. Le texte est ici et dans les quelques lignes qui suivent assez corrompu, et les manuscrits n'offrent pas de variantes. Septali a renoncé à commenter ce passage dans ses détails ; et il n'eo explique quc la pensee générale. J'ai dû faire quelque chose d'analogue, en suivant cependant le texte dans tontes ses parties.— Une chose peut être belle... Non

belle sans cire agréable, tandis qu'il y en a qui sont à la fois belles et aimables. Ton! plaisir ne nous est pas doux, non plus que toute beanté ne nous charme. Ainsi, l'un profère le plaisir de la table, et l'autre le plaisir de l'amour, C'est d'ailleurs une toute antre question de savoir pourquoi, en s'unissant à son semblable, chaque animal a le plaisir le plus doux pour lui et le plus vif. Ouc ce soit aussi ce qu'il y a de plus beau, ceci n'est plus vrai; mais en voyant tout ce qu'il y a de douceur dans l'union, nous trouvons beau ce qui fait notre désir et notre joie. On peut voir qu'il en est de même pour tous nos autres désirs. Ainsi, quand on a soif, on voit la boisson avec plus de plaisir. Ce qui nous paraît le plus agréable, c'est ce qui paraît devoir nous être ntile et ce que nous désirons passionnément. Mais il est possible qu'en soi la chose n'ait pas du tout les qualités que nous lui prêtons. En voici bien une preuve. Même tels hommes nous semblent beaux quand nous ne re- gar.lons qu'à notre union avec eux. Les choses peuvent aller jusqu'à ce point que nous ayons plus de plaisir à voir certains hommes que les personnes avec qui nous pourrions nous unir? C'est très possible, si nous les voyons sans ressentir un désir. C'est

seulement en soi, mais aussi IV, ci-dessus, où il n'a été ques-

pour la personne qui la dédaigne, tion que du plaisir sexuel. —

et qui lui prefère une chose qui Nous trouvons beau... C est ce

lui plaît davantage, sans avoir hi qu'un appelle les illusions de la

même beanté.— Ainsi. l'un pré- passion. — Quand on a soif..

fère le plaisir de la table. L'ob- I,'observation est exacte. —

servation est très juste, — Une Même tels hommes. J'aurai voulu

tonte antre question... Ceci se pouvoir changer ce passage;

rapporte sans doute à la section mais il fallait rester fidèle au

comme la boisson qui nous semble plus agréable ; car nous la regarderons avec plus de plaisir, si, à ce moment, nous sommes altérés.

53.

Pourquoi, chez les hommes, les parties antérieures du corps sont-elles plus velues que les parties postérieures, tandis que, chez les quadrupèdes, ce sont les parties postérieures ?

N'est-ce pas parce que tous les animaux à deux pieds ont les parties antérieures plus velues? Ainsi, par exemple, les oiseaux sont à cet égard constitués comme l'homme. N'est-ce pas aussi que la nature se fait une loi de couvrir toujours les parties les plus faibles? Chaque animal est faible à quelques égards ; et dans tous les quadrupèdes, les parties de derrière sont, à cause de leur position même, plus faibles que celles de devant; elles souffrent davantage du froid

texte. — Nous la regarderons avec plus de plaisir. Répétition de ce qui vient d'être dit un peu plus haut.

§ 53. Chez l'homme... plus veines. Aristote a fait une étude très développée sur les poils, dans toute la série animale; voir l'Histoire des animaux, livre 111, ch. 10. La question ici posée est curieuse ; mais les faits ne la justifient pas complètement. La différence entre l'homme et les quadrupèdes n'est pas aussi grande que l'auteur le donne à croire. — Tous les animaux à deux pieds. Après l'homme, il

n'y a que les oiseaux qui soient organisés de cette manière ; et même pour les oiseaux, si leur poitrine est garnie de plumes épaisses, laquene, qui en est la partie postérieure, ne l'est pas moins. — Plus faibies que celles de devant. Le fait est loin d'êirc prouvé ; et chez la plupart des quadrupèdes, les parties de derrière et notamment les cuisses sont très fortes. Dans ce passage, j'ai admis, avec l'édition Firmin-Didot, la leçon qu'a eue Gaza : « leur position » au lien de « leur disposition » ; d'ailleurs la nuance est assez légère.— Da-

et de la chaleur. Chez l'homme, au contraire, ce sont les parties antérieures qui sont les plus faibles, et elles souffrent de même que les parties postérieures des animaux.

54.

Pourquoi l'homme est-il, parmi les animaux, celui qui éternue le plus ?

N'est-ce pas aussi parce que l'homme est le plus sujet au rhume de cerveau ? Or, voici ce qui produit cette affection. Chez l'homme, la chaleur, qui réside au cœur, se porte naturellement en hant; mais dans les autres animaux, sa dtrection naturelle est vers les épaules. A partir de cette région du corps, elle se sépare en se divisant; une partie va dans le cou et dans la tête; l'autre partie va dans le rachis et dans le bas ventre, parce que tontes ces parties sont pla-

vantagc du froid... C'est exact. Voir aussi le Traité des Parties des animaux, livre II, ch. 14.

S; 54. L'homme... étcrnue lf plus. Voir plus hant. § 18, la même question, beancoup moins développée qu'elle ne l'est ici. Elle a quelque intérêt sans doute ; mais elle n'exigeait pas une aussi longue étude. Il n'est pas besoin d'ailleurs d'insister sur l'insuffisance de l'explication. Cette question est reproduite une troisième fois, section XXXIII, § 10. — Un rhume de cerveau. On, Coryza, pour prendre le mot grec, que la science moderme a également adopté. Voir sur le coryza, Hippocrate,

Littré, tome V, p. 291 et tome VI, p. 107. Le rhume decervcau est assez fréquent chez l'homme; mais se produit-il jamais parmi les animaux?C'est une question qu'il faudrait éclaircir. l'auteur iie paraît pas faire le moindre doute à ce sujet, comme le prouvent les longs détails dans lesquels il est entré. La grande différence qu'il remarque entre l'homme et les animaux, consiste d,ins la station droite du corps humain, où la chaleur se produit tout antrement que chez les quadrupèdes, dont le corps est horizontal. — Cliez l'homme. J'ai ajonté ces mots, pour plus de clarté. — Vers les épaules. Elle
cées sur la même ligne droite, relativement à la base sur laquelle l'animal s'appuie. Quand le corps est ainsi mu également, les liquides s'y partagent de même, attendu que les humeurs suivent la chaleur. De là vient que les animaux quadrupèdes n'ont pas du tout de rhume de cerveau, et que, par suite, ils n'étcrnuent pas. Carl'éternuement est l'expulsion de l'air accumulé, quand les liquides du corps se vaporisent trop vivement, ou qu'ils ne sont pas asses digérés. L'éternuement, d'ailleurs, se produit avant les catarrhes; ce qui n'a pas lieu chez les autres animaux, parce que, chez eux, le mouvement de la chaleur s'égalise entre le devant et le derrière du corps. Pour l'homme, au contraire, qui se tient sur la base du sol en ligne droite, comme les végétaux, le mouvement de la chaleur se porte vers la tète, en plus grande quantité et avec plus de force. Une fois là, elle dessèche et échauffe les canaux qui s'y rendent. Dans cette disposition, ces canaux reçoivent les liquides plus aisément que les canaux placés en bas du cœur.

serépaud selon la ligne horizontale, daus les parties antérieures du corps. — La même ligne droite. Qui est horizontale et non perpendiculaire , comme celle de l'homme. — Sur laquelle l'animal s'appuie. J'ai encore ajonté ces mots. — Ainsi mu également. C'est-à-dire, quand la chaleur se répartit également dans tontes les parties du corps. — De rhume de cerveau... n'é- ternuent pas. D'après ce que l'auteur vient de dire, les deux

phénomènes se tiennent ; mais ce n'est pas exact ; car on éter- nnc souvent sans avoir de coryza.— Avant les catarrhes. C'est- à-dire, avant l'écoulement que le coryza provoque daus le nez.— Le mouvement de la chaleur s'égalise. Répétition de ce qui vient d'être dit un peu plus haut, sur l'organisation des quadrupèdes. — Du sol. J ai ajonté ces mots. — En bas du cœur. Ceci est assez obscur; l'auteur vent dire sans donteque lescanaux du

L,ors donc qu'il y a tout à la fois plus de liquide qu'il ne fant et que le froid survient du dehors, la chaleur, qui apporte la nourriture, en s'accumulant au dedans, s'accroît; et une fois accrue, elle se dirige vers la tête et dans la région voisine, garnie de canaux. Les liquides légers et indigestes la suivent dans les canaux, et les remplissent, en y causant des écoulements et des éternuements. En effet, au débnt des écoulements, la chaleur, devançant les liquides et remplissant d'air les canaux, produit l'éternuement par l'expulsion de l'air, et par l'accumulation en avant des liquides qui sont légers et âcres. Aussi, il arrive qu'avec les éternuements, causes par le rhume de cerveau, des matières aqueuses sont également expulsées. Tontes ces parties étant agitées, les liquides qui sont contigus et qui sont affectés se concentrent sur eux-mêmes ; et ils obstruent les canaux, qui entourent la tête et le nez. Mais ces canaux, se gonflant et étant distendus, causent les maux de tête. Ce qui le prouve, c'est que l'air ne sort plus au dehors et ne circule plus dans ces canaux. De là vient que, quand on a le rhume de cerveau, on n'éternue pas, et que l'on perd l'odorat. Quand l'éternuement survient sans

corps places ao-dessous de la reposent pas sur des observa-

région du cœur, reçoivent moins tions formelles. — Des matières

de chaleur que les canaux qui se aqncnses... Ce sont plutôt des

dirigent vers la tête. — Elle se matières à demi-liquides, prove-

dirige vers la tête. Cette redite nnnt des muqueuses. — Se cou-

ne semble pas nécessaire.— Des centrent sur eux-mêmes. C'est le

écoulements qui accompagnent sens le plus probable que com-

le coryza. — La chaleur devan- porte l'expression grecque, et

cant les liquides. Tontes ces qui s'accorde le mieux avec le

explications physiologiques ne contexte. — Et que l'on perd

T. 20

le coryza, il tient encore aux mêmes causes; mais ces causes sont très légères et très faibles. Alors, les liquides agglomérés par la chaleur et vaporisés par elle, à cause de leur petite quantité, retombent dans le nez. Ce qui fait le bruit de l'expulsion de l'air, c'est la force de son mouvement, tout autant que sa quantité; caria chaleur, s'élevanteu lignedroite vers le cerveau et y séjournant, se réfracte dans le nez ; et elle y détend les canaux extérieurs qui y viennent de l'encéphale. Mais comme cette réfraction du mouvement de l'air dans les narines est contre nature, elle se produit avec violence ; et elle cause du bruit. Parmi les autres animaux, ce sont les oiseaux surtont qui sont sujets au coryza, parce que ce sont eux surtont qui ont une forme analogue à celle de l'homme; mais ils en souffrent moins que lui, parce qu'ils ont presque toujours leur tête inclinée vers le bas, pour demander leur nourriture à la terre.

55.

Pourquoi les animaux marins sont-ils plus grands et mieux nourris que les animaux terrestres ?

l'odorat. Le fait est exact. —.SV mer que ce fait soit parfaitement

réfracte dans le nez. C'est là une exact ; mais il est probable que

explication purement ima^i- 1 anteur l'avait observé sur diffé-

naire, à laquelle on ne doit pas rents oiseaux. — Une forme ana-

attacher trop d'importance. An- lognc à celle de l'homme. En re

jourd'hui même, la science a sens que les oiseaux sont aussi

grand mal à se rendre compte des bipèdes,

de tous ces phénomènes. — Les § 55. Sont-ils plus grands,

oiseaux surtout qui sont sujets L'observation est exacte, surtont

au coryza. On ne saurait aflir- quand on pense à la dimensiou

N'est-ce pas parce que le soleil, en épuisant les matières qui entourent la terre, en enlève la nourriture ? Les animaux qui restent enfermés dans l'eau sont plus nourris, et les animaux marins sont débarrassés de tontes ces difftcultés.

56.

Pourquoi est-ccque les animaux autres que l'homme prennent plus souvent de la nourriture sèche que de la nourriture liquide, tandis que l'homme prend plus souvent du liquide que des aliments secs ?

N'est-ce pas parce que l'homme est par sa nature le plus chaud de tous les animaux ? Dès lors, il lui faut le plus de rafraîchissement.

des cétacés. — 1.e soleil... La raison peut sembler assez singulière, puisque c'est le soleil qui, sur notre sol, fait mûrir les moissons et les fruits, et qui développe toute la végétation.— Qui restent enfermes dans l'eau. L'original est moins précis ; mais le sens ne peut guère faire de donte. — De tontes ces difficultés. J'ai un peu précisé le texte, qui est plus vague.

§ 56. Plus souvent. Le fait parait exact ; et il est certain que l'homme boit plus fréquemment que les autres animaux.— Le plus chaud de tous les animaux. Dans le traité de la Respiration, ch. 13, Aristote semble attribuer la chaleur de l'homme

à la station droite. Il n'est pas exact d'ailleurs que l'homme ait plus de chaleur naturelle que certains animaux. La science moderne s'est beancoup occupée de la température comparative des êtres animés ; et elle a trouvé que la chaleur moyenne des oiseaux, qui est la plus élevée de tontes, oscille entre 40 et 44 degrés centigrades, tandis que celle de l'homme est de 37". Les reptiles sont en général beaucoup plus froids ; les poissons n'ont que la température de l'eau où ils vivent ; ce qui semble indiquer qu'ils n'ont pas de chaleur propre ; voir liéclard, Traité élémentaire de physiologie humaine, 6e édit., pp. 447 et suiv.

57.

Pourquoi les eunuques ne deviennent-ils pas chauves ?

N'est-ce pas parce qu'ils ont beancoup de cervelle ? Et cette disposition tient chez eux à ce qu'ils n'ont pas de rapports sexuels avec les femmes. La semence, en elfet, descend du cerveau par le rachis. C'est pour cela aussi que les bœufs que l'on châtre ont de très grandes cornes. C'est encore par la même raison, ce semble, que les femmes et les enfants ne sont jamais chauves.

58.

Pourquoi y a-t-il des animaux qui, aussitôt après leur naissance, peuvent se nourrir seuls, tandis que d'autres ne le peuvent pas ?

N'est-ce pas parce que les animaux qui se nour-

§57. Ne deviennent-ils pas physiologique u'est pas celui-là;

chauves. Aristote a exposé cette mais la perte de la semence,

théorie avec des explications même quand elle est tout à fait

analogues dans le Traité de la régulière, a une grande action

Génération des Animaux, livre sur le cerveau. — Les femmes et

V, ch. 3, §S 20, 21 et 22. — les enfants. Voir le Traité de la

Beancoup de cervelle. C'est la Génération des animaux, /oc.

tradnction fidèle du texte grec ; cit.

mais on peut trouver que l'ex- §58. Peuvent se nourrir seuls.

pression est insuffisante. Les L observation est exacte ; et le

eunuques n'ont pas plus de cer- fait varie avec les espèces. L'es-

velle ; mais il est certain que pèce humaine est celle où l'ali-

leur cerveau est soustrait aux mentatiou que les parents dui-

influences sexuelles, qui sont eu vent assurer à l'enfant, exige le

elfet très puissantes sur la dis- temps le plus long ; et c'est là

position de 1 encéphale.— Des- une des conditions providen-

cend du cerveau. Le phénomène tielles de la famille. — Qui se
rissent ainsi vivent moins longtemps que ceux qui sont doués de mémoire ? C'est là ce qui fait aussi que tous ces animaux meurent plus vite.

59.

Pourquoi les déjections liquides de l'homme sont- elles plus fréquentes que ses déjections sèches, tandis que chez les chevaux et les ânes, ce sont les déjections sèches ?

N'est-ce pas parce que ces animaux absorbent plus d'aliments secs, et que l'homme, au contraire, prend plus de liquide que de nourriture sèche ? toute déjection vient de la nourriture ; et la déjection est d'antant plus grande que la nourriture est plus forte. Ainsi, parmi les animaux, les uns consomment plus de liquide, les autres plus d'aliments secs; et c'est aussi ce qui fait que les uns sont naturellement humides; et les antres, de nature sèche. Ceux qui sont de nature sèche préfèrent le liquide, parce qu'ils en ont

nourrissent ainsi. C'est-à-dire, sition aux déjections fécales. — dès leur naissance. Le texte est Plus d'aliments sees... plus de moins précis que cette tradnc- liquide. Ce peut être là une des tion. — Que ceux qui sont doués causes de la différence que si- de mémoire. Voir le débnt de la gnale l'auteur ; mais ce ne doit Métaphysique, livre I, ch. 1. Ce pas être la seule cause, comme il rapprochement est d'ailleurs semble le croire; et la constitn- assez singulier ;'mais le texte tion du canal intestinal doit être ne peut avoir un antre sens. — la principale, selon toute appa- Meurentplus vite. Ils sont formés rence. Du reste, la question est plus tôt. puisqu'ils peuvent se assez curieuse, et elle valait la suffire dès le moment où ils peine d'être posée. Elle est en naissent ; et par suite, ils vi- ontre fort claire ; et Septali n'a vent moins de temps. pas crn, pour ce motif, devoir la § 59. Les déjections liquides. commenter. — Consomment plus C'est-à-dire, lesurines.paroppo- de liquide. Les chevaux en con-

plus besoin; et ceux qui sont naturellement humides, préfèrent la nourriture sèche, parce que leur constitntion la leur rend plus nécessaire.

60.

Pourquoi les oiseaux, les hommes, et généralement les animaux courageux sont-ils d'une complexion plus dure ?

N'est-ce pas parce que le courage est toujours accompagné de chaleur, tandis que la peur cause toujours un refroidissement ? Ainsi, tous les animaux dont le sang est chaud, sont énergiques et pleins de courage ; car c'est le sang qui nourrit. C'est de même que

somment aussi beancoup, et peut-être plus que l'homme, toute proportion gardée. — Naturellement humides. Ceci s'applique sans doute à l'homme. Mais l'opposition entre 1 homme et les animaux domestiques n'est pas aussi marquée que l'auteur le suppose.

§ 60. Les oiseaux. Il semble qu'il s'agit plus particulièremet iei des oiseaux de proie. — Les

hommes courageux. Ceci

n'est pas tout à fait exact pour les hommes ; et de grands courages peuvent s'associer à une très faible constitntion. C'est peut-être le contraire pour les animaux. — f)'unc complexion plus dure. Cette expression est bien générale ; ou l'a comprise souvent en ce sens qu'il s'agissait surtout de la dureté des os;

et eu preuve, Septali cite spécialement le lion, dont les os passent pour être si durs qu'ils peuvent, dausccrtains cas, faire fen, comme les cailloux. Voir l'Histoire des animaux, livre III. ch. 7, § 8. — Accompagné de chaleur. Le fait n'est pas prouvé, et c'est une simple hypothèse. — La peur cause toujours un refroidissement. Ceci est plus vrai ; mais ces alternatives de chaleur et de froid peuvent n'être que passagères ; et dans la théorie de l'auteur, elles forment plutôt un tempérament constant. — Sont énergiques et pleins de courage. Il y a des exceptions ; et dans une même race d animaux, les uns sont courageux, et les autres timides, tout eu ayant les uns et les autres le même deg-ré de cha-

les végétaux qui sont arrosés d'eau chaude deviennent plus durs.

61.

Pourquoi sont-ce, parmi les quadrupèdes, ceux qui ne sont pas très grands qui produisent le plus de monstres, tandis que l'homme et les grands quadrupèdes, tels que le cheval et l'âne, en produisent le moins ?

N'est-ce pas parce que ce sont les plus multipares des quadrupèdes, tels que les chiens, les porcs, les chèvres, les moutons, qui produisent beaucoup plus de monstres que les grands quadrupèdes ? Car, parmi les grands animaux, les uns ne produisent jamais qu'un seul petit, et les autres n'en ont qu'un le plus habituellement. Les monstres se forment quand les germes se changent les uns dans les antres, et

leur. — Les végétaux arrosés livre IV, ch. 4. C'est l'antécé-

d'eau chaude. Ceci prouve que dent de tous les travaux qui,

dans l'Antiquité ou faisait des de nos jours, ont été faits sur

expériences sur la culture des ce diffirile sujet. — Les plus

xégétaux, comme on peut eu multipares. Ou : « les plus

faire de nos jours. Le fuit qui féconds ». — Les chiens, les

est allégué ici n'est peut-être pores Dans l'Histoire des

pas fort exact ; et l'eau chaude Auimaux, il y a une longue et

ne durcit pas les légumes qui intéressante recherche sur la

en sont arrosés. fécondité relative des animaux,

§lîl. Parmi les quadrupèdes. livre V, ch. 12, et livre VI, ch.

L'observation, qui est ici limitée 19 et passim. — Quand les

aux quadrupèdes, est plus loin gcrines.se changent les uns dans

étendue aux oiseaux. — Le plus les antres. Ceci n'est qu'une

de monstres. Aristote a fait une assertion générale qu'il serait

étude- spéciale sur les monstres bien dillicile de prouver par des

daus le règne animal, Traité de faits. Aujourd'hui même, et

la Génération des auimaux, après les investigations d'Et.

quand ils se confondent dans la sortie de la semence, ou dans le mélange qui a lieu dans la matrice de la femelle. De là vient que les oiseaux présentent si souvent des monstres. Ils font fréquemment des œufs doubles; et les monstruosités viennent de jumeaux, lorsque la lécithe n'est pas séparée par la membrane.

62.

Pourquoi la tête de l'homme est-elle chargée de poils, plus que tout le reste du corps et dans une proportion exagérée, tandis que c'est tout le contraire chez le reste des animaux ?

N'est-ce pas parce que, chez les animaux, l'excès de la nourriture se convertit, pour les uns en dents, pour les autres en poils ? Tous ceux où la nourriture passe dans les cornes ont la tête moins velue, parce que la nourriture est absorbée dans les cornes. Ceux où elle

Geoffroy Saint-Hilaire, on a graud'peine à se rendre compte de tontes les monstruosités. — Les oiseaux présentent si souvent des monstres. L'exemple est bien choisi, surtont pour soutenir l'hypothèse que l'auteur vient d'avancer. — Des ceufs doubles. C'est-à-dire, qui ont deux jaunes. — La lécithe. Sur le sens donteux de ce mot, voir le Traité de la Génération des Animaux, livre III, ch. 1, § 24 et n. — Par la membrane, qui doit isoler les deux parties de l'ceuf.

§ 62. La tête de l'homme

La question a de l'intérêt, et elle mérite d'être examinée; il

ne semble pas que la science moderne s'en soit préoccupée. — Dans une proportion cfagc- rce. Comparativement à la grandeur du corps humain. — tout le contraire. Ceci n'est pas général, et quelques animaux ont la têtepresqueaussicouverte que celle de l'homme. — En dents. C'est un terme générique, qui comprend les croes, les défenses, ete. — La nourriture passe dans If s cornes. Ceci n'est pas exact en ce que la nourriture ne passe pas plus dans les cornes que dans le reste du corps ; seulement elle forme les cornes, ainsi qu'elle forme tout le reste, selon le

passe dans les dents ont la tête plus velue que ceux qui ont des cornes ; ils ont des crinières ; et la tête, chez les oiseaux, par exemple, est encore moins velue que chez ceux-là. Ces derniers ont en effet la tête comme celle des hommes. La nourriture qui va, chez les animaux, dans plusieurs parties du corps, à cause de son abondance, se concentre chez l'homme dans sa tète ; car ou l'homme n'a pas de nourriture surabondante; ou, s'il en a, il n'en a pas, du moins, assez pour qu'elle puisse se répandre partont.

63.

Pourquoi l'homme est-il le seul animal à avoir des cheveux blancs ?

N'est-ce pas parce que les animaux, pour la plupart, ont des poils qui tombent tous les ans, comme le cheval et le bœuf, et que les antres, dont le poil ne tombe pas annuellement, vivent peu de temps,

plan originel qu'a fixe la nature. animaux, livre V, ch. 4, §§ 7, 8 — Ils ont des crinières. Ceci et suiv. Il n'est pas exact d'ail- non plus n'est pas général. — leurs que l'homme soit le seul Chez les oiseaux. Il y a des auimal qui blanchisse ; mais il oiseaux qui ont des touffes de est vrai que c'est lui qui blan- plumes sur la tète; elle est alors chit le plus. — Des poils qui aussi couverte que peut l'être tembent tous les ans. Il faudrait celle de l'homme. — Se concentre ajonter que les poils qui re- chez l'homme. C'est une pure poussent sont pareils en couleur hypothèse. — Surabondante. à ceux qu'ils remplacent, et J'ai ajonté ce mot. qu ils ne deviennent pas blanes.

§ 63. Le seul animal à avoir — Vivent pcu de temps c'est

des cheveux blancs. Aristote a le temps qui lui fait blanchir

étudié la blancheur des cheveux les cheveux. Le temps est cer-

dans l'Histoire des animaux, tainement une des causes qui

livre III, ch. 10, § 8, et dans le font blanchir les cheveux de

Traité de la Génération des l'homme ; mais il n'est pas la
comme les montons et d'autres espèces ? Chez ces animaux, le poil n'a pas le temps de vieillir ni de blanchir. Dans l'homme, le poil ne tombe pas ainsi ; l'homme a de plus une longue vie, et c'est le temps qui lui fait blanchir les cheveux.

64.

Pourquoi, lorsqu'on a la partie du corps au-dessous du nombril plus grande que la partie qui constitue le tronc, est-on destiné à vivre peu de temps, et est-on malade ?

N'est-ce pas parce que le ventre est froid à cause de sa petitesse, et que, digérant mal, il est plein de sécrétions ? Or, les gens ainsi constitués sont valétudinaires.

65.

Pourquoi, à côté des animaux qui naissent les uns des antres, y en a-t-il qui naissent spontanément ? Et

cause unique, comme l'auteur semble l'admettre ici. Le tempérament, le régime, les passions de tout ordre ont une très grnnde influence sur le chaugement de couleur et sur la chnte de la chevelure.

§ 64. Au-dessous (lu nombril. Il aurait fallu indiquer plus précisément l'autre extrémité opposée au point de départ, qui est le nombril ; il est probable que cette extrémité doit être la symphyse d:i pubis ; mais l'auteur ne le dit pas. Dans le traité apocryphe de Physioguo-

mmiie, il y a des détails analogues, ch. 6, page 9. lignes 18 et suiv. édition Firmin Didot, tome IV de l'édition générale d'Aristote. — Est-on destiné à vivre peu de temps. Le fait n'est pas certain ; ce n'est qu'une conjecture. — Le ventre est froid à cause de sa petitesse. Il n'y a rien de physiologique dans cette observation.

§ 65. Qui naissent spontanément. Cette doctrine de la génération spontanée n'a cté détruite défioitivement que de nos jours ; et peut-être, même

pourquoi y en a-t-il qui naissent uniquement les uns des antres, par exemple, l'homme et le cheval ?

N'est-ce pas parce que, indépendamment d'autres causes, la génération exige un temps très court chez les animaux, de façon que la saisonpropre à la génération ne soit pas dépassée, et que la production puisse avoir lieu dans l'intervalle des saisons ? Chez d'autres animaux au contraire, la génération tarde beaucoup, d'un an, de dix mois, de telle sorte qu'il fant nécessairement qu'ils ne produisent pas, ou qu'ils se produisent les uns des antres.

66.

Pourquoi les Ethiopiens ont-ils des dents si blanches et même plus blanches que les autres hommes, et pourquoi leurs ongles ne sont-ils pas blancs ?

coiupte-t-elle encore des partisans, tout erronée qu'elle est. Voir la préface à la tradnction du Traité de la Génération des Auimaux, pp. cxcit et suiv. — Uniquement. Il est prouvé aujourd'hui que, dans tout le règne animal, la vie ne vientjamais que dela vie,et que, selon la formule parfaitement vraie d'Aristote : « L'homme engendre l'homme ». — La génération exige un temps très court. Il est évident que l'argument ne porte pas, puisqu'il s'agit de savoir si la génération a lien, et non pas si ,.'Ile est plus ou moins rapide. Seulement l'Antiquité est bien excusable, en l'absence des instruments découverts plus tard,

d'avoir pensé à la génération spontanée. De nos jours, il est impossible dy croire, à moins d'avoir un parti pris.

§ 66. Les dents si blanches... leurs ongles ne sont-ils pas- blanes. Le contraste est réel ; et il est vrai que les ongles sont exposés comme la peau à l'ardeur du soleil, tandis que les dents n'y sont pas exposées. Mais ce ne peut être là la cause de la différence ; car les ongles aussi sont moins noirs que la pean, bien que dans les mêmes conditions qu'elle. L'organisa- tiou des dents est tout antre ; il u'est pas probable quelles devinssent noires si elles étaient sous le soleil et au grand air,

N'est-ce pas, pour les ongles, parce que la peau des Éthiopiens est noire et plus noire que celle des autres hommes ? Or, les ongles viennent de la peau. Et les dents, pourquoi sont-elles blanches ? N'est-ce pas parce que les matières d'où le soleil enlève le liquide deviennent blanches, sans qu'il les imprègne, comme il arrive à la cire ? Le soleil agit sur la peau ; mais il n'agit pas sur les dents; et la chaleur fait sortir des dents le liquide qui s'y trouve.

67.

Pourquoi y a-t-il des animaux qui meurent sur-Je- champ, ou du moins très vite, si on leur coupe la tête, tandis que d'autrcs ne meurent pas ?

N'est-ce pas que les animaux qui ne meurent pas n'ont pas de sang et mangent très peu ? Ils n'ont donc pas si vite besoin d'aliments ; et, chez eux, la chaleur n'est pas contenue dans leur liquide. Or, les animaux qui ont du sang ne sauraient vivre sans ces deux conditions. Les antres, au contraire, peuvent s'en

comme y est la peau. — Les fait sortir des dents Cette

ongles viennent de la peau. Ceci théorie n'est pas sontcnable. est inexact ; les ongles sont § 67. .sV on leur coupe la trte.

dans la peau qui les entoure en C est exact pour la plupart des

partie ; mais ils ne naissent pas animaux; mais il y a des insectes

d'elle seulement ; ils se déve- qui vivent quelque temps après

loppent aux dépens du derme qu'on leur a tranché la tête,

sous-jacent ; mais ils n'en vieu- — N'ont pas de sang. Ce sont

nent pas — Comme il arrive à les animaux à sang blanc, selon

la cire. Le détail reste obscur ; les opinions actuelles. — Et

et l'auteur aurait dû dire à quelle mangent très peu. Ce n'est pas

transformation de la cire il vent là un argument qui se rapporte

faire allusion. — La chaleur au sujet.—La chaleur n'est pas

passer, et très bien vivre sans respirer. Nous avons expliqué ce phénomène dans d'autres ouvrages.

contenue dans leur liquide. En données sur le même sujet dans

supposant que ce soit le sang le Traité des Parties des ani-

qui à lui seul fasse la chaleur maux, livre III, ch. 10, !j>i 6, 7

dans l'animal. — Vivre sans et 8 ; mais dans ce dernier

respirer. C'est une erreur ; et ouvrage, Aristote, usant de la

les insectes respirent, mais à même formule qu ici, renvoie à

l'aide d'une organisation toute d'autres ouvrages encore. Ces

spéciale. — Dans d'autres on- ouvrages sont peut-être les

vrages. Il semble que ces autres Problèmes; mais ce n'est là

ouvrages sont les explications qu'une hypothèse.

SECTION ONZIEME
FAITS RELATIFS A LA VOIX ET AU SON

Infirmité fréquente de l'ouïe; nasillement des sourds; chaleur cause de la force de la voix; influence de la nuit sur le son ; de loin, la voix paraît plus aiguë ; résonance des vases fermés ; bruit de l'eau qui tombe plus aigu quand elle est froide ; rudesse de In voix au moment du réveil ; enrouement après le repas ; différences de la voix dans le rire on dans les pleurs ; acuité de la voix chez les enfants et les jeunes animaux ; effets de la liqueur séminale sur la voix ; gravité de la voix eu hiver, et après qu'on a bu ou vomi ; effet de la distance sur le son ; acuité de la voix par 1 effet de la maladie ; le son dans l'écho ; voix grave des veaux ; diminution du son par la paille répandue sur le plancher; pétillement du se1 dans le feu : bégaiement alternatif des enfants: sonorité des vaisseaux vides ; effet du bâillement sur 1 ouïe ; tremblement de la voix dans l'inquiétude et dans la peur ; le bégaiement empêche de parlera voix basse; portée dillérente du son de dehors en dedans, et de dedans eu dehors ; effet du poireau sur la voix ; effet de la respiration ; portée de la voix du hant en bas et de bas en hant ; effet de l'ivresse sur la voix; différence de la lumière et de la voix par rapport aux corps ; effets de la simultanéité des voix ; cause du bégaiement; l'homme est le seul animal qui bégaie : formation tardive de la voix chez l'homme ; action des corps environnants sur le son ; voix des enfants, des femmes, des eunuques et des vieillards.

1.

Pourquoi, parmi les sens tels qu'on les a dès la naissance, est-ce l'ouïe qui est le plus exposée à être infirme ?

N'est-ce pas parce que l'ouïe et la voix semblent venir du même principe ? Or, la parole semble pou-

§ 1. Semblent venir du même admettre cette théorie ; et l'on principe. On ne peut guère ne comprend pas bien comment

 

§ 1. Les sujets traités dans cette section sont très divers, tandis que dans les autres sections le sujet avait toujours une unité régulière. Ici, au contraire, les questions les plus différentes se succèdent sans aucun lien entre elles. Du reste, elles n'en sont pas moins intéressantes.

Des animaux qui toussent.... l'homme... le bœuf... La question est curieuse ; mais l'explication n'est pas satisfaisante; peut-être la science contemporaine ne répondrait-elle pas mieux. Voir la description de la toux chez l'homme dans le Traité élémentaire de physiologie humaine de M. Béclard, 6' édition, p. 355.

L'excrétion. On «le superflu». Le mot grec est aussi vague que le mot français ; et il est difficile d'entendre ce que l'auteur a voulu désigner précisément. C'est sans doute une sécrétion irrégulière, qui, selon lui, doit provoquer la toux. — Se dirige en toute antre partie du corps. C'est une pure hypothèse.

A le cerveau le plus considérable et le plus humide. C'est la théorie ordinaire d'Aristote ; voir le Traité des Parties des animaux, livre II, ch. 7, § § 10 et 13 ; et passim.

La toux n'est qu'un écoulement du phlegme. Cette description de la toux est trop vague; et Ion ne comprend pas bien quelle est ici l'action du phlegme.

§ 2. Le seul animal... L'observation parait exacte ; mais peut- être aussi n'a-t-ou pas assez étudié les autres animaux.

C'est du cerveau... La science de nos jours n'a pas porté son attention sur ce point ; mais le sang vient des fosses nasales plutôt que du cerveau.

La partie morbide... la suppuration. Tous ces détails physiologiques sont de pure théorie. Le sang qui sort par le nez n'est pas plus corrompu que le reste.

§ 3. De la graisse sous la chair... se mêle à la chair... ces deux organisations. La question est certainement curieuse ; il ne semble pas que la science moderne l'ait discutée de nouveau. Quant à l'explication donnée ici, ou ne doit pas se montrer trop exigeant.

L'humeur. Ou « le liquide ».

Se détache ou se soulève. Il n'y a qu'un mot dans le texte.

Soumise à la coction. La Coction ne signifie pas autre chose ici que complète élaboration.

Prédominante. Le sens de l'expression grecque est équivoque ; et les traductions varient beaucoup, sans qu'aucune puisse sembler définitive.

Dans les deux sens. Sous la chair et dans la chair. Voir M. Béclard, Traité élémentaire de physiologie humaine, pp. 603 et 626.

§ 4. Des dartres. C'est sans doute de dartres que l'auteur veut parler, et de dartres farineuses. Le mot grec, que souvent les traducteurs ont conservé, est Lencé. Est-ce la lèpre blanche : Rien ne l'indique précisément. Est-ce l'éléphantiasis ? C'est peu probable. En tout cas, c'est une maladie de la peau ; et c'est là ce qui fait que peut-être le mot de Dartres est encore le plus convenable. L'école Hippocratique semble avoir regardé la lencé comme une maladie très grave ; et les dartres attestent toujours quelque vice du sang.

Est la sortie du souffle. Ceci ne se comprend pas bien, ni pour le fait, ni pour l'expression. Le mot grec rendu ici par Souille peut signifier également le vent, l'air, l'esprit, Que les maladies de la peau soient causées par l'exsudation ou la sortie de cet élément, c'est ce que la science actuelle ne saurait admettre. — Leur peau lisse. C'est le sens le plus probable du mot gree.

Ainsi que de vieilles constrnctions. La comparaison, sans être absolument fausse, a du moins quelque chose de bizarre.

Disloqué. On, « lézardé ».

§ 5. Est-il le seul... Il ne paraît pas que la science moderne ait étudié l'homme sous ce rapport, comparativement aux animaux. Perméable à l'air. Même remarque qu'au § précédent, sur le sens très variable du mot grec.

La lèpre blanche. Ou, « la dartre ».

--- Dans les parties du corps. Il eût été bon d'indiquer ces parties plus précisément.

Le seul animal qui blanchisse... Ce sont les mêmes doctrines que dans l'Histoire des animaux, livre III, ch. 10 ; et dans le traité de la Génération des animaux, livre V, ch. 3, 4 et 5.

Dans la lèpre blanche, les cheveux deviennent blancs. Cette indication se rapporterait à l'éléphantiasis plutôt qu'aux dartres, ou à toute autre maladie de la peau. Voir plus loin, § 34, une question qui se rapproche de celle-ci.

§ 6. Les chiens et les brebis... Dans l'Histoire des animaux, Aristote a consacré tout un chapitre à la question du lait, livre III, ch. 16. Dans le § 13, il indique que la quantité du lait sécrété varie avec la grosseur des animaux ; il n'insiste pas spécialement sur les chèvres et les brebis.

Proportionnellement. Pour bien fixer ce rapport, il faudrait faire beancoup de comparaisons.

A leur dimension. J'ai ajouté ces mots.

Le lait est employé à grossir le corps. Le texte n'est pas aussi précis.

N'est-ce pas aussi... C'est la seconde raison que donne l'auteur, que sans doute la première n'a pas satisfait.

Ou bien n'est-ce pas encore. Troisième raison, qui n'est pas assez claire, et qui n'est pas plus décisive que les précédentes.

§ 7. En changeant leur boisson... Voir l'Histoire des animaux, livre III, ch. 10, § 19. Septali sépare en trois problèmes distincts ce § 7 ; les éditions ordinaires l'ont suivi ; mais l'édition Firmin-Didot réunit les diverses parties de ce problème ; et nous trouvons qu'elle a bien fait. Septali ajonte qu'il ne croit pas qu Aristote soit l'auteur de cette question, et il suppose qu'elle a été tirée de ses ouvrages par quelque compilateur, comme tant d'autres questions. Voir la Dissertation sur la composition des Problèmes. La conjecture de Septali n'est peut-être pas sans fondement pour quelques passages : mais pour l'ensemble de ce recueil, il n'est pas du tout impossible qu'il soit l'œuvre dAristote lui-même. Il aura pu au contraire employer, pour des livres plus complets, ces questions qui s'étaient présentées snccessivement à son esprit, et que plus tard il aura mises à profit.

Aux animaux du pays. Le fait est incontestable ; et on peut le constater en partie même sur les hommes. Mais ces changements ne tiennent pas seulement à la boisson ; et ils doivent avoir bien d'autres causes.

Témoin le corbeau, qui est toujours noir, sous tous les climats où il vit, sans que les eaux du lieu aient d'influence sur son plumage. Aristote, Histoire des animaux, livre III, ch. 10, § 18, dit au contraire que le corbeau peut devenir blane, par de grands froids.

Ne domine pas l'humide. C'est la traduction fidèle du texte. Dominer l'humide signifie que les animaux ne peuvent pas digérer la boisson qu'ils prennent, de manière à la rendre sous forme d'urine.

Mais les petits qu'ils produisent. Voir l'Histoire des animaux, livrelll, ch. 10, § 19.

Sont plus faibles. La faiblesse des jeunes est incontestable ; mais l'ellet qu'on attribue à cette faiblesse ne l'est pas autant.

§ 8. Septali croit devoir faire ici une nouvelle série numérique dans le texte grec, tout en continuant pour sa tradnction latine la série commencée.

Les mâles... plus grands. Dans l'Histoire des animaux, livre IV, ch. Il, Aristote a comparé, d'une manière générale, le mâle et la femelle; et il est revenu sur ce sujet dans plusieurs passages de son histoire naturelle, dans les Parties animaux, surtont dans le traité de la Génération des animaux ; mais nulle part, il ne s'est arrêté à la comparaison de la grosseur chez les deux sexes, comme il le fait ici. Il signale seulement quelques espèces où la femelle est plus grosse que le mâle ; ce qui implique que généralement c'est le contraire qui a lieu, dans l'ordre de la nature.

Ils ont plus de chaleur. C'est une hypothèse plutôt qu un fait démontré.

Qui détermine la croissance. Il y a aussi d'autres causes que la chaleur à la croissance des animaux. Cette croissance s'arrête à un moment de la vie, où la chaleur est aussi forte que jamais, vers l'âge de 20 à 25 aus chez l'homme.

Complètement formés... en partie. Cette assetion ne serait pas exacte, si on la prenait dans un sens général; mais c'est bien une théorie Aristotélique, comme le prouvent une foule de passages de l'Histoire des animaux et des deux traités qui la complètent. Cette infériorité de la femme relativement à l'homme est devenue une sorte de dogme pendant le Moyen - âge ; et comme le remarque Septali. Albert le Grand a contribué beancoup à propager cette erreur, bien que Galien l'eût dès longtemps réfutée.

Beancoup de temps à se former... les femelles en mettent peu. Ce fait est surtont sensible dans notre espèce.

§ 9. Une gestation très courte, ...une très longue. Aristote a particulièrement étudié cette question de la gestation, par rapport à la longévité, dans le Traité de la Génération des animaux, livre IV, ch. 9, et passim.

S'achèvent plus lentement. L'observation est exacte ; et l'on a souvent cité l'exemple de l'éléphant.

Le cheval. Le mot est pris génériquement, bien qu'il s'agisse de la jument.

Il vit moins. Voir l'Histoire des animaux, livre V, ch. 12, § 13, et livre VI, ch. 22, §§ 7 et suiv. En moyenne, le cheval ne vit guère que quinze ou vingt ans ; et la gestation est de onze mois; voir l'Histoire des animaux, livre VI, ch. 22, § 2.

La dureté des matrices. La physiologie comparée ne saurait ad-mettre cette explication ; voir l'Histoire des animaux, livre III, ch. 1, § 18.

De mêne que la terre. La comparaison n'a rien de juste.

§ 10. Leur ressemblent-ils L'observation est exacte en ce sens qu'en effet, dans l'espèce humaine, les enfants ne ressemblent pas aussi complètement à leurs parents que, chez les animaux. les jeunes ressemblent à leurs anteurs. Cette différence peut tenir à bien des causes ; et il est possible qu'elle vienne aussi eu partie de ce qu'on observe mieux les hommes que les animaux.

A l'âme agitée. L'explication est ingénieuse, si d'ailleurs elle n'est pas suffisante. Aristote a fait une longue étude de la ressemblance des enfants aux parents, Histoire des animaux, livre VII, ch. 6 ; et traité de la Génération des animaux, livre I, ch. 11, et livre IV, ch. 1 et 3. Toutes ses observations sont d'une justesse frappante.

Selon les dispositions du père et de la mère. Cette cause est bien vague, quoiqu'elle ne soit pas tout à fait fausse ; et qu'en réalité la constitntion et la santé des parents aient une grande influence sur la nature des enfants qu'ils produisent.

Les animaux... L'expression du texte est indéterminée ; elle doit se rapporter aux animaux plutôt qu'à l'homme, parce qu'ils n'ont qu'un temps fixe pour l'accouplement, tandis que, dans l'espèce humaine, il peut avoir lieu à toutes les époques de l'année. Septali a compris qu'il s'agit ici de l'homme et non des animaux.

Remplis et transportés. Il n'y a qu'un seul mot dans le texte.

Continuellement. Ceci se rapporte au rut, qui, chez l'animal. n'a qu'une saison de l'année, tandis que, dans l'espèce humaine, l'appétit du sexe est continuel, durant la plus grande partie de la vie.

§11. Les hommes et les chevaux qui sont blancs. C'est la traduction exacte du grec: mais ou ne comprend pas bieu ce que l'auteur entend par cette blancheur prêtée aux hommes et aux chevaux. S'agit-il spécialement de la blancheur de l'œil en dehors de l'iris ? Il  aurait fallu le dire ; et il est assez probable que c'est en ce sens qu'il fant interpréter ce passage, qui est obscur par trop de concision. Septali, qui a commenté très longuement ce §, ne s'est pas arrêté à cette difficulté ; il accepte les Albi homines, les Equi (albi également) sans ancune explication.

Les veux bleus. C'est-à-dire l'iris de couleur bleue, et non pas l'œil tout entier.

Les yeux peuvent avoir trois couleurs. Aristote a fait une élude particulière de la couleur des yeux chez l'homme et les animaux, dans le traité de la Génération des animaux, livre V, ch 1, §§ 11 et suiv.

Couleur de boue. C'est-à-dire, jaunâtre et brun jaune, comme sont généralement les yeux de l'espèce caprine, mâle et femelle.

La couleur de l'œil suit la couleur du corps. Ceci est absolument faux, et il est bien probable qu'il y a eu ici quelque méprise de la part des copistes: mais les manuscrits ne présentent pas de variantes, d où l'on puisse tirer quelque sens meilleur.

Or cette couleur est le bleu. L'erreur est encore plus évidente dans cette singulière assertion. Voir plus loin, section XIV, § 14, une théorie sur la coloration générale des yeux, selon les climats froids ou chauds.

§ 12. Des nains... pourquoi y a-t-il des animaux. Il fant sous- entendre : « dans une même espèce ». La question n'est pas absolument générale ; et par exemple, elle ne consiste pas à savoir pourquoi il y a des fourmis et des éléphants, mais bien pourquoi la même race peut présenter des différences
 

CHAPITRE II.