Thomas de Split

THOMAS DE SPLIT

 

HISTOIRE DES EVEQUES DE SALONE ET DE SPLIT

CHAPITRE II

Chapitre I - Chapitre III

 

Oeuvre numérisée et traduite par Marc Szwajcer

THOMAS DE SPLIT

HISTOIRE DES EVEQUES DE SALONE ET DE SPLIT.

 

HISTORIA SALONITANA

II. DE SALONA.

Fuit autem metropolis civitas Dalmatie Salona, urbs magna et antiqua, de qua dicit Lucanus: Qua maris adriaci longas ferit unda Salonas. Dicta autem est Salona a salo, hoc est a mari, quia in litore maris sita est. Longa vero id circo dicta est ; quia modicum lata, sed in longum, ferre sex milliaribus versus occidentalem plagam, protendebatur.

Нес civitas tempore bellorum civilium fidem inconcussam romane reipublice observans, dominium Cesaris respuebat.

Quam ob rem ad subjugandum earn misit Cesar Antonium cognatum suum cum magno navali exercitu; ipse vero insequendo Pompeium a Brundusio transvectus est in Epirum. Tunc Antonius premisit quendam ducem, nomine Vulteum, qui in insulis salonitani litoris exercitum coadunaret. Sed ex parte Pompei erant in Salona duo duces, Basilius et Octavius. Isti coegerant magnas populorum adjacencium catervas, videlicet Curetum, Dalmatinorum et Ystrorum, expectantes Cesaris partes, ut cum eis confligerent. Sed Vulteus famis sitisque coarctatus penuria non potuit ulterius in insulis commorari ; et licet esset undique hostium vallatus insidiis, tamen quandam navem cum meliori sociorum manu conscendens, voluit latenter transponi in terram; sed hostium insidiis circum positis, navis in medio transita intercepta est. Cumque navis hereret immobilis, videns Vulteus, quod non pateret via divertendi, cohortatus est suos, ut pro honore Cesaris mori fortiter parati essent, antequam in hostiles inciderent manus. Sicque factum est; nam cum viderent Pompeianos jaculis, lapidibus, et sagittis instare, jamque paratos ad navem manus apponere intusque insilire, defessus jam Vulteus cum suis, cum diutissime viriliter restitisset, ne vivi ad manus hostium devenirent, mutuis se vulneribus confoderunt, et mortui sunt. Audiens ergo Antonius interitum Vultei et suorum comilitonum, non apposuit ulterius venire Salonam, sed ad Cesarem reversus est. In tantum autem civitas hec fidem inviolatam reipublice custodivit, quod patrata Cesar totius orbis victoria, et jam solus ad mundi monarchiam provectus, adhuc civitati Salone minime imperabata.

Quam ob rem post Cesaris necem, Octavianus Augustus misita quendam illustrem virum ex consulibus, nomine Asynium Pollionem, cum exercitu multo, qui Salonam romano imperio subjugaret. Tunc Pollio in Dalmatiam veniens multis bellis cepit impugnare Salonam. Unde obsessa civitas, et diutius navalli et equestri exagitata congressu, tandem in manibus Romanorum tradita est. In qua obsidione natus est Pollioni filius, cui Saloninus nomen imposuit. Tunc vero magna pars civitatis illius destructa mit, majores etiam munitiones dirute, ne romane reipublice rebellare ulterius posset. Peracta ergo victoria Pollio cum suo exercitu reversus est Romam, ubi cum magna gloria et laudis triumpho a senatu populoque romano susceptus est, de quo in odis concinens Oratius dicit: Cui (laurus) eternos honores Dalmatico peperit triumpho. Fuit autem iste Pollio non solum armis strenuus, sed etiam poetica facundia insignis, librosque nonnullos liricis metris composuit.

 

 

 

Chapitre II. De Salone.

 

Salone fut une métropole de Dalmatie, ville importante et antique, dont Lucain a dit : « Là, où la mer Adriatique bat les murs de Salone[1] ». On dit que le nom de Salone proviendrait de « salum » qui signifie « pleine mer », puisqu'elle est située au bord de la mer. Pour cette raison elle est dite vraiment en longueur parce que petite en largeur, elle est située sur une zone de six milles côté ouest tout en s’étendant.

Cette ville, pendant les guerres civiles, gardant une fidélité inébranlable à la république Romaine, rejetait le pouvoir de César.

C'est pourquoi pour sa soumission, César envoya son parent Antoine avec une importante flotte militaire, mais à la poursuite de Pompée il passa de Brindisi en Epire. Alors Antoine expédia à un certain moment un chef militaire nommé Vulteus, qui concentra son armée sur les rivages des îles salonitaines. Mais dans Salone il y avait deux chefs militaires du parti de Pompée Basile et Octave. Ceux-ci, attendant les forces militaires de César, regroupèrent de nombreux corps de troupes parmi les peuples avoisinants pour les utiliser dans le combat Curètes, Dalmates et Istriens. Cependant Vulteus pressé par la faim et la soif, ne put pas s’attarder sur les îles, et bien que de tous côtés il fut guetté en embuscade par ses ennemis, il décida secrètement de passer quand même sur le continent, s'étant embarqué sur un navire avec un détachement d’élite; mais grâce aux pièges préparés à l’entour, le navire fut intercepté pendant sa traversée. Et dès que le navire fut immobilisé, Vulteus, comprenant qu'il n'y avait pas d'autre issue, persuada les siens de se préparer courageusement à accepter la mort pour la gloire de César, avant de tomber aux mains des ennemis. C’est ce qui arriva; en effet, quand ils virent que les hommes de Pompée les menaçaient de leurs javelots, de pierres et de flèches et s’apprêtaient à aborder le navire pour s’y introduire, malgré une longue résistance courageuse, Vulteus déjà affaibli avec ses combattants, se transpercèrent de coups les uns les autres et périrent pour ne pas se retrouver vivants aux mains de l’ennemi. Ayant entendu parler de la mort de Vulteus et de ses soldats, Antoine refusa d'aller à Salone, et revint vers César. Cette ville gardait une fidélité si inébranlable à la république que quand César soumit le monde entier et fut seul à atteindre le pouvoir universel, il n'eut pratiquement aucun pouvoir sur la ville de Salone.

C'est pourquoi après le meurtre de César, Octave Auguste envoya une personne éminente parmi les consuls nommée Asinius Pollion,[2] avec une armée nombreuse, afin de soumettre Salone à l'Empire romain. Arrivé en Dalmatie, Pollion entreprit une suite de tentatives d'assaut pour s'emparer de Salone. Finalement, exténuée par de longues batailles maritimes et équestres, la ville assiégée passa aux mains des Romains. Pendant ce siège un fils naquit à Pollion[3] ; il lui donna le nom de Saloninus.[4] Alors la plus grande partie de cette ville fut détruite, et ses fortifications les plus considérables furent supprimées afin que Salone ne puisse plus par la suite reprendre les hostilités envers la république Romaine. Et ayant ainsi remporté la victoire, Pollion rentra avec son armée à Rome, où le sénat et le peuple romain lui décerna une gloire éclatante et le triomphe[5] qu’Horace à célébré dans ses odes en disant : « le laurier lui apporta la gloire éternelle par le triomphe Dalmate[6] ». Cependant Pollion fut non seulement un combattant courageux, mais encore un poète distingué, ayant composé quelques poèmes lyriques.


 
 

[1] Pharsale IV.

[2] Gaius Asinius Pollio (Asinius Pollio) (76 av. J.-C. - 4 ap. J.-C.) est un homme politique de la fin de la République romaine et du règne d'Auguste, orateur, historien et poète, membre de la gens plébéienne des Asinii. Il est l'ami du poète Catulle. L'historien romain Velleius Paterculus le met au nombre des esprits les plus distingués de son époque, et Valère-Maxime le cite comme assez bel exemple d'une robuste vieillesse.

[3] Toute cette histoire relatée par Thomas de Split a été depuis longtemps contestée. Il suffira pour s’en convaincre de lire, par exemple, J. Carcopino, Virgile et le mystère de la IVe églogue, 1930, où l’auteur déclare : « Quant aux rares indications que contiennent nos auteurs sur la campagne de Pollion en Dalmatie, elles prouvent qu’elle ne s’est point du tout déroulée autour de Salone. Le titre triomphal d’imperator, acquis par ses victoires sur les Parthini, ex Parthinis, les localise dans une toute autre contrée à trois cents kilomètres plus au sud, dans la région d’Epidamne, le Durazzo d’aujourd’hui, où Appien a justement situé cette turbulente peuplade. Le séjour de Pollion à Salone, et partant la naissance de Saloninus forcément antérieurs l’un et l’autre à l’expédition, se placent ensemble au début du séjour que Pollion a fait en Dalmatie. »

Appien, V, 75 : « Désirant enrichir et  exercer les soldats, qui devaient passer l'hiver avec lui, il envoya certains d'entre eux contre les Partheni, une tribu d'Illyrie près d'Epidamne……….. »

[4] Fils du précédent, Gaius Asinius Gallus Saloninus fut un sénateur romain ambitieux avec attaches familiales avec la maison Julio-Claudienne. Asinius Gallus fut consul en 8 av. JC, et proconsul d'Asie en 6 / 5 av JC. C’était un ami de l'empereur Auguste et il s'opposait à l'empereur Tibère. Il introduisit au sénat des règles visant à accroître le pouvoir de Tibère pour essayer de lui faire honte. Cela embarrassa Tibère publiquement ; il le fit arrêter en 30. Tibère allégua qu’Asinius avait commis l'adultère avec Agrippine l'Ancienne, l'adversaire de Séjan banni par Tibère en 29, et son nom fut effacé de tous les monuments publics. Gaius mourut de faim en 33 après trois ans de détention.

[5] Célébré à Rome le 8 des calendes de novembre 39, comme nous l'apprennent les fastes triomphaux.

[6] Odes, II.