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HISTOIRE AUGUSTE

TREBELLIUS POLLION.

FRAGMENTS DES VIES DES DEUX VALERIEN.

 

Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer

 

 

FRAGMENTS DES VIES

DES DEUX VALERIEN.

 

Sur ces entrefaites, Valérien, qui se trouvait dans la Rhétie, fut proclamé auguste par son armée: le peuple approuva ce choix, et le sénat s’en réjouit. En effet, c’était un personnage d’une illustre origine, distingué par son savoir et son éloquence, et qui, dans les diverses dignités dont il avait été successivement revêtu, s’était fait remarquer par la noblesse et l’intégrité de son admiration: il avait été excellent préteur et censeur plein d’équité. Devenu empereur, personne ne fut plus juste que lui, ni plus habile dans le choix des généraux et des magistrats. Dans le même temps, Gallien, son fils, ayant reçu du peuple le titre de césar, Valérien, selon la plu- part des historiens, le laissa à Rome, et partit pour la Perse avec une grande armée. Enfin, tandis qu’il envahissait le pays des ennemis, l’imprudence de ses généraux le fit tomber au pouvoir de Sapor, roi des Perses. Il consuma sa vieillesse dans une honteuse servitude, et exerça le reste de sa vie le plus vil ministère: chaque fois que Sapor se préparait à monter à cheval, il fallait que, se prosternant devant lui, il lui présenta le dos pour lui servir de marchepied **....

 

 

 

** Dans la Vie de Valérien, telle que Casaubon la reproduit d’après un manuscrit de la Bibliothèque royale, à la suite du morceau ci-dessus, se retrouve le texte que nous avons donné d’après les éditions vulgaires, depuis le chapitre iv jusqu’à la fin du chapitre vii, où les mots haec sunt digna cognitu de Valeriano se trouvent immédiatement rattachés à la quatrième ligne du ch. i, cujus per annos septuaginta. De là, le fragment coïncide avec notre texte jusqu’à la quatrième ligne du ch. iii, fatali quadam necessitate superatus est. La fin de ce troisième chapitre n’existe point dans le fragment, qui en vient aussitôt à Valérien le Jeune : ad Valerianum Juniorem revertor, qui alia, quam Gallienus, matre genitus, etc. Le reste s’accorde presque en tout avec le texte vulgaire.

Dans le détail, il se trouve quelques différences de mots qui ne changent point le sens d’une manière essentielle. Il est bon d’observer cependant que le fragment appelle Valenus au lieu de Balenus, le roi des Cadusiens qui, au ch. v, écrit à Saper.

 

 

Un second fragment, que Saumaise a trouvé dans un manuscrit de la bibliothèque Palatine, n’a ni le commencement du texte vulgaire, ni celui du premier fragment, dont nous avons donné plus haut la traduction. Mais pour le reste, il y a coïncidence parfaite avec ce dernier.

Les différences de détail sont peu nombreuses, et ne font au sens du texte vulgaire aucun changement notable.

Voici les principales : Au lieu de Sapori, rex regum Belsolus, Il dit: Sapori rex regum vel solus, c’est-à-dire « le roi des rois ou même le seul roi, à Sapor. »

Il donne le nom de Velenus au roi des Cadusiens, qui est appelé Balerus au ch. v du texte vulgaire, et Valenus dans le premier fragment.

Dans le même chapitre, au lieu de nec fortuna te inflet, il dit nec forma te inflet, « qu’une vaine apparence ne t’enorgueillisse pas. »

Il paraîtrait donc que les premiers éditeurs, choqués de ce que les manuscrits perlaient de la censure de Valérien, après avoir raconté sa captivité, ont voulu rétablir un ordre qui leur semblait plus rationnel, en mettant à la fin ce qui était au commencement, et au commencement ce qui était à la fin. En cela ils ont commis, ce semble, une grave erreur; car la méthode suivie dans ces fragments, bonne ou mauvaise, est justement celle que les auteurs contenus dans ce volume ont observée dans les autres Vies : d’abord ils racontent les faits, et ensuite ils citent les documents et actes publics qui établissent, aux diverses époques de la vie de celui dont ils écrivent l’histoire, quel était le jugement qu’on portait sur son compte.

Quant à l’espèce d’introduction qui se trouve au texte vulgaire et dans le premier fragment, il paraît assez évident qu’elle n’a d’autre but que de déguiser l’énorme lacune du commencement de cette Vie, et l’on ne se hasarde pas beaucoup, je pense, en l’attribuant à quelque correcteur maladroit, qui a voulu donner une tête à un corps mutilé.