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Dezobry, Charles (1798-1871)


 Rome au siècle d'Auguste,
ou Voyage d'un Gaulois à Rome à l'époque du règne d'Auguste et pendant une partie du règne de Tibère

DESCRIPTION

DE ROME ANTIQUE

AUX ÉPOQUES D'AUGUSTE ET DE TIBÉRE

ou

EXPLICATION MÉTHODIQUE

AVEC NOTES JUSTIFICATIVES

DU PLAN A LA MANIÈRE ANTIQUE

DES PRINCIPALES RÉGIONS DE CETTE VILLE

DRESSÉ ET DESSINÉ EN 1847

PAR J.-A. LÉVEIL

Architecte.
Ancien pensionnaire de l'Académie de France à Rome

NOUVELLE ÉDITION

CORRIGÉE ET ENTIÈREMENT REFONDUE

1870

 

NOTE.

Dans ma précédente édition, j'avais placé au début de l'ouvrage la Description qui suit ; mais considérant que, par sa nature, elle appartient à la catégorie des pièces justificatives, je l'ai reportée ici : il faut toujours qu'un livre commence par ce qui est le livre même. Le Plan de Rome et la Description, pièces très essentielles, occupent ici une position moyenne, la plus commode pour le lecteur, qui pourra ainsi s'en servir depuis le commencement jusqu'à la fin de sa lecture.

AVANT-PROPOS

Je reproduirai d'abord toute la partie essentielle de l'Avant-propos de l'édition de 1847, où je m'exprimais ainsi :

« Le Plan de Rome que je vais expliquer et justifier a été fait pour les époques d'Auguste et de Tibère. Il comprend tout ce que la ville avait alors de plus important et de plus historique sous le rapport des monuments et de la topographie. Les parties laissées en dehors du cadre sont presque vides, et n'ont que quelques grands édifices d'une époque postérieure à celle de notre restauration. On sait qu'Auguste avait partagé Rome en XIV régions; huit comprenaient véritablement la ville : c'étaient les IVe, VIIe, VIIIe, IXe, Xe, XIe, XIIIe et XIVe. Notre plan les donne en entier, avec quelques parties seulement des Ire, IIe, IIIe, Vie et XIIe régions.
« Cette restauration peut suffire pour suivre tous les récits, en général, des écrivains de l'histoire romaine, soit Latins, soit Grecs ; elle a de plus l'avantage de nous placer dans des limites où, pour les points capitaux, il y avait le moins à donner aux conjectures.
« Cependant, afin de suppléer à ce qu'elle pourrait avoir quelquefois d'incomplet topographiquement, nous avons mis, au commencement de ce volume, page 11, un petit Plan général du Site et des Murs de Rome, où l'on trouvera l'enceinte complète de la ville, ses murs, ses portes, ses collines, et la circonscription de ses XIV régions.
« Nous nous. sommes efforcés de donner à notre grand Plan un caractère historique, et antique ; historique, en reproduisant avec fidélité les monuments et la topographie d'après des études comparées faites sur les lieux et dans les auteurs de l'antiquité profane ou sacrée antique, en adoptant pour système de dessin celui du célèbre Plan de Rome antique, gravé sur marbre, dont les précieux fragments ornent le grand escalier du musée Capitolin. On sait que les monuments publics et les maisons particulières sont représentés sur ce Plan, auquel nous avons fait de fréquents emprunts, avec les détails de leur distribution intérieure. C'est l'enfance de l'art topographique, et peut-être aussi sa perfection, puisque c'est la manière qui peint le mieux.
« Quant à l'esprit général qui nous a guidés, le voici : Nous avons voulu faire vrai avant tout, restaurer en historiens, sans nous préoccuper outre mesure d'arranger de belles lignes, et de faire ce qu'en termes d'école on appelle du plan. La disposition la plus conforme aux témoignages ou aux simples indications de l'histoire a toujours été choisie de préférence à celle qu'auraient pu donner quelquefois les principes du beau idéal en architecture. Cette dernière manière a bien ses séductions, mais elle nous eût jetés dans une fausse route, où plus d'un habile artiste s'est égaré sur les pas de Piranesi.
« Cependant notre Plan n'est pas une simple reproduction des choses connues depuis longtemps ; il en contient beaucoup d'autres dont on n'avait pas encore retrouvé les vestiges ou tenté la restauration : aucun plan ne donne, par exemple, les Jardins de Pompée, ni ceux de César, ni ceux de Lucius et Caïus, auxquels nous restituons leur deuxième nom de Bois des Césars, faussement appliqué ailleurs ; le tracé de la région Transtibérine, en général, nous appartient complètement. Nous réclamons le même privilège de primauté pour une partie du Champ de Mars, pour le Champ d'Agrippa, pour de notables portions du Forum romain et du Forum de César, pour le Forum d'Auguste, pour lîle Tibérine. Ces importants fragments de notre ensemble, ainsi qu'une foule de détails nouveaux répandus partout, témoigneront des recherches qui ont été faites pour rendre notre restauration aussi complète que possible, sans néanmoins sortir des limites du vraisemblable historique.
« Nous avons également étudié et mis à profit tous les travaux de quelque valeur qui ont été publiés sur Rome, depuis le moyen âge jusqu'à nos jours. Les antiquaires, les archéologues, les artistes contemporains, étrangers ou nationaux, et, parmi ces derniers, les architectes pensionnaires anciens ou actuels de notre Académie de France à Rome, trouveront ici quelques-unes de leurs recherches mêlées, mais non confondues, avec les, nôtres ; car nous nous sommes fait un plaisir, en même temps qu'un devoir, d'indiquer exactement ce qui appartient à chacun dans cette espèce de vaste mosaïque. »

Voilà ce que je disais il y a vingt-deux ans. Maintenant j'ajouterai quelques mots sur les modifications principales de l'édition actuelle, deuxième des Planches et de leur texte, qui n'existaient pas dans la première édition du livre.
Plan de Rome. 1° Tout le Forum romain a été tracé à nouveau, et ses limites ainsi que sa direction ne peuvent plus laisser aucun doute. Léveil étant mort en 1866, j'ai fait cette étude en collaboration avec M. Moyaux, architecte du Gouvernement, ancien pen­sionnaire de l'Académie de France à Rome. - 2° Quelques parties du mont Palatin ont été changées d'après les fouilles ordonnées par l'empereur Napoléon III, et exécutées par M. Rosa, architecte romain. - 3° Le Portique de Livie, VIe région, se trouve maintenant reproduit dans toute son authenticité, d'après un nouveau fragment du Plan de Rome antique gravé sur marbre. - J'omets une foule de modifications de détail dont je parlerai en leur lieu.
Description de Rome. J'ai refait en entier, et d'une façon nouvelle, ce texte explicatif du Plan. Mon but a été de donner à l'ensemble du travail le cachet d'une véritable description, qui soit plus intéressante pour la plupart des lecteurs, et plus facile à consulter.

Paris, janvier 1870.

RÉGION I. - PORTE CAPÈNE. 

Région toute de faubourg. Elle s'étendait au S.-E., depuis les murs de la ville où s'ouvrait la porte Capène, qui lui donnait son nom, jusqu'au Pomoerium, vers la campagne. Elle avait au S.-O. la XIIe région, et au N.-E. une partie de la IIe région.

1. VOIE APPIA. Elle traversait la région en ligne droite et venait aboutir à la porte Capène, qui fut près de l'église S. Balbina, dans la villa Mattei (Nolli, 944, 1 060. - Letarouilly, rion. x, 58.) 

2. TEMPLE DE L'HONNEUR ET DE LA VERTU. -DEVANT : AUTEL DE LA FORTUNE DE RETOUR. A gauche, en sortant par la porte Capène.
Marcellus le voua, l'an 530, pendant une guerre contre les Ligures, et son fils le dédia l'an 547. C'étaient deux temples au bout l'un de l'autre, mais n'en formant qu'un ; l'ensemble extérieur avait la forme d'un temple périptère. On passait par le temple de l'Honneur pour arriver à celui de la Vertu. - L'Autel de la Fortune de retour, érigé en l'honneur d'Auguste (voy. Lett. XI, octob., 12), était sur le vestibule du temple.

3. TOMBEAU DE LA RACE MARCELLA. Élevé par Marcellus, le fondateur du temple de l'Honneur et de la Vertu, pendant son neuvième consulat. Il était près de ce temple, et décoré des statues de Marcellus, de son père et de son aïeul.

4. TOMBEAU DE CAMILLE, ou HORATIA, soeur d'Horace. Près de la porte Capène, à l'endroit même où Horace perça de son épée sa soeur, accourue au-devant de lui. Il était en pierre de taille.

RÉGION II. - MONT COELIUS.

Cette Région était peu importante à notre époque. Ce que nous en donnons ici ne forme pas le tiers de son étendue totale (voy. la petite carte Site et murs de Rome). Ses limites étaient, au N., la IIIe Région ; au S., les murs de la ville et une voie descendant jusqu'à la Voie Triomphale ; et à l'O., cette voie et le mont Palatin.

 

5. TEMPLE DE LA FÉLICITÉ. Bâti par Lucullus, vers l'an 666. On voyait devant les Muses de Thespies, célèbres statues de Praxitèles. - Aucun auteur n'indique la place de ce temple ; nous le mettons ici sur une indication assez vague d'un fragment du Plan de marbre, figuré au numéro suivant : dans l'angle inférieur de gauche, on voit une partie quadrangulaire d'une vaste area entourée de portiques. 

6. MANSIONS DES ALBAINS. Une mansion était un lieu d'étape pour les troupes romaines. Quand, après la ruine d'Albe, ses habitants furent transférés à Rome, le mont Caelius leur fut assigné pour demeure, et les soldats Albains occupèrent sans doute ce quartier, qui aura pris leur nom. Les Régionnaires indiquent vaguement ces mansions dans la IIe région.


Des ruines d'une longue muraille en réticulaire, située vers la villa Mattei et l'Aventin, et ayant quelque ressemblance de forme avec le fragment ci-contre du Plan de marbre, ont fait conjecturer à Canina que là étaient les Mansions des Albains. On y remarque une grande cour oblongue, avec un portique en colonnade sur lequel s'ouvrent beaucoup de petites chambres, qui paraissent indiquer des logements de soldats. 

7. CURIES VIEILLES ET CURIES NOUVELLES. Lieux de réunion où le peuple venait à certains jours sacrifier et prendre part à des festins publics . Les vieilles furent établies par Romulus ; devenues insuffisantes, il en ajouta de nouvelles, pour le peuple distribué en trente curies Ces édifices existaient encore du temps d'Auguste. Ils paraissent avoir été au pied S. E. du Palatin 4 ; les nouvelles, à un lieu dit le carrefour Fabricius 

8. HORREUM PUBLIC. Sorte de magasin où les citoyens pouvaient'mettre en dépôt l'argent et les objets précieux qu'ils ne croyaient pas en sûreté chez eux 1. Alexandre Sévère en fit établir dans toutes les Régions. L'emplacement de celui-ci n'est pas certain, et je ne connais aucun auteur qui ait indiqué l'emplacement d'un de ces horrea.

9. TEMPLE DE CARNA. Le premier Brutus l'éleva sur le mont Coelius. On ne sait rien de plus sur le temple et son emplacement.

10. DELUBRUM DE MINERVE CAPTIVE. Petit temple sur la pente septentrionale du mont Coelius, vers la vallée Tabernola. Il parait avoir été bâti après la prise de Falisque, l'an 361, et il existait encore du temps d'Auguste. On l'appelait Delubrum de ce qu'il y avait devant un bassin pour les ablutions, ou seulement une place découverte.

11. MACELLUM MAGNUM. Grand marché de viande et de poisson, sur la droite et joignant les Mansions des Albains (na 6). Des ruines, qu'on voit sur la place de l'église. Saint-Jean et Saint-Paul (Nolli, 958 ; Letarouilly, rion, x, 55), paraissent indiquer son emplacement, car une tradition populaire les appelle Pescaria vecchia, « la Vieille Poissonnerie. »

12. CASTRA PEREGRINA. Quartier de soldats étrangers, peut-être des Germains, garde particulière d'Auguste. Il était au Caelius, dans la IIe région, et probablement au voisinage de l'église Santa-Maria in Domenica della navicella (Nolli, 942. - Letarouilly, rion. x, 57). 

12a. Champ de Mars du Coelius. (Hors cadre.) II était à peu près au milieu de cette colline. Une ancienne église et un couvent, situés le long de la voie di santi quattro, rione X de' Campitelli, à distance égale du Colisée et de la basilique Saint-Jean de Latran, en ont conservé le souvenir : l'église est appelée de SS. Quattro coronati in Campo Marzo, nom qui indique l'emplacement de ce Champ de Mars, ou tout au moins son très proche voisinage. C'était là que l'on célébrait les Equiries, le 27 février ; quand le grand Champ de Mars était inondé par le Tibre. Voy. liv. I, Lettre XI, p. 113.

RÉGION III. - ISIS ET SÉRAPIS.

 

Nous ne donnons que le côté occidental de cette région, située entre la IVe au S., dont le vicus Cyprius la sépare, et la IIe au S.-E. Bien qu'assez étendue, elle est presque entièrement vide de monuments de notre époque.

13. SUBURE. Voie et quartier faisant suite à la Voie Sacrée, et situés en partie sur le penchant du mont Esquilin, en partie entre l'Esquilin et le Coelius. - La Subura moderne a fait penser à des archéologues que là devait être la Subura antique ; mais cette opinion la placerait au milieu de la Ve région, tandis qu'elle appartient à la IIIe. Nardini a discuté toutes les opinions à cet égard.

14. BÛCHERS GAULOIS. Lieu situé au milieu de la ville, entre l'église S. Francesca romana (Nolli, 72. -- Letarouilly, rion. I, 84), le Colisée et le mont Esquilin, à la naissance de la Voie Sacrée.
C'est là que les Gaulois, pendant qu'ils occupèrent Rome, brûlèrent leurs morts en monceaux, ce qui, depuis, valut à l'endroit le nom de Busta gallica, « bûchers gaulois. »

15. MARCHÉ AUX FRUITS. En haut de la Voie Sacrée, près de Subure. Nous n'en savons pas davantage. 

16. PORTIQUE DE LIVIE. Fort bel édifice, situé dans la IIIe région.


Auguste le bâtit sur l'emplacement de la maison que Vedius Pollion lui légua l'an 739. Il le commença sous les noms de ses fils adoptifs Lucius et Caius qui moururent pendant l'édification, et quand il fut achevé, l'an 765, il le dédia sous le nom de Livie. Ce Portique est plus grand que celui d'Octavie, construit 44 ans auparavant ; néanmoins on n'en saurait dire les proportions exactes, car son iconographie n'est connue que par un fragment sur marbre, retrouvé à Rome, en août 1867, par M. Luigi Tocco, dans les jardins Saint-Côme et Saint-Damien. On a la certitude qu'il a fait partie du Plan de marbre, aujourd'hui conservé au Capitole. (Annuali dell' Instit. arclmeolog., an. 1867, p. 408). La figure ci-contre est une réduction de ce fragment, mais sans échelle, comme nos autres figures de ce genre, parce qu'on ne connaît pas celle du Plan de marbre. - Il résulte de cette découverte que le Portique de Livie formait un vaste parallélogramme, environ un tiers plus long que large, entouré d'une double galerie en colonnade. La galerie extérieure est close par un mur où sont ménagés, sur chaque grand côté, trois renfoncements, un quadrangulaire et deux demi-circulaires; et sur chaque petit, deux quadrangulaires, refuges et lieux de repos pour les promeneurs fatigués. Cette disposition se lit très clairement sur le Plan ci-dessus, malgré ses mutilations. L'architecte l'imita du Portique de Pompée, élevé 46 ans auparavant. Une vigne couvrait toute l'area du Portique de Livie, en y formant une vaste treille que les galeries entouraient. Les espèces d'étoiles que l'on voit à deux angles de la colonnade extérieure sont des trous de scellement ; car le Plan de marbre était fixé sur un mur de briques qui entourait le Forum Cupedinis ou Macellum. - Au centre de l'area du Portique se dessinent deux petits carrés concentriques : celui du centre indique sans doute un bassin d'eau vive ; mais je crois que l'autre doit être la base d'un pavillon à jour sur quatre ou six colonnes, dont les architraves recevaient les petits chevrons formant la carcasse de la treille. - Pour restaurer ce Portique, nous adoptons, quant à la largeur, les dimensions de celui d'Octavie (no 150), dimensions très connues par les ruines, et nous l'augmentons d'une galerie extérieure. Le résultat produit 90 mètres de large. Sa longueur est composée de sa largeur, augmentée d'un tiers, soit, au total, 120 mètres. Cette proportion relative se trouve indiquée par notre fragment du Plan de marbre. Avec les appendices pour les exèdres ou réduits tout autour, la superficie pouvait aller à 15,000 mètres, au moins. La maison de Pollion étant fort grande, le Portique élevé sur son emplacement dut être aussi très-grand : « Où s'élève maintenant le portique Livien, dit Ovide, fut une immense maison. » (Description de ce Portique, Lettre LXV, liv. III.) 

17. AUTEL DE LA FORTUNE MAUVAISE ET MAUDITE. Sur le mont Esquilin. On n'en sait rien de plus. 
17a. Regia du Roi des sacrifices.
(Hors cadre.) Dans la IIIe région, sur le mont Oppius, pointe occidentale du mont Esquilin, vers l'endroit où l'on trouve l'église San-Pietro in Vincoli. Cette Regia était l'ancienne maison de Tarquin le Superbe. Des archéologues la confondent avec la Regia du Pontife maxime, dans la VIIIe région (no 103), parce que l'une et l'autre sont appelées Regia dans les auteurs, souvent sans qualification complémentaire ; cependant Servius, sans indiquer la position de la Regia du Roi des sacrifices, constate son existence en disant : « On appelle Regia la maison où le Roi des sacrifices avait coutume d'habiter. » Nous ajouterons que le Pontife maxime et le Roi des sacrifices n'habitaient pas ensemble, bien que cette opinion ait été mise en avant, afin d'expliquer un passage de Dion Cassius, dont nous parlerons au n° 103, sur la Regia de Numa. Le nom même de cette dernière Regia, usité du temps d'Auguste et depuis, prouverait qu'il y en avait une autre. On distinguait la première par le nom de Numa, pour rappeler qu'elle n'était pas habitée par un roi ; tandis que la seconde, étant la demeure du Roi des sacrifices, était naturellement une maison royale, une Regia, sans autre qualification. Si nous lui avons donné sa qualification, c'est uniquement pour plus de clarté.

RÉGION IV. - VOIE SACRÉE.

La IVe région, une des plus petites, a pour bornes au N.-E. le Vicus Cyprius; au N.-O., la Voie Neuve ; au S.-O., le Vicus Curiarum, sur la pente inférieure du Palatin; enfin, à l'E., la Voie Triomphale. Elle prenait son nom de la Voie Sacrée, qui la traversait du S.-E. au N.-O. 

 

18. VULCANAL OU AREA DE VULCAIN. - AU MILIEU : EDICULE DE LA CONCORDE.

Vulcanal, petite place un peu au-dessus du Forum -romain et du Comitium, près de l'Arc de Fabius, et voisine de la Graecostase. Au milieu s'élevait un édicule de la Concorde. Romulus et Tatius, dit la tradition, venaient au Vulcanal conférer des affaires d'État ; sous la République, les consuls s'y réunissaient aussi en conférences politiques. - L'Édicule de la Concorde ne fut élevé que l'an 449, par Cn. Flavius ou Fulvius ; il était tout en airain. Des antiquaires placent le Vulcanal au pied du mont Capitolin, sur l'emplacement actuel du grand temple de la Concorde : mais le Vulcanal existant encore du temps de Pline l'ancien, alors que le grand temple de la Concorde était bâti depuis longtemps, cette opinion n'est pas admissible. Denys d'Halicarnasse, qui habita Rome du temps d'Auguste, indique positivement le Vulcanal « comme s'élevant un peu au-dessus du Forum, » expression qui doit s'entendre de la déclivité du terrain ; or le sol du Forum allait en montant du Capitolin à l'Arc de Fabius. Ailleurs il dit encore : « Brutus descendit au Forum avant le jour, et occupa le Vulcanal. » Descendre au Forum signifiait arriver par l'Arc de Fabius, seul côté où l'on descendît : les autres accès étaient de niveau. Ajoutons que Denys se sert de l'expression ²fasteÝon, « temple de Vul­cain; » mais il n'est qu'un traducteur qui rend mal le mot latin Vulcanal, et paraît substituer un temple de Vulcain à un temple de la Concorde. Plutarque fait la même erreur dans un passage de la vie de Publicola. - Enfin une dernière raison qui ne permet pas de mettre le Vulcanal au pied du mont Capitolin, c'est qu'il serait dans la VIIIe région, tandis que les Régionnaires l'indiquent dans la IVe.
Statue d'Horatius Cocles.
Élevée d'abord sur le Forum, dans le Comitium, elle fut foudroyée, et un aruspice ordonna de la transférer au Vulcanal, parce que ce lieu était plus élevé. Ce fut là sa dernière place.
Colonne de Ludius.
Surmontée de sa statue, elle était dans le Vulcanal.
 Lotos et Cyprès extraordinaires
. On attribuait à Romulus la plantation de ces deux arbres dans le Vulcanal. Ils étaient si vieux et si gros qu'ils poussaient des racines jusqu'à la station des Municipes 16 (n° 141), environ 90 mètres plus loin que leur pied.

19. BASILIQUE OPIMIA. Les Régionnaires Sextus Rufus et P. Victor ont omis cette Basilique, qui n'existait peut-être plus de leur temps. Panvinio, voulant réparer leur omission, place la Basilique Opimia dans la VIIIe région, mais il se trompe : elle était dans la IVe, près du Vulcanal, d'après Varron : « Le Senaculum, au-dessus de la Graecostase, où est le temple de la Concorde et la Basilique Opimia. » Le temple désigne ici l'édicule de la Concorde, dans le Vulcanal. Voy. le n° précédent.

20. HORREA CHARTARIA. Magasins pour la vente du papier, charta, et du papyrus. On les appelait aussi Horrea testaria, sans doute du papier préparé et poli avec une coquille, testa. La position de ce marché est vaguement indiqué dans la IVe région.

21. TEMPLE DES LARES PUBLICS. Au sommet de la Voie Sacrée petit fort ancien, situé sur l'emplacement de la maison du roi Ancus Marcius. Auguste le construisit avec le produit d'une collecte que le peuple lui apporta , l'an 750 5. - Auprès étaient l'Autel d'Orbone et des Tavernes de bouquetières. 

22. TEMPLE DES PÉNATES. Vers l'angle N.-E. du mont Palatin, au-dessous de Vélia (no 201), joignant la voie qui descend au quartier des Carènes. Il était de médiocres proportions, précédé d'un atrium, et ombragé d'un bosquet d'oliviers. On ignore à quelle époque et par qui il fut fondé, mais ce fut après la mort de Tullus Hostilius, car il occupait I'emplacement de la maison de ce roi. Auguste le réédifia. 23. TEMPLE ET BOIS DE STRENIA. Petits l'un et l'autre, et situés en tête de la Voie Sacrée à sa naissance à l'E. Le temple existait du temps de Tatius. 

24. VOIE. SACRÉE. Elle commençait dans cette région, vers l'angle N.-E. du Palatin, suivait une ligne à peu près droite, allait traverser tout le côté septentrional du Forum, et finissait au bas du mont Capitolin, devant le temple de la Concorde (no 83). A son départ, elle montait, par une pente très prononcée (9m ,300 sur une longueur de 480 mètres), jusqu'au Clivus Palatin, qui s'y embranchait à gauche. Là était son point culminant, ce que l'on appelait Sommet de la Voie Sacrée. Ensuite elle descendait, assez rapidement d'abord, jusqu'au Forum, à l'Arc de Fabius (n° 90). Là, sa pente devenait peu sensible. Son parcours équivalait à 600 mètres, dont 220 sur le Forum. Plusieurs parties de la Voie Sacrée existent encore avec leur pavé, au bas du mont Capitolin et devant la Basilique Julia (n° 100), ainsi qu'à son Sommet au droit et à 60 à 70 mètres au nord de l'Arc de Titus, dont le pied domine de 17m,190 les deux points extrêmes que nous venons de nommer. La largeur est de 7,650 entre les marges.
Statue équestre de Clélie.
Au Sommet de la Voie Sacrée, près du Clivus Palatin, en face du temple de Jupiter Stator, sur une petite place qui fut le vestibule de la maison de Tarquin le Superbe. Une autre tradition en faisait la Statue de Valeria, fille du consul Valerius Publicola. Elle était d'airain. 

25. TEMPLE DE TELLUS. Dans la Voie Sacrée, vers son Sommet. Sempronius le voua, l'an 484, pendant une guerre contre les Picentins. La place qui est devant fut le vestibule de la maison de Spurius Cassius, démolie par ordre du Sénat, parce que Spurius fut accusé d'aspirer à la tyrannie, et que sa maison, sur ce lieu élevé, paraissait menacer le Forum. Le temple de Tellus était fort grand, car, après l'assassinat de César, Antoine y réunit le Sénat, alors composé de 900 membres au moins. On voyait dans ce temple une carte d'Italie peinte sur le mur.
Les Carènes.
Quartier qui s'étendait depuis le Sommet de la Voie Sacrée jusqu'à la naissance de la voie, au bas du mont Coelius. C'était un des plus splendides quartiers de Rome.

26. MAISON DE POMPÉE, PUIS D'ANTOINE, PUIS DE TIBÈRE. Pompée, à l'époque de son troisième consulat, l'an 701, se bâtit une belle maison dans le quartier des Carènes près du temple de Tellus. - César dictateur, ayant fait vendre les biens des citoyens qui avaient péri dans les guerres civiles, Antoine acheta cette maison. Dans la suite elle appartint à Tibère, mais sans perdre son nom primitif. Le vestibule était orné de rostres de navires et de trophées.

27. TEMPLE DE LA CONCORDE MARITALE. Dans la IVe région, près du Portique de Livie, situé dans la IIIe, Sextus Rufus nomme le temple dans cette dernière région, mais par erreur, car, dans sa nomenclature de la IVe, il dit : « Temple de la Concorde dans le Portique de Livie, » ce qui signifie « dans le voisinage, » car la figure Rég. III, n° 16, prise du Plan de marbre, montre clairement qu'il n'y avait aucun temple dans ce Portique. Nous avons placé le temple sur la limite des deux régions. Livie le fonda en l'honneur de la bonne harmonie entre elle et son mari. Ovide donne à l'édifice l'épithète de « magnifique » qui indique la beauté et la grandeur.

28. CYPRIUS VICUS. Voie derrière le quartier des Carènes sur le penchant de l'Esquilin, et faisant un coude pour aller vers le Quirinal. Il rencontrait le vicus Sceleratus 

29-30. AUTEL DE JUNON, DE JANUS-CURACE, ET SOLIVEAU DE LA SOEUR. Dans un carrefour conduisant aux Carènes, vers l'extrémité inférieure du Cyprius vicus. Les Autels avaient été érigés, vers l'an 86 de Rome, pour y faire des sacrifices expiatoires du meurtre commis sur sa soeur par le vainqueur des Curiaces. - Un Soliveau scellé au-dessus, en travers de la rue, formait une sorte de joug dit Soliveau de la soeur sous lequel on avait fait passer Horace. Tout cela existait encore du temps d'Auguste, et se conserva beaucoup plus tard.

31. FORUM CUPEDINIS OU MACELLUM. Vers le haut de la Voie Sacrée. C'était le marché aux mets recherchés, poisson, viande, gibier, pâtisseries Il était déjà célèbre à la fin du VIe siècle, sans que l'on sache quand il fut établi. 

32. TEMPLE DE RÉMUS OU DE ROME. Sur la Voie Sacrée et proche du temple d'Antonin et Faustine, dont nous avons laissé la place vide, à droite du Vulcanal (no 18), parce qu'il n'est pas de notre époque. Le temple de Rémus, dit par d'autres temple de Rome, n'existe plus, mais sur ses ruines a été bâti le vestibule circulaire de l'église des SS. Cosma e Damiano (Nolli, 80. - Letarouilly, rion. I, 84). Nous ignorons quand et par qui fut bâti le temple de Rémus ou de Rome. Il a parmi les antiquaires une certaine célébrité, parce que c'est dans son enceinte que fut trouvé le fameux Plan de Rome antique, gravé sur marbre, dont on ne possède plus que des fragments, conservés au musée Capitolin.

33-34. TEMPLE DU SOLEIL ET TEMPLE DE LA LUNE. Les Régionnaires les indiquent dans cette région ; mais nous ne savons rien ni sur leur position exacte, ni sur leur origine.

35.DIANIUM OU TEMPLE DE DIANE. Vers l'extrémité du Vicus secterictus. Monument inconnu, mais qui existait du temps d'Auguste.

36. VICUS SCELERATUS. Vers le haut du Vicus Cyprius supérieur, qu'il croise sur l'Esquilin. Avant l'aventure de Tullie, faisant passer en ce lieu son char sur le corps de son père Serv. Tullius, cette voie s'appelait Virbius Clivus. Servius Tullius demeura dans cette rue.

RÉGION V. - ESQUILINE.

 

Bien que l'une des plus vastes de la ville, cette région nous offrait peu d'intérêt, excepté le Marché de Livie, en plein dans la région ; l'Agger de Servius, et les Jardins de Mécène, moitié dans cette région et moitié dans la VIe, mais tous trois hors du cadre de notre grand Plan ; néanmoins, comme il en est question dans notre texte, nous allons en parler. 

36 a. Marché de Livie. (Hors cadre.) Dans Ve région, près de l'endroit où fut élevé, au IVe siècle, l'église Sainte-Marie-Majeure, sur la partie de l’Esquilin dite, dans l'antiquité, le Cispius. (Voy. la carte Sites et murs. de Rome.) On a trouvé de ce côté, vers l'église San-Antonio, située à 80 mètres, environ, S.-E. de Sainte-Marie-Majeure, des colonnes de marbre gris ; cela permet de croire qu'un fragment mutilé du Plan de marbre, portant le mot Macellum pour légende incomplète, pourrait bien appartenir au Marché de Livie. La figure ci-contre, reproduisant ce fragment, indique une construction divisée en plusieurs avenues régulières, se coupant à angles droits, et formant des îlots de tavernes ou boutiques.

Autour de l'ensemble général règne un portique en colonnades. Il paraît que ce marché, ou tout au moins une partie, servait de boucherie, car, tout auprès, entre les églises San-Vito et San-Antonio, on a déterré beaucoup de vases à recueillir le sang des animaux, et de plus, une grande quantité d'os et de cornes.

36b. Agger de Servius. (Hors cadre.) Grande levée de terre commençant entre la porte Piacularis et la porte Colline, au N., et s'étendant au S. jusqu'à la porte Esquiline. Il formait le front oriental de la fortification de Rome, en appuyant le mur d'enceinte sur une longueur de dix-huit cents mètres environ (Voy. la carte Site et murs de Rome, et la Lettre VII, liv. I, p. 64, où l'Agger est figuré et décrit).

36c. Jardins de Mécène. (Hors cadre.) Sur l'Esquilin, derrière l'Agger de Servius , et vraisemblablement entre les portes Esquiline et Viminale, sans aller tout à fait jusquà la porte Colline. Ils étaient beaucoup plus longs que larges, et l'on peut conjecturer qu'ils avaient environ 4 000 mètres sur 300, ou 30 hectares, soit environ la superficie du jardin des Tuileries à Paris. Les Jardins de Mécène, appelés « champs nouveaux » par Properce, le terme de spatiari signifiant en général « se promener dans un vaste espace, » employé par Horace en parlant de ces Jardins, indiquent qu'ils étaient grands. On ne s'étonnera pas que près des deux tiers de l'Agger y furent compris, en se rappelant que, du temps d'Auguste, les constructions particulières avaient envahi le mur d'enceinte de Servius dans quantité d'endroits de son périmètre. D'ailleurs cette belle terrasse, formant promenoir, est assez clairement désignée par Horace dans une ode à Mécène, où il dit que de ses Jardins il voyait les monts de Tibur et de Tusculum. Je sais que l'on peut aussi appliquer « cette masse rapprochée des nues, » à une Tour mentionnée par Suétone ; mais, outre que le terme moles convient mieux à l'Agger, rappelons-nous que les murailles de Rome dominaient les plaines environnantes. Les Jardins occupaient un ancien champ de sépulture ; mais, après ce que nous venons de dire, il ne serait pas possible de les borner à ce champ, qui ne mesurait que 4,000 pieds sur 30010, soit 296m ,300, sur 88m, 890 : tout au plus pourrait-on admettre que la longueur du champ aura été prise pour la largeur des Jardins, moins l'Agger. Suivant l'habitude, il y avait une maison, ce que les Italiens appellent un casino ; on le voit d'après ce que rapporte Suétone, que Tibère se réfugia dans ces Jardins, qu'il avait acquis après la mort de Mécène et du vivant d'Auguste, avant même d'avoir été adopté par ce prince. Enfin, une preuve qu'ils étaient beaux et grands, c'est que Néron les posséda, et construisit une communication entre ces Jardins et sa maison du mont Palatin.

RÉGION VI. -- ALTA SEMITA.

Encore une Région peu importante pour notre époque, au point de vue des monuments publics. Les limites de ce fragment sont, au N. et à l’O. les murs de Rome ; au S.-E. la IIIe Région ; et au S.-O. une rue aboutissant à la porte Sanqualis.

37. TEMPLE DE SALUS. Sur le Quirinal, auprès de la porte Salutaris. Voué par le consul Junius Bubulcus, l'an 448, il fut dédie l'an 454, trois ans après, ce qui prouve qu'il n'était pas bien important.

38. TEMPLE DES SALIENS COLLINS. Fondé par le roi Tullus Hostilius sur le Quirinal. On n'en sait pas plus. 

39. TEMPLE DE LA FORTUNE PRIMIGÉNIE. Au Quirinal, sans autre désignation. Sempronius Sophus, consul, le voua l'an 550, au moment d'une bataille, et un duumvir le dédia l'an 560. 

40. TEMPLE DE LA FORTUNE PUBLIQUE. Sur le Quirinal. Époque et fondateur inconnus il était déjà fort ancien du temps d'Auguste. 

41. MAISON D'ATTICUS. Près du temple de Salus ; sur le Quirinal, et remarquable par un bois qui s'y trouvait joint.

41 a. Temple de Quirinus. (Hors cadre.) Dans la VIe Région, sur la partie du Quirinal dominant la vallée entre ce mont et le Viminal. Sa façade regardait la vallée, et un grand escalier y conduisait. Numa construisit ce temple, le consul L. Papirius le refit, en vertu d'un voeu de son père, dictateur, le dédia l'an 464, et l'orna des trophées conquis sur les Samnites. Auguste le réédifia magnifiquement. Il en fit un diptère dorique, avec huit colonnes au pronaos, huit au posticum, et trente-deux, en deux rangs, sur chaque côté, car il en avait en tout soixante-seize. Il le dédia l'an 738 Le temple de Quirinus existait encore au commencement du XVIe siècle, et de nos jours on a pu voir quelques derniers débris de ses substructions, près de la maison et dans le jardin du Noviciat des Jésuites. (Nolli, rion. 1, 477).

41b. Champ Scélérat. (Hors cadre:) Près de la porte Colline, à droite de la voie, en dedans de l'Agger de Servius. Voy. la carte Site et murs de Rome. C'était là qu'on enterrait toutes vives les Vestales qui avaient manqué à leur voeu de chasteté.

41c. Champ Sestertium. (Hors cadre.) Hors de la porte Esquiline, à quelque distance des murs. Il servait de lieu d'exécution pour les esclaves condamnés à la croix. Étant voisin aussi de la porte Metia qui s'ouvrait également sur l'Esquilin, on l'appelait quelquefois Champ Esquilin. Voy. la carte Site et murs de Rome. 

41. d. Camp des Prétoriens. (Hors cadre.) A l'E., à quelque distance hors des murs de la ville, à peu près entre les portes Colline et Viminale. Voy. la carte Site et murs de Rome. - Le Camp a été décrit Lettre CXII, liv. IV. Il en existe encore des ruines, qui font connaître qu'il était quadrangulaire, clos de murailles, et qu'il avait 398 mètres de côté, sur 55 environ de face.

RÉGION VII. - VOIE LATA.

Région hors des murs, à l'O. De ce même côté la voie Lata la borne ; au N., ce sont les arcs de la Virgo ; au S.-E., les murs de la ville.

42.CHAMP D'AGRIPPA. Partie de la Région entre les murs de Rome et la voie Flaminia, qui, aux approches des murs, prend le nom de voie Lata. Ce quartier devait son nom à ce qu'Agrippa l'avait illustré par trois édifices dont nous parlerons sous les n° 46, 47, et 49. 

43. TOMBEAU DE G. POBLICIUS BIBULUS. Au pied de l'extrémité septentrionale du mont Capitolin, hors de la porte Ratumène, à droite en sortant. Il existe encore presque entier, dans la via di Marforio. C'est une construction en travertin, ce qui indique l'époque de la République ; mais malgré l'inscription qu'on y lit, on ne sait quel est ce Bibulus. Son tombeau est dessiné dans Piranesi, S. Bartoli, et Nardini.

44. VOIE LATA. C'était la voie Flaminia qui changeait de nom aux arcs de la Virgo jusqu'à la porte Ratumène, au pied du mont Capitolin. L'église Santa Maria in via Lata (Nolli, 851. - Letarouilly, rion. IX, 18) bâtie au milieu de nos Septa Julia, en fournit encore une preuve. 

45. TEMPLE DE SANGUS ou GENIUS SANGUS. Sur le Quirinal, vers le temple de Quirinus. Grand édifice hors des murs de la ville. Tarquin le Superbe construisit le temple de Sangus et le consul Postumius le dédia l'an 288. 

46. SEPTA AGRIPPIANA. Le long de la voie Lata. Ce monument paraît avoir été fait par Agrippa pour servir de supplément aux Septa Julia, qui sont en face. Il n'existe plus rien des Septa Agrippiana ; nous les avons tracés en longs portiques, à l'exemple des précédents, mais en observant au milieu une vaste cour. Le fait qu'aux funérailles d'Agrippa des combats de gladiateurs furent donnés dans ces Septa nous a inspiré cette conjecture. S'ils eussent été tout en portiques comme les Septa Julia, cela n'eût pas été possible. Nous avons mis dans la cour deux grandes fontaines jaillissantes. Agrippa qui, pendant son édilité, fit construire à Rome 106 fontaines jaillissantes, 700 bassins d'eaux vives (lacus), et de plus l'Aqueduc de la Virgo, qui passait auprès, ne pouvait manquer de donner aux nouveaux Septa qu'il ouvrait au peuple cet embellissement si fort apprécié sous le climat de Rome. 

47. DIRIRITORIUM. Monument où l'on distribuait la paye aux soldats; et situé près des Septa. Agrippa le commença, on ignore à quelle époque ; Auguste le termina en 747. C'était le plus vaste édifice qu'on eût encore vu couvert d'un toit de charpente. Il était si vaste que Caligula le fit servir quelquefois de théâtre.

48. AEMILIANA, quartier situé aux environs du Diribitorium, et qui prenait sans doute son nom de maisons ou autres édifices élevés par un Aemilius. 

49. PORTIQUE DE POLA. Dans le Champ de Mars ou plutôt dans le Champ d'Agrippa. Pola, soeur d'Agrippa, le commença après la mort de son frère arrivée en 742, et sur des mémoires laissés par lui. Auguste l'acheva, y fit graver un Plan de l'Univers, et le dédia vers 747. On. ne connaît pas la place précise de ce Portique, dont il n'existe aucune ruine. Comme son édification ne dura que quatre ou cinq ans, nous pouvons conjecturer qu'il n'avait que de médiocres proportions. 

50. PORTE RATUMÈNE. Au bas N.-E. du mont Capitolin, suivant tous les Antiquaires. Elle prenait son nom d'un Véïen, cocher de course, que ses chevaux emportèrent jusqu'à cet endroit où il fut tué.

51. PORTE CATULARIA. Au-dessous de la porte Ratumena. Néanmoins cela est contesté ; nous suivons l'opinion de Nibby. 

52. PORTES SANQUALIS. - 53. SALUTARIS. - 54. PIACULARIS. Toutes trois sont sur le Quirinal, dans la face de murs tournée vers l'Orient. Nous suivons encore l'opinion de Nibby. 

 

 

 

 

 

 

 

dances, car il servait d'archives aux édiles plébéiens, et en outre de refuge, sans doute temporaire, à des indigents, auxquels on donnait une aumône en pain. L'église Santa Maria in Cosmedin, bâtie le long d'une voie dirigée sur le grand axe de l'emplacement du Cirque Maxime (Nolli, 1036. - Letarouilly, rion. XII, 20) couvre, en partie, les ruines des temples de Cérès et de Proserpine, et son aire, avec les dépendances, a 40 mètres en tous sens, environ. On voit incastrées dans un de ses murs des colonnes corinthiennes qui paraissent avoir appartenu au péristyle du temple de Cérès. On ne sait rien de plus des deux autres temples.

 252. TEMPLE DE CASTOR. Au bord du Tibre, un peu en aval du Pont Palatin. C'est un périptère circulaire d'ordre corinthien, en marbre blanc, dont la cella existe encore, ainsi que 19 colonnes cannelées, sur 20 qui formaient son portique, dont le diamètre extérieur est de 13m 404. Il manque l'architrave et le toit. On a souvent appelé ce petit édifice « temple de Vesta, » mais à tort : le temple de Vesta était ailleurs. Nous l'appelons « temple de Castor » d'après les Régionnaires, qui, plaçant un temple de ce nom dans la région XIe, nomment à sa suite l'Autel Maxime (n° 257) et le temple de Cérès (n° 249). A. Postumius, dictateur, voua un temple à Castor, dit Tite-Live à Cérès, dit Denys d'Halicarnasse. Néanmoins cet édifice doit être une restauration du temps de l'Empire. On trouve des vues de son état actuel dans Piranesi, Guattani, Desgodetz, Barbault ; des restaurations dans Palladio, Uggeri, Isabelle, et M. Ch. Garnier, architecte du nouvel Opéra de Paris. Tous le nomment temple de Vesta, excepté Piranesi qui l'appelle « temple de Cybèle. »

253. CLOAQUE MAXIME. Grand égout voûté, entrepris par Tarquin l'Ancien et terminé par Tarquin le Superbe, pour assainir le Forum et les vallées adjacentes. La Cloaque commençait à l'extrémité de la branche méridionale du Forum romain, descendait par le Forum Boarium, les Vélabres, et débouchait ans le Tibre, à peu près au-dessous du temple rond de Castor (n° 252). Elle existe encore sur une longueur d'environ 300 mètres. (Description de la Cloaque Maxime, lettre LXIX, livre III.) 

254. TEMPLE DE LA FORTUNE DE LUCULLUS. Dans le Vélabre majeur, sur la droite et un peu en avant de notre temple de Castor (n° 252). Sa façade regarde la voie qui vient du Pont Palatin. C'est un pseudodiptère ionique, à quatre colonnes de front, deux de profondeur, et vingt tout autour, dont quatorze à demi engagées. Il mesure 20 m 700, sur 5 m 610, hors oeuvre, et repose sur un soubassement haut de 42 degrés. Ses colonnes sont cannelées et revêtues de stuc blanc. Lucullus construisit ce temple, ou tout au moins le restaura. Il existe encore entier, converti en une église consacrée à Santa Maria Egyziaca (Nolli, 1090. - Letarouilly, rion. XII, 11). On le trouve gravé dans Palladio, Piranesi, Barbault, Uggeri, Guattani, etc., qui tous l'appellent Temple de la Fortune virile. Cette erreur, assez générale, vient de Denys d'Halicarnasse qui, parlant de deux temples de là Fortune bâtis par Servius, dit que l'un était dans le Forum Boarium, et l'autre. appelé de la Fortune fortuite, sur le bord du Tibre. Cette dernière désignation s'applique à un temple, bâti sur la rive droite du Tibre : nous le démontrerons plus bas, n° 296. Ceux qui l'ont appliqué au temple que nous venons de décrire, ont été trompes par la traduction de Denys, qui, prenant par erreur le génitif de Fors pour l'adjectif fortis, le rend par andreias, signifiant « virile. » Nardini, et après lui Nibby, ne s'y sont pas trompés, car ils ne donnent le nom de virile à aucun temple de la Fortune dans Rome. 

254a. Ovide parle d'un temple de la Fortune virile, mais sans indiquer sa position, et d'après ce qu'il en dit, ce temple paraît avoir été situé hors de la ville, dans un lieu retiré.

255. VOIE TRIOMPHALE. Elle passait dans le Vélabre, et venait jusqu'au Cirque Maxime, que les pompes triomphales traversaient dans toute sa longueur.

256. STATUE DORÉE D'HERCULE TRIOMPHAL. Elle s'élevait devant le Cirque Maxime, au bord de la voie Triomphale, en face de notre temple de Cérès (n° 249), était d'airain et passait pour avoir été érigée par le roi Evandre. Les jours de triomphe on la revêtait d'une toge triomphale. Cette statue a été retrouvée, pendant le XVIe siècle, auprès de l'église Santa Maria in Cosmedin (temple de Cérès) ; elle est demi-colossale, tient deux pommes dans la main gauche, une clef de la droite, et porte sur la tête une couronne d'olivier. On la voit maintenant au musée Capitolin. 

257. AUTEL MAXIME. Dans la XIe région, près du Forum Boarium et des Carcères du Cirque Maxime. Il avait été érigé par Hercule, après qu'il eut tué Cacus. Le revers ci-contre d'un sesterce d'Antius Restio, qui, du temps d'Auguste, était chargé des sacrifices offerts sur cet autel, nous en indique probablement la forme. Les proportions devaient en être plus grandes qu'à l'ordinaire, ainsi que l'indique son nom, et il y avait sans doute un haut emmarchement.

258. AUTEL OU TOMBEAU D’ACCA LARENTIA. Dans le Vélabre supérieur. Le roi Ancus avait élevé cet Autel sur la sépulture de la nourrice de Romulus et les prêtres y venaient sacrifier tous les ans. On avait coutume de placer un autel sur la tombe de toute personne divinisée.

259. TEMPLE DE LA JEUNESSE. Dans la région du Cirque Maxime. Voué l'an 545 par le consul Livius Salinator, mis en construction par le même, censeur, l'an 549, dédié par un duumvir l'an 564, brûlé en 738, et restauré par Auguste. Voy. le n° suivant.

260. TEMPLE DE SUMMANU5. Près du Cirque Maxime et du temple de la Jeunesse, il fut bâti vers l'an 472. Pline dit que chaque année on crucifiait les chiens du Capitole entre les temples de la Jeunesse et de Summanus ; ce fait, à défaut de renseignements précis, nous a fait placer ces deux temples en vue de la Citadelle Capitoline. 

261. FORUM OLITORIUM. - Au CENTRE : COLONNE LACTAIRE. Le Forum était le marché aux légumes. Il se trouvait en dehors de la porte Carmentale, près du temple de Janus (n° 133), non loin des temples de la Piété et de Junon-Matute (n° 263). Un reste de dallage en travertin, trouvé en cet endroit, a été attribué au Forum Olitorium. - Là aussi était la Colonne Lactaire, rendez-vous des nourrices ?

262. PORTE TRIOMPHALE. Au-dessus de la porte Carmentale, et sur la voie Triomphale. Son nom lui venait de ce que les triomphes entraient toujours dans la ville par cette porte.

263. TEMPLE DE JUNON-MATUTE, - DE LA PIÉTÉ, - DE L'ESPÉRANCE. Hors de la porte Carmentale, entre les murs de la ville et le théâtre de Marcellus, un peu en arrière de la voie Triomphale, vis-à-vis du Forum Olitorium. Leur façade regarde de ce côté. Tous trois bâtis presque sur une seule ligne, et en parallèle, n'étaient séparés l'un de l'autre que par une de ces ruelles étroites que les Romains appelaient canal. Le premier, vers la ville, était le temple de Junon-Matute, voué l'an 554, par C. Cornelius, consul, et dédié par lui, censeur, l'an 558 . Il est périptère dorique, avec colonnes sans bases et unies, au nombre de 6 à la façade sur 3 de profondeur, 6 au posticum, et 11 sur chaque flanc. Il mesure 23 mètres de long, sur 40 de large, au nu des colonnades. - Temple de la Piété. A droite de celui de Junon-Matute. Il fut voué en 562 par Acilius Glabrion, vainqueur d'Antiochus aux Thermopyles, et dédié par son fils Pan 573. Devant, sur les premiers degrés, Glabrion le fils établit un piédestal où il plaça la Statue équestre dorée de son père, la première statue dorée qui parut en Italie. Ce temple était périptère d'ordre dorique, avec colonnes sans bases, mais cannelées. Il avait environ 31 mètres de long sur 15 de large, hors oeuvre, avec 6 colonnes sur la façade et au posticum , et 10 sur chaque flanc. - Le Temple de l'Espérance, le troisième, était un demi-périptère ionique, ses portiques latéraux, de chacun 7 colonnes, aboutissaient sur un mur de fond ; il avait 6 colonnes sur sa façade. Atilius Calatinus, consul, voua ce temple pendant la première guerre Punique, en 495. Auguste en commença la restauration, et Tibère le dédia l'an 770. Ses proportions étaient 20 mètres de long, sur 14 de large, au nu des colonnades. - Nous avons restauré ces trois temples d'après Labacco, Palladio, Piranesi, Canins, et M. Lefuel, architecte de l'empereur Napoléon III, et ancien pensionnaire de l'Académie de France à Rome, qui a eu à sa disposition un croquis des temples sus- dits, tracé par Baltazard Peruzzi, au commencement du XVI siècle. - Le fragment ci-dessous du Plan de marbre, quoique sans devise, se rapporte évidemment à nos trois temples. Nous reconnaissons dans le temple le plus entier celui de la Piété avec le grand piédestal de la Statue équestre dans son emmarchement. L'église S. Niccola in Carcere (Nolli, 1038.- Letarouilly, rien. XII, 5) est bâtie sur l'emplacement de nos temples, dont il existe encore des ruines, parmi lesquelles on a reconnu le grand piédestal dont nous venons de parler. Sous le temple de la Piété il existait une Prison, qui a valu à l'église le surnom qu'elle porte.  

263a. CARREFOUR ACILIUS. Il devait être dans le voisinage des trois temples ci-dessus, et peut-être leur empruntait son nom. Il eut une certaine célébrité parce que ce fut là que le premier médecin qui vint à Rome, l'an 535, reçut une taverne (boutique ou laboratoire) pour donner ses consultations. 

264. PORTE FLUMENTANE. Proche du Tibre, sur la voie qui passe derrière le théâtre de Marcellus, dans un lieu bas, où le fleuve débordait. 

265. TEMPLE D'APOLLON-MÉDECIN. Au bord du Tibre, derrière le temple de L'Espérance. Le censeur Fulvius Nobilior le fit élever en 573. 

266. TEMPLE DE PORTUMNUS. Dans la XIe région, près du pont Sublicius. Suivant la prescription de Vitruve, nous avons tourné sa façade vers le Tibre. 

RÉGION XII. - PISCINE PUBLIQUE.

Voici encore une région hors des murs. Elle est une des plus grandes de Rome, et en même temps une des plus vides de monuments de notre époque ; aussi n'avons-nous presque rien à en dire.

267. AUTEL DE LAVERNE, déesse des voleurs. Il était aux environs de la porte Lavernale. 

268. PORTE LAVERNALE. Au sortir de la petite vallée qui séparait le mont Aventin en deux, dans la direction du S.-O au N.-E. Elle prenait son nom de l'Autel de Laverne 

269. JARDINS D'ASINIUS. Dans la XIIe région, du côté de l'aqueduc de l'Anio vieux, ce qui porte leur étendue plus au S.-O. de la voie Appia. Ces jardins appartenaient au célèbre Asinius Pollion.

269a. Area Radicaria, Marché aux racines. (Hors cadre.) On conjecture qu'elle était auprès des Jardins d'Asinius. Cette Area se trouve rappelée dans un fragment du Plan de marbre, gravé dans Bellori, Iconog. vel. Romae, tab. XI, avec cette note "AREA RADICARIA, reg. XII, Piscina publica, describitur, in qua, ut exponit Pancirollus, radices vendebantur. " Était-ce la grande halle centrale de Rome pour les légumes ? Sa position dans la XIIe région, du côté des plaines fertiles du Latium, pourrait donner quelque vraisemblance à cette conjecture.

 

RÉGION XIII. -- MONT AVENTIN.

Les bornes de la région du Mont Aventin sont, au N., le Cirque Maxime ; à l'O., une ligne qui, vers les deux tiers de ce dernier monument, passe derrière le Sacrarium et le Bois de Saturne (n° 242), va rejoindre le clivus Publicius, de là gravit l'Aventin, suit son escarpement jusqu'à la porte Trigemina, puis s'étend jusqu'au bord du Tibre, en dehors des murs ; à l'E., elle confine à la XIIe région.

270. CHÂTEAU D'EAU DE L'AQUEDUC DE L'APPIA. -DEVANT : COLONNE STATUAIRE DE MINUCIUS. Près de la porte Trigemina, en dehors. Le Château fut établi l'an 442, et la Colonne, l'an 317, en l'honneur de L. Minucius, ancien Préfet de l'Annone. Sa statue la surmontait ; elle était d'airain, et faite d'une cotisation de petite monnaie d'airain, fournie parle peuple.

 274. PORTIQUE AVENTIN. Hors de la porte Trigemina, au bord du Tibre. Nous ignorons quand et par qui il fut construit ; mais il existait en 578.

 272. VOIE OSTIENSIS. Elle partait de la porte Trigemina, et suivait d'abord le cours du Tibre, au sortir de Rome. Le roi Ancus Marcius l'établit.

273. GRENIERS DE SULPICIUS GALBA. Dans la XIIIe région. On en a trouvé les ruines au pied du mont Aventin, vers le S.-O. C'étaient des magasins pour le vin et l'huile. Nous nous sommes inspiré, en traçant ces magasins, du fragment ci-dessous du Plan de marbre, qui offre le plan de Greniers portant le nom de Lollius. On ignore par qui furent construits ceux de Galba, mais ils existaient du temps d'Auguste.

274. PORTIQUE ÉMILIEN. Hors de la porte Trigemina, devant le port Emporium (n° 275). Il fut construit par les édiles Aemilius Lepidus et Aemilius Paulus l'an 559, et restauré l'an 578. Piranesi a relevé le plan de ce Portique en ruines, qu'il a trouvé, devant l'Emporium et les Navalia. Il en existe encore des ruines considérables dans la vigne Cesarini (Nolli, 1070. - Letarouilly, rion. XII, 38). C'était peut-être une halle pour les marchandises arrivant par le bas Tibre.

275.EMPORIUM ET NAVALIA. Place de débarquement et Port sur la rive gauche du Tibre, à sa sortie de Rome, hors de la porte Trigemina. Les édiles Aemilius Lepidus et Aemilius Paulus établirent l'Emporium, en même temps que leur Portique, l'an 559. Il était entouré d'une clôture de bois. Les Navalia, existaient, comme port militaire, dès l'an 417. - Des fouilles ont fait retrouver, en 1868, au bas du prieuré de Malte, les ruines de l'Emporium et des Navalia. Le port des Navalia était en deux hauteurs avec quais en reticulaire et bandes de briques. Des rampes à deux voies, appliquées à chaque mur, servaient à gagner le haut de la rive. Il en existe encore six, en pierre de travertin, et larges de 3 m 568. Du quai inférieur saillent de place en place de grosses pierres percées d'un trou horizontal, auquel on amarrait les navires.

276. PORTA MINUCIA. Nibby conjecture qu'elle s'ouvrait au faîte et sur la lisière occidentale du mont Aventin. Le mont étant très escarpé de ce côté, il fallait nécessairement un escalier à cordons pour parvenir à la porte.

277. TEMPLE COMMUN DE DIANE. Sur le mont Aventin, vers son extrémité S.-O., du côté du Tibre, dans un lieu couvert originairement d'un bois de laurier qui occupait une partie de la montagne, et dont le nom de Loretum, désignant ce quartier, perpétuait le souvenir. Le roi Servius éleva ce temple aux frais et pour être le centre de la confédération latine, dont Rome, était la tête. Du temps d'Auguste, Cornificius le restaura. Il n'en reste rien, mais les textes l'indiquant « dans le Loretum majeur » nous l'avons mis sur le point culminant de la colline, où s'élève aujourd'hui l'église S. Alessio (Nolli, 1076. - Letarouilly, rion. XII, 43), probablement bâtie sur ses ruines. De là, avant l'édification du temple et de l'Atrium de la Liberté (n° 278, 279), qui ne sont que du VIe et du VIIe siècle de Rome, on apercevait le Latium et surtout le célèbre mont Albain. 

278.ATRIUM DE LA LIBERTÉ. Sur le mont Aventin, indication bien vague. D'après Bufalini, qui, au XVIe siècle, a vu beaucoup de ruines aujourd'hui disparues, ce monument aurait été entre l'église S. Alessio (notre temple de Diane (n° 277), et celle S. Sabina (Nolli, 1055. - Letarouilly, rion. XII, 30) : il le marque ainsi sur son Plan de Rome, et nous l'avons suivi. Asinius Pollion bâtit cet Atrium sur l'invitation d'Auguste, et en fit un beau monument, orné de statues grecques renommées. Il serait possible que l'Atrium de Pollion eût été construit pour servir de supplément à celui qui se trouvait auprès du Forum de César, n° 142.

279. TEMPLE DE LA LIBERTÉ. Dans la XIIIe région, sur l'Aventin. avait été bâti par le père des Gracques, et Auguste le restaura. Sa position n'étant pas indiquée d'une manière précise, nous l'avons arrangé dans l'Atrium de la Liberté, entrepris par Pollion sur l'invitation d'Auguste, peut-être dans le temps où l'Empereur érigeait son portique d'Octavie (n° 150). La mode parut être alors de prendre un édifice déjà subsistant et d'y ajouter des portiques, comme Auguste faisait lui-même, sous le nom d'Octavie, par le portique de ce nom ; comme aussi Martius Philippus par le Portique de Philippe (n° 153). L'exemple en tout est toujours très influent. 

280. BIBLIOTHÈQUE DE POLLION. Bibliothèque publique établie par Asinius Pollion, près de son Atrium de la Liberté (n° 278). Pline parle des « monuments de Pollion » ; sans doute il entend par là l'ensemble de l'Atrium de la Bibliothèque, et même du Temple de la Liberté, bien qu'il ne soit pas l'oeuvre de Pollion. La Bibliothèque doit avoir été établie postérieurement à l'an 715, car elle fut pavée avec le produit du butin fait sur les Dalmates, vaincus par Pollion en 744. Il ne serait pas impossible qu'elle eût été construite en même temps que l'Atrium de la Liberté. 

281. TEMPLE DE JUNON-REINE. Sur l'Aventin, vers l'endroit où arrivait le clivus Publicius. Il fut voué par Camille, l'an 359, pour y placer la Junon qu'il prit à Véies, et dédié l'an 364. Auguste le restaura.

282. TEMPLE DE LA LUNE. Sur le haut de l'Aventin, en parallèle du temple de Junon-reine (n° 281). Il fut bâti parle roi Servius Tite-Live raconte qu'en 570 une horrible tempête arracha une porte du temple de la Lune et la plaqua sur le posticum du temple de Cérès (n° 249), au bas de l'Aventin. Ce fait justifie encore la position que nous avons choisie.

282a. Statues d'airain de Junon et de Diane. L'une fut érigée par les matrones romaines l'an 534; l'autre par les Romains, mais semblable à celle des Marseillais leurs alliés.

283. CLIVUS PUBLICIUS, commençant à l'angle N. du mont Aventin, sur lequel il conduisait, vers le temple de Junon-reine (n° 284), il descendait jusque dans le Vélabre. Il fut taillé dans la falaise de la montagne par les frères Publicius Malleolus, édiles plébéiens, dont il reçut le nom.

284. AUTEL D'ÉVANDRE. Sur le mont Aventin, à peu près au-dessous de la porte Trigemina.

285. REMURIA ou TOMBEAU DE RÉMUS. Au sommet de l'Aventin, non loin de l'Atrium de la Liberté (n° 278). C'est en ce lieu que Rémus prit les auspices pour la ville nouvelle, qu'il voulait fonder sur l'Aventin, et là que Romulus, après l'avoir tué, le fit inhumer.

286. AUTEL DE JUPITER-ELICIUS. Élevé par Numa sur le haut de l'Aventin.

287. TEMPLE DE LA BONNE DÉESSE. Auprès de Remuria (n° 286), de l'Atrium et du temple de la Liberté (n° 278, 279). Il fut dédié par la vestale Claudia, et restauré par Livie. Devant était un vestibule sur lequel s'élevait la Statue de Claudia. Val. Maxime l'indique « dans le vestibule du temple de la Mère des dieux, » Ordinairement Cybèle ; mais les Anciens confondant souvent la Bonne Déesse avec Cybèle, il est plus vraisemblable que Claudia, qui reçut la Bonne Déesse dès son arrivée à Ostie, avait sa Statue devant le temple de cette dernière divinité.

288. ARMILUSTRIUM. Place près du temple de Diane (n° 277), où les prêtres Saliens venaient tous les ans faire la procession des Ancilies. Au XVIe siècle, on trouva dans une vigne près de S. Alessio (notre temple de Diane), un fragment d'inscription portant : SACRVM. MAG. VICI. ARMILUSTRI

Là ,était le tombeau du roi Tatius.

289 TEMPLE ET PORTIQUE DE MINERVE. Le temple était sur l'Aventin. On a retrouvé, dans les environs de l'église Santa Prisca (Nolli, 1059. - Letarouilly, rion. XII, 36), des ruines qui paraissent avoir appartenu à un grand édifice; Bufalini, dans son Plan de Rome, les attribue au temple de Diane-Commune, qui était plus haut, à notre sens (n° 277) ; nous verrions plutôt ici le Temple et le Portique de Minerve. Le Temple existait déjà au commencement du VIe siècle, puisque après la 2e guerre Punique, les scribes et les histrions allaient y déposer des dons en faveur de Livius Andronicus. Une inscription douteuse indique l'édification du Portique sous le Pontificat maxime de Q. Cécilius Metellus, vers l'an 510. Peut-être ce Portique est-il l'Atrium Sutorium, où se faisait la lustration des trompettes de sacrifices. Minerve était aussi la déesse des cordonniers. Auguste restaura le temple de Minerve. 

290. PORTE NAVALE. A l'extrémité S.-E. du mont Aventin, et ainsi nommée du voisinage de Navalia (n° 275). 

291. TOMBEAUX D'AVENTINUS ET DE TATIUS. Celui d'Aventinus était vers le bas de la montagne à laquelle il avait donné son nom. - On trouvait celui de Tatius un peu plus haut, dans le bois de luriers qui existait originairement de ce côte, vers l'Armilustrium.

292. PORTIQUE OU MARCHÉ FABABIA. - 293. FORUM PISTORIUM. L'un et l'autre sur le mont Aventin, peut-être aux environs du temple de Junon-Reine. L'un était le marché aux fèves, aux cicers, aux lupins, dont le peuple mangeait beaucoup ; l'autre, le marché au pain, du moins leurs noms paraissent indiquer ces deux destinations.

 

 

 

RÉGION XIV. - TRANSTIBÉRINE. 

- Cette XIVe et dernière région est tout entière sur la rive droite du Tibre, et forme une espèce de grand faubourg ouvert ; il n'y a de protégée que la petite partie contenant la Forteresse du Janicule, laquelle est reliée au fleuve par deux longs murs, et par le fleuve à la ville murée. La Région s'étendait depuis l'arrivée du Tibre au Champ de Mars, jusqu'à sa sortie, au S., devant. les Navalia. L'île du Tibre entrait dans sa circonscription.

294. JARDINS DE POMPÉE. A l'extrémité S. de la Région, sur la pente du Janicule. Vers le haut est la petite maison où Pompée se tint enfermé pendant que Clodius ameutait la plèbe romaine contre Milon. César, dictateur, donna ces Jardins à Antoine. Leur position se trouve indiquée par ceux de César (n° 295), dont ils étaient mitoyens. Sur la droite de la rue qui conduit à San Francesco a Ripa (Nolli, 1134. - Letarouilly, rion. XII, 67), on a trouvé, pendant le XVIIIe siècle, une grande mosaïque, et près la place de l'église des restes de grandes constructions en travertin, quelques bustes et un beau bas-relief. C'est vers ces deux endroits que nous avons mis les édifices des Jardins de Pompée. Voy. l'art. suivant, sur l'étendue de ces Jardins.

295. JARDINS DE CÉSAR. - 296. TEMPLE DE FORS FORTUNA. Les Jardins étaient dans la région Transtibérine, sur les dernières pentes du Janicule, et descendant presque jusqu'au Tibre. - Vers le bas de la montagne, sur le côté droit des Jardins et non loin des murs de la ville, était le temple de Fors Fortuna, « la Fortune de Hasard ou la bonne Fortune. » L'église Santa Maria dell'orto (Nolli, 1122. - Letarouilly, rion. XIII, 42), érigée pendant le XVe siècle, fut vraisemblablement bâtie sur les ruines du temple de Fors Fortuna. On a trouvé auprès de cette église divers tronçons de colonnes de marbres. Le surnom dell'orto paraît venir des Jardins de César, dont le souvenir s'était perpétué dans le quartier. Le roi Servius bâtit le temple de la Fortune de Hasard ; peut-être le mit-il dans cette région pour qu'il fût sur la terre d'Étrurie, son pays natal. Tibère le reconstruisit dans les premières années de son règne, l'an 769. Il faisait un acte de popularité, car ces Jardins appartenaient au peuple depuis la mort de César, qui les lui avait légués par son testament. Nous avons mis vers le haut des Jardins une maison d'habitation mais par conjecture, car il y en avait toujours une, et nous l'avons vue clairement indiquée dans les Jardins de Pompée. Quelle était l'étendue de ces deux Jardins ? on l'ignore. Néanmoins, du legs de ceux de César au peuple, à qui il ne pouvait faire qu'un don important, et de l'examen du terrain, on doit conclure qu'ils étaient fort spacieux. Nous admettons avec toute vraisemblance, que l'enceinte d'Aurélien vint les envelopper ; alors ils auraient eu ensemble une étendue de 1.600 mètres sur le quai du Tibre. Des fouilles, pratiquées en 1859, au delà de la porte l'ortèse, à un demi-mille environ (plus de 700 mètres, juste sur remplacement du mur d'Aurelien), ont fait découvrir un grand nombre d'Hermès mutilés, formés de têtes de philosophes et d'empereurs, genre d'ornements habituels dans les jardins. Au XVIIIe siècle, des découvertes pareilles avaient déjà été faites au même lieu. Les fouilles de 1859 mirent aussi à découvert les ruines d'un temple assez semblable, pour les proportions, au petit temple dit vulgairement de la Fortune virile (notre temple de la Fortune de Lucullus, n° 254), et près du temple une belle Statue de Vénus Marine, sans doute la déesse du lieu. Ces découvertes ne peuvent se rapporter qu'aux Jardins de Pompée, ceux de César étant auprès des longs murs de la Forteresse du Janicule. En donnant à ces deux Jardins 400 mètres seulement de profondeur, afin de ne rien exagérer, ils atteignent les pentes inférieures du Janicule ; alors leur superficie sera de 640.000 mètres ou 64 hectares, soit, pour chaque, 32 hectares, en les supposant égaux. C'est un peu plus que le jardin des Tuileries, à Paris, qui mesure 30 hectares.

297. PORTE ET VOIE PORTUENSIS. Au bas du Janicule, sur la rive droite et près du Tibre. La Porte ne fut détruite qu'en 1641. On a dit, mais sans preuve, que cette Porte et cette Voie furent faites lors de l'établissement du port d'Ostie, par Claude. Rien ne paraît plus invraisemblable : tout le monde sait que le roi Ancus Martius fonda la ville d'Ostie ; comment ni lui, ou personne depuis lui, n'aurait-il pas établi une voie entre cette ville et Rome ? Claude, peut-être, la reconstruisit.

298. PONT AEMILIUS, AUTREFOIS SUBLICIUS. Placé le second en aval de l’île du Tibre, il débouchait près de la Porte Trigemina, sur la rive gauche, et dans le clivus du Janicule, sur la rive droites. Le roi Ancus Marcius l'avait construit, et il était tout en bois, sans aucune pièce d'airain ni de fer. Il subsista ainsi jusqu'à l'an 731 ; alors une grande crue du Tibre l'avant emporté, le censeur Man. Aemilius Lépidus le reconstruisit en pierres. La figure ci-dessous, revers d'un denier d'argent d'Aemilius Lépidus, rappelle cette reconstruction. Le pont fut alors nommé Aemilius, mais, par la force de l'habitude, on l'appelait souvent Sublicius. A la longue, le nom d'Aemilius prévalut.

299. FORTERESSE DU JANICULE. Dans la partie la plus haute et la plus escarpée du Janicule. De longs murs, descendant au S.-E., dans la direction du pont Sublicius, au N.-E., près du pont Palatin, la joignaient au Tibre, et, par le pont Sublicius, à la ville, car, originairement, les autres ponts n'existaient pas. Le roi Ancus Marcius bâtit cette Forteresse, et ses longs murs, et trancha le rocher à pic sur les trois côtés extérieurs : on le voit encore en cet état dans les divers enclos qui l'environnent aujourd'hui. La Forteresse bâtie parait avoir occupé l'emplacement de la Fontaine Pauline actuelle. Le tracé des longs murs se trouve assez bien indiqué au S.-E. par le point d'arrivée du pont Sublicius, que donne Tite-Live ; mais il y a moins de certitude pour l'autre côté : en prenant le pont Palatin, nous avons suivi l'opinion adoptée généralement par les antiquaires.

300. BOIS DES CÉSARS, OU JARDINS DE LUCIUS ET CAÏUS, ET NAUMACHIE. Dans la région Transtibérine, au pied du Janicule, entre les longs murs de la Forteresse. L'an 751, Auguste avait donné au peuple une naumachie en ce lieu, sur un bassin creusé exprès, long d e 1.080 pieds, sur 4.200 de larges. Après les Jeux, il fit combler le bassin et planter dans ce lieu des promenades qu'il appela Jardins de Lucius et Caïus, du nom de ses fils adoptifs, et le peuple Bois des César. Un bassin de Naumachie, tel que l'on en faisait quelquefois dans les jardins, y fut réservé comme ornement ou pour rappeler, bien que dans des proportions beaucoup moins grandes, celui dont il occupait une partie de l'emplacement. L'aqueduc de l'Alsietina l'alimentait d'eaux vives. En avant il y avait des Portiques, pour abriter les promeneurs ou les spectateurs en cas de pluie. Pendant le XVIIIe siècle, on a trouvé, proche de l'église San Calisto (Nolli, 1164. Letarouilly, rion. XIV, 30), située sur cet emplacement, une belle mosaïque de marbre blanc et noir, représentant Neptune debout, et Amphitrite assise sur un cheval marin. Piranesi a vu les restes de l'aqueduc de l'Alsiétina au bas de la montagne. Quant au Lac ou bassin de petite naumachie, nous le trouvons désigné dans un fait du règne de Titus, l'an 833 de Rome, rapporté par Dion, cité à la note 3. La mosaïque est un reste évident d'une grande construction, et ne peut venir que du « Portique » dont nous avons parlé. Nous avons indiqué des colonnes rostrées dans la rue qui monte à la Naumachie ; nous conjecturons que cette rue était le Vicus rostratae, qui donnait son nom à un quartier de la XIVe région.

301. TEMPLE ET BOIS DE FURRINA. Au bas du Janicule, vers le pont Sublicius. On ignore quand et par qui fut bâti le temple ; le Bois devait être un bois sacré et par conséquent naturel. L'un et l'autre existaient du temps de C. Gracchus, qui fut massacré dans ce bois l'an 633 de Rome, et du temps aussi de Cicéron

302. TOMBEAU DE NUMA. Au pied du Janicule. Numa fut enseveli en ce lieu, dans un cercueil de pierre, et cette sépulture, abandonnée et perdue depuis longtemps, fut retrouvée l'an 574, en labourant le champ où elle avait été mise. Denys d'Halicarnasse dit que le peuple romain regretta beaucoup Numa, et lui éleva un splendide et magnifique tombeau ; puis il ajoute : « Il est situé au Janicule, au delà du Tibre. » On peut inférer de là que Denys avait vu ce tombeau qui, suivant toute vraisemblance, aura été élevé au VIe siècle sur le cercueil que l'on avait retrouvé. Le régionnaire P. Victor, en mentionnant le tombeau de Numa, bien qu'en termes des plus brefs, confirme notre conjecture. Ce dut être un monument dans le genre étrusque.

303. PONT PALATIN. Immédiatement en aval de l'île du Tibre, et le premier pont de pierre qu'il y eut à Rome. Les Censeurs le construisirent vers l'an 573. Le régionnaire P. Victor nomme ce pont Palatine ; des antiquaires l'appellent Sénatorial, nous ignorons sur quelle autorité. C'est aujourd'hui le Ponte rotto (Nolli, 1107. - Letarouilly, rion. XIII, 34), pont moderne, mais on croit que la première arche, sur la rive droite du fleuve, appartient au pont antique.

304. ÎLE DU TIBRE OU TIBÉRINE. Formée des atterrissements du fleuve, augmentés et affermis par la main des hommes, elle n'avait guère que 300 mètres de longueur, sur 85, environ, dans sa plus grande largeur. Toute la partie en aval des ponts Fabricius et Cestius, le tiers de l'île, avait un mur de quai façonné comme la poupe d'une trirème, en commémoration de celle qui avait apporté Esculape à Rome, l'an 460, le dieu, sous la forme d'un serpent, débarqua en cet endroit. Le reste de l'île était revêtu d'un mur de quai uni. Une partie du quai-trirème existe encore sur le bras gauche du Tibre. Piranesi et M. Delannoy, architecte, ancien pensionnaire de l'Académie de France, à Rome, l'ont dessiné et restauré. Il est en pierre de Tibur (travertin).

305. TEMPLE D’ESCULAPE ET PORTIQUES. A la pointe en aval de l’île Tibérine, à l'endroit même où Esculape, apporté à Rome, débarqua sous la forme d'un serpent. On ignore la date de l'édification du Temple, mais ce fut postérieurement à 461, année de l'arrivée du Dieu. Il s'élevait près de l'église San Bartholorneo (Nolli, 1098. - Letarouilly, rion. XII, 4) . Au XVIe siècle il en existait encore des ruines dans le jardin de cette église. Il paraît qu'il était très beau et avait des colonnes de granit. On trouva dans ce lieu une belle statue d'Esculape. Devant le temple étaient les Portiques, sous lesquels on exposait les malades. - Statue de J. César ; dans l'île Tibérine, sans autre désignation. Elle regardait l'Occident, nous l'avons mise devant le temple, parce que cette position seule lui convenait dans l'île pour être vue de face par les passants. Nous ignorons quand et par qui elle fut érigée.

306. TEMPLE DE JUPITER OU DE VÉJOVIS. Dans l'île Tibérine, vis-à-vis du temple d'Esculape, de l'autre côté de la rue qui traversait l'île. Il était à antes, avec quatre colonnes sur la façade. Voué l'an 552, il fut dédié l'an 558. Le nom de Véjovis n'est donné que par le calendrier. - OBÉLISQUE. Entre les temples d'Esculape et de Jupiter, à l'endroit qui pouvait être regardé comme le centre de la trirème, figurée par les murs du quai dont nous avons parlé (n° 304). Cet Obélisque en était comme le mât. Il fut trouvé en 1678, dans une fouille faite devant l'église San Bartholomeo, notre temple d'Esculape (n° 305).

307. TEMPLE DE FAUNE. A la pointe en amont de l'île Tibérine. Il était à antes, fut commencé en 556, et dédié en 558, ce qui prouve son peu d'importance. Au XVIe siècle, on voyait encore des ruines de ce temple à la pointe de l'île ; Boissard, qui en parle, dit que c'étaient celles d'un grand et somptueux édifice, ce qui ne paraît pas vraisemblable d'après le peu de temps que l'on mit à élever le temple de Faune. Il faut conjecturer qu'il avait une enceinte et des dépendances.

308. PONT FABRICIUS. Sur le bras gauche du Tibre, et joignant l’île Tibérine à la région du Cirque Flaminius, derrière le théâtre de Marcellus. Il fut construit en 692, par Fabricius, curateur des routes, et dédié en 733 par les consuls Q. Lepidus et M. Lollius. Il faut que les travaux aient été bien interrompus pour avoir duré quarante et un ans. Ce pont existe encore ; il a deux arches, et, sur la pile centrale, une petite arche, à peu près comme une porte cintrée, dont le seuil est un peu supérieur à la naissance des grandes arches : c'est pour donner un peu plus de dégagement aux eaux dans les grandes crues. On le nomme Ponte de' Quattro Capi. Une inscription gravée en travers des claveaux des grandes arches rappelle les noms et les qualifications du fondateur et des magistrats qui ont dédié ce pont, encore subsistant depuis plus de 1.880 ans. Piranesi en a donné deux vues, l'une pittoresque, l'autre géométrale. Il a 6 mètres de large, mesure moyenne d'une grande voie romaine.

309. PONT CESTIUS. Sur le bras droit du Tibre, en face du précédent, et conduisant de l'île au Janicule. Il se compose d'une grande arche, au milieu de deux autres très petites, comme deux portes s'ouvrant au-dessus des deux piles, un peu plus haut que la naissance de la grande arche. On ignore quand et par qui fut construit ce pont, dont le nom n'est connu que par le régionnaire P. Victor; peut-être est-il du même temps que le précédent. Il existe encore sous le nom de Ponte S. Barlholomeo. Piranesi en a donné un dessin géométral et une vue pittoresque.

310. PONT JANICULENSIS. Le premier en amont de l'île Tibérine. N'est connu que par le régionnaire P. Victor, qui le nomme seulement parmi les ponts de Rome. Nous l'avons mis à l'endroit où l'on trouve aujourd'hui le ponte Sisto.

311. TOMBEAU DU POÈTE COMIQUE CAECILIUS. Au pied du Janicule.

312. TEMPLE DE MANIA. Dans la XIVe région. Mania était la mère des Lares, dieux des carrefours ; nous avons mis son temple dans un carrefour.

313. VICUS JANICULENSIS. C'était sans doute un quartier; il est nommé par P. Victor, et une inscription.

314. VICUS BRUTTIANUS. Nommé par P. Victor à la suite du précédent. Peut-être était-ce le quartier des serviteurs publics appelés Bruttiens, emmenés par les gouverneurs de province parmi leur suite, et qui tous étaient du Bruttium.

315. FORUM PISCATORIUM. Forum des pêcheurs où ils vendaient eux-mêmes leurs poissons. On célébrait les Jeux des pécheurs dans la région Transtibérine ; les pécheurs avaient-ils là leur marché? Un Forum Piscatorium fut construit et entouré de boutiques, l'an 573, mais Tite-Live n'indique pas dans quel quartiers.

316. PRÉS MUCIENS. Dans la région Transtibérine. Prés donnés à Mucius Scaevola, qui tenta de tuer le roi Porsena. Cette dénomination subsistait encore du temps d'Auguste.

317. CONSERVE D'EAU. C'était un des réservoirs de l'aqueduc de l'Alsiétina, qui arrivait au sommet du Janicule. Des ruines en ont été trouvées au XVIIe siècle, vers l'église S. Onofrio. (Nolli, 1228. - Letarouilly, rion. XIII, 5.)

318. CHAMP CODETA. Au delà du Tibre. Il paraît que c'était une mauvaise prairie, car, codeta signifie « prêle », herbe nommée vulgairement « queue de cheval »; et que cette prairie était grande, car on la désignait en haut et bas Codeta. Ce fut dans le bas Codeta que César fit creuser un grand bassin, pour y donner au peuple le spectacle d'une naumachie.

 319. CHAMP VATICAN, ET PYRAMIDE SÉPULCRALE DE SCIPION LE SECOND AFRICAIN. Le Champ Vatican était vis-à-vis le Champ de Mars proprement dit. Là, peu de temps après la mort de Scipion, on lui éleva une pyramide sépulcrale très haute, dont une des faces était tournée vers le port de Carthage. Cette pyramide, dans le genre de celle de Cestius, existait encore au XVe siècle, près de l'église Santa Maria Traspontina (Molli, 4314 . - Letarouilly, rion, XIV, 20) ; Alexandre VI la fit abattre pour ouvrir le Borgho nuovo, qui conduit à la place de Saint-Pierre. 

320. CHÊNE-VERT PLUS VIEUX QUE ROME. Dans le Champ Vatican. On voyait dessus une inscription étrusque en lettres d'airain. 

321. PORTE OU ARC DU PONT TRIOMPHAL. Au débouché du Pont dans le Champ de Mars.

 322. PONT VATICAN OU TRIOMPHAL. Placé au coude que fait le Tibre devant le Champ de Mars. Il existe encore dans le fleuve trois piles presque ruinées de ce pont ; on les voit pendant les très basses eaux, où elles forment un barrage très prononcé. L'administration française, en 1840, avait commencé de l'enlever, ce qui diminua aussitôt la hauteur de la chute de 50 centimètres. 

323. NAVALIA. - 324. QUINTIEN5. Les Navalia étaient le port du haut Tibre, au bas des Prés Quintiens. - Les Prés Quintiens, champ de 4 jugères (1 hectare 1/4 centiares), que Quintus Cincinnatus cultivait de ses mains, s'étendaient au pied du mont Vatican . 

325. JARDINS D'AGRIPPINE, veuve de Germanicus. Sur le bord du Tibre. On y remarquait un xyste, et un portique pour la promenade' Après Agrippine ils passèrent à son fils Caligula. Ces jardins paraissent avoir appartenu à un certain Scapula, qui, du temps de Cicéron, en avait là, dans le champ Vatican.