Grégoire de Tours
Les sept livres des Miracles
Les
sept livres des Miracles
Livre septième — De la gloire des ConfesseursPRÉFACE. Je crains, si j’entreprends d’écrire, qu’on ne me dise : Penses-tu par tes efforts incorrects et grossiers placer ton nom parmi ceux des écrivains? ou espères-tu raire accepter des gens habiles cette œuvre dénuée des grâces de l’art et dépourvue de toute science du style? Toi qui n’as aucune pratique des lettres, qui ne sais pas distinguer les mots, qui prends souvent pour masculins ceux qui sont féminins, pour féminins les neutres et pour neutres les masculins, et qui mets souvent hors de leur place jusqu’aux prépositions dont l’emploi a été réglé par les plus illustres auteurs, puisque tu leur joins des accusatifs pour des ablatifs, et à l’inverse des ablatifs pour des accusatifs; crois-tu qu’on ne s’apercevra pas que c’est le boeuf pesant voulant jouer à la palestre, on l’âne indolent s’efforçant de prendre son vol à travers la rangée des joueurs de paume… De même que cela n’est pas possible , de même tu ne peux être compté parmi les écrivains. Cependant je répondrai et je dirai : Je travaille pour vous, et grâce, à ma rusticité vous exercerez votre savoir, car ce que nous écrivons grossièrement et rapidement en notre style obscur, vous pourrez,a main posée, l’étendre avec élégance et clarté en pages plus abondantes… I. Des vertus des anges. Quand je demeurais dans le pays Arverne, un homme véridique me rapporta une chose que je sais d’ailleurs être vraie. On fait faire pour les moissonneurs une boisson qui se prépare avec des grains infusés et cuits dans l’eau ; c’est cette décoction qu’on appelle ceria[i]. Mais il y en avait trop peu ; cet homme craignant le mécontentement de son maître et ne sachant comment donner à boire tout le jour à soixante-dix ouvriers qui moissonnaient sur le domaine avec un tonneau qui ne contenait pas plus de cinq muids, invoqua dévotement les noms des saints anges que les Écritures nous font connaître. Chose merveilleuse ! on puisa au tonneau jusqu’à la nuit sans que le liquide manquât aux buveurs. II. De saint Hilaire, évêque de Poitiers. Il y avait dans le pays de Gévaudan, sur une montagne nommée Helanus, un grand lac[ii]. Là, à une certaine époque, une multitude de gens de la campagne faisait comme des libations à ce lie; elle y jetait des linges on des pièces d’étoffe servant aux vêtements des hommes ; quelques-uns des toisons de laine ; le plus grand nombre y jetaient des fromages, des gâteaux de cire et chacun, suivant sa richesse, divers objets qu’il serait trop long d’énumérer. Ils venaient avec des chariots , apportant de quoi boire, et manger, abattaient des animaux, et pendant trois jours se limaient à la bonne chère. Le quatrième jour, au moment de partir, ils étaient assaillis par une tempête accompagnée de tonnerre et d’éclairs immenses, et il descendait du ciel une pluie si forte et une grêle si violente qu’à peine chacun des assistants croyait-il pouvoir échapper, Les choses se passaient ainsi tous les ans, et la superstition tenait enveloppé ce peuple irréfléchi. Après une longue suite de temps, un prêtre qui avait été élevé à l’épiscopat vint de la ville même (Javouls) à cet endroit et prêcha la foule afin qu’elle s’abstînt de ces pratiques de pour d’être dévorée par la colère céleste; mais sa prédication ne pénétrait nullement ces rustres épais. Alors, inspiré par la Divinité, le prêtre de Dieu construisit, loin la rive du ]Le, une église en l’honneur du bienheureux Hilaire de Poitiers, et y plaça des reliques du saint en disant au peuple : Craignez, mes enfants, craignez de pécher devant. le Seigneur; il n’y a rien à vénérer dans cet étang... Ces hommes touchés au cœur se convertirent et abandonnèrent le lac ; ce qu’ils avaient coutume d’y jeter, ils le portèrent à la basilique sainte, et furent ainsi délivrés des liens de l’erreur. » III. De saint Eusèbe, évêque de Verceil. A son tombeau guérissent les possédés. Ma mère plaça des reliques de ce saint dans l’oratoire de sa maison. Il arriva une fois, pendant l’hiver, que dans un joyeux entretien prolongé jusque fort avant dans la nuit, comme elle avait été longtemps assise devant le feu qui était formé d’un grand monceau de bois, elle se leva et ses gens étant déjà couchés, elle se mit sur un lit près du feu. Tout le monde dormait lorsque des étincelles montèrent du foyer jusqu’aux solives du plafond dont l’une se trouva prise et commença à projeter vivement la flamme. Mais cette flamme, par la puissance, je crois, du saint dont les reliques étaient près de là, ne faisait que courir le long des poutres sans les brûler jusqu’à ce que la mère de famille, s’étant éveillée et ayant appelé ses serviteurs, elle fit verser de l’eau et éteindre cet incendie. IV. De Gatianus, premier évêque de Tours (vers l’an 300). Saint Martin étant venu prier à son tombeau, ils se parlèrent. V. A Artonne, bourg arverne, où se trouvait inhumée une sainte femme nommée Vitalina, saint Martin s’entretint de même avec elle. Comme il sortait de ce bourg, les sénateurs de la cité arverne, ceux qui brillaient en ce lieu par des ancêtres de noblesse romaine, apprenant que le saint homme approchait de la ville, sortirent à sa rencontre avec des chevaux, des voitures, des chars, des calèches ; mais lui, monté sur un âne, assis sur la selle la plus grossière, en atteignant au sommet du mont Belénus, d’où l’on voit à l’aise le bourg de Riom se dessiner, les aperçut qui s’approchaient avec cette pompe…, et tirant la bride de son âne en arrière, il se mit à revenir par où il était venu. Il revint auprès de Vitalina. Poisson et vin trouvés miraculeusement un jour qu’on célébrait les vigiles en l’honneur de celle-ci et qu’on faisait un repas auquel Eulalius, archiprêtre du lieu, avait invité les clercs, tandis qu’Edatius, l’autre prêtre, préparait à manger pour la foule des veuves et des pauvres. VI. Un certain prêtre nommé Léon est saisi de la fièvre et meurt au bout de trois jours pour avoir déplacé, dans l’intention de s’en servir pour son tombeau, une pierre sur laquelle le grand saint Martin s"était assis. VII. Arbre au territoire de Neuilli (Nobiliacensi pago) pays de Tours, qui avait été déraciné et que saint Martin releva par un signe de croix. Il sert beaucoup aux malades qui prennent de son écorce dissoute dans l’eau. Nous avons nous-même vu cet arbre debout. VIII. Oratoire du village de Martigni près Tours. Saint Martin y pria souvent. L’abbé Gunthaire, devenu évêque (de Tours, 552-555), forcé par son cheval de s’y arrêter pour prier aussi. IX. Vertus médicales de l’huile prise à une lampe qui brûlait au tombeau de saint Martin ; d’après le témoignage d’Arédius, prêtre du pays de Limoges. X. Vertus semblables, d’après le même témoignage, du raisin d’une vigne que le saint avait plantée, et de la cire des cierges mis sur son tombeau. XI. Sur le territoire du château de Tonnerre qui appartient à la cité de Langres, saint Martin apparaît à un prêtre, boiteux, et le guérit. XII. Un monastère de saint Martin en Espagne miraculeusement préservé du pillage lors de l’expédition du roi Leuvield contre son fils[iii]. XIII. Un évêque arien ayant comploté avec un de ses adhérents de lui donner quarante sous d’or pour qu’il contrefit l’aveugle, et que lui, évêque, parût faire un miracle en lui rendant la vue, cet homme est frappé d’une véritable et douloureuse cécité[iv]. XIV. Un catholique prouve contre un hérétique l’existence de la Trinité en tenant dans sa main, sans éprouver aucun mal, une bague d’or rougie, sur des charbons ardents. XV. Venantius enterré près de l’église de Saint-Martin. L’on obtient à son tombeau la guérison de la fièvre. XVI. Sainte Pappola se fait religieuse dans un couvent d’hommes. On ne découvre son sexe qu’à sa mort arrivée trente ans après. XVII. Un pauvre homme ayant pris pour recouvrir le sépulcre de son fils le couvercle d’un tombeau qu’il avait trouvé dans la campagne caché parmi les ronces et les épines, mais qui se trouvait être celui d’un évêque nommé Bénignus[v], devient sourd, muet, aveugle et paralytique jusqu’à ce qu’il l’ait fait rapporter. XVIII. Découverte miraculeuse du tombeau des deux vierges Maura et Britta[vi]. XIX. Eufronius, évêque de Tours (556-573), annonce par une inspiration miraculeuse la mort du roi Charibert. XX. Feu mystique aperçu au moment où Grégoire entrait dans une salle nouvellement consacrée au culte par ses ordres et sur l’autel de laquelle il venait déposer des reliques des saints Saturninus, Martin, Illidius et Julianus. XXI. Dans le pays de Tours, à Maillé[vii], monastère bâti sur le haut d’une montagne et entouré d’anciens édifices détruits, on découvrit par l’intervention divine le tombeau de saint Solemnis[viii]. Lithoméris, homme de cette contrée, vint avec un seul serviteur y porter des cierges et s’y guérit de la fièvre quarte. XXII. Maximus (saint Mesme), après avoir été religieux à l’abbaye de Sainte-Barbe de Lyon, vint au château de Chinon, dans le territoire de Tours, et y établit un monastère. Un jour cette forteresse, où le peuple de la contrée s’était renfermé étant assiégée par Égidius[ix], l’ennemi acharné bouche un puits creusé sur le flanc de la montagne et qui fournissait à boire aux assiégés. Par ses prières le saint obtint du ciel une pluie abondante dont ceux-ci profitèrent pour remplir d’eau tous les vases qu’ils possédaient, et l’ennemi dut se retirer. Un enfant et une jeune fille, tous deux serfs de l’église de Tours, guérirent de la fièvre au tombeau de ce saint. Lorsque nous eûmes connaissance de ces faits, nous cédâmes le garçon au monastère de Maximus après l’avoir tonsuré et nous ordonnâmes que la fille, changeant son vêtement, fût reçue dans une communauté de religieuses, afin qu’ils servissent Dieu. XXIII. Non loin de là repose un vénérable prêtre nommé Jean, Breton de nation, qui pendant sa vie se tenait dans une étroite cellule en face de l’église de Chinon, à l’ombre de lauriers qu’il avait plantés et dont on a reconnu la secrète vertu. XXIV. A Tours mourut (en 570) la bienheureuse Monegunde , née dans le pays chartrain, qui pendant sa vie guérissait les ulcères avec les feuilles de quelque légume ou de quelque fruit qu’elle humectait de sa salive en faisant le signe de la croix. La servante de Probatus, archidiacre de Grégoire de Tours, guérie de la fièvre au tombeau de cette pieuse femme. XXV. Après quatre jours de prières au tombeau de l’abbé Sénoch (à Tours), Nantolf, jeune esclave, recouvre la vue, dont il était privé. XXVI. De saint Siméon à la colonne, dans le pays d’Antioche. XXVII. Saint Martialis, envoyé par les évêques de Rome (vers 250), commença de prêcher dans la ville de Limoges. Auprès de sa sépulture sont enterrés deux prêtres qu’il avait amenés avec lui et dont les tombeaux furent une fois miraculeusement changés de place. XXVIII. Jeune fille percluse d’une main et guérie au tombeau de saint Martialis. XXIX. Un homme, devenu muet pour avoir proféré un mensonge dans l’église, reprend la parole au tombeau de saint Martialis. XXX. Saint Stremonius (Austremoine), compagnon de saint Gatianus et apôtre de Clermont. Son tombeau est au bourg d’Issoire (Iciodorus) où Cautinus alors diacre (et depuis évêque), chargé de gouverner l’église du lieu, s’aperçut que ce tombeau était sanctifié par des miracles. XXXI. Un prêtre qui voyageait seul en Auvergne ayant obtenu l’hospitalité dans la chaumière d’un pauvre homme de la Limagne (pauperis Limanici) bénit, au matin, le pain que son hôte emportait pour aller à son travail. Ce pain le préserva d’être noyé en traversant avec sa voiture et ses bœufs un pont de bateaux. XXXII. Légende des deux amants développée plus tard par Grégoire dans son Hist. (liv. I). XXXIII. Amabilis, prêtre du bourg de Riom et d’une sainteté admirable, avait le pouvoir de commander aux serpents. Le duc Victorius ayant dédaigné de prier à son tombeau, lui et son cheval semblaient être devenus de bronze et il fut obligé d’y faire sa prière. XXXIV. Dans la même ville une pieuse femme nommée Georgia (sainte George) étant morte, une bande de colombes suivit, en volant, son convoi. XXXV. Dans la basilique de saint Vénérandus, située près celle de saint Illidius, on remarque une chapelle voûtée où se trouvent un grand nombre de tombeaux sculptés parmi lesquels on reconnaît ceux qui sont chrétiens à ce que leurs sculptures représentent des miracles du Seigneur et des apôtres. A l’époque où Georgius, citoyen du Velay, devint comte de Clermont, une partie de cette vente tomba et mit en pièces le couvercle de l’un des sarcophages. On y vit couchée une jeune fille parfaitement intacte. Son visage, ses mains, tous ses membres étaient entiers et sa chevelure était fort longue ; je crois il est vrai qu’elle avait été embaumée avec des aromates… Quelques-uns disaient qu’on avait trouvé autour d’elle des anneaux et des chaînes d’or ; mais on ne put savoir ni sa naissance, ni son nom, Ce pauvre corps ayant gît ainsi découvert pendant une année, la femme du comte tomba malade el fut avertie en songe qu’elle ne recouvrerait la santé qu’après avoir fait fermer ce tombeau par une pierre ; ce qu’elle fit. XXXVI. Tombeaux de sainte Galla, du pieux Alexander que les malades ont si souvent gratté pour en tirer un remède à leurs maux que la pierre est perforée, et du bienheureux martyr Liminius (S. Linguin). XXXVII. Tombeaux des évêques saint Vénérandus et saint Népotianus où les fiévreux obtiennent souvent leur guérison. XXXVIII. Miracle manifesté sur la personne d’un moine qui se retirait à l’écart pour prier avec plus de ferveur[x]. XXXIX. Feu mystique qui s’échappe des reliques des saints et qui ne brûle pas[xi]. L’abbé Brachion l’a vu sur les reliques de saint Martin. XL. Grégoire enfant, ayant son père malade, voit en songe un personnage qui lui dit : As-tu là le livre de Josué ? A quoi il répondit : Je n’ai rien appris en littérature que les lettres de l’alphabet et dans ce moment même je suis péniblement retenu à cette étude. J’ignore entièrement l’existence de ce livre. — Va, répondit le personnage, qu’on fasse une petite baguette de bois sur laquelle on puisse mettre ce nom, et après qu’on l’aura écrit avec de l’encre, place-le sous le chevet où repose la tête de ton père. Le matin venu je fis part à ma mère de ce que j’avais vu, continue Grégoire ; elle ordonna que les prescriptions du songe fussent remplies et dès que je m’en fus acquitté mon père se remit de sa maladie. L’année suivante le père étant retombé malade fut encore guéri par le moyen d’un songe de son fils. XLI. Germanus, glorieux confesseur, mort à Rome, est inhumé à Auxerre. Dans le temps de la reine Theudechilde, un certain tribun nommé Ninnius, revenant d’Auvergne après avoir remis à la reine les tributs recueillis en France, entra dans la ville d’Auxerre pour prier pieusement à ce tombeau et tirant son épée du fourreau, il cassa un petit fragment du couvercle qu’il plaça comme relique dans l’église de sort pays, où Grégoire la vit avec l’évêque Avitus. » C’était au bourg de Mauzac (in vico Musiacas). XLII. Dans la forteresse de Dijon mourut un sénateur, nommé Hilarius, connu pour l’austérité de mœurs qu’il avait toujours imposée à sa maison. Un an après, sa femme étant morte aussi fut déposée dans le même tombeau, et l’on vit alors avec admiration le mari lever le bras droit pour embrasser son épouse. XLIII. Dans la même église repose sainte Florida, et dans une autre qui est voisine sainte Paschasia, qui contribua à la construction de la basilique de saint Bénignus[xii]. XLIV. Du bienheureux confesseur Tranquillus, sur le tombeau duquel croît une mousse qui offre aux gens un médicament dont j’ai moi-même fait largement l’expérience. En effet, mes mains s’étant couvertes de petits boutons qui me faisaient souffrir d’insupportables douleurs, je les frottai de cette mousse, et aussitôt l’humeur s’apaisant je fus guéri. XLV. De Sévérinus et Amandus, évêques de Bordeaux. XLVI. De saint Romanus, enterré contre le château de Blaye sur le bord de la Garonne. Les personnes qui naviguent sur la Garonne, et que le fleuve met en danger, ne périssent pas tant qu’elles peuvent du milieu du fleuve contempler l’église de Romanus. Grégoire lui-même en a fait l’expérience. XLVII. Au même pays se trouvent dans une même église les tombeaux de deux prêtres qui prouvent bien de la manière la plus manifeste qu’ils vivent dans l’autre monde. Lorsque pour célébrer l’office les clercs commencent le chant des psaumes , on entend distinctement la voix de ces deux prêtres se mêler à la leur. Cela se passe au bourg de Bouliac (in vico Vodollacensi). XLVIII. Non loin de là est le village de Rions (Reontium villa), où les Goths s’étant emparés de l’église catholique, les petits enfants qu’ils y firent baptiser par leur prêtre arien moururent tous peu de temps après. XLIX. Dans le pays de Bigorre au bourg de Serre (? in vivo Sexciacensi) repose le prêtre Justinus, et au bourg de Talazac (? Talvam vicum) le prêtre Misilinus (saint Mesclin), son émule en sainteté ainsi qu’en miracles. L. Au même pays appartient saint Sévérus, homme d’une noble origine, qui avait été ordonné prêtre et qui transforma deux de ses maisons en églises où lui-même disait la messe. LI. Un lis cueilli par Sévérus et depuis longtemps desséché reverdit le jour anniversaire de la mort du saint. LII. Trois tombeaux, qu’on voit chaque année s’élever peu à peu au-dessus du sol au bourg Julien (vicus Juliensis), appelé aussi Aire (Atroa). LIII. Thaumastus, évêque de… [xiii], homme admirable par ses vertus, mourut à Poitiers, où son tombeau, placé devant l’église de Saint-Hilaire, guérit de la fièvre et du mal de dents ceux qui en grattent la poussière. LIV. Miracles qui s’opèrent au tombeau du bienheureux Lupianus, sur le territoire de Poitou, dans le bourg de Retz (in vico Ratiatensis). LV. Melanius, évêque de Rennes. Un incendie éclate au-dessus de son tombeau sans endommager les tentures qui le recouvraient. LVI. Victorius, évêque du Mans, arrête un incendie de cette ville par un signe de croix. LVII. Diverses maladies guéries au tombeau de Martin, abbé à Saintes, disciple de saint Martin de Tours. Ce tombeau transporté d’une place à une autre avec une facilité miraculeuse par Palladius, évêque de Saintes. LVIII. Femme percluse qui se guérit au tombeau de Vivianus, évêque de Saintes. LIX. Trojanus, évêque de Saintes[xiv]. Il s’entretient avec saint Martin. Miracles à son tombeau. LX. Tombeau, à Saintes, de deux époux, parents de saint Hilaire de Poitiers, que Palladius s’efforce vainement de déplacer, et qui se déplace de lui-même pendant la nuit. LXI. Nicétius, confesseur du Christ, mort à Lyon[xv]. Un jeune aveugle recouvre la vue en se plaçant sous son cercueil et obtient la protection du roi Guntchramn. Autres cures miraculeuses. LXII. Grégoire ayant visité en compagnie de Nicétius la sépulture du bienheureux Hélie, évêque de Lyon[xvi], apprend de lui qu’un malfaiteur, venu pour dépouiller le corps du saint pendant la nuit, fut saisi dans les deux bras du cadavre et retenu ainsi jusqu’au matin. LXIII. La fille de Léon, empereur romain, était possédé par un démon qui s’écriait que l’archidiacre de Lyon pouvait seul la délivrer. On fit venir à Rome cet archidiacre, qui la guérit en effet, et qui demanda à l’empereur pour sa récompense que le peuple de Lyon, jusqu’à trois milles hors de la ville, frît exempt de tout tribut. Telle est l’origine de cette exemption dont les habitants de Lyon jouissent encore. L’empereur envoya de plus porter en présent à l’église de cette ville une boîte pour mettre les évangiles avec un calice et une patène d’or pur ornés de pierres précieuses. En traversant les Alpes, le messager rencontra un orfèvre par lequel il se laissa séduire et porta à Lyon des joyaux imitant ceux qu’il avait, mais en argent doré, puis revint à cet orfèvre qui les avait fabriqués afin de partager avec lui le fruit du larcin. La maison où ils étaient tous deux fut engloutie pendant la nuit par un tremblement de terre. Bien souvent, dit Grégoire, j’ai vu ces joyaux dans l’église de Lyon. LXIV. Dans le faubourg de Lyon se trouve la sépulture d’une femme qui avait recueilli le soulier que le bienheureux martyr Épipodius avait perdu en marchant au supplice, et au tombeau de laquelle les malades obtiennent guérison. LXV. Dans la même ville, un homme de race sénatoriale étant mort fut enseveli dans l’église de sainte Marie. Sa veuve, pour le profit de l’âme du défunt, donnait à cette église d’excellent vin de Gaza destiné à la communion ; mais le sous-diacre le gardait pour lui, et donnait en place une sorte de vinaigre. La femme en fut avertie par son mari qui lui apparut en songe. LXVI. Au tombeau de l’évêque Memmius (saint Menge), patron de Châlons, Grégoire vit lui-même des malheureux dont les chaînes se brisaient, et un de ses serviteurs y fut guéri de ta fièvre. LXVII. Lupus[xvii], évêque de Troyes en Champagne, où il est enseveli, frappe d’une folie subite un certain Maurus qui prétendait arracher d’auprès son tombeau un de ses esclaves qui s’y était réfugié. LXVIII. Après la mort de Lupus, un pieux homme qui l’assistait dans son ministère, nommé Aventinus, ayant offert de l’argent pour le rachat de quelques captifs et le maître de ceux-ci se refusant à l’accepter, ce dernier périt misérablement. LXIX. Marcellinus, évêque d’Embrun, a construit dans cette ville des fonts baptismaux qui s’emplissent d’eux mêmes. LXX. Marcellus, évêque de Die. L’huile de la lampe allumée sur son tombeau sert de remède aux malades. LXXI. Métrias, confesseur énergique de la vérité, et qui en son vivant était esclave, appartient à la ville d’Aix. Sous l’épiscopat de Franco (vers 566), l’église de cette ville fut dépouillée d’un de ses domaines par un jugement inique de Childéric, lequel tenait alors le premier rang auprès du roi Sigibert. Childéric mourut une année après quoiqu’il eût fini par restituer le domaine. LXXII. Arvatius, évêque d’Utrecht au temps de l’invasion des Gaules par les Huns (vers 450), fut enseveli près d’un pont, sur la voie publique. Son tombeau est remarquable en ce que la neige, avec quelque abondance qu’elle tombe, n’ose le toucher. Le zèle des fidèles l’a entouré plusieurs fois d’un oratoire construit en planches, mais le vent a toujours renversé ces édifices simples jusqu’à ce que l’évêque Manulf (évêque de Liège, 558-597) fit bâtir une grande église où il le transporta. LXXIII. Le cimetière d’Autun renferme un grand nombre de corps saints, car on y entend souvent de mystérieuses psalmodies et on y voit des apparitions. LXXIV. Dans le même cimetière, sont les tombeaux des bienheureux Cassianus et Simplicius, évêques d’Autun. LXXV. Saint Riticius, né de parents de la première noblesse, ainsi que sa femme, vécut avec celle-ci comme avec une sœur. Il la perdit et devint ensuite évêque d’Autun. Lorsqu’il eut achevé sa carrière, on le déposa dans le cercueil où était sa femme, et en y entrant il lui parla. Cassianus fut son successeur, puis Égémonius. LXXVI. A Égémonius succéda le bienheureux Simplicius (en 364), qui était marié et vivait avec sa femme dans une parfaite chasteté. Cependant, après sa nomination à l’épiscopat, les citoyens de la ville voulaient les contraindre à faire lit à part ; mais les deux époux convainquirent la foule de leur innocence en gardant une heure entre leurs bras des charbons ardents sans en être brûlés. Le peuple d’Autun était encore païen, et à la suite de cela plus de mille personnes se convertirent dans l’intervalle de sept jours. LXXVII. Les habitants de ce pays promenaient dans les champs et les vignes, sur un char traîné par des bœufs, la statue de la déesse Bérécynthia autour de laquelle ils chantaient et dansaient pour obtenir d’abondantes récoltes. Témoin de cette misérable coutume du paganisme, l’évêque Simplicius, par l’effet d’une prière à Dieu et du signe de la croix, fait tomber la statue à terre et obtient la conversion de quatre cents personnes. LXXVIII. Histoire racontée à l’auteur par Félix, évêque de Nantes, d’un des précédents évêques de cette ville qui, parvenu à l’épiscopat, s’était séparé de sa femme conformément aux canons, mais au grand déplaisir de celle-ci. LXXIX. Rémigius, évêque de Reims pendant plus de soixante-dix ans (459-533). Punition de l’usurpateur d’un champ de cette église. Reims est préservé par les reliques de Rémigius d’une peste qui ravage la première Germanie (en 546). LXXX. Ursinus, envoyé par les disciples des apôtres, fut le premier évêque de Bourges. En ces temps d’ignorance on l’ensevelit avec tout le monde dans le cimetière. Ce peuple ne comprenait pas encore qu’il faut vénérer les prêtres de Dieu. Sous l’épiscopat de Probianus (552-568), un nommé Augustus, qui avait fait partie de la maison de Désidératus, autre évêque de Bourges (545-550), et qui après avoir fondé un oratoire de Saint-Martin à Brives, avait été appelé à gouverner l’église de Saint-Symphorien de Bourges, eut, en même temps que saint Germanus évêque de paris, une vision d’Ursinus qui leur indiqua lui-même où son cadavre était enseveli. LXXXI. Marianus, ermite qui ne vivait que de pommes sauvages et de miel est enterré au bourg d’Évaux, et révéré comme saint par le peuple du pays de Bourges. LXXXII. Dans le même pays vécut Eusitius[xviii], ermite admirable par les guérisons qu’il opérait et par sa bouté. Lorsque Childebert partit pour l’Espagne[xix], il l’alla visiter et lui offrit cinquante pièces d’or. — Que m’offres-tu là, dit le vieillard ; donne cela aux pauvres, je n’en ai pas besoin. Et il ajouta : Va, et tu obtiendras la victoire et feras tout ce que tu voudras. Le roi distribua l’or aux pauvres et fit vœu que si le Seigneur le ramenait sain et sauf de son voyage, il bâtirait une église au lieu où serait inhumé le corps du vieillard. Et plus tard il accomplit ce vœu. LXXXIII. Un enfant ressuscité au tombeau de Maximus, évêque de Riez (Regiensis). LXXXIV. Valérius, premier évêque de Couserans (vers 450). Son tombeau miraculeusement retrouvé par son successeur Theodorus (vers 550). LXXXV. Saint Sylvestre mourut (en 514) après avoir gouverné pendant quarante-deux ans l’église de Chalon. Il avait un lit fait de cordelettes tissées avec soin et sur lequel il guérit souvent les malades. Aussi a-t-on porté ce lit dans le trésor de l’église, et il a conservé sa vertu. Ma mère en ayant coupé, une parcelle la fit suspendre au cou d’une jeune fille qui souffrait de la fièvre et qui guérit à l’instant. LXXXVI. Désidératus, prêtre d’une magnifique sainteté, était du même pays. Grégoire le vit au monastère de Gourdon. Agricola, évêque de Chalon, le fit ensevelir à l’hôpital de lépreux construit dans le faubourg de cette ville. LXXXVII. Dans le pays de Tonnerre, diocèse de Langres, il y eut un saint homme nommé Jean qui, en construisant un monastère au lieu appelé Réome, fit la découverte d’un puits immense dont Grégoire puisa, en se rendant à Lyon, de l’eau avec laquelle il guérit plusieurs fiévreux. Un fratricide condamné, à cause de l’énormité de son crime, à parcourir les lieux saints pendant sept ans, le corps entouré de cercles de fer, se vit délivré de ses chaînes an tombeau de Jean, abbé de Réome. Ce saint vécut, comme Moïse, cent vingt ans. LXXXVIII. Au tombeau de Séquanus (saint Seine) également abbé sur le territoire de Langres, les prisonniers sont délivrés de leurs chaînes. Le roi Guntchramn ayant perdu par suite d’un vol la corne au son de laquelle il rassemblait ses chiens et donnait la chasse aux troupeaux de cerfs, beaucoup de gens furent jetés dans les fers à cause de cela. Trois d’entre eux ayant atteint le tombeau de ce pieux confesseur, le roi ordonna qu’ils fussent néanmoins saisis et garrottés; mais an milieu de la nuit leurs fers se rompirent. Le roi effrayé leur donna de suite la liberté de s’en aller[xx]. LXXXIX. Marcellus, évêque de la ville de Paris, la délivra d’un énorme serpent, et repose maintenant dans le faubourg. Ragnimod, aussi évêque de Paris, étant venu à son tombeau lorsqu’il n’était encore que prêtre, y guérit de la fièvre quarte. XC. Le lendemain du jour où le roi Chilpéric entra dans Paris[xxi], fut guéri un paralytique qui se mettait sous le portique de l’église Saint-Vincentius où repose le corps du bienheureux Germanus. XCI. Au tombeau de la très sainte vierge Geneviève, la fièvre se dissipe. XCII. Le bienheureux Lusor (saint Ludre), fils du sénateur Leucadius, est inhumé à Déols, au territoire de Bourges, dans un sépulcre en marbre de Paros admirablement sculpté. Le saint évêque Germanus, de Paris, célébrait les vigiles en ce lieu lorsque les clercs qui l’assistaient s’étant paresseusement appuyés sur le sépulcre en chantant les psaumes, il en sortit un bruit formidable qui effraya les assistants. XCIII. Dans le faubourg de la ville de Trèves repose saint Maximinus[xxii], au tombeau duquel sont punis les parjures, comme le fut un jour le prêtre Arboastes qui, ayant un procès contre un Franc par-devant le roi Théodebert, ne craignit pas de jurer sur ce tombeau qu’il n’avait rien dit que de vrai. XCIV. Nicétius[xxiii], évêque de la même ville, est enterré dans l’église de Maximinus et y opère aussi de nombreux miracles. XCV. Le glorieux confesseur Médardus[xxiv] repose auprès de Soissons. Avant de lui dédier un temple, on avait établi sur son tombeau un bosquet dont les arbustes, taillés en petits morceaux de bois, faisaient disparaître le mal de dents. Charimer, maintenant référendaire du roi Childebert[xxv], a éprouvé l’efficacité de ce remède. Nous possédons une baguette qui provient de là et dont nous avons souvent éprouvé la vertu. XCVI. Albinos, évêque d’Angers. Guérison d’un paralytique à son tombeau et d’une femme aveugle, du bourg de Craon, qui avait invoqué le nom du saint. XCVII. Hospitius fut un grand serviteur de Dieu à Nice[xxvi]. Son cercueil déposé dans l’île de Lérins. XCVIII. Ingénuus, ermite du pays d’Autun, usant pour faire cuire les mets destinés à ses repas d’une marmite de bois qui lui servait depuis nombre d’années sans que le feu la consumait. XCIX. Avitus, abbé dans la partie du pays Chartrain appelée le Perche, fut enterré avec honneur à Orléans. Punition d’un cultivateur qui prétendait travailler le jour de la fête de ce saint. C. Cyprianus, abbé dans la ville de Périgueux. Beaucoup de diverses maladies se guérissent à son tombeau. CI. La même chose arrive au tombeau d’Éparchus, jadis reclus à Angoulême. CII. De même au tombeau de Félix, évêque de Bourges, qui était en marbre de Paros, recouvert d’une pierre commune que l’on changea au bout de douze ans contre un plus beau couvercle qui fut fait en marbre d’Héraclée. CIII. De même au tombeau de Junianus, reclus du pays de Limosin. CIV. Miracles arrivés à la mort de Pélagia, mère du bienheureux abbé Aredius. CV. Tombeau de Crescentia, sainte fille, dans un faubourg de Paris, non loin de l’église principale. Ce tombeau n’était recouvert par rien ; cependant les fiévreux y guérissaient. Le monétaire de la ville, averti par un songe, s’empressa de faire construire sur cette sépulture un oratoire. CVI. Funérailles de la bienheureuse reine Radegunde de Poitiers, faites en l’absence de Marovée, évêque de cette ville, par Grégoire de Tours (13 août 587). CVII. De Tétricus, évêque de Langres. CVIII. De saint Orientius, évêque d’Auch. CIX. De sainte Quiteria, en Gascogne[xxvii]. CX. De Paulinus, évêque de Nole. CXI. Un pauvre ayant demandé inutilement l’aumône à des matelots dans un port de mer, changea en pierres tout ce qui était sur leur navire. J’ai vu moi-même des dattes et des olives qui en provenaient et qui étaient plus dures que le marbre tout en ayant conservé leur couleur naturelle. CXII. Un habitant de Lyon, qui ne possédait qu’un tiers de sol, parvint à s’enrichir en achetant du vin et en le revendant mélangé d’eau. Il amassa de cette manière cent sous d’or. Mais un jour qu’il avait à la main sa fortune enfermée dans un sac en peau de Phénicie, un milan prenant ce sac pour quelque morceau de chair, le lui enleva des mains, et en s’envolant par-dessus la Saône le laissa tomber dans le fleuve. Vie des Pères ou de quelques bienheureuxI. Des abbés Lupicinus et Romanus[xxviii]. - C’étaient deux frères qui, lorsque la mort de leurs parents les rendit libres, se retirèrent dans les solitudes du mont Jura entre la Bourgogne et l’Allemagne, proche de la cité d’Avenche. Ils y rassemblèrent un grand nombre de moines et fondèrent l’abbaye de Condé[xxix], puis une maison succursale, puis un troisième monastère sur le territoire allemand[xxx]. Lupicinus, homme sévère pour lui et pour les autres, en fut l’abbé ; Romanus, plus simple d’esprit, se livrait uniquement aux bonnes œuvres. Un jour il visita une maison de lépreux et commença par leur laver les pieds à tous. Ils étaient neuf. Puis il ordonna qu’on fit un large lit, où ils couchèrent tous ensemble et lui avec eux. Le matin ils étaient tous guéris. Lupicinus, déjà vieux, alla trouver le roi Chilpéric auquel obéissait alors la Bourgogne[xxxi], et qui, à ce qu’il avait appris, habitait la ville de Genève (Januba). Lorsqu’il passa la porte, le roi, qui à cette heure était à table, sentit sa chaise trembler et dit aux siens tout effrayé : Il y a eu un tremblement de terre… On lui amena cet homme couvert de vêtements de peau et qui lui demanda de donner de quoi vivre aux brebis du Seigneur. Prenez, répondit le roi, ce qu’il vous faut de champs et de vignes. Le moine, reprit : Nous ne recevrons point de champs et de vignes, mais s’il plaît à votre Puissance, assignez-nous quelques revenus, car il ne convient pas que des moines s’enorgueillissent des richesses du monde. Alors le roi leur donna un diplôme pour qu’ils eussent chaque année trois cents muids de blé et autant de vin, plus cent sous d’or pour l’habillement des frères ; ce qu’ils touchent encore aujourd’hui, dit-on, sur les revenus du fisc. Romanus, Lupicinus ensuite, moururent pleins de jours. II. De saint Illidius[xxxii], évêque de Clermont. — La renommée de ses vertus étant parvenue jusqu’à l’empereur, à Trèves, celui-ci le fit venir pour guérir sa fille qui était possédée du démon. L’évêque l’ayant en effet guérie, obtint de l’empereur que la cité Arverne, qui payait ses tributs en espèces de blé et de vin, et pour laquelle c’était une lourde charge de les porter au trésor impérial, s’acquitterait désormais en or. Un grand nombre de miracles s’opèrent à son tombeau. L’auteur lui-même étant adolescent, du temps de l’épiscopat de Gallus son oncle, tomba gravement malade d’une toux accompagnée de fièvre, et ne fut guéri qu’en se faisant porter deux fois sur ce tombeau après avoir, la seconde fois, fait vœu d’embrasser l’état de clerc s’il recouvrait la santé. Un esclave du comte Vénérandus a recouvré la vue au même lieu. Saint Avitus, autre évêque de la même ville, fit construire pour Illidius une riche sépulture. Non loin de là repose l’archidiacre de ce dernier qui par son nom comme pour ses mérites s’appelait Juste. III. De l’abbé saint Abraham. Il naquit sur les rives de l’Euphrate, et étant venu visiter l’Occident il fonda un monastère à Clermont, dans l’église de Saint-Cyricus[xxxiii], où il mourut après une vie pleine de vertus et de miracles. a En ce temps-là Clermont avait pour évêque saint Sidonius et pour duc Victorius à qui Eorich, roi des Goths, avait accordé le gouvernement de sept cités. Le bienheureux Sidonius a transcrit l’épitaphe de ce saint[xxxiv]. IV. Quintianus, Africain de naissance, neveu de l’évêque Faustus[xxxv], fut élu à l’évêché de Rodez. Chassé de cette ville par les menaces des Goths[xxxvi], il se retira à Clermont dont il devint évêque par ordre du roi Theuderic[xxxvii], après la mort de saint Eufrasius et d’Apollinaris. Il y trouva un ennemi acharné dans la personne de Proculus, ancien employé du fisc devenu prêtre. Les événements ayant amené Theuderic devant Clermont avec son armée, pour en faire le siège (en 525), Quintianus pria Dieu pour la cité avec tant d’ardeur que le roi, au milieu de la nuit, sauta hors de son lit et se, mit à courir seul sur la grande route. Il avait perdu le sens. Ses gens eurent beaucoup de peine à le joindre et à le retenir. Le duc Hilping s’approcha et lui dit : Écoute, très glorieux roi, un conseil de ma petitesse. Les murs de cette ville sont très forts et le pontife de ce lieu passe pour grand auprès de Dieu. N’exécute pas ton dessein de renverser la ville. Le roi reçut ce conseil avec clémence et donna l’ordre qu’on ne fit de mal à personne jusqu’à huit milles de la ville. A la même époque l’ennemi ayant forcé le château de Vollore[xxxviii], le prêtre Proculus y fut mis en pièces à coups d’épée sur l’autel même de l’église. Après les ravages de la peste qui désola Clermont, un sénateur nommé Hortensius, qui exerçait les fonctions de comte de cette ville, fit injustement emprisonner, un nommé Honoratus, parent du saint. A cette nouvelle, Quintianus, trop vieux pour pouvoir marcher, se fit porter devant la maison d’Hortensius et la maudit. Trois jours après, le comte ayant déjà perdu la plupart de ses serviteurs saisis par la fièvre, vint se jeter aux pieds du saint homme et lui demander pardon. — Quintianus, après avoir guéri un possédé au monastère de Combronde (Canbidobrinse) et opéré divers autres miracles, mourut en parfaite sainteté ; il fut enterré dans l’église Saint-Étienne de Clermont à gauche de l’autel. V. De saint Portianus, abbé. Né esclave d’un certain barbare, il se réfugia plusieurs fois dans un monastère dont l’abbé était obligé de le rendre à son maître ; mais une dernière fois le maître en le remmenant devint aveugle, et ne recouvra l’usage de ses yeux que lorsque Portianus les eût touchés de ses mains. Il fit alors don au monastère de cet esclave qui plus tard devint clerc et brilla d’une éminente vertu. Theuderic étant entré en Auvergne (en 525) y exterminait et dévastait tout. Le vieillard se rendit au-devant du roi campé alors dans les champs du bourg d’Artonne. Le matin, comme le roi dormait encore, il fut reçu par celui qui était le premier après lui, Sigivald, et fit en sa présence un miracle qui excita l’enthousiasme de toute l’armée. Sigivald voulut le forcer à boire une coupe de vin dans sa tente en signe de bénédiction ; le vieillard après avoir longtemps résisté prit la coupe, et dès qu’il eut fait sur elle le signe de la croix, elle se brisa en deux et laissa tomber à terre, avec le vin qu’elle contenait , un immense serpent. Le diable essaya vainement d’effrayer saint Portianus qui fut soutenu dans cette circonstance par les encouragements que lui envoya, du monastère de Combronde, le bienheureux Protasius. VI. De saint Gallus évêque. — Il avait pour père Georgius, pour mère, Leocadia de la race de Vectius Épagathus, martyrisé à Lyon suivant que le rapporte Eusébius ; il était donc du premier rang des sénateurs, et il n’y avait pas de sang plus généreux et plus noble dans les Gaules[xxxix]. Encore enfant, il fut admis au monastère de Cournon, à six milles de Clermont. L’évêque Quintianus l’y ayant entendu chanter fut charmé de sa voix et le prit avec lui. Plus tard, le roi Theuderic ayant entendu parler de la voix de Gallus le fit venir auprès de lui et l’aima plus qu’un fils... et lorsqu’il envoya un grand nombre de clercs arvernes à Trèves pour y faire le service divin, il ne voulut point se séparer de Gallus et l’emmena avec lui dans la cité d’Agrippina (Cologne). Là se trouvait un temple plein de richesses diverses où les barbares du voisinage offraient des présents et se gorgeaient de manger et de boire jusqu’à en vomir. On y adorait pour Dieu des idoles et on y déposait des membres sculptés en bois qui représentaient ceux où l’on souffrait de quelque douleur. Gallus, qui était diacre alors, y mit le feu, et comme la foule voulait le tuer à coups d’épée, il se réfugia dans le palais de Theuderic. Lorsque Quintianus fut décédé, les citoyens de Clermont s’assemblèrent dans la maison du prêtre Impétratus, oncle de Gallus, pour choisir un nouvel évêque, et malgré l’opposition d’un clerc nommé Viventius, Gallus fut choisi et partit pour aller demander sa confirmation au roi Theuderic. Les habitants de Trèves venaient de perdre leur évêque Aprunculus ; ils demandèrent Gallus, mais le roi leur répondit qu’il avait destiné ailleurs le diacre Gallus, et il leur donna saint Nicétius. Quant à Gallus, il fut établi dans l’évêché de Clermont. Il était d’une patience admirable, au point que son prêtre familier lui ayant donné un coup sur la tête, au milieu du repas, il ne lui fit pas même une réprimande. Il supporta également les injures du prêtre Évodius, homme de race sénatoriale, qui en fut puni plus tard quand, nommé à l’évêché de Javouls, il fut obligé par un soulèvement du peuple de prendre la fuite avant d’avoir été consacré. Il usa aussi d’une semblable patience à l’égard de son diacre Valentinianus, dans les cérémonies qui accompagnèrent la tenue du synode réuni, sur l’ordre du roi Childebert, pour juger des accusations iniques portées contre Marcus , évêque d’Orléans (de 541 à 549). Il a fait beaucoup de miracles. Pour avoir couché dans son lit, le Défenseur Julianus, qui devint prêtre plus tard, fut guéri de la fièvre. Gallus maîtrisa, à Clermont, l’incendie et la peste. Il mourut à soixante-cinq ans dans la vingt-septième année de son épiscopat (en 554). A ses funérailles on couvrit le corps de gazon, suivant l’usage de la campagne, afin que la chaleur ne le fit point enfler ; une vierge pieuse nommée Mératina recueillit ces herbes et en fit des potions précieuses pour les malades. VII. De saint Grégorius, évêque de Langres. Né d’une famille sénatoriale et instruit dans les lettres, Grégorius brigua l’office de comte de la cité d’Autun et l’exerça, à l’effroi de tous les malfaiteurs, pendant quarante ans. Après la mort de sa femme, nommée Armentaria, il se tourna au Seigneur et fut élu évêque par le peuple de la cité de Langres. La pieuse vie qu’il menait, au château de Dijon, où était sa demeure, le faisait admirer de tous. Aussi commença-t-il à faire des miracles et à chasser les démons. Sa nièce, nommée aussi Armentaria[xl], se guérit de la fièvre en se mettant dans le lit du bienheureux. Il mourut à quatre-vingt-dix ans dans la trente-troisième année de son épiscopat (en 539), et fut enterré au château de Dijon, suivant son désir. Nombreux miracles opérés sur sou tombeau, que son fils et successeur saint. Tétricus fit reconstruire avec magnificence. VIII. De saint Nicétius (saint Nizier), évêque de Lyon. Le sénateur Florentius, époux d’Artémia et père de deux enfants, était demandé pour l’évêché de Genève. Ayant obtenu le consentement du prince, il revint chez lui et instruisit sa femme de cette affaire. Celle-ci lui dit : Laisse cette idée, je te prie, mon très doux mari, et ne recherche pas l’épiscopat de la cité, car je porte un évêque dans mon sein et que j’ai reçu de toi. Cet homme sage s’abstint donc, et arrivée à l’époque de l’enfantement, sa femme mit au monde un enfant qu’on appela Nicétius, comme s’il dût être le futur vainqueur du monde[xli] et qu’on fit instruire avec le plus grand soin dans les lettres ecclésiastiques. Il fut honoré de la prêtrise à l’âge de trente ans (en 543), et un peu plus tard (551) son oncle Sacerdos, évêque de Lyon, se trouvant à Paris à l’article de la mort, reçut la visite du roi Childebert l’ancien qui l’aimait beaucoup, et il en obtint que Nicétius lui succédât. Grégoire de Tours, qui était neveu de Nicétius, fut appelé auprès de ce saint évêque lorsqu’il n’avait encore que huit ans et devint ensuite diacre de l’église de Lyon. Ce fut en cette qualité qu’il fut témoin de la douceur avec laquelle Nicétius accueillit un message insolent du comte Armentarius qui exerçait les fonctions judiciaires dans la cité de Lyon, et qui répondit grossièrement par l’intermédiaire du prêtre Basilius à l’avis que Nicétius lui avait fait donner de ne point revenir sur une affaire que l’évêque avait jugée. Nicétius mourut à l’âge de soixante ans, dans la vingt-deuxième année de son épiscopat (573). Après l’intervalle prescrit par la loi romaine, pour la lecture publique de la volonté de toute personne décédée, le testament du pontife fut porté sur la place publique, puis, en présence de la foule, ouvert et lu par le juge. Le prêtre de la basilique où l’évêque était enterré, plein de colère de ce qu’il n’avait rien laissé à son église, s’écria : On assurait bien que Nicétius était avare, aujourd’hui c’est évident. Au milieu de la nuit le défunt apparut à ce prêtre avec les deux évêques (de Lyon), Justus et Gucherius, auxquels il disait : Cet homme m’a injurié et n’a pas compris qu’en léguant mon corps à son église je lui ai fait le legs le plus précieux ; puis se tournant vers le prêtre, il le frappa sur la gorge de soufflets et de coups de poing qui l’obligèrent à garder le lit, tourmenté de vives douleurs, pendant quarante jours. Miracles opérés à son tombeau et dont furent témoins Agiulf, diacre, et Jean, prêtre de l’église de Tours ; le premier en revenant de lionne où il avait été chercher des reliques , le second en revenant de Marseille, d’où il rapportait des marchandises propres à son commerce. Les fleurs que la dévotion des peuples dépose sur ce tombeau guérissent les malades ; tandis qu’on transférait à Orléans (Genabensem urb.) des reliques du saint, les aveugles qui se trouvaient sur le chemin recouvraient la vue et les boiteux la faculté de marcher. Les prisonniers sont délivrés en invoquant son nom. Le lit dans lequel il couchait, lit fabriqué avec grand soin par Ahthérius, maintenant évêque de Lyon[xlii], et les cierges qu’on allume autour produisent aussi des effets miraculeux ; Gallomagnus, évêque de Troyes, atteste l’efficacité des reliques de Nicétius ; moi-même, dit Grégoire, ayant un mouchoir garni de franges qui avait couvert le visage du saint au jour de sa mort et en ayant placé quelques filaments dans une église de Touraine dont je fis la dédicace, l’église de Pernay (Paterniacensis), un épileptique qui était serviteur de Phronimius, évêque d’Agde (569-585), y recouvra la santé. Punition d’un bourguignon qui après avoir volé une lettre, que Nicétius avait écrite et signée en faveur d’un pauvre pour lui faire obtenir des aumônes, le niait avec serment. Dernièrement, me trouvant en la présence du prince Guntshramn, j’ai entendu Syagrius, évêque d’Autun, raconter au roi qu’en une seule nuit le saint homme était apparu à des prisonniers dans sept diverses cités et les avait délivrés de prison. Les habitants du bourg de Précigni, du pays de Tours, ayant obtenu de Grégoire des reliques de Nicétius, trois femmes possédées, venues du Berri, furent délivrées du démon dans l’église de ce lieu. Dadon, qui avait fait partie de l’expédition de Comminges[xliii], fit vœu que s’il en revenait sain et sauf il donnerait à cette église deux calices d’argent ; étant revenu en effet, il tenta de n’en donner qu’un en y joignant cependant de plus un voile sarmatique ; mais le bienheureux lui apparut si menaçant durant son sommeil qu’il se hâta d’aller porter le second calice. Un diacre d’Autun atteint d’une ophtalmie très grave se guérit en posant sur ses yeux un livre contenant le récit des merveilleuses vertus de Nicétius. IX. Saint Patroclus, abbé[xliv]. — Le bienheureux Patroclus, habitant du territoire du Berri, fils d’Æthérius, fut destiné, âgé de dix ans, à garder les troupeaux, tandis qu’Antonius son frère était destiné à l’étude des lettres. Ils n’étaient point décorés du titre de nobles, mais ils étaient libres. Antonius ayant un jour témoigné son dédain à son frère un certain jour qu’ils venaient ensemble, l’un des écoles, l’autre des champs, prendre à midi leur repas dans la maison paternelle, et l’ayant appelé paysan tandis que lui s’adonnait au noble exercice des lettres, Patroclus abandonna pour les lettres ses brebis et devança bientôt tous les autres. De là, il passa, par un acte de recommandation, chez Nunnion, personnage puissant auprès de Childebert, roi des Parisiens[xlv], pour y remplir un office. De retour auprès de sa mère qui lui apprit que son père était mort, au lieu de se marier comme elle le désirait, il alla trouver Arcadius, évêque de Bourges[xlvi], pour le prier de lui couper les cheveux et de le recevoir parmi ses clercs. Il se fit remarquer par sa piété et devint diacre ; mais altéré de solitude, il quitta Bourges et vint au bourg de Néris (Neerensem vicum), où il construisit un oratoire et se mit à enseigner les lettres aux enfants. Ne trouvant pas encore la solitude qu’il désirait, car les malades et les possédés venaient se faire guérir par ses prières, il plaça sur l’autel de son oratoire certains écrits qu’il avait faits pour savoir ce que Dieu lui ordonnerait. Après qu’il eut veillé et prié pendant trois nuits , le seigneur lui indiqua de prendre celui de ces écrits d’après lequel il devait partir pour le désert. En conséquence il fit de son habitation un monastère de religieuses, ne prit avec lui qu’une charrue et une hache à deux tranchants, et il alla se construire une cellule au fond des forêts au lieu appelé Mediocantus[xlvii]. Là il guérissait les possédés, et un jour qu’il avait découvert l’œuvre du diable, dans des objets remis à une femme nommée Leubella comme préservatif contre la peste, le noir instigateur de nos maux lui apparut. Patroclus bâtit le monastère de Colombier, à cinq milles de la cellule qu’il habitait dans le désert, et dans laquelle il mourut, très âgé, très saint surtout, après y avoir passé dix-huit ans. L’archiprêtre de Néris machina vainement de faire apporter le corps dans son bourg ; ce fut à Colombier qu’on l’enterra. A son tombeau, Prudentia et une autre fille aveugle du pays de Limoges recouvrèrent la vue, Maxonidius de, même, après cinq ans de cécité. Y furent aussi guéris les possédés Lupus, Théodulf, Rucco , Scopilia, Nectariola et Tacihildis, avec deux jeunes filles du Limousin qu’on frotta d’huile bénie par le saint. Et tous les jours le Seigneur s’y manifeste pour corroborer la roi des gentils. X. De saint Friard, reclus. — C’était un pieux cultivateur qui se fit remarquer par la sainte vie dont il vécut dans une île[xlviii] de la cité de Mules. Il s’y rendit avec l’abbé Sabaudus qui avait été autrefois serviteur du roi Chlothachaire, pour faire pénitence ensemble. Ils avaient avec eux le diacre Secundellus. L’abbé ne put supporter longtemps cette vie austère. Friard et le diacre y persévérèrent, et le premier mérita par sa sainteté d’opérer des miracles. Au bout de longues années il fit annoncer sa mort prochaine à l’évêque Félix (de Nantes), qui vint l’assister à ses derniers moments[xlix]. XI. Saint Caluppan (528-578), d’abord religieux au monastère de Mallet (Meletense) au pays Arverne, se retira dans une grotte presque inaccessible et hantée par les serpents, où il passa le reste de ses jours et où Grégoire, accompagné de l’évêque Avitus (de Clermont), alla le visiter. XII. De saint Æmilianus ermite, et de Bracchion abbé. Le bienheureux Æmilianus laissa sa famille et ses biens pour gagner les déserts et se cacher dans les forêts de Pionsat (Potiniasensis), sur le territoire Arverne. Il y vivait maigrement du produit de ce qu’il cultivait. Dans ce pays exerçait alors un grand pouvoir Sigivald[l], au service duquel était un jeune homme nommé Bracchion, ce qui dans la langue de ces gens-là signifie le petit d’un ours[li]. Le personnage en question l’avait choisi pour apprendre la chasse au sanglier. Bracchion allait donc avec une bande nombreuse de chiens parcourir les forêts et rapportait à son maître ce qu’il trouvait. Un jour un sanglier d’une taille énorme qu’il poursuivait le conduisit jusqu’à la retraite d’Æmilianus. L’ermite lui dit : Je te vois, très cher fils, vêtu avec grande élégance et occupé de choses qui préparent plutôt la ruine de l’âme que son salut. Laisse le maître terrestre et attache-toi au vrai Dieu... Fort ému de ces paroles, il désirait y obéir, mais il n’osait quitter son maître. Il se levait deux ou trois fois la nuit pour dire l’oraison. Il ne savait cependant pas le sens des paroles, car il ne connaissait pas ses lettres. Cependant à force de regarder dans l’oratoire les lettres écrites au-dessus des apôtres et des autres saints pour représenter leurs noms, il les copia sur un cahier, et lorsque des clercs ou des abbés venaient avec empressement visiter son maître, il appelait le premier venu de ceux qui étaient les plus jeunes d’entre eux et lui demandait en secret le nom des lettres, et de cette manière il commença à les comprendre ; grâce à l’inspiration du Seigneur, il sut lire et écrire avant de bien connaître l’alphabet. Sigivald mort, Bracchion courut de suite à l’ermite, arec lequel il demeura. Ils formèrent un monastère. Æmilianus mourut à quatre-vingt-dix ans, laissant pour successeur Bracchion, qui après avoir affermi le monastère obtint de Ranichilde, fille de Sigivald, de grands espaces de terrain, qu’il légua aux religieux : c’étaient les bois dépendants du domaine de Vensat (e domo Vindiacensi). Bracchion vint à Tours, où il construisit deux monastères, puis il retourna en Auvergne. Cinq ans après il refit le même voyage et fut ensuite envoyé au monastère de Menat[lii] pour y rétablir la règle fort relâchée par suite de la négligence de l’abbé. Il mourut saintement (576), après avoir reçu l’annonce de sa fin par une vision qu’il a racontée lui-même à l’évêque Avitus, et fut enterré dans l’oratoire de la cellule qu’il avait premièrement habitée. XIII. Saint Lupicinus, homme d’une grande sainteté qui demandait l’aumône pour les autres. Vers le milieu de sa carrière il se rendit au bourg de la Bèbre, maintenant appelé Lipidiacus[liii], où il trouva de vieilles murailles parmi lesquelles il se cacha à l’abri de tout regard des hommes, si ce n’est que par une petite fenêtre il pouvait recevoir un peu de pain. Là il chantait les psaumes jour et nuit, soumettant son corps aux plus durs traitements. Il posait sur sa tête pendant tout le jour une grande pierre que deux hommes pouvaient à peine lever et la portait par sa chambre en chantant les louanges de Dieu. La nuit, pour augmenter sa peine, il mettait sous son menton afin de s’empêcher de dormir le bâton qu’il portait à la main, après y avoir fixé deux épines la pointe en dehors. Vers la fin de sa vie le poids de la pierre ayant affaibli sa poitrine, il rendait le sang par la bouche et le lançait, en crachant, sur les pierres à sa portée. La nuit quand on approchait de sa cellule on entendait comme un chœur nombreux qui chantait les psaumes, et par le seul toucher ou par le signe de la croix il guérissait les malades. Il annonça sa mort, et trois jours après rendit l’esprit. Tous s’élancent alors, suffoqués par les larmes, les uns pour lui baiser les pieds, les autres pour arracher des parcelles de ses vêtements, d’autres pour extraire du mur en se les disputant les débris sanglants qu’il avait expectorés. Après sa mort un débat s’éleva entre une matrone du bourg de Trézelle (Transaliciensis) qui l’ayant nourri quand il était de ce monde, puis ayant fait laver et habiller convenablement le cadavre, voulait le faire transporter à Trézelle, et les habitants de Lipidiacus qui prétendaient le garder. Cette femme finit par l’enlever de force en se faisant aider par des gens qui mirent en fuite les paysans de Lipidiacus ; mais le saint opère également des miracles dans les deux endroits. Et pour que les aboiements des incrédules n’essayent pas de dénaturer ces faits, ils sauront que j’ai vu le prêtre Déodatus, vieillard chargé du poids de quatre-vingts ans qui me les a confirmés tels qu’ils sont écrits ici et m’a confirmé par serment qu’il n’y avait rien raconté qui ne fût vrai. XIV. De saint Martius, abbé. — Le bienheureux Martius[liv], abbé dans la ville de Clermont, se livra dès l’enfance à la piété et à l’aumône. Il se creusa dans une montagne rocheuse une habitation où il se livrait aux austérités et forma un monastère. Il guérissait les possédés, les fiévreux et beaucoup d’autres. Un certain Nivard buvait tellement, dévoré qu’il était par la fièvre, qu’il devint hydropique ; Martius le guérit par la seule imposition des mains. J’ai su cela par le récit de mon père avec qui ce Nivard était lié d’amitié. Mon père assurait aussi qu’il avait vu le saint. Lorsqu’il n’était encore qu’un enfant de onze ans ayant été pris d’un accès de fièvre tierce, des amis le conduisirent à l’homme de Dieu déjà si vieux et si près de sa fin que ses yeux se voilaient. Ayant posé la main sur la tête de l’enfant, il dit : Qui est-il, de qui est-il fils ? — Il lui fut répondu : C’est ton serviteur le petit Florentius, fils du feu sénateur Géorgius. — Que le Seigneur Dieu te bénisse, mon fils, dit-il, et qu’il daigne guérir tes maux. L’enfant lui rendit grâce, lui baisa les mains et s’en alla guéri pour toujours. Saint Martius mourut à quatre-vingts ans. XV. De saint Sénoch, abbé[lv]. — Le bienheureux Sénoch, de la race des Teifales, naquit dans la région du Poitou qu’on appelle le Thiffauge (Theiphalia). Il se fit clerc et se choisit une retraite monacale en se formant une demeure convenable au moyen d’antiques murailles en ruine qu’il trouva sur le territoire de la cité de Tours. Il y trouva aussi un oratoire où la renommée disait que notre Martin avait prié et dont le bienheureux évêque Euphronius vint consacrer l’autel en conférant à Sénoch l’honneur du diaconat. Lorsque Grégoire se fut établi dans le pays de Tours (comme évêque), ce saint homme sortit de sa cellule pour venir le voir, et s’en retourna après l’avoir salué et embrassé. Les piéges de la vanité obscurcirent pendant un temps sa vertu ; mais à l’aide des conseils de Grégoire il en triompha. Il opéra une multitude de miracles, guérissant les aveugles (notamment un homme appelé Popusitus et une femme appelée Benaia), les rachitiques, les estropiés, les démoniaques et les gens mordus par des serpents. Il avait tant de soin des pauvres qu’il s’occupait d’établir des ponts sur les cours d’eau de peur qu’il n’arrivât quelque malheur quand les eaux devenaient grosses. Il mourut âgé d’environ quarante ans. Appelé auprès de lui, Grégoire ne put arriver qu’une heure avant sa mort, quand il avait déjà perdu la parole. Trente jours après, un rachitique nommé Chaïdulf, retrouva l’élasticité de ses membres en baisant le voile posé sur son tombeau. XVI. Saint Venantius, abbé[lvi]. — Il était né sur le territoire du Berri, de parents libres et catholiques. Ses parents dès son adolescence l’avaient lié par des fiançailles. Comme il est naturel à cet âge, il se prêtait gracieusement à l’amour d’une jeune fille, et lui apportait souvent de petits cadeaux, même des pantoufles[lvii], lorsqu’il arriva, par l’inspiration du Seigneur, qu’il vînt à Tours. Il y avait alors près de la basilique de Saint-Martin un monastère ou l’abbé Silvinus gouvernait un troupeau consacré à Dieu. Venantius y alla, et témoin des miracles de saint Martin, il resta dans ce monastère, puis l’abbé, étant mort, il fut élu à sa place. Il prit part à divers faits miraculeux : il entendit un jour pendant la messe une voie qui, du fond d’un tombeau, répétait après le chœur Libera nos a malo ; en s’approchant du lieu où était inhumé le prêtre Passivus, il apprit de lui quelle avait été sa conduite et s’il éprouvait quelque soulagement. Il guérit Paulus, enfant rachitique. L’esclave d’un nommé Farétrus, par haine de son maître, se réfugia dans l’oratoire du bienheureux ; pendant l’absence de celui-ci, le maître gonflé d’orgueil en tira son esclave, et le tua ; mais lui-même fut pris de la fièvre et expira au bout de peu de temps. Venantius guérissait aussi les maladies de peau et chassait les démons. Le serf Mascarpion fut délivré à son tombeau d’un malin esprit qui l’avait tourmenté pendant trois ans. La femme de Julianus y fut délivrée de la fièvre et celle de Baudimund se guérit également de la fièvre en faisant une prière agenouillée auprès du lit du saint homme. XVII. Saint Nicétius, évêque de Trèves. Ce que Grégoire en rapporte est digne de toute confiance, dit-il, car il le tient d’Arédius, abbé du pays de Limoges, qui avait été élevé par ce saint. Dès sa naissance Nicétius sembla désigné pour la vie cléricale ; car en venant au monde il avait sur la tête complètement nue d’ailleurs, comme l’ont ordinairement les petits enfants, une légère rangée de poils qui ressemblait à une couronne de clerc. Il fut instruit dans l’étude des lettres et placé dans un monastère où sa dévotion lui mérita par la suite d’être élu pour succéder à l’abbé. C’était un abbé sévère qui ne voulait pas même que ses moines parlassent, à moins que ce ne fût pour chanter les louanges de Dieu. Le roi Théoderic[lviii], dont il mettait souvent à découvert les vices et les crimes, l’avait en vénération, et l’évêque de Trèves étant mort, il voulut que Nicétius lui succédât[lix]. Ayant donc réuni le consentement du peuple et la sanction royale, il fut amené, par des personnes du plus haut rang, auprès du roi, pour être consacré. Comme ils arrivèrent proche la ville, au coucher du soleil, ces personnes disposèrent les tentes pour faire halte et aussitôt lâchant leurs chevaux les laissèrent aller parmi les champs ensemencés des pauvres gens. Ce que voyant, le bienheureux Nicétius fut touché de pitié, et dit : Chassez tout de suite vos chevaux de la moisson du pauvre, sinon je vous priverai de ma communion. Ceux-ci courroucés répondirent : Qu’est-ce que tu dis ? Tu n’es pas encore arrivé à l’épiscopat, et déjà tu menaces d’excommunication ! Mais lui courut chasser les chevaux et entra dans la ville accompagné du respect de ces hommes. Théoderic étant mort (en 534), son fils Théodebert prit possession du pouvoir et il fut souvent repris par Nicétius soit pour les mauvaises actions qu’il commettait, soit pour celles qu’il laissait commettre. Un dimanche le roi entra dans l’église avec des gens à qui l’évêque avait interdit la communion. Après que les leçons eurent été lues et les offrandes déposées sur l’autel, l’évêque dit : On ne célébrera la messe ici aujourd’hui que quand ceux à qui la communion est interdite se seront retirés. Le roi s’opposait à cela lorsque tout à coup, au milieu du peuple, un jeune garçon est saisi du démon et se met à proclamer d’une forte voix au milieu des tourments qu’il endure, et les vertus du saint, et les crimes du roi. Il disait : l’évêque est chaste et le roi adultère ; l’un redoute humblement le Christ, l’autre est gonflé de l’orgueil du pouvoir ; l’un, sans tache dans son ministère, sera l’élu de Dieu plus tard, l’autre sera brisé par l’instigateur même de son péché. Le roi frappé de crainte fit sortir de l’église tous ceux que la sentence épiscopale avait condamnés, et aussitôt l’énergumène disparut sans qu’on ait pu le retrouver. L’ardeur du pontife à poursuive les vices enflamma contre lui les poisons de la haine ; mais il disait : Je mourrai volontiers pour la justice ! Il excommunia souvent le roi Chlotaire pour des actions injustes, et vainement celui-ci le menaçait de l’exil, il n’en fut jamais effrayé. Une fois il était sur le point de partir et les autres évêques, devenus les flatteurs du roi, l’avaient abandonné, lorsqu’il dit au seul diacre qui lui fût resté fidèle : Demain à pareille heure je reprendrai ma dignité et serai rendu à mon église. Le lendemain matin, arriva un messager avec des lettres du roi Sigibert annonçant que le roi Chlotaire était mort et que lui Sigibert, au moment d’entrer en possession du royaume, réclamait l’amitié de l’évêque. Le courage de Nicétius ne reculait devant aucun danger. Il le montra un jour que traversant la Moselle en bateau, il faillit périr en heurtant contre une pile du pont. Il le montra aussi lors de la peste inguinaire qui ravagea les environs de Trèves. Il fit divers miracles. Je ne crois pas non plus devoir passer sous silence ce qui lui fut révélé par le Seigneur sur les rois des Francs. Il vit en songe pendant la nuit une grande tour tellement prodigieuse de hauteur qu’elle semblait proche du ciel, percée d’un grand nombre de fenêtres, ayant le Seigneur debout à son sommet et des anges de Dieu placés à toutes ses fenêtres. L’un d’entre eux tenait un grand livre à la main, et disait : Tel et tel roi vivra tant de temps en ce monde. Et il les nomma tous l’un après l’autre, et ceux qui existaient alors et ceux qui naquirent dans la suite, indiquant la nature bonne ou mauvaise de leur règne et la longueur de leur vie. Et après le nom de chaque roi, les autres anges répondaient : Ainsi soit-il. Et il en arriva d’eux plus tard, comme le saint l’avait prédit par cette révélation. Un jour se présenta devant Nicétius un homme portant de longs cheveux et une longue barbe qui se jeta à ses pieds pont le remercier de l’avoir sauvé d’un danger qu’il avait couru sur nier, et comme le saint homme le rudoyait d’oser dire cela , il raconta que s’étant embarqué récemment pour l’Italie , il se trouvait seul chrétien au milieu d’une foule rustique de païens. Une tempête s’étant élevée, cette multitude se mit à implorer ses dieux, qui Jupiter, qui Mercure, celui-ci Minerve, un autre Vénus ; mais les flots ne s’apaisèrent que lorsque sur l’avis du chrétien ils eurent invoqué l’assistance de Nicétius auprès du Seigneur ; et, ajouta cet homme, j’ai ait vœu de ne point couper mes cheveux jusqu’à ce que j’aie obtenu d’être présenté à tes regards. L’évêque le fit tonsurer, et l’homme regagna Clermont d’où il était. Nicétius annonça sa mort quelques jours à l’avance, et fut enseveli dans la basilique de Saint-Maximinus. XVIII. Des abbés Ursus et Léopatius. — L’abbé Ursus[lx] habitait le pays de Cahors. Dévoué dès son enfance à l’amour de Dieu, il se rendit dans le Berri et y fonda trois monastères, à Touri, Heugne et Pontigni, puis alla en Touraine, où il bâtit un oratoire à Sénevières (Senaparia) avec un monastère ; après cela il remit à Léopatius[lxi] en qualité de prévôt le soin de veiller à l’observation de la règle et fonda encore un monastère appelé Loches, situé sur l’Indre et dominé maintenant par un château. Il s’adjoignit une troupe de moines en ce dernier endroit et résolut de ne plus le quitter, mais de travailler à la terre pour gagner sa nourriture à la sueur de son front. Ses religieux étant obligés de tourner la meule pour écraser leur grain, il construisit un moulin sur la rivière d’Indre. Un certain Goth nommé Sichlair, très protégé par l’affection du roi Alaric, eut envie de ce moulin, et n’ayant pu obtenir que l’abbé le lui cédât, il en construisit un autre un peu plus haut qui enleva aux moines leur courant d’eau, de telle sorte que leur roue ne pouvait plus tourner. Mais Ursus et tous les frères qu’il avait dans ses divers monastères s’étant mis à prier avec ferveur, le moulin de Sichlair, enlevé sans doute par la puissance divine, disparut tout à coup si complètement qu’il n’en resta ni une planche, ni une pierre, ni un clou. Les possédés sont purifiés et les aveugles recouvrent la vue à son tombeau. Après lui, les prévôts qu’il avait; placés dans ses divers monastères devinrent abbés par la décision des évêques. Léopatius fut de même abbé à Sénevières et y fut enseveli après une longue et sainte vieillesse. XIX. De Monegunde, pieuse femme. — La bienheureuse Monegunde[lxii] était du pays Chartrain, et d’après le vœu de ses parents elle s’était mariée. Elle eut deux filles qui faisaient sa joie, mais une joie qu’empoisonna l’amertume de ce monde : un peu de fièvre les emporta. La mère désolée se renferma dans une petite cellule percée d’une étroite fenêtre qui ne laissait passer qu’un peu de jour, et là, méprisant les pompes du monde et la société de son époux, elle ne s’occupait que de prier Dieu pour ses péchés et ceux du monde. Dans cette retraite elle opéra déjà des miracles, et glorifiée à cause de cela dans le sein de sa famille, elle voulut venir se prosterner dans l’église de Saint-Martin pour éviter les piéges de la vanité. Chemin faisant, s’étant arrêtée au bourg d’Avoine (Evena), situé au pays de Tours et dans lequel on conserve des reliques du bienheureux confesseur Médardus, de Soissons, elle y guérit une jeune fille atteinte d’une mauvaise tumeur. Elle obtint par la suite un grand nombre d’autres guérisons miraculeuses, notamment celles du diacre Boson qui avait une tumeur au pied, de plusieurs muets, de Marcus homme perclus de tous ses membres, de Léodinus et de beaucoup d’autres. XX. De saint Léobardus, reclus à Marmoutier près Tours. — Le bienheureux Léobardus[lxiii] était du pays Arverne, d’une race non pas sénatoriale mais libre, et s’il ne brillait point par sa naissance, il florissait du moins par d’éclatants mérites. Envoyé à l’école comme les autres enfants, il se grava dans la mémoire des fragments des Psaumes, et sans savoir qu’il serait un clerc un jour, il se préparait déjà, en toute innocence, au divin ministère. Lorsqu’il fut arrivé à l’âge convenable, ses parents l’obligèrent, suivant l’usage du monde, à donner les arrhes à une jeune fille s’engageant à la prendre plus tard pour épouse. Le père réussit aisément à persuader son fils, tout jeune encore, de faire ce qui était contre sa volonté, et celui-ci donna l’anneau à sa promise, lui offrit le baiser, lui remit les pantoufles et célébra la fête des fiançailles. Mais son père et sa mère étant morts, il se retira dans l’abbaye de Marmoutier, dans le voisinage de laquelle il occupa une cellule qu’un nommé Alaric avait abandonnée. Là, fabriquant de sa main des parchemins, il s’adonnait à écrire et s’exerçait à l’intelligence des livres saints. Et qu’on ne dise pas que ce soit ici une histoire fabuleuse, car j’en atteste Dieu, je l’ai apprise de la bouche même de Léobardus. Il était savant et d’une grande éloquence ; il ne se plaisait pas comme font quelques-uns à laisser flotter ses cheveux et sa barbe, mais il les coupait de temps en temps. Il demeura vingt-deux ans dans sa cellule, guérissant les tumeurs et les fièvres. Eustachius, abbé (de Marmoutier), le vit rendre la vue à un aveugle. Il mourut saintement et fut enterré dans la cellule qu’il avait si longtemps habitée. Retour à la table des matières…
[i] Au moyen âge cerevisia, cervoise, bière. [ii] Le lac de S. Andéol, sur la montagne d’Aubrac (Lozère), d’après un mém. de M. Ignon (Soc. d’agric. de Mende, 1840) [iii] Histoire des Francs, liv. VI. [iv] Cf. Hist. des Francs, liv. II et IX. [v] Il ne s’agit pis de saint Bénigne de Dijon. [vi] Patronnes du bourg de Sainte-Maure près Chinon. [vii] Malliacense mon. ; appelé Luynes depuis 1619. [viii] Vulgairement saint Solenne ou saint Soulein, évêque de Chartres, mort vers 490. [ix] Vers 463 (dom Ruinart). [x] C’est la légende reprise, avec plus de détail dans l’Hist. des Francs, IV. [xi] Cf. ci-dessus ch. XX. [xii] Voyez Gloire des Martyrs, ch. LI. [xiii] Momociacencis urbis episcopus. [xiv] Mort le 30 novembre 532 (Ruinart). [xv] Le 2 avril 573 (Ruinart). [xvi] Au troisième siècle. [xvii] Saint Loup, mort en 473. [xviii] Mort le 27 nov. 532 ; Marianus le 19 août 513 (Ruinart). [xix] Voyez Hist. des Francs, liv. III. [xx] Cf. Hist. de Francs, liv. X. [xxi] 28 mai 576. [xxii] Mort en 349 (Ruinart). [xxiii] Mort en 566 (Ruinart). [xxiv] Mort en 560 (Ruinart). [xxv] Voyez Hist. des Francs, liv. IX. [xxvi] Voyez Hist. des Francs, liv. VI. [xxvii] On n’a que le titre de ce chapitre et des deux précédents. [xxviii] Mort, le premier en 480, le second en 460 (Ruinart). [xxix] Condatiscone ; appelée plus tard abbaye de Saint-Ouyan de Joux (saint Eugendi), puis abbaye de Saint-Claude. [xxx] La tradition suivant laquelle ce dernier serait l’abbaye de Romainmotier, canton de Vaud, tradition adoptée par dom Ruinart, ne paraît pas fondée. Voyez Recherches sur Romainmotier par Fréd. de Charrière, dans les Mém. de la Soc. d’hist. de la Suisse romande, t. III, 1841. [xxxi] Chilpéric, frère de Gondeuch et oncle de Gondebaud, plutôt que Chilpéric fils de Gondeuch, frère de Gondebaud et père de la reine Clotilde. [xxxii] Vulgairement saint Allire. Voyez Hist. des Francs, liv. I. [xxxiii] Saint-Cirgues, dit dom Ruinart (elle existait encore de son temps), et non Saint-Cyr, comme il a été mis plus haut, Hist. des Francs, liv. II. [xxxiv] L. VII, epist. XVII. [xxxv] Il y en a plusieurs, on ne sait lequel. [xxxvi] Voyez Hist. des Francs, liv. II. [xxxvii] Thierri Ier, fils de Clovis. [xxxviii] Lovolautrensis castri. Cf. Hist. des Francs, liv. III. [xxxix] C’est de son oncle paternel que parle ainsi Grégoire. Voyez Hist. des Francs, liv. IV ; Miracles de saint Julien, XXIII. [xl] La mère de notre auteur. [xli] Νιxητής. L’auteur parle dans plusieurs autres endroits en homme à qui le grec n’est pas étranger : Non immerito Georgia nuncupala quia exercuit menlem caltura spiritali. (Gl. Conf., ch. XXXIV) — Thaumastus juxta expositionem nominis sui admirabilis sanctitate. (Ibid., LIII) ; — Voyez encore les derniers mots de Hist. des Francs, I et Gl. Mart., XCV. [xlii] Il le fut environ de 536 à 602. — Cf. Gloire des Confesseurs, ch. LXXXV. [xliii] Hist. des Francs, I, et Gl. des Mart., ch. CV. [xliv] Mentionné aussi Hist. des Francs, liv. V. Autre Patrocle, Gl. M., LXIV. [xlv] Childebert Ier mort en 558 — Patrocle serait mort (D. Ruinart) en 576. [xlvi] Les listes d’évêques le placent à l’an 538 environ. [xlvii] Il faudrait traduire par Moichant ; mais ce nom ne se trouve pas. L’hypothèse suivant laquelle ce serait La Celle, à 6 kil. sud de Colombier (Allier), est acceptable. Ce lieu se trouve au fond d’un vallon boisé qui a bien pu être un centre des hurlements. [xlviii] Que Grégoire appelle Viadunilla, Vindunilensis insula, et que les géographes ne retrouvent pas. [xlix] Ce saint passe pour être mort en 577. [l] Hist. des Francs, liv. III. [li] En effet l’on dit encore aujourd’hui en allemand, baer, ours ; au diminutif, baerchen, que représente assez bien en latin la forme bracchio, onis. Dans le langage populaire ce nom est devenu saint Bravy. [lii] Manatense, Puy de Dôme. [liii] Vicum Berberensem qui nunc Lipidiaco dicitur. Les commentateurs avouent ne point connaître le premier de ces noms, et pour le second ils proposent ou Lugeac, ou Lubilhac, ou Lempde, ou Lempty ou Saint-Loup, tous lieux d’Auvergne. Berberensis vicus rappelle évidemment le Berberis qu’on a déjà rencontré ci-dessus (Mir. S. Mart. I, XXXVI) et le nom semble dire que le bourg autrefois désigné par le nom vague de la rivière qui le traverse a pris ensuite, un nom spécial, Lipidiacus. Je crois que ce bourg est La Palisse non pas que je voie le moindre rapport entre les deux noms, l’un antique l’autre féodal, mais parce que La Palisse est à la fois le seul lieu placé à cheval sur la Bèbre et le seul sur tout le parcours qui ait quelque importance. Les parietes antiquos que Lupicin avait trouvés à Lipidiacus ne sont pas non plus sans rapport avec l’idée de forteresse qu’implique le nom de la Palisse. [liv] Saint Mars en Auvergne, saint Marcy en Saintonge ; mort en 527. [lv] Ou saint Senou, mort en 579. Voyez Hist. des Francs, liv. V, et Gl. des Conf., XXV. [lvi] Mort vers l’an 400 (Ruinart). [lvii] Cura poculis (paucula ?) frequentibus etiam calciamenta deferret. L’anneau et les pantoufles étaient les présents sacramentels entre époux. Voyez ci-après, ch. XX. [lviii] Thierri Ier, fils aîné de Clovis. [lix] Saint Nizier de Trèves gouverna l’église de cette ville depuis l’an 527 jusqu’au 5 déc. 566. Voyez Fortunat, III, 11 et 12. [lx] Mort vers l’an 500 (Ruinart). [lxi] Vulgairement saint Leubasse, ou Libèce, ou Lubais. [lxii] Morte en 530 (Ruinart) [lxiii] Saint Libert, mort en 593 (Ruinart). |