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PSEUDO-SÉBÉOS,

 

TEXTE ARMÉNIEN

TRADUIT ET ANNOTÉ PAR FRÉDÉRIC MACLER.

 

 

AVANT-PROPOS.

 

Le texte de Sébéos, dans les deux éditions qui en ont été données, a été divisé en trois parties d'inégale longueur et d'inégale importance. La première partie fut traduite par Langlois sous le nom de Pseudo-Agathange.[1] Il y attachait de l'importance, surtout à cause des renseignements inédits que fournissait une source y indiquée, Marabas, et qui ne concordaient pas avec ceux donnés par Moïse de Khoren. La troisième partie, qui constitue à elle seule l'œuvre de Sébéos, évêque de la satrapie des Mamikoniens, a été traduite et annotée par nous dans le courant de l'année dernière.[2]

Reste la deuxième partie, mise, dans les éditions, sous le couvert de Sébéos, et qui peut à la rigueur être de lui. Nous y reviendrons dans un instant.

L'importance de l'œuvre historique de Sébéos, dès sa publication, n'avait échappé à personne. Déjà, en 1862, un orientaliste dont le nom est demeuré assez inconnu, annonçait en ces termes la publication d'une chronique, publication qui devait être entourée de grands mystères, puisque l'auteur n'osait pas donner le nom du chroniqueur, mais dont la description nous semble bien répondre au signalement de l'œuvre de Sébéos : « . . . et très prochainement nous publierons une chronique arménienne inédite d'après un manuscrit qui a été copié sur l'original unique existant à la bibliothèque d'Etchmiadzin. Cet ouvrage est d'un grand intérêt et s'il ne peut être mis, pour le style, sur le même rang que celui de Moïse de Khoren, il lui cède peu du moins pour l'ancienneté et les notions historiques. Cet auteur est du commencement du viie siècle, il est précieux surtout pour les renseignements qu'il donne sur les événements de son temps[3]... » Et quelques lignes plus bas, l'éditeur du Journal asiatique de Constantinople ajoutait : « C'est pour donner un commencement à ce projet que nous allons publier l'ouvrage historique précité; il est un des plus anciens; il est inédit, il sera comme le prodrome de cette collection, et, si nous trouvons de l'encouragement pour ce projet, nous nous mettrons à l'œuvre avec ardeur. »

Il faut croire que l'encouragement désiré fit défaut à Gayol, car il ne donna pas suite à son projet et la chronique annoncée ne vit pas le jour. Il s'agissait, à n'en pas douter, de l'œuvre de Sébéos.

Dans la première édition de Sébéos, donnée à Constantinople en 1851 par Thaddée Mihrtad Mihrtadiantz, le titre : Histoire d'Héraclius par l'évêque Sébéos figure en tête de l'ouvrage et de la première partie (le Pseudo-Agathange de Langlois). Ce titre est reproduit avec une variante en tête de la deuxième partie (notre Pseudo-Sébéos), p. 27 : Histoire de Sébéos évêque ; puis vient le sommaire et la mention de la deuxième partie. Enfin, p. 45, le même titre écourté : Histoire de Sébéos évêque, suivi du sommaire et de la mention : Troisième partie.

Dans l'édition donnée par Patkanian en 1879 à Saint-Pétersbourg, il en va autrement. En tête de l'ouvrage (p. 1) se trouve la mention : Première partie. De même, p. 11, la mention : Deuxième partie. Le titre d'Histoire d'Héraclius par l'évêque Sébéos n'est donné qu'au commencement de la troisième partie. Ceci prouve que Patkanian avait de forts doutes sur l'authenticité de la deuxième partie de l'histoire de Sébéos.

Il en était de même de Brosset, pour qui la deuxième partie du livre imprimé sous son nom [Sébéos] n'est évidemment pas de lui, ou plutôt c'est l'œuvre d'un écrivain très postérieur au viie siècle. Ainsi nous n'avons pas à discuter son témoignage, où se trouve d'ailleurs une erreur manifeste, la 2e année d'Honorius, qui serait l'an 397 de J.-C., fixée comme date de l'extinction des Arsacides.[4] » Il n'était du reste pas nécessaire de relever cette erreur chronologique pour mettre en doute l'authenticité de notre deuxième partie. Elle est en effet précédée d'un sommaire où l'on donne comme sources Moïse de Khoren et Etienne de Taron. Or ce dernier écrivain retrace les événements de son temps jusqu'en l'an 1004; il ne saurait donc avoir servi de source à un historien du viie siècle.

La difficulté n'avait pas échappé à Mihrtadiantz, le premier éditeur de Sébéos. Dans son introduction, il donne quelques renseignements sur la découverte du ou plutôt des manuscrits qui renfermaient le texte de Sébéos. Il en mentionne un premier, dans lequel ne figurait pas la préface; il était écrit en bolorgir, sur papier de coton, et paraissait être du xvie siècle. Au milieu, il y avait une prière de saint Jacques de Mdzbin pour le moment de la mort. A la fin, il y avait : « fut écrit . . . en l'an 1017 [de l’ère arménienne][5]... au couvent de Marmasên . . . par la main . . . du père Yusik... etc. » Et le titre était : « Histoire de Sébéos sur Héraclius. »

L'autre manuscrit qui servit à Mihrtadiantz pour établir son texte fut écrit en l'an 1121[6] de l'ère arménienne à Balês (Bitlis), dans le couvent de saint Jean Karapet. Au commencement, la mention : « De Sébéos évêque, sur Héraclius » et Mihrtadiantz ajouta, pour compléter le titre : Histoire (patmuthiun). Puis il en arrive à expliquer comment Etienne de Taron peut servir de source à Sébéos : On ne connaît qu'un Etienne de Taron, surnommé Asolik; il est du commencement du xie siècle. Qui est alors le Taronatsi mentionné dans le sommaire de Pseudo-Sébéos? Si c'est Asolik, Sébéos ne peut pas être du viie siècle; il serait au plus tôt du xiie. Mais ce n'est pas possible, puisqu'il raconte, en témoin oculaire, ce qui s'est passé au viie siècle. Mihrtadiantz se tire d'affaire en supposant qu'il y a deux Etienne de Taron, l'un surnommé Asolik, du xie siècle, celui que nous connaissons par son Histoire universelle; l'autre, parfaitement inconnu jusqu'à présent, aurait servi de source à Pseudo-Sébéos et serait donc antérieur au viie siècle; mais cette solution ne parait pas satisfaisante à Mihrtadiantz, et il propose encore de voir dans Sébéos et dans le premier Etienne de Taron un seul et même personnage.

La deuxième partie de Sébéos, que nous dénommerons dès maintenant Pseudo-Sébéos, est précédée d'un sommaire où l'on mentionne Moïse de Khoren et Etienne de Taron comme sources véridiques et dignes de foi. Si le renseignement est exact, Pseudo-Sébéos serait donc un auteur du xie ou du xiie siècle, et son œuvre serait à rapprocher du genre de χρονογραφειον συντομον dont Schoene a donné des exemples dans son édition de la Chronique d'Eusèbe;[7] ce serait simplement une compilation des deux auteurs précités, comme l'a déjà fait observer Baumgartner. C'est possible. Mais il est à remarquer que les sommaires placés en tête des chapitres font défaut dans le manuscrit de l'Académie [de Saint-Pétersbourg?].[8] Si l'on fait abstraction du sommaire, Pseudo-Sébéos ne cite qu'une source, à laquelle il a puisé quelques renseignements : l'histoire ecclésiastique de Socrate.

Il ne faut pas perdre de vue que Pseudo-Sébéos ne poursuit pas sa Chronographie jusqu'au xi' siècle. 11 s'arrête exactement à l'endroit où s'achève l'ouvrage de Sébéos, c'est-à-dire à la chute des Sassanides et à la conquête des Arabes dans la Syrie septentrionale. D'autre part, les rapprochements littéraires, les membres de phrase identiques ne manquent pas chez Pseudo-Sébéos, qui se retrouvent les mêmes chez Etienne de Taron. Serait-ce alors ce dernier qui copierait Pseudo-Sébéos, et un copiste postérieur, frappé de cette quasi-identité et croyant vraiment que Pseudo-Sébéos est l'œuvre de Sébéos, aurait-il ajouté le sommaire en question[9] ?

Jusqu'à preuve plus convaincante, la discussion reste encore ouverte, bien que nous penchions à dater Pseudo-Sébéos du viie siècle, c'est-à-dire de l'époque à laquelle s'arrête son récit.[10]

Pseudo-Sébéos est renfermé dans les pages 11-21 de l'édition de Sébéos donnée par Patkanian. Il se compose de quatre parties distinctes : 1° une liste des Arsacides de Perse; 2° un document sur l'origine des Mamikoniens, que l’on peut à la rigueur considérer comme une intercalation ; 3° le synchronisme des Sassanides, des rois d'Arménie et des empereurs de Byzance, jusqu'à la fin du royaume d'Arménie; 4° le synchronisme des rois de Perse et des empereurs de Byzance, jusqu'à la chute des Sassanides. On remarquera la ressemblance de certaines données de ce document avec la fin de la première partie (Pseudo-Agathange de Langlois); le fragment extrait du livre de Mar Abas dans Pseudo-Agathange (Sébéos, éd. Patkan., p. 9, l. 28 et suiv.) s'arrête vraisemblablement avant la liste des Arsacides; on aura complété plus tard, d'une manière assez fantaisiste, la liste des Arsacides de Perse, en la faisant suivre d'une liste des rois arsacides d'Arménie.

La partie la plus importante de Pseudo-Sébéos est le triple synchronisme des Sassanides, des rois d'Arménie et des empereurs de Byzance ; nous croyons utile de dresser dans un tableau placé à la fin de cet article les données fournies par ce document, jusqu'à présent utilisable par les seuls arménisants.

La dernière partie de Pseudo-Sébéos donne le synchronisme des rois de Perse et des empereurs byzantins, jusqu'à la chute des Sassanides. Il serait dès lors loisible de dresser un tableau dans le genre de celui mentionné ci-dessus. Nous ne l'avons pas fait, pour ne pas abuser de la place qui nous est accordée dans les colonnes de ce Journal.

Avec ses variantes, le texte de Pseudo-Sébéos apparaît comme une petite chronique (χρονογραφειον) dont les divergences avec les textes similaires sont plus apparentes que réelles. Il en est de l'arménien comme du syriaque et des autres langues, où les lettres de l'alphabet servent également de chiffres ; une lettre mal lue, un moment d'inattention du copiste peuvent produire des écarts de plusieurs années. La faute d'un scribe n'infirme en rien l'importance du document transmis par lui aux âges suivants.


 

TRADUCTION.

LIVRE II.

 

Si cela peut t'être agréable, ô lecteur, je vais maintenant, en répétant [ce qui a été déjà dit], te faire connaître [la suite des rois] en suivant l'ordre généalogique, de père en fils,[11] d'après Moïse de Khoren[12] et Etienne de Taron,[13] historiens dignes de foi et véridiques.

Après la mort d'Alexandre, Arsak le Brave devint roi à Bahl Sahastan,[14] dans la terre des Kouschans.[15] Il vécut 130 ans[16] et en régna 57. Son fds Artasir lui succéda et régna 31 ans. Après Artasir, son fils Arsak, qui fut surnommé le Grand, régna 52 ans.

Celui-ci fit roi du pays d'Arménie son frère Valarsak, et ainsi s'opéra la séparation des deux maisons royales de Perse et d'Arménie.[17]

Arsak le Brave, souche des deux familles de rois, les Pahlaviens[18] et les Arsakunis,[19] régna en roi valeureux 57 ans.[20] Voici ceux de ses fils qui, après la séparation, régnèrent sur la Perse:[21]

Arsak le Grand................................    57 ans.

Arsakan.......................................... .. 30

Arsanak.......................................... .. 32

Arsès............................................... .. 20

Arsawir...........................................     46 ans.

Artasès............................................    31

Dareh............................................. ... 30

Arsak.............................................. ... 19

Artasès............................................    20

Peroz..............................................    33

Valarsak..........................................    50

Artawan.......................................... ... 36

Ce dernier fut tué par Artasir de Stahr, fils de Sassan, qui mit fin à la monarchie des Pahlaviens; elle avait commencé la 30e année du règne de Ptolémée Philadelphe, et duré en tout 457 ans.[22]

Puis Artasir de Stahr,[23] fils de Sassan, ayant soumis tous les Ariens et Anariens, ainsi qu'un grand nombre de membres de la famille royale des Parthes et des Pahlaviens, régna lui-même, et après lui ses successeurs gardèrent le pouvoir dans les mêmes conditions.[24]

Nous allons parler maintenant de l'origine des Mamikoniens.[25] Ceux-ci en effet ne descendent pas du chef de race Aramaniak, mais ils sont venus du Tchenastan au temps d'Artawan, roi des Parthes, et de Xosrov le Grand, roi d'Arménie, ainsi que je l'ai entendu rapporter par un grand personnage, venu comme ambassadeur du roi des Tchens auprès du roi Xosrov. J'interrogeai ce personnage à la Porte royale en lui disant : « Il existe en Arménie une grande famille[26] que l'on dit être venue de votre pays. » Il me répondit : « Les poètes dans leurs chants racontent aussi chez nous que Mamik et Konak étaient deux frères, vaillants et de haute noblesse, fils du naxarar Karnam, qui tenait le second rang dans le royaume du Tchenastan. Karnam étant mort, le roi du pays épousa sa veuve et en eut un fils qui, après la mort de son père, lui succéda et monta sur le trône. Or ses deux frères, du côté de la mère, non par le père, se révoltèrent contre lui et, s'étant entendus avec une partie des naxarars et de l'armée, ils organisèrent un complot dans le dessein criminel de tuer leur frère Tchenbakur,[27] roi du pays, et de s'emparer de ses Etats.

« Mamik et Konak rassemblèrent donc des troupes sur un point de leur territoire pour marcher contre leur frère, et l'armée du pays se trouva divisée en deux. Tchenbakur l'apprit, réunit lui aussi les troupes de son parti et se mit en route pour combattre ses adversaires. Ils se précipitèrent les uns sur les autres, frappèrent de grands coups d'épée, et l'armée des révoltés fut défaite.

« Mamik et Konak se réfugièrent chez le roi arsacide qui résidait à Bahl Sahastan, dans le pays des Koushans. Or il y avait paix entre ce royaume et celui du Tchenastan.

« Tchenbakur demanda d'une manière pressante au roi des Parthes de lui livrer les fugitifs, qu'il voulait faire mourir : « Sinon, ajoutait-il, la paix qui existe entre nous sera rompue. » Celui-ci eut pitié d'eux; il ne les livra pas, mais il écrivit sur un ton amical au roi du Tchenastan: « Que la paix qui existe entre nous soit raffermie ; je leur ai juré qu'ils auraient la vie sauve ; mais je les ai fait transporter vers le Couchant, à l'extrémité de la terre, à l'endroit où le soleil entre chez sa mère.[28] »

« Le roi des Parthes ordonna alors à ses troupes de les conduire, en leur montrant beaucoup d'égards, avec leurs femmes, leurs enfants et tous leurs biens, dans le pays d'Arménie, auprès du roi arsacide, son paient, qui régnait dans ce pays. Là ils se multiplièrent beaucoup et les descendants de Mamik et de Konak devinrent une grande famille : de cette famille sort le sparapet.[29] »

Après la mort d'Artewan,[30] fils de Valarch, roi des Parthes, Artasir, fils de Sasan, régna avec un pouvoir absolu sur les Babyloniens, les Assyriens, les Mèdes, les Perses et les Parthes pendant 50 ans.

Cette révolution eut lieu la 3e année de l'empereur Elianos,[31] et la 31e de Xosrov le Grand, roi d'Arménie. Ainsi la 1ère année d'Artasir correspond à la 31e de Xosrov et à la 3e d'Elianos.

La 34e année de Xosrov le Grand et la 4e du roi de Perse Artasir, Terentianos[32] régna 6 mois, étant mort peu de temps après.

La 35e année du roi Xosrov et la 5e d'Artasir, roi de Perse, commença à régner Propos, qui occupa le trône pendant 6 ans. Ainsi la 1ère année de Propos est la 35e de Xosrov et la 5e d'Artasir.

La 41e année de Xosrov le Grand et la 11e d'Artasir, Karos régna sur les Grecs avec ses fils Karin et Nomerianos, et occupa le trône pendant 7 ans.[33] Ainsi la 1ère année de Karos est la 41e de Xosrov et la 11e d'Artasir.

La 48e année de Xosrov et la 18e d'Artasir, pendant que le roi Xosrov était en Mésopotamie, l'empereur Karos rassembla des troupes nombreuses et marcha contre lui. Mais Kornak, sparapet de Xosrov le Grand, père de Trdat, se porta en toute hâte à sa rencontre. (On raconte de ce Kornak qu'ayant atteint l'âge de 160 ans, il conserva jusqu'à sa mort ses cheveux, la vue, l'ouïe et la vigueur de la jeunesse.) Puis une grande bataille fut livrée entre Xaran et Urha, dans laquelle l'armée, des Grecs fut battue et dispersée. Karos périt dans le combat avec son fils Karianos. La même année, Dioclétien commença à régner sur les Grecs; il occupa le trône 22 ans. Ainsi la 1ère année de Dioclétien correspond à la 48e de Xosrov et à la 18e d'Artasir.

La 21e année d'Artasir, roi de Perse, et la 4e de l'empereur Dioclétien, le vaillant Xosrov fut tué par l'infâme Anak. Artasir, roi de Perse, régna pendant 11 ans sur le pays d'Arménie, à partir de la 4e année de Dioclétien.

La 32e année d'Artasir et la 15e de Dioclétien, Trdat, revêtu du costume impérial, lutta en combat singulier contre le roi des Goths, fit prisonnier son gigantesque adversaire et vint le présenter à l'empereur Dioclétien. La même année, Dioclétien fit Trdat roi du pays d'Arménie, lui donna une armée nombreuse et l'envoya dans ses Etats, où il régna en souverain vaillant et pieux pendant 70 ans. Ainsi la 1ère année de Trdat correspond à la 32e d'Artasir et à la 15e de Dioclétien.

La 9e année de Trdat, roi d'Arménie, Constantin commença à régner sur le pays des Grecs. Ce fut lui qui bâtit Byzance [pendant] 9 ans. Ainsi la 1ère année de Constantin correspond à la 40e d'Artasir et à la 9e de Trdat.

La 50e[34] année d'Artasir, roi de Perse, et la 19e de Trdat, roi d'Arménie, Sapuh, fils d'Artasir, devint roi du pays des Perses et régna 73 ans. (Cette même année mourut l'empereur des Grecs Maximianos, et Galianos, qui régna 18 ans, lui succéda : il livra bataille à Sapuh, fils d'Artasir, en Mésopotamie, à Xaran;[35] il y eut là un grand massacre, si bien que l'armée des Perses fut réduite à la dernière extrémité sur le territoire d'Urha. Sapuh, voyant la défaite de son armée, consentit à faire la paix avec l'empereur et celui-ci, emportant des trésors et beaucoup de butin, s'en retourna dans son pays.) La 1ère année de Sapuh correspond à la 20e de Trdat, à la 2e de Maximianos et de Galianos.

La 37e année du roi Trdat et la 18e du roi Sapuh, Maximianos, fils de Maximianos, devint empereur des Grecs, et régna 13 ans. Ainsi la 1ère année de Maximianos est la 37e de Trdat et la 18e de Sapuh.

La 50e année du roi Trdat, Kostandês devint empereur des Grecs et régna 17 ans. Ainsi, la 1ère année de Kostandês est la 50e de Trdat et la 31e de Sapuh.

La 67e année de Trdat, roi d'Arménie, et la 48e de Sapuh, roi de Perse, Kostandianos, fils de Kostandês, devint empereur et régna 32 ans. Ainsi, la 1ère année de Kostandianos est la 67e de Trdat et la 48e de Sapuh.

La 52e année de Sapuh, roi de Perse, et la 5e du pieux empereur Kostandianos, mourut le bienheureux Trdat. Xosrov, son fils, devint roi et régna 17 ans. Ainsi la 1ère année de Xosrov correspond à la 52e de Sapuh et à la 5e de Kostandianos.

La 69e année de Sapuh, roi de Perse, et la 22e de l'empereur Kostandianos, Tiran, fils de Xosrov, devint roi d'Arménie et régna 12 ans. Ainsi la 1ère année de Tiran correspond à la 69e de Sapuh et à la 22e de Kostandianos.

La 27e année de l'empereur Kostandianos, et la 6e de Tiran, roi d'Arménie, Nersêh, fils de Sapuh,[36] devint roi de Perse et régna 9 ans. Ainsi la 1ère année de Nersêh correspond à la 27e de Kostandianos et à la 6e de Tiran.

La 12e année de Tiran, roi d'Arménie, Kostandi[anos] et Kostas, fils du pieux Kostandi[anos], deviennent empereurs et règnent 14 ans. Ainsi la 1ère année de Kostandianos et Kostas correspond à la 12e année de Tiran et à la 7e de Nersêh.

La 12e année de Tiran, la 7e année de Nersêh, roi de Perse, et la 1ère de Kostandi[anos] et de Kostas, fils de Kostandianos, le pieux[37] [empereur] de Rome, [l'empereur grec] vint combattre [le roi de Perse] dans le canton de Basean, au village de Yosxa, et l'obligea de rendre le roi Tiran avec tous les captifs, de proclamer roi son fils Arsak et de l'envoyer en Arménie. La 1ère année d'Arsak correspond à la 8e de Nersêh et à la 2e de Kostandia[no]s et de Kostas.

La 4e année de Kostandi[an]os et de Kostas, et la 3e d'Arsak, Oramazd, fils de Sapuh, devint roi de Perse et régna 3 ans.[38] Ainsi la 1ère année d'Oramazd correspond à la 4e de Kostandi[an]os et de Kostas.

La 6e année d'Arsak, roi d'Arménie, Sapuh, fils d'Oramazd, devint roi de Perse et régna 70 ans. Ainsi la 1ère année de Sapuh correspond à la 7e de Kostandi[an]os et de Kostas, et à la 6e d'Arsak.

La 19e année de Sapuh, roi de Perse, et la 24e année d'Arsak, roi d'Arménie, Julien devint empereur des Grecs et régna 2 ans. Ainsi la 1ère année de Julien le Maudit correspond à la 24e d'Arsak et à la 19e de Sapuh. Julien, fils de la sœur du grand Constantin, abandonna la religion chrétienne et devint idolâtre. De son temps, le bienheureux Athanase fut chassé par les Ariens, ainsi que le raconte Socrate,[39] dont l'Histoire va de saint Constantin à Théodose le Petit, racontant les actions saintes et impies et l'orthodoxie des patriarches. Julien et Galianos,[40] fils d'un certain Dalmatios,[41] demeurèrent orphelins. Ils étaient du même père,[42] mais non de la même mère. Le pieux Constance les fit élever; dans la suite, ils devinrent idolâtres.

Kosti,[43] sœur de l'empereur Constantin, femme de l'empereur Likianos,[44] qui mourut de mort violente.[45]

La 26e année d'Arsak, roi d'Arménie, et la 21e de Sapuh, roi de Perse, devinrent empereurs Valentianos et Valês, qui régnèrent 13 ans. Ainsi la 1ère année de Valentianos et de Valês correspond à la 16e année d'Arsak et à la 21e de Sapuh.

La 34e année de Sapuh, roi de Perse, et la 39e d'Arsak, roi d'Arménie, Gratianos devint empereur des Grecs. . .[46] Ainsi la 1ère [année de Gratianos correspond à la 39e d'Arsak et à la 34e de Sapuh].

La 44e année de Sapuh, roi de Perse, et de l'infâme Julien,[47] Arsak, roi d'Arménie, fut fait prisonnier par Sapuh, roi de Perse. Pendant 12 ans, Sapuh gouverna l'Arménie par le fer, le feu et la déportation. Puis devint empereur des Grecs Théodose, qui régna 19 ans. La 1ère année de Théodose le Grand correspond à la 51e de Sapuh et à la huitième[48] de la tyrannie qu'il exerçait [en Arménie].

La 56e année de Sapuh, roi de Perse, et la 6e du règne de Théodose le Grand, Théodose fit roi du pays d'Arménie Pap, fils d'Arsak, qui régna 13 ans. Ainsi la 1ère année de Pap est la 56e de Sapuh et la 6e de Théodose.

La 69e année de Sapuh, roi de Perse, et la 19e de Théodose le Grand, devint roi d'Arménie Varazdat ; qui régna 6 ans. Ainsi la 1ère année de Varazdat est la 69e de Sapuh.

La 70e année de Sapuh, roi de Perse, et la 2e de Varazdat, roi d'Arménie, devint empereur de Grèce Arcadius, fils de Théodose, qui régna 19 ans. Ainsi la 1ère année d'Arcadius correspond à la 70e de Sapuh et à la 2e de Varazdat.

La 5e année de l'empereur Arcadius et la 6e de Varazdat, devint roi de Perse Artasir, fils de Sapuh, qui régna 4 ans. Ainsi la 1ère année d'Artasir est la 5e d'Arcadius et la 6e de Varazdat.

La 6e année de l'empereur Arcadius et la 2e année d'Artasir, roi de Perse, devinrent rois d'Arménie Arsak et Valarsak, qui régnèrent 5 ans. La 1ère année d'Arsak et de Valarsak correspond à la 6e d'Arcadius et à la 2e d'Artasir.

Puis devint roi de Perse Vram, qui régna 11 ans. La 1ère année de Vram correspond à la 9e d'Arcadius et à la 4e d'Arsak et de Valarsak.

La troisième[49] année de Vpam, la 11e de l'empereur Arcadius, devint roi d'Arménie, par ordre du roi de Perse, un certain Xosrov, qui régna 3 ans. Ainsi la 1ère année de Xosrov est la 11e d'Arcadius.

La 14e année de l'empereur Arcadius et la 6e de Vram, roi de Perse, devint roi d'Arménie Vramsapuh, qui régna 8 ans. Ainsi la 1ère année de Vramsapuh correspond à la 14e d'Arcadius et à la 6e de Vram.

La 11e année de Vram, roi de Perse, devint empereur des Grecs Honorius, qui régna 22 ans,[50] [et devint roi de Perse Yazkert, qui régna 21 ans. Ainsi la 1ère année d'Honorius et] la 1ère année de Yazkert correspondent à la 7e de Vramsapuh.

La 2e année de Yazkert, fils de Vram, et la 2e année de l'empereur Honorius, il fut mis fin au royaume d'Arménie qui avait duré 405 ans. Ce fut tout à fait fini.[51]

Nous allons maintenant indiquer, au moyen d'un double canon, la suite chronologique des rois de Perse et de Grèce.[52]

Yazkert régna sur la Perse pendant 21 ans, et Honorais sur la Grèce pendant 11 ans. La 1ère année d'Honorius correspond à la 1ère de Yazkert.

La 22e année de l'empereur Honorius, Vram, fils de Yazkert, devint roi et régna 22 ans. La 2e année de Vpam, Théodose devint empereur des Grecs et régna 22 ans. Ainsi [la 1ère année de Vram correspond à] la 22e d'Honorius, et la 1ère de Théodose à la 2e de Vram.

La 20e année de Théodose le Petit, Yazkert, fils de Vram, devint roi des Perses et régna 19 ans. Et la même année que Yazkert, Kostandias monte sur le trône de Grèce pour un an. C'est la première [année] de Yazkert.

La 2e année de Yazkert, Valentianos devint empereur des Grecs et régna 30 ans. Ainsi la 1ère année de Valentianos correspond à la 2e de Yaskert.

La 18e année de l'empereur Valentianos, Valars, fils de Yazkert, devint roi de Perse et régna 4 ans. Ainsi la 1ère année de Valars correspond à la 18e de Valentianos.

La 22e année de l'empereur Valentianos, Peroz devint roi de Perse et régna 48 ans. Ainsi la 1ère année de Peroz correspond à la 22e de Valentianos.

La 10e année de Peroz, Narkisos devint empereur des Grecs et régna 6 ans. Ainsi la 1ère année de Narkisos correspond à la 10* de Peroz.

La 17e année du roi Peroz, Veraphnos devint empereur des Grecs et régna 3 ans. Ainsi la 1ère année de Veraphnos correspond à la 17e de Peroz.

La 20e année de Peroz, Markianos devint empereur des Grecs et régna 5 ans, Ainsi la 1ère année de Markianos correspond à la 20e de Peroz.

La 25e année de Peroz, Léon[53] devint empereur [des Grecs et régna 16 ans. Ainsi] la 1ère [année de Léon correspond à la 25e de Peroz].

La 30e année de Peroz, Antimos devint empereur des Grecs et régna 6 ans. Ainsi la 1ère année d'Antimos correspond à la 31e de Peroz.

La 44e année de Peroz, Ulimppas devint empereur des Grecs et régna 1 an. L'année suivante, Zénon régna 1 an. Et la 46e année de Peroz, Zénon devint empereur des Grecs et régna 17 ans. Ainsi la 1ère année de Zénon correspond à la 46e de Peroz.

La 4e année de Zénon, Tchamasp commença à régner sur les Perses et régna 8 ans. Ainsi la 1ère année de Tchamasp correspond à la 4e de Zénon sur les Grecs.

La 5e année de l'empereur Zénon, Kawat devint roi des Perses et régna 41 ans. Ainsi la 1ère année de Kawat correspond à la 6e de Zénon.

La 13e année de Kawat, Anastase devint empereur des Grecs et régna 47 ans. Ainsi la 1ère année d'Anastase correspond à la 14e de Kawat.

La 40e année de Kawat, Yustianos devint empereur des Grecs et régna 38 ans. Ainsi la 1ère année de Yustianos correspond à la 40e de Kawat.

La 3e année de l'empereur Yustianos, Xosrov, fils de Kawat, commença à régner et régna 47 ans. Ainsi la 1ère année de Xosrov correspond à la 3e de Yustianos.

La 37e année de Xosrov, Yustianos devint empereurs des Grecs et régna 12 ans. Ainsi la 1ère année de Yustianos correspond à la 37e de Xosrov.

La 12e année de l'empereur Yustianos, Ormizd, fils de Xosrov, devint roi des Perses et régna 12 ans. Ainsi la 1ère année d'Ormizd correspond à la 12e de Yustianos.

La 2e année d'Ormizd, Tiberos devint empereur des Grecs et régna 3 ans. Ainsi la 1ère année de Tiberos correspond à la 2e d'Ormizd.

La 5e année d'Ormizd, Maurice devint empereur des Grecs et régna 21 ans. Ainsi la 1ère année de Maurice correspond à la 5e d'Ormizd.

La 7e année de l'empereur Maurice, Xosrov, fils d'Ormizd, devint roi des Perses et régna 37 ans. Ainsi la 1ère année de Xosrov correspond à la 7e de Maurice.

La 14e année de Xosrov, Phokas devint empereur des Grecs et régna 8 ans. Ainsi la 1ère année de Phokas correspond à la 14e de Xosrov.

La 20e année de Xosrov, roi des Perses, devint empereur des Grecs Eraklos, fils d'Eraklos, et il régna 30 ans. Ainsi la 1ère année d'Eraklos correspond à la 22e de Xosrov.

La 17e année de l'empereur Eraklos, devint roi des Perses Kawat, fils de Xosrov, et il régna 1 an. Ainsi la 1ère année de Kawat correspond à la 17e d'Eraklos.

Ensuite Artasir [régna] 3 ans. La 1ère année d'Artasir correspond à la 20e d'Eraklos.

Ensuite Bbor la Bambisu, la fille de Xosrov, [régna] 2 ans. La 1ère année de la Bambisu correspond à la 21e d'Eraklos.

Ensuite Yazkert [régna] 20 ans. La 1ère année de Yazkert correspond à la 23e d'Eraklos.

La 24e année du bienheureux empereur Eraklos, et la 2e [de Yazkert],[54] le roi des Perses s'allia aux Ismaélites [lesquels étaient sortis] du désert du Sinaï, conformément à l'ordre de Dieu de rendre déserte en une fois toute la terre; ainsi la 1ère année de Amr, roi des Ismaélites, correspond à la 24e d'Eraklos et à la 2e de Yazkert.

Mais les années des étrangers et des esclaves qui ont régné, tels que Xoream, Xorox Ormizd, Xosrov et Ormizd, qui se sont emparés de la royauté par la violence ; le fait que les nations se sont déchirées les unes les autres par suite de rivalités, je les rangerai dans cette période supplémentaire, comme la demi-année de Xoream à la demi-année de Kawat; je dirai encore une année de plus.[55]

La 6e année de Yazkert, roi des Perses, le bienheureux Eraklés mourut, et ses fds Kostandin et Eraklak devinrent empereurs. Cette année-là, Kostandin mourut, assassiné par [ordre de] sa mère, et Eraklak devint empereur. A son tour, Eraklak trépassa, et Kostas,[56] fils de Kostandin, devint empereur; il fut appelé du nom de son père, Kostandin. La 1ère année de Kostas correspond à la 7e de Yazkert.

Yazkert régna sur le pays des Perses pendant 20 ans. La 9e année du roi des Ismaélites correspond à la 20e de Yazkert et à la 11e de Kostandin.

La 12e année de Kostandin et la 20e année de la domination des Ismaélites, disparut la domination des Perses, qui avait duré 532 ans.[57]

 


 

[1] Cf. Victor Langlois, Collection des historiens anciens et modernes de l’Arménie. . . Paris, 1867, t. I.

[2] Histoire d'Héraclius, par l'évêque Sébéos, traduite de l'arménien et annotée par Frédéric Macler. Paris, Leroux, 1904.

[3] Cf. Journal asiatique de Constantinople, recueil mensuel de mémoires et d'extraits relatifs à la philologie... des nations orientales. .. dirigé et publié par Henri Catol. Constantinople, 1852; in-8°, t. I, n° 1, janvier, p. 75.

[4] Brosset, Collection d'historiens arméniens... Saint-Pétersbourg, 1874, t. I, p. vii.

[5] L'an 1367 de l'ère chrétienne.

[6] L'an 1671 de l'ère chrétienne.

[7] Cf. Eusèbe, Chronicon liber prior, edidit Alfred Schoene. Berolini, 1875, t. I.

[8] Cf. Brosset, Collectif d'historiens arméniens, Saint-Pétersbourg, 1874, t. I, p. ix, n. 1 : « .Pour Sébéos, il est certain que les sommaires des chapitres manquent dans le manuscrit de l'Académie; quelque utiles et intéressants qu'ils soient, on peut aussi les regarder comme une addition. »

[9] M. Hübschmann, ne se prononce pas sur le degré d'antériorité de Sébéos et de Pseudo-Sébéos. Il observe qu'ils ont souvent des données chronologiques identiques, que d'autre part ils ont des divergences, et que peut-être Pseudo-Sébéos s'est servi de Sébéos. Cf. ibid., p. 6, n. 1.

[10] C'est aussi l'opinion de M. Conybeare d'Oxford, pour qui (lettre particulière du 5 mai 1905) Pseudo-Sébéos semble avoir été copié ou tout au moins utilisé par l'auteur anonyme (Anania de Sirak?) d'une chronique récemment publiée à Venise par le P. Sargiseau, Venise, 1904. Le rapprochement entre Pseudo-Sébéos (Scb., éd. Patk., p. 16) et la chronique anonyme est très instructif à ce sujet. On remarquera que Pseudo-Sébéos nomme Socrate comme sa source ; tandis que la chronique anonyme dit seulement, au passage parallèle, «comme le dit aussi l'histoire ». Il semble bien que Pseudo-Sébéos soit antérieur à la chronique publiée par le P. Sargiseau, entre lesquels on fera des rapprochements vraiment frappants. Notre chronographe anonyme termine sa compilation vers l'an 685; il se sera servi comme sources de Moïse de Khoren (?), d'Eusèbe, d'Andréas, de l'Africain et d'écrivains monophysites dont les écrits sont aujourd'hui inconnus; à son tour, il aurait servi de source à Asolik, el ainsi s'expliquerait la ressemblance frappante entre certains passages d'Etienne de Taron, de Pseudo-Sébéos et du chronographe anonyme.

[11] Trad. du même par Langlois, Collection, II, p. 54 : « lorsque nous décrirons en détail les races, et que nous établirons les généalogies de père en fils. »

[12] Je cite Moïse de Khoren d'après l'édition donnée à Venise en 1881. Sur cet Hérodote arménien, cf. les travaux de Carrière, qui le fait descendre jusqu'au viiie siècle (Moïse de Khoren et les travaux d’Auguste Carrière, par F. Macler, in Revue archéologique, 1902, II, p. 293-304). Cf. également F.-C. Conybeare, The date of Moses of Khoren, in Byzantinische Zeitschrift, 1901, p. 489-504. Ce dernier savant (lettre personnelle du 5 mai 1905) pense que le texte actuel de Moïse de Khoren est une rédaction faite vers la fin du viie siècle d'un ouvrage antérieur du ve siècle. On voit que Moïse a eu comme source l'ancienne chronique géorgienne Sakart'hvelos Samot'hkhe (éditée par Gobron [Mikhaïl] Sabinin, Saint-Pétersbourg 1882) dans une forme ressemblant à l’Akhali Varianti Tsm. Ninos Tzkhorrebisa, édité par E. T’haqaishvili, Tiflis, 1891, sur un ms. du ixe siècle. Il semble donc que le texte de Moïse de Khoren, II, 86, soit antérieur à l'époque où fut composé le texte arménien, soit l'an 680. Voir à ce propos la traduction anglaise de la source géorgienne et arménienne, donnée par Miss Marjory Wardrop et M. F. C. Conybeare, Life of St. Nino, apud Studia Biblica et Ecclesiastica. vol. V, part I. — Etienne du Taron, surnommé Asolik, divisa son Histoire universelle en trois livres, et mena son récit jusqu'à l'an 1004. Les deux premiers livres ont été traduits en français par E. Dulaurier (1883). Le troisième livre est consacré à l'histoire des Bagratides qui régnèrent dès 885 dans le Sirak. J'ai achevé la traduction de ce dernier livre, le plus important des trois.

[13] Cf. Et. de Taron, trad. Dulaurier, p. 34 : « et la soixantième [année] après la mort d'Alexandre, les Parthes secouèrent le joug des Macédoniens et se donnèrent pour roi Arsace le Brave, qui siégea dans la ville royale de Bahl au pays des Kouschans. Il s'empara de toutes les contrées de l'Orient, et, à la suite de combats terribles, enleva Babylone aux Macédoniens. Après avoir régné 57 ans, il laissa le trône à son fils Ardaschès qui l'occupa 31 ans. » —- Cf. Khoren., trad. Langlois, II, p. 81 « Soixante ans après la mort d'Alexandre, le brave Arsace régna, comme nous l'avons dit, sur les Parthes, dans la ville appelée Pahl Aravadin, au pays des Kouschans... »

[14] Sur cette ancienne capitale de la Bactriane, cf. Dulaurier, in trad. d'Ét. de Taron, p. 65, n. 33.

[15] Dulaurier, trad. d'Et. de Taron, p. 66, n. 34, les confond avec les Huns blancs ou Hephthalites. Cf., d'autre part, Edouard Chavannes, Documents sur les Tou Kiue (Turcs) occidentaux, Saint-Pétersbourg, 1903, aux mots Hephthalites. I-ta et Ye-ta.

[16] Cette durée de la vie d'Arsak le Brave n'est donnée ni par Khoren, ni par Et. de Taron. Elle figure dans la 1re partie de Sébéos (éd. Patk.. p. 9). Cf. Pseudo-Agathange, apud Langlois, Collection, I, p. 199.

[17] Cf. Et. de Taron, trad. Dulaurier, p. 15 : « A cette époque, Arsace le Grand, petit-fils d'Arsace le Brave, donna pour roi aux Arméniens son frère Valarsace... en lui abandonnant en même temps tous les pays d'Occident soumis à son autorité, et lui-même se retira à Bahl. C'est ainsi que s'opéra la séparation des deux dynasties de Perse et d'Arménie. » — Khoren., trad. Langlois, II, p. 81 : « En ce temps-là, Arsace établit son frère Valarsace roi de notre pays, lui donnant pour Etats le Nord et l'Occident. »

[18] Sur les Pahlav, Parthie, Parthes, cf. H. Hubschmann, Armenische Grammatik. I, p. 63-65.

[19] Ou Arsacides.

[20] Cf. Et. de Taron, trad. Dulaurier, p. 15 : « Arsace, le plus brave des ancêtres de ces deux familles royales, Bahlavig et Arsacide, régna en monarque victorieux, 57 ans. »

[21] Ce membre de phrase ne figure pas dans le texte d'Et. de Taron, qui donne la liste suivante des descendants d'Arsace (trad. Dulaurier, p. 25) : « Arschagan, 30 ans. Arschanag, 32 ans. Ardaschir, 20 ans. Arschavir, 30 ans. Bérose, 33 ans. Valarsace, 50 ans. Artaban (Ardavan), 36 ans. »

[22] Cf. Et. de Taron, trad. Dulaurier, p. 25-26 : « Artaban fut tué par Ardaschir de Sdahr (Istakhar), fils de Sassan, lequel détruisit l'empire des Bahlavig dans la seconde année de Philippe, empereur des Romains. Ici prend fin la domination des Parthes, de la dynastie des Bahlavig; elle avait commencé la trentième année du règne de Ptolémée Philadelphe, et duré 457 ans. » — Khoren (trad. Langlois, II, p. 81) fixe la date de la révolte des Parthes contre les Séleucides la onzième année d'Antiochus Théos, soit en 150 avant J.-C. Cette date et la durée des Arsacides de Perse ont été discutées et établies par Dulaurier (trad. d'Et. de Taron), p. 66-67.

[23] Cf. Et. de Taron, trad. Dulaurier, p. 26 : « Après cet événement, [Ardaschir] de Sdahr, fils de Sassan, ayant soumis tous les Ariens et les Anariens, et un grand nombre de princes de la famille royale des Parthes et des Bahlavig, monta sur le trône de Perse, où se maintinrent de la même manière ses descendants. » — Sur les Ariens (= les Perses ou Iraniens proprement dits, sujets immédiats des Sassanides) et les Anariens (= les tribus du Caucase, de race étrangère, qui relevaient de ces princes), cf. Et. de Taron, trad. Dulaurier, p. 67, n. 38.

[24] Jusqu'à présent, le texte de notre chroniqueur, Pseudo-Sébéos, est presque identique à celui d'Et. de Taron, qui est renfermé dans la seconde moitié du chap. iv du livre I de son Histoire universelle.

[25] Dans son Histoire universelle. Etienne de Taron passe directement des Arsacides de Perse (I, 4) aux Arsacides d'Arménie (I, 5). Le passage de Pseudo-Sébéos relatif à l'origine des Mamikoniens est donc une intercalation due à un copiste postérieur, Sébéos mentionne souvent les Mamikoniens, sans en rechercher l'origine. Saint-Martin, Mémoires. II, p. 15-57, a consacré toute une Dissertation sur l’origine de la famille des Orpélians et de plusieurs autres colonies chinoises établies en Arménie et en Géorgie; il mentionne ibid., p. 33 et suiv., la famille des Mamikoniens, qui, d'après Khoren, aurait pour souche un prince chinois du nom de Mamkon. Cf. Khoren. Collection Langlois, II, p. 121-122 : « Ardaschir, fils de Sassan, étant mort, la couronne de Perse échut à son fils Sapor (Schabouh). Sous ce prince, arrive en Arménie l'auteur de la race des Mamigoniens venus des contrées du nord et de l'est d'un paya noble... je veux dire le pays des Djèn où se conserve cette tradition. Dans l'année de la mort d'Ardaschir, un certain Arpog Djenpagour... avait deux frères de lait appelés Peghtokh et Mamkoun... Comme Peghtokh parlait sans cesse mal de Mamkoun, le roi des Djèn, Arpog donna ordre de tuer Mamkoun. Celui-ci, ayant appris ce projet, ne se rendit pas à l'appel du roi, mais il s'enfuit avec tout ce qu'il possédait auprès du roi des Perses, Ardaschir. Arpog envoie des députés pour le réclamer, mais Ardaschir refuse de le leur livrer, et le roi des Djèn s'apprête à lui déclarer la guerre. Ardaschir étant mort subitement, Sapor monte sur le trône. Quoique Sapor ne livre pas Mamkoun entre les mains de son suzerain, il ne le laisse pas [résider] sur les terres des Arik, et il l'envoie avec tous les siens, comme étranger, auprès de set commissaires en Arménie... Cependant Mamkoun, venu contre son gré dans notre pays, s'y trouve à l'arrivée de Tiridate... il s'en va avec tous ses bagages au-devant du roi, en lui offrant de grandi présents. Tiridate l'accueille... et il fixe à lui et à ses gens une résidence et des subsides, en le faisant changer de localité tous les ans. » Saint-Martin, op. cit.. p. 25-26, place vers l'an 240 de J.-C. l'arrivée de Mamkon en Perse.

[26] Il faut lire famille, d'après l'éd. de Constantinople.

[27] Bakur ou pagour est une altération de faghfour, surnom des rois de Chine-, cf. Maçoudi, Prairies d'or, I, p. 306, trad. Barbier de Meynard et Pavet de Courteille.

[28] Cf. Contes arméniens, traduits de l'arménien moderne, par F. Macler, p. 17 et suiv., où la scène est décrite en détail..

[29] La dignité de sparapet était héréditaire chez les Mamikoniens.

[30] Ici commence le canon chronologique de Pseudo-Sébéos, pendant la durée du royaume d'Arménie, établissant le synchronisme mire les royaumes de Perse, d'Arménie et de Grèce; cf. supra, avant-propos.

[31] [Aur]elianos . Le texte de ce passage semble être assez mal conservé.

[32] M. Claudius Tacitus.

[33] Pendant deux ans seulement.

[34] Il faut lire : la 50e année d'Artasir, et non la 49e. La 50e correspond à la 19e de Trdat. Cf. le texte arménien, Sébéos, éd. Patk., p. 13, l. 15.

[35] Renseignements fantaisistes, puisés à une source à nous inconnue.

[36] Cf. Tab. Nöld., p. 50, n. 2, où M. Nöldeke relève l'exactitude de ce passage de Pseudo-Sébéos, contre Tabari qui fait de Narsê le fils de Bahram.

[37] Le texte, corrompu en cet endroit, semble assez facile à rétablir d'après Fauste de Byzance, auquel le fait relaté est emprunté ; d'après cet auteur, l'empereur grec serait Valens; cf. Fauste de Byzance, p.48, l. 7 et suiv., et id., p. 49, l. 26 et suiv.

[38] Lire : 3 ans, au lieu de 4 ans d'après Sébéos, éd. de Constantinople, p. 35.

[39] L'histoire de Socrate le Scolastique est la seule source que cite nommément notre chronographe ; elle embrasse le laps de temps qui va de 306 à 409 après J.-C. Et. de Taron mentionne cet auteur tout de suite après Eusèbe Pamphile et il compare ces deux historiens grecs aux deux astres principaux du firmament; cf. Et. de Taron, trad. Dulaurier, p. 4 et p. 50, n. 7. Dès le viie siècle, il existait une version arménienne de l'histoire de Socrate, par Philon de Tirak. Au point de vue de la composition littéraire, il n'est pas sans intérêt de remarquer que Socrate a dicté deux fois les deux premiers livres de son Histoire et qu'il en donne les raisons (Histoire de l’Eglise écrite par Socrate, traduite par Monsieur Cousin... Paris, 1675, p. 98-99). Le même procédé littéraire a présidé à la rédaction du chapitre v du livre II d'Et. de Taron, qui n'est que la répétition du précédent. C'est en vertu d'un même procédé de composition, disons de répétition, que Gutschmid a essayé d'expliquer le problème de Mar Abas de Medzbin et de Mar Abas Katina. Cf. A. Carriere , Moïse de Khoren et les généalogies patriarcales, p. 18. Cette mention de Socrate vers l'an 660 ne va pas sans quelques difficultés. Comment en effet Pseudo-Sébéos aurait-il pu citer à celte époque une traduction de Socrate, qui ne fut faite que 25 ans plus tard par Philon de Tirak ?Ou bien Pseudo-Sébéos cite le texte original de Socrate, ou bien Socrate fut traduit avant l'an 500 après J.-C. M. Conybeare (lettre personnelle) penche pour cette dernière alternative; il pense que Philon de Tirak fut l'auteur d’une compilation monophysite et que la date de cette compilation a été reportée plus tard, par un copiste, qui fut, comme la plupart des traductions du ve siècle, anonyme et non datée. Sinon, il faudrait admettre que la traduction de Socrate et la rédaction de la chronique anonyme sont contemporaines et même dues à la plume de Philon lui-même. La chose ne paraît pas vraisemblable.

[40] Gallus.

[41] Dalmatius.

[42] Julien et Gallus n'étaient pas fils du césar Dalmatius, mais de Julius Constance.

[43] Constantia.

[44] Licinius.

[45] Licinius fut relégué à Thessalonique où il fut étranglé en 324.

[46] Lacune dans le texte.

[47] Le texte est manifestement corrompu dans ce paragraphe.

[48] Le texte porte : à la douzième, qu'il faut lire : à la huitième.

[49] Texte : 2e année; mais la correction proposée n'est pas douteuse.

[50] Il y a dans le texte une lacune évidente; nous intercalons dans notre traduction la restitution qui paraît devoir être proposée.

[51] L'accord est loin d'être établi chez les différents auteurs qui ont traité ces questions chronologiques. Saint-Martin (Mémoires, I, p. 319 et suiv. et p. 413 et suiv.) estime, contre le P. Tchamtchian, qu'Artasir fut le dernier roi de la dynastie arsacide en Arménie; elle aurait occupé le trône d'Arménie c pendant environ cinq cent quatre-vingts ans, et aurait pris fin l'an 428 après J.-C. — Et. de Taron consacre le chapitre v du livre I de son histoire aux rois arsacides d'Arménie ; ce chapitre v est un abrégé des chapitres ii à lxxiv du livre II de l'Histoire d'Arménie de Moïse de Khoren (Et. de Taron, trad. Dulaurier, p. 67). Ces deux historiens n'ont pas de passage correspondant à celui-ci de Pseudo-Sébéos. Pour plus de détails sur cette question controversée, voir Baoatti, (Collection d'historiens arméniens, t. I, p. v-viii. La dynastie arsacide arménienne avait duré 415 ans d'après Thomas Arcruni; elle s'éteignit en 451 d'après Samuel d'Ani, en 451 d'après Mxithar d’Aïrivank. Elle avait duré 568 ans d'après Kirakos et 559 d'après Et. de Taron.

[52] Ce dernier paragraphe est la suite naturelle de ce qui précède, après l'extinction du royaume d'Arménie. Le procédé de rédaction est le même de part et d'autre.

[53] Léon I, 457-474.

[54] Lacune dans le texte, que nous proposons de combler en ajoutant le nom du roi de Perse.

[55] Cf. Sébéos. éd. Patk., p. 99, et id., trad. Macler, p. 89 et suiv.

[56] Texte (Sébéos, éd. Patk., p. 21, l. 1) « Kostos », qui doit n'être qu'une simple faute d'impression, au lieu de ce qui est imprimé correctement à la ligne suivante.

[57] Sébéos (trad. Macler, p. 132) assigne 542 ans pour la durée de la dynastie sassanide. Brosset, Collection..., I, p. viii-ix, mentionne les divergences des écrivains arméniens à ce sujet. Elle aurait duré 543 ans, d'après Thomas Arcruni, 386 ans, .d'après Et. de Taron; 412 ans d'après Samuel d'Ani; 418 ans, d'après Mikhael Asori et Mxithar d'Aïrivank; 48i ans, d'après Ghévond et Vardan ; 426 ans, d'après Lebeau et Saint-Martin (fin de la dynastie sassanide en l'an 651 après J.-C.), et d'après Tabari-Nöldeke, p. 435, Anhang A (226-652) ; 408 ans, d'après Maribas Kaldoyo (cf. Journal asiatique, mai-juin 1903, p. 543-544 et p. 544, n. 1, où sont exposées les données de Michel le Syrien et de Bar Hebraeus). M. Hübschmann avait également déjà fait observer (Zur Geschichte Armeniens. ... p. 10, n. 1) qu'aucun historien arménien ne connaissait la durée exacte de la domination sassanide. — Nous avons restreint volontairement le nombre des notes accompagnant la présente traduction. Celle-ci doit avoir la valeur d'un document mis à la disposition de ceux qui ne peuvent le consulter en arménien. Ce n'est, pas plus que notre traduction de Sébéos, un exposé de l'histoire aux époques dont il est question ; et il n'y a pas lieu de reprocher au traducteur de n'avoir pas fait montre de connaissances historiques et théologiques, puisqu'il déclare ne vouloir donner qu'une traduction et non pas un manuel de l'histoire des Sassanides ou des Arsacides (cf. Bulletin critique, 15 juin 1905, p. 321-323). Pour la même raison, nous maintenons le système de transcription adopté dans la traduction de Sébéos (voir ibid.. p. xv), pensant qu'il y a tout avantage à présenter au lecteur l'aspect arménien de mots qui sont suffisamment connus par ailleurs.