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Dezobry, Charles (1798-1871)


 Rome au siècle d'Auguste,
ou Voyage d'un Gaulois à Rome à l'époque du règne d'Auguste et pendant une partie du règne de Tibère

LETTRE X.

LES CLIENTS.

A ce nom de Clients, ne va pas croire qu'il s'agit de serviteurs dévoués attachés à un homme influent par son caractère, ses talents, ses richesses ; qui les couvre de toute sa puissance, mais qu'ils n'abandonnent jamais dans la plus mauvaise fortune, sui-vent à la guerre, et avec qui ils se font tuer s'il succombe dans les combats, ou qui se donnent la mort s'ils lui survivent. Tu reconnais là les Solduriens, cher Induciomare, et il n'y a point d'aussi braves serviteurs à Rome ; cet honneur n'appartient qu'à nos Gaules. Ici, comme dans notre patrie, les hommes influents ont bien des Clients, mais leurs relations mutuelles se bornent aux devoirs civils.
Ce fut Romulus qui régla entre les grands et la plèbe les rapports de patronage et de clientèle. Après avoir organisé son gouvernement, il recommanda le peuple aux patriciens, et permit à chaque plébéien de se choisir un protecteur parmi eux. Il emprunta, m'a-t-on dit, cette institution à la Grèce, où elle était depuis longtemps en usage chez les Thessaliens. La condition des patronés ressemblait alors à une sorte d'esclavage, et quoiqu'il déguisât cette servitude de fait sous les noms de Patrons et de Clients, le premier, dérivé du mot patres, pères, et le second du participe colentes, honorante, néanmoins il ne parvint à l'adoucir qu'en rendant mutuellement obligatoires les devoirs respectifs des protecteurs et des protégés.
Les devoirs du patronage qu'il établit alors pouvaient être assimilés à ceux du chef de famille : ils consistaient à répondre aux Clients sur la justice et le droit civil, dont ils n'étaient point instruits; à prendre soin d'eux, présents ou absents ; à faire pour eux tout ce qu'un père fait pour ses enfants, tant en ce qui concernait l'argent que les contrats pécuniaires ; à poursuivre le redressement des injustices qui pourraient les atteindre ; à les défendre contre leurs accusateurs ; en résumé, leur procurer toute la tranquillité dont ils avaient besoin dans les affaires publiques ou particulières.
Les Clients, de leur côté, devaient aider les Patrons à marier leurs filles, et former la dot si les pères étaient pauvres ; payer leur rançon et celle de leurs enfants quand ils devenaient prisonniers de guerre ; satisfaire pour les procès qu'ils perdaient, et acquitter les amendes qu'ils encouraient ; aider à fournir l'argent nécessaire pour leurs magistratures, honneurs, et autres dépenses publiques, le tout de leurs propres deniers, comme auraient pu faire des parents.
En échange de ces charges, le Client qui n'exerçait pas de profession, ou ne possédait rien, recevait du patron une habitation et un lot de terre de deux jugères sur ses domaines labourables. La concession n'était qu'à titre précaire d'usager, et non en toute propriété, et si le Client donnait lieu de plainte à son Patron, ce dernier reprenait sa terre.
D'une autre part, il était défendu aux Patrons et aux Clients de s'entr'accuser en justice, de témoigner l'un contre l'autre, de se rendre ennemis l'un de l'autre. Enfin, un Patron devait soutenir, même contre ses propres parents, les intérêts de ses clients.
Ces sages règlements maintinrent pendant plusieurs siècles l'union des. Clients avec les Patrons aussi étroite qu'entre parents, les pères la laissant à leurs enfants, comme par tradition. Les familles nobles tenaient à honneur d'avoir un grand nombre de Clients, et les Patrons prenaient soin, non seulement de conserver la clientèle venue de leurs ancêtres, mais aussi de l'augmenter par leur propre mérite et par leur vertu. Il régnait entre eux une rare émulation pour se prévenir d'amitié, pour se rendre de bons offices, les uns craignant de ne jamais faire assez, les autres de trop recevoir, tant il est vrai que leur tempérance était à l'épreuve de tous les plaisirs de la vie, et qu'ils faisaient consister le bonheur et le souverain bien dans la vertu, et non dans la richesses.
A mesure que Rome s'agrandit, les liens de patronage et de clientèle se relâchèrent en s'étendant ; la famille groupée autour de chaque patron devint si nombreuse, qu'il ne fut plus possible au chef d'en bien connaître tous les membres ; cela prêta à une diminution d'affection mutuelle, parce que l'on se trouva moins en vue l'un de l'autre. Ensuite la délicatesse ou la fierté des Patrons, qui, dans la suite, refusèrent comme une chose honteuse de recevoir aucun secours pécuniaire de leurs Clients, jeta ces derniers dans un état très grand d'infériorité.
Aujourd'hui les Clients peuvent se partager en deux classes : les grands et les petits ; car ce nom est aussi porté par des citoyens riches, ayant occupé ou occupant des magistratures dans la République, et jouissant par eux-mêmes d'un grand crédit. Par exemple, tous les personnages qui ont recours aux Orateurs ou aux Jurisconsultes, dont les fonctions sont bénévoles et gratuites, deviennent leurs Clients. Pompée, vainqueur de toute la terre et de la mer, s'avouait sans difficulté client de l'orateur Hortensius qui l'avait défendu en plaidant pour lui ; Marius, après avoir rempli déjà plusieurs fonctions publiques, était client d'un certain C. Herennius ; les hommes les plus honorables l'étaient de Cicéron, lequel, à raison de ses grands talents oratoires, toujours au service de quiconque les réclamait, avait mérité le beau titre de « Patron de tout le mondes. »La clientèle n'entraîne aucune idée d'infériorité pour les grands citoyens que l'on pourrait appeler Clients-patrons, cet état ne les empêchant pas d'avoir aussi leurs propres Clients, dont ils reçoivent les hommages tout en portant eux-mêmes les leurs à d'autres patrons. Néanmoins quiconque n'a pas occupé une magistrature curule, c'est-à-dire du premier ordre, ne peut exercer le patronage, à moins qu'il ne soit fils ou descendant d'un citoyen ayant satisfait à cette condition ; car encore aujourd'hui, comme autrefois, c'est un droit qui se transmet de race en race Il est d'usage ici que chaque matin un homme un peu considérable, un citoyen qui a un état de maison, reçoive chez lui, avant d'aller à ses affaires, ses amis, ou du moins ceux qui se disent tels, et ses Clients, et qu'une partie reste pour l'accompagner quand il sort. On a distingué par des dénominations empruntées à leur plus ou moins d'assiduité ces Clients qui viennent ainsi faire leur cour : il y a les salutateurs, qui se bornent à la simple visite, c'est là le plus grand nombre ; puis les précédeurs ; les conducteurs, qui sortent avec le Patron et le conduisent pendant quelques instants ; lès accompagneurs, et les suiveurs, qui l'escortent en tous lieux, et ne le quittent que quand il est rentré chez lui. Les Romains trouvent que traîner ainsi après soi une nombreuse suite de gens, donne une grandeur et une majesté vénérables ; ils ont raison sans doute, attendu que chez eux la multitude est portée à n'estimer les hommes grands et importants que par le fracas qui les entoure.
Je ne crois pas qu'il soit de condition plus dure que celle des Clients du dernier rang ; bien certainement des esclaves sont plus heureux que ces hommes prétendus libres, qui n'ont pour ainsi dire de repos ni jour ni nuit. Souvent ils se lèvent avant l'aurore, pour accourir chez le Patrons, et devancer la foule de leurs rivaux qui se contentent, pour la plupart, d'attendre les premiers feux du jour. Ils ne prennent pas même le temps de faire leur barbe. Ont-ils par hasard dormi quelques instants de plus que de coutume, le jour commence-t-il à poindre, ils se réveillent en sursaut, et les voilà courant au milieu de la boue du matin, à moitié chaussés et vêtus à cru de la toge blanche de rigueur. Le Client doit toujours être en toge pour faire honneur à son Patron, avoir l'air d'être un citoyen d'un certain rang, pour se distinguer du prolétaire, qui n'a d'autre vêtement qu'une tunique courte, de couleur brune, sans manches, et descendant un peu plus bas que le milieu des cuisses. Seulement, le Client n'a que la petite toge, qui lui serre les hanches et le ventre, et lui tombe à peine sur le gras de la jambe. Sa chaussure est une espèce de bottines rustiques, en cuir cru, sans aucune élégance ; aussi l'appelle-t-on pero de pera, besace, tant elle est large.
Mais ce n'est pas tout : quand ils ont ainsi bravé la bise, enduré la pluie ou la neige, suivant les saisons, le plus difficile est d'entrer chez le Patron. S'ils ne sont pas dans les bonnes grâces du portier, qui d'un oeil dédaigneux et vénal choisit ceux qu'il doit laisser entrer, souvent il leur arrive de rester dehors, et de s'entendre traiter de « chiens » et de flatteurs par ces gardiens de la porte. Sont-ils entrés, il leur faut encore essuyer non seulement le mépris des autres esclaves, qui ne daignent pas toujours leur répondre quand ils s'informent si le Patron est éveillé, mais aussi provoquer leur complaisance en la payant. Les pauvres solliciteurs s'adressent au cubiculaire, esclave de la chambre, jouissant souvent d'assez de crédit auprès du Patron, et surtout au nomenclateur, autre serf non moins insolent, chargé de connaître les noms de toutes les personnes qui viennent chez son maître, et de les lui souffler à l'oreille à mesure qu'elles se présentent ou qu'il les aborde.
Comme il faut pour cela une mémoire prodigieuse, il arrive que certains nomenclateurs, quand ils ne reconnaissent pas les individus, leur appliquent des noms imaginaires, pour ne pas demeurer courts, et le pauvre Client se voit ainsi frustré d'une partie de sa peine, on ignore qu'il est venu.
Ce Patron tant désiré, dont l'orgueil, la dureté ou la débauche ont tenu la porte close, se montre-t-il enfin, c'est pour accabler ses malheureux visiteurs de sa politesse outrageante. A moitié endormi, et encore tout engourdi des excès de la veille, à peine daigne-t-il prononcer avec un bâillement dédaigneux les noms mille fois soufflés de ces empressés qui ont interrompu leur sommeil pour venir attendre son lever. Trop heureux quand ce maître superbe, feignant une affaire importante, ne passe pas au milieu d'eux sans leur parler ; ou bien, les laissant se morfondre dans son atrium, ne met pas leur patience à l'épreuve en s'échappant par une porte secrète.
Et quel est le prix d'une vie si misérable ? la sportules, le panariolum, vivres de médiocre qualité, que chaque jour le Patron fait distribuer publiquement, sur le vestibule de sa maison, à la foule, affamée qui assiège la porte . Le Client accourt, la tête chargée de ses vases culinaires dont la plupart, afin sans doute de tromper la libéralité du distributeur, sont d'une dimension à effrayer la générosité du maître. En effet, les distributions se font avec une grande parcimonie. Dans beaucoup de maisons, au lieu de vivres on donne quelques pièces de monnaie. Certains Clients reçoivent par jour vingt-cinq as, d'autres jusqu'à trois deniers ; mais ce sont là les favoris, les grands figurants. Au commun des Clients, au plus grand nombre, la sportule ne vaut pas plus de dix sesterces par mois.
Les malheureux réduits à subir cette sordide libéralité sont appelés stipateurs, de la monnaie d'airain, désignée sous le titre général de stips, avec laquelle on leur paye leur salaire, ainsi évalué d'un As à une Once. La sportule est l'unique ressource des Clients pour avoir une toge, des chaussures, se nourrir, se procurer du feu, et s'éclairer. Aussi tu ne saurais croire à quel point la misère les dégrade ; rien de plus vil, de plus rampant que ces affamés : ils prodiguent aux Patrons les termes de la flatterie la plus obséquieuse, la plus outrée, les formules de la plus basse servilité, jusque-là qu'ils les nomment maîtres, et même rois, titre proscrit à Rome depuis tant de siècles. Ils ont si bien habitué les Patrons à s'entendre traiter ainsi, que beaucoup se croiraient offensés s'ils se conduisaient autrement.
Entre ces Clients de bas étage et les grands Clients, il y a une espèce d'ordre intermédiaire moins assidu, mais plus considéré du Patron. Ceux-là, il les traite avec quelque générosité : leur sportule est d'ordinaire d'une centaine de quadrants ou vingt-cinq as. Il leur témoigne même une apparence d'amitié, et dans ses jours de bonne humeur, lorsqu'il lui reste quelque place vide au dernier rang de sa table, il les invite à souper.
Mais pourquoi les riches ouvrent-ils leurs maisons à de pareilles gens ? Parce que cette vile plèbe est citoyenne ; qu'elle a des suffrages à donner pour les élections aux magistratures, et les élections reviennent si fréquemment, qu'il faut toujours choyer ces gens-là. On les paye afin d'en avoir beaucoup ; on les nourrit pendant des années inutilement ; mais qu'un jour ils poussent leur Patron à une magistrature importante, au consulat ou au gouvernement d'une province, par exemple, les voilà pour toujours acquittés des bienfaits qu'ils ont reçus. Le Patron s'indemnise alors par ses mains des avances qu'il a faites ; témoin Jules César dans nos pauvres Gaules qu'il a tant pillées ! Et puis c'est que tous les esclaves affranchis deviennent leurs clients, et qu'ils ont un droit d'héritage considérable sur les biens de ces affranchis, dont beaucoup sont très industrieux. Plus tard, je te parlerai de cela en détail. Enfin, le patronage peut leur donner droit d'héritage sur un étranger qui meurt leur hôte à Rome : ils n'ont qu'à le réclamer comme celui d'un client par application.
Du moment qu'on soudoya les Clients, ce qui n'avait été jusqu'alors qu'un état, qu'une condition, devint une profession. Tous les pauvres se pressèrent autour des riches généreux ; la clientèle perdit son caractère de fixité, de familiarité : les Patrons n'eurent plus proprement leurs Clients : cette classe devint un peuple banal qui se donna à tout le monde, sans s'attacher à personne. C'est aujourd'hui une habitude, une vieille coutume. Rien de plus commun que de voir des Clients, d'une vigueur infatigable, voler chaque matin de porte en porte, et, amis de tout le monde, aller offrir circulairement leur politesse mercenaire, et, comme disent les Romains, « faire les bourdons, » c'est-à-dire beaucoup de bruit sans se rendre bien utiles. II y a tels de ces coureurs de sportules qui se présentent régulièrement chez les dix tribuns, chez les deux consuls, et trouvent encore moyen d'arriver assez tôt chez un dernier Patron pour l'accompagner au Forum. « Il faut que le maigre « se frotte au gras, » me disait hier un de ces visiteurs à la course, pour me faire comprendre qu'il n'allait bourdonner que chez les riches. Au surplus ce n'est là qu'une activité famélique à laquelle les contraint la modicité de la sportule. En cumulant ainsi les profits journaliers de dix ou douze de ces distributions, ils ont encore bien de la peine à vivre et à s'entretenir un peu décemment.
La vénalité des Clients a contribué à rendre les Patrons encore plus fidèles à leurs devoirs qu'autrefois, si cela est possible : ils sont toujours empressés à plaider pour eux dans les plus mauvaises causes, et devant toute espèce de tribunal ; toujours aussi soigneux d'éviter de porter témoignage contre eux ; les devoirs du patronage viennent immédiatement après ceux de la parenté, après ceux du tuteur envers son pupille, de l'hôte envers son hôte ; on témoigne en justice pour un Client contre ses proches, et jamais pour ses proches contre un Client. Romulus attacha une pénalité terrible à la violation de ces devoirs : il établit que quiconque s'en rendrait coupable, Patron ou Client, serait dévoué à Pluton, dévotion qui donnait à chacun le droit de le tuer impunément. Ce souvenir est encore si vivace, après plus de sept siècles, que, dans un ouvrage tout nouveau un poète place aux enfers ceux qui pendant leur vie ont haï leurs frères, maltraité leur père, ou « trahi les intérêts d'un Clients ! »
Un autre côté par où le patronage se montre magnifique, c'est dans les relations de Rome avec les colonies, les villes alliées ou conquises, les nations et les rois barbares qui tous viennent chercher des Patrons dans cette capitale du monde. Souvent, les généraux qui les ont vaincus sont devenus leurs Patrons. Pour citer quelques exemples, la Sicile est sous le patronage des Marcellus ; Cicéron était aussi Patron des Siciliens , et le seul Patron de tous les Capouans ; Fabius Sanga, des Allobroges ; M. Caton, de lîle de Chypre, du royaume de Cappadoce, et des Espagnols ; Pompée avait pour Clients plusieurs rois d'Asie, etc.
Ce patronage public n'est pas seulement pour la forme : les devoirs réciproques en sont religieusement observés ; les Patrons défendent les Clients quand ils ont quelque affaire à Rome ; les Clients, de leur côté, portent également secours à leurs protecteurs dans les occasions critiques, et quand ces derniers ont quelque affaire judiciaire où on les poursuit, aussitôt les premiers citoyens des pays engagés sous leur patronage accourent témoigner ou solliciter en leur faveur. Les lois et les devoirs de la clientèle et du patronage étrangers sont si respectés, que l'Empereur dispensa les Bolonais de prendre parti pour lui dans sa guerre contre M. Antoine, parce que de toute antiquité ils étaient dans la clientèle de la famille de cet ancien triumvir. Ajoutons que ces relations, en général, forment un trait de la politique romaine : comme il n'est permis qu'à des citoyens romains d'intenter une action judiciaire contre d'anciens gouverneurs de provinces qui ont abusé de leur pouvoir (et cela arrive souvent), force est bien à toutes ces cités, à toutes ces nations, à tous ces rois qui ne sont point admis à l'honneur du droit de cité romaine, d'avoir des Patrons à Rome pour se faire rendre une justice qu'on leur accorde encore assez difficilement.
Rien ne me paraît plus glorieux qu'un tel patronage pour les citoyens romains, qui, chez eux confondus dans la foule, deviennent au dehors des personnages importants, auxquels des cités et des nations entières viennent confier leurs plus chers intérêts, et presque leur destinée. Sous l'ancienne République c'était quelquefois une vraie puissance : on cite un Claudius Drusus qui tenta d'usurper le pouvoir suprême en Italie, à l'aide de sa nombreuse clientèle ; et Pompée, très jeune encore, put rassembler dans le Picenum une armée composée presque en entier des Clients de son père. Sans aller aujourd'hui jusqu'à une pareille influence, parce que l'Empereur ne le permettrait pas, ce grand protectorat est encore une sorte de royauté effective, qui n'a de la royauté que la tâche la plus noble et la plus belle, celle de faire du bien, d'adoucir, de conjurer des maux, et de les réparer. Mais pour le patronage vulgaire, celui de grand à petit citoyen, rien de plus avilissant que la manière dont il se pratique en partie, rien de plus ignoble que cette troupe. famélique qui se rassemble autour d'un homme riche, comme au bord d'un lac, pour y puiser et le troubler.

LETTRE XI.

LE CALENDRIER IMPÉRIAL.

Le mode de la numération du temps est la première. chose à connaître, et je m'aperçois que je ne te l'ai pas encore expliqué. Je me hâte de réparer cette émission en t'envoyant la copie d'un Calendrier ou table de comput.
Les Romains règlent leur année sur le cours du soleil. Elle a trois cent soixante-cinq jours, répartis dans douze mois, dont quatre de trente jours, sept de trente-un jours, et un de vingt-huit, qui, à chaque cinquième année, en a vingt-neuf, pour maintenir l'année civile en concordance avec l'année solaire, plus longue d'un quart de jour. On nomme les mois ainsi : le premier, Januarius, de Janus, dieu qui chez eux ouvre l'année ; le second, Februarius, du verbe februare, purifier, parce qu'on pratique alors certaines purifications en l'honneur des morts ; c'est ce mois qui, à chaque cinquième année, tout en gardant son chiffre de vingt-huit jours, en a, de fait, vingt-neuf, parce que les prêtres, chargés de veiller au comput de l'année, bissent le sixième jour avant la fin du mois, ce qui fait nommer ce mois bissextile, et quelquefois intercalaire, de ce qu'en réalité il y a intercalation d'un jour ; le troisième mois est Martius, de Mars, dieu de la guerre ; le quatrième, Aprilis, dérivé d'aperire, ouvrir, parce que c'est l'époque de la germination, et que la terre ouvre son sein ; le cinquième, Maïus, de Maïa, déesse à laquelle on offre des sacrifices à cette époques, ou de majores, les ancêtres, à la mémoire desquels on sacrifie également alors ; le sixième, Junius, de Junon, reine des dieux, honorée spécialement dans ce mois ; le septième, Julius ; du nom de Jules César, dont il ramène l'anniversaire de naissance.
Autrefois; avant l'an 710, Julius s'appelait Quintilis, c'est-à-dire le cinquième, quoiqu'il fût réellement le septième. Mais cela tenait à ce que originairement l'année étant lunaire, comme la nôtre, et se partageant seulement en dix mois, commençait à Martius. Le roi Numa la porta à douze mois, en ajoutant Januarius et Februarius, qu'il plaça les premiers, mais sans changer les autres noms, de sorte que les derniers mois de l'année nouvelle, désignés dans l'ancienne par leur nombre ordinal, Quintilis le cinquième, Sextilis le sixième, September le septième, October le huitième, November le neuvième et December le dixième, ont gardé, à l'exception de Quintilis, des noms que la force seule de l'habitude empêche d'être trompeurs.
Pour plus de clarté, j'intercalerai dans cette lettre et dans le calendrier divers détails importants, recueillis depuis que je t'écrivis pour la première fois sur ce sujet, et qui en formeraient l'Achèvement. Je commence ici. Le mois de Quintilis fut appelé Julius en l'an 710, sur la proposition d'Antoine, alors consul avec César.
Le mois de Sextilis porte le nom d'Auguste depuis l'an 746, en vertu d'un sénatus-consulte ainsi conçu, et qu'un plébiscite a confirmé : « César Auguste, Empereur, ayant été nommé consul pour la première fois dans le mois de Sextilis ; ce mois l'ayant vu triompher trois fois dans Rome, et descendre du Janicule à la tête des légions marchant avec confiance sous ses auspices ; de plus, ayant dans le cours du même mois soumis l'Égypte à la domination du peuple romain, et mis fin aux. guerres civiles ; d'après ces motifs, qui ont rendu et rendent le mois de Sextilis très heureux pour l'Empire romain, il a plu au Sénat que ce mois fût appelé Auguste. »
Chaque mois est divisé en trois parties inégales dites les Calendes, les Ides, et les Nones.
Les Calendes sont le premier jour de chaque mois. Ce nom vient du verbe kalare, appeler, parce qu'anciennement les mois commençant avec la nouvelle lune, un petit pontife était chargé d'observer le moment de l'apparition de cet astre ; il convoquait ensuite le peuple devant la Curie Kalabra, sur le mont Capitolin, et comme les computs étaient tenus secrets, il annonçait l'intervalle des Calendes aux Nones, en répétant kalo, autant de fois que cet intervalle comprenait de jours.
Les Nones sont un peu mobiles ; et reviennent le cinquième ou le septième jour du mois, mais neuf jours avant les Ides, ce qui les a fait nommer Nones.
Les Ides varient, comme les Nones, de deux jours : du treizième au quinzième du mois, qu'elles partagent à peu près, d'où leur nom, tiré du vieux verbe iduare, partager.
Chaque division titulaire d'un mois ne se répète plus après avoir été comptée une fois : ainsi les Calendes, les Nones, les Ides, ne sont chacune qu'un jour ; on décompte les autres par le nom de la division qui suit, et d'une manière rétrograde : par exemple, après les calendes, on nomme successivement les autres jours comme prédécesseurs des Nones, puis des Ides, puis des Calendes du mois suivant, en commençant par le numéro le plus élevé du nombre de jours qui précèdent chaque division ; ainsi, quand on dit tant de jours des Nones, des Ides, des Calendes, cela signifie tant de jours « avant » une de ces divisions.
Chaque jour de l'année a une désignation marquée sur le Calendrier comme fête religieuse ou civile, ou bien anniversaire d'un événement public. Bon nombre sont consacrés aux affaires politiques, judiciaires, ou sacrées : ces jours-là sont appelés fastes, ou néfastes, ou fastes gais, ou coupés, ou comitiaux, ou religieux.
Un jour faste est celui où la justice est rendue aux citoyens par un magistrat grand justicier, appelé le Préteur. Faste, dérivé de fari, « parler, » signifie proprement qu'il parle ce jour-là, soit pour rendre la justice lui-même, soit pour en charger des délégués, suivant certaine formule sacramentelle.
Néfaste indique aux citoyens que le Préteur n'a pas le droit d'user de sa formule, et par conséquent que la justice est suspendue ce jour-là.
Néfaste gai est une augmentation du précédent, en ce qu'il annonce que la journée est occupée par une fête.
On attribue à Numa l'invention des jours fastes et des néfastes. Il ne les révéla pas au vulgaire, et pendant fort longtemps, les prêtres et les jurisconsultes en eurent seuls connaissance ; mais depuis trois siècles et demi, environ, elle a été mise à la portée de tous par la publication du Calendrier.
Un jour coupé est mixte : le matin et le soir sont néfastes, et le milieu est faste.
On nomme comitial le jour où une assemblée des Comices peut être convoquée.
Enfin les jours religieux, dits aussi funestes, ou noirs, ou vicieux, sont, en quelque sorte, des néfastes généraux : alors toutes les affaires publiques ou religieuses et les affaires privées sont interdites. L'établissement de ces jours remonte à l'an trois cent soixante-cinq de Rome : le nom Gaulois s'y rattache, car ce fut à l'occasion de la perte de la bataille d'Allia, qui consterna les Romains, que le Sénat inventa ce grand deuil. Alors aussi, il décida que le lendemain des Calendes, des Nones et des Ides serait toujours religieux.
Il y a encore une autre marque au-devant de chaque jour, c'est une des huit premières lettres de l'alphabet, se répétant toujours de A en H. On les appelle lettres nundinales, parce que du premier au dernier jour de l'année, elles servent à compter les Nundines. Tu te souviens qu'elles arrivent tous les neuf jours. L'A marque ce jour, parce qu'après avoir été compté comme premier de la série qui commence, il est encore compté comme neuvième sur la série qui suit.
Que je te dise ce que j'entends par Calendrier impérial : la chose est assez caractéristique pour être notée. Tu connais la réforme de l'année calculée par l'astronome Sosigène, et que César fit exécuter pendant son troisième consulat, l'an de Rome 708. Elle était vraiment nécessaire, car il régnait dans l'année une telle confusion, que les saisons n'arrivaient plus dans les mois où elles furent marquées du temps de Numa. Le calendrier de César eut encore un autre genre d'utilité, c'est qu'on y introduisit une foule de connaissances utiles pour l'agriculture : ainsi, on y trouva, outre les fêtes religieuses, les jours du coucher et du lever des signes du Zodiaque, et leur influence sur le temps ; les époques précises de chaque saison, des équinoxes, des solstices ; nombre de prédictions touchant les tempêtes terrestres ou maritimes ; le beau ou le mauvais temps pour tels ou tels jours, et la durée probable de ces variations.
Mais la confusion se mit aussi dans le calendrier Julien, comme on l'appelle : la négligence ou l'ignorance des pontifes plaça l'intercalation dont j'ai parlé plus haut au commencement de la quatrième année au lieu de la cinquième ; il y avait trente-six ans que cette erreur se répétait, quand l'empereur Auguste ordonna de la rectifier. J'ai vu faire cette seconde réforme, et pour la consacrer, il fit graver de nouveaux fastes calendaires sur des tables d'airain. Ce fut alors que le calendrier devint impérial, Auguste ayant mêlé, sur les tables nouvelles, les fastes de sa gloire et celles de sa race aux fastes de l'année. C'était l'abus d'un exemple donné quelquefois dans l'ancienne République; car il est à remarquer que dans l'établissement de la République monarchique ou impériale, il n'y a pas une idée nouvelle : c'est l'extension exagérée, et pour un seul citoyen-empereur, de ce qui existait pour tous depuis des siècles. Ainsi, autrefois, on inscrivait dans les fastes de l'année les événements importants pour les destinées du peuple romain. Cet usage était encore en vigueur au commencement du siècle, et de vieux sénateurs m'ont dit que Cicéron provoqua le sénatus-consulte qui fit inscrire dans les fastes le jour natal de Julius Brutus, parce qu'à cet anniversaire, si heureux pour les Romains, dit-il, Antoine avait levé le siège de Mutine, où il tenait Brutus enfermé. J'ai vu au Champ de Mars, dans le temple d'Hercule aux Musés, un calendrier avec Fastes et commentaires, qui date de plus d'un siècle et demi : Fulvius, consul l'an 565, le fit faire, et c'est là que j'ai pris tout ce que j'ai dit sur l'origine du nom des mois. Tibère a suivi l'exemple donné par Auguste, et comme lui, afin d'avoir plus de place pour ses fastes, et que l'attention des citoyens n'en fût pas distraite, il a continué de supprimer les renseignements cosmiques du calendrier Julien.
Tu comprendras mieux le plan et la marche du Calendrier en parcourant les tables suivantes : la première colonne de la page à gauche est le calendrier transcrit littéralement ; la seconde en contient la traduction ; et sur la page à droite sont des explications historiques.

 

CALENDRIER ROMAIN

IANUARIUS

JANVIER.

A K. IAN. F. AESCVLAPIO. VEIOVI IN INSVLA.

1 CALENDES DE JANVIER. Fête à Esculape et àVéjovis dans l'île (1).

B IIII F.

2 Faste.

C III C. VOTORUM NVNCVPATIO.

3 Comitial. Prononciation de voeux (2).

D PR C

4 Veille [des Nones]. Comitial.

E NON. F.

5 Noms. Faste.

F VIII. F.

6 Faste.

G VII. C. IMP. CAESAR. AVGVST. PRIMVS. FASCES. SVMIT. HIRTIO. ET. PANSA. COS. VII. VIR. EPVL. CREATVS. EST.

7 Comitial. L'Empereur César Auguste prend les faisceaux, Hirtius et Pansa étant consuls. Il est créé Septemvir-Epulon (3).

H VI C. SIGNVM. IVSTITIAE. AVGVSTAE. DICATVM. PLANCO. ET. SILIO. COS.

8 Comitial. La statue de la Justice d'Auguste dédiée, Plancus et Silius étant con­suls (4).

A V AGON.

9 Agonales (5).

B IIII EN.

10 Endotercisus [ou jour coupé.]

C III KARM. M.

11 Karmentales (6). Néfaste gai

D PR. C. DEBELLAVIT. IMP. CAES. AV­GVSTUS. TERTIVM. AB. ROMVLO. ET. IANVM. CLAVSIT. SE. V. ET. APVLEIO. COS.

12 Veille [des Ides]. Comitial. L'empereur  César Auguste, après ses guerres, ferme le temple de Janus, la troisième fois depuis Romulus, lui, pour la Ve fois, et Apuleius étant consuls (7).

E. ElD. M.

13 IDES. Néfaste gai.

F XIX EN. CORONA. QVERNA. VTI. SVPER. IANVAM. DOMVS. IMP. CAESARIS. AVGVSTI. PONERETVR. SENATVS. DECREVIT. QVOD. REMPVBLICAM. P. R. RESTITVIT.

14 Endotercisus, jour coupé. Une couronne de chêne est mise au-dessus de la porte de la maison de l'empereur César Au­guste, en vertu d'un sénatus-consulte, parce qu'il a restauré la République du peuple romain (8).

G XIIX KARM. M. FERRE. CARMENTI. OB. EANDEM. CAVSSAM. OB. QVOD. III. IDVS. HIC. DIES. DICITVR INSTITVTVS. AB. MAMERCO. AEMILIO. DICTATORE. SI. FIDENAS. CEPISSET.

15 Karmentales. Néfaste gai. Fêtes à Karmenta pour la même cause qui fit établir celle du III des Ides, par Mamercus Aemilius Scaurus, dictateur, s'il prenait Fidènes (9).

H XVII C. IMPER. CAESAR. AVGVSTVS. APPEL.LATVS. IPSO. VII. ET. AGRIPPA. COS. CONCORDIAE. AVGVSTAE. AEDIS. DEDICATA. EST. P. DOLABELLA. C. SILANO. COS. TI. CAESAR. EX. PANNONIS. ET. DALMATIS. TRIVMPHAVIT.

16 Comitial. L'empereur César appelé AUGUSTE, lui-même pour la VIIe fois, et Agrippa étant consuls. - Dédicace du temple de la Concorde d'Auguste, Dolabella et C. Silanus étant consuls. Triomphe de Tibère César vainqueur des Pannoniens et des Dalmates (10).

A XVI C PONTIFICES. AVGVRES. XV. VIRI. S. F. VII VIRI. EPVLONVM. VICTVMAS. IMMOLANT. NVMINI .AVGVSTI AD. ARAM. QVAM DEDICAVIT. TI. CAESAR. FELICITATI. AVGVSTI. 17 Comitial. Les Pontifes, les Augures, les Quindecemvirs des sacrifices à faire, les Septemvirs-Epulons, immolent des victimes à la divinité d'Auguste, sur l'autel que dédia Tibère César à la Félicité d'Auguste (11 }.
B XV C. 18 Comitial.
C XIIII C. 19 Comitial.
D XIII C. 20 Comitial.
E XII C. 21 Comitial.
F XI C. 22 Comitial.
G X C. 23 Comitial.
H VIIII C. 24 Comitial.
A VIII C. 25 Comitial.
B VII C. 26 Comitial.
C VI C. AEDIS. CASTORIS. ET. POLLVCIS. DEDICATA. EST. 27 Comitial. Dédicace du temple de Castor et Pollux (12).
D V C. 28 Comitial.
E IIII F. 29 Faste.
F III M. FERIAE. EX. S. C. QVOD, EO. DIE. ARA. PACIS. AVGVSTAE. IN. CAMPO. MARTIO. DEDICATA. EST. DRVSO. ET. CRISPINO. COS. 30 Néfaste gai. Féries, parce que ce jour l'Autel de la Paix d'Auguste fut dédié dans le Champ de Mars, Drusus et Crispinus étant consuls (13).
G PR C. 31 Veille [des Calendes]. Comitial.

 

EXPLICATIONS DU CALENDRIER.

1. L'île est celle du Tibre, où Esculape, dieu de la médecine, et Véjovis, Jupiter-malfaisant, ont chacun un temple.
2. Ce sont des Supplications, prières spéciales, faites dans tous les temples pour la conservation de l'Empereur. Elles furent décrétées par le Sénat, il y a sept ans environ, quand César Octave revint à Rome après la victoire d'Actium. Il y eut alors un débordement de flatteries pour le jeune héritier de César.
3. Cet événement est de l'an 711 ; César Auguste prit les faisceaux comme chef de l'Empire. Les Septemvirs-Epulons sont des prêtres chargés de certains festins publics offerts aux dieux. J'en parlerai plus tard.
4. Nouvelle flatterie du Sénat. Cependant un règne déjà long peut la faire regarder comme une récompense méritée, car la dédicace est de l'an 766.
5. Fête en l'honneur de Janus, dieu de l'année. Un prêtre, appelé le Roi des sacrifices, lui immole un bélier dans sa propre demeure, sa Regia, comme on dit.
6. Karmentales. Cette fête fut introduite à Rome après la réunion des Sabins aux Romains. Karmenta est une déesse qui préside à la naissance de l'homme. Suivant une autre tradition, un sénatus-consulte ayant défendu aux femmes d'aller en char par la ville, elles se brouillèrent avec leurs maris, et se condamnèrent à la stérilité. Mais le Sénat leur rendit l'honneur dont il les avait privées, et décréta que, tous les ans, il serait offert, pour la conservation des nouveau-nés, un double sacrifice sur l'autel de Karmenta, situé hors de la porte Karmentale, au bas de la Roche Tarpéienne.
7. J'ai dit ailleurs que le temple de Janus Geminus reste ouvert en temps de guerre et fermé en temps de paix. Cette troisième fermeture se rapporte à l'an 725 de Rome. Depuis plus de sept siècles, les Romains n'avaient été que trois fois en paix avec les autres nations.
8. La couronne de chêne est une récompense militaire décernée à celui qui a sauvé un citoyen. Aucun bienfait ne peut égaler l'extinction d'une guerre civile ; mais celui qui l'a éteinte dans le sang, comme a fait César Octave, peut-il passer pour avoir sauvé les citoyens ou restauré la République ? Ce fut l'an 727 que les sénateurs commirent ce grand acte d'adulation.
9. La prise de Fidènes, par Mamercus Aemilius, est un événement de l'an 329 de Rome.
10. Trois anniversaires, de dates très différentes, se rencontrent ici. Le premier, oeuvre du Sénat, remonte à l'an 727 : c'est de la flatterie la plus recherchée pour l'Empereur, ainsi surnommé l'Agrandi. Le surnom d'Auguste, tiré du verbe augere, « augmenter, » indique l'agrandissement de l'Empire sous le principat de César Octave, et, dans une seule dénomination, comprend toutes ses victoires. - Le temple de la Concorde d'Auguste fut érigé par Livie, près le Portique de Livie, bâti par Auguste sur Je mont Esquilin, et dédié l'an 763 sous le nom de la Concorde maritale. - Le triomphe de Tibère ici noté lui fut voté par le Sénat l'an 742. Les flatteurs se trompent quelquefois : ils crurent être agréables à l'Empereur, mais le Prince ne permit pas à son beau-fils de triompher, et lui décerna seulement quelques autres honneurs.
11. Auguste n'a jamais voulu permettre qu'on lui élevât des autels de son vivant ; Tibère tourna la difficulté, en dédiant un autel à la Félicité d'Auguste. L'Empereur était déjà vieux, et c'était vers l'an 763 que Tibère le flattait ainsi.
12. C'est la dédicace d'une restauration de ce très ancien temple, par Tibère, qui le dédia de nouveau l'an 759.
13. Le Sénat flatte l'Empereur dans toutes les occasions: Tibère pacifie la Germanie, et les Pères conscrits vouent un Autel à la Paix d'Auguste. La pacification est de l'an 744, mais l'Empereur était absent de Rome ; on attendit son retour pour voter le sénatus-consulte, et la dédicace eut lieu l'année suivante.

 

FEBRVARIVS. FEVRIER
H K. FEB. N. 1 CALENDES DE FÉVRIER. Néfaste.
A III N. 2 Néfaste.
B II N. 3 Néfaste.
C PR N. 4 Veille [des Nones]. Néfaste.
D NON. N. CONCORDIAE. IN. ARCE. FERIAE. EX. S. C. QVOD. EO. DIE. IMPERATOR. CAESAR. AVGVSTVS. PONTIFEX. MAXIMVS. TRIB. POTEST, XXI. COS. XIII. A. SENATV. POPVLOQVE. ROMANO. PATER. PATRIAE. APPEI.LATVS. 5 Nones. Néfaste. Féries à la Concorde, dans la Citadelle, d'après un sénatus-consulte, parce que dans ce jour, l'empereur César Auguste, Pontife Maxime, investi de la puissance tribunitienne pour la XXIe fois, consul pour la XIIIe fois, a été appelé Père de la patrie par le Sénat et le peuple romain (1).
E VIII N. 6 Néfaste.
F VII N. 7 Néfaste.
G VI N. 8 Néfaste.
H V N. 9 Néfaste.
A IIII N. 10 Néfaste.
B III N. 11 Néfaste.
C PR N. 12 Veille [des Ides]. Néfaste.
D EID. PARENTALIA M. 13 IDES. Parentales. Néfaste gai (2).
E XVI N. 14 Néfaste.
F XV LVPER. M. 15 Lupercales. Néfaste gai (3).
G XIIII EN. 16 Endotercisus [jour coupé].
H XIII QVIR. M. 17 Quirinales. Néfaste gai (04).
A XII C. 18 Comitial.
B XI C. 19 Comitial.
C X C. 20 Comitial.
D VIIII FERAL. F. 21 Férales. Faste (5).
E VIII CARIST. 22 Caristies (6).
F VII TER. M. 23 Terminales. Néfaste gai (7).
G VI REGIF. N. 24 Régifuge. Néfaste (8).
H  V C. 25 Comitial.
A IIII EN. 26 Endotercisus [jour coupé].
B III EQ. M. 27 Equiries. Néfaste gai (9).
C PR. C. 28 Veille [des Calendes]. Comitial.

EXPLICATIONS DU CALENDRIER.

1. Le beau titre de Père de la patrie avait été déjà donné à l'Empereur par acclamation populaire ; mais cette fois, en l'année 752, il le reçut régulièrement de l'autorité publique, à laquelle se joignit l'ordre équestre.
2. Les Parentales sont des fêtes commémoratives des morts par leurs parents. C'est ce même jour, 13e de février, que nos ancêtres ont quitté Rome, après en avoir été maîtres pendant sept mois; mais les Romains, qui ont tant falsifié le fait de l'invasion de leur ville par les Gaulois, se gardent d'inscrire ce fait dans leurs fastes calendaires.
3. Fête des bergers, qui célèbrent Pan, dieu des troupeaux.
4. Jour où fut dédié le temple de Romulus sous le nom de Quirinus, au mont Quirinal. C'est aussi la fête des fous, soit parce que ce jour leur était autrefois consacré ; soit parce que ceux qui n'ont pas solennisé les Fornacales, fête de Fornax, déesse des fours, dont l'époque n'est pas fixe, et que les prêtres indiquent, rachètent leurs fautes en sacrifiant à Quirinus dans leur tribu.
5. Fin de la fête des Parentales commencées le 13 de ce mois. Ce dernier jour, on porte des offrandes sur les tombeaux des morts.
6. Fête de la réconciliation des familles.
7. Fête du dieu Terme, gardien des limites des champs.
8. Commémoration de la fuite de Tarquin le Superbe.
9. Courses de chevaux en l'honneur de Mars. Cette fête, instituée par Romulus, se célèbre au Champ de Mars, sur le bord du Tibre, ou, quand ce Champ est inondé, sur le Caelius, à peu près au milieu du mont.

 

MARTIVS. MARS.
D. K. MAR. M. FERIAE. MARTI. IV NONI. LVCINAE. EXQVILIIS. QVOD. EO. DIE. AEDIS. EI. DEDICATA. EST. PER. MATRONAS. 1 CALENDES DE MARS. Néfaste gai, Féries à Mars ; à Junon-Lucine, sur les Esquilies parce que, ce jour, un temple lui fut dédié par les matrones (1).
E .VI F 2 Faste.
F V C 3 Comitial.
G IIII C 4 Comitial.
H  III C 5 Comitial.
A PR M HOC. DIE. CAES. PONTIF. MAX. FACT. EST. QVIRINIO. ET. VALGIO. COS. 6 Veille [des Nones]. Néfaste gai. Ce jour, Cé­sar [Auguste] est fait Pontife maxime, Quirinius et Valgius étant consuls (2).
B NON. F. F. VEIOVI. INTER. DUO. LUCOS. 7 NONES. Faste. Féries à Véjovis entre les deux bois (3).
C VIII F 8 Faste.
D VII C 9 Comitial.
E VI C FERIAE. EX. S. C. QVOD. TI. CAESAR. PONTIFEX. MAX. FAC. EST. DRUSO. ET. NORBANO. COS. 10 Comitial. Féries, en vertu d'un sénatus-consulte, parce que ce jour libère César fut fait Pontife maxime, Drusus et Norbanus étant consuls (4).
F V C 11 Comitial.
G IIII C 12 Comitial.
H  III EN 13 Endotercisus [jour coupé].
A PR. EQ. M FERIAE. MARTI. 14 Veille [des Ides]. Equiries. Néfaste gai (5). Féries à Mars.
B EID. N 15 IDES. Néfaste (6).
C XVII F 16 Faste.
D XVI LIB. AGON. M CAES. HISPAN.VINCIT. 17 Libérales. Agonales. Néfaste gai. César soumet l'Espagne (7).
E XV C 18 Comitial.
F XIIII QVIN. N 19 Quinquatries. Néfaste (8).
G XIII C 20 Comitial.
H  XII G 21 Comitial.
A XI N 22 Nefaste.
B X TVBIL. M. 23 Tubilustre. Néfaste gai (9).
C VIIII Q. REX. C. F. 24 Quand le Roi s'enfuit du Comitium (10).
D VIII C 25 Comitial.
E VII C 26 Comitial.
F VI M HOC. DIE. CAESAR. ALEXAND. RECEPIT. 27 Néfaste gai. Ce jour, César reprit Alexandrie (11).
G V C 28 Comitial.
H IIII C 29 Comitial.
A III C 30 Comitial.
B PR. C LUNAE. IN. AVENTINO. 31 Veille [des Calendes]. Comitial.Dédicace du temple de la Lune, sur l'Aventin (12).

EXPLICATIONS DU CALENDRIER.

1. Les féries à Mars sont des sacrifices au dieu du mois. - Junon-Lucine est la protectrice des matrones, qui l'honorent particulièrement aux kalendes de mars. J'ignore quand, elles lui dédièrent ce temple, situé dans le Champ de Mars et environné d'un bois ; mais d'après l'ancienneté de la fête, son origine remonte aux premiers temps de Rome, il doit être fort ancien. On l'a restauré au commencement de ce siècle.
2. C'est en 742 que César-Auguste fut fait Pontife maxime. A cet anniversaire, les duumvirs offrent un sacrifice où le peuple vient en habit de fête et couronné de feuillage.
3. Le temple de Véjovis est sur le mont Capitolin, au milieu du bois de l'Asile, qu'il coupe en deux.
4. L'empereur Auguste était mort le XIV de septembre de l'an 767 ; Tibère ne se fit donner le Pontificat maxime que l'année suivante, après un intervalle de sept mois.
5. Reprise de la fête commencée le 27e jour du mois de février.
6. Aucune inscription n'indique l'anniversaire de la mort de César, qui fut assassiné ce jour-là, marqué seulement néfaste.
7. Fête de Liber, qui est aussi celle des enfants passant de l'enfance à la jeunesse. - Agonales, sacrifice d'un bélier à Janus, répétition d'une fête déjà célébrée le 9e jour de janvier. - La soumission de l'Espagne par César est un événement de l'an 709, souvenir dissimulé des guerres civiles, la fameuse bataille de Munda, qui fut livrée ce jour même.
8. Les Quinquatries sont les fêtes de Minerve déesse de tous les arts. J'en reparlerai.
9. Le Tubiluste est la purification des trompettes de sacrifices dans une cour dite l'Atrium sutorium.
10. Il s'agit ici d'un prêtre appelé le Roi des sacrifices, qui, dans une certaine cérémonie, doit s'enfuir du Comitium.
11. Commémoration de la guerre alexandrine, de l'an 707.
12. Très ancien temple de Diane ou la Lune, temple très vénéré des matrones.

 

APRILIS. AVRIL.
C K. APR. F 1 CALENDES D'AVRIL. Faste.
D IIII F 2 Faste.
E III C 3 Comitial.
F PR C. LVDI. MATR. MAG 4 Veille [des Nones]. Comitial. Jeux de la Grande Mère (1).
G NON. LVDI. FORTVNAE. PVBLICAE. IN COLLE. 5 Noms. Jeux. Sacrifice à la Fortune publique sur le mont Collin (2).
H VIII M LVDI. F. Q. E. D. CAESAR. C. F. IN. AFRICA. REGEM. IUBAM. VICIT. 6 Néfaste gai. - Jeux. Féries, parce que, ce jour, César, fils de Caïus, défit le roi Juba, en Afrique (3).
A VII N LVDI. 7 Néfaste. Jeux.
B VI N LVDI.  8 Néfaste. Jeux.
C V N LVDI. 9 Néfaste. Jeux.
D IIII N LVDI. IN. CIRCO. M. D. M. I. QVOD. EO. DIE. AEDIS. DEDICATA EST. 10 Néfaste. Jeux dans le Cirque, parce que, ce jour, un temple est dédié à la mère des dieux, la Grande Idéa (4).
E III N 11 Néfaste.
F PR N LVDI. CAERERI. 12 Veille [des Ides]. Néfaste. Jeux à Cérès (5).
G EID M LVDI. 13 IDES. Néfaste gai. Jeux.
H  XVIII. N LUDI 14 Néfaste. Jeux.
A XVII FORD M LUDI. 15 Fordicides. Néfaste gai. Jeux (6).
B XVI N LVDI.  16 Néfaste. Jeux.
C XV N LVDI. 17 Néfaste. Jeux.
D XIIII N LVDI. 18 Néfaste. Jeux.
E XIII CER. N LVDI. IN. CIRC. 19 Céréales. Néfaste. Jeux dans le Cirque (7).
F XII N 20 Néfaste
G XI PAR. M. 21 Parilies. Néfaste gai (8)
H  X N 22 Néfaste.
A VIIII. VIN M. SIG. DIVO. AVGVSTO. PATRI. AD. THEATRVM. MARCELLI. IVLIA. AVGVSTA. ET. TI. AVGVSTVS. DEDICARVNT. 23 Vinales. Néfaste gai. - Statue du divin Auguste, père, dédiée, près du théâtre de Marcellus, par Julia Augusta et Tibère Auguste (9).
B VIII C TI. CAESAR. TOGAM. VIRILEM. SVMPSIT. IMPERATORE. CAESARE. VII. M.AGRIPPA. III. COS. 24 Comitial. Tibère César prend la toge virile, l'empereur César étant dans son VIIe consulat, M. Agrippa dans son IIIe (10). 
C VII ROB. M 25 Robigales. Néfaste gai (11).
D VI F 26 Faste.
E V C 27 Comitial.
F IIII M. LVD. FLOR. FERIAE. EX. S. C. QVOD. EO. DIE. AEDICVLA. ET. ARA. VESTAE. IN. DOMO. IMP. CAESARIS. AVGVSTI. PONTIF. MAX. DEDICATA. EST. QVIRINIO. ET. VALGIO.  28 Néfaste gai. Jeux floraux. Féries, d'après un sénatus-consulte, parce qu'en ce jour, un édicule avec un autel à Vesta, est dédié dans la maison de l'empereur César Auguste, Pontife maxime, Quirinius et Valgius étant consuls (12). 
COS.G III C LVDI. 29 Comitial. Jeux.
H PR. C LVDI. 30 Veille [des Calendes]. Comitial. Jeux.

EXPLICATIONS DU CALENDRIER.

1 . Jeux en l'honneur de Cybèle, surnommée la Grande Mère.
2. La Fortune publique a un très ancien temple à Rome, sur le mont Quirinal, originairement appelé la Colline ou le mont Collin.
3. Commémoration de la bataille de Thapsus, où, ce jour de l'an 707, César défit complètement le roi Juba.
4. La mère des dieux, la Grande Mère Idéa, est Cybèle, dont j'ai parlé. Son temple, sur le mont Palatin, fut érigé vers l'an 548 de Rome.
5. Ancienne fête, importée à Rome vers la fin du vue siècle ; et célébrée avec beaucoup de pompe.
6. Les Fordicides sont des sacrifices institués par Numa, en l'honneur de Tellus ou de Cérès, pendant une stérilité commune aux campagnes et aux bestiaux. Ils s'accomplissent à la fois au Capitole, dans le temple de Jupiter, et dans les trente curies. On n'y sacrifie que des vaches pleines, fordae, d'où le nom de Fordicides.
7. Dernier jour des Céréales, qui ont commencé au 12e jour du mois.
8. Les Parilies ou Palilies sont l'anniversaire de la fondation de Rome. J'en reparlerai.
9. Les Vinales, ou mieux Vinales premières, sont l'époque de la dégustation des vins, de la précédente récolte, que l'on attend ordinairement pendant un an - Livie dédia la Statue du divin Auguste l'an 775, et Tibère fut blessé de ce que sa mère (depuis la mort d'Auguste, Julia Augusta) s'était placée avant lui dans l'inscription de dédicace.
10. Éphéméride de l'an 727. Tibère César, né le XVI des calendes de décembre 712 .Il avait alors quatorze ans et cinq mois.
11. Sacrifices au dieu Robigus, pour qu'il protège les blés sur pied contre la rouille.
12. Florales, fêtes de la déesse Flore, protectrice de la floraison des arbres et des plantes. - Lépide, le triumvir, était resté Pontife maxime ; il mourut l'an 744, et le Pontificat devint vacant. Auguste ne se le fit donner que l'année suivante. Cette charge l'obligeait d'habiter la Regia, sur le Forum, près du temple de Vesta, dont le Pontife maxime était comme le gardien ; mais ne voulant pas quitter sa maison du Palatin, qu'il occupait depuis vingt-quatre ans , il y fit établir un édicule de Vesta. Telle est l'explication de cette éphéméride.

 

MAIVS. MAI.
A K. MAI. LVD. LAR. 1 CALENDES DE MAI. Jeux. Lararies (1).
B VI F LVD. 2 Faste. Jeux.
C V C 3 Comitial.
D IIII C 4 Comitial.
E III C 5 Comitial.
F PR C 6 Veille [des Nones]. Comitial.
G NON. N 7 NONES. Néfaste.
H VIII F 8 Faste.
A VII LEM. N 9 Lémuries.  Néfaste (2).
B VI C 10 Comitial.
C V LEM. N 11 Lémuries. Néfaste.
D IIII M LVD. MART. IN. CIRC. 12 Néfaste gai. Jeux martiaux dans le Cirque (3).
E III LEM. N 13 Lémuries. Néfaste.
F PR C 14 Veille [des Ides]. Comitial,
G EID M 15 IDES. Néfaste gai.
H XVII F 16 Faste.
 A XVI C 17 Comitial.
B XV C 18 Comitial.
C XIIII C 19 Comitial.
D XIII C 20 Comitial.
E XII AGON. M VEIOVI. 21 Agonales. Néfaste gai. Sacrifice à Véjovis (4).
F XI N 22 Néfaste.
G X TVB. M 23 Tubilustre. Néfaste gai (5).
H VIIII Q. REX. C. F. 24 Quand le Roi s'enfuit du Comitium,(6).
A VIII C. FORTVN. PRIM. IN. COL. 25 Comitial. Sacrifice à la Fortune primigénie sur le mont Collin (7).
B VII C 26 Comitial.
C VI C 27 Comitial.
D V C 28 Comitial.
E IIII C 29 Comitial.
F III C 30 Comitial.
G PR. C 31 Veille [des Calendes]. Comitial.

 

EXPLICATIONS DU CALENDRIER.

1. Les Lararies sont la fête des Lares prestites, petits dieux des hommes. Les jeux sont la suite des jeux Floraux, ainsi que ceux du jour suivant. Je reparlerai des Lares.
2. On honore et on apaise les âmes des morts par la fête des Lémuries, qui se répètent encore le 11 e et le 13e jour de ce mois.
3. Jeux institués pour la dédicace du temple de Mars-Vengeur, dédié par Auguste, l'an 752.
4. Répétition d'un sacrifice à Janus, pour les Agonales, le même que celui du 9e jour de janvier. - Le sacrifice à Véjovis est aussi une répétition de celui du 1er jour de janvier.
5. Fête de la purification des trompettes guerrières. Elle est consacrée Vulcain, dieu qui a enseigné l'art de travailler les métaux. On célèbre le Tubilustre sur le mont Vélia. Le sacrifice consiste en une seule brebis.
6. Le roi dont il s'agit ici est le Roi des sacrifices, dont il a été question au 24ème jour de mars. C'est la répétition de la même cérémonie symbolique, et au même jour du mois présent.
7. La Fortune primigénie ou du premier-né, a son temple sur le mont Quirinal, originairement Collin ; il fut érigé vers le milieu du sixième siècle de Rome, pendant la deuxième guerre Punique.

 

IVNIVS. JUIN.
H K. IVN. MART. CAR. IVNONI. MONET. 1 CALENDES DE JUIN. Néfaste. Sacrifice à Mars, à Carna, à Junon-Moneta (1).
A IIII F 2 Faste.
B III BELLON. IN. CIR. FLAM. 3 Sacrifice à Bellone, dans le cirque Flaminius (2).
C PR. C. HERC. MAG. CVSTO. DIO. FIDIO. IN COLLE. 4 Veille [des Nones]. Comitial. Sacrifice au grand Hercule gardien. - à Dius Fidius sur le mont Collin (3).
D NON 5 Nones.
E VIII N 6 Néfaste.
F VII N 7 Néfaste.
G VI N MENTI. IN. CAPIT.  8 Néfaste. Sacrifice à Mens, sur le mont Capitolin (4).
H V VEST. N FER. VESTAE. 9 Vestalies. Néfaste. Féries à Vesta (5).
A IIII N 10 Néfaste.
B III MATR. N 11 Matrales. Néfaste (6).
C PR N 12 Veille [des Ides]. Néfaste.
D EID. N 43 IDES. Néfaste.
E XIIX N 14 Néfaste.
F XVII F Q. ST. D. F. 15 Faste. Quand on emporte les ordures (7).
G XVI C 16 Comitial.
H XV C 17 Comitial.
A XIIII C 18 Comitial.
B XIII C MINERVAE. IN. AVENTINO. 19 Comitial. Sacrifice à Minerve sur l'Aventin (8).
C XII C SVMMANO. AD. CIRC. MAX. 20 Comitial. Sacrifice à Summanus, dans le Cirque maxime (9).
D XI C 21 Comitial.
E X C 22 Comitial.
F VIIII C 23 Comitial.
GVIII C FORTI. FORTVNAE. TRANS. TIBER. AD. MILLIAR. PRIM. ET. SEXT. 24 Comitial. Sacrifice à la Fortune fortuite, audelà du Tibre, au 1er mille, et au sixième (10).
H VII C 25 Comitial.
A VI M FER. EX. S. C. QVOD. EO. DIE. AVGVSTVS. ADOPTAVIT. FILIVM. TI. CAESAREM. AELIO. ET. SENTIO. COS. 26 Néfaste gai. Féries, en vertu d'un sénatus-consulte, parce que ce jour, Auguste adopta pour fils Tibère César, Aelius et Sentius étant consuls (11).
B V C 27 Comitial.
C IIII C 28. Comitial.
D III F QVIRINO. IN. COLLE. 29 Faste. Sacrifice à Quirinus sur le mont Collin (12).
E PR C 30 Veille [des Calendes]. Comitial.

EXPLICATIONS DU CALENDRIER.

1. Carna est la déesse des viscères humains. J. Brutus lui demanda la force de dissimuler ce qu'il avait dans le coeur lorsqu'il médita l'expulsion de Tarquin, et lui promit un temple et un sacrifice s'il réussissait dans sa grande entreprise. La ruine de Tarquin ayant été consommée ce jour Brutus offrit un sacrifice à Carna, sur le mont Coelius, à l'endroit où, depuis, il lui bâtit un temple. Le sacrifice s'adresse aussi à Mars, dieu de la guerre, et à Junon-Moneta, déesse de l'avertissement. On n'y présente que des haricots et du lard, parce que, dit-on, ces aliments restaurent les forces humaines.
2. Le cirque Flaminius signifie ici la Région du cirque Flaminius, qui est la IXe de Rome. Là, au pied du mont Capitolin, s'élève le temple de Bellone.
3. Hercule-gardien a son temple situé devant le Portique de Pompée et vers l'extrémité occidentale du cirque Flaminius, dans la région de ce nom. - Dius-Fidius, appelé aussi Genius Sangus, a son temple sur le mont Collin ou Quirinal.
4. Mens est la déesse de l'intelligence. Un temple et un sacrifice lui furent voués par le Sénat, après la bataille de Trasimène, au moment où ce grand désastre consternait tous les esprits. Ce temple est dans l'Intermont du mont Capitolin.
5. Vesta est la déesse du feu, et ses fêtes sont célébrées aussi par les pisteurs ou faiseurs de pains.
6. C'est la fête de Matute, nourrice de Bacchus. Elle a, près la porte Carmentale, un temple où les matrones viennent offrir des voeux pour les enfants de leurs frères, n'osant prier pour les leurs, tant cette déesse fut malheureuse en enfants. Elles déposent sur son autel des gâteaux cuits au four. L'entrée du temple de Matute est sévèrement interdite aux femmes esclaves.
7. Ce sont les cendres du feu entretenu sur l'autel de Vesta. Pendant toute l'année on va les déposer dans une impasse dite stercoraire, située vers le haut du Clivus capitolin, et fermée par une porte. Ce jour, on les enlève de là pour les aller jeter au Tibre.
8. Minerve-Aventine est la patronne des scribes, des poètes, et des histrions ou gens de, théâtre.
9. Summanus est le dieu des foudres nocturnes. Son temple est auprès du Cirque Maxime.
10. La Fortune fortuite fut honorée par le roi Servius, qui lui bâtit ce temple, sur la rive droite du Tibre, vis-à-vis du mont Aventin.
11. Cette adoption est de l'an 757. Auguste la fit après avoir perdu coup sur coup Lucius et Caïus, ses fils adoptifs.
12. A l'occasion de la dédicace de ce temple, magnifiquement restaure par Auguste, qui le dédia de nouveau l'an 738.

IULIUS. JUILLET.
F K IVL. N  1 CALENDES DE JUILLET. Néfaste.
G VI N 2 Néfaste.
H V N 3 Néfaste.
A IIII M FER. EX. S. C. QVOD. ARA. PACIS. AUG. IN. CAMP. MART. CONSTITVTA. EST. NERONE. ET. VARO. COS. 4 Néfaste gai. Férie en vertu d'un sénatus-consulte, parce qu'un Autel de la Paix d'Auguste est érigé dans le Champ de Mars, Néron et Varon étant consuls (1).
B III POPVLIF. M 5 Populifugium. Néfaste gai (2).
C PR N LVDI. APOLLIN. COMMIT. 6 Veille [des Nones]. Néfaste. Les Jeux Apollinaires sont exécutés (3).
D NON. N LVDI. 7 Nones. Néfaste. Jeux.
E VIII N LVDI. 8 Néfaste. Jeux.
F VII N LVDI. 9 Néfaste. Jeux.
G VI C LVDI. 10 Comitial. Jeux.
H V C LVDI 11 Comitial. Jeux.
A IIII M LVDI. FER. QVOD. EO. DIE. C. CAESAR. EST. NATVS. 12 Néfaste gai. Jeux. Férie parce que ce jour C. César est né (4).
B III C LVDI. IN. CIRC. 13 Comitial. Jeux dans le Cirque
C PR C MERK. 14 Veille [des Ides]. Comitial. Marché.
D EID. M MERK. 15 IDES. Néfaste gai.- Marché.
E XVII F MERK. 16 Faste. Marché.
F XVI C MERK. 17 Comitial. Marché.
G XV C MERK. DIES. ALLIENSIS. 18 Comitial. Marché. Le jour d'Allia (5).
H XIIII LVCAR. M MERK. 19 Lucaries. Néfaste gai. Marché (6).
A XIII C LVDI. VICT. CAES. DIVI. IVLI. COMMIT. 20 Comitial. Les jeux de la victoire de César le divin Jules sont exécutés (7).
B XII LVCAR. M LUDI. 21 Lucaries, Néfaste gai. Jeux
C XI C LVDI. 22 Comitial. Jeux.
D X NEPT. LVDI. 23 Neptunales. Jeux (8).
E VIIII N LVDI. 24 Néfaste. Jeux.
F VIII FvRR. M LVDI. 25 Furrinales. Néfaste gai. Jeux (g).
G VII C LVDI IN CIRC. 26 Comitial. Jeux dans le Cirque.
H VI C LVDI IN CIRC. 27 Comitial. Jeux dans le Cirque.
A V C LVDI IN CIRC. 28 Comitial. Jeux dans le Cirque.
B IIII C LVDI IN CLAC. 29 Comitial. Jeux dans le Cirque.
C III C LVDI IN CIRC. FORT. HVIVSQVE. DIEI. IN. CAMPO. 30 Comitial. Jeux dans le Cirque. Sacrifice à la Fortune de ce jour dans le Champ de Mars (10).
D PR C 31 Veille [des Calendes]. Comitial.

EXPLICATIONS DU CALENDRIER.

1. L'an 744, l'Empereur revenait de la Gaule, qu'il avait organisée et pacifiée. Les Sénateurs décrétèrent qu'un Autel de la Paix d'Auguste serait élevé dans la curie Julia, lieu ordinaire de leurs séances, et servirait d'asile aux suppliants toutes les fois que l'Empereur serait dans l'enceinte du Pomoerium. Auguste refusa cet honneur, et l'Autel fut placé dans le Champ de Mars. Trois ans plus tard, au mois de janvier, le Sénat voua un second Autel de la Paix d'Auguste, mais se rappelant le refus le l'Empereur, les Pères conscrits choisirent immédiatement le Champ de Mars. (Voyez le 30e jour de janvier.)
2. Le Populifugium ou Fuite du peuple se rapporte à la disparition de Romulus au Marais de la chèvre, événement qui causa tant d'effroi, que le peuple prit la fuite.
3. Les jeux Apollinaires datent du VIIe siècle, pendant la deuxième guerre Punique. C'était pour obtenir la victoire, tandis qu'Annibal tenait Rome dans un si grand péril.
4. Le jour natal de C. César, aujourd'hui le divin Jules, fut institué fête publique deux ans après sa mort, l'an 742, par les Triumvirs.
5. Tu te souviens de la victoire qui conduisit Brennus au Capitole, il y a trois siècles et demi : un sénatus-consulte déclara ce jour religieux, à perpétuité.
6. Encore une commémoration des Gaulois à Rome. Chassés de leur ville, les Romains se réfugièrent dans un bois entre la voie Salaria et le Tibre. C'est là où l'on célèbre cette fête des bois, qui dure trois jours.
7. César institua ces jeux, l'an 708, lorsqu'il dédia le temple de la Victoire, ou Vénus victorieuse, ou Vénus génitrice, le plus bel ornement de son Forum.
8. Fête des mariniers du Tibre. Les jeux ont lieu dans des nacelles sur le fleuve, en l'honneur de Neptune.
9. Furrina est une déesse à peine connue. Cependant on lui sacrifie dans un bois où elle a un temple, sur la rive droite du Tibre, près du pont Sublicius.
10. Ce jour est celui de la destruction des Cimbres, par Marius et Catulus, l'an 652. Au moment de leur livrer bataille Marius voua un temple à la Fortune de ce jour.

 

AVGVSTVS AUGUSTE.
E K. AVG. M FERIAE. EX. S. C. QVOD. IMP. CAESAR. DIVI. F REMPVBLIC. TRISTISSIMO. PERICVI.O. LIBERAT. ALE XAND. RECEPIT. 1 CALENDES D'AUGUSTE. Néfaste gai. Féries en vertu d'un sénatus-consulte, parce que l'empereur César, fils du divin, délivre la République d'un grand péril. Il reprend Alexandrie (1).
F IV N HOC. DIE. C. CAESAR. IN. HISP. CITER. VICIT. EODEM. DIE. REGEM. PHARNACEM. DEVICIT. 2 Néfaste. Ce jour, Victoire de César dans l'Espagne citérieure ; à pareil jour, il défait le roi Pharnace (2).
G III C TI. AVG. IN. ILLYRICO. VICIT. 3 Comitial. Victoire de Tibère Auguste en Illyrie (3).
H PR C 4 Veilles [des Nones]. Comitial.
A NON. F SALVTI. IN. COLLE. SACRIFICIVM. PYBLICVM.  5 NONES. Faste. Sacrifice public à Salus, sur le mont Collin (4).
B VIII F   6 Faste.
C VII C 7 Comitial.
D VI C SOL. INDIGET. IN. COLLE. QVIRINALE. SACRIFICIVM. PVBLICVM. 8 Comitial. Sacrifice public au Soleil indigète, sur la colline Quirinale (5)
E V M. QVOD. EO. DIE. C. CAES. C. F. PHARSALI.  DEVICIT. 9 Néfaste gai, parce que ce jour C. César, fils de Caius, vainquit à Pharsale (6).
F IV C FERIAE. QVOD. EO. DIE. ARAE. CERERI. MATRI. ET. OPI. AVGVSTAE. EX. VOTO. SVSCEPTO. CONSTITVTAE. SVNT. CRETICO. ET. LONG. COS 10 Comitial. Féries pour la dédicace, par Augusta, des autels voués à Cérès la mère et à Ops, Créticus et Longinus étant consuls (7)
G III C 11 Comitial.
H PR C HERCVLI. INVICTO. AD. CIRCVM. MAXIMVM. VENERI. VICTRICI. HON. VIRTVT. FELICITATI. IN. THEATRO. MARMOREO. 12 Veille [des Ides]. Comitial. Sacrifices à Hercule invincible, près du Cirque Maxime ; à Vénus Victorieuse, à l'Honneur, à la Vertu, à la Félicité, dans le théâtre de marbre (8).
A EID. M FERIAE. IOVI. DIANAE. IN. AVENTINO. CASTOR!. POLLVCI. IN. CIRCO. FLAMINIO. 13 IDES. Néfaste gai. Féries à Jupiter, Diane aventine, Castor et Pollux au cirque Flaminius (9).
B XIX F AVG. TRIVMP. 14 Triomphes d'Auguste (10).
C XIIX C 15 Comitial.
D XVII C 16 Comitial.
E XVI M FER. PORTVNO. AD. PONTEM. AEMILIUM. IANO. AD. THEATRUM. MARCELLI. EO. DIE. CAESAR. PRIMVM. CONSVLATVM. INIIT. 17 Néfaste gai. Féries à Portunus au pont Aemilius; à Janus au théâtre de Marcellus. Ce jour, César prend possessionde son premier consulat (11).
F XV C AEDES. DIVI. IVLI. DEDICATA. AD, FORVM. 18 Comitial. Dédicace du temple du divin Jules, au Forum (12).
G XIIII VIN. F. P. VENERI. AD. CIRCVM. MAXIMVM. DIES. TRISTIS­SIMVS. 19 Vinales. Férie publique. Sacrifice à Vénus dans le Cirque Maxime. - Jour très triste (13).
H XIII C INFERIAE. L. CAESARIS. 20 Comitial. Inféries de Lucius César (14).
A XII CONS. M 21 Consuales. Néfaste gai (15).
B XI EN 22 Endotercisus [jour coupé].
C X VOLC. M LUDI. IN. CIRCO. FLAMINIO. 23 Volcanales. Néfaste gai, Jeux dans le cirque Flaminius (16).
D VIIII C LVNAE. IN. GRAECOSTASI. 24 Comitial, Sacrifice à la Lune dans la Graecostase.
 E VIII OPICON. M . 25 OPICONSIVES. Néfaste gai (17)
F VII C 26 Comitial.
G VI VOLTVR. M 27 VOLTURNALES. Néfaste gai (18).
H V M H. D. ARA. VICTORIAE. IN. CVRIA. DEDIC. EST.  28 Néfaste gai. Ce jour, dédicace de l'Autel de la Victoire dans la Curie (19).
A IIII F 29 Faste.
B III FC PR C 30 Faste.
C PR C 31 Veille [des Calendes], Comitial.

EXPLICATIONS DU CALENDRIER.

 1. Événements de l'an 724, conséquences de la victoire d'Actium. De ce jour, qui fut déclaré heureux, commence le pouvoir omnipotent de l'Empereur. Le sénatus-consulte rendu alors le combla de plus d'honneurs qu'il ne voulut en accepter ; mais il ne refusa aucun privilège potentiel.
2. Anniversaires de la bataille de Thapsus, l'an 705, où César défit Afranius, Pétréius, et le roi Juba, et de celle de Zela, l'an 707, où il détruisit le roi Pharnace.
3. Tibère soumit les Illyriens après une guerre qui dura trois ans, de 760 à 763.
4. Anniversaire natal de la déesse Salus, qui, depuis l'an 452, a un temple sur le mont Collin ou Quirinal.
5. Le temple du Soleil indigète est sur le Quirinal, vis-à-vis de celui de Quirinus.
6. La victoire de Pharsale fut remportée l'an 706, le 9e jour de ce mois, qui s'appelait alors Sextilis.
7. Livie, qui ne prit le nom d'Augusta qu'après la mort d'Auguste, érigea ces autels l'an 760.
8. Hercule invincible, appelé plus ordinairement Hercule triomphal ; Vénus victorieuse, divinité du temple du théâtre de Pompée, dit quelquefois théâtre de marbre . Les trois autres statues décorent le fronton de ce temple, et représentent les qualités qui donnent la victoire.
9. La férie des Ides est habituelle pour Jupiter ; celle de Diane rappelle la dédicace de son temple sur l'Aventin; et celle de Castor et Pollux, de même pour un second temple, qu'ils ont dans le Champ de Mars.
10. Ce sont trois triomphes que le Sénat lui décerna en 705, après la victoire d'Actium.
11. Portunus ou Tibérinus, le dieu du Tibre. Janus-Géminus, père de Tibérinus, et dont le temple est en dehors de la porte Carmentale. - César désigne ici César Octave, consul subrogé l'an 711.
12. Consécration de l'emplacement du temple, l'an 742, car le temple ne fut fini que l'an 720.
13. Les Vinales rustiques, pour l'ouverture des vendanges. On sacrifie à Vénus Murcia, à qui les Vinales sont consacrées, comme déesse des jardins. Les maraîchers fêtent aussi ce jour. - Le jour très triste est l'anniversaire de la mort d'Auguste, l'an 767.
14. Lucius César, fils adoptif d'Auguste, qui le perdit l'an 757. Les Inféries sont une commémoration religieuse.
15. Consuales, fête de Consus, présidant aux choses qui doivent être rentrées, mises à l'abri, c'est-à-dire la moisson et les récoltes. Ce dieu n'a qu'un autel, enfoui dans le Cirque maxime ; on ne le découvre qu'à certaines époques de l'année : le 21e jour d'Auguste, la moisson étant finie, est une des époques de sacrifices.
16. Fête de Vulcain, dieu du feu. On lui immole un veau roux et un verrat. Le peuple les jette dans le feu, pour racheter ainsi son propre salut. Il y a des courses de chars dans le cirque Flaminius.
17. Fête d'Ops ou la Terre, dite Consiva, parce qu'alors on commence les semailles. Elle a son temple dans la Regina de Numa, au Forum romain. et le peuple n'y peut entrer.
18. Fête en l'honneur de Volturne ou Vulturne, dieu du Tibre.
19. Auguste dédia, l'an 725, dans la Curie Julia, une statue de la Victoire, apportée de Tarente, et un Autel qu'il décora de dépouilles de sa guerre d'Égypte.

 

SEPTEMBER. SEPTEMBRE.
D K. SEPT. IOVI. TONANTI. IN. CAPITOLIO. 1 CALENDES DE SEPTEMBRE. Sacrifice sur le mont Capitolin, à Jupiter-tonnant (1).
E IIII M FER. EX. S. C. QVOD. EO. DIE. IMP. CAES. DIVI. F. AVGVSTVS. APVT. ACTIVM. VICIT. SE. ET. TITIO. COS. 2 Néfaste gai. Féries d'après un sénatus-consulte, parce que ce jour, l'empereur César Auguste, fils d'un dieu, vainquit à Actium, lui-même et Titius étant consuls (2).
F III M FER. ET. SVPPLICATIONES. APVT.OMNIA. PVLVINARIA. QVOD. EO. DIE. CAES. DIVI. F. VICIT. IN. SICILIA. 3 Néfaste gai. Féries et Supplications devant tous les pulvinaria, parce que ce jour, César, fils d'un dieu, vainquit en Sicile
G PR C LVDI. ROMANI. MAGNI. COMMIT. 4 Veille [des Nones]. Comitial. Grands Jeux romains célébrés (4).
H NON. F LVDI. 5 Nones. Faste. Jeux.
A VIII F LVDI. 6 Faste. Jeux.
B VII C LVDI. 7 Comitial. Jeux.
C VI C LVDI. 8 Comitial. Jeux.
D V C LVDI. 9 Comitial. Jeux.
E IIII C LVDI. 10 Comitial. Jeux.
F III C LVDI. 11 Comitial. Jeux.
G PR M LVDI. 12 Veille [des ides]. Néfaste gai. Jeux.
H EID. M IOVI. EPVL. FER. EX. S. C. QVOD. NEFARIA. CONSILIA. QVAE. DE. SALVTE. TI. CAES. LIBERORVMQ. EIVS. ET. ALIORVM. PRINCIPVM. CIVITATIS. DEQ. R. P. INITA. AB. M. LIBONE. ERANT. IN. SENATV. CONVICTA. SVNT. 13 IDES. Néfaste gai. Festin de Jupiter. Féries en vertu d'un sénatus-consulte, parce que M. Libon fut convaincu, dans le Sénat, de desseins criminels contre Tibère César et ses enfants, les principaux de la ville, et de la République (5).
A XIIX F EQVOR. PROB. INFER. DRUSI. 14 Faste. Approbation des chevaux. Inféries de Drusus (6).
B XVII N LVD. ROM. IN CIRC. 15 Néfaste. Jeux romains dans le Cirque.
C XVI C LVDI. IN. CIRC. 16 Comitial. Jeux dans le Cirque.
D XV C LVDI. IN. CIRC. FER. EX. S. C. QVOD. DIVO. AVGVSTO. HONORES. CELESTES. A. SENATV. DECRETI. SEX. APPVLEIO. SEX. POMPEIO.COS. 17 Comitial. Jeux dans le Cirque. Féries d'après un sénatus-consulte, parce que les honneurs célestes ont été décrétés au divin Auguste, Sex. Apuléius et Sex. Pompéius étant consuls. 
E XIIII C LVDI. IN. CIRCO. 18 Comitial. Jeux dans le Cirque.
F XIII C LVDI. IN. CIRCO. 19 Comitial. Jeux dans le Cirque.
G XII C MERK. 20 Comitial. Marché.
H XI C MERK. 21 Comitial. Marché.
A X C MERK. 22 Comitial. Marché.
B VIIII M MERK. FER. EX. S. C. QVOD. IS. DIES. IMP. CAESAR. NATALIS. EST. LVDI. CIRC. 23 Néfaste gai. Marché. Férie d'après un sénatus-consulte, parce que cc jour est le natal de l'empereur César. Jeux du Cirque (8).
C VIII C FERIAS. 24. Comitial. Féries (9).
D VII C VENERI. GENITRICI. IN. FORO. CAES. 25 Comitial. Sacrifice à Vénus-génitrice; dans le Forum de César (10).
E VI C 26 Comitial.
F V C 27 Comitial.
G IIII C 28 Comitial.
H III F 29 Faste.
A PR C 30 Veille [des Calendes]. Comitial.

EXPLICATIONS DU CALENDRIER.

1. Temple bâti par Auguste, sur le penchant du mont Capitolin, et dédié l'an 732.
2. Cette célèbre bataille fut livrée l'an 723. De cette victoire commence le règne de l'Empereur. Les grandes guerres d'Auguste ayant été deux guerres civiles, tu remarqueras qu'il ne nomme pas ses vaincus, pas plus ici qu'il ne l'a fait au 1er jour du mois précédents. On a observé la même réserve pour César : ainsi au 17e de mars, la défaite des fils de Pompée à la bataille de Munda n'est marquée que sous le titre vague de «Soumission de l'Espagne; » au 6e d'avril, anniversaire de la bataille de Thapsus, la défaite du roi Juba est seule mentionnée, et rien ne rappelle Pétréius et Scipion, dont Juba n'était que l'auxiliaire.
3. Anniversaire de la bataille navale de Nauloque, où Sext. Pompée fut détruit, l'an 718.
4. Les plus beaux de tous les jeux publics. J'en traiterai avec détails.
5. Il s'agit d'une prétendue conspiration de Libon, espèce de jeune fou de la famille de Scribonie, première femme d'Auguste. Il était fort riche ; des délateurs convoitaient ses biens, et lui tendirent un piège où il tomba. Mis en accusation, il se tua sans attendre sa condamnation. Cependant le jugement se poursuivit, il y eut condamnation, et ses délateurs furent récompensés. Cet événement est de l'an 769.
6. Drusus fut le père de Germanicus. Il mourut de maladie, en Germanie, l'an 745, pendant la guerre qu'il faisait en ce pays.
7. Événement de l'an 767, le lendemain même de la mort d'Auguste.
8. Cette férie natale d'Auguste lui fut vouée par le Sénat, après la victoire d'Actium, l'an 723 ; mais ce n'est qu'en 746 que le Sénat y ajouta les Jeux du cirque à perpétuité : auparavant ils n'étaient qu'une 'attention bénévole du Préteur urbain et des chevaliers qui les célébraient d'eux-mêmes. Après la mort d'Auguste, son jour natal continua d'être fête, même dans les provinces. Auguste naquit sous le consulat de Cicéron et d'Antoine, l'an 691.
9. C'est un second jour de fête établi par les chevaliers pour le natal d'Auguste.
10. Dédicace du temple de Vénus-Génitrice, par César, l'an 708.

 

OCTOBER. OCTOBRE.
B K. OCT. N. FIDEI. IN. CAPIT. TIGILL. SOR. 1 CALENDES D'OCTOBRE. Néfaste. Sacrifice à la Foi, sur le mont Capitolin. - Sacrifice sous le Soliveau de la soeur (1).
C VI F 2 Faste.
D V C 3 Comitial.
E IIII C IEIVNIVM. CERERIS. 4 Comitial. Jeûne pour Cérès (2).
F III C LVDI. DIVO. AVGVSTO. ET. FORT. REDVCI. COMMIT. 5 Jeux en l'honneur du divin Auguste et de la Fortune de retour (3).
G PR C 6 Veille [des Nones]. Comitial.
H NON. F IOVI. FVLG. IVNONIQ. IN. CAMP. DRVSI. CAESARIS. NATALIS. SVPPLICATIO. 7 Nones. Faste. Sacrifice à Jupiter-fulgurateur et à Junon, dans le Champ de Mars. - Supplication pour le natal de Drusus César (4).
A VIII F 8 Faste.
B VII C AVG. AEDEM. APOLL. DICAVIT. 9 Comitial. Auguste dédie le temple d'Apollon (5).
C VI C 10 Comitial.
D V MEDITR. M. LVDI. FERIAE. IOVI. 11 Meditrinales. Jeux. Féries à Jupiter (6).
E IIII AVGVST. M LVDI. IN CIRCO. FER. EX. S. C. QVOD. EO. DIE. IMP. CAES. AVG. EX. TRANS. MARIN. PROVINC. VRBEM. INTRAVIT. ARAQ. FORT. REDVCI. CONSTITVIT. 12 Augustal. Néfaste gai. Jeux dans le Cirque. Féries d'après un sénatus-consulte, parce que ce jour, l'empereur César Auguste, revenant des provinces d'outre-mer, entra dans Rome, et consacra l'Autel de la Fortune de retour (7).
F III FONT. M 13 Fontinales. Néfaste gai (8}.
G PR EN 14 Veille [des Ides]. Endotercisus [jour coupé.]
H EID. M 15 IDES. Néfaste gai.
A XVII F 16 Faste.
B XVI C 17 Comitial.
C XV C IANO. AD. THEATR. MARCELLI. DIVVS. AVG. TOGAM. VIRILEM. SVMPSIT. 18 Comitial. Sacrifice à Janus, près du théâtre de Marcellus. Le divin Auguste prit la toge virile (9).
D XIIII ARM. M 19 Armilustre. Néfaste gai (10).
E XIII C 20 Comitial.
F XII C 21 Comitial.
G XI C 22 Comitial.
H X C 23 Comitial.
A VIIII C 24 Comitial.
B VIII C 25 Comitial.
C VII C LVDI. VICT. SVLL. COMM. 26 Comitial. Jeux de la Victoire de Sylla célébrés (11).
D VI C LVDI. 27 Jeux.
E V C LVDI. 28 Jeux.
F IIII C LVDI. 29 Jeux.
G III C LVDI. 30 Jeux.
H PR. C LVDI. 31 Veille [des Calendes]. Jeux.

EXPLICATIONS DU CALENDRIER.

1. La Foi a un temple très ancien sur le mont Capitolin. Le Soliveau de la soeur est l'endroit où l'on fit passer, comme sous un joug, Horace, meurtrier de sa soeur. Il y a là deux autels consacrés l'un à Janus Curiace, l'autre à Junon sororale. Tous les ans, à ce jour, la gens Horatia y vient offrir des sacrifices expiatoires.
2. Commémoration du jeûne qu'elle garda quand elle courut à la recherche de sa fille Proserpine, enlevée par Pluton.
3. Jeux voués en 735, à l'occasion du retour d'Auguste à Rome, après une excursion en Syrie. Ils ne devaient être qu'occasionnels : cependant ils se sont perpétués, et Tibère les préside habituellement.
4. Drusus est le fils de Tibère. Il naquit en 739, fut questeur à quinze ans, et consul à vingt-neuf ans ; la première année du principat de son père.
5. C'est le magnifique temple d'Apollon Palatin. Il fut dédié, l'an 726.
6. Les Meditrinales sont la dégustation du vin nouveau, considéré comme remède bon pour la santé. Ce jour-là on sacrifie aussi à Jupiter.
7. Cet anniversaire paraît une répétition de celui énoncé au III des Nones ; cependant il est l'éphéméride exacte du retour d'Auguste ; voici comment : après la mort de ce prince, la durée des jeux de la Fortune de retour fut portée à huit jours. Mais le jour de l'institution étant celui-ci, les sept nouveaux furent classés en remontant jusqu'au III des Nones, où fut répétée l'inscription de solennité. Auguste était alors une divinité. Il dut être traité de divin, tandis qu'au IV des Ides, qui est l'institution faite de son vivant, il n'est qualifié qu'Empereur. Ce jour est appelé Augustal, comme étant celui de la vraie fête. - L'Autel de la Fortune de retour est hors de la porte Capène, sur le vestibule du temple de l'Honneur et de la Vertu. C'est par là qu'Auguste revenait d'Orient. Les Pontifes et les Vestales font le sacrifice. Les sept jours ajoutés sont consacrés à des jeux du cirque, présidés par les consuls ; le jour augustal l'est à des jeux scé­niques donnés par les tribuns du peuple.
8. Fête des fontaines. Les Romains les ont divinisées.
9. La toge virile se donne au jeune homme qui entre dans le monde. La prise du jeune Octave eut lieu l'an 708. Il avait 17 ans et 26 jours.
10. Fête pour la purification des armes et la prospérité des armées. Ceux qui sacrifient sont en armes, et sonnent de la trompette pendant le sacrifice. Cette cérémonie se célèbre sur le mont Aventin, auprès du tombeau du roi Tatius ; il y a des danses armées autour du tombeau, et l'on croit que c'est la répétition des expiations faites pour le meurtre de Tatius.
11. Souvenir d'une terrible bataille livrée sous les murs de Rome, l'an 672, et dans laquelle Sylla anéantit les Samnites.

 

NOVEMBER. NOVEMBRE.
A K. NOVEM. F IN CIRCO. 1 CALENDES DE NOVEMBRE. Faste. Jeux dans le Cirque (1).
B IIII F 2 Faste.
C III C 3 Comitial.
D PR C LVDI. PLEB. COMIT. 4 Veille [des Nones]. Comitial. Jeux plébéiens célébrés (2).
E NON. F LVDI 5 NONES. Faste. Jeux.
F VIII F LVDI 6 Faste. Jeux.
G VII C LVDI 7 Comitial. Jeux.
H VI C LVDI 8 Comitial. Jeux.
A V C LVDI 9 Comitial. Jeux.
B IIII C LVDI 10 Comitial. Jeux.
C III C LVDI 11 Comitial. Jeux.
D PR C LVDI 12 Veille [des Ides]. Comitial. Jeux.
E EID. M EPVL. INDICT. 13 IDES. Néfaste gai. Festin indiqué (3).
F XIIX F EQVOR. PROB. 14 Approbation des chevaux (4).
G XVII C LVDI. PLEB. IN. CIRC. 15 Comitial. Jeux plébéiens dans le Cirque.
H XVI C LVDI. IN CIRCO. NATALIS TI. CAESARIS. 16 Comitial. Jeux dans le Cirque. Jour natal de Tibère César (5).
A XV C LVDI IN CIRCO 17 Comitial. Jeux dans le Cirque.
B XIIII C MERK. 18 Comitial. Marché.
C XIII C MERK. 19 Comitial. Marché.
D XII C MERK. 20 Comitial. Marché.
E XI C 21 Comitial.
F X C 22 Comitial.
G VIIII C 23 Comitial.
H VIII C 24 Comitial.
A VII C 25 Comitial.
B VI C 26 Comitial.
C V C 27 Comitial.
D IIII C 28 Comitial.
E III F 29 Faste.
F PR C 30 Veille [des Calendes]. Comitial.

EXPLICATIONS DU CALENDRIER.

1. C'est le dernier jour des Jeux de la victoire de Sylla.
2. Jeux les plus beaux et les plus saints après les jeux Romains. J'en traiterai spécialement.
3. C'est le festin sacré, dit Festin de Jupiter, donné aux dépens du public, pendant un des jours des jeux.
4. Examen et réception des chevaux qui doivent courir dans le Cirque, aux jeux dont suit l'indication.
5.Tibère César est né au Palatin, l'an 712, M. Aemilius Lépidus et Munatius Plancus étant consuls Une course a été ajoutée aux jeux du Cirque de ce jour, en l'honneur du natal de Tibère.

 

DECEMBER. DÉCEMBRE.
G K. DEC. N. NEPTVNO. PIETATI. AD. CIRC. FLAMIN. CALENDES DE DÉCEMBRE. Néfaste. Sacrifice à Neptune et à la Piété, dans le Cirque Flaminius (1).
H IIII N 2 Néfaste.
A III N. 3 Néfaste.
B PR. G 4 Veille [des Nones]. Comitial.
C NON. F 5 NONES. Faste.
D VIII F 6 Faste.
E VII C 7 Comitial.
F VI C TIBERIO. IN. INSVLA. 8 Comitial. Sacrifice à Tibérinus, dan l'Ile (2).
G V C 9 Comitial.
H IIII C 10 Comitial.
A III AGON. M. 11 Agonales. Néfaste gai (3).
B PR. EN CONSO. IN. AVENTINO. TELLVRI. ET. CERERI. IN. CARINIS. 12 Veille [des Ides]. Endotercisus [jour coupé]. Sacrifices à Consus sur l'Aventin, àTellus et à Cérès dans les Carènes (4).
 C EID. M 13 IDES. Néfaste gai.
D XIX F 14 Faste.
E XIIX CONS. M FERIAE. CONSO. EQVI. ET. MVLI. FLORIBVS. CORONANTVR. 15 Consuales. Néfaste gai. Féries à Consus. Les chevaux et les mules sont couronnés de fleurs (5).
F XVII C ARA. FORTUNAE. REDVCI. DEDIC. EST 16 Comitial. Dédicace de l'Autel de la Fortune de retour (6).
G XVI SAT. FERIAE. SATVRN. AD.FOR. 17 Saturnales. Féries à Saturne, au Forum (7).
H XV C 18 Comitial.
A XIIII OPAL, M FER. ON. AD. FOR. 19 Opales. Néfaste gai. Féries à Ops, près du Forum (8).
B XIII C 20 Comitial.
 C XII DIV. IN FERIAE. DIVAE. ANGERONAE. 21 Divales. Néfaste gai. Féries à la déesse Angerona (9).
D XI C FER. LARIRVS. PERMARINIS. IN. PORTICV. MINVCIA. 22 Comitial. Féries aux Lares marins, dans le Portique de Minucius (10).
E X LAR. IV FERIAE. IOVI. ACCAE. LARENTINAE. PARENTALIA. FIVNT. 23 Larentales. Néfaste gai. Féries à Jupiter, Parentales à Acca Larentina (11).
F VIIII C 24 Comitial.
G VIII C 25 Comitial.
H VII C 26 Comitial.
A VI C 27 Comitial.
B V C 28 Comitial.
C IIII F 29 Faste.
D III F 30 Faste.
E PR. C 31 Veille [des Calendes]. Comitial.

EXPLICATIONS DU CALENDRIER.

1. Le Cirque Flaminius est le nom de la IXe région de Rome ; le temple le Neptune est dans la partie de cette région dite le Champ de Mars et le temple de la Piété, sur la limite de cette région et de la XIe.
2. Tibérinus, dieu du Tibre, a un Autel dans l'île, comme pour protéger le cours de son fleuve. C'est une férie qui a déjà eu lieu le 17e jour du mois d'Auguste, sous le nom de Portunus.
3. Sacrifice à Janus, comme au 9e jour de janvier et au 17e de mars.
4. Consus, dieu déjà fêté le 21e jour d'Auguste, a un second Autel sur l'Aventin, mais j'ignore sous quelle qualification. Tellus et Cérès sont honorées ensemble comme divinités de la terre et des récoltes.
5. Le sacrifice à Consus se fait sur son Autel du Cirque Maxime ; on l'honore aujourd'hui comme le dieu des chevaux, voilà pourquoi c'est aussi la fête des bêtes de trait.
6. Commémoration de pareille fête au 5e jour d'octobre.
7. Saturnales, fête très célèbre, pendant laquelle les esclaves festinent avec leurs maîtres. J'en reparlerai.
8. L'Autel d'Ops est dans le vicus Jugarius, au bas du mont Capitolin. Ops est la déesse de la terre et femme de Saturne, voilà pourquoi on la fête à la suite des Saturnales.
9. Angerona délivre des chagrins poignants, des angoisses, ceux qui se la rendent propice. Le peuple, attaqué d'une épidémie d'angines, fit voeu d'honorer désormais Angerona, et l'épidémie disparut aussitôt. Telle est l'origine du culte de cette déesses.
10. L'Autel des Lares marins et le Portique de Minucius sont sur le bord du Tibre, entre les théâtres de Marcellus et de Cornel. Balbus.
11. Un prêtre de Quirinus sacrifie à Jupiter, sur un Autel dans le Vélabre majeur. Acca Larentina ou Larentia, fut la femme du berger Faustule et la nourrice de Romulus et Rémus; suivant d'autres, c'était une riche courtisane, qui légua ses biens au peuple romain, et le peuple, par reconnaissance, fonda en son honneur un sacrifice annuel. Quoi qu'il en soit, on lui fait toujours, sur l'Autel du Vé]abre, lieu où elle fut enterrée, des Parentales, ou sacrifices des familles, désignées spécialement par le nom de Larentales. Ce sont des libations de vin et de lait.

J'ai fini l'exposition du Calendrier. La nomenclature en est un peu sèche, mais tu sentiras l'utilité et l'intérêt religieux et historique de ce monument. II ne contient pas encore toutes les fêtes romaines, parce que l'on n'a pu y porter que les Statives, c'est-à-dire les fêtes fixes, et qu'il y a encore les Conceptives et les Impératives. Les Conceptives reviennent aussi périodiquement. Les magistrats ou les pontifes indiquent leur célébration, mais peu de jours à l'avance. Les Impératives sont occasionnelles, commandées par les Consuls, ou par les Préteurs, magistrats qui, dans la hiérarchie, viennent après les Consuls. Afin que la férie soit plus complète, ou plus saintement accomplie, l'annonce commence par cette formule : « Abstenez-vous de procès et de querelle. »Pour compléter le système de numération du temps, j'ajouterai que les Romains comptent les années à partir de la fondation de leur ville. Néanmoins, dans le langage usuel, et même dans tous les actes publics, on substitue à l'énonciation numérale de l'année les noms des consuls de cette année (tu peux l'avoir déjà remarqué ici), et l'on dit : « Sous le consulat de tel citoyen, » pour dire: « En telle année. » C'est une sorte d'hommage aux premiers magistrats de la République, et comme une consécration de leur règne annuel.

ACHÈVEMENT. - En complétant les tables ci-dessus par des intercalations prises du Calendrier publié la dernière année de mon séjour à Rome, j'ai été frappé de voir combien, depuis ma lettre originaire, les anniversaires impériaux se sont étendus ! Que de faits qui ne se rapportent ni à l'ordination de l'année, ni à l'indication des sacrifices ou des fêtes, s'y trouvent introduits : que sert à ceux qui viennent journellement consulter ces tables pour savoir ce qu'ils peuvent entreprendre ou ce dont ils doivent s'abstenir, à quoi leur est utile de trouver, à côté du renseignement qu'ils cherchent sous ce jour-là, qu'une statue de la Justice d'Auguste a été dédiée ; une couronne de chêne mise au-dessus de la porte de sa maison ; qu'il a été appelé Père de la patrie, créé Pontife maxime ; qu'on a élevé un Autel à la Paix d'Auguste ; que César, ou Auguste, ou Tibère a gagné telle ou telle bataille, pris telle ou telle ville ; que César, ou Auguste, ou Tibère est né tel jour ; que tel autre, Auguste adopta Tibère ; tel autre, qu'il est rentré à Rome d'une expédition lointaines ; ou que ses fils adoptifs sont morts, etc. ? Ces éphémérides, si nombreuses et si inutiles aux citoyens, comprennent trente-sept jours, soit un dixième de l'année. Il y en a dans tous les mois, sauf le mois de mai, et dans certains, jusqu'à cinq, six et sept. Les convenances d'Auguste, celles de Tibère; ont réglé ou règlent les fastes du Calendrier. En voici un exemple assez remarquable : on voyait autrefois, indiquée aux ides de mars, une fête d'Anna Pérenna, bonne vieille que la crédulité populaire changea en demi-déesse, d'après une tradition qu'elle nourrit la plèbe sur le mont Sacré. César ayant été assassiné aux ides de mars, ce jour a été marqué néfaste, et la fête rayée du Calendrier. Cependant la plèbe la célèbre toujours sur la voie Flaminienne, à un mille de Rome.
Si les adjonctions faites aux fastes calendaires embrassaient toute l'histoire romaine, je les comprendrais et les approuverais ; mais dans ce mélange du civil et du religieux, à peine voit-on trois ou quatre grands faits des temps passés ; que l'on y cherche ensuite le combat fameux des Horaces et des Curiaces, l'abnégation héroïque du premier Brutus, le dévouement de Décius, la célèbre victoire navale de Duillius; et dans des temps moins anciens, la conquête de la Sicile, de la Grèce, de l'Orient, la prise de Syracuse, la défaite de Mithridate, celle de Jugurtha, Annibal vaincu à Zama, la ruine de Carthage, on ne les y trouvera pas. C'est que ceux qui se sont faits les héritiers de l'ancienne République craindraient que sa majestueuse splendeur ne ternît trop la République nouvelle, et qu'aujourd'hui toute renommée, toute distinction, toute gloire doivent aboutir à l'Empereur.