CHRONIQUE (Extrait) 717-1011
Oeuvre numérisée et traduite par Marc Szwajcer
EXTRAIT DE LA
(717 – 1011)
Extrait du livre intitulé « Chronique de Michel le Grand, patriarche des Syriens Jacobites », Venise, 1868.
Traduction de l’arménien & Notes de Victor Langlois
En ce temps-là, un certain Sévère, syrien de nation, commença à séduire le peuple juif par des moyens magiques.[1] Il prétendait être le Christ et il disait qu'il lui fallait réaliser de grands trésors et aller régner à Jérusalem. Plusieurs personnes crurent à ses paroles et il recueillit des sommes considérables. Omar ayant appris ces faits, le fit venir en sa présence, et avec des paroles plaisantes fit tomber son orgueil, le dépouilla de tout ce qu'il possédait, et le mit en liberté. Cependant Omar, à cette occasion, promulgua une loi défendant d'admettre le témoignage des Chrétiens. Il leur interdit aussi de monter un cheval sellé.[2] Il ordonna encore, que si un arabe tuait un chrétien, il ne serait pas mis à mort, mais qu'il serait tenu de payer 5.000 tram comme prix du sang versé; que le corps des prêtres serait exempt d'impôts pour tous ses biens, et qu'enfin les Dadjiks (Arabes) ne boiraient point de vin. A sa mort, Ezid (Yézid) régna pendant quatre ans.[3] Celui-ci, [par ses agents] répandus dans toute l'étendue de son empire, fit effacer la représentation de la figure humaine existant dans les églises, dans les livres, sur les vêtements, les monuments et sur tous les autres objets.[4] Léon, empereur des Grecs imita cet exemple en proscrivant la représentation de toutes les figures humaines dans son empire. Plusieurs personnes, indignées de cet acte, en témoignèrent leur mécontentement.[5] Léon s'efforça de nouveau de convertir violemment les Juifs au christianisme ou de les faire mourir. Un grand nombre d'entre eux se fit baptiser, mais d'autres préférèrent la mort, et une moitié se réfugia hors de l'empire.[6]
A la mort d'Ezid (Yézid), Heschm (Hescham) régna 19 ans.[7] C'était un homme cruel et avare qui augmenta les impôts et réduisit le pays à une horrible détresse. Il fit creuser un canal, au dessus de Calanique et y fit passer l'eau du fleuve Euphrate pour arroser les plaines.[8] Il conquit Schizi[9] fort inaccessible de la Cilicie et la ville de Diocésarée[10] sur la rivière Kaïl (du Loup).
En ce temps-là, Athanase était patriarche d'Antioche[11] et Jean le Philosophe (Odznetzi) catholicos des Arméniens.[12] Les habitants de Siounik, du Vasbouragan, les Aghouans,[13] les Syriens Jacobites et les habitants de Sassoun,[14] étaient tous basés sur la doctrine des apôtres et professaient la même croyance; c'est pour cela que les Syriens voisins des Sassounsiens vinrent dire aux Arméniens: « Nous sommes attachés au symbole de Saint Grégoire; » et ils recevaient d'eux les ordres sacrés et ils n'avaient aucune dissidence avec eux· C'est à cause de cette raison qu'ils s'appelèrent Grégoriens. A cette époque, un prêtre de Moupharghin (Miaférékin) nommé Bar Schabouh (Sapor) et le diacre Gabriel, suscitèrent des intrigues entre les Arméniens et les Syriens. Ils disaient des Arméniens qu'ils professaient les erreurs de Julien, et des Syriens qu'ils attribuaient la corruptibilité à la chair du Christ. En outre, le trouble causé par Ezr (Esdras) continuait encore à avoir dans certaines localités de l'Arménie plusieurs partisane. Le saint homme Jean (Odznetzi), thaumaturge et écrivain distingué, demanda à Athanase de lui envoyer quelques-uns de ses évêques munis de sa profession de foi, par écrit. Lui aussi, accompagné d'Arméniens, se rendit au bourg de Manazguerd.[15] Les évêques syriens accompagnés de nombreux prêtres y vinrent de leur côté et là ils se livrèrent à l'examen [des doctrines]. Quelques-uns d'entre les Syriens demandèrent ce que signifiait le passage des actes des apôtres[16] disant: « Dieu a ressuscité Jésus, et désormais sa chair ne verra point la corruption. » On chercha dans la version arménienne, et on n'y trouva point le mot désormais;[17] on ne le rencontra pas non plus dans le texte syriaque. Alors on prononça l'anathème contre les sectaires de Julien, contre ceux qui attribuaient la corruption au Christ, ainsi que contre Bar Schabouh, Gabriel et les adeptes d'Ezr. L'unité religieuse basée sur la vérité, se rétablit parmi les Arméniens, et les Syriens Jacobites devinrent leurs alliés. Pour ce qui regardait les fêtes et les cérémonies, bien qu'elles différassent sur certains points, on n'y prêta pas une grande attention ; et aussitôt après, on se sépara avec des sentiments pleins d'affection. Ceci se passa en 1036 de l'ère syrienne et en 166, ou selon d'autres en 135 de l'ère arménienne.[18]
A cette époque, les Turcs envahirent le pays des Ardouri (Adherbeidjan) où ils s'emparèrent de plusieurs villes.[19] Moslim alla les attaquer. Des deux côtés, plusieurs milliers de guerriers succombèrent. Les Dadjiks (Arabes) firent la paix avec eux, en leur abandonnant les villes conquises et se retirèrent C'est à cette époque qu'eut lieu l'invasion des Turcs.[20]
À la même époque, il tomba une pluie si abondante que l'on crut que les cataractes du ciel s'étaient entrouvertes. L'enceinte d'Édesse fut de nouveau renversée. Heschm (Hescham)[21] tomba sur les frontières des Grecs, s'empara des villes de Djendjer (Gangra) et de Nipha (Nicée)[22] et s'en retourna en emmenant un nombre considérable de prisonniers qu'il fit massacrer jusqu'au dernier.
On souleva à Edesse la question de savoir si ces prisonniers massacrés devraient être traités comme martyrs ou non. Cette question n'ayant pu être décidée, resta douteuse.
L'an 24 de son règne, l'empereur Léon, demanda la fille du roi des Khazirs (Khazares) qu'il fit baptiser, en mariage pour son fils Constantin,[23] auquel il remit la couronne. Léon mourut la même année.[24] Cependant Ardavaz (Artavazd), gendre de l'empereur, chassa Constantin, et régna lui-même à sa place.[25]
Heschm (Hescham) khalife des Dadjiks (Arabes) mourut aussi et fut remplacé par Vélith (Walid)[26] qui persécuta la famille de Heschm (Hescham). Il appela au commandement de ses troupes un certain Abbas[27] qu'il plongea dans un océan d'or, dans le trésor des Dadjiks (Arabes). Celui-ci le distribua à pleines mains et parvint au trône; mais comme il était bâtard, la majorité ne voulut pas le reconnaître, et Yélith (Walid) s'attira par ses abominations la haine de tout le monde. Aussi on les chassa tous les deux, et on donna le trône à Ézid (Yézid), frère de Yélith (Walid), qui régna à Damas. Ézid (Yézid) fit trancher la tête de son frère, et l'ayant exposée sur un chariot au milieu d'outres remplies de vin, il la fit promener par toute la ville.[28]
Les émirs se firent ensuite la guerre, s'efforçant chacun de s'emparer d'un royaume. Mervan (Merwan) conquit l'Arménie, Vasith la Perse, Sarith (?) le Khorassan, et Abdoulhel (Abou-Houdil) l'Afrique.[29] Ézid (Yézid) mourut après un règne de sept mois et Ibrahim lui succéda ; c'était un homme bon et miséricordieux. Peu de temps après, il mourut.[30] Mervan (Merwan) sortant alors de l'Arménie, rencontra Soliman son frère,[31] sur les bords du fleuve Euphrate; il lui livra bataille et 12.000 soldats succombèrent de part et d'autre. Mervan (Mervan) vint alors à Damas et s'empara du trône. Il s'empara aussi du trésor public qu'il fit charger sur 3.000 chameaux et transporter à Harran. De là il se dirigea sur Hems, dont il s'empara après un siège de quatre mois; il démantela les murailles de cette ville et prit aussi Baalbek qu'il ruina. Il s'empara également de Ninive et envahit la Parthie ou Balkh qu'il soumit. Son fils Ali fit une expédition dans le Khorassan.
La guerre civile des Dadjiks (Arabes) avait procuré aux Grecs quelque repos : aussi Constantin ayant rassemblé des partisans à l'aide de son astuce, revint à Constantinople, fit aveugler Ardavazt et reconquit sa couronne.[32] Il eut un fils qu'il appela Léon.[33] Sous son règne, des phénomènes extraordinaires se manifestèrent et durèrent depuis le commencement de mars jusqu'à la fin d'avril.[34] Il tombait de la poussière du ciel et le jour paraissait semblable à la nuit. Ensuite trois colonnes nuageuses, mêlées de feu, parurent durant trois jours, montant et descendant. Plus tard, on vit une étoile inconnue aussi grande que la lune; elle se montrait à l'Orient avec le soleil et marchait vers l'Occident. On l'aperçut pendant trois jours. Chaque nuit, paraissaient des réverbérations qui éclairaient la voie lactée. Enfin un violent tremblement de terre se fit sentir, et des crevasses de la terre, jaillirent des ruisseaux couleur de sang. Peu après, la Grande-Mer (Méditerranée) s'agita et bouillonna jusque dans ses abîmes, et ses vagues s'élevaient presque jusqu'aux nues. Beaucoup d'hommes, des animaux habitant les régions de la mer, moururent frappés du bruit du tonnerre. Des maisons et des palais furent renversés. Le château appartenant aux descendants d'Ammon et construit au milieu de la mer, fut arraché de ses fondements. La grande tour bâtie par Salomon sur la source thermale, découverte sous son règne dans la mer, fut renversée et submergée. Le tremblement de terre fut suivi d'une grande famine et celle-ci d'une peste[35] accompagnée de maux de gorge, qui emportait à Bassorah 20.000 personnes par jour. Les singes du pays des Madianites prie d'une rage indicible, causèrent beaucoup de mal à quantité d'hommes. Le khalife des Dadjiks (Arabes), effrayé, se repentit de ses fautes. Il prescrivit dans toute l'étendue de son empire, par l'intermédiaire de ses hérauts, une pénitence qui fut accomplie par des jeûnes, des prières, des veilles, des aumônes et des pleurs; car les hommes, terrifiés par des calamités différentes et extraordinaires, surtout par le tremblement de terre d'un genre inconnu jusqu'alors, crurent que la fin du monde approchait. Ainsi le village bâti au pied du mont Thabor, se détacha avec le sol et fut lancé à deux milles de distance, sans qu'aucune bâtisse fut dérangée, sans qu'aucune poule s'égarât. La ville de Mempedj (Hiéropolis) fut engloutie; les trois quarts de la ville de Constantinople tombèrent en ruine; la ville de Nicée fut totalement détruite, ainsi que plusieurs autres villes dans la Bithynie.[36] Cependant les chalcédoniens ne se convertirent point et ne renoncèrent pas à leurs mauvaises passions, car ceux qui habitaient Antioche corrompirent Mervan (Mervan) et obtinrent Théophile, fils de Mazman (fabricant de cilices), leur patriarche, qui se rendit à Harran et s'empara de l'église des Syriens orthodoxes. L'archevêque de cette église étendit son bras et frappa l'église en disant : « Ο temple profané ! demain tu seras sanctifié par la bénédiction et par la messe dite par les orthodoxes. » Aussitôt qu'il eut prononcé ces mots, le feu se déclara dans l'église qui fut réduite en cendres. Les chalcédoniens épouvantés recueillirent les ossements calcinés et s'enfuirent durant la nuit.
En ce temps-là, Abdoullah [Aboul-Abbas], fils d'Aly,[37] vint à Harran. Mervan (Merwan) ayant réuni de l’or pour six charges de chameau, prit la fuite devant lui et alla se réfugier d'abord à Ascalon, puis ensuite en Nubie. Abdoullah [Aboul-Abbas] se mettant alors à sa poursuite, l'atteignit à Nisvan (Asouan) sur les bords du Nil et le tua. Il s'empara de toutes les richesses qu'il avait ramassées avec tant d'avidité et régna seul.[38] Au moment où il était assis dans un lieu voisin des tombeaux, un bruit se fit entendre, et on vit s'ouvrir huit sarcophages desquels sortirent des cadavres jusqu'à la ceinture, ayant l'aspect de vieillards, la barbe teinte, et qui restèrent dans cette position pendant trois jours. A toutes les questions qu'on leur adressait, ils ne répondaient point. Fatigués de les voir dans cette attitude, ils les couvrirent de terre et les abandonnèrent Personne n'a pu savoir ce que signifiait cette apparition.[39]
L'empereur Constantin était très versé dans les Écritures et avait l'esprit très délié. Aussi, il pratiquait secrètement l'orthodoxie.[40] A la mort de sa femme,[41] lorsqu'on voulut l'engager à se remarier: « Il ne convient pas, dit-il, à un prince de régner, après avoir contracté un second mariage. Mettez mon fils sur le trône et je me rendrai à vos exigences. » On couronna alors Léon ; mais son père ne cessa point pour cela de veiller aux soins de l'empire.[42] Léon se mit à la tête de son armée, et fit sortir de Mélitène, les Arméniens et les Syriens qu'il emmena dans son empire,[43] en disant: « Ils sont chrétiens, qu'ils vivent au milieu de nous comme des frères. » Comme les Grecs lui faisaient à ce propos des représentations, en disant : « Nous ne sommes pas leurs frères, nous les haïssons et les maudissons, » l'empereur demanda l'exposé de leur foi qu'ils donnèrent par écrit, en se tenant à l'unité de la nature, de la volonté et de l'opération d'un seul et même Verbe. L'empereur les approuva et donna l'ordre de convoquer un concile qu'on appelle le septième.[44] On procéda à l'examen et on ne put nullement porter atteinte à la profession de foi des orthodoxes. L'empereur dit au concile : « Je tiens à ce que deux choses soient décidées, l'abolition du concile de Chalcédoine et du culte des images.» On se prosterna à ses pieds : « Il nous est impossible de souscrire à cette décision, répondit-on, quand même ton intention serait de nous immoler. » L'empereur dit alors : « Je jure par Dieu que si vous ne supprimez pas au moins ce que Maxime le nestorien a inventé, je ne suis plus avec vous. » Ils cédèrent sur ce point et prononcèrent la condamnation de Maxime qui attribuait deux volontés et deux opérations au Christ. C'est à cause de cela que beaucoup de Grecs n'ont aucune considération pour le septième concile. L'empereur dit alors aux orthodoxes : « Allez dans votre pays d'où je vous ai tirés, afin qu'à ma mort, on ne vous persécute point » Il leur donna des provisions et des présents et ils s'en allèrent en paix.
La même année, les sauterelles dévastèrent plusieurs provinces. L'année suivante, il tomba de la grêle comme on n'en avait jamais vu ni entendu parler. Elle abattit plusieurs édifices et assomma un nombre prodigieux d'animaux sauvages et domestiques. Chaque grêlon pesait deux livres.
Abdoullah [Aboul-Abbas] mourut la même année.[45] Son successeur fut Djafr (Abou Djafar[46] Al-Mansour) qui rebâtit Mélitène et la ville de Garin (Erzeroum), appelée Galinicon par quelques grecs.[47] Les Arabes l'appellent Erzeroum qui veut dire pousse d'arbre (?), ou Orient. Il rebâtit aussi Ani ou Kamakh, ruinées toutes les deux par Constantin, empereur des Grecs.[48] Après avoir relevé ces villes, il conquit l'Afrique, ainsi que le Taprastan (Tabéristan) ou le pays de Perses, avec toutes les contrées voisines, dont il s'empara en personne. Au retour il enleva la ville fortifiée de Ré.[49]
Djafr (Abou-Djafar) construisit en l'année 1073 des Syriens et 194 des Arméniens, sur le fleuve du Tigre, au dessus de Ctésiphon, une ville qu'il nomma Bagdad,[50] mot qui veut dire centre, c'est-à-dire entre la Perse et la Syrie. Cette même année, les Kourds ou Mars (Mèdes) qui sont un ramassis de peuples, sortirent et firent 50.000 prisonniers à Gausana.[51]
En ce temps-là, on fit courir le bruit qu'une femme ne téta point le lait du sein de sa mère, après sa naissance. Elle grandit cependant et arriva à l'âge de 30 ans, sans rien manger. Elle fut amenée en présence de Djafr (Abou-Djafar) qui la trouva telle qu'on l'avait réputée.[52] Il assembla les savants qu'il chargea de l'examiner et de connaître la vérité. Les savants répondirent que c'était un phénomène sans précédent et qu'ils ne pouvaient l'expliquer ; mais que c'était un miracle du Seigneur Dieu. Les mages perses trompés par ce signe, se donnèrent un roi et s'insurgèrent. L'armée des Dadjiks (Arabes) qui marcha contre eux, fut défaite. Djafr (Abou-Djafar) les attaqua une seconde fois, massacra 40.000 individus et tua leur prince.[53] A son retour en Mésopotamie, il chargea un juif nommé Mousi (Moïse) et un dadjik (arabe) nommé Soliman, de percevoir les contributions dues au fisc. Ces collecteurs, usant de moyens impitoyables, réduisirent le pays aux portes de la mort, de sorte que l'or et l'argent disparurent du monde. On fouillait les tombeaux des païens et on payait les impôts avec les objets trouvés.[54] Les Grecs imitèrent cet exemple, et ils ouvrirent la sépulture de Nicomède, fondateur de la ville de ce nom. Ils y trouvèrent beaucoup d'or et de pierres brillantes. Ils en donnèrent avis à l'empereur Constantin qui se rendit (sur les lieux), et examina chacun des objets, sans toutefois vouloir rien prendre. Puis il fit murer le tombeau avec des pierres de taille, en disant : « Il n'y a pas de forfait plus abominable pour un vivant que de dépouiller les morts. » Il fit des menaces terribles contre quiconque commettrait un semblable sacrilège.[55]
L'atroce avidité de Djafr (Abou-Djafar) forçait (le peuple) à vendre les bœufs et les ânes pour un tram et les enfants pour cinq trams.[56] Il mourut au bout de vingt ans; le monde fut délivré de ses excès et jouit de quelque repos. Madi (Mahadi) son fils lui succéda.[57]
La même année Constantin mourut, après avoir régné 34 ans. Son fils Léon [IV], qui avait partagé avec lui le pouvoir, s'assit seul alors sur le trône.[58]
Madi (Mahadi) dissipa toutes les richesses amassées par son père. Il ajouta foi à la science des astrologues, l'étudia et la pratiqua. En apprenant cela, Léon lui envoya les livres de Janès et de Jamrès, adversaires d'Israël. Madi en fut enchanté et s'adonna à la sorcellerie.[59] Il vint à Alep, où 12.000 chrétiens se portèrent à sa rencontre pour lui faire honneur. Le nombre des chrétiens excita sa jalousie au plus haut point, et il leur proposa de choisir l'un de ces deux partis : la mort ou l'apostasie. 5.000 personnes se firent musulmanes, et 7.000 moururent en rendant témoignage à la divinité du Christ. Les femmes et les enfants des renégats les abandonnèrent et s'en allèrent.[60] Mahadi se rendit en Arabisus; de là, il envoya son fils Haroun piller Éphèse, d'où il emmena en captivité 5.000 individus de cette ville, mais il perdit 4.000 hommes de son armée.[61]
Léon envoya des troupes dans la Mésopotamie d'où il tira les Arméniens et les Syriens, chrétiens orthodoxes, qu'il fit établir avec lui dans la Thrace.[62]
Il imita la conduite de son père, proscrivit le culte des images et ne communia pas par les mains des Chalcédoniens. Ce fut pour cette raison que les historiens grecs s'en plaignent et l'appellent jacobite.[63] Il mourut après un règne de dix ans. Son fils Constantin [IV] lui succéda à l'âge de douze ans, avec sa mère Irinia (Irène).[64]
A cette nouvelle, Haroun envahit le territoire grec qu'il évacua honteusement.[65] Aly, par ordre de Mahadi, commença à élever la ville de Had (Hadath) sous l'invocation de son nom[66] dans le district de Marach ; mais il n'y réussit pas, car Mahadi mourut, et son fils Mousi (Moussa) ne régna que deux ans.[67] Haroun, son frère, lui succéda;[68] il fut surnommé Rachid (le Juste). Ce fut par ordre de celui-ci, qu'Abdel-Melik (Abdoul-Mélik) bâtit. Rachid.[69] Les troupes grecques démolirent Had, qu'Haroun fit rebâtir de nouveau.[70] Il fit construire 2.000 chariots et ayant fait démolir l'église qui était dans le voisinage de Samosate, à l'ouest de la rivière Schendjè,[71] il en fit emporter les pierres. Il fit démolir également l'église de Kessoun fondée par les Apôtres et qui avait 15 autels. Ce fut avec ces matériaux, qu'il fit élever les murailles de Had.[72]
On fit dans ce temps-là à Édesse, la découverte du sarcophage d'un juif qui portait une inscription datée de 1000 ans et qui était ainsi conçue : « Dieu incarné naîtra d'une vierge; la lumière de sa gloire éclatera par la croix sur le monde. Que sa miséricorde daigne me visiter. »
L'empereur Constantin fut informé dans ce temps-là, que Philigue (Félix (?)) patrice ou gouverneur de la Sicile,[73] entretenait des relations criminelles avec sa mère, et il résolut de se saisir de lui. Celui-ci prévenu des intentions de l'empereur, s'enfuit auprès d'Haroun qui lui confia 40.000 hommes de troupes à cheval, avec lesquelles il alla conquérir la Sicile pour le compte des Dadjiks (Arabes).[74] Surprises par une neige très-épaisse, ces troupes perdirent beaucoup d'hommes et de chevaux, et les débris se rendirent à Constantinople, où ils furent traités avec humanité et renvoyés munis du nécessaire.[75] Constantin supprima dans l'office de l'église, la mention de sa mère. Après la mort de sa première femme, il en prit une seconde[76] au mépris des canons apostoliques et il se fit beaucoup d'ennemis. Sa mère, ayant appris le mécontentement des troupes, se forma un parti, se choisit des conseillers, puis s'étant emparée de la personne de son fils, elle lui fit crever les yeux et régna seule, en élevant à la dignité de premier ministre l'eunuque Philati.[77]
Les petits-fils d'Athanase d'Édesse[78] trouvèrent à cette époque les trésors de leur aïeul, ainsi que des serpents et des scorpions d'or creux en dedans, et remplis de khimi (matières chimiques), qui lorsqu'on les répandait sur le cuivre fondu, avec une autre espèce de matière dont on arrosait le plomb noir, devenaient de l'or par ce mélange. Athanase avait désigné les parties que l'on devait donner, sur ses trésors, à l'église et aux pauvres; ce dont ses héritiers s'acquittèrent. Quant à eux, ils firent fortune, acquirent des richesses, des chevaux, des mulets, ainsi que des faucons et des chiens ; ils allaient à la chasse et se distrayaient. Le khalife des Dadjiks (Arabes)[79] prévenu (de la découverte), les fit venir en sa présence, leur fit appliquer la torture et les dépouilla de tous leurs biens. Mais ne connaissant pas d'abord la valeur du khimi (matières chimiques), où le répandit comme de la terre rouge. S'étant aperçus plus tard de leur erreur, ils se repentirent et se mirent en colère. Le khalife fit emprisonner les fils d'Athanase et garder leur sœur qui était vierge, dans une chambre très-élevée, où on la surveillait. Cette jeune fille de peur d'être déshonorée, se précipita de cette hauteur et se tua. En apprenant cette nouvelle, le khalife eut pitié des frères (de la jeune fille) qu'il fit mettre en liberté.[80]
L'armée grecque en apprenant que les Arabes l'insultaient, parce qu'elle avait une femme du nom d’Iriné (Irène) pour souveraine, se donna un empereur dans la personne de Nikiphor (Nicéphore) qui exila Irène à Athènes.[81] Les Dadjiks (Arabes) élevèrent la même année la ville de Zoupatra (Sozopétra) en Arménie.[82] Nicéphore, prince fort et éclairé, entreprit une expédition dans le pays des Dadjiks (Arabes) et revint chargé d'un butin immense.[83]
Au dire de quelques-uns, il était dadjik (arabe) d'origine.[84] On rapporta à Haroun que Nicéphore était un homme courageux, pratiquant le jeûne et très pieux; il le prit en affection et vint en personne lui rendre visite, et ils se firent des serments d'amitié. Ils mangèrent à la même table et Haroun lui fit hommage de toute son argenterie de table, de ses tentes, et ils se séparèrent ainsi l'un de l'autre.[85]
Haroun épousa Héraclia, en l'honneur de laquelle il fit bâtir une ville au dessus de Callinique et qu'il appela Héraclia.[86] Nicéphore bâtit Angouria (Ancyre).[87]
En ce temps-là, le saint évêque Anania, qui était de la montagne des Milliers, c'est-à-dire de celle de Ninive, fonda un couvent sur l'emplacement d'un château en ruine qu'il acheta aux Dadjiks (Arabes) et qu'il plaça sons l'invocation des Saints Ananéens.[88] Il y fit construire des chapelles profondes et secrètes. Il y transporta les reliques des Saints Ananéens qui étaient à Dara, celles du saint apôtre Barthélémy de l'Arménie, du saint apôtre Philippe de Mempedj (Hiéropolis). Ensuite, il se rendit à Rome, où par ses prières adressées au Seigneur et par les larmes qu'il répandait sans cesse, il obtint des reliques de Pierre et de Paul qu'il rapporta dans son pays. Il se rendit après à Babylone, d'où il rapporta les corps des prophètes Daniel et Ezéchiel et celui de Sem fils de Noé, avec beaucoup d'autres encore et il les plaça tous dans la chapelle qu'il éleva et recouvrit, et sur laquelle il construisit une église magnifique, existant encore de nos jours et où s'exaucent les vœux accompagnés de prières.
Haroun, khalife des Dadjiks (Arabes), fit compter ses trésors qu'il trouva s'être augmentés de 10.000.000 de plus que celui de Djafr (Abou Giafar-al Mansour). Il fut fort joyeux et fit à Dieu trois génuflexions. Il appela devant lui Mahmed, (Abou-Mousa Mohammed, surnommé Al-Amin) Mahmoud (Abou Djafar Abd-allah, surnommé Al-Mamoun) et Ghassoum (EI-Kaçem) ses trois fils, et leur recommanda par écrit de régner à sa place après sa mort par ordre de primogéniture. Il alla ensuite dans le Khorassan, accompagné de Mahmoud, et il y mourut après avoir régné 23 ans.[89]
Nicéphore, empereur des Grecs, entreprit une expédition dans le pays des Bulgares où il déploya le plus grand courage et parvint jusqu'à leur capitale. Il y exerça des massacres tellement barbares qu'il faisait ramasser les petits enfants et les faisait écraser sous des meules à égrener le blé.[90] Un Franc, témoin de sa conduite atroce et féroce, l'ayant surpris sans sa garde, lui porta un coup inattendu qui l'étendit raide mort.[91] L'armée grecque se mit alors en retraite, et proclama empereur un certain Léon, qui fut tué par le général Michel lequel lui succéda.[92]
La monarchie des Dadjiks (Arabes) se scinda en deux; Mahomet (Mohammed al-Amin) régna dans la Mésopotamie, Mahmoud (Al-Mamoun) dans le Khorassan.[93] Ils se firent la guerre et Mahomet fut défait mie en fuite, et se réfugia à Samosate, ville qu'il fit fortifier. Hussein,[94] son général en chef, se souleva contre lui, se saisit de sa personne, le renferma dans un cachot et alla occuper Bagdad. Mahomet suppliait Hussein de le tirer seulement de sa prison, sans lui rendre son royaume. Hussein ayant eu pitié de lui, le rappela à Bagdad et lui rendit ses états. A cette nouvelle, Maïmoun (Al-Mamoun) fit partir l'émir Horthom (Horthomah)[95] qui vint assiéger Bagdad et tua Mahomet qu'il trouva caché.[96]
Tahir (Taher)[97] vint à Callinique accompagné de 4.000 soldats de Maïmoun, s'en empara et soumit à sa domination la Mésopotamie.[98] Il vexait les chrétiens en leur disant: « Allez chez votre prince, afin que nous nous reposions, tourmentés que nous étions jusqu'à présent, errant sans abri ; car c'est à nous à qui le Seigneur a donné ce pays. » C'est ainsi que les chrétiens orthodoxes ne trouvant nulle part ni repos, ni commisération, mettaient tout leur espoir dans la vie éternelle.
Un effrayant tremblement de terre eut lieu en ce temps-là; il fut si violent que les deux montagnes de Goghod, situées sur les bords opposés de l'Euphrate, se rapprochèrent, et tout le monde en fut témoin. Une autre montagne se renversa et tomba dans l'Euphrate, dont elle arrêta pour un jour le cours, et l'eau s'en retourna en arrière. Beaucoup de nouvelles sources de naphte, de bitume et d'eau se firent jour, et plusieurs autres disparurent.
Maïmoun (Al-Mamoun) khalife des Dadjiks (Arabes), avait chez lui un grec nommé Thomas réfugié chez son père Haroun, et se disant fils d'un empereur.[99] Cet homme avait inspiré à la cour beaucoup de confiance, et il y était traité honorablement. Maïmoun lui fournit un contingent de troupes et le fit partir pour Constantinople, en vue de s'emparer de cette ville ou du moins de l'inquiéter. Thomas vint donc mettre le siège devant Constantinople qu'il tint cernée pendant six mois, et la réduisit à une misère affreuse. Michel promit aux esclaves dadjiks (arabes), la liberté, s'ils voulaient combattre avec fidélité l'armée des Dadjiks (Arabes). Il livra avec leur aide un combat à Thomas, qui fut défait et mis en fuite avec peu de monde. On se mit à sa poursuite et on le fit prisonnier. Michel ordonna de lui mutiler les pieds et les mains, et de le faire promener à travers la ville; mais l'empereur ne tint pas sa promesse envers les esclaves dadjiks (arabes) auxquels il ne rendit pas la liberté.[100]
Maïmoun (Al-Mamoun) ayant appris que les Gourichiens,[101] sectaires dadjiks (arabes), s'étaient insurgés à Bagdad, et s'étaient donné pour roi un certain Ibrahim, marcha en personne contre lui. Celui-ci prit la fuite et disparut.[102] Maimoun occupa Bagdad; là il reçut Tabir auquel il donna le gouvernement de Khorassan.
En ce temps-là, la mer Adriatique jeta sur les côtes de la Cilicie un poisson, long de 40 coudées, très large et très épais, gui ressemblait à un monticule et avait un aspect effrayant. Les habitants s'empressèrent de l'aller voir, le mirent en morceaux, en mangèrent et le salèrent. Ils remplirent des jarres d'une grande quantité d'huile, et on la vendait pour la manger; ce dont tout le monde fut émerveillé.[103]
En l'année 1041 des Syriens et 256 des Arméniens, mourût Michel, empereur des Grecs qui fut remplacé par Théophile[104] auquel se soumirent les Bulgares[105] et les Kourdans.[106] Ces derniers sont un peuple à part, ayant un langage à eux. Une tradition magique conservée chez eux depuis les temps les plus reculés, prédisait qu'il devait naître parmi eux un individu nommé Mahadi (El-Mohdi)[107] qui régnerait, et que tout homme qui croirait en lui, mourrait et ressusciterait quarante jours après, et qu'aussitôt, après avoir goûté de la vie, il serait transporté dans le monde des immortels. Quelques-uns crurent qu'il était Dieu, d'autres qu'il était une force, enfin l'autre moitié prétendait qu'il était roi, et on attendait sa venue. En ce moment parut un individu qui portait le même nom que lui; on crut que c'était l'homme annoncé. Lui-même disait: « Je le suis en effet. » Il se ceignit du diadème, et ses nationaux se groupèrent autour de lui. Il sortit de son pays suivi d'une multitude de gens. Sa renommée s'étant accrue, on accourait vers lui de tous côtés. Ayant couvert son visage d'un voile, il parcourut plusieurs provinces et égorgeait les incrédules, jusqu'à ce qu'il fut arrivé aux montagnes d'Ararat en Arménie. Maïmoun (Al-Mamoun) était en proie à une terreur profonde, lorsqu'il apprit que Mahadi s'était dirigé sur Djéziré (la Mésopotamie), ravageant tous les pays où il passait, et massacrant tous les peuples comme précédemment. Cependant Hassan,[108] général de Maïmoun (Al Mamoun), s'arma de courage, marcha à sa rencontre, l'attaqua résolument, et commença à tuer les gens de Mahadi, qui jeta le voile et la couronne, prit la fuite et se réfugia sur les terres de Sahag (Isaac) l'arménien. Hassan se retira, mais Sahag se mit à la poursuite des Dadjiks (Arabes), en tua un grand nombre et les mit en fuite.
Sahag, au retour de la défaite éprouvée par les Dadjiks (Arabes), trouva sa maison cernée par les Khourdans qu'il attaqua; il se saisit de Mahadi, trancha la tête de cet homme qui se disait tantôt Dieu, tantôt esprit Le prince Sahag s'empara aussi de son camp.[109] Les faibles débris des Khourdanks, cherchant leur salut dans des retraites cachées, se réfugièrent auprès de Théophile qui vint s'emparer de la ville de Zoupatra (Sozopétra), et s'en retourna après l'avoir complètement ruinée.[110] Maïmoun (Al-Mamoun) ayant rebâti Zoupatra, se rendit à Édesse, et voulut savoir quels étaient les revenus de l'église. On lui répondit: « Quels qu'ils soient, on vous paie le tribut. » Maïmoun (Al-Mamoun) rendit une loi en vertu de laquelle tous les biens de l'église étaient exempts de l'impôt du fisc. De là, Maïmoun (Al-Mamoun) entreprit pendant l'été une expédition dans la Cappadoce et s'étant emparé de quatre forts,[111] il revint passer l'hiver à Damas. L'année suivante, il alla assiéger le fort de Loulou,[112] mais n'ayant pu s'en rendre maître, il y laissa des troupes[113] et revint à Kessoun. Le patriarche Denys se porta à sa rencontre, et il le combla d'honneurs. Il donna aussi la franchise pour les biens de l'église. Au moment où il s'entretenait avec le patriarche, on vint lui annoncer la prise de Loulou. Il regarda comme un heureux présage l'affection sincère qu'il avait pour le patriarche et le combla de présents.
En ce temps-là, Théophile envoya des ambassadeurs pour demander la paix à Maïmoun qui lui fit répondre : « Reconnaissez ma souveraineté sur vous, payez-moi un tribut et j'acquiescerai à votre demande. » Il ne reçut aucune réponse. Ensuite Maïmoun envahit la Cilicie, où un imposteur grec, se disant fils d'un empereur, vint le rejoindre. Maïmoun ajouta foi aux paroles de cet homme et fit faire pour lui une couronne de 3.000 tahégans, puis il appela Job patriarche d'Antioche, et lui dit: « Sacrez cet homme selon vos lois. » Ce qui fut fait. Les constantinopolitains, à cette nouvelle, prononcèrent une condamnation contre Job, tandis que l'empereur sacré par lui, abjura peu de jours après le christianisme, et se fit musulman.[114]
Maïmoun envahit le territoire grec, qu'il soumit par des promesses mensongères jusqu'à la ville de Daïan (Tyane), ruinée jadis par les Dadjiks (Arabes). Il entreprit de la relever en y dépensant les impôts du pays qu'il percevait par le ministère de bourreaux impitoyables, cruels et féroces, de sorte que toutes les langues le maudissaient. Leurs plaintes étant parvenues aux oreilles du Dieu des armées, il le frappa de mort sur les lieux mêmes.[115] Abousahal (Motassem) son frère, lui succéda[116] et livra au feu toutes les constructions;[117] puis il se rendit à Bagdad. Là, les habitants de Bassorah vinrent lui dire que dans la mer de Perse, à l'embouchure de l'Euphrate et du Tigre réunis, se trouvait une île sur laquelle s'élevait une citadelle, refuge habituel des rebelles qui rançonnaient les marchands se rendant aux Indes et en Ethiopie. Le khalife fit venir de l'Egypte et de Bassorah, des gens habiles et d'adroits plongeurs qui, couvrant leurs membres avec des débris d'enfants avortés et mettant de l'huile dans une fiole, s'enfonçaient dans les profondeurs de la mer et remontaient là où ils voulaient. On dirigea donc une forte escadre contre cette île, dont les habitants se présentèrent pour la défendre les armes à la main. Les plongeurs s'enfoncèrent dans la mer et remontèrent devant la porte de la forteresse qui était ouverte, tandis que la garnison montée sur des navires, combattait avec les Dadjiks (Arabes). Ils s'emparèrent de la forteresse qu'ils démantelèrent et passèrent au fil de l'épée les défenseurs. Ainsi fut brisé cet obstacle, et la route des voyageurs devenue libre, procura la richesse à plusieurs provinces, et Bassorah devint prospère.[118]
Abousahal (Motassem) bâtit entre Ninive et Babylone, dans le village de Schamr (Samara),[119] une somptueuse résidence, entourée d'un parc orné d'arbres de toute espèce. Il fit venir de l'Egypte des arbres à baume et en planta pour son agrément. Il fit de même à Bagdad et à Babylone. Ne confonds pas ces deux villes, car elles sont séparées l'une de l'autre par quatre journées de marche.
En ce temps-là, Abousahal (Motassem) envoya des ambassadeurs aux Nubiens[120] et leur fit dire: « En vertu d'un traité ancien conclu entre vous et nous, nous devons vous fournir du blé, de l'huile et des vêtements; de même si votre prince entreprend un voyage sur notre territoire, nous devons également pourvoir à tous ses besoins, comme à notre prince. De votre côté, vous devez annuellement nous donner 300 esclaves noirs, 10 singes, une girafe, qui est un animal tacheté, haut sur ses jambes de devant, grand comme un buffle et valant 20.000 tahégans, ainsi que du bois incorruptible.[121] Consentez donc, leur dit-il, à renouveler cet ancien traité. » A l'arrivée des ambassadeurs, le roi de Nubie était mort, en laissant une fille unique, héritière du trône, que le prince Zacharie fit épouser à Korki (Georges) son fils qu'il proclama roi.[122] Ce même Zacharie voulut envoyer à Abousahal (Motassem), son fils régnant. Â cette nouvelle, Abousahal (Motassem), khalife des Dadjiks (Arabes), fut dans l'enchantement et lui envoya une escorte de soldats, des bêtes de somme et pourvut à tous les frais de son voyage, avec une grande magnificence. Il fit publier un ordre enjoignant à ses principaux dignitaires ecclésiastiques et laïques, chrétiens et arabes, de se porter à la rencontre [de son hôte]. Aussi tout le monde arrivait comme un flot sur la route par où il passait. C'était un spectacle inouï que de voir un jeune homme de vingt ans, d'une assez belle stature, monté sur un chameau magnifiquement harnaché, dont la selle était enrichie de pierres précieuses, et surmontée d'un dais d'or garni de perles et qui se terminait par un baldaquin surmonté d'une croix d'or. Quant à son costume et à sa couronne, la plume est incapable d'en donner une idée. Dans l'une de ses mains, il tenait un globe d'or surmonté d'une croix du même métal ; dans l'autre, un bâton d'or surmonté aussi d'une croix. Une multitude de prêtres le suivait. Quatre évêques et autant de prêtres portant des croix, marchaient à sa droite et à sa gauche. Ses troupes vêtues et armées de toutes pièces et de différentes manières, offraient un spectacle digne d'attention.
Le fier khalife des Dadjiks (Arabes) alla à sa rencontre, et lui prodigua des éloges sur la richesse de ses ornements. Il le conduisit à Bagdad entouré d'honneurs éclatants, et là, tous deux s'assirent sur le même divan. [Le jeune prince] fit venir le patriarche Denys,[123] et s'assurant de son orthodoxie, lui fit dire la messe et communia de ses mains.[124] Le patriarche était tout ravi du parfait raisonnement de ce jeune homme qui méprisait ceux qui admettaient deux natures en Jésus-Christ. Le khalife des Dadjiks (Arabes) fit à ce prince chrétien des cadeaux magnifiques et en nombre infini, sachant que personne parmi ses prédécesseurs n'avait jamais été honoré comme lui de la visite du roi de Nubie. Ils contractèrent entre eux un pacte d'amitié parfaite, fondée, non comme la première fois, sur des tributs apportés par les Nubiens, mais sur la bonne volonté réciproque et sur un souvenir éternel. Ils se partagèrent Nessouan (Assouan) et Gauzan, deux villes sur le Nil. Le beau Korki (Georges) revint dans ses états, comblé d'honneurs éclatants. Cependant deux de ses évêques et beaucoup de ses soldats, n'étant pas habitués à la température variée de l'été et de l'hiver, moururent.
Naçir (Nazar) et Bonbakr (Babek),[125] deux généraux dadjiks (arabes) qui s'étaient épris des mœurs des chrétiens de la Nubie, se rendirent auprès de l'empereur Théophile et embrassèrent le christianisme. Celui-ci gonflé d'orgueil et suivi de ces derniers, se rendit à Zoupatra (Sosopétra) qu'il prit, et dont il fît égorger les habitants chrétiens et dadjiks (musulmans).[126] De là, il envahit Meldeni (Mélitène) qu'il mit au pillage, et il poussa la guerre et le ravage jusque dans les provinces d'Aschmousch (Aschmouni) et de Handzith.[127] Abousahal (Motassel) fut fort irrité en apprenant ces nouvelles et marcha avec toutes ses forces divisées en deux corps contre les Grecs. Cette armée était composée de cavalerie et bien approvisionnée. Trente mille maures et autant de marchands en faisaient partie; 50.000 chameaux et 20.000 mulets portaient à dos des munitions et des provisions. Tu peux juger du reste. Il prit Ancyre et dévasta le pays jusqu'à Amorium, ville considérable, très-peuplée, agréable, extrêmement forte et sans égale sur la terre.[128] Après un siège de douze jours, la ville tomba en son pouvoir par la trahison d'un général nommé Djorj (Georges),[129] et il y fit massacrer 18.000 individus. Il y trouva 1.000 couvents remplis de religieuses qu'il fit épouser à ses serviteurs. La ville fut réduite en cendres.[130] La justice de Dieu est impénétrable; personne ne peut la deviner. Que ses profondeurs à nous inconnues soient bénies !
Abousahal (Motassel) avait un fils appelé Daiouth (Daoud) qui, poussé par le démon, sollicita de son père l'ordre d'interdire aux chrétiens toute sorte de libertés, de ne plus paraître hors de l'église précédés de la croix, de ne plus porter les morts sur les bras, de ne plus solenniser le culte chrétien publiquement, enfin de ne plus garder de pores et de ne plus en manger la chair. Toutes ces prescriptions furent exécutées.
Abousahal (Motassel) découvrit un complot ourdi par Abbas son neveu, qui avait contracté une alliance avec les Romains en vue de détruire la puissance des Dadjiks (Arabes), et de monter sur le trône, après avoir embrassé le christianisme. Abousahal (Motassel) se saisit de sa personne et le fit mourir de faim. La relation de son crime fut publiée par son ordre dans tout l'empire des Dadjiks (Arabes) ; c'est pour cela que tous les Dadjiks (Musulmans) détestent et maudissent Apas.[131]
A cette époque, on aperçut au nord, un nuage rouge pendant trois nuits, et il tomba une pluie étrange mêlée de pierres qui détachaient l'écorce des arbres. Le torrent dévasta la plaine et submergea la ville de Harran, en emportant beaucoup d'hommes et d'animaux dans l'Euphrate où ils périrent.
Il ravagea aussi beaucoup de provinces et de villages.[132]
Après cet événement, Théophile envoya à Abousahal (Motassel) des présents, et lui proposa d'échanger les captifs chrétiens contre des Dadjiks (Arabes). Abousahal (Motassel) en retour, lui envoya des cadeaux beaucoup plus considérables, qui furent chargés sur 50 chameaux. Quant à l'échange des prisonniers, il répondit: « Un noble arabe ne peut pas être échangé contre un grec de basse condition, à moins que j'augmente le nombre de ces derniers. »
Cette affaire fut réglée selon cette base et la paix fut rétablie entre eux.[133]
En ce temps-là, parut un certain Thamam[134] qui se disant messager de Dieu, annonçait qu'on ne devait exiger des chrétiens qu'un impôt de quatre tram. Les Jésuens (adorateurs de Jésus) en furent charmés et plus de 30.000 pauvres d'entre ces derniers, vinrent se grouper autour de lui. Cet homme avec ses adhérents, se rendit à Jérusalem, et abattit l'église de la Sainte-Résurrection.[135] L'émir de Damas se mit à sa poursuite et le tua parce qu'il était adversaire de sa loi.[136]
En ce moment, Abousahal (Motassel) mourut et fut remplacé par son fils Haroun (Wathek)[137] qui était adonné à la bonne chair et à l'ivrognerie, et complètement ignorant des événements et du passé du monde. Il mourut après avoir passé six ans dans l'abrutissement.[138]
Théophile mourut la même année, et Michel son fils lui succéda sous la tutelle de sa mère Théodore.[139] Sous son règne, il y eut six khalifes, Haroun, Djafar, Mahomet, Ahmed I et Ahmed II, Abou Abdullah qui se succédèrent sur le trône de l'empire des Dadjiks (Arabes).[140]
Michel mourut après avoir régné 25 ans, et comme il ne laissait pas de fils, un certain Vasil (Basile), officier du palais, occupa le trône durant deux ans;[141] Léon [IV] son fils lui succéda et régna 23 ans.[142] Sous ces deux derniers princes, Ahmed régna sur les Dadjiks (Arabes) durant 23 ans.[143] Léon se rendit coupable devant Dieu en épousant quatre femmes, car il n'avait pas de conseillers.[144] Par un édit, il valida la sainteté du quatrième mariage.[145] Attaqué d'une maladie des entrailles, il mourut misérablement. Alex (Alexandre) son fils[146] lui succéda et régna un an ; celui-ci eut pour successeur Constantin [VII], son frère, dont le règne dura 57 ans.[147] Sous son règne, trois patriarches se succédèrent sur le siège de Constantinople, tous trois sorciers, adorant pendant la prétendue messe, des idoles cachées sous l'autel. C'est pour cette raison que les Grecs supprimèrent pendant un certain temps le rideau [de l'autel].[148]
La dynastie d'Aly qui régnait sur les Dadjiks (Arabes) fut remplacée par celle de Mahomet dont le premier khalife fut Aboul Abbas (Mothaded Billah) qui régna 20 ans.[149] Les Bulgares devenus forts, renouvelèrent durant un temps assez long, leurs incursions sur le territoire des Grecs, et ils les refoulèrent jusqu'à Constantinople.[150]
La 23e année du règne de Constantin, Mahomet régna sur les Dadjiks (Arabes) pendant six ans;[151] ensuite Djafar pendant 23 ans.[152] La 63e année du règne de Constantin [VI], Abou Maser[153] devint roi des Arabes pendant deux ans; après lui Apas (Abbas)[154] durant sept ans.
Constantin mourut dans la 67e année de son règne; il eut pour successeur son gendre Romain.[155] Celui-ci, par l'intermédiaire du général Simon, fit la paix avec les Bulgares[156] et devenu libre du côté de l'occident, il commença à agir en Orient.
Les Dadjiks (Arabes) qui possédaient la Cappadoce arménienne, la Mésopotamie syrienne et la Cilicie, depuis les temps d'Omar et d’Héraclius, s'étaient adonnés à l'ivrognerie et à la débauche; ils finirent par s'affaiblir et leur puissance déclina. Guiragos (Cyriaque), général de Romain, vint mettre le siège devant Mélitène, ville de l’Arménie-Mineure. Les habitants lui demandèrent un délai de 40 jours, afin de consulter leur roi [pour savoir] s'il pouvait les sauver. Guiragos (Cyriaque) accepta cette proposition, mais il fit arrêter le messager qui portait de leur part une lettre au roi. On l'amena auprès de Guiragos, on le gagna en lui assurant [une récompense] et il fut gardé secrètement dans le camp. Quelques jours après, il rentra dans la ville et annonça aux habitants que le jour même, l'armée arabe devait faire son entrée dans la ville, vers le soir. On crut à ses paroles. Les Grecs s'habillèrent à la manière des Dadjiks (Arabes) et entrèrent vers le soir dans la ville, comme s'ils étaient les Arabes attendus, et ils s'en emparèrent La vie des Arabes fut respectée; ils furent conduits hors de la ville sans être inquiétés. Guiragos (Cyriaque) s'empara aussi des villes de Garin (Erzeroum), de Kamakh et de Kessoun. Il se rendit encore maître de la Cilicie, revint à Antioche qu'il soumit avec toute la région maritime, qui accepta la domination grecque à cause de la décadence des Dadjiks (Arabes).[157]
Romain mourut pendant ces événements et fut remplacé par Constantin son gendre, homme de bien et fort habile.[158] La quatrième année de son règne, Abousahal monta sur le trône des Dadjiks (Arabes).[159]
Constantin fit partir son fils Basile[160] [en Orient], et au moment de la prise de Samosate, il apprit la triste nouvelle de la mort de son père. Romain, son autre frère, succéda à Constantin. Basile revint et se soumit à son frère. Romain envoya à Alep des troupes qui s'emparèrent de cette ville.[161]
Abousahal mourut et fut remplacé par Aboulias qui régna sur les Arabes pendant six ans.[162]
Peu de temps après, Romain mourut aussi et Nicéphore lui succéda;[163] c'était un homme grossier et ennemi des orthodoxes. Il se rendit à Mélitène qu'il trouva en ruine et déserte. On lui conseilla de faire venir Jean patriarche d'Antioche[164] et de lui remettre le pays, afin qu'il le peuplât avec ses nationaux, car on lui disait: « Si les Dadjiks (Arabes) s'emparent de nouveau de ce pays, il vaut mieux pour nous que ce soient eux (les Syriens) qui périssent. » L'empereur accueillit cette proposition et jura au patriarche de révoquer [redit] de persécution lancé contre les orthodoxes. Le patriarche ajouta foi à ces paroles; il rétablit la ville et repeupla le pays avec les habitants des villages et des couvents, en y envoyant les orthodoxes émigrés de la Mésopotamie et de l'Arménie. Lui-même fixa sa résidence à Périd (Bared).[165] En apprenant la prospérité de l'établissement de Jean, l'empereur le manda à Constantinople, où il se rendit en compagnie d'évêques et de vartabeds, l'an 378 de l'ère arménienne.
On convoqua à Constantinople un concile nombreux et on entama des controverses avec les orthodoxes.[166] Mais la vérité triompha tellement, par la puissance du Christ, que toutes les langues bénissent notre foi. Cependant ce prince impie (Nicéphore) promettait aux orthodoxes des diocèses et des honneurs, à la Condition d'admettre deux natures [en J. C], et il les menaçait s'ils s'y refusaient « Ni la crainte, ni la promesse de vains honneurs, répondirent-ils, ne nous forceront à admettre cette distinction [dans la personne du Christ], car nous ne voulons pas être détachés de lui. » L'empereur, au comble de la fureur, les fît jeter dans des cachots pendant quatre mois.[167]
L'impératrice Théophané (Theophano) fît assassiner Nicéphore,[168] parce que celui-ci n'était pas marié avec elle; et prit pour époux un certain Jean, sur la tête duquel elle plaça la couronne.[169] Jean portait auparavant les pantoufles de l'empereur et avait des relations adultères avec l'impératrice. Ils ourdirent un complot et assassinèrent l'empereur.[170] Jean, surnommé Djémeschgig (Tzimiscès),[171] étant monté sur le trône, fit sortir de prison le patriarche [Jean] et les évêques qu'il renvoya avec honneur dans leurs diocèses. Gomme c'était un homme habile, il conquit sur les Dadjiks (Arabes) beaucoup de provinces.[172]
Cependant le patriarche chalcédonien d'Antioche persécutait souvent l'église orthodoxe, à l'aide des principaux dignitaires dont il avait tenu les fils sur les fonts baptismaux. Il fit jeter par trois fois dans un feu ardent l'Évangile, la sainte huile et la sainte Eucharistie qui furent respectés par les flammes, sans qu'il voulut pour cela se repentir; au contraire, [il fut] plus pervers que Nabuchodonosor qui, témoin de l'incombustibilité des Ananéens, crut et rendit grâces à Dieu. Ce prélat, outré contre les orthodoxes, les fît expulser, hommes et femmes, de la ville, à la fête de l'Epiphanie, et s'empara de leurs églises. Les exilés s'engagèrent par des prières et des serments envers Dieu, à ne point rentrer dans la ville avant d'avoir été vengés, ce qui eut lieu en effet. Le forcené Alaphi (Agapius)[173] atteint bientôt d'une maladie terrible, expira. On rappela alors avec de grands honneurs les orthodoxes dans la ville, en rendant grâce à la justice du jugement de Dieu. Cet événement eut lieu en 383 de l'ère arménienne.
Pjémeschguig (Tzimiscès) était originaire de la province d'Hantzith; c'est pour ce motif qu'il l'habitait de préférence. On dit qu'il était arménien de nation; il était généreux et charitable et donna la liberté à tous les captifs. Il bâtit, à ce que l'on assure, 300 églises, ainsi qu'une grande basilique à Rome. Son règne ne dura que trois ans,[174] et sa mort fut un deuil général pour tout le monde.[175] On lui donna pour successeurs Basile et Constantin, fils de l'empereur Romain, qui vécurent en bonne intelligence.[176] Constantin [VIII] était à la tête du gouvernement, et Basile [II] défendait vigoureusement [l'empire] contre les Dadjiks (Arabes) ; il régna 58 ans. Il conquit en Orient l'Arménie, en Occident la Bulgarie, après avoir livré beaucoup de batailles.[177] Son frère régna deux ans et demi plus que ce dernier.[178]
Dans ce temps-là Alphadl régna sur les Dadjiks (Arabes) durant 29 ans.[179] Après lui régna Boupakr (Aboubekr) pendant 19 ans[180] et après lui Aplapas (Aboul-Abbas) dont le règne fut de 42 ans.[181]
Après Constantin [VIII], frère de Basile, son neveu Romain[182] monta sur le trône- Il allait faire la guerre aux Dadjiks (Arabes) ; mais son armée fut battue et prit la fuite,[183] car il avait menacé de convertir aux doctrines du concile de Chalcédoine les couvents de la Montagne Noire dans la Cilicie,[184] s'il revenait après avoir conclu la paix, parce qu'il haïssait extrêmement les orthodoxes. Il convoqua à Constantinople un concile de 200 évêques, où il invita [Mar] Iohana, patriarche des Syriens[185] qui s'y rendit en compagnie de six évêques. Les partisans des deux natures se tinrent debout devant eux : à cause de sa vieillesse, il se fit soutenir par deux évêques, un de chaque côté, et il disputait avec eux énergiquement. L'empereur lui dit : « Profère seulement une parole, et je t'honorerai plus que les autres; dis deux natures distinctes après leur réunion. » — « La profession de la Trinité, répondit-il, n'est qu'un seul mot, l'apostasie aussi n'est qu'un mot; cependant je ne le prononcerai jamais.» Théodore,[186] évêque de Mélitène, lui appliqua sur la joue droite un soufflet; il lui présenta l'autre joue. L'un des évêques se levant, frappa Théodore et s'adressant aux assistants, il dit : « Le Christ a reçu un soufflet ; il se tient debout et vous êtes assis. » Tout le monde versa des larmes et le concile fut dissous à cause de la tristesse [que causa cette scène]. Puis on réunit de nouveau l'assemblée et chacun ayant pris sa place, ils dirent au patriarche: « Sois d'accord avec nous, et accepte seul le siège d'Antioche. » — « J'ai mon siège dans les cieux et non sur la terre, leur répondit-il, je n'ai nul besoin d'un siège terrestre. « Les Chalcédoniens continuèrent en disant : « Vous n'avez ni baptême, ni sacerdoce, recevez-les de nous et retournez chez vous. » Le saint homme répondit : « Les dogmes que le Christ et les apôtres établirent et que Dioscore et Sévère gardèrent, nous les conservons aussi; et je suis sûr de ce que je vous dis, que vous n'avez rien autre chose que l'anathème accumulé sur vos têtes. » Les Chalcédoniens transportés de colère, résolurent de l'exiler en Occident. Après l'avoir fait marcher pendant 29 jours, on parut se repentir, et on le ramena à Constantinople où on l'emprisonna. Là, il se fit beaucoup de guérisons par son intermédiaire, sur les aveugles, sur les boiteux et sur les malades. La renommée s'en répandit partout et beaucoup de gens embrassèrent l'orthodoxie.
Saint Iohana finit ses jours dans la prison même; ses reliques furent déposées par ses disciples, avec [celles] des martyrs, et sa mémoire vit avec les Saints.[187]
Romain atteint par la colère de Dieu expira.[188] Michel lui succéda et régna huit ans.[189] L'un de ses parents[190] qui convoitait le trône, organisa des conciliabules secrets pendant sept mois; mais on se saisit de sa personne et on lui creva les yeux[191] sur la place même où on découvrit une pierre portant cette inscription : « Ici un prince sera privé de la lumière. »
Sous Michel, Soliman remit Ourrha (Édesse) aux Grecs.[192] Après la mort de Michel, Zoé et Théodore, filles de l'empereur Constantin [VIII] régnèrent.[193] En même temps Aplapas (Lisez Abdallah) était khalife des Dadjiks (Arabes).[194]
[1] Cf. Aboulpharadj, Chr. syr. p. 425. — Théophane appelle cet imposteur: τις σύρος ψευδόχριστος (p. 336). Selon les historiens grecs, l’apparition de ce prétendu messie excita contre les Juifs, répandus dans l'empire, la colère de Léon III qui les força, sous peine de mort, à accepter le baptême.
[2] Théophane, p. 334. — Aboulpharadj, Chr. syr. p. 124.
[3] Yézid fils d'Abdel-Melek et frère des deux précédents khalifes Walid et Soliman, occupa le khalifat de l'an 720 à l'an 724 (101 à 105 de l'hégire). Il succéda à Omar, qui avait gouverné les Arabes deux ans et quelques mois.
[4] Cf. Aboulpharadj, Chr. syr. p. 124.
[5] Philépique avait conçu le projet de proscrire le culte des images ; Léon III résolut de l'exécuter. Secondé par Beser, Βησὴρ, syrien chrétien renégat, et par Constantin évêque de Nacolée en Phrygie, il tint un synode provincial où le culte des images fut prohibé et condamné. Un édit fut rédigé en ce sens. Le peuple aussitôt murmura ; le patriarche Germain, Jean Damascène, et le pape Grégoire résistèrent ouvertement aux ordres de l'empereur (Fleury, Hist. ecclés., liv. 42. art. 43; liv. 43, art. 1-6).
[6] Cf. Aboulpharadj, Chr. syr. p. 124-125.
[7] Aboul Walid Hescham, frère de Yézid, quatrième fils d'Abdelmelek, occupa le khalifat de l'an 724 à l'an 743.
[8] Cf. Aboulpharadj, Chr. syr. p. 125.
[9] Aboulpharadj ne mentionne pas cette localité, mais nous savons par Théophane (p. 344), que Soliman général de Hescham, s'empara en 738, d'un château de la Cilicie, appelé Σιδηροῦν καστρόν, « château de fer. »
[10] Aboulpharadj, (Chr. syr. p. 125) appelle la localité dont il s'agit, Césarée du Pont.
[11] Athanase III, abbé de Gouba, succéda à Elie, en 723 et mourut en 740 de notre ère. (Assemani, Bibl. Orient, T. II, p. 338).
[12] Jean IV Odznetzi, né à Odzoun, château de la province de Daschir. En 718, il succéda à Elie (Eghia), et mourut en 729. On a de lui un nombre assez considérable d'ouvrages religieux, dont les PP. Mékhitaristes ont donné, à Venise, en 1833, une excellente édition. (Sakias de Somal, Quadro della letteratura armenia, p. 45 et suiv.).
[13] La Siounie est une des provinces de l'ancienne Arménie, bornée au nord par le pays de Koukark ou Gogaréne, à l'orient par l'Artsakh, aujourd'hui Karabagh, au sud par le Vasbouragan et l'Atropatène, et à l'ouest par la province d'Ararat. (Cf. Indjidji, Armén. anc. — St Martin, Mém. sur l’Armén., T. I, p. 142 et suiv.). — Le Vasbouragan comprenait tout le pays au sud et à l'est du lac de Van, jusqu'au delà de l'Araxe, vers les montagnes de la Siounie ; c'était la province la plus étendue de l'Arménie: elle forma une royauté, longtemps en possession de la famille des Ardzrouni et qui subsista jusqu'au commencement du XIe siècle (Cf. Indjidji, op. cit. p. 156.— St Martin, Mém. sur l'Arm., T. I, p. 125 et suiv., 423 et suiv.). — Les pays des Aghouans ou Albanie du Caucase, n’a été signalé pour la première fois que lors de l'expédition de Pompée dans le Caucase. Ce pays se composait des hautes montagnes et des vallées limitrophes de la mer Caspienne, qui forment actuellement le Daghestan et le Schirwan, indépendants des Arméniens, avec lesquels ils avaient cependant une communauté d'origine et de religion, les Aghouans se gouvernaient d'après leurs propres lois, sous l'autorité d'un monarque puissant, et avaient également des Catholicos résidant à Kantzasar. (Cf. Moïse de Khorène, liv. II, ch. 7. — Strabon, liv. XI. — Plutarque, Vie de Lucullus, et Vie de Pompée. — St Martin, Mémoire sur l’Arménie, T. I, p. 212 et suiv. — Boré, Correspondance d'un voyageur en Orient, T. II, p. 48 et suiv.). — Moïse de Gaghangadouk, écrivain arménien du VIIe siècle, a écrit une Histoire des Aghouans (Paris, 1860; en arm.), qui contient des aperçus nouveaux sur ce peuple, dont les annales sont peu connues. Un auteur plus moderne, Esaïe Hassan Djalal, dont l'ouvrage a été publié à Choucha, en 1839, a écrit une histoire abrégée des Aghouans, en arménien. Ce sont les deux seuls ouvrages qui, à ma connaissance, contiennent des détails sur l'Aghouanie et le peuple Aghouan.
[14] Le canton de Sassoun faisait partie, dans l'antiquité, de la province d'Aghdsnik ou Arsanène (Cf. Ammien Marcellin, XXV, 7. — Procope, Bell. pers., I, 24). — Ce canton a conservé son nom encore à présent. Ce pays est situé au milieu des montagnes, au midi de Bitlis (Indjidji, Géogr. anc, p. 69-74). Les habitants du pays de Sassoun, sont presque tous arméniens, et vivent dans un état presqu'indépendant des Turks. Entourés de tous côtés par des tribus kurdes puissantes, les habitants des montagnes de Sassoun, n'en représentent pas moins actuellement un des éléments les plus vivaces de la nationalité arménienne.
[15] Le conciliabule de Manazguerd est également mentionné dans la Chronique d'Aboulpharadj, (apud Assemani, Biblioth. Orient., T. II, p. 296-297). Il amena la réunion, pour quelque temps, des deux communions jacobite et arménienne (Cf. Galanus, Concil. ecclés. armen. cum romana, Part. I, p. 105. — Tchamitch, Hist. d'Armén., T. II, p. 352, 371 et suiv.).
[16] Act. Apost., II, 31 et 32.
[17] Le texte arménien des Actes, ne comporte pas en effet ce mot désormais (vers. 31).
[18] Les années 166 et 135 de l'ère arménienne sont également fausses. Assemani les a rectifiées d'après Galanus, et propose de lire 175.
[19] Aboulpharadj (Chr. syr. p. 125) nomme ce pays l'Adherbeidjan; seulement Michel et Aboulpharadj se sont trompés en croyant qu'il était question d'une invasion turque, car nous savons par Théophane, s'il s'agit ici des Khazars, auxquels il donne, est vrai, quelquefois le nom de Scythes.
[20] Selon les historiens grecs, cette campagne des Arabes dans l'Adherbeidjan et le Schirwan, fut dirigée par Moslémah contre les Khazars établis au Nord du Caucase et dans les plaines situées entre la mer Caspienne et la mer Noire. Les Khazars, qui avaient franchi le Caucase en 722, ravagèrent l'Arménie. Le fils du khakan (Théophane, p. 340), à la tête d'une nombreuse armée, envahit l'Adherbeidjan. Moslémah le repoussa, s'avança dans le Schirwan et prit Derbend. En 728, le fils du roi des Khazars revint de nouveau envahir l'Arménie et l'Adherbeidjan, que Théophane appelle ici la Médie (p. 341). Djarrah, fils d'Abdallah, appelé par Aboulpharadj, Chr. syr. p. 124), Τάραχος par Théophane (p. 341), s'avança à la rencontre des Khazars en 728, mais il fut vaincu et tué, et les Khazars marchèrent sur Mossoul. Hescham envoya Saïd contre eux ; mais Moslémah vint reprendre le commandement qu'il avait cédé à Djarrah, et repoussa les Khazars au delà du Caucase. En 729, il pénétra même dans leur pays, tua le fils du khakan et se fortifia dans Derbend. Remplacé de nouveau en 731 par Merwan, fils de Mohammed, Moslémah laissa ce dernier contenir les Khazars. Merwan signa bientôt après la paix avec eux. (Théophane, p. 341-343. — Denys de Telmahr, Chron, syr. apud Assemani, Bibl. Orient., T. II, p. 106).
[21] Ce furent Moawiah et Soliman, fils du khalife Hescham, qui pénétrèrent dans la Paphlagonie et battirent les Grecs en 731 (Théophane, p. — Elmacin, Hist. sarr. p. 80). Aboulpharadj (Chron, syr. p. 125) d'accord avec Théophane, dit que Moawiah fut le seul chef de cette expédition.
[22] Aboulpharadj donne exactement le nom de ces deux localités, que les copistes ont défiguré, en transcrivant la Chronique de Michel. Selon lui, il faut lire Gangra, ville de la Paphlagonie, et Nicée, en Bithynie. (Chr. syr. p. 123).
[23] Les Grecs donnèrent à celte princesse le nom d'Irène (Cédrénus, T. I, p. 459. — Zonaras, liv. XV, T. II, p. 105).
[24] Cf. Aboulpharadj, Chr. syr. p. 126. — Léon III mourut le 18 juin 741, après avoir régné 24 ans et près de 3 mois.
[25] L'impiété de Constantin V Copronyme, surnommé aussi Caballin (Théophane, p. 346) suscita contre lui la haine du peuple et le curopalate Artavazd ou Artabaze, comte du thème d'Opsicium, qui avait épousé Anne fille de Léon III et sœur de l'empereur, crut que le moment était propice pour s'emparer du trône. Profitant de ce que Constantin était allé en Asie Mineure pour combattre les Arabes, il fit révolter la ville de Constantinople contre l'empereur, et répandant le bruit de sa mort, il se fit couronner. Constantin, en apprenant cette nouvelle, marcha sur Constantinople, sans oser l'assiéger et se retira à Amorium, appelant les Arabes à son secours et attendant des partisans, pour tenter d'enlever la capitale à l’usurpateur (Théophane, p. 345-348).
[26] Walid, fils de Yézid II, fils d'Abdelmélik, était neveu de Hescham. Celui-ci, était mort en février 743 (125 de l'hégire), après avoir régné près de 20 ans.
[27] Selon Aboulpharadj (Chr. syr. p. 127) la conduite de Walid, ayant irrité les Arabes', qui ne lui pardonnaient pas l'abus qu'il faisait du vin, et l'avaient surnommé à cause de ce défaut , provoqua une insurrection parmi le peuple. Abbas, bâtard d'Yézid, et frère illégitime de Walid, se révolta, mais les Arabes ne voulurent pas le reconnaître et nommèrent khalife Yézid, cousin de Walid II.
[28] Walid II ayant été tué, Yézid fut reconnu khalife par les Arabes de Perse, de Damas et d'Egypte. Merwan, fils de Mohammed, gouverneur de l'Arménie, refusa de le reconnaître, s'empara de la Mésopotamie et prit le parti des enfants de Walid II.
[29] Les guerres intestines que se firent les Arabes à cette époque, donnèrent naissance à des principautés éphémères que se disputèrent les membres de la famille des Omeyyades. Aboulpharadj donne la liste de ces principautés qui diffère de celle tracée par Michel ; elle est aussi plus complète et offre quelques variantes: (Texte syriaq. p. 125-126). « Bestam régna à Gazart; Saïd fils d'Houdil, à Mossoul ; Ebed-Allah fils d'Omar, à Fostah ; Merwan, en Arménie ; le fils de Sarg, en Khorassan, Abou-Houdil, en Afrique. » (Chr. syr. p. 127).
[30] Yézid mourut d'une tumeur en juillet 744, après un règne de deux mois, selon Aboulpharadj (Chr. syr. p. 127); mais d'autres disent quatre mois environ, son frère Ibrahim lui succéda, mais il abdiqua le premier décembre 744.
[31] Merwan s'empara d'Édesse, passa en Syrie, battit dans l'Anti-Liban, Soliman, général d'Ibrahim qui s'enfuit à Damas, où il égorgea les enfants de Walid II. Merwan prit Damas, s'empara des trésors qu'il y trouva et se retira à Carrhes (Harran) dans la Mésopotamie. Merwan fut tué en 730 (132 de l'hégire) par les Abbassides qui succédèrent à ce prince, le dernier de la dynastie des Omeyyades.
[32] Ardavazt, résolut de se porter à la rencontre de Constantin V en 743, et les deux rivaux s'atteignirent près de Sardes. L'armée d'Ardavazt fut battue, et son fils Nicétas fut vaincu également à Comopolis en Bithynie. Constantin vint alors attaquer Constantinople, où s'était réfugié Ardavazt, et s'en empara le 2 novembre. Ardavazt, s'enfuit dans le fort de Pouksanis au Poudzantès, y fut pris et on lui creva les yeux, ainsi qu'à ses fils Nicéphore et Nicétas, qui furent promenés sur des ânes aux jeux du cirque (Théophane, p. 347 et suiv. — Nicéphore, p. 39, 40).
[33] Léon, fils aîné de l'empereur, fut surnommé le Khazare, à cause de son origine maternelle. Son père le nomma Auguste en 751, alors qu'il n’était encore âgé que d'un an.
[34] Les historiens grecs (Théophane, p. 354) et syriens (Denys de Telmahr, apud Assemani, Bibl. Or., T. II, p. 107) signalent ces phénomènes qui jetèrent le trouble et la consternation dans tous les esprits.
[35] La peste de Constantinople, qui dura de 747 à 750, fut terrible. Les chroniqueurs byzantins en donnent des détails horribles (Théophane, p. 354 et suiv. — Cédrénus, T. II, p. 462. — Nicéphore, p. 40 et suiv.). Ce fléau venu de la Sicile, gagna la Calabre, la Grèce et la capitale de l'empire. En vue de repeupler la ville, l'empereur dut accorder des privilèges aux habitants de toutes les provinces de l'empire, qui voudraient venir habiter Constantinople. Les historiens syriens (Denys de Telmahr, apud Assemani, T. II, p. 107) disent que la peste gagna aussi l'Orient, où elle occasionna les plus terribles ravages.
[36] Le tremblement de terre de 740 (26 octobre) fut terrible. Constantinople ressentit de violentes secousses; mais ce fut surtout en Thrace, en Bithynie et en Egypte que les désastres se multiplièrent (Théophane, p. 345. — Cedrenus, T. I, p. 487 et suiv. — Elmacin, Hist. Sarr., p. 83).
[37] Aboul Abbas Abdallah es-Saffah (le Sanguinaire) était fils de Mahomet, fils d'Ali, fils d'Abdallah, fils d'Abbas. C'est cet Abbas qui donna son nom à la dynastie des Abbassides qui succéda à celle des Ommeyades. Aboul Abbas Abdallah était maître de la Perse et de l'Irak, quand il se fit proclamer khalife en 132 de l'hégire (750 de l'ère chrétienne). Il mourut en 156 de l'hégire (754 de l'ère chrétienne).
[38] Merwan d'abord battu sur les bords du Zâb (Lycus) en Assyrie, par les troupes abbassides, traversa la Mésopotamie et la Syrie, se réfugia en Egypte, où il fut tué en 132 de l'hégire (750 ère chr.), à Bousir Kourindis, dans le Fayoum.
[39] Cf. Aboulpharadj, Chr. syr. p. 128-129.
[40] Constantin V n’était pas plus favorable aux chrétiens opposés au concile de Chalcédoine, comme le prétend Michel, qu'aux catholiques. Les historiens byzantins le représentent comme un athée, ne professant aucune religion, et se plaisant à persécuter les chrétiens de tous les rites, mais principalement ceux qui n'avaient pas accepté son édit contre les images. Il dépouilla les églises, les monastères, fit jeter en prison les prêtres, et ne s'occupa que de sortilèges et de magie (Cf. Théophane, p. 346-348. — Cedrenus, T. II, p. 489 et suiv. — Nicéphore, p. 38 et suiv. — Suidas, verbo Κωνσταντῖνος. — Denys de Telmahr, apud Assemani, Bibl. Or., T. II, p. 107).
[41] Constantin ayant perdu Irène sa femme, princesse khazare, dont il eut un fils Léon, épousa en secondes noces Marie, qui mourut presqu'aussitôt. En troisièmes noces, il épousa Eudoxie, qui devint mère de Christophe, Nicéphore, Nicétas, Anthémius et Eudoxe (Ducange, Famil. Byzant., p. 125).
[42] Cf. Aboulpharadj, Chr. syr. p. 127.
[43] Aboulpharadj, (Chr. syr. p. 128-129) et Théophane (p. 358), disent que Constantin V, avait enlevé les habitants de ces villes, pour repeupler Constantinople, devenue déserte à cause de la peste.
[44] En 754, Constantin V rassembla un concile pour prononcer un jugement définitif sur le culte des images. Ce concile se tint dans le palais d'Hérée en Asie, sur le Bosphore, vis-à-vis de Constantinople ; il était composé de 338 évêques. On y condamna Germain, patriarche de Constantinople, Georges, métropolitain de Chypre et Jean Damascène (Fleury, Hist. ecclés., liv. 43, art. 7, 8). Ce concile fut frappé de nullité par Etienne pape, et par les trois patriarches d'Orient.
[45] Cf. Aboulpharadj, Chr. syr, p. 129.
[46] Abou-Djafar Al-Mansour (le Vainqueur) régna 24 ans ; il était frère d'Aboul Abbas, et occupa le trône de 754 à 775.
[47] Cette expédition eut lieu en 760 ou 764 ; elle était dirigée par Abd-oul-Wahab, fils d'Ibrahim, neveu d'AI-Mansour.
[48] Sur celle localité, cf. St Martin, Mém. sur l’Armén., T. I, p. 72-73. — Cf. aussi Denys de Telmahr, apud Assemani, Bibl. Orient., T. II, p. 143.
[49] Cf. Aboulpharadj, Chr. syr. p. 130.
[50] Cf. Aboulpharadj, Chr. syr. p. 130.
[51] Aboulpharadj, (Chr. syr. p. 129) raconte qu'en 1074 des Grecs (762 de J. C), les Khazars firent une invasion, et enlevèrent de Gourzania, 50.000 personnes.
[52] Aboulpharadj, (Chr. syr. p. 131) raconte le même fait ; mais il dit que ce fut par ordre de Mohdi, fils du khalife, que cette femme fut amenée en sa présence à Bagdad.
[53] Cf. Aboulpharadj, Chr. syr. p. 130-131.
[54] Idem, p. 134.
[55] Cf. Aboulpharadj, Chr. syr. p. 132.
[56] Le mot est rendu par Aboulpharadj par , zouza, qui est l’équivalent de dirhem. L'historien arménien Assoghig, dans son Histoire universelle, emploie également le mot zouzé, :, comme synonyme de dirhem, à propos de la capitation imposée par Abdallah, aux peuples soumis à sa domination : « Il faisait apposer, dit Etienne Assoghig, par des commissaires, un sceau de plomb au cou de chacun, et il exigeait un grand nombre de zouza, à tel point, que tout le monde tomba dans la misère, par suite des exactions de ce bourreau.
[57] Mahadi, dont le vrai nom est Mohammed Al-Mahadi (le conducteur), est le troisième khalife abbasside. Il succéda à son père Abou-Djafar al-Mansour en 775.
[58] Constantin V Copronyme mourut le 14 septembre 775, à l'âge de 56 ans, après 34 ans de règne. Léon IV, le khazare, lui succéda ; il avait alors 25 ans (Théophane, p. 377 et suiv.).
[59] Cf. Aboulpharadj, Chr. syr. p. 133. — Sur Jannés et Jamrès, Cf. note 8, p. 43.
[60] Selon Théophane (p. 381), ce fut un fanatique du nom de Machésias, qui fut chargé par le khalife de tourmenter les chrétiens, et d'exécuter les ordres sanguinaires de Mahadi.
[61] Cf. Aboulpharadj, Chr. syr. p. 135.
[62] Pendant le siège de Marach, l'ancienne Germanicia, par Michel Lachanodracon, commandant du thème des Thracésiens, Isbal, gouverneur arabe de la ville, fit éloigner l'armée grecque avec de l'or ; mais avant de partir, Isbal se contenta d'enlever des Syriens et des Arméniens, qu'on transporta en Thrace pour repeupler cette province que la peste avait ravagée (Théophane, p. 380. — Cedrenus, T. I, p. 468).
[63] Cf. Fleury, Hist. ecclés., liv. 44, art. 4.
[64] Léon mourut le 8 septembre 780, à l'âge de 30 ans, ayant régné 5 ans. Son fils Constantin VI, né du mariage de ce prince avec l'athénienne Irène qu'il avait épousée en 769, n'avait que 10 ans, quand il monta sur le trône.
[65] Cf. Aboulpharadj, Chr. syr. p. 135.
[66] Idem, appelle cette ville .
[67] Mahadi mourut en 169 de l'hégire, qui correspond à l'année 78S de J. C. — Son fils aîné, Moussa, surnommé Hady, ne régna qu'un an à peine.
[68] Haroun, surnommé Al Rachid, (le juste), fut élevé au khalifat en 170 de l'hégire, 786 de J. C.
[69] Cette guerre de frontières entre les Arabes et les Grecs, qui eut lieu près du château de Hadath, est rapporté par Ibn-Alathir, à l'année 169 de l'hégire, 785-786 de J. C; c'est la même date que donne également Aboulpharadj, (Chr. syr. p. 136) qui emploie l'année 1097 des Grecs, soit 780 de notre ère.
[70] Cf. Aboulpharadj, Chr. syr. p. 136.
[71] La rivière dont il est ici question, se jette dans l'Euphrate.
[72] Cf. Aboulpharadj, Chr. syr. p. 136.
[73] Ce personnage est appelé par Aboulpharadj, (Chr. syr. p. 136) Alphidi, patrice de la Sicile.
[74] Il y a dans ce passage, qui est également reproduit par Aboulpharadj, (Chr. syr. p. 136) une confusion de noms et d'événements. La révolte de la Sicile, en 782, dont parlent Théophane (p. 383) et Zonaras (liv. 15, T. II, p. 155) avait été amenée par un complot des grands, en faveur de Nicéphore, fils de Léon IV, et dans lequel entra Helpidius gouverneur de la Sicile. Ce complot força Irène à envoyer une flotte contre Helpidius, qui, après avoir été battu par l'eunuque Théodore, s'enfuit d'abord en Afrique, d'où il passa ensuite chez les Sarrazins, qui le reconnurent comme empereur des Grecs. Haroun Al-Raschid, d'après les conseils d'Helpidius, chargea celui-ci et son fils Soliman d'une expédition contre les Grecs en 794. L'armée musulmane s'avança dans le Pont jusqu'à Samsoun. Il est probable que le nom de la Sicile qu'on lit dans les textes syriaques, n'est autre chose que celui de Samsoun, que les copistes auront mal transcrit.
[75] Aboulpharadj, (Chr. syr. p. 136-137) donne sur toute cette campagne malheureuse des Arabes, les mêmes détails que Michel. Les soldats de Soliman, après avoir reçu des soins, furent renvoyés dans leur patrie, et Aboulpharadj ajoute que Denys de Telmahr racontait, dans la partie de sa Chronique aujourd'hui perdue, qu’il vit quatre cents de ces soldats, à leur retour à Edesse (Chr. syr. p. 137).
[76] En 788, Constantin V épousa Marie, jeune paphlagonienne d'une rare beauté, mais de basse extraction (Théophane, p. 391. — Cedrenus, T. II, p. 471. — Zonaras, liv. XV, T. II, p. 115), qu'il répudia en 795. Marie prit le voile et l'empereur épousa Théodote, la même année. Celle-ci était un des suivantes de sa mère Irène. Théodote lui donna un fils appelé Léon.
[77] Irène, ayant résolu de renverser son fils Constantin V pour régner seule, organisa un complot avec l'eunuque Staurace, qui partageait sa haine pour l'empereur. On profita de l'absence de Constantin, occupé à combattre les Arabes en Asie, pour mettre le complot à exécution. En 797, Irène envoya des conjurés qui s'emparèrent de l'empereur, le conduisirent à Constantinople; et le 19 août, on l'aveugla pendant son sommeil. Ce prince avait 27 ans. Il portait le surnom de Porphyrogénète, parce qu'il était né dans une chambre du palais appelé l'appartement de pourpre, de la couleur de son ornementation (Théophane, p. 398 et suiv. — Cédrénus, T. II, p. 473 et suiv. — Zonaras, liv. XV, T. II, p. 119). Irène se laissa guider dans le gouvernement par Staurace et Aetius (Théophane, p. 399 et suiv.), qui était comme le lieutenant de l'impératrice et portait le titre de patrice des patrices. Aboulpharadj, (Chr. syr. p. 138) l'appelle , et il est probable que c'est de lui que Michel veut parler, bien que le nom qu'il nous ait transmis soit différent de celui d'Aetius. On peut croire en effet que le nom s'applique plus vraisemblablement à Aetius qu'à Staurace, car la forme syriaque se rapproche assez de la dernière syllabe du nom donné par Michel, où se trouve l'élément qui diffère peu du nom Aetius.
[78] Aboulpharadj, dans le passage correspondant de sa Chronique syriaque (p. 137), ne parle pas des petits-fils d'Athanase d'Édesse, mais il nomme d'autres personnages, qu'il désigne ainsi : .
[79] Aboulpharadj (Chr. syr. p. 137) appelle ce khalife, Haroun, , et il donne le même récit, en s'appuyant de l'autorité de Denys de Telmahr.
[80] Il doit y avoir ici une confusion dans le texte de Michel, et on peut croire que deux anecdotes ont été réunies ensemble dans un seul paragraphe, bien qu'elles n'aient aucun lien entre elles. En effet, dans Aboulpharadj, qui s'est servi du texte de Michel dans sa Chronique, il n'est en aucune façon, question de la découverte de la pierre philosophale.
[81] La révolution qui précipita Irène du trône impérial, eut lieu en 802. Nicéphore Logothète du palais, fut choisi par les patrices révoltés pour succéder à Irène. L'impératrice, saisie sans s'y attendre, dans son palais, fut d'abord reléguée dans une des îles des Princes, où elle avait fondé un couvent, puis à Lesbos, où elle mourut en 803, à l'âge de 50 ans (Théoph. p. 401 et suiv.—Cédrénus, T. II, p. 474 et soir. — Zonaras, liv. XV, T. II, p. 121 et suiv. — Glycas, p. 285. — Manassès, p. 92 et suiv.).
[82] La ville de Zoupatra fut bâtie par Haroun al-Rachid, dans l'Arménie Mineure, près de Malathia. Aboulpharadj, (Chr. syr. p. 137 du texte syr.) l'appelle ; mais les Grecs donnent les variantes Σαπετρον et Σωζοπέτρας.
[83] Les Syriens parlent d'une expédition heureuse de Nicéphore contre les Musulmans en Cilicie, aux environs de Mopsueste et d'Anazarbe (Aboulpharadj, Chr. syr. p. 139) ; tandis qu'au contraire les auteurs grecs, et notamment Théophane (p. 406), racontent que l'empereur fut battu près de Crasus en Phrygie, en 805, et qu'il perdit Héraclée. A la suite de cette expédition, Nicéphore qui voulait s'affranchir du tribut qu'il payait à Haroun al-Rachid, fut de nouveau obligé de compter à son vainqueur une forte somme d'argent. — Cf. aussi Massoudi, dans les Notices et Extr. des Mss.; T. VIII, P. I, p. 193-194.
[84] Cf. Aboulpharadj, (Chr. syr. p. 138-139; et Hist. dyn. p. 151) qui dit que Nicéphore était cappadocien et descendait de Djabalah ou Gabulas, dernier roi arabe de Ghassan. Ibn Alathir raconte la même chose; mais Massoudi (Not. et extr. de msc, T. VIII, P. I, p. 193) prétend que Nicéphore était fils d'Iskibrak (Staurace (?)). — Djabalah s'était fait musulman en 636 ; mais mécontent du khalife Omar, il avait émigré chez les Romains et embrassé le christianisme. L'empereur lui avait accordé des établissements en Cappadoce, ce qui explique l'épithète de cappadocien qu’Aboulpharadj donne à Nicéphore.
[85] Cf. Aboulpharadj, Chr. syr. p. 140.
[86] Héraclée, forteresse détruite par Haroun al-Rachid lors de la campagne de 805 (Théophane, p. 407). Cette localité, appelée encore aujourd'hui Erégli se trouve sar la route de Konieh à Tarsous.
[87] Ancyre, qu'Haroun al-Rachid avait détruite en 805 (Elmacin, Hist sarr. p. 119) porte actuellement le nom d'Angora. C'est dans les ruines de cette ville que se trouve la célèbre inscription connue sous le nom de « Testament d'Auguste », dont le texte bilingue a été récemment retrouvé presque, dans son entier, par M. G. Perrot, chargé de l'exploration d'une partie de l'Asie Mineure.
[88] L'histoire de la fondation de ce monastère est racontée dans un écrit anonyme qui traite des couvents du diocèse de Mar Ionan, , métropolitain de Mardin (Ct Assemani, Bibl. Orient., T. II, p. 222 et suiv.).
[89] Haroun al-Rachid mourut, à 47 ans, le 3 Djoumada second de l'an 193 de l'hégire qui correspond au mois de mars 809, dans la ville de Thous en Khorassan. (Théophane, p. 409. — Elmacin, Hist. Sarr., p. 119 et suiv. — De Guignes, Hist. des Huns, T. I, p. 328).
[90] Battu une première fois par les Bulgares en 809, et n'ayant comprimé qu'à grand peine une sédition militaire, Nicéphore marcha de nouveau, en 811, contre le roi Crumm, dont il brûla le palais. Cette expédition fut pour les Bulgares un épouvantable désastre; les soldats grecs massacrèrent en masse tous ceux qu'ils rencontraient devant eux. Crumm ne perdit pas courage, et ayant repris l'offensive, il entoura les Grecs et en fit un immense carnage (Théophane, p. 414 et suiv. — Cedrenus, T. II, p. 481).
[91] Aboulpharadj (Chr. syr. p. 144), dit que ce fut un romain qui tua Nicéphore ; mais les historiens byzantins prétendent qu'il périt avec ses généraux dans le dernier combat que Crumm lui livra. Son crâne enchâssé dans une monture d'argent, servait de coupe au roi bulgare dans ses festins (Théophane, p. 116). Nicéphore avait régné près de 9 ans.
[92] Staurace, fils de Nicéphore, blessé mortellement dans le combat qui coûta la vie à son père, mourut à Constantinople, après avoir été reconnu empereur. Cependant en 812, il fut remplacé, même avant de mourir, par Michel Rhangabé, curopalate, fils de Théophylacte et mari de Procopia fille de Nicéphore. Léon l'Arménien conspira bientôt contre Michel, et attendit pour le renverser une occasion favorable. Une guerre avec les Bulgares, lui en fournit le moyen. Pendant la bataille d'Andrinople, livrée en 813 entre Michel et Crumm, Léon passa à l'ennemi, se fit saluer empereur par ses soldats, et rentra à Constantinople le 11 juillet. Michel fut exilé dans un monastère d'une île de la Propontide, où il se fit moine sous le nom d'Athanase, et mourut en 845. Sa femme et ses enfants furent aussi relégués dans des monastères. Léon régna jusqu'en 820, époque où il fut assassiné après sept ans de règne. Il eut pour successeur Michel II le Bègue fils d'un juif (Aboulpharadj, Chr. syr. p. 150) appelé Georges (Cedrenus, T'. II, p. 491 et suiv. — Zonaras, liv. XV, T. II, p. 132 et suiv. — Continuat. de Théophane, p. 26 et suiv.).
[93] Cf. Aboulpharadj, Chr. syr. p. 143.
[94] Hussein-Ali-ben-Aïça ben-Mahan, qui s'était révolté contre El-Amin, obtint son pardon de ce prince, qui lui confia le commandement de son armée, pour aller combattre Taher général d'Al-Mamoan. Comme Hussein trahit une seconde fois son maître, il fut pris et tué, et sa tête fut envoyée au khalife (Elmacin, Hist. Sarr., liv. II, p. 161).
[95] Horthomuh général d'Al-Mamoun, fut desservi auprès de ce prince, et mourut en 816, dans une prison, après avoir été frappé de verges (Ibn-Alathir, ms. arab. n° 537 de la Bibliothèque impériale, f° 114 v°).
[96] La fin tragique d'EI-Amin est racontée par Ibn-Alathir, d'après le récit d'Ahmed ben Selam, un des acteurs de ce drame (Ibn-Alat-hir, loc. cit. f° 100-102). Il fut massacré dans une tente, où on le gardait à vue par ordre de Taher. El-Amin mourut à l'âge de 30 ans, après un règne de moins de S ans.
[97] Mohammed-ben-Ahmid-el-Tahéri, le plus grand des généraux de Mamoun, fut chargé par ce prince du gouvernement du Khorassan en 820 ; mais comme il voulait se rendre indépendant, ou l'empoisonna en 822. (Cf. Journal asiat., T. VII (1846) p. 352).
[98] Cf. Aboulpharadj, Chr. syr. p. 147.
[99] Aboulpharadj (Chr. syr. p. 150), dit que Thomas était fils de l'empereur Constantin [VI Copronyme]. Léon le Grammairien (ad Calc. Theophani, p. 448) prétend qu'il se faisait appeler Constantin, et qu'il se disait fils d'Irène. Génésius (liv. II, p. 14) assure de son côté qu'il était scythe ; et le continuateur de Théophane précise d'avantage, en disant que c'était un slave (Cf. aussi Cédrénus, T. II, p. 499, — Zonaras, liv. XX, T. II, p. 136).
[100] Thomas commandant des troupes confédérées de l'Orient, se révolta d'abord en Arménie (Cf. Rainaldi, Annal, ecclés., T. XIV, p. 630), ainsi que nous l'apprend une lettre de Michel le Bègue adressée à Louis le Débonnaire ; puis il passa en Syrie, se fit couronner empereur à Antioche par le patriarche Job (Cédrénus, T. II, p. 501), et obtint des Sarrazins une armée, avec laquelle il battit celle de Michel, en 822. — Thomas marcha alors sur Constantinople ; mais Michel, secondé par les Bulgares, lui fit lever le siège de la capitale, et Thomas s'enfuit à Andrinople, où il fut pris et torturé en 825.
[101] Aboulpharadj, (Chr. syr. p. 149 du texte syr.) les appelle , et dit qu'ils étaient quatre princes.
[102] Al-Mamoun qui avait voulu faire passer le pouvoir sur la tête des Alides, en privant sa famille de sa succession, vit s'élever contre lui, une opposition violente, à la suite de laquelle il fut déposé et remplacé par son oncle Ibrahim ben-el-Mehdi, qui fut proclamé khalife, et prit le surnom de Moubarak. Ce dernier régna deux ans, après lesquels Al-Mamoun reprit le pouvoir, et pardonna à son oncle, qui était rentré à Bagdad, après six ans d'absence et de privations (Aboulféda, Ann. Mosl., T. II, p. 114 et suiv. — Elmacin, p. 172).
[103] Cf. Aboulpharadj, Chr. syr. p. 155.
[104] Le 1er octobre 829, Michel II mourut après avoir régné huit ans et neuf mois. Son fils Théophile qui lui succéda, épousa Théodora, dont la rivalité avec Icasie a été de la part des écrivains grecs, le sujet de fables singulière s, ne présentant rien de sérieux au point de vue historique.
[105] Cf. Aboulpharadj, Chr. syr. p. 154.
[106] Aboulpharadj, (Text. syr. p. 150-151) nomme ce peuple ; il est probable que Michel et Aboulpharadj, ont eu en vue les Kurdes.
[107] Sur Mahadi, voyez d'Herbelot, Bibl. orientale, à ce mot.
[108] Hassan-ibn-Sahl, était ministre des finances d'Almamoun, et gouverneur de l'Irak. (Weil, Geschichte der Khalifen, T. II, p. 184, 200 et 208.
[109] Ces événements sont racontés ici d'une manière très vague, et pour être compris, on doit invoquer l'Histoire des khalifes, où les mêmes laits sont rapportés d'une manière très-différente. A l'époque d'Al-Mamoun, les Alides, profitant du mécontentement causé par la domination des Persans en Irak et en Arabie, résolurent de prendre le khalifat, et se révoltèrent contre Hassan-ibn-Sahl gouverneur de l'Irak pour Al-Mamoun. Le chef de cette révolte était Abou-Assarïa Saridj-ibn-Mansour, descendant de Hani-ibn-Koubeissa de la tribu des Beni-Schéban, qui d'abord muletier, se fit chef de brigands, et entra ensuite au service de Yésid fils de Masid, et d'Assad fils d'Ahmed. Quelque temps après, il trahit ses maîtres et entra au service d'Horthomah, lieutenant de Hassan, gouverneur de l'Irak pour Al-Mamoun. Ayant été congédié avec ses cavaliers, Assarïa reprit son ancien métier de brigand ; il pilla les caravanes, s'empara de plusieurs places dans la Mésopotamie, et proclama khalife un certain Ibn Tabataba, de la famille d'Ali, qui fit acte de souveraineté, en frappant monnaie à son nom. S'étant emparé de la Mésopotamie, Assarïa attira enfin sur lui l'attention de Hassan, qui envoya contre lui Horthomah, qui le battit le 25 août 815. Assarïa vaincu, s'enfuit à Ahwaz. Horthomah le poursuivit, mais avant de l'atteindre, le gouverneur d'Ahwas le battit et Assarïa s'enfuit seul à Djaloola, où un certain Hammad Alknidgooch le fit prisonnier et le conduisit à Hassan, qui lui fit trancher la tête (Weil, Gesch. der khalif., T. II, p. 202-208).
[110] Cf. Aboulpharadj, Chr. syr. p. 154.
[111] Cette expédition d'Al-Mamoun eut lieu en 831 (Aboulféda, Ann. Mosl., T. II, p. 153,155)
[112] Cf. Aboulpharadj, Chr. syr. p. 154. — L'expédition contre le fort de Loulou eut lieu en 832 (Elmacin, Hist. sarr., p. 138. — Aboulféda, Ann. Mosl., T. II, p. 155). Les Syriens appellent cette forteresse , comme les Grecs, Λῦλον (Cédrénus, T. II, p. 551). Elle était près de Tarse sur la route du Tauros à Constantinople. Le fort de Loulou, , est également mentionné dans la liste des fiefs du royaume d'Arménie, donnée par Sempad le connétable.
[113] Al-Mamoun, qui n'avait pu réduire d'abord le fort de Loulou, laissa son général Adjif ou Odjaïf, pour en faire le blocus. Ce fort fut pris ensuite par le khalife, contre Théophile qui voulait débloquer cette ville (Elmacin, p. 138. — Aboulféda, T. II, p, 155).
[114] Cf. Aboulpharadj, Chr. syr. p. 154.
[115] Al-Mamoun mourut en 633 à Podandus, localité dont nous avons déjà parlé, et qui est située sur les frontières de la Cilicie et de la Cappadoce. Ce khalife avait régné 20 ans et demi, et était âgé de 48 ans.
[116] El Motassem Billah Abou Isâk Mohammed, dut le trône à la générosité de son neveu Abbas, fils d'Al-Mamoun. Il régna près de neuf ans.
[117] Ce passage de notre chroniqueur est évidemment altéré, car Aboulpharadj, (Chr. syr. p. 155) qui rapporte le passage identique, s'exprime ainsi : « Ayant brûlé les monuments de Taoula, , Motassem se rendit à Bagdad, il est question sans doute de la ville de Tyane, que Michel, quelques lignes plus haut, a mentionnée sous la forme .
[118] Cf. Aboulpharadj, Chr. syr. p. 155.
[119] La ville de Sarmanrey ou Samara, Σάμαρα, est placée par le Continuateur de Théophane, sur l'Euphrate, tandis qu'au contraire on sait qu'elle s'élevait sur une île du Tigre à 12 lieues de Bagdad, et fut pendant longtemps la résidence favorite des khalifes, sans pour cela que Bagdad eut cessé d'être le centre de l'administration de l'empire.
[120] Cf. Aboulpharadj, Chr. syr. p. 156.
[121] Aboulpharadj (Chr. syr. p. 156) dit que les tributs, que les Nubiens devaient payer ux khalifes, consistaient en 560 esclaves noirs, en girafes, en ivoire d'éléphant et en nerfs de tigres.
[122] Cf. Assemani, Bibl. Or., T. II, p. 347.
[123] Denys de Telmahr, patriarche des Syriens Jacobites, et Thomas primat, , de Tégrit, assistèrent aux cérémonies données en l'honneur de Georges roi d'Ethiopie, à Bagdad (Assemani, Bibl. Or., T. II, p. 347).
[124] Cf. Aboulpharadj, Chr. syr. p. 156-158.
[125] Babek, perse de nation, s'étant révolté contre le khalife, soutint contre lui une guerre qui dura cinq ans. Vaincu et fuyant, il se réfugia à Sinope, et offrit ses services à Théophile qui les accepta, et le nomma chef des troupes auxiliaires. A la mort de Babek, Théophobe le remplaça dans ce commandement (Contin. de Théophane, p. 70. —Cedrenus, T. II, p. 524. —Léon le grammairien, p. 480). Babek avait été pris par Heidar fils de Kaous, surnommé Afchin, que le khalife avait envoyé contre lui, et fut livré, en 837, par Sahag fils de Sempad. Il fut mis à la torture à Bagdad, avec ses principaux adhérents. — Nazar était un des partisans de Babek qui était venu se réfugier sur les terres de l'empire, et avait pris du service chez Théophile. (Aboulpharadj, Chr. syr. p. 158).
[126] En 837, Théophile, à la tête de 100.000 hommes, marcha sur la Syrie, prit Samosate, Sozopétra, dont il fit massacrer tous les habitants (Elmacin, p. 442. — Aboulféda, Ann, Mosl., T. II, p. 474. — Cedrenus, T. II, p. 528 et suiv. — Zonaras, liv. XV, T. II, p.450 et suiv. —Aboulpharadj, Chron. syr. p. 158).
[127] Arschamounik ou Aschmounik était un des cantons du Douroupéran (Indjidji, Géogr. anc., p. 113. —St Martin, Mém. sur l’Ar-mén., T. I, p. 100). Le canton de Handzith se trouvait dans la Quatrième-Arménie (Indjidji, p. 58. — St Martin, T. I, p. 93).
[128] Cf. Aboulpharadj, Chr. syr. p. 158-159.
[129] Le traître qui livra Amorium s'appelait Boïditzès, selon le continuateur de Théophane, et selon Aboulpharadj, (Chr. syr. p. 160).
[130] La destruction de Sozopétra engagea le khalife à s'emparer d'Amorium, la plus riche cité de l'Asie-Mineure. Dans cette vue, il rassembla une nombreuse armée et rencontra celle de Théophile qui venait au devant de lui Une grande bataille fut livrée à Dazimène en 838, où tes Grecs furent battus et prirent la fuite. Le khalife assiégea alors Amorium qu'il prit en 13 jours selon les uns, en 55 jours selon Aboulféda (Ann. Mus. T. II, p. 173). Il massacra un grand nombre d'habitants et emmena 30.000 captifs à Bagdad (Cédrénus, T. II, p. 529 et suiv. — Zonaras, liv. XV, T. II, p. 151 et suiv. — Contin. de Théophane, p. 70 et suiv.). La ville fut brûlée et son emplacement ne fut plus qu'un monceau de ruines. (Cf. aussi Aboulpharadj, Chr. syr. p. 159-162).
[131] Motassel, en revenant du siège d'Amorium, ayant appris que son neveu Abbas, fils d'El-Mamoun, avait tenté de soulever Bagdad en son absence, pour s'emparer du pouvoir, le fit mourir.
[132] Cf. Aboulpharadj, (Chr. syr. p. 162) qui place ce désastre à l'an 1151 des Grecs, correspondant à l'an 840 de J. C.
[133] L'arrangement dont parle Michel, ne semble pas conforme à la vérité historique, car le continuateur de Théophane, (p. 82) dit au contraire que le khalife repoussa avec dédain les propositions de l'empereur et qu'il fit massacrer 42 captifs de distinction, en 839. L'église a consacré la mémoire de ces martyrs, dont les uns furent exécutés à l'époque indiquée, et les autres subirent le même sort en 845, sous Wathek (Cf. Fleury, Hist. Ecclés., ch. 46, art. 26).
[134] Cf. Aboulpharadj (Chr. syr. p. 163) dit que Thamim, , était surnommé , Abou Hareb.
[135] Thamim, au dire d'Aboulpharadj, ne brûla pas cette église ; mais il menaça de le faire, et le patriarche, pour l'éloigner, lui donna beaucoup d'or, en lui faisant promettre de ne commettre aucune dévastation.
[136] Thamim fut poursuivi et pris par le gouverneur de Ragae, qui l'envoya au khalife, après lui avoir livré un combat, où il lui tua 8.000 hommes (Aboulpharadj, Chr. syr. p. 163).
[137] Motassel mourut à Sarrata à l’âge de 48 ans, en 841. Abou Djafar Haroun-el-Wathek Billah, son fils aîné, lui succéda le 18 de Rebi I, 227 hég. qui correspond à l'an 842.
[138] Wathek mourut le 23 de Dzoulhidja 242 hég., soit 847. Il avait 32 ans. Sa mort est différemment racontée par les Arabes; selon les uns, il mourut suffoqué dans une étuve; mais suivant Elmacin (Hist. Sarr. p. 185), il s'étouffa en buvant du vinaigre dans lequel on avait fait bouillir de la chair de lion, comme remède aphrodisiaque.
[139] Théophile mourut le 20 janvier 842, après 42 ans de règne. Michel III l'Ivrogne, âgé de 3 ans, lui succéda sous la tutelle de Théodore, assistée dans le conseil par le patrice Théocliste, par Manuel et Bardas (Contin. de Théophane, p. 92).
[140] Voici la liste de ces princes, avec leurs noms: 1° Abou-Djafar Haroun El-Wathek Billah (842-847). — 2° Motawakel Billah, frère du précédent (847-861). — 3° Abou-Djafar Mohammed Moutasir Billah, fils du précédent (864-862). — 4° Aboul Abbas Ahmed Mostain Billah, fils de Mohammed, fils de Motassem et cousin de Moutasir (862-866). Ce fut sous son règne qu'eut lien la révolte de l'Aude Abou-el-Hussein Yahya, qui se fit proclamer khalife à Koufa. — 5° Abou Abdallah Mohammed Motas Billah, fils de Motawakel (866-869).
[141] Michel, afin de récompenser les services de Basile son chambellan, l’associa au trône et le fit couronner par le patriarche Photius, en 866. L'ayant dépouillé l'année suivante de sa dignité, Michel donna l'empire à un rameur du nom de Basilicien. Pour se venger, Basile les fit tuer tous deux le 24 septembre 867. Michel était âgé de 29 ans. Basile, dit le Macédonien, prit alors l'empire, et régna 18 ans. Il mourut le 1er mars 886 (Cf. Aboulpharadj, Chr. syr. p. 171).
[142] Léon VI le Philosophe monta sur le trône en 886 et mourut à 46 ans, en 944 (Cf. Aboulpharadj, Chr. syr. p. 175).
[143] Michel commet ici une erreur; car pendant les règnes de Basile le Macédonien et de Léon VI, il y eut deux khalifes, Mothadi-Billah (869-870) et Mothamed Billah (870-892); c’est à ce dernier qu'il est fait allusion dans notre auteur.
[144] Léon VI était marié en premières noces avec Theophano, lorsqu'il prit en 888, pour sa concubine, Zoé fille de Stylien. Theophano étant morte en 893, Léon épousa Zoé qui mourut au bout de 20 mois. En 896, Léon épousa la phrygienne Eudoxie qui ne vécut que quelques mois après son mariage. En 902, Léon épris de passion pour Zoé Carbonopsine, en fit sa maîtresse, et l'épousa malgré l'opposition du patriarche Nicolas, en 905.
[145] Cet édit fut rapporté sous le règne de Romain II en 920.
[146] Alexandre était le frère cadet de Léon. Il avait été associé à l'empire du vivant de son frère, et régna seul de l'an 911 à 912.
[147] Constantin VII fils de Léon VI et de Zoé, succéda à Alexandre son oncle. Il s'associa Romain II, puis le déposa, pour jouir seul de la puissance souveraine qu'il conserva pendant 47 ans.
[148] La déposition du patriarche Euthymios avait troublé l'église de Constantinople. Nicolas, afin de rendre le calme aux esprits, s'adressa au pape Jean X qui envoya des légats pour rétablir la concorde.
[149] Mothaded Billah Aboul. Abbas Ahmed, fils de Mowaffek, régna de 892 à 902.
[150] En 921, Siméon roi de Bulgares, marcha sur Constantinople et pilla le territoire grec ; en 923, il revint de nouveau et ravagea le pays jusqu'aux portes de la capitale. (Cedrenus, p. 621, 651. —Léon le Grammairien, p. 498).
[151] Moktafi Billah Abou Mohammed Ali, fils de Mothaded, régna de 902 à 908.
[152] Moktader Billah Aboul Fadhl Djafar, fils de Mothaded, régna de 908 à 932.
[153] Kaher Billah Aboul Mansour Mohammed, fils de Mothaded, régna de 932 à 934.
[154] Radhi Billah Aboul Abbas Ahmed fils de Moktader Billah, régna de 934 à 940.
[155] Constantin VII, mourut à 55 ans le 15 novembre 959. Romain le jeune son fils, qui l'empoisonna, lui succéda la même année.
[156] Ce passage se rapporte à la guerre des Bulgares (921-923). Mais le traducteur de Michel a pris le roi des Bulgares, Siméon, pour un général grec. Aboulpharadj (Chr. syr. p. 191) n'a pas commis la même erreur, car dans le passage correspondant de sa Chronique, il s'exprime en ces termes : « Romain régnait sur les Grecs, quand Siméon, , le bulgare, déclara la guerre à Constantinople, incendia et dévasta les contrées de la Thrace et de la Macédoine. Il assiégea et prit la ville d'Andrinople. Romain, par des paroles flatteuses et des présents, demanda la paix….. qui lui fut accordée. »
[157] Il semble que cette campagne en Asie attribuée par Michel à Guiragos, nom qui signifie Cyriaque ou Dominique, se rattache à l'expédition entreprise en 962, par Nicéphore Phocas, général de Romain II en Orient, dans l'Asie Mineure, après l'expulsion des Sarrazins de l'île de Crète On doit même supposer que le nom de Guiragos a été mis ici par erreur pour celui de Nicéphore Phocas, dont les exploits en Asie, relevèrent l'honneur des armées impériales. Tous les historiens syriaques, arabes et byzantins, racontent en effet la prise de 60 places fortes jusqu'à l'Euphrate (Aboulpharadj, Chron. syr. p. 197. — Hist. dyn., p. 206. — Elmacin, III, 4. — Cédrénus, p. 645. — Zonaras, T. II, p. 197. — Léon le Diacre, p. 29 et suiv.). Mais la fausse nouvelle de la mort de l'empereur, rappela Nicéphore à Constantinople. Il paraît évident qu'il y a dans tout ce passage de la Chronique de Michel une confusion regrettable, et qui se prolonge même dans les lignes qui suivent, puisque notre auteur, comme on pourra le remarquer, fait mourir Romain II à deux reprises différentes.
[158] Romain II mourut le 15 mars 963 à l'âge de 24 ans. Ses deux fils Basile II et Constantin VIII lui succédèrent, sous la tutelle de leur mère Theophano.
[159] La suite des khalifes depuis Radhy est bien connue, et les renseignements que donne ici Michel, sont erronés. A Radhy succéda Mottaki Billah qui régna de 940 à 944. Mostakfi Billah lui succéda de 944 à 946. Mothi Billah vint après et régna de 946 à 974.
[160] Voyez la note 158.
[161] Ces faits se rapportent à l'expédition de Nicéphore en Asie, dont il a été question dans la note 157.
[162] Ces deux noms sont altérés, et se rapportent sans doute à deux des khalifes mentionnés dans la note 159.
[163] Nicéphore Bardas, général des armées d'Orient, profitant de la jeunesse des fils de Romain II, se fit proclamer empereur le 16 août 963. Il épousa Theophano veuve de Romain II.
[164] Jean VII Sarigta , patriarche Jacobite d'Antioche, occupa le siège patriarcal de 963 à 985.
[165] Le monastère de Bared, , c'est-à-dire « froid » fut construit par Jean VII, à Mélitène, et lui servit de résidence depuis l'an 969 jusqu'à sa mort (Assemani, Bibl. Orient. T. II, Diss. de Monophysitis; et p. 351).
[166] Le patriarche Jean VII se rendit à Constantinople par ordre de Nicéphore, empereur des Grecs, pour discuter sur la question religieuse, alors pendante entre les Grecs et les Syriens. Le patriarche d'Antioche fut mis en présence de celui de Constantinople qui s'appelait Polyeucte, et après de longues discussions, ils ne purent s'entendre. Assemani, (Bibl. Orient., T. II, p. 133 et suiv.) nous a conservé un procès-verbal en langue arabe, des conférences qui eurent lieu à Constantinople entre les deux patriarches.
[167] Cf. Assemani, Bibl. Or., T. II, p. 351.
[168] Selon Aboulpharadj (Chr. syr. p. 205), qui refuse d'admettre le récit de notre auteur, en disant qu'il a emprunté ce qu'il avance ici à Ignace de Mélitène, l'impératrice Theophano aurait fait assassiner Nicéphore, parce qu'il voulait rendre eunuques les fils qu'elle avait eus de Romain II. Cependant les Grecs assurent que ce fut sa passion pour Jean Tzimiscès qu'elle voulait placer sur le trône, qui la poussa à se débarrasser de Nicéphore (Cédrénus, p. 662. —Zonaras, T. II, p. 207. — Manassès, p. 118 et suiv.). Nicéphore avait régné un peu plus de 6 ans et était âgé de 57 ans.
[169] Jean Tzimiscès ou de Tchemeschgadzak, était un arménien au service de l'empire. Selon Léon le diacre (p. 93), le nom de Tzimiscès signifierait la même chose que Μουζακὶτζης ou Μοιρακὶτζης, « jeune homme, » ce qui est contraire à ce que nous apprend Matthieu d'Édesse (Hist. d'Arm., liv. I, ch. 15) qui dit que Jean était de la ville de Tchemeschgadzak, dans le district de Khozan, sur les bords de l'Euphrate (Cf. aussi Indjidji, Géogr. anc., p. 57. — St Martin, Mém. sur l’Arm. T. I, p. 94-95).
[170] Cf. les détails de l'assassinat de Nicéphore par Tzimiscès, de complicité avec Theophano, dans la Chronique de Matthieu d'Edesse, liv. I, ch. 7.
[171] Tzimiscès s'appelait aussi Kyr-Jean (Matthieu d'Édesse, liv. I, ch. 15).
[172] Sur les expéditions de Jean Tzimiscès en Asie, on peut lire ce que disent Cédrénus, p. 693; Zonaras, T. II, p. 215 ; Léon le Diacre, p. 163 ; Matthieu d'Édesse, 1,15 ; Aboulpharadj, Chr. syr. p. 206 et suiv.; Aboulféda, Elmacin, etc.
[173] Agapios, patriarche grec d'Antioche, au dire d'Assemani (Bibl. Orient, T. II, p.351), n'aurait point tourmenté les Jacobites.
[174] Jean Tzimiscès mourut le 10 janvier 976, après avoir régné six ans. Il avait 51 ans.
[175] Cette appréciation est conforme à celle d'Aboulpharadj, (Chr. syr. p. 108) et de Matthieu d'Édesse (Hist. d’Arm., liv. I, ch. 7 et suiv.).
[176] En 976, Basile II et Constantin VIII succédèrent à Tzimiscès. — (Ct Cédrénus, p. 684. Zonaras, T. II, p. 215. — Glycas, p. 309. Aboulpharadj, Chr. syr. p. 108-109.
[177] Basile II, après la fuite de Bardas Skléros, qui s'était révolté contre son frère et contre lui, entreprit plusieurs expéditions contre les Bulgares, et ajouta en effet de nouvelles provinces à l'empire, en Asie. En 1019, Basile II rentra à Constantinople ; il reçut les honneurs du triomphe et le surnom de Bulgaroctone.
[178] Basile II mourut en décembre 1028, à l’âge de 68 ans; son frère Constantin VIII, continua à régner jusqu'au 21 novembre 1028.
[179] Mothi-Lillah Aboulcasem Aboul Abbas Alfadl, fils de Mokuder, régna 29 ans et fut déposé en 974.
[180] Thaii Lillah Aboubekr Abdoulkérim, fils du précédent, régna jusqu'en 991, époque de sa déposition.
[181] Hader-billah Aboul-Abbas Ahmed fils d'Ishak, fils de Moktader, régna 41 ans, de 991 à 1031.
[182] Romain ΙII Argyre ou Argyropoulos, (Zonaras, t. II, p. 229) était gendre de Constantin VIII, dont il avait épousé la fille Zoé; en 1028.
[183] Une défaite éprouvée par le général Spondyle à Alep, engagea Romain III à passer en Asie, où il fut battu à son tour par les Musulmans, et s'enfuit à Antioche, puis à Constantinople en 1030. (Cédrénus, p. 724. — Zona ras, T. II, p. 230-231—Glycas, p. 312. — Aboulpharadj, Chr. syr. p. 229).
[184] La Montagne Noire est le nom donné au moyen-âge à cette partie de l’Amanus mons des anciens, où s'élevaient une foule de couvents appartenant aux Syriens jacobites, aux Arméniens, aux Grecs et même aux Francs. Le nom de « Montagne Noire » est une altération de l'appellation que les Byzantins avaient donnée à cette chaîne qu'ils appelaient « Montagne de l'eau » ορός νερός, et que les Francs transcrivirent sous la forme « Montagne neros », d'où le jeu de mots qui a fait donner à cette contrée une appellation différente de celle qu'elle avait dans l'origine. Jacques de Vitry a signalé le premier la véritable étymologie du nom de cette montagne (Hist. Hierosolym., I, 32) et Sanuto l'a reproduite (Secret. fid. cruc., III, 7, 4): « Habet quoque aparte septentrionis montent qui vulgariter Montagna nigra dicitur ; in quo multi sunt heremitae in omni genere et natione, et plura monasteria monachorum, tam Graecorum quam Latinorum. Est enim totus fontibus et rivulis irrigatus ; adeo dicitur mons aquosus ; neros grœce aqua dicitur, licet rudes pro Nigro accipiant. » Les Arméniens donnaient gaiement à cette montagne le nom de Montagne Noire, ; c'est aussi le nom adopté par les Syriens (Assemani, Bibl. Orient, T. II, p. 350).
[185] Jean VIII, surnommé Abdon, , patriarche des Syriens Jacobites, fut élevé sur le siège en 1004 et mourut en 1033. Aasemani a donné (Bibl. Orient., T. II, p. 445 et suiv.) la vie de Jean, d'après Michel, évêque de Tadis, qui l'avait écrite en arabe.
[186] Assemani, (Bibl. Orient, T. II, p. 553) dit que ce fut Nicéphore, et non pas Théodore, de Mélitène, qui excita, en sa qualité de métropolitain des Grecs de cette ville et d'ennemi religieux des Syriens, une persécution contre Jean VIII.
[187] Jean VIII, ayant été conduit à Constantinople par Nicéphore, métropolitain des Grecs de Mélitène, refusa d'abandonner ses croyances, et fut exilé au monastère de Caius, en Bolcarie, où il mourut 4 ans après, en 1033, le 2 février. Quelques-uns des évêques et des prêtres, qui l'avaient accompagné, restèrent fidèles à leur foi et furent emprisonnés et persécutés; d'autres au contraire abjurèrent ; mais, étant parvenus à s'échapper de leur prison, ils reprirent leur foi première, en rentrant en Syrie (Assemani, Bibl. Or., T. II, p. 353).
[188] Romain III mourut empoisonné par Zoé sa femme, le 11 avril 1034, après un règne de 5 ans et demi. Cette princesse, qui entretenait des relations secrètes avec Michel IV le Paphlagonien, le fit monter sur le trône, à la mort de son mari, en l'épousant la nuit même de la mort de Romain III.
[189] Michel IV le Paphlagonien, frère de l'eunuque Jean, grand chambellan de Romain III, monta sur le trône en 1034, et mourut le 10 décembre 1041, après avoir régné 7 ans et 8 mois.
[190] Michel IV, en mourant, cédant aux pressantes instances de son frère Jean, déclara César son neveu Michel Calaphat, fils d'Etienne le calphateur de vaisseaux et l'un des frères de l'empereur.
[191] Michel IV, arrivé au pouvoir, exila Jean son oncle et l'impératrice Zoé, ce qui occasionna une sédition, à la suite de laquelle l'empereur fut aveuglé par ordre de Théodora sœur de Zoé, et relégué dans un monastère, le 24 avril 1042, après un règne de 14 mois (Cedrenus, p. .749 et suiv.).
[192] En 1033, sous le règne de Romain III, Maniacès, gouverneur pour les Grecs des villes situées sur l'Euphrate, résolut de reprendre Edesse aux Musulmans. Le turc Soliman, lieutenant de l'émir de Miaférékin, livra la ville à Maniacès, qui en fit sa résidence.
[193] Après la chute de Michel IV, l'empire fut remis aux mains de Zoé, qui le partagea avec Théodora (1042). Mais bientôt la jalousie mit le trouble entre les deux souveraines, et Zoé, pour s'assurer le pouvoir, épousa Constantin IX Monomaque qui devint empereur. Théodora ne conserva que le titre d'Auguste (Cédrénus, p. 752 et suiv.).
[194] Aboulpharadj, (Chr. syr. p. 230) dit que le successeur de Kader fut Kaïm son fils, surnommé Bamrillah Abou Djïafar Abdallah, qui régna de 1034 à 1075. Michel se trompe en appelant ce prince Aboulabbas, que plusieurs variantes des manuscrits écrivent Aptel-abbas, leçon incorrecte pour Abtela ou Abdallah, l'un des surnoms de Kaïm.