Agobard

AGOBARD DE LYON

 

CARMINA / POEMES

 

 

Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer

 

 

AGOBARD DE LYON

 

NOTICE DE WIKIPEDIA

 

Agobard (saint), né en Espagne ou en Septimanie en 778 et peut-être d'origine wisigothique, arrive en Gaule en 781 et vit à Narbonne. Il fait probablement partie de l'entourage de Benoit d'Aniane.

Il se consacre aux études, à la religion et aux sciences, part à Lyon vers l'an 795 et est ordonné prêtre en 804, puis archevêque de la ville en 816, où il succède à l'évêque Leidrade, quand ce dernier se retire au monastère de Saint-Médard.

De 816 à 822, il s'engage pour l'unité dogmatique, politique, ecclésiologique, de l'Église, et essaie d'orienter, avec d'autres réformateurs, la politique impériale. À partir de 823, toutefois, à cause de l'influence croissante de l'impératrice Judith, il devient opposant. Il s'oppose ainsi au statut accordé aux Juifs à Lyon, et prend partie pour Lotaire contre son père Louis le Pieux. Cette dernière prise de position lui vaut d'être disgracié en 835, lorsque Louis le Pieux remonte sur le trône. Il part alors en exil en Italie, où il s'oppose aux réformes liturgiques d'Amalaire. Il retrouve toutefois son siège épiscopal en 837. Il meurt en 840 à Saintes.

Il est à l'origine de la suppression de la personnalité des lois en Burgondie, et écrivit notamment contre les épreuves de l'eau et du feu et contre la croyance aux sorciers. Il a laissé une œuvre importante et variée (quelque vingt-deux ouvrages), dont l'une des premières éditions savantes est publiée en 1668 Etienne Baluze.

Citation

« Il est rapporté qu'Agobard, évêque de Lyon, réussit à sauver du bûcher trois hommes et une femme, descendus d'une nacelle aérienne, prétendant être de retour sur Terre après avoir été enlevés par des êtres célestes qui leur auraient montré des merveilles. »

    — Le phénomène OVNI, rapport du Service d'Expertise des Phénomènes Rares Aérospatiaux - CNES, p. 57

Cette citation fait référence à l'œuvre intitulée De Grandine et Tonitruis (De la grêle et du tonnerre), dans laquelle Saint Agobard laisse un récit intéressant d'un incident particulièrement significatif :

« Plerosque autem vidimus et audivimus tanta dementia obrutos, tanta stultitia alienatos, ut credant et dicant, quandam esse regionem quae dicatur Magonia, ex qua naves veniant in nubibus, in quibus fruges quae grandinibus decidunt et tempestatibus pereunt, vehantur in eandem regionem, ipsis videlicet nautis aëreis dantibus pretia tempestariis, et accipientibus frumenta vel ceteras fruges. Ex his item tam profunda stultitia excoecatis, ut hoc posse fieri credant, vidimus plures in quodam conventu hominum exhibere vinctos quatuor homines, tres viros et unam feminam, quasi qui de ipsis navibus ceciderint: quos scilicet, per aliquot dies in vinculis detentos, tandem collecto conventu hominum exhibuerunt, ut dixi, in nostra praesentia, tanquam lapidandos. Sed tamen vincente veritate post multam ratiocinationem, ipsi qui eos exhibuerant secundum propheticum illud confusi sunt, sicut confunditur fur quando deprehenditur. »

Traduction: « Nous avons cependant vu et entendu beaucoup d'hommes plongés dans une si grande stupidité, noyés dans de telles profondeurs de folie, qu'ils croient qu'il existe une certaine région, qu'ils appellent Magonie, où des bateaux voguent dans les nuages pour emporter dans ce lieu les fruits de la terre qu'ont détruits la grêle et les tempêtes ; les marins payant des gratifications aux sorciers de l'orage et recevant eux-mêmes du blé et d'autres produits.

Parmi ces gens dont la folie aveugle était assez profonde pour leur permettre de croire ces choses possibles, j'en ai vu quelques-uns extirpant d'une assemblée 4 personnes garrottées — 3 hommes et 1 femme qui, prétendaient-ils, étaient tombés de ces navires ; après les avoir gardés en captivité, il les avaient amenés devant cette multitude comme nous l'avons dit, en notre présence, afin qu'ils soient lapidés. Mais à la fin, la vérité ayant triomphé, après beaucoup d'argumentation, ceux qui les avaient montré, furent, comme dit un prophète, aussi confus que le voleur est confus quand il est surpris. »

Il faut comprendre que pressés de questions, les prétendus témoins durent avouer, confus, qu'en fait, ils n'avaient rien vu du tout. Agobard en avait déjà fait l'expérience en recherchant des témoins ayant vu les prétendus sorciers à l'œuvre. Le seul qu'on lui indiqua dut avouer qu'il n'était pas présent lors des faits qu'il rapportait.

En 1670, l'abbé Montfaucon de Villars (1635-1665) reprendra l'histoire sur le thème de l'enlèvement par les Sylphes dans Le Comte de Gabalis. L'histoire ainsi modifiée sera reprise par Jacob Grimm (vers 1820), puis entra dans la casuistique ufologique par l'intermédiaire de W. Raymond Drake dans son article de 1964 Spacemen of the Middle Ages :

« Un jour — entre autres par exemple — il arriva qu'à Lyon on vit descendre de ces nacelles aériennes 3 hommes et 1 femme. La cité tout entière se rassembla autour d'eux, criant qu'ils étaient des magiciens envoyés par Grimaldus, duc de Beneventum, l'ennemi de Charlemagne, pour détruire les moissons françaises. En vain, les 4 innocents se défendirent en disant qu'ils étaient des leurs et avaient été emportés peu de temps auparavant par des hommes extraordinaires qui leur avaient montré des merveilles dont on n'a jamais entendu parler, et ils avaient désiré leur faire eux-mêmes le récit de ce qu'ils avaient vu. La populace déchaînée ne tint aucun compte de leur défense et était sur le point de les jeter dans le feu quand le valeureux Agobard, évêque de Lyon, qui ayant été moine dans cette ville, avait acquis une autorité considérable, alerté par le bruit, arriva en courant, et après avoir entendu les accusations des gens et la défense des accusés, déclara gravement que les uns et les autres étaient dans l'erreur, qu'il n'était pas vrai que ces hommes étaient tombés du ciel, et que ce qu'ils disaient avoir vu était impossible. Les gens crurent en la parole de leur bon père Agobard plus qu'en leur propres yeux, ils s'apaisèrent, remirent en liberté les 4 ambassadeurs des Sylphes, et reçurent, émerveillés, le livre qu'Agobard écrivit pour confirmer le jugement qu'il avait prononcé. Ainsi le témoignage de ces 4 témoins fut-il rendu inutile ».

On remarque que, sur la base d'un ouvrage d'Agobard où il dénonçait de faux témoins, on en fit d'autres où le fait était réel, et Agobard un négateur, sans s'apercevoir que le livre de Montfaucon de Villars n'était qu'une fable.

En 1969 l'ufologue français Jacques Vallée reprendra ce nom de « Magonia » dans le titre d'un de ses plus célèbres ouvrages Passport to Magonia. 

 

 

 

 

Epitaphium Caroli Magni imperatoris.

Aurea coelorum postquam de Virgine Christus
Sumpserat apta sibi mundi pro crimine membra,
Jam decimus quartus post centies octo volabat
Annus, fluctivagi meruit per fervida coeli
Aetherei Carolus, Francorum gloria gentis,
Aequora transire, et placidum comprendere portum.
Qui deciesque quater per sex feliciter annos
Sceptra tenens regni, et regno rex regna rejungens,
Febru migravit quinto arii ex orbe Kalendas,
Septuaginta senex vitae qui terminat annos.
Quapropter flagito, precibus si flecteris ullis,
Quique hujus relegis versus epigrammata lector,
Astriferam Caroli teneat, dic, spiritus arcem.

 

De translatione reliquiarum sanctorum martyrum Cypriani, Sperati, et Pantaleonis ad urbem Lugdunensem.

 

Rector magnificus piusque princeps,
Augusto Carolus decore fultus,
Sceptrum nobile Francorum regebat,
Subjectos populos pie gubernans.
Lectos aequora jusserat secare
Ac jam propitio sibi tonante,
Post multos nimiae viae labores,
Ingressu reduci salum petentes,
Intrarunt Libycos repente fines
Qua Carthago gravi jacens ruina
Deflet praeteritae decus juventae.
Hic dum basilicas Deo dicatas
Et Christi subeunt veneranda templa,
Cernunt ut tua, Cypriane martyr,
Servaret loculus neglectus ossa.
Tum vero nimio dolore moti,
Et magno gemitu polum intuentes,
Poscunt auxilium Dei perennis,
Pro quo sancte tibi caput recisum est.
Et mox poplitibus precando flexis,
Pandunt sarcophagum, studentque sacros
Artus stringere linteis paratis,
Committuntque sacro corpus locello.
Sperati quoque martyris beati,
Nec non Pantaleonis ossa raptim
Tollunt cuncta simul, ligantque pannis.
Conscendunt celeres ratem paratam,
Nec saevi metuunt pericla ponti.
Egressis Arelas opima portu
Occurrit placido, sinuque laeto
Fessos excipit, ac fovet benigne.
Haec mox cum audiit optimus sacerdos,
Lugduni placidam tenens cathedram,
Sanctorum eximio calore flagrans,
Intendensque sacris ubique rebus,
Ledradus specimen decusque cleri,
Orat, postulat, impetratque raptim,
Ut sanctissima martyrum piorum
Nostris moenibus ossa conderentur,
Lugduni ad placidam Joannis aram,
Qui Christum vitrea rigavit unda.
Illic cum sociis honore claro
Florens, inclite Cypriane dormis.
Sed quaeso vigiles, vigilque nostris
Intendas precibus; fiasque nobis
Clemens et validus Dei patronus;
Solvas crimina, conferasque vota.
Sic, quaeso, memor illa lingua nostri,
Quae confessa Dei perenne verbum,
Cervicem gladio dedit secandam;
Sed Christum cecinit, silere nescit.
Hanc Christus jugiter benignus audit,
De sacros populos stylo excitantem,
Haeresesve pravas, deosve falsos,
Verbi fulmine funditus cremantem.
Hanc et pro populo et patrono nostro
Semper quaesumus audiat rogantem;
Pastorem foveat, gregem propaget;
Det munus fidei decus salutis.
O doctor sacer, o beate martyr,
Serva pontificem pius Agobardum,
Qui nomen, meritum, tuumque festum
Dictis extulit, et honore comsit.
O triplex honor, o triforme culmen !
O tres magnifici piique testes!
Sit nobis triplici o ! favens precatu
Pollens unica Trinitas per aevum.


 

 

 

Epitaphe de l’empereur Charlemagne

 

« Depuis que, pour le crime du monde, le Christ descendu du ciel avait pris dans le sein de la Vierge pure des membres de chair, déjà se déroulait l'année huit cent quatorzième, lorsque Charles, la gloire de la nation des Francs, emporté à travers les plaines enflammées du ciel aux vagues fluides, mérita d'entrer dans le port de la paix. Pendant quatre fois dix années et six avec, il porta heureusement ses sceptres, ce roi qui à son royaume joignit des royaumes. Il émigra d'ici-bas le cinq des calendes de février, mois qui achevait les soixante et dix ans de sa vie. Qui que tu sois, lecteur, qui lis les vers de cette inscription, si des prières peuvent te fléchir, je te conjure de prier pour que l'esprit de Charles soit admis dans les palais étoilés. »

De la translation des reliques des saints martyrs Cyprien, Spératus et Pantaléon vers la ville de Lyon

 

Le roi magnifique et religieux.

Charles, élevé à la dignité d'Auguste.

Portait le noble sceptre des Francs

Et gouvernait avec piété ses peuples soumis.

Sur son ordre, des députés traversent les mers

Pour se rendre auprès du chef de l'Orient.

Pendant que lui-même cultive la paix, donne la tranquillité

Et s'efforce de porter haut la gloire du royaume.

Bientôt, le Maître du tonnerre leur étant propice.

Après les nombreux labeurs de leur course lointaine.

Les envoyés, faisant retour sur les flots sales,

Abordèrent soudain aux rivages de Libye.

Là où Carthage, couchée dans sa ruine profonde.

Pleure la beauté de sa jeunesse passée.

Jadis pleine de richesses, illustre dans la guerre.

Florissante par ses conciles, grande par sa foi.

Maintenant enchaînée à des freins barbares,

Dépouillée de tout sou antique honneur.

Elle traîne dans la plainte sa misérable vie,

Le cœur dans l'angoisse, soumise aux tributs de la servitude.

Les envoyés entrent dans les temples consacrés à Dieu,

Dans les basiliques vénérables du Christ.

Et ils voient comment, ô martyr Cyprien,

Un cercueil abandonné garde tes ossements!

Alors, émus d'une extrême douleur,

Et regardant le ciel avec un grand gémissement,

Ils implorent le secours du Dieu éternel,

Pour lequel, ô digne saint, ta tête fut tranchée.

Bientôt, ayant gagné les gardiens à force d'instances.

Ils ouvrent le sarcophage, et, avec soin,

Ils enveloppent dans des linges tes membres bénis

Et déposent ta tête dans un coffret préparé.

De même les ossements du martyr Spératus

Et ceux également du martyr Pantaléon

Sont enlevés et repliés dans une étoffe;

Puis tous ces trésors sont encaissés dans des coffres.

Rapides, ils remontent sur le vaisseau qui les attend

Et ne craignent pas les dangers de la cruelle mer,

Car ils portent les pieux disciples du Seigneur.

Dont la prière fait trembler tous les abîmes.

Arles, que son port tranquille enrichit.

S'offre bientôt à eux, et, dans son sein joyeux,

Les reçoit, les réconforte après leurs fatigues.

Ils sont heureux de retrouver ce sol qu'ils connaissent:

Avec un sentiment de triomphe, ils débarquent

Leurs magnifiques richesses, et le port s'étonne

Que ces flots, accoutumés à s'ouvrir à de terrestres trésors,

Amènent cette fois une cargaison toute céleste.

Dès qu'il apprend cela, l'excellent Pontife,

Qui occupe le siège pacifique de Lyon,

Brûlant du feu sacré des savantes études,

Et étendant partout son regard aux choses saintes,

Leydrade s'adresse au sérénissime Roi.

Et, par ses supplications instantes, obtient de force

Que les saintes reliques des pieux martyrs

Soient solennellement placées dans nos murs,

A Lyon, près du paisible autel de Jean,

Qui baptisa le Christ dans les ondes limpides.

C'est là qu'honoré d'un culte florissant,

Tu dors avec tes compagnons, illustre Cyprien !

.Mais veille pourtant sur nous, je t'en conjure,

Veille pour accueillir nos prières, et sois pour nous

Un patron clément et puissant auprès de Dieu.

Daigne absoudre nos péchés et exaucer nos vœux!

Qu'elle se souvienne de nous, cette langue

Qui confessa le Verbe éternel de Dieu,

Et par qui ta tête s'offrit au tranchant du glaive.

Elle chante toujours le Christ, incapable de se taire,

Et toujours le Christ écoute avec faveur ses accents.

Soit qu'elle excite au courage le peuple chrétien.

Soit qu'avec la foudre du Verbe, elle extermine

Et les hérésies perverses et les faux dieux.

Que sans cesse, pour le peuple et pour le Pontife.

Le Christ l'entende élevant vers lui son intercession;

Qu'elle protège le pasteur, qu'elle accroisse le troupeau :

Qu'elle nous fasse le don et de la foi et du salut.

O docteur sacré, ô bienheureux martyr.

Sauve dans ta bonté l'évêque Agobard.

Qui, dans ses discours et par d'éclatants honneurs,

A célébré ton nom, ton mérite et ta fête.

O triple gloire, ô triple grandeur,

O trois magnifiques et pieux témoins.

Rendez-nous favorable, par votre triple prière.

L'unique Trinité qui est puissante dans l'éternité.