Panaretos

MICHEL PANARÈTE

 

CHRONIQUE DE TRÉBIZONDE

 

Traduction française : M. BROSSET JEUNE

 

Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer

 

 

 

Περὶ τῶν τῆς Τραπεζοῦντος βασιλέων τῶν μεγάλων Κομνηνῶν

 

CHRONIQUE DE TRÉBIZONDE,[1]

 

COMPOSÉE EN GREC PAR

 

MICHEL PANARÈTE,[2]

 

PUBLIÉE POUR LA PREMIÈRE FOIS, D'APRÈS UN MANUSCRIT DE VENISE, PAR M. TAFEL, A LA SUITE SES OPUSCULES D'EUSTATHE, EN 1829, ET TRADUITE EN FRANÇAIS

PAR M. BROSSET JEUNE.

 

Extraits de l’Histoire du Bas-Empire, par Lebeau, 1836,

revue par M. de Saint-Martin et continuée par M. Brosset jeune.

 

N. B. Au lieu de continuer à morceler ce curieux fragment d'histoire, comme nous l'avons fait dans les volumes précédents (xv, p. 255; xvii, 254, 470; xviii, 280; xix, 86), chaque fois que les destinées de Trébizonde ont eu quelque rapport arec celles de la ville impériale, je pense être agréable au lecteur en le lui présentant d'ensemble. Panarète est un écrivain de la basse grécité ; on trouve chez lui beaucoup de ces idiotismes particuliers aux Byzantins, qui sont trop connus pour avoir besoin d'être relevés. Comme historien, Panarète est sec et concis ainsi qu'un faiseur de sommaires. Son texte, d'ailleurs, n'est pas encore tel que M. Tafel se propose de l'établir dans une publication subséquente; il y a en outre beaucoup de lacunes, et plusieurs mots tout à fait barbares qu'il faut désespérer de pouvoir expliquer, même avec Ducange.

Je reprends le récit de Panarète où je l'ai laissé, t. xix, p. 86, et à l'endroit où il peut fournir quelques éclaircissements pour le texte de l'histoire du Bas-Empire, l. cxi, § 34 du présent volume.

 

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III. Règne de Manuel Grand-Comnène. Joannice fut donc rasé et fait moine, et son deuxième frère[3], Kyr Manuel Grand-Comnène, succéda au trône, la même année 6746 (1138), prince non moins heureux que guerrier habile. La 5e année de on règne, en 6751 (1143), l'indiction 15e, au mois de janvier, il y eut un grand incendie. Après un règne de 25 ans, ce prince pieux et habile mourut au mois de mars, l'an 6771 (1263).

IV. Règne de Kyr Andronic Grand-Comnène. Désigné et choisi par lui, Kyr Andronic Comnène (2e du nom), qu'il avait eu de la reine Anne Xylaloë, régna après lui, pendant 3 ans. Il mourut en 6774 (1166). Il eut pour successeur Kyr George Comnène, fils de Kyr Manuel et de la reine Irène Syrikène, pendant quatorze ans. Celui-ci fut traitreusement livré par les archontes dans le mont Taurus, et fait prisonnier au mois de juin.

Les 14 ans du règne de Kyr George nous amènent à l'année 6788 (1280), qui n'est point indiquée par le chroniqueur.

V. Règne de Kyr-Jean Grand-Comnène. La même année (6788, 1280), son frère Kyr Jean (2e du nom) Grand-Comnène hérita de son sceptre. Un an après (1281), Papadopoulos se révolta contre lui ; mais il s'échappa, et vint à Constantinople, où il épousa Kyra Eudokia Comnène-Paléologue, Porphyrogénète, fille de l'empereur Kyr Michel Paléologue, sœur de l'empereur Kyr Andronic Paléologue. Il faut savoir que ce mariage de Kyr Jean Grand-Comnène avec la princesse se fit du vivant de l'empereur. Kyr Michel Paléologue étant mort le 10 décembre, son fils Kyr Andronic lui succéda, après avoir décrié son père à cause de son amour pour les Latins. En l'an 6790 (1282), au mois d'avril, David, roi d'Ibérie, vint à Trébizonde, l'assiégea sans succès, et s'en retourna le 25 du mois d'avril 6791 (1283). Kyr Jean Grand-Comnène revint de Constantinople avec la princesse Paléologue, qui était enceinte; elle mit au monde Kyr Alexis Grand- Comnène en 6792 (1284). Ensuite eut lieu l'incursion et l'arrestation de Kyr George Comnène, que l'on a dit avoir été exilé. Kyr Jean l'associa au trône. Alors aussi s'enfuit soudainement d'auprès de Ronsantana d'Ibérie, Kyra Théodora Comnène, première fille de Kyr Manuel Grand-Comnène. Kaloioannès Comnène fut de nouveau replacé sur le trône, et après avoir régné en tout 18 ans, il mourut à Limnium, le vendredi 16 août. Le vendredi 16 janvier 6805 (1297)…[4]………….. Car durant son règne, les Turks s'emparèrent de la Chalybie, et y firent un tel ravage, que des contrées entières restèrent désertes. Ses restes furent portés à Trébizonde et ensevelis dans l'église de l'image Chrysocéphale, ou à tête d'or.

VI. Kyr Alexis (IIe du nom) Grand-Comnène, succéda à son père, Jean II, mort en 1297 et épousa la fille de Pékaï d’Ibérie. La princesse Paléologue vint à Constantinople le 11 juin 6806 (1298) 11e indiction, et revint de nouveau en 6809, au mois de mars, 14e indiction, L’empereur Kyr Alexis marcha contre les Turks, surprit et vainquit Koustouga[5] à Kérasonte, en 6810 (1302), au mois de septembre, et fit un grand carnage des ennemis. Le jeudi 13 septembre de la même année, mourut la reine Kyr. Eudokia Paléologue. Le dimanche 30 novembre 6819 (1310), il y eut un grand incendie dans la citadelle. L’année suivante, au mois de juin, l’arsenal fut brûlé par les Latins, ce qui donna lieu à un grand combat, Parianès enleva Tzerga, le samedi 2 octobre 6822 (1313). Le 2 avril 6822, il y eut un grand incendie allumé par ceux de Sinope, qui ravagea les plus beaux édifices tant au dedans, qu’au dehors de la ville.

VII. Mort d'Alexis (II), Grand-Comnène, le jeudi 3 mai 6838 (1330), après trente-trois ans et trois mois de règne.

VIII. Son fils Andronic (III), Grand-Comnène, lui succéda et fit périr ses deux jeunes frères, kyr Michel Azakhoutlou et kyr Georges Akhpouganès. Après un règne d'un an et huit mois, il mourut, le mercredi 8 janvier 6840 (1332).

IX. Son fils kyr Manuel (II)[6] Grand-Comnène, âgé de huit ans, lui succéda et ne régna que huit mois. Car, durant cet intervalle, Parianis vint avec une armée nombreuse jusqu'à Asomatos.[7] Beaucoup de Turks furent tués, et le reste s'enfuit en désordre; on leur prit aussi beaucoup de chevaux. C'était au mois d'août de l'an 6840 (1332). Le 22 septembre 6841 (1333), kyr Basile, Grand-Comnène, fils de kyr Alexis Grand-Comnène, et second frère de kyr Andronic, arriva de Constantinople. Il s'empara du trône, et fit périr en cette rencontre le grand-duc Lékis Tzatzintzée et son fils Zampa, grand-domestique. Quant à son cousin[8] kyr Manuel, il l'exila, et la grande-duchesse Syrikéna fut lapidée. Le 13 février, dimanche de l'Orthodoxie, en la même année 6841 (1333), 1ère indiction, l'eunuque Jean, grand-duc, s'étant révolté, tua kyr Manuel d'un coup d'épée. Le mardi 12 septembre, indiction 3e, l'an 6843 (1335), la reine kyra Irène Paléologue,[9] fille de kyr Andronic Paléologue, arriva à Trébizonde, et le dimanche, 17 du mène mois, kyr Basile (V) fut salué roi.

Le vendredi 5 juillet, 4e indiction, en l’année 6844 (1336), Sichasa, fils de Tamartas, vint à Trébizonde, et il y eut un combat à Akhantaca de Saint-Kiric[10] et à Minthrios. Par la grâce de Dieu, l'ennemi fut vaincu complètement et forcé à prendre la fuite. Son Raemes, fils de Rousthavi, fut aussi tué.[11] Le deuxième jour du mois de mars, commencement du jeûne en l'honneur de la Vierge, il y eut une éclipse de soleil de quatre à sept heures; le peuple se souleva contre le roi, et s'étant rassemblé hors de la citadelle,[12] lança des pierres contre lui. Ceci eut lieu en l'an 6845 (1337), au mois d'octobre, 5e indiction. L'an 6847 (1339), naquît kyr Joannès, Grand Comnène, surnommé kyr Alexis, second fils de kyr Basile. Celui-ci salua reine de Trébizonde kyra Irène, le 8 du mois de juillet, même année. Le roi kyr Basile, Grand-Comnène, mourut le jeudi 6 avril, en 6848 (1340), indiction 8e, après un règne de sept ans et six mois. Ses fils kyr Alexis et Kalojean[13] furent envoyés à Constantinople, et sa veuve kyra Irène monta sur le trône. Il y eut aussitôt révolte des archontes et scission en deux partis. Le grand-général kyr Sébaste, Tzanichite,[14] avec les scolaires et les Mitzomates,[15] aidé de Constantin Doranite, des Kabasites, de Kamakhène, de quelques hommes du peuple et de quelques gardes du palais, se rendirent maîtres de Saint-Eugénius.[16] Les Amytzantarantes s'emparèrent, de leur cité, de In citadelle et de la personne de la reine.

Le dimanche 2 juillet 6848 (1340), le grand-duc Jean l'eunuque vint de Limnia[17] avec une grande armée; on se battit, on tira les machines contre la citadelle, qui fut livrée aux flammes, et tous ses beaux édifices incendiés. Le Tzanichite et les autres chefs furent exilés à Limnia, où ils moururent.[18]

Le même mois de la même année, notre armée passa dans le mont Parkharis,[19] ravagea le pays d'Amit, et y fit beaucoup de butin. Les fils de Dolinos y périrent.

Le vendredi 5 juillet,[20] 9e indiction, en 6849 (1341), le roi des Romains kyr Andronic (III) Paléologue mourut. Le même mois de la même année moururent les archontes à Limnia. Encore la même année, le mercredi 4 juillet,[21] les Turks d'Amit firent une incursion dans notre pays, et mirent les Grecs en fuite, sans qu'ils rendissent combat, et firent périr beaucoup de chrétiens. Trébizonde tout entière fut brûlée par dedans et par dehors, beaucoup de peuple, de femmes et d’enfants moururent dans les flammes. A ce malheur se joignit tout à coup la contagion causée par la mauvaise odeur des cadavres d'hommes et d'animaux.

Mais avant cela kyra Anna Anakhoutlou, fille de kyr Alexis, Grand-Comnène, quittant l'habit monacal, vint dans la Lazie, et s'en empara. Après avoir mis tout à feu et à sang, l'Anakhoutlou, avec son armée de Lazes, s'empara de la royauté, le mardi 17 juillet de la même année; Quant à la princesse Paléologue, elle descendit du tronc après un règne d'un an et trois mois. Le lundi 30 du même mois de la même année, kyr Michel, Grand-Comnène, fils d'Alexis, vint de Mégalopolis avec trois vaisseaux, le scolaire Nicétas, et kyr Grégoire Midsomate. Ils débarquent avec peine, et les archontes lui prêtent serment, ainsi que le métropolite Acace, et[22]... le reconnaissent pour maître. Mais le matin, je ne sais comment il se fit que le peuple le chassa. Quant aux barques, les Lazes s'en emparèrent, et ils tuèrent beaucoup de monde avec leurs traits.

Le vendredi 3 du même mois, en l'année 6849 (1341), les Turks d'Amit revinrent de nouveau, mais, par la grâce de Dieu, ils ne purent nous faire aucun mal, et s'en allèrent avec honte, les mains vides. Le 7 du même mois de la même année, kyr Michel[23] fut envoyé en exil à Oenéon,[24] puis à Limnia. Le 10 du même mois de la même année, kyra Irène Paléologue fut envoyée à Constantinople sur une galère franque. Le 10 septembre, kyr Nicétas et Grégoire Midzoniate, kyr Constantin Doranite et son fils Jean, Michel, frère de Midzomate, et beaucoup d'autres de la même faction, prirent la fuite et vinrent à Constantinople sur une galère vénitienne. Le 17 septembre, ils partirent avec kyr Jean Comnène, fils de Michel, sur deux galères vénitiennes et trois génoises, et arrivèrent à Trébizonde le mercredi 4 septembre de l’an 6851 (1343). Kyr Jean (III)[25] fut couronné[26] le 9 du même mois dans Chrysocéphale,[27] dans le...[28], et en cette occasion les populations se rassemblèrent de toutes parts; il y eut des poursuites et de grandes dévastations. Les archontes Abytzantariens y furent tués; Sagalé, mère de kyr Georges fut insultée, et avec elle fut étranglée la princesse Anachoutlou, après un règne d'un an un mois et huit jours.

X. Au mois de juin-6851 (1343) les Turks d'Amit[29] vinrent nous attaquer, et s'en retournèrent sans succès. L'eunuque grand-duc, qui gardait kyr Michel à Limnia, ayant été tué au mois de mars, le scholaire grand-duc vint chercher kyr Michel, qui monta sur le trône le lundi 3 mai 6852 (1344) et fut couronné le même mois. Après un an et huit mois de règne, ce prince relégua son fils, de force, dans la Laure de Saint-Saba.[30]

Les premiers personnages ayant été massacrés, le scholaire Nicétas fut fait grand-duc; Grégoire Midzomate, grand-général; Léon Kabasite, grand-domestique; Constantin Doranite, vestiaire; son fils, échanson; Jean Kabasite, grand-intendant des finances; le fils du scolaire Midzomate, chambellan; Amirtzaoutzis,[31] Tzanichite ...; Etienne, grand-connétable.

XI. En novembre 6854 (1346),le roi kyr Michel fit arrêter le scolaire grand-duc, le grand-domestique Midzomate, et autres du même parti. Kyr Jean Comnène fut alors envoyé à Constantinople en 6855 (1347); Saint-André et le hynaeon[32] furent pris.

XII. En septembre, 1re indiction, la peste dite panoukla[33] se déclare ; les enfants, les frères, les parents sont enlevés en grand nombre. Elle régna sept mois.

XIII. La même année 6856 (1348), au mois de janvier, Kérasonte est prise, ravagée, incendiée par les Ianoaïtes.[34] La même année, 1re indiction, le 29 juin, une armée de Turks fond sur Trébizonde; c'étaient Acchis Aïna Paka, de Tzichaïn, Machmat Eckeptaris de Païpert, Touralipek d'Amit, et Postoganès, à la tête des Tzianes.[35] La guerre retentit à nos oreilles pendant trois jours ; puis ils s'enfuirent honteux et battus, non sans pertes de beaucoup de Turks.

XIV. Le mardi 5 mai 6847 (1349), arrivèrent ici, de Kapha, deux galères franques; une de nos grandes galères et une petite sortirent de Daphnus, avec bon nombre de petites barques; on se battit. Par la faveur du ciel, les Francs furent vainqueurs. Le grand-duc Jean Kabasite fut tué avec beaucoup d'autres, ainsi que kyr Michel, Tzanichite. La galère fut brûlée; les Francs qui étaient sur la terre ferme furent tués ou chassés, et leur escadre partit.

XV. Le 15 juin 6857 (1349) parurent trois galères de Kapha et une barque d'Aminso;[36] après beaucoup de pourparlers.de contestations et de propositions, la paix se fit en leur livrant Léontocastron ; car alors le roi kyr Michel était très malade. Le scholaire Nicétas étant venu de Kenchrina, fut fait grand-duc, et épousa la fille de Samson. Le règne de kyr Michel avait déjà duré deux ans et sept mois.[37]

XVI. Le dimanche 13 décembre 6858 (1350), kyr Michel Comnène descendit du trône. Le mardi 22 du même mois, kyr Jean, surnommé à cause de son aïeul, kyr Alexis, fils de Basile Comnène, vint à Trébizonde, accompagné de sa mère Irène, Grande-Comnène, et fut déclaré roi. Il fut couronné le 21 janvier, jour de Saint-Eugénius, dans l'église du même saint. Pour kyr Michel, il le fit raser, et le relégua au monastère de Saint-Saba. Un an après, i! fut envoyé à Constantinople avec Tatas[38] kyr Michel Samson, qui devint plus tard gendre de l'empereur.

La même année 6858 (1350), il y eut de grandes dissensions parmi les archontes, par suite desquelles furent arrêtés, au mois de juin, le grand-général, kyr Théodore Doranite, dit Pilélès, son frère, Constantin Doranite, le vestiaire, et toute sa famille. Les personnages ci-dessus furent enfermés dans le palais des archontes et rappelés ensuite le 7 du même mois.[39]

Au mois de janvier 6859 (1351), Léon Kabasite, vestiaire, fut arrêté, et Pilélès élevé en sa place. Tatas Michel Samson s'embarqua pour aller à Constantinople épouser la princesse Chobé, fille de l'empereur. La même année, au mois de mai, un lundi, le palais fut pris par Pilélès et ses partisans. Le scholaire grand-duc fut fait prisonnier. Le peuple s'étant soulevé, il fut délivré, et le roi s'en alla à Tripoli. Pilélès, son fils et son gendre, et les fils de Xénite, furent envoyés tous ensemble à Kenchrina. Le 3 septembre, 4e indiction 6860 (1352), la princesse Comnène Cantacuzène, fille de kyr Nicéphore Cantacuzène sebastocrator, cousin germain de kyr Jean Cantacuzène, empereur des Grecs, arriva de Constantinople sur une galère. Le 28 du mois, elle fut nommée pour la première fois avec le roi dans les prières, au couvent de Saint-Eugénius.

La même année 6860 (1352), le 22 septembre, nous partîmes avec la reine, mère du roi, pour Limnia, contre Constantin Doranite, frère de Pilélès, vestiaire, qui y commandait, et nous revînmes trois mois après.

XVII. Au mois de juin de la même année, l'échanson Jean Tzachinite se révolta et s'empara du château de Tzanicha.[40] En avril[41] de la même année, la reine y alla avec le roi, et ils rétablirent la tranquillité. Au mois de juin de la même année, furent étranglés Pilélès, son fils et son gendre, dans le château de Kenchrina. La même année 6860 (1352), la sœur du roi, kyra Maria, Grande-Comnène, partit pour épouser Choutlou-pek, fils de Tourali, émir d'Amit, au mois d'août. La même année,[42] les galères vénitiennes attaquèrent celles de Gênes et brûlèrent beaucoup de vaisseaux. Dans le même mois de juin 6862 (1354), le scholaire s'enfuit à Kérasonte,[43] mais qui peut dire ce qui arriva dans l'intervalle du mois, et les apocrisiaires?[44]

XVIII. Le 22 mars 6863 (1355), le scholaire grand-duc, accompagné de son fils le chambellan, vînt à Trébizonde avec une galère et onze barques. Le protovestiaire Basile Choupakt alla à sa rencontre. Après bien des paroles et des contestations, tout se rétablit, et ils revinrent à Trébizonde.

La même année 6863 (1355), 8e indiction, au mois de mai, le roi arma deux galères et quelques petits bâtiments, et partit avec la reine son aïeule et le métropolite, pour attaquer le scholaire à Kérasonte. Ce dernier était à Kenchrina, et le chambellan, son fils, à Kérasonte. Après un combat qui eut lieu, on se réconcilia, et Kérasonte se soumit au roi. Le chambellan quitta la ville et vint rejoindre son père à Kenchrina, où étaient tous les partisans du scholaire. Le roi, avant renvoyé sa flotte et la reine à Tripolis,[45] vint de sa personne à Kenchrina. Là ayant rassemblé de la cavalerie, il fit serrer de près, du côté de terre, ceux de la ville, et s'en alla lui-même par mer. Après un combat, les révoltés se soumirent au roi et le reconnurent. Le roi et sa suite revinrent; mais le scholaire, avec ses amis, resta au même lieu, et fut rejoint par le protovestiaire et ceux de son parti venant de Limnia.

Au même mois de la même année, Jean Kabasite, duc de Chaldée, surprit avec une armée Chériana, et s'en empara. Sorogaïna[46] fut aussi délivrée et fit sa soumission au roi. La même année, kyr Michel, Grand-Comnène, s'échappa de Constantinople, s'avança jusqu'à Samchat et battit ensuite en retraite.

XIX. Au mois d'octobre, 9e indiction, l'an 6864 (1356), le grand-domestique Midzomate et le grand-général Samson s'avancèrent jusqu'à Tripoli et Kenchrina, et en s'emparant du scholaire et des siens rétablirent la paix.

XX. Le vendredi 27 novembre, 9e indiction, l'an 6864 (1356), poussés par un mauvais génie, nous marchâmes contre Chériana avec le roi; d'abord nous fîmes des ravages, du butin et des prisonniers, mais à la sixième heure, nous prîmes la fuite en désordre, poursuivis par une poignée de Turks ; quatre cents chrétiens furent tués, ainsi que beaucoup de chevaux. Jean Kabasite, duc de Chaldée, succomba aussi; si le Seigneur n'eût été avec nous, j'aurais péri moi-même. Mais, grâce a la vigueur de mon cheval, je pus assurer la retraite du roi, et nous revînmes à Trébizonde en trois jours. A cette époque, il naquit au roi un fils, kyr Andronic, d'une femme étrangère, qu'il préférait à la reine.[47]

XXI. Le 19 décembre, 10e indiction, en 6865 (1357), nous suivîmes le roi à Limnia, après avoir célébré la Nativité du Christ a Kérasonte, et la fête des Lumières à Jasonis.[48] Quatorze Turks furent tués. Nous marchâmes sur Limnia, et nous revînmes à Trébizonde, après une expédition de trois mois.

Le jeudi-saint, 6 avril, 10e indiction, en la même année 6865 (1357), naquit kyra Anna, fille du roi et de notre reine kyra Théodora.

XXIII. Au mois de mai, 10e indiction, en l'année 6865 (1357), le roi marcha avec ses troupes vers le Parkharis, et parcourut toute la contrée.

XXIV. Le samedi 11 septembre, 11e indiction, l'an 6866 (1358), arriva de Sinope kyra Eudoxia, fille de kyr Alexis, Grand-Comnène. Le lundi 13 du même mois, 11e indiction, même année, profitant de notre négligence, Chatzymiris, fils de Païram, vint à Matzouca[49] avec beaucoup de troupes, ravagea, le pays, enleva du butin de toute espèce depuis Paléomatzouca jusqu'à Dikaisrnos.

XXV. Le 22 janvier, même année (1358), Jean Léontosthète, apocrisiaire, vint de Constantinople.

XXVI. Le mercredi 22 août, 11e indiction, l'an 6866 (1358), Despinachat[50] kyra Maria, sœur du roi, mariée à Choutlou-pek, vint à Trébizonde. Le mercredi 19 août, 11e indiction, même année, kyra Théodora, fille du roi kyr Basile (Ier), partit pour épouser Chatzymiris, fils de Païram, accompagnée de Choupaka kyr Basile le scholaire, son chef de noce.

XXVII.        Le lundi 17 septembre, 12e indiction, l'an 6867 (1359), dans l'après-dîner, il naquit au roi un fils, qu'il nomma kyr Basile, du nom de son aïeul.

XXVIII. (Ce § manque, ou les suivants ont été inexactement numérotés).

XXIX. Le lundi 5 de mai, 14e indiction, l’an 6869 (1361), il y eut une éclipse de soleil telle qu'on n'en vit point de nos jours. Les astres disparurent du ciel; elle dura une heure, minutes.[51] Le roi kyr Alexis et sa mère kyra Irène, quelques-uns des archontes, et moi avec eux, nous nous réunîmes dans le couvent de Souméla, à Matzouca, en cette circonstance, et nous y priâmes longtemps.

La même année 6869 (1361), le 6 décembre, six mois auparavant,[52] le roi était allé à Limnia et en était revenu après une absence de trois mois. La même année, arriva de Constantinople l'apocrisiaire Léontosthète, envoyé par l'empereur kyr Jean Paléologue pour solliciter la main de la fille de notre souverain. La même année, 15e indiction,[53] le mercredi ….. du mois de juillet, dans l'après-dîner, mourut le scolaire Nicétas, grand-duc. Le roi, vivement affligé, accompagna ses funérailles, vêtu de blanc, en signe de douleur, comme cela se pratique pour les princes du plus haut rang.

Le vendredi 13 juillet, 14e indiction, en 6869 (1361), le gouverneur[54] de Païpert Chotzi-Alatiph, avec quatre cents soldats choisis, tomba à l'improviste sur Matzouca, Larachana et Chasdenicha. Mais, par des chemins détournés, les habitants de Matzouca surprirent les Turks, en tuèrent six, en prirent un plus grand nombre, quantité de chevaux et d'armes, et coupèrent la tête à Chotzi-Alatiph lui-même. Le lendemain, toutes ces têtes furent portées en triomphe à travers Trébizonde.

XXX. Le 13 décembre, nous partîmes à la suite du roi pour la Chalybie, marchant contre Hospitocastron, qui appartenait à Chatzimiri, fils de Païram, pour le punir d'avoir fait une incursion à main armée contre Kérasonte, et de nous y avoir attaqués. De la Chalybie, nous allâmes par terre à Kérasonte, suivis de l'émir Chatzymiri avec ses Turks devenus pour ainsi dire nos esclaves.

En la 15e indiction, 6870 (1362), au mois d'octobre de la même année, Acchiaïna-Pak d'Erzinga[55] vint assiéger le château de Golacha. Durant seize jours, il employa ses machines et livra de fréquents assauts; mais n'ayant pu réussir, grâces à Dieu, il s'en alla honteusement, les mains vides. Le roi rebâtit alors le temple de Saint-Phokha à Kordylé, et y établit un couvent.

XXXI. La même année 6870 (1362), nouvelle invasion de la maladie des bubons, qui régna toute l'année. La chaleur de l'été fut si violente, qu'elle causa beaucoup de maladies et d'émigrations. Au mois de mars de la même année, le roi, la reine et sa mère, allèrent à Mésochaldia, soit à cause de la peste, soit à cause de la fuite de Jean Comnène d'Andrinople, et de son arrivée à Sinope, où il fut arrêté.[56] Cependant les princes n'entrèrent point au château de Trébizonde, au retour de la Chaldée, à cause de la violence de la maladie (on était alors au mois de juin); mais ils campèrent à Saint-Jean-Baptiste, sur la colline de Minthros. Alors il vint un envoyé de Tzalapi-Tadzatin pour demander la fille du roi. Peu s'en fallut qu'il n'y eût une sédition contre le roi. Kyr Jean Comnène s'échappa de sa prison, vint à Kapha et de là à Galata.

XXXII. Au mois d'avril de l'an 6871 (1363), 1ère indiction , nous allâmes, avec la galère royale, à la grande ville, le grand-logothète, kyr George, le scholaire, le sébaste, et nous Michel Panarète, secrétaire, auteur de cette histoire. Là nous fîmes les redoutables prostrations. Nous vîmes le roi kyr Jean Paléo- logue, le roi kyr Josapha[57] Cantacuzène, le patriarche, kyr Calliste, les reines, les fils du roi, le capitaine podestat génois de Galata, et Léonardo Montato. Nous déclarâmes accéder à ce que le fils de l'empereur Paléologue épousât la fille du roi kyr Alexis, Grand-Comnène de Trébizonde, et nous revînmes le 2 juin.

XXXIJI. Le 15 août de la même année, nous voulûmes visiter Choutlou-Pek, fils de Tourali, mais la peste qui affligeait les Turks empêcha la chose de se faire, et nous revînmes à Trébizonde après vingt-sept jours d'absence.

XXXIV. Le vendredi 27 octobre, 2e indiction, en 6872 (1364), comme le roi descendait le fleuve de Saint-Grégoire, les archontes de la famille Kabasite, le grand-logothète kyr Grégoire et autres, fondirent sur lui au débarquement, et le poursuivirent jusqu'au palais. Les Kabasites furent arrêtés, comme ils s'enfuyaient par terre, et chargés de chaînes. Mais le grand-logothète s'enfuit à Kérasonte puis à Aminsos. Le métropolite Niphon Ptérygionite, complice de son forfait, fut relégué au couvent de Souméla.[58] Le vendredi 29 octobre, par la médiation de Dzianote Spinoul,[59] d'Etienne et de Dakyépi, le grand-logothète obtint la permission de revenir.

XXXV. La même année 6872 (1364), 2e indiction, le mardi saint 19 mars, kyr Niphon ; métropolite de Trébizonde, mourut d'une pleurésie, étant encore à Souméla. Il fut solennellement enseveli à Chrysoképhale, dans la tombe du métropolite kyr Barnabas. Le scévophylax (conservateur des vases sacrés) Joseph Lazaropoulos fut inauguré et alla à Constantinople.

XXXVI. Le mardi matin, 16 décembre 6873 (1365), 3e indiction, il naquît au roi un fils, qui fut nommé Manuel.[60]

XXXVII. Le 13 avril 6873 (1365), le grand dimanche de Pâques, comme le roi était sur la place publique, il y eut une querelle entre le consul et le baile.[61] Le métropolite Joseph, élu patriarche, de Trébizonde, arriva (de Constantinople), et son installation se fit le mardi de Pâques, jour du Renouvellement

XXXVIII. Le 14 juillet, 3e indiction, 6873, l'émir Choutlou-Pek, gendre du roi, vint dans cette bienheureuse ville de Trébizonde, avec son épouse kyra Maria Desphinchat, Grande-Comnène; il visita le roi et entra au palais. Après avoir demeuré environ huit jours à Saint-Jean-Baptiste,[62] il s'en alla en paix avec de grands honneurs.

XXXIX. L'année suivante, le roi alla à Parkham et nous tous à sa suite nous vînmes de Spélia à Phianoé ; nous passâmes près de Gantopédis et de Marmara, et traversant Saint-Mercure, nous allâmes à Achantaka, au nombre de plus de deux mille, tant piétons que cavaliers; après avoir accompagné l'émir durant quatre jours ( nous revînmes.

Au mois de juin, 4e indiction en 6875 (1367), nous partîmes pour la Lazique, avec des troupes de terre et de mer, accompagnant le roi, la reine sa mère; et la fille du roi, kyra Anna Grande-Comnène, fut mariée à kyr Pancratis[63] Pancratide, roi des Ibériens et des Abasges, dans le lieu nommé Macrégiale.[64] Immédiatement après, le roi alla de Larachané à Parkharis, à Limnique et jusqu'à la Chaldée.

XL. Le 12 octobre, 6e indiction, en 6876 (1368), le métropolite Joseph quitta son siège pour se retirer au couvent d’Éléousa.[65] Le 19 juillet, même année, j'allai à Constantinople à cause des ravages exercés sur les Araniotes par les barques Azariques.[66] Mon cher fils Constantin (malheureux, pécheur que je suis !) tomba dans la mer le jour de La Transfiguration, et s'y noya à la hauteur du couvent de Sainte-Sophie, à l'âge de quinze ans. Après lui, j'eus le regret de perdre mon autre fils, Romanos, âgé de dix-sept ans, par l'effet d'une dysurie. Après un séjour de trois mois, je revins.

XLI. La même année, au mois de mars, Glitziaslan envahît nos possessions de Chaldée.[67] Le roi marcha contre lui avec ses troupes, au mois de janvier 6877 (1369), 7e indiction, le jour de la fête des Lumières. Golacha fut enlevée par surprise par les Turks, et les Chaldéens furent anéantis soit par le glaive dans les combats, soit dans la fatale caverne de ce pays.[68]

XLII. La même année 6877 (1369), à la fin de janvier, le roi alla à Limnia avec une belle flotte, et revint quatre mois après.

XLIII. Au mois de mai, 8e indiction, 6878 (1370), le roi alla avec une poignée de soldats à Parkharis, du côté de Marmara. Le samedi 21 du même mois, ils rencontrèrent les Turks à l'improviste, au nombre de cinq cents cavaliers et de trois cents piétons; le roi n'avait près de lui que cent cavaliers. On se battit; le roi fut vainqueur et s'empara des dépouilles des Turks, de plusieurs têtes des Musulmans et de leur drapeau.

XLIV. Le mardi 13 août, 8e indiction, 6878 (1370), le métropolite kyr Théodose vint à Trébizonde, où il fut installé. Natif de Thessalonique, il avait demeuré vingt ans à la Sainte-Montagne. Il était venu à Constantinople avec le titre d'hégoumène (abbé) du monastère de Mangana. Puis, élu par le synode, il nous fut envoyé le 6 août. Nous allâmes dans la Lazique vers la fin du mois, et vers le commencement de l’année 6881 (1373) nous nous abouchâmes avec le roi Pancratis (d'Ibérie). De là nous allâmes à Bathys[69] ou nous dressâmes nos tentes, ayant hors du port quarante galères et barques. Là nous reçûmes le goureli,[70] qui venait présenter ses hommages au roi, et six jours après nous revînmes. C'était la 11e indiction.

XLV. Le 13 janvier, le roi partît pour Chériana; comme il tombait beaucoup de neige, et que l'hiver était rigoureux, il fallut revenir. Cent quarante chrétiens furent massacrés par l'ennemi; un plus grand nombre mourut de froid. C'était dans la 11e indiction.

XLVI. Le vendredi 11 octobre 6882 (1374), 12e indiction, kyr Michel, fils de Jean Paléologue, roi des Romains, vint avec deux grandes galères et une petite attaquer notre roi, et partit cinq jours après, n'ayant pu exécuter une surprise. Le vestiaire kyr Jean Andronicopoulos, qui l'accompagnait, s'étant retiré, Paléologue dut se retirer aussi, après avoir fait un traité avec notre roi.

XLVII. Le dimanche 16 avril, 12e indiction, 6882 (1374), Golacha fut prise par les Chaldéens, rentra sous l'obéissance du roi, et fut bientôt reprise par les ennemis.

XLVIII. Le vendredi 14 mars, 14e indiction, 6884 (1376), kyr Andronic despote, fils du roi, Grand-Comnène, tomba du haut du palais du roi kyr Andronic, Grand-Comnène. On le porta aussitôt au palais, où il mourut, et il fut enterré dans le couvent de Théosképaste. Le roi son père, les reines son aïeule, sa belle-mère, suivirent le cortège. Quant aux. conventions qui existaient entre lui et la fille du roi d'Ibérie, David, roi de Tiflis,[71] cousine d'Achnougha par sa sœur, elles furent transportées sur la personne du jeune fils du roi kyr Manuel Grand-Comnène, son fils propre et légitime. Quand les fiançailles furent faites, le roi, et nous à sa suite, nous partîmes le 10 mai, 15e indiction, 6885 (1375); puis, revenant en Lazique, nous traversâmes tout Kalovéris, du côté de Macrégiale, jusqu'au 15 août. Alors, la princesse vint elle-même de Gonia[72] à Macrégiale. Le lendemain nous partîmes et arrivâmes à Trébizonde, le dimanche 30 août. Le samedi 5 de la nouvelle année, au mois de septembre, 1ère indiction, 6887 (1379), elle fut couronnée[73] avec la pompe royale, et nommée Eudocie. Son nom précédent était Choulchan-Chat. Le lendemain dimanche 6 octobre, la noce fut célébrée et dura au-delà de la semaine. Ce fut le (patriarche) trébizontin Théodore qui lui donna la bénédiction, et son père lui posa la couronne.

XLIX Après beaucoup de pourparlers et d'ambassades entre les Grecs et les musulmans, entre le roi et Tatziatin-Tzialapi, le roi partit le 14 août, 3e indiction, avec deux grandes galères et deux moindres, emmenant sa fille Eudocie. Arrivés à Kérasonte, nous apprîmes, par un message de Trébizonde, que Chliatzaslan serait bientôt dans celte ville. Le roi, laissant sa fille à Kérasonte, vint avec les archontes à Trébizonde, fortifia la citadelle et pourvut à la sûreté du pays. Il partit à la fin de septembre, vint chercher sa fille à Kérasonte, et s'avança jusqu'à Oenéon. Là il rejoignit Tsialapi et lui accorda la main de sa fille kyra Eudocie, le 8 octobre, 3e indiction 6888[74] (1380), puis retourna à Limnia.

L. Au mois de février, le roi marcha par terre et par mer contre les Tzapnides.[75] Le dimanche 4 du mois de mars, 3e indiction, en 6888[76] (1380), il divisa son armée en deux parts. Mille piétons furent envoyés du coté de Pétroma.[77] Pour le roi, prenant les cavaliers et le reste de l'infanterie, qui était nombreuse, il poursuivit les ennemis en remontant le cours du fleuve Philabonite jusqu'à Cheimasiae, ravagea leurs terres, mit tout à feu et à sang. Il délivra beaucoup de nos barques[78] qui avaient été prises, fit retraite et arriva près de Sthlabopiastis. Les mille hommes qui étaient allés du coté de Pétroma ravagèrent jusqu'à Cotzanta, pillèrent et brûlèrent tout. A leur retour, toutes les fois qu'ils en vinrent aux mains avec les Turks qui les poursuivaient, ils en massacrèrent un grand nombre. Les Romains, cherchant à rejoindre le roi, marchèrent vers la côte, toujours combattant vaillamment. Arrivés à la hauteur de Sthlabopiastis, et ne l'ayant pas rencontré, ils battirent en retraite, après un moment de conseil. Quarante-deux d'entre eux furent tués; mais cent Turks, Turquesses et Turkopoles restèrent sur la place.

Le 19 juin, 4e indiction, 6890 (1382), kyr Manuel, fils du roi kyr Alexis, eut un fils de la princesse ibérienne Eudocie. Son aïeul le roi Alexis,[79] sa bisaïeule kyra Irène, et le métropolite de Trébizonde, kyr Théodose, le nommèrent au baptême, du nom de son bisaïeul, Basile.

LI. Le 9 juillet[80] 6891 (1383), 6e indiction, invasion de la maladie des bubons, qui emporta beaucoup de monde jusqu'en décembre et janvier. Elle fit aussi beaucoup de mal à Matzonca, à Tricomia, à Surméni et jusqu'à Dryon.

LII. En octobre 6895 (1387), Tatziatin, gendre du roi, émir de Limnia, marcha contre l'autre gendre du roi Chatzymiri, émir de Chalybie, dit Soulaman-Pek, avec douze cents hommes. Entré en Chalybie, Tatziatin lui-même tomba le premier, et, malgré tous les soins, il mourut. Six hommes furent tués auprès de lui; le reste s'enfuit à demi nu, laissant chevaux et armes en grande quantité.

LIII. Il y avait[81] un émir tatare ayant aussi un chan, à ce que l’on dit. Le Tatare s'appelait Tamourlanis, sortant des frontières du Chataï, et avait, au rapport des témoins oculaires, une armée de quatre-vingt mille hommes. Il vint et s'empara de toute la Perse. De là, se dirigeant vers les montagnes d'Ibérie, il mit ces contrées à feu et à sang, prit vivants le roi Pancratis dans l’admirable ville de Tiflis, lui et sa femme, fille de notre roi, la belle kyra Anna et son fils David. La population fut exterminée par le glaive. Dire tout ce qu'il prit, les images qu'il profana et brûla, les pierreries et les perles, l’or et l'argent dont il s'empara le 21 novembre 6895 (1387), cela est impossible.

LIV. Le roi kyr Alexis, Grand-Comnène, fils de kyr Basile, Grand-Comnène, mourut le dimanche 20 mars de la cinquième semaine de carême, à la deuxième heure du jour, âgé de cinquante-et-un ans, après un règne de quarante ans et trois mois, en 6898(1390).

L'an 6920 (1412), le 5 mars, mourut le roi kyr Manuel (III) Grand-Comnène, et il fut enterré dans l'église de Théosképaste, après un règne de vingt-sept ans. Le 2 mars 6903 (1395), mourut la reine kyra Eudocie, princesse ibérienne, mère du roi kyr Alexis.

LV. Le samedi 14 septembre 6904 (1396), 4e indiction, la reine kyra Eudocie, Grande-Comnène, vint de Constantinople à Saint-Phokha avec une galère et une barque, amenant deux épouses, l'une kyra Anna, fille du Philanthropène, pour son frère kyr Manuel, qui était veuf; et pour le roi kyr Alexis, son cousin, kyra Théodora, fille de Cantacuzène. Le lendemain dimanche, elle entra à Trébizonde, par un temps de pluie. Le scolaire grand-duc Amyrialis fut envoyé au-devant d'elle en cette rencontre.

LVI. L'an 6935 (1427), 15e indiction, lundi 11 novembre, troisième heure de la nuit, la reine kyra Théodora Cantacuzène mourut, et fut enterrée dans le vénérable temple de la mère de Dieu Chrysocéphale, dans le tombeau de Gidon.[82]

La même année, en novembre, arriva de Gotthia la reine kyra Maria, fille d'Alexis et de Théodora, et elle fut installée avec son mari le pieux despote kyr David, Grand-Comnène.[83]

 


 

[1] Bibliographie abrégée de l’empire de Trébizonde : William Miller, The Empire of Trebizond (1926) ; George Finlay, The Empire of Trebizond, 1204-1461 (1851); Fallmerayer, Geschichte des Kaiserthums von Trapezunt (1827); Anthony Bryer, The Empire of Trebizond and the Pontos (London, Variorum Reprints, 1980) et aussi en français Wikipedia, un article de J.-C. Cheynet sur le site www.clio.fr, etc.

[2] Michel Panarètos, né vers 1320, joue entre 1351 et 1379 un rôle important à la cour des Comnènes de Trébizonde. Il est partiellement l’auteur de cette chronique des empereurs de Trébizonde traitant de la période 1204-1426. Panarètos meurt vraisemblablement après 1390. La continuation de son ouvrage date des années 1430.

[3] Son oncle, suivant Fallmerayer.

[4] Il doit y avoir ici une lacune.

[5] On lit Koustouganis dans le texte de N. Fallmerayer. p. 160.

[6] Les règnes de kyr Andronic III et de Manuel II ont été ignorés des Byzantins, et Nicéphore Grégoras place Basile Ier immédiatement après Alexis II.

[7] Asomatos, lieu dont la position est inconnue.

[8] Manuel, étant fils du frère de kyr Andronic, était son neveu et non son cousin.

[9] Fille naturelle, suivant Nic. Grégoras, cité par Fallmerayer, Hist. de l'emp. de Trébizonde, en allemand, p. 176. Son père, Andronic III, Paléologue, empereur de Constantinople, croyait sans doute assez honorer un petit souverain en lui accordant l’honneur d'une pareille alliance.

[10] Le P. Minas parle d'une église de Saint-Cyriaque existant à Trébizonde. Mais probablement qu'il s'agit ici d'un autre lieu. Minthrios et Akantaca n'ont pu être trouvés. Cf. § 39. Cependant Fallmerayer nomme un faubourg de Trébizonde Achantos.

[11] Au premier aspect, plusieurs des noms propres contenus dans ce récit paraissent géorgiens; mais, dans l'absence de tout autre renseignement , on peut croire que ce Tamartas est le begler-beg Timourtach, officier de l'armée de Bajazet qui, après la mort de ce prince, s'étant mis au service de son fils Isa, finit par être battu, et assassiné dans sa fuite près du lac d'Ouloupad ou Lopadium. De Hammer, éd. fr. t. II, p. 131. Quant à Sichasa et son père Rousthavi ils ne sont pas connus d'ailleurs, et le titre de Raemès n'offre également aucune prise.

[12] Le mot que je traduis ainsi est κοῦλα, mot turc grécisé. C'est le Kalah ou Kil'a qui se trouve dans plusieurs noms de villes : Hassan-Kaleh, etc. ; et spécialement c'est encore le nom de la citadelle ou partie intérieure de Trébizonde, l'arsenal et le lieu le plus élevé de la ville. Minas, § 115.

[13] Fils d'une précédente épouse; Fallm. p. 176.

[14] On verra plus bas (§ 17) que c'est une qualification indiquant le pays.

[15] Nom d'une famille illustre à Trébizonde, écrit encore Midzomates dans notre texte ; les Kabasites, qui vont être nommés, ainsi que les Doranites, sont aussi une autre famille noble ; Kamachène paraît être un nom de même espèce que Tzanichite, et dérivé de la ville de Kamakh ou Ani, forteresse très ancienne de la Haute-Arménie sur la rive occid. de l'Euphrate. V. Hist. du Bas-Emp. xiv, p. 445.

[16] Saint-Eugénius, église bâtie par l'empereur Justinien en l'honneur d'un saint de ce nom martyrisé par ordre de Lucias, au temps de Maximien. Elle est à l'orient de la citadelle intérieure de Trébizonde. et à l'extrémité occidentale de la montagne de Poztépé, dans un lieu qui servait, au viie siècle, d'école au célèbre philosophe Tychichus de Trébizonde. Mais, lors de la prise de la ville par le sultan Mehmet, ce lieu devint une mosquée pour faire la prière du vendredi, et prit, ainsi que tout le quartier, le nom de Éni Djoumaza djamisi. Non loin de là, sur le ruisseau de Ghouzgboun, est une ancienne petite église de Saint-Georges appelée Khtrélez, on se trouve une source vénérée des pèlerins chrétiens et Turks, qui s'y rendent en foule à certains jours. Minas, 104, 121.

[17] Ville à l'ouest de Trébizonde, sur le bord de la mer Noire.

[18] L'époque de leur mort est précisée plus bas.

[19] Montagne et chaîne de montagnes entre les pachaliks de Qars d'Akhaltzikhé et de Trébizonde.

[20] On a vu cet événement sous la date du 15 juin 1341, dans l'Hist. du Bas-Empire, l. 109, § 72.

[21] Il y a ici évidemment une fausse indication, puisque le vendredi était le 5 du même mois. Les jours sont désignés dans notre texte par 1er, 2e ..., ou par des lettres numériques équivalentes ; mais souvent il y a des erreurs : je me contente d'en prévenir une fois pour toutes.

[22] Ici le texte publié par M. Tafel indique une lacune.

[23] Notre texte ne dit nulle part de qui ce prince kyr Michel était le fils, ni quels étaient ses droits au trône.

[24] Aujourd’hui Iounié, l'ancienne Oionopolis, ville à 18 milles de Thermé. Le rivage y forme un beau croissant; au midi on construit de grands vaisseaux. Il y a huit cents maisons de Grecs, quarante d'Arméniens et quelques étrangers. Le palais du pacha est un bel édifice. A quelque distance au sud est une hante montagne formant un cône aigu, sur laquelle est une citadelle imprenable, environnée de quatre murailles, dont la dernière est au sommet. Chaque enceinte a sa porte, mais la dernière en a deux. Il s'y trouve sept citernes. Cette citadelle est un édifice des Génois. Les téré-beys du lieu l'ont restaurée. A l'orient est la rivière Phagamos d'Arrien. Mais, son port n'est pas sûr, parce qu’il est toujours battu des vents. A l'ouest, sur un promontoire, on voit les restes d'une ancienne église grecque de Saint-Nicolas, bâtie en pierres, et ronde, et qui est visitée par les pèlerins chrétiens. Cette province est le Pont-Polémoniaque, contrée autrefois célèbre, qui avait pris le nom du roi Polémon. Ce prince et sa femme Bitodoris commandaient, suivant Strabon , jusqu’à Trébizonde et à la Colchide ou Pharch. Minas, § 84.

[25] Je n'ai pas besoin de prévenir que ces numéros d'ordre donnés aux rois homonymes ne se trouvent point dans l'auteur grec, mais sont le produit d'une classification adoptée pour se conformer aux usages européens.

[26] Le texte dit seulement : il fut couronné, sans nommer le prince.

[27] Chrysocéphale, couvent de femmes, bâti par Flavius Julien Constantin, qui portait le titre de roi du Pont ; aujourd'hui c'est une mosquée , au milieu de Trébizonde. Minas, § 106, cette église était ainsi nommée d'une image de la Vierge à tête d’or, comme on le verra plus bas.

[28] Lacune indiquée dans le texte.

[29] Les Turks d'Amit ou Amid, si souvent nommés dans cette chronique , sont les Tartares du Mouton-Blanc, établis entre Erzeroum, Siwas et Amasie, aux frontières de Trébizonde, et qui descendaient de ces hordes amenées dans l'Asie occidentale par Houlagou et ses successeurs. L'histoire de ces tribus est traitée au long dans l'ouvrage de Fallmerayer, p. 203-212.

[30] Il y a à Trébizonde, dans le faubourg de Poztépé, une église creusée dans le roc, avec un portique en pierres de taille, dédiée à saint Saba. Des mines de chapelle indiquent qu'il y avait dans cette plaine un beau couvent grec (Minas. § 133). Peut-être est-ce le lieu désigné dans notre texte.

[31] Je suis convaincu et c'est également l'opinion de M. Fallmerayer, que ce nom d'Amirtzaoutsis doit répondre à celui d'émir ou chef des tchaouch, i. e. des huissiers du palais, dignité encore en vigueur aujourd'hui à la cour de Constantinople. Ce nom sera ensuite devenu nom de famille. Au reste, le texte ne dit pas de quel grade fut revêtu ce seigneur.

[32] Le mot ὑναῖον ne se trouve point dans un grand nombre de lexiques que j'ai consultés. Je ne sais si ce ne serait pas un dérivé de ὕννος, poulain , cheval; selon moi, ce serait alors l'écurie royale, la caserne de cavalerie, ou quelque autre bâtiment de cette nature, non éloigné de l'église de Saint-André.

[33] Panoucla ou panougla est un mot grec signifiant tumeur, panucula ou panicula en latin. Ainsi πανοῦκλα doit être la même maladie que celle dite τῶν βουβώνων.

[34] Aucun renseignement ne m'est parvenu sur cette famille ou nation.

[35] Dans cette énumération, on reconnaît aisément les nous et les titres propres aux Turks : Aïna-Paka, c'est Aïna-Beg ou Bey , officier de l'armée de Bajazet, nommé Aine-Beg par M. de Hammer; Machmat est Mahmad ou Mahomet. Les Tzianes sont les indigènes de la Lazique, connus des Byzantins sous le nom de Tzannes; et encore sur les cartes russes et arméniennes, leur pays porte le nom de Tchaneth, Djanik... etc.

[36] Amisos, aujourd’hui Samson, à dix-huit milles de Goumdjoughaz; belle ville ayant une ancienne citadelle et d'anciens édifices ; il y a un port profond, fermé par un cap; mais ce port étant ouvert est peu sûr. C'est un lieu de commerce fréquenté par toutes les nations, même par les Arméniens Au temps d'Alexandre, c'était une ville libre; plus tard, elle fut soumise à Mithridate, qui y construisit un palais sur l'Iris, selon Jean Catholicos. Appien raconte que ce prince construisit Eupatoria près d'Amisos, et en fit sa capitale; ce qui augmenta l'importance de ce lieu. Pompée y fit porter le corps de Mithridate ; mais il ne put supporter la vue de ce triste spectacle, et passa rapidement près de Sinope, où on enterra ce prince en grande pompe. A quelques milles est la montagne de Tévrent où l’on a trouvé une grande mine d'argent et des restes des travaux des anciens Génois. Le minerai en est rouge et pesant; on s'est assuré qu'il contient toujours de l'or. A huit milles est la haute montagne Népié, où se trouvent de bonnes eaux, et qui sert de point de direction aux vaisseaux venant de Crimée. Minas, § 80.

[37] C'est une erreur manifeste ; puisqu'il avait été couronné en 6852, le lundi 3 mai, il y avait donc 4 ans et 11 mois qu'il était souverain de Trébizonde.

[38] Le texte dit : avec le Tatas Samson. Je regarde ce mot comme signifiant père, i. e. gouverneur, équivalent au mot turc atas dans Atabek, père, i. e. gouverneur du seigneur.

[39] La date est exprimée ainsi : μετὰζν, qui parait être l'abrégé de ἑβδομήν.

[40] Ce nom de lieu, inconnu d'ailleurs, paraît formé des deux mots géorgiens Tzani Tzikhé, citadelle des Tzannes. On sait que la reine de Géorgie Thamar avait conquis tout le pays des Lazes, et même Trébizonde.

[41] Il y a sans doute une transposition qui tient à une erreur facile à apercevoir et à réparer.

[42] L'histoire de Venise par Dara ne mentionne pas d'antres combats entre les flottes génoise et vénitienne que ceux dont il a été question, livre cxiii de l'Hist. du Bas Emp. § 53, sqq.

[43] Aujourd'hui Kiresoun, Karasoun, à quarante-six milles d'Ortou, colonie de Sinope, à qui elle payait tribut, suivant Arrien. Plus tard, Pharnas, fils de Mithridate, y bâtit une citadelle, on répara celle qui y était, et la nomma Pharnakia. Elle est construite sur le bord de la mer, sur un plateau entre deux rochers escarpés, sur l'un desquels les princes de Trébizonde avaient élevé un fort aujourd'hui en ruine. Ce qui ferait croire qu'il s'y faisait peu de commerce, et que toute sa richesse était dans ses bois et ses troupeaux, c'est que sur les monnaies on voit d'un côté un satyre tenant d'une main un cierge et de l'autre une brebis, et sur la face une figure de Marc-Aurèle. Son nom de Kiresoun lui vient de l'abondance des cerises qu'elle produit. Lucullus transporta cet arbrisseau à Rome après la conquête du pays; de là il se propagea en Europe, et fut porté en Angleterre, en l'an 120. Minas, § 99.

Kiresoun a deux ports, celui de l'orient, Demir-Capou-Limnai ; celui de l'occident, Loudja-Limani, également peu sûrs en hiver. Sur un promontoire, il y a une bonne forteresse où se trouvent des églises. Les maisons de la ville, au nombre d'environ mille, sont peuplées de Grecs, d'Arméniens et de Turks. Un évêque y résidait autrefois. Les Arméniens ont quarante maisons et une église élevée, bâtie en pierres, non loin d’une ancienne citadelle. Cette église, autrefois grecque et dédiée à la Vierge, a été restaurée par les Arméniens sous l'invocation de saint Sargis. Près de la mer est une lagune d'où l'on tire les pierres nommées agig et ainihour; aux environs sont de beaux jardins.

Kiresoun-Atasi est une petite île à trois milles de Demir-Capou, et d’une circonférence de trois milles ; il y a des monastères et une église. C'est l'île qu'Arrien nomme Arrhénothélys (mâle et femelle).

[44] C'est ainsi qu'on appelait les requêtes adressées à des supérieurs ; mais, avec celle explication même, la phrase est à peu près inintelligible dans sa concision.

[45] Tripoli, l'ancienne Iscopolis, à dix-huit milles de Zéphré, est un petit port où peuvent hiverner quelques vaisseaux ; mais l’entrée en est semée d'écueils et dangereuse. La position de la ville sur le bord de la mer est très agréable : ses habitants sont Arméniens, Grecs et Turks. Au bout de la ville, en face de Zéphré, est la petite île de Phrendachi, formant une passe pour les vaisseaux. Non loin de là est le cap Kilisé, sur lequel est un ancien clocher. Tripoli se compose de trois villes, de trois quartiers et de trois forts anciens. Le premier. Douroudjé-Kalé, le deuxième, sur un promontoire au milieu de la mer; le troisième, nommé Pétroma, imprenable par sa position sur un rocher que l'on ne peut escalader qu'en trois heures. Une nouvelle amazone, Dervich Gezi, s’y est défendue de nos jours pendant six mois contre le pacha, et, après sa retraite, elle y affermit son autorité. On voit sur ce rocher la porte d'une ancienne citerne. Depuis que les Turks s'en emparèrent, les Grecs y étaient restés jusqu'à nos jours; ils en ont été chassés. Les conquérants attachèrent tant de prix à sa possession qu'ils l’appelèrent Beth-Roum (Maison des Grecs), d'où s'est formé le nom de Pétroma. Selon Arrien, il y avait à trois milles de là un lieu nommé Argyra, ou mine d'arpent ; cette mine est encore exploitée. La province est administrée par la brave Dervich-Gezi. Entre Argyra et Kéorélé. Arrien place l'ancien fort Philogalia traversé par une rivière. Minas, § 95

[46] Chériana, Sorogaïna, lieux inconnus d'ailleurs.

[47] Je ne vois pas que l'on puisse tirer un autre sens des mots grecs, qui se traduisent ainsi littéralement : Tunc ergo et genuit rex filium kyr Andronicum ex altera, et mulierem prae regina, καὶ γυναῖκα πρὸ τῆς δεσποίνης ; à moins qu’ils ne signifient qu’auparavant il avait eu une fille de la reine, ce qui est encore moins régulier.

[48] Jasonis, aujourd'hui Eason-Bourni (promontoire de Jason), à 18 milles de Phatza (36 d'Iounié), offre une rade dont l'entrée est pleine d'écueils. Ce lieu tire son nom de l'argonaute Jason, qui y aborda. Au-dessous du promontoire, il y a d'anciens couvents et une grande église de la Vierge. Sur la montagne est l'antique forteresse de Khoriath-Kalé. C'est un lieu assez fréquenté, et où viennent aborder et se rafraîchir ceux qui arrivent de Crimée. Comme la mer y est souvent mauvaise, ou y vient avec précaution, avec une seule voile, et aussitôt que l'on s'est reposé quelques moments, on repart. Misas, § 86.

[49] Madchga, district au-dessus de Platana, composé de cent cinquante villages, où il y a quelques chapelles. Les Turks y parlent grec, et les Grecs sont presque tous ouvriers en cuivre. Du temps du sultan Mahmout, il commença à faire partie du district de Goumichkhané, par suite de la demande que firent les habitants d'être séparés de celui de Trébizonde. Le fameux Hekim-Oglou pacha, grand-vizir pour la troisième fois en 1740) avait été trois fois pacha de Trébizonde, et étendait son autorité sur Madchga et les pachaliks environnants. Mais, depuis, le pays est revenu au maten-émini (intendant des mines) et en dépend encore. Le Térébey est indépendant et prononce tous les jugements. Il y a de l’huile excellente, du fromage, du tabac, et autres productions, Minas, § 101; Indjidj, p. 400.

[50] Je pense que ce mot est composé des deux termes , grec despina, et turc khaton, signifiant également dame.

[51] Le nombre de minutes n'est pas indiqué.

[52] On sait que l'année grecque commence le 1er septembre.

[53] Les indictions sont en général désignées d'une manière inexacte et incorrecte dans cette chronique. Mais, au lieu de les ramener à l'exactitude, en les supputant à partir de l'an 315 de Jésus-Christ comme cela doit être dans les auteurs grecs, je me suis contenté de les régulariser, en prenant pour points de départ trois indictions de commencements de cycles, qui se rencontrent aux §§ 12, 32 et 48.

[54] Baïpert ou Païpourt, l'une des principales villes du pachalik d'Erzeroum, est au sud-est de Trébizonde, c'est une ville forte, traversée par le Dchorokh, dont le cours y est très rapide et très large. On y compte 2.000 maisons, parmi lesquelles quatre rues habitées par les Arméniens. Ces derniers y ont 4 églises. On y parle la langue géorgienne d'après le témoignage de M. Fontanier qui y passa en 1818. Indjidj, Asie. p. 95.

[55] Erzinga, on Ezenga, Erzendjan, est une ville et un district important du pachalik d'Erzeroum, à 3 journées de la ville de ce nom, au sud est le Gail-Ket affluent droit de l’Euphrate. Il y a environ 8.000 maisons; elle fut renversée par un tremblement de terre au mois de juillet 1784; à peine 600 maisons restèrent sur pied. Indjidj, p. 99.

[56] C'est ainsi que je traduis le grec ἐκοιμήθη, qui a ordinairement le sens de se reposer, mourir, parce que la suite fait voir que le repos de Comnène for forcé.

[57] I. e. Joseph : c'était le nom que Cantacuzène avait pris en se faisant moine. Cf. Hist. du Bas-Empire, l. cxiv, § 24.

[58] Souméla est un couvent non loin de Trébizonde, auquel le sultan Sélim accorda de grands privilèges en 1512. Dosithée, Hist. des patr. de Jérusalem, en grec. l. xi, c. 4.

[59] C'est ici un nom italien, génois sans doute ; et certainement Spinoul doit représenter Spinola.

[60] M. Fallmerayer place cet événement en 1364; op. cit. p. 213, Clavijo, cité par le même auteur, appelle ce prince germanoli, Kyr-manoli ; c'est l'altération du grec.

[61] Ce sont sans doute les agents de Venise et de Gênes, deux nations qui faisaient un commerce considérable avec Trébizonde.

[62] Ce lieu, déjà nommé au § 31, était sans doute peu éloigné de Trébizonde. Il sert à fixer les positions de Minthros, Minthrios et de Akantaca ; cf. §§ 9, 39.

[63] Le roi dont il est ici question est Bagrat V, dit le Grand, roi de toute l’Ibérie. Il fut chassé de Tiflis et emmené prisonnier en 1387 par Timour, avec la reine Anna , son épouse. Il revint en 1393 à Tiflis, qui fut reprise par le même conquérant, l’année suivante ; il mourut en 1395. V. Choniq. géorg. p. 1; chroniq. armén. inédite.

Voici comment s'exprime à ce sujet Thomas, abbé de Medoap dans la province d’Ardjich, auteur arménien du 15e siècle : « Bagrat, roi de Géorgie, vint arec beaucoup de présents se soumettre à Timour, qui le fit apostasier, et se retira dans le Karabagh, dans les quartiers d'hiver des rois d'Arménie. Le roi de Géorgie, homme habile et plein de la sagesse du Saint-Esprit, trompa ainsi le Barbare. « Donne-moi des troupes, lui dit-il, j’irai faire la guerre à la maison de Géorgie, je la soumettrai, et je gagnerai tout le pays à ta foi et à ton sceptre, par l’influence de mes paroles. Or ma maison se compose de Déval (Dwaleth), Imerel (Imereth), Oset, Mecril (Mingrélie), Aph’khaz, Sonker (Souanes), Vratsi (Géorgie propre), et Meskh ( Meschie, pays d’Akhaltzikné). Timour, bien satisfait, le combla d'honneurs, et lui donna beaucoup de troupes. Le roi vînt donc avec une armée nombreuse contre la maison de Géorgie; mais il fit prévenir secrètement ses fils Gorgi, Constantin et David de venir à petit bruit à sa rencontré, pour le tirer des mains des Barbares. Pour lui, avec l'armée dit Dchagataï, il s'engagea dans des chemins difficiles, et les fils du roi en firent un grand carnage (il périt, dit-on, plus de 2.000 Tartares), puis ils revinrent chez eux avec leur père. » Timour, occupé d'autres guerres, ne put se venger tout de suite, mais il revint en 1402 , et mit la Géorgie à feu et à sang. Giorgi, alors roi de cette contrée, et ses frères Constantin et David rassemblèrent des troupes et ordonnèrent a tous les Géorgiens et Arméniens de se renfermer dans les forts. Pour eux, ils se tinrent dans des lieux étroits et de difficile accès. Mais la mésintelligence se mit entre eux, et les deux frères du roi eurent la scélératesse de le quitter et d'aller près de Timour, l'instruire des chemins qu'il devait tenir pour pénétrer dans leur pays. Avec ces indications, il entra en Géorgie, massacra les chefs de la nation, fit 6.000 prisonniers dont le sort fut déplorable, et exerça d'horribles ravages. Le roi, avec 100 hommes, se jeta courageusement en travers des ennemis, et réussit à se sauver dans une forteresse d'où il fut témoin des malheurs de son peuple. » Manuscrit arm. xcvi, folio 61 et 70 recto. Pour attaquer les Géorgiens dans leurs retraites, Timour faisait placer les soldats dans des corbeilles attachées à de longues cordes, qui s'abaissaient au moyen de poulies. D'en haut les Tartares éclaircissaient à coups de flèches les rangs de leurs ennemis, puis s'élançaient à terre, et achevaient le carnage. Le prise de vingt-deux forteresses et de Tiflis même fut le fruit de cette guerre d'un genre nouveau De Hammer, éd. fr. t. II, p. 54. sq.

[64] Ce nom signifie, comme il est facile de le voir, long rivage; je ne sais si ce ne serait pas celui qui, maintenant encore, porte le nom de Mzeragels, sur le bord de la mer, entre Gonia et Khopha. Lieu célèbre autrefois, dit le P. Minas, maintenant c'est un port insignifiant, qui appartient aux. Lazes. Minas, § 147.

[65] Éléousa (la Miséricordieuse) est un couvent, dont il ne reste plus que les murailles, sur une hauteur non loin de la mer; il y a un cimetière commun aux Grecs et aux Arméniens de la ville. Indjidj, p. 380.

[66] Ce mot ne se trouve pas, mais les lexiques donnent ἄζαρι, aléa, hasard; peut-être est-ce le nom d'une sorte de bâtiment léger; les noms de cette sorte abondent dans notre chronique, katergon, barka, barkopoulon, gryparion, paraskalmion , karabion, etc.

[67] Le grec dit τὴν καθ' ἡμάς Χαλδιάν; ce qui peut encore se traduire : la Chaldée, voisine de nos frontières. Quant à Glitziaslan, c'est le prince tartare Kilidj Arslan.

[68] La situation de Golacha, mieux connue, expliquerait ce que c'est que cette perfide caverne.

[69] Batou, sur la rive droite et à l'embouchure du Tchorok dans la mer Noire. Il y a un beau port, mais rempli de vers blancs et effilés, qui endommagent beaucoup les vaisseaux. Minas, § 150.

[70] Le prince de Gouria. Que ce prince fut déjà indépendant ou non à la fin du xive siècle, voici du moins un témoignage positif en faveur de l'ancienneté de son titre. Le premier gouriel nommé par les chroniques nationales à notre disposition n'est que de 1483.

[71] Il doit y avoir ici une erreur. Bagrat V régna sur la Géorgie de 1360 à 1395, ayant succédé à son père, qui portait, il est vrai, le nom de David, mais qui ne régna que cinq ans, et mourut en 1360. Je pense qu'il faut, au lieu de David roi de Tiflis, lire David, fils de Pancratis, roi de Tiflis. En effet, Bagrat V eut un fils de ce nom. Cf. § liii.

[72] Gonia aujourd’hui Kioulé, est sur la gauche et à l’embouchure du Dchorok. Il y a un bon port, très fréquenté par les vaisseaux, et appartenant aux Lazes, la plupart musulmans renégats du christianisme. Ce pays a été conquis par le sultan Achmet ; on croit qu'il répond à la position d'Anchiale. Les habitants sont fort belliqueux ; leurs femmes surtout sont remarquables par l'énergie de leur caractère , qui fait qu'elles maîtrisent leurs maris, et que ceux-ci même ne peuvent les approcher sans leur consentement. Minas, § 148.

Athina, à six milles de Sevougzou, hors des limites de la province de Trébizonde, qui commence a Batlama et finit à Kemer. Il y a un petit port et un lien d'habitation; où se voit une porte en cuivre, qui est un reste d'antiquité ; on pense que c'est la porte d'un temple; car la déesse Minerve était adorée en ce lieu. Ce sont les Argonautes qui, quand ils y vinrent, lui donnèrent le nom d'Athouna, ou, selon d'autres d’Adienos, en mémoire de celui d'Athènes. Les habitants sont très adroits dans le commerce, et se livrent spécialement à celui des esclaves. On y voit des chapelles et d'autres ruines, qui sont autant de traces du christianisme. Ce lieu dépend du pachalik de Gonia. Indjidj. p. 394.

[73] Allusion à l'usage de placer une couronne sur la tête des époux, d'après le rite grec, et à celui de changer le nom des princesses étrangères qui épousaient un prince du sang impérial de Grèce. Goulchanchat signifie la dame princesse des roses.

[74] Cette date est ainsi indiquée ,ςωππ' non seulement le second π redondant, mais il est faux : il faut lire 'ςππή

[75] Nom des habitants de la Lazique; le même que Tzannes, mais moins usité. Fallm., p. 269.

[76] M. Fallmerayer place cet événement en 1382 : op. cit. p. 211. Quant aux noms de pays mentionnés dans notre texte, je n'en trouve nulle part l'indication.

[77] Pétroma est un des trois forts de la ville de Tripoli. Voir une note antérieure.

[78] Le grec dit σιμυλικὰ; les lexiques les plus complets ne donnent que Σίμυλος, nom propre : j’ai cru pouvoir conjecturer qu’il s'agissait de quelque bâtiment léger, comme ceux dont il est parlé.

[79] D'après M. Fallmerayer, kyr Alexis serait mort à la suite de l’expédition contre les Tzannes, après quarante et un ans de règne, âgé de cinquante-deux ans; et kyr Manuel III lui aurait dès lors succédé, étant déjà corégent depuis 1381. Mais, pour la mort d'Alexis, voyez le § 54 de cette chronique.

[80] La date est ainsi écrite ,ςωρε' qui ne peut être exprimée en chiffres; mais le nombre de l'indiction donne la véritable date.

[81] Les mots, Il y avait, manquent dans le texte, qui paraît ici mutilé. Au membre de phrase suivant, je pense qu'il signifie que cet émir tatare s'appelait aussi khan. C’était en effet le titre des princes de ces contrées, comme chacun sait.

 

I.

Kyr Alexis Ier, 1204.

II.

Andronic Ier, Gidon, son gendre, 1222.

III.

Jean Ier, Axuchos, son frère maternel, 1235

IV.

Manuel Ier, fils de Jean Ier, 1238.

V.

Andronic II, son fils, 1263

VI.

Georges Ier, son fils, 1266.

VII.

Jean II, fils de Manuel Ier, 1280.

VIII.

Alexis II, fils de Jean, 1298

IX.

Andronic III, son fils, 1330.

X.

Manuel II, son frère, 1332

XI.

Basile Ier, père d'Andronic III, 1332.

XII.

Kyra Irène Paléologue, veuve de Basile Ier, 1340

XIII.

Anna Anachoutlou, fille d'Alexis II, 1341.

XIV.

Kyr Jean III, fils de Michel, 1343.

XV.

Michel , père de Jean III, 1344.

XVI.

Alexis III, fils de Basile Ier, 1350.

XVII.

Manuel III, fils du précédent, 1390.

XVIII.

Alexis IV, son fils, 1412.

(Entre Alexis et David, Fallmereyer place un Kalojean, fils du précédent, et qui le détrôna, 1447.)

XIX.

David, frère de Kalojean, 1458, 1462.

 

Quant à la liste arménienne, dont j'ai donné le dernier extrait, t. xviii, p. 281, voici comment elle se termine : 1381, Alexis; 1335, Vasiléos; 1339, Michel; 1385, Alexis; 1395, Emmanuel et Basile; 1407, Andronic; 1436, Alexis; 1456, Jean; 1460, David, dernier roi, détrôné et mis à mort par Mahomet. A la suite de la chronique de Panarète, se trouve l'éloge de Trébizonde par Eugénius le nomophylax, en vingt paragraphes. Il y est dit entre autres choses « :.. (1) que cette belle ville aperçoit le soleil dès son lever ; (2) que son climat est très doux; (3) qu'elle domine tout le voisinage; (4) qu'elle est très fortifiée et n’a jamais été prise de force, mais qu’elle s’est ouverte volontairement pour le grand Pompée (5) bien défendue par la mer, et bien élevée au-dessus de ses ondes; (6) la montée en est rude d'abord, puis agréable; le territoire en est plein d'agréments, et lui fournit le nécessaire et l’agréable ; (7) il y a beaucoup de vignes et d’oliviers; (8) noble ville qui a produit saint Eugénius (noble), son patron; on y voit (9) des ermitages de tous les côtés; (10) tant elle offre de facilitée à la vie solitaire (11) son sol est mélangé très agréablement de rocs et de plaines, de sites doux, et sévères; (12) abondante en gibier, ses habitants sont chasseurs et braves comme les Spartiates; (13) elle offre mille délices pour les cinq sens de l'homme; des citrons parfumés, dont l'ambroisie est préférable au platane d'or de Xerxès; (14) oiseaux chanteurs; (15) mille fruits agréables; (16) air pur, eaux délicieuses; (17) elle est pleine d'ouvriers habiles en tous genres; (18) pleine de sages et de savants, qui vont méditer sont les frais ombrages; (19) table, trapézoïde délicieux ; or c'est à table qu'Abraham conversa avec Dieu; (20) tel est en peu de mots l'éloge de Trébizonde. En l’écrivant, dit l'auteur, j'ai agréablement occupé mes loisirs, et tari, pour un moment, la source de mes larmes sur son triste sort ; et j'ai payé, par ce présent fait à cette ville, un faible hommage à ses rois. » Le tout en style poétique, avec citations des poètes anciens.

Il se trouve d'amples renseignements sur la Trébizonde moderne, tant dans le troisième volume des Voyages de Tournefort que dans la Description du Pont-Euxin, par le P. Minas, en arménien (Venise, 1816). C’est cet ouvrage que je cite dans les notes par le seul nom de son auteur), et dans l'Asie par le docteur L. Indjidj, dans la même langue; Venise, 1806. Mais, comme il serait hors de propos de traduire ici en entier ce que disent ces auteurs, je me contenterai d'indiquer ici sommairement ce que contient de plus positif le P. Indjidj sur le pachalik de Trébizonde et sur la ville même.

Trébizonde est la capitale du Lazistan ou pays des Lazes, que les géographes turcs croient être la même race que les Lezghis du Daghestan. Elle est la résidence d'un vizir et d'un mollah. La province se divise en dix provinces, Trébizonde, Kiourgoun, Tripoli, Iounié, Kechap, Sourméné, Oph, Rizé, Djawri, Kavepoli: outre les cantons de Kirasoun, Madchouga, Goumichkhazé, Athina , Arhoui, Batoum, Hemchen, Soghoudjag, Pbach et Sokhoum, qui ont chacun un juge et un soubachi.

Irizé, ancienne Rhizos, est une petite ville à vingt-deux milles d'Oph, à l’est de Trébizonde, dans le Lazistan. Il y a un port et une ancienne citadelle sur une montagne; les anciens habitants Arméniens du district de Rochi y avaient une église superbe et un missel manuscrit, qui donnaient à cette ville le nom de métropole. Arrien mentionne le fleuve Irizius. Il paraît qu'on y semait du riz, d'où lui vient le non de Irizi ; à trois milles de là est la rivière Ascuros, navigable pour les petits bâtiments. Les auteurs anciens nomment ici le fleuve Apsaros et la ville d'Azipa. On y trouve des limons et des oranges très parfumées, ainsi que d'excellent tabac, qui se transporte dans toutes les contrées. On y voyait le palais de Douz Oghlan, qui était comme le souverain de ces contrées, mais qui a été décapité de nos jours. Le territoire est très beau, et fertile. A deux heures de distance est, sur la montagne Atakeyi, une pierre percée, dont les habitants disent que les vaisseaux autrefois jetaient là l'ancre. On voit près de là des restes de tours carrées, construites. par les Osmanlis pour défendre le pays contre les incursions des Abazes qui venaient souvent pirater jusqu’à Trébizonde.

Trébizonde a deux enceintes, l'une extérieure, l'autre intérieure ou citadelle, que les Turks nomment Goulé, le Koula des Grecs. Il y a huit mille maisons, dont cinq cents arméniennes, quinze cents grecques, six mille turques ; on y voit plusieurs belles églises et des mosquées remarquables. Beaucoup d'inscriptions en diverses langues, qui existent sur les monuments de la ville, donneraient des renseignements curieux. Au reste, beaucoup de noms des localités désignées dans la chronique de Panarète ont échappé à toutes nos recherches et à celles du savant allemand, op. cit. p. 301. En cela même cette chronique est précieuse pour la géographie, mais elle attend un plus heureux investigateur.

[82] Kyr Andronic Gidon, deuxième roi de Trébizonde. Le texte ajoute εἰς τὸ παράσημα, qui ne peut se traduire : avec les insignes de la royauté, puisqu'il y a τὸ et non τά. Peut-être s'agit-il d'un lieu, et faudrait-il traduire : « au lieu nommé Parazima ».

[83] Ainsi se termine la chronique de Panarète, et la série de dix-neuf souverains qui se sont succédé à Trébizonde.