Ari

ARI THORGILSSON

 

LE LIVRE DES ISLANDAIS.

 

Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer

 

 


ARI ENN FRODHI.

I. — Sa vie.

Depuis le commencement de ce siècle, la biographie d’Ari le Savant a été l’objet d’études approfondies et de critiques sérieuses; mais toutes les recherches scientifiques ne sont pas encore parvenues à combler les nombreuses lacunes qu’elle présente. Toutefois, si beaucoup de détails nous échappent, si toute une période même de son activité reste obscure, les faits saillants, les éléments essentiels de la longue et laborieuse carrière d’An sont aujourd’hui connus et nous permettent de fixer d’une manière suffisamment certaine les traits généraux de cette physionomie caractéristique.

Ce que nous savons d’Ari, nous le devons en majeure partie aux indications contenues dans son Islendingabók et dans la préface du Heimskringla de Snorri Sturluson; certains faits isolés se retrouvent épars dans un grand nombre de sagas et dans le Landnámabók. La plupart des renseignements que l’on est parvenu à recueillir ont été réunis par E. Chr. Werlauff dans sa monographie : De Ario multiscio, antiquissimo islandorum historico. Hafniae, 1800.

An a retracé lui-même, à la fin de son « Livre des Islandais », la généalogie de sa famille, telle que la tradition lui a permis de la reconstituer. Il descend en ligne directe d’une des plus illustres et des plus puissantes familles d’Islande, celle des Breidhfirdhingar,[1] qui prétend remonter à celle, toute mythique et légendaire, des Ynglingar[2] Oleif feilan, le premier des ancêtres d’Ari qui vint se fixer en Islande, à Hvamm, dans le Hvammsfjordh,[3] était réputé un des grands seigneurs (höfdhingi mikill) de l’île. Son fils Thord Gellir est compté, vers 930, parmi les plus puissants chefs de famille du pays, et il est cité un peu plus tard comme le plus grand chef du Breidhifjordh. C’est à lui que l’Islande doit la subdivision du territoire eu quatre districts, d’après les quatre points cardinaux, ainsi que l’institution d’un thing de quartier dans la presqu’île Thorsnes, sur la côte occidentale. Le fils de Thord, Eyjolf hinn grái (le Gris) hérita de la puissance et de la considération de son père; il se trouvait établi, vers la fin du Xe siècle, dans le Otrardal, sur les bords de l’Arnarfjordh, au nord-ouest de l’Islande. Thorkel, fils d’Eyjolf, devint à la suite d’un mariage propriétaire du domaine de Helgafeil, sur les bords méridionaux du Breidhifjordh. Dès cette époque, la famille reçut la dénomination spéciale de Thorsnesingar (Helgafell étant situé non loin de l’emplacement du thing de Thorsnes), en échange de celle de Hvammrjar qu'avaient portée jusqu'alors les descendants d'Oleif feilan. Thorkel devint bientôt à Helgafell un des plus puissants propriétaires du pays. Il se noya en 1026. Son fils Gellir entra en possession de l'héritage paternel à l'âge de quatorze ans. Il continua de vivre dans le domaine de Helgafell jusqu'à un âge très avancé et mourut à Rœskilde, en Danemark, au retour d'un voyage à Borne. Les annales[4] et le récit qu'Ari fournit lui-même de la mort de Gellir Thorkelsson, son grand-père, sont d'accord pour fixer la date de cette mort en 1073.

Ari se trouvait ainsi placé, par sa naissance, dans un milieu éminemment favorable pour se livrer avec succès aux recherches concernant la colonisation de l'Islande et les premiers siècles de son histoire. La haute situation de sa famille, les attaches étroites de celle-ci avec les destinées du pays tout entier et la position que lui-même occupait, comme savant et comme prêtre, parmi ses contemporains, lui permettaient d'acquérir une connaissance complète et minutieuse des affaires politiques et religieuses de sa patrie et de réaliser une œuvre qui, malgré sa modeste apparence, est considérée à juste titre, non seulement comme le point de départ de la littérature islandaise au sens restreint du mot, mais comme la base de l'historiographie des pays scandinaves. Ari, fils de Thorgils Gellisson et de Joreidh,[5] naquit en 1067,[6] probablement dans le district du Breidhifjordh. A la mort de son père, qui se noya, Ari fut accueilli à Helgafell dans la maison de son grand-père Gellir Thorkelsson. Celui-ci mourut peu de temps après. Ari avait à peine sept ans. Il eut le bonheur de trouver en Hall Thorarinsson, vieillard de quatre-vingts ans, un protecteur généreux qui le reçut à Haukadal et continua son éducation jusqu'à l'âge de vingt et un ans. Hall était un homme de savoir et d'expérience; il avait fondé dans son domaine une école comme il en existait plusieurs en Islande dès le onzième siècle.[7] Dans la maison de Hall, Ari eut la bonne fortune de rencontrer un maître et compagnon dévoué dans la personne de Teit, fils d'Isleif, qui fut plus tard évêque en Islande. Teit avait vingt ans de plus qu'Ari ; il était prêtre et s'occupait de l'instruction des jeunes gens qui se destinaient à l'état ecclésiastique ; il fut notamment le précepteur de Thorlak Runolfsson, évêque de Skalaholt. C'est à Haukadal qu'Ari, instruit et guidé par Teit, jeta les bases de ces connaissances dont nous admirons la variété et la précision dans ses écrits. C'est à Teit, qu'il appelle son fóstri, son « frère adoptif », qu'il doit une grande quantité de renseignements historiques de la plus haute importance.

Les détails de la vie d'Ari, à partir de cette époque, ne sont guère connus. On sait qu'il quitta Haukadal en 1087. Mais de quel côté a-t-il dirigé ses pas? Où a-t-il vécu depuis le jour où, livré à lui-même, il se consacra avec une entière indépendance à ses études et ses investigations? Quelle part a-t-il prise, comme riche propriétaire,[8] dans les affaires publiques de son pays et quelle est au juste l'influence qu'il a exercée sur ses contemporains par son grand savoir et sa haute situation? A ce sujet, les renseignements sont vagues et incomplets; les documents font défaut. Sans pouvoir préciser davantage, il est permis cependant de croire que les soixante années qu'il vécut encore furent des années de travail et de sacrifice. Ari possédait l'amour de la science, l'amour de la vérité. Pour s'initier d'une façon aussi complète aux connaissances de l'époque, il lui a fallu des études approfondies et de longues et patientes recherches. Il savait à peu près tout ce qu'il était possible de savoir de son temps et dans les circonstances où il vécut. Il connaissait le latin ; il était au courant de tout ce qui concerne le comput ecclésiastique.

Une grande partie de son existence a sans doute été consacrée à recueillir les matériaux de son Islendingabók. En effet, la composition d'un ouvrage de ce genre devait être pour lui une tâche ardue et hérissée de difficultés. Il n'existait point de document écrit ; les traditions de famille et les témoignages des contemporains constituaient à peu près ses seules ressources; et, dans de telles conditions, écrire un livre d'histoire irréprochable quant à la vérité des faits et à l'exactitude minutieuse des détails, fixer par des rapports positifs et des dates certaines l'histoire primitive d'un pays, semble une œuvre difficilement réalisable. Ari, on ne peut en douter, n'y a réussi que grâce à un travail persévérant, à des aptitudes toutes spéciales pour des investigations de ce genre, ainsi qu'à la situation particulière qu'il occupait, comme prêtre et comme puissant propriétaire, dans la société islandaise de son époque. Nous savons, en effet, qu'il était prêtre. L'appellation générale de Ari prestr l'indique suffisamment. Il était un de ces éminents personnages qui reçurent la prêtrise sous l'évêque Gizor. Comme on voyait ailleurs, surtout au IVe et au Ve siècle, de ces évêques à la fois jurisconsultes, théologiens, hommes d'Etat entrant puissamment, pour le diriger, dans le mouvement moral de l'époque, il y eut en Islande, au XIe et au XIIe siècle, des prêtres séculiers qui, avant de revêtir la dignité ecclésiastique, occupaient par leur savoir, leurs talents et leurs vertus, un rang distingué parmi leurs contemporains. La prêtrise n'était en quelque sorte que la consécration de leur éminente position et de l'étendue de leurs connaissances. L'état ecclésiastique n'impliquait nullement la renonciation aux diverses dignités officielles et l'abstention de toute immixtion dans le gouvernement et les affaires publiques. A l'influence politique dont ils jouissaient, la qualité de prêtre ajoutait une haute autorité morale. Ils exerçaient le ministère et s'occupaient avec dévouement des multiples charges qui leur incombaient de ce chef. Cependant, ce n'étaient point là à vrai dire des prêtres de profession. Beaucoup d'entre eux étaient mariés, le célibat ecclésiastique, comme on sait, n'ayant triomphé d'une manière absolue qu'après la réforme de Grégoire VII. Ari notamment se trouvait dans ce cas ; et telle est la large acception qu'il faut donner au titre de prêtre que nous trouvons partout joint à son nom.

Ari se trouvait en relations intimes avec les plus grands hommes de son pays. Il comptait parmi ses amis les évêques Thorlak Runolfsson de Skalaholt et Ketil Thorsteinsson de Holar, ainsi que le savant écrivain et prêtre Saemund Sigfusson, auxquels il avait soumis la rédaction primitive de son « Livre des Islandais ».

Il avait contracté mariage et eut un fils appelé Thorgils. Son petit-fils, connu sous le nom de Ari enn sterki, est souvent mentionné dans les sagas, notamment dans la Sturlunga saga.

Ari Thorgilsson est mort en 1148. La postérité lui a décerné à juste titre le surnom de enn fródhi, c'est-à-dire « le savant ». Parfois on l'appelle aussi enn gamli, « l'ancien ». Ce dernier nom lui a été donné par l'auteur de la Kristnisaga, pour le distinguer de son petit-fils Ari enn sterki.

II. — Ses œuvres.

Ari, d'après ça que rapporte Snorri Sturluson dans la préface de sa Heimskringla, « fut le premier en Islande qui mit par écrit, dans la langue du Nord, les évènements des temps passés et présents ». Le livre d'Ari ne constitue cependant pas le premier document écrit en langue islandaise. L'Edda de Snorri Sturluson, à propos de l'alphabet islandais, mentionne des lois, des registres généalogiques, des traductions de textes relatifs à la religion. Mais ce ne sont pas là les manifestations d'une intelligence qui recueille des faits et combine des idées dans le but de composer une œuvre personnelle. Il n'existait pas d'écrivain en Islande. C'est à Ari que revient l'honneur d'en avoir inauguré la série. C'est lui le fondateur, on pourrait dire le père de la littérature islandaise, d'abord parce qu'il fut le premier qui entreprît d'écrire des ouvrages suivis, ensuite et surtout à cause du caractère essentiellement national et de la haute valeur historique de ses écrits qui forment réellement la base de l'historiographie islandaise et norvégienne.

Ari a donné à la littérature écrite du Nord l'impulsion qui la fit éclore. Non seulement il a provoqué la naissance des lettres islandaises, mais il a ouvert la voie au génie de sa patrie en lui révélant les immenses richesses enfouies au fond de l'histoire nationale. Ce sont les légendes des siècles passés, les traditions qui circulaient de bouche en bouche à travers une série incalculable de générations. Sitôt qu'il eut donné le signal, une légion d'esprits cultivés surgirent pour travailler ces matériaux, en faire sortir des chefs-d'œuvre innombrables et élever en peu de temps la littérature islandaise à un degré de développement dont il est difficile, de nos jours, de se faire une idée. C'est à partir de l'époque d'Ari, du onzième au treizième siècle que l'Islande a produit cette quantité d'œuvres historiques, mythologiques et poétiques qui nous étonnent et nous charment à la fois.

L'activité d'Ari comme historien est attestée par ses spaklig froedhi, ses mörg doemi spaklig, bref, par la variété de ses connaissances historiques dont parle Snorri dans la préface aux dissertations grammaticales de son Edda, Les nombreuses allusions que nous rencontrons dans les sagas et d'autres œuvres islandaises nous portent à croire qu'il est l'auteur de plusieurs ouvrages d'histoire.[9] Les expressions boekr (livres), i sinum bókum (dans ses livres), i bókum Ara (dans les livres d'Ari) le font naturellement supposer. Le fait cependant n'est rien moins que certain. Nous savons qu'Ari avait composé un autre « Livre des Islandais » qui est perdu et dont le présent « libellus » n'est qu'un remaniement. Or, ces pluriels, fréquemment employés pour désigner un ouvrage quelconque, peuvent parfaitement s'appliquer à cet Islendingabók primitif. D'ailleurs, pourquoi le singulier dans le prologue du Heimskringla ?

Snorri, dans son Edda, raconte qu'Ari a le mérite d'avoir adapté l'alphabet latin à la langue islandaise. Ses paroles ont été diversement interprétées. Quoi qu'il en soit, il paraît incontestable qu'il ne s'agit nullement ici d'une dissertation spéciale sur les runes ayant pour auteurs soit Ari et Thorodd, soit Ari seul, comme on l'a cru, mais uniquement de la création, pour les besoins de l'écriture islandaise, d'un alphabet emprunté surtout à la langue latine. Certains philologues supposent que pendant toute la première moitié du XIIe siècle, l'alphabet runique a servi aux annotations diverses, surtout aux rédactions de formules en langue islandaise et que peut-être des savants comme Ari l'ont encore employé dans leurs écrits. Pareille affirmation ne laisse pas de paraître quelque peu étonnante. L'usage de l'écriture runique, il est vrai, s'est continué parmi certaines populations du Nord jusqu'au XIVe siècle ; au XVIe et même au XVIIe siècle on la connaissait encore. Mais est-il admissible qu'un savant comme Ari, qui avait fait connaissance avec la culture latine, se soit servi de cette écriture rudimentaire et primitive pour rédiger des ouvrages scientifiques ?

On a attribué à Ari, sans preuve suffisante et parfois sans aucune raison, un grand nombre d'ouvrages, notamment la Eyrbyggja saga, la Laxdaela saga, la Gunnlaugs saga ormstungu, la Oláfs saga ens helga, la Kristnisaga ! Tout semble prouver qu'il n'a jamais écrit aucune saga. Esprit positif et critique, il s'est toujours renfermé dans le domaine de l'histoire véridique basée sur des faits dont ses recherches personnelles lui avaient démontré la certitude. De même, on a longtemps supposé, et certains écrivains et critiques admettent encore que, outre son « Livre des Islandais », il a composé une histoire des rois de Norvège ainsi que l'ouvrage sur la colonisation de l'Islande connu sous le nom de Landnamabók. Dans l'avant-propos du Heimskringla nous lisons en effet : « Ari a écrit, comme il le dit lui-même, la biographie des rois de Norvège d'après les rapports d'Odd Kolsson ».

Comment faut-il entendre ces paroles ? Snorri veut-il désigner par là une œuvre séparée et complète par elle-même, une véritable histoire des rois de Norvège ? Il ne semble pas. Th. Möbius suppose que ces konunga aefi (regum vitae) ne doivent aucunement être considérées comme des histoires détachées, conçues sous forme de sagas, mais comme de simples registres, une espèce de nomenclature indiquant la durée de la vie et du règne de ces rois, selon l'ordre généalogique et chronologique..........

W. Golther exprime à peu de chose près la même opinion. Selon lui, le fait que le Heimskringla ne mentionne qu'un seul ouvrage d'Ari prouve que l'allusion se rapporte à l'ancien Islendingabók; les konunga aefi ne peuvent désigner qu'un chapitre présentant non seulement une série de simples notes chronologiques et généalogiques, mais sous une forme un peu plus étendue, un aperçu sommaire de toute l'histoire de Norvège. Elles occupaient une place considérable dans l'ancienne Islendingabók. L'auteur, en remaniant son livre, les a systématiquement retranchées. Toutefois nous pouvons nous rendre compte, avec plus ou moins de précision, de leur forme et de leur caractère, d'après les traces qui en sont restées dans l'Islendingabók que nous possédons.[10] Ces konunga aefi sont devenus le point de départ et la base d'un konunga bók, d'une histoire des rois de Norvège, dont l'existence est confirmée par d'irrécusables témoignages et de fréquentes allusions dans l'Olafs saga Tryggvasonar, l'Olafs saga ens helga, la Heimskringla, le Flateyjarbok. Mais quel est l'auteur de ce travail d'amplification et de développement ? Il n'existe aucune raison bien sérieuse pour admettre que ce soit Ari lui-même.

Les mêmes observations s'appliquent aux attartölur que contenait l'Islendingabók primitif et que l'auteur a omises dans la rédaction nouvelle de son ouvrage. Ce sont des listes généalogiques qui, pour certaines familles, remontent jusqu'aux landnámamenn, les premiers colonisateurs de l'Islande, même jusqu'à la période primitive de l'histoire de Norvège et parfois jusqu'aux héros et rois des temps mythologiques.[11] De pareilles généalogies étaient dans le goût du peuple islandais et forment en grande partie la base des ouvrages historiques postérieurs sur les pays scandinaves, notamment du Landnámabók. Mais encore une fois il n'y a aucune raison plausible pour soutenir cette hypothèse longtemps défendue qu'Ari soit l'auteur de cet ouvrage sur « la prise de possession » et la colonisation de l'Islande.[12]

Ari a-t-il écrit d'autres livres que les deux rédactions de l'Islendingabók? Cette question a fait l'objet de critiques approfondies de la part des philologues scandinaves, allemands et anglais. Malgré toute la sagacité déployée dans leurs savantes études, ils ne sont pas encore parvenus à se mettre d'accord à ce sujet. K. Maurer, qui a traité ce point à plusieurs reprises et avec une compétence toute spéciale, arrive, après de longues et minutieuses recherches, à conclure pour la négative.

Plusieurs historiens postérieurs à Ari s'en rapportent à lui et puisent dans ses écrits une quantité de leurs plus importants renseignements. Pour ses successeurs, Ari constitue une source d'une valeur incontestable et un témoignage qu'ils ne songent pas un instant à révoquer en doute. Hauk Erlendsson (1294-1334) qu'aujourd'hui l'on est presque unanime à considérer comme ayant donné au Landnámabók sa forme actuelle, cite parmi ses sources un ouvrage d'Ari, et reproduit même ses propres paroles quand il expose la colonisation du Groenland. De même la Kristnisaga (qui n'est en réalité que la continuation du Landnama) en parlant de l'évêque Isleif, et les deux Jóns sögur en racontant certains faits qui se rapportent à l'évêque Gizor. Le nom d'Ari revient du reste à plusieurs reprises dans la Kristnisaga ; il se trouve mentionné également dans la Laxdaela saga (ch. 4 et 78), la Niais saga (ch. 173), la Hungrvaka (histoire des cinq premiers évêques de Skalaholt, 1056-1176), la Sturlunga saga (I, ch. 203), la Eyrbyggja saga (ch. 8) etc., et chaque fois pour invoquer son témoignage ou pour reproduire l'une ou l'autre indication de son « Livre des Islandais. »

Cependant, de toutes ces citations nous ne retrouvons qu'un très petit nombre dans l'Islendingabók qui nous est conservée. Il est donc à supposer qu'il en a existé une autre que nous ne connaissons pas et à laquelle se rapportent les fréquentes allusions dont il vient d'être question. En effet, dans son prologue, Ari nous apprend qu'il avait écrit jadis un autre « Livre des Islandais ». Les évêques Thorlak et Ketil, ainsi que le prêtre Saemund, auxquels il soumit ce travail, se déclarèrent satisfaits quant à l'ensemble, mais désirèrent que certaines parties en fussent modifiées. C'est ainsi qu'il fut amené à rédiger le présent livre dans lequel il omit les listes généalogiques et les vies des rois insérées dans la rédaction primitive.

Ari a composé son premier Islendingabók entre les années 1122 et 1130. Il était of et samafar, « de eadem materia » (E. C. Werlauff), exposait en somme les mêmes faits que la seconde ; mais il était conçu sur un plan plus vaste et serrait dans un cadre relativement étroit une grande quantité de détails historiques. Les nombreuses énumérations synchroniques de rois norvégiens et les longues listes généalogiques devaient nécessairement troubler l'harmonie de l'ensemble et détruire toute proportion entre les diverses parties d'un ouvrage dans lequel l'auteur se proposait de relater avant tout et presque exclusivement les évènements de l'histoire d'Islande. A la rigueur, les généalogies, les attartölur, pouvaient être admises; mais les vies des rois, les konunga aefi, entraînaient l'historien dans des digressions constantes sur un domaine étranger et interrompaient d'une manière fâcheuse la suite naturelle de ses récits. Un arrangement semblable ne pouvait plaire aux évêques ni à Saemund. Aussi exprimèrent-ils sans réserve leur avis à ce sujet et engagèrent-ils Ari à soumettre son ouvrage à un travail d'élimination et à en élaguer les parties encombrantes. Ari suivit leurs conseils et s'attacha en même temps à corriger et à compléter un certain nombre de chapitres. Cependant, dans cette refonte de son travail, il a procédé d'une façon quelque peu machinale. Certains chapitres sont complètement abandonnés, d'autres profondément modifiés, d'autres enfin reproduits textuellement dans toute leur étendue. Il en résulte parfois un manque de cohésion dans les détails et un défaut de proportion entre les différentes parties.

En outre, le nouveau livre, d'une concision souvent exagérée dans le récit de certains évènements importants, présente de véritables lacunes. L'auteur garde le silence sur des particularités que nous connaissons, il est vrai, par d'autres ouvrages, mais qui auraient bien figuré dans son œuvre, qui étaient même nécessaires, à notre avis, pour faire nettement saisir l'enchaînement des faits et le caractère général de l'histoire d'Islande. Tels sont notamment la découverte même du pays (ch. I) et le contenu du code d'Ulfljót (ch. II). Ensuite, qui étaient ces godhar dont il est si souvent question? A la fois prêtres et gouverneurs des divers districts islandais, ils ont joué un rôle social des plus remarquables et méritaient une mention spéciale à propos de la division de l'île en quartiers et de la modification du système législatif. Quels étaient leur pouvoir dans le gouvernement et leur influence dans la direction des affaires publiques[13] ? Au ch. VII, quand Ari est amené à parler de l'évangélisation de l'Islande, nous ne trouvons cité que le seul nom de Thangbrand; il semble ignorer ceux de Thorvald Vidhfaerla, de Fridhrek, de Stefnir Thorgilsson et d'autres, alors que les missions chrétiennes qui sont venues, dès la fin du Xe siècle, changer le cours des idées et opérer une transformation fondamentale dans les esprits et les mœurs, valaient que l'historien leur consacrât un chapitre spécial et détaillé. Au ch. VIII, il est question de l'établissement d'un cinquième tribunal (fimtardomr) auprès de l'Althing. Mais quelle est la raison d'être, quel est le but de cette nouvelle institution et quel rôle est-elle appelée à jouer ? Autant de questions qu'il est regrettable de voir négligées dans un ouvrage destiné à fournir un aperçu complet de l'histoire politique et religieuse de la république islandaise.

L'Islendingabók, en effet, présente un caractère fondamental. Dans un cadre très restreint, il embrasse les contours généraux de toute l'histoire d'Islande depuis la fin du IXe jusqu'au milieu du XIIe siècle. Il offre, en dix chapitres, le récit chronologique des principaux faits qui se sont accomplis depuis la découverte, vers 874, jusqu'en 1120. Les chapitres I, II, III et V exposent les premiers essais de colonisation par le Norvégien Ingolf et ses compagnons, traitent des lois élaborées par Ulfljót, de l'établissement de l'Althing et de la division de l'île en quartiers ayant pour corollaire l'institution des things de quartiers et des tribunaux de quartiers auprès de l'Althing (vers 965) : il s'agit donc des bases de l'Etat islandais, de son droit et de sa constitution. Les chapitres IV et VI font connaître, le premier, l'adoption d'un nouveau système chronologique, le second, l'histoire de la découverte et de la colonisation du Groenland, dans les années 982 à 986. Les chapitres VII à X relatent les faits qui précèdent immédiatement l'introduction du christianisme en Islande et ceux qui se rattachent à la reconnaissance officielle de la foi nouvelle à l'Althing en l'an mille, communiquent la série des évêques étrangers envoyés en mission dans le pays et exposent les évènements politiques qui se sont accomplis ainsi que les dispositions administratives qui ont été prises après l'an 1000 et principalement sous l'épiscopat d'Isleif et de Gizor, les deux premiers évêques indigènes : établissement du fimtardomr ou cinquième tribunal (1004), première rédaction du Vigslódhi ou code criminel (1094), institution de la dîme (1096) et dotation de l'évêché de Skalaholt, érection d'un second évêché à Hôlar (1104 ou 1105), révision et rédaction définitive de toute la législation islandaise (1118), rédaction du Kristinna, laga tháttr ou code ecclésiastique (1123), etc. La succession des évènements est calculée d'après les années de fonctions des lögsögumenn,[14] dont Ari poursuit l'énumération jusqu'à son temps (1134).

L'époque de la composition de l'ouvrage se place entre les années 1134 et 1138. Le commencement et la fin en sont nettement marqués par les mots Incipit libellus Islandorum et hér lyksk siá bók (ici finit ce livre). Les chapitres qui se trouvent placés en dehors de cette délimitation, c'est-à-dire le prologue, l'indication du contenu, la généalogie d’Harald aux beaux cheveux, celle des cinq premiers évêques islandais, Isleif, Gizor, Jón, Thorlak et Ketil, et le registre généalogique d'Ari ne rentrent en réalité pas dans le cadre du libellus; ce sont des ajoutes dues probablement à la main de copistes et empruntées selon toute vraisemblance à l'Islendingabók primitif.

Deux grands traits particuliers caractérisent ce « libellus » et font de lui un document historique d'une valeur inestimable. Ce sont les témoignages des contemporains, source principale des récits d'Ari, et la fixation chronologique des évènements. A l'exception de ce que l'auteur rapporte de la supputation du temps (ch. IV) et de ce que ses souvenirs personnels lui ont fidèlement conservé, tous les faits se trouvent confirmés par des témoins qui sont toujours des hommes de savoir et d'expérience et dont la véracité paraît suffisamment établie. Les rapporteurs sont presque toujours des témoins oculaires qui se bornent à raconter ce qu'ils ont vu et constaté eux-mêmes ou ce qui, dans une famille, a été transmis de père en fils comme un fait positif et indubitable ; toutefois, ces témoignages indirects sont rares. Il est vrai, Ari fait parfois appel à la tradition mais sa confiance est légitime et justifiée et, en général, les détails qu'il tire de cette source trouvent de fortes garanties de vérité dans la confirmation qu'en fournissent des hommes dont la sincérité est reconnue, des hommes instruits et expérimentés tels que Teit Isleifsson, précepteur d'Ari chez Hall, Thorkel Gellisson, oncle d'Ari, Ulfhedhin Gunnarsson, Hall Thorarinsson du Haukadal, l'évêque Gizor, Markus Skeggjason, Saemund Sigfusson enn fródhi, Thoridh, la fille du godhi Snorri et d'autres.

Cet appel qu'Ari fait constamment au témoignage de ses contemporains est important et significatif à deux points de vue. Cette utilisation judicieuse et consciencieuse des affirmations de témoins de valeur confère à l'exactitude des récits le plus haut degré de probabilité, et le fait que nous avons affaire ici presque exclusivement à des rapports oraux et à des traditions de famille, nous permet de constater à quels moyens l'historien islandais a dû avoir recours pour rassembler les matériaux de son ouvrage. Les réunions périodiques à l'Althing et aux divers things régionaux, où se rencontraient des habitants de toutes les parties du pays, lui offraient fréquemment l'occasion de recueillir des informations. Une seule fois il s'en rapporte à un écrit, la Passio Sancti Edmundi, à propos du roi des Angles St Eadmund. Les Kalend. junii dont il parle au ch. X, et les termes Gregorius septimus (ch. IX), obiit Paschalis secundus, Arnaldus patriarcha, Philippus, Alexius (ch. X), rex (ch. VII), Petrus, Abraham, Stephanus (ch. VIII), font supposer cependant qu'il a eu sous les yeux des nécrologies religieuses ou un original latin quelconque.

Ari ne s'est pas contenté d'exposer les faits; mais pour la plupart d'entre eux il a dû rechercher aussi l'année précise de l'ère chrétienne où ils se sont accomplis. On ne peut cependant voir dans son livre ce qu'on .entend d'ordinaire par annales. Pour l'annaliste, les données à mettre en œuvre sont fournies ou par les travaux de ses devanciers ou par les rapports de ses contemporains; il se borne à retracer le tableau des évènements en y introduisant un ordre rigoureusement chronologique. La tâche d'Ari a été autrement délicate. Il part des faits dont ses études et ses recherches lui ont montré le caractère historique et essaie d'en fixer la date aussi exactement que possible. A cet effet, quels sont les procédés auxquels il a eu recours ? Il a recherché des points de repère dans l'histoire des pays étrangers. Se basant sur certains évènements mémorables dont la date était connue, telle que la mort du roi Eadmund en 870, il a calculé et déterminé avec une précision remarquable l'époque où se sont passés les faits principaux de l'histoire d'Islande. Les années mêmes où il a vécu, ainsi que l'histoire bien connue de plusieurs rois norvégiens, ses contemporains, lui offraient d'autres points de comparaison également certains. Enfin, il s'est créé lui-même une dernière ressource en fixant la durée des fonctions des lögsögumenn qu'il énumère tous depuis Hrafn Haengsson, le premier de la série (930-949) jusqu'à Gudhmund Thorgeirsson (1123-1134). Cette succession qu'il parvint à établir grâce à ses souvenirs personnels et aussi aux renseignements qu'il tenait dé Markus Skeggjason, ainsi que du frère, du père et du grand-père de ce dernier l, lui servit en quelque sorte de fil conducteur pour déterminer l'ordre chronologique et les années précises pour une série de faits historiques. Cette fixation chronologique des évènements constitue un des grands mérites de l'œuvre d'Ari et lui imprime un cachet tout particulier.

Aussi ces avantages n'échappèrent-ils point aux écrivains postérieurs. Ceux-ci se plaisent à citer Ari comme une autorité irrécusable et à chercher dans les brèves indications de son livre la base historique d'un grand nombre de leurs récits. Ses konunga aefi ont été largement mises à profit dans plusieurs ouvrages qui parurent dans la suite et qui traitent de l'histoire des rois norvégiens;[15] la Kristnisaga et les Biskupa sögur se rattachent au chapitre relatif à l'adoption du christianisme et aux premiers évêques islandais; les listes généalogiques sont devenues la base du Landnámabók.

La perfection littéraire cependant est le moindre de ses soucis. Dans aucune partie de son œuvre il ne cherche à déployer ces qualités brillantes qui siéent davantage à une œuvre d'imagination. Chez lui l'on ne trouve ni peintures poétiques, ni descriptions dramatiques. Sa disposition d'esprit et la nature de son travail lui interdisaient toute recherche en fait de style et d'ornement. Il se contente de laisser parler les faits, évitant toute digression inutile, ne racontant que le nécessaire d'une façon brève, simple et naturelle. En ce sens, il a encore parfaitement compris son rôle et sa tâche d'historien.

Une particularité remarquable chez Ari, c'est le dédain qu'il manifeste à l'égard de la poésie des scaldes. Les scaldes étaient cependant des hommes qui avaient généralement beaucoup voyagé, beaucoup vu, qui possédaient un jugement éclairé, une intelligence développée. Du reste, les chroniqueurs du moyen âge appuient volontiers leurs récits sur les chants populaires. Snorri Sturluson, lui, a mis les strophes scaldiques largement à profit; il y voit, à côté des écrits d'Ari, une des principales sources de l'histoire des pays scandinaves, attendu qu'elles ont été composées immédiatement après les évènements. Mais Ari ne semble leur attribuer aucune valeur comme telles ; du moins jugea-t-il inutile d'orner et d'agrémenter ses récits en les émaillant de ces strophes dont abondent certaines sagas.

Toutes les qualités que nous venons d'énumérer sont celles du véritable historien. Le « Livre des Islandais » ne laisse pas, il est vrai, cette impression morale, instructive et salutaire que l'on croit être en droit d'exiger de toute œuvre historique. Mais sa méthode d'investigation, les procédés critiques mis en œuvre dans la composition de son « libellus », procédés qui sont en plus d'un point conformes aux principes scientifiques de nos jours, ce souci excessif de la réalité qui se révèle à chaque page, cette clairvoyance avec laquelle il apprécie les faits et dispose les matériaux de son ouvrage, nous montrent en Ari un des esprits les plus cultivés, un des écrivains les plus originaux qui soient apparus en Islande. Aussi est-il incontestable que l'Islendingabók occupe dans l'ancienne littérature du Nord une place toute particulière et constitue une des œuvres les plus importantes et les plus caractéristiques que nous ait léguées le moyen âge scandinave.

III. Les éditions de l'Islendingabók.[16]

La première édition de l'Islendingabók est l'œuvre de l'évêque Thordhur Thorlaksson (Theodorus Thorlacius); elle parut à Skalaholt, en Islande, en 1688. Arni Magnussen en a donné, vers 1690, une version latine avec un commentaire critique et historique et des remarques biographiques et littéraires. — Le texte fut édité pour la seconde fois à Oxford, en 1716, par Cristen Worm, avec une traduction latine, un commentaire et une étude sur la vie et les œuvres d'Ari. — Andreas Bussaeus a publié en 1733 une troisième édition sous le titre : Arii Thorgilsis filii, cognomento Frodha, id est multiscii vel polyhistoris, in Islandia quondam presbyteri, primi in septentrione historici, Schedae seu libellus de Islandia, Islendingabók dictus; e veteri islandica, vel, si mavis, danica antiqua, septentrionalibus olim communi lingua, in latinam versus ac praeter necessarios indices, quorum unus est lexici instar, brevibus notis et chronologia, praemissa quoque auctoris vita, illustratus ab Andrea Bussaeo, Hafniae, 1733. — La première édition critique est due à Thorgeir Gudmundsson et Thorstein Helgason (Islendinga sögur, vol. I. Kaupmannahöfn, 1829). — Plus importante encore au point de vue de la critique est celle de Jon Sigurdsson (Isl. Sögur, I. Kjöbenhavn, 1843). — En 1869, Th. Möbius publia à Leipzig (B. G.Teubner) une édition accompagnée d'une courte introduction, d'une traduction allemande, et de quelques commentaires dus en grande partie à K. Maurer : Are's Isländerbuch, ira isländischen text mit deutscher Uebersetzung, Namen und Wörterverzeichniss und einer Karte, zur Begrüssung der Germanisten bei der XXVII. deutschen Philologenversammlung in Kiel, 27/30. September 1869. — En 1887 parut à Copenhague l'édition de Finnur Jonsson : Islendingabóc, es Are prestr Thorgilsson gördhe. Gefin út af hinu íslenska bókmentafélagi ; enfin en 1892, celle de Wolfgang Golther, la plus complète sous tous les rapports. Cette dernière forme le premier volume de la « Altnordische Sagabibliothek, hrsgg. von G. Cederschiöld, H. Gering und E. Mogk » (Halle a./S. Max Niemeyer).

 

 


 

LE LIVRE DES ISLANDAIS.

Islendingabók

 

Prologue.

J'écrivis d'abord un « livre des Islandais » pour nos évêques Thorlak[17] et Ketil,[18] et je le soumis à ceux-ci ainsi qu'au prêtre Saemund.[19] Comme ils l'approuvaient tel qu'il était ou désiraient plutôt lui voir donner une forme plus étendue, j'ai rédigé le présent ouvrage sur le même sujet, mais sans les listes généalogiques et les vies des rois; j'y ai ajouté ce que j'ai mieux appris à connaître dans la suite et l'ai exposé avec plus d'exactitude que dans le premier. Car, attendu qu'il peut y avoir des erreurs dans des histoires de ce genre, il convient de s'en tenir à ce qui paraît le plus certain.

Généalogie d’Harald aux beaux cheveux.

Le roi des Upplendingar[20] Halfdan Hvitbein, fils du roi de Suède Olaf Tretelgja, était père de Aystein Fret, père de Halfdan le Généreux et l'Avare, père de Godhrödh, le roi chasseur, père de Halfdan le Noir, père de Harald aux beaux cheveux[21] qui le premier de sa famille fut roi unique de toute la Norvège.[22]

In hoc codice continentur capitula.

1. De la colonisation de l'Islande. — 2. Des colons et de la législation. — 3. De l'établissement de l'Althing. — 4. Du système chronologique. — 5. De la division du territoire en quartiers. — 6. De la colonisation du Groenland. — 7. De l'introduction du christianisme en Islande. —8. Des évêques étrangers. — 9. De l'évêque Isleif. — 10. De l'évêque Gizor.

Incipit libellus Islandorum.

I. — Découverte et colonisation de l'Islande[23]

L'Islande fut colonisée, au commencement, par des Norvégiens, du temps d’Harald aux beaux cheveux, fils de Halfdan le Noir. D'après ce que pensent et ce que m'assurent Teit, mon frère adoptif,[24] l'homme le plus sage que je connaisse, fils de l'évêque Isleif,[25] et mon oncle Thorkel Gellisson dont les souvenirs remontent loin dans le passé, et Thoridh, fille du godhi Snorri,[26] aussi savante que digne de foi[27] : c'était à l'époque où Ivar, fils de Ragnar Lodhbrok,[28] fit assassiner St Eadmund, roi des Angles. Et cela eut lieu 870 hivers après la naissance du Christ, ainsi qu'il est écrit dans l'histoire de ce roi.[29] D'après une tradition vraisemblable, ce fut un Norvégien du nom d'Ingolf qui le premier passa en Islande,[30] alors que Harald aux beaux cheveux était âgé de seize ans ; il s'y rendit une seconde fois quelques années plus tard et s'établit dans le sud à Reykjavik.[31] L'endroit où il aborda d'abord s'appelle Ingolfshöfdhi[32] et est situé à l'est de Minthaksayri,[33] et celui qu'il s'appropria dans la suite, à l'ouest de l'Ölfussa,[34] porte le nom de Ingolfsfell.[35] A cette époque le territoire d'Islande compris entre les montagnes et le rivage était couvert de forêts.[36] Alors vivaient ici des chrétiens que les Norvégiens appellent papar; mais ils quittèrent le pays dans la suite, parce qu'ils ne voulaient point rester en contact avec des païens, et y laissèrent des livres irlandais, des clochettes et des crosses, d'où l'on put conjecturer qu'ils étaient des Irlandais.[37] — Il se produisit alors un grand mouvement d'émigration de Norvège en Islande, jusqu'au jour où elle fut interdite par le roi Harald, qui craignait de voir son royaume se dépeupler.

Imposition des émigrants.

C'est alors qu'il fut convenu que tout homme qui abandonnerait son pays pour venir ici, paierait au roi cinq onces d'or, à moins qu'il n'en fût exempté. Or, Harald, dit-on, régna pendant LXX hivers et atteignit l'âge de LXXX ans. Telle fut l'origine de cette taxe, qu'on désigne aujourd'hui du nom de landaurar. On donnait tantôt plus tantôt moins jusqu'au jour où Olaf le Gros[38] ordonna que, à l'exception des femmes et de ceux qu'il en dispenserait, quiconque se rendrait de Norvège en Islande paierait au roi une redevance d'un demi-marc.[39] Voilà ce que nous a dit Thorkel Gellisson.

II. — Les principaux colons.

Hrollaug, fils du jarl[40] Rögnvald de Moeri,[41] s'établit dans l'est, à Sidha;[42] de là sont venus les Sidhamenn. — Ketilbjörn,[43] un Norvégien, fils de Ketil, s'établit dans le sud, à Mosfell-Haut;[44] de là sont originaires les Mosfellingar. — Ödh,[45] fille de Ketil Flatnef,[46] un hersir Norvégien, s'établit dans l'ouest, sur les bords du Breidhifjordh;[47] de là sont originaires les Breidhfirdhingar. — Helgi le Maigre, un Norvégien, fils d'Ayvind des pays de l'est, s'établit dans le nord, sur les bords de l'Ayjafjordh,[48] d'où sont originaires les Ayfirdhingar.

Législation d'Ulfljót.[49]

Or, lorsque l'Islande fut peuplée sur une vaste étendue, il arriva des pays de l'est un homme appelé Ulfljót — ainsi que nous l'a raconté Teit — apportant de Norvège des lois qu'on appelle de son nom lois d'Ulfljót. Il était le père de Gunnar dont descendent les Djupdölir[50] dans l'Ayjafjordh. Ces lois étaient en majeure partie modelées sur les lois du Gulathing, sauf que l'on consulta Thorleif le Sage, fils de Hördha-Kári,[51] pour savoir ce qu'il fallait ajouter, retrancher ou modifier. — Ulfljót demeurait à Lón,[52] dans l'est; et l'on raconte que Grim à la barbe de chèvre,[53] celui qui sur ses conseils explora toute l'Islande avant que l'Althing fût établi, était son frère adoptif. Il reçut de tous les habitants du pays un penning[54] et remit ensuite cet argent aux temples.

III. — Etablissement de l'Althing.[55]

L'Althing, suivant la décision d'Ulfljót et de tous les habitants, fut établi à l'endroit où il se trouve actuellement. Auparavant il y avait à Kjalarnes[56] un thing qui appartenait à Thorstein, fils du colonisateur Ingolf et père du lögsögumadhr Thorkel Mani,[57] ainsi qu'aux notables qui habitaient la même contrée. Or, un homme qui possédait une terre aux « Blaskogar[58] » avait été condamné pour avoir tué un serviteur non libre ou affranchi.[59] Il s'appelait Thorir à la barbe hérissée — son petit-fils, qui s'en alla plus tard dans les Austfirdhir[60] et y brûla son frère Gunnar dans sa demeure s'appelait Thorvald à la barbe hérissée. Voilà ce qu'a raconté Hall, fils d'Oraekja.[61] — Celui qui avait été assassiné se nommait Kol ; et la fosse où son cadavre a été découvert reçut plus tard le nom de fosse de Kol,[62] sous lequel elle est connue. Ce terrain devint dans la suite propriété commune, et ce fut cet endroit que les habitants choisirent pour les réunions de l'Althing. Depuis ce temps, c'est une terre d'utilité publique; chacun peut en exploiter les parties boisées au profit de l'Althing et faire paître les chevaux dans les pâturages des plateaux. Voilà ce que nous a dit Ulfhedhin.[63]

Les premiers lögsögumenn.[64]

Des hommes bien informés nous ont appris aussi qu'après LX hivers[65] l'Islande était peuplée comme elle ne l'a jamais été depuis. Vers cette époque, Hrafn, fils du colon Höing, succéda à Ulfljót dans les fonctions de lögsögumadhr, et les remplit pendant XX étés.[66] Il était originaire de Rangarhverfi.[67] C'était LX hivers après le meurtre du roi Eadmund,[68] un hiver ou deux avant la mort d’Harald aux beaux cheveux, selon l'affirmation d'hommes bien informés. Thorarin, frère de Ragi et fils d'Oleif Hialti, devint lögsögumadhr après Hrafn et le resta pendant XX ans.[69] Il était du Borgar-fjordh.[70]

IV. — Modification du système chronologique.[71]

Ce fut également à cette époque que les hommes les plus instruits du pays — alors que l'on comptait en deux semestres 364 jours, c'est-à-dire 52 semaines ou 12 mois de 30 nuits chacun, plus quatre jours[72] — remarquèrent, d'après le cours du soleil, que l'été empiétait de plus en plus sur le printemps; et personne ne put leur apprendre que la cause en était due à ce fait que deux semestres comptaient un jour en sus du nombre exact de cinquante-deux semaines.[73]

Or, il y avait un homme du nom de Thorstein le Noir, originaire du Breidhifjordh,[74] fils de Hallstein (qui était lui-même fils du colon Thorolf Mostrarskegg) et d'Osk, fille de Thorstein le Roux.[75] Il eut un rêve et se figurait être au « lögberg[76] » alors que beaucoup de monde s'y trouvait rassemblé; il lui semblait qu'il veillait pendant que tous les autres dormaient, et ensuite il croyait dormir pendant que tout le monde était éveillé. Ce songe lui fut interprété par Osyf Helgason, le grand-père maternel de Gellir Thorkelsson,[77] dans ce sens que tout le monde ferait silence pendant qu'il parlerait au lögberg et que tous applaudiraient à ses paroles, dès qu'il aurait fini de parler.[78] Or, Thorstein et Osyf étaient tous deux des hommes très perspicaces.

A l'assemblée suivante du peuple au thing, Thorstein fit du haut du lögberg la proposition d'ajouter une semaine tous les sept étés et d'observer le résultat de cette modification. Les faits se passèrent, en effet, de la manière indiquée par Osyf dans son interprétation du rêve. Tous furent convaincus de l'excellence de la réforme qui, sur le vœu de Thorkel Mani[79] et d'autres hommes savants, fut incessamment traduite en loi. Selon la supputation courante, l'année comprend « cinq jours de la quatrième centaine » (c'est-à-dire 365 jours) et l'année bissextile un jour en plus. Suivant notre façon de compter, il y aura 364 jours; mais si, d'après notre calcul, on intercale une semaine tous les sept ans (ce qui n'a pas lieu d'après le premier système), dans l'un comme dans l'autre cas, les sept années auront la même durée.[80] Lorsque, dans la période des sept années qu'il s'agit d'augmenter, il se présente deux années bissextiles, l'intercalation devra se faire dès la sixième année.[81]

V. — Division du pays en quartiers. Tribunaux de quartier.

Le thing eut à décider dans une grave contestation[82] qui s'était élevée entre Thord Gellir,[83] fils d'Oleif feilan[84] du Breidhifjordh, et Odd, appelé aussi Tungu-Odd,[85] du Borgarfjordh.[86] Thorvald, fils de ce dernier avait été le complice de Hösna-Thorir[87] dans le meurtre commis sur Thorkel Blundketilsson à Örnolfsdal.[88] Or, Thord Gellir se présenta comme accusateur principal, parce que Herstein, le fils de Thorkel Blundketilsson, avait épousé Thorun, fille de la sœur de Thord. Celle-ci était fille d’Helga et de Gunnar et sœur de Jofridh qu'avait épousée Thorstein Egilsson. Ils (c'est-à-dire Tungu-Odd, Thorvald et Hösna-Thorir) furent traduits devant le thing qui se tenait dans le Borgarfjordh (6!)), à l'endroit qui reçut dans la suite le nom de Thingnes[89] ; car une loi ordonnait que les affaires de meurtre seraient jugées par la thing le plus rapproché du lieu du crime. Mais là ils en vinrent aux mains et la séance ne put être tenue régulièrement. Parmi les gens de Thord Gellir, Thorolf Ref, frère d'Alf des Dalir,[90] succomba. Plus tard, l'affaire fut portée devant l'Althing. Ici, ils se battirent de nouveau et quelques hommes d'Odd périrent. Hösna-Thorir et plusieurs de ceux qui avaient participé au crime furent condamnés et mis à mort.

Alors, du haut du lögberg, Thord Gellir prononça un discours pour faire ressortir les inconvénients qu'il y avait à recourir à un thing étranger pour les affaires criminelles et pour les injustices subies; il exposa les difficultés qu'il avait rencontrées avant d'avoir pu obtenir justice et déclara que, si l'on ne remédiait point à la situation, il en résulterait pour les uns comme pour les autres les plus graves conséquences.

Là-dessus le pays fut divisé en quartiers.[91] Dans chaque quartier on institua trois things devant lesquels les habitants du district devaient traiter leurs affaires judiciaires. Le quartier du Nord seul eut quatre things, parce qu'ici l'arrangement ne put se faire autrement. En effet, ceux qui vivaient dans le nord de l'Ayjafjordh,[92] de même que ceux qui demeuraient dans l'ouest du Skagafjordh[93] ne voulaient pas se rendre au thing dont ils ressortissaient.[94] Du reste, pour la nomination des juges et l'installation du comité législatif,[95] ce quartier devait avoir absolument la même influence que les trois autres.[96] De cette époque date l'établissement des things de quartier.[97]

Voilà ce que nous a dit le lögsögumadhr Ulfhedhin Gunnarsson.[98] Thorkol Mani, fils de Thorstein Ingolfsson[99] devint lögsögumadhr après Thorarin, frère de Ragi et remplit ces fonctions pendant XV étés.[100] Après lui, ce fut Thorgeir Thorkelsson de Ljósavatn, qui les conserva pendant XVII étés.[101]

Découverte et colonisation du Groenland.[102]

Le pays que l'on appelle Groenland fut découvert et colonisé par des Islandais. Il y avait un homme du nom d'Erik le Roux, originaire du Breidhifjordh, qui partit d'Islande pour s'y établir dans une terre appelée depuis Eiriksfjordh. Il donna un nom au pays et l'appela Groenland,[103] espérant qu'un beau nom encouragerait les gens à y émigrer. On trouva des traces d'habitations humaines dans l'est et dans l'ouest du pays, ainsi que des débris de barques en cuir et des ustensiles en pierre, d'où l'on put conclure que la contrée avait été habitée par une tribu de la même famille que celle qui a pris possession du Vinland[104] et que les Groenlandais appel lent Skraelingar.[105] Cette occupation du Groenland eut lieu XIIII ou XV hivers avant l'introduction du christianisme en Islande. C'est là du moins ce que Thorkel Gellisson a appris au Groenland d'une personne qui avait elle-même accompagné Erik le Roux dans ce pays.

VII. Introduction du christianisme.

Ce fut le roi Olaf Tryggvason,[106] fils d'Olaf, fils de Harald aux beaux cheveux, qui introduisit le christianisme en Norvège et en Islande.[107] Il envoya dans ce dernier pays un prêtre du nom de Thangbrand[108] qui enseigna la religion chrétienne aux habitants et baptisa tous ceux qui acceptèrent la foi nouvelle. Hall de Sidha, fils de Thorstein, reçut le baptême de bonne heure, ainsi que Hialti Skeggjason du Thjorsardal[109] et Gizor le Sage,[110] fils de Teit Ketilbjörn de Mosfell,[111] en même temps que beaucoup d'autres hommes éminents; plusieurs cependant ne furent point de cet avis et refusèrent. Après un séjour d'un hiver ou deux, Thangbrand quitta le pays; il avait tué deux ou trois hommes[112] qui l'avaient raillé dans des vers satiriques. De retour en Norvège, il raconta au roi Olaf tout ce qu'il avait eu à supporter ici et exprima son peu d'espoir d'y voir adopter jamais le christianisme. Là-dessus le roi entra dans une violente colère et se proposa, comme châtiment, de faire mutiler et mettre à mort nos compatriotes qui se trouvaient en Norvège en ce moment. Mais le même été Gizor et Hialti arrivèrent dans le pays et parvinrent à soustraire les prisonniers à la vengeance du roi en lui promettant de nouveau leur intervention pour que le christianisme fût malgré tout reconnu et en exprimant leur ferme espérance de réussir dans leurs tentatives. L'été suivant ils revinrent en Islande accompagnés d'un prêtre appelé Thormodh. Après une traversée heureuse, ils abordèrent aux îles Vestmann,[113] dix semaines après le commencement de l'été. Tel est le récit de Teit, d'après les affirmations d'un témoin oculaire. Or, l'été précédent il avait été décidé en vertu d'une loi que dix semaines après le commencement de l'été[114] il y aurait réuni on à l'Althing, ce qui jusqu'alors avait lieu une semaine plus tôt.[115] Ils abordèrent donc sur la terre ferme[116] pour se rendre ensuite à l'assemblée, après avoir décidé Hialti à demeurer à Laugardal[117] avec douze hommes, parce que l'été précédent il avait été condamné à un bannissement de trois ans[118] pour outrage aux dieux. Le motif en était qu'il avait lancé du haut du lögberg cette épigramme :

Je ne veux point insulter les dieux,

Freyia[119] cependant me semble une chienne.[120]

Gizor s'avança avec sa suite jusqu'à un endroit appelé Vellankatla,[121] près du lac Ölfuss;[122] de là ils envoyèrent au thing un message pour inviter tous ceux dont ils pouvaient espérer du secours à venir à leur rencontre, car ils avaient appris que leurs ennemis s'apprêtaient à leur interdire, les armes à la main, l'accès du lieu de réunion. Mais avant de se mettre en marche, ils virent arriver à cheval Hialti et ceux qui étaient restés avec lui en arrière; et, comme ils se dirigeaient ensemble vers le thing, ils rencontrèrent déjà leurs parents et leurs amis qu'ils aspiraient à revoir. Les païens se rassemblèrent armés jusqu'aux dents et on ne savait s'ils n'allaient pas en venir aux mains. Le lendemain, Gizor et Hialti se rendirent au lögberg pour faire connaître le résultat de leur mission, et tout le monde fut ravi, dit-on, de la façon remarquable dont ils parlèrent. Il s'en suivit que chrétiens et païens, se prenant mutuellement à témoin, déclarèrent renoncera tous leurs rapports d'amitié et de bonne entente et se retirèrent du lögberg. Là-dessus des chrétiens engagèrent Hall de Sidha à leur exposer les lois telles que devaient les observer les chrétiens. Mais celui-ci se déroba à leurs prières en décidant le lögsögumadhr Thorgeir à s'en charger, bien que celui-ci fût encore païen.[123] Or, lorsque le peuple se fut retiré dans les tentes, Thorgeir se coucha, étendit son manteau sur lui et se reposa toute la journée et la nuit suivante sans dire un mot; le lendemain de bonne heure il se leva et ordonna qu'on se rendît au lögberg. Quand tout le monde fut réuni, il commença son discours et déclara qu'à son avis le bonheur du peuple courait le plus grand danger, si tous les habitants du pays n'acceptaient une même loi. Il les exhorta de mainte façon à ne pas laisser s'accomplir pareille scission et leur fit comprendre comment il en naîtrait des discordes qui auraient pour conséquences inévitables et certaines des rixes et des querelles parmi les habitants, de nature à dépeupler le pays. Il parla de certains rois de Norvège et de Danemark[124] qui pendant longtemps avaient vécu en ennemis et s'étaient fait la guerre jusqu'au jour où les habitants rétablirent la paix entre eux malgré la volonté de leurs rois ; l'entente fut si complète qu'aussitôt ils s'envoyèrent des cadeaux précieux, et la paix dura aussi longtemps qu'ils vécurent. « Et maintenant, continua-t-il, il me semble raisonnable de ne pas laisser agir à leur guise ceux qui sont animés des sentiments lés plus hostiles ; essayons de rétablir l'accord entre eux de manière à satisfaire à certaines prétentions de part et d'autre et ayons tous une même loi et une même foi. Car, je vous le dis en vérité, si nous détruisons la loi, la paix sera détruite ». Le résultat de son discours fut que les deux partis consentirent à adopter une seule et même loi pour tous, celle qu'il proclamerait. Une loi fut donc décrétée ordonnant à tous les habitants du pays, qui n'étaient pas encore baptisés, de se faire chrétiens et de recevoir le baptême. Quant à l'exposition des enfants et la faculté de manger de la viande de cheval, l'ancienne loi devait rester en vigueur. On pourrait, si l'on voulait, faire des sacrifices en secret ; mais un bannissement de trois ans frapperait quiconque se ferait accompagner de témoins.[125] Quelques années plus tard cependant, cette coutume païenne était, comme les autres, tombée en désuétude. Ces faits relatifs à l'introduction du christianisme en Islande nous furent rapportés par Teit.[126] Le même été, Olaf Tryggvason[127] — suivant l'affirmation du prêtre Saemund[128]— périt dans une lutte qu'il soutint contre le roi de Danemark, Svein Haraldsson,[129] contre Olaf le Suédois,[130] fils d'Erik, roi de Suède à Uppsalir,[131] et contre Erik Hakonarson[132] qui fut plus tard jarl en Norvège. C'était CXXX hivers après le meurtre de St Eadmund et mille ans après la naissance du Christ, d'après la chronologie généralement suivie.

VIII. — Evêques étrangers.

Voici, d'après les indications de Teit, les noms des évêques étrangers qui ont résidé en Islande: Frédéric,[133] qui arriva dans le pays du temps des païens; les autres y vinrent après cette époque : Bernard le Savant[134] qui resta V années; Kol,[135] peu d'années; Rodolf,[136] XIX années; Jean d'Irlande,[137] peu d'années; Bernard,[138] XIX années; Henri,[139] II années. En outre, il en arriva cinq autres qui se faisaient passer pour évêques : Arnolf et Godschalk, et trois Arméniens : Petrus, Abraham et Stephanus.[140]

Les « lögsögumenn.[141] »

Grim Svertingsson de Mosf'ell fut nommé lögsögumadhr après Thorgeir[142] et le resta pendant deux étés.[143] Comme il avait la voix rauque, on lui permit de transmettre ses fonctions à son neveu Skapti Thorodssonn qui les remplit pendant XXVII étés.[144] Celui-ci institua le « cinquième tribunal[145] » et décréta la loi stipulant que l'aveu fait par un meurtrier ne constituerait que la preuve de sa propre culpabilité et non pas de celle de ses complices.[146] Autrefois ou appliquait à ce sujet les mêmes dispositions qu'en Norvège. De son temps, en vertu de son autorité et sur ses décisions, un grand nombre de chefs et d'hommes puissants furent condamnés ou exilés pour cause de meurtre ou à la suite de querelles sanglantes. Il mourut l'année même où périt Olaf le Gros,[147] fils de Harald, fils de Godhrödh, fils de Björn, fils de Harald aux beaux cheveux, — XXX hivers après la mort d'Olaf Tryggvason.[148] Après lui, Stein, fils de Thorgest, fut lögsögumadhr pendant trois étés;[149] ensuite, ce furent Thorkel Tjórvason, pendant XX étés,[150] et Gellir Bölverksson, pendant IX étés.[151]

IX. — L'évêque Isleif.[152]

Isleif, fils de Gizor le Blond, fut sacré évêque du temps du roi de Norvège Harald,[153] fils de Sigurd, fils de Halfdan, fils de Sigurd Hrisi, fils de Harald aux beaux cheveux. Or, lorsque les hommes les plus puissants et les plus distingués remarquèrent qu'Isleif surpassait de beaucoup par ses vertus les autres prêtres que l'on pouvait trouver en ce pays, un grand nombre d'entre eux lui confièrent leurs fils pour les instruire et les firent ordonner prêtres. Deux parmi ceux-ci reçurent plus tard la dignité d'évêque : Kol, à Vik[154] en Norvège, et Jón,[155] à Hólar. Isleif eut trois fils qui devinrent tous des hommes distingués : l'évêque Gizor,[156] le prêtre Teit, père de Hall et Thorvald. Teit fut élevé à Haukadal par Hall, l'homme que l'on considérait unanimement comme le plus remarquable, par son dévouement et ses vertus, parmi les laïques de ce pays. Moi-même j'arrivai auprès de Hall à l'âge de sept hivers, un hiver après la mort de Gellir Thorkelsson, mon grand-père et tuteur, et j'y demeurai XIV hivers.

Les lögsögumenn (suite).

Gunnar le Sage fut nommé lögsögumadhr après le départ de Gellir et le resta pendant trois étés.[157] Ensuite, ce furent : Kolbein Flosason, six étés[158] — l'été même où il entra en fonctions, le roi Harald mourut en Angleterre[159] — ; Gellir, pour la seconde fois, trois étés;[160] Gunnar, pour la seconde fois, un été;[161] Sighvat Surtsson, neveu de Kolbein, huit étés.[162] Vers cette époque Saemund Sigfusson revint de France en Islande où il se fit dans la suite ordonner prêtre.[163]

Mort d'Isleif.

Isleif reçut le sacre à l'âge de cinquante ans, sous le pontificat de Léon VII.[164] Il passa l'hiver suivant en Norvège, revint ensuite en Islande et mourut à Skalaholt[165] après avoir été évêque pendant XXIV hivers en tout. Voilà ce que nous a appris Teit. — C'était un dimanche, VI nuits après la fête de SS. Pierre et Paul, LXXX hivers après la mort d'Olaf Tryggvason.[166] J'avais alors XII hivers et vivais auprès de Teit, mon frère adoptif. Ces faits nous furent rapportés par Hall, homme sincère, d'une mémoire fidèle et qui se rappelait avoir reçu le baptême des mains de Thangbrand,[167] à l'âge de trois hivers. C'était l'hiver qui précédait l'adoption officielle du christianisme en Islande. A trente ans, il s'installa avec sa famille à Haukadal où il vécut pendant LXIV hivers et mourut à l'âge de XCIV hivers. C'était à la fête de l'évêque Martin,[168] le dixième hiver après la mort de l'évêque Isleif.

X. — L'évêque Gizor et Markus Skeggjason.

L'évêque Gizor,[169] fils d'Isleif, reçut le sacre, sur le désir des habitants, du temps du roi Olaf,[170] fils de Harald, deux hivers après la mort d'Isleif, après avoir passé la première de ces années en Islande et l'autre en Gothland,[171] où on l'appelait plus correctement du nom de Gisrodh. Voilà ce qu'il nous a dit lui-même. Markus Skeggjason fut créé lögsögumadhr après Sighvat ; il fut chargé de ces fonctions une année après que Gizor eut revêtu la dignité épiscopale en ce pays et les remplit pendant XXIV étés.[172] C'est d'après ses indications que j'ai consigné dans le présent livre la biographie de tous les lögsögumenn qui ont vécu à une époque antérieure à mes souvenirs ; quant à la vie de ceux qui ont précédé son époque, il en tient les détails de son frère Thorarin, de Skeggi, leur père à tous deux, et de plusieurs hommes savants, sur la foi des communications de Björn le Sage, leur aïeul, qui se souvenait encore du lögsögumadhr Thorarin et de VI de ses successeurs.

Introduction de la dîme. Dotation de l'évêché de Skalaholt.[173]

Parmi tous ceux qui ont vécu en notre pays, nous ne connaissons point d'homme qui ait possédé au même degré que l'évêque Gizor l'estime de tous les habitants. Par suite de la sympathie qu'il inspirait il se fit que, sur sa proposition et celle de Saemund,[174] ainsi que d'après les conseils du lögsögumadhr Markus,[175] une loi fut décrétée ordonnant à tous les habitants de compter et d'évaluer toute leur fortune, consistant soit en terres, soit en biens mobiliers, en garantissant par serment l'exactitude de leur calcul, et d'en acquitter la dîme à partir de ce jour. Or, ce qui prouve absolument le dévouement des Islandais envers cet homme, c'est qu'il parvint à faire estimer, sous la foi du serment, toute la fortune qu'il y avait en Islande, jusqu'aux terres mêmes, et qu'il réussit à faire décider par une loi qu'il en serait ainsi aussi longtemps que le pays serait habité. L'évêque Gizor fit décréter, en outre, que le siège épiscopal d'Islande qui jusqu'alors n'était établi définitivement nulle part, serait fixé à Skalaholt, et le dota du pays de Skalaholt et de plusieurs espèces de revenus soit de terres, soit de biens mobiliers. Et lorsqu'il lui sembla que ce siège était devenu suffisamment riche et prospère, il fit abandon de plus du quart de son diocèse, en vue de fonder en Islande un second évêché, à côté du premier, comme le demandaient les habitants des contrées du Nord.[176] Au préalable Gizor avait fait dénombrer les propriétaires du pays; il y en avait VII bonnes centaines dans le quartier des Austfirdhingar,[177] X dans celui des Rangaeingar,[178] IX dans celui des Breidhfirdhingar,[179] XII dans celui des Eyfirdhingar,[180] sans compter, dans toute l'Islande, ceux qui n'avaient point à payer la taxe imposée aux habitants qui se rendaient au thing.[181]

Les lögsögumenn (fin). Le droit est mis par écrit.

Ulfhedhin,[182] fils de Gunnar le Sage, succéda à Markus en qualité de lögsögumadhr et le resta pendant IX étés. Vinrent ensuite Bergthor Hrafnsson, qui le fut pendant VI étés,[183] et Gudhmund Thorgeirsson, pendant XII étés.[184] Le premier été de l'entrée en fonctions de Bergthor, une nouvelle décision fut prise ordonnant que l'hiver suivant nos lois seraient consignées dans des livres chez Haflidhi Marsson,[185] selon les propositions et les conseils de Haflidhi, de Bergthor et d'autres hommes savants à cet effet désignés. Ils avaient également pour mission de mettre par écrit toutes les nouvelles dispositions légales, pour autant qu'elles leur paraîtraient meilleures que les anciennes lois. L'été suivant ils devaient les proclamer dans la lögretta[186] et maintenir toutes celles auxquelles la majorité se rallierait. C'est ainsi que le Vigslódhi[187] et plusieurs autres espèces de lois furent mises par écrit et proclamées par les godhar[188] dans la lögretta l'été suivant. Et tous furent d'accord à ce sujet, personne n'y, trouva à redire.[189]

Thorlak reçoit le sacre. Erection de l'évêché de Hólar.[190] Mort de Gizor.

Le premier été où Bergthor remplit les fonctions de lögsögumadhr il arriva que l'évêque Gizor, qu'une maladie empêchait de se rendre au thing, envoya à ses amis et aux chefs réunis à l'Althing un message les priant d'engager Thorlak, fils de Eunolf, fils de Thorleik, frère de Hall de Haukadal, à se faire sacrer évêque. L'ordre ne leur fut pas plus tôt parvenu qu'ils agirent tous en conséquence, et ils réussirent parce que Gizor avait lui-même beaucoup insisté auparavant. Thorlak partit d'Islande le même été et y revint l'été suivant revêtu de la dignité épiscopale.[191] Gizor avait quarante ans lorsqu'il reçut le sacre; c'était sous le pontificat de Grégoire VII.[192] Il passa l'hiver en Danemark et revint dans son pays l'été suivant. Il avait été évoque pendant XXIV hivers, comme son père, lorsque Jón Ögmundarson[193] fut, le premier, appelé au siège épiscopal de Hólar. Jón avait alors cinquante-quatre ans. XII hivers plus tard, alors que Gizor avait été évêque pendant XXXVI hivers en tout, Thorlak reçut le sacre. Gizor le fit nommer au siège de Skalaholt encore de son vivant. Thorlak avait en ce moment XXXII hivers. L'évêque Gizor mourut XXX nuits après à Skalaholt. C'était le troisième jour de la semaine, le cinquième avant les calendes de juin.[194]

Evénements contemporains de l'histoire des pays étrangers.

La même année moururent, avant l'évêque Gizor : le pape Pascal II,[195] Baudouin, roi de Jérusalem,[196] Arnaldus, patriarche de Jérusalem et le roi de Suède Philippe; après Gizor : le roi des Grecs, Alexis,[197] qui avait occupé pendant XXXVIII hivers le trône de Byzance.[198] Deux années après commençait un nouveau cycle lunaire.[199] Aystein[200] et Sigurdh[201] avaient été pendant XVII hivers rois de Norvège, après leur père Magnus,[202] fils d'Olaf Haraldsson. Ces faits se passèrent CXX hivers après la mort d'Olaf Tryggvason,[203] CCL hivers après le meurtre du roi des Angles, Eadmund,[204] et DXVI hivers après la mort du pape Grégoire[205] qui, à en croire la tradition, introduisit le christianisme en Angleterre. Grégoire mourut la seconde année du règne de l'empereur Phocas,[206] DCIV hivers après la naissance du Christ, selon la chronologie généralement suivie. Cela fait en tout MCXX ans.

Ici finit ce livre.


 

APPENDICE I.

Généalogie des évêques islandais.

Voici la descendance et la généalogie des évêques islandais :

1. Le colonisateur Ketilbjörn, qui demeurait dans le sud, à Mosfell-Haut, était père de Teit, père de Gizor le Blond, père d'Itsleif. Ce dernier, père de l'évêque Gizor, fut le premier évêque de Skalaholt.

2. Le colonisateur Hrollaug, qui se fixa dans l'est, à Breidhabolstadh, dans le pays de Sidha, était père d'Ozor, père de Thordis, mère de Hall de Sidha, père d'Egil, père de Thorgerdh, mère de Jón qui fut le premier évêque de Hólar.

3. Ödh, la femme colonisatrice, qui demeurait dans l'ouest, à Hvamm, dans le Breidhifjordh, était mère de Thorstein le Roux, père d'Oleif Feilan, père de Thord Gellir, père de Thorhild Rjupa, mère de Thord Hesthöfdhi, père de Karlsefni, père de Snorri, père de Hallfridh, mère de Thorlak, qui est actuellement évêque à Skalaholt, comme successeur de Gizor.

4. Le colonisateur Helgi le Maigre, qui s'établit dans le nord, à Ohristnes, dans l'Ayjafjordh, était père de Helga, mère d'Einar, père d'Ayjolf Valgerdharson, père de Godhmmid, père d'Ayjolf, père de Thorstein, père de Ketil qui est actuellement évêque à Hólar, comme successeur de Jón.[207]

APPENDICE II.

Ancêtres d'Ari.

Voici, de père en fils, les noms des Ynglingar et des Breidhfirdhingar.[208]

1. Yngvi, roi des Turcs. 2. Njórdh, roi de Suède. 3. Fray. 4. Fjölnir, qui mourut à Fridhfrodhi. 5. Svegdhir. 6. Vanlandi. 7. Visbur. 8. Domald. 9. Domar. 10. Dyggvi. 11. Dag. 12. Alrek. 13. Agni. 14. Yngvi. 15. Jörund. 16. Aun l'Ancien. 17. Egil Vendilkraka. 18. Ottar. 19. Adhisl d'Uppsalir. 20. Aystein. 2l. Yngvar. 22. Brautónund. 23. Ingjald le Cruel. 24. Olaf Tretelja. 25. Halfdan Hvitbein, roi des Upplendingar. 26. Godhródh. 27. Olaf. 28. Helgi. 29. Ingjald, fils de la fille de Sigurdh, fils de Ragnar Lodhbrok. 30. Oleif le Blond. 31. Thorstein le Roux. 32. Oleif Feilan, le premier de la famille qui vint s'établir en Islande. 33. Thordh Gellir. 34. Ayjolf, qui reçut le baptême dans sa vieillesse, lorsque le christianisme fut implanté en Islande. 35 Thorkel. 36. Gellir, père de Thorkel (le père de Brand) et de Thorgils, mon père, et je m'appelle Ari.[209]


 

TABLE CHRONOLOGIQUE.

 

860-870. Découverte de l'Islande par des vikingar Scandinaves (Naddod, Gardar, Floki).

870. Mort de St Eadmund, roi de l'Est-Anglie (Ib. I).

871. Ingolf se rend une première fois en Islande (Ib. I).

872. Victoire de Harald aux beaux cheveux sur les fylkes-konungar, dans le Hafrsfjordh (Norvège) ; il étend sa domination sur toute la Norvège.

874. Ingolf et Leif débarquent en Islande et s'établissent à Reykjavik (Ib. I).

860-930. Règne de Harald aux beaux cheveux. † 933.

870-930. Période de colonisation de l'Islande (Ib. III).

875. Mort de Leif ou Hjorleif, assassiné par des esclaves irlandais.

884-896. Colonisation des bords méridionaux du Breidhifjordh.

884. Arrivée de Thórólf Mostrarskegg.

886. Arrivée des Norvégiens Björn et Hallstein.

890. Arrivée de Helgi le Maigre (Ib. II). Occupation de l'Eyjafjordh.

892. Arrivée d'Audh la Riche (Ib. II). Occupation des Dalir, sur les bords du Hvammsfjordh.

895-900. Colonisation des bords septentrionaux du Breidhifjordh.

ca. 900. Arrivée de Hrollaug et de Ketilbjörn (Ib. II).

Colonisation de la côte méridionale.

910-920. Occupation et colonisation du Skagafjordh, dans le nord de l'Islande.

927. Ulfljót se rend en Norvège et fonde le droit public islandais sur le modèle des Gulathingslög (Ib. II).

929. Grim « à la barbe de chèvre » fait choix d'un emplacement pour l'Althing (Ib. II).

930. Etablissement de l'Althing et reconnaissance officielle du code d'Ulfljót (Ib. III). — Hrafn Hóingsson, premier lögsögumadhr (Ib. III). — Abdication de Harald aux beaux cheveux, en Norvège.

932-934. Thordh Gellir établit un tribunal de quartier dans la presqu'île Thórsnes (Ib. IX).

964. Blundketil est brûlé vif dans sa maison (Ib. V).

ca. 965. Contestations entre Thordh Gellir et Tungu-Odd, Division de l'Islande en quartiers et établissement des tribunaux de quartier auprès de l'Althing (Ib. V).

970-984. Thorkel Máni, lögsögumadhr. Modification du système chronologique (Ib. IV).

981. L'évoque saxon Frédéric arrive en Islande et commence à y prêcher le christianisme (Ib. VIII).

982 ou 983. Découverte du Groenland par Erik le Roux (Ib. VI.)

985 ou 986. Occupation et colonisation du Groenland (Ib. VI). — L'évêque Frédéric et Thorvald Kodransson quittent l'Islande.

995-1000. Olaf Tryggvason, roi de Norvège.

996. Stefnir Thorgilsson est envoyé comme missionnaire en Islande par le roi de Norvège Olaf Tryggvason.

997. Arrivée en Islande du missionnaire Thangbrand. Il confère le baptême à Hall du Haukadal, Hjalti Skeggjason, Gizor le Blond et à plusieurs autres personnages éminents. Ses violences (Ib. VII).

999. Hjalti Skeggjason condamné pour outrage aux dieux.

Voyage de Gizor et de Hjalti en Norvège (Ib. VII).

1000. Reconnaissance officielle, par l'Althing, du christianisme en Islande. Le lundi, 24 juin, Thorgeir prononce son discours au lögberg. — Défaite et mort d'Olaf Tryggvason à la bataille de Svold, livrée contre les Danois sur les bords de la mer Baltique (Ib. VII).

1000-1010. Exploration du Vinland (Amérique du Nord).

1000-1015. Svein Tjuguskegg, Olaf skautkonungr, Erik et Svein Hákonarsynir, rois de Norvège (Ib. VII, fin).

1004. Institution du fimtardómr ou cinquième tribunal (Ib. VIII).

1006. Naissance de l'évêque Isleif (Ib. IX). — Interdiction du duel judiciaire en Islande.

1015-1030. Olaf le Saint (ou le Gros) Haraldsson, roi de Norvège.

1018-1021. Bernard l'Erudit (Bjarnhardhr enn bókvísi), évêque en Islande (Ib. VIII).

ca. 1020-1050. Les évêques missionnaires Kol, Hrodholf, Jauhan enn irski, Heinrek, d'origine étrangère, travaillent à la propagation de la foi chrétienne en Islande (Ib. VIII).

1030. Mort du lögsögumadhr Skapti Thorodsson. — Olaf enn helgi (enn digri) périt à la bataille de Stiklastadhir (Ib. VIII).

1035-1047. Magnus Olafsson, roi de Norvège. 1047-1060. Harald hardhradhi (le Sévère) Sigurdharson, roi de Norvège (Ib. IX).

1051-1070. Bernard le Saxon (Bjarnhardhr saxlenski), évêque missionnaire en Islande (Ib. VIII).

1056. Isleif est revêtu de la dignité épiscopale (Ib. IX). —

Naissance de Saemund Sigfússon enn fródhi.

1056-1080. Isleif exerce la juridiction épiscopale sur toute l'Islande (Ib. IX).

1066-1069. Magnús Haraldsson, roi de Norvège.

1067. Naissance d'Ari Thorgilsson enn fródhi. 1069-1093. Olaf kyrri, roi de Norvège.

1076. Saemund Sigfússon revient en Islande (Ib. IX).

1080. Mort de l'évêque Isleif (Ib. IX).

1082. Gizor, fils d'Isleif, reçoit le sacre (Ib. X).

1093-1095. Hakon Magnússon, roi de Norvège.

1095-1103. Magnus berfoettr, roi de Norvège.

1096. Introduction de la dîme en Islande par l'évêque Gizor

(Ib. X). Le siège épiscopal est fixé à Skalabolt.

ca. 1102. Recensement de la population de l'Islande.

1103-1030. Olaf († 1115), Eystein († 1122) et Sigurdh(† 1130) Magnússynir, rois de Norvège.

1101 ou 1105. Erection d'un second évêché islandais à Hólar, dans le quartier du Nord (Ib. X).

1100. Jón Ogrnundarjon est nommé évêque à Hólar (Ib. X).

1117-1118. La législation islandaise est mise par écrit chez Haflidhi Mársson (Haflidhaskrá ou Bergthórslög) (Ib. X).

1118. Thorlák Rúnólfsson est sacré évêque de Skalaholt

(Ib. X). — Mort de l'évêque Gizor (Ib. X)

1120. Changement de cycle lunaire (aldamót) (Ib. X).

1121. Mort de l'évêque Jon Ogmundarson, à Hólar.

1122-1145. Ketil Thorsteinsson, évêque de Hólar.

1133. Fondation du premier monastère en Islande, à Thing-eyrar. — Mort de l'évêque Thorlák Rúnólfsson. — Mort de Saemund Sigfússon.

1136-1155. Sigurdh Haraldsson, roi de Norvège.

1145. Mort de l'évêque Ketil Thorsteinsson de Hólar.

1147. Bjorn Gilsson est nommé au siège épiscopal de Hólar.

1148. Mort d'Ari enn fródhi.

LES LÖGSÖGUMENN.[210]

1. Hrafn Höingsson, 930-949 (20 étés).

2. Thórarin, frère de Ragi, 950-969 (20 étés).

3. Thorkel Máni Thorsteinssson, 970-984 (15 étés).

4. Thorgeir Thorkelsson de Ljósavatn, 985-1001 (17 étés).

5. Grim Svertingsson, 1002-1003 (2 étés).

6. Skapti Thórodsson, 1004-1030 (27 étés).

7. Stein Thorgestsson, 1031-1033 (3 étés).

8. Thorkel Tjorvason, 1034-1053 (20 étés).

9. Gellir Bölverksson, 1054-1062 (9 étés).

10. Gunnar le Sage, 1063-1065 (3 étés).

11. Kolbein Flosason, 1066-1071 (6 étés).

12. Gellir Bölverksson, 1072-1074, pour la deuxième fois (3 étés).

13. Gunnar le Sage, 1075, pour la deuxième fois (1 été).

14. Sighvat Surtsson, 1076-1083 (8 étés).

15. Markús Skeggjason, 1084-1107 (24 étés).

16. Ulfhedhin Gunnarsson, 1108-1116 (9 étés).

17. Bergthór Hrafnsson, 1117-1122 (6 étés).

18. Gudhmund Thorgeirsson, 1123-1134 (12 étés).

19. Hrafn Ulfhedhinsson, 1135-1138 (4 étés). Ce dernier n'est plus mentionné dans le « Livre des Islandais ».


 

Biographie

A. Geffroy : L'Islande avant le christianisme, d'après le Gragas et les Sagas. (Des institutions et des mœurs du paganisme Scandinave). Paris, E. Leroux, 1897.

Rask : Mémoire sur la découverte de l'Amérique par les Scandinaves au Xe siècle. Traduit du danois par X. Marmier.

X. Marmier : Lettres sur l'Islande, 4e éd. Paris, 1855.

Nialssaga. Kph. 1875. Trad. en français par R. Dareste. Paris, E. Leroux, 1897.

 

 


 

[1] C’est-à-dire habitants des bords du Breidhifjordh, sur la côte occidentale de l’Islande.

[2] Ce terme désigne les rois norvégiens qui descendent de Yngvi-Frey. Cf. la Ynglinga saga (attribuée à Snorri Sturluson) et le Ynglingatal du scalde Thjódholf (9e et 10e siècle), ainsi que l’appendice II.

[3] Une ramification du Breidhifjordh.

[4] Annales Islandorum regii écrites entre 1306 et 1328 et continuées plus tard jusqu'à la fin du XVIe siècle; éd. par G. Storm sous le titre de Islandske annaler. Christiania, 1888. LXXXIV-667 pages.

[5] Le nom de Joreidh est cité dans le Landnámabók, IV, ch.9.

[6] Snorri, dans l'avant-propos du Heimskringla, raconte qu'Ari naquit l'hiver qui suivit la mort du roi de Norvège Harald Sigurdharson († 1066).

[7] L'école de Hall date de 999. Saemund Sigfusson en fonda une dans sa propriété à Oddi, vers 1083. Isleif établit celle de Skalaholt (1057) et, Ögmund celle de Holar (1107). On y enseignait la lecture, l'écriture, la poésie, un peu de latin et de théologie. Ceux dont la fortune le permettait allaient continuer leurs études en Allemagne, en Angleterre, en France, en Italie.

[8] Il est certain qu'Ari était propriétaire d'un godhord, circonscription sur laquelle domine un godhi ; celui-ci était à la fois chef politique, prêtre et magistrat dans son district. (Cf. notes 95 et 96).

[9] Ces allusions sont fréquentes dans le Heimskringla, la Oláfs saga ens helga et le Flateyjarbok (récits datant de la fin du XIVe siècle et relatifs aux Flateyjar, «  îles plates », dans le Breidhifjordh).

[10] V. p. ex. le roi Eadmund (ch. I), Harald aux beaux cheveux (ch. I), Olaf Tryggvason (ch. VII), Olaf le Gros (ch. VIII), Harald le Sévère (ch. IX).

[11] Voyez les généalogies des premiers évêques islandais et d'Ari. (Appendices I et II.)

[12] Le Landnámabók est attribuée aujourd'hui à Styrmir enn fródhi (f 1245) et au poète Sturla Thordharson (1214-1284) ; Hauk Erlendsson (1294-1334) y aurait mis la dernière main.

[13] Cf. à ce sujet : A. Geffroy : L'Islande avant le christianisme, d'après le Grágas et les Sagas. Paris, E. Leroux, 1897, pp. 30, 61 et suiv.

[14] V. Livre des Islandais, note 46 et la série de ces lögsögumenn indiquée à la fin de l'ouvrage.

[15] Par exemple : le Konungabok qui est perdu et que l'on attribue quelquefois à Ari lui-même (v. plus haut, p. 21); l’Agrip af Noregs Konungasögum d'un auteur inconnu et qui embrasse les années 850 à 1160; l'Historia de antiquitate regum Norvagensium (de Harald hárfagri jusqu'en 1130) du moine Thjódhrek, composée vers 1180.

[16] Cf. E. Chr. Werlauff : De Ario multiscio, antiquissimo Islandorum historico. Hafniae, 1800, p. 37 et suiv. — Th. Möbius : Catalogua librorwn Islandorum et Norvegicorum aetatis mediae, editorum, versorum, illustratorum. Lipsiae, 1856, p. 116 et suiv. — Idem : Verzeichniss der auf dem Gebiete der altnordischen faltisländischen und altnorwegischen) Sprache und Litteratur von 1855-1879 erschienenen Schriften. Leipzig, 1880, p. 76 et suiv. — Pour les années suivantes, v. Arkiv for nordisk Filologi, udgivet... ved Gustav Storm. Christiania, 1882-88. Lund, 1889 et suiv. — Cf. aussi Ares Isländerbuch von W. Golther. Einleitung, p. XXIV.

[17] Thorlák Runólfsson, troisième évêque de Skalaholt, en Islande, de 1118 à 1133.

[18] Ketil, deuxième évêque de Holar, en Islande, de 1122 à 1145.

[19] Saemund Sigfusson (1056-1133), surnommé enn fródhi, « le Savant », descendait d'une des plus nobles familles d'Islande. De bonne heure il se mit à voyager, visita l'Allemagne, la France, l'Italie, amassant des connaissances nombreuses et variées concernant les chroniques populaires, les mœurs et la poésie de ces pays. Rentré dans sa patrie, vers 1083, il fonda dans son domaine, à Oddi, une école et répandit l'instruction. Plusieurs ouvrages lui ont été attribués, notamment le recueil des chants connu sous le nom de « Vieille Edda » ou « Saemundar Edda », dont l'évêque Brynjolf Sveinsson (1605-1675) découvrit le manuscrit en 1643. Mais ni les chants qui par la forme et par le contenu sont de beaucoup antérieurs au xiie siècle, ni le recueil qui date d'environ 1240, ne peuvent être de lui. Il paraît être l'auteur d'une histoire des rois des Norvège jusque vers 1047, qui est perdue et que l'on suppose avoir été rédigée en latin. Lié d'amitié avec Ari, Saemund contribua par son savoir et sa critique à l'élaboration de Hslendingabók. Au moyen âge il circulait mainte légende sur son compte. Pour les traditions qui se rapportent à lui, voir K. Maurer: Islandische Volkssagen der Gegenwart, vorwiegend nach mündlichen Ueberlieferungen gesammelt und verdeutscht (Leipzig, 1860).

[20] Habitants des « Upplönd », c'est-à-dire des territoires montagneux dans l'est et le sud-est de la Norvège, en opposition avec les régions maritimes.

[21] Harald enn hárfagri était un des nombreux petits princes indépendants de Norvège. En 872, il vainquit à la bataille de Hafrsfjordh les derniers rois régionaux, « fylkeskonungar » (cf. Vatnsdaela saga, ch. VIII et IX. — Olafs Tryggvasonar saga, ch. I), réunit le pays tout entier sous sa domination et par son despotisme provoqua l'émigration de toute l'aristocratie Norvégienne qui porta ses pénates en Islande récemment découverte et y fonda, vers 874, une république qui conserva son indépendance pendant quatre siècles. (Cf. A. Geffroy : L'Islande avant le christianisme, d'après le Gragas et les Sagas. Paris, 1897. p. 17 et suiv.). Harald régna de 860 à 933. Il encouragea la culture de la poésie ; sa cour était un lieu de réunion recherché par les scaldes ; son règne fut réellement l'âge d'or de la poésie scaldique; lui-même était poète. Des femmes même faisaient valoir leurs talents à la cour de Norvège; on connaît le nom de Hild Hrolfsdottir qui, d'après une tradition, était la mère de ce Hrolf ou Rollon qui conquit la Normandie. Les exploits d’Harald sont racontés dans la Haralds saga hárfagra et, en partie, dans la Saga d'Olaf Tryggvason (ch. I), la Vatnsdaela saga (ch. VIII et suiv.) et d'autres. La monarchie qu'il fonda ne put cependant être consolidée d'une manière définitive qu'un siècle plus tard par ses successeurs Olaf enn helgi (v. note 38) et son fils Magnus le Bon.

[22] Cette généalogie, empruntée à l'ancien Islendingabók, doit être une interpolation due à la main d'un copiste. —Les rois dont il est question ici forment le sujet de récits étendus dans les Konunga sögur (cf. notamment la Ynglinga saga, la Hálfdanar saga svarta. la Haralds saga hárfagra) contenues dans le Heimskringla de Snorri Sturluson, un des plus grands historiens et poètes de l'Islande (1179-1241).

[23] Ce chapitre contient en résumé ce qui est exposé d'une manière détaillée dans le Landnámabók ou « livre de la prise de possession » de l'Islande (éd. dans les Islendinga sogur I. Kjöbenhavn 1843), ouvrage qui a été longtemps attribué à Ari lui-même, mais auquel plusieurs écrivains islandais, notamment Styrmir enn fródhi († 1245) et le poète Sturla Thordarson (1214-1284) semblent avoir collaboré; la forme actuelle est un remaniement dû à Hauk Erlendsson (1294-1334). L'histoire des premiers colons et de leurs familles se trouve complétée et développée dans un grand nombre de sagas, surtout dans la Eyrbyggjasaga. Cf. K. Maurer : Die Entstehung des islandischen Staates und seiner Verfassung (Beiträge zur Rechtsgeschichte des germanischen Nordens, I. Heft), München, 1852. — A. Geffroy : L'Islande avant le christianisme, Paris, 1897, p. 11 et suiv.

[24] L'éducation des enfants se faisait souvent en dehors de la maison paternelle. Généralement dès l'âge de sept ans ils étaient reçus dans la famille d'un homme instruit qui enseignait aux fils les connaissances de l'époque ; c'était le fóstri ou fóstrfadhir (père nourricier ou adoptif); la fóstra (mère nourricière) instruisit les filles dans les travaux domestiques. Les enfants qui recevaient ainsi dans la même maison une éducation commune étaient des fóstrsyzkin (all. Pflegegeschwister); on les appelait fóstrbroedhr (angl. fosterbrothers) quand ce n'étaient que des garçons. D'ordinaire ils étaient deux; et lorsque, par suite d'un séjour prolongé sous le même toit, ils avaient appris à se connaître et à s'estimer, il arrivait souvent qu'ils concluaient pour toute la vie un pacte d'amitié fraternelle, « fóstrbroedh-ralag », accompagné de certaines cérémonies. Cf. K. Weinhold : Altnordisches Leben, p. 285 et suiv. — H. Paul : Grundriss der germ. Phil. III, p. 415 et suiv. (2e éd. 1898). Des coutumes analogues existaient chez les Arméniens (Tacite, annal. 12, 47) et chez les Scythes (Herod. 4, 70). Dans la Frithjófssaga, Frithjóf et Ingeborg sont fóstrsyzkin chez Hilding ; dans la Gunnlaugs saga ormstungu, Skúli Thorsteinsson et Gunnlaug sont fóstrbroedhr dans la maison de Thorstein (fóstra : got. fódjan, aha. fótan. mha. vuoden : nourrir, élever).

[25] Le premier évêque indigène d'Islande; il en sera question au ch. IX.

[26] A la fois prêtres, chefs politiques et magistrats d'une circonscription appelée godhord, les godhar ont joué un rôle très important dans l'organisation de la république (v. notes 74 et 75). Snorri est le fils de Thorgrim Kjallaksson dont il est question au ch. V de la Gunnlaugs saga, et un des plus glorieux représentants de la famille des Ayfirdhingar dont les destinées sont racontées tout au long dans la Eyrbyggja saga.

[27] Teit (cf. introduction), Thorkel Gellisson et Thoridh comptent parmi les principaux rapporteurs de notre historien.

[28] Ragnar Lodhbrok, roi mi-légendaire mi-historique du Danemark, dont le règne se place dans la seconde moitié du viiie siècle. On attribue à la femme de Ragnar, appelée Aslaug ou .Kraka, le beau chant de mort de Ragnar, connu sous le nom de Krákumál (29 strophes). Aslaug, d'après la Saga mythologique des Vólsungar, serait la fille du Sigurdh et de la Brynhild de l'Edda. Cf. aussi Landnámabók (Islend. Sögur I, p. 324. 1843) et la plus ancienne femme poète de langue germanique. La Ragnars saga Lodhbrokar raconte la vie du roi. Le nom de Ragnar Lodhbrok est devenu rapidement populaire dans la plupart des pays d'Europe; il se retrouve dans les chroniques anglo-saxonnes et même dans les vieilles chroniques françaises. Les poètes scandinaves ont célébré à l'envi les exploits du héros. Jusqu'aux xve et xvie siècles il circulait sur lui des chants, « Ragnars táttur », (táttur : petite chanson), originaires des Féroé. V. l'histoire de ce roi dans les Lettres sur l'Islande (ch. V) de X. Marmier, où se trouvent traduites en français les plus touchantes strophes du Krákumál. Eagnar Lodhbrok est le héros d'un poème épique, la dernière grande œuvre d'Oehlenschlaeger (1848).

[29] St Eadmund, roi de l’Est-Anglie, de 855 à 870. Par l’« histoire de ce roi », il faut entendre la Passio Sancti Edmundi écrite vers 980 par S. Abbon, abbé de Fleury († 1004), connu sous le nom de Abbo Floriacensis.

[30] Avant Ingolf Arnason et son frère consanguin Leif Hrodmarsson, surnommé plus tard Hiörleif, qui furent les premiers véritables colons, d'autres voyageurs avaient abordé en Islande, mais sans s'y établir : le Norvégien Naddod qui l'appela Snaeland, « terre de neige », (861), le Suédois Gardhar (864), le Norvégien Floki Vilgerdarson de Rogaland (pays de Stavanger) qui donna à l'île le nom d'Island, « terre de glace » (865), Thorolf au Beurre, ainsi appelé parce qu'il faisait accroire aux Norvégiens qu'en Islande les plantes distillaient du beurre en abondance. Cf. Th. Thoroddsen : Gesch. der isländ. Géographie, I, pp. 19-32 (Leipzig, 1897); A. Geffroy : L'Islande avant le christianisme, p. 11 et suiv. ; les récits du Landnámabók, I, ch. 1 ; ainsi que la Hovard Isfjordhingssaga, ch. III.

[31] Reykjavik, dans une étroite presqu'île appelée Seltjarnarnes, sur la côte sud-est ; aujourd'hui Reykjavik, la capitale de l'Islande. Cf. Poestion : Island, das Land und seine Bewohner, nach den neuesten Quellen. Mit einer Karte. Wien, 1885, pp. 286, 410 et suiv. — Ce nom qui signifie baie fumeuse doit son origine aux vapeurs qui s'élèvent des sources thermales situées dans les environs.

[32] C'est-à-dire promontoire d'Ingolf, sur la côte méridionale. Cf. Poestion : Island, pp. 64 et 285.

[33] Petite langue de terre sur la côte sud-est de l'Islande; la position géographique n'en est pas absolument certaine.

[34] Ce nom désignait autrefois la rivière qui sert à l'écoulement vers le sud des eaux de l'Ölfussvatn (aujourd'hui Sog), grand lac appelé aussi Thingvallavatn du nom de l'Althing établi sur ses bords (Thingvellir : plaine du thing). Cf. Poestion : Island, p. 214.

[35] C'est-à-dire mont d'Ingolf, sur la côte sud-ouest.

[36] Ces prétendues forêts n'étaient sans doute que des massifs de bouleaux de petite taille. Du reste, leur étendue diminua rapidement par suite du déboisement qu'entraîna le développement de la colonie, et aussi à cause du gaspillage auquel se livrèrent les colons.

[37] L'Islande n'était donc pas une terre absolument ignorée avant l'arrivée des Norvégiens. Cependant il n'y restait guère de traces d'habitation ; et les Scandinaves n'avaient aucune connaissance des voyages de ces missionnaires irlandais que leur zèle d'évangélisation avait répandus dans les îles du Nord et qui avaient visité l'Islande dès le VIIIe siècle. Ces papar dont parle également le moine géographe irlandais Discuil dans son livre De mensura orbis terrae (écrit vers 825) étaient une espèce d'anachorètes; ils ont laissé leur nom à différents endroits, tels que Papafjordh, Papey, etc. Cf. Thoroddsen : Gesch. der island. Géographie. Leipzig, 1897. Vol. I, pp. 15-18.

[38] Olaf II Haraldsson, surnommé enn digri, « le Gros », et plus tard enn helgi, « le Saint », fils d'Olaf Tryggvason (v. note 108), fut un de ces fameux rois aventuriers (vikingar) qui ravagèrent les côtes d'Allemagne, de France et d'Espagne. Il fit une expédition contre les Danois établis en Angleterre, imposa sa domination à toute la Norvège et même aux Orcades et aux Féroé, raffermit la monarchie fondée par Harald hárfagri et restaura le christianisme un moment délaissé (1015). Renversé du trône par Knut le Grand, il fut tué deux ans plus tard, en 1030, à la bataille de Stiklastadhir, près de Drontheim. — Olaf avait le goût de la poésie ; bien que condamnant les souvenirs mythologiques, il aimait à s'entourer de scaldes qui chantèrent sa vie et ses exploits, et, bien que chrétiens de nom, continuèrent à cultiver la forme traditionnelle de la poésie. Après sa mort, ses sujets l'honorèrent comme un saint. Un des plus grands scaldes islandais, Sighvat Thordharson, célébra les expéditions d'Olaf dans ses Vestrvikingarvisur et composa un flokkr sur sa victoire de Nesjar (1015). La Oláfssaga ens helga (éd. par Munch et Unger en 1853), une des œuvres les plus remarquables de la littérature des sagas, attribuée par les uns à Styrmir le Savant, par d'autres à Snorri Sturluson, ainsi que les chants populaires qui circulaient dans les pays du Nord sous le nom de Olás vtsur attestent la gloire et la popularité de ce roi. Il eut comme successeur son fils Magnus le Bon. — Cf. Heimskringla, ch. VII. Dr Ph. Schweitzer : Geschichte der altskandinavischen Litteratur, von den ältesten Zeiten bis zur Reformation. Leipzig, Wilh. Friedrich, 1885, p. 117 et suiv.

[39] Une mörk (marc) = 8 aurar (onces, du latin aureus). Une mörk silfrs (marc d'argent) représente à peu près une valeur de 45 francs. Un eyrir (once) = 30 penningar. Au sujet du système monétaire chez les anciens Scandinaves, voir détails dans H. Paul : Grundriss der germ. Phil. III, p. 473 et suiv. (2e éd. 1898).

[40] Jarl — comte. (Cf. angl. earl, angl.-sax. eorl, got. airls, as. erl). Lorsqu'un roi était parvenu à réunir en une seule monarchie plusieurs petits Etats, il faisait administrer ceux-ci par des jarls (espèce de gouverneurs ou vice-rois) qui, de ce fait, lui devaient un tribut et du secours en cas de guerre. — A l'origine, ce terme désignait tout homme libre; plus tard, il s'appliquait à la classe des nobles et des guerriers de haute naissance. L'Islande où il n'y avait point de noblesse, n'a connu en réalité qu'un seul jarl ; c'était, peu avant la chute de la république, l'Islandais Gizor Thorvaldsson, qui reçut cette dignité à Bergen, en 1258, du roi de Norvège Hákon Sverrisson.

[41] Moeri, contrée située sur les bords du golfe de Drontheim. Rögnvald de Moeri prit part à la bataille de Hafrsfjordh, à la suite de laquelle Harald aux beaux cheveux établit sa domination sur toute la Norvège. Harald lui conféra, vers 874, en échange d'un tribut annuel, la dignité de jarl dans les îles Shetland et les Orkneyjar. Cf. Vatnsdaela saga, ch. IX.

[42] Sidfia, c'est-à-dire « côté », désigne les contrées méridionales du quartier de l'Est.

[43] Appelé aussi Ketilbjorn enn gamli (l'ancien), fils de Ketil Flatnef (v. note 46).

[44] Mosfell : ainsi s'appelaient deux montagnes dont le nom fut donné à deux domaines des environs : Mosfell et nedhra (Mosfell-Bas) et Mosfell et ofra (Mosfell-Haut). Ce dernier était situé au N.-O. de Skalaholt et à l'E. de l'Ölfussvatn (v. note 18). Cf. Poestion : Island p. 416.

[45] Ödh ou Aud, appelée aussi Unn, porte ailleurs le surnom de en djúpúdhga, « la sage », ou djúpaudhga, « colossalement riche ». Elle avait épousé Olaf le Blond, roi de Dublin. Après la mort de celui-ci elle vécut successivement en Ecosse, dans les îles Orcades, aux Féroé et vint enfin se fixer à Hvamm, en Islande († vers 910).

[46] C'est-à-dire Plat-Nez. V. début de la Laxdoela saga (éd. par Kr. Kaalund. Halle, 1896) et de l'Eyrbyggja saga. Ketil Flatnef était un puissant seigneur de la vieille aristocratie Norvégienne qui refusa de se soumettre au pouvoir despotique de Harald hárfagri et se créa une souveraineté dans les Hébrides où il reçut le baptême. Les membres de sa famille se dispersèrent dans les îles voisines; ils vinrent, dès la fin du IXe siècle, occuper les différentes contrées de l'Islande et y répandirent les idées chrétiennes un siècle avant que le christianisme fût officiellement reconnu. — Le hersir ou heradhshófdhing norvégien était le chef d'un district appelé heradh. Ce titre équivalait à celui de godhi en Islande (cf. Germania XIV, p. 30 et suiv.). Le heradh correspondait à l'anc. ail. huntari, centena, car il signifie hundradh (centaine). Ces petites circonscriptions étaient une subdivision du fylki; tout comme celui-ci, elles avaient chacune leur thing et leur temple particuliers auxquels présidait le hersir.

[47] Breidhifjordh, « large baie », la plus septentrionale des deux grandes baies de l'ouest.

[48] Ayjafjordh ou Eyjafjordh, « baie des îles », sur la côte septentrionale de l'Islande. Helgi avait épousé Thorun hyrna (la cornue), fille de Ketil Flatnef (v. note 46). Cf. Landnámabók, III, ch. 12.

[49] En l'absence de toute organisation politique et de tout pouvoir pondérateur, les rivalités entre les familles se manifestèrent avec une violence croissante ; les désordres qui éclatèrent à tout instant engagèrent les Islandais, qui voyaient dégénérer leurs institutions, à les renouveler à leur source. La république comptait déjà un demi-siècle d'existence, lorsque l'Islandais Ulfljót partit pour la Norvège, d'où il revint trois ans plus tard avec un code, fruit des conseils et de l'expérience de son beau-frère Thorleif, surnommé le Sage. — Les Ulfljótslog (lois ou code d'Ulfljót) étaient modelées sur les Gulathingslog (lois ou code du Gulathing), c'est-à-dire les lois en vigueur dans celles des contrées norvégiennes dont les notables se réunissaient en assemblée (thing) dans l'île de Gui, au sud-ouest de la Norvège, sauf les amplifications, les omissions et les modifications que réclamaient les circonstances spéciales à l'Islande. Ce nouveau code fut discuté et adopté à l'Althing vers 930. Il ne faut pas y voir une législation absolument nouvelle, mais une simple codification de lois existantes destinée à établir dans tout le pays une juridiction uniforme et régulière. Cf. A. Geffroy : L'Islande avant le christianisme, etc., p. 33 et suiv. — Pour Gulathing cf. l'art, de K. Maurer dans l'Encycl. d'Ersch et Gruber. Chaque district Norvégien avait ses lois particulières dont le recueil porte le nom de l'assemblée principale (lögthing, allsherjarthing) où elles devaient être exposées annuellement. Nous connaissons notamment les Frostulhingslög, les Borgarthingslög, les Gulathingslög, la Eidhsifathingsbók — V. H. Paul : Grundriss der germ. Phil. III, pp. 113 et suiv. (2e éd. 1897) : Norweg. u. island. Bechtsbücher u. Gesetze.

[50] C'est-à-dire habitants du Djupdal, « vallée profonde », sur les bords de l'Ayjafjordh, dans le nord de l'Islande.

[51] C'est-à-dire Kári du pays de Hördha, dans le sud-ouest de la Norvège.

[52] Territoire sur la côte orientale de l'Islande. Cf. Poestion : Island, p. 200.

[53] Grim « à la barbe de chèvre » avait reçu une somme fourme en commun par tous les notables islandais pour visiter l'île et rechercher l'emplacement qui conviendrait le mieux à la future assemblée générale. Celui qu'il désigna correspondit singulièrement par son étrange majesté à la sévérité du génie Scandinave et à la dignité du rôle auquel il fut réservé (A. Geffroy : L'Islande avant le christianisme, etc., p. 50). Voy. ibid. la description de cet emplacement. — Kaalund : Bidrag til en historisk-topografisk Beskrivelse af Island I (1877), p. 135 et suiv.

[54] Un penning = 1/30 eyrir. V. note 39.

[55] Le thing est une assemblée politique et judiciaire. En Islande, il y avait un Althing, établi en 930, assemblée générale annuelle des notables de toutes les parties de l'île; c'était une espèce de champ de Mars qui se tenait dans la seconde moitié du mois de juin (pendant la première quinzaine de juillet, selon le calendrier grégorien), dans une plaine appelée Thingvellir et située au nord du Thingvallavatn (autrefois Ölfussvatn), au nord-est de Reykjavik. Cette plaine est traversée par un torrent, l'Öxará, qui forme plusieurs escades et donne au paysage un aspect grandiose à la fois et pittoresque. Cf. Kr. Kaalund : Bidrag til en historisk-topografisk Beskrivelse af Island I, pp. 90 et suiv. — L'Althing comprenait, outre une assemblée législative appelée logretta (v. note 95), une assemblée judiciaire composée de la réunion des quatre grands tribunaux de l'Islande (v. ch. V) à laquelle s'est ajouté en 1004 le fimtardomr, « cinquième tribunal » (v. ch. VIII). — Le várthing, « thing du printemps » se tenait au printemps dans chacun des treize districts (il y avait trois districts dans chacun des quartiers du sud, de l'est et de l'ouest, et quatre dans celui du nord). — Les godhar (v. notes 26, 95 et 96), après leur retour de l'Althing, tenaient un haustthing, « thing de l'automne » afin de permettre à ceux qui n'avaient pas assisté à l'Althing de prendre connaissance des affaires qu'on y avait traitées et des résolutions qui y avaient été prises. Ces trois espèces de things constituaient les assemblées régulières. En outre, chaque quartier de l'île avait son thing particulier, appelé fjórdhungathing, « thing de quartier » dont il sera question plus loin, ch. V. — Voy. à ce sujet les intéressantes études de A. Geffroy : L'Althing considéré comme assemblée législative et politique; l'Althing considéré comme cour de justice, dans son ouvrage : L'Islande avant le christianisme, etc. — K. Maurer : Die Entstehung des island. Staates und seiner Verfassnng, p. 147 et suiv. — Id. : Island, pp. 48, 160 et suiv.

[56] Etroit promontoire non loin de Reykjavik. Le nom de Kjalarnes (kjolr, quille, et nes, cap) vient de la ressemblance que présente la configuration de ce cap avec la quille des longs navires dont se servaient les Scandinaves.

[57] Lögsögumadhr de 970 à 984. (V. note 46.)

[58] « Forêts bleues ». La Bláskógaheidhr (heidhr : plateau) désignait autrefois tout le territoire boisé qui entourait le Thingvallavatn (v. note 34) au sud, à l'ouest et au nord.

[59] La féodalité Norvégienne s'était constituée également en Islande, moins le roi. Il y avait des serfs (domestiques, thraelir) nés esclaves ou prisonniers de guerre. Ces esclaves, dont le prix variait entre un et trois marcs (45 à 135 frs.), étaient l'objet du plus profond mépris; leur laideur, leur imbécillité, leur lâcheté étaient proverbiales. Le seigneur avait sur eux droit de vie et de mort. Ils avaient la faculté de se racheter; souvent aussi la faveur du maître leur valut la liberté. Mais la troisième génération seulement d'un affranchi (leysingr) possédait la jouissance d'une indépendance complète et de tous les droits civils. A la suite de l'introduction du christianisme l'esclavage diminue rapidement et se trouve entièrement aboli vers 1300. Cf. K. Weinhold : Altnordisches Leben, p. 284, 438 et suiv. — H. Paul : Grundriss der germ. Phil. III, p. 425-426 (2e éd. 1898). — Presque toutes les sagas témoignent de l'existence de l'esclavage dans les anciens pays du Nord.

[60] « Baies de l'est. » Ce nom s'étend aux territoires environnants.

[61] Hall Oraekjuson, un des nombreux rapporteurs d'Ari.

[62] Kolsgjá; gjá = ouverture béante. On n'en connaît plus exactement l'emplacement.

[63] Ulfhedhin, fils de Gunnar le Sage, était lögsögumadhr de 1108 à 1116 et un des plus importants rapporteurs d'Ari.

[64] Le lögsögumadhr, « homme chargé de la récitation des lois », était le chef du comité législatif (lögretta) de l'Althing. Il avait pour mission de proclamer les lois du haut du lögberg, « rocher de la loi », de les faire connaître et de les expliquer au peuple réuni en assemblée. Le lögsögumadhr, désigné d'ordinaire pour un terme de trois étés, pendant lesquels il devait exposer toute la législation islandaise, était toujours un jurisconsulte habile et expérimenté. A l'époque où la loi n'était pas encore écrite, il devait la savoir littéralement par cœur et l'interpréter, dans l'intervalle des sessions, aux citoyens qui venaient le consulter. Il n'avait pas de pouvoir exécutif. Cf. K. Maurer : Die Entstehung des island. Staates etc., p. 147 et suiv. — A. Geffroy : L'Islande avant le christianisme etc., p. 58 et suiv. — K. Maurer : Das Alter der Gesetzsprecheramtes in Norwegen, M.micheii, 1875 (Sitzungsberichte der kgl. bayer. Akad. der Wiss., 1887, phil. hist. cl. II, 3, p. 363 et suiv.). — L'étude de Jón Sigurdhsson dans le Safn til sögu Islands II (1800-61), p. 1-250.

[65] Les anciens Scandinaves comptaient généralement par hivers et par nuits, selon l'antique croyance que du froid et des ténèbres naissaient la chaleur et la lumière. Gf. K. Weinhold : Altnord. Leben, p. 375. — Caes. bell. Gall. VI, 18. — Tacit. Germ. 11.

[66] Hrafn Hóingsson, né vers 879, fut le premier à remplir les fonctions de lögsögumadhr, de 930 à 949. Ulfljót, le législateur, n'a pas été lögsögumadhr, comme Ari le fait supposer et comme certains écrivains l'ont affirmé. En effet, Hrafn fut désigné l'année même où ces fonctions ont été créées par la mise en vigueur du code d'Ulfljót.

[67] Territoire compris entre la Vestr-Ranga et l'Eystr-Ranga, dans le sud-ouest de l'Islande. (Voy. la carte).

[68] En 870 (v. note 29).

[69] De 950 à 969. Cf. au sujet de sa famille, la Njáls-saga, ch. XIII et suiv. (trad. par R. Dareste, Paris, E. Leroux, 1896, p. 26).

[70] Il existe en Islande plusieurs golfes de ce nom. Il s'agit ici d'une des deux baies étroites qui se trouvent au fond du grand golfe Faxafjordh, sur la côte occidentale. Ce nom s'applique également aux contrées environnantes. Cf. Landnámabók I, ch. 19. — Poestion : Island, p. 47 et 289.

[71] K. Maurer (Germania XV, p. 317) remarque ici une négligence du libellus. Le chapitre IV devrait être placé après le chap. V. En effet, le règlement du calendrier ayant été fait sur les conseils de Thorkel Mani, il eût été plus logique de ne pas le séparer de l'époque où Thorkel exerça les fonctions de lögsögumadhr (970-984).

[72] « Ils avaient compté en deux semestres quatre jours de la quatrième centaine » (la grande centaine germanique, « tolfraett », = 120; donc 3 fois 120 plus 4 = 364 jours) « ou deux semaines de la sixième décade » (c'est-à-dire cinquante-deux).

[73] Les années ne comptant que 364 jours au lieu de 365, chacune d'elles commençait un jour trop tôt, et l'année bissextile deux jours trop tôt. — La division de l'année en mois et en saisons, en Islande, ne correspondait nullement à celle de nos jours. L'année comprenait deux semestres (misseri), l'hiver et l'été. L'hiver, d'après notre chronologie, commençait vers la mi-octobre, l'été vers la mi-avril. Du reste, on ne comptait pas par mois, mais par semaines, et l'on disait, par exemple, la dixième semaine de l'hiver, la quinzième semaine de l'été. — Le jour n'était pas divisé en heures, mais en deux parties : le jour proprement dit et la nuit, comprenant chacune plusieurs subdivisions d'égale durée, déterminées d'après la marche apparente du soleil. La première période du jour, appelée morgunn, rismál ou rennandi dagr (point du jour), commençait vers 4 ½ heures (suivant notre façon de compter), le soleil apparaissant à l'orient; la seconde s'appelait dagmál ou öndverdhr dagr (commencement du jour), le soleil étant au sud-est; la troisième, hádegi (zénith), le soleil étant au sud, et la quatrième, ofanverdhr dagr ou hnigandi dagr (déclin du jour), le soleil se trouvant au sud-ouest La nuit commençait vers 4 1/, heures de l'après-midi et comprenait également quatre périodes : aptann (soir), öndverdh nótt (commencement de la nuit), midh-naetti (minuit) et ötta (correspondant au crépuscule du matin). Dr Ph. Schweitzer : Gesch. der altskand. Litt. Berlin, 1885, p. 193. — K.Weinhold: Altnordisches Leben. Berlin, 1856, p. 375 et suiv. — H. Paul : Grundriss der germ. Phil. III, p 446-447 (29 éd. 1898).

[74] V. note 30.— Thorsteinn Surtr, † 960 (cf. Laxdaela saga, ch. 18).

[75] Th. Mostrarskegg († 918), ainsi appelé d'après l'île Mostr (s.-o. de la Norv.). Skegg, « barbe », doit avoir eu primitivement le sens de skeggi, « homme ». — Thorsteinn enn raudhi, fils d'Olaf le Blond et d'Unn (v. note 45), était un ancêtre d'Ari. (V. la généalogie d'Ari, appendice II).

[76] Le lögberg, « rocher de la loi », était une élévation de terrain qui se trouvait à l'endroit même où se réunissait l'Althing et du haut de laquelle le lögsögumadhr (v. note 64) faisait ses proclamations et adressait au peuple assemblé autour de lui les instructions et les communications officielles.

[77] Grand-père paternel et tuteur d'Ari jusqu'à l'âge de sept ans, † 1073. Cf. l'introduction. — Sur Osyfr ou Osvifr enn spaki (le Sage) et sa famille, voy. Laxdaela saga, ch. 32, et Landnámabók II, ch. 11 († 1016).

[78] Dans presque toutes les sagas il est question de rêves merveilleux qui se réalisent. Cf. W. Henzen : Ueber die Traume in der altnordischen Sagalitteratur. Leipzig. Diss. 1890.

[79] Fils du colon Thorstein Ingófsson ; lögsögumadhr de 970 à 984. (V. note 71.)

[80] Pour que le calcul fût exact, la semaine qu'il s'agit d'intercaler tous les sept ans ou, lorsque dans cette période se présentaient deux années bissextiles, tous les six ans, devait compter huit jours. En effet, d'après l'ancien système, les sept années réunies compteront 7 x 365 + 1 = 2556 jours, et, d'après le nouveau système, 7 x 364 + 8 = 2556 jours.

[81] En effet, 6 x 365 + 2 = 2192, et 6 x 364 + 8 = 2192. — Cette semaine intercalaire porte dans le calendrier islandais le nom de sumarauka, « supplément de l'été ».

[82] Le récit détaillé de cette querelle forme l'objet de la Hönsna-Thoris saga. Cf. K. Maurer : Veber die Honsa-Thorissaga (Abh. d. Münch. Ak. d. Wiss.I. Cl., XII. Ed., II, Abth.) p. 157 et suiv. — A. Heusler : Zwei Islander-Geschichten (Einleitung zur Hönsna-Thóres saga). Berlin 1897, pp. I-XXVIII.

[83] Un des plus puissants seigneurs du Breidhifjördh (v. note 47). Cf. Landnámabók V, ch. 15. La Laxdaela s. et l'Eyrbyggja s. le présentent comme une des grandes personnalités de l'époque. Le Landnámabók (II, ch. 16) atteste l'existence d'une saga qui est perdue et dont Thord Gellir (Th. « le hurleur ») a été le héros.

[84] Le premier des ancêtres d'Ari qui vint se fixer en Islande (886-948). V. l'introduction.

[85] Odd Önundarson, chef puissant du Borgarfjordh. Le surnom de Tunga lui est venu de la langue de terre (tunga} où était située sa propriété. Il est compté au nombre des plus grands seigneurs des contrées méridionales (Landnámabók V, ch. 15). Cf. Egilssaga, ch. 84.

[86] V. note 70.

[87] « Thorir aux poules », marchand fameux du Xe siècle, ainsi appelé parce qu'il se livra au commerce de volailles dans les pays du Nord.

[88] Thorkel Blundketilsson fut brûlé vif dans sa maison en 964. — Ornolfsdal, sur la rive gauche de la Thverá, dans l'ouest de l'Islande. Cf. Hönsna-Thoris saga, ch. IX. (éd. par A. Heusler. Berlin, 1897).

[89] Langue de terre formée par la jonction de deux rivières. Il y eut à Thingnes des assemblées de notables avant et même après l'établissement de l'Althing.

[90] Dalir = vallées. Il s'agit des Breidhafjardhar-Dalir (Laxárdalr, Hauka-d., Snóks-d., Hördha-d. etc.), à l'est et au sud-est du Hvammsfjordh, dans la partie occidentale de l'Islande.

[91] Quartiers de l'Ouest, du Nord, de l'Est et du Sud (Vestfirdhinga , Nordhlendinga , Austfirdhinga et Sunnlendinga (ou Rangaeinga) fjórdhungr. (Voy. la carte de l'Islande à la fin de l'ouvrage). Pour les limites de ces subdivisions territoriales, cf. K. Maurer : Island, pp. 155 et suiv.

[92] V. note 48. Il s'agit ici des contrées qui entourent le golfe.

[93] Baie et territoire sur la côte septentrionale de l'Islande, à l'ouest de l'Ayjafjordh.

[94] Un grand nombre de ces things régionaux primitifs, établis arbitrairement parles chefs de l'émigration, furent absorbés par ceux qui furent institués lors de la subdivision du territoire en quartiers. (Voy. la carte de l'Islande, à la fin de l'ouvrage).

[95] Considéré comme assemblée législative, l'Althing prenait le nom de lögretta (= comité législatif), c'est-à-dire qui corrige, qui précise et qui fait la loi. La lögretta se réunissait pendant les deux dimanches et pendant le dernier jour de l'Althing, lequel se tenait pendant toute la seconde moitié du mois de juin de chaque année, c'est-à-dire pendant le temps où les longs et clairs crépuscules rejoignent l'aurore avec une totale absence d'obscurité. Il pouvait toutefois se réunir plus souvent, si son président ou la majorité des assistants le requérait. La lögretta se composait des godhar ou magistrats locaux de tout le pays. Chacun d'eux se faisait accompagner de deux assesseurs choisis par lui-même entre les habitants de sa circonscription. Quatre triples rangées de bancs, une pour chaque fiordhungr ou quartier, entouraient l'espace carré de la lögretta; douze godhar étaient assis sur le banc du milieu de chaque rangée, chacun ayant, devant et derrière soi, sur les deux autres bancs, ses deux assesseurs. La lögretta comptait 144 membres sans le président. Celui-ci siégeait seul au milieu de l'espace réservé entre les bancs, dans lequel il introduisait, au besoin, un orateur. La foule des assistants se tenait debout derrière l'enceinte ainsi occupée : « Extra subsellia sedeat multitudo ». (A. Geffroy : L'Islande avant le christianisme, d'après le Gragas et les Sagas. Paris, 1897, p. 57 et 58). — A l'origine, le godhi (cf. got. gudja) ou hofgodhi n'exerçait qu'un pouvoir purement sacerdotal; il présidait au temple (hof ou höfudhhof) et aux sacrifices. En Islande, il s'adjoignit de bonne heure la direction des affaires temporelles. Comme chef politique et magistrat il portait le titre de höfdhingi, fyrirmadhr, yfirmadhr, etc. Cf. H. Paul : Grundriss III, pp. 339-340 (2e éd. 1898). — La lögretta constituait véritablement l'assemblée législative et le centre du gouvernement; c'est elle qui prenait les mesures administratives et toutes les décisions qui concernent l'intérêt de la république et les faisait publier et interpréter par son président, le lögsögumadhr. Le pouvoir judiciaire lui fut enlevé en 965 et attribué aux tribunaux de quartiers.

[96] L'Islande est divisée en quatre quartiers ; les quartiers de l'ouest, du nord et de l'est avaient chacun neuf godhar, qui sont les chefs du gouvernement ; trois godhar se réunissent pour former le comité d'un thing. Ainsi, à côté de la grande assemblée générale (Althing), il existe dans chaque quartier trois things principaux qui se tiennent au printemps et en automne, avant et après l'Althing qui se réunit, au mois de juin. Certaines circonstances locales exigeaient dans le quartier du nord douze godhar et par suite quatre things. Les godhar intervenaient dans le gouvernement du pays en ce sens qu'ils siégeaient dans la lögretta avec leurs assesseurs et nommaient les juges pour les tribunaux de quartiers. Pour que le nombre des godhar fût le même dans les divers quartiers, on procéda de la manière suivante : La lögretta comprenait trois bancs de 48 sièges, le banc du milieu étant réservé aux godhar, les autres aux assesseurs. Par l'élection de trois vice-godhar ou suppléants dans chacun des quartiers de l'est, du sud et de l'ouest, on arrivait au chiffre 12, comme dans le quartier du nord. Chacun des 48 membres (au lieu des 39 vrais godhar) de l'assemblée choisissait deux assesseurs ; de sorte que la lögretta comptait 144 membres sans le président et sans compter les deux évêques qui en faisaient partie plus tard. Les tribunaux de quartiers auprès de l'Althing comptaient chacun 36 juges : chacun des douze godhar du Nord en choisissait trois, les neuf godhar de chacun des autres quartiers, quatre; en tout donc 144 juges, soit 36 pour chaque tribunal. — De cette façon, la désignation des juges et les élections pour la lögretta se faisaient dans les mêmes proportions dans chaque quartier, bien que les godhar du Nord fussent supérieurs en nombre. (W. Golther : Ares Isländerbuch. Halle, 1892, p. 10). — Cf. A. Geffroy : L'Islande avant le christianisme etc. p. 30, 61, 109 et passim. — K. Maurer : Die Quellen-zeugnisse über das erste Landrecht und über die Ordnung der Bezirksverfassung des isländischen Freistaates. (Abh. der bayer. Akad. der Wiss.). München, 1869, p. 76 et suiv. — Skandinavische Rechtsaltertiïmer dans H. Paul : Grundriss der germ. Phil. III, pp. 153 et 154 (2e éd. 1897). K. Maurer : Island von seiner Entstehung bis zum Untergange des Freistaates. München, 1874, p. 54 et suiv.

[97] La loi relative à l'établissement des things de quartier en 965 se rattachait immédiatement à celle qui concerne la division du pays en quartiers et à l'institution des tribunaux de quartier auprès de l'Althing. Cf. Eyrbyggjasaga, ch. X. — Le récit d'Ari se retrouve textuellement, sauf quelques modifications de détail, dans la Hönsna-Thoris saga, ch. XIV.

[98] Voir note 45.

[99] Thorstein était, comme son père Ingolf Anarson, un des premiers colons islandais.

[100] De 970 à 984.

[101] De 985 à 1101. —Ljósavatn, le domaine du godhi Thorgeir, était situé à l'ouest d'un lac du même nom, sur la rive gauche du Skalfandafljót, dans le nord de l'Islande.

[102] Tout ce que la littérature islandaise rapporte de la découverte et de la colonisation du Groenland et du Vinland. (V. note 83) se trouve rassemblé, traduit et accompagné de commentaires détaillés dans les deux grands ouvrages : Antiquitates americanae, éd. par Rafn, F. Magnusson et Sv. Egilsson. Copenhague, 1895. Grönlands historiske Mindesmaerker, par Rafn et Magnusson, 3 vol. Copenhague, 1838-45. — Cf. aussi Rafu : Mémoire sur la découverte de l'Amérique par les Scandinaves au Xe siècle, traduit du danois par X. Marmier (Voyages et Littérature. Paris, Hachette, 1888, p. 1-36). — K. Maurer: Geschichte der Entdeckimg Ostgroenlands dans l'ouvrage: Die zweite deutsche Nordpolfahrt in den Jahren 1869-70, vol. I. (Leipzig, 1873), p. 201 et suiv. — Arthur M. Reeves: The finding of Wineland the good. London, 1890. — Edm. Neukomm : Les dompteurs de la mer (Paris, Hetzel, 1897). Cet ouvrage comprend 4 parties dont les trois premières traitent de la découverte et de la colonisation de l'Amérique par les Scandinaves. — Eirikr enn raudhi Thorvaldsson aborda le premier au Groenland, en 982, à l'endroit appelé depuis Eiriksfjordh. Son fils aîné Leif et plus tard ses autres fils continuèrent la série des découvertes. La colonie groenlandaise eut une existence indépendante et assez prospère de quatre siècles et demi. Elle resta en rapports suivis avec l'Europe jusqu'au XIVe siècle; à cette époque elle fut complètement oubliée.

[103] C'est-à-dire terre verte. Les aventuriers qui avaient abordé en Islande avant Ingolf et aussi les colons qui y sont venus dans la suite et ont poursuivi leurs pérégrinations jusqu'au Groenland et au Vinland, dans le but d'éveiller les convoitises des Norvégiens et de les engager à y émigrer, se plaisaient à leur raconter force merveilles des pays qu'ils avaient découverts. Cf. Landnámabók, I, ch. 2 et la seconde partie du Flateyjarbók.

[104] Il semble prouvé que le Vinland correspond au Massachussetts et à Rhode-Island d'aujourd'hui. Le pays, aperçu en 986 par Björn Herjúlfsson, fut exploré vers l'an 1000, notamment par Leif, fils d'Eirik le Roux. Il y eut de nombreuses expéditions dans ces contrées jusqu'en l'année 1347. Le nom de Vinland lui fut donné à cause de la vigne qui y croissait naturellement et en abondance, « quod vites ibi sponte nascantur » (Adam de Brème, prêtre du XIe siècle). Avant d'arriver au Vinland, les Scandinaves s'étaient arrêtés dans plusieurs régions inconnues encore à cette époque. Ils avaient reconnu le Helluland (hella, pierre, roc ; c'est le Labrador actuel), le Litla-Helluland (Terre-Neuve) et le Markland (mörk = forêt). Dans ce dernier doivent être compris la Nouvelle-Ecosse, le Nouveau-Brunswick et le Bas-Canada d'aujourd'hui. — Cf. X. Marmier, Mémoire sur la découverte de l'Amérique par les Scandinaves au Xe siècle. (V. note 102).

[105] Les naturels du pays, probablement une espèce d'Esquimaux. Cf. X. Marmier : Mém. sur la découv. de l'Amer, etc., p. 10 et suiv.

[106] Roi de Norvège de 995 à 1000. Sa vie est racontée dans la Olafssaga Tryggvasonar, primitivement écrite (entre 1160-1180) en latin par le moine Odd Snorrason de Thingeyrar († vers 1200) et traduite en islandais notamment par Styrmir le Sage († 1245). Le règne de ce roi fut glorieux. Après avoir visité à Novogorod la cour du prince varègue Vladimir, puis les royaumes de l'Europe occidentale, il revint en Norvège vers 995, se convertit au christianisme à Drontheim et contribua puissamment à répandre la foi chrétienne en Norvège et à la faire pénétrer en Islande, aux Féroé et au Groenland en envoyant à plusieurs reprises des missionnaires dans ces pays. Il périt dans une guerre contre les Danois. Sa tâche fut continuée par son fils Olaf le Saint (v. note 22). Cf. Heimskringla, ch. VI.

[107] L'histoire de l'introduction du christianisme et des premières années de l'église chrétienne en Islande est exposée d'une manière détaillée dans la Kristnisaga, qui traite de l'histoire ecclésiastique d'Islande depuis les premiers essais d'évangélisation jusqu'en 1121, la Hungrvaka (histoire des cinq premiers évêques de Skalaholt, (1056-1176) et dans d'autres récits de moindre importance. V. aussi le commentaire historique de Gudbrandr Vigfusson dans son édition des Biskupa sögur I. — K. Maurer : Die Bekehrung des norwegischen Stammes zum Christenthum (2 vol.). München, 1855-56. — Finnur Jónsson : Historia ecclesiastica Islandiae (1000-1740), Copenhague, 1772-78. - K. Maurer : Germania XXXVI (1891), p. 86 et suiv. — Eiríkr Magnússon : Bénédictins en Islande (Downside Review, July-Dec. 1897 ; trad : Revue Bénédictine, Avril etc. 1898).

[108] Prêtre d'origine saxonne (Brème), fut envoyé en Islande en 997. Comme son prédécesseur Thorvald Vidhfaerla, « le grand voyageur » (v. note 133), il tenait d'une main la croix évangélique, de l'autre le glaive. Ne pouvant, malgré ses violences, vaincre l'obstination des Islandais, il retourna en Norvège. Au sujet des efforts qu'il déploya et des procédés dont il se servit pour répandre la foi nouvelle en Islande, v. les récits de la Njálssaga, ch. 100 et suiv. (trad. par Dareste. Paris. 1896, p. 196). — K. Maurer: Die Bekehr. des norweg. Stammes etc. vol. I, p. 382). — Laxdaela saga, ch. 41.

[109] « Vallée de la Thjorsa » ; la Thjórsa est une rivière qui se jette dans la mer sur la côte sud-ouest de l'Islande.

[110] Gizorr hinn hviti Teitsson, père de l'évêque Isleif et grand-père de l'évêque Grizor dont il sera question plus loin, ch. IX et X.

[111] V. note 44.

[112] Notamment le scalde Vetrlidhi, qui avait composé une poésie satirique sur la religion chrétienne. Cf. Njálssaga, ch. 102. Le même récit, mais avec moins de détails, se trouve dans la Kristnisaga et le Kristnitháttr contenu dans la Oláfs saga Tryggvasonar.

[113] Vestmanna-eyjar, « îles des hommes de l'ouest (Irlandais) », non loin de la côte sud-ouest; ainsi appelées parce que c'est là qu'Ingolf atteignit les esclaves irlandais qui avaient assassiné son compagnon Hiörleif. Cf. Poestion, Island, p. 77, 270, 286 et suiv.

[114] Le premier jour de l'été, selon le calcul adopté en Islande, tombait le jeudi de la semaine comprise entre le 8 et le 15 avril. L'époque dont il s'agit ici se place donc entre le 18 et le 24 juin (v. note 73).

[115] L'Althing commençait ordinairement ses séances le jeudi de la dixième semaine de l'été. Or, cette année (999) le premier jour de réunion avait été légalement fixé au jeudi de la onzième semaine, c'est-à-dire précisément la semaine où Gizor, Hialti et Thormodh abordèrent en Islande.

[116] C'est-à-dire ils passèrent des îles Vestmann (v. note 113) en Islande.

[117] Petite vallée à l'est des Thingvellir (v. note 55) ; elle doit son nom à une source d'eau chaude (laug).

[118] Les peines infligées aux condamnés étaient peu variées. L'amende et la confiscation étaient les plus ordinaires; le simple exil du district (fjörbaugsgardhr) durait trois années; enfin, la proscription (skóggangr), la plus sévère de toutes, éloignait pour vingt ans le condamné de son pays. Cette dernière équivalait souvent à une condamnation à mort, chaque citoyen pouvant impunément poursuivre et tuer le proscrit (fredhlas, hors la paix; utlagr, hors la loi, outlaw). Cf. l'étude de Geffroy sur la pénalité dans les lois islandaises. (L'Islande avant le christianisme, p. 173 à 192). — H. Paul : Grundriss der germanischen Philologie III, pp. 195 et 196 (2e éd. 1897). — J.-C. Poestion : Einleit. in das Studium des Altnord. II. Glossaire, aux mots fjorbaugr et skóggangr).

[119] La Vénus du Nord, déesse de l'amour, surtout de l'amour conjugal. Le nom de Freyja, fille de Njördhr et sœur de Freyr, se retrouve uniquement dans la poésie islandaise ; les autres pays scandinaves semblent ne pas connaître cette figure mythologique.

[120] Ces vers que cite également la Kristnisaga, ch. IX, se trouvent rapportés d'une manière plus complète dans la Njálssaga, ch. 102 :

Sparik eigi godh geyja

grey thykkir mér Freyja :

ae man annattveggja

Odhinn grey edha Freyja.

C'est-à-dire « non parco quin irrideam deos, canis videtur mihi Freyja; semper alteruter fuerit canis, Odinus aut Freyja » (Th. Möbius).

[121] Un domaine à l'est du lac Ölfuss; il tire son nom d'une source d'eau chaude située dans les environs.

[122] Cf. note 34.

[123] Les missionnaires catholiques, d'après les récits de la Njálssaga, (ch. 105), auraient gagné pour trois marcs d'argent (= 135 francs de notre monnaie) Thorgeir, le plus influent et le plus intraitable des païens. Thorgeir Thorkelsson de Ljósavatn (v. note 101) était lögsögumadhr en Islande de 985-1001.

[124] La Kristnisaga cite les noms des rois Tryggvi de Norvège et Dag de Danemark; cependant le fait dont il s'agit ne paraît pas historique.

[125] Le père de famille pouvait exposer son enfant nouveau-né et l'abandonner ainsi à son sort; cependant, dès l'époque dont il s'agit ici, c'était là un droit dont il n'usait que dans des cas exceptionnels. — Au sujet des sacrifices de chevaux, cf. Eyrbyggjasaga, ch. XVIII.

[126] V. note 27 et introduction. 

[127] V. note 106.

[128] V. note 19.

[129] Svein Haraldsson Tjuguskegg (987-1014).

[130] Olafr enn soenski, « le Suédois », appelé aussi skautkonungr, « roi mignon » (995-1021).

[131] Aujourd'hui Gamla Uppsala (Vieil-U.), non loin de la ville actuelle d'Upsal, en Suède.

[132] Jarl à Hladir, près de Drontheim; fils du jarl Hákon enn riki Sigurdharson, partagea avec son frère Svein la souveraineté de la Norvège à l'époque qui se place entre la mort du roi Olaf Tryggvason (v. note 106) et le retour du roi Olaf enn helgi (v. note 38), donc, de 1000 à 1015; il est mort en 1023. (Au sujet des jarls, cf. note 40.)

[133] Originaire de Saxe, accompagna en Islande Thorvald Vidhfaerla (peregrinator), un Islandais à qui il avait conféré le baptême. Frédéric prêcha le christianisme dans le pays de 981 à 986. Le prosélytisme trop rude et parfois cruel de son compagnon le décida à retourner dans sa patrie» Cf. Vatnsdaelasaga, ch. 46 ; Kristnisaga, ch. 1-4; K. Maurer : Die Bekehrung des norweg. Stammes etc., 1er vol. p. 205-223 et 706. — Le missionnaire Thorvald poussa plus tard ses pérégrinations jusqu'à Constantinople et Jérusalem et fonda en Russie un couvent où il mourut. [Cf. Thorvalds tháttr vidhfaerla, attribué au moine Gunnlaug Leifsson († 1219), éd. par Gudbrandr Vigfússon dans les Biskupa sogur I, 35-50. — Lasonder : De Saga van Thorwald Kodransson. Utrecht, 1886]. Avant Thorvald et Frédéric, des missionnaires irlandais avait fait quelques tentatives restées infructueuses pour convertir l'Islande à la foi chrétienne (v. note 37).

[134] Bjarnhardhr Vilradhssonhinn bókvisi (« l'érudit ») fra Englandi. Cf. Hungrvaka, ch. 65.

[135] Cf. Maurer : Die Bekeltrung des norweg. Stammes etc. II, p. 582-583 et 716.

[136] Cf. Ibid. II, p. 582 et 723.

[137] Jon hinn irski. Cf. Ibid. II, p. 583-585.

[138] Bjarnhardhr hinn saxlenski. Cf. Hungrvaka, ch. 65.

[139] Cf. Maurer : Die Bekehrung des nonveg. Stammes, etc. II, p. 585-586.

[140] Ces évêques n'étaient que des missionnaires chargés spécialement de la prédication du christianisme et de la conversion des païens. Plusieurs d'entre eux, notamment les cinq qu'Ari mentionne en dernier lieu étaient d'un caractère quelque peu aventurier et suscitèrent de sérieuses difficultés à l'évêque Isleif, si bien que l'archevêque Adalbert de Brême se vit contraint de les désavouer publiquement dans une lettre qu'il envoya en Islande. Cf. Hungrvaka, ch. 3. K. Maurer : Die Bekehrung, etc. II, p. 580 et suiv.

Selon certains, ces trois évêques: Petrus, Abraham et Stephanus pourraient avoir été arméniens.

[141] V. note précédente.

[142] V. notes précédentes.

[143] 1002 et 1003.

[144] 1004 à 1030. Il en est question dans plusieurs sagas, notamment dans la Gunnlangssaga ormstungu (ch. 3, 8 et 11).

[145] Le fimtardomr, « cinquième tribunal », fut créé en Islande, en 1004, sur la proposition de Niai (le héros de la Njálssaga et le plus habile juriste de son temps), à côté des quatre fjordhungadomar, « tribunaux de quartier », déjà existants. Il constituait un tribunal supérieur, une espèce de cour d'appel; il ouvrait une sorte de nouvelle instance au-dessus des justices locales et des quatre tribunaux de l'Althing, pour juger certaines causes ou trancher certaines questions délicates dont, pour l'une ou l'autre raison, les fjordhungadomar ne pouvaient s'occuper. Une des conséquences de l'institution de ce tribunal suprême fut la diminution des querelles souvent longues et sanglantes et, en 1006, l'abolition du duel judiciaire en Islande. (Le dernier duel autorisé par l'assemblée législative fut celui de Gunnlaug et de Hrafn. Cf. Gunnlaugssaga, ch. 11). Très intéressant est le récit que présente à ce sujet la Njálssaga, ch. 97. (Cf. traduction de B. Dareste. Paris, 1896, p. 185). Cf. aussi A. Geffroy : L'Islande avant le christianisme d'après le Gragas et les Sagas. Paris, 1897, p. 111 et suiv. - K. Maurer : Die Entstehung des isländ. Staates, etc., p. 192 et suiv. — Lehmann u. Schnorr von Carolsfeld: Die Njálssaga, insbesondere in ihren juristischen Bestandtheilen. Berlin, 1883, p. 128 et suiv.

[146] Le meurtrier pouvait faire connaître son crime (lysa vig) dans les trois jours. Cet aveu n'avait de valeur que pour ses propres actes et non pas pour ceux d'autrui. Dans ce passage, il s'agit du cas tout spécial où l'individu qui avait été attaqué portait plusieurs blessures. L'auteur de l'attentat n'avait que le droit d'indiquer celles qu'il avait faites lui-même ; sa déclaration n'avait aucune force probante pour les blessures occasionnées par ses complices ; ceux-ci devaient se dénoncer et les faire connaître eux-mêmes. Cf. une note de K. Maurer dans Th. Möbius : Are's Isländerbüch, p. 32.

[147] V. note précédente.

[148] V. note 106.

[149] 1031-1033.

[150] 1034-1053.

[151] 1054-1061, et plus tard encore de 1072-1074.

[152] Né en 1006, fut le premier évêque indigène d'Islande. Dès qu'il fut désigné pour revêtir la dignité épiscopale, Isleif se rendit d'abord en Allemagne auprès de l'empereur Henri III, ensuite à Home. Le pape Victor II l'envoya à Brème où il reçut le sacre des mains de l'archevêque Adalbert, en 1056. Il occupa le siège de Skalaholt de 1056 à 1080 et sa juridiction s'étendait sur le pays tout entier. Cf. Kristnisaga, ch. 12; Hungrvaka, ch. 2; K. Maurer : Die Bekehrung des norweg. Stammes, etc. II, p. 587-591. — Concernant Isleif et d'autres savants qui se consacrèrent à l'instruction et à l'éducation de la jeunesse en Islande, cf. aussi K. Maurer : Germania X (1865), p. 497.

[153] Haraldr enn hardhradhi (le Sévère) Sigurdharsson, roi de Norvège de 1047 à 1066. Comme prince, il il prit part à la bataille de Stiklastadhir (1030) qu'Olaf enn helgi livra à Kanut le Grand. Après la défaite et la mort d'Olaf, il s'enfuit en Suède, passa à la cour de Novgorod, où il fit la connaissance de la princesse Elisabeth qu'il épousa dans la suite, entra au service de l'empereur de Byzance et poussa même jusqu'en Palestine. De retour dans le Nord, en 1047, il monta sur le trône de Norvège qu'il occupa jusqu'en 1066. Cette année, il périt en Angleterre, à la bataille de Stamford-Bridge, livrée contre Harold, trois jours avant le débarquement de Guillaume le Conquérant sur la côte anglaise. Harald cultivait la poésie ; il est connu comme un des meilleurs scaldes de l'époque de la décadence. Cf. la Haraldssaga hardhradha et le Heimskringla, ch. IX.

La vie de ce roi de Norvège peut être qualifiée d’exceptionnelle et de fascinante quand on en connaît les détails.

[154] Vik = baie. Ce nom désigne ici les contrées qui environnent le golfe de Christiania.

[155] Jón Ögmundarson, surnommé enn helgi (le Saint) fut le premier évêque de Hólar (1106-1121). V. note 169.

[156] V. note 145.

[157] 1063-1065. Gunnarr enn spaki est le père du lögsögumadhr Uifhedhin, rapporteur d'Ari.

[158] 1066-1071.

[159] V. note 153.

[160] 1072-1074.

[161] 1075.

[162] 1076-1083. Pour sa généalogie voy. Laxdoela saga, ch. L

[163] V. note précédente.

[164] C'est une erreur, Léon VII ayant vécu dans la première moitié du Xe siècle. Il s'agit ici du pape Léon IX (1048-1054), sous le pontificat duquel s'accomplit définitivement le schisme de l'Eglise grecque. Cf. F. Johann : Historia ecclesiastica Islandiae I, p. 204.

[165] Skalaholt, sur la Hvita, dans la partie sud-ouest de l'Islande, premier siège épiscopal, fondé en 1056, supprimé en 1801. C'était la véritable Athènes du Nord. Isleif y fonda une école dès 1057; là ont vécu des hommes justement célèbres comme orateurs, philosophes, historiens. Aujourd'hui Skalholt.

[166] V. note 106.

[167] V. note 87.

[168] S. Martin, « Martinus episcopus Turonensis », premier patron de Norvège ; plus tard ce fut S. Olaf (O. enn helgi, v. note précédente).

[169] Gizor Isleifsson, second évêque indigène, de 1082 à 1105 pour toute l'Islande, et jusqu'en 1118 dans le diocèse de Skalaholt. Gizor avait, comme son père, fréquenté l'école de Herford. Il fit le voyage de Rome et reçut le sacre à Magdebourg. Il passait pour un des hommes les plus instruits et était en même temps un des plus riches de son pays, ainsi que le dit le Hungrvaka : « C'était aussi l'opinion de tous les gens sages que par la grâce de Dieu et à cause de sa supériorité personnelle il fut l'homme le plus fortuné de toute l'Islande parmi les savants et les laïques. » Cf. Kristnisaga, ch. 12 et 13; Hungrvaka, ch. 5-7 ; K. Maurer : Die Bekehrung, etc. II, p. 592-596 et 707.

[170] V. une note précédente.

[171] Dans la Suède méridionale.

[172] 1084-1107. Markus Skeggjason était, après Skapti Thoroddsson (cf. une note précédente.) le meilleur juriste d'Islande. Il était également poète; on lui doit notamment la plus grande partie d'une Eiriksdrápa, composée en l'honneur du roi de Danemark Erik Sveinsson.

[173] V. une note précédente.

[174] V. une note précédente.

[175] V. une note précédente.

[176] Cf. à ce sujet le Hangrvaka, ch. VI.

[177] ) Habitants des Austftrdhir, « baies de l'est » ; par ce dernier nom on désigne les golfes et, par extension, les contrées situées sur la côte orientale de l'Islande. Cf. J.-C. Poestion : Island, p. 45, 55 et suiv.

[178] Habitants des bords de la Ranga qui prend sa source au nord de l'Hékla (voy. la carte). Les Rangaeingar se distinguant particulièrement parmi les habitants des contrées méridionales, le quartier du Sud (Sunnlendinga fjordhungr) est appelé parfois quartier des Rangaeingar (Rangaeinga fjordhungr).

[179] Habitants des contrées qui entourent le Breidhifjordh.

[180] Habitants des bords de l’Eyjafjordh.

[181] Les Islandais qui désiraient assister au thing étaient obligés d'acquitter une taxe (thingfararkaup). Cette taxe, toutefois, n'était exigée que de ceux qui possédaient une certaine fortune estimée d'après les biens ruraux et les moyens d'exploitation constituant l'avoir de toutes les personnes attachées à la propriété. Seuls les citoyens qui devaient acquitter cette taxe étaient, à l'origine, astreints au paiement de la dîme. Or, en 1102, les habitants du Nord demandèrent un second siège épiscopal à Hólar, à côté de celui de Skalaholt. Il s'agissait de constater au préalable si les revenus du pays étaient assez considérables pour constituer une dotation suffisante en faveur de ce nouvel évêché. Voilà pourquoi Gizor ordonna le recensement en question. Cf. à ce sujet une note de K. Maurer dans Ares Isländerbuch de Th. Möbius (p. 32 et 33). Leipzig, 1869. — Le dénombrement fut fait entre les années 1102 et 1105.

[182] Rapporteur d'Ari et lögsögumadhr de 1108à 1116.

[183] 1117-1122

[184] 1123-1134.

[185] Un des chefs les plus puissants de l'Islande septentrionale.

[186] V. notes précédentes.

[187] C'est le nom que portent, dans le recueil des lois islandaises, les chapitres relatifs aux affaires de meurtre (Vig, meurtre, et slódhi, ce qu'on traîne après soi; donc : « conséquences d'un meurtre »).

[188] V. notes précédentes.

[189] Les modifications, omissions et additions furent soumises au suffrage de l'Althing et les lois ainsi révisées furent adoptées en 1118. A la rédaction de ce code civil et criminel, connu sous le nom de Haftidhaskrá ou Bergthorslög, s'ajouta, dans les années 1122-32, celle du code ecclésiastique (Kristinna laga tháttr). Ces lois avec toutes les corrections, additions et commentaires qui y furent encore ajoutés dans la suite, se trouvent réunies dans un recueil datant du XIIIe siècle et auquel on a donné vers 1600 le nom de Grágas. C'était le titre d'un recueil de lois attribué au roi Magnus le Bon. Une excellente édition avec une traduction latine en a été publiée en 1829 sous le titre suivant : Grágas. Codex juris Islandorum antiquissimus. Island. et lat., c. var. lect. etc., ed. F. G. Schlegel, Thorlaccius, F. Magnussen, 2 vol. Havn. 1829. — Cf. A. Geffroy : L'Islande avant le christianisme, etc. p. 39 et suiv. — Une étude détaillée du Grágas, par K. Maurer se trouve dans l'Allgemeine Encyklopädie der Wissenschaften und Künste von Ersch und Gruber. I. Sekt., Bd. 77 (1864), p. 1-136. — Il ne s'agit pas ici d'une codification dans le sens moderne, mais simplement d'une annotation de la uppsaga (ou lögsaga, c'est-à-dire l'ensemble des proclamations) du lögsögumadhr, dans laquelle il lui était permis, il est vrai, d'introduire, avec l'approbation de la lögretta, certaines modifications en fait de droit coutumier. La uppsaga ne formait pas un tout connexe ; elle comprenait plusieurs chapitres différents, tels que les thingsköp (querelles, procès auprès du thing) qui devaient être lus tous les ans du haut du lögberg; pour d'autres parties, le lögsögumadhr avait la faculté d'en répartir la matière sur trois années, de l'exposer dans l'ordre et d'adopter la délimitation qui lui convenaient. De même, la rédaction de Haflidhi devait être scindée en une série de chapitres qu'il faut cependant se garder de considérer comme autant de lois particulières. Le Vigslódhi (code criminel) était un de ces chapitres, le thingskapatháttr en était un autre. (K. Maurer). Cf. Isländische Rechtsaufzeichnungen dans H. Paul : Grundriss der germ. PMI. III, p. 118 (2e éd. 1897).

[190] Hólar, sur une rivière qui s'écoule dans l'Eyjafjordh, Islande septentrionale; second siège épiscopal, fondé en 1106, supprimé en 1801, en même temps que celui de Skalaholt.

[191] Thorlak Runólfsson fut le troisième évêque de Skalaholt, de 1118 à 1133.

[192] S. Grégoire VII, pape de 1073 à 1085, le héros de la querelle des investitures.

[193] Premier évêque de Hólar, de 1106 à 1121. Jón, élève de l'évêque Isleif (v. pp. 80-81), fut sacré en 1106 par l'archevêque de Lund en Suède (dont dépendait alors l'Islande). Il est le fondateur de l'école de Hólar (1107) qui contribua pour une part considérable aux progrès des sciences en Islande, ainsi que du célèbre monastère de Thingeyrar, qui eut une existence florissante de près de quatre siècles et demi (cf. Revue Bénédictine, avril 1898, pp. 152-158). Sa vie, écrite en latin par le moine Gunnlaug Leifsson († 12l9), ne nous est conservée que dans une traduction islandaise (Biskupa sögur I, pp. 215-260). Cf. Maurer : Die Bekehrung, etc. II, p. 599.

[194] C'est-à-dire le mardi 28 mai.

[195] Pascal II, pape de 1099 à 1118.

[196] Baudouin Ier, né en 1058, roi de Jérusalem de 1100 à 1118, frère et successeur de Godefroid de Bouillon. — Jórsalir (= jöfurs salir, « principis aulae »), est l'ancienne forme nordique et l'interprétation étymologique populaire du mot Jérusalem.

[197] Alexis Ier Comnène, empereur de Byzance (1048-1118).

[198] Mikligardhr, « magna urbs », est le nom que les anciens Scandinaves donnaient à Byzance.

[199] Le terme aldamót employé par Ari ne désigne pas ici le commencement d'un nouveau siècle, comme on l'a supposé. On était en l'an 1120. Il s'agit d'un changement de cycle lunaire. Le cycle lunaire comprend une période de dix-neuf années, après lesquelles les différentes phases de la lune se présentent de nouveau aux mêmes jours du mois et de la semaine. L'année 1120 marque, en effet, le commencement d'une nouvelle période lunaire. (Cf. W. Golther, p. 21).

[200] Aystein Magnússon, roi de Norvège de 1103 à 1122, conjointement avec son frère Sigurdh.

[201] Sigurdh Jórsálafari (c'est-à-dire pèlerin de Jérusalem), fils de Magnus berfoettr, fut roi de Norvège de 1103 à 1130. (Cf. la Sigurdltarsaga Jórsálafara). Il entreprit une expédition en Syrie en 1110 et envoya un évêque au Groenland.

[202] Magnus III berfoettr, « pieds nus », régna de 1093 à 1103. Fils d'Olaf kyrri (1067-1093) et petit-fils de Harald le Sévère (v. note 132).

[203] V. note 106.

[204] V. note précédente.

[205] ) S. Grégoire Ier, le Grand, pape de 590 à 604. Il envoya en Angleterre St Augustin pour y prêcher le christianisme (596) et conquit la Grande-Bretagne et les Goths ariens à la foi chrétienne. On lui doit le rite dit grégorien.

[206] Empereur grec de Byzance, de 602 à 610 ; détrôné et mis à mort par Héraclius.

[207] Au sujet des quatre colonisateurs Ketilbjörn, Hrollaug, Ödh et Helgi, voir « Livre des Islandais » ch. II (p. 46-48).

[208] Pour les noms et l’histoire des Ynglingar, cf. le Ynglingalal du scalde Thjódholfr et la Ynglingasaga, ainsi que le commentaire de Hildebrand dans sa traduction suédoise du Heimskringla (Örebro, 1869). — Au sujet des Breidhfirdhingar, cf. K. Maurer : Germania XV, pp. 293 et suiv.

[209] Voy. aussi les indications généalogiques de la Laxdoela saga, ch. 78.

[210] Cf. W. Golther : Ares Isländerbuch. Halle, 1892, p. 37. — « Livre des Islandais » note 64.