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HISTOIRE AUGUSTE

 

TREBELLIUS POLLION.

 

VIES DES DEUX VALÉRIEN.

 

 

Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer

 

HISTOIRE AUGUSTE.

TREBELLIUS POLLION.

 

NOTICE SUR TREBELLIUS POLLION.

 

TREBELLIUS POLLION, que des manuscrits nomment, les uns Trebius, les autres Trevellius, vivait à Rome du temps de Constance Chlore, vers l’an 300 de l’ère chrétienne. Son aïeul, d’après ce qu’il dit lui-même, avait vécu dans l’intimité de Tetricus le Jeune.

Vopiscus, Vie d’Aurélien, ch. ii, dit expressément que Trebellius Pollion avait écrit la vie des empereurs depuis les deux Philippe jusqu’à Claude le Gothique, et son frère Quintillus: « Et quoniam sermo nobis de Trebellio Pollione, qui a duobus Philippis usque ad divum Claudium, et ejus fratrem Quintillum, imperatores tam claros quam obscures memori prodidit ... » De ce travail, une grande partie n’est point arrivée jusqu’à nous, et les manuscrits que nous avons sont tous également incomplets; ce qui justifie la conjecture de Saumaise, qu’ils sont tous des copies d’un seul et unique manuscrit, mutilé lui-même. Tout ce qui précède Valérien nous manque: lacune bien fâcheuse; car, pendant cet espace de neuf à dix ans, depuis les Gordien, Maxime et Balbin, jusqu’à Valérien, les événements ont été nombreux, et douze ou quinze empereurs se sont disputé la souveraineté. La Vie de Valérien elle-même est loin d’être complète, puisqu’il y manque les soixante-dix années qu’il a vécu avant d’arriver à l’empire. Ce ne sont que des fragments mis à la suite fun de l’autre; encore se trouvent-ils dans un ordre différent dans les manuscrits dont s’est servi Casaubon, et dans ceux que Saumaise a consultés. Nous les reproduisons à la fin de ce volume, tels que l’un et l’autre les représentent. On verra que l’édition vulgaire qui fait la base de notre texte, en diffère surtout par quelques phrases maladroitement ajoutées au commencement.

De cette mutilation d’un manuscrit unique que les copistes ont reproduit, est résultée, en outre, une grave erreur: comme ils n’y trouvaient pas plus le titre de la Vie de Valérien que son commencement, ils l’ont attribuée à Jules Capitolin, dont la biographie de Maxime et de Balbin, par suite de cette fâcheuse lacune, se trouvait la précéder immédiatement.

Malgré l’autorité des manuscrits, le témoignage de Vopiscus suffirait abondamment pour assurer à Trebellius la propriété de cette biographie de Valérien et des livres suivants; mais, de plus, il se trouve y avoir une différence marquée de style et de méthode entre les Vies de Jules Capitolin et celles que nous revendiquons en faveur de Trebellius. En effet, sans avoir guère plus de goût que ses devanciers, il n’a point la même sécheresse ni la même incohérence d’idées: son langage parfois cherche à s’animer; et quoiqu’il prenne généralement l’enflure et la déclamation pour de la chaleur, encore faut-il reconnaître que, chez lui, l’on sent du moins de la vie.

Outre les fragments de la biographie de Valérien le Père, dont nous venons de parler, nous avons encore de Trebellius les Vies de Valérien le Fils et du deux Gallien; un livre sur les trente tyrans qui disputèrent l’empire à ces deux princes; enfin la Vie de Claude II et de son frère Quintillus.

Une fois que les droits de Trebellius sur la Vie de Valérien sont reconnus, il ne nous est plus permis de lui disputer les autres écrits que nous venons d’énumérer: ils appartiennent tous, sans aucun doute, à une seule et même plume. Nous en avons pour preuve le témoignage de l’auteur lui-même qui, dans chacun de ces différents livres, rappelle les autres, et constate ainsi sa propriété. Dans la Vie de Saloninus, qui fait partie du livre consacré aux deux Gallien, il dit: « Placuit triginta tyrannos uno volumine includere, idcirco, quod nec multa de his dici possunt, et in Gallieni Vita pleraque jam dicta sunt. Et hæc quidem de Gallieno hoc interim librodixisse sufficiat; nam et multajam in Valeriani Vita, in libro, qui De Triginta tyrannis inscribendus est, jam loquemur, quæ iteran, ac smepius dici, minus utile videbatur. » A la fin du livre des Trente tyrans, il annonce la Vie de Claude: « Nunc ad Claudium principem redeo : de quo speciale mihi volumen, quamvis breve, merito vitæ illius, videtur edendum, addito fratre singulari viro. »

C’est par allusion aux trente tyrans d’Athènes, que Trebellius donna cette dénomination aux gouverneurs de provinces et aux chefs militaires qui, sous Gallien, usurpèrent l’autorité impériale. Pour que l’analogie fût plus frappante, il tenait beaucoup à ce que son nombre de trente tyrans fût complet; et comme, malgré toutes ses recherches, il n’en trouvait que vingt-neuf, il y glissa un certain Valens qui, neuf ans plus tôt, s’était révolté contre l’empereur Decius. Mais il paraît que, malgré tout, les hommes de lettres, qui se rassemblaient au temple de la Paix, critiquèrent son œuvre. Il avait mis au nombre de ses trente tyrans deux femmes, Zénobie et Victoria : on lui fit une mauvaise chicane grammaticale, on le plaisanta sur ses tyrans femelles. Enfin, pour fermer la bouche à ses critiques, il leur donna deux tyrans de plus, Titus et Censorinus, dont l’un avait pris la pourpre sous Maximin, et l’autre sous Claude. Après s’être ainsi tiré d’embarras, il est curieux de l’entendre chanter victoire: « Nemo in templo Pacis dicturus est, me feminas inter tyrannos, cum risu et joco, tyrannas videlicet et tyrannides, ut ipsi de me solent jactare, posuisse. Habent integrum numerum.... »

Pour la Vie de Claude, on lui faisait des reproches plus graves: on l’accusait de flatter ce prince, pour faire sa cour à Constance Chlore, qui tirait son origine d’un frère de Claude. Dans cette biographie, il se défend vivement contre cette accusation: « Dicat nunc, qui nos adulationis accusat, Claudium minus esse amabilem. » Autre part encore : « Vera dici fides cogit : simul ut sciant hi, qui adulatores nos existimari cupiunt, id, quod historia dici postulat, nos non tacere. » Mais Trebellius a beau faire; il aura de la peine à se justifier aux yeux de la postérité de ce reproche d’adulation; car toute cette Vie de Claude est du style le plus déclamatoire, et ressemble bien plutôt à un panégyrique qu’à une histoire. Il nous dit lui-même, en la commençant, qu’il se propose de l’écrire avec plus de soin que ses autres ouvrages, en considération de César Constance: « Ventum est ad principem Claudium, qui nobis intuitu Constantii Cæsesaris, cum cura in litteris digerendus est. » Au reste, si, en écrivant la Vie de Claude, Trebellius a trop manifesté le désir de plaire à Constance, ses éloges s’appliquaient du moins à un prince qui, par ses vertus et ses exploits, avait bien mérité de son pays.

Un passage de la Vie de Claude établit, d’une manière positive, l’époque où Trebellius écrivait; il dit à la fin du chapitre x: « Quæ idcirco posui, ut sit omnibus clarum, Constantium divini generis virum, sanctissimum cæsarem, et Augustæ ipsum familiæ esse, et augustos multos de se daturum, salvis Diocletiano et Maximiano augustis, et ejus fratre Galerio. » Il résulte évidemment de là, que ce dernier ouvrage de Trebellius se rapporte à l’époque où les deux augustes Dioclétien et Maximien créèrent deux césars, Galère et Constance, et partagèrent ainsi en quatre parties l’administration de l’empire romain, c’est-à-dire de l’an 292 à l’an 305 de l’ère chrétienne.

 

FL. LEGAY.

 


 

TREBELLIUS POLLION.

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VIES DES DEUX VALÉRIEN.

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VALÉRIEN PÈRE.

[De J.-C. 253 - 259][1]

 

 

I. VALÉRIEN, fils de Valérius, était d’une illustre origine. Il avait été censeur avant de devenir empereur, et s’était élevé de degré en degré jusqu’au plus haut faîte des grandeurs humaines. Sa vie, pendant soixante-dix ans, lui mérita tant d’estime et de gloire, qu’après s’être acquitté avec distinction de tous les honneurs et de toutes les magistratures, il fut proclamé empereur, non, comme il arrive souvent, par un concours tumultuaire du peuple, ni par un mouvement désordonné des soldats, mais par le droit reconnu d’un mérite, et, pour ainsi dire, par le consentement unanime de tout l’empire. Enfin, si l’on avait pu consulter chacun en particulier sur le choix d’un empereur, c’est lui, sans aucun doute, qui aurait réuni tous les suffrages. Pour mieux faire connaître à quel point Valérien avait mérité l’estime publique, je citerai ici des décrets du sénat, qui prouveront clairement quelle avait été sur lui, dans tous les temps, l’opinion de ce corps illustre. Sous le consulat des deux Decius, le vingt-sept octobre, le sénat, sur une lettre qu’il avait reçue des empereurs, se réunit dans le temple de Castor et Pollux, pour procéder à l’élection d’un censeur:[2] car les Decius lui avaient confié ce choix. Valérien n’était point présent; il avait suivi Decius à l’armée. Aussitôt que le préteur eut posé la question: « Quel est votre avis, pères conscrits, sur le censeur à choisir? » et que, pour recueillir les suffrages, il se fut adressé à celui qui était alors prince du sénat, tous les sénateurs, d’une seule voix, sans suivre l’ordre accoutumé des délibérations, s’écrièrent: « La vie de Valérien est une véritable censure. Qu’il juge de tous les citoyens, lui qui est le meilleur de tous. Qu’il juge du sénat, lui qui est au-dessus de toute accusation. Qu’il prononce sur notre conduite, lui dont la conduite est exempte de tout reproche. Valérien a été dès sa première enfance un véritable censeur. Valérien a été un censeur dans tout le cours de sa vie; il a été un sénateur sage modeste, plein de dignité. Il s’est montré l’ami des gens de bien, l’adversaire des tyrans, l’ennemi des crimes et des vices. C’est lui que nous voulons tous pour censeur, c’est lui que nous voulons tous imiter. Le premier de nous par ses ancêtres et la noblesse de sa naissance, pur dans sa vie, distingué par sa science, irréprochable dans ses mœurs, il est le vrai modèle des vertus antiques. » Après ces acclamations plusieurs fois répétées, on ajouta: « A l’unanimité![3] » et la séance fut levée.

II. Decius aussitôt que ce sénatus-consulte lui eut été transmis, convoqua toute sa cour, et fit prier Valérien de se rendre lui-même auprès de lui. Au milieu de cette réunion des personnages les plus distingués, on fit lecture du décret du sénat, et l’empereur dit: « Je vous félicite, Valérien, de cette décision unanime du sénat, ou plutôt de cette estime et de cette affection universelle dont elle est la preuve manifeste. Recevez sur tout le genre humain l’autorité de censeur, que la république vous a confiée comme au seul homme digne de veiller sur nos mœurs. Vous déciderez quels sont ceux qui doivent conserver le rang de sénateurs;[4] vous rappellerez l’ordre des chevaliers aux règles de son institution; vous fixerez le cens; vous établirez les tributs et les impôts; vous en règlerez la répartition; vous ferez le recensement de la fortune publique; vous aurez l’autorité de faire des lois; vous jugerez de la discipline des armées; vous ferez l’inspection des armes; votre surveillance s’étendra sur notre palais, sur les juges, sur les magistrats les plus élevés de l’empire; enfin, excepté le préfet de la ville de Rome, les consuls ordinaires, le roi des sacrifices et la grande prêtresse des vestales, si toutefois elle reste pure, tous les citoyens seront soumis à. vos arrêts. Ceux-là même sur lesquels ne s’étend point votre pouvoir s’efforceront de mériter votre approbation. » Valérien répondit à l’empereur: « Je vous en supplie, auguste empereur, ne m’imposez point la nécessité de devenir le juge du peuple, de l’armée, du sénat, des magistrats, des tribuns, des généraux, de l’univers entier. C’est pour remplir ces obligations que vous avez reçu le nom d’auguste; c’est chez vous que réside la censure : un simple citoyen ne pourrait y suffire. Faites-moi donc grâce d’une charge pour laquelle il me faudrait des forces et une confiance que je n’ai point. Les temps eux-mêmes repoussent une telle autorité, et tels sont les hommes d’aujourd’hui, qu’il ne leur faut point de censeur. »

III. Je pourrais citer encore d’autres décrets du sénat et d’autres jugements de plusieurs princes qui font également honneur à Valérien; mais la plupart vous sont déjà connus, et je me reprocherais d’ailleurs d’élever si haut un homme qu’une fatale destinée s’est plu à renverser.[5] En effet, Valérien fût vaincu par Sapor, roi des Perses, soit que ce fût un coup du sort, soit qu’il faille en accuser la trahison de l’un de ses généraux, qui, chargé de la conduite de la guerre, l’engagea dans des lieux où ni le courage ni l’habileté ne purent le sauver. Il tomba donc entre les mains de Sapor, qui, orgueilleux d’une si belle victoire, le retint prisonnier et l’accabla des plus indignes outrages, traitant un empereur romain comme le plus vil des esclaves.[6] A ce sujet, il reçu beaucoup de lettres, dont la plupart venaient de rois ses amis, qui l’avaient même secondé dans sa lutte contre Valérien. Ces lettres ont été recueillies par Julius.

IV. « A Sapor, le roi des rois Belsolus.[7] — Si je croyais que les Romains pussent jamais être entièrement vaincus, je me réjouirais avec vous de la victoire dont vous êtes fier; mais comme cette nation, soit par la volonté du destin, soit par sa valeur, a une grande puissance, prenez garde que, pour avoir pris un vieil empereur, et encore grâce à la ruse, il ne vous arrive malheur, à vous et à vos descendants. Voyez combien de nations les Romains, ont subjuguées, après avoir été souvent vaincus par elles. Les Gaulois certes les ont vaincus et ont réduit en cendres leur capitale aujourd’hui les Gaulois obéissent aux Romains. Et les Africains? n’ont-ils point vaincu les Romains? aujourd’hui ils sont subjugués à leur tour. Pour ne point chercher des exemples éloignés et peut-être moins connus, Mithridate, roi de Pont, a tenu sous sa domination toute l’Asie: eh bien! il a été vaincu, et toute l’Asie obéit aux Romains. Croyez-moi, saisissez cette occasion de faire la paix, et rendez Valérien à son empire. Je vous félicite de votre bonheur, si toutefois vous savez en profiter. »

V. Balerus, roi des Cadusiens, lui écrivit ainsi : «Vous me renvoyez saines et sauves les troupes que je vous avais confiées, je vous en remercie; mais je ne suis pas également charmé que Valérien, le prince des princes, soit votre prisonnier : je serais plus disposé à vous en féliciter, si vous lui aviez rendu la liberté; car jamais les Romains ne sont plus à craindre, que quand ils sont vaincus. Agissez donc comme l’exige la prudence, et ne vous laissez point aveugler par la fortune, qui en a trompé tant d’autres. Valérien a un fils empereur, et un petit-fils césar. Que dis-je? il a tout cet empire romain, qui tout entier se lèvera contre vous. Rendez donc Valérien, et faites la paix avec les Romains: elle nous sera avantageuse à nous-mêmes, à cause des nations du Pont. »

VI. Artabasdes, roi des Arméniens, écrivit aussi à Sapor : « Je prends part à votre glorieux succès mais je crains que ce soit moins une victoire qu’une semence de guerres. Valérien vous sera redemandé par son fils, par son petit-fils, par les généraux romains, par toute la Gaule, toute l’Afrique, toute l’Espagne, toute l’Italie, par toutes les nations de l’Illyrie, de l’Orient, du Pont, qui sont alliées des Romains, ou qui obéissent à leur domination. Vous n’avez donc pris qu’un vieillard, et vous avez soulevé toutes les nations de l’univers contre vous, et peut-être aussi contre nous, qui vous avons envoyé des secours, qui sommes vos voisins et qui souffrons toujours de vos discordes et de vos guerres avec Rome. »

VII. Les Bactriens, les Ibères, les Albains, et les Tauroscythes ne voulurent point recevoir les lettres de Sapor; bien plus, ils écrivirent aux généraux romains, qu’ils étaient prêts à leur envoyer des secours pour délivrer Valérien de sa captivité. Au reste, tandis que ce malheureux prince vieillissait chez les Perses, Odenat de Palmyre rassembla une armée, et rétablit presque dans leur ancien état les affaires de la république. Il s’empara des trésors du roi, et même de ses concubines, auxquelles les rois des Parthes tiennent encore plus qu’à leurs trésors. Sapor apprit donc à craindre les généraux romains, grâce à Baliste et à Odenat, et se retira au plus vite dans son royaume : ainsi finit la guerre des Perses. Voilà ce qui, dans la Vie de Valérien, m’a paru digne d’être rapporté; maintenant je reviens à Valérien le Jeune.

VALÉRIEN LE JEUNE.[8]

[De J.-C. ... - 268][9]

 

VALERIEN le Jeune, né d’une autre mère que Gallien, était recommandable par sa beauté, sa modestie, ses connaissances au-dessus de son âge, la douceur de son caractère, et la pureté de ses mœurs, qui ne ressemblaient en rien à celles de son frère. Son père le nomma césar, pendant qu’il était absent de Rome, et, plus tard, si l’on en croit Celestinus, il reçut de son frère le titre d’auguste. Il n’y a rien de remarquable dans sa vie, si ce n’est la noblesse de son origine, l’excellente éducation qu’il reçut, et la manière déplorable dont il périt. Mais comme il existe un tombeau sur lequel se trouve inscrit le nom de Valérien empereur, et que cette circonstance a accrédité l’erreur que le corps de l’empereur Valérien, mort captif chez les Perses, avait plus tard été rendu, j’ai cru devoir rétablir la vérité des faits, et consigner ici que c’est Valérien le Jeune qui fut enseveli près de Milan, avec cette inscription que Claude y fit graver : VALÉRIEN EMPEREUR. Je crois en avoir dit assez sur l’un et sur l’autre; et comme je craindrais de donner trop d’étendue à ce livre, si j’y ajoutais la vie de Gallien, fils de cet empereur Valérien, dont j’ai déjà longuement parlé, ou celle de Saloninus, fils de Gallien, qui porta aussi le nom de son père, je les renverrai au livre suivant. Car je serai toujours disposé à tout faire pour mériter votre approbation et les suffrages de la renommée, à laquelle je ne dois ni ne puis rien refuser.

 

 


 

[1] Cette date est celle de l’avènement de Valérien à l’empire et de sa captivité. Il vécut plusieurs années encore chez les Perses.

[2] Il y avait longtemps que les fonctions de la censure se trouvaient réunies à l’autorité impériale. Les Decius rétablissent cette ancienne magistrature en faveur de Valérien c’est la dernière mention qui en soit faite dans l’histoire romaine.

[3] Vopiscus, dans la Vie de Tacite : « Hæc oratione et Tacites ipse vehementer est motus, et totus senatonus ordo concussus statimque acclamatum est: Omnes, omnes! » Cette acclamation indiquait que la proposition était accueillie à l’unanimité.

[4] Ce passage est important, en ce qu’il indique quelles étaient, dans les anciens temps de la république, la nature et l’étendue des fonctions de la censure.

[5] Zosime dit que Valérien fut pris par sa propre faute. Aurélius Victor, de son côté, est loin de juger Valérien aussi favorablement que Trebellius: « Licinius Valerianus, cognomento Colobius, imperavit annos quindecim : parentibus ortus splendidissimis, stolidus tamen, et multum iners, neque ad usum aliquem publici officii consilio seu gestis accommodatus. »

[6] Aurélius Victor va plus loin : « Nam quamdiu vixit rex ejusdem provinciæ, incurvato eo pedem cervicibus ejus imponens, equum conscendere solitus erat. » Le fragment de la Vie de Valérien que Casaubon trouve dans son manuscrit royal, raconte le même fait : « Infamis officii, donec vixit, damnationem sortitus est, ut ipse acclimis humi regem semper ascensurum in equum non manu, sed dorso attolleret. »

[7] Quel est ce Belsolus qui s’intitule le roi des rois en écrivant à Sapor? L’histoire ne fait aucune mention de ce nom; et d’ailleurs pouvait-il y avoir dans l’Orient un roi, quel qu’il fût, qui osât écrire ainsi au successeur de cet Artaxerce, qui avait conquis aux Perses le royaume des Parthes? Il y a évidemment ici altération dans le texte. Le manuscrit Palatin et une ancienne édition disent Velsolus au lieu de Belsolus; mais ce texte, même en supposant que l’on écrive vel solus, n’est pas plus satisfaisant. L’on concevrait bien plutôt ces épithètes d’honneur donnés à Sapor lui-même. Elles sont conformes aux habitudes orientales, et elles s’accorderaient mieux avec la grandeur de sa puissance, surtout au moment où la défaite des Romains et la captivité de leur empereur paraissaient faire de lui le roi des rois, et presque le seul roi de l’univers.

[8] Ce titre paraît inutile; car cet article sur Valérien le Jeune fait naturellement partie de la Vie précédente, qui a pour titre: Valerianus pater et filius.

[9] Il est bien difficile de fixer à quelle époque Valérien le Jeune reçut de son père le titre de césar, et de son frère celui d’auguste. Il est même permis de douter qu’il ait régné, car nous ne le voyons nulle part faire aucun acte d’empereur. Nous trouvons du moins au ch. xiv de la Vie de Gallien le Père, la date de sa mort. Trebellius y dit qu’il fut tué à Milan, en même temps que Gallien lui-même.