PLAIDOYER SUR LA SUCCESSION DE PYRRHOS
Le frère d'Endios contre Nicodème
ACTION EN FAUX TÉMOIGNAGE
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ARGUMENT
Pyrrhos est mort laissant un testament par lequel il adoptait Endios, un des deux fils de sa sœur. Endios obtint l'envoi en possession sans contradicteur (§ 43) et meurt à son tour plus de vingt ans après. Un an se passe encore. A ce moment une femme appelée Philé assistée de son époux Xénoclès avec qui elle est mariée depuis huit ans (§ 3) se présente et dit : « Je suis fille légitime de Pyrrhos. Dès lors Endios ne pouvait pas être valablement adopté. C'est donc à moi qu'appartient la succession de Pyrrhos. Xénoclès demande en conséquence que sa femme soit envoyée en possession. Mais cette demande est contestée par la mère d'Endios, sœur de Pyrrhos, laquelle réclame la succession de Pyrrhos en qualité de sœur. Quant à la succession d'Endios qui était décédé sans enfants, on ne sait pas par qui elle avait été recueillie. Sa mère n'y avait aucun droit, et son frère s'était trouvé éliminé par l'effet de l'addiction qui avait fait d'Endios le fils de Pyrrhos. A vrai dire il n'y avait pas de succession d'Endios puisqu'elle ne comprenait que les biens laissés par Pyrrhos. Xénoclès a prétendu se mettre en possession par ἐμβάτευσις, en vetrtu de la saisine légale, de l'héritage de Pyrrhos, et notemment d'une mine à Bésa (§ 22). Il a été repoussé par εἰσαγωγή. C'est alors qu'il a intenté contre la sœur de Pyrrhos la procédure appelée διαμαρτυρία ou protestation, soutenant que sa femme Philé étant fille légitime, ayant la ???le légale, il n'y avait pas lieu à adjudication de la succession μὴ ἐπιδίκον εἶναι τὸν κλῆρον. A l'appui de cette protestation il a produit deux témoins, lui-même, d'abord, et ensuite Nicodème, oncle maternel de Philé. L'un et l'autre ont juré que Philé est bien fille légitime, sa mère ayant été également donnée en mariage à son père Pyrrhos.
Pour écarter cette διαμαρτυρία, le frère d'Endios, au nom de sa mère, la sœur de Pyrrhos, a formé une demande incidante en faux témoignage contre Xénoclès et l'a fait condamner comme faux témoin. Cette condamnation est un autre préjugé contre Philé, car il en résulte implicitement que Philé n'est pas fille légitime. Toutefois elle n'a pas force de chose jugée sur ce point, tant que l'autre témoignage, celui de Nicodème, n'a pas été reconnu faux.
Pourquoi l'action en faux témoignage n'a-t-elle pas été poursuivie simultanément contre les deux témoins? C'est que la procédure athénienne s'y oppose. Elle ne permet pas de comprendre dans une même poursuite deux défendeurs ayant chacun un intérêt distinct. Il faut donc autant d'actions distinctes qu'il y a eu de témoins produits. C'est pourquoi le frère d'Endios, après avoir poursuivi et fait condamner Xénoclès, se voit dans la nécessité de poursuivre Nicodème pour le faire aussi condamner. C'est seulement après cette seconde condamnation que la demande de Philé sera écartée de la chose jugée. La διαμαρτυρία n'aura plus de base légale. L'unique question soumise aux juges est une question de part. La sœur de Nicodème, la mère de Philé était-elle femme légitime de Pyrrhos? Par suite, Philé est-elle née dans le mariage ou hors mariage? Dans ce dernier cas elle ne 38 peut être héritière et Nicadème doit être faux témoin.
La sœur de Nicodème était une courtisane. De nombreux témoins l'ont affirmé. On n'épouse pas de pareilles femmes.
Le mariage a-t-il eu lieu? Les témoins auraient été du coté de Nicodème Pyrétidès, et du côté de Pyrrhos ses trois oncles, Lysimène, Chéron et Pylade. Or, Pyrétidès cité comme témoin n'a pas comparu. On rapporte seulement sa déposition recueillie hors du tribunal par deux témoins, et désavouée par lui. Quant aux trois oncles de Pyrrhos, il est invraisemblable qu'ils aient assisté à ce prétendu mariage qui aurait eu lieu sans dot constituée. Or, pas de dot pas de mariage, surtout dans les unions de ce genre où les divorces sont fréquents et où la femme n'a d'autre garantie que sa dot.
Ils déclarent qu'ils ont assisté à la cérémonie par laquelle Pyrrhos a reconnu l'enfant et lui a donné un nom. Mais selon eux ce nom serait Clitarète. Alors comment porte-t-elle le nom de Philé, dans la demande présentée pour elle par son mari Xénoclès?
Passons maintenant au témoignage de Nicodème. Comment aurait-il marié sa sœur sans dot? Le fait est donc invraisemblable. Lui-même est suspect, car il a été poursuivi pour usurpation du titre de citoyen et peu s'en est fallu qu'il ne fût condamné.
Si Philé était fille légitime pourquoi Nicodème n'a-t-il pas fait valoir les droits de cette fille au décès de Pyrrhos? Pourquoi n'a-t-elle pas pris possession? Pourquoi a-t-elle permis à Endios de se faire envoyer en possession?
Si Philé était fille légitime, elle était par là même épiclère. Comment n'a-t-on pas fait valoir ses droits d'épiclère? Au lieu de cela on a laissé Endios la marier en lui donnanl mille drachmes de dot, ce qu'on donne aux enfants illégitimes.
Reste Xénoelès, le mari de Philé. Le reproche adressé à Nicodème s'adresse aussi à Xénoclès. Si Philé est légitime. si elle est épiclère, pourquoi ne l'a-t-on pas mise en pos- 39 session? pourquoi a-t-on permis à Endios de la traiter en sœur illégitime?
Dira-t-on qu'on était dans l'ignorance du vice de l'adoption d'Endios? (Peut-être l'avait-on crue antérieure à la naissance de Philé). Mais on n'ignorait rien, car à un certain moment Xénoclès a plaidé la nullité de l'adoption, quand il a agi en faux témoignage contre les témoins de relie adoption.
Enfin voyez la conduite de Pyrrhos. Il n'a déclaré à la phratrie ni son mariage ni la naissance de sa fille. Il a adopté Endios qui était son plus proche parent. Le fait de l'adoption est prouvé par témoins. Tout cela est régulier.
Nicodème a donc fait un faux témoignage,
Philé n'est donc pas fille légitime et n'a aucun droit à la succession de
Pyrrhos.
[1] Ἄνδρες
δικασταί, ὁ ἀδελφὸς τῆς μητρὸς τῆς ἐμῆς Πύρρος, ἄπαις ὢν γνησίων
παίδων, ἐποιήσατο Ἔνδιον τὸν ἀδελφὸν τὸν ἐμὸν ὑὸν ἑαυτῷ· ὃς
κληρονόμος ὢν τῶν ἐκείνου ἐπεβίω πλείω ἔτη ἢ εἴκοσι καὶ ἐν χρόνῳ
τοσούτῳ ἔχοντος ἐκείνου τὸν κλῆρον, οὐδεὶς πώποτε προσεποιήσατο οὐδ'
ἠμφισβήτησε τῆς κληρονομίας ἐκείνῳ. [2]
Τελευτήσαντος δὲ τοῦ ἀδελφοῦ πέρυσιν, ὑπερβᾶσα τὸν τελευταῖον
κληρονόμον, γνησία θυγάτηρ τοῦ ἡμετέρου θείου ἥκει φάσκουσα εἶναι
Φίλη, καὶ κύριος Ξενοκλῆς Κόπρειος τοῦ Πύρρου κλήρου λαχεῖν τὴν
λῆξιν ἠξίωσεν, ὃς τετελεύτηκε πλείω ἢ εἴκοσιν ἔτη, τρία τάλαντα
τίμημα τῷ κλήρῳ ἐπιγραψάμενος. [3]
Ἀμφισβητούσης δὲ τῆς μητρὸς τῆς ἡμετέρας, ἀδελφῆς δὲ τοῦ Πύρρου, ὁ
κύριος τῆς εἰληχυίας τοῦ κλήρου γυναικὸς ἐτόλμησε διαμαρτυρῆσαι μὴ
ἐπίδικον τῇ ἡμετέρᾳ μητρὶ τὸν τοῦ ἀδελφοῦ κλῆρον εἶναι, ὡς οὔσης
γνησίας θυγατρὸς Πύρρῳ, οὗ ἦν ἐξ ἀρχῆς ὁ κλῆρος. Ἐπισκηψάμενοι δὲ
ἡμεῖς, καὶ εἰς ὑμᾶς εἰσαγαγόντες τὸν διαμαρτυρῆσαι τολμήσαντα κατὰ
ταῦτα, [4] ἐκεῖνόν τε ἐξελέγξαντες
περιφανῶς τὰ ψευδῆ μεμαρτυρηκότα τὴν τῶν ψευδομαρτυρίων δίκην
εἵλομεν παρ' ὑμῖν, καὶ τουτονὶ Νικόδημον παραχρῆμα ἐξηλέγξαμεν ἐν
τοῖς αὐτοῖς δικασταῖς ἀναισχυντότατον τῇ μαρτυρίᾳ ὄντα ταύτῃ, ὅς γε
ἐτόλμησε μαρτυρῆσαι ἐγγυῆσαι τῷ θείῳ τῷ ἡμετέρῳ τὴν ἀδελφὴν τὴν
ἑαυτοῦ γυναῖκα εἶναι κατὰ τοὺς νόμους. [5]
Ὅτι μὲν οὖν καὶ ἐν τῇ προτέρᾳ δίκῃ ἡ τούτου μαρτυρία ψευδὴς
ἔδοξεν εἶναι, ὁ τόθ' ἑαλωκὼς μάρτυς σαφέστατα τοῦτον ἐξελέγχει. Εἰ
γὰρ μὴ ἐδόκει οὗτος τὰ ψευδῆ τότε μαρτυρῆσαι, δῆλον ὅτι ἐκεῖνός τ'
ἂν ἀποφυγὼν τὴν διαμαρτυρίαν ἀπῆλθε, καὶ κληρονόμος ἂν τῶν τοῦ θείου
ἡ διαμαρτυρηθεῖσα γνησία θυγάτηρ εἶναι, ἀλλ' οὐκ ἂν ἡ ἡμετέρα
κατέστη μήτηρ. [6] Ἁλόντος δὲ τοῦ μάρτυρος καὶ ἀποστάσης τοῦ κλήρου
τῆς ἀμφισβητούσης σβητούσης γνησίας θυγατρὸς Πύρρῳ εἶναι, μεγάλη
ἀνάγκη ἅμα καὶ τὴν τούτου μαρτυρίαν ἑαλωκέναι· περὶ γὰρ αὐτοῦ τούτου
διαμαρτυρήσας τὴν τῶν ψευδομαρτυρίων δίκην ἠγωνίζετο, πότερον ἐξ
ἐγγυητῆς ἢ ἐξ ἑταίρας ἡ ἀμφισβητοῦσα τοῦ κλήρου τῷ θείῳ γυναικὸς εἴη·
γνώσεσθε δ' ἀκούσαντες καὶ ὑμεῖς τῆς τε ἀντωμοσίας τῆς ἡμετέρας καὶ
τῆς τούτου μαρτυρίας καὶ τῆς ἁλούσης διαμαρτυρίας.
[7] Ἀναγίγνωσκε λαβὼν τασδὶ αὐτοῖς. |
1. Juges, le frère de ma mère, Pyrrhis, n'ayant pas d'enfants légitimes, adopta pour fils Endios, mon frère. Endios recueillit sa succession et vécut encore plus de vingt ans, et dans un si long espace de temps qu'il fut en possession personne autre n'a jamais pris le titre de fils adoptif, ni revendiqué la succession contre lui. 2. Mais mon frère étant mort l'année dernière, une femme franchissant le dernier héritier, s'est présentée comme étant Philé, fille de légitime de notre oncle, et son mari Xénoclès de Copros, a jugé à propos de former une demande en adjudication de la succession de Pyrrhos, mort depuis plus de vingt ans, assignant à cette succession une valeur de trois talents. 3. Nottre mère, qui était sœur de Pyrrhos revendiqua à son tour la même succession. Alors le mari de cette femme qui avait abstenu que la succession lui fût adjugée eut l'audace d'opposer une protestation, soutenant que notre mère n'avait pas qualité pour réclamer la succession de son frère, puisqu'il existait une fille légitime de Pyrrhos, duquel provenait originairement la succession. A notre tour nous lui avons opposé un démenti, nous avons amené devant vous celui qui avait osé faire une protestation dans ces circonstances. 4. Nous l'avons convaincu d'avoir fait manifestement un faux témoignage et nous l'avons fait condamner par jugement comme faux témoin. En même temps et devant les mêmes juges nous avons convaincu Nicodème 41 que voici d'avoir menti effrontément dans son témoignage, osant dire qu'il avait donné sa sœur à notre oncle, à titre d'épouse légitime. 5. Que déjà, dans le premier procès, le témoignage de Nicodème ait paru faux, c'est ce que prouve évidemment la condamnation qui fut alors prononcée contre le témoin Xénoclès. En effet si Nicodème n'avait pas alors paru faire un faux témoignage, il est évident que Xénoclès n'aurait pas succombé dans sa protestation et que l'héritière de mon oncle aurait été la soi-disant fille légitime, et non notre mère. 6. Mais le témoin Xénoclès ayant été condamné, et la soi-disant fille de Pyrrhos ne réclamant plus la succession, il est absolument nécessaire qu'une condamnation soit aussi prononcée contre Nicodème, car la question soulevée par l'auteur de la protestation discutée par lui dans l'affaire de faux témoignage est précisément la même : La femme qui réclame la succession était-elle née à mon oncle d'une épouse légitime ou d'une courtisane? C'est ce que vous verrez, vous aussi, quand vous aurez entendu les serments, prêtés de part et d'autre, le témoignage de Nicodème et le jugement qui a rejeté la protestation. 7. Prends ces pièces et donnes-en lecture. |
.Ἀντωμοσία. Μαρτυρία. Διαμαρτυρία. Ὡς μὲν ἔδοξε παραχρῆμα εὐθὺς τότε <πᾶσι> τὰ ψευδῆ μαρτυρῆσαι Νικόδημος ἐπιδέδεικται [τότε πᾶσι]· προσήκει δὲ καὶ παρ' ὑμῖν τοῖς περὶ αὐτοῦ τούτου τὴν δίκην μέλλουσι ψηφιεῖσθαι ἐξελεγχθῆναι τὴν τούτου μαρτυρίαν. [8] Ἐπιθυμῶ δὲ πρῶτον μὲν περὶ αὐτοῦ τούτου πυθέσθαι, ἥν τινά ποτε προῖκά φησιν ἐπιδοὺς ἐκδοῦναι τὴν ἀδελφὴν ὁ μεμαρτυρηκὼς τῷ τὸν τριτάλαντον οἶκον κεκτημένῳ, εἶτα πότερον ἡ ἐγγυητὴ γυνὴ ἀπέλιπε τὸν ἄνδρα ζῶντα ἢ τελευτήσαντος τὸν οἶκον αὐτοῦ, καὶ παρ' ὅτου ἐκομίσατο τὴν τῆς ἀδελφῆς προῖκα οὗτος, ἐπειδὴ τετελευτηκὼς ἦν ᾧ μεμαρτύρηκεν οὗτος αὐτὴν ἐγγυῆσαι, [9] ἢ εἰ μὴ ἐκομίζετο, ὁποίαν δίκην σίτου ἢ τῆς προικὸς αὐτῆς ἐν εἴκοσιν ἔτεσι τῷ ἔχοντι τὸν κλῆρον δικάσασθαι ἠξίωσεν, ἢ εἴ του ἀνθρώπων ἐναντίον προσῆλθεν ἐγκαλῶν τῷ κληρονόμῳ περὶ τῆς προικὸς τῆς ἀδελφῆς ἐν χρόνῳ τοσούτῳ. Περί τε οὖν τούτων ἡδέως ἂν πυθοίμην, ὅ τι ποτ' ἦν τὸ αἴτιον τοῦ μηδὲν τούτων γεγενῆσθαι περὶ τῆς ἐγγυητῆς - ὡς μεμαρτύρηκεν οὗτος - γυναικός, [10] καὶ πρὸς τούτοις εἴ τις ἄλλος ἐγγυητὴν ἔσχε τὴν τούτου ἀδελφὴν γυναῖκα, ἢ τῶν πρότερον χρησαμένων πρὶν γνῶναι τὸν ἡμέτερον θεῖον αὐτήν, ἢ ὅσοι ἐκείνου γιγνώσκοντος ἐπλησίαζον αὐτῇ, ἢ ὅσοι ὕστερον ἐπλησίαζον τετελευτηκότος ἐκείνου· δῆλον γὰρ ὅτι τὸν αὐτὸν τρόπον ὁ ἀδελφὸς αὐτὴν ἅπασι τοῖς πλησιάζουσιν ἐκδέδωκεν. [11] Περὶ ὧν εἰ δεήσειε καθ' ἕκαστον διελθεῖν, οὐκ ἂν πάνυ μικρὸν ἔργον γένοιτο. Ἐὰν μὲν οὖν ὑμεῖς κελεύητε, περὶ ἐνίων μνησθείην ἂν αὐτῶν· εἰ δέ τισιν ὑμῶν ἀηδὲς ἀκούειν ἐστίν, ὥσπερ ἐμοὶ λέγειν τι περὶ τούτων, αὐτὰς τὰς μαρτυρίας ὑμῖν παρέξομαι τὰς μαρτυρηθείσας ἐν τῇ προτέρᾳ δίκῃ, ὧν οὐδεμιᾷ ἐπισκήψασθαι ἠξίωσαν οὗτοι. Καίτοι ὅπου κοινὴν αὐτοὶ ὡμολογήκασιν εἶναι τοῦ βουλομένου τὴν γυναῖκα, πῶς ἂν εἰκότως ἡ αὐτὴ γυνὴ ἐγγυητὴ δόξειεν εἶναι; [12] Ἀλλὰ μὴν ὁπότε μὴ ἐπεσκημμένοι εἰσὶ ταῖς περὶ αὐτοῦ τούτου μαρτυρίαις, ὡμολογηκότες εἰσὶ ταῦτα. Ἀκούσαντες δὲ καὶ ὑμεῖς αὐτῶν τῶν μαρτυριῶν, γνώσεσθε ὡς οὗτός τε περιφανῶς τὰ ψευδῆ μεμαρτύρηκε, καὶ ὀρθῶς καὶ κατὰ τοὺς νόμους οἱ δικάσαντες τὴν δίκην ἔγνωσαν τὴν κληρονομίαν μὴ προσήκειν τῇ μὴ ὀρθῶς γεγενημένῃ γυναικί. Ἀναγίγνωσκε. Σὺ δ' ἐπίλαβε τὸ ὕδωρ. Μαρτυρίαι. [13] Ὡς μὲν ἑταίρα ἦν τῷ βουλομένῳ καὶ οὐ γυνὴ τοῦ ἡμετέρου θείου, ἣν οὗτος ἐγγυῆσαι ἐκείνῳ μεμαρτύρηκεν, ὑπὸ τῶν ἄλλων οἰκείων καὶ ὑπὸ τῶν γειτόνων τῶν ἐκείνου μεμαρτύρηται πρὸς ὑμᾶς· οἳ μάχας καὶ κώμους καὶ ἀσέλγειαν πολλήν, ὁπότε ἡ τούτου ἀδελφὴ εἴη παρ' αὐτῷ, μεμαρτυρήκασι γίγνεσθαι περὶ αὐτῆς. [14] Καίτοι οὐ δή πού γε ἐπὶ γαμετὰς γυναῖκας οὐδεὶς ἂν κωμάζειν τολμήσειεν· οὐδὲ αἱ γαμεταὶ γυναῖκες ἔρχονται μετὰ τῶν ἀνδρῶν ἐπὶ τὰ δεῖπνα, οὐδὲ συνδειπνεῖν ἀξιοῦσι μετὰ τῶν ἀλλοτρίων, καὶ ταῦτα μετὰ τῶν ἐπιτυχόντων. Ἀλλὰ μὴν τῶν γε μεμαρτυρηκότων οὐδενὶ ἐπισκήψασθαι οὗτοι ἠξίωσαν. Καὶ ὡς ἀληθῆ λέγω, ἀναγίγνωσκε πάλιν αὐτοῖς τὴν μαρτυρίαν. Μαρτυρία
[15]
Ἀνάγνωθι δὴ καὶ τὰς περὶ τῶν πλησιασάντων αὐτῇ μαρτυρίας, ἵνα
εἰδῶσιν ὅτι ἑταίρα τε ἦν τοῦ βουλομένου, καὶ ὅτι οὐδ' ἐξ ἑνὸς ἄλλου
φαίνεται τεκοῦσα. Ἀναγίγνωσκε αὐτοῖς. |
SERMENTS, TÉMOIGNAGE, PROTESTATION. Que la fausseté du témoignage de Nicodème ait apparu alors, à l'instant même et sans discussion, c'est ce qui alors à été reconnu par tous. Il faut cependant prouver encore une fois la fausseté de ce témoignage devant vous aussi qui tout à l'heure allez juger le procès actuel où la question est la même. 8. Je désire avant tout lui demander, à ce sujet, quelle dot il prétend avoir constituée quand il a donné sa sœur en 42 mariage, comme il l'affirme par son témoignage, a un homme qui aurait possédé une fortune de trois talents; en second lieu si la femme ainsi donnée s'est séparée de son mari vivant, ou si ce mari était mort quand elle a quitté lu maison, et encore par qui il s'est fait restituer la dot de sa sœur, puisque le mari auquel il prétendait l'avoir donnée était mort, 9. ou bien, en cas de non-restitution, quelle action en paiement, soit d'aliments soit du capital de la dot il a jugé à propos d'intenter, dans les vingt ans écoulés, contre le détenteur de la succession, ou bien, si, dans un si long espace de temps, il est allé trouver l'héritier, et en présence de qui, pour lui réclamer la dot de sa sœur. Je voudrais bien savoir, à ce sujet, pour quelle cause rien de tout cela n'a été fait dans l'intérêt de celle femme qui, si l'on en croit le témoignage de Nicodème, a été donnée en légitime mariage, 10. et en outre si la sœur de Nicodème est devenue l'épouse légitime d'un second mari. Était-ce un de ceux qui avaient eu commerce avec elle avant que notre oncle ne l'eût connue, ou de ceux qui eurent des relations avec elle pendant; sa liaison avec notre oncle, ou enfin de ceux qui eurent: des relations de ce genre, plus tard, après le décès de Pyrrhos? Car il est notoire que le frère donnait sa sœur de la même manière à tous ceux qui s'approchaient d'elle. 11. S'il fallait parler de chacun d'eux en particulier ce ne serait pas une petite affaire. Si pourtant vous l'exigez je suis prêt à vous parler de quelques-uns, mais comme pour plusieurs d'entre vous ce sont choses pénibles à entendre, comme il l'est pour: moi de les dire, je vais vous produire les témoignage; mêmes qui ont été apportés dans le premier procès et dont mes adversaires n'ont pas osé contester un seul. Au surplus lorsque ces témoins s'accordent tous à dire 43 que cette femme était à qui voulait, comment cette même femme pourrait-elle avec quelque apparence passer pour épouse légitime? 12. Mais lorsque mes adversaires n'ont pas contredit les témoignages donnés sur ce point, ils ont reconnu les faits. Et vous aussi, après avoir entendu ces dépositions, vous reconnaîtrez que Nicodème a ouvertement fait un faux témoignage et que les premiers juges ont bien jugé, conformément aux lois, lorsqu'ils ont décidé que la succession n'appartenait pas à une femme dont la naissance n'était pas régulière. Lis, et toi arrête l'eau. TÉMOIGNAGES. 13. Ainsi c'était une courtisane se donnant à qui voulait, et non la femme de notre oncle, que Nicodème affirme lui avoir donnée en mariage; voilà ce que vous ont attesté les familiers de la maison et les voisins de Pyrrhos. Ils vous ont dit quelles batailles, quelles orgies, quelles débauches avaient lieu à l'occasion de la sœur de Nicodème, quand elle se trouvait chez Pyrrhos. 14. On n'oserait pourtant pas aller faire des orgies auprès des femmes mariées. Les femmes mariées ne vont pas aux festins avec les hommes. Elles n'ont pas l'habitude de souper avec des étrangers, et encore moins avec les premiers venus. Mais aucun de ces témoignages n'a été contredit par mes adversaires. Et pour prouver que je dis vrai, lis-leur encore une fois le témoignage. TÉMOIGNAGE. 15. Lis maintenant les témoignages au sujet des personnes qui la fréquentaient, pour que les juges sachent que c'était une courtisane se donnant à qui voulait, et 44 qu'elle n'a jamais eu d'enfant d'aucun autre homme. Lis. |
.Μαρτυρίαι. [16] Ὡς μὲν τοίνυν ἦν κοινὴ τῷ βουλομένῳ, ἣν οὗτος ἐγγυῆσαι τῷ ἡμετέρῳ θείῳ μεμαρτύρηκε, μνημονεύειν χρὴ ὑφ' ὅσων ὑμῖν μεμαρτύρηται, καὶ ὅτι οὐδενὶ ἄλλῳ ἐγγυηθεῖσα οὐδὲ συνοικήσασα φαίνεται· σκεψώμεθα δὲ καὶ ἐξ ὧν ἄν τις ὑπονοήσειεν ἐγγύην γενέσθαι τοιαύτης γυναικός, εἰ ἄρα καὶ τῷ ἡμετέρῳ θείῳ τοιοῦτόν τι συμβέβηκεν. [17] Ἤδη γάρ τινες νέοι ἄνθρωποι ἐπιθυμήσαντες τοιούτων γυναικῶν, καὶ ἀκρατῶς ἔχοντες αὑτῶν, ἐπείσθησαν ὑπ' ἀνοίας εἰς αὑτοὺς τοιοῦτόν τι ἐξαμαρτεῖν. Πόθεν οὖν ἄν τις σαφέστερον γνοίη περὶ τούτων, ἢ ἔκ τε τῶν μαρτυριῶν τῶν τούτοις μεμαρτυρημένων ἐν τῇ προτέρᾳ δίκῃ καὶ ἐκ τῶν εἰκότων τῶν περὶ αὐτὸ τὸ πρᾶγμα σκεψάμενος; [18] Ἐνθυμεῖσθε δὲ τὴν ἀναίδειαν ὧν λέγουσιν. Ὁ μὲν γὰρ ἐγγυᾶν μέλλων εἰς τὸν τριτάλαντον οἶκον, ὥς φησι, τὴν ἀδελφήν, διαπραττόμενος τηλικαῦτα ἕνα μάρτυρα παρεῖναι αὑτῷ Πυρετίδην προσεποιήσατο, καὶ τούτου ἐκμαρτυρίαν ἐπ' ἐκείνῃ τῇ δίκῃ παρέσχοντο οὗτοι· ἣν Πυρετίδης οὐκ ἀναδέδεκται αὐτοῖς, οὐδὲ ὁμολογεῖ μαρτυρῆσαι οὐδὲ εἰδέναι τούτων ἀληθὲς ὂν οὐδέν. [19] Μέγα δὲ τεκμήριον ὡς περιφανῶς ψευδῆ τὴν μαρτυρίαν οὗτοι παρέσχοντο ταύτην· ἴστε γὰρ πάντες ὡς ὅταν μὲν ἐπὶ προδήλους πράξεις ἴωμεν, ἃς δεῖ μετὰ μαρτύρων γενέσθαι, τοὺς οἰκειοτάτους καὶ οἷς ἂν τυγχάνωμεν χρώμενοι μάλιστα, τούτους παραλαμβάνειν εἰώθαμεν ἐπὶ τὰς πράξεις τὰς τοιαύτας, τῶν δὲ ἀδήλων καὶ ἐξαίφνης γιγνομένων τοὺς προστυχόντας ἕκαστοι μάρτυρας ποιούμεθα. [20] Καὶ ἐπὶ μὲν ταῖς μαρτυρίαις αὐταῖς τοῖς παραγενομένοις αὐτοῖς, ὁποῖοί τινες ἂν ὦσι, τούτοις μάρτυσι χρῆσθαι ἀναγκαῖόν ἐστιν ἡμῖν· παρὰ δὲ τῶν ἀσθενούντων ἢ τῶν ἀποδημεῖν μελλόντων ὅταν τις ἐκμαρτυρίαν ποιῆται, τοὺς ἐπιεικεστάτους τῶν πολιτῶν καὶ τοὺς ἡμῖν γνωριμωτάτους ἕκαστος ἡμῶν παρακαλεῖ μάλιστα, [21] καὶ οὐ μεθ' ἑνὸς οὐδὲ μετὰ δυοῖν, ἀλλ' ὡς ἂν μετὰ πλείστων δυνώμεθα τὰς ἐκμαρτυρίας πάντες ποιούμεθα, ἵνα τῷ τε ἐκμαρτυρήσαντι μὴ ἐξείη ὕστερον ἐξάρνῳ γενέσθαι τὴν μαρτυρίαν, ὑμεῖς τε πολλοῖς καὶ καλοῖς κἀγαθοῖς ταὐτὰ μαρτυροῦσι πιστεύοιτε μᾶλλον. [22] Ξενοκλῆς τοίνυν Βήσαζε μὲν ἰὼν εἰς τὸ ἐργαστήριον τὸ ἡμέτερον εἰς τὰ ἔργα, οὐχ ἡγήσατο δεῖν τοῖς ἀπὸ τοῦ αὐτομάτου ἐκεῖ ἐντυχοῦσι μάρτυσι χρῆσθαι περὶ τῆς ἐξαγωγῆς, ἀλλ' ἧκεν ἔχων ἐνθένδε Διόφαντον τὸν Σφήττιον μεθ' ἑαυτοῦ, ὃς ἔλεγε τὴν δίκην ὑπὲρ τούτου, καὶ Δωρόθεον τὸν Ἐλευσίνιον καὶ τὸι ἀδελφὸν αὐτοῦ Φιλοχάρη καὶ ἄλλους πολλοὺς μάρτυρας, παρακεκληκὼς ἐνθένδε σταδίους ἐγγὺς τριακοσίους ἐκεῖσε· [23] περὶ δὲ τῆς ἐγγύης τῆς τήθης τῶν παίδων τῶν ἑαυτοῦ ἐν τῷ ἄστει ἐκμαρτυρίαν νὥς φησἰ ποιούμενος τῶν μὲν οἰκείων οὐδένα τῶν ἑαυτοῦ παρακεκληκὼς φαίνεται, Διονύσιον δὲ τὸν Ἐρχιέα καὶ τὸν Ἀριστόλοχον τὸν Αἰθαλίδην· μετὰ δυοῖν τούτοιν ἐν τῷ ἄστει αὐτοῦ τὴν ἐκμαρτυρίαν ποιήσασθαί φασιν οὗτοι, τοιαύτην μετὰ τούτων· οἷς οὐδ' ἂν περὶ ὁτουοῦν πιστεύσειεν ἄλλος οὐδείς. [24] Ἴσως γὰρ ἦν νὴ Δία πάρεργον καὶ φαῦλον, περὶ οὗ τὴν ἐκμαρτυρίαν παρὰ τοῦ Πυρετίδου φασὶ ποιήσασθαι οὗτοι, ὥστε οὐδὲν θαυμαστὸν ὀλιγωρηθῆναι ἦν τὸ πρᾶγμα. Καὶ πῶς; Οἷς γε περὶ αὐτοῦ τούτου ὁ ἀγὼν ἦν ὁ τῶν ψευδομαρτυρίων, ὃν Ξενοκλῆς ἔφευγεν, ἢ ἐξ ἑταίρας ἢ ἐξ ἐγγυητῆς τὴν ἑαυτοῦ γυναῖκα εἶναι. Εἶτα ἐπὶ ταύτην ἂν τὴν μαρτυρίαν, εἰ ἦν ἀληθής, οὐκ ἂν ἅπαντας τοὺς οἰκείους τοὺς ἑαυτοῦ παρακαλεῖν ἐκεῖνος ἠξίωσεν; [25] Ναὶ μὰ Δία, ὡς ἔγωγε ᾤμην, εἴ γε ἦν ἀληθὲς τὸ πρᾶγμα. Οὐ τοίνυν φαίνεται, ἀλλ' ὁ μὲν Ξενοκλῆς πρὸς τοὺς ἐπιτυχόντας δύο ἐκμαρτυρησάμενος τὴν μαρτυρίαν ταύτην, Νικόδημος δὲ οὑτοσὶ ἕνα μόνον μάρτυρα παρακαλέσας μεθ' ἑαυτοῦ τῷ τὸν τριτάλαντον οἶκον κεκτημένῳ ἐγγυῆσαί φησι τὴν ἀδελφήν. [26] Καὶ οὗτος μὲν τὸν Πυρετίδην μόνον, οὐχ ὁμολογοῦντα, προσεποιήσατο μεθ' ἑαυτοῦ παραγενέσθαι· ὑπὸ δὲ τοῦ ἐγγυήσασθαι μέλλοντος τὴν τοιαύτην Λυσιμένης καὶ οἱ ἀδελφοὶ αὐτοῦ, Χαίρων καὶ Πυλάδης, φασὶ παρακληθέντες τῇ ἐγγύῃ παραγενέσθαι, καὶ ταῦτα θεῖοι ὄντες τῷ ἐγγυωμένῳ. [27] Ὑμέτερον οὖν ἔργον σκέψασθαι νῦν, εἰ δοκεῖ πιστὸν εἶναι τὸ πρᾶγμα. Ἐγὼ μὲν γὰρ νομίζω, ἐκ τῶν εἰκότων σκοπούμενος, πολὺ ἂν μᾶλλον τὸν Πύρρον πάντας ἂν τοὺς οἰκείους βούλεσθαι λεληθέναι, εἴ τι παρεσκευάζετο ὁμολογεῖν ἢ πράττειν ἀνάξιον τῶν αὑτοῦ, ἢ παρακαλέσαι μάρτυρας τοὺς θείους τοὺς ἑαυτοῦ ἐπὶ ἁμάρτημα τηλικοῦτον.
[28] Ἔτι
δὲ καὶ περὶ ἐκείνου θαυμάζω, εἰ μηδεμίαν προῖκα μήθ' ὁ διδοὺς μήθ' ὁ
λαμβάνων διωμολογήσαντο ἕξειν ἐπὶ τῇ γυναικί. Τοῦτο μὲν γὰρ εἴ τινα
ἐδίδου, εἰκὸς ἦν καὶ τὴν δοθεῖσαν ὑπὸ τῶν παραγενέσθαι φασκόντων
μαρτυρεῖσθαι· τοῦτο δ' εἰ δι' ἐπιθυμίαν τὴν ἐγγύην ὁ θεῖος ἡμῶν
ἐποιεῖτο τῆς τοιαύτης γυναικός, δῆλον ὅτι κἂν ἀργύριον πολλῷ μᾶλλον
ἢ ὁ ἐγγυῶν διωμολογήσατο ἔχειν αὐτὸν ἐπὶ τῇ γυναικί, ἵνα μὴ ἐπ'
ἐκείνῳ γένοιτο ῥᾳδίως ἀπαλλάττεσθαι, ὁπότε βούλοιτο, τῆς γυναικός·
[29] καὶ μάρτυράς γε πολλῷ πλείους
εἰκὸς ἦν τὸν ἐγγυῶντα παρακαλεῖν ἢ τὸν ἐγγυώμενον τὴν τοιαύτην·
οὐδεὶς γὰρ ὑμῶν ἀγνοεῖ ὅτι ὀλίγα διαμένειν εἴωθε τῶν τοιούτων. Ὁ μὲν
τοίνυν ἐγγυῆσαι φάσκων μετὰ ἑνὸς μάρτυρος καὶ ἄνευ ὁμολογίας προικὸς
εἰς τὸν τριτάλαντον οἶκον ἐγγυῆσαί φησι τὴν ἀδελφήν· οἱ δὲ θεῖοι τῷ
ἀδελφιδῷ ἄπροικον τὴν τοιαύτην ἐγγυωμένῳ μεμαρτυρήκασι παραγενέσθαι. |
TÉMOIGNAGES. 16. Ainsi cette femme, que Nicodème affirme avoir donnée en mariage à notre oncle, appartenait à tout le monde et à qui voulait. Rappelez-vous combien de témoins vous l'ont déclaré et qu'il ne paraît pas qu'elle ait été mariée ni qu'elle ait vécu en ménage avec un autre. Examinons maintenant quelles sont les circonstances qui peuvent faire présumer qu'une pareille femme a été épousée et voyons s'il s'est rencontré rien de semblable chez notre oncle. 17. On a vu plus d'une Ibis des jeunes gens, amoureux de semblables femmes et n'ayant pas d'empire sur eux-mêmes, être assez insensés pour commettre envers eux-mêmes, une pareille faute. Or, où trouver sur ce point des informations certaines si ce n'est dans les témoignages apportés au premier procès et dans les inductions suggérées par les circonstances de l'affaire? 18. Réfléchissez à l'impudence de leur langage. Ce Nicodème, au moment de donner sa sœur en mariage et de la faire entrer dans une maison où il y a, dit-il, une fortune de trois talents, a prétendu que, pour une affaire de cette importance, il avait été assisté d'un témoin unique, Pyrétidès, dont mes adversaires ont produit, dans le premier procès, une si m pie déclaration écrite. Or, Pyrélidès ne reconnaît pas cette déclaration. Il ne convient ni d'avoir été témoin, ni de pouvoir attester la vérité d'aucun de ces faits. 19. Il y a d'ailleurs un grave indice d'où il résulte que le témoignage qui fut alors produit par mes adversaires est manifestement faux. En effet, vous le savez tous : s'agit-il d'actes qui se passent en public, pour lesquels la présence de témoins 45 est exigée? on appelle d'ordinaire pour y figurer les familiers de la maison, les amis les plus intimes. S'agit-il au contraire d'actes qui se passent sans publicité et d'urgence? on prend alors pour témoins les premiers venus. 20. Et si pour le témoignage même on a recours aux assistants quels qu'ils soient — car à défaut d'autres témoins il faut bien se contenter de ceux-là — il en est autrement quand il s'agit de recueillir les témoignages de gens malades ou sur le point de s'éloigner. On appelle alors les citoyens les plus considérables, les plus connus. 21. On ne se contente pas d'en appeler un ou deux; on en prend le plus possible pour recueillir le témoignage. On veut que l'auteur du témoignage recueilli ne puisse pas nier, un jour le témoignage de ceux qui l'ont entendu, et que l'affirmation concordante de nombreux témoins, tous hommes de bien, vous inspire plus de confiance. 22. Quand Xénoclès s'est rendu à Bésa, à la mine qui nous appartient, pour prendre possession des travaux, il n'a pas jugé à propos de prendre pour témoins, au cas où il serait expulsé, les gens qui se trouveraient là par hasard. Il est parti d'ici emmenant avec lui Diophante de Sphette, celui qui a plaidé pour lui, Dorothée d'Eleusis, Philocharès, frère de ce dernier, et plusieurs autres témoins qu'il faisait venir d'ici, à près de trois cents stades de distance. 23. Mais quand il s'agit de savoir si la grand' mère de ses enfants a été légalement donnée en mariage, et de recueillir sans sortir de la ville une déclaration par écrit — c'est du moins ce qu'il prétend — on ne le voit pas appeler un seul familier de sa maison. Il prend pour témoins Dionysios d'Erchia et Aristoloque d'Aethalides. C'est en présence de ces deux hommes que mes adversaires prétendent avoir recueilli, ici même, 46 en ville, la déposition. Voilà comment ils procèdent Quoi qu'ils disent on ne peut pas les croire. 24. Était- ce peut-être une chose sans intérêt ni importance, que celle à propos de laquelle mes adversaires disent avoir recueilli la déposition de Pyrétidès, en sorte qu'il ne faudrait pas s'étonner si l'on a traité l'affaire légèrement? Mais est-ce possible quand le procès de faux témoignage que Xénoclès soutenait comme défendeur portait précisément sur cette même question, celle de savoir si sa propre femme avait pour mère une courtisane ou une femme mariée? Si ce témoignage élail vrai, est-ce que Xénoclès n'aurait pas jugé à propos d'appeler, pour l'entendre, tous les familiers de sa maison? 25. Oui, sans doute, à mon avis, du moins, en supposant toutefois que le fait fût vrai. Eh bien! ce n'est pas ainsi que les choses se sont passées. Xénoclès a fait recueillir la déposition dont il s'agit par deux témoins de hasard, et Nicodème que voici n'a fait venir avec lui qu'un seul témoin lorsqu'il a, dit-il, donné sa sœur en mariage à un homme qui possédait une fortune de trois talents. 26. Nicodème aurait appelé, pour être présent avec lui, le seul Pyrétidès, qui d'ailleurs n'en convient pas, et Pyrrhos, au moment de contracter mariage avec cette femme que vous savez, aurait appelé pour l'assister Lysimène et ses frères Chéron et Pylade, qui affirment avoir été présents comme oncles du futur époux ! 27. C'est à vous maintenant d'examiner si cette histoire vous paraît croyable. Pour moi, si j'en juge par la vraisemblance, je crois que Pyrrhos aurait voulu se cacher de toutes les personnes de sa maison s'il se disposait à faire un contrat ou un acte indigne de lui, plutôt que d'appeler ses oncles pour être les témoins d'une faute si lourde. 28. J'ai encore un autre sujet d'étonnement. Com- 47 ment se fait-il que ni celui qui donnait cette femme en mariage, ni celui qui la prenait pour épouse, n'aient fait aucune convention pour une dot? D'une part si Nicodème constituait une dot, il est vraisemblable que cette constitution serait attestée par ceux qui affirment avoir été présents, et d'autre part si notre oncle n'écoutant que sa passion prenait pour épouse une pareille femme, il est évident que celui qui la donnait en mariage aurait, à plus forte raison, stipulé à cette occasion une somme d'argent pour lui-même ; autrement il aurait dépendu de Pyrrhos de se débarrasser de cette femme, quand il aurait voulu. 29. Et en ce cas celui qui donnait la femme aurait dû appeler bien plus de témoins que celui qui la prenait, car nul de vous n'ignore qu'en général ces sortes d'unions durent peu. Eh bien, celui qui prétend avoir donné la femme en mariage dit qu'il a donné sa sœur en présence d'un témoin unique, et sans convention de dot, pour la faire entrer dans une maison où il y avait trois talents, et les oncles ont déclaré qu'ils ont assisté au mariage de leur neveu qui épousait une pareille femme sans dot. |
[30] Καὶ οἱ αὐτοὶ θεῖοι οὗτοι ἐν τῇ δεκάτῃ τῆς θυγατρὸς ἀποφανθείσης εἶναι ὑπὸ τοῦ ἀδελφιδοῦ κληθέντες μεμαρτυρήκασι παραγενέσθαι. Ἐφ' ᾧ δὴ καὶ δεινῶς ἀγανακτῶ, ὅτι ὁ μὲν ἀνὴρ λαγχάνων ὑπὲρ τῆς γυναικὸς τῆς αὑτοῦ τοῦ κλήρου τοῦ πατρῴου Φίλην ὄνομα εἶναι ἐπεγράψατο τῇ γυναικί, οἱ δὲ τοῦ Πύρρου θεῖοι ἐν τῇ δεκάτῃ φάσκοντες παραγενέσθαι τὸ τῆς τήθης ὄνομα Κλειταρέτην τὸν πατέρα ἐμαρτύρησαν θέσθαι αὐτῇ. [31] Θαυμάζω οὖν εἰ ὁ ἀνὴρ ὁ συνοικῶν πλείω ἢ ὀκτὼ ἔτη ἤδη μὴ ᾖδει τοὔνομα τῆς ἑαυτοῦ γυναικός. Εἶτα οὐδὲ παρὰ τῶν αὑτοῦ μαρτύρων πρότερον ἐδυνήθη πυθέσθαι, οὐδ' ἡ μήτηρ τῆς γυναικὸς τὸ τῆς θυγατρὸς ὄνομα τῆς αὑτῆς ἐν χρόνῳ τοσούτῳ ἔφρασεν αὐτῷ, οὐδ' ὁ θεῖος αὐτός, Νικόδημος; [32] Ἀλλ' ἀντὶ τοῦ τῆς τήθης ὀνόματος, εἴ τις ᾖδει τοῦθ' ὑπὸ τοῦ πατρὸς κείμενον ταύτῃ, Φίλην ὁ ἀνὴρ ὄνομα ἐπεγράψατο εἶναι αὐτῇ, καὶ ταῦτα λαγχάνων αὐτῇ τοῦ κλήρου τοῦ πατρῴου. Τίνος ἕνεκα; Ἢ ἵνα καὶ τοῦ τῆς τήθης ὀνόματος τοῦ ὑπὸ τοῦ πατρὸς τεθέντος ἄκληρον ὁ ἀνὴρ καταστήσειεν εἶναι τὴν αὑτοῦ γυναῖκα; [33] Ἆρά γε οὐχὶ δῆλον, ὦ ἄνδρες, ὅτι ἃ πάλαι οὗτοι μαρτυροῦσι γενέσθαι, πολλῷ ὕστερον τῆς λήξεως τοῦ κλήρου ἕνεκα σύγκειται αὐτοῖς; Οὐ γὰρ ἄν ποτε οἱ μὲν εἰς τὴν δεκάτην νὥς φασἰ κληθέντες τῆς τοῦ Πύρρου θυγατρός, ἀδελφιδῆς τούτου, ἐξ ἐκείνης τῆς ἡμέρας, ἥτις ἦν ποτε, ἀκριβῶς εἰς τὸ δικαστήριον ἧκον μεμνημένοι ὅτι Κλειταρέτην ὁ πατὴρ ἐν τῇ δεκάτῃ ὠνόμηνεν, [34] οἱ δ' οἰκειότατοι τῶν ἁπάντων, ὁ πατὴρ καὶ ὁ θεῖος καὶ ἡ μήτηρ οὐκ ἂν ᾖδει τὸ ὄνομα τῆς θυγατρός, ὥς φασι, τῆς αὐτοῦ. Πολύ γε μάλιστ' ἄν, εἰ ἦν ἀληθὲς τὸ πρᾶγμα. Ἀλλὰ περὶ μὲν τούτων καὶ ὕστερον ἐγχωρήσει εἰπεῖν. [35] Περὶ δὲ τῆς τούτου μαρτυρίας οὐ χαλεπὸν καὶ ἐξ αὐτῶν τῶν νόμων ἐστὶ γνῶναι ὅτι φαίνεται περιφανῶς τὰ ψευδῆ μεμαρτυρηκὼς οὗτος. Ὅπου γάρ, ἐάν τίς τι ἀτίμητον δῷ, ἕνεκα τοῦ νόμου, ἐὰν ἀπολίπῃ ἡ γυνὴ τὸν ἄνδρα ἢ ἐὰν ὁ ἀνὴρ ἐκπέμψῃ τὴν γυναῖκα, οὐκ ἔξεστι πράξασθαι τῷ δόντι ὃ μὴ ἐν προικὶ τιμήσας ἔδωκεν, ἦ που ὅστις γέ φησιν ἄνευ ὁμολογίας προικὸς τὴν ἀδελφὴν ἐγγυῆσαι, περιφανῶς ἀναίσχυντος ὢν ἐλέγχεται. [36] Τί γὰρ ἔμελλεν ὄφελος εἶναι αὐτῷ τῆς ἐγγύης, εἰ ἐπὶ τῷ ἐγγυησαμένῳ ἐκπέμψαι ὁπότε βούλοιτο τὴν γυναῖκα ἦν; Ἦν δ' ἂν ἐπ' ἐκείνῳ, ὦ ἄνδρες, δῆλον ὅτι, εἰ μηδεμίαν προῖκα διωμολογήσατο ἕξειν ἐπ' αὐτῇ. Εἶτ' ἐπὶ τούτοις ἂν Νικόδημος ἠγγύησε τῷ ἡμετέρῳ θείῳ τὴν ἀδελφήν; Καὶ ταῦτα εἰδὼς τὸν ἅπαντα χρόνον ἄτοκον οὖσαν αὐτήν, καὶ τῆς ὁμολογηθείσης προικὸς ἐκ τῶν νόμων γιγνομένης εἰς αὐτόν, εἴ τι ἔπαθεν ἡ γυνὴ πρὶν γενέσθαι παῖδας αὐτῇ; [37] Ἆρ' οὖν δοκεῖ τῳ ὑμῶν ὀλιγώρως οὕτως ἔχειν χρημάτων Νικόδημος, ὥστε παραλιπεῖν ἄν τι τῶν τοιούτων; Ἐγὼ μὲν γὰρ οὐ νομίζω. Εἶτα παρὰ τούτου ὁ ἡμέτερος θεῖος ἠξίωσεν ἂν ἐγγυήσασθαι τὴν ἀδελφήν, ὃς αὐτὸς ξενίας φεύγων ὑπὸ ἑνὸς τῶν φρατόρων ὧν φησιν αὑτοῦ εἶναι, παρὰ τέτταρας ψήφους μετέσχε τῆς πόλεως; Καὶ ὡς ἀληθῆ λέγω, ἀναγίγνωσκε τὴν μαρτυρίαν. |
30. Ces mêmes oncles ont déclaré qu'appelés par leur neveu ils ont assisté à la cérémonie du dixième jour de l'enfant qui passait pour être sa fille. A ce sujet je suis vivement frappé de ce fait que Xénoclès revendiquant au nom de sa femme la succession paternelle échue à celle-ci, a dans sa demande désigné cette femme sous le nom de Philé, tandis que les oncles de Pyrrhos, qui disent avoir assisté à la cérémonie du dixième jour, ont déclaré que le père de l'enfant lui a donné le nom de sa grand'mère Clitarète. 31. Je trouve étrange que cet homme, marié depuis plus de huit ans, n'ait pas su le nom de sa femme; n'a-t-il pas pu le de- 48 mander auparavant à ses propres témoins? La mère de cette femme ne lui a donc pas dit, dans un si long espace de temps, le nom de sa fille? 32. Et Nicodème, l'oncle de celle-ci, n'en a pas parlé! Au lieu du nom de la grand'mère, si réellement on savait qu'il eût été donné par le père, son mari lui a donné le nom de Philé, et cela quand il revendiquait pour elle la succession paternelle! Pourquoi? Quand le nom de la grand'mère avait été donné par le père, le mari voulait-il donc que sa femme ne recueillît ce nom dans la succession? 33. N'est-il pas évidenl, juges, que les témoignages de ces hommes sur des fails déjà anciens sont l'effet d'un concert frauduleux bien plus encore que la demande en revendication de la succession? En effet, est-il possible que ces hommes, appelés, à ce qu'ils disent, pour le dixième jour de l'enfant fille de Pyrrhos, et nièce de Nicodème, venant au tribunal si longtemps après ce jour, quel qu'il ait été, se soient exactement rappelé que l'enfant, au dixième jour, avait reçu de son père le nom de Clitarète? 34. el que les parents les plus proches de tous, le père, l'oncle. la mère n'aient pas su le nom de celle qui, selon eux, est la fille de Pyrrhos? El cela serait encore bien plus étrange si le fait était vrai. Mais j'aurai tout à l'heure l'occasion de vous reparler de ces hommes.
35. Au
sujet du témoignage de Nicodème, il n'est pas difficile de
reconnaître, par la seule lecture des lois, que cet homme a lait
manifestement un faux témoignage. Du moment en effet où la donation
faite en faveur du mariage a pour objet des biens non estimés, si la
femme se sépare de son mari ou si le mari renvoie sa femme, la loi
ne permet pas au donateur de se faire restituer les biens qu'il a
donnés sans les comprendre par estimalkm dans la dot. Dans ces
circonstances celui 49 qui affirme
avoir marié sa sœur sans convention dotale, est manifestement un
effronté menteur. 36. A quoi pouvait
lui servir celte formalité de la dation en mariage si, après s'être
fait donner la femme, le mari pouvait la renvoyer à sa volonté? Or,
évidemment, cela dépendait du mari, s'il n'avait pas été stipulé de
dot à prendre avec la femme. Eh bien, c'est dans ces conditions que
Nicodème aurait donné sa sœur en mariage à notre oncle, et cela
sachant qu'elle n'avait jamais eu d'enfant de sa vie, alors qu'aux
termes de la loi la dot convenue devait faire retour à lui-même s'il
arrivait malheur à la femme avant qu'elle n'eût des enfants.
37. Est-il croyable pour un seul d'entre
vous que Nicodème ait poussé le mépris de l'argent jusqu'à négliger
une de ces précautions? Pour moi je ne le crois pas. Et notre oncle
aurait trouvé bon de se faire donner par Nicodème la sœur de
celui-ci en mariage, quand cet homme poursuivi, comme ayant usurpé
le litre de citoyen, par un des membres de la phratrie à laquelle il
disait appartenir, n'est resté en jouissance du droit de cité que
grâce à une majorité de quatre voix ! Et pour prouver que je dis
vrai, lis le témoignage. |
Μαρτυρία. [38] Οὗτος τοίνυν τῷ ἡμετέρῳ θείῳ ἄπροικον τὴν ἀδελφὴν τὴν ἑαυτοῦ μεμαρτύρηκεν ἐγγυῆσαι, καὶ ταῦτα τῆς προικὸς εἰς αὐτὸν γιγνομένης, εἴ τι ἔπαθεν ἡ γυνὴ πρὶν γενέσθαι παῖδας αὐτῇ. Λαβὲ δὴ καὶ ἀνάγνωθι τοὺς νόμους τουσδὶ αὐτοῖς. Νόμοι [39] Δοκεῖ ἂν ὑμῖν οὕτως ὀλιγώρως ἔχειν χρημάτων Νικόδημος, ὥστε, εἰ ἦν ἀληθὲς τὸ πρᾶγμα, οὐκ ἂν σφόδρα διακριβώσασθαι περὶ τῶν ἑαυτῷ συμφερόντων; Ναὶ μὰ Δία, ὡς ἔγωγ' οἶμαι, ἐπεὶ καὶ οἱ ἐπὶ παλλακίᾳ διδόντες τὰς ἑαυτῶν πάντες πρότερον διομολογοῦνται περὶ τῶν δοθησομένων ταῖς παλλακαῖς· Νικόδημος δὲ ἐγγυᾶν μέλλων, <ὥς> φησι, τὴν ἀδελφὴν τὴν αὑτοῦ μόνον τὸ κατὰ τοὺς νόμους ἐγγυῆσαι διεπράξατο; Ὃς ἐπ' ὀλίγῳ ἀργυρίῳ, οὗ ἐπιθυμῶν λέγει πρὸς ὑμᾶς, σφόδρα βούλεται πονηρὸς εἶναι; [40] Περὶ μὲν οὖν τῆς τούτου πονηρίας καὶ σιωπῶντος ἐμοῦ οἱ πολλοὶ γιγνώσκουσιν ὑμῶν, ὥστε οὐκ ἀπορῶ γε μαρτύρων, ὅταν τι λέγω περὶ αὐτοῦ· βούλομαι δὲ πρῶτον ἐκ τῶν τοιῶνδε ἐξελέγξαι τοῦτον ἀναισχυντότατον τῇ μαρτυρίᾳ ὄντα ταύτῃ. Φέρε γάρ, ὦ Νικόδημε, εἰ ἦσθα ἠγγυηκὼς τῷ Πύρρῳ τὴν ἀδελφὴν καὶ εἰ ᾖδεις ἐξ αὐτῆς θυγατέρα γνησίαν καταλειπομένην, [41] πῶς ἐπέτρεψας τῷ ἡμετέρῳ ἀδελφῷ ἐπιδικάσασθαι τοῦ κλήρου ἄνευ τῆς γνησίας θυγατρός, ἣν φὴὴς τῷ ἡμετέρῳ θείῳ καταλειφθῆναι; Ἢ οὐκ ᾖδεις ἐν τῇ ἐπιδικασίᾳ τοῦ κλήρου νόθην καθισταμένην τὴν ἀδελφιδῆν τὴν σαυτοῦ; Ὁπότε γάρ τις ἐπεδικάζετο τοῦ κλήρου, νόθην τὴν θυγατέρα τοῦ καταλιπόντος τὸν κλῆρον καθίστη. [42] Ἔτι δὲ πρότερον ὁ Πύρρος ὁ ποιησάμενος τὸν ἀδελφὸν τὸν ἐμὸν ὑὸν αὑτῷ· οὔτε γὰρ διαθέσθαι οὔτε δοῦναι οὐδενὶ οὐδὲν ἔξεστι τῶν ἑαυτοῦ ἄνευ τῶν θυγατέρων, ἐάν τις καταλιπὼν γνησίας τελευτᾷ. Γνώσεσθε δὲ αὐτῶν ἀκούσαντες τῶν νόμων ἀναγιγνωσκομένων. Ἀναγίγνωσκε τούσδε αὐτοῖς. Νόμοι
[43]
Δοκεῖ ἂν ὑμῖν ὁ μεμαρτυρηκὼς ἐγγυῆσαι ἐπιτρέψαι ἄν τι τούτων
γίγνεσθαι, καὶ οὐκ ἂν ἐπὶ τοῦ κλήρου τῇ λήξει, ἣν ὁ Ἔνδιος λαχὼν
ἐπεδικάζετο, ἀμφισβητῆσαι ἂν ὑπὲρ τῆς ἀδελφιδῆς τῆς ἑαυτοῦ, καὶ οὐκ
ἂν διαμαρτυρῆσαι μὴ ἐπίδικον τῷ Ἐνδίῳ τὸν ἐκείνης πατρῷον κλῆρον
εἶναι; Ἀ |
TÉMOIGNAGE. 38. Ainsi Nicodème a déclaré qu'il a donné sa sœur en mariage à notre oncle, sans dot, et cela quand la dot aurait dû lui faire retour s'il arrivait malheur à la femme avant qu'elle n'eût des enfants. Prends les lois que voici el donnes-en lecture aux juges. Lois. [Soit que le divorce ait lieu sur l'initiative de la femme, ou sur celle du mari, la dot ne peut être reprise par celui qui l'a donnée qu'autant qu'elle a été estimée en arpent.] 39. Pensez-vous que Nicodème ait assez méprisé l'argent pour n'avoir pas, en supposant que le fait soit vrai, soigneusement pourvu à son propre intérêt? Nod certes, à mon avis, même quand on donne en concubinage les femmes qu'on a sous sa dépendance, on commence par convenir de ce qui leur sera donné, et Nicodème, au moment de donner sa sœur en mariage, du moins à ce qu'il dit, se serait borné à accomplir les formalités légales du mariage, lui qui pour un peu d'argent qu'il veut gagner en prenant la parole devant vous, consent à être un malhonnête homme! 40. En ce qui touche son improbité je pourrais me taire. La plupart d'entre vous savent ce qu'il est. Aussi je ne suis pas embarrassé pour trouver des témoins lorsque je parle de lui. Je veux cependant avant tout tirer d'autres faits du même genre la preuve qu'il a menti effrontément dans son témoignage. Voyons, Nicodème, si tu avais marié ta sœur à Pyrrhos, et si tu savais qu'elle avait laissé une fille légitime, 41. comment as-tu permis à notre frère de revendiquer la succession, en écartant cette fille légitime que, selon toi, notre oncle aurait laissée? Ne savais-tu pas que cetle instance même en adjudication de succession imprimait à ta nièce la qualité d'illégitime? Et, en effet, lorsqu'un tiers réclame l'adjudication c'est comme s'il déclarait illégitime la fîllc de celui qui a laissé la succession. 42. C'est du reste ce que Pyrrhos avait déjà reconnu en adoptant mon frère pour son fils. En effet, lorsqu'on meurt laissant des filles légitimes, on ne peut ni léguer ni donner rien à personne, ea les écartant. C'est ce que vous allez voir par la lecture des lois elles-mêmes. Donnes-en lecture. 51 Lois. [On peut, comme on veut, disposer de ses biens par testament, lorsqu'on ne laisse pas d'enfants légitimes mâles. Si les enfants survivants sont des filles, les biens peuvent être légués avec elles] 43. L'homme qui a déclaré avoir donné sa sœur en mariage aurait-il laissé faire pareille chose, à votre avis? Et sur l'adjudication demandée et obtenue par Endios, n'aurait-il pas opposé une protestation, en affirmant qu'il n'y avait pas lieu d'adjuger à Endios ce qui était la succession paternelle échue à cette fille? Pour vous prouver que notre frère a obtenu l'adjudication de la succession, et que personne n'a contesté sa prétention, lis le témoignage. |
Μαρτυρία.
[44]
Γενομένης τοίνυν τῆς ἐπιδικασίας ταύτης οὐκ ἐτόλμησεν ἀμφισβητῆσαι
τοῦ κλήρου Νικόδημος, οὐδὲ διαμαρτυρῆσαι τὴν ἀδελφιδῆν τὴν ἑαυτοῦ
γνησίαν θυγατέρα Πύρρῳ καταλειφθῆναι. [45]
Περὶ μὲν οὖν τῆς ἐπιδικασίας ἔχοι ἄν τις ψεῦδος προφασίσασθαι πρὸς
ὑμᾶς· ἢ γὰρ λαθεῖν σφᾶς προσποιήσαιτ' ἂν οὗτος, ἢ καὶ ψεύδεσθαι
αἰτιῷτ' ἂν ἡμᾶς. Τοῦτο μὲν οὖν παρῶμεν· ἐπειδὴ δὲ τῷ Ξενοκλεῖ ἠγγύα
ὁ Ἔνδιος τὴν ἀδελφιδῆν σου, ἐπέτρεψας, ὦ Νικόδημε, τὴν ἐκ τῆς
ἐγγυητῆς τῷ Πύρρῳ γεγενημένην ὡς ἐξ ἑταίρας ἐκείνῳ οὖσαν ἐγγυᾶσθαι;
[46] Καὶ οὐκ [ἂν] εἰσήγγειλας πρὸς τὸν
ἄρχοντα κακοῦσθαι τὴν ἐπίκληρον ὑπὸ τοῦ εἰσποιήτου οὕτως ὑβριζομένην
καὶ ἄκληρον τῶν ἑαυτῆς πατρῴων καθισταμένην, ἄλλως τε καὶ μόνων
τούτων τῶν δικῶν ἀκινδύνων τοῖς διώκουσιν οὐσῶν καὶ ἐξὸν τῷ
βουλομένῳ βοηθεῖν ταῖς ἐπικλήροις; [47]
Οὔτε γὰρ ἐπιτίμιον ταῖς πρὸς τὸν ἄρχοντα εἰσαγγελίαις ἔπεστιν, οὐδ'
ἐὰν μηδεμίαν τῶν ψήφων οἱ εἰσαγγείλαντες μεταλάβωσιν, οὔτε πρυτανεῖα
οὔτε παράστασις οὐδεμίᾳ τίθεται τῶν εἰσαγγελιῶν· ἀλλὰ τοῖς μὲν
διώκουσιν ἀκινδύνως εἰσαγγέλλειν ἔξεστι, τῷ βουλομένῳ, τοῖς δ'
ἁλισκομένοις <αἱ> ἔσχαται τιμωρίαι ἐπὶ ταῖς εἰσαγγελίαις ἔπεισιν.
[48] Ἔπειτα εἰ ἦν ἐξ ἐγγυητῆς ἡ τούτου
ἀδελφιδῆ τῷ ἡμετέρῳ θείῳ γεγενημένη, ἐπέτρεψεν ἂν Νικόδημος ὡς ἐξ
ἑταίρας οὖσαν αὐτὴν ἐγγυᾶσθαι; Καὶ γενομένων αὐτῶν οὐκ ἂν εἰσήγγειλε
πρὸς τὸν ἄρχοντα ὑβρίζεσθαι τὴν ἐπίκληρον ὑπὸ τοῦ οὕτως ἐγγυήσαντος
αὐτήν; Καὶ, εἰ ἦν ἀληθῆ ἃ νυνὶ τετόλμηκας μαρτυρῆσαι, παραχρῆμα
εὐθὺς τότε ἐτιμωρήσω ἂν τὸν ἀδικοῦντα. Ἢ καὶ ταῦτα λαθεῖν σεαυτὸν
προσποιήσει; [49] Ἔπειτ' οὐδ' ἐκ τῆς
ἐπιδοθείσης αὐτῇ προικὸς ᾖσθου; Ὥστε καὶ δι' αὐτὸ τοῦτο
ἀγανακτήσαντι δήπου σοι εἰσαγγεῖλαι τὸν Ἔνδιον προσῆκεν, εἰ αὐτὸς
μὲν τριτάλαντον οἶκον ἔχειν ἠξίου ὡς προσῆκον αὑτῷ, τῇ δὲ γνησίᾳ
οὔσῃ <θυγατρὶ> [τρισ]χιλίας δραχμὰς προῖκα ἐπιδοὺς ἐκδοῦναι ἠξίωσεν
ἄλλῳ. Εἶτ' ἐπὶ τούτοις οὐκ ἀγανακτήσας εἰσήγγειλεν ἂν τὸν Ἔνδιον
οὗτος; Ναὶ μὰ Δία, εἴ γ' ἦν ἀληθὲς τὸ πρᾶγμα. [50]
Οἶμαι δὲ οὐδ' ἂν τὴν ἀρχὴν ἐκεῖνον οὐδ' ἄλλον γε τῶν εἰσποιήτων
οὐδένα οὕτως εὐήθη οὐδ' αὖ ὀλίγωρον τῶν νόμων τῶν κειμένων γίγνεσθαι,
ὥσθ' ὑπαρχούσης γνησίας θυγατρὸς τῷ τὸν κλῆρον καταλιπόντι ἑτέρῳ
δοῦναι ταύτην ἀνθ' ἑαυτοῦ. Ἀκριβῶς γὰρ ᾖδει διότι τοῖς γε ἐκ τῆς
γνησίας θυγατρὸς παισὶ γεγονόσιν ἁπάντων τῶν παππῴων κληρονομία
προσήκει. Εἶτα εἰδὼς ἄν τις ταῦτα ἑτέρῳ παραδοίη τὰ αὑτοῦ, καὶ ταῦτα
τηλικαῦτα ὄντα ὅσων ἠμφισβήτησαν οὗτοι; [51]
Δοκεῖ δ' ἄν τις ὑμῖν οὕτως ἀναιδὴς ἢ τολμηρὸς εἰσποίητος
γενέσθαι, ὥστε μηδὲ τὸ δέκατον μέρος ἐπιδοὺς ἐκδοῦναι τῇ γνησίᾳ
θυγατρὶ τῶν πατρῴων; Γενομένων δὲ τούτων δοκεῖ ἂν ὑμῖν ὁ θεῖος
ἐπιτρέψαι, ὁ ἐγγυῆσαι μεμαρτυρηκὼς αὐτῆς τὴν μητέρα; Ἐγὼ μὲν γὰρ οὐ
νομίζω, ἀλλὰ καὶ ἠμφισβήτησεν ἂν τοῦ κλήρου καὶ διεμαρτύρησε καὶ
εἰσήγγειλεν ἂν πρὸς τὸν ἄρχοντα, καὶ ἄλλο εἴ τι ἦν ἰσχυρότερον
τούτων, ἅπαντ' ἂν διεπράξατο. [52] Ὁ
μὲν τοίνυν Ἔνδιος ὡς ἐξ ἑταίρας οὖσαν ἠγγύησεν, ἥν φησιν ἀδελφιδῆν
Νικόδημος εἶναι αὑτῷ· οὗτος δὲ οὔτε τῷ Ἐνδίῳ τοῦ Πύρρου κλήρου
ἀμφισβητῆσαι ἠξίωσεν, οὔτ' ἐγγυήσαντα τὴν ἀδελφιδῆν ὡς οὖσαν ἐξ
ἑταίρας εἰσαγγεῖλαι πρὸς τὸν ἄρχοντα ἠξίωσεν, οὔτ' ἐπὶ τῇ δοθείσῃ
προικὶ αὐτῇ ἠγανάκτησεν οὐδέν, ἀλλὰ πάντα ταῦτα εἴασε γενέσθαι. Οἱ
δὲ νόμοι περὶ ἁπάντων διορίζουσι τούτων. [53] Ἀναγνώσεται οὖν πρῶτον
ὑμῖν τὴν περὶ τῆς ἐπιδικασίας τοῦ κλήρου μαρτυρίαν πάλιν, ἔπειτα τὴν
περὶ τῆς ἐγγυήσεως τῆς γυναικός. Ἀναγίγνωσκε αὐτοῖς. |
TÉMOIGNAGE. 44. Ainsi, au moment de cette adjudication, Nicodème n'a pas osé former une revendication concurrente, ni recourir à une protestation pour prouver que sa nièce était une fille légitime laissée par Pyrrhos. 45. Il est vrai qu'au sujet de la mise en adjudication on pourrait alléguer un faux prétexte. Nicodème pourrait alléguer qu'ils étaient dans l'ignorance, ou même nous accuser de mensonge. Laissons donc cela. Mais lorsqu'Endios donnait ta nièce en mariage à Xénoclès, aurais-tu permis, Nicodème, que cette femme fût donnée comme une fille de courtisane, alors qu'elle était née de la femme légitime de Pyrrhos? 46. N'aurais-tu pas dénoncé à l'archonte ce grief de l'épiclère, ainsi outrageusement traitée par le fils adoptif, et évincée de la succession paternelle, alors surtout que les procès de 52 ce genre ont ce privilège de ne comporter aucun danger pour ceux qui les intentent, et qu'il est loisible à toute personne de venir en aide aux épiclères? 47. Car les dénonciations faites à l'archonte ne sont sujettes à aucune amende, quand bien même leurs auteurs n'auraient pas obtenu un seul des votes. On ne consigne d'ailleurs pour ces dénonciations ni prytanies ni parastasis. La poursuite par voie de dénonciation est ouverte à qui veut, sans aucun danger à courir, tandis que les personnes condamnées par cette voie sont frappées des peines les plus sévères. 48. Si donc la nièce de Nicodème était née à notre oncle d'une épouse légitime, est-ce que Nicodème aurait permis qu'elle fût mariée comme née d'une courtisane? et, le fait se réalisant, est-ce qu'il n'aurait pas dénoncé à l'archonte l'outrage fait à l'épiclère par celui qui l'aurait mariée de la sorte? Par Zeus! Si ce que tu as osé déclarer était vrai tu aurais à l'instant même fait punir le coupable. 49. Prétendras-tu que tu étais dans l'ignorance? N'étais-tu pas averti par le chiffre même de la dot constituée? Tu n'aurais pas eu besoin d'autre raison pour t'indigner ni pour dénoncer Endios, si, après avoir réclamé comme lui appartenant un patrimoine de trois talents, il eût trouvé bon de marier à un autre la fille légitime, avec mille drachmes de dot. Eh quoi? Nicodème n'aurait pas été indigné alors, et n'aurait pas dénoncé Endios! Il n'y aurait pas manqué, par Zeus! si le fait eût été vrai. 50. Mais je crois que ni Endios, à commencer par lui, ni en général aucun adopté n'aurait été assez simple, assez peu soucieux des lois existantes pour donner en mariage à un autre et ne pas garder pour lui-même la fille légitime de l'homme qui a laissé la succession. Il savait parfaitement, en effet, que le droit de recueillir tous les biens 53 de l'aïeul appartient aux enfants nés de la fille légitime. Et sachant cela, un homme dans ces conditions aurait abandonné à un autre une fortune qui était sienne, aussi considérable que celle que mes adversaires ont revendiquée ! 51. Croyez-vous qu'aucun adopté ait jamais été assez impudent, assez audacieux pour constituer en dot à la fille légitime à peine le dixième de la succession de l'aïeul? Et en ce cas Nicodème, son oncle, aurait-il laissé faire, lui qui atteste avoir donné en mariage la mère de Philé? Non, vous dis-je, au contraire il aurait revendiqué la succession, il aurait eu recours à la protestation, à la dénonciation devant l'archonte, ou à tout autre moyen s'il en existait de plus efficaces. Il serait allé jusqu'au bout. 52. Ainsi Endios a marié comme née d'une courtisane cette femme que Nicodème dit être sa nièce. Mais lui, Nicodème n'a pas jugé à propos de disputer à Endios la succession de Pyrrhos, ni de dénoncer à l'archonte celui par qui sa nièce a été mariée comme née d'une courtisane; il n'a éprouvé aucune indignation au sujet de la dot à elle constituée. Il a tout laissé faire. Or, les lois posent sur tout cela des règles précises. 53. On va d'abord vous relire en premier lieu le témoignage rendu au sujet de l'adjudication de la succession, et ensuite celui qui est relatif à la dation de cette femme en mariage. Lis aux juges.
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Μαρτυρίαι ἀνάγνωθι δὴ καὶ τοὺς νόμους . Νόμοι. Λαβὲ δὴ καὶ τὴν τούτου μαρτυρίαν. Μαρτυρία. [54] Πῶς οὖν ἄν τις σαφέστερον ἐξελέγχοι ψευδομαρτυρίων διώκων ἢ ἔκ τε τῶν πεπραγμένων αὐτοῖς τούτοις ἐπιδεικνύων καὶ ἐκ τῶν νόμων ἁπάντων τῶν ἡμετέρων;
περὶ μὲν οὖν τούτου σχεδὸν εἴρηται τὰ
πολλά· σκέψασθε δὲ καὶ περὶ τοῦ ἔχοντος τὴν ἀδελφιδῆν τὴν τούτου
γυναῖκα, ἐὰν ἄρα τι γένηται καὶ ἐκ τούτου τεκμήριον ὡς ἔστι ψευδῆ τὰ
μεμαρτυρημένα Νικοδήμῳ. [55] Ὡς μὲν οὖν
ἠγγυήσατο καὶ ἔλαβεν ὡς οὖσαν ἐξ ἑταίρας τὴν γυναῖκα, ἐπιδέδεικται
καὶ μεμαρτύρηται· ὡς δ' ἀληθὴς ἡ μαρτυρία ἐστὶν αὕτη, ὁ Ξενοκλῆς
αὐτὸς ἔργῳ οὐκ ὀλίγον χρόνον ἤδη ἀληθῆ ταῦτα μεμαρτύρηκε. Δῆλον γὰρ
ὅτι εἰ μὴ ἠγγύητο παρὰ τοῦ Ἐνδίου ὡς ἐξ ἑταίρας οὖσαν τὴν γυναῖκα,
ὄντων αὐτῷ παίδων ἤδη τηλικούτων ἐκ τῆς γυναικός, ζῶντι ἂν τῷ Ἐνδίῳ
ἠμφισβήτησεν ὑπὲρ τῆς γνησίας θυγατρὸς τῶν πατρῴων,
[56] ἄλλως τε καὶ παρεσκευασμένος μὴ
ὁμολογεῖν τὴν τοῦ Ἐνδίου ποίησιν τῷ Πύρρῳ γενέσθαι· ὡς δὲ οὐχ
ὁμολογῶν πῶς ἐπεσκήπτετο τοῖς μεμαρτυρηκόσιν ἐπὶ τῇ διαθήκῃ τοῦ
Πύρρου παραγενέσθαι. Καὶ ὡς ἀληθῆ λέγω, ἀναγνώσεται ὑμῖν τὴν
μαρτυρίαν τὴν μαρτυρηθεῖσαν. Ἀναγίγνωσκε αὐτοῖς. |
TÉMOIGNAGES. Lis encore les lois. Lois. [L'archonte veillera sur les orphelins, les épiclères, les maisons devenues désertes et les femmes qui s'étant dites 54 enceintes resteront dans les maisons de leurs maris décédés. Il en prendra soin et ne permettra pas qu'on leur fasse injure. Si quelqu'un leur fait injure ou commet à leur égard quelque acte défendu par la loi, l'archonte pourra le frapper d'une amende proportionnée à sa fortune. Si le coupable parait mériter une peine plus forte, il l'assignera à cinq jours, en requérant une condamnation pécuniaire dont i! fixera le chiffre suivant les circonstances, et introduira l'at- faire devant les juges. En cas de condamnation les juges décideront quelle somme le condamné devra payer, ou à défaut quelle peine il devra subir.] Prends encore le témoignage de cet homme. TÉMOIGNAGE. 54. Peut-on convaincre plus manifestement ses adversaires dans une poursuite en faux témoignage qu'en prenant la preuve dans ce qu'ils ont fait eux-mêmes et dans toutes nos lois? J'ai dit à peu près tout ce qu'il y avait à dire sur ce Nicodème; prenez maintenant ce Xénoclès qui a pour épouse la nièce de Nicodème, et voyez si lui aussi ne vous fournira pas un indice d'où il résulte que le témoignage de Nicodème est faux. 55. Qu'il ait épousé et reçu cette femme comme étant née d'une courtisane, je vous l'ai déjà prouvé et les témoins vous l'ont déclaré. La preuve que ce témoignage est vrai c'est que Xénoclès lui-même en a attesté la vérité par le fait, et depuis longtemps. En effet, s'il n'avait pas reçu d'Endios en mariage cette femme comme étant fille de courtisane, aujourd'hui qu'il en a de grands enfants, il aurait évidemment réclamé contre Endios, du vivant de ce dernier, les biens paternels, au nom de la fille légitime, 56. quand d'ailleurs il était prêt à contester que 55 Pyrrhos eût adopté Endios. Et on ne peut nier qu'il contestât ce fait quand il a attaqué les témoins qui ont déclaré avoir assisté au testament de Pyrrhos. Et pour prouver que je dis vrai on va vous lire le témoignage qui a été donné. Lis aux juges. |
Μαρτυρία
[57] Ἀλλὰ
μὴν κἀκεῖνό γε δηλοῖ, ὡς οὐχ ὁμολογοῦσι τὴν τοῦ Ἐνδίου ποίησιν ὑπὸ
τοῦ Πύρρου γενέσθαι. Οὐ γὰρ ἂν ὑπερβάντες τὸν τελευταῖον τοῦ οἴκου
γεγενημένον κληρονόμον ὑπὲρ τῆς γυναικὸς τοῦ Πύρρου κλήρου λαχεῖν
τὴν λῆξιν ἠξίωσαν οὗτοι. Ὁ μὲν γὰρ Πύρρος πλείω ἢ εἴκοσιν ἔτη
τετελεύτηκεν ἤδη, ὁ δὲ Ἔνδιος τοῦ Μεταγειτνιῶνος μηνὸς πέρυσιν, ἐν ᾧ
ἔλαχον τοῦ κλήρου τὴν λῆξιν τρίτῃ ἡμέρᾳ εὐθέως οὗτοι.
[58] Ὁ δὲ νόμος πέντε ἐτῶν κελεύει δικάσασθαι τοῦ κλήρου,
ἐπειδὰν τελευτήσῃ ὁ κληρονόμος. Οὐκοῦν δυοῖν τὰ ἕτερα προσῆκε τῇ
γυναικί, ἢ γυναικί ἢ ζῶντι τῷ Ἐνδίῳ ἀμφισβητῆσαι τῶν πατρῴων, ἢ
ἐπειδὴ τετελευτηκὼς ἦν ὁ εἰσποίητος, τῶν τοῦ ἀδελφοῦ τὴν ἐπιδικασίαν
ἀξιοῦν ποιεῖσθαι, ἄλλως τε καὶ εἰ, ὥς φασιν οὗτοι, ἠγγυήκει αὐτὴν τῷ
Ξενοκλεῖ ὡς γνησίαν ἀδελφὴν οὖσαν αὑτοῦ. [59]
Ἀκριβῶς γὰρ ἐπιστάμεθα πάντες ὅτι ἀδελφῶν μὲν κλήρων ἐπιδικασία
πᾶσίν ἐστιν ἡμῖν, ὅτῳ δὲ γόνῳ γεγόνασι γνήσιοι παῖδες, οὐδενὶ
ἐπιδικάζεσθαι τῶν πατρῴων προσήκει. Καὶ περὶ τούτων οὐδένα λόγον
λεχθῆναι δεῖ· ἅπαντες γὰρ ὑμεῖς καὶ οἱ ἄλλοι πολῖται ἀνεπίδικα
ἔχουσι τὰ ἑαυτῶν ἕκαστοι πατρῷα. [60]
Οὗτοι τοίνυν εἰς τοῦτο τόλμης ἀφιγμένοι εἰσίν, ὥστε τῷ μὲν εἰσποιήτῳ
οὐκ ἔφασαν ἐπιδικάσασθαι προσήκειν τῶν δοθέντων, τῇ δὲ Φίλῃ, ἥν φασι
θυγατέρα γνησίαν τῷ Πύρρῳ καταλελεῖφθαι, λαχεῖν τοῦ κλήρου τοῦ
πατρῴου τὴν λῆξιν ἠξίωσαν. Καίτοι ιὅπερ εἶπον καὶ πρότερονν ὅσοι μὲν
ἂν καταλίπωσι γνησίους παῖδας ἐξ αὑτῶν, οὐ προσήκει τοῖς παισὶν
ἐπιδικάσασθαι τῶν πατρῴων· ὅσοι δὲ διαθήκαις αὑτοῖς εἰσποιοῦνται,
τούτοις ἐπιδικάζεσθαι προσήκει τῶν δοθέντων. [61]
Τοῖς μὲν γάρ, ὅτι γόνῳ γεγόνασιν, οὐδεὶς ἂν δήπου ἀμφισβητήσειε περὶ
τῶν πατρῴων· πρὸς δὲ τοὺς εἰσποιήτους ἅπαντες οἱ κατὰ γένος
προσήκοντες ἀμφισβητεῖν ἀξιοῦσιν. Ἵνα οὖν μὴ παρὰ τοῦ ἐντυχόντος τῶν
κλήρων αἱ λήξεις τοῖς ἀμφισβητεῖν βουλομένοις γίγνωνται, καὶ μὴ ὡς
ἐρήμων τῶν κλήρων ἐπιδικάζεσθαί τινες τολμῶσι, τούτου ἕνεκα τὰς
ἐπιδικασίας οἱ εἰσποίητοι πάντες ποιοῦνται. [62]
Μηδεὶς οὖν ὑμῶν ἡγείσθω, εἰ ἐνόμιζε γνησίαν εἶναι τὴν ἑαυτοῦ γυναῖκα
Ξενοκλῆς, λαχεῖν ἂν ὑπὲρ αὐτῆς τὴν λῆξιν τοῦ κλήρου τοῦ πατρῴου, ἀλλ'
ἐβάδιζεν ἂν ἡ γνησία εἰς τὰ ἑαυτῆς πατρῷα, καὶ εἴ τις αὐτὴν ἀφῃρεῖτο
ἢ ἐβιάζετο, ἐξῆγεν ἂν ἐκ τῶν πατρῴων, καὶ οὐκ ἂν ἰδίας μόνον δίκας
ἔφευγεν ὁ βιαζόμενος, ἀλλὰ καὶ δημοσίᾳ εἰσαγγελθεὶς πρὸς τὸν ἄρχοντα
ἐκινδύνευεν ἂν περὶ τοῦ σώματος καὶ τῆς οὐσίας ἁπάσης τῆς ἑαυτοῦ.
[63] Ἔτι δ' ἂν πρότερον τοῦ Ξενοκλέους οἱ
τοῦ Πύρρου θεῖοι, εἰ ᾖδεσαν γνησίαν θυγατέρα τῷ ἑαυτῶν ἀδελφιδῷ
καταλειπομένην καὶ ἡμῶν μηδένα λαμβάνειν ἐθέλοντα αὐτήν, οὐκ ἄν ποτε
ἐπέτρεψαν Ξενοκλέα, τὸν μηδαμόθεν μηδὲν γένει προσήκοντα Πύρρῳ,
λαβόντα ἔχειν τὴν κατὰ γένος προσήκουσαν αὑτοῖς γυναῖκα. Ἢ δεινόν γ'
ἂν εἴη. [64] Τὰς μὲν ὑπὸ τῶν πατέρων
ἐκδοθείσας καὶ συνοικούσας ἀνδράσι γυναῖκας (περὶ ὧν τίς ἂν ἄμεινον
ἢ ὁ πατὴρ βουλεύσαιτο;) καὶ τὰς οὕτω δοθείσας, ἂν ὁ πατὴρ αὐτῶν
τελευτήσῃ μὴ καταλιπὼν αὐταῖς γνησίους ἀδελφούς, τοῖς ἐγγύτατα
γένους ἐπιδίκους ὁ νόμος εἶναι κελεύει, καὶ πολλοὶ συνοικοῦντες ἤδη
ἀφῄρηνται τὰς ἑαυτῶν γυναῖκας. [65]
Εἶτα τὰς μὲν ὑπὸ τῶν πατέρων ἐκδοθείσας διὰ τὸν νόμον ἐξ ἀνάγκης
ἐπιδίκους εἶναι προσήκει· Ξενοκλεῖ δὲ ἄν τις τόδ' ἐπέτρεψε τῶν τοῦ
Πύρρου θείων, εἰ ἦν γνησία θυγάτηρ ἐκείνῳ καταλειπομένη, λαβόντα
ἔχειν τὴν κατὰ γένος προσήκουσαν αὑτοῖς γυναῖκα, καὶ τοσαύτης οὐσίας
τοῦτον καταστῆναι κληρονόμον ἀνθ' ἑαυτῶν; Μὴ νομίσητε ὑμεῖς, ὦ
ἄνδρες· [66] oὐδεὶς γὰρ ἀνθρώπων
μισεῖ τὸ λυσιτελοῦν, οὐδὲ περὶ πλείονος τοὺς ἀλλοτρίους ἑαυτοῦ
ποιεῖται. Ἐὰν οὖν προφασίζωνται διὰ τὴν τοῦ Ἐνδίου ποίησιν μὴ
ἐπίδικον εἶναι τὴν γυναῖκα, καὶ διὰ ταῦτα μὴ φῶσιν ἀμφισβητῆσαι
αὐτῆς, πρῶτον μὲν ἐκεῖνα αὐτοὺς ἐρέσθαι χρή, τί ὁμολογοῦντες τὴν τοῦ
Ἐνδίου ποίησιν ὑπὸ τοῦ Πύρρου γενέσθαι ἐπεσκημμένοι εἰσὶ τοῖς
μεμαρτυρηκόσι ταῦτα, [67] εἶτα τί
παρελθόντες τὸν τελευταῖον τοῦ οἴκου γεγενημένον κληρονόμον τοῦ
Πύρρου κλήρου τὴν λῆξιν λαχεῖν ἠξίωσαν παρὰ τὸν νόμον. Πρὸς δὲ
τούτοις ἐκεῖνο αὐτοὺς ἔρεσθε, εἴ τις τῶν γνησίων τῶν αὑτοῦ
ἐπιδικάζεσθαι ἀξιοῖ. Ταῦτα πρὸς τὴν ἀναίδειαν αὐτῶν πυνθάνεσθε. Ὡς
δ' ἦν ἐπίδικος ἡ γυνή, εἴ περ γνησία κατελείφθη, ἐκ τῶν νόμων
σαφέστατα μαθεῖν ἔστι τοῦτο. [68] Ὁ γὰρ
νόμος διαρρήδην λέγει ἐξεῖναι διαθέσθαι ὅπως ἂν ἐθέλῃ τις τὰ αὑτοῦ,
ἐὰν μὴ παῖδας γνησίους καταλίπῃ ἄρρενας· ἂν δὲ θηλείας καταλίπῃ, σὺν
ταύταις. Οὐκοῦν μετὰ τῶν θυγατέρων ἔστι δοῦναι καὶ διαθέσθαι τὰ
αὑτοῦ· ἄνευ δὲ τῶν γνησίων θυγατέρων οὐχ οἷόν τε οὔτε ποιήσασθαι
οὔτε δοῦναι οὐδενὶ οὐδὲν τῶν ἑαυτοῦ. [69]
Οὐκοῦν εἰ μὲν ἄνευ τῆς γνησίας θυγατρὸς τὸν Ἔνδιον Πύρρος
ἐποιεῖτο ὑὸν αὑτῷ, ἄκυρος ἂν ἦν αὐτοῦ ἡ ποίησις κατὰ τὸν νόμον· εἰ
δὲ τὴν θυγατέρα ἐδίδου καὶ ἐπὶ τούτῳ ποιησάμενος κατέλιπε, πῶς ἂν
ὑμεῖς ἐπετρέψατε ἐπιδικάζεσθαι οἱ τοῦ Πύρρου θεῖοι τὸν Ἔνδιον τοῦ
Πύρρου κλήρου ἄνευ τῆς γνησίας θυγατρός, εἰ ἦν ἐκείνῳ, ἄλλως τε εἰ
καὶ ἐμαρτυρήσατε ὡς ἐπέσκηψεν ὑμῖν ὁ ἀδελφιδοῦς ἐπιμελεῖσθαι τούτου
τοῦ παιδίου; [70] Ἀλλ' ὦ 'γαθοί, τοῦτο
μὲν καὶ λαθεῖν φήσαιτ' ἂν ὑμᾶς· ὅτε δ' ἠγγύα καὶ ἐξεδίδου ὁ Ἔνδιος
τὴν γυναῖκα, ἐπετρέπετε ὑμεῖς οἱ θεῖοι τὴν τοῦ ἀδελφιδοῦ τοῦ
ὑμετέρου αὐτῶν ὡς ἐξ ἑταίρας οὖσαν ἐκείνῳ ἐγγυᾶσθαι, ἄλλως τε καὶ
παραγενέσθαι φάσκοντες, ὅτε ὁ ἀδελφιδοῦς ὑμῶν ἠγγυᾶτο τὴν μητέρα τὴν
ταύτης κατὰ τοὺς νόμους ἕξειν γυναῖκα, ἔτι δὲ καὶ ἐν τῇ δεκάτῃ τῇ
ταύτης κληθέντες συνεστιᾶσθαι; [71]
Πρὸς δὲ τούτοις (τουτὶ γὰρ τὸ δεινόν ἐστιν) ἐπισκῆψαι φάσκοντες ὑμῖν
τὸν ἀδελφιδοῦν ἐπιμελεῖσθαι τούτου τοῦ παιδίου, οὕτως ἐπεμελήθητε
ὥστ' ἐᾶσαι ὡς ἐξ ἑταίρας οὖσαν αὐτὴν ἐγγυᾶσθαι, ἄλλως τε καὶ ἔχουσαν
τοὔνομα τῆς ὑμετέρας αὐτῶν ἀδελφῆς, ὡς ἐμαρτυρεῖτε; |
TEMOIGNAGE. 57. Cela aussi est évident : mes adversaires contestent qu'Endios ait été adopté par Pyrrhos, et ce qui le prouve c'est que, passant par-dessus la tête du dernier héritier de la maison, ils ont conclu, au nom de cette femme, à ce que la succession de Pyrrhos leur fût adjugée. En effet, Pyrrhos était mort depuis plus de vingt ans. Endios est mort au mois Métageitnion de l'année dernière, or Xénoclès et Nicodème ont formé leur demande en revendication de la succession deux jours après. 58. Or la loi veut que l'action en matière de succession soit intentée dans les cinq ans qui suivent la mort de l'héritier. En conséquence, celte femme avait à faire de deux choses l'une. Elle pouvait disputer à Endios vivant les biens paternels, ou bien, après la mort de l'adopté, demander que la succession de son frère fût mise en adjudication, surtout si, comme ces hommes le prétendent, Endios l'avait présentée comme sa sœur légitime lorsqu'il l'avait mariée à Xénoclès. 59. Car nous savons tous parfaitement que nous pouvons réclamer la succession d'un frère, tandis que si le défunt a laissé des enfants légitimes nés de lui, personne n'a le droit de revendiquer la succession qui passe de père en fils. Là-dessus il n'y a rien à vous dire, car pas un seul d'entre vous ni d'entre les autres citoyens de cette ville n'a eu besoin d'une adjudication 56 pour posséder les biens paternels. 60. Mais ces hommes en sont venus à ce comble d'audace qu'ils ont soutenu qu'il n'y avait pas lieu pour l'adopté de se faire adjuger les biens légués, et qu'ils ont formé, au nom de Philé, qu'ils disent être une fille légitime laissée par Pyrrhos. une demande tendant à lui faire adjuger les biens paternels. Pourtant, comme je l'ai déjà dit, lorsqu'un homme laisse des enfants légitimes nés de lui, ces enfants n'ont pas à revendiquer les bien s paternels. Au contraire ceux qui sont adoptés par testament, ceux- là seuls sont tenus de se faire adjuger les biens légués. 61. Contre ceux qui sont nés du sang, personne ne peut réclamer les biens paternels, mais contre les adoptés tous les membres de la famille sont admis à réclamer. Aussi, pour éviter que les successions soient réclamée; par le premier venu et attribuées à qui veut contester. ou bien encore que la succession étant considérée comme vacante, certains osent en demander l'attribution, par ce motif les adoptés demandent toujours l'adjudication. 62. N'allez donc pas croire que Xénoclès, s'il croyait que sa femme fût fille légitime, eût demandé pour elle l'adjudication de la succession paternelle: non, la fille légitime eût pris possession des biens de son père, et si quelqu'un avait voulu les lui soustraire ou les lui enlever par force, elle l'aurait expulsé des biens paternels, et en ce cas l'auteur de la violence n'en aurait pas été quitte pour un procès civil, il aurait été dénoncé par une action publique devant l'archonte, et il aurait couru de grands dangers dans sa personne et dans tous ses biens. 63. Même avant Xénoclès, les oncles de Pyrrhos, s'ils avaient su que leur neveu avait laissé une fille légitime et que personne de nous ne voulait la prendre pour épouse, n'auraient pas laissé Xénoclès, qui ne tenait à Pyrrhos par aucun lien du 57 sang, prendre pour épouse cette femme qui leur appartenait comme étant de leur sang. 64. Ce serait vraiment une chose bien fâcheuse. Les femmes qui ont été mariées par leur père et vivent avec leurs maris — qui peut mieux qu'un père pourvoir au sort de ses filles? — ces .femmes, dis-je, ainsi données, si leur père vient à mourir sans leur laisser de frères légitimes, la loi veut qu'elles soient attribuées au parent le plus proche en degré, c'est ainsi que bien des maris ont été séparés de leurs femmes. 65. Eh bien! quand les filles mariées par leurs pères doivent nécessairement être ainsi attribuées par application de la loi, les oncles de Pyrrhos auraient permis à Xéno- clés, en supposant que cette femme soit fille légitime de Pyrrhos, de la prendre pour épouse, elle qui se rattache à eux par les liens du sang ! Ils auraient consenti à laisser Xénoclès recueillir à leur place une si opulente succession ! 66. Non, juges, ne croyez pas cela. Aucun homme n'est ennemi de son propre intérêt, aucun ne préfère à lui-même des gens qui lui sont étrangers. Si donc ils allèguent que l'adoption d'Endios faisait obstacle à l'attribution de cette femme, que c'est pour cette raison qu'ils n'ont élevé aucune prétention sur elle, demandez-leur d'abord si, eux qui reconnaissent aujourd'hui le fait de l'adoption d'Endios par Pyrrhos, ils n'ont pas attaqué les témoins qui affirmaient ce fait, 67. et si, passant par-dessus la tête de l'héritier qui a recueilli en dernier lieu li succession de Pyrrhos, ils n'ont pas jugé à propos de revendiquer cette même succession, contrairement à la loi. Demandez-leur encore si l'on voit jamais un enfant légitime réclamer en justice l'attribution des biens qui sont à lui. Répondez par ces questions à leur impudence. Maintenant, cette femme était-elle sujette à une attri- 58 bution de ce genre, en supposant qu'elle fût fille légitime? C'est ce que les lois elles-mêmes vont clairement vous apprendre. 68. La loi dit expressément qu'il permis à tout homme de disposer de ses biens s'il ne laisse pas d'enfants légitimes mâles; s'il en laisse du sexe féminin il peut disposer de ses biens en même temps que de ses filles. Ainsi on peut donner et léguer ses biens avec ses filles, mais on ne peut, en laissant de côté les filles légitimes, ni adopter un enfant, ni donner à qui que ce soit rien de ce qu'on possède. 69 Si donc Pyrrhos avait adopté Endios pour son fils, sans lui donner sa fille légitime, celte adoption aurait été nulle, aux termes de la loi. S'il donnait sa fille, et faisait du mariage une condition de l'adoption, comment auriez-vous laissé le fils adoptif de Pyrrhos réclamer la succession de Pyrrhos sans réclamer en même temps la fille légitime, si tant est que Pyrrhos eut une fille légitime, alors surtout que, d'après votre propre témoignage, votre neveu vous avait recommandé de prendre soin de cette enfant? 70. Vous me direz peut-être que vous avez ignoré cette demande d'Endios ; mais quand Endios a marié et donné cette femme, vous, les oncles, vous l'avez laissé marier à Xénoclès la fille de votre propre neveu, comme à elle eût été née d'une courtisane, alors que vois affirmez avoir été présents le jour où votre neveu prit pour épouse la mère de cette femme pour vivre avec elle en légitime mariage; et encore le dixième jour après la naissance de Philé, quand vous avez été conviés au festin d'usage. 71. Et en outre — c'est là en effet ce qui est grave — alors que vous déclariez votre neveu vous avait recommandé de prendre soin de cette enfant, tout le soin que vous en avez pris a été de la laisser marier comme née d'une courtisane, quoiqu' - 59 elle portât le nom de votre propre sœur, comme vous l'avez déclaré. |
[72] Ἐκ τοίνυν τούτων, ὦ ἄνδρες, καὶ ἐξ αὐτοῦ τοῦ πράγματος ῥᾴδιόν ἐστι γνῶναι ὅσον ἀναισχυντότατοι ἀνθρώπων εἰσὶν οὗτοι. Τίνος γὰρ ἕνεκα, εἰ ἦν γνησία θυγάτηρ τῷ ἡμετέρῳ θείῳ καταλειπομένη, ποιησάμενος ὁ θεῖος κατέλιπε τὸν ἐμὸν ἀδελφὸν ὑὸν ἑαυτῷ; Πότερον ὅτι προσήκοντες αὐτῷ ἐγγυτέρω γένους ἡμῶν ἦσαν ἄλλοι, οὓς βουλόμενος τὴν ἐπιδικασίαν τῆς θυγατρὸς ἀποστερῆσαι ἐποιεῖτο τὸν ἐμὸν ἀδελφὸν ὑὸν αὑτῷ; Ἀλλ' οὔτε ἐγένετο οὔτ' ἔστι, μὴ γενομένων δὲ παίδων γνησίων ἐκείνῳ, ἐγγυτέρω ἡμῶν οὐδὲ εἷς· ἀδελφὸς μὲν γὰρ οὐκ ἦν αὐτῷ οὐδ' ἀδελφοῦ παῖδες, ἐκ δὲ τῆς ἀδελφῆς ἡμεῖς ἦμεν αὐτῷ. [73] Ἀλλὰ νὴ Δία ἄλλον τινὰ ποιησάμενος τῶν συγγενῶν ἔδωκεν ἂν ἔχειν τὸν κλῆρον καὶ τὴν θυγατέρα τὴν ἑαυτοῦ. Καὶ τί αὐτὸν ἔδει καταφανῶς καὶ ὁτῳοῦν ἀπέχθεσθαι τῶν οἰκείων, ἐξόν, εἴπερ ἦν ἠγγυημένος τὴν ἀδελφὴν τὴν Νικοδήμου, τὴν θυγατέρα τὴν ἐκ ταύτης ἀποφανθεῖσαν εἶναι εἰς τοὺς φράτορας εἰσαγαγόντι ὡς οὖσαν γνησίαν ἑαυτῷ, ἐπὶ ἅπαντι τῷ κλήρῳ ἐπίδικον καταλιπεῖν αὐτήν, καὶ ἐπισκῆψαι τῶν γιγνομένων ἐκ τῆς θυγατρὸς παίδων εἰσαγαγεῖν ὑὸν ἑαυτῷ; [74] Δῆλον μὲν γὰρ ὅτι ἐπίκληρον καταλιπὼν ἀκριβῶς ἂν ἤδει ὅτι δυοῖν θάτερον ἔμελλεν ὑπάρχειν αὐτῇ· ἢ γὰρ ἡμῶν τινα τῶν ἐγγύτατα γένους ἐπιδικασάμενον ἕξειν γυναῖκα, ἢ εἰ μηδεὶς ἡμῶν ἐβούλετο λαμβάνειν, τῶν θείων τινὰ τούτων τῶν μαρτυρούντων, εἰ δὲ μή, τῶν ἄλλων τινὰ συγγενῶν τὸν αὐτὸν τρόπον ἐπὶ πάσῃ τῇ οὐσίᾳ ἐπιδικασάμενον κατὰ τοὺς νόμους ἕξειν ταύτην γυναῖκα. [75] Οὐκοῦν ἐκ μὲν τοῦ τὴν θυγατέρα εἰς τοὺς φράτορας εἰσαγαγεῖν καὶ μὴ ποιήσασθαι τὸν ἐμὸν ἀδελφὸν ὑὸν αὑτῷ ταῦτ' ἂν διεπράξατο· ἐκ δὲ τοῦ τοῦτον μὲν ποιήσασθαι τὴν δὲ μὴ εἰσαγαγεῖν τὴν μὲν νόθην, ὥσπερ αὐτῷ προσῆκε, καὶ ἄκληρον κατέστησε, τὸν δὲ κληρονόμον κατέλιπε τῶν ἑαυτοῦ. [76] ἀλλὰ μὴν ὥς γε οὔτε γαμηλίαν εἰσήνεγκεν ὁ θεῖος ἡμῶν, οὔτε τὴν θυγατέρα, ἥν φασι γνησίαν αὐτῷ εἶναι οὗτοι, εἰσαγαγεῖν εἰς τοὺς φράτορας ἠξίωσε, καὶ ταῦτα νόμου ὄντος αὐτοῖς, ἀναγνώσεται δὲ ὑμῖν τὴν τῶν φρατόρων τῶν ἐκείνου μαρτυρίαν. Ἀναγίγνωσκε· σὺ δ' ἐπίλαβε τὸ ὕδωρ. Μαρτυρία. Λαβὲ δὲ καὶ ὡς ἐποιήσατο τὸν ἐμὸν ἀδελφὸν ὑὸν αὑτῷ. Μαρτυρία [77] Εἶτα ὑμεῖς τὴν Νικοδήμου μαρτυρίαν τῶν αὐτοῦ τοῦ θείου ἐκμαρτυριῶν πιστοτέραν ἡγήσεσθε εἶναι, καὶ τὴν οὕτω κοινὴν τοῖς βουλομένοις γεγενημένην, ταύτην ἐπιχειρήσει τις ὑμᾶς πείθειν ὅτι ἐγγυητὴν γυναῖκα ὁ ἡμέτερος θεῖος ἔσχεν; Ἀλλ' ὑμεῖς, ὡς ἔγωγ' οἶμαι, οὐ πιστεύσετε, ἐὰν μὴ ἀποφαίνῃ ὑμῖν, ὅπερ ἀρχόμενος εἶπον τοῦ λόγου, [78] πρῶτον μὲν ἐπὶ τίνι προικὶ οὗτος ἐγγυῆσαι τῷ Πύρρῳ φησὶ τὴν ἀδελφήν, ἔπειτα πρὸς ὁποῖον ἄρχοντα ἡ ἐγγυητὴ γυνὴ ἀπέλιπε τὸν ἄνδρα ἢ τὸν οἶκον τὸν αὐτοῦ, εἶτα παρ' ὅτου ἐκομίσατο τὴν προῖκα αὐτῆς, ἐπειδὴ τετελευτηκὼς ἦν ᾧ φησιν αὐτὴν ἐγγυῆσαι· ἢ εἰ ἀπαιτῶν μὴ ἐδύνατο κομίσασθαι ἐν εἴκοσιν ἔτεσιν, ὁποίαν δίκην σίτου ἢ τῆς προικὸς αὐτῆς ὑπὲρ τῆς ἐγγυητῆς γυναικὸς ἐδικάσατο τῷ ἔχοντι τὸν Πύρρου κλῆρον οὗτος. [79] Ἔτι δὲ πρὸς τούτοις ἐπιδειξάτω ὅτῳ πρότερον ἢ ὕστερον ἠγγύησεν οὗτος τὴν ἀδελφήν, ἢ εἰ ἐξ ἄλλου τινὸς γεγενημένοι εἰσὶ παῖδες αὐτῇ. Ταῦτα οὖν ἀξιοῦτε πυνθάνεσθαι παρ' αὐτοῦ, καὶ περὶ τῆς τοῖς φράτορσι γαμηλίας μὴ ἀμνημονεῖτε. Οὐ γὰρ τῶν ἐλαχίστων πρὸς τὴν τούτου μαρτυρίαν τεκμήριόν ἐστι τοῦτο. Δῆλον γὰρ ὅτι, εἰ ἐπείσθη ἐγγυήσασθαι, ἐπείσθη ἂν καὶ γαμηλίαν ὑπὲρ αὐτῆς τοῖς φράτερσιν εἰσενεγκεῖν καὶ εἰσαγαγεῖν τὴν ἐκ ταύτης ἀποφανθεῖσαν θυγατέρα ὡς γνησίαν οὖσαν αὑτῷ. [80] Καὶ ἔν τε τῷ δήμῳ κεκτημένος τὸν τριτάλαντον οἶκον, εἰ ἦν γεγαμηκώς, ἠναγκάζετο ἂν ὑπὲρ τῆς γαμετῆς γυναικὸς καὶ θεσμοφόρια ἑστιᾶν τὰς γυναῖκας, καὶ τἆλλα ὅσα προσῆκε λῃτουργεῖν ἐν τῷ δήμῳ ὑπὲρ τῆς γυναικὸς ἀπό γε οὐσίας τηλικαύτης. Οὐ τοίνυν φανεῖται οὐδὲν τούτων γεγενημένον οὐδεπώποτε. Οἱ μὲν οὖν φράτορες μεμαρτυρήκασιν ὑμῖν· λαβὲ δὲ καὶ τὴν τῶν δημοτῶν τῶν ἐκείνου μαρτυρίαν. Μαρτυρία. |
72. Par toutes ces preuves, juges, et par le fait lui- même il vous est facile de voir à quel point ces hommes sont les plus effrontés qu'il y ait au monde. Pourquoi, si notre oncle laissait une fille légitime, laissait-il en même temps mon frère pour fils adoptif? Est-ce parce qu'il y avait d'autres parents plus proches que nous, à qui il voulait enlever le droit de se faire attribuer la fille, et que ce motif le déterminait à adopter mon frère pour son fils? Mais, à défaut d'enfants légitimes de Pyrrhos, il n'y a jamais eu, il n'y a pas un seul parent plus proche que nous. En effet Pyrrhos n'avait ni frère, ni enfants de frère. Il avait une sœur dont nous étions les enfants. 73. Voudriez-vous qu'il fût allé chercher un autre parent plus éloigné pour lui donner à la fois sa succession et sa fille? Mais pourquoi manifester ainsi de la haine contre un membre de sa famille, quel qu'il fût? S'il avait réellement épousé la sœur de Nicodème, il pouvait prendre la fille dont cette femme était reconnue la mère, la présenter à la phratrie comme étant sa fille légitime, la laisser adjuger avec toute sa succession et recommander qu'un des enfants qu'elle aurait ff tt introduit dans sa maison comme fils adoptif. 74. Apparemment il savait très bien que laissant une épiclère, celle-ci aurait à faire de deux choses l'une : ou bien épouser un de nous qui sommes les plus proches parents, celui qui se la ferait adjuger pour en faire sa femme, ou bien, si pas un de nous ne voulait la prendre, épouser un de ces oncles qui sont aujourd'hui témoins, sinon, un autre de la parenté, celui qui voudrait la prendre pour femme de la même manière, suivant les lois, en se faisant adjuger toute la succession. 75. Il suffisait donc à Pyrrhos, pour faire cela, de pré- 60 senter sa fille à la phratrie et de ne pas adopter mon frère pour son fils. Mais en adoptant l'un et en ne présentant pas l'autre.il a imprimé à cette fille, comme il en avait le droit, la qualité d'enfant illégitime, incapable de succéder, et il a fait Endios, son héritier. 76. Pour prouver que notre oncle n'a jamais célébré de fête nuptiale, qu'il n'a jamais jugé à propos de présenter à la phratrie cette fille que mes adversaires prétendent être sa fille légitime, et cela quand la loi de phratrie l'exige, on va vous lire le témoignage des membres de la phratrie de Pyrrhos. Lis, et toi arrête l'eau. TEMOIGNAGE. Prends encore ce témoignage-ci afin de prouver qu'il a adopté mon frère pour son fils. TÉMOIGNAGE. 77. Après cela trouverez-vous le témoignage de Nicodème plus digne de foi que les reconnaissances émanées de notre oncle lui-même? S'efforcera-t-on de vous persuader que notre oncle a épousé en légitime mariage cette femme qui était à tout le monde et à qui voulait? Mais vous ne croirez pas cela, je pense, à moins qu'on ne vous montre, comme je le disais en commençant, 78. d'abord quelle dot mon adversaire a constituée quand il a donné sa sœur en mariage à Pyrrhos, ensuite devant quel archonte cette femme ainsi mariée a quitté son mari ou la maison de son mari, ensuite par qui lui a été faite la restitution de la dot après la mort de celui à qui il prétend avoir donné sa sœur, ou s'il l'a réclamée sans pouvoir l'obtenir dans l'espace de vingt ans, et en ce cas quelle action d'ali- 61 ments ou du capital de la dot il a intentée au nom de cette femme mariée contre le détenteur de la succession de Pyrrhus. 79. En outre, qu'il montre encore à qui il a donné sa sœur en mariage, avant ou après, ou si elle a eu des enfants de quelque autre homme. Exigez de lui des réponses sur toutes ces questions, et n'oubliez pas de le faire s'expliquer sur la cérémonie nuptiale à la phratrie, car ce n'est pas là le moindre indice qui contredise son témoignage. Apparemment si Pyrrhos s'était laissé persuader d'épouser, on lui aurait aussi persuadé de célébrer pour cette femme une cérémonie nuptiale dans la phratrie, et de présenter l'enfant né de cette femme comme étant sa fille légitime. 80. Et dans son dème, cet homme qui possédait une fortune de trois talents aurait été forcé, s'il avait été marié, de donner au nom de sa femme légitime le festin des thesmophories aux autres femmes. Il aurait dû fournir dans le dème, au nom de sa femme, toutes les autres liturgies qui sont d'usage. Il le pouvait, du moins, avec une si grande fortune. Pourtant on ne voit pas que jamais, à aucun moment, il ait fait rien de pareil. Les membres de la phratrie vous l'ont déclaré. Prends aussi le témoignage des membres du dème. TÉMOIGNAGE.
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62 NOTES § 1. La loi de Solon ne permettait de tester qu'à ceux qui n'avaient pas d'enfants légitimes. V. Isée, Succession de Ménéctès, § 1 et la note. L'adoption d'Endios par Pyrrhos était une adoption testamentaire. Il n'y a pas eu d'adoption posthume. Pour créer ainsi un fils adoptif à Pyrrhos décédé il aurait fallu faire annuler l'adoption conférée à Endios, car il ne pouvait y avoir deux fils adoptifs. On a déjà vu qu'ἀμφισβήτησις; est le terme technique pour désigner la demande en concurrence dans la procédure d'envoi en possession. § 2. Ὑπερβᾶσα τὸν τελευταῖον κληρονόμον, franchissant le dernier héritier qui était Endios, pour arriver à l'héritage de Pyrrhos. Philé aurait pu se porter héritière d'Endios qui était son frère par adoption et qui ne laissait pas d'enfants, mais elle aurait été primée par l'orateur, qui était frère d'Endios. C'est pourquoi elle réclame la succession de Pyrrhos, qui est son père. Comme fille elle prime la mère d'Endios qui n'est que la sœur de Pyrrhos, elle est seulement primée par la succession d'Endios qui, par adoption, est aussi fils de Pyrrhos, mais si elle parvient à faire annuler l'adoption d'Endios elle se trouvera seule héritière de Pyrrhos, avec la qualité d'épiclère. § 3. Le procès s'engage donc entre Philé qui se présente comme fille légitime, et la mère de l'orateur qui fait valoir ses droits comme sœur, en contestant la légitimité de Philé. Celle-ci prétend qu'elle est saisie de plein droit, comme fille, et que dès lors la mère de l'orateur n'est pas recevable à réclamer l'envoi en possession. μὴ ἐπίδικον εἶναι τὸν κλῆρον. Elle forme en conséquence une protestation, διαμαρτυρία, et produit ses témoins, pour prouver : 1° sa filiation, 2° sa légitimité. § 4. Pour combattre la διαμαρτυρία, il fallait intenter contre les témoins produits une action en faux témoignage. Or, Philé produisait deux témoins, à savoir son mari Xénoclès, et son oncle maternel, Nicodème. L'orateur les a poursuivis l'un après l'autre. Par un premier jugement il a fait condamner Xénoclès. Il s'est ensuite retourné contre Nicodème. C'est le procès actuel. § 6. Le second procès portant sur la même question que le pre- 63 mier doit évidemment être jugé de même. Pour prouver l'identité de question, l'orateur fait lire trois pièces, à savoir : 1° l'ἀντωμοσία, c'est-à-dire le procès-verbal des serments prêtés par l'une et l'autre partie dans le procès en faux témoignage contre Xénoclès. Le fait affirmé par l'un et dénié par l'autre était exprimé dns la formule du serment: 2° la μαρτυρία, c'est-à-dire le témoignage de Xénoclès; 3° la διαμαρτυρία, c'est-à-dire l'acte par lequel la partie qui se prétendait héritière en ligne directe opposait à son adversaire le témoignage susvisé et concluait à ce qu'il fût jugé que la succession n'était pas susceptible d'adjudication, μὴ ἐπιδίκον εἶναι τὸν κλῆρον. §§ 8 et 9. La dot n'était pas essentielle à l'existence du mariage, toutefois la constitution de dot précédait ordinairement le mariage, et en pouvait être un signe. On trouve ici accumulés tous les termes légaux relatifs au mariage. Celui qui marie une femme (ὁ ἐγγυτής) , la donne au futur époux, ἐκδίδωσιi. Il ajoute une dot, ἐπιδίδωσι. Si la femme se sépare de son mari, ἀπολείπει, ou si devenue veuve elle quitte la maison, elle reprend sa dot, ou du moins celui qui l'a fournie la reprend pour elle, κομίζεται. En cas de contestation la femme réclame en justice soit les intérêts sous forme d'aliments, σῖτος, soit le capital, προὶξ αὐρή. Ulpien, I. 3, D. de jure dotium, XIII, 3 : « Dotis appellatio non refertur ad ea matrimonia quae consislere non possunt. Neque enim dos sine matrimonio esse potest. Uticumque igitur matrimonii nomen non est, nec mos est » § 21. Ἐκμαρτυρία. Témoignage indirect, par opposition au témoignage direct, μαρτυρία Quand un témoin ne peut venir déposer lui-même, en personne, on fait recueillir son témoignage par d'autres personnes qui viennent ensuite rapporter ce qu'elles ont entendu. Dans ce cas il y a tout intérêt à prendre, pour les charger de cette mission, des personnes recommandables, pour qu'on ne puisse pas les accuser d'altérer la déposition entendue par elles. § 22. Bésa, dème dans le voisinage du Laurion. Ἐργαστήριον est une exploitation minière appartenant à un particulier, à un propriétaire distinct. Si Philé est réellement la fille légitime de Pyrrhos, son mari Xénoclès a le droit de. se mettre en possession par ἐμβάτευσις;. Mais Ia qualité de Philé étant contestée, Xénoclès prévoit que les défenseurs de la mine pourront s'opposer à ce qu'il en prenne possesssion, et l'expulseront. C'est ce qu'exprimé, le terme technique εἰσαγωγή. § 28. L'obligation imposée au mari de restituer la dot était pour la femme une sorte d'assurance contre le divorce. § 30. Le dixième jour après la naissance de I'enfant le père lui 64 donnait un nom. Il y avait alors une cérémonie de famille. L'acte du père équivalait à une reconnaissance de la légitimité de l'enfant. C'est pourquoi l'orateur conteste énergiquement les témoignage fournis sur ce point par ses adversaires. § 33. Il y a ici quelque obscurité et peut-être quelque corruption du texte. Schœmann croit qu'au lien de πλέον il faut lire ὕστερον. Isée voudrait dire que le témoignage des oncles de Pyr- rhos a été frauduleusement concerté tout récemment, depuis que Xénoclès a intenté son action, alors que la demanderesse avait déja été désignée dans la demande sous le nom de Philé. Mais cette correction n'est peut-être pas nécessaire. Isée a simplement voulu dire : il y a fraude d'un côté ou de l'autre, or c'est de la part de- oncles de Pyrrhos plutôt que la part de Xénoclès. § 35. Il faut lire avec Schœmann ἕνεκα τοῦ γάμου et non τοῦ νόμου comme lit Scheibe, qui s'appuie il est vrai sur les mss. La leçon préférée par Schœmann donne seule un sens satisfaisant. A la dissolution du mariage, la femme, ou le constituant ne peut reprendre que la dot constituée et fixée par le contrat à une certaine somme. Les biens donnés en nature ne peuvent être considérés comme dotaux que s'ils ont été compris expressément dans la dot pour le montant de leur évaluation. Tout bien non estimé est extradotal et par suite ne peut être repris à la dissolution du mariage. La reprise des biens estimés dans la dot n'est que de leur valeur en argent, d'après l'estimation portée au contrat. § 37. Nous avons ici un exemple de la γραφὴ ξενίας. § 42. La même loi est plus complètement citée au § 68 ἂν δὲ θηλείας καταλίπῃ, σὺν ταύταις;. Il s'agit alors d'épiclères. Le père ne peut léguer ses biens qu'avec ses filles. V. le plaidoyer sur la succession de Ménéclès, § 13. §§ 46 et 47. La κάκωσις ἐπικλήρου était un délit des plus graves. La poursuite avait ordinairement lieu par la voie exceptionnelle de l'εῖσαγγελία, mais sans que le plaignant fût exposé à payer ni ἐπιτίμιον, ni πρυτανεῖα, ni παράστασις; Ἐπιτίμιον amende arbitraire, imposée par le tribunal. Πρυτανεῖα sommes consignées par les deux parties. Celle qui gagnait son procès recouvrait sur son adversaire le montant de sa consignation. Le taux était de 3 drachmes dans les affaires de 10 à 1000 drachmes, et de 30 dans les affaires au-dessus de 100 drachmes. Παράστασις; consignation d'une drachme par le demandeur en matière d'actions publiques ou devant l'arbitre. § 48. Il y a là une répétition de ce qui vient d'être dit, et quoi qu'en pense Schœmann, il paraît difficile d'admettre que le texte d'Isée ne soit pas altéré en.cet endroit. 65 § 49. Le texte porte trois mille drachmes, mais il faut évidement lire mille. On voit en effet au § 51 que la somme donnée était même pas le dixième de la fortune de Pyrrhos. Or cette fortune était de trois talents, soit 18.000 drachmes. Une dot de 3000 drachmes aurait été le sixième de cette fortune. Nous savons ailleurs par Harpocration v° νοθεῖα, que les donations faites aux enfants naturels ne pouvaient dépasser 1.000 drachmes. § 53. La loi citée ici est analysée ici même et dans le plaidoyer de Démosthène contre Panténète, § 33. Le texte se trouve dans le plaidoyer de Démosthène contre Macartatos, § 75. § 58. La prescription ordinaire est de cinq ans à partir du jour de l'action aurait pu être intentée. En matière de succession le délai est toujours de cinq ans mais seulement à partir du jour où l'héritier qui a recueilli la succession est mort. Le texte d'Isée est formel et confirmé par beaucoup d'autres. V. Boauchet. t. III, p. 127. Quel est le motif de cette faveur exceptionnelle faite à l'action de pétition d'hérédité? Beauchet pense que le légistateur a cédé au désir de conserver les biens dans les familles. Peut-être aussi a-t-il voulu laisser au véritable ayant-droit le choix entre deux partis à prendre, à savoir réclamer ou la succession du de cujus ou celle de l'héritier qui a recueilli les biens. C'est ainsi que dans l'affaire actuelle Philé avait le choix ou de revendiquer la succession de Pyrrhos, à titre de fille, ou de réclamer celle d'Endios, à titre de sœur. Le second parti pouvait dans certaines hypothèses être plus avantageux que le premier. § 59. Les descendants ont la saisine des biens qui leur sont transmis par leurs ascendants'et n'ont pas besoin d'envoi en possession. Si donc Philé était fille légitime elle n'avait pas d'envoi en possession à demander. et c'est pourtant ce qu'elle a fait. § 60. D'autre part, les enfants adoptés par testament n'ont pas de saisine et sont tenus de se faire envoyer en possession. Or. Philé commet le contraire puisque c'est contre Endios ou ses représentants qu'elle revendique. Elle a donc mal procédé. C'est qu'elle ne croyait pas elle-même à sa légitimité. § 64 et s. Nous avons ici un tableau complet de la situation légale de l'épiclère à Athènes. § 73. Endios pouvait recommander qu'un des enfants à naître de Philé lui fût donné comme fils par adoption posthume. Par ce moyen la maison ne s'éteignait pas. § 74. On voit ici la gradation des personnes appelées par la loi à épouser l'épiclère : en première ligne les cousins de l'épiclère, en seconde ligne les grands-oncles, en troisième ligne les parents plus éloignés. 66 § 76. La γαμηλία (θυσία) était un sacrifice suivi d'un repas offert aux membres de la phratrie lorsqu'on leur présentait sa nouvelle épouse. V. ce mot dans Harpocration et Hésychius. Νόμου ὄντος αὐτοῖς. Il s'agit ici non d'une loi générale mais d'un article du règlement de la phratrie. Nous possédons aujourd'hui deux règlements de ce genre; le plus récemment découvert est celui de la phratrie des Labyades, à Delphes (Bulletin de correspondant hellénique, xix (1893), p. 1 et suiv.). § 78. La requête en divorce, par la femme contre son mari (ἀπόλειψις) devait être présentée par la femme elle-même à l'archonte. V. Démosthène, contre Onétor, I, 26, et Plutarque. Alcibiade, 8. |