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table des matières de l'œuvre d'Aristote

 

table des matières de l'histoire des animaux

 

 

 

 

ARISTOTE

 

 

HISTOIRE DES ANIMAUX D'ARISTOTE

 

 

LIVRE HUIT

 

préface

 

texte grec

 

 

 

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HISTOIRE DES ANIMAUX D'ARISTOTE

LIVRE VIII

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CHAPITRE XI
De la nourriture de l'éléphant; quantité de solide et de liquide qu'il lui faut; durée de son existence.

§ 1. L'éléphant mange en un seul repas jusqu'à neuf médimnes macédoniens; mais une si grande quantité de nourriture n'est pas sans danger. En général, six ou sept médimnes au plus lui suffisent ; cinq, si c'est de la farine. Il leur faut cinq Maris de vin ; et le Maris contient six cotyles. On a constaté qu'un éléphant avait bu en une fois jusqu'à quatorze mesures macédoniennes d'eau; et le soir, il en put boire encore huit autres.

§ 2. Si beaucoup de chameaux vivent environ trente ans, et quelques-uns même bien davantage, puisqu'il y eu a qui vont à cent ans, l'éléphant vit deux cents ans, à ce qu'on assure ; et il va même jusqu'à trois cents, dit-on encore.
 

§ 1. Neuf médimnes macédoniens. Il n'est pas facile de savoir ce que représentait précisément le médimne macédonien; mais l'on sait que chaque jour les éléphants domestiques mangent prés de deux cents livres de nourriture. D'après ce que dit le texte même, neuf médimnes macédoniens étaient une quantité excessive. Le médimne passe ordinairement pour valoir plus de cent livres. - Cinq Maris de vin. Le Maris valait en général quatre ou six cotyles: mais le cotyle variait beaucoup de capacité. - Quatorze mesures macédoniennes. Même incertitude. D'après Buffon, t. XVI, pl 303, édit.. de 1830, l'éléphant mange à peu près cent cinquante livres d'herbe par jour.

§ 2. L'éléphant vit deux cents ans. Buffon semble admettre aussi ce chiffre, loc. cit., p. 311. D'autres zoologistes le réduisent à cent cinquante. A cet égard, on n'a pas d'observations très exactes, à cause de cette longévité même. Dans la domesticité, il est probable que ces bêtes puissantes vivent moins longtemps.

CHAPITRE XII
De la nourriture des moutons et des chèvres; leur manière de brouter; emploi utile du sel pour les faire boire et les engraisser; les eaux du nord leur valent mieux que celles du midi; manière de juger de la force des moutons et des chèvres; laines avariées.

§ 1. Les moutons et les chèvres se nourrissent d'herbes; mais les moutons mangent en restant sur place et sans bouger; les chèvres au contraire changent de place à tout moment, et ne mangent que le sommet des tiges.

§ 2. C'est surtout la boisson que prennent les moutons qui les engraisse; aussi, pendant l'été, leur donne-t-on du sel tous les cinq jours, un médimne de sel par cent bêtes. Avec ce soin, on rend le troupeau plus gras, en même temps qu'il se porte mieux. Aussi, leur donne-t-on du sel avec beaucoup d'autres choses; et par exemple, on mêle du sel à la paille qu'ils mangent. La soif les fait alors boire davantage; et à l'automne, on saupoudre de sel les concombres dont on les nourrit.

§ 3. Les brebis ont alors plus de lait; et quand on les fait sortir à midi, elles boivent davantage le soir. Lorsqu'on leur donne du sel avant qu'elles ne mettent bas, leurs mamelles s'allongent et descendent. La feuille d'olivier, soit cultivé, soit sauvage, le pissenlit, la paille de toute espèce, engraissent les moutons; mais tous ces aliments, saupoudrés d'eau salée, les engraissent encore bien mieux. Ce qui aide plus encore à les engraisser, c'est de les soumettre à un jeûne préalable de trois jours.

§ 4. En automne, les eaux exposées au nord leur valent mieux que les eaux qui sont au midi: et les pâtures du soir leur sont surtout favorables; au contraire, les longues marches et les fatigues les font maigrir. Les bergers savent reconnaître les bêtes qui sont les plus fortes en ce que, durant l'hiver, [597a] les unes gardent le givre et que les autres ne le gardent pas. Celles qui ne sont pas robustes s'en débarrassent en le secouant.

§ 5. Pour toutes les espèces de quadrupèdes, la chair est moins bonne quand les bêtes paissent dans des marécages, que quand elles paissent dans des lieux plus hauts. Les moutons à queue large supportent mieux le froid que les moutons à queue longue ; et ceux qui ont la laine claire, mieux que ceux qui l'ont épaisse. Les moutons qui ont la laine en flocons souffrent beaucoup de l'hiver. Les moutons sont plus sains que les chèvres; mais les chèvres sont plus robustes que les moutons. Quand des moutons ont été dévorés par des loups, leurs toisons, la laine qu'on en recueille, et même les vêtements qu'on en tire, sont bien plus sujets que les autres il la vermine.

§ 1. En restant sur place. Pour ruminer plus à l'aise. - Le sommet des tiges. C'est ce qui rend les chèvres si fatales aux jeunes pousses des arbres.

§ 2. C'est surtout la boisson. Voir plus haut, ch. X, § 1. - Un médimne de sel par cent bêtes. Si le médimne vaut cent livres, c'est à peu près une livre de sel tous les cinq jours par bête. -  Plus gras. Parce qu'il boit et mange davantage. - Les concombres. Ou « les courges  »

§ 3. Quand on les fait sortir à midi. Il semble qu'il doit y avoir ici quelque erreur de copiste; car on se garde au contraire de faire sortir les bêtes par la chaleur. - Lorsqu'on leur donne du sel... Toutes ces observations paraissent exactes. - La feuille d'olivier... pissenlit. Ces identifications ne sont pas sûres. - A un jeûne préalable Voir, plus haut, le même procédé pour le cochon, ch. VIII, § 4.

§ 4. Les eaux exposées au nord. On pourrait traduire aussi: « Les pluies du nord, ... les pluies du midi ». - Les pâtures du soir. C'est pour cela qu'on ne les fait pas sortir par la grande chaleur du jour. - Les bergers savent reconnaître. L'observation est ingénieuse; et le fait doit être certain.

§ 3. Dans des lieux plus hauts. Et par conséquent, plus secs. - Les moutons à queue large. Ceci s'applique sans doute à ces moutons de Syrie et d'Égypte dont la queue pèse quelquefois plus de vingt livres. - Qui ont la laine claire. Probablement, parce que la peau, plus exposée aux intempéries, y résiste mieux. - Qui ont la laine en flocons. Ceci est un fait d'observation qui peut varier avec les contrées et les races d'animaux. - Sont plus sains. C'est-à-dire, Sont moins souvent malades; peut-être cette observation n'est-elle pas très exacte. - Quand des moutons ont été dévorés... MM. Aubert et Wimmer croient que ceci est une addition venue d'une main étrangère. Cette conjecture est bien vraisemblable. En effet, cette dernière phrase ne tient pas à ce qui précède; et l'assertion qu'elle renferme peut ne répondre qu'à quelque croyance populaire sans fondement. On pourrait citer de notre temps bien des opinions vulgaires qui ne valent pas mieux.

CHAPITRE XIII
De la nourriture des insectes selon qu'ils ont des dents, ou une langue seulement; insectes omnivores, sanguinivores; insectes qui se nourrissent du suc des plantes et des fruits; délicatesse de l'abeille.

§ 1. Parmi les insectes, ceux qui ont des dents mangent de tout; ceux qui n'ont qu'une langue, ne peuvent vivre que de liquides, où ils puisent, à l'aide de cet organe, les sucs qu'il leur faut. De ces derniers, les uns mangent de tout, enu ce sens qu'ils goûtent toutes les saveurs, comme le font les mouches. D'autres boivent du sang, comme le taon et la grosse mouche; il en est d'autres qui se contentent de sucer les plantes et les fruits. L'abeille est le seul insecte qui ne se pose jamais sur aucune ordure; elle ne fait sa nourriture que des choses qui ont une saveur douce; et l'eau qui leur est la plus agréable est celle qui jaillit la plus pure.

§ 2. Telle est donc la manière dont, en général, les animaux prennent la nourriture qui leur convient.

§ 1. Parmi les insectes. Ce qui est dit ici de la nourriture des insectes est bien court et bien insuffisant. Il en a été déjà question, bien qu'incidemment plus haut, liv. IV, ch. VIII. - Ne peuvent vivre que de liquides. L'observation est très juste et très simple. - Les mouches. Le fait est exact; et les mouches de nos climats, comme celles de Grèce, semblent prendre goût à tout ce qu'elles touchent. - Le taon et la grosse mouche. Aristote a souvent accouplé les noms de ces deux insectes, sans qu'il soit bien possible de les distinguer l'un de l'autre; ce sont des insectes volants, qui sucent le sang des gros animaux; voir le Catalogue de MM. Aubert et Wimmer, tome I, p. 168, § 35. - L'abeille est le seul insecte.... Voir plus haut, liv. IV, ch. VIII, § 23. - Une saveur douce. Et surtout les sucs divers des fleurs.

§ 2. Telle est donc.... Résume insuffisant, comme peut le paraître ce qui le précède.

CHAPITRE XIV
Objets divers des actions des animaux; leurs migrations, selon les saisons, elles sont plus ou moins lointaines, grues de Scythie allant jusqu'aux sources du Nil en Égypte ; les Pygmées; migrations des pélicans; bon ordre de leur voyage; migrations des poissons, des petits oiseaux; les espèces faibles parlent toujours les premières; erreur sur la pierre que porteraient les grues pour se lester; les ramiers, les bisets, les tourterelles, les colombes; les cailles; ruses des chasseurs pour les prendre; oiseaux divers; le hibou, oiseau bavard et imitateur; manière de le saisir; oiseaux du même genre ; le perroquet, oiseau de l'Inde: oiseaux allant par troupes.

§ 1. Les actions diverses des animaux ont pour objets : l'accouplement, la production des petits, la recherche de la nourriture, qui doit être suffisamment abondante, le froid et le chaud, et enfin les migrations, suivant les saisons de l'année. Tous les animaux en effet sentent le changement du froid et de la chaleur, parleur organisation même; et tout comme, dans l'espèce humaine, certains peuples se retirent dans des maisons en hiver, tandis que d'autres, disposant de vastes contrées, vont chercher la chaleur en hiver et le froid en été, de même aussi ceux des animaux qui peuvent changer de lieux ne manquent pas de le faire.

§ 2. Ainsi, tandis que les uns restent dans les climats dont ils ont l'habitude, parce qu'ils y trouvent tout ce qu'il leur faut, les autres changent de demeures, fuyant [597b] à l'approche de l'hiver, et vers l'équinoxe d'automne, les rives du Pont et les régions froides; et après l'équinoxe du printemps, revenant des climats chauds vers les plus froids, par crainte des chaleurs brûlantes.

§ 3. Dans ces migrations, les uns viennent de lieux voisins; d'autres viennent de toute extrémité, peut-on dire. Par exemple, les grues se transportent de la Scythie dans les marais de la Haute-Égypte, d'où sort le Nil. C'est le pays où habitent les Pygmées, auxquels elles font la guerre; car les Pygmées ne sont pas du tout une fable, et il existe réellement une race d'hommes, comme on l'assure, de très petite taille, ainsi que leurs chevaux, et qui passent leur vie dans des cavernes.

§ 4. Les pélicans aussi se déplacent. Ils s'envolent des bords du Strymon vers ceux de l'Ister, où ils vont faire leurs petits. Ils émigrent en troupes serrées, les premiers attendant les derniers, parce que, au passage des montagnes, les derniers ne peuvent plus être vus par ceux qui les précèdent.

§ 5. Les poissons font les mêmes migrations, les uns, sortant du Pont bu y retournant , les autres quittant en hiver la haute mer pour se rapprocher de la terre, où ils recherchent la chaleur; et dans l'été, retournant des bords de la terre dans les hautes eaux, où ils peuvent trouver plus de fraîcheur. Parmi les oiseaux, ceux qui ne sont pas très forts descendent, en hiver et par les gelées, dans la plaine, afin d'y avoir plus chaud; et l'été venu, ils retournent à la montagne pour éviter les chaleurs qui les brillent.

§ 6. Ce sont toujours les espèces les plus faibles qui commencent I'émigration les premières, afin d'éviter l'un ou I'autre excès de température. Ainsi, les maquereaux partent avant les thons; et les cailles devancent les grues. Les unes émigrent dans le mois de Boédromion les autres, dans le mois de Moemactérion. Toutes les espèces son! toujours plus grasses quand elles reviennent des climats chauds: et c'est ainsi que les cailles sont plus grasses à l'automne qu'au printemps. Il se trouve que c'est à la même époque que l'émigration a lieu, soit des climats chauds, soit des climats froids. C'est aussi à l'époque du printemps que toutes ces espèces sont plus portées à l'accouplement, et quand elles reviennent des contrées chaudes.

§ 7. Ainsi qu'on vient de le dire, ce sont les grues, parmi les oiseaux, qui émigrent d'une extrémité de la terre à l'autre. Elles volent en prenant le vent. Mais ce qu'on dit [598a] de leur prétendue pierre est faux. On assure en effet qu'elles prennent une pierre pour se lester, laquelle pierre serait bonne à éprouver l'or, quand par hasard une grue en laisse tomber une de son bec.

§ 8. Les ramiers et les bisets émigrent et ne passent pas l'hiver dans nos contrées, non plus que les hirondelles et les tourterelles. Mais les colombes n'émigrent pas; et elles restent dans nos pays. Les cailles s'en vont comme les tourterelles; et s'il en reste quelques-unes, c'est qu'elles se trouvent dans des lieux bien exposés au soleil.

§ 9. Les grands ramiers et les tourterelles s'assemblent en troupes, soit lorsqu'elles arrivent, soit quand la saison du départ est venue de nouveau. Quand les cailles sont de passage, et que le temps est beau ou que règne le vent du nord, elles s'accouplent et jouissent du beau temps ; mais le vent du midi leur est défavorable, parce qu'elles ne volent pas très-bien, par ce vent qui est humide et lourd. Aussi, les chasseurs les traquent-ils par les vents du midi, et jamais parle beau temps. Si les cailles volent mal. c'est à cause du poids de leur corps, qui est relativement très-gros; et elles volent en poussant des cris que leur arrache la fatigue. § 10.Quand les cailles viennent dans nos climats, elles n'ont pas de chefs qui les conduisent ; mais quand elles nous quittent, elles ont pour les diriger et partir avec elles la glottis, la mère-caille, le hibou, et le cychrame, qui même les appelle durant la nuit. Aussi, quand les chasseurs entendent son cri, ils savent que les cailles ne restent plus dans le pays. § 11. La mère-caille se rapproche beaucoup, par la forme, des oiseaux de marais, ainsi que la glottis, dont la langue peut sortir du bec sur une grande longueur. Le hibou ressemble aux chouettes, et il a autour des oreilles des plumes en forme d'ailes. Parfois, on l'appelle le corbeau de nuit. C'est un oiseau bavard et grand imitateur de ce qu'il voit faire; aussi, pendant qu'il imite la danse d'un chasseur qui danse devant lui, un autre chasseur vient par derrière et le prend, tout comme on fait pour la chouette.

§ 12. En général, tous ces oiseaux qui sont pourvus de serres ont le col très-court, une langue trèslarge, et ils sont imitateurs. L'oiseau de l'Inde, qu'on nomme le perroquet, et dont on dit qu'il a la langue de l'homme, est un de ces oiseaux. On ne peut le faire taire quand il a bu du vin. Les oiseaux qui vont eu bandes sont ; la grue, le cygne, le pélican el la petite-oie.

 

§ 1. Les actions... Ou « Les fonctions ». - Le froid et le chaud. Qui déterminent les migrations des animaux. Ce rapprochement entre les animaux et l'espèce humaine n'est pas faux; et il y a des populations dans les pays de montagnes, sur la surface entière du globe, qui émigrent en effet selon les saisons, vivant tantôt dans des maisons et des abris, ou vivant aussi en plein air, comme le font les peuples nomades de notre Algérie.

§ 2. Ainsi tandis que les uns ... crainte des chaleurs brûlantes. On peut remarquer la justesse de ces observations et la parfaite convenance du style. - Les rives du Pont. A l'époque d'Aristote, le Pont ou mer Noire paraissait une contrée très lointaine et très septentrionale.

§ 3. De la Scythie. L'expression est bien générale; on peut supposer qu'elle désigne les contrées qui sont au nord du Danube. Cette distance paraissait alors prodigieuse. - Les marais de la Haute-Égypte. Nous dirions aujourd'hui « les lacs » d'où sort le Nil, comme le savait déjà l'Antiquité. Du Danube à l'équateur, où se trouvent les grands lacs, sources du Nil, ou ne peut guère compter moins de quarante degrés de latitude. C'était énorme dans l'Antiquité; et c'est encore bien considérable pour nous. - C'est le pays où habitent les Pygmées dans des cavernes. On a généralement regardé ce passage comme apocryphe. Homère parle des Pygmées, chant III de l'Iliade, vers 7, et de la guerre que leur font les Grues. D'après des observations récentes, il paraît que l'existence des Pygmées n'est pas tout à fait une fable, si d'ailleurs la guerre des Grues en est une. On a trouvé vers le centre de l'Afrique des hommes très petits, appelés Nyam-Nyams. C'est à eux sans doute que s'appliquait cette légende de l'Antiquité.

§ 4. Les pélicans. Il ne paraît pas que les oiseaux ainsi désignés par Aristote soient ceux que nous désignons par le même nom. Ce qu'en dit Aristote ici est un fait très probable et d'une observation facile. Le Strymon étant un fleuve de Macédoine et le Danube étant au nord, la migration se comprend très bien; les oiseaux vont chercher quelque fraîcheur en été. Voir le Catalogue de MM. Aubert et Wimmer, tome 1, p. 104, § 86. - En troupes serrées... Tous ces détails sont très exacts et dignes d'être étudiés.

§ 5. Les poissons... On peut remarquer qu'il y a peu d'ordre dans la succession des idées, puisque, après avoir quitté les oiseaux pour les poissons, l'auteur revient aux oiseaux dans ce qui suit, § 7, et même dans ce § 5. - Du Pont. Le Pont, ou mer Noire, était avec la Méditerranée, la seule mer que les Anciens connussent assez bien. - Ceux qui ne sont pas très forts. C'est la traduction littérale du grec: mais on peut trouver que l'expression est un peu vague: d'ailleurs, la description est très bien faite.

§ 6. Ainsi les maquereaux. L'auteur revient aux poissons, après les avoir quittés pour mes oiseaux. - Boedromion. Août et septembre ; Moemactérion. Octobre et novembre. il ne paraît pas d'ailleurs que tous les détails donnés ici soient d'une parfaite exactitude. - Il se trouve... Ceci ne se comprend pas très bien. - Plus portées à l'accouplement. Cette observation est vraie: mais elle ne semble pas être ici très bien à sa place.

§ 7. Ainsi qu'on vient de le dire. Voir plus haut, § 3. - Est faux. On a cru que ce passage était apocryphe. On peut au contraire le regarder comme authentique, puisque Aristote y réfute une erreur populaire. Pline, liv. X, ch. XXX, p. 401, édit. et trad. Littré, parle aussi de la pierre que les grues prennent dans leur patte pour se lester; mais il ne dit pas qu'elles tiennent cette pierre dans leur bec.

§ 8. Dans nos contrées. J'ai dû ajouter ces mots, qui m'ont paru indispensables pour marquer davantage que c'est en Grèce que ces observations étaient faites. - Dans nos pays. Même remarque. - S'il en reste quelques-unes. Ce sont des exceptions qu'on peut constater aussi dans nos climats.

§ 9. S'assemblent en troupes. Le fait est exact; et ces troupes d'oiseaux sont excessivement nombreuses.  — Elles s'accouplent. Il semble qu'il ne doit plus être question ici de l'accouplement, dont on a traité plus haut. — Elles ne volent pas très-bien. C'est exact; mais il est possible que, dans nos climats, le vent du midi ne leur cause pas les mêmes obstacles que dans le climat de la Grèce. — Aussi les chasseurs... Les idées semblent se très-bien suivre, quoique quelques commentateurs aient cru y trouver un peu de confusion.. — Que leur arrache la fatigue. Il n'est pas sur que cette explication soit très-juste.

§ 10. Viennent dans nos climats. Le sens n'est pas certain; et les expressions du texte sont assez obscures pour qu'on puisse les interpréter dans un sens tout contraire ; « Quand elles partent de nos climats », selon qu'on met le point de départ en Grèce, ou dans une contrée différente. Ce serait une observation directe des faits, dans la Grèce même, qui trancherait la question. — La glottis. On croit que la glottis est un oiseau de la famille des Pics. — Le cychrame. On suppose que c'est le crex pratensis, ou crex des prés, de la famille des râles; voir la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 976, et le Catalogue de MM. Aubert et Wimmer, tome I, pp. 90 et 100, §§ 26 et 67.

§ 11. La mère-caille. C'est la traduction littérale du nom grec ; et l'on doit entendre par là qu'une caille prend la direction de toute la troupe. — La glottis, dont la langue... C'est là ce qui explique le nom de cet oiseau. — Le hibou ressemble aux chouettes. Bien que ce qui est dit ici du hibou soit exact, il est évident que ce passage n'est pas à sa place, non plus que ce qui suit jusqu'à la fin du chapitre. Aussi MM. Aubertet Wimmer l'ont-ils mis entre crochets, dans leur édition.—La danse d'un chasseur. Le fait n'est pas absolument impossible; mais il est assez probable que ce qui est rapporté ici ne repose que sur une erreur vulgaire. Athénée, liv. IX, p. 390, reproduit en partie ce qu'Aristote dit ici du hibou. Voir aussi Pline, X, xxxiii, p. 102, édit. et trad. E. Littré.

§ 12. Ces oiseaux. Il faut limiter ces remarques aux oiseaux dont il vient d'être parlé, et ne pas les étendre à tous les oiseaux armés de serres. — L'oiseau de l'Inde. Chez les Grecs, le perroquet passait pour être originaire de l'Inde ; et cette donnée n'était
 

CHAPITRE XV
Des migrations des poissons; les poissons sont meilleurs sur les côtes; poissons des côtes, poissons de haute mer; bonté relative du poisson suivant les localités; poissons de la Crête; poissons des étangs maritimes, Alopéconnèse et Biston; poissons qui entrent dans le Pont-Euxin et qui en sortent; causes de ces migrations; influence du vent sur l'entrée et la sortie de ces poissons; observations particulières sur le trichias; c'est le seul qui remonte le cours du Danube et qui redescende dans l'Adriatique; migrations des thons dans le Pont-Euxin; migrations des Ryades, qui ne voyagent que de jour et qui s'arrêtent du solstice d'hiver au printemps; migrations des colias et d'autres poissons dans le Pont-Euxin. - Résumé.

§ 1. Ainsi qu'on vient de le dire, les poissons émigrent, tantôt de la haute mer vers la terre, tantôt de la [598b] terre vers la haute mer, pour fuir l'excès du froid ou celui de la chaleur. Les poissons qui vivent près de terre valent mieux que ceux des eaux profondes, parce qu'ils trouvent sur les bords une pâture plus abondante et meilleure; car là où le soleil darde ses rayons, toutes les plantes poussent plus nombreuses, meilleures et plus tendres, comme on le voit dans les jardins. C'est ainsi que l'algue noire pousse près de terre, tandis que l'autre algue ressemble aux plantes sauvages.

§ 2. On peut ajouter que les lieux qui avoisinent la terre ont, bien plus que la haute mer, un équilibre complet de chaud et de froid; et c'est là ce qui fait que la chair des poissons vivant dans ces parages a plus de consistance; la chair des poissons de haute mer est aqueuse et molle. Les poissons des côtes sont le sinodon, le kantharos ou scarabée, l'orphos, la dorade, le muge, la trigle ou surmulet, la grive, le dragon, le callionyme, le goujon et tous les saxatiles. Les poissons de haute mer sont la pasténague, les sélaciens, les congres blancs, le serran, le rouget et le glaucus. Les phagres, les scorpions, les congres noirs, les murènes, les coucous marins tiennent des deux; ils sont à la fois des côtes et de la haute mer.

§ 3. Suivant les lieux, il y a de grandes différences pour ces divers poissons. Ainsi, suries côtes de la Crète, les goujons et les saxatiles sont plus gras; le thon redevient meilleur après le lever de l'Arcture, parce que, dans cette saison, il n'est plus tourmenté par les moucherons, qui le rendent beaucoup moins bon en été. On trouve une quantité de poissons dans les étangs que forme la mer : la saupe, la dorade, le surmulet, et la plupart des autres poissons de côtes. Les bonitons s'y trouvent aussi, comme on le voit près d'Alopéconnèse; et c'est de même encore que dans l'étang de Biston, on rencontre presque toutes les espères de poissons.

§ 4. Il y a très peu de Colias qui remontent jusque dans le Pont-Euxin; ils passent l'été dans la Propontide; ils y frayent, et ils viennent passer l'hiver dans la mer Égée. Les thons femelles, les pélamydes et les bonitons émigrent dans le Pont au printemps; et ils y restent l'été, comme le font aussi. presque tous les poissons rapides (Ryades) et ceux qui vont par troupe. La plupart vont par troupe; et les troupes ont toujours un chef.

§ 5. Ce qui attire tous ces poissons dans le Pont-Euxin, c'est le besoin de se nourrir; la pâture y est pour eux plus abondante et meilleure, à cause des eaux douces que cette mer reçoit. Les poissons [599a] voraces sont, dans cette mer, plus petits qu'ailleurs; on n'y trouve guère que le dauphin et le phocène; le dauphin y est petit, tandis que, en sortant du Pont, on en voit sur-le-champ de très grands.

§ 6. Ce n'est pas seulement pour la pâture que les poissons viennent dans le Pont; c'est aussi pour le frai. Les lieux y sont très favorables à la ponte; l'eau potable et l'eau moins saumâtre nourrissent mieux les petits. Une fois la ponte faite, et une fois les petits devenus grands, les poissons s'en retournent aussitôt après le lever de la pléiade. Si le vent du sud règne en hiver, ils sont plus lents à sortir; ils sortent, au contraire, plus vite par le vent du nord, attendu que ce vent les aide à nager. Les jeunes, qu'on prend alors dans les eaux de Byzance, sont plus petits, parce qu'ils n'ont pas séjourné beaucoup dans le Pont.
§ 7. On voit aisément tous les autres poissons sortir ou entrer; mais le trichias est le seul qu'on prend quand il entre, et qu'on ne voit jamais sortir. Quand, par hasard, on en prend un près de Byzance, les pêcheurs ne manquent pas de purifier leurs filets, parce que d'habitude le poisson ne sort pas du Pont-Euxin. Cela tient à ce que, seuls entre tous, ces poissons remontent le cours de l'Ister, et que, là où ce fleuve se divise, ils descendent dans l'Adriatique. Une preuve de ce phénomène, qui est ici tout le contraire de l'autre, c'est qu'on ne prend jamais de trichias qui entrent dans l'Adriatique, et qu'on en prend qui en sortent.

§ 8. Les thons entrent dans le Pont, en ayant la terre à droite, et ils en sortent en l'ayant à gauche. On explique ce changement en disant, avec quelques personnes, que les thons voient mieux de l'oeil droit et que leur vue est naturellement mauvaise. Les poissons qui sont très rapides (les Ryades) ne voyagent que de jour; ils s'arrêtent la nuit; et c'est alors qu'ils mangent, s'il ne fait pas de lune; si, au contraire, il y eu a, ils continuent leur voyage et ne se reposent pas. Quelques marins prétendent qu'ils ne bougent plus dès qu'est arrivé le solstice d'hiver; et ils s'arrêtent là où il les surprend, jusqu'à l'équinoxe.

§ 9. On prend des Colias quand ils entrent dans le Pont; on n'en prend presque jamais qui en sortent. Les plus délicats sont ceux de la Propontide, avant le frai.

Quant aux autres poissons qui vont en troupes, ou les pèche plutôt à leur sortie du Pont; et c'est alors qu'ils sont les meilleurs. Quand ils entrent dans le Pont, ceux qu'on prend le plus près du rivage sont les plus gras; et plus on s'en éloigne, plus ils sont maigres. [599b] Souvent quand le vent du sud s'oppose à leur sortie, ils se joignent, pour sortir, aux Colias et aux maquereaux ; et on les prend au-dessous de Byzance plutôt qu'aux environs de cette ville.

§ 10. Voilà ce que nous avions à dire sur les déplacements et les migrations des animaux.

§ 1. Ainsi qu'on vient de le dire. Voir le chapitre précédent, § 5. - Pour fuir l'excès du froid... Les migrations des divers animaux n'ont que cette cause, qui est commune à tous. - Valent mieux. Cette explication paraît très probable. - Comme on le voit dans les jardins... aux plantes sauvages. MM. Aubert et Wimmer inclinent à regarder tout ce passage comme apocryphe; cette conjecture n'est pas, à ce qu'il semble, très justifiée. Seulement, on ne sait pas ce que c'est que la plante appelée ici This, mot qui étymologiquement ne veut dire que Rivage, Dune de sable. J'ai traduit Algue, pour ne pas reproduire simplement le mot du texte; mais l'identification n'est pas certaine.

§ 2. Un équilibre complet. Mot à mot : « Un mélange ». - Molle. Ou Déliquescente. - Le Sinodon, ou Synodon. On ne sait quel est ce poisson. Quant à tous les poissons qui sont nommés ici, quelques-uns sont bien connus; d'autres le sont moins, ou ne le sont pas du tout, comme le glaucus; et l'identification de tous est très difficile. La plupart des traducteurs ont dû se borner à reproduire les noms et les mots grecs. Voir le Catalogue des poissons de MM. Aubert et Wimmer, tome 1, p. 131 et suiv. - Les coucous marins. J'ai dû ajouter le dernier mot. On croit que ce poisson est une espèce de Trigle et de Surmulet. Sur quelques-uns de ces poissons, le rouget et le phagre, voir Athenée, liv. VII, p. 300.

§ 3. Suivant les lieux. L'observation est très juste; et nous pouvons aisément remarquer qu'entre les poissons de même espèce, il y a grande différence selon qu'ils sont de l'Océan ou de la Méditerranée. - Le lever de l'Arcture. C'est à peu près vers le mois d'octobre. - Tourmenté par les moucherons. Voir plus haut, liv. V, ch. XXV, § 7, quelques détails sur l'insecte qui pique les thons. - Les bonitons. Ou Bonites. Le mot grec Amia a été conservé dans la science moderne pour une famille de poissons; voir la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 827. - Alopéconnèse... Biston. Alopéconnèse, ou île du Renard, est une ville de la Chersonèse de Thrace, fondée par des Éoliens. Le lac Biston, entre le Rhodope et la mer Égée, était près d'Abdère, presque en face de Thasos.

§ 4. Colias. Espèce de maquereau, Scomber scombrus. Voir la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 852. - La Propontide. Ou mer de Marmara. - Les poissons rapides. Ou les poissons de passage; le terme grec est assez vague. - Et les troupes ont toujours un chef. Cette petite phrase peut sembler une addition étrangère.

§ 5. C'est le besoin de se nourrir. Voilà une première cause de migration pour les poissons; la seconde, c'est la facilité du frai, § 6. - Le phocène. Ou Masouin, de la famille du dauphin; voir la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 1041. Le mot grec a été conservé par Cuvier et par la science moderne. - En sortant du Pont. Le sens parait évident; mais la leçon varie selon les manuscrits.

§ 6. Ce n'est pas seulement. Voir le paragraphe précédent, au début. - Moins saumâtre. Le texte dit : « Plus doux ». Ce qui m'a engagé à traduire comme je l'ai fait, c'est que ceci se rapporte à l'eau de mer, et que l'eau potable est celle des fleuves qui se jettent dans la mer Noire. - Après le lever de la Pléiade. Voir plus haut, liv. V, ch. VII, § 5. Tous les détails ici donnés sont curieux, et ils doivent être exacts, parce qu'ils résultaient de longues observations.

§ 7. Le trichias. J'ai dû, comme la plupart des traducteurs, conserver le mot grec. On croit que le trichias est une sorte de sardine ou d'anchois. Il paraît certain qu'il y en a beaucoup dans la mer Noire. - De purifier leurs filets. Sans doute parce que ces pêcheurs croyaient, dans leurs idées superstitieuses, que ce poisson portait malheur. - Là où ce fleuve se divise. Ceci prouve combien peu, au temps d'Aristote, on connaissait le cours du Danube, puisqu'on croyait qu'il se partageait en deux bras dont l'un se jetait dans l'Adriatique. Strabon réfute cette erreur, qu'acceptait encore Ératosthène. Voir, l. I, p. 47, ch. XV, édit. Firmin-Didot.

§ 8. La terre à droite... A gauche. La Terre signifie sans doute ici la côte de l'Asie Mineure ; alors ces poissons faisaient le tour de la mer Noire, en longeant toujours les terres. - Et que leur vue est naturellement mauvaise. MM. Aubert et Wimmer rejettent cette fin de phrase. Aucune observation récente ne confirme ce qu'Aristote dit ici de la vue des thons. - Les Ryades. Voir plus haut, § 4. - Ne voyagent que de jour. Ces détails, comme les précédents, paraissent exacts.

§ 9. Des Colias. Voir plus haut, § 4. - Le plus près du rivage. Quelques manuscrits disent : « Près de la mer Égée »; et cette erreur de copiste se comprend bien, parce que les deux mots grecs se rapprochent beaucoup l'un de l'autre; mais la version que j'ai suivie est bien préférable.

§ 10. Voilà ce que nous avions à dire. C'est la formule habituelle d'Aristote; elle résume ce qui a été dit; mais cette étude sur les migration, des animaux pourrait être plus étendue.

 

CHAPITRE XVI
De la retraite des animaux terrestres analogue à la migration; le but est le même : se garantir du froid et de la chaleur extrêmes; retraite des testacés; époques de la retraite selon les saisons; retraite des insectes; exception pour les insectes domestiques; retraite des abeilles; observations décisives; durée de leur retraite; lieux où en général les animaux choisissent leurs retraites.

§ 1. Le temps de la retraite est bien aussi, pour les animaux terrestres, quelque chose comme les migrations; en hiver, ils se hâtent de chercher un abri retiré, qu'ils ne quittent qu'à l'époque de la saison plus chaude. C'est également pour se garantir, et pour éviter les excès des deux saisons, qu'ils se retirent. Parfois, c'est le genre tout entier qui fait cette retraite; parfois, dans un même genre, tels individus se retirent, taνdis que d'autres ne se retirent pas.

§ 2. Tous les testacés se retirent sans exception, comme on le voit pour les testacés marins, les pourpres, les buccins et tous les animaux de cet ordre. Seulement, pour ceux de ces animaux qui sont détachés et libres, leur retraite est plus évidente; et alors on les voit se cacher, comme les peignes, tandis que les autres, comme le limaçon de terre, se couvrent d'une croûte à ta surface. Au contraire, pour ceux qui ne sont pas détachés, on ne voit pas leur changement.

§ 3.  La saison où les animaux se retirent n'est pas la même pour tous. Ainsi, les limaçons se cachent en hiver; les pourpres et les buccins se cachent dans la canicule, pendant une trentaine de jours; les peignes se cachent aussi durant le même temps. La plupart des testacés se cachent également, et pendant les grands froids, et pendant les grandes chaleurs.

§ 4. Presque tous les insectes font retraite, si ce n'est ceux qui vivent dans les habitations de l'homme, et aussi ceux qui meurent sans arriver à une seconde année. Les insectes se retirent durant l'hiver; mais les uns se retirent pour plus longtemps; les autres ne se retirent que dans les jours les plus froids : par exemple, les abeilles, qui elles aussi se retirent. Ce qui le prouve, c'est qu'alors elles ne goûtent point à la nourriture placée devant elles; et si l'une d'elles vient à sortir de la ruche, on peut voir qu'elle est transparente, et se convaincre qu'elle n'a rien dans l'estomac. L'inertie dure pour les abeilles depuis le coucher de la Pléiade jusqu'au printemps.

§ 5. Les animaux se font des retraites en se cachant dans des endroits chauds, ou dans ceux où ils ont aussi l'habitude d'aller dormir.

§ 1. Le temps de la retraite. On aurait pu traduire aussi : « L'hivernation » ; mais ce mot m'a paru trop moderne, et il ne répond pas assez au mot grec, quoique, au fond, l'idée soit la même. - Un abri retiré. C'est le sens, si ce n'est la forme, de l'expression grecque. - Dans un même genre. J'ai ajouté ces mots, dont le sens est implicitement compris dans le texte; mais alors peut-être faudrait-il dire : « Telles espèces », au lieu de « Tels individus ».

§ 2. Qui sont détachés et libres. Il n'y a qu'un seul mot dans le grec. - Se couvrent d'une croûte à la surface. Le fait est exact ; mais le texte est plus concis que ma traduction. - Qui ne sont pas détachés. Et qui, par conséquent, adhèrent au rocher sur lequel ils sont nés. - On ne voit pas leur changement. Puisqu'ils ne bougent pas de place.

§ 3. Les limaçons. Bien que le texte emploie ici le même mot que celui dont il vient de se servir pour les limaçons terrestres. Il n'est pas probable qu'il s'agisse encore d'animaux de terre. La suite semble prouver qu'il est question d'animaux aquatiques et marins. Il y aura eu peut-être ici quelque erreur de copiste.

§ 4. Dans les habitations de l'homme. En effet, comme ces habitations sont relativement assez chaudes, les insectes n'ont pas besoin d'hivernation. - Les abeilles qui, elles aussi, se retirent. Le fait est exact en ce sens que les abeilles se pressent alors les unes contre les autres, et ne bougent plus. - Qu'elle est transparente. Ceci n'est pas exact ; mais les autres détails le sont. - Le coucher de la Pléiade. Voir plus haut, ch. XV, § 6. Cette époque répond à peu prés à notre mois de novembre.

§ 5. Se font des retraites. Ou Hivernent. - L'habitude d'aller dormir. La remarque est ingénieuse et vraie.

CHAPITRE XVII
De la retraite des animaux qui ont du sang, et une peau écailleuse, serpents, lézards, crocodiles; de la retraite des poissons; exemples divers; retraite des thons en hiver; les poissons sont plus délicats pendant leur retraite; retraite des Primades dans la vase; quelques détails sur ce poisson; retraite de quelques autres poissons dans le sable ou le limon; la retraite a lieu généralement en hiver; quelques poissons se retirent en été; l'âne marin et la dorade; observations dans les eaux du Bosphore, qui sont bouleversées vers l'équinoxe d'automne.

§ 1. Même parmi les animaux qui ont du sang, il en est beaucoup qui se retirent : par exemple, ceux qui ont la peau écailleuse, serpents, lézards, stellions, crocodiles de rivières, qui se retirent pendant les quatre mois les plus rudes de l'hiver, et qui, durant tout ce temps, ne mangent rien. Les autres serpents [600a] se retirent dans le sol; mais les vipères se cachent sous des pierres.

§ 2. La plupart des poissons se retirent aussi; et c'est ce qu'on voit de la manière la plus certaine pour l'hippoure et le coracin, qui se retirent durant l'hiver. Ce sont là, d'ailleurs, les seuls poissons qu'on ne prend jamais qu'à des époques de l'année très régulières et toujours les mêmes, tandis que l'on prend les autres poissons presque en tout temps. La murène, l'orphôs et le congre se retirent. Les saxatiles se retirent par couples, mâles et femelles, de même qu'ils se réunissent ainsi pour faire leurs petits, témoin les grives d'eau, les merles d'eau et les perches.

§ 3. Les thons se retirent en hiver dans les bas-fonds, et c'est surtout après cette retraite qu'ils sont les plus gras ; leur pêche commence au lever de la Pléiade et dure jusqu'au coucher de l'Arcture, au plus tard; le reste de l'année, ils se tiennent tranquilles dans leur retraite. On en prend quelques-uns à l'époque de leur retraite, comme aussi d'autres espèces de poissons qui se retirent, parce qu'ils se mettent en mouvement quand le lieu où ils sont est échauffé par quelques beaux jours, qui surviennent inopinément. Ils se risquent alors à sortir quelques instants de leur retraite, pour aller se repaître; ce qui leur arrive aussi dans les pleines lunes.

§ 4. Les animaux qui font retraite sont généralement les plus délicats à manger. Mais les primades se blottissent dans la vase. Ce qui l'indique bien, c'est qu'on n'en prend pas durant ce temps, ou que celles qu'on prend ont toujours le dos couvert de limon, et les nageoires toutes pleines de bourbe. Vers la saison du printemps, les poissons se méfient en mouvement, et ils se rendent vers la terre pour s'y accoupler et pour pondre. On prend les femelles pleines; et c'est à ce moment qu'elles semblent le plus à point. A l'automne et en hiver, elles sont moins bonnes. C'est alors aussi que les mâles paraissent être remplis de laite.

§ 5. Tant qu'elles n'ont que des oeufs petits, elles sont difficiles à prendre; mais quand leurs portées sont plus grosses, on en prend en quantité, parce qu'alors elles ont l'oestre qui les tourmente.

§ 6. Il y a des poissons qui se retirent dans le sable; d'autres, dans le limon, ne laissant sortir que leur bouche. La plupart se retirent durant tout l'hiver uniquement ; mais les crustacés, les poissons saxatiles, les raies et les sélaciens ne se retirent que dans les jours les plus froids; la preuve, c'est qu'on n'en prend jamais dans les jours où il gèle.

§ 7. Il y a bien aussi quelques espèces de poissons qui se retirent en été, le glaucus, par exemple, qui, dans la chaleur, se retire pendant soixante jours environ. L'âne marin et la dorade se retirent aussi. Ce qui semblerait prouver [600b] que l'âne marin se retire très longtemps, c'est qu'on n'en prend qu'à de très longs intervalles. Une autre preuve qui atteste que les poissons se retirent aussi en été, c'est que la pêche s'en fait au coucher des constellations, et surtout au coucher de l'étoile du Chien. A cette époque, la mer parait toute bouleversée, ce qu'on peut observer mieux qu'ailleurs dans le Bosphore. La vase remonte à la surface, et les poissons sont portés sur les eaux. On prétend encore qu'en agitant à plusieurs reprises le fond de l'eau, ou prend plus de poissons, dans le même filet, la seconde fois que la première. Quand il est tombé de fortes pluies, on aperçoit une foule d'animaux, ou qu'on n'avait jamais vus, ou que du moins on n'avait vus que très rarement.

§ 1. Les animaux qui ont du sang. L'expression est bien vague, et elle n'indique pas suffisamment les animaux qui sont mentionnés ici. - Stellions. Espèce de lézards. La science moderne a conservé le mot grec d'Ascalabotes„ que j'aurais pu reproduire dans ma traduction; voir la Zoologie descriptive de M. Claus, pp. 918 et 920. L'hivernation est habituelle à presque tous les reptiles. - Crocodiles de rivières. C'est le crocodile ordinaire du Nil. Voir le catalogne de MM. Aubert et Wimmer, p. 117. - Les vipères se cachent sous des pierres. Le plus souvent on trouve les vipères sous des pierres; mais il n'est pas sûr qu'elles y fassent leur hivernation.
§ 2. La plupart des poissons. Ceci est exact pour un assez grand nombre de poissons, bien que nous n'ayons pas beaucoup d'observations récentes sur ce sujet. - L'hippoure et le coracin. J'ai dû reproduire les noms grecs. On ne sait pas au juste ce que sont ces deux poissons; on croit que le premier est une espèce de Murène, et que le second est le Chromis castanea de Cuvier, qui s'appelle encore à Naples Coracino, et qui est une espèce d'Acanthoptère; voir la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 845. - L'orphôs. On présume que l'orphos ou orphôs d'Aristote est le Polyprion cornuus de Cuvier; voir le Catalogue de MM. Aubert et Wimmer, tome 1, p. 137, g 53. Voir aussi Athénée, liv. VII, p. 315, citant Aristote sur l'orphos. - Pour faire leurs petits. L'expression grecque dont se sert le texte étant spéciale aux oiseaux, MM. Aubert et Wimmer conjecturent que ceci est une addition d'un copiste inattentif, qui a cru que les grives et les merles dont on parle ici étaient des oiseaux, tandis que ce sont des poissons. C'est là ce qui m'a fait ajouter Grives d'eau, Merles d'eau. Les noms grecs de ces laissons sont les mêmes que ceux des oiseaux. La zoologie moderne a d'ailleurs conservé pour un poisson le nom grec de Cichla, que j'aurais pu reproduire.

§ 3. Au lever de la Pléiade... coucher de l'Arcture. II n'est pas facile de savoir précisément à quelle époque de l'année répond cette indication; il faudrait des observations astronomiques sous le ciel de la Grèce. On peut conjecturer que cette période comprend depuis le solstice d'été jusqu'à la fin de l'automne. Voir plus haut, ch. XV, § 6 et § 3. - Ce qui leur arrive aussi dans les pleines lunes. Voir plus haut, ch. XV, § 8.

§ 4. Primades. Ces poissons sont appelés aussi Primnades; ce sont de jeunes thons, à qui l'on donne ce nom; mais on ne sait rien de bien précis à cet égard. - Vers la saison du printemps. C'est la leçon très probable, que plusieurs éditeurs ont tirée de la traduction de Gaza; la leçon ordinaire est : « Vers la saison dont noue avons parlé ». - A l'automne et en hiver. Ceci semble confirmer la traduction de Gaza, puisqu'il est naturel d'opposer le printemps 'à l'automne et à l'hiver. - L'oestre qui les tourmente. Voir plus haut. liv. V, ch. XXV, § 7. L'oestre est le taon.

§ 6. Il y a des poissons... Tous ces détails paraissent exacts. - La preuve. On peut trouver en effet que cette preuve est péremptoire.

§ 7. Le glaucus. J'ai dû conserver le nom grec, parce qu'on ignore quel peut être ce poisson. - L'âne marin. Le texte dit simplement : L'âne. J'ai dû ajouter l'épithète; on ignore également quel est le poisson ainsi nommé; voir Athénée, liv. VII, p. 315. - Au coucher des constellations. Cette expression était sans doute très claire pour les Grecs; mais pour nous, elle reste obscure. -  L'étoile du Chien. J'ai préfère cette traduction littérale; mais on pourrait traduire aussi La « canicule ». - Toute bouleversée. Sans doute, parce que c'est l'époque de l'équinoxe d'automne.  - En agitant.... le fond de l'eau. Nos pécheurs font encore des pèches de ce genre. - Quand il est tombé.... très rarement. Ceci peut sembler une addition, qui n'est pas ici très bien à sa place.

CHAPITRE XVIII
De la retraite des oiseaux; erreur à ce sujet; ils ne se retirent pas tous dans les climats chauds; pas de distinction entre les oiseaux à ongles recourbés ou les oiseaux à ongles droits; cigogne, merle, tourterelle, alouette, ramier, milan, chouette.

§ 1. Il y a beaucoup d'oiseaux qui se retirent; et ce n'est pas toujours pour émigrer dans les climats chauds, comme on le suppose ordinairement. Mais les uns, vivant dans des lieux voisins de ces climats, comme les milans et les hirondelles, émigrent dans les contrées plus chaudes; les autres, qui en sont plus loin, ne migrent pas; et ils se cachent. On a trouvé bien souvent des hirondelles tout amaigries dans des trous, et vu des milans sortir de ces mêmes trous, quand ils se montrent pour la première fois de l'année.

§ 2. Les oiseaux à ongles recourbés ou à ongles droits se retirent indistinctement; ainsi la cigogne et le merle, la tourterelle et l'alouette se retirent. On s'accorde à reconnaître que le fait est certain surtout pour la tourterelle; car personne, pour ainsi dire, ne peut se vanter d'avoir jamais vu une tourterelle en hiver. Quand la tourterelle commence sa retraite, elle est fort grasse; et bien que, durant la retraite, elle perde ses plumes, elle n'en conserve pas moins toute sa graisse.

§ 3. Parmi les ramiers, quelques-uns se retirent; quelques autres ne se retirent pas; mais ils émigrent en même temps que les hirondelles. La grive et l'étourneau se cachent; et parmi les oiseaux à serres recourbées, le milan et la chouette se cachent durant un petit nombre de jours seulement.

§ 1. Il y a beaucoup d'oiseaux qui se retirent. Ce détail paraît n'être pas très exact; des zoologistes modernes le contestent. - Comme les milans et les hirondelles. Ceci évidemment doit être une addition étrangère, qui, de la marge d'un manuscrit, sera passée dans le texte. La leçon ordinaire est : « Les milans » et non « Comme les milans ». C'est une raison de plus de douter. - On a trouvé bien souvent.... Il semble que ces hirondelles devaient avoir été surprises par le froid, n'ayant pas pu partir avec leurs compagnes. Ce n'est pas une hivernation proprement dite, quoique peut-être ces pauvres oiseaux aient pu reprendre vie au printemps suivant. - Et des milans. Pour les milans, le fait s'explique en ce qu'il y en a plusieurs espèces, dont les unes sont sédentaires, et les autres de passage; on aura pu les confondre.

§ 2. Les oiseaux à ongles recourbés....  La phrase grecque n'est pas très régulièrement construite, et elle pourrait se prêter à un sens tout différent. - Pour la tourterelle. Ces détails sont curieux; mais je ne sais s'ils sont également exacts.

§ 3. Parmi les ramiers... Les espèces sont nombreuses; et les habitudes de chacune d'elles peuvent varier. - Un petit nombre de jours seulement. Il est peu probable que la retraite de ces oiseaux soit d'aussi courte durée qu'Aristote semble le croire.

CHAPITRE XIX
De la retraite des vivipares quadrupèdes: les ours; on ignore la vraie cause de leur retraite; ils y deviennent très gras, tout en n'y mangeant quoi que ce soit; influence de ce jeûne sur leurs intestins; le loir, le rat blanc du Pont; animaux qui font peau neuve; les serpents se dépouillent deux fois par an; explication de ce changement; dépouillement chez les insectes: dépouillement chez quelques poissons: les langoustes, les écrevisses et les cancres; dépouillements répétés deux ou plusieurs fois par an.

§ 1. Parmi les vivipares et les quadrupèdes, les porcs-épics et les ours se retirent. On ne peut pas faire le moindre doute que les ours sauvages ne se retirent; mais on ne sait pas bien si c'est pour éviter le froid, ou pour toute autre cause. Durant ce temps, les mâles et les femelles engraissent excessivement, au point de ne plus pouvoir bouger qu'avec peine.

§ 2. C'est aussi vers ce [601a] temps que la femelle met bas; et elle reste cachée jusqu'au moment où elle peut faire sortir ses petits oursons. C'est ce qu'elle fait au printemps, trois mois environ après le tropique. Sa retraite est d'au moins quarante jours. Sur ces quarante jours, on prétend qu'il y en a deux fois sept dans lesquels l'ours ne bouge pas du tout. Après ces quatorze jours, il reste dans sa retraite; mais il s'y meut, et il est éveillé. Personne n'a jamais pris une ourse qui fût pleine ; ou du moins, c'est là un fait extrêmement rare.

§ 3. Durant tout ce temps, il est certain que les ours ne mangent. pas du tout, puisqu'ils ne sortent pas; et quand alors on en prend, on leur trouve toujours l'estomac et les entrailles tout vides. On prétend même que, ne prenant aucune nourriture, les entrailles de l'ours se soudent presque entièrement; et de là vient que l'ours, à peine sorti de sa retraite, va manger de l'arum, pour séparer l'intestin et lui rendre sa largeur. Le loir se retire dans le tronc des arbres, et alors il y devient fort gras. Le rat blanc du Pont a la même retraite.

§ 4. Parmi les animaux qui se retirent, il y en a qui dépouillent ce qu'on appelle leur vieille peau ; c'est la peau la plus superficielle, et l'enveloppe de tous les organes essentiels. Si l'on ne sait pas précisément quelle est la cause de la retraite de l'ours, parmi les animaux terrestres et vivipares, ainsi que nous venons de le dire, on sait que la plupart des animaux à peau écailleuse changent de peau, quand en effet leur peau est molle, et qu'elle n'est pas de la nature de l'écaille, comme l'est la carapace de la tortue; on se rappelle que la tortue et l'émys sont de la classe des peaux-écailleuses. On peut citer, parmi les animaux qui changent de peau, parce que leur peau est molle, le stellion, le lézard et surtout les serpents.

§ 5.  C'est au printemps qu'ils se dépouillent, quand ils sortent de leur cachette ; et ils se dépouillent une seconde fois, à l'automne. Les vipères se dépouillent aussi de leur vieille peau au printemps et à l'automne; et il n'est pas exact, comme quelques-uns l'affirment, que cette espèce de serpents soit la seule qui ne change pas de peau.

§ 6. Quand les serpents se dépouillent, c'est d'abord par les yeux que commence toujours le dépouillement; et si l'on ne connaît pas le fait, ou croirait qu'ils deviennent aveugles. Des yeux, le dépouillement s'étend à la tête, qui paraît blanche avant le reste du corps. En une nuit et un jour, la vieille peau se détache tout entière, à partir de la tête jusqu'à la queue. Le dépouillement se fait du dedans au dehors; et le serpent se dépouille, [601b] comme les foetus se débarrassent de leurs chorions.

§ 7. C'est encore de la même manière que ce changement de peau se fait chez les insectes, qui se dépouillent aussi, comme la silpha. l'empis et les coléoptères tels que le kantharos. Tous se dépouillent après leur naissance: et de même que dans les vivipares, c'est le chorion qui se déchire, et que c'est l'enveloppe dans les larvipares, de même la chose se passe dans les abeilles et les cri-cri. Les cigales. une fois dépouillées. vont se mettre sur des oliviers ou sur des roseaux. Elles sortent en brisant leur enveloppe; et en laissant échapper un peu de liquide, elles se mettent à voler et à chanter presque aussitôt.

§ 8. Dans les poissons de mer, les langoustes et les écrevisses se dépouillent, tantôt au printemps, d'autres fois à l'automne, après la ponte. Quelquefois, on a pris des langoustes qui avaient les parties voisines du tronc encore toutes molles, parce que l'écaille y était déjà rompue, tandis que les parties inférieures étaient encore dures, parce que l'écaille n'y était pas rompue comme en haut.

§ 9. C'est que les langoustes ne se dépouillent pas comme les serpents. Elles se retirent pendant cinq mois. Les crabes cancres dépouillent aussi leur vieille peau ; tout le monde en est d'accord pour ceux qui ont la peau molle. On prétend encore que les cancres qui ont la peau comme les huîtres se dépouillent également : par exemple, les maïas et les Vieilles. Quand les cancres se sont dépouillés, leurs coquilles deviennent tout à fait molles; et ils ont alors grand-peine à marcher. Ces animaux, d'ailleurs, se dépouillent, non pas une fois, mais plusieurs fois dans l'année.

§ 10. Voilà donc ce qu'il y avait à dire sur les animaux qui se retirent- sur les époques et les conditions de leur retraite et sur le moment où ils changent de peau.
 

§ 1. Les porcs-épics... Le fait de l'hivernation n'est pas constaté pour les porcs-épics, et il semble, d'après la phrase suivante, qu'Aristote lui-même en doutait. - Les ours sauvages. Il y aurait donc lieu de croire qu'en Grèce, comme chez nous, on essayait d'apprivoiser des ours, puisqu'on distinguait les ours restés sauvages. D'ailleurs, tout ce qui est dit ici est fort exact ; et la zoologie moderne constate tous ces faits; mais MM. Aubert et Wimmer rejettent le mot de Sauvages, qui ne leur parait qu'une erreur de copiste; cette conjecture est très vraisemblable. - Le tropique. C'est-à-dire le solstice d'hiver. - Deux fois sept. C'est la théorie du septenaire qui reparaît ici, sans qu'on puisse dire au juste à quel titre.

§ 3. Les ours ne mangent pas du tout. Le fait paraît certain; et ce qui suit prouve qu'on avait disséqué des ours pour savoir précisément dans quel état se trouvait leur estomac. - De l'arum. La Botanique moderne a conservé le mot grec ; l'arum est très commun dans nos climats, et se trouve en abondance dans les environs de Paris. Voir plus loin, liv. IX, ch. VII, § 1, où ce qui est dit ici est répété. - Pour séparer l'intestin. C'est sans doute d'une sorte de purgation qu'il s'agit ici: et il est possible que d'autres plantes que l'arum puissent la causer aussi. - Le loir.... le rat blanc du Pont. Il est possible que ces deux petites phrases soient des interpolations; les faits d'ailleurs paraissent exacts.

§ 4. Parmi les animaux les organes essentiels. Quelques éditeurs ont cru que tout ce paragraphe était une addition étrangère; on ne peut pas dire, il est vrai, qu'il soit parfaitement à sa place; mais il ne gène pas absolument non plus la suite des pensées. - Leur vieille peau. C'est le terme consacré dans notre langue; le texte dit précisément : « La vieillesse »; mais par la tournure même qu'il prend, il est évident que dans le grec aussi le mot de « vieillesse » devait avoir le même sens. - L'enveloppe de tous les organes essentiels. Je ne suis pas sûr de cette traduction; et peut-être faudrait-il dire, en se rapprochant davantage du grec : « L'enveloppe des organisations » successives. - Ainsi que nous venons de le dire. Voir plus haut, § 1. - Est molle, et qu'elle n'est pas de la nature de l'écaille. MM. Aubert et Wimmer voudraient faire une interversion dans cette phrase; mais ce changement n'est pas nécessaire. - La tortue et l'émys. L'Emys est la tortue d'eau douce ; voir Cuvier, Règne animal, t. II, p. 10, et la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 935. - Le stellion. Voir Cuvier, Règne animal, t. II, p. 32. Le stellion est une espèce de saurien du genre Iguane. - Et surtout les serpents. C'est en effet sur les serpents que le phénomène est le plus évident et le plus facile à observer.

§ 5. C'est au printemps. Tous ces détails sont exacts, et la science moderne les a fréquemment confirmés. - Il n'est pas exact... On voit avec quel soin Aristote réfute, quand il en trouve l'occasion, les erreurs répandues de son temps.

§ 6. On croirait qu'ils deviennent aveugles. Le fait est vrai; et il paraît que la peau même de la cornée se détache comme le reste. - Qui paraît blanche. C'est la traduction exacte ; mais on peut supposer quelque altération dans le texte; car la tête n'est pas blanche pour cela: mais elle est en liberté la première. - Du dedans au dehors. C'est-à-dire simplement, que la peau nouvelle est placée sous l'ancienne, qui se détache successivement. à mesure que le serpent en sort avec sa peau neuve.

§ 7. Chez les insectes. Il ne paraît pas que le changement de peau chez les insectes s'étende aussi loin qu'Aristote semble le croire. Les insectes sortent de leur chrysalide; mais ce n'est pas là un changement de peau dams le genre de celui des serpents. - La silpha. Le nom grec a été conservé par la zoologie moderne pour une espèce de coléoptère voisin de l'escarbot; voir Cuvier. Règne animal, tome IV, p. 495; mais on ne sait pas précisément ce qu'est la silpha d'Aristote. - L'empis. C'est le Culez-pipiens de la zoologie moderne, une espèce d'arthropode; voir la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 609. - Le kantharos. J'ai conservé le mot grec à cause de l'incertitude de l'identification; mais on ne peut douter que le kantharos ne soit un coléoptère. - Après leur naissance. C'est la traduction littérale; mais on doit par là entendre la sortie de la larve. - Les cri-cri. L'identification n'est pas certaine. - En laissant échapper un peu de liquide. Le fait n'est pas particulier aux cigales, et on l'observe dans un assez grand nombre d'insectes.

§ 8. Tantôt au printemps, d'autres fois à l'automne. Je ne sais pas si la science moderne a ratifié ces observations. D'ailleurs, les détails donnés sur la manière dont les langoustes changent d'enveloppe extérieure sont exacts; c'est par plaques et non d'une façon continue, comme chez les serpents, que leurs écailles se renouvellent.

§ 9. Elles se retirent pendant cinq mois. Ceci est évidemment une addition étrangère, puisqu'il n'est plus question de l'hivernation, mais seulement du changement de peau. Il ne paraît pas d'ailleurs très sûr que les langoustes hivernent. - Les crabes (cancres). Voir Cuvier, Règne animal, pp. 30 et 36, tome IV. Le fait est exact; et la science moderne l'admet comme Aristote. - Les maïas. De la famille des Brachyures, appelée aussi Araignée de mer; voir Cuvier, Règne animal, tome IV, p. 59. Ce crustacé est très commun dans la Méditerranée. - Les Vieilles. Il n'y a que quelques manuscrits qui donnent ces mots; ils semblent une erreur de copiste à MM. Aubert et Wimmer, qui les suppriment. tout en citant un passage d'Artémidore, qui prouve qu'il y avait un poisson nommé la Vieille, du genre de ceux dont l'auteur s'occupe ici. - Grand-peine à marcher. Le fait est exact.

§ 10.  Voilà donc... Résumé des quatre derniers chapitres.

CHAPITRE XX
De l'influence des saisons sur les animaux; les oiseaux aiment la chaleur; les poissons aiment la pluie; erreur d'Hésiode sur l'aigle, qu'il fait boire: les oiseaux boivent très peu; altération de leurs plumes quand ils sont malades; influence de la pluie et des eaux douces sur les poissons; quelques exceptions; poissons qui ont une pierre dans la tête; le muge, le capiton et le myrinos sont rendus aveugles par la pluie, et ils s'en trouvent fort mal; lac près de Nauplie d'Argolide; exemples divers de la Dorade, de l'Acharnas et du Coracin; lieux favorables aux poissons par leur végétation et par leur exposition, soit au nord, soit au midi; l'oestre des thons et des espadons; les thons aiment beaucoup la chaleur; temps propices à la pêche; il n'y a pas de maladies contagieuses dans les poissons de mer; il n'y en a pas non plus dans les poissons d'eau douce; quelques-unes de leurs maladies spéciales; action du bouillon-blanc sur les poissons; pécheurs Phéniciens; différents procédés de pêche; pêche des pourpres; fraude pour les faire peser davantage; les peignes roux de l'Euripe Pyrrhéen; les bivalves et les univalves, - Résumé.

§ 1. Les animaux ne se trouvent pas également bien de toutes les saisons, ni de tous les excès de la température. La santé et la maladie diffèrent pour eux selon les saisons, dans les espèces différentes; et en général, il n'y a pas de conditions qui soient indistinctement communes à tous. Ainsi, les oiseaux aiment les grandes chaleurs, à la fois pour leur santé générale et pour leurs pontes ; et on le voit bien pour les ramiers, par exemple. Pour les poissons, à l'exception de quelques-uns, ce sont de grandes pluies qui leur conviennent. Au contraire, ce qui nuit aux uns et aux autres, ce sont, pour les oiseaux, des années pluvieuses, et pour les poissons, des années brûlantes.

§ 2. C'est que, d'une manière toute générale, boire beaucoup fait mal aux oiseaux. Ceux qui ont des serres ne boivent, pour ainsi dire, [602a] pas du tout, ainsi qu'on l'a déjà remarqué. Il semble qu'Hésiode a méconnu ce fait, puisque, dans le récit du siège entrepris par Ninus, il raconte que l'aigle qui était en tête des augures avait bu. Les autres oiseaux boivent; mais ils boivent peu, ainsi que tous les animaux qui ont le poumon spongieux et qui sont ovipares.

§ 3. Quand les oiseaux sont malades, on le voit sur-le-champ à leur plumage; leurs plumes sont tout en désordre, et elles n'ont plus la même disposition que quand l'animal est en pleine santé.

§ 4. Comme on vient de le dire, la plus grande partie des poissons s'arrangent mieux des années pluvieuses, parce qu'alors ils trouvent une nourriture plus abondante ; mais, en général, la pluie leur convient, de même qu'aux plantes de la terre: et c'est ainsi que l'on a beau arroser les légumes, ils profitent toujours davantage par la pluie. Les roseaux qui naissent dans les étangs subissent le même effet ; et ils ne se développent presque pas tant qu'il n'y a pas de pluie.

§ 5. Ce qui prouve cette influence sur les poissons, c'est que la plupart émigrent pour passer l'été dans le Pont-Euxin, parce que l'eau y est plus douce, à cause des rivières que celte mer reçoit, et dont les eaux apportent toujours une nourriture abondante. Il y a même beaucoup de poissons qui remontent les rivières, et qui se trouvent fort bien dans leurs eaux et dans les étangs qu'elles forment, comme le boniton et le muge. Les goujons deviennent très gras dans les rivières; et, en général, ce sont les régions où il y a le plus de lacs qui ont les poissons les meilleurs.

§ 6.  De toutes les eaux, celles qui conviennent le mieux à la plupart des poissons sont les pluies d'été, et aussi, lorsque le printemps, l'été et l'automne ont été pluvieux, et que l'hiver a été serein et beau. Pour tout dire eu un mot, quand l'année a été bonne pour les hommes, la plupart des poissons s'en trouvent également bien. Ils se trouvent fort mal dans Ies lieux froids ; et en hiver, ceux qui souffrent le plus sont les poissons qui ont une pierre dans la tête, tels que le chromis, le loup, la sciaena et le phagre. Cette pierre est cause qu'ils sont gelés par le froid, et ils périssent.

§ 7. Si la pluie est bonne pour la plupart des poissons, [602b] il en est tout autrement pour le muge, le capiton, et le poisson qu'on appelle quelquefois le marinos. Quand les pluies sont par trop abondantes, la plupart de ces poissons eu sont très vite aveuglés. C'est surtout en hiver que les capitons souffrent de ce mal; leurs yeux deviennent tout blancs; ceux qu'on pèche alors sont très maigres: et ils ne tardent pas à périr complètement. Mais ce n'est peut-être pas l'excès de pluie qui leur fait tant de mal; c'est plutôt le froid. C'est ainsi que, dans bien des endroits, et notamment dans un lac qui est près de Nauplie d'Argolide on a pris, par un hiver rigoureux, une quantité de capitons aveugles; et bon nombre aussi de ceux qu'on y a péchés avaient des yeux tout blancs.

§ 8. La dorade souffre aussi de l'hiver: mais c'est de la chaleur que souffre l'acharnas, qui en devient tout maigre. C'est peut-être le coracin qui, à l'opposé de tous les poissons, profite le plus des années sèches; et cela tient à ce que la sécheresse coïncide presque toujours avec la chaleur.

§ 9. Selon aussi que les poissons vivent naturellement près de terre ou dans la haute mer, les différents lieux leur sont favorables, sous ces deux aspects différents. Ceux qui vivent dans les deux conditions y profitent également, dans I'une et dans l'autre. Il y a aussi des lieux privilégiés où ils réussissent à merveille; mais en général, on peut dire que les lieux où il y a beaucoup d'algue leur conviennent le mieux. Ceux qu'on y pêche sont plus gras, même quand ce sont des poissons qui vivent en tous lieux, quels qu'ils soient. Les poissons qui mangent des algues en trouvent en abondance dans ces parages; et ceux qui sont carnivores y trouvent des poissons en plus grande quantité.

§ 10. L'exposition des lieux fait encore une grande différence, selon qu'ils sont au nord ou au midi. Les poissons longs se plaisent davantage dans les endroits exposés au nord; et dans un même lieu, on prend plus de poisson long en été, dans les parties nord, que de poisson large. Les thons et les espadons sont tourmentés par l'oestre vers l'époque où la canicule se lève; tous deux ont alors, auprès des nageoires, cette espèce de larve qu'on appelle oestre, assez semblable à un scorpion, et de la grosseur d'une araignée. Ces oestres leur causent une si vive douleur que parfois l'espadon saute hors de l'eau, presque autant que le dauphin; ce qui fait qu'assez souvent ils bondissent dans les barques.

§ 11. De tous les poissons, les thons sont ceux qui aiment le plus la chaleur; ils viennent, pour la trouver, jusque sur le sable des côtes, [603a] où ils se chauffent; et ils se tiennent à la surface de l'eau. Les tout petits poissons échappent aux grands, qui les laissent pour en poursuivre de plus gros ; mais en recherchant la chaleur, ils détruisent en masse les oeufs et le frai, et ils anéantissent ainsi tout ce qu'ils touchent.

§ 12. Le moment le meilleur pour prendre le poisson, c'est au lever du soleil et après qu'il est disparu; ou, d'une manière générale, à son lever et à son coucher. C'est là, dit-on, les vrais coups de filets; aussi est-ce à ce moment que les pêcheurs lèvent leurs engins, parce que c'est surtout à ces instants de la journée que les yeux des poissons Ies trompent le plus; dans la nuit, ils restent en repos; et ils voient mieux à mesure que la lumière devient plus forte.

§ 13. Il ne semble pas que les poissons soient exposés à des maladies contagieuses, comme le sont souvent exposés les humains, et, parmi les animaux quadrupèdes, les chevaux, les boeufs, et quelques autres espèces, soit domestiques, soit sauvages. Cependant, ils sont malades aussi à leur manière; et la preuve qu'en donnent les pêcheurs, c'est qu'on en prend quelquefois de très maigres et qui sont tout pareils à des malades et absolument décolorés, au milieu d'autres poissons nombreux et gras de la même espèce, qu'on a pêchés en même temps qu'eux.

§ 14. Voilà ce qu'on observe sur les poissons de mer.

§ 15. Quant aux poissons de rivières et d'étangs, il n'y a jamais non plus de contagion parmi eux; mais quelques-uns ont des maladies spéciales; par exemple, dans la canicule, le glanis, qui nage en haut de l'eau, y est. atteint par les rayons de l'astre; et les coups de tonnerre violents l'étourdissent. La carpe éprouve aussi cet effet, mais moins vivement. Les glanis dans les bas-fonds sont piqués par le dragon-serpent, et ils meurent en quantité.

§ 16. Un ver qui se produit dans le baléros et le tilon les force de remonter à la surface, et les rend malades; le poisson, remontant à la surface de l'eau, y meurt, sous la chaleur qui le tue. La chalcis est sujette à un mal violent; des poux qui se développent en nombre considérable sous ses branchies, la font périr. Aucun autre poisson n'est exposé à un mal de ce genre.

§ 17. Les poissons meurent du bouillon-blanc; et voilà pourquoi on leur fait la chasse en jetant de cette plante dans les cours d'eau et dans [603b] les marais; les Phéniciens pêchent même ainsi les poissons de mer.

§ 18. On fait encore deux autres espèces de pêche. Comme, en hiver, le poisson fuit les eaux profondes des rivières, car alors l'eau douce est très froide, on fait un fossé qui de la terre sèche va jusqu'à l'eau; on recouvre ce fossé de branchages et de pierres, et l'on en fait une sorte de goulot, qui a sa sortie sur la rivière; quand il gèle, on y prend des poissons à la nasse. On fait une autre pêche, été comme hiver également. On construit au milieu de l'eau une enceinte avec des broussailles et des pierres, et ou n'y laisse qu'une bouche, où l'on dépose une nasse ; et l'on y prend le poisson en enlevant les pierres.

§ 19. Les testacés aiment en général les années pluvieuses, et tous s'en trouvent bien, si ce n'est les pourpres. On peut s'en convaincre en mettant des pourpres à l'embouchure d'une rivière; dès qu'elles ont goûté de l'eau douce, elles meurent le jour même. Cependant, la pourpre vit encore cinquante jours après qu'on l'a sortie de l'eau; elles se nourrissent mutuellement les unes les autres d'une algue et d'une mousse qui se forment sur leurs coquilles. Ce que les pêcheurs leur jettent pour les nourrir n'est, dit-on, qu'un moyen de les grossir pour les faire peser davantage.

§ 20. Les grandes chaleurs sont nuisibles à tous les autres poissons, en les faisant maigrir et en les rendant moins bons. C'est surtout dans ces conditions que les peignes deviennent roux. Dans l'Euripe Pyrrhéen, les peignes manquèrent un jour absolument, non pas seulement à cause de l'engin dont les pêcheurs s'étaient servis pour les racler, mais aussi à cause des chaleurs excessives. Ce qui fait que les autres testacés se trouvent bien des années pluvieuses, c'est qu'alors l'eau de mer devient moins salée. Le froid empêche qu'on n'en trouve dans le Pont-Euxin, non plus que dans les rivières qui s'y jettent, si ce n'est quelques rares bivalves; car les univalves gèlent encore plus aisément par les grands froids.

§ 21. Voilà ce qu'on avait à dire de l'action des saisons sur les animaux aquatiques.

§ 1. Les animaux ne se trouvent pas... Toutes ces observations sont très exactes, et la science moderne n'aurait rien à y changer. - Et on le voit bien pour les ramiers. Ceci peut paraître l'addition de quelque main étrangère; mais il est vrai qua les ramiers sont une espèce d'oiseaux assez facile à observer.

§ 2. C'est que, d'une manière toute générale.... § 3. En pleine santé. MM. Aubert et Wimmer pensent que ces deux paragraphes sont apocryphes; on peut croire tout au moins qu'ils sont déplacés, puisqu'ils interrompent en effet la suite des pensées, qui revient aux poissons dans le § 4. - Ainsi qu'on l'a déjà remarqué. Voir plus haut, ch. V, § 15. - Hésiode. Quelques éditeurs ont pensé qu'il y avait ici une erreur et qu'il fallait substituer Hérodote à Hésiode, ce qui à première vue peut sembler assez probable; mais on ne trouve rien dans Hérodote qui se rapporte à ce fait; et l'expression du texte indique bien qu'il s'agit d'un poète et non d'un historien. Il est vrai que, dans Hésiode, non plus il n'y a pas la moindre, allusion ni à Ninus, ni à l'aigle.

§ 3. Quand les oiseaux sont malades... Cette observation est très juste; et on peut la vérifier bien souvent dans les basses-cours.

§ 4. Comme on vient de le dire. Voir plus haut. § 2. Cette formule peut faire supposer que, dans la pensée même de l'auteur, il devait y avoir quelque chose d'interposé entre le § 2 et le § 4. - Ils profilent.... davantage par la pluie. Le fait est bien connu de tous les jardiniers. - Les roseaux.... Ceci peut être une addition, qui, faite par quelque main étrangère, sera passée de la marge dans le texte. On ne sait pas d'ailleurs si le roseau profite de la pluie plus que les autres végétaux.

§ 5. Pour passer l'été dans le Pont-Euxin. Le fait paraît exact, et les raisons qui en sont données ici sont très probables. - Les goujons. L'identification n'est pas du tout certaine. Le goujon est un poisson de rivière, et le texte semble l'admettre; mais peut-être vaudrait-il mieux, dans l'incertitude, reproduire le mot du texte : « Le Côbios ». La zoologie moderne a conservé le nom de Gobio pour une espèce de carpe ; voir la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 839.

§ 6. A la plupart des poissons. Ce paragraphe répète en partie ce qui a été dit plus haut, § 4. - Pour les hommes, la plupart des poissons. Le rapprochement peut sembler assez inattendu. - Une pierre dans la tête. C'est ce qu'on appelle les Otolithes. Il parait certain que tous les poissons en ont; mais chez quelques-uns elles sont très grosses; elles ne sont pas précisément dans la tête, mais dans l'oreille. - Le chromis... la sciaena. La zoologie moderne a conservé ces noms grecs pour quelques familles d'Acanthoptères : voir la Zoologie descriptive de M. Claus, pp. 851 et 852. - Le phagre, ou le Pagre, ce qui est encore aujourd'hui le nom d'un poisson sur les côtes d'Italie et de Provence ; on croit que c'est le Dentex macrophthalmus, une espèce de la famille des Acanthoptères, qui n'est pas très différente des Perches; voir M. Claus, loc. cit., p. 848. - Celte pierre est cause. Ceci n'est pas exact.

§ 7. Le marinos. Ou « Myrinos ». Ce poisson est inconnu, sous l'une ou l'autre forme. - Quand les pluies.... aveuglés. Ce n'est pas la pluie qui est cause de l'aveuglement de certains poissons; mais c'est la tuméfaction des paupières. - Près de Nauplie. La ville de Nauplie, qui a aujourd'hui plus d'importance qu'elle n'en avait dans l'Antiquité, peut passer pour le port d'Argos, sur le golfe de ce nom.

§ 8. L'acharnas. J'ai conservé le mot grec, parce qu'on n'a pas pu identifier ce poisson. - Le coracin. Voir plus haut, liv. V, ch. IX, § 5.

§ 9. Ces deux aspects différents... dans les deux conditions. C'est-à-dire, qui peuvent vivre, tantôt dans la haute mer, tantôt sur le bord. - Beaucoup d'algue. Ceci s'applique plus particulièrement aux petits poissons. - Ceux qui sont carnivores. L'explication est très plausible.

§ 10. Les poissons longs. C'est la traduction exacte; mais peut-être faut-il encore entendre par là les gros poissons, bien qu'un peu plus bas, le poisson large soit opposé au poisson long. - Les thons et les espadons.... Voir pour l'oestre du thon, plus haut. liv. V, ch. XXV, § 7. On croit que cet oestre est la Pennatula filosa. qui cause en effet à ces poissons les douleurs les plus vives.

§ 11. Où ils se chauffent. Ou bien: «Parce qu'ils y ont chaud ». MM. Aubert et Wimmer rejettent ces mots, qui leur semblent une addition inutile. - Mais en recherchant la chaleur. MM. Aubert et Wimmer ont changé ici le texte, de manière à comprendre que ce sont les mâles qui détruisent les oeufs et le frai; le changement ne consiste qu'en une ou deux lettres; mais les manuscrits ne l'autorisent pas. On ne peut pas dire que la leçon vulgaire soit absolument satisfaisante; mais il semble qu'il faut cependant la conserver telle qu'elle est. Les gros poissons,en s'approchant de terre, y détruisent les oeufs et le frai qui y sont déposés; voir aussi plus haut, l. V, ch. IV, § 7.

§ 12. C'est au lever du soleil.... Nos pécheurs le savent aussi bien que les pécheurs grecs, et les conditions n'ont pas changé. - Ou, d'une manière générale. Il semble que ceci n'est qu'une répétition peu utile de ce qui précède. - Les yeux des poissons les trompent le plus. Il aurait peut-être fallu donner une explication un peu plus développée.

§ 13. Exposés à des maladies contagieuses. Le fait est curieux ; mais il ne semble pas que la science moderne s'en soit occupée particulièrement. - Absolument décolorés. Il paraît certain que quelques espèces de poissons perdent leur couleur, dans certaines conditions encore peu connues; on a donné à cette affection le nom d'Alampia.

§ 14. Sur les poissons de mer. C'est peut-être au début de cette étude, et non à la fin, qu'il aurait fallu indiquer cette distinction, qui d'ailleurs est importante. On aurait pu croire que jusqu'ici il était question des poissons en général.

§ 15. Il n'y a jamais.... de contagion. Je ne sais si le fait est absolument exact. - Le glanis. Voir plus haut, liv. IV, ch. V, § 6, et aussi liv. Il, ch. IX, § 7. On ne sait pas précisément ce qu'est le glanis; voir encore, liv. IV, ch. XIII, §§ 2 et suiv. - Et les coups de tonnerre violents l'étourdissent. Le glanis n'est pas le seul poisson à éprouver cet effet du tonnerre; il y a beaucoup d'espèces qui ressentent aussi très vivement l'influence des orages. - La carpe. Cette identification paraît certaine; le nom grec a été conservé par la science moderne, Cyprinus carpino. - Les glanis... en quantité. MM. Aubert et Wimmer regardent ce paragraphe comme apocryphe.

§ 16. Le baléros et le tilon. J'ai dû reproduire les deux noms grecs, comme l'ont fait en général les traducteurs, parce qu'on ignore quels peuvent être ces poissons. - La chalcix. Ou Chalkeus; voir plus haut, liv. IV, ch. IX, § 6. On ne sait pas non plus quel est précisément le Chalcis ou la Chalcis. Ce poisson n'est pas le seul à être tourmenté par des insectes parasites; voir plus haut, liv. IV, ch. XIII, § 9.

§ 17. Du bouillon-blanc. Le mot grec est Plomos, qu'on écrit aussi Phlomos. L'identification n'est pas du tout certaine. Théophraste ne parle pas de cette plante. Je ne sais pas si cet effet du bouillon-blanc sur le poisson est bien certain; mais ce procédé sommaire d'empoisonner les cours d'eau, par une matière quelconque, est encore en usage aujourd'hui; et il est peut-être même plus répandu que jamais, quelque grossier qu'il soit.

§ 18. Deux autres espèces de pêche. Ces détails paraissent exacts, quoique la description ne soit pas aussi claire qu'on pourrait le désirer, attendu qu'elle se répète deux fois d'une manière presque identique. - On y prend des poissons à la nasse. C'est en effet une sorte de réservoir, où l'on peut puiser à l'aise comme on veut. - Une autre pêche. La seule différence, c'est qu'on pêche de cette façon aussi bien en été qu'en hiver; mais le procédé est à peu près le même dans son ensemble; c'est toujours une enceinte oit le poisson se rend et peut être pris.

§ 19. Les testacés aiment en général... Je ne sais pas si la science moderne a fait des observations de ce genre. - Les pourpres. Il n'y a rien d'étonnant que les pourpres ne puissent vivre dans l'eau douce, puisque ce sont des animaux marins. - Cinquante jours. J'ignore si des observations récentes confirment ce fait curieux. - Pour les faire peser davantage. Ceci indique que ce précieux coquillage se vendait au poids citez les Anciens, et cela se conçoit sans peine, ainsi que la fraude des pécheurs.
§ 20. Les peignes deviennent roux. Le sens n'est pas certain, parce que le fait lui-même n'est pas vérifié. - L'Euripe Pyrrhéen. Voir plus haut, liv. V, c. X, § 3. L'Euripe de Pyrrha est tantôt placé près de Volo en Thessalie, tantôt sur les côtes de l'Asie Mineure, ou même du Pont-Euxin. Strabon place l'Euripe des Pyrrhéens non loin de Lesbos, liv. Xlll, ch. II, § 2, p. 527, 32, édit. Firmin-Didot. - A cause de l'engin. Ceci n'est pas expliqué assez clairement. - L'eau de mer devient moins salée. Le fait n'est peut-être pas très certain. - Bivalves. C'est la traduction littérale du mot grec, bien que ce mot ait une apparence toute moderne.

§ 21. Voilà ce qu'on avait à dire. Résumé assez exact de tout ce chapitre.

CHAPITRE XXI
Du porc et de ses trois maladies: l'esquinancie, les écrouelles, mal de tête et flux de ventre ; manières de soigner ces maladies; traitement de l'esquinancie; le grêlon; description de celte maladie spéciale au cochon; parties du corps où le grêlon se produit; âge où le porc en peut être atteint; nourriture du cochon; elle doit être variée, comme pour tous les autres animaux; effets divers de leurs aliments; effets des glands sur les truies pleines, et aussi sur les brebis.

§ 1. Parmi les quadrupèdes, les porcs sont sujets à trois maladies. L'une s'appelle le branchos (esquinancie); et dans cette maladie, c'est surtout sur les mâchoires et sur les bronches que se porte l'inflammation. Elle se montre aussi [604a] sur toute autre partie du corps, assez souvent au pied, et parfois aussi à l'oreille. L'organe attaqué et tout ce qui l'avoisine se sèche et se pourrit, jusqu'à ce que l'inflammation soit parvenue au poumon; et alors, l'animal meurt. Les progrès de la maladie sont rapides; et le porc cesse de manger dès qu'elle commence, quelque faible qu'elle soit au début. Dès que les porcherons s'en aperçoivent au moindre symptôme, ils n'ont pas d'autre remède que d'amputer l'organe entier qui est atteint.

§ 2. Les deux autres maladies du porc s'appellent toutes les deux du même nom de craura (écrouelles). L'une consiste en une douleur et une pesanteur de tête, auxquelles les porcs succombent presque toujours; l'autre est un flux de ventre. Cette seconde maladie parait être incurable; on soigne l'autre en mettant du vin sous le groin de l'animal, et en le lui frottant avec ce vin. Mais il est bien difficile de conjurer cette maladie; et le porc est perdu en trois ou quatre jours.

§ 3. Quant au branchos (esquinancie), c'est surtout quand l'été est prospère et fécond et que les animaux sont très gras, qu'il éclate. Il est bon alors de leur donner des mûres, et de les faire baigner à grande eau et à l'eau chaude; il est bon aussi de Ies saigner sous la langue.

§ 4. Les porcs. dont la chair est aqueuse, ont comme des grêlons aux jambes, au cou et aux épaules: ces sortes de grêlons viennent surtout dans ces parties. Tant qu'il y en a peu, la chair reste douce et bonne: quand les grêlons se multiplient, elle devient huileuse et perd son goût. On reconnaît sans peine que les porcs ont ces grêlons, parce qu'ils se produisent plus particulièrement au bas de la langue; et quand on arrache à l'animal quelques soies sur le front. ces poils viennent avec un peu de sang. Lorsque les grêlons se produisent aux pieds de derrière. l'animal ne peut rester un instant tranquille.

§ 5. Les porcs, d'ailleurs, n'ont pas de grêlons, quand qu'ils ne se nourrissent que de lait. On guérit le grêlon en donnant de la tipha (du seigle), qui est, en même temps, pour les porcs un très bon aliment. Ce qui les engraisse et les nourrit le mieux. ce sont les pois et les figues. En général, il ne faut pas leur donner une nourriture uniforme; et il est bon de la varier. Le porc aime à la changer, comme tous les autres animaux ; tels aliments, dit-on, les gonflent; tels autres leur font de la chair; tels autres, de la graisse. On dit aussi que les glands leur sont très agréables, mais qu'ils rendent la chair huileuse; et que, si les truies en mangent [604b] par trop, quand elles sont pleines, elles avortent. Le même accident se produit sur les brebis, pour lesquelles cet effet des glands est encore bien plus aisé à constater. Le porc est, d'ailleurs, à notre connaissance, le seul animal qui, ait le grêlon.

§ 1. Le branchos. Il faut reproduire le mol grec, parce qu'il n'y a pas d'identification certaine. D'après l'expression même du texte, il semble que ce nom de maladie du porc était assez récent. J'ai risqué le mot d'Esquinancie, mais entre parenthèses. -  Au poumon. Quelques traducteurs ont cru qu'il s'agissait de la langue et non du poumon. - D'amputer l'organe entier. Peut-être voudrait-il mieux traduire : « La partie entière », attendu que l'ablation d'un organe entier tuerait l'animal. Il paraît bien, d'ailleurs, que sous le nom de Branchos, l'auteur comprend plusieurs maladies spéciales au porc, que la zootechnie moderne distingue, mais que l'Antiquité ne distinguait pas aussi bien.

§ 2. Du même nom de craura. On ne peut que reproduire le mot grec, bien qu'il s'adresse à deux maladies fort distinctes. La première atteint les oreilles de I'animal; l'autre atteint les entrailles. Aujourd'hui, on ne regarde plus ces affections comme mortelles; et l'on guérit souvent les porcs par des soins appropriés.

§ 3. Quand l'été est prospère et fécond. L'expression dont se sert ici le texte a été critiquée avec raison par quelques éditeurs; mais le sens général n'est pas douteux. - De les saigner sous la langue. Je ne sais si ces procédés thérapeutiques sont suivis parmi nous; mais il est probable qu'en Grèce on les avait trouvés efficaces, pour soulager et guérir les porcs.

§ 4. Des grêlons. J'ai reproduit exactement l'expression du texte: mais on voit qu'il s'agit de boutons, ou de pustules. qui sont gros comme des grains de grêle. Les détails donnés ici sont généralement exacts. - Sur le front. Cette indication est implicitement comprise dans l'expression que le texte emploie. - Ne peut rester un instant tranquille. Parce qu'il est incessamment tourmenté par les démangeaisons que lui causent les parasites intérieurs.

§ 3. De la tipha. J'ai conservé le mot grec, parce qu'on ne sait pas au juste quel est ce grain, qui se rapproche beaucoup du blé, du seigle. ou de l'orge. Théophraste en parle souvent. notamment liv. 1, ch. VI, § 5, p. 9, édit. Firmin-Didot. Histoire des Plantes: voir aussi liv. Vlll, ch. 1, §§ 1, 2. 3. p. 126, édit. Firmin-Didot. - Le seul animal  qui ait le grêlon. Il ne paraît pas que ceci soit très exact et des animaux autres que le porc ont une affection pareille.

CHAPITRE XXII
Des maladies des chiens; la rage, l'esquinancie et la goutte; l'homme mordu par le chien ne contracte pas la rage; le chameau; l'éléphant; les maladies des boeufs; la goutte et l'écrouelle; leur traitement.

§ 1. Les chiens peuvent avoir trois maladies : la rage, l'esquinancie et la goutte. La rage les rend furieux; et quand ils mordent, tous les animaux mordus par eux contractent la rage, excepté l'homme. Sauf l'homme, la maladie de la rage emporte tout ce que les chiens ont mordu, comme elle les emporte eux-mêmes.

§ 2. L'esquinancie tue également les chiens; et il est bien rare qu'ils réchappent de la goutte. La rage prend aussi les chameaux. Quant aux éléphants, on prétend qu'ils ne sont pas sujets aux autres maladies, mais qu'ils ont seulement des vents qui les font beaucoup souffrir.

§ 3. Les boeufs qui vivent en troupeaux ont deux maladies, la goutte d'abord, et ce qu'on appelle chez eux, la craura (écrouelle). Leurs pieds enflent quand ils sont atteints de la goutte; mais ils n'en meurent pas; et ils ne perdent même pas leurs sabots; on les leur fortifie, en les frottant de bitume chaud. Dans la craura, le souffle devient chaud à courts intervalles ; en fait, la craura est pour le bétail ce que la fièvre est pour l'homme. Les symptômes de la maladie sont les oreilles tombantes et une répugnance pour la nourriture. L'animal succombe vite, et quand on ouvre l'animal, on trouve les poumons pourris.

§ 1. L'esquinancie. Ou L'angine; il ne peut guère y avoir de doute ici sur la traduction du mot du texte; voir plus haut, dans le chapitre précédent, § 1. - Sauf l'homme. On sait que ceci est une erreur; et il est difficile de comprendre comment cette erreur a pu être commise; car il est bien probable que des accidents de ce genre avaient dit se produire en Grèce, comme ils se produisent chez nous. - Elle les emporte eux-mêmes Le texte ajoute encore une fois : « Sauf l'homme ». Il est clair que cette répétition ne peut venir que de l'inattention d'un copiste; et la plupart des éditeurs l'ont supprimée, non sans raison.

§ 2. La rage prend aussi les chameaux. Il ne paraît pas que la science moderne ait rien constaté à cet égard. Le chameau est furieux au moment du rut; mais on n'a jamais dit qu'il eût la rage comme les chiens. - Les éléphants. Voir plus loin, ch. XXV, des détails sur les maladies des éléphants.

§ 3. La craura. Voir plus haut, ch. XXI, § 2. Le mot grec est le même dans le texte pour les porcs et pour les boeufs; je n'ai eu qu'à le répéter: et c'est seulement entre parenthèses que j'ai risqué le mot d'Écrouelle.

CHAPITRE XXIII.
Des maladies des chevaux, selon qu'ils sont en liberté, ou à l'écurie; la goutte et ses symptômes; la colique, le tétanos, l'orge, la nymphe; symptômes de ces maladies; autres maladies du cheval, la cardialgie, la cystite; parasites redoutables aux chevaux, le staphylin, la mygale, la chalcis; le cheval est sujet à presque toutes les maladies de l'homme; la sandaraque lui est fatale; la mauvaise odeur d'une lampe qui s'éteint fait avorter les juments; l'hippomane; contes débités à ce sujet; le cheval se plaît dans les prés marécageux; il aime à boire son eau trouble ; le boeuf est tout le contraire.

§ 1. Les chevaux qui ne sont pas en pâture sont exempts de toutes les maladies sauf la goutte.  Ils en souffrent beaucoup; et parfois, ils en perdent leurs soles; mais quand ils les ont perdues, ils les refont vite; et en même temps que l'une tombe, l'autre se reforme en dessous.

§ 2. Le symptôme de la maladie, c'est le tressaillement du testicule droit, ou bien un petit creux et une sorte de ride qui se forme un peu au-dessous du milieu des naseaux.

§ 3. Les chevaux qu'on nourrit à l'écurie sont sujets aux maladies les plus nombreuses. D'abord, ils prennent la colique. Ce qui annonce la maladie, [605a] c'est qu'ils ramènent les jambes de derrière sous les jambes de devant, et qu'ils les en rapprochent presque à les choquer. Quand le cheval, après être resté plusieurs jours sans manger, devient furieux, on le soulage en lui tirant du sang et en lui ouvrant la veine.

§ 4. Le cheval a aussi le tétanos ; dans cette affection, le symptôme consiste en ce que toutes les veines, la tête, le cou, sont excessivement tendus, et que l'animal a les jambes toutes droites et raides. Les chevaux deviennent encore purulents. Ils sont également exposés à une autre maladie, qu'on appelle « faire de l'orge ». Voici comment elle se manifeste : le voile du palais devient mou; et la respiration devient brûlante. Ces maladies sont incurables à tous les soins; et il faut qu'elles s'apaisent d'elles-mêmes.

§ 5. Les chevaux sont encore atteints de cette affection qu'on appelle la nymphe, qui les prend quand ils entendent le son de la flûte ; et de cette autre affection de baisser les yeux et de regarder en bas. Si l'on monte une bête qui est dans cette disposition, elle se met à tourner sur elle-même, jusqu'à ce que quelqu'un vienne à l'arrêter. Le cheval malade baisse toujours la tête, même quand il a la rage; et ce qui indique cette maladie, c'est qu'il abaisse les oreilles vers la crinière et qu'il les redresse ensuite: il a des défaillances, et il est haletant.

§ 6. D'autres maladies incurables du cheval, c'est d'abord la cardialgie, qui se manifeste par la palpitation des flancs. C'est ensuite le déplacement de la vessie, qu'on reconnaît à l'impossibilité d'uriner, qui fait que l'animal lève les pieds et les hanches. Le cheval est aussi très malade, s'il avale un staphylin, insecte de la grosseur d'une sphondyle.

§ 7. La morsure de la mygale fait du mal au cheval, comme à toutes les autres bêtes de trait ; et elle produit des pustules. La morsure est encore plus dangereuse si la mygale était pleine; les pustules crèvent en ce cas; mais autrement, elles ne crèvent pas. Une autre morsure qui tue les chevaux, ou du moins les fait beaucoup souffrir, c'est celle de la bête qu'on appelle tantôt la chalcis, tantôt la zignis. Elle ressemble aux petits lézards, et sa couleur est celle des serpents aveugles.

§ 8. D'une manière générale, les gens dont c'est la pratique assurent que le cheval a presque toutes les maladies de l'homme, de même, que les moutons en sont également atteints. La sandaraque est un poison qui lue les chevaux, et généralement les bêtes de somme ; on donne ce poison dans de l'eau, où on l'a fait dissoudre. L'odeur d'une lampe qui s'éteint suffit pour faire avorter une jument; [605b] et quelquefois, le même accident se produit chez des femmes enceintes.

§ 9. Voilà ce que nous savons des maladies des chevaux. Quant à l'excroissance qu'on appelle l'Hippomane, elle se produit, comme on l'a déjà dit, sur les poulains: les juments lèchent cette excroissance, et la font disparaître en finissant par la manger. Mais toutes les fables qu'on débite à ce sujet ne sont guère que les inventions des femmes, et des gens qui se livrent aux incantations. Ce dont on convient davantage, c'est que les juments rejettent ce qu'on appelle le Pôlion, avant de mettre bas leur poulain.

§ 10. Les chevaux reconnaissent le hennissement des chevaux contre lesquels ils ont antérieurement combattu. Ils se plaisent dans les prés et dans les marécages, parce qu'ils aiment l'eau trouble, et que quand l'eau qu'ils y trouvent est pure, ils la piétinent avant de la boire, et s'y baignent après avoir bu. Le cheval est essentiellement un animal qui aime à se baigner et qui aime l'eau; et c'est bien là aussi ce qui constitue la nature de l'Hippopotame. Le boeuf est tout l'opposé du cheval; et si l'eau n'est pas pure, fraîche et sans mélange, il se refuse à la boire.

§ 1. Sauf la goutte. C'est surtout aux pieds que le cheval est atteint; notre mot de Goutte n'a pas cette nuance.

§ 2. Le symptôme de la maladie... Il ne semble pas que tes vétérinaires modernes aient constaté rien de semblable aux détails qui sont donnés ici, et qui ne sont peut-être qu'une addition étrangère.

§ 3. Qu'on nourrit à l'écurie. « Ou Dans (les pâturages ». Le texte est un peu moins précis que ma traduction. - La colique. Le sens n'est pas très sûr; et la plupart des traducteurs se sont bornés à reproduire le mot grec d'Eiléos. Le mouvement convulsif prêté au cheval atteint de ce mal semble justifier l'interprétation à laquelle je me suis arrêté. - Devient furieux. Ceci aurait demandé une explication plus développée. Il semble que Gaza a eu une variante que sa traduction rend par : Rareflat. Je préfère le sens ordinaire, quoiqu'il ne soit pas absolument suffisant.

§ 4. Le tétanos. C'est le mot conservé dans la science moderne pour une foule d'autres animaux; et pour l'homme en particulier. - Purulents. C'est la traduction exacte de l'expression grecque ; mais, selon toute apparence, il s'agit de la morve; cette maladie très grave méritait que l'auteur s'y arrêtât davantage. — « Faire de l'orge. » J'ai voulu reproduire le sens du mot grec. C'est sans doute la diphtérie, ou « étranguillon des chevaux ». - Le voile du palais devient mou. Je ne sais si cette observation est bien exacte.

§ 5. La nymphe. Cette traduction est rapprochée du mot grec autant que possible; d'après ce qui suit, il est bien probable qu'il s'agit du Vertigo. - Le son de la flûte. Ceci n'est sans doute qu'une croyance populaire. - De baisser les yeux. Quelques commentateurs et traducteurs ont pensé que le mot du texte signifiait : « Ruer. » - Jusqu'à ce que quelqu'un vienne à l'arrêter. C'est la leçon ordinaire; elle me parait suffisante; et il n'est pas besoin d'adopter les variantes diverses qui ont été proposées. - Même quand il a la rage. Ceci ne se comprend pas bien et n'est amené par rien de ce qui précède; peut-être la rage se confond-elle ici avec le vertigo.

§ 6. La cardialgie. C'est la reproduction du mot grec, que la sciences moderne adopte aussi.- Le déplacement de la vessie. Ou peut-être : « Le dérangement de la vessie » et ce serait alors une simple inflammation, qui suffit d'ailleurs à rendre l'animal fort malade. - Un staphylin. Ce mot grec a été conservé par la science moderne à un insecte arthropode, qui donne son nom à toute une famille; voir la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 645. Le texte peut signifier aussi, d'après quelques traducteurs, que le cheval est piqué par un staphylin et non pas qu'il l'avale. - D'une sphondyle. On ne sait pas quel est cet insecte.

§ 7. De la mygale. La zoologie moderne applique ce mot, conservé du grec, à une espèce d'araignée, qui a donné son nom à toute une famille: voir la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 520. - Était pleine. Parce qu'alors elle dépose ses oeufs dans la plaie qu'elle fait. - La chalcis... la zignis. On ne sait pas quel est ce petit animal.

§ 8. Toutes les maladies de l'homme les moutons. Ces remarques ne sont pas très justes. les chevaux et les moutons ont leurs maladies spéciales, qui ne ressemblent guère à celles des hommes. - La sandaraque. Il est difficile de savoir ce que les Anciens désignaient par là. Est-ce la résine de certaine espèce d'arbre vert? Est-ce une composition arsénicale? On l'ignore. Dans ce dernier cas, ce peut être un poison violent. - L'odeur d'une lampe. Il est certain que l'odeur d'une lampe qui s'éteint est fort nauséabonde; mais de là, à produire des effets mortels sur les juments pleines et sur les femmes enceintes, il y a fort loin. C'est sans doute un conte populaire: ou si, par hasard, le fait s'est produit, ce n'a pu être qu'une simple coïncidence, quelque violente d'ailleurs que fût l'odeur.

§ 9. Quant à l'excroissance qu'on appelle l'Hippomane. Tout ce passage jusqu'à la fin du paragraphe a pu être regardé comme apocryphe, on du moins comme une interpolation. D'abord, il interrompt la suite des pensées; et il ne fait guère que répéter ce qui n été déjà dit de l'Hippomane, liv. VI, ch. XVII, § 8; voir sur l'Hippomane, Buffon, t. XIV, pp. 47 et 57, édit. de 1830. - Toutes les fables qu'on débite. L'auteur était, de son temps, bien hardi sans doute en s'exprimant si vivement sur des croyances vulgaires: voir plus haut, liv. VI, ch. XXII, § 14. - Le Pôlion. On ne sait pas précisément ce que les Anciens entendaient par là: mais on peut croire qu'il s'agit ici de quelque excrétion rejetée par la jument, au moment où elle met bas.

§ 10. Ont antérieurement combattu. Aux époques de l'accouplement. - Ce qui constitue la nature de l'Hippopotame. On a eu raison de considérer ceci comme une interpolation; c'est quelque addition qui, comme bien d'autres, sera passée de la marge dans le texte. D'ailleurs, les observations sur les goûts différents du cheval et du boeuf sont exactes.

CHAPITRE XXlV
L'âne n'a qu'une seule maladie, appelée la mélide; elle se déclare surtout à la tête, où elle n'est pas mortelle ; elle l'est au poumon; l'âne ne supporte pas le froid.

§ 1. Les ânes n'ont guère qu'une seule maladie; elle s'appelle la mélide. Elle se déclare d'abord à la tête de l'animal, et il lui sort par les naseaux un liquide épais et roussâtre. Si le mal tombe sur le poumon, la bête en meurt. Mais quand l'affection n'est qu'à la tête, elle n'est pas tout d'abord mortelle.

§ 2. L'âne est un des animaux qui supportent le moins bien le froid; et de là vient qu'on ne trouve pas d'ânes, ni dans le royaume du Pont, ni en Scythie.

§ 1. La mélide. Le nom de cette maladie a varié même en grec; on ne sait pas bien de quelle affection il s'agit; c'est peut-être la morve, ou la gourme. Cependant, le mal signalé ici est assez bien caractérisé pour qu'on puisse le reconnaître, sans trop de peine.
§ 2. Ni dans le royaume du Pont, ni en Scythie. Il semble que ces deux pays n'ont pas la même température, puisque le royaume du Pont s'étendait surtout dans l'Asie Mineure, au sud de la mer Noire, tandis que la Scythie est beaucoup plus au Nord; mais ce qui est vrai, c'est que les ânes sauvages, zèbres, hémiones, counggas, ne se trouvent que dans les pays les plus chauds.

CHAPITRE XXV
Des maladies des éléphants: ce sont surtout des vents; l'éléphant avale de la terre et des pierres: diarrhée des éléphants; remèdes divers: boisson de l'huile: ses effets; moyen d'en faire boire aux éléphants qui n'en veulent pas.

§ 1. Les éléphants n'ont que des maladies qui consistent dans des vents: et alors, ils ne peuvent rendre, ni leur excrément liquide, ni celui du ventre. Lorsque l'éléphant mange de la terre, il en est tout affaibli, si cette nourriture n'est pas continuelle; s'il s'y habitue. il ne s'en trouve pas plus mal. Parfois même, il avale des pierres.

§ 2. L'éléphant est sujet aussi à être pris de diarrhée; dans cette affection, on le guérit en lui donnant à boire de l'eau chaude, et à manger du foin aspergé de miel. Ces deux remèdes arrêtent la diarrhée. Quand la bête est fatiguée par des insomnies, on la guérit eu lui frottant les épaules avec un mélange de sel, d'huile et d'eau chaude. Si [606a] ce sont les épaules qui souffrent, on soulage l'éléphant en y appliquant de la chair de porc, qu'on a fait rôtir.

§ 3.  Il y a des éléphants qui boivent de l'huile: d'autres n'en veulent pas boire. On prétend que, si quelque morceau de fer est resté dans le corps d'un éléphant, l'huile l'en fait sortir, pour ceux qui en boivent; et pour ceux qui n'en boivent pas, on fait une décoction de racine qu'on leur fait boire dans de l'huile.

§ 4. Telles sont donc les maladies qui affectent les quadrupèdes.
 

§ 1. Des vents. Voir plus haut. ch. XXII, § 2. - Mange de la terre. Ce fait fort extraordinaire n'a pas été confirmé par la science moderne; et l'on peut supposer qu'il y a ici quelque altération dans le texte. - Il avale des pierres. Cette assertion est sans doute, comme la précédente, l'écho de quelque opinion populaire sans fondement.

§ 2. De diarrhée. La maladie peut être réelle; mais les remèdes indiqués plus bas ne semblent pan devoir être très efficaces. Les procédés signalés ici avaient été sans doute connus dans l'Inde par les compagnons d'Alexandre, qui les avaient appris à la Grèce. - En y appliquant de la chair de porc. Il est bien probable que ceci est encore une de ces croyances vulgaires que l'auteur a l'habitude de réfuter, loin de paraître y donner créance.

§ 3. Qui boivent de l'huile. Tous les détails contenus dans ce paragraphe paraissent absolument invraisemblables. L'auteur lui-même s'en aperçoit, comme le prouvent les expressions mêmes dont il se sert : « On prétend ». - Une décoction de racine. J'ai adopté ici la conjecture de MM. Aubert et Wimmer, bien qu'elle n'améliore pas beaucoup les choses. La plupart des manuscrits parlent « du vin », qu'on fait boire aux éléphants; d'autres supposent qu'on tire ce vin, d'une racine qui serait le riz. On peut dire, d'une façon générale, et selon toute vraisemblance, que ce passage entier doit être altéré.

CHAPITRE XXVI
Des maladies des insectes, et spécialement des abeilles; bêtes qui détruisent leurs gâteaux de cire, et rendent les essaims malades: la rouille des fleurs nuisible aux abeilles; effet de l'huile sur les insectes.

§ 1. Les insectes se portent bien en général quand la saison reste pareille à celle où ils naissent, et que l'année est tout entière, comme le printemps, humide et chaude.

§ 2. Dans les essaims d'abeilles. il se trouve des petites bêtes qui détruisent les gâteaux de cire, et notamment une larve qui file comme une araignée. et qui détruit leurs gâteaux. Ou l'appelle. tantôt le cléros, tantôt le pyrauste. Il produit dans le gâteau un petit animal tout pareil à lui, et qui est comme une petite araignée. L'essaim tout entier en devient malade.

§ 3. Une autre petite bête ressemble au papillon qui vole autour des lampes. Cet animal produit et dépose dans le gâteau un tas de duvet; les abeilles n'osent pas le piquer de leurs dards, et il n'y a que la fumée qui puisse le chasser. Il se présente aussi, dans les essaims, des chenilles qu'on appelle des tarières, et dont les abeilles ne savent pas non plus se défendre.

§ 4. Ce qui plus que tout le reste rend les abeilles malades, c'est la rouille qui atteint les fleurs; et ce sont, en outre, les années sèches qui leur sont fatales. Tous les insectes meurent si on les frotte d'huile; et si ou leur en met une goutte sur la tête et qu'on les expose au soleil, ils périssent à l'instant.

§ 1. Les insectes. Ce qui est dit ici des insectes peut paraître bien concis et bien insuffisant. L'auteur s'arrête un peu plus aux abeilles. parce que ces insectes sont mieux connus et plus faciles à observer: et encore ce qu'il en dit est-il bien insuffisant. II reviendra du reste longuement sur les abeilles, liv. IX. ch. XXVII
§ 2. Les petites bêtes. L'expression est trop vague. - Le circos... le pyrauste. Quelques éditeurs ont cru pouvoir contester l'exactitude de ces noms, que nous devons accepter tels que l'auteur nous les transmet. La science moderne a conservé le nom de clérus à un coléoptère qui donne son nom a toute une famille; mais je ne sais si c'est bien l'insecte dont il est question ici: voir la Zoologie descriptive de M. Claus. p. 636.
§ 3. Une autre petite bête. Cette bête ne serait pas si petite si en effet elle ressemble au papillon. J'ai cru devoir traduire, à cause de ce qui suit, le mot grec d'Hépiolos par Papillon; beaucoup de traducteurs l'ont simplement reproduit. - De duvet. Ou de Poussière. - Des tarières. Ici encore, j'ai traduit le nom grec, au lieu de le reproduire.

§ 4. La rouille qui atteint les fleurs. Parce qu'alors toute l'industrie des abeilles est compromise, et que leur travail est vicié. -  Si on les frotte d'huile. L'huile les empêche alors de respirer, parce que la fonction de la respiration, chez la plupart des insectes, s'exerce par la surface du corps ; voir la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 396. - Une goutte sur la tête. C'est là une expérience qu'il est très facile de vérifier, et l'on comprend que la chaleur, en dilatant l'huile; rend son effet encore plus rapide et plus fort.

CHAPITRE XXVII
De l'influence des climats sur les animaux, sur leur taille et la durée de leur existence; différences très marquées entre des lieux très voisins; exemples divers; une rivière, un chemin qui sépare des cantons suffisent à faire de grandes différences; citation de Ctésias ; Inde, Syrie, Libye, citation d'Homère; l'Égypte comparée à la Grèce ; explication de ces différences ; de l'influence de la température; lézards d'Arabie; serpents monstrueux de Libye; lions d'Europe; comparaison de l'Europe et de l'Asie; monstres de Libye ; explication des accouplements entre espèces différentes; chiens croisés de Laconie, chiens croisés de l'Inde.

§ 1. En générai, les animaux varient selon les climats; ainsi, de même que quelques-uns ne vivent pas du tout. dans certaines contrées, de même dans certaines contrées, où ils peuvent vivre, ils sont plus petits; leur vie y est plus courte, et ils ne s'y portent pas bien. Quelquefois, ces différences sont sensibles dans des régions très rapprochées les unes des autres; et, par exemple, en certains endroits de la Milésie fort voisins entre eux, il y a des cigales dans ceux-ci; il n'y en a point dans ceux-là.

§ 2. Dans l'île de Céphalonie, une rivière sépare deux cantons, l'un où l'on trouve la cigale, et l'autre où elle ne se trouve plus. Dans la Pordosélène, un chemin seulement sépare les cantons où en deçà il y a des belettes; et où au delà, il n'y en a point. En Béotie, il y a beaucoup de taupes aux environs d'Orchomène, [606b] tandis que dans la Lébadie, qui en est toute voisine, il n'y en a point; et si l'on en apporte, elles ne veulent point y fouiller la terre.

§ 3. A Ithaque, les lièvres ne vivent pas, si l'on en apporte et qu'on les y lâche; mais on les trouve bientôt morts sur la côte, tournés vers l'endroit d'où on les a apportés. En Sicile, on ne voit pas de fourmis-cavalières; et jadis à Cyrène, il n'y avait pas de grenouilles coassantes.

§ 4. On ne trouverait pas dans la Libye entière, ni un sanglier, ni un cerf sauvage, ni une chèvre sauvage. Dans l'Inde, à ce que prétend Ctésias, d'ailleurs si peu digne de foi, on ne trouve, ni porc, ni sanglier; et tous les animaux qui n'ont pas de sang et qui ont des écailles y sont d'une grandeur démesurée. Dans le Pont-Euxin, on ne trouve, ni de mollusques, ni de testacés, si ce n'est eu quelques endroits et en très petit nombre. Au contraire, dans la mer Rouge, tous les testacés sont énormes.

§ 5. En Syrie, les moutons ont des queues larges d'une coudée; et les chèvres y ont des oreilles longues d'une palme et de quatre doigts ; quelques-unes même les ont traînantes jusqu'à terre. Les boeufs, ainsi que les chameaux, y ont des crinières au sommet des épaules. En Lycie, on tond les chèvres, comme ailleurs on tond les moutons. En Libye, les béliers qui ont des cornes les ont en naissant; et ce ne sont pas les mâles seulement, comme le dit Homère; ce sont aussi les autres. Dans le Pont, du côté de la Scythie, c'est tout le contraire; et les béliers y sont sans cornes.

§ 6. En Égypte, certains animaux, comme les boeufs et les moutons, sont plus grands que dans la Grèce; certains autres sont plus petits : les chiens, les loups, les lièvres, les renards, les corbeaux, les éperviers: D'autres encore y sont de la même grosseur à peu près : les corneilles, par exemple, et les chèvres. On explique ces différences par celle de la nourriture, abondante pour les uns, difficile et rare pour les autres, tels que les loups et les éperviers ; presque nulle pour les carnivores, parce que les petits [607a] oiseaux y sont peu nombreux; et aussi pour les lièvres et pour tous les animaux qui ne sont pas carnivores, parce que les fruits n'y durent pas longtemps, ni ceux des arbres, ni ceux des arbustes.

§ 7. Dans bien des contrées, c'est la température seule qui est cause de ces variétés; et c'est ainsi qu'en Illyrie, en Thrace, en Épire, Ies ânes sont petits, et qu'il n'y en a même plus eu Scythie et dans la Celtique, parce que ces animaux supportent mal le froid. On trouve en Arabie des lézards qui ont plus d'une coudée de long; les rats domestiques y sont plus grands que les rats des champs. Leurs pattes de devant ont la longueur d'une palme; celles de derrière ont à peine la longueur de la première phalange du doigt.

§ 8. En Libye, les serpents sont, à ce qu'on rapporte, d'une grosseur dont ou ne peut se faire une idée. Des navigateurs prétendent avoir trouvé dans ces parages, où ils avaient abordé, de nombreux squelettes de boeufs, qui, évidemment, avaient été dévorés par des serpents; et que remontés dans leur barque, ils y avaient été poursuivis par ces serpents, qui avaient précipité quelques matelots dans la mer, en renversant le canot.

§ 9. Il y a plus de lions en Europe qu'en Asie; et on ne les trouve en Europe que dans la région comprise entre l'Achéloüs et le Nessus. Dans l'Asie, il y a des panthères; en Europe, il n'y en a pas. Généralement, les animaux farouches sont en Asie plus farouches qu'en Europe; mais en Europe, ils ont tous plus de courage. C'est en Libye que les animaux présentent les formes les plus diverses; et de là, le proverbe qui dit que la Libye produit toujours quelque monstre nouveau. C'est que là, en effet, les animaux se rassemblent près des petits cours d'eau du pays, par suite de la sécheresse, faute de pluie; les bêtes d'espèces dissemblables s'y rencontrent; et l'accouplement y devient fécond, si le temps de la gestation est le même, et si la disproportion de taille n'est pas trop grande.

§ 10. Ils s'adoucissent les uns à l'égard des autres, parce qu'ils sont toujours pressés du besoin de boire ; car, au contraire des autres animaux, ils ont besoin de boire plus en hiver qu'en été. En effet, comme les pluies ne viennent guère pendant l'été, ils perdent l'habitude de boire en cette saison; et même les rats du pays meurent quand ils viennent à boire.

§ 11. [607b] Il y a encore d'autres animaux qui naissent du mélange de races différentes; et c'est ainsi qu'à Cyrène les loups s'accouplent aux chiennes, et qu'ils produisent. Les chiens de Laconie viennent d'un renard et d'un chien. On assure aussi que les chiens de l'Inde viennent d'un tigre et d'une chienne, non pas au premier croisement, mais à la troisième génération; car le produit du premier accouplement est encore une bête fauve. On conduit les chiennes; et on les attache, dans un lieu bien désert; mais beaucoup sont dévorées par les tigres, avant qu'il ne s'en trouve un qui soit poussé par le désir ardent de s'accoupler.

§ 1. Varient selon les climats. Cette observation, qui aujourd'hui peut paraître banale, était neuve du temps d'Aristote. - De la Milésie. Ceci désigne évidemment la contrée où était la ville de Milet, non loin de l'embouchure du Méandre. - Des cigales. Comme les cigales recherchent la chaleur, il suffit qu'un lieu soit mal exposé pour que les cigales y manquent, bien qu'elles se trouvent dans un lieu voisin dont l'exposition est meilleure.

§ 2. Dans l'île de Céphalonie. Île voisine d'Ithaque et une des plus grandes de la mer Ionienne. Pline, liv. VIII, ch. LXXXIII, p. 356, édit. et trad. Littré, a répété presque tout ce chapitre d'Aristote. - Dans la Pordosélène. C'est une petite île près de Lesbos. - En Béotie. Voyez Pline, loc. cit. - Elles ne veulent point y fouiller la terre. Je ne sais pas si des observations modernes ont confirmé ces faits; mais ils sont fort possibles ; et la diversité des terrains, composés d'éléments répugnant aux taupes d'une façon quelconque, expliquerait très bien pourquoi elles ne fouillent pas la terre.

§ 3. A Ithaque, les lièvres... On n'a pas vérifié ce fait particulier pour Ithaque; mais il paraît que, dans toutes les Cyclades, les lièvres et les lapins se sont excessivement multipliés.

§ 4. Ni un sanglier. Il paraît qu'au contraire les sangliers sont fort nombreux dans cette partie de l'Afrique, qui correspond à l'ancienne Libye, comme ils le sont aussi dans l'Inde. - Ctésias... peu digne de foi. Voir plus haut une critique non moins vive de la véracité de Ctésias, liv. II, ch, III, § 15, sur le Martichore. - Ni de mollusques, ni de testacés. Quelques éditeurs donnent une leçon un peu différente ; « Ni toutes les espèces de mollusques, ni tous les testacés  ». - Dans la mer Rouge. Le fait est exact.

§ 5. Des queues larges d'une coudée. Ce n'est pas exagéré. Voir plus haut, ch. XII, § 5. - Des crinières. Il s'agit sans doute des bisons, ou des zébus. - Comme le dit Homère. Odyssée, chant IV, vers 85, p. 322, édit. Firmin-Didot. - Du côté de la Scythie. C'est-à-dire, au nord.

§ 6. En Égypte, certains animaux... Ces observations sont exactes en général, bien que penture quelques détails ne le soient pas; mais ils prouvent du moins que les Grecs étudiaient très curieusement l'Égypte, et qu'ils cherchaient à la bien connaître. - Par celle de la nourriture. Cette explication est très juste. - Parce que les petits oiseaux y sont peu nombreux. Il est clair que cette observation ne peut pas s'appliquer aux carnivores; mais elle peut se rapporter fort bien aux éperviers; et il suffirait d'un simple déplacement dans le texte.

§ 7. Les ânes sont petits. Ils le sont aussi en Égypte. - Dans la Celtique. C'est la Gaule et la France, qui s'appelaient alors de ce nom, et que les Grecs ne connaissaient guère que par la colonie Phocéenne de Marseille, au tempe d'Aristote. - Leurs pattes de devant... Il y a des éditeurs qui ont changé complètement ce passage en mettant : « Devant » au lieu de « Derrière », et réciproquement « Derrière au lieu de « Devant •. Je crois qu'il faut garder le texte tel qu'il est, bien qu'il soit insuffisant pour nous apprendre quel est l'animal dont il s'agit. Si l'on suppose que ce sont les pattes de derrière qui sont les plus longues, l'animal pourrait bien être une sorte de sarigue.

§ 8. En Libye. Toute l'Antiquité a eu cette opinion, qui n'est pas sans fondement, bien que les faits aient été fort exagérés, comme le prouve la légende du combat de l'armée de Régulus contre le fameux serpent du Bagradas. - Des navigateurs... Ces récits pouvaient être aisément fabuleux, parce que ces parages étaient peu visités par les Grecs.

§ 9. Il y a plus de lions en Europe. Aujourd'hui et depuis bien longtemps, il n'y a plus de lions en Europe; ils ont disparu devant l'homme; mais on ne peut guère douter qu'il n'y en ait en autrefois. - L'Achéloüs et le Nessus. Ou Nestus. Voir plus haut, liv. VI, ch. XXVIII, § 2. La légende d'Hercule, quoique fabuleuse, prouve qu'on croyait à l'existence des lions en Europe ; voir aussi Xénophon, Traité de la Chasse, ch. II, p. 758, édit. Firmin-Didot. - Le proverbe. Les Romains avaient recueilli ce dicton populaire; niais ils en avaient détourné le sens. - L'accouplement y devient fécond. Si d'ailleurs les espèces sont assez voisines les unes des autres, indépendamment des autres conditions dont parle l'auteur. Il est bien vrai d'ailleurs que c'est sur le bord des eaux que doivent se rencontrer toutes les bêtes sauvages de ces contrées.

§ 10. Ils s'adoucissent... La raison qu'en donne l'auteur ne paraît pas très forte; et les animaux féroces doivent se disputer le liquide, qui leur est si nécessaire. - Ils perdent l'habitude de boire. Ceci peut sembler exagéré, quoique les animaux s'accoutument à boire moins, ainsi que les hommes. - Et même les rats du pays... Il est clair que ceci est une addition, qui interrompt le cours des pensées, et qui de plus affirme un fait incroyable.

§ 11. Il y a encore d'autres animaux... Ce paragraphe ne se rattache guère à ce qui précède; il contient d'ailleurs des renseignements curieux, qui peuvent être exacts. - Cyrène. C'est la grande ville d'Afrique, entre la Tripolitaine et l'Égypte, fondée six siècles avant l'ère chrétienne par une colonie grecque. Cette partie de la côte nord de l'Afrique était mieux connue des Anciens qu'elle ne l'est aujourd'hui. - Les loups s'accouplent aux chiennes. Il paraît certain qu'on a obtenu des produits du chien et de la louve; l'inverse est donc assez probable. - Viennent d'un renard et d'un chien. La possibilité de ce croisement n'est pas certaine; mais c'est peut-être la forme seule des chiens de Laconie qui aura donné naissance à cette opinion, pour peu qu'ils ressemblassent à des renards. Il ne paraît pas que les essais tentés en ce genre par les Modernes aient pu réussir. - On assure aussi. L'auteur ne fait que répéter un renseignement, qui, sans doute, sera venu de l'Inde après l'expédition d'Alexandre. - Viennent d'un tigre et d'une chienne. Dans le Traité de la Génération des animaux, liv. II, § 118, p. 196, édit. et trad. Aubert et Wimmer, Aristote revient sur ces accouplements bâtards ; mais il ne parle pas du tigre à propos des chiens indiens. Il parle seulement d'un animal qui a du rapport avec le chien. - On conduit les chiennes. Il est possible qu'on ait employé ce procédé; mais l'important est de savoir jusqu'à quel point il a réussi.

CHAPITRE XXVIII
De l'influence des lieux sur le caractère des animaux; ceux des montagnes sont plus sauvages et plus courageux que ceux des plaines; sangliers de l'Athos; de l'influence des lieux sur la morsure des animaux; scorpions du Pharos et de Carie; des morsures des serpents de tous les pays; l'aspic de Libye; serpent du Silphium; prétendu contrepoison; salive de l'homme; serpent sacré; petit serpent de l'Inde.

§ 1. Les lieux produisent de grandes différences dans le caractère des animaux; et par exemple, les contrées montagneuses et rudes agissent tout autrement que les contrées de plaine et d'accès facile. Les animaux sont, dans les montagnes, d'un aspect plus sauvage; et ils y sont plus courageux, comme on le voit bien pour les sangliers de l'Athos. Pas un des mâles des vallées basses ne serait de force à lutter même contre les femelles de la montagne.

§ 2. La différence des contrées en apporte aussi une très grande dans les morsures des animaux. Ainsi, dans la région du Pharos et dans quelques autres régions, les scorpions ne sont pas dangereux; mais dans d'autres lieux et dans la Carie notamment, ils sont aussi nombreux et aussi grands que redoutables ; l'homme ou la bête qu'ils piquent en meurent toujours. Leur morsure tue les sangliers, qui ne sentent absolument en rien les morsures des autres animaux ; et ce sont surtout les laies de couleur noire que Ies scorpions attaquent. Les sangliers qui ont été piqués rendent leur mort encore plus rapide, en allant se jeter dans l'eau.

§ 3. Les morsures des serpents diffèrent beaucoup les unes des autres. Ainsi, l'aspic est un serpent de la Libye, dont on tire un poison qui putréfie, et dont la morsure est mortelle. Le silphium cache souvent un petit serpent dont la morsure a pour contrepoison, à ce qu'on prétend, une pierre qu'on prend au tombeau d'un des anciens rois; on la fait tremper dans du vin, qu'on se hâte de boire. Dans quelques parties de l'Italie, la morsure des simples stellions est également mortelle.

§ 4. Tous Ies animaux à venin ont la morsure d'autant plus dangereuse qu'ils se sont dévorés les uns les autres : par exemple, la vipère ayant mangé un scorpion. Pour la plupart de ces morsures, la salive de l'homme est un puissant contrepoison. il existe un tout petit serpent, qu'on appelle le serpent sacré, qui fait fuir devant lui les plus gros serpents. Il n'a pas plus d'une coudée de long, et il parait comme velu. Tout ce qu'il a mordu se pourrit, et la plaie s'étend circulairement. Il y a encore dans l'Inde un petit serpent, qui est le seul contre la morsure duquel les indigènes n'aient pas de remède.

§ 1. Les lieux. Cette influence des lieux sur les êtres qui les habitent avait été admirablement étudiée par Hippocrate dans son fameux traité; mais il s'était surtout occupé des hommes, tandis qu'ici Aristote s'occupe des animaux ; l'un est médecin; et l'autre, zoologiste. - Les sangliers de l'Athos. Il est à présumer que ces animaux n'ont guère changé depuis le temps d'Aristote; mais je ne sais pas s'ils ont été l'objet d'observations récentes.

§ 2. Dans les morsures des animaux. La remarque est ingénieuse et vraie, si on ne l'exagère pas. - Dans la Carie. Dans la plupart des manuscrits et dans les éditions, on trouve cette leçon; mais MM. Aubert et Wimmer ont préféré « Dans la Scythie », au lieu de « Dans la Carie », d'après la traduction de Guillaume de Morbéka et celle de Gaza. Je crois qu'il est préférable de s'en tenir à la leçon vulgaire; et il semble que, dans un pays chaud comme la Carie, les scorpions doivent être plus venimeux que dans le climat froid de la Scythie.

§ 3. De la Libye. Cette expression géographique était pour les Anciens à peu près aussi vague qu'elle peut l'être pour nous. - Un poison qui putréfie. Le texte a l'air de désigner nominativement ce poison, en l'appelant le Septique. - Le silphium. Voir, sur cette plante de la Cyrénaïque et sa préparation, Théophraste, Histoire des Plantes, liv. VI, ch. III, §§ 1 et suiv., p. 101, édit. Firmin-Didot. - Une pierre C'est évidemment une fantaisie populaire, dont l'auteur ne prend pas la responsabilité : « A ce qu'on prétend ». -  Des simples stellions. C'est une espèce de saurien iguanien. Il est fréquent, à ce qu'il parait, en Égypte, plus qu'ailleurs; voir Cuvier, Règne animal, tome II, p. 32. L'Italie, d'ailleurs, n'était pas très bien connue des Grecs, si ce n'est la partie appelée Grande-Grèce. Le stellion s'appelle aussi Ascalabote, mot grec que la science moderne a conservé; voir Cuvier, loc. cit., p. 50. Il ne paraît pas du reste que le gecko italien, ou l'ascalabote, soit aussi venimeux qu'Aristote semble le croire.

§ 4. La vipère ayant mangé un scorpion. Évidemment, c'est là un dire populaire, qui ne mérite aucune créance. - La salive de l'homme. Il est possible que la salive humaine puisse être un adoucissement; mais ce ne peut être un contrepoison. - Le serpent sacré. C'est sans doute en Égypte. - Comme velu. Le fait est tout à fait invraisemblable. - Dans l'Inde un petit serpent. L'indication est trop vague pour qu'on puisse savoir précisément quel est ne reptile, surtout dans un pays où il y en a tant.

CHAPITRE XXIX
Influence de la gestation sur la chair des animaux; exemples des testacés et des poissons ; changements selon les saisons ; dans la couleur et le goût des poissons; influence de l'âge sur les poissons et sur les thons destinés à être salés; thon d'une grosseur extraordinaire; observations sur les poissons de rivière et d'étang; en général, les mâles valent mieux que les femelles.

§ 1. [608a] La gestation fait encore une différence dans la bonne qualité des animaux, ou dans leur qualité mauvaise. Ainsi, les testacés, comme les peignes et tous les coquillages et les crustacés, valent mieux durant la gestation, ainsi qu'on le voit pour l'espèce des langoustes. Les testacés ont aussi une gestation, quoiqu'on n'en ait jamais vu aucun s'accoupler et pondre, comme on l'observe pour les crustacés. Les femelles des mollusques sont d'un goût plus délicat quand elles sont pleines; tels sont les petits calmars, les seiches et les polypes.

§ 2. Presque tous les poissons sont bons au début de la gestation; mais à mesure qu'elle avance, les uns sont bons, les autres ne le sont pas. Ainsi, la maenis est très bonne quand elle est pleine. La forme de la femelle est plus arrondie ; le mâle est plus long et plus large. A l'époque où commence la gestation de la femelle, on voit les mâles prendre une couleur noire et se tacheter; et c'est alors qu'ils sont les moins bons à manger. C'est alors aussi qu'on leur donne parfois le nom de Boucs.

§ 3. Les poissons qu'on appelle les grives, les merles et la squille, changent également de couleur selon les saisons, comme on le voit sur quelques oiseaux. Au printemps, ils sont noirs; et le printemps une fois passé, ils redeviennent blancs. La phycis change aussi de couleur; le reste de l'année, elle est blanche; mais au printemps, elle est toute tachetée. C'est le seul des poissons de mer qui fasse un nid, à ce qu'on assure, et qui pond dans les nids qu'il a préparés.

§ 4.  La maenis, ainsi qu'on vient de le dire, et la smaris changent de couleur; de blancs qu'étaient d'abord ces poissons, ils muent en été et redeviennent noirs. Ce changement est surtout visible aux nageoires et aux branchies. La femelle du coracin est surtout délicate quand elle est pleine, comme la maenis. Le muge et le loup, et presque tous les autres poissons à écailles, sont mauvais pendant la gestation. Il y en a peu qui, comme le glaucus, soient également bons, que les femelles soient pleines ou ne le soient pas.

§ 5. Les vieux poissons ne sont pas bons; et les thons eux-mêmes en vieillissant ne sont plus bons, même pour les salaisons, parce qu'ils perdent beaucoup de leur chair. C'est bien le même effet qui se produit sur les autres poissons. On reconnaît qu'ils sont vieux à la grandeur et à la dureté de leurs écailles. On a pris une fois un vieux thon qui ne pesait pas moins de quinze talents; la largeur de sa queue était de deux coudées et une palme.

§ 6. Les poissons de rivière et d'étang sont surtout délicats [608b] quand, après la ponte et l'émission de la laite, ils se sont refaits en se nourrissant. Quelques-uns sont bons dans la gestation, comme la saperdis; d'autres ne valent rien alors, comme le glapis. Dans toutes les espèces, les mâles sont meilleurs que les femelles; mais le glanis femelle vaut mieux que le glanis mâle. Dans les anguilles aussi celles qu'on prend pour des femelles sont plus délicates; mais malgré ce nom, ce ne sont pas des femelles, et elles ne diffèrent absolument qu'à la vue.

§ 1. La gestation. Cette série d'observations est très curieuse; et elle complète bien toutes les précédentes. - Pour l'espèce des langoustes. C'est-à-dire, pour les langoustes et les crustacés, qui leur ressemblent. Les crustacés sont la seconde forme des animaux articulés; voir Cuvier, Règne animal, t. Ill, p.183, et t. lV, p. 80. - Quoiqu'on n'en ait jamais vu. Je ne sais pas si le fait est exact, et si la science moderne est à cet égard plus avancée qu'Aristote.

§ 2. La maenis. Il semble bien que c'est un petit poisson de la famille des Ménides, Maena vulgaris; voir Cuvier, Règne animal, t. II, p. 186. - Les mâles prendre une couleur noire. Le fait est exact; mais il n'est pas exclusif à l'espèce des Ménides; d'autres espèces éprouvent aussi ce changement. - Le nom de Boucs. A cause de leur mauvaise odeur.

§ 3. Qu'on appelle les grives, les merles. L'identification n'est pas sûre; mais les mêmes noms sont employés aussi en grec, pour désigner des oiseaux, en même temps que des poissons. - Comme on le voit sur quelques oiseaux. Le fait est bien connu pour plusieurs espèces d'oiseaux. - La phycis. On ne sait pas au juste quel est ce petit poisson; mais on présume que c'est l'épinoche, qui, dans ces derniers temps, a été l'objet d'observations très attentives, à cause du nid qu'il se construit - A ce qu'on assure. Ici l'auteur aurait pu être plus affirmatif.

§ 4. Ainsi qu'on vient de le dire. Plus haut, § 2. - La smaris. Comme ce poisson n'est nommé nulle part ailleurs qu'ici, il est bien difficile de savoir ce qu'il est. Ce qu'on peut présumer, c'est qu'il se rapproche de la Maenia puisqu'il est nommé auprès d'elle. Quelques manuscrits donnent Carie au lieu de smaris; et ce serait peut-être la vraie leçon. La zoologie moderne a conservé le nom de smaris à une espèce de la famille des Acanthoptéres; voir la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 848, où la maena et la smaris sont tout prés l'une de I'autre. - Les autres poissons à écailles. J'ai adopté la leçon proposée par MM. Aubert et Wimmer, d'après un assez grand nombre de manuscrits; la leçon vulgaire dit : « Et le reste des animaux qui nagent ». - Le glaucus. Ce poisson est inconnu; voir plus haut, ch. XV, § 2.

§ 5. Les vieux poissons ne sont pas bons. Peut-être, cette assertion est-elle trop générale; Ies carpes, par exemple, ne sont pas moins bonnes en vieillissant, non plus que les brochets. - Quinze talents. Il est impossible de savoir ce que ceci représente; le poids du talent a beaucoup varié selon les pays et selon les temps. Les évaluations changent considérablement, puisqu'elles sont tantôt de 25 kilogr. et tantôt de 60, et plus. - La largeur de sa queue. Ce passage peut se comprendre de deux façons : ou il signifie la longueur du poisson de la tête à la queue; ou il signifie que sa queue mesurait deux coudées et une palme, pour l'étendue totale des deux nageoires qui la composent. Ce dernier sens paraît préférable.

§ 6. La saperdis. On ne sait quel est ce poisson d'eau douce. - Le glanis. Le glanis n'est pas bien connu, quoique Aristote en ait parlé souvent; voir plus haut, liv. I, ch. V, § 6; voir aussi liv. VI, ch. XIII, § 6. - Celles qu'on prend pour des femelles. Comme on ne sait rien sur la reproduction des anguilles, il n'est pas étonnant que les Anciens l'aient ignorée ainsi que nous.

FIN DU LIVRE VIII.