Aristote : Morale à Eudème

ARISTOTE

 

MORALE A EUDEME

LIVRE III : ANALYSE DE QUELQUES VERTUS PARTICULIERES.

CHAPITRE VII

chapitre VIlvre IV

 

 

 

Morale à Eudème

 

 

 

 MORALE A EUDÈME

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LIVRE III.

CHAPITRE VIΙ

De différents caractères. L'envieux, le haineux. — Du respect humain; de l'impudence; de l'amabilité et de la bienveillance; de la gravité et du respect de soi; de la sincérité, milieu entre la fausseté et la jactance; du savoir-vivre et de la politesse dans les relations de société, en ce qui concerne la plaisanterie. — Réflexions générales sur ces diverses qualités et sur ces caractères.

1 Σχεδὸν δὲ καὶ τῶν ἄλλων ἕκαστα τῶν περὶ τὸ ἦθος ἐπαινετῶν καὶ ψεκτῶν τὰ μὲν ὑπερβολαὶ τὰ δ᾽ ἐλλείψεις τὰ δὲ μεσότητές εἰσι παθητικαί. Οἷον ὁ φθονερὸς καὶ ἐπιχαιρέκακος. Καθ᾽ ἃς γὰρ ἕξεις λέγονται, ὁ μὲν φθόνος τὸ [20] λυπεῖσθαι ἐπὶ τοῖς κατ᾽ ἀξίαν εὖ πράττουσιν ἐστίν, τὸ δὲ τοῦ ἐπιχαιρεκάκου πάθος ἐπὶ τὸ αὐτὸ ἀνώνυμον, ἀλλ᾽ ὁ ἔχων δῆλος, ἐπὶ τὸ χαίρειν ταῖς παρὰ τὴν ἀξίαν κακοπραγίαις. 2 Μέσος δὲ τούτων ὁ νεμεσητικός, καὶ ὃ ἐκάλουν οἱ ἀρχαῖοι τὴν νέμεσιν, τὸ λυπεῖσθαι μὲν ἐπὶ ταῖς παρὰ τὴν ἀξίαν [25] κακοπραγίαις καὶ εὐπραγίαις, χαίρειν δ᾽ ἐπὶ ταῖς ἀξίαις· διὸ καὶ θεὸν οἴονται εἶναι τὴν νέμεσιν.

3 Αἰδὼς δὲ μεσότης ἀναισχυντίας καὶ καταπλήξεως· ὁ μὲν γὰρ μηδεμιᾶς φροντίζων δόξης ἀναίσχυντος, ὁ δὲ πάσης ὁμοίως καταπλήξ, ὁ δὲ τῆς τῶν φαινομένων ἐπιεικῶν αἰδήμων.

4 Φιλία δὲ [30] μεσότης ἔχθρας καὶ κολακείας· ὁ μὲν γὰρ εὐχερῶς ἅπαντα πρὸς τὰς ἐπιθυμίας ὁμιλῶν κόλαξ, ὁ δὲ πρὸς ἁπάσας ἀντικρούων ἀπεχθητικός, ὁ δὲ μὴ [τε] πρὸς ἅπασαν ἡδονὴν μήτ᾽ ἀκολουθῶν μήτ᾽ ἀντιτείνων, ἀλλὰ πρὸς τὸ φαινόμενον βέλτιστον, φίλος.

5 Σεμνότης δὲ μεσότης αὐθαδείας καὶ [35] ἀρεσκείας· ὁ μὲν γὰρ μηδὲν πρὸς ἕτερον ζῶν καταφρονητικὸς αὐθάδης, ὁ δὲ πάντα πρὸς ἄλλον ἢ καὶ πάντων ἐλάττων ἄρεσκος, ὁ δὲ τὰ μὲν τὰ δὲ μή, καὶ πρὸς τοὺς ἀξίους οὕτως ἔχων σεμνός.

6 δὲ ἀληθὴς καὶ ἁπλοῦς, ὃν καλοῦσιν αὐθέκαστον, μέσος τοῦ εἴρωνος καὶ ἀλαζόνος. μὲν γὰρ ἐπὶ τὰ χείρω καθ᾽ αὑτοῦ ψευδόμενος μὴ ἀγνοῶν εἴρων, [1234a] ὁ δ᾽ ἐπὶ τὰ βελτίω ἀλαζών, ὁ δ᾽ ὡς ἔχει, ἀληθὴς καὶ καθ᾽ Ὅμηρον πεπνυμένος· καὶ ὅλως ὃ μὲν φιλαλήθης, ὃ δὲ φιλοψευδής.

7 στι δὲ καὶ ἡ εὐτραπελία μεσότης, καὶ ὁ εὐτράπελος μέσος [5] τοῦ ἀγροίκου καὶ δυστραπέλου καὶ τοῦ βωμολόχου. σπερ γὰρ περὶ τροφὴν ὁ σικχὸς τοῦ παμφάγου διαφέρει τῷ ὃ μὲν μηθὲν ἢ ὀλίγα καὶ χαλεπῶς προσίεσθαι, ὃ δὲ πάντα εὐχερῶς, οὕτω καὶ ὁ ἄγροικος ἔχει πρὸς τὸν φορτικὸν καὶ βωμολόχον· ὃ μὲν γὰρ οὐθὲν γελοῖον ἀλλὰ χαλεπῶς [10] προσίεται, ὃ δὲ πάντα εὐχερῶς καὶ ἡδέως. Δεῖ δ᾽ οὐδέτερον, ἀλλὰ τὰ μὲν τὰ δὲ μή, καὶ κατὰ τὸν λόγον· οὗτος δ᾽ εὐτράπελος. 8 δ᾽ ἀπόδειξις ἡ αὐτή· ἥ τε γὰρ εὐτραπελία ἡ τοιαύτη, καὶ μὴ ἣν μεταφέροντες λέγομεν, ἐπιεικεστάτη ἕξις, καὶ ἡ μεσότης ἐπαινετή, τὰ δ᾽ ἄκρα ψεκτά. Οὔσης δὲ διττῆς τῆς [15] εὐτραπελίας (ἣ μὲν γὰρ ἐν τῷ χαίρειν ἐστι τῷ γελοίῳ καὶ τῷ εἰς αὐτόν, ἐὰν ᾖ τοιονδί, ὧν ἓν καὶ τὸ σκῶμμα ἐστίν, ἣ δ᾽ ἐν τῷ δύνασθαι τοιαῦτα πορίζεσθαι), ἕτεραι μέν εἰσιν ἀλλήλων, ἀμφότεραι μέντοι μεσότητες. 9 Καὶ γὰρ τὸν δυνάμενον τοιαῦτα πορίζεσθαι ἐφ᾽ ὅσοις ἡσθήσεται <ὁ> εὖ κρίνων, [20] κἂν εἰς αὐτὸν ᾖ τὸ γελοῖον, μέσος ἔσται τοῦ φορτικοῦ καὶ τοῦ ψυχροῦ. δ᾽ ὅρος οὗτος βελτίων ἢ τὸ <μὴ> λυπηρὸν εἶναι τὸ λεχθὲν τῷ σκωπτομένῳ ὄντι ὁποιῳοῦν· μᾶλλον γὰρ δεῖ τῷ ἐν μεσότητι ὄντι ἀρέσκειν· οὗτος γὰρ κρίνει εὖ.

10 Πᾶσαι δ᾽ αὗται αἱ μεσότητες ἐπαινεταὶ μέν, οὐκ εἰσὶ δ᾽ [25] ἀρεταί, οὐδ᾽ αἱ ἐναντίαι κακίαι· ἄνευ προαιρέσεως γάρ. Ταῦτα δὲ πάντ᾽ ἐστὶν ἐν ταῖς τῶν καθημάτων διαιρέσεσιν· ἕκαστον γὰρ αὐτῶν πάθος τι ἐστίν. Διὰ δὲ τὸ φυσικὰ εἶναι εἰς τὰς φυσικὰς συμβάλλεται ἀρετάς· ἔστι γάρ, ὥσπερ λεχθήσεται ἐν τοῖς ὕστερον, ἑκάστη πως ἀρετὴ καὶ φύσει καὶ ἄλλως μετὰ [30] φρονήσεως. 12 μὲν οὖν φθόνος εἰς ἀδικίαν συμβάλλεται (πρὸς γὰρ ἄλλον αἱ πράξεις αἱ ἀπ᾽ αὐτοῦ) καὶ ἡ νέμεσις εἰς δικαιοσύνην, ἡ αἰδὼς εἰς σωφροσύνην, διὸ καὶ ὁρίζονται ἐν τῷ γένει τούτῳ τὴν σωφροσύνην· ὁ δ᾽ ἀληθὴς καὶ ψευδὴς ὃ μὲν ἔμφρων, ὃ δ᾽ ἄφρων.

13 στι δ᾽ ἐναντιώτερον τοῖς ἄκροις τὸ μέσον ἢ ἐκεῖνα ἀλλήλοις, [1234b] διότι τὸ μὲν μετ᾽ οὐδετέρου γίνεται αὐτῶν, τὰ δὲ πολλάκις μετ᾽ ἀλλήλων καί εἰσιν ἐνίοτε οἱ αὐτοὶ θρασύδειλοι, καὶ τὰ μὲν ἄσωτοι τὰ δὲ ἀνελεύθεροι, καὶ ὅλως ἀνώμαλοι κακῶς. 14 ταν μὲν γὰρ καλῶς ἀνώμαλοι ὦσιν, [5] οἱ μέσοι γίγνονται· ἐν τῷ μέσῳ γὰρ ἐστί πως τὰ ἄκρα. Αἱ δὲ ἐναντιώσεις οὐ δοκοῦσιν ὑπάρχειν τοῖς ἄκροις πρὸς τὸ μέσον ὁμοίως ἀμφότεραι, ἀλλ᾽ ὁτὲ μὲν καθ᾽ ὑπερβολὴν ὁτὲ δὲ κατ᾽ ἔλλειψιν. 15 Αἴτια δὲ τά τε πρῶτα ῥηθέντα δύο, ὀλιγότης τε, οἷον τῶν πρὸς τὰ ἡδέα ἀναισθήτων, καὶ ὅτι ἐφ᾽ [10] ὃ ἁμαρτάνομεν μᾶλλον, τοῦτο ἐναντιώτερον εἶναι δοκεῖ· 16 τὸ δὲ τρίτον, ὅτι τὸ ὁμοιότερον ἧττον ἐναντίον φαίνεται, οἷον πέπονθε τὸ θράσος πρὸς τὸ θάρσος καὶ ἀσωτία πρὸς ἐλευθεριότητα.

Περὶ μὲν οὖν τῶν ἄλλων ἀρετῶν τῶν ἐπαινετῶν εἴρηται σχεδόν· περὶ δὲ δικαιοσύνης ἤδη λεκτέον.

 

 

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1 De tous les autres caractères qui sont louables ou blâmables moralement, on peut dire presque sans exception que ce sont ou des excès, ou des défauts, ou des milieux dans les sentiments qu'on éprouve. Par exemple, tels sont l'envieux, et ce caractère odieux qui se réjouit du mal d'autrui. Selon les manières d'être qu'ils ont tous deux, et d'après lesquelles on les dénomme, l'envie consiste [20] à se chagriner du bonheur qui arrive à ceux qui le méritent; la passion de l'homme qui se réjouit du mal d'autrui, n'a pas reçu de nom spécial ; mais celui qui la ressent se révèle bien clairement, en se réjouissant des malheurs même les plus immérités. 2 Le milieu entre ces deux sentiments est le caractère qui n'a que cette  juste indignation appelée par les anciens Némésis, ou l'indignation vertueuse, et qui consiste [25] à s'affliger des biens et des maux d'autrui qui ne sont pas mérités, et à se réjouir de ceux qui le sont. Aussi n'a-t-on pas manqué de faire de Némésis une déesse.

3 Quant à la pudeur ou respect humain, elle tient le milieu entre l'impudence, qui brave tout, et la timidité, qui vous paralyse. Quand on ne se préoccupe jamais de l'opinion, quelle qu'elle soit, on est impudent ; quand on s'effraie sans discernement de toute opinion, on est timide. Mais l'homme qui a le respect humain et la vraie pudeur, ne s'inquiète que du jugement des hommes qui lui semblent honorables.

4 L'amabilité [30] tient le milieu entre l'inimitié et la flatterie. Celui qui s'empresse de céder à toutes les fantaisies de ceux avec qui il se trouve, est un flatteur; celui qui les contredit sans cesse à plaisir, est une sorte d'ennemi. Quant à l'homme aimable et bienveillant, il n'accepte pas aveuglément tous les caprices des gens ; il ne les combat point tons non plus ; mais il recherche en toute occasion ce qui lui parait le mieux.

5 La tenue et la gravité sont un milieu entre l'égoïsme, qui ne pense qu'à soi, [35] et la complaisance, qui cherche à satisfaire tout le monde. Celui qui ne sait rien concéder dans ses rapports avec les autres, et qui est toujours méprisant, n'est qu'un égoïste. Celui qui accorde tout aux autres et se met toujours au-dessous d'eux, est un complaisant. Enfin, l'homme grave qui se respecte, est celui qui accorde certaines choses et n'en accorde pas certaines autres, et qui sait se tenir selon le mérite des gens.

6 L'homme vrai et simple, qui, selon l'expression vulgaire, dit les choses comme elles sont, tient le milieu entre le dissimulé, qui cache tout, et le fanfaron, qui bavarde sans cesse. L'un, qui à bon escient déprécie et rapetisse tout ce qui le concerne, est dissimulé ; [1234a] l'autre, qui se flatte toujours, est le fanfaron. Mais celui qui sait dire les choses comme elles sont, est l'homme vrai et sincère ; et pour prendre le mot d'Homère, c'est un homme circonspect. En général, l'un n'aime que la vérité; les autres n'aiment que le faux.

7 Un milieu, c'est encore la politesse ou le savoir-vivre. L'homme poli tient le milieu [5] entre l'homme ras-tique et grossier, et le mauvais plaisant, qui se donne tout à tous. De même qu'en fait de nourriture, l'homme difficile et délicat diffère du glouton qui dévore tout, parce que l'un ne mange rien ou peu de chose, et encore avec peine, et que l'autre engloutit sans discernement tout ce qui se rencontre ; de même, l'homme rustique et grossier diffère du mauvais plaisant et du bouffon trivial. L'un ne trouve jamais rien qui le puisse dérider ; [10] et il reçoit avec rudesse tout ce qu'on lui dit ; l'autre au contraire accepte tout avec une égale facilité et s'en amuse. IL ne faut être ni l'un ni l'autre. Mais il faut tantôt admettre ceci, tantôt rejeter cela, et toujours suivant la raison; et tel est l'homme poli qui sait vivre. 8 En voici bien la preuve, et c'est toujours la même dont nous nous sommes si souvent servi : le savoir-vivre ou la politesse qui mérite vraiment ce nom, et non pas celle qu'on appelle ainsi par simple métaphore, est en ce genre de choses la façon d'être la plus honnête ; et ce milieu est digne de louange, tandis que les extrêmes sont à blâmer. Or, la vraie politesse [15] peut être de deux sortes. Tantôt, elle consiste à bien prendre les plaisanteries, surtout celles qui s'adressent à vous, et dans ce cas a pouvoir supporter jusqu'au sarcasme lui-même ; tantôt, elle consiste à pouvoir au besoin plaisanter personnellement. Ces deux genres de politesse sont différents l'un de l'autre ; et cependant tous les deux sont des milieux. 9 Car celui qui sait pousser les choses jusqu'à ce point de faire encore plaisir à l'homme de goût, saura, [20] si c'est à ses dépens qu'on rit, tenir le milieu entre le manant qui insulte, et l'homme froid qui ne saura jamais trouver la moindre plaisanterie. Cette définition me parait meilleure que si l'on disait qu'il faut faire en sorte que le bon mot ne soit jamais pénible pour la personne que l'on raille, quelle qu'elle puisse être ; car, il faut plutôt encore chercher à plaire à l'homme de goût, qui reste toujours dans une juste impartialité, et qui est dès-lors un bon juge des choses.

10 Du reste, tous ces milieux, pour être louables, ne sont pas toutefois des [25] vertus, non plus que les contraires ne sont des vices ; car il n'y a pas dans tout cela d'intention ni de volonté réfléchie. Ce ne sont là, à bien dire, que des divisions secondaires de sentiments et de passions ; et chacune de ces nuances de caractère, que nous  venons d'analyser ne sont que des sentiments divers. 11 Comme ils sont tous naturels et spontanés, on peut les faire rentrer dans la classe des vertus naturelles. Du reste, chaque vertu, comme on le verra dans la suite de ce traité, est en quelque sorte à la fois naturelle et aussi d'une autre façon, c'est-à-dire accompagnée de prudence [30] et de réflexion. 12 Ainsi, l'envie, dont nous avons parlé, peut être rapportée à la justice ; car les actes qu'elle inspire sont aussi dirigés contre autrui. L'indignation vertueuse, que nous avons également expliquée, peut être rapportée à la justice ; et la pudeur, qui vient du respect humain, à la sagesse, qui tempère les passions; et voilà comment l'on classe aussi la sagesse dans le genre des vertus naturelles. J'ajoute enfin que l'homme vrai et l'homme faux peuvent passer pour avoir, l'un de la sagesse, et l'autre, pour en manquer.

13 Parfois, il se fait que le milieu est plus contraire aux extrêmes qu'ils ne le sont entr'eux. [1234b] C'est que le milieu ne se rencontre jamais avec aucun d'eux, tandis que les. contraires vont bien fréquemment de pair, et que l'on voit fort souvent des gens qui sont tout ensemble lâches et téméraires, prodigues en une chose et avares en une autre, en un mot qui sont tout à fait en opposition avec eux-mêmes dans de très-vilaines actions. 14 Quand ils sont ainsi irréguliers et inégaux dans le bien, [5] ils finissent par trouver le vrai milieu, parce que les extrêmes sont en quelque façon dans le milieu qui les sépare et les réunit Mais l'opposition des extrêmes, dans leurs rapports avec le milieu, ne parait pas toujours égale dans les deux sens; et tantôt, c'est l'excès qui domine; tantôt, c'est le défaut. 15 Les causes de ces différences sont celles qu'on a indiquées plus haut. D'abord le petit nombre des gens qui ont ces vices extrêmes ; et, par exemple, le très-petit nombre de ceux qui sont insensibles aux plaisirs ; et en second lieu, cette disposition d'esprit qui nous fait croire [10] que la faute que nous commettons le plus souvent, est aussi la plus contraire au milieu. 16 On peut ajouter en troisième lieu que ce qui ressemble davantage au milieu parait moins contraire; et tel est le rapport de la témérité à la sage assurance, et de la prodigalité à la générosité véritable.

Nous avons parlé jusqu'ici de presque toutes les vertus qui sont dignes d'être louées ; c'est maintenant le lieu de traiter de la justice.

« ( Remarquez que les livres IVe, Ve et VIe de la Morale » à Eudème sont omis ici, parce que le livre quatrième reproduit en tout, et mot pour mot, le livre cinquième de la Morale à Nicomaque; que le livre cinquième reproduit le sixième ; et qu'enfin le livre sixième reproduit le  septième. ) »

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Ch. VIΙ. Morale à Nicomaque, livre IV, ch. 6, 7 et 8 ; Grande Morale, livre 1, ch. 26, 27, 28 et 29.

§ 1. N'a pas reçu de nom spécial. Dans notre tangue, nous n'avons pas non plus de mot spécial pour exprimer ce caractère. L'envieux signifie également pour nous, et celui qui s'afflige du bonheur d'autrui, et celui qui se réjouit du malheur d'autrui. Il est certain qu'il eût mieux valu créer un mot particulier.

§ 2. Cette juste indignation. L'original n'est pas aussi précis.

Appelée par les anciens Némésis. Ceci porterait à croire que, dès le tempe même où ce traité a été écrit, le mot de Némésis avait déjà quelque chose d'obscur et de suranné.

5e réjouir de ceux qui le sont. C'est aller trop loin que de se réjouir du mai d'autrui, même quand ce mal est mérité. Mais il est possible que l'expression de l'autour dépasse ici quelque peu sa pensée. La juste indignation qu'on ressent d'un succès immérité, fait qu'en peut applaudir au châtiment qui frappe le coupable, sans d'ailleurs en éprouver de joie.

§ 3. Pudeur ou respect humain. Il n'y a que le premier mot tout seul dans le texte ; j'ai cru devoir ajouter le second, qui l'explique en le paraphrasant.

Qui brave tout... Qui vous paralyse. J'ai ajouté ces développements, pour rendre la force des mots de l'original.

Le respect humain et la vraie pudeur. Même remarque que plus haut.

§ 4. L'amabilité. Le texte dit : « l'amitié, » Ce mot est trop spécial pour qu'il pût convenir ici.

Ce qui lui paraît le mieux. Expression insuffisante d'une pensée juste.

§ 5. La tenue et ta gravité. Il n'y a qu'un seul mot dans le texte.

L'égoïsme... La complaisance. Les deux extrêmes sont assez bien opposés; le milieu est peut-être moins bien choisi.

Et qui est toujours méprisant. C'est alors autre chose que de l'égoïsme; c'est aussi de l'insolence. Il est vrai d'ailleurs que souvent l'insolence est la suite ou la source de l'égoïsme.

L'homme grave qui se respecte.. L'original dit seulement : « l'homme grave ».

§ 6. Le dissimulé, qui cache tout. Le texte dit : « l'ironique ». Dans notre langue, ce mot a reçu un sens particulier, qui n'aurait point convenu en cet endroit.

Est dissimulé. Même observation.

Le mot d'Homère, L'expression qui est ici rappelée, se trouve en effet très-fréquem-ment dans Homère.

§ 7. Ou le savoir-vivre. Paraphrase, que j'ai cru devoir ajouter.

Qui se donne tout à tous. Même remarque.

Il ne faut être ni l'un ni l'autre. Observation de mœurs très-délicate; c'est de l'atticisme.

§ 8. Dont nous noms sommes si souvent servi. J'ai ajouté tout ceci pour compléter la pensée.

Ce milieu est digne de louange. Voilà cette preuve que l'auteur a déjà fréquemment employée pour classer les vertus et les définir. Chacune d'elle le trouve placée entre deux vices.

Sont différents l'un de l'autre. Tout en étant fort voisins.

§ 9. Qui insulte. J'ai ajouté ceci.

  L'homme froid. Cette expression métaphorique est dans l'original.

- Qui ne saura jamais... J'ai ajouté tout ceci.

Ne soit jamais pénible Il faut remarquer toute la délicatesse de ces observations; elles attestent un esprit de société très développé et très-poli.

De ne pas dépasser cette limite. Conseil excellent, mais d'une application assez difficile.

§ 10. Ne sont pas des vertus. Observation très-juste, et qui était asses nécessaire dans un traité de morale.

D'intention ni de volonté réfléchie. Il n'y a qu'un seul mot dans le texte.

De sentiments et de passions. Même remarque.

§ 11. Naturels et spontanés. J'ai ajouté ce dernier mot, que justifie ce qui vient d'être dit dans la phrase précédente.

Dans la suite de ce traité. Je crois que l'auteur a tenu sa promesse; et la discussion qu'il annonce ici se retrouve dans le VIe livre de la Morale à Nicomaque, ch. 11, § 1, le Ve, comme on sait, de la Morale à Eudème.

De prudence et de réflexion. II n'y a qu'un seul mot dans l'original.

§ 12. Dont nous avons parlé. Un peu plus haut dans ce chapitre, § 1.

L'indignation vertueuse. La Némésis.

 — Que nous avons également: expliquée.  Id., ibid.

Qui tempère les passions. J'ai ajouté cette paraphrase.

Dans le genre des vertus naturelles. Le texte est un peu moins précis.

§ 13. Parfois il se fait. Il manque ici une transition. L'auteur revient, sans le dire, à ses discussions antérieures sur la nature de la vertu, et sur tes rapports du milieu qui la constitue avec les deux extrêmes opposés qui y sont contraires.

§ 14. Par trouver le vrai milieu. Je ne sais pas trop si cette observation est bien juste.

§ 15. Qu'on a indiquée plus haut. Livre II, ch. 5, § 7.

§ 16. A la sage assurance. Ou au courage.

Générosité véritable. J'ai ajouté l'épithète.

Nous avons parlé jusqu'ici. On peut trouver ce résumé bien court et bien insuffisant.

(Remarquez.... ) J'ai cru devoir traduire cette observation des anciens éditeurs grecs de la Morale à Eudème. Tous les manuscrits ne la donnent pas. Quelques uns se contentent d'indiquer le commencement des trois livres; et c'est tout-à-fait le commencement des trois livres de la Morale à Nicomaque. Cette indication est indispensable, et pour rendre compte de la lacune, et aussi pour montrer quels étroits rapports unissent la Morale a Eudème et la Morale à Nicomaque. Je crois devoir rappeler, à la suite, le sujet spécial de chacun des trois livres qui manquent ici. On les retrouvera dans le volume précédent, si l'on veut bien s'y reporter. Les manuscrits n'avaient d'ailleurs pour ces trois livres que des variantes insignifiantes ; elles ne tiennent absolument qu'à la transcription et à l'habileté plus ou moins grande des copistes.

FIN DU LIVRE TROISIEME.

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