Aristote : Histoire des Animaux

ARISTOTE

HISTOIRE DES ANIMAUX. TOME DEUX

LIVRE VI. chapitres I à X - XI à XX - XXI à XXX

Traduction française : BARTHÉLEMY SAINT-HILAIRE.

LIVRE V - LIVRE VII

 

 

HISTOIRE DES ANIMAUX.

LIVRE SIXIÈME.

 

 

 

 

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CHAPITRE XX.

Des chiens et de leurs espèces diverses; chiens de Laconie; durée de la portée ; cécité des petits chiens ; de la chaleur des chiennes ; arrière-faix des chiennes; leur lait; leur puberté; manière d'uriner des chiens en levant la patte ; urination des femelles; nombre des petits; les chiens de Laconie d'autant plus féconds qu'on les fatigue davantage; durée de la vie des chiens; citation d'Homère; perte des dents chex les chiens; elles sont plus ou moins blanches et pointues selon les âges.

1 Τῶν δὲ κυνῶν ἔστι μὲν γένη πλείω, ὀχεύει δὲ κύων ἡ Λακωνικὴ μὲν ὀκτάμηνος καὶ ὀχεύεται· καὶ τὸ σκέλος δ´ αἴροντες οὐροῦσιν ἤδη ἔνιοι περὶ τὸν χρόνον τοῦτον. Κυΐσκεται δὲ κύων ἐκ μιᾶς ὀχείας· δῆλον δὲ τοῦτο γίνεται μάλιστα ἐν τοῖς κλέπτουσι τὰς ὀχείας· ἅπαξ γὰρ ἐπιβάντες πληροῦσιν. 2 Κύει δ´ ἡ μὲν Λακωνικὴ ἕκτον μέρος τοῦ ἐνιαυτοῦ (τοῦτο δ´ ἐστὶν ἡμέραι ἑξήκοντα), κἂν ἄρα μιᾷ ἢ δυσὶν ἢ τρισὶ πλείονας ἡμέρας καὶ ἐλάττους μιᾷ. Τυφλὰ δὲ γίνεται αὐτῇ τὰ σκυλάκια, ὅταν τέκῃ, δώδεκα ἡμέρας. Τεκοῦσα δὲ πάλιν ὀχεύεται ἕκτῳ μηνί, καὶ οὐ πρότερον. Ἔνιαι δὲ κύουσι τῶν κυνῶν τὸ πέμπτον μέρος τοῦ ἐνιαυτοῦ (τοῦτο δ´ ἐστὶν ἡμέραι ἑβδομήκοντα καὶ δύο), τυφλὰ δὲ γίνεται τὰ σκυλάκια τούτων τῶν κυνῶν ἡμέρας δεκατέτταρας. Ἔνιαι δὲ κύουσι μὲν τέταρτον μέρος τοῦ ἐνιαυτοῦ (τοῦτο δ´ ἐστὶ τρεῖς μῆνες ὅλοι), τυφλὰ δὲ τὰ σκυλάκια τούτων γίνεται ἑπτακαίδεχ´ ἡμέρας. 3 Δοκεῖ δὲ σκυζᾶν τὸν ἴσον χρόνον κύων. Τὰ δὲ καταμήνια ταῖς κυσὶν ἑπτὰ ἡμέραις γίνεται· συμβαίνει δ´ ἅμα καὶ ἔπαρσις αἰδοίου. Ἐν δὲ τῷ χρόνῳ τούτῳ οὐ προσίενται ὀχείαν, ἀλλ´ ἐν ταῖς μετὰ ταῦτα ἑπτὰ ἡμέραις· [584a] τὰς γὰρ πάσας δοκεῖ σκυζᾶν ἡμέρας τέτταρας καὶ δέκα ὡς ἐπὶ τὸ πολύ, οὐ μὴν ἀλλά τισι καὶ περὶ ἑκκαίδεχ´ ἡμέρας γεγένηται τοῦτο τὸ πάθος. 4 Ἡ δ´ ἐν τοῖς τόκοις κάθαρσις γίνεται ἅμα τοῖς σκυλακίοις τικτομένοις, ἔστι δ´ αὕτη παχεῖα καὶ φλεγματώδης· καὶ τὸ πλῆθος δ´, ὅταν ἐκτέκωσιν, ἀπισχναίνεται ἔλαττον ἢ κατὰ τὸ σῶμα.
Τὸ δὲ γάλα αἱ κύνες ἴσχουσι πρὸ τοῦ τεκεῖν ὡς ἐπὶ τὸ πολὺ ἡμέρας πέντε· οὐ μὴν ἀλλ´ ἐνίαις καὶ ἑπτὰ γίνεται πρότερον καὶ τέτταρσιν. Χρήσιμον δ´ εὐθύς ἐστι τὸ γάλα, ὅταν τέκωσιν. Ἡ δὲ Λακωνικὴ μετὰ τὴν ὀχείαν τριάκονθ´ ἡμέραις ὕστερον. Τὸ μὲν οὖν πρῶτον παχύ ἐστι, χρονιζόμενον δὲ γίνεται λεπτότερον. Διαφέρει δὲ παχύτητι τὸ κύνειον τῶν ἄλλων ζῴων μετὰ τὸ ὕειον καὶ δασυπόδειον.

5 Γίνεται δὲ σημεῖον καὶ ὅταν ἡλικίαν ἔχωσι τοῦ ὀχεύεσθαι· ὥσπερ γὰρ τοῖς ἀνθρώποις, ἐπὶ ταῖς θηλαῖς τῶν μαστῶν ἐπιγίνεται ἀνοίδησίς τις καὶ χόνδρον ἴσχουσιν· οὐ μὴν ἀλλ´ ἔργον μὴ συνήθει ὄντι ταῦτα καταμαθεῖν· οὐ γὰρ ἔχει μέγεθος οὐδὲν τὸ σημεῖον. Τῇ μὲν οὖν θηλείᾳ τοῦτο συμβαίνει, τῷ δ´ ἄρρενι οὐδὲν τούτων. Τὸ δὲ σκέλος αἴροντες οὐροῦσιν οἱ ἄρρενες ὡς μὲν ἐπὶ τὸ πολὺ ὅταν ἑξάμηνοι ὦσιν· ποιοῦσι δέ τινες τοῦτο καὶ ὕστερον, ἤδη ὀκτάμηνοι ὄντες, καὶ πρότερον ἢ ἑξάμηνοι· ὡς γὰρ ἁπλῶς εἰπεῖν, ὅταν ἰσχύειν ἄρξωνται, αὐτὸ ποιοῦσιν. Αἱ δὲ θήλειαι πᾶσαι καθεζόμεναι οὐροῦσιν· ἤδη δέ τινες καὶ τούτων ἄρασαι τὸ σκέλος οὔρησαν. 6 Τίκτει δὲ κύων σκυλάκια τὰ πλεῖστα δώδεκα, ὡς δ´ ἐπὶ τὸ πολὺ πέντε ἢ ἕξ· ἤδη δὲ καὶ ἓν ἔτεκέ τις· αἱ δὲ Λακωνικαὶ ὡς ἐπὶ τὸ πολὺ ὀκτώ. Καὶ ὀχεύονται δ´ αἱ θήλειαι καὶ ὀχεύουσιν οἱ ἄρρενες ἕως ἂν ζῶσιν. Ἴδιον δ´ ἐπὶ τῶν Λακωνικῶν συμβαίνει πάθος· πονήσαντες γὰρ μᾶλλον δύνανται ὀχεύειν ἢ ἀργοῦντες.
Ζῇ δ´ ἡ μὲν Λακωνικὴ κύων ὁ μὲν ἄρρην περὶ ἔτη δέκα, ἡ δὲ θήλεια περὶ ἔτη δώδεκα, τῶν δ´ ἄλλων κυνῶν αἱ μὲν πλεῖσται περὶ ἔτη τετταρακαίδεκα ἢ πεντεκαίδεκα, ἔνιαι δὲ καὶ εἴκοσιν· διὸ καὶ Ὅμηρον οἴονταί τινες ὀρθῶς ποιῆσαι τῷ εἰκοστῷ ἔτει ἀποθανόντα τὸν κύνα τοῦ Ὀδυσσέως. [585b] Ἐπὶ μὲν οὖν τῶν Λακωνικῶν διὰ τὸ πονεῖν τοὺς ἄρρενας μᾶλλον μακροβιώτεραι αἱ θήλειαι τῶν ἀρρένων· ἐπὶ δὲ τῶν ἄλλων λίαν μὲν οὐκ ἐπίδηλον, μακροβιώτεροι δ´ ὅμως οἱ ἄρρενες τῶν θηλειῶν εἰσιν.

7 Ὀδόντας δὲ κύων οὐ βάλλει πλὴν τοὺς καλουμένους κυνόδοντας· τούτους δ´ ὅταν ὦσι τετράμηνοι, ὁμοίως αἵ τε θήλειαι καὶ οἱ ἄρρενες. Διὰ δὲ τὸ τούτους μόνους βάλλειν ἀμφισβητοῦσί τινες· οἱ μὲν γὰρ διὰ τὸ δύο μόνους βάλλειν ὅλως οὔ φασι (χαλεπὸν γὰρ ἐπιτυχεῖν τούτοις), οἱ δ´ ὅταν ἴδωσι τούτους, ὅλως οἴονται βάλλειν καὶ τοὺς ἄλλους. Τὰς δ´ ἡλικίας ἐκ τῶν ὀδόντων σκοποῦσιν· οἱ μὲν γὰρ νέοι λευκοὺς καὶ ὀξεῖς ἔχουσιν, οἱ δὲ πρεσβύτεροι μέλανας καὶ ἀμβλεῖς.

 

 

 

 

1 Les espèces de chiens sont nombreuses. Les chiens de Laconie peuvent couvrir, et les femelles être couvertes, à huit mois; et c'est aussi vers ce même âge que quelques-uns lèvent déjà la patie pour uriner. La chienne est fécondée par un seul accouplement; et ce qui le prouve bien évidemment, ce sont les accouplements furtifs de ces animaux ; le mâle y féconde la femelle en ne la couvrant qu'une fois. 2  La chienne de Laconie porte la sixième partie de l'année, c'est-à-dire soixante jours, bien qu'il y ait parfois un, deux, ou trois jours, de plus ou de moins. Ses petits chiens, une fois nés, sont douze jours sans voir clair. Après qu'elle a mis bas, elle reste six mois sans recevoir le mâle, et elle ne le reçoit pas plus tôt. Quelques chiennes portent pendant le cinquième de l'année, c'est-à-dire soixante et douze jours, et leurs petits sont sans voir pendant les quatorze premiers jours. D'autres encore portent le quart de l'année, c'est-à-dire trois mois entiers ; et les petits de celles-là sont aveugles pendant dix-sept jours. 3 II semble que ce soit durant le même temps que les chiennes sont en chaleur. Les Aux menstruels des chiennes durent sept jours, ainsi que le gonflement simultané des parties génitales. Pendant tout ce temps, elles n'acceptent pas l'accouplement; elles ne l'admettent que dans les sept jours suivants. [584a] En général les chiennes, autant qu'on en peut juger, sont en chaleur durant quatorze jours; il y en a même quelques-unes chez lesquelles cette affection dure seize jours. 4 L'évacuation qui a lieu à la parturition sort en même temps que les petits. Cette évacuation est épaisse et phlegmateuse ; et la quantité, après que l'animal a mis bas, n'est pas en proportion avec son corps. Les chiennes ont généralement du lait cinq jours avant de mettre bas; parfois, c'est sept jours ; d'autres fois, ce n'en est que quatre. Leur lait est bon, dès qu'elles ont mis bas. La chienne de Laconie en a trente jours après qu'elle a été couverte. D'abord, il est épais ; mais avec le temps, il s'éclair-cit; comparé pour l'épaisseur à celui des autres animaux, le lait des chiens vient après celui des porcs et des lièvres.

5 Ce qui indique aussi pour les chiennes que le moment est venu où elles peuvent être couvertes, c'est que les mamelles prennent, comme dans l'espèce humaine, un certain gonflement et une certaine élasticité. Toutefois, si l'on ne fait pas d'observations fréquentes, il est difficile de reconnaître ce symptôme, qui est très faible. On ne le remarque, d'ailleurs, que sur la femelle, et le mâle n'a rien de pareil. D'ordinaire, les mâles urinent en levant la patte, quand ils ont six mois. Quelques chiens ne le font que plus tard, quand ils ont huit mois comptés; quelques-uns aussi le font même avant les six mois révolus. A vrai dire, c'est quand ils ont déjà la force de s'accoupler qu'ils urinent ainsi. Toutes les femelles urinent en s'accroupissant; on en a vu pourtant quelques-unes lever aussi la patte pour uriner. 6 La chienne a tout au plus douze petits; habituellement, ce n'est que cinq ou six. On en cite une qui n'avait qu'un seul petit; mais d'ordinaire, les chiennes de Laconie en ont jusqu'à huit. Les femelles peuvent s'accoupler, ainsi que les mâles, durant toute leur vie. Une qualité particulière des chiens de Laconie, c'est que, quand on les fatigue beaucoup, ils sont plus vigoureux à l'accouplement que ceux qui ne font rien. Dans cette espèce des chiens de Laconie, le mâle vit dix ans; la femelle va jusqu'à douze. La plupart des autres chiennes vivent quatorze ou quinze ans; parfois même, vingt ans. Aussi a-t-on bien raison de justifier Homère d'avoir fait mourir à vingt ans le chien d'Ulysse. [585b] Comme les mâles des chiens de Laconie travaillent davantage, les femelles sont, dans cette race, capables de vivre plus longtemps qu'eux. Dans les autres races, la chose n'est pas aussi évidente; mais les mâles, néanmoins, vivent plus que les femelles.

7 Le chien ne perd de ses dents que celles qu'on appelle Canines; mais à quatre mois, les mâles et les femelles perdent également celles-là. Aussi, comme ce sont les seules qu'ils perdent, le fait donne lieu à deux opinions contraires. Ces dents étant les seules à tomber, les uns prétendent que le chien ne perd jamais de dents, parce qu'il est difficile de voir les canines; les autres, voyant que le chien perd ces sortes de dents, s'imaginent qu'il perd aussi toutes les autres. Du reste, on juge de leur âge par l'aspect des dents : quand les chiens sont jeunes , ils les ont blanches et pointues ; plus âgés, ils les ont noires et émoussées.

§ 1. Les espèces de chiens sont nombreuses. Buffon se plaint, comme Aristote, de cette variété à peu près innombrable de races de chiens, et il déclare que « cette confusion et ce mélange de races sont si nombreuses qu'on ne peut en faire rémunération », tome XIV, p. 238, édit. de 1830.

Les chiens de Laconie. Ils avaient sans doute une grande réputation en Grèce, et peut-être l'y ont-ils encore aujourd'hui. Buffon, qui a dressé un tableau spécial pour l'ordre des chiens où il cite une quarantaine d'espèces, ne cite pas ceux de Laconie.

Huit mois. Dans nos climats, c'est un peu plus, et au moins dix mois.

Vers ce même âge. Un peu plus bas, § 5, il est dit : Six mois, au lieu de Huit

Lèvent déjà la patte pour uriner. L'observation est sans doute très simple ; mais encore fallait-il penser à la consigner; car le fait est caractéristique de la race des chiens.

Les accouplements furtifs. La raison est décisive, bien que les accouplements préparés par les maîtres des chiens ne soient pas moins démonstratifs.

§ 2. Soixante jours. Le fait est exact.

Un, deux, ou trois jours. J'ai suivi la leçon vulgaire; mais MM. Aubert et Wimmer en ont adopté une autre, qui est légèrement différente : « Bien qu'il y ait  quelquefois un ou deux jours de plus ou un de moins ». Quant au fait en lui-même, Buffon atteste que les chiennes « portent neuf semaines, c'est-à-dire soixante-trois jours, quelquefois soixante-deux et soixante-un, et jamais moins de soixante », tome XIV, p. 261, édit. de 1830. Cette assertion du grand naturaliste infirmerait la correction du texte proposée par MM. Aubert et Wimmer.

Douze jours sans voir clair. Buffon dit aussi Douze jours ; mais il admet l'alternative de Dix jours, au lieu de Douze; et il semble croire que ceci s'applique à tous tes chiens; voir Buffon, loc. «it., p. 261. Buffon ne semble pas connaître les distinctions qu'Aristote fait plus bas dans la durée de la gestation,et de l'aveuglement originel. Il est possible que ces variations, que nous ne connaissons pas dans nos climats, soient très réelles en Grèce.

§ 3. Durant le même temps. Buffonv loc. cit., p. 262, dit que la chaleur des chiennes dure de dix à quinze jours. Quelques lignes plus bas, Aristote fixe lui-même la durée de la chaleur à quatorze jours.

 — Elles n'acceptent pas l'accouplement. C'est aussi la remarque que fait Buffon.

§ 4. N'est pas en proportion avec son corps. J'ai conservé la leçon ordinaire, qui est évidemment insuffisante et qui est obscure. La plupart des traducteurs ont adopté ce sens; mais MM. Aubert et Wimmer en proposent un autre qui est plus satisfaisant à certains égards; ils font rapporter toute la phrase à l'évacuation qui suit la parturition : « Après que l'animal a mis bas, l'éva-« cuation diminue moins en quantité qu'en consistance ». Les expressions du texte doivent être un peu détournées de leur sens habituel pour se prêter à celui-là; mais sous cette forme, le fait lui-même est beaucoup plus acceptable.

Cinq jours avant de mettre bas. La zoologie moderne ne paraît pas avoir renouvelé ces observations sur le lait des chiennes, non plus que sur celui des truies et des lièvres femelles.

Comparé pour l'épaisseur. Il paraît que le lait des chiennes est le plus épais de tous.

§ 5. C'est que les mamelles... La science moderne n'a pas fait non plus d'observations sur ce point, peut-être par la raison qu en donne Aristote ici même : c'est que le phénomène est à peine sensible.

Le mâle n'a rien de pareil. Il est à peine besoin de le dire, puisque les mâles sont constamment capables de l'accouplement.

Ils ont six mois. Plus haut, § 1, c'est huit mois et non pas six. Il y a sur ce sujet un peu de redondance dans ce qui est dit ici; c'est sans doute une addition faite au texte primitif par quelque main étrangère.

§ 6. Douze petits. Le fait est exact; mais ces fortes portées sont très rares.

Les femelles... Ceci semble se rapporter exclusivement aux chiennes de Laconie; cependant cette durée de la fécondité se retrouve aussi dans les autres races de chiens, où la femelle peut porter jusqu'à sa mort; seulement, la femelle ne reçoit le mâle que quand elle est en chaleur, et elle ne Test tout au plue que deux fois par an.

Des chiens de Laconie. Il est probable que les qualités de ces chiens avaient attiré plus spécialement l'attention des chasseurs et des observateurs. Une de ces qualités était une vigueur infatigable.

La plupart des autres chiennes. Ceci s'applique aux mâles aussi bien qu'aux femelles. Selon Buffon, la vie ordinaire des chiens est de quatorze à quinze ans; on en a vu aller jusqu'à vingt, comme le chien d'Ulysse dans l'Odyssée.

Homère. Voir l'Odyssée, chant XVII, v. 326. Homère est exact dans ce touchant épisode , comme il l'est partout.

Les mâles néanmoins vivent plus que les femelles. Le fait est en général exact.

§ 7. Le chien ne perd de ses dents... Tous ces détails sont consignés à peu près dans les mêmes termes par Buffon, loc. cit., pp. 261 et 262.

Que celles qu'on appelle Canines. Buffon dit seulement : Quelques-unes de leurs dents, sans indiquer que ce sont les Canines plus spécialement.

Par l'aspect des dents. Buffon dit absolument la même chose, et l'on peut penser qu'il devait avoir le texte d'Aristote sous les yeux.

 — Ils les ont noires et émoussées. MM. Aubert et Wimmer contestent l'exactitude de cette observation; et ils déclarent que les dents des chiens deviennent jaunâtres. On peut croire que ces modifications doivent tenir beaucoup à la nourriture, à l'âge, au climat, etc. Buffon dit en propres termes, comme Aristote : « A mesure que le chien vieillit, les dents deviennent noires, mousses et inégales, » II dit aussi que, dans la jeunesse, elles sont blanches, tranchantes et pointues.

 

 

CHAPITRE XXI.

De l'accouplement du taureau; violence de son assaut; différence d'ardeur entre les vieux et les jeunes taureaux; combats des taureaux entre eux; âge de l'accouplement; durée delà portée et sa régularité nécessaire ; bœufs coupés, chefs du troupeau ; durée de la vie des vaches et des bœufs ; citation d'Homère; perte des dents chez le bœuf; lait de la vache qui vient de vêler; époques diverses de l'accouplement; il est parfois un signe atmosphérique.

1 Βοῦς δὲ πληροῖ μὲν ὁ ἄρρην ἐκ μιᾶς ὀχείας, βαίνει δὲ σφοδρῶς ὥστε συγκάμπτεσθαι τὴν βοῦν· ἐὰν δ´ ἁμάρτῃ τῆς ὁρμῆς, εἴκοσιν ἡμέρας διαλείπουσα προσίεται πάλιν ἡ θήλεια τὴν ὀχείαν. Οἱ μὲν οὖν πρεσβύτεροι τῶν ταύρων οὐδ´ ἀναβαίνουσι πλεονάκις ἐπὶ τὴν αὐτὴν τῆς αὐτῆς ἡμέρας, ἐὰν μὴ ἄρα διαλιπόντες· οἱ δὲ νεώτεροι καὶ τὴν αὐτὴν βιάζονται πλεονάκις καὶ ἐπὶ πολλὰς ἀναβαίνουσι διὰ τὴν ἀκμήν. 2 Ἥκιστα δὲ τῶν ἀρρένων λάγνον ἐστὶ βοῦς. Ὀχεύει δ´ ὁ νικῶν τῶν ταύρων· ὅταν δ´ ἐξαδυνατήσῃ διὰ τὴν λαγνείαν, ἐπιτίθεται ὁ ἡττώμενος, καὶ κρατεῖ πολλάκις. Ὀχεύει δὲ τὰ ἄρρενα καὶ ὀχεύεται τὰ θήλεα ἐνιαύσια ὄντα πρῶτον, ὥστε καὶ γεννᾶν· οὐ μὴν ἀλλὰ τό γ´ ὡς ἐπὶ τὸ πολὺ ἐνιαύσιοι καὶ ὀκτάμηνοι, τὸ δὲ μάλισθ´ ὁμολογούμενον διετεῖς. 3 Κύει δ´ ἐννέα μῆνας, δεκάτῳ δὲ τίκτει· ἔνιοι δὲ διισχυρίζονται δέκα μῆνας κύειν ἡμερολεγδόν. Ὅ τι δ´ ἂν ἔμπροσθεν ἐξενεχθῇ τῶν εἰρημένων χρόνων, ἐκβόλιμόν ἐστι καὶ οὐ θέλει ζῆν· μαλακαὶ γὰρ καὶ ἀτελεῖς γίνονται αἱ ὁπλαί. Τίκτει δ´ ἓν τὰ πλεῖστα, ὀλιγάκις δὲ δύο· καὶ τίκτει καὶ ὀχεύει ἕως ἂν ζῇ. 4 Ζῶσι δ´ ὡς ἐπὶ τὸ πολὺ περὶ πεντεκαίδεκα ἔτη αἱ θήλειαι· καὶ οἱ ἄρρενες δ´, ἂν ἐκτμηθῶσιν. Ἔνιοι δὲ ζῶσι καὶ εἴκοσιν ἔτη καὶ ἔτι πλείω, ἐὰν εὔφορον ἔχωσι τὸ σῶμα· καὶ γὰρ [566a] τῶν βοῶν τοὺς τομίας ἐθίζουσι, καὶ καθιστᾶσι τῶν βοῶν ἡγεμόνας ὥσπερ τῶν προβάτων, καὶ ζῶσιν οὗτοι πλείω χρόνον τῶν ἄλλων διά τε τὸ 〈μὴ〉 πονεῖν καὶ διὰ τὸ νέμεσθαι ἀκέραιον νομήν. 5 Ἀκμάζει δὲ μάλιστα πεντετὴς ὤν, διὸ καὶ Ὅμηρόν φασι πεποιηκέναι τινὲς ὀρθῶς ποιήσαντα "ἄρσενα πενταέτηρον" καὶ τὸ "βοὸς ἐννεώροιο"· δύνασθαι γὰρ ταὐτόν. Τοὺς δ´ ὀδόντας βάλλει βοῦς διετής, καὶ οὐκ ἀθρόους ἀλλ´ ὥσπερ ἵππος· τὰς δ´ ὁπλάς, ὁπόταν ποδαγρᾷ, οὐκ ἀποβάλλει, ἀλλ´ οἰδεῖ μόνον σφόδρα τοὺς πόδας. Τὸ δὲ γάλα, ὅταν τέκῃ, χρήσιμον γίνεται· ἔμπροσθεν δ´ οὐκ ἔχει γάλα. Τὸ δὲ πρῶτον γινόμενον γάλα ὅταν παγῇ, οὕτω γίνεται σκληρὸν ὥσπερ λίθος· τοῦτο δὲ συμβαίνει, ἐὰν μή τις μίξῃ ὕδατι. 6 Νεώτεραι δ´ ἐνιαυσίων οὐκ ὀχεύονται, πλὴν ἐάν τι τερατῶδες ᾖ· ἤδη δέ τινες καὶ δεκάμηνοι ὠχεύθησαν καὶ ὤχευσαν. Ἄρχονται δὲ τῆς ὀχείας περὶ τὸν Θαργηλιῶνα μῆνα καὶ τὸν Σκιρροφοριῶνα αἱ πλεῖσται· οὐ μὴν ἀλλ´ ἔνιαι καὶ μέχρι τοῦ μετοπώρου κυΐσκονται. Ὅταν δὲ πολλαὶ κύωσι καὶ προσδέχωνται τὴν ὀχείαν, σφόδρα δοκεῖ σημεῖον εἶναι καὶ χειμῶνος καὶ ἐπομβρίας. Αἱ δὲ συνήθειαι γίνονται μὲν ταῖς βουσὶν ὥσπερ ταῖς ἵπποις, ἧττον δέ.

1 Le bœuf-mâle rend la vache pleine par une seule monte; il la couvre si violemment que la vache fléchit de tout son corps; s'il manque cet assaut, la vache reste vingt jours sans s'offrir à un accouplement nouveau. Les vieux taureaux ne saillissent pas le même jour plusieurs fois la même vache, à moins qu'il n'y ait longtemps qu'ils n'aient sailli. Mais les plus jeunes montent plusieurs fois la même vache, et en montent plusieurs les unes après les autres, tant ils ont de vigueur. 2  Le bœuf est d'ailleurs le moins lascif des mâles. Le taureau qui saillit est celui qui a vaincu les autres; mais quand il s'est épuisé par de fréquentes saillies, le vaincu revient à la charge, et souvent il l'emporte. A un an, les mâles peuvent couvrir, et les femelles, être couvertes; et dès la première fois; il peut y avoir un résultat; mais en général, ce n'est qu'à vingt mois; et l'on est même généralement d'accord à dire que c'est à deux ans. 3  La femelle porte neuf mois; et elle met bas le dixième. On soutient même quelquefois qu'elle porte dix mois Jour pour jour. Ce qui naît avant ces temps révolus, comme on vient de le dire, n'est qu'un avorton, et ne peut vivre, bien que le moment où la bête a mis bas n'ait été avancé que de très peu. Le petit ne vit pas, parce que les cornes de ses pieds sont molles et informes. La portée habituelle est d'un seul petit; rarement, il y en a deux. La femelle met bas et le mâle peut couvrir, durant toute la vie. 4 La femelle vit ordinairement quinze ans ; les mâles en vivent autant, quand ils sont coupés. Il γ en a qui vivent jusqu'à vingt ans et même davantage, si le corps est bien nourri. On dresse [566a] les bœufs coupés à être chefs du troupeau à la tête duquel on les met, comme on le fait pour les moutons; et ceux-là vivent plus vieux, parce qu'ils ne fatiguent pas, et parce qu'ils ont un fourrage qui n'a pas été foulé. 5 Le bœuf est dans toule sa force à cinq ans, et voilà comment on a pu louer Homère d'avoir dit, dans ses vers, qu'un taureau de cinq ans vaut un bœuf de neuf ans ; car l'un et l'autre sont de force égale. Le bœuf perd ses dents à deux ans; il les perd non pas toutes à la fois, mais comme le cheval. Quand il a mal aux pieds, il ne perd pas la corne ; mais seulement ses pieds enflent beaucoup. Le lait n'est bon que quand l'animal a mis bas ; car auparavant il n'a pas de lait; et le premier lait qu'a la vache, devient, quand il est caillé, aussi dur qu'une pierre; et cela ne manque pas, si l'on n'y mêle pasde l'eau. 6 Les vaches de moins d'un an ne reçoivent pas le mâle, sauf des exceptions monstrueuses. On a même vu des taureaux et des vaches s'accoupler à quatre mois. l'accouplement commence dans les mois de Thargélion et de Skirrhophorion le plus ordinairement ; mais quelques vaches se laissent couvrir jusqu'en automne. Quand il y a beaucoup de vaches pleines, et qu'elles recherchent l'accouplement, c'est un signe certain, à ce qu'on croit, de froideur et de pluie. Les vaches s'affectionnent entre elles comme les juments, mais moins vivement.

§ 1. Le bœuf-mâle. J'ai conservé cette forme un peu singulière, qui est celle du texte ; j'aurais pu dire également : « Le taureau ».

Par une seule monte. C'est fréquent et le cas le plus ordinaire ; mais la vache ne retient pas toujours; il faut que le taureau la couvre jusqu'à deux ou trois fois.

Il la couvre si violemment. C'est plutôt le poids du taureau qui fait fléchir la vache.

La vache reste vingt jours. Je n'ai pas trouvé d'observations sur ce point particulier dans la zoologie moderne, non plus que sur les détails suivante que donne Aristote, pour la saillie des vieux taureaux et des jeunes.

§ 2. Le moins lascif des mâles. Comme le remarquent MM. Aubert et Wimmer, il semble que cette remarque n'est pas bien à sa place ; et au lieu « Des mâles », ils proposent en outre de corriger le texte et de lire : « Des animaux « apprivoisés ».

Le taureau qui saillit .La pensée reprend son ,cours; et ceci est bien la suite du paragraphe précédent.

Est celui qui α vaincu les autres. Tous ces détails sont exacts.

A un an. Il semble que, dans nos climats, le moment de la puberté est beaucoup plus tardif. Buffon conseille de retarder l'accouplement jusqu'à trois ans, la pleine puberté n'étant atteinte dans la vache qu'à dix-huit mois, et dans le taureau quà deux ans; voir Buffon, tome XIV, p. 139, édit. de 1630. Aristote lui-même corrige sa première assertion quelques lignes plus bas, et il semble penser comme Buffon que le véritable âge est celui de deux ans.

§ 3. Neuf mois. Voir Buffon, loc. cit., p. 136. Le naturaliste français semble ici encore avoir eu sous les yeux l'ouvrage du naturaliste grec.

Dix mois. Ce n'est pas exact ; maie Aristote ne fait que rapporter cette opinion, sans d'ailleurs l'approuver, ni la combattre.

Les cornes de ses pieds sont molles. Je ne sais si la science moderne est sur ce point d'accord avec Aristote.

§ 4. Quinze ans. C'est aussi le chiffre de Buffon, loc. cit., p. 140; mais Buffon ne distingue pas entre les mâles et les femelles. Il paraît d'ailleurs que ce chiffre est un peu trop faible, et que les bœufs vivent davantage.

 — Si le corps est bien nourri. Le sens du mot grec n'est pas très clair.

Ils ne fatiguent pas. La leçon ordinaire a une affirmation, au lieu de la négation empruntée à Albert-le-Grand.

Qui n'a pas été foulé. Parce qu'ils sont les premiers à la tète du troupeau. Le mot grec signifie simplement : « Sans mélange, pur ». J'ai cru devoir préciser les choses davantage.

§ 5. Le bœuf. Ou le taureau.

 — Homère. Dans l'Odyssée, chant x, v. 19, Homère parle bien d'un bœuf de neuf ans, et il se sert de la même expression qu*Aristote emploie ici ; mais il ne compare pas, dans ce passage, un bœuf de neuf ans à un taureau de cinq ans. Je ne crois pas que cette comparaison se trouve dans les poèmes d'Homère, tels que nous les avons aujourd'hui. Le sens que je donne à ce passage diffère de celui que MM. Aubert et Wimmer lui donnent; selon eux, l'expression dont se sert Homère s'applique à des demi-années et non à des années entières ; de cette façon, un taureau de cinq ans vaut un bœuf de neuf demi-années ; mais il faudrait pour que l'égalité fût complète qu'il y eût dix demi-années au lieu de neuf. C'est là ce qui m'a décidé à garder l'interprétation que j'ai adoptée. On conçoit, d'ailleurs, fort bien que le taureau acquiert toute sa vigueur avant que le bœuf n'atteigne la sienne.

Perd ses dents à deux ans. Il paraît que ceci n'est pas très exact, et que le bœuf perd ses dents depuis la fin de la première année jusqu'à la fin de la troisième.

Comme le cheval. Voir plus loin ch. un, § 4.

Quand il a mal aux pieds. Le mot grec qui est employé ici est celui qui signifie la Goutte, quand il s'agit de l'homme.

Le premier lait ... de l'eau. Tout ce passage paraît suspect à MM. Aubert et Wimmer; et le fait qui y est avancé par Aristote n'est pas exact. MM. Aubert et Wimmer proposent une modification qui devrait donner au texte le sens suivant : « Le pis de la vache « devient aussi dur qu'une pierre, « si on n'a pas soin de le laver « avec de l'eau ».

§ 6. De moins d'un an. Voir plus haut, § 2.

A quatre mois. M.Pikkolos, approuvé par MM. Aubert et Wimmer, a substitué Dix mois à Quatre mois. Cetle correction est d'accord avec ce qui a été dit plus haut, § 2; mais les manuscrits ne l'autorisent pas ; et je n'ai pas cru devoir changer le texte, que MM. Aubert et Wimmer ont également conservé.

De Thargélion et de Skirrhophorion. Ces deux mois répondent à peu près aux mois de mai et de juin. Buffon dit : « Du 15 avril au 15 juillet », tome XIV, p. 136, édit. de 1830.

C'est un signe certain. Je ne sais pas si nos agriculteurs croient encore à ces pronostics.

Les vaches. Il y a deux articles féminins dans le texte.

CHAPITRE XXII.

Des chevaux; âge de la saillie; en général, il faut attendre qu'ils aient trois ans; durée de la portée; le cheval est après l'homme le plus lascif des animaux; la jument n'a en général qu'un poulain; des dents du cheval; promiscuité des chevaux; coutume des Scythes; la jument reste sur ses jambes pour mettre bas; les autres quadrupèdes se couchent; durée de la vie des chevaux; durée de leur formation complète; manière de connaître l'âge des chevaux à leurs dents; la canine; effet du mors; de la saillie; elle a lieu en tout temps; intervalle nécessaire pour la jument; juments stériles; le chorion; l'hippomane servant aux philtres; il n'y a pas de chefs parmi les chevaux comme parmi les bœufs.

1 Ἵππος δ´ ἄρχεται ὀχεύειν ὁ μὲν ἄρρην διετής, καὶ ἡ θήλεια διετὴς ὀχεύεσθαι· ταῦτα μέντοι ὀλίγα ἐστί, καὶ τὰ ἔκγονα τούτων ἐλάττω καὶ ἀσθενικώτερα· ὡς δ´ ἐπὶ τὸ πολὺ ἄρχονται ὀχεύειν τριετεῖς ὄντες, καὶ αἱ ἵπποι ὀχεύεσθαι, καὶ ἐπιδιδόασι δ´ ἀεὶ πρὸς τὸ βελτίω τὰ ἔκγονα γίνεσθαι μέχρι ἐτῶν εἴκοσιν. 2 Κύει δ´ ἕνδεκα μῆνας, δωδεκάτῳ δὲ τίκτει. Πληροῖ δ´ ὁ ἵππος οὐκ ἐν τεταγμέναις ἡμέραις, ἀλλ´ ἐνίοτε μὲν ἐν μιᾷ ἢ δυσὶν ἢ τρισίν, ἐνίοτε δ´ ἐν πλείοσιν· θᾶττον δὲ πληροῖ ἐπιβαίνων ὄνος ἢ ἵππος. Ἡ δ´ ὀχεία οὐκ ἐπίπονος τῶν ἵππων, ὥσπερ ἡ τῶν βοῶν. 3 Λαγνίστατον δὲ καὶ τῶν θηλειῶν καὶ τῶν ἀρρένων μετ´ ἄνθρωπον ἵππος ἐστίν. Ἡ δὲ τῶν νεωτέρων ὀχεία γίνεται παρὰ τὴν ἡλικίαν, ὅταν εὐβοσία καὶ ἀφθονία γένηται τροφῆς. Ἔστι μὲν οὖν ὡς ἐπὶ τὸ [576b] πολὺ μονοτόκος, τίκτει μέντοι ποτὲ καὶ δύο τὰ πλεῖστα. Καὶ ἡμιόνους δ´ ἤδη ἔτεκέ τις δύο· ἃ κρίνουσιν ἐν τέρασιν. Ὀχεύει μὲν οὖν ἵππος καὶ τριακοντάμηνος· ὥστε δὲ καὶ γεννᾶν ἀξίως, ὅταν παύσηται βάλλων (ἤδη δέ τινες καὶ βάλλοντες ἐπλήρωσαν, ὡς φασίν), ἐὰν μὴ φύσει ἄγονοι τυγχάνωσιν ὄντες.

4 Ἔχει μὲν οὖν ὀδόντας τετταράκοντα, βάλλει δὲ τοὺς μὲν πρώτους τέτταρας τριακοντάμηνος, τοὺς μὲν δύο ἄνωθεν τοὺς δὲ δύο κάτωθεν· ἐπειδὰν δὲ γένηται ἐνιαυτός, βάλλει τὸν αὐτὸν τρόπον τέτταρας, δύο μὲν ἄνωθεν δύο δὲ κάτωθεν, καὶ πάλιν ὅταν ἄλλος ἐνιαυτὸς γένηται, ἑτέρους τέτταρας τὸν αὐτὸν τρόπον· τεττάρων δ´ ἐτῶν παρελθόντων καὶ ἓξ μηνῶν οὐκέτι βάλλει οὐδένα. Ἤδη δέ τις τὸ πρῶτον εὐθὺς ἅμα πάντας ἐξέβαλε, καὶ ἄλλος ἅμα τοῖς τελευταίοις ἅπαντας· ἀλλὰ τὰ τοιαῦτα γίνεται ὀλιγάκις.  5 Ὥστε σχεδὸν συμβαίνει, ὅταν τεττάρων ἐτῶν ᾖ καὶ ἓξ μηνῶν, χρήσιμον εἶναι πρὸς τὴν γέννησιν μάλιστα. Εἰσὶ δ´ οἱ πρεσβύτεροι τῶν ἵππων γονιμώτεροι, καὶ οἱ ἄρρενες τῶν ἀρρένων καὶ αἱ θήλειαι τῶν θηλειῶν. Ἀναβαίνουσι δὲ καὶ ἐπὶ τὰς μητέρας οἱ ἵπποι καὶ ἐπὶ τὰς θυγατέρας· καὶ τότε δοκεῖ τέλεον εἶναι τὸ ἱπποφόρβιον, ὅταν ὀχεύωσι τὰ ἑαυτῶν ἔκγονα. Οἱ δὲ Σκύθαι ἱππεύουσι ταῖς κυούσαις ἵπποις, ὅταν θᾶττον στραφῇ τὸ ἔμβρυον, καὶ φασὶ γίνεσθαι αὐτὰς εὐτοκωτέρας.

6 Τὰ μὲν οὖν ἄλλα τετράποδα κατακείμενα τίκτει, διὸ καὶ πλάγια προέρχεται τὰ ἔμβρυα πάντων· ἡ δ´ ἵππος ἡ θήλεια ὅταν ἤδη πλησίον ᾖ τῆς ἀφέσεως, ὀρθὴ στᾶσα προΐεται τὸ ἔκγονον.

7 Ζῶσι δὲ τῶν ἵππων οἱ μὲν πλεῖστοι περὶ ὀκτωκαίδεκα ἔτη καὶ εἴκοσιν, ἔνιοι δὲ πεντεκαιείκοσι καὶ τριάκοντα· ἐὰν δέ τις ἐπιμελῶς θεραπεύῃ, ἐκτείνει καὶ πρὸς τὰ πεντήκοντα. Ὁ δὲ μακρότατος βίος τῶν πλείστων ἐστὶν ὡς ἐπὶ τὸ πολὺ τριακοντετής· ἡ δὲ θήλεια ὡς ἐπὶ τὸ πολὺ μὲν πέντε [LXXVIIA] καὶ εἴκοσιν ἔτη, ἤδη δέ τινες καὶ τετταράκοντα ἔτη βεβιώκασιν. Ἐλάττω δὲ χρόνον βιοῦσιν οἱ ἄρρενες τῶν θηλειῶν διὰ τὰς ὀχείας, καὶ οἱ ἰδίᾳ τρεφόμενοι τῶν ἐν τοῖς ἱπποφορβίοις. 8 Ἡ μὲν οὖν θήλεια πέντ´ ἐτῶν τέλος λαμβάνει μήκους καὶ ὕψους, ὁ δ´ ἄρρην ἓξ ἐτῶν· μετὰ δὲ ταῦτα ἐν ἄλλοις ἓξ ἔτεσι τὸ πλῆθος λαμβάνει τοῦ σώματος, καὶ ἐπιδίδωσι μέχρι ἐτῶν εἴκοσιν. Ἀποτελειοῦται δὲ τὰ θήλεα τῶν ἀρρένων ἔμπροσθεν, ἐν δὲ τῇ γαστρὶ τὰ ἄρρενα τῶν θηλειῶν, καθάπερ καὶ ἐπὶ τῶν ἀνθρώπων· ταὐτὸ δὲ τοῦτο συμβαίνει καὶ ἐπὶ τῶν ἄλλων ζῴων ὅσα 〈μὴ〉 πλείω τίκτει. 9 Θηλάζειν δέ φασι τὸν μὲν ἡμίονον ἑξάμηνον, εἶτ´ οὐκέτι προσίεσθαι διὰ τὸ σπᾶσθαι καὶ πονεῖν· τὸν δ´ ἵππον πλείω χρόνον. Ἀκμάζει δὲ καὶ ἵππος καὶ ἡμίονος μετὰ τοὺς βόλους· ὅταν δὲ πάντας ὦσι βεβληκότες, οὐ ῥᾴδιον γνῶναι τὴν ἡλικίαν. Διὸ καὶ λέγουσι γνώμην ἔχειν, ὅταν ἄβολος ᾖ· ὅταν δὲ βεβληκώς, οὐκ ἔχειν.  10 Ὅμως δὲ μάλιστα γνωρίζεται ἡ ἡλικία μετὰ τοὺς βόλους τῷ κυνόδοντι· τῶν μὲν γὰρ ἱππαστῶν γίνεται μικρὸς διὰ τὴν τρίψιν (κατὰ τοῦτον γὰρ ἐμβάλλεται ὁ χαλινός), τῶν δὲ μὴ ἱππαστῶν μέγας μὲν ἀλλ´ ἀπηρτημένος, τῶν δὲ νέων ὀξὺς καὶ μακρός.

11 Ὀχεύει δ´ ὁ μὲν ἄρρην πᾶσάν τε ὥραν καὶ ἕως ζῇ· καὶ ἡ θήλεια δ´ ὀχεύεται ἕως ἂν ζῇ, οὔπω δὲ πᾶσαν ὥραν, ἐὰν μή τις δεσμὸν ἢ ἄλλην τινὰ προσενέγκῃ ἀνάγκην· ὥρα δ´ οὐκ ἀφαιρεῖται οὐδεμία τεταγμένη τοῦ ὀχεύεσθαι καὶ ὀχεύειν. Οὐ μέντοι γε, ὅτ´ ἔτυχε γενομένης τῆς ὀχείας, δύνανται ἃ ἂν γεννήσωσιν ἐκτρέφειν. Ἐν Ὀποῦντι δ´ ἐν ἱπποφορβίῳ ἵππος ἐγένετο ὃς ὤχευεν ἐτῶν ὢν τετταράκοντα· ἔδει δὲ τὰ πρόσθια σκέλη συνεπαίρειν. 12 Ἄρχονται δ´ ὀχεύεσθαι αἱ ἵπποι τοῦ ἔαρος. Ὅταν δὲ τέκῃ ἡ ἵππος, οὐκ εὐθὺς μετὰ τοῦτο πίμπλαται ἀλλὰ διαλείπει χρόνον, καὶ τίκτει ἄμεινον τετάρτῳ ἢ πέμπτῳ ἔτει μετὰ τὸν τόκον. Ἕνα δ´ ἐνιαυτὸν [577b] καὶ πάμπαν ἀνάγκη διαλείπειν καὶ ποιεῖν ὥσπερ νειόν. Ἵππος μὲν οὖν διαλείπουσα τίκτει, ὥσπερ εἴρηται, ὄνος δὲ συνεχῶς.  13 Γίνονται δὲ τῶν ἵππων αἱ μὲν καὶ ἄτεκνοι ὅλως, αἱ δὲ συλλαμβάνουσι μέν, οὐ δύνανται δ´ ἐκφέρειν· σημεῖον δὲ τῶν τοιούτων λέγουσιν εἶναι, τὸ ἔμβρυον ἀνασχιζόμενον ἔχειν ἄλλα νεφροειδῆ περὶ τοὺς νεφρούς, ὥστε δοκεῖν τέτταρας ἔχειν νεφρούς. 14 Ὅταν δὲ τέκῃ ἡ ἵππος, τό τε χόριον εὐθὺς κατεσθίει, καὶ ἀπεσθίει τοῦ πώλου ὃ ἐπιφύεται ἐπὶ τοῦ μετώπου τῶν πώλων, καλεῖται δ´ ἱππομανές· ἔστι δὲ τὸ μέγεθος ἔλαττον μικρῷ ἰσχάδος, τὴν δ´ ἰδέαν πλατύ, περιφερές, μέλαν. Τοῦτο δ´ ἐάν τις φθῇ λαβὼν καὶ ὄσφρηται ἡ ἵππος, ἐξίσταται καὶ μαίνεται πρὸς τὴν ὀσμήν· διὸ καὶ τοῦτο αἱ φαρμακίδες ζητοῦσι καὶ συλλέγουσιν. 15 Ἐὰν δ´ ὠχευμένην ἵππον ὑπὸ ἵππου ὄνος ὀχεύσῃ, διαφθείρει τὸ ἔμβρυον τὸ ἐνυπάρχον. 16 Ἵππων δ´ ἡγεμόνα οὐ καθιστᾶσιν οἱ ἱπποφορβοὶ ὥσπερ τῶν βοῶν, [διὰ τὸ μὴ μόνιμον εἶναι τὴν φύσιν αὐτῶν ἀλλ´ ὀξεῖαν καὶ εὐκίνητον].
 

 

 

1 Le cheval mâle commence à saillir dès l'âge de deux ans ; et c'est à cet âge aussi que la femelle peut commencer à être couverte. Il y a cependant peu d'exemples de ce genre, et les produits qui en viennent sont plus petits et plus faibles. En général, c'est à trois ans, pour les mâles et les femelles, qu'a lieu l'accouplement; et jusqu'à vingt ans, les produits sont de plus en plus forts.  2 La jument porte onze mois; et elle met bas dans le douzième. Il n'y a pas un nombre de jours fixe pour que le cheval emplisse la jument; parfois un seul jour suffit; d'autres fois, il en faut deux ou trois, ou même quelquefois plus. L'âne montant sa femelle l'emplit plus vite que le cheval; mais la saillie du cheval n'est pas accablante comme celle du taureau. 3 Après l'homme, c'est le cheval, mâle et femelle, qui est le plus lascif des animaux. Les jeunes chevaux s'accouplent avant l'âge quand le pâturage est bon, et que la nourriture est très abondante. En général, la jument n'a [576b] qu'un poulain ; quelquefois, elle en a deux ; mais c'est le plus. On cite une jument qui a eu deux mulets; mais c'est une sorte de prodige. Le cheval peut saillir même à trente mois ; et par conséquent, ses bons produits coïncident avec l'âge où il cesse de perdre ses dents. On en a même vu saillir au moment où ils les perdaient, à ce qu'on assure, à moins qu'ils ne soient naturellement inféconds.

4 Le cheval a quarante dents ; à trente mois, il perd les quatre premières, deux en haut, deux en bas. Un an après, il en perd également quatre, deux en haut, deux en bas; et après une année encore, il en perd encore quatre autres de la même façon, À quatre ans et six mois, il n'en perd plus. On a vu une fois un cheval perdre toutes ses dents ensemble, dès les premières; c'est, au contraire, avec les dernières qu'un autre les a toutes perdues ; mais ce sont là des cas fort rares, 5 C'est donc presque toujours à quatre ans et six mois que le cheval est le plus apte à saillir. Les chevaux les plus vieux sont aussi les plus féconds ; et ceci n'est pas moins vrai des femelles que des mâles. Les chevaux montent indifféremment leurs mères et leurs filles ; et le haras passe pour complet quand ils saillissent leurs propres produits. Les Scythes montent leurs juments, bien qu'elles soient pleines, dès que l'embryon a remué ; et ils prétendent que les juments n'en ont que plus de facilité à mettre bas.

6 Tous les autres quadrupèdes se couchent pour mettre bas; et voilà pourquoi les petits sortent toujours sur le côté ; mais le cheval femelle, quand le moment de la délivrance approche, se met droit sur ses jambes pour produire son poulain.

7 La plupart des chevaux vivent dix-huit à vingt ans ; quelques-uns vont à vingt-cinq et trente ; et quand on soigne bien les bêtes, elles peuvent aller même jusqu'à cinquante ans. Mais, en général, la vie la plus longue du cheval est de trente ans; en général aussi, la vie de la femelle n'est que de vingt-cinq. On en a vu qui ont vécu jusqu'à quarante. Si les chevaux vivent ordinairement moins que les femelles, c'est à cause des saillies; ceux qu'on élève chez soi vivent moins aussi que ceux des haras. 8 La femelle prend toute sa croissance, longueur et hauteur, en cinq ans; il en faut six pour le mâle. Dans les six années qui suivent, le corps acquiert toute son ampleur, et l'nimal profite jusqu'à vingt ans. Les femelles se forment avant les mâles; mais dans le ventre de la mère, les mâles se forment, au contraire, avant elles, absolument comme dans l'espèce humaine. Le même phénomène se retrouve chez d'autres animaux qui font plus d'un petit. 9 Le mulet tète, dit-on, jusqu'à six mois; mais ensuite, la mère ne donne plus sa mamelle, parce que le petit lui fait mal en la tirant. Le cheval tète un peu plus tard. Le cheval et le mulet sont dans toute leur vigueur, après la chute des premières dents. Une fois qu'ils les ont toutes perdues, il n'est plus facile de savoir leur véritable âge ; aussi dit-on qu'on a une marque exacte tant que le cheval n'a pas perdu ses dents, mais qu'on n'en a plus quand il les a perdues. 10 Généralement, c'est surtout par la canine, après la chute des dents qui tombent, que l'on connaît l'âge du cheval. Dans les chevaux de selle, la canine est petite à cause du mors, qui l'use, puisque c'est près de cette dent qu'il est posé ; pour les chevaux qu'on ne monte pas, la canine est grosse et dégagée; dans les jeunes, elle est pointue et petite.

11 Le mâle saillit en toute saison, et durant sa vie entière; la femelle peut être saillie tant qu'elle vit, mais non point en toute saison, si on ne l'attache pas, ou si on ne lui met pas telle autre entrave. Mais quoi qu'on fasse, il n'y a pas de saison bien marquée où ils ne puissent saillir ou être sailli. Cependant l'accouplement ne saurait avoir lieu à toute époque indifféremment, sans leur ôter la faculté d'élever les petits qu'ils ont. Dans un haras d'Oponte, on a vu un cheval saillir encore à quarante ans ; mais il fallait l'aider à lever ses jambes de devant. 12 Les juments commencent à être saillies au printemps; quand la jument a mis bas, elle ne se laisse pas remplir immédiatement après; mais elle met quelque intervalle ; elle mieux serait d'attondre quatre ou cinq ans après la première portée. Mais il faut tout au moins laisser passer l'année, [577b] et faire une sorte de jachère. Si la jument met de l'intervalle dans ses portées,  comme on vient de le dire, l'ânesse, au contraire, porte continuellement. 13  Il y a des juments tout à fait stériles; d'autres peuvent concevoir; mais elles ne peuvent rien produire. On prétend reconnaître ces dernières à ce que, si l'on dissèque les fœtus, on leur trouve à côté des reins d'autres corps analogues aux reins, de telle sorte qu'il semble que les reins sont au nombre de quatre. 14 Quand la jument a mis bas, elle dévore aussitôt le chorion ; et elle mange aussi l'excroissance qui se montre au front des poulains, et qu'on appelle l'Hippomane. Cette excroissance est un peu moins grosse qu'une figue, de forme large, arrondie, et noire. Si l'on se hâte de la prendre avant la jument, et que la jument en sente l'odeur, elle en est toute transportée, et cette  odeur la rend furieuse. Aussi, les femmes qui font des breuvages recherchent-elles cette substance et en font-elles provision. 15 Si un âne vient à saillir une jument déjà montée par un cheval, ce second accouplement détruit l'embryon antérieurement conçu. 16 Les palefreniers des haras ne mettent pas un cheval à la tête des autres jiour les conduire, comme on le fait pour les troupeaux de bœufs, parce que la nature des chevaux n'est pas tranquille, mais qu'elle est très vive et très mobile.
 

§ 1. Le cheval mâle. C'est la forme de l'expression grecque; j'ai cru devoir la conserver. C'est que la langue grecque n'a qu'un seul mot pour le cheval et la jument; on ne les distingue que par le genre de l'article.

Deux ans. Buffon dit : α Deux ans ou deux ans et demi », tome XIV, p. 38, édit. de 1830.

Trois ans. Buffon conseille, loc. cit., quatre ans ou quatre ans et demi, et même six et sept ans, pour les chevaux fins. « Les juments, ajoute-t-il, peuvent avoir un an de moins. »

Jusqu'à vingt ans. Selon Buffon, loc. cit., p. 58, les chevaux peuvent engendrer même au delà de vingt ans, pourvu qu'ils aient été ménagés.

§ 2. Pour que le cheval emplisse la jument. Tous ces détails sont parfaitement exacts; seulement, il faut ici s'attacher au nombre des saillies plutôt qu'au nombre des jours qui peuvent laisser des intervalles entre elles.

L'âne montant sa femelle. Cette phrase, qui interrompt le fil de la pensée,pourrait bien être une addition d'une main étrangère. Le fait, d'ailleurs, est exact.

La saillie du cheval. Voir plus haut, ch. xxi, § 1.

§ 3. Qui est le plus lascif des animaux. Il y a des oiseaux qui sont les plus lascifs de tous les animaux, à ce qu'il semble.

A trente mois. Un peu plue haut, § 1, il a été dit que l'âge où d'ordinaire commence γαccouplement est trois ans, c'est-à-dire trente six mois.

Où il cesse de perdre ses dents. Voir un peu plus loin le paragraphe suivant, où il est dit que le cheval perd ses dents jusqu'à quatre ans et demi.

A moins qu'ils ne fussent naturellement inféconds. C'est la traduction exacte du texte ; mais le sens reste obscur, à moins qu'on ne reporte ce petit membre de phrase à la suite de celui qui finit par : « Il cesse... ses dents».

§ 4. Le cheval a quarante dents. Tous ces détails sont exacte, bien qu'ils ne soient pas complets. Sur la dentition du cheval, voir Buffon, tome XIV, p. 36 et suiv. Voir aussi Cuvier, Règne animal, tome I, p. 251 ; et la Zoo/o-gie descriptive de M. Claus,p. 1047.

A quatre ans et six mois, il n'en perd plus. Le chiffre est exact. Les quatre dernières dents de lait sont remplacées par les Coins, qui marquent l'âge du cheval. Il est singulier qu'Aristote n'en parle pas ici; il en parle un peu plus bas, § 10.

On a vu... Cette observation témoigne du soin avec lequel on essayait de constater toutes les particularités qui concernent le cheval, bien qu'on ne les ait pas toutes analysées.

§ 5. Quatre ans et six mois. C'est ce qui a été dit plus haut, § 3. « Le « plus apte à saillir » signifie ici simplement qu'il est plus apte alors qu'à une époque antérieure.
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Leurs mères et leurs filles. Dans les haras bien tenus, on empêche ces accouplements, qui ne donnent pas toujours de bons produits.

Dès que l'embryon a remué. Le sens littéral serait : « Dès que l'embryon s'est tourné ». Ceci indique peut-être la position que prend le poulain dans le ventre de sa mère, quand il est sur le point de sortir.

§ 6. Tous les autres quadrupèdes se couchent. Ces détails sont exacts. Cependant, il paraît que quelquefois la jument se couche aussi. Le plus ordinairement, elle reste debout. Voir Buffon, tome XIV, p. 57, édit. de 1830.

§ 7. Dix-huit à vingt ans. Buffon dit de 25 à 30, loc. cit., p. 58.

Jusqu'à cinquante ans. Buffon ne semble pas croire à une telle longévité. On dit cependant qu'il y a des chevaux qui ont même dépassé cette extrême limite de cinquante ans.

C'est à cause des saillies. Qui fatiguent et qui usent plus vite l'étalon.

Vivent moins aussi que ceux des haras. Je ne sais pas si la zoologie moderne a fait des observations de ce genre. Pour concilier les détails qui sont donnés sur l'âge respectif des étalons et des juments, MM. Aubert et Wimmer changent le chiffre de 25 ans donné pour ces dernières en celui de 35, tandis que les manuscrits portent 25. Mais il ne semble pas que cette correction soit indispensable; et l'on peut supposer qu'Aristote a voulu dire que les chevaux doivent vivre plus longtemps que les juments, mais que les saillies abrègent leur existence.

§ 8. En cinq ans.... six pour le mâle. Buffon ne distingue pas, et il dit que l'accroissement du cheval se fait en quatre ans, tome XIV, p. 59, édit. de 1830.

Dansle ventre de la mère  Il paraît qu'Aristote se trompe ici, et qu'en fait la jument porte quelques jours de plus,quand c'est un poulain, que quand c'est une pouliche. Cette même différence a été observée sur la vache.

Comme dans l'espèce humaine. La durée de la grossesse dans la femme n'est pas assez précise pour qu'on sache exactement ce qu'il en est.

§ 9.Le mulet... Jusqu'à six mois. Le fait paraît exact.

Le cheval tète un peu plus tard. Ici, au contraire, le fait n'est pas exact, et le cheval tète moins longtemps que le petit mulet.

Après la chute des premières dents. Comme les dents tombent vers quatre ans et demi, cette époque coïncide avec celle qui a été indiquée plus haut, pour la formation complète du cheval ; voir plus haut, § 5 ; et aussi Buffon, tome XIV, p. 36.

§ 10. Par la canine, après la chute des dents qui tombent. Il semblerait bien qu'il s'agit ici des Coins, qui remplacent les quatre dents de lait qui sont tombées ; mais les Canines proprement dites ne tombent pas; et après la huitième année, lorsque les Coins ne marquent plus, les Canines peuvent servir encore à connaître l'âge de l'animal. Voir Buffon, tome XIV, p. 36, édit. de 1830.

- Près de cette dent. Ou, « Sur cette « dent ».

Elle est pointue et petite. Buffon remarque aussi que jusqu'à l'âge de six ans, « les canines sont fort pointues », loc. cit., p. 37.

§ 11. La femelle... J'ai adopté la correction que proposent MM. Aubert et - Wimmer ; elle me paraît iodispensable ; et c'est la suite même du contexte qui la justifie.

Non point en toute saison. La plue forte chaleur des juments ne dure que quinze jours, ou trois semaines au plus; et comme le dit Buffon, loc. ci/., p. 38, il faut être attentif à profiter de ce temps pour leur donner l'étalon. Le reste du temps, qui s'étend d'ailleurs de la fin de mars à la fin de juin, la chaleur des juments est beaucoup moins vive.

D'élever les petits qu'ils ont. Il faut combiner la monte de manière que le poulain naisse au printemps, et qu'il ne naisse, ni en hiver, ni en été; voir Buffon, loc. cit., p, 56,

Dans un haras d'Oponte Opus, ou Oponte, était une ville de la Locride entre la Thessalie et la Béotie; c'est la patrie de Patrocle.

Encore à quarante ans. C'est un fait fort extraordinaire; et encore réduit à lui seul, cet étalon n'aurait pu saillir.

§ 12. Au printemps. C'est en effet l'époque la plus favorable, par les raisons dites plus haut.

Quelque intervalle. Chez nous, on a l'usage de faire couvrir la jument neuf jours après qu'elle a pouliné. Buffon, loc. cit.f p. 57, désapprouve cette pratique; et il conseille de ne faire couvrir les juments que de deux années l'une. C'est à peu près ce que dit Arîs-tote, bien qu'il préférât un temps plus long, puisqu'il parle de quatre ou cinq ans.

L'ânesse. Les manuscrits disent unanimement : « La mule ». La correction semble nécessaire, et elle a été admise par les éditeurs les plus autorisés.

Porte continuellement. Parce qu'elle redevient en chaleur sept jours après avoir mis bas.

§ 13. Si l'on dissèque les fœtus. Le texte est un peu moins précis ; mais évidemment il s'agit ici d'observations faites tout exprès sur l'embryon ; et pour voir l'état des rognons, il faut les disséquer effectivement.

D'autres corps. Je ne sais pas si le fait est exact; la science moderne ne s'est pas occupée de cette question.

§ 14. Le chorion. C'est la membrane qui enveloppe tout le fœtus ; la jument cherche à s'en débarrasser, mais ne la dévore pas plus qu'elle ne dévore l'Hippomane. Buffon a refuté tous ces détails qui sont fabuleux. L'Hippomane n'est pas au front du poulain ; mais comme le poulain se présente ordinairement par la téte, elle touche souvent aux concrétions solides formées par le sédiment de la liqueur épaissie de l'allantolïe. Ce qui a pu faire croire aussi que la jument dévorait l'Hippomane, c'est quelle lèche son petit après sa naissance; voir Buffon, tome XlVI, p. 57, édit. de 1830; il ne nomme pas Aristote; mais c'est à lui qu'il fait allusion en réfutant l'erreur des Anciens.

Les femmes qui font des breuvages.Ou « Des philtres »; voir aussi plus haut, ch. xvii, g 8, ce qui est dit de l'Hippomane.

§ 15. Si un âne.... MM. Aubert et Wimmer regardent comme apocryphe toute cette fin du chapitre ; et leur soupçon paraît assezjustifié.

Détruit l'embryon. Ceci est répété au § 2 du chapitre suivant ; voir aussi le Traité de la Génération des animaux, liv. II, § 135, p. 206, édit. et trad. Aubert et Wimmer.

§ 16. Ne mettent pas un cheval. Ceci a déjà été dit des chèvres, un peu plus haut, ch.xix, § 6. On peut donc croire qu'en effet ces diverses remarques sont ici tout au moins mal placées. On a vu, dans les chapitres précédents, des indications nombreuses sur la longévité plus ou moins grande de divers animaux. Des recherches récentes de M. le Dr A. Weissmann à Fribourg, il résulte que les animaux qui vivent le plus longtemps sont les faucons et les vautours; ces derniers vivent beaucoup plus d'un siècle ; les corbeaux et les perroquets vivent au maximum cent ans ; le cheval et Fours, cinquante; le lion, trente-cinq; le sanglier, vingt-cinq; le mouton, quinze ; le renard, quatorze; etc., etc. Tous ces chiffres sont certains.

 

 

CHAPITRE XXIII.

De l'âne; âge de la saillie; les quatre dentitions de l'âne; ses marques; durée de la gestation; le lait de l'ânesse; elle se cache pour mettre bas ; durée de la vie de l'âne et de l'ânesse; croisements des chevaux et des ânes; avortements; dans le croisement, c'est le mâle qui décide du temps de la gestation; influence de la femelelsur les dimensions, la forme et la force des petits; précautions à prendre pour les croisements; ânes élevés dans les haras de chevaux.

1 Ὄνος δ´ ὀχεύει μὲν καὶ ὀχεύεται τριακοντάμηνος, καὶ βάλλει τοὺς πρώτους ὀδόντας· τοὺς δὲ δευτέρους ἕκτῳ μηνί, καὶ τοὺς τρίτους καὶ τοὺς τετάρτους ὡσαύτως· τούτους δὲ γνώμονας καλοῦσι, τοὺς τετάρτους. Ἤδη δὲ καὶ ἐνιαυσία ὄνος ἐκύησεν ὥστε καὶ ἐκτραφῆναι. Ἐξουρεῖ δ´, ὅταν ὀχευθῇ, τὴν γονήν, ἐὰν μὴ κωλύηται· διὸ τύπτουσι μετὰ τὴν ὀχείαν εὐθὺς καὶ διώκουσιν. 2 Τίκτει δὲ δωδεκάτῳ μηνί. Τίκτει δὲ τὰ μὲν πολλὰ ἕν· μονοτόκον γάρ ἐστι φύσει· τίκτει δ´ ἐνίοτε καὶ δύο. Ὁ μὲν οὖν ὄνος ἐπαναβὰς διαφθείρει τὸ τοῦ ἵππου ὄχευμα, ὥσπερ εἴρηται· ὁ δ´ ἵππος τὸ τοῦ ὄνου οὐ διαφθείρει, ὅταν ᾖ ὠχευμένη ἡ ἵππος ὑπὸ τοῦ ὄνου. 3 Ἴσχει δὲ γάλα κύουσα δεκάμηνος οὖσα. Τεκοῦσα δὲ βιβάζεται ἑβδόμῃ ἡμέρᾳ, καὶ μάλιστα δέχεται τὸ πλῆσμα ταύτῃ βιβασθεῖσα τῇ ἡμέρᾳ, λαμβάνει δὲ καὶ ὕστερον. Ἐὰν δὲ μὴ τέκῃ πρὶν τὸ γνῶμα λιπεῖν, οὐκέτι λαμβάνει πλῆσμα οὐδὲ κυΐσκεται τοῦ λοιποῦ βίου παντός. [578a] Τίκτειν δ´ οὐ θέλει οὔτε ὁρωμένη ὑπὸ ἀνθρώπου οὔτ´ ἐν τῷ φωτί, ἀλλ´ εἰς τὸ σκότος ἀπάγουσιν, ὅταν μέλλῃ τίκτειν. 4 Τίκτει δὲ διὰ βίου, ἐὰν τέκῃ πρὶν τὸ γνῶμα λιπεῖν. Βιοῖ δ´ ὄνος πλείω τριάκοντ´ ἐτῶν, καὶ ἡ θήλεια τοῦ ἄρρενος πλείω ἔτη. Ὅταν δ´ ἵππος ὀχεύσῃ ὄνον ἢ ὄνος ἵππον, πολὺ μᾶλλον ἐξαμβλοῖ ἢ ὅταν τὰ ὁμογενῆ ἀλλήλοις μιχθῇ, οἷον ἵππος ἵππῳ ἢ ὄνος ὄνῳ.  5 Ἀποβαίνει δὲ καὶ ὁ τῆς κυήσεως χρόνος, ὅταν μιχθῇ ἵππος καὶ ὄνος, κατὰ τὸ ἄρρεν, λέγω δ´ ἐν ὅσῳ χρόνῳ τοῦτο γίνεται ἐξ ὁμογωνῶν γινόμενον. Τὸ δὲ μέγεθος τοῦ σώματος καὶ τὸ εἶδος καὶ ἡ ἰσχὺς μᾶλλον τῷ θήλει ἀφομοιοῦται τοῦ γενομένου.

6 Ἐὰν δὲ συνεχῶς μίσγηται καὶ μὴ διαλείπῃ χρόνον τινὰ οὕτως ὀχευόμενα, ταχέως ἄγονον τὸ θῆλυ γίνεται· διὸ συνεχῶς οὐ μίσγουσιν οὕτως οἱ περὶ ταῦτα πραγματευόμενοι, ἀλλὰ διαλείπουσί τινα χρόνον. Οὐ προσδέχεται δ´ οὔτε ἡ ἵππος τὸν ὄνον οὔτε ἡ ὄνος τὸν ἵππον, ἐὰν μὴ τύχῃ τεθηλακὼς ὁ ὄνος ἵππον· ὑποβάλλουσι γὰρ ἐπίτηδες οὓς καλοῦσιν ἱπποθήλας. Οὗτοι δ´ ὀχεύουσιν ἐν τῇ νομῇ βίᾳ κρατοῦντες, ὥσπερ οἱ ἵπποι.

 

 

 

1 L'âne peut saillir, et l'ânesse être saillie, à trente mois. C'est alors que tombent les premières dents. Les secondes tombent six mois après ; puis, les troisièmes et les quatrièmes tombent après le même intervalle. Ce sont les quatrièmes qu'on appelle les Marques. On cite une ânesse qui est devenue pleine à un an, et dont le petit a pu vivre. L'ânesse rejette la semence dès qu'elle a été saillie, à moins qu'on ne l'en empêche. Aussi a-t-on soin de la frapper après l'accouplement et de la faire courir. 2 Elle met bas au bout de douze mois. Le plus souvent elle n'a qu'un ânon; et naturellement, elle n'en doit avoir qu'un; mais quelquefois, elle en a jusqu'à deux. L'âne, en montant une jument, fait périr, ainsi qu'on vient de le dire, le germe qu'elle a reçu du cheval ; mais le cheval ne fait pas avorter celui de l'âne, quand une jument a été précédemment remplie par un âne, qui l'a couverte. 3 L'ânesse a du lait au dixième mois de la gestation ; et après qu'elle a mis bas, elle peut être couverte dès le septième jour; c'est même à ce jour-là qu'elle devient pleine le plus sûrement, bien qu'elle puisse aussi concevoir plus tard. Si par hasard elle n'a pas eu de poulain avant de perdre la marque, elle n'a plus chance de devenir pleine, ni de porter durant le reste de sa vie. [578a] Lorsqu'elle est sur le point de mettre bas, l'ânesse n'aime pas à être vue par l'homme, ni à mettre bas en plein jour ; mais on la met dans l'obscurité, pour qu'elle s'y délivre. 4  Elle peut produire durant sa vie entière, pourvu qu'elle ait produit avant de perdre la marque. L'âne vit plus de trente ans, et la femelle vit plus longtemps encore que le mâle. Quand un cheval a couvert une ânesse, ou qu'un âne a couvert une jument, il y a bien plus d'avor-tements que quand ce sont des sujets de même espèce qui s'accouplent entre eux, le cheval avec la jument et l'âne avec l'ânesse. 5 Le temps de la gestation, quand le cheval et l'âne se croisent, se règle sur le mâle ; je veux dire qu'elle dure alors tout ce qu'elle aurait duré si le petit venait d'individus de même espèce. Pour la grandeur, l'aspect et la force, le produit ressemble davantage à la femelle.

6 Si l'on continue le croisement, et si les animaux ne restent pas un intervalle de temps assez long sans s'accoupler, la femelle ne tarde pas à devenir stérile. Aussi, les gens qui s'occupent de ces soins, ne font pas des croisements continus; mais ils y mettent quelque intermittence. La jument ne reçoit pas l'âne, et l'ânesse ne reçoit pas le cheval, si l'âne n'a point teté une jument. On a donc soin de faire téter les juments par des ânes qu'on appelle Nourrissons de juments; et ces ânes-là, au pâturage, couvrent les juments et les forcent à les recevoir, tout comme des étalons.

§ 1. L'âne peut saillir. Déjà plus haut, liv. V, ch. xii, § 14, il a été traité de l'âne assez longuement, et presque dans les mêmes termes qu'ici, en ce qui concerne l'époque de l'accouplement, qui a lieu d'ordinaire à trente mois.

Trente mois. Buffon dit que l'âne est en état d engendrer dès l'âge de deux ans et que l'ânesse est encore plus précoce; tome XIV, p. 115, édit. de 1830.

Que tombent les premières... Six mois après. Les détails que donne Buffon sont moins précis, et il se borne à dire que la dentition se passe chez l'âne comme chez le cheval.

Les Marques. Je ne crois pas que, dans notre langue, nous ayons un mot spécial pour désigner ces dents de l'âne,comme il y en a un pour les Coins du cheval.

On cite une ânesse... Le cas était fort extraordinaire et méritait d'être noté.

De la frapper. Buffon dit la même chose et il ajoute : « Sans cette précaution, elle ne retiendrait que très rarement ».

Et de la faire courir. Le texte dit : « La poursuivre », ce qui n'aurait pas été suffisamment clair dans une traduction littérale.

§ 2. Douze mois. La même remarque se trouve dans le Traité de la Génération des animaux. liv. II, § 135, p. 206, édit. et trad. Aubert et Wimmer; et Aristote ajoute que c'est comme pour le cheval.

Ainsi qu'on vient de le dire. Voir le chapitre précédent, § 13.

Le germe qu'elle a reçu du cheval. Je ne sais pas si le fait est exact, et si la science moderne l'a constaté. MM. Aubert et Wimmer doutent encore que ce passage soit ici bien à sa place.

§ 3. Au dixième mois. Le fait est exact.

Dès le septième jour. Parce que, dès ce moment, la chaleur se renouvelle, comme le remarque Buffon, loc. cit.

Si par hasard elle n'a pas eu de poulain. Ceci doit être exact, comme tout ce qui précède; mais je ne sais pas si les zoologistes modernes ont fait des observations de ce genre.

N'aime pas à être vue. Tous ces détails sont exacts.

§ 4. Durant sa vie entière. Buffon dit seulement, loc. cit., que l'ânesse peut, pour ainsi dire, continuellement engendrer et nourrir.

La femelle vit plus longtemps. Buffon dit que cela tient & ce qu'en général on ménage davantage les ânesses, qui sont si souvent pleines.

Il y a bien plus d'avortements. Buffon n'a pas touché ce point.

§ 5. Se règle sur le mâle. Il paraît en effet que la jument couverte par un âne porte un peu plus longtemps.

§ 6. Si l'on continue le croisement. Le texte n'est pas aussi précis ; et il se sert d'un pronom indéterminé.

Ne font pas des croisements continus. Tous ces détails doivent être exacts, parce qu'ils sont empruntés à la pratique, et que l'auteur pouvait les avoir sous les yeux.

Si l'âne n'a point tété une jument. MM. Aubert et Wimraer assurent que des observations récentes confirment ces faits.

Nourrissons de juments. J'ai traduit le mot grec; MM. Aubert et Wimmer. ne font que le reproduire sans l'interpréter.

 

 

CHAPITRE XXIV.

Du mulet; époque et durée de l'accouplement; avortement des mules; espèce particulière de mules en Syrie; le bardot et ses rapports avec les nains; durée de la vie du mulet; longévité d'un mulet d'Athènes; décret en sa faveur; la mule vit plus que le mulet; de la manière de reconnaître l'âge des animaux.

1 Ὁ δ´ ὀρεὺς ἀναβαίνει μὲν καὶ ὀχεύει μετὰ τὸν πρῶτον βόλον, ἑπταετὴς δ´ ὢν καὶ πληροῖ, καὶ ἤδη ἐγένετο γίννος ὅταν ἀναβῇ ἐφ´ ἵππον θήλειαν· ὕστερον δ´ οὐκέτι ἀναβαίνει. Καὶ ὁ θῆλυς δ´ ὀρεὺς ἤδη ἐπληρώθη, οὐ μέντοι γε ὥστ´ ἐξενεγκεῖν διὰ τέλους. 2 Αἱ δ´ ἐν τῇ Συρίᾳ τῇ ὑπὲρ Φοινίκης ἡμίονοι καὶ ὀχεύονται καὶ τίκτουσιν· ἀλλ´ ἔστι τὸ γένος ὅμοιον μὲν ἕτερον δέ.  Οἱ δὲ καλούμενοι γίννοι γίνονται ἐξ ἵππου, ὅταν νοσήσῃ ἐν τῇ κυήσει, ὥσπερ ἐν μὲν τοῖς ἀνθρώποις οἱ νάνοι, ἐν δὲ τοῖς ὑσὶ τὰ μετάχοιρα· καὶ ἴσχει δέ, ὥσπερ οἱ νάνοι, ὁ γίννος τὸ αἰδοῖον μέγα. 3 Ζῇ δ´ ἡμίονος ἔτη πολλά· ἤδη γάρ τις βεβίωκεν ἔτη καὶ ὀγδοήκοντα, οἷον Ἀθήνησιν ὅτε τὸν νεὼν ᾠκοδόμουν· ὃς καὶ ἀφειμένος ἤδη διὰ τὸ γῆρας συναμπρεύων καὶ παραπορευόμενος παρώξυνε τὰ ζεύγη πρὸς τὸ ἔργον, ὥστ´ ἐψηφίσαντο μὴ ἀπελαύνειν αὐτὸν τοὺς σιτοπώλας ἀπὸ τῶν τηλιῶν. [LXXVIIIB] Γηράσκει δὲ βραδύτερον ὁ θῆλυς ὀρεὺς τοῦ ἄρρενος. Λέγουσι δ´ ἔνιοι ὅτι ἡ μὲν καθαίρεται οὐροῦσα, ὁ δ´ ἄρρην διὰ τὸ ὀσφραίνεσθαι τοῦ οὔρου γηράσκει θᾶττον.
 

4 Τούτων μὲν οὖν τῶν ζῴων αἱ γενέσεις τοῦτον ἔχουσι τὸν τρόπον. Τὰ δὲ νέα καὶ τὰ παλαιὰ τετράποδα διαγινώσκουσιν οἱ περὶ τὰς θεραπείας ὄντες αὐτῶν· ἐὰν μὲν ἀπὸ τῆς γνάθου τὸ δέρμα ἐφελκόμενον ταχὺ ἐπίῃ, νέον τὸ τετράπουν, ἐὰν δὲ πολὺν χρόνον μένῃ ἐρρυτιδωμένον, παλαιόν.

1 Le mulet saillit, el s'accouple, après la première perte des dents ; il peut même encore à sept ans être fécond, et l'on a vu nattre un bardot d'un mulet qui avait couvert une jument; mais après sept ans, le mulet ne saillit plus. On a vu également une mule devenir pleine, mais sans pouvoir amener à terme. 2 Dans cette  partie de la Syrie qui est au delà de la Phénicie, les mules sont couvertes et mettent bas; mais cette espèce, toute ressemblante qu'elle est, est différente. Les animaux qu'on appelle des bardots sont les produits d'une jument qui a été malade pendant la gestation. C'est à peu près ce que sont les nains dans l'espèce humaine ; et dans les porcs, l'arrière-faix des porcs. Le bardot, comme les nains, a une verge très grande. 3 Le mulet vit de longues années. On en cite un qui a atteint l'âge de quatre-vingts ans; il était à Athènes, à l'époque où l'on bâtissait le Temple ; on le laissait libre à cause de sa vieillesse ; mais il se faisait atteler avec les autres, et les accompagnant côte à côte, il excitait ses compagnons à l'ouvrage. Un décret prescrivit aux marchands de grains de ne pas le chasser quand il viendrait manger à leurs coffres. La mule vieillit plus tard que le mulet; et quelquefois on essaie d'expliquer cette différence en disant que la mule se purge par les urines qu'elle rend, et que le mulet vieillit plus tôt parce qu'il respire l'odeur de cette urine.

4 Voilà ce que nous avions à dire sur la génération de ces animaux. Quant à savoir si ces quadrupèdes sont plus jeunes ou plus vieux, les gens chargés de les soigner le reconnaissent en tirant un peu la babine; si la peau ainsi tirée revient vite, la bête est jeune; si elle reste un peu longtemps toute plissée, c'est que la bête est vieille.

§ 1. Le mulet. Je ne sais pas s'il ne faut pas confondre sous ce terme générique, et les mulets nés d'un âne et d'une jument, et les mulets nés d'un cheval et d'une ânesse. Le bardot, dont il est question un peu plus bas, semble plutôt être, dans la pensée d'Aristote, un produit difforme, puisqu'il le compare aux nains dans l'espèce humaine, et qu'il vient d'un accident dans la gestation. D'ordinaire, le bardot est, dans l'usage ordinaire de notre langue, le mulet né d'un cheval et d'une ânesse. Il faut écrire Bardot et non Bardeau, comme on le fait quelquefois ; voir Littré, Dictionnaire de la langue française, au mot Bardot.

Un bardot. Le mot grec est Ginnos; la plupart des traducteurs se sont bornés à le reproduire textuellement, sans essayer d'en préciser le sens. Aristote le définit lui-même au paragraphe suivant. Il ne paraît pas qu'on ait fait des observations récentes sur l'accouplement des mulets avec les juments et les ânesses; mais il est constaté que des mules de l'une ou l'autre espèce ont été fécondées par des chevaux. Voir la note de MM. Aubert et Wimmer. Voir aussi, sur le bardot et les mulets, Buffon, tome XVIII, p. 311, édit. de 1830.

§ 2. De la Syrie. Voir plus loin, ch. xxix, § 5, quelques détails sur les mulets prétendus de Syrie, qui sont en réalité des Zèbres de différentes espèces. Aristote semble d'ailleurs reconnaître lui-même que ces mulets de Syrie ne sont pas de vrais mulets.

Qu'on appelle des Bardots. Ou « Ginnos. »

L'arrière-faix des porcs. Voir un peu plus haut, ch. XVIII, § 3.

Le bardot comme les nains. Je ne sais si le fait énoncé ici est confirmé par la science moderne; il est, d'ailleurs, assez facile à constater.

§ 3. L'âge de quatre-vingts ans. Il est probable que ceci est une forte exagération; mais il est certain que les mulets vivent très longtemps, et que c'est à peine s'ils commencent à vieillir vers trente ans. Le fait du mulet athénien est fort curieux, et l'on ne peut pas douter qu'il ne soit exact. Plutarque le raconte aussi, mais avec quelques détails de plus; voir son Traité sur les animaux de la terre et des eaux, tome IV, p. 1187, édit. Firmin-Didot, et traduction de Bétolaud, tome IV, p. 253.

— La mule vieillit plus tard. Je ne sais si ce fait est bien certain

Parce qu'il respire l'odeur de cette urine. Ceci est sans doute une explication populaire, qui est sans fondement.

§ 4. Si ces quadrupèdes. L'expression du texte est plus générale et plus vague. Mais il me semble évident que l'observation faite ici ne doit concerner que les quadrupèdes dont il vient d'être question, et non tous les quadrupèdes en général. D'ailleurs, le moyen indiqué pour s'assurer de l'âge des bêtes peut être assez pratique.

CHAPITRE XXV.

Du chameau; durée de la gestation ; la chamelle n'a jamais qu'un seul petit; durée de sa vie; son lait trèsragréable; des éléphants ; âge de l'accouplement; durée douteuse de la gestation ; position et douleur de la femelle quand elle met bas ; du sanglier; lieux où les femelles mettent bas ; nombre des petits ; voix du sanglier; citation d'Homère; sangliers qui se châtrent en se frottant aux arbres.

1 Ἡ δὲ κάμηλος κύει μὲν δέκα μῆνας, τίκτει δ´ ἀεὶ ἓν μόνον· μονοτόκον γάρ ἐστιν. Ἐκκρίνουσι δ´ ἐκ τῶν καμήλων ἐνιαύσιον τὸ ἔκγονον. Ζῇ δὲ χρόνον πολύν, πλείω ἢ πεντήκοντα ἔτη. Τίκτει δὲ τοῦ ἔαρος, καὶ γάλα ἔχει μέχρι οὗ ἂν ἐν γαστρὶ λάβῃ. Ἔχει δὲ καὶ τὰ κρέα καὶ τὸ γάλα ἥδιστα πάντων· πίνουσι δὲ τὸ γάλα δύο καὶ ἕνα ἢ τρία καὶ ἕνα πρὸς ὕδωρ κεράσαντες.

2 Ὁ δ´ ἐλέφας ὀχεύει καὶ ὀχεύεται πρῶτον εἴκοσιν ἐτῶν. Ὅταν δ´ ὀχευθῇ ἡ θήλεια, φέρει ἐν γαστρί, ὡς μέν τινές φασιν, ἐνιαυτὸν καὶ ἓξ μῆνας, ὡς δ´ ἕτεροι, τρί´ ἔτη· τοῦ δὲ μὴ ὁμολογεῖσθαι τὸν χρόνον αἴτιον τὸ μὴ εὐθεώρητον εἶναι τὴν ὀχείαν. Τίκτει δ´ ἡ θήλεια συγκαθίσασα ἐπὶ τὰ ὄπισθεν, καὶ ἀλγοῦσα δήλη ἐστίν. Ὁ δὲ σκύμνος ὅταν γένηται, θηλάζει τῷ στόματι καὶ οὐ τῷ μυκτῆρι, καὶ βαδίζει καὶ βλέπει εὐθὺς γεννηθείς.

3 Αἱ δ´ ὕες αἱ ἄγριαι τοῦ χειμῶνος ἀρχομένου ὀχεύονται, τίκτουσι δὲ τοῦ ἔαρος ἀποχωροῦσαι εἰς τοὺς δυσβατωτάτους τόπους καὶ ἀποκρήμνους μάλιστα καὶ φαραγγώδεις καὶ συσκίους. Διατρίβει δ´ ὁ ἄρρην ἐν ταῖς ὑσὶν ὡς ἐπὶ τὸ πολὺ ἡμέρας τριάκοντα. Τὸ δὲ πλῆθος τῶν τικτομένων καὶ ὁ χρόνος τῆς κυήσεως ὁ αὐτὸς καὶ ἐπὶ τῶν ἡμέρων ὑῶν ἐστιν. Τὰς δὲ φωνὰς παραπλησίας ἔχουσι τοῖς ἡμέροις, πλὴν μᾶλλον ἡ θήλεια φωνεῖ, ὁ δ´ ἄρρην σπανίως. Τῶν δ´ ἀρρένων καὶ ἀγρίων οἱ τομίαι μείζους γίνονται καὶ χαλεπώτεροι, ὥσπερ καὶ [579a] Ὅμηρος ἐποίησεν "θρέψεν ἔπι χλούνην σῦν ἄγριον· οὐδὲ ἐῴκει θηρί γε σιτοφάγῳ, ἀλλὰ ῥίῳ ὑλήεντι." Γίνονται δὲ τομίαι διὰ τὸ νέοις οὖσιν ἐμπίπτειν νόσημα κνησμὸν εἰς τοὺς ὄρχεις· εἶτα ξυόμενοι πρὸς τὰ δένδρα ἐκθλίβουσι τοὺς ὄρχεις.

 

 

1 La chamelle porte dix mois, et elle n'a jamais qu'un seul petit; car le chameau est une espèce qui n'en peut avoir qu'un. Quand le petit a un an, on le sépare des chamelles. La chamelle vit bien au delà de cinquante ans. Elle met bas au printemps; et elle a du lait jusqu'à une nouvelle gestation. La chair de la chamelle est excellente ; et son lait, le plus agréable de tous. On le boit en y mêlant de l'eau, deux parties contre une, ou trois contre une.

2  L'éléphant peut couvrir, ou la femelle être couverte, pour la première fois à vingt ans. Après que la femelle a élé couverte, la gestation est d'un an et six mois, selon les uns, ou de trois ans selon les autres. Ce qui fait que ce désaccord sur le temps de la gestation est possible, c'est qu'il n'est pas facile de voir l'accouplement. La femelle met bas en s'accroupissant sur ses jambes de derrière ; et il est évident qu'elle souffre beaucoup. Le petit, dès qu'il est né, tette avec sa bouche, et non avec sa trompe. Il marche aussi, et il voit clair, immédiatement après sa naissance.

3 Les femelles des sangliers sont couvertes au commencement de l'hiver; elles mettent bas au printemps, en se retirant dans les lieux les plus inaccessibles, surtout dans les roches à pic, dans les fondrières, et les bois les plus ombragés. Habituellement, le mâle reste trente jours avec les femelles. Le nombre des petits et le temps de la gestation sont les mêmes que pour les porcs domestiques. La voix des sangliers est à peu près celle des porcs ; si ce n'est que la femelle se fait entendre plus souvent, et le mâle plus rarement. Les sangliers, quand ils sont châtrés, deviennent plus gros ; mais ils deviennent aussi plus farouches ; et c'est ainsi [579a] qu'Homère a pu dire : « Il nourrissait, sur une litière, un sanglier qui ressemblait moins à une bête nourrie de grains qu'à une roche couverte de bois. » Ce qui fait qu'il y a des sangliers châtrés, c'est qu'il y en a qui, dans leur jeunesse, sont atteints aux testicules d'une démangeaison maladive ; et en se frottant contre les arbres, ils écrasent leurs testicules, qui les font souffrir.

§ 1. La chamelle porte dix mois. Il paraît que c'est une erreur, et que la chamelle porte un an.

On le sépare des chamelles. Mais ce n'est pas encore pour le faire travailler. On ne le charge pas avant quatre ans.

Bien au delà de cinquante ans. Buffon dit de quarante à cinquante ans, tome XVI, p. 403, édit. de 1830.

La chair de la chamelle. Le texte n'est pas aussi clair, et l'on peut croire qu'il parle de la chair du mâle aussi bien que de la chair de la femelle ; il est certain que les Arabes mangent la chair du chameau ; ce qui prouve qu'ils la trouvent bonne, bien qu'elle ne le soit peut-être pas autant qu'Aristote le suppose, sans doute par ouï-dire.

Le plus agréable de tous. On sait qu'il y a des populations immenses qui se nourrissent en grande partie de lait de charnel le,en Afrique,et surtout dans L'asie centrale.

§ 2. L'éléphant.... à vingt ans. Buffon ne dit rien sur ce point, qui n'est pas encore éclairci, parce que l'éléphant n'est jamais fécond dans la domesticité.

D'un an et six mois. Buffon dit deux ans; tome XVI, p. 306, édit. de 1830. D'ailleurs, Aristote lui-même ne paraît pas être bien sûr du chiffre qu'il donne. Selon des naturalistes modernes, la gestation serait de vingt mois et demi.

Il n'est pas facile de voir l'accouplement. Buffon s'arrête beaucoup sur ce détail; et il parle presque des amours des éléphants et de leur pudeur, comme si c était de nous qu'il parlât; loc. cit., pp. 306 et 308.

Et non avec sa trompe. Buffon établit le contraire, et il réfute l'opinion erronée des Anciens, sans nommer Aristote, loc. cit. pp. 329 et suiv.

Il marche aussi.... Je ne connais pas, dans la science moderne, des observations spéciales sur ce sujet.

§ 3. Les femelles des sangliers. J'ai pris cette formule pour me rapprocher davantage de celle du texte; on pourrait traduire plus simplement : «Les laies».

Elles mettent bas au printemps. La laie ne porte qu'une fois l'an, tandis que la truie, avec laquelle elle a tant de rapports, fait deux portées. D'après Buffon, tome XIV, p.203, édit. de 1830, l'accouplement a lieu au mois de janvier ou de février, et lanimal met bas en mai ou en juin. Buffon n'indique pas plus précisément le temps de la gestation. Aristote ne le précise pas ici davantage. Plus haut, ch. χ ν m, § 2, il a été dit que les truies portent quatre mois et qu'elles ont vingt petits.

Que pour les porcs. Cette ressemblance du porc et du sanglier a frappé également Buffon, qui a décrit les deux Animaux à la fois.

La voix des sangtiers.... Buffon fait aussi cette remarque que la femelle crie plus souvent que le mâle, loc. cit. pp. 204 et 205.

Homère. Aristote ne fait pas une citation exacte d'Homère, et il semble qu'il mêle deux passages l'un de l'Iliade, chant ix, vers 539, édit. Firmin-Didot, et l'autre de l'Odyssée, chant ix, vers 190 et 191. Dans ce dernier passage, il s'agit du Cyclope et non d'un sanglier. Ces différences n'ont ici que trèe-peu d'intérêt; elles indiquent non pas qu'Aristote eût un texte d'Homère autre que le nôtre, maie seulement qu'il apportait quelque négligence dans les citations qu'il en faisait.

Des sangliers châtrés. Aristote a raison d'expliquer comment des sangliers peuvent être châtrés, et l'explication qu'il en donne est très probablement la vraie.

 

 

CHAPITRE XXVI.

Du cerf; de son accouplement; résistance des biches; époque de l'accouplement; durée de la gestation; la biche n'a qu'un faon; flux menstruel delà biche; soins qu'elle a de ses petits; ses retraites; de la longévité des cerfs; contes à ce sujet; les biches des montagnes d'Arginuse ont l'oreille fendue ; lascivité excessive des cerfs; leur isolement et leur fureur au temps du rut; leur graisse en été les empêche de courir; c'est surtout au printemps qu'ils sont agiles; leur chair est mauvaise et d'une odeur repoussante au temps de la saillie ; ruses du cerf fuyant devant le chasseur; il s'arrête faute d'haleine; constitution particulière des viscères du cerf.

1 Ἡ δ´ ἔλαφος τὴν μὲν ὀχείαν ποιεῖται, καθάπερ ἐλέχθη πρότερον, τὰ πλεῖστα μὲν ὑπαγωγῆς (οὐ γὰρ ὑπομένει ἡ θήλεια τὸν ἄρρενα πολλάκις διὰ τὴν συντονίαν), οὐ μὴν ἀλλὰ καὶ ὑπομένουσαι ἐνίοτε ὀχεύονται, καθάπερ τὰ πρόβατα· καὶ ὅταν ὀργῶσι, παρεκκλίνουσιν ἀλλήλας.  2 Μεταλλάττει δ´ ὁ ἄρρην καὶ οὐ πρὸς μιᾷ διατρίβει, ἀλλὰ διαλιπὼν βραχὺν χρόνον πλησιάζει ἄλλαις. Ἡ δ´ ὀχεία γίνεται μετ´ ἀρκτοῦρον περὶ τὸν Βοηδρομιῶνα καὶ Μαιμακτηριῶνα. Κύει δ´ ὀκτὼ μῆνας· κυΐσκεται δ´ ἐν ὀλίγαις ἡμέραις, καὶ ὑφ´ ἑνὸς πολλαί. 3 Τίκτει δ´ ὡς μὲν ἐπὶ τὸ πολὺ ἕν, ἤδη δέ τινες ὠμμέναι εἰσὶν ὀλίγαι καὶ δύο. Καὶ ποιεῖται τοὺς τόκους παρὰ τὰς ὁδοὺς διὰ τὸν πρὸς τὰ θηρία φόβον. Ἡ δ´ αὔξησις ταχεῖα τῶν νεβρῶν. Κάθαρσις δὲ κατ´ ἄλλους μὲν χρόνους οὐ συμβαίνει ταῖς ἐλάφοις· ὅταν δὲ τίκτωσι, γίνεται φλεγματώδης αὐταῖς κάθαρσις. 4 Εἴθισται δ´ ἄγειν τοὺς νεβροὺς ἐπὶ τοὺς σταθμούς· ἔστι δὲ τοῦτο τὸ χωρίον αὐταῖς καταφυγή, πέτρα περιρραγεῖσα μίαν ἔχουσα εἴσοδον, οὗ καὶ ἀμύνεσθαι εἴωθε τοὺς ἐπιτιθεμένους.

5 Περὶ δὲ τῆς ζωῆς μυθολογεῖται μὲν ὡς ὂν μακρόβιον, οὐ φαίνεται δ´ οὔτε τῶν μυθολογουμένων οὐδὲν σαφές, ἥ τε κύησις καὶ ἡ αὔξησις τῶν νεβρῶν συμβαίνει οὐχ ὡς μακροβίου τοῦ ζῴου ὄντος. 6 Ἐν δὲ τῷ ὄρει τῷ Ἐλαφώεντι καλουμένῳ, ὅ ἐστι τῆς Ἀσίας ἐν τῇ Ἀργινούσῃ, οὗ ἐτελεύτησεν Ἀλκιβιάδης, αἱ ἔλαφοι πᾶσαι τὸ οὖς ἐσχισμέναι εἰσίν, ὥστε κἂν ἐκτοπίσωσι γινώσκεσθαι τούτῳ· καὶ τὰ ἔμβρυα δ´ ἐν τῇ γαστρὶ ὄντα εὐθὺς ἔχει τοῦτο τὸ σημεῖον.

7 Θηλὰς δ´ ἔχουσιν αἱ θήλειαι τέτταρας ὥσπερ αἱ βόες. Ἐπειδὰν δὲ πλησθῶσιν αἱ θήλειαι, ἐκκρίνονται οἱ ἄρρενες καθ´ ἑαυτούς, καὶ διὰ τὴν ὁρμὴν τὴν τῶν ἀφροδισίων ἕκαστος μονούμενος [579b] βόθρους ὀρύττει, καὶ βρωμᾶται ὥσπερ οἱ τράγοι· καὶ τὰ πρόσωπα διὰ τὸ ῥαίνεσθαι μέλανα γίνεται αὐτῶν, ὥσπερ τῶν τράγων. 8 Οὕτω δὲ διάγουσιν, ἕως ἂν ὕδωρ γένηται· μετὰ δὲ ταῦτα τρέπονται πρὸς τὴν νομήν. Ταῦτα δὲ ποιεῖ τὸ ζῷον διὰ τὸ φύσει λάγνον εἶναι καὶ διὰ τὴν παχύτητα· ὑπερβάλλουσα γὰρ γίνεται τοῦ θέρους αὐτῶν, διὸ καὶ οὐ δύνανται θεῖν, ἀλλ´ ἁλίσκονται ὑπὸ τῶν πεζῇ διωκόντων ἐν τῷ δευτέρῳ δρόμῳ καὶ τρίτῳ, καὶ φεύγουσι διὰ τὸ καῦμα καὶ τὸ ἄσθμα εἰς τὸ ὕδωρ. 9 Καθ´ ὃν δὲ χρόνον ὀχεύουσι, τὰ κρέα γίνεται φαῦλα καὶ δυσώδη, καθάπερ καὶ τῶν τράγων. Ἐν μὲν οὖν τῷ χειμῶνι γίνονται λεπτοὶ καὶ ἀσθενεῖς, πρὸς δ´ ἔαρ μάλιστ´ ἀκμάζουσι πρὸς τὸ δραμεῖν. Ἐν δὲ τῷ φεύγειν ἀνάπαυσιν ποιοῦνται τῶν δρόμων, καὶ ὑφιστάμενοι μένουσιν ἕως ἂν πλησίον ἔλθῃ ὁ διώκων· τότε δὲ πάλιν φεύγουσιν. Τοῦτο δὲ δοκοῦσι ποιεῖν διὰ τὸ πονεῖν τὰ ἐντός· τὸ γὰρ ἔντερον ἔχει λεπτὸν καὶ ἀσθενὲς οὕτως ὥστ´ ἐὰν ἠρέμα τις πατάξη, διακόπτεται τοῦ δέρματος ὑγιοῦς ὄντος.
 

 

 

1 La biche est couverte, ainsi qu'on l'a dit plus haut, en essayant le plus souvent de se soustraire; car parfois la femelle ne peut supporter le mâle à cause de sa raideur. Quelquefois cependant, elles se laissent couvrir sans résistance, comme le font les brebis. Quand les biches sont en chaleur, elles s'évitent les unes les autres. 2 Le mâle aime à changer; et il ne reste pas avec une seule femelle ; après très peu de temps d'intervalle, il en recherche et en couvre d'autres. l'accouplement a lieu après le lever de l'Ârcturus, dans les mois de Boédromion et de Maemactérion ; la biche porte huit mois; il faut peu de jours pour qu'elle soit pleine, et un seul mâle couvre plusieurs femelles. 3 En général, la biche n'a qu'un faon; on en a vu pourtant, mais en bien petit nombre, en avoir deux. Elles déposent leurs petits dans le voisinage des chemins, par la crainte qu'elles ont des bêtes fauves. Les faons grandissent très vite. Dans les autres temps, la biche n'a pas de menstrues ; mais après qu'elle a mis bas, il y a une évacuation qui est de la nature du phlegme. 4  Elle a l'habitude de conduire ses faons dans ses stations. On entend par là le lieu qu'elle choisit comme un asyle, où elle peut fuir; c'est d'ordinaire un roc à pic, qui n'est abordable que d'un seul côté, et où elle peut se défendre contre les chasseurs qui la poursuivent.

5 On fait bien des contes sur la prétendue longévité du cerf; mais il n'y a rien de bien clair dans tout ce qu'on débite à ce sujet. La gestation des mères, la croissance des faons n'annoncent pas un animal qui doive vivre bien longtemps. 6  Dans la montagne qu'on appelle Élaphouse, et qui est en Asie, dans L'arginuse, où est mort Alcibiade, toutes les biches ont l'oreille fendue, de telle sorte qu'on les reconnaît sans peine, si elles viennent à changer de lieu. Les petits même dans le ventre de la mère ont déjà ce signe particulier.

7 Les biches ont quatre tettes aussi bien que les vaches. Dès qu'elles sont devenues pleines, les mâles s'en vont à part et restent entre eux. L'ardeur qui les pousse à s'accoupler fait que chacun d'eux, quand il est solitaire, [579b] creuse des trous dans le sol, et brame comme les boucs. Leurs fronts tout souillés de terre sont noirs comme ceux des boucs le sont aussi. 8 Cet état persiste jusqu'à l'époque des pluies; et plus tard, ils retournent à leurs pâturages. La cause de ces transports, c'est que cet animal est très lascif, et qu'il devient très gras et très lourd. Cet embonpoint excessif leur survient en été ; ils ne peuvent plus courir; et ils sont pris même par des chasseurs qui sont à pied, à la seconde ou à la troisième lancée. Us vont se jeter dans l'eau à cause de la chaleur, afin d'y mieux respirer. 9  Au moment de la saillie, leur chair devient mauvaise et d'une odeur repoussante, dans le genre de celle des boucs. En hiver, ils deviennent maigres et faibles ; c'est au printemps qu'ils ont toute leur vigueur à la course. Dans leur fuite, ils font des pauses de temps à autre, et ils s'arrêtenl pour se reposer, jusqu'à ce que le chasseur qui les poursuit soit tout près; alors ils se remettent à fuir. Il est probable qu'ils sont obligés à ces temps d'arrêt, à cause de la souffrance intérieure qu'ils éprouvent. L'intestin du cerf est si mince et si faible que, même en frappant légèrement l'animal, le tissu du dedans se déchire, bien que la peau reste parfaitement intacte.

§ 1. Ainsi qu'on l'a dit plus haut. Voir plus haut, liv. V, ch. ii, § 4, où il a été déjà parlé de la résistance de la biche. Buffon constate la parfaite exactitude de ces détails, tome XIV, p. 368.

De sa raideur. Dans le passage du livre V, il est exprimé précisément que c'est la rigidité de la verge du mâle qui fait mal à la femelle. D'ailleurs, tous les détails donnés ici sur le cerf sont trèe^xacte, bien qu'ils ne soient pas aussi complets qu'on pourrait le désirer.

Elles s'évitent les unes les autres. Je ne crois pas que ce fait ait été contrôlé par la science moderne.

§ 2. Le mâle aime à changer. Il faut voir dans Buffon quelle est la violence du rut dans les cerfs.

Après le lever de L'arcturus. C'est l'étoile qui semble être la queue de la Grande Ourse, comme son nom l'indique; elle est magnifique, de première grandeur, et placée dans la constellation du Bouvier.

Boédromion et de Mésmactérion. Ces deux mois Athéniens répondent à nos mois de septembre, octobre et novembre. Buffon, qui fait allusion à ce passage, se trompe en disant que, selon Aristote, le rut du cerf dure en août et en septembre ; tome XIV, p. 370.

Huit mois. Le fait est exact. Buffon dit : « Huit mois et  quelques jours ».

§ 3. N'a qu'un faon. C'est aussi ce que dit Buffon, loc. cit.; et il ajoute également que les portées de deux sont très rares.

 — Dans le voisinage des chemins. Le texte est aussi vague. L'instinct de la pauvre bête la trompe ; et si aux abords des routes, elle n'a rien à craindre des bétes fauves, elle a également tout à craindre des hommes.

Les faons grandissent très vite. Ceci n'est peut-être pas très exact, si, comme l'assure Buffon, le cerf grandit et grossit jusqu à huit ans. Ce qui est vrai, c'est que, dans la première année, l'accroissement est prompt; mais il se ralentit dès la seconde; Buffon. loc. cit., pp. 373 et 374.

N'a pas de menstrues. La zoologie moderne ne paraît pas s'être occupée de ces détails particuliers.

§ 4. Dans ses stations. Ces détails curieux ne se trouvent qu'ici. Buffon dit simplement que la biche a grand soin de dérober son faon à la poursuite des chiens.

§ 5. On fait bien des contes. L'expression grecque a aussi cette nuance d'ironie. Buffon, loc. cit., p. 384, porte de 35 à 40 ans la durée de la vie du cerf, et il s'appuie dans cette conjecture sur les mêmes données qu'Aristote, la gestation et la croissance.

§ 6. Élaphouse. On voit par l'étymologie que c'était une montagne où l'on allait chasser le cerf.

L'arginuse. J'ai conservé le singulier, qu'a le texte ; d'ordinaire, on dit au pluriel : « les Arginuses ». Ce sont trois petites îles en face de Mytilène, où fut livrée, à la fin de la guerre du Péloponnèse, la rameuse bataille navale de ce nom, en 406 av. J.-C.

Où est mort Alcibiade. Ceci est contraire & l'opinion commune, qui le fait mourir dans un bourg de la Phrygie, assassiné par Pharnabaze, sur l'ordre des Lacédémoniens.

Les biches ont roreille fendue. J'ai laissé le singulier, qui est dans le texte, et qui ferait croire que ces biches n'avaient qu'une seule oreille de fendue. Le fait  n'a point été vérifié par les naturalistes depuis Aristote.

§ 7. L'ardeur qui les pousse... leurs fronts tout souillés de terre. Ce n'est pas l'explication que donne Buffon. Selon lui, les cerfs se frottent violemment la tête sur la terre, pour détacher de leurs bois la peau dont ils sont encore revêtus, au début du printemps. En passant fréquemment ainsi leurs bois sur les arbres, ils teignent leur tête de la couleur que ces arbres peuvent avoir. Ce n'est pas le rut qui les excite; c'est la démangeaison qu'ils ressentent; voir Buffon, tome XIV, p. 367, édit. de 1830. Il paraît du reste que la couleur que prend, à cette époque de l'année,la tête des cerfs est naturelle et spontanée, et ne vient pas de causes extérieures.

Comme ceux des boucs. MM. Aubert et Wimmer mettent entre crochets ce membre de phrase, qui paraît bien en effet ne faire que reproduire en partie ce qui vient d'être dit des boucs.

§ 8. L'époque des pluies. C'est sans doute que la pluie, en rafraîchissant la tète du cerf, apaise la démangeaison.

très gras et très lourd. Buffon remarque que, de juin au mois d'août, les cerfs sont prodigieusement chargés de suif, tome XIV, p. 392.

Ils ne peuvent plus courir. Peut-être, ces détails ont-ils exagérés. Ce sont de simples oui-dire ; et la véracité des chasseurs grecs n'était pas sans doute plus grande que celle des nôtres.

§ 9. Au moment de la saillie. Tout ceci est exact ; et le même fait se représente pour d'autres animaux, et par les mêmes causes ; la viande du taureau est tout autre que la viande du bœuf.

Ils font des pauses. L'observation est très juste, sans que peut-être l'explication du fait le soit autant.

Le tissu du dedans. J'ai ajouté ces derniers mots pour que la pensée fût plus claire.

 

 

CHAPITRE XXVII.

De l'ours; accouplement particulier de cet animal; durée de la gestation; nombre des petits; leur faiblesse en naissant; temps où les ours se cachent; du porc-épic; ses rapports avec l'ours.

1 Αἱ δ´ ἄρκτοι τὴν μὲν ὀχείαν ποιοῦνται, ὥσπερ εἴρηται πρότερον, οὐκ ἀναβαδὸν ἀλλὰ κατακεκλιμέναι ἐπὶ τῆς γῆς. Κύει δ´ ἄρκτος τριάκονθ´ ἡμέρας. Τίκτει δὲ καὶ ἓν καὶ δύο, τὰ δὲ πλεῖστα πέντε. Ἐλάχιστον δὲ τίκτει τὸ ἔμβρυον τῷ μεγέθει ὡς κατὰ τὸ σῶμα τὸ ἑαυτῆς· ἔλαττον μὲν γὰρ γαλῆς τίκτει, μεῖζον δὲ μυός, καὶ ψιλὸν καὶ τυφλόν, καὶ σχεδὸν ἀδιάρθρωτα τὰ σκέλη καὶ τὰ πλεῖστα τῶν μορίων. 2 Τὴν δ´ ὀχείαν ποιεῖται τοῦ μηνὸς τοῦ Ἐλαφηβολιῶνος, τίκτει δὲ περὶ τὴν ὥραν τὴν τοῦ φωλεύειν. Γίνονται μὲν οὖν περὶ τὸν χρόνον τοῦτον καὶ ἡ θήλεια καὶ ἡ ἄρρην πιότατοι· ὅταν δ´ ἐκθρέψῃ, τρίτῳ μηνὶ ἐκφαίνουσιν ἤδη τοῦ ἔαρος.

3 Καὶ ἡ ὕστριξ δὲ φωλεῖ καὶ κύει ἴσας ἡμέρας, καὶ τἆλλα ὡσαύτως τῇ ἄρκτῳ. Κύουσαν δ´ ἄρκτον ἔργον ἐστὶ λαβεῖν.

 

 

 

1 Les femelles des ours reçoivent les mâles ainsi qu'on l'a dit plus haut, non point en les laissant monter sur elles, mais en restant couchées à terre. L'ourse porte trente jours ; elle a un ou deux petits, cinq tout au plus. L'ourson qui natt est très petit en proportion du corps de la mère ; il est moins gros qu'une belette, un peu plus gros qu'un rat; il est sans poil; il ne voit pas clair; ses patles sont à peine formées, non plus que presque tous ses membres. 2 l'accouplement des ours a lieu dans le mois d'Élaphébolion; la femelle met bas vers l'époque où ces animaux se cachent et s'enfouissent. Dans cette saison, la femelle et le mâle deviennent excessivement gras. Quand la femelle a élevé ses petits, ils reparaissent au troisième mois du printemps.

3 La femelle du porc-épic se cache aussi, et porte trente jours tout comme l'ourse, à laquelle elle ressemble encore à d'autres égards. Il est très difficile de prendre une ourse qui soit pleine.

§ 1. Plus haut. Voir livre V, ch. ii, § 4.

Monter sur elles... C'est aussi le mode d'accouplement indiqué dans ce premier passage.

Couchées à terre. Mais néanmoins recevant le mâle sur leur dos. Quelques naturalistes, même modernes, prétendent que la femelle se met sur le dos pour recevoir le mâle, et qu'elle le tient étroitement embrassé. Buffon ne paraît pas accepter le fait, et il assure que les ours s'accouplent à la manière des autres quadrupèdes, tome XV, p. 299, édit. de 1830.

Trente jours. Ceci est absolument inexact, et le texte doit avoir été altéré. MM. Aubert et Wimmer proposent Trente semaines au lieu de Trente jours. Buffon réfute cette assertion d'Aristote par les raisons les plus solides, loc. cit., p. 299. Il ne fixe pas d'ailleurs lui-même le temps de la gestation ; mais il pense qu'elle doit être au moins de quelques mois. Comme les ours captifs se sont accouplés souvent et ont produit, il semble qu'il devrait être assez facile de savoir ce qu'il en est.

Cinq tout au plus. Ceci est très exact.

Une belette. L'identification n'est pas sûre; et le mot grec n'a pas un sens très déterminé. Quelques traducteurs l'ont rendu par le mot de Rat. Je ne crois pas que les oursons soient aussi petits à leur naissance; et j'ai préféré le mot de Belette; la différence dune belette à une ourse est déjà bien forte.

Il ne voit pas clair. Voir Buffon, tome XV, p. 305, édit. de 1830. Les yeux des oursons restent fermés pendant près d'un mois. A sa naissance, l'ourson a huit pouces de long; et trois mois après, il en a déjà quatorze ou quinze.

Ses pattes sont à peine formées. Buffon réfute cette assertion « des Anciens », sans d'ailleurs nommer expressément Aristote; et il explique comment les petits oursons paraissent à leur naissance aussi difformes ; tome XV, p. 298, édit. de 1830.

§ 2. Élaphébolion. Le mois d'Elaphébolion répond à mars et avril. Comme l'ourse met bas en hiver, Buffon, loc. cit., p. 299,il est assez probable qu'elle s'accouple à l'époque indiquée pour Élaphébolion.

L'époque où ces animaux se cachent. Cette époque est l'hiver; voir plus loin, liv. VIII, ch. xix, § 1.

Excessivement gras. Voir sur ce détail, Buffon, tome XV, p. 297, édit. de 1830, et aussi p. 303.

§ 3. La femelle du porc-épic. On serait fort embarrassé pour préciser le sens du mot grec; et l'identification n'est pas du tout certaine; celle que je donne est la plus probable. Voir plus haut, liv. I, ch. vi, § 7.

Trente jours. Voir plus haut, § 1, cette assertion; et en note, la réfutation de cette erreur; bien que répétée ici, elle n'en est pas moins grave. Il se peut qu'il n'y ait là qu'une simple altération dutexte,comme précédemment; mais il n'est pas probable que la gestation du porc-ëpic soit de même longueur que celle de l'ours.

De prendre une ourse qui soit pleine. Lee zoologistes modernes ont confirmé cette observation.

 

 

CHAPITRE XXVIII.

Du lion; son accouplement particulier; conte étrange sur la lionne; rareté des bons; faiblesse des lionceaux; nombre des portées et des petits; crinière et dents du lion; de l'hyène et de son accouplement; erreurs répandues à cet égard; difficulté de prendre des hyènes femelles; du lièvre et de son accouplement ; gestations fréquentes des femelles; leur lait; cécité des petits au moment de la naissance.

1 Λέων δ´ ὅτι μὲν ὀχεύει ὄπισθεν καὶ ἔστιν ὀπισθουρητικόν, εἴρηται πρότερον· ὀχεύει δὲ καὶ τίκτει οὐ πᾶσαν ὥραν, καθ´ ἕκαστον μέντοι τὸν ἐνιαυτόν. Τίκτει μὲν οὖν τοῦ ἔαρος, τίκτει [580a] δ´ ὡς ἐπὶ τὸ πολὺ δύο, τὰ μέντοι πλεῖστα ἕξ· τίκτει δ´ ἐνίοτε καὶ ἕν. 2 Ὁ δὲ λεχθεὶς μῦθος περὶ τοῦ ἐκβάλλειν τὰς ὑστέρας τίκτοντα ληρώδης ἐστί, συνετέθη δ´ ἐκ τοῦ σπανίους εἶναι τοὺς λέοντας, ἀποροῦντος τὴν αἰτίαν τοῦ τὸν μῦθον συνθέντος· σπάνιον γὰρ τὸ γένος τὸ τῶν λεόντων ἐστὶ καὶ οὐκ ἐν πολλῷ γίνεται τόπῳ, ἀλλὰ τῆς Εὐρώπης ἁπάσης ἐν τῷ μεταξὺ τοῦ Ἀχελῴου καὶ τοῦ Νέσσου ποταμοῦ. 3 Τίκτει δὲ καὶ ὁ λέων πάνυ μικρὰ οὕτως ὥστε δίμηνα ὄντα μόλις βαδίζειν. Οἱ δ´ ἐν Συρίᾳ λέοντες τίκτουσι πεντάκις, τὸ πρῶτον πέντε, εἶτ´ ἀεὶ ἑνὶ ἐλάττονα· μετὰ δὲ ταῦτα οὐκέτι οὐδὲν τίκτουσιν, ἀλλ´ ἄγονοι διατελοῦσιν. 4 Οὐκ ἔχει δ´ ἡ λέαινα χαίτην, ἀλλ´ ὁ ἄρρην λέων. Βάλλει δ´ ὁ λέων τῶν ὀδόντων τοὺς κυνόδοντας καλουμένους τέτταρας μόνους, δύο μὲν ἄνωθεν δύο δὲ κάτωθεν· βάλλει δ´ ἑξάμηνος ὢν τὴν ἡλικίαν.

5 Ἡ δ´ ὕαινα τῷ μὲν χρώματι λυκώδης ἐστί, δασυτέρα δέ, καὶ λοφιὰν ἔχει δι´ ὅλης τῆς ῥάχεως· περὶ δὲ τῶν αἰδοίων ὃ λέγεται, ὡς ἔχει ἄρρενος καὶ θηλείας, ψεῦδός ἐστιν. Ἀλλ´ ἔχει τὸ μὲν τοῦ ἄρρενος ὅμοιον τῷ τῶν λύκων καὶ τῶν κυνῶν, τὸ δὲ δοκοῦν θηλείας εἶναι ὑποκάτω μὲν ἔχει τῆς κέρκου, παραπλήσιον δ´ ἐστὶ τῷ σχήματι τῷ τοῦ θήλεος, οὐκ ἔχει μέντοι οὐδένα πόρον· ὑποκάτω δ´ αὐτοῦ ἐστιν ὁ τῆς περιττώσεως πόρος. 6 Ἡ δὲ θήλεια ὕαινα ἔχει μὲν καὶ τὸ ὅμοιον τῷ τῆς θηλείας λεγομένῳ αἰδοίῳ, ἔχει δ´ ὥσπερ ὁ ἄρρην αὐτὸ ὑποκάτω τῆς κέρκου, πόρον δ´ οὐδένα ἔχει· μετὰ δὲ τοῦτο ὁ τῆς περιττώσεώς ἐστι πόρος, ὑποκάτω δὲ τούτου τὸ ἀληθινὸν αἰδοῖον. Ἔχει δ´ ἡ ὕαινα ἡ θήλεια καὶ ὑστέραν, ὥσπερ καὶ τὰ ἄλλα ζῷα τὰ θήλεα, ὅσα ἐστὶ τοιαῦτα. Σπάνιον δ´ ἐστὶ λαβεῖν θήλειαν ὕαιναν· ἐν ἕνδεκα γοῦν κυνηγός τις μίαν ἔφη λαβεῖν.

7 Οἱ δὲ δασύποδες ὀχεύονται μὲν συνιόντες ὄπισθεν, ὥσπερ εἴρηται πρότερον (ἔστι γὰρ ὀπισθουρητικόν), ὀχεύονται δὲ καὶ τίκτουσι πᾶσαν ὥραν, καὶ ἐπικυΐσκονται ὅταν κύωσι, καὶ τίκτουσι κατὰ μῆνα. Τίκτουσι δ´ οὐκ ἀθρόα, ἀλλὰ διαλείπουσιν ἡμέρας ὅσας ἂν τύχωσιν. [580b] 8 Ἴσχει δ´ ἡ θήλεια γάλα πρότερον ἢ τεκεῖν, καὶ τεκοῦσα εὐθὺς ὀχεύεται, καὶ συλλαμβάνει ἔτι θηλαζομένη· τὸ δὲ γάλα παχύτητι ὅμοιόν ἐστι τῷ ὑείῳ. Τίκτει δὲ τυφλά, ὥσπερ τὰ πολλὰ τῶν πολυσχιδῶν.

1 On a dît plus haut que le lion s'accouplait par derrière, et qu'il urinait par derrière aussi. Il ne couvre pas, et la femelle ne produit pas, en toute saison; cependant, c'est chaque année, et c'est au printemps que la lionne met bas. [580a] Le plus souvent, elle n'a que deux lionceaux ; le plus qu'elle en a, c'est six; parfois, elle n'en a qu'un seul. 2 On dit que la lionne, en mettant bas, perdait sa matrice ; c'est là un conte puéril, quoique souvent répété. Il est venu de ce que les lions étant rares, celui qui a imaginé cette rêverie n'avait aucune idée des choses. L'espèce des lions est en effet très rare ; elle ne se trouve pas en beaucoup de pays ; et dans toute l'Europe, il n'y en a qu'entre L'achélous et le Nessus. 3 Les petits lionceaux naissent si faibles que c'est à peine si, à deux mois, ils peuvent marcher. En Syrie, les lionnes portent cinq fois. La première portée est de cinq, et ensuite les autres portées diminuent d'un successivement ; à la fin, les lionnes ne portent plus, et elles finissent par être stériles. 4 La lionne n'a pas de crinière; le lion seul en a une. Le lion ne perd de ses dents que les quatre qu'on appelle canines, deux en haut, deux en bas. C'est à six mois qu'il les perd.

5 L'hyène a une couleur qui se rapproche de celle du loup; mais elle est plus velue, et elle a une crinière tout le long du rachis. Ce qu'on dit de ses parties génitales qui seraient à la fois celles du mâle et de la femelle, est parfaitement faux. La verge du mâle ressemble à celle des loups et des chiens ; et ce qu'on prend pour une vulve de femelle est placé au-dessous de la queue, assez semblable à une vulve de femelle par sa forme, mais sans la moindre ouverture. Au-dessous de ce prétendu organe, se trouve l'issue pour les excréments. 6 L'hyène femelle a également cette  marque qui rappelle la vulve d'une femelle ; elle l'a bien aussi sous la queue, mais il n'y a non plus aucune ouverture. Après cette marque, vient l'ouverture pour les excrétions; et au-dessous de cette ouverture, la véritable vulve. L'hyène femelle a également une matrice, comme toutes les femelles des espèces organisées de cette façon. On prend d'ailleurs très rarement des hyènes femelles ; sur onze hyènes prises par un chasseur, il ne se trouvait qu'une seule femelle.

7 Les lièvres s'accouplent par derrière, comme on l'a déjà dit; le lièvre est un des animaux qui urinent par derrière. Ils couvrent, et les femelles sont couvertes, en tous temps ; les femelles déjà pleines se laissent couvrir de nouveau ; elles produisent tous les mois ; elles n'ont pas tous leurs petits à la fois, mais irrégulièrement, à quelques jours d'intervalle. [580b]   8 La femelle a du lait avant de mettre bas; aussitôt qu'elle est délivrée, eue se laisse couvrir, et elle reçoit le mâle, bien que les petits la tettent encore. Pour l'épaisseur, son lait est tout près de celui de la truie. Les petits du lièvre naissent aveugles, comme ceux de presque tous les animaux qui ont des pieds fendus.

§ 1. On a dit plus haut. Voir liv. V, ch. ii, § 2.

Le lion s'accouplait par derrière. C'est une erreur; et il est constaté que les lions s'accouplent comme tous les autres quadrupèdes. Voir Buffon, tome XVI, p. 22, édit. de 1830, qui réfute cette opinion des Anciens.

La lionne met bas. On ne sait pas au juste quelle est la durée de la gestation ; et il est à remarquer qu'on ne l'a pas observée exactement sur les lions captifs.

Deux lionceaux... Voir Buffon, t. XVI, p. 21.

§ 2. On dit.... Ceci fait allusion à Hérodote, qui avance en effet cette assertion, liv. III, ch. CVIII, p. 168, édit. Firmin-Didot. Il semble que l'historien n'a fait à cet égard que répéter ce que les Arabes lui avaient dit.

L'achélous et le Nessus. L'achélous prend sa source dans le Pinde; et coulant du Nord-Ouest vers le Sud-Est, il se jette dans L'adriatique, presque en face d'Ithaque. Quant au Nessus, il serait difficile de dire quel est ce fleuve; L'achélous est aujourd'hui L'aspropotamo. Aristote répète un peu plus loin, liv. VIII, ch. xxvii,§S 9, ce qu'il dit ici des lions. Malgré cette double assertion, on a peine à croire que le climat de la Grèce ait jamais pu donner asyle à des lions, surtout dans la partie montagneuse où coule L'achélous. Il est vrai que la mythologie a consacré le lion de Némée en Argolide; mais la mythologie n'est pas la science. Cependant Buffon croit que les lions peuvent vivre dans des climats tempérés, tome XVI, p. 19, édit. de 1830. Il ajoute, sans citer de source, que du temps d'Aristote, il y en avait encore en Thrace, en Macédoine, et en Thessalie. On peut appuyer cette opinion sur un témoignage plus ancien encore que celui d'Aristote, celui de Xénophon. Dans son Traité de la chasse, ch. xi, p. 758, édit. Firmin - Didot, il parle de lions et autres animaux féroces,au nord delà Macédoine, sur le Pangée et le Pinde.

§ 3. Les petits lionceaux... Buffon dit seulement que les lionceaux ne sont gros en naissant que comme une belette, de six ou sept pouces de longueur, loc. cit., p. 20.

Portent cinq fois... Buffon réfute tout ce passage d'Aristote, et il donne de très fortes raisons, tome XVI, p. 21, contre ce qu'il appelle les petites erreurs d'un grand homme.

§ 4. Le lion ne perd de ses dents... La science moderne ne semble pas avoir fait d'observations spéciales, bien qu'elles doivent être assez faciles sur les lions qui naissent dans nos ménageries.

S 5. L'hyène. Quelques éditeurs et traducteurs ont fait ici un chapitre nouveau pour un sujet nouveau; j'ai cru devoir suivre la division ordinaire,quoi-qu'il soit assez singulier de traiter dans un même chapitre du lion, de l'hyène et du lièvre. Il faut du reste dire l'hyène, et non la hyène, quoique l'aspiration fût justifiée par l'esprit rude du mot grec,dont le nôtre n'est que la reproduction.

Se rapproche.... du loup. C'est une ressemblance qu'ont signalée tous les naturalistes. D'autres la rapprochent du chien : « Canis Hyœna »..

Est parfaitement faux. Cette erreur s'est perpétuée ; et Buffon a cru devoir encore la réfuter, tome XVI, p. 114, édit. de 1830.

Ce qu'on prend pour une vulve.... C'est une ouverture non pénétrante, que le mâle a aussi bien que la femelle, indépendamment des parties de la génération.

Sans la moindre ouverture. Il faut ajouter: « A l'intérieur ».

S 6. L'hyène femelle... Suite de la réfutation de cette erreur populahre, à laquelle le naturaliste grec ne s'est pas laissé prendre.

Il ne se trouvait qu'une seule femelle. Cette preuve n'est peut-être pas suffisante, puisque ce peut être un fait isolé.

§ 7. Les lièvres... Ici encore plusieurs éditeurs ont fait un chapitre spécial.

Comme on l'a déjà dit. Voir plus haut, liv. V, ch. ii, § 2, et aussi, liv. il, ch. iii, § 1. Les lièvres s'accouplent comme tous les autres quadrupèdes, le mâle montant sur la femelle.

En tous temps. Ceci ne paraît pas très exact ; il y a trois ou quatre mois de l'année où le lièvre ne s'accouple pas; il cesse de s'accoupler vers septembre. Buffon dit : « En tous temps », comme Aristote, t. XIV, p. 426, édit. de 1830. Il est aussi d'accord avec lui sur presque tous les autres points. Voir en outre Xénophon, Traité de la chasse, ch. i, p. 746, 13, édit. Firmin-Didot.

§ 8. Pour l'épaisseur, son lait.... Il ne paraît pas que les Modernes aient fait des observations de ce genre.

Naissent aveugles. Buffon dit au contraire que les petite du lièvre ont les yeux ouverte en naissant, tome XIV, p. 428, édit. de 1830. Il y a des manuscrits qui donnent ici une négation ; et alors Aristote ne se serait pas trompé, en disant que les petits levrauts ne naissent pas aveugles, bien que le lièvre soit un animal à pieds fendus.
 

 

 

CHAPITRE XXIX.

Du renard; ruses et soins de la femelle quand elle met bas; nombre de ses petits; de la louve; ses rapports avec la chienne; ses petits naissent aveugles aussi; fable sur les louves accompagnant Latone à Délos; les chats et les ichneumons; la panthère; le chacal; race particulière de mulets en Syrie; leur aspect; Us se reproduisent; preuve de ce fait.

1 Ἡ δ´ ἀλώπηξ ὀχεύει μὲν ἀναβαίνουσα, τίκτει δ´ ὥσπερ ἡ ἄρκτος, καὶ ἔτι μᾶλλον ἀδιάρθρωτον. Ὅταν δὲ μέλλῃ τίκτειν, ἐκτοπίζει οὕτως ὥστε σπάνιον εἶναι τὸ ληφθῆναι κύουσαν. Ὅταν δ´ ἐκτέκῃ, τῇ γλώττῃ λείχουσα ἐκθερμαίνει καὶ συμπέττει. Τίκτει δὲ τέτταρα τὰ πλεῖστα.
 

2 Λύκος δὲ κύει μὲν καὶ τίκτει καθάπερ κύων τῷ χρόνῳ καὶ τῷ πλήθει τῶν γινομένων, καὶ τυφλὰ τίκτει ὥσπερ κύων· ὀχεύει δὲ καὶ ὀχεύεται κατὰ μίαν ὥραν, καὶ τίκτει ἀρχομένου τοῦ θέρους. 3 Λέγεται δέ τις περὶ τοῦ τόκου λόγος πρὸς μῦθον συνάπτων· φασὶ γὰρ πάντας τοὺς λύκους ἐν δώδεχ´ ἡμέραις τοῦ ἐνιαυτοῦ τίκτειν. Τούτου δὲ τὴν αἰτίαν ἐν μύθῳ λέγουσιν, ὅτι ἐν τοσαύταις ἡμέραις τὴν Λητὼ παρεκόμισαν ἐξ Ὑπερβορέων εἰς Δῆλον, λύκαιναν φαινομένην διὰ τὸν τῆς Ἥρας φόβον. Εἰ δ´ ἐστὶν ὁ χρόνος οὗτος τῆς κυήσεως ἢ μή ἐστιν, οὐδέν πω συνῶπται μέχρι γε τοῦ νῦν, ἀλλ´ ἢ ὅτι λέγεται μόνον. Οὐκ ἀληθὲς δὲ φαίνεται ὂν οὐδὲ τὸ λεγόμενον ὡς ἅπαξ ἐν τῷ βίῳ τίκτουσιν οἱ λύκοι.

4 Οἱ δ´ αἴλουροι καὶ οἱ ἰχνεύμονες τίκτουσιν ὅσαπερ καὶ οἱ κύνες, καὶ τρέφονται τοῖς αὐτοῖς· ζῶσι δὲ περὶ ἔτη ἕξ· καὶ ὁ πανθὴρ δὲ τίκτει τυφλὰ ὥσπερ λύκος, τίκτει δὲ τὰ πλεῖστα τέτταρα. Καὶ οἱ θῶες δ´ ὁμοίως κυΐσκονται τοῖς κυσί, καὶ τίκτουσι τυφλά· τίκτουσι δὲ καὶ δύο καὶ τρία καὶ τέτταρα τὸν ἀριθμόν. Ἔστι δὲ τὴν ἰδέαν ἐπ´ οὐρὰν μὲν μακρός, τὸ δ´ ὕψος βραχύτερος. Ὁμοίως δὲ ταχυτῆτι διαφέρει, καίπερ τῶν σκελῶν ὄντων βραχέων, διὰ τὸ ὑγρὸς εἶναι, καὶ πηδᾷ πόρρω.

[581a 5 Εἰσὶ δ´ ἐν Συρίᾳ οἱ καλούμενοι ἡμίονοι, ἕτερον γένος τῶν ἐκ συνδυασμοῦ γινομένων ἵππου καὶ ὄνου, ὅμοιοι δὲ τὴν ὄψιν, ὥσπερ καὶ οἱ ἄγριοι ὄνοι πρὸς τοὺς ἡμέρους, ἀπό τινος ὁμοιότητος λεχθέντες. Εἰσὶ δ´ ὥσπερ οἱ ὄνοι οἱ ἄγριοι καὶ αἱ ἡμίονοι, τὴν ταχυτῆτα διαφέροντες. Αὗται αἱ ἡμίονοι γεννῶσιν ἐξ ἀλλήλων. Σημεῖον δέ· ἦλθον γάρ τινες εἰς Φρυγίαν ἐπὶ Φαρνάκου τοῦ Φαρναβάζου πατρός, καὶ διαμένουσιν ἔτι. Εἰσὶ δὲ νῦν μὲν τρεῖς, τὸ παλαιὸν δ´ ἐννέα ἦσαν, ὡς φασίν.

 

 

1 La femelle du renard est couverte par le mâle, montant sur elle. Ses petits ne voient pas en naissant, non plus que ceux de l'ourse, et ils sont encore plus difformes. Quand la femelle est près de mettre bas, elle change si bien de place, qu'il est très rare d'en prendre une qui soit pleine. Une fois qu'elle a mis bas, elle réchauffe ses petits en les léchant avec sa langue, et elle les forme. Elle en a tout au plus quatre.

2 La louve porte et produit tout à fait comme la chienne, pour le temps de la gestation, et pour le nombre des petits. Comme les petits de la chienne, les siens non plus ne voient pas clair en naissant. Le mâle et la femelle n'ont qu'une saison pour s'accoupler; et la femelle met bas au début de l'été. 3 On débite sur la génération du loup un dicton qui ressemble bien à une fable. On prétend que toutes les louves, sans exception, mettent bas, chaque année, dans l'espace de douze jours. L'explication mythologique qu'on en donne, c'est que, dans un même nombre de jours, elles accompagnèrent Latone, du pays des Hyperboréensà Délos, quand elle se transforma en louve par crainte de Junon. Si c'est bien là, ou si ce n'est pas là réellement la durée de la gestation, on n'a pas pu le vérifier jusqu'à ce jour ; c'est une simple assertion. Maiâ il ne semble pas qu'elle soit exacte, pas plus qu'il n'est vrai que la louve ne mette bas qu'une seule fois dans sa vie.

4 Les chats et les ichneumons font autant de petits que les chiens, et leur nourriture est la même. Ils vivent six ans environ. La panthère a des petits qui sont aveugles en naissant, comme en a le loup; elle en produit quatre tout au plus. Les chacals-femelles deviennent pleines comme les chiennes ; et elles ont des petits qui sont aveugles; elles en ont deux, trois ou quatre. Le chacal a le cou allongé vers la queue; mais il est moins haut quand elle se transforma en louve par crainte de Junon. Si c'est bien là, ou si ce n'est pas là réellement la durée de la gestation, on n'a pas pu le vérifier jusqu'à ce jour ; c'est une simple assertion. Maiâ il ne semble pas qu'elle soit exacte, pas plus qu'il n'est vrai que la louve ne mette bas qu'une seule fois dans sa vie.

[581a] 5 On trouve en Syrie des animaux qu'on appelle des mulets, qui sont d'une autre espèce que celle des mulets issus de l'accouplement du cheval et de l'âne. Leur aspect est pareil, comme celui des ânes sauvages qu'on désigne par ce nom, à cause d'une certaine ressemblance qu'ils ont avec les ânes domestiques. Ces mulets ont, ainsi que les ânes sauvages, une vitesse supérieure ; ils se reproduisent entre eux. Ce qui le montre bien, c'est qu'on en amena quelques-uns en Syrie, du temps de Pharnace, père de Pharnabaze, et que la race y subsiste toujours. Aujourd'hui, il y en a encore trois ; mais jadis ils étaient, dit-on, au nombre de neuf.

§ 1. La femelle du renard. Comme, en grec, le mot qui désigne le renard, mêle et femelle, est du féminin, il y a ici, dans quelques manuscrits, des variantes sans importance, et alors il faudrait traduire : « Le renard couvre la femelle en montant sur elle ».

Que ceux de l'ourse. Il y a quelque doute sur cette leçon. D'ailleurs, il est certain que les petits renards naissent les yeux fermés; Buffon, t. XV, p. 60, édit. de 1830.

Ils sont encore plus difformes. Voir plus haut, ch. xxvii, § 1, et la note où cette erreur est réfutée.

Elle réchauffe ses petits. Buffon, loc. cit., atteste aussi les soins particuliers que la femelle du renard prend de ses petits.

§ 2. La louve.... comme la chienne. Buffon a fait un long parallèle de la louve et de la chienne, pour montrer leurs ressemblances et leurs différences; Buffon, loc. cit.

Ne voient pas clair en naissant. Voir Buffon, tome XV, p. 44, édit. de 1830.

Au début de l'été. Ceci est exact ; l'accouplement a lieu en hiver ; et le temps de la gestation est de trois mois et demi. On trouve des louveteaux nouveau-nés d'avril à juillet.

§ 3. On débite. Il y a cette nuance de dédain dans le grec

-- Dans l'espace de doute jours. On vient de voir que c'est tout-à-fait inexact.

Latone.... se transforma en louve. Cette légende est une des plue étranges de toute la mythologie grecque.

Une seule fois dans sa vie. C'est en effet une erreur.

§ 4. Les chats et les ichneumons. Comme dans les chapitres précédents, les descriptions d'animaux fort différents se succèdent, sans avoir entre elles aucun lien.

Les ichneumons. Ce nom a été conservé par la science moderne à un petit quadrupède d'Egypte, « l'Herpestes Ichneumon », qui se nourrit surtout des œufs de serpent et de lézard; voir la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 1077.

 — Leur nourriture est la même. MM. Aubert et Wimmer pensent avec raison que le texte doit être altéré dans ce passage, où il ne peut être question de nourriture.

 — La panthère. C'est la reproduction du nom grec; mais on a cru parfois que ce mot désignait aussi le Léopard.

Les chacals-femelles. Le mot grec est Thôs, et bien des traducteurs n'ont fait que le reproduire. Ce que dit ici Aristote semble s'appliquer plutôt à la civette qu'au chacal. Dans le doute, il vaudrait peut-être mieux suivre l'exemple des autres, et garder le mot de Thôs, tout obscur qu'il est

Allongé. MM. Aubert et Wimmer voudraient dire : « Plus allongé », afln que cette partie de la phrase fût plus en rapport avec ce qui suit.

Cependant. J'ai adopté la correction proposée par MM. Aubert et Wimmer.

§ 5. Des mulets. Il est évident, d'après les détails même que donne Aristote, que ce ne sont pas des mulets, dans le sens habituel de ce mot, mais des hémiones, des Zèbres, et des Onagres.

Ils se reproduisent entre eux. Ce que des mulets ordinaires ne peuvent faire.

 - Pharnabaze. C'est sans doute le satrape par l'ordre de qui Alcibiade fut tué, vers la fin de la guerre du Péloponnèse, 404 av. J.-C Son père, Pharnace, avait dû envoyer ces zèbres vingt-cinq ou trente ans plus tôt ; mais on ne nous dit pas dans quelle ville il les avait envoyés. Aristote semble avoir vu encore les trois qui restaient; où les a-t-il vus? Il est à regretter qu'il ne l'ait pas dit.

 

 

CHAPITRE XXX.

Des rats; leur reproduction extraordinaire; ravages qu'ils font dans les champs; observations des agriculteurs; leur disparition non moins prompte; animaux qui les chassent, outre la guerre que leur font les hommes; la pluie seule les fait disparaître; rats de Perse; rats d'Egypte; rats qui marchent sur leurs pattes de derrière; espèces de rats très nombreuses.

1 Ἡ δὲ τῶν μυῶν γένεσις θαυμασιωτάτη παρὰ τἆλλα ζῷά ἐστι τῷ πλήθει καὶ τῷ τάχει. Ἤδη γάρ ποτε ἐναποληφθείσης τῆς θηλείας κυούσης ἐν ἀγγείῳ κέγχρου, μετ´ ὀλίγον ἀνοιχθέντος τοῦ ἀγγείου ἐφάνησαν ἑκατὸν καὶ εἴκοσι μύες τὸν ἀριθμόν. Ἀπορεῖται δὲ καὶ ἡ τῶν ἐπιπολαζόντων γένεσις μυῶν ἐν ταῖς χώραις καὶ ἡ φθορά· 2 πολλαχοῦ γὰρ εἴωθε γίνεσθαι πλῆθος ἀμύθητον τῶν ἀρουραίων, ὥστ´ ὀλίγον λείπεσθαι τοῦ σίτου παντός. Γίνεται δ´ οὕτω ταχεῖα ἡ φορά, ὥστ´ ἔνιοι τῶν μὴ μεγάλας γεωργίας ἐργαζομένων, τῇ προτεραίᾳ ἰδόντες ὅτι θερίζειν ὥρα, τῇ ὑστεραίᾳ ἕωθεν ἄγοντες τοὺς θεριστὰς καταβεβρωμένα ἅπαντα καταλαμβάνουσιν. 3 Ὁ δ´ ἀφανισμὸς οὐ κατὰ λόγον ἀποβαίνει· ἐν ὀλίγαις γὰρ ἡμέραις ἀφανεῖς πάμπαν γίνονται· καίτοι ἐν τοῖς ἔμπροσθεν χρόνοις οὐ κρατοῦσιν οἱ ἄνθρωποι ἀποθυμιῶντες καὶ ἀνορύττοντες, ἔτι δὲ θηρεύοντες καὶ τὰς ὗς ἐμβάλλοντες· αὗται γὰρ ἀνορύττουσι τὰς μυωπίας. Θηρεύουσι δὲ καὶ αἱ ἀλώπεκες αὐτούς, καὶ αἱ γαλαῖ αἱ ἄγριαι μάλιστα ἀναιροῦσιν, ὅταν ἐπιγένωνται· ἀλλ´ οὐ κρατοῦσι τῆς πολυγονίας καὶ τῆς ταχυγονίας, οὐδ´ ἄλλ´ οὐδὲν πλὴν οἱ ὄμβροι, ὅταν ἐπιγένωνται· τότε δ´ ἀφανίζονται ταχέως. 4 Τῆς δὲ Περσικῆς ἔν τινι τόπῳ ἀνασχιζομένης τῆς θηλείας τῶν ἐμβρύων τὰ θήλεα κύοντα φαίνεται. Φασὶ δέ τινες καὶ ἰσχυρίζονται ὅτι ἂν ἅλα λείχωσιν, ἄνευ ὀχείας γίνεσθαι ἐγκύους.
[581b] 5 Οἱ δ´ ἐν Αἰγύπτῳ μύες σκληρὰν ἔχουσι τὴν τρίχα ὥσπερ οἱ χερσαῖοι ἐχῖνοι. Εἰσὶ δὲ καὶ ἕτεροι οἳ βαδίζουσιν ἐπὶ τοῖς δυσὶ ποσίν· τὰ γὰρ πρόσθια μικρὰ ἔχουσι, τὰ δ´ ὀπίσθια μεγάλα· γίνονται δὲ πλήθει πολλοί. Ἔστι δὲ καὶ ἄλλα γένη μυῶν πολλά.

 

 

1 La multiplicité des rats et la promptitude avec laquelle ils se reproduisent, sont vraiment étonnantes, entre tout le reste des animaux. Une femelle pleine avait été laissée par hasard dans un tonneau de millet; et peu de temps après, on trouva un nombre de cent vingt rats quand on ouvrit le tonneau. On ne peut pas se faire une idée de la reproduction des rats qui parcourent les champs, et du ravage qu'ils y causent. 2 Dans bien des localités, la quantité de rats des champs est si prodigieuse qu'il ne reste pour ainsi dire rien de tout le blé qu'on y récolte. La destruction qu'ils produisent est incroyablement rapide; et l'on a vu des cultivateurs de domaines peu étendus qui, jugeant la veille qu'il était temps de moissonner, ont trouvé le lendemain que tout était dévoré, lorsque, de grand matin, ils ont amené les moissonneurs.3 La disparition des rats ne se comprend guère davantage. En quelques jours, il n'en reste plus un seul ; ils deviennent invisibles, tandis que, peu de jours auparavant, on ne savait comment s'en défaire, en enfumant leurs trous, en les bouleversant, en les chassant, et en lâchant des porcs, qui fouillent leurs nids. Les renards les chassent aussi, sans parler des belettes sauvages, qui les détruisent encore plus ; mais rien ne peut triompher de leur fécondité et de la rapidité avec laquelle ils se reproduisent. Il n'y a que les pluies qui puissent en avoir raison, quand elles surviennent; et alors, ils disparaissent non moins vite. 4 On prétend que, dans la Perse, il y a une contrée où, quand on ouvre une femelle, on trouve que les petites femelles embryonnaires sont déjà pleines. On dit aussi, et l'on affirme sérieusement, qu'il suffit aux femelles de lécher du sel pour devenir pleines sans accouplement. [581b 5 En Egypte, les rats ont le poil si dur qu'on le prendrait pour les piquants du hérisson de terre. Il y a encore d'autres rats qui marchent sur deux pieds, parce qu'ils ont les parties antérieures du corps très petites, et que celles de derrière sont fort grandes. Ces rats pullulent aussi beaucoup. Il y a, d'ailleurs, bien d'autres espèces de rats en grand nombre.

§ 1. La multiplicité... la promptitude. Ces observations sont très exactes.

Entre tout le reste des animaux. Ceci doit être restreint aux quadrupèdes.

Une femelle pleine... Buffon a répété ce fait, sans le contredire, ou le révoquer en doute, tome XV, p. 148, édit. de 1830.

Quand on ouvrit le tonneau. Il aurait fallu s'assurer aussi que le tonneau avait été toujours tenu bien fermé.

Et du ravage qu'ils y causent. Il n'y a guère d'année où, sur un point ou un autre de l'Europe, on ne puisse avoir à élever les mêmes plaintes.

§ 2. Bien de tout le blé qu'on y récolte. Buffon fait des remarques analogues, loc. cit.

De domaines peu étendus. Où l'on peut constater le dégât plus aisément, parce qu'il est proportionnellement encore plus grave.

§ 3. La disparition. Ce fait de la disparition n'est pas moins certain que celui de l'apparition soudaine.

Les détruisent encore plus. Après ces mots, quelques manuscrits ajoutent : « Quand elles surviennent ». La plupart des éditeurs ont retranché ces mots ; je les retranche aussi, parce que les mêmes mots se retrouvent un peu plus bas en parlant des pluies, et que c'est sans doute une négligence de copiste qui les a fait répéter ici.

Les pluies. Buffon, qui discute ce passage, tome XV, p. 145, ne croit pas que ce soit la pluie qui fasse disparaître les rats, parce que leurs nids sont toujours tressées.

§ 4. On prétend que, dans la Perse... Aristote ne fait que rapporter un On-dit, et il ne paraît pas lui-même y croire ; il a bien raison.

De lécher du sel. Rien ne prouve qu'il y ait le moindre fondement à cette étrange assertion. Un manuscrit de Florence semble offrir une variante d'après laquelle les rates seraient fécondes, rien qu'en se léchant mutuellement. Ce second mode de fécondation n'est pas plus admissible que l'autre. Pline les reproduit tous les deux, liv. X,ch. LXXIV, p. 421, édit. et trad. Littré. Pline ne fait guère que répéter presque tout ce chapitre.

§ 5. En Egypte, les rats ont le poil si dur. Le fait semble être exact; MM. Aubert et Wimmer citent deux espèces de rats qui, en Egypte, ont des piquants, dans le genre des hérissons.

Qui marchent sur deux pieds. Sans doute, il s'agit ici, soit de la marmotte, soit de l'écureuil, soit de la sarigue.

Bien d'autres espèces. Buffon fait encore la même remarque, tome XV, p. 144, édit. de 1830.