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TITE-LIVE

Ab Urbe Condita,

Livre XXX



 

 

 

  LIVRE 29     LIVRE 31

 

887 partim Ici s'arrête ce que le temps nous a conservé des Histoires de Tite-Live, ou plutôt ce qu'un heureux hasard a dérobé au zèle aveugle du pape saint Grégoire le Grand, qui , dit-on, fit brûler tous les manuscrits de Tite-Live qu'il put découvrir, jugeant cet écrivain dangereux à cause des fréquents prodiges qu'il raconte. Au delà du livre XLV, comme pour la deuxième décade, il ne nous reste plus, si nous voulons nous faire une idée du travail de notre historien, que quelques fragments, dont un seul est d'une certaine étendue, et l'Épitomé, dont nous avons fait ressortir l'importance dans le volume précédent t. I, p. 873). C'est à l'aide de ces faibles restes, de ces débris mutilés et incertains, que l'érudition et la critique ont pu chercher à reconstruire l'édifice élevé par Tite-Live à la gloire de Rome. Nous continuerons donc, comme nous l'avons fait pour la première lacune, à mettre sous les veux de nos lecteurs la traduction du sommaire de chacun des livres qui nous manquent, en le faisant suivre des fragments qui appartiennent à ce livre. On nous saura gré sans doute de ce travail, que n'ont entrepris aucun des précédents traducteurs de Tite-Live, bien que ce soit un accessoire indispensable de toute édition complète.

[46] Le roi Eumène vient à Rome. Il avait gardé, dans la guerre de
Macédoine, une neutralité suspecte; lui interdire l'entrée de Rome,
c'était le déclarer ennemi; la lui permettre, c'était le décharger
de tout soupçon; on porta alors une loi générale, qui défendait à
tous les rois de venir à Rome. - Les consuls Claudius Marcellus et
C. Sulpicius Gallus soumettent, l'un les Gaulois alpins, l'autre les
Liguriens. - Les députés du roi Prusias viennent se plaindre
888 d'Eumène qui ravageait leurs frontières, et l'accusent d'avoir
conspiré, avec Antiochus, contre le peuple romain. On conclut un
traité d'alliance avec les Rhodiens qui le sollicitaient. - Les
censeurs ferment le lustre. Le cens donne trois cent vingt-sept
mille vingt-deux citoyens. - M. Aemilius Lépidus est élu prince du
sénat. - Ptolémée, roi d'Égypte, expulsé de ses états par son jeune
frère, est rétabli par des députés envoyés de Rome. - À la mort
d'Ariarathe, roi de Cappadoce, son fils Ariarathe lui succède sur le
trône, et envoie des ambassadeurs pour renouveler son alliance avec
le peuple romain. - Guerres, mêlées de succès et de revers, contre
les Liguriens, les Corses et les Lusitaniens; troubles en Syrie à la
mort d'Antiochos qui laissait un fils du même nom tout à fait en bas
âge. - Démétrius, fils de Séleucus, qui avait été envoyé en otage à
Rome, et que les Romains voulaient y retenir, fait mettre à mort
secrètement cet Antiochos enfant avec son tuteur Lysias, et, lui-
même, s'établit sur le trône. - Mort de L. Aemilius Paulus, le
vainqueur de Persée. Tel avait été le désintéressement de celui qui
avait rapporté d'Espagne et de Macédoine des richesses immenses, que
la vente de ses biens ne put suffire à payer la dot de son épouse. -
Les marais Pontins sont desséchés et convertis en terres labourables
par le consul Cornélius Céthégus, à qui cette province était échue.
(trad. Collection Nisard)


[47] Cn. Trémellius, tribun du peuple, est condamné à une amende,
pour s'être montré insolent dans un démêlé avec le grand pontife M.
Aemilius Lépidus; et le droit de la religion fut plus puissant que
celui de la magistrature. - Loi sur la brigue. - Clôture du lustre:
trois cent trente-huit mille trois cent quatorze citoyens inscrits.
- Aemilius Lépidus est nommé prince du sénat. - Les Ptolémées
mettent fin à leurs dissensions par un traité, qui assure à l'un
l'Égypte, à l'autre le royaume de Cyrène. - Ariarathe, roi de
Cappadoce, expulsé de ses états par les intrigues et les armes de
Démétrius, roi de Syrie, est rétabli par le sénat. On envoie des
députés pour décider une question de territoire entre Masinissa et
les Carthaginois. - Le consul C. Marcius, après avoir d'abord
éprouvé quelques revers, remporte une victoire sur les Dalmates. Ce
peuple, qui s'était attiré cette guerre pour avoir ravagé les terres
des Illyriens, alliés du peuple romain, est soumis par le consul
Cornélius Nasica. - Le consul Q. Opimius subjugue les Liguriens
transalpins, qui pillaient et ravageaient le territoire d'Antibes et
de Nice,villes des Massiliens. - Viennent ensuite les affaires
d'Espagne et leurs mauvais succès sous différents chefs. - La 598e
année de la fondation de Rome, les consuls entrent pour la première
fois en charge <aux calendes de janvier>, immédiatement après la
dissolution des comices et la création des consuls de l'année
suivante. La révolte des Espagnols est la cause de ce changement
dans la tenue des comices. - Les députés envoyés pour juger le
différend survenu entre Masinissa et les Carthaginois, rapportent
qu'ils ont trouvé à Carthage des amas de matériaux pour les
constructions navales. - Plusieurs préteurs, accusés d'exactions par
les provinces, sont condamnés. (trad. Collection Nisard)


[48] Les censeurs ferment le lustre: trois cent vingt-quatre mille
citoyens inscrits. - Germes de la troisième guerre punique. À la
nouvelle qu'une nombreuse armée de Numides, sous la conduite
d'Arcobarzane, petit-fils de Syphax, était rassemblée sur les
frontières carthaginoises, M. Porcius Caton demande que la guerre
soit déclarée aux Carthaginois, pour avoir appelé Arcobarzane sur
leur territoire, en apparence contre le roi Masinissa, mais en
réalité contre les Romains. Sur l'avis contraire de P. Cornélius
Nasica on décide que des députés seront envoyés pour examiner l'état
des choses. Après avoir réprimandé sévèrement le sénat de Carthage,
au sujet de l'armée et du matériel naval qu'ils avaient rassemblés
en contravention au traité, les députés essaient de rétablir la paix
entre les Carthaginois et Masinissa, qui consent à céder le
territoire en litige. Le sénat avait déclarée s'en remettre à
l'arbitrage des députés, lorsque Giscon, fils d'Hamilcar, homme
turbulent, excite tellement par ses discours l'animosité de ses
concitoyens contre les Romains, que les députés n'échappent aux
violences que par la fuite. Cette nouvelle ne fait qu'augmenter les
dispositions hostiles dans lesquelles se trouvait déjà le sénat, à
l'égard des Carthaginois. - M. Porcius Caton ne peut, dans sa
pauvreté, rendre à son fils, mort dans le prétoire, que les bonheurs
funèbres les plus modestes. - On envoie à Rome Andriscus qui se
donnait, avec la plus grande assurance, pour le fils de Persée,
l'ancien roi de macédoine. - M. Aemilius Lépidus, qui pour la
sixième fois avait été nommé prince du sénat par les censeurs,
prescrit, avant d'expirer, à ses fils de n'employer ni lin, ni
pourpre à couvrir le lit sur lequel son corps serait porté au
bûcher; et de ne consacrer au reste de ses funérailles qu'une faible
somme; parce que ce n'est pas le luxe, mais les images des ancêtres,
qui donnent de l'éclat aux funérailles des grands hommes. - Enquête
sur des empoisonnements. Publilia et Licinia, femmes de la noblesse,
qui étaient accusées d'avoir fait périr leurs maris, personnages
consulaires, sont mises à mort sur le jugement de la famille, après
que l'affaire eut été instruite, et qu'elles eurent donné caution au
préteur. - Gulussa, fils de Masinissa, dénonce les levées de troupes
qui se font à Carthage, l'armement d'une flotte, et des préparatifs
de guerre qui ne laissent plus d'incertitude. - Caton demande que la
guerre soit déclarée, P. Cornélius Nasica vent qu'on ne fasse rien à
la légère, et l'on décide que dix députés seront envoyés pour
s'assurer de la vérité. - Les consuls L. Licinius Lucullus et A.
Postumius Albinus mettent la plus grande rigueur dans la levée des
troupes et n'accordent de grâce à personne. Les tribuns du peuple,
ne pouvant obtenir d'exemption pour leurs amis, jettent les consuls
en prison. - La guerre d'Espagne, malheureuse à plusieurs reprises,
avait jeté un tel trouble parmi les citoyens, qu'on ne trouvait
personne qui voulût partir comme tribun ou comme lieutenant. Alors
P. Cornélius Aemilianus s'avance et déclare qu'il est prêt à
accepter tout service militaire qui lui sera imposé, quel qu'il
soit. Son exemple ranime l'ardeur de tous pour la guerre. - Tous les
peuples de la Celtibérie semblaient disposés à une attaque générale,
lorsque le consul L. Lucullus, qui avait succédé à M. Claudius
Marcellus, soumet les Vaccéens et les Cantabres, et d'autres peuples
inconnus de l'Espagne. - C'est dans cette guerre que P. Cornélius
Africanus Scipion Aemilianus, fils de L. Paulus, et petit-fils, par
adoption, de l'Africain, étant alors tribun militaire, tue de sa
main un barbare qui l'avait provoqué au combat; il affronte encore
un plus grand danger au siège de la ville d'Intercatie, dont le
premier il franchit le rempart. -Le préteur Ser. Sulpicius Galba est
défait dans un combat contre les Lusitaniens. - Les députés
reviennent d'Afrique avec les ambassadeurs carthaginois et Gulussa,
fils de Masinissa, et rapportent qu'ils ont vu à Carthage une armée
et une flotte. L'affaire est mise en délibération dans le sénat.
Caton et d'autres principaux sénateurs veulent qu'on fasse passer
sans délai une armée en Afrique; mais sur l'opposition de P.
Cornélius Nasica, qui ne trouve pas encore là un motif de rupture
assez légitime, on décide qu'on n'aura pas recours aux armes, si les
Carthaginois brûlent leur flotte et licencient leur armée; sinon les
prochains consuls devront faire un rapport sur la guerre punique. -
Un théâtre avait été mis en adjudication par les censeurs, et se
construisait lorsque un sénatus-consulte, rendu sur la proposition
de P. Cornélius Nasica, le fait détruire comme inutile et contraire
aux moeurs publiques; et pendant quelque temps encore le peuple
assiste debout aux jeux. - Masinissa, âgé de quatre-vingt-douze ans
et habitué à ne prendre d'autre nourriture que du pain sec, défait
les Carthaginois qui lui avaient déclaré la guerre en violation du
traité, et qui par là attirèrent en outre sur eux les armes
romaines. (trad. Collection Nisard)

[49] Troisième guerre punique commencée la 601e année de la
fondation de Rome, et terminée au bout de cinq ans. - Un débat
s'élève entre M. Porcius Caton et Sci-
889 pion Nasica, le premier regardé
comme le citoyen le plus sensé de Rome, le second tenu de plus, au
jugement du sénat, pour le plus honnête. Caton voulait la guerre, il
voulait abattre et anéantir Carthage; Nasica était d'un autre avis.
Il est décidé cependant que la guerre sera déclarée aux
Carthaginois, pour avoir construit des vaisseaux en violation du
traité, pour avoir passé les frontières avec une armée, pour avoir
porté la guerre à Masinissa, ami et allié du peuple romain, et pour
avoir refusé de recevoir, dans leur ville, Gulussa, fils de
Masinissa, qui accompagnait les députés romains. - Avant qu'aucune
troupe ait été embarquée, arrivent à Rome des députés d'Utique,
apportant une entière soumission de leurs personnes et de leurs
biens. - Cette ambassade, acceptée comme un heureux présage, fut
aussi agréable au sénat qu'amère aux Carthaginois. - Comme le
prescrivaient les livres sibyllins, on célèbre sur le Tarentum, en
l'honneur de Pluton, les jeux célébrés cent ans auparavant, pendant
la première guerre punique, la 501e année de la fondation de Rome. -
Trente députés viennent à Rome apporter la soumission des
Carthaginois. - Caton fait triompher son avis de maintenir le décret
et d'ordonner aux consuls d'entrer en campagne le plus tôt possible.
Ceux-ci passent en Afrique, et se font d'abord livrer trois cents
otages et toutes les armes, tous les instruments de guerre qui se
trouvaient à Carthage; mais lorsque, conformément aux ordres du
sénat, ils enjoignent aux Carthaginois de transporter leur ville
dans un autre endroit qui soit éloigné de la mer de dix mille pas au
moins, alors l'atrocité de la sentence exaspère les Carthaginois et
les force à la guerre. - Les consuls L. Marcius et M'. Manilius
commencent le siège et l'attaque de Carthage. Dans cette attaque,
deux tribuns qui s'étaient jetés témérairement avec leurs cohortes
sur une partie de la muraille négligemment gardée, se trouvaient
dans un pressant danger, lorsqu'ils sont dégagés par Scipion
l'Africain. Aidé de quelques cavaliers il sauve aussi un fort des
Romains qui allait être emporté de nuit; et c'est encore à lui
qu'est attribué le principal honneur d'avoir délivré le camp assiégé
par les Carthaginois, qui avaient fait une sortie générale de toutes
leurs forces. - Pendant l'absence de son collègue, que les consuls
avaient appelé à Rome, le consul voyant ses efforts inutiles, lève
le siège et mène son armée à la rencontre d'Asdrubal, qui avait pris
position avec un corps de troupes dans un défilé escarpé. Scipion
dissuade d'abord le consul d'engager le combat sur un terrain aussi
défavorable; mais l'avis du plus grand nombre, envieux de son
habileté et de son courage, l'ayant emporté, il pénètre avec les
autres dans le défilé, et ses prédictions se réalisent: l'armée
romaine est battue et mise en fuite, deux cohortes sont assiégées
par l'ennemi. Il rentre alors dans le défilé avec quelques escadrons
de cavalerie, dégage les cohortes et protège leur retour. Son
courage trouve un admirateur dans Caton lui-même, si prompt
d'ordinaire au blâme, et qui va jusqu'à dire dans le sénat que tous
ceux qui servaient en Afrique n'étaient que des ombres, qu'il n'y
avait de vigueur que dans Scipion. La faveur du peuple romain
s'attache si vivement à lui, que dans les comices la plupart des
tribus inscrivent son nom pour le consulat, bien que son âge s'y
oppose. - L. Scribonius, tribun du peuple, ayant proposé une loi
pour rendre à la liberté les Lusitaniens qui s'étaient livrés à la
foi du peuple romain, et que Ser. Galba avait fait vendre en
Espagne, est chaudement appuyé par Caton, dont le discours existe
encore et se trouve dans ses Annales. - Q. Fulvius Nobilior, qui,
lui aussi, avait été souvent l'objet des attaques de Caton dans le
sénat, répond pour Galba; et Galba lui-même, se voyant près d'être
condamné, embrasse ses deux fils couverts de la prétexte et le fils
de Sulpicius Gallus son pupille, et se défend en termes si
pathétiques que la loi est rejetée. Il existe trois discours de
Galba, deux au sujet des Lusitaniens contre le tribun du peuple
Libon et sa rogation, un autre contre L. Cornélius Céthégus, dans
lequel il déclare avoir fait massacrer les Lusitaniens qui avaient
leur camp auprès du sien, parce qu'il avait acquis la certitude
qu'après avoir, suivant leur usage, immolé un cheval avec son
cavalier, ils voulaient, en affectant des intentions pacifiques,
assaillir son armée. - Un certain Andriscus, homme de la plus basse
naissance, qui se donnait pour le fils du roi Persée, et avait
changé son nom en celui de Philippe, s'échappe secrètement de Rome,
où l'avait envoyé, à cause de ce mensonge même, Démétrius, roi de
Syrie; et cette fable trouvant autant de crédit que la vérité, il
voit accourir auprès de lui assez de monde pour en former une armée,
et bientôt les armes ou la bonne volonté de la nation le rendent
maître de toute la Macédoine. Voici l'histoire qu'il avait inventée:
Né du roi Persée et d'une de ses concubines, il avait été confié,
pour être élevé, à un certain Crétois, afin que dans les hasards de
la guerre que le roi soutenait alors contre les Romains, il pût
survivre quelque rejeton de la race royale. Après la mort de Persée,
il fut élevé à Hydramyte jusqu'à l'âge de douze ans, ignorant sa
naissance, et se croyant le fils de celui qui l'élevait. Celui-ci
étant tombé malade, et voyant approcher son dernier jour, avait
alors dévoilé son origine et confié à celle qui passait pour sa mère
un petit écrit marqué du sceau du roi Persée, qu'elle devait lui
remettre lorsqu'il aurait atteint la puberté, la conjurant, par les
dernières prières, de tenir la chose dans le secret jusqu'à ce
moment. Devenu pubère, on lui avait remis cet écrit dans lequel il
était dit que son père lui laissait deux trésors; et alors la femme,
qui avait le secret de cette substitution, lui découvrit sa
véritable origine qu'il ignorait, et le supplia, s'il voulait éviter
la mort, de quitter ces lieux avant que la chose arrivât aux
oreilles d'Eumène, l'ennemi de Persée. Plein de frayeur, il se
rendit en Syrie où il espérait trouver quelque secours en Démétrius;
et ce fut là que, pour la première fois, il osa divulguer sa
condition. (trad. Collection Nisard)

Censorinus , De Die Natali , ch. XVII.

« De quatlorum ludorum anno triplex opinio est Antias enim et Varro et Livius relatos esse prodiderunt L. Marcio Censorino, M' Manilio consulibus, post Romam conditam anno sescentesimo quinto, "

« Sur l'année des quatrièmes jeux séculaires, il va trois opinions différentes. Valérius Autias, Varron et Tite-Live nous apprennent qu'ils furent célébrés sous le consulat de L. Martius Censorinus et de Martius Manilius 605 ans après la fondation de Rome. "

[50] La Thessalie, que le Pseudo-Philippe voulait aussi envahir et
occuper à main armée, est protégée par les Achéens que les députés
romains avaient appelés à la défense de ce pays. - Prusias, roi de
Bithynie, qui régnait sur les vices les plus ignobles, est mis à
mort par son fils Nicomède, secondé par Attale, roi de Pergame. Il
avait un autre fils qui était né, dit-on, avec la mâchoire
supérieure formée d'un seul os continu. - Des trois députés que les
Romains avaient envoyés pour réconcilier Nicomède et Prusias, l'un
avait la tête couverte de cicatrices, un autre, les jambes
impotentes, et le troisième passait pour avoir l'esprit inerte; ce
qui fit dire à Caton que cette ambassade n'avait ni tête, ni pieds,
ni coeur. La Syrie possédait à cette époque un roi de même origine
que celui de Macédoine, et qui égalait Prusias en mollesse et en
lâcheté. Toujours gisant dans les lieux de débauche et de
prostitution, il laissait régner Ammonius, qui fit périr tous les
amis du roi, la reine Laodice, et Antigone, fils de Démétrius. -
Masinissa, roi de Numidie, cet homme si remarquable, meurt à l'âge
de quatre-vingt-dix ans. Telle fut sa vigueur, même dans sa
vieillesse, qu'entre autres actes d'un âge moins avancé, qu'il
accomplit dans ses derniers jours, on peut citer la naissance d'un
enfant qu'il eut dans sa quatre-vingt-sixième année. Il avait trois
fils Micipsa, l'aîné, Gulussa et Mastanabal, qui était instruit même
dans les lettres grecques. Il leur laissa son royaume en commun, en
leur ordonnant de prendre pour arbitre du partage, Scipion Émilien,
qui divisa entre eux l'administration. - Phameas Himilcon,
commandant de la cavalerie carthaginoise, homme brave, et la
principale ressource des Carthaginois, passe aux Romains avec ses
troupes, à l'instigation de Scipion. - Une tempête engloutit dans
les flots Claudius Marcellus, un des trois députés envoyés à
Masinissa. - Les Carthaginois tuent au mi-
890 lieu du sénat, leur préteur
Asdrubal, petit-fils de Masinissa, qu'ils soupçonnaient de trahison,
à cause de sa parenté avec Gulussa, auxiliaire des Romains. -
Scipion Émilien, qui demandait l'édilité, est désigné par le peuple
pour le consulat. Comme il n'avait pas les conditions d'âge requises
il est exempté des lois et, après quelque opposition de la part du
sénat, il est nommé consul par les suffrages empressés des
plébéiens. - M'. Manilius emporte d'assaut plusieurs villes situées
aux alentours de Carthage. - En Macédoine, le Pseudo-Philippe taille
en pièces le préteur P. Juventius avec son armée; mais il est vaincu
à son tour et fait prisonnier par Q. Caecilius; et la Macédoine
rentre sous la domination romaine. (trad. Collection Nisard)


[51] Carthage, qui enfermait dans son enceinte une étendue de
terrain de vingt-trois mille pas, est prise en détail après un long
et pénible siège, d'abord par le lieutenant Mancinus, ensuite par le
consul Scipion, à qui la province d'Afrique avait été donnée
directement sans tirage au sort. - Les Carthaginois étaient parvenus
à creuser un nouveau port (toutes les issues de l'ancien étant
gardées par Scipion ), et à rassembler en secret, et en un court
espace de temps, une flotte immense; mais ils ne furent pas plus
heureux sur mer que sur terre. Scipion détruit, avec l'armée qu'il
renfermait, le camp de leur général Asdrubal, assis dans une
position de difficile accès, près de la ville de Nepherin; et
s'empare enfin de la ville, la 700e année de sa fondation. La plus
grande partie du butin fut restituée aux Siciliens, sur qui elle
avait été prise. - Au dernier instant de l'existence de Carthage
Asdrubal était venu se livrer à Scipion; mais son épouse, qui peu de
jours auparavant n'avait pu obtenir de son mari de passer comme
transfuge au vainqueur, se précipita du haut d'une tour avec ses
deux enfants au milieu des flammes qui dévoraient la ville. - À
l'exemple de son frère naturel Paul-Émile, le vainqueur de la
Macédoine, Scipion, donna des jeux publics, et exposa aux bêtes les
transfuges et les fugitifs. - Origine de la guerre achéenne;
violences exercées, par les Achéens, sur les députés du peuple
romain envoyés à Corinthe pour séparer de la ligue achéenne les
villes qui avaient été sous la domination de Philippe. (trad.
Collection Nisard)


[52] Combat près des Thermopyles entre Q. Caecilius Metellus et les
Achéens, ayant pour auxiliaires les Béotiens et Chalcidiens. Les
Achéens sont vaincus, et leur chef Critolaüs s'empoisonne. Diaeus,
instigateur de cette guerre, nommé général à la place de Critolaüs,
est défait près de l'isthme par le consul L. Mummius, qui reçoit
toute l'Achaïe à discrétion, et détruit Corinthe en vertu d'un
sénatus-consulte, qui la punissait ainsi de l'outrage fait aux
députés romains. Thèbes et Calchis, qui avaient secouru les Achéens,
éprouvent le même sort. L. Mummius donna, en cette occasion, un
grand exemple de désintéressement: de toutes les richesses, de tous
les ornements qui abondaient dans l'opulente Corinthe, il n'entra
rien dans sa maison. - Q. Caecilius Metellus triomphe d'Andriscus,
P. Cornélius Africanus Aemilianus Scipion, de Carthage et
d'Asdrubal. - En Espagne, Viriathe, d'abord simple pasteur, puis
chasseur, et de chasseur devenu brigand, et bientôt chef d'une
véritable armée, se rend maître de toute la Lusitanie. Le préteur M.
Vétilius est pris et son armée mise en déroute; son successeur dans
la préture, M. Plautius, n'est pas plus heureux que lui; et bientôt
la terreur qu'inspire cet ennemi devient telle qu'il faut employer
contre lui une armée et un chef consulaires. - Troubles de la Syrie
et guerres entre les rois. Alexandre, homme inconnu et de naissance
obscure, régnait en Syrie, après avoir tué, comme nous l'avons dit,
le roi Démétrius. Le fils de Démétrius, que son père avait envoyé
autrefois à Cnidos pour le mettre à l'abri des hasards de la guerre,
aidé par Ptolémée, roi d'Égypte, dont il avait épousé la fille
Cléopâtre, et méprisant la lâcheté et la mollesse d'Alexandre,
l'attaque et le tue. Ptolémée, blessé grièvement à la tête, meurt
pendant que les médecins lui faisaient l'opération du trépan; et son
jeune frère Ptolémée, qui régnait à Cyrène, lui succède. - Les
cruautés et les tortures que Démétrius exerçait sur les siens
révoltent un de ses sujets nommé Diodotus, qui revendique le trône
pour le fils d'Alexandre, à peine âgé de deux ans. Démétrius, vaincu
dans un combat, s'enfuit à Séleucie. - L. Mummius triomphe des
Achéens, et fait porter dans son triomphe des tableaux peints et des
statues d'airain et de marbre. (trad. Collection Nisard)


[53] Le consul Appius Claudius subjugue les Salasses, peuplade des
Alpes. - En Macédoine, un autre Pseudo-Philippe est taillé en pièces
avec son armée par le questeur L. Trémellius. - Les Celtibères sont
défaits par le proconsul Q. Caecilius Métellus. - Le proconsul Q.
Fabius emporte plusieurs villes d'assaut et fait rentrer dans
l'obéissance une grande partie de la Lusitanie. - Le sénateur
Acilius écrit en grec l'histoire romaine. (trad. Collection Nisard)


[54] En Espagne le consul Q. Pompéius soumet les Termestins; il
conclut, avec ceux-ci et avec les Numantins, une paix honteuse. -
Les censeurs ferment le lustre: le cens donne trois cent vingt-huit
mille quatre cent quarante-deux citoyens. - Les députés de la
Macédoine viennent se plaindre du préteur D. Junius Silanus, qui,
après avoir reçu de l'argent, avait encore exercé toutes sortes de
spoliations dans la province. Le sénat voulait instruire sur ces
plaintes; mais T. Manlius Torquatus, père de Silanus, demande et
obtient que l'instruction lui soit confiée; et après avoir pris chez
lui connaissance de l'affaire, il condamne son fils et le déshérite.
Celui-ci ayant mis fin à ses jours en se pendant, le père n'assista
pas même à ses funérailles; mais il se tint dans sa maison comme à
son ordinaire, donnant audience à ceux qui venaient le consulter. -
Le proconsul Q. Fabius déshonore ses exploits en Espagne en traitant
d'égal à égal avec Viriathe. Celui-ci est assassiné par des traîtres
soudoyés par Servilius Caepion; il est vivement regretté de toute
son armée qui lui fait de magnifiques funérailles. Grand homme et
grand général, presque toujours vainqueur pendant les quatorze
années qu'il fut en guerre avec les Romains. (trad. Collection
Nisard)


[55] Les consuls P. Cornelius Nasica, celui que le tribun du peuple
Curiatius avait surnommé en plaisantant Sérapion, et D. Junius
Brutus, procédant à la levée des troupes, font en présence des
nouvelles recrues un exemple des plus salutaires: C. Matiénus,
accusé devant les tribuns du peuple d'avoir déserté l'armée en
Espagne, et condamné, est longtemps battu de verges sous la fourche,
puis vendu à vil prix. - Les tribuns du peuple ne pouvant obtenir
l'exemption du service qu'ils sollicitaient pour dix soldats, font
conduire les consuls en prison. - En Espagne, le consul Junius
Brutus donne à ceux qui avaient servi sous Viriathe des terres et
une ville qui fut appelée Valentia. - Le sénat déclare nul le traité
conclu avec les Numantins, qui défont et mettent en fuite M.
Popilius. - Pendant que le consul C. Hostilius Mancinus
accomplissait un sacrifice, les poulets s'échappent de leur cage. En
outre, au moment où il s'embarquait pour l'Espagne, on entendit une
voix qui criait: "Arrête, Mancinus"; sinistres présages, comme
l'événement le prouva. Vaincu par les Numantins, chassé de son camp,
sans espoir de sauver son armée, il fait avec eux une paix
ignominieuse, que le sénat ne voulut pas ratifier. Trente mille
Romains avaient été vaincus par quatre mille Numantins. - D. Junius
Brutus emporte trente villes d'assaut, et soumet toute la Lusitanie
jusqu'au couchant et à l'Océan. Ses soldats refusant de passer le
fleuve Oblivio, il arrache un étendard des mains de celui qui le
porte, traverse le fleuve et se fait suivre ainsi de son armée. - Le
roi de Syrie, fils d'Alexandre (Balas), âgé d'environ dix ans, est
mis à mort perfidement par son tuteur Diodotus, surnommé Tryphon.
Celui-ci avait corrompu les médecins, qui, faisant croire au peuple
que le jeune roi souffrait de la gravelle, le tuèrent en l'opérant.
(trad. Collection Nisard)

891 [56] Dans l'Espagne ultérieure D. Junius Brutus remporte une
victoire sur les Gallèques. Moins heureux dans un combat contre les
Vaccéens, le proconsul M. Aemilius Lépidus renouvelle le désastre
numantin. Pour délier le peuple romain de la foi due au traité
conclu par Mancinus, on livre son auteur aux Numantins qui ne
veulent pas le recevoir. - Clôture du lustre par les censeurs: trois
cent vingt-trois mille neuf cent vingt-trois citoyens inscrits. - Le
consul Fulvius Flaccus soumet les Vardéens, peuple d'Illyrie. - En
Thrace, le préteur M. Cosconius défait les Scordisques. - Pour
mettre un terme à cette honteuse guerre des Numantins, que faisait
durer l'impéritie des généraux, le sénat et le peuple romain
défèrent spontanément le consulat à Scipion l'Africain. Comme il ne
pouvait le prendre sans violer la loi qui défendait de nommer le
même homme deux fois consul, il est exempté des lois, comme à son
premier consulat. - La guerre des esclaves, qui avait commencé en
Sicile, n'ayant pu être étouffée par les préteurs, est confiée aux
soins du consul C. Fulvius. Le promoteur de cette guerre était un
esclave nommé Eunus, syrien de naissance, qui commença par
rassembler quelques esclaves de la campagne, ouvrit les ergastules
et parvint à se former une armée. Un autre esclave, nommé Cléon,
rallia autour de lui jusqu'à soixante-dix mille hommes; et les deux
troupes réunies commencèrent une longue guerre contre le peuple
romain et ses armées. (trad. Collection Nisard)

Priscien, liv. XVIII, p. 1198, éd. Putsch.

« Qui Pompeium morbum excusasse ferunt, ne quum interesset deditioni, animos Numautinorum irritaret. "

" Q. Pompée prétexta, dit-on, une maladie; de peur que sa présence, au moment où Mancinus serait livré, n'irritât l'esprit des Numantins. "

[57] Scipion l'Africain assiège Numance et rétablit dans l'armée
corrompue par la licence et la mollesse, la discipline militaire la
plus rigoureuse. Il supprime tout instrument de luxe et de plaisir,
et chasse du camp deux mille prostituées; chaque jour il tient le
soldat au travail et le force à porter sept pieux et trente jours de
vivres. Un soldat supportait-il ce fardeau avec humeur: "Lorsque tu
sauras te faire un rempart de ton épée, lui disait-il, tu cesseras
alors de porter des retranchements." Un autre maniait-il facilement
un petit bouclier, il lui en faisait porter un plus grand; il ne le
blâmait cependant pas de mieux se servir du bouclier que de l'épée.
Quiconque était surpris hors des rangs était puni du sarment s'il
était Romain, du bâton s'il était étranger. De crainte que les bêtes
de somme ne diminuent le travail du soldat, il les fait toutes
vendre. Les sorties de l'ennemi sont souvent repoussées avec succès.
- Les Vaccéens, assiégés de toutes parts, se tuent sur les cadavres
de leurs femmes et de leurs enfants. - Antiochus, roi de Syrie,
envoie à Scipion de magnifiques présents. Contrairement à l'usage
des autres généraux, qui recevaient en secret les présents des rois,
Scipion déclare qu'il les acceptera à son tribunal, et ordonne au
questeur de les porter sur les registres publics; c'est là qu'il
prendra de quoi récompenser les braves. Il était parvenu à enfermer
Numance de tous côtés, et il voyait les assiégés pressés par la
famine; il défend alors de tuer ceux qui sortiraient pour fourrager:
"Plus ils seront, disait-il, plus ils consommeront vite ce qu'il
leur reste de vivres." (trad. Collection Nisard)


[58] Malgré l'opposition du sénat et des chevaliers, Tib. Sempronius
Gracchus, tribun du peuple, propose une loi agraire qui défend de
posséder plus de cinq cents arpents des terres publiques. Il se
porte à de tels excès qu'il fait abroger par une loi le pouvoir de
son collègue, M. Octavius, qui soutenait le parti contraire, et se
nomme lui, son frère Gracchus, et Appius Claudius, son beau-père,
triumvirs pour le partage des terres. Il promulgue une autre loi
agraire, dont les dispositions sont encore plus larges, et qui
permet aux mêmes triumvirs de décider si telle ou telle terre est du
domaine public ou du domaine privé. - Puis comme il n'y avait pas
assez de terres pour qu'on pût faire un partage qui satisfît même
les plébéiens, dont la cupidité était excitée outre mesure, il
annonce qu'il va promulguer une loi pour distribuer l'argent
provenant du roi Attale à tous ceux qui, d'après la loi Sempronia,
devaient recevoir des terres. Attale, fils d'Eumène, avait en effet
institué le peuple romain son héritier. Ces scandales soulèvent
l'indignation des sénateurs, et entre tous de T. Annius, homme
consulaire, qui après avoir parlé contre Gracchus dans le sénat,
entraîné par celui-ci devant le peuple et dénoncé aux plébéiens,
monte à la tribune et l'accuse encore. Gracchus voulait se faire
nommer tribun du peuple une seconde fois, quand les patriciens
excités par P. Cornélius Nasica, brisent les bancs, l'en frappent et
le mettent à mort au Capitole; son corps, privé de sépulture et
confondu parmi ceux des autres victimes de cette sédition, est jeté
dans le fleuve. - Vient ensuite le récit des événements divers de la
guerre des esclaves en Sicile. (trad. Collection Nisard)


[59] Les Numantins, réduits à l'extrémité par la famine, viennent se
rendre les uns après les autres et se tuer ensuite de leur propre
main. Scipion l'Africain détruit la ville et en triomphe, quatorze
ans après la ruine de Carthage. - Le consul P. Rupilius termine la
guerre des esclaves en Sicile. - Aristonicus, fils du roi Eumène,
s'empare de l'Asie Mineure, qui devait être libre, ayant été laissée
en héritage au peuple romain par le testament d'Attale. - P.
Licinius Crassus, consul et grand pontife (ce qui n'était jamais
arrivé auparavant), sort de l'Italie pour combattre Aristonicus. Il
est vaincu et tué. - Le consul M. Perperna défait Aristonicus, qui
se rend à discrétion. - Le lustre est fermé par les censeurs Q.
Pompéius et Q. Métellus, choisis tous deux pour la première fois
parmi les plébéiens. - Le cens donne trois cent sept mille huit cent
vingt-trois citoyens, outre les veuves et les pupilles. - Le censeur
Q. Metellus propose de contraindre tous les citoyens à se marier
pour avoir des enfants. Le discours qu'il prononça dans cette
circonstance existe encore, et César Auguste, quand il s'occupait
d'encourager le mariage dans les différents ordres de l'État, le lut
dans le sénat parce qu'il semblait composé pour la circonstance. -
Le tribun du peuple, C. Atinius Labeo, veut faire précipiter de la
roche Tarpéienne le censeur Q. Métellus qui l'avait omis sur les
listes du sénat; il en est empêché par l'intervention des autres
tribuns. - Le tribun du peuple Carbon présente une rogation pour
permettre au peuple de nommer le même tribun autant de fois qu'il
voudra. Scipion l'Africain s'élève contre cette proposition dans un
éloquent discours où il disait que la mort de Tib. Gracchus était
méritée. - Gracchus défend la rogation, mais l'avis de Scipion
prévaut. - Guerres entre Antiochus, roi de Syrie, et Phraates, roi
des Parthes. - L'Égypte n'est pas dans une situation plus calme.
Ptolémée Évergète, que son excessive cruauté rendait odieux aux
siens, voit son palais incendié par le peuple, et s'enfuit à Chypre.
Cléopâtre, sa soeur et son épouse, qu'il avait répudiée pour épouser
la fille de celle-ci, vierge encore, et à laquelle il avait fait
violence, est appelée au trône par le peuple. Ptolémée irrité fait
mettre à mort en Chypre, le fils qu'il avait eu d'elle, et envoie à
la mère la tête, les mains et les pieds de son enfant. - Troubles
excités par Fulvius Flaccus, C. Gracchus et C. Papirius Carbon,
triumvirs nommés pour le partage des terres. P. Scipion l'Africain,
qui s'était montré leur adversaire, est trouvé mort dans son lit,
quand la veille il était rentré chez lui plein de santé et de
vigueur. Des soupçons d'empoisonnement se portent sur son épouse
Sempronia, en raison surtout de ce qu'elle était soeur des Gracques,
ennemis des Scipions. Cependant cette mort n'est l'objet d'aucune
enquête. Scipion mort, les séditions triumvirales recommencent avec
plus de fureur. - Le Iapydes font éprouver au consul Sempronius un
revers qui est bientôt réparé par une victoire, due surtout au
courage de D. Junius Brutus, le même qui avait soumis la Lusitanie.
(trad. Collection Nisard)

892 [60] Le consul L. Aurélius réduit les Sardes révoltés. - M. Fulvius
Flaccus envoyé au secours des Massiliens, dont les Gaulois
Salluviens ravageaient le territoire, soumet, le premier, par les
armes, les Liguriens de la Gaule transalpine. Le préteur L. Opimius
reçoit à discrétion les Frégellans révoltés et détruit Frégelles. -
Peste en Afrique engendrée, dit-on, par des nuées de sauterelles,
que l'on extermine et dont les débris restent sur le sol. - Clôture
du lustre par les censeurs: trois cent quatre-vingt dix-sept mille
sept cent trente-six citoyens inscrits au cens. - Le tribun du
peuple, C. Gracchus, frère de Tibérius, et encore plus éloquent que
lui, fait passer plusieurs lois pernicieuses; une loi frumentaire
entre autres, qui accordait aux plébéiens cinq sixièmes de mesure de
blé; la loi agraire que son frère avait déjà portée, et une autre
loi encore pour se concilier l'ordre des chevaliers qui faisait
alors cause commune avec le sénat. Cette loi portait que six cents
chevaliers seraient choisis pour le sénat, et, comme il n'y avait à
cette époque que trois cents sénateurs, qu'à ces trois cents
sénateurs seraient adjoints les six cents chevaliers; c'était donner
aux chevaliers les deux tiers des voix dans le sénat. Continué dans
le tribunat pour l'année suivante, il fit passer plusieurs lois
agraires qui fondaient de nombreuses colonies en Italie, et une sur
le sol où avait existé Carthage. Il conduisit lui-même cette
dernière colonie, en qualité de triumvir. - Récit de l'expédition de
Q. Métellus contre les habitants des îles Baléares. Ces îles sont
appelées, par les Grecs, Gymnésies, parce que les habitants y
passent l'été sans vêtements; le nom de Baléares vient de l'action
de lancer des traits, ou de Balius, compagnon d'Hercule, que le
héros abandonna dans ces parages, lorsqu'il mit à la voile pour
aller trouver Géryon. - Récit des troubles de la Syrie. - Cléopâtre,
indignée de ce que Démétrius, son mari, après avoir tué son père,
avait pris le diadème sans son ordre, le fait mettre à mort avec son
fils Séleucus. (trad. Collection Nisard)


[61] Le proconsul C. Sextius, vainqueur des Salluviens, fonde la
colonie d'Aquae Sextiae, ainsi appelée du nom de son fondateur et de
l'abondance de ses sources d'eaux chaudes et froides. - Le proconsul
Cn. Domitius remporte, près de Vindalium, une victoire sur les
Allobroges, qui s'étaient attiré cette guerre pour avoir reçu dans
sa fuite. et aidé de tous leurs moyens, Teutomatius, roi des
Salluviens, et pour avoir ravagé le territoire des Éduens, alliés du
peuple romain. - À l'expiration de son séditieux tribunat, C.
Gracchus occupe aussi l'Aventin avec une multitude en armes. Le
consul L. Opimius, à la tête du peuple appelé aux armes par un
sénatus-consulte, l'en chasse et le tue ainsi que Fulvius Flaccus,
homme consulaire, et complice de ses fureurs. - Le consul Q. Fabius
Maximus, petit-fils de Paul Émile, remporte une victoire sur les
Allobroges et sur Bituitus, roi des Arvernes. Cent vingt mille
hommes de l'armée de Bituitus furent taillés en pièces. Lui-même,
étant parti pour Rome afin de satisfaire aux ordres du sénat, fut
retenu et mis en surveillance à Albe, parce que son retour en Gaule
paraissait dangereux. On ordonne aussi par un décret de saisir son
fils Congennetiacus, et de l'envoyer à Rome. - Les Allobroges sont
reçus à discrétion. - L. Opimius, accusé devant le peuple par le
tribun Q. Décius, d'avoir jeté des citoyens en prison sans
condamnation, est absous. (trad. Collection Nisard)


[62] Le consul Q. Marcius subjugue les Stynes, peuplade des Alpes. -
Micipsa, roi des Numides, meurt et laisse son royaume à ses trois
fils, Adherbal, Hiempsal et Jugurtha, fils de son frère et qu'il
avait adopté. - L. Caecilius Métellus soumet les Dalmates. -
Jugurtha attaque son frère Hiempsal, le défait et le tue; il chasse
de son royaume Adherbal, que le sénat y rétablit. - Les censeurs L.
Caecilius Métellus et Cn. Domitius Ahenobarbus excluent du sénat
trente-deux sénateurs. - Guerres intestines entre les rois de Syrie.
(trad. Collection Nisard)


[63] En Thrace, mauvais succès du consul Porcius Caton contre les
Scordisques. - Clôture du lustre par les censeurs: trois cent
quatre-vingt-quatorze mille trois cent trente-six citoyens inscrits
au cens. - Les vestales Aemilia Licinia et Marcia sont condamnées
pour inceste. Toutes les circonstances de ce crime, sa découverte,
sa punition, sont racontées dans ce livre. - Les Cimbres, nation
vagabonde, portent la dévastation en Illyrie, et mettent en fuite le
consul Papirius Carbon avec son armée. - En Thrace, le consul Livius
Drusus remporte une victoire sur les Scordisques, peuple originaire
de la Gaule. (trad. Collection Nisard)


[64] Jugurtha poursuit de ses armes Adherbal, l'assiège dans Cirta,
et le fait mettre à mort malgré les ordres à lui intimés par le
sénat. En conséquence la guerre est déclarée à Jugurtha; le consul
Calpurnius Bestia, chargé de la diriger, fait la paix avec le
Numide, sans l'ordre du sénat et du peuple. Jugurtha, sommé, au nom
de la foi publique, de faire connaître ceux dont il a suivi les
conseils, et accusé en outre d'avoir corrompu, par ses largesses
plusieurs membres du sénat, vient à Rome, où il fait tuer un petit
roi nommé Massiva, parce qu'il profitait des mauvaises dispositions
du peuple romain à son égard pour chercher à le déposséder de son
royaume. Comme ce meurtre le met en péril et qu'il se voit l'objet
d'une accusation capitale, il s'enfuit secrètement et sort de Rome
en s'écriant, dit-on: "O ville vénale, qui périrait bientôt si elle
trouvait un acheteur!" - Le lieutenant A. Postumius, battu dans un
combat contre Jugurtha, ajoute encore à ce revers la honte d'une
paix ignominieuse que le sénat refuse de ratifier. (trad. Collection
Nisard)


[65] Le consul Q. Caecilius Métellus défait Jugurtha dans deux
combats et ravage toute la Numidie. - M. Junius Silanus, consul, est
vaincu dans un combat contre les Cimbres. Leurs députés viennent
demander une demeure et des terres où ils puissent s'établir; le
sénat refuse. - Le proconsul M. Minucius remporte une victoire sur
les Thraces. - Le consul L. Cassius est taillé en pièces avec son
armée, sur les frontières des Allobroges par les Gaulois Tigurins,
peuplade helvétique qui s'était séparée du reste de la nation. Les
soldats qui avaient échappé à ce désastre entrent en composition
avec les ennemis, et obtiennent la vie sauve en livrant des otages
et la moitié de tout ce qu'ils possèdent. (trad. Collection Nisard)


[66] Jugurtha, chassé de la Numidie, par C. Marius, est secouru par
Bocchus, roi des Maures. Les troupes de ce dernier sont taillées en
pièces à leur tour. Alors renonçant à continuer une guerre commencée
sous de si malheureux auspices. Bocchus fait charger de chaînes
Jugurtha, et le livre à Marius. C'est surtout à l'habileté de L.
Cornelius Sylla, questeur de Marius, que l'on doit ce résultat.
(trad. Collection Nisard)

[67] M. Aurélius Scaurus, lieutenant du consul, est défait par les
Cimbres et tombe lui-même en leur pouvoir. Appelé par eux en
conseil, il s'efforce de les faire renoncer au projet de passer les
Alpes et de pénétrer en Italie, en leur disant que les Romains ne
peuvent être vaincus. Il est tué par le roi Boiorix, jeune homme
rempli d'orgueil et d'arrogance. - Le consul Cn. Manlius et le
proconsul Q. Servilius Caepion sont vaincus, près d'Orange, par les
mêmes ennemis, qui se rendent maîtres de leurs deux camps. Quatre-
vingt mille soldats et quarante mille valets d'armée périssent dans
cette défaite. Caepion est condamné pour l'avoir causée par sa
témérité; l'on prononce contre lui, pour la première fois depuis le
roi Tarquin, la peine de la confiscation des biens; il est déposé du
commandement. - Triomphe de Marius. - Jugurtha est conduit, avec ses
deux fils, devant le char du
893 triomphateur. Il est ensuite tué dans sa prison. -- Marius entre au sénat avec la robe triomphale, ce que personne n'avait fait avant lui. -- Les craintes inspirées par la guerre cimbrique lui font continuer, pendant plusieurs années, le consulat. Il est élu une seconde et une troisième fois, malgré son absence. Il brigue en secret un quatrième consulat, et l'obtient. -- Cn. Domitius est nommé souverain pontife, par les suffrages du peuple. -- Les Cimbres dévastent tous les pays situés entre le Rhône et les Pyrénées; ils pénètrent en Espagne par un défilé, et y exercent de grands ravages. Défaits par les Celtibères, ils rentrent dans la Gaule et s'y joignent à un autre peuple belliqueux, les Teutons.

LIVRE LXVIII.

SOMMAIRE. Le préteur M. Antonius poursuit les pirates jusqu'en Cilicie. -- Le consul C. Marius se défend dans son camp assiégé avec vigueur par les Teutons et les Ambrons. Il gagne ensuite sur eux deux grandes batailles aux environs d'Aquae Sextiae; deux cent mille ennemis sont tués; quatre-vingt-dix mille sont faits prisonniers. -- Marius, malgré son absence, est créé consul pour la cinquième fois. On lui offre le triomphe; il le refuse jusqu'à ce qu'il ait vaincu les Cimbres. -- Q. Catulus, proconsul, qui gardait les défilés des Alpes, est battu par les Cimbres; il se retire sur l'Adige et s'y retranche dans un château fort. Les Cimbres le forcent encore d'abandonner cette position. Après s'être ainsi ouvert un passage par leur valeur, ils pénètrent en Italie en poursuivant le proconsul et son armée. Mais Catulus et C. Marius parviennent à opérer leur jonction. Ils livrent la bataille et la gagnent. Cent quarante mille ennemis restent, dit-on, sur le champ de bataille; soixante mille sont faits prisonniers. Marius est reçu aux applaudissements de toute la ville; on lui offre deux triomphes; il se contente d'un seul. Les nobles, qui d'abord n'avaient pu voir, sans jalousie, un homme nouveau élevé à de si grands honneurs, avouent eux-mêmes qu'il a sauvé la république. -- Publicius Malleolus, meurtrier de sa mère, est cousu dans un sac et jeté à la mer. C'est le premier exemple de ce genre de supplice. -- Les anciles s'agitèrent, dit-on, avec bruit, avant la fin de la guerre cimbrique. -- Ce livre contient en outre le récit des guerres qui eurent lieu entre les rois de Syrie.

LIVRE LXIX.

SOMMAIRE. L. Apuléius Saturninus, appuyé du crédit de C. Marius, fait tuer par des soldats A. Nunnius, son compétiteur, et se fait ainsi élire tribun du peuple. Il exerce le tribunat, comme il l'avait obtenu, par la violence. Après avoir fait passer, par les mêmes moyens, une loi agraire, il fait assigner Metellus Numidicus, qui refusait de jurer obéissance à cette loi. Celui-ci, voyant tous les bons citoyens disposés à le défendre, se rend volontairement en exil, pour ne pas être la cause d'une guerre civile. Il se retire à Rhodes, et s'y console par l'étude et par la conversation des grands hommes. Après son départ, C. Marius, l'auteur de la sédition et qui avait acheté un sixième consulat, en répandant de l'argent dans les tribus, lui fait interdire l'eau et le feu. -- Le même Apuléius Saturninus, tribun du peuple, tue C. Memmius, candidat au consulat, dont il craignait surtout l'opposition à ses projets contre les patriciens. Ces violences soulèvent enfin le sénat; C. Marius, homme d'un caractère variable et changeant au gré des événements, embrasse lui-même la cause de cet ordre, lorsqu'il voit qu'il lui est impossible de sauver Saturninus; on s'arme contre celui-ci; il est vaincu et périt à la suite d'une sorte de guerre civile, avec le préteur Glaucia et les autres complices de ses fureurs. -- Q. Caecilius Metellus revient d'exil; son retour excite, dans toute la ville, les plus grandes démonstrations de joie. -- Le proconsul Manius Aquillius termine en Sicile une guerre des esclaves.

LIVRE LXX.

SOMMAIRE. Manius Aquillius, accusé de concussion, refuse de prier lui-même ses juges. M. Antonius, chargé de le défendre, déchire la tunique de son client pour montrer les honorables cicatrices dont sa poitrine est couverte. Cette vue le fait absoudre sans hésitation. Ce fait ne s'appuie que sur le témoignage de Cicéron. -- Le proconsul T. Didius obtient quelques avantages contre les Celtibères. -- Ptolémée, surnommé Apion, roi de Cyrène, nomme, en mourant, le peuple romain son héritier: le sénat donne la liberté aux villes qui avaient fait partie de son royaume. -- Ariobarzane est rétabli, par L. Cornélius Sylla, sur le trône de Cappadoce. -- Des députés parthes, envoyés par Arsace, leur roi, viennent trouver Sylla pour demander l'amitié du peuple romain. -- P. Rutitius, s'étant attiré la haine de l'ordre équestre, en qui résidait le pouvoir judiciaire, parce qu'il s'était opposé, en Asie, aux injustices des publicains lorsqu'il était lieutenant du proconsul Q. Mucius, est condamné comme coupable de concussion, malgré son extrême probité, et envoyé en exil. -- Le préteur C. Sentius n'est pas heureux dans son expédition contre les Thraces. Le sénat, fatigué des excès auxquels se livraient les chevaliers dans l'exercice du pouvoir judiciaire, commence à faire tous ses efforts pour que ce pouvoir lui soit transféré. M. Livius Drusus, tribun du peuple, appuie les desseins du sénat. Il emploie, pour augmenter sa puissance, un moyen dangereux, en excitant le peuple par l'espoir des largesses. -- Il est en outre parlé, dans ce livre, des guerres des rois de Syrie.

LIVRE LXXI.

SOMMAIRE. Le tribun du peuple, M. Livius Drusus, afin de se procurer de plus grandes forces pour défendre la cause du sénat, dont il était chargé, gagne, par l'espoir du droit de cité, les alliés et les peuples de l'Italie. Avec leur secours il fait passer, par la violence, des lois pour les distributions de terres et de blé. Il en fait voter ensuite une autre sur l'administration de la justice. En vertu de cette loi le pouvoir judiciaire doit appartenir, par égales portions, au sénat et à l'ordre équestre. -- Drusus ne peut remplir la promesse qu'il a faite aux Italiens, de leur faire obtenir le droit de cité; ceux-ci, irrités, méditent une défection. -- Réunions tenues par les Italiens; ligue formée par ces peuples; discours tenus dans les assemblées des chefs. -- Tous ces événements rendent Drusus odieux, même au sénat, qui le regarde comme la cause de la guerre sociale. Il est tué dans sa maison, on ne sait par qui.

LIVRE LXXII.

SOMMAIRE. Défection des peuples d'Italie; les Picentins commencent la guerre; ils sont imités par les Vestins, les Marses, les Péligniens, les Marrucins, les Samnites et les Lucaniens. -- Le proconsul Q. Servilius est massacré à Asculum, avec tous les citoyens romains qui se trouvent dans cette place. Le peuple prend le sagum. -- Ser. Galba tombe au pouvoir des Lucaniens; il doit sa liberté au dévouement d'une femme chez laquelle il est logé. -- Les colonies d'Albe et d'Aesernia sont assiégées par les Italiens. -- Secours envoyés au peuple romain par les alliés de nom latin et les peuples étrangers. -- Opérations militaires des deux partis; villes emportées par l'un et par l'autre.

LIVRE LXXIII.

SOMMAIRE. Le consul L. Julius César engage, contre les Samnites, un combat dont l'issue n'est pas heureuse. -- La colonie de Nola tombe au pouvoir des Samnites, avec le préteur L. Postumius,qui est massacré par eux. Des peuples nombreux se joignent aux ennemis. -- Le consul P. Rutilius est battu par les Marses, il périt lui-même dans le combat; mais dans une seconde bataille, son lieutenant, C. Marius, répare cet échec. -- Ser. Sulpicius défait les Péligniens. -- Q. Caepion, lieutenant de Rutilius, assiégé par l'ennemi, fait une sortie qui lui réussit. Il obtient par ce succès un pouvoir égal à celui de C. Marius; mais, devenu téméraire, il tombe dans un piège qui lui est tendu; son armée est défaite et il périt. -- Le consul L. Julius César gagne une bataille contre les Samnites. À cause de cette victoire le peuple dépose le sagum; mais, comme si la fortune eût voulu que les succès, dans cette guerre, fussent partagés, la colonie d'Aesernia 894 tombe, avec M. Marcellus, au pouvoir des Samnites. -- Les Marses sont défaits par C. Marius et Hierius Asinius, préteur des Marrucins, périt dans la mêlée. -- Dans la Gaule transalpine, les Salluviens révoltés sont vaincus par C. Caecilius.

LIVRE LXXIV.

SOMMAIRE. Cn. Pompée défait les Picentins et les tient assiégés. À cause de cette victoire on prend à Rome la prétexte et les autres insignes des magistratures. -- C. Marius livre aux Marses un combat dont le succès est douteux. -- Premier exemple de l'enrôlement des affranchis.-- Le lieutenant A. Plotius défait les Ombriens, et le préteur L. Porcius, les Marses: ces deux peuples s'étaient révoltés. -- Nicomède, roi de Bithynie, et Ariobarzane, roi de Cappadoce, sont rétablis sur leurs trônes. -- Les Marses sont vaincus en bataille rangée par le consul Cn. Pompée. -- La ville étant accablée par les dettes, le préteur A. Sempronius Asellio, qui rendait des jugements favorables aux débiteurs, est tué dans le forum par les usuriers. -- Ce livre contient en outre le récit des incursions et des ravages des Thraces dans la Macédoine.

LIVRE LXXV.

SOMMAIRE. Le lieutenant A. Postumius Albinus, commandant de la flotte, accusé de trahison par la voix publique, est tué par son armée. -- Le lieutenant Lucius Cornelius Sylla gagne une bataille sur les Samnites, et leur prend deux camps. -- Cn. Pompée reçoit la soumission des Vestins. -- Succès du consul L. Porcius; il défait les Marses dans plusieurs rencontres, et périt au moment où il se rend maître de leur camp. Sa mort donne la victoire à l'ennemi, dans cette affaire. -- Les Samnites sont vaincus en bataille rangée par Cosconius et Lucanus; mort de Marius Egnatius, le plus célèbre de leurs généraux; un grand nombre de leurs villes se rendent. -- L. Sylla parvient à dompter les Hirpins; il est plusieurs fois vainqueur des Samnites, et reçoit la soumission de plusieurs peuples. Après s'être illustré par des exploits que précédemment peu de généraux avaient égalés avant leur consulat, il se rend à Rome pour solliciter cette charge.

LIVRE LXXVI.

SOMMAIRE. Le lieutenant A. Gabinius obtient des succès contre les Lucaniens; il leur prend un grand nombre de villes, et périt en assiégeant leur camp. -- Le lieutenant Sulpicius taille en pièces les Marrucins, et reprend tout ce pays. -- Le proconsul Cn. Pompée reçoit la soumission des Vestins et des Péligniens. -- Les Marses sont également battus, dans plusieurs rencontres, par les lieutenants L. Muréna et Caecilius Pinna: ils demandent la paix. -- Prise d'Asculum par Cn. Pompée. -- Les Italiens sont taillés en pièces par le lieutenant Mamercus Aemilius; Silo Poppaedius, général des Marses, instigateur de cette guerre, périt dans le combat. -- Ariobarzane, roi de Cappadoce, et Nicomède, roi de Bithynie, sont chassés de leurs états par Mithridate, roi de Pont. -- Incursions et ravages des Thraces dans la Macédoine.

LIVRE LXXVII.

SOMMAIRE. Le tribun du peuple, P. Sulpicius, fait passer, à l'instigation de C. Marius, plusieurs lois pernicieuses, portant le rappel des exilés, l'inscription dans les tribus de nouveaux citoyens et des affranchis, et la nomination de C. Marius au commandement de la guerre contre Mithridate. Dans son opposition contre les consuls Q. Pompée et L. Sylla, il exerce des violences et fait tuer Q. Pompée, fils du consul et gendre de Sylla. -- Le consul L. Sylla vient à Rome avec son armée; il livre, dans l'intérieur même de la ville, un combat à la faction de Sulpicius et de Marius, et parvient à l'expulser. -- Douze hommes de cette faction, entre autres C. Marius et son fils, sont déclarés ennemis publics par le sénat. -- P. Sulpicius, qui se tenait caché dans une villa, est dénoncé par un de ses esclaves et mis à mort. On affranchit l'esclave pour tenir la promesse faite au dénonciateur; mais on le précipite du haut de la roche Tarpéienne, pour avoir trahi son maître. -- C. Marius, le fils, passe en Afrique. -- C. Marius, le père, se cache dans les marais de Minturne; il en est tiré par les habitants de cette ville; un esclave, Gaulois de nation, envoyé pour le tuer, recule frappé de la majesté d'un si grand homme. -- C. Marius est embarqué aux frais de la ville et conduit en Afrique. -- L. Sylla rétablit l'ordre dans l'état, puis il fonde des colonies. -- Le consul Q. Pompée va prendre le commandement de l'armée du proconsul Cn. Pompée. Il est tué à l'instigation de celui-ci. -- Mithridate, roi du Pont, s'empare de la Cappadoce et de la Bithynie. Il pénètre, avec une nombreuse armée, dans la province romaine de Phrygie, et en chasse le lieutenant Aquilius.

Plutarque, Vie de Sylla. ch. VI. Ct, Freinsh. Suppl., ch. IX.

" Sylla fit une noble alliance en épousant Cécilia, fille du grand-pontife Metellus; ce qui lui attira les injurieux sarcasmes du vulgaire, et le mécontentement d'un grand nombre de patriciens, qui regardaient comme indigne d'une telle femme, suivant les expressions de Tite-Live, celui qu'ils auraient juge digne du consulat. "

Augustin., de Civit. Dei Il:, 24. Cf. Plut. l. c., ch. IX.

" Sulla quum primum ad urbem contra Marium castra movisset, adeo laeta exta immolanti fuisse scribit Livius, ut custodiri se Postumius haruspex voluerit, capitis supplicium subiturus, nisi ea, quae in anima Sulla haberet, diis juvautibus, implevisset. "

" Tite-Live raconte que la première fois que Sylla se mit eu marche vers Rome pour combattre Marius, la victime qu'Il immolait offrit de si heureux présages, que l'aruspice Postumius demanda à être mis en surveillance, consentant à perdre la tête, si avec l'aide des dieux Sylla n'accomplissait pas ce qu'il avait projeté. "

LIVRE LXXVIII.

SOMMAIRE. Mithridate s'empare de toute l'Asie: il fait prisonniers le proconsul Q. Oppius et le lieutenant Aquilius. Par son ordre, tout ce qu'il y a de citoyens romains en Asie est massacré en un seul jour. Il assiège la ville de Rhodes, qui seule était restée fidèle; mais il est vaincu dans quelques engagements sur mer, et se retire. -- Archélaüs, son lieutenant, vient en Grèce avec une armée; il s'empare d'Athènes. Empressement des villes et des îles à se déclarer, les unes pour Mithridate, les autres pour le peuple romain.

LIVRE LXXIX.

SOMMAIRE. Cornélius Cinna présente des lois pernicieuses, et s'efforce de les faire passer par la violence et par les armes. Il est chassé de la ville, avec six tribuns du peuple, par son collègue Cn. Octavius. On lui retire son autorité; mais il gagne l'armée d'Appius Claudius, s'en rend maître, et s'avance contre Rome, après avoir fait venir d'Afrique C. Marius et les autres exilés. -- Dans cette guerre, deux frères, l'un dans l'armée de Pompée, l'autre dans celle de Cinna, combattent, sans le savoir, l'un contre l'autre. Le vainqueur, en dépouillant l'ennemi qu'il vient de tuer, reconnaît son frère; il éclate en sanglots, lui élève un bûcher, se perce lui-même dessus, et les mêmes flammes le consument. -- Cinna pouvait être accablé dès le principe, mais la trahison de Cn. Pompée, qui favorise en même temps les deux partis, lui donne des forces. Ce général ne vient au secours du parti des grands que quand leurs affaires sont désespérées. Sa lenteur donne le temps à Cinna et à Marius d'investir la ville avec quatre armées; deux de ces armées ont pour chefs Q. Sertorius et Carbon. -- Marius prend la colonie d'Ostie, et la pille cruellement.

LIVRE LXXX.

SOMMAIRE Le sénat accorde aux Italiens le droit de cité. -- Les Samnites,  qui seuls continuaient encore les hostilités, se joignent à Cinna et  à Marius. Ils taillent en pièces Plau- 895 tius avec son armée. -- Cinna et Marius, réunis à Carbon et à Sertorius, s'emparent du Janicule. Ils en sont repoussés par le consul Octavius. -- Marius ravage les colonies d'Antium, d'Aricie et de Lanuvium. Enfin, désespérant de faire une plus longue résistance, paralysés par l'inertie et la trahison des chefs et des soldats qui refusent de combattre ou passent à l'ennemi, les nobles ouvrent les portes de Rome à Cinna et à Marius. Les vainqueurs la traitent en ville conquise, la livrent au meurtre et an pillage, massacrent le consul, Cn. Octavius, et tous les nobles du parti contraire. Parmi les victimes on compte M. Antonius, éloquent orateur, Lucius et Caius César, dont les têtes sont exposées sur les Rostres. Crassus le fils tombe sous les coups des cavaliers de Fimbria. Crassus le père, pour échapper à un traitement indigne de sa vertu, se perce de son épée. -- Sans convoquer les comices, Cinna et Marius se décernent le titre de consuls pour l'année suivant, et le jour même de leur entrée en fonctions Marius fait précipiter le sénateur Licinius du haut de la roche Tarpéienne. Enfin, souillé d'une foule de crimes, il meurt auxides de janvier. Si l'on compare les vertus et les vices de cet homme, il sera difficile de décider s'il fit plus de bien à sa patrie, comme soldat, qu'il ne lui fit de mal comme citoyen; car si, comme général, il sauva la république, comme citoyen il causa sa ruine, d'abord par toutes sortes d'intrigues, et enfin par la guerre civile.

LIVRE LXXXI

SOMMAIRE. Sylla met le siège devant Athènes, dans laquelle s'était renfermé Archélaüs, général de Mithridate, et s'en empare après de longs efforts. Il rend à la ville la liberté et aux habitants la jouissance de leurs biens. -- Magnésie, la seule ville d'Asie restée fidèle aux Romains, oppose à Mithridate une valeureuse résistance. -- Incursions des Thraces en Macédoine.

LIVRE LXXXII.

SOMMAIRE.  Les troupes de Mithridate, après avoir soumis la Macédoine, étaient entrées dans la Thessalie. - Sylla remporte sur elles une victoire, leur tue cent mille hommes, et reste maître de leur camp. -- Bientôt la guerre recommence, mais l'armée du roi est une seconde fois battue. -- Archélaüs, avec la flotte du roi, fait sa soumission à Sylla. Cependant le consul L. Valérius Flaccus, collègue de Cinna, est envoyé pour remplacer Sylla; mais, s'étant rendu odieux à son armée par son avarice, il est assassiné par C. Fimbria, son lieutenant, homme entreprenant à l'excès, qui s'empare du commandement. -- Mithridate se rend maître de plusieurs villes d'Asie, et pille cruellement cette province. -- Les Thraces font des incursions en Macédoine.

LIVRE LXXXIII.

SOMMAIRE. C. Fimbria entre en Asie, y remporte des avantages sur quelques officiers de Mithridate, prend la ville de Pergame, tient le roi assiégé, et peu s'en faut qu'il ne s'empare de sa personne. Il prend et détruit la ville d'Ilion, qui attendait Sylla pour reconnaître son autorité, et soumet une grande partie de l'Asie.- - Sylla taille en pièces les Thraces dans de nombreuses rencontres. -- L. Cinna et Cn. Papirius Carbon, après s'être eux-mêmes nommés consuls pendant deux ans, font contre lui des préparatifs de guerre. Mais L. Valérius Flaccus, prince du sénat, adresse un discours aux sénateurs, et avec l'aide de tous les amis de la tranquillité publique, il obtient qu'on enverra vers Sylla des négociateurs chargés de traiter avec lui de la paix. -- Cinna est massacré par ses troupes, qu'il embarquait contre leur gré pour les opposer à Sylla. -- Carbon reste seul chargé du consulat. -- Sylla, ayant passé en Asie, fait la paix avec Mithridate, à condition que celui-ci évacuera les provinces d'Asie, de Bithynie et de Cappadoce. -- Fimbria, abandonné de ses troupes qui avaient passé du côté de Sylla, est réduit à se donner la mort; il présente sa tête à un esclave et lui ordonne de le tuer.

Augustin, de Civit. Dei, III, 7.Cr. Frenshem. Suppl., ch. VII.

" Eversis quippe et incensis omnibus cum oppido, solum Minervae simulacrum sub tanta ruina templi illius , ut scribit Livius, integrum stetisse perhibetur. "

" Au témoignage de Tite-Live, tandis que toutes les autres statues étaient renversées et incendiées avec la ville. la seule statue de Minerve, resta, dit-on, intacte dans l'effroyable ruine de ce temple. "

LIVRE LXXXIV.

SOMMAIRE. Sylla répond, aux négociateurs envoyés vers lui, qu'il reconnaîtra l'autorité du sénat à condition qu'on rappellera les citoyens qui, bannis par Cinna, ont cherché un refuge près de lui. -- Le sénat pense devoir accéder à sa demande; mais Carbon et son parti, qui croient trouver plus d'avantages dans la guerre, empêchent tout accord. -- Le même Carbon, voulant exiger des otages de toutes les villes et de toutes les colonies d'Italie pour s'assurer de leurs dispositions contre Sylla, le sénat oppose à cette mesure un vote unanime. -- Un sénatus-consulte accorde le droit de suffrage à de nouveaux citoyens. -- Q. Métellus Pius, partisan de l'aristocratie, ayant pris les armes en Afrique, est battu par le préteur C. Fabius, et sur ordre du sénat, obtenu par le parti de Carbon et de Marius, prescrit le licenciement général des troupes. -- Distribution des affranchis dans les trente-cinq tribus. -- Préparatifs de guerre contre Sylla.

LIVRE LXXXV.

SOMMAIRE. Sylla passe en Italie avec son armée. Les députés, envoyés par lui pour traiter de la paix, sont insultés par le consul C. Norbanus, auquel il fait essuyer une défaite. Après avoir fait inutilement tous ses efforts auprès de l'autre consul L. Scipion pour conclure avec lui un traité de paix, il se prépare à attaquer son camp, lorsque l'armée du consul, gagnée par les émissaires de Sylla, passe tout entière de son côté. Il pouvait ôter la vie à Scipion: il lui rend la liberté. -- Cn. Pompée, fils de ce Cnéius, qui avait pris Asculum, lève un corps de volontaires et amène trois légions à Sylla. Bientôt toute la noblesse se rend en foule auprès de ce général. On abandonne la ville pour accourir dans son camp. -- L'Italie entière est le théâtre des expéditions de l'un et de l'autre parti.

LIVRE LXXXVI.

SOMMAIRE. C. Marius le fils se fait donner par la violence le consulat avant l'âge de vingt ans (de vingt-sept ans selon d'autres). C. Fabius, s'étant rendu odieux en Afrique, par son avarice et sa cruauté, est brûlé vif dans son prétoire. -- L. Philippus, lieutenant de Sylla, s'empare de la Sardaigne, après la défaite et la mort du préteur Q. Antonius. -- Sylla, pour ôter aux Italiens la crainte qu'il ne vienne leur enlever le droit de cité et de suffrage, leur récente conquête, fait avec eux un traité. Il compte tellement sur la victoire, qu'il renvoie des plaideurs qui se présentaient devant lui, en leur donnant délai pour comparaître à Rome, dont ses ennemis étaient encore maîtres. -- Par l'ordre de C. Marius, le préteur L. Damasippus convoque le sénat et massacre tous les nobles qui restaient dans la ville. Au nombre de ces malheureux se trouvait le grand pontife Q. Mucius Scaevola, qui, cherchant à fuir, est immolé dans le vestibule du temple de Vesta. -- La guerre recommence en Asie entre L. Muréna et Mithridate.

LIVRE LXXXVII.

SOMMAIRE. Sylla remporte à Sacriportum une sanglante victoire sur l'armée de Marius, et l'assiège lui-même dans Préneste. -- Il reprend Rome sur ses ennemis. -- Marius essaie de faire une sortie; il est repoussé. -- Partout les lieutenants de Sylla combattent avec le même succès.

LIVRE LXXXVIII.

SOMMAIRE. Sylla marche contre Carbon, met son armée en déroute près de Clusium, la taille en pièces près de Faventia et de Fidentia, et le force à quitter l'Italie. Les Sam- 896 nites étaient, de tous les Italiens, les seuls qui n'eussent pas encore posé les armes; il les défait sous les murs de Rome, non loin de la porte Colline. Sylla maître de la république; souille la victoire la plus belle par les excès d'une cruauté inouïe. Il massacre, dans une villa appartenant à l'état, tuait mille citoyens qui avaient fait leur soumission; il publie des listes de proscription , et inonde de sang Rome et l'Italie entière. Il fait égorger tous les Prénestins désarmés: il met à mort le sénateur Marius, après lui avoir fait rompre les membres, couper les oreilles et crever les yeux. — C. Marius, assiégé dans Préneste par Lucrétius Ofella, partisan de Sylla, ayant essayé de s'échapper par une mine et trouvant toutes les issues occupées par l'ennemi, se donne la mort. Il était dans la mine avec Pontius Télesinus, qui l'accompagnait dans sa lutte lorsqu'ils voient le salut impossible, tous deux tirent leurs épées et s'élancent l'un sur l'autre; Pontius est tué, et Marius blessé ordonne à son esclave de lui donner le coup mortel.

LIVRE LXXXIX.

SOMMAIRE. — Par ordre de Cn. Papirius Carbon qui avait abordé à Cossura, M. Brutus se rend à Lilybée, dans une barque de pêcheur, pour s'informer si Pompée est en Sicile. Mais, enveloppé par des vaisseaux que Pompée avait envoyés, il se donne la mort en appuyant la garde de son épée contre le banc des rameurs, et en se jetant sur la pointe de tout le poids de son corps. Pompée, envoyé par le sénat en Sicile avec un commandement, fait saisir et mettre à mort Cn. Carbon, qui, dans ses derniers moments , pleure et tremble comme une femme. — Sylla, nommé dictateur, se fait précéder de vingt-quatre licteurs, ce qu'aucun magistrat n'avait fait avant lui. — Par l'établissement de lois nouvelles il raffermit la république, affaiblit le tribunal et lui enlève toute sa puissance législative. Il porte à quinze le nombre des membres qui composent le collège des prêtres et des augures; remplit les vacances du sénat en y faisant entrer des chevaliers; ôte aux enfants des proscrits le droit d'aspirer aux honneurs, met leurs biens en vente, et s'enrichit lui-même de leurs dépouilles. Ces ventes donnent un produit de trois cent cinquante millions de sesterces. — Q. Lucrétius Ofella ayant osé, contre sa volonté. se mettre sur les rangs pour le consulat, il le fait tuer au milieu du forum. Le peuple s'en émeut , mais le dictateur convoque l'assemblée, et déclare que c'est par son ordre que ce meurtre a été commis. — Pompée passe en Afrique, on le proscrit. Cn. Domitius et Hiarbas, roi de Numidie, avaient pris les armes. Il les défait et les tue : ainsi à l'âge de vingt-quatre ans, n'étant encore que chevalier romain, il triomphe de l'Afrique, honneur jusque-là sans exemple. Le proscrit C. Norbanus, qui avait été consul, se voyant arrêté à Rhodes, se donne la mort.— Un autre proscrit, nominé Mutilus, se présente secrètement et la tête voilée derrière la demeure de sa femme Bastia. Elle le repousse parce que, dit elle, Mutilus est proscrit. Alors le malheureux se tue, et arrose de son sang la porte de la maison de sa femme. — Sylla enlève aux Samnites la ville de Nole; il conduit quarante-sept légions dans les terres confisquées et les leur partage. — La ville de Volaterre qui se défendait encore, est assiégée et se rend à discrétion. D'un autre côté Mytilène, la seule ville d'Asie qui, depuis la défaite de Mithridate, n'ait pas déposé les armes, est prise et renversée.

LIVRE XC.

SOMMAIRE.— Mort de Sylla. Pour honorer sa mémoire le sénat le fait inhumer dans le champ de Mars. — M. Aemilius Lépidus, en essayant de faire cesser les lois de Sylla, rallume la guerre. Il est chassé de l'Italie par son collègue Catulus, et va mourir en Sardaigne, après avoir fait de vains efforts pour reprendre les hostilités. — M. Brutus, qui commandait la Gaule cisalpine, est tué par Cn. Pompée. — Sertorius proscrit rend ses armes redoutables dans l'Espagne ultérieure. — Le proconsul L. Manlius et le lieutenant M. Domitius sont battus par le questeur Herculeius, — Expédition du proconsul P. Servilius contre la Cilicie.

LIVRE XCI.

SOMMAIRE. — Pompée, encore simple chevalier, est envoyé contre Sertorius, avec les pouvoirs consulaires. Sertorius prend quelques villes; il en soumet un grand nombre à son autorité. — Le proconsul Appius Claudius remporte plusieurs avantages sur les Thraces. — Le proconsul Q. Métellus massacre Herculeius, général de Sertorius, avec toute son armée.

Fragment trouvé dans un manuscrit du Vatican, et publié pour la première fois par Bruns et Giovenazzi, puis par Niebuhr.

" [Contrebienses, quum , super cetera, extrema fames etiam instaret, multis saepe frustra conatibus captis, ut bellum ab urbe ас mœnibus propulsarent , conjectis de muro ignibus Sertorii opera infestarunt ; et turris contabulata , quae omnia munimenta urbis superabat altitudine, effusis hausta flammis cum ingenti fragore procidit. Nocte] tamen insequenti, ipso pervigilante, in eodem loco alia excítata turris prima luce miraculo hostibus fuit. Simul et oppidi turris , quae maximum propugnaculum fuerat, subrutis fundamentis, dehiscere ingentibus rimis, et tum [conflagrare, inmisso faci]um igni, cœpit : incendiique simul et ruinae metu territi Contrebienses de muro trepidi refugerunt: et, ut legati mitterentur ad dedendam urbem, ab universa multitudine conclamatum est. Eadem virtus , quae  inritantes oppugnaverat , victorem placabiliorem fecit. Obsidibus acceptis, pecuniae modicam exegit summam, armaque omnia ademit. Trans[f]ugas liberos vivos ad se adduci jussit : fugitivos, quorum major multitude erat, ipsis imperavit, ut interficerent. Jugulatos de muro dejecerunt. Cum magna jactura militum quatuor et quadraginta diebus Contrebia expugnata, relictoque ibi L. Insteio [cum valido prœsidio] , ipse ad Hiberum flumen copias adduxit. Ibi hibernaculis secundum oppidum, quod Castra Aelia vocatur, œdificatis, ipse in castris manebat : interdiu conventum sociarum civitatium in oppido agebat. Arma ut fierent pro copiis cujusque populi, per totam provinciam edixerat : quibus inspectis, referre caetera arma milites jussit, quae aut itineribus crebris, aut oppu[gnationibus et prœliis inutilia] facta erant, novaque viris per centuriones divisit. Equitatum quoque novis instruxit armis : vestimentaque , praeparata ante, divisa, et stipendium datum. Fabros, cura conquisitos, undique exciverat, quibus, officina publica in[stituta, uteretur]; ratione inita, quid in singulos dies effici possit. Itaque omnia simul instrumenta belli parabantur; ñeque materia artificibus, prœparatis ante omnibus [e]nixo civi[ta]tium [stjudio , nec suo quisque operi artifex deerat. Convocatis deinde omnium populorum legationibus et civitatium , gratias egit , quod , quae imperata essent in [p]ede[s]tre[s copias , prae]sti[tissent] : quas ipse res [in defendendis sociis], quasque in oppugnandis urbibus hostium gessisset , exposuit , et ad reliqua belli cohortatus est; paucis edoctos, quantum Hispaniae provinciae interesset, suas partes superiores esse. Dimisso deinde conventu , jussisque omnibus [bono animo esse, atque] in civitate[s redi]re suas, principio veris M. Perpernam cum viginti millibus peditum , equitibus mille quingentis , in Hercaonum gentem misit, ad tuendam regionis ejus maritimam oram : datis prœceptis , quibus itineribus duceret ad defendendas socias urbes , quas Pompeius oppugnaret , quibusque ipsum agmen Pompeii ex insidiis adgrederetur. Eodem tempore et ad Herennuleium , qui in iisdem locis erat, litteras misit, 897 et in alteram provinciam ad L. Hirtuleium, praecipiens, quemadmodum bellum administrari vellet : ante omnia, ut ita socias civitates tueretur, ne acie cura Metello dimicaret, qui nec auctoritate nec viribus par esset. Ne ipsi quidem consilium esse ducere [ad]versus Pompeium : neque in aciem descensurum eum credebat. Si traheretur bellum, hosti, quum mare ab tergo, provinciasque omnes in potestate haberet, navibus undique commeatus venturos : ipsi autem, consumptis priore aestate, quaee praeparata fuissent, omnium rerum inipiam fore. Perpennam in maritimam regionem superpositum, ut ea, quae integra adhuc ab hoste sint, tueri posset, et, si qua occasio detur, incautos per tempus agressurum. Ipse cum suo exercitu in Berones et Autrigones progredi statuit : a quibus saepe per hiemem, quum ab se oppugnarentur Cetliber[ae] urbes imploratam esse opem Pompeii compererat, missosque qui itinera exercitui Romano monstrarent; et [ab] ipsorum equitibus vexatos saepe milites suos, quocunque a castris, per oppugnationem Contrebiæ, pabulandi aut frumentandi causa pro[grederentur]. Ausi tum quoque [erant] Arevacos in [p]artes [sollicitare]. Edito [igitur exemplo] belli, consilium se initurum, utrum prius hostem, utram provinciam [pelat] : maritimamne oram, ut Pompeium ab Hercaonia et Contestania arceat, utraque socia gente, an ad Metellum et Lusitaniam se convertat. Haec secum agitans Sertorius praeter Iberum amnem per pacatos agros quietum exercitum sine ultius noxu duxit Profectus inde in Bursaonum et Cascantinorum et Gracchuritanorum fines, evastatis omnibus, proculcatisque segetibus, ad Calagurim Nasicam, sociorum urbem, venit : transgressusque amnem propinquum urbi, ponte facto, castra posuit. Postero die M. Marium quaestorem in Arevacos et Cerindones misit, ad conscribendos ex iis gentibus milites, frumentumque inde Contrebiam, [quæ] Leucada appellatur, comportandum, praeter quam urbem opportunissimus ex Beronibus transitus erat, in quamcunque regionem ducere exercitum statuisset : et C. Insteium , praefectum equitum, Segoviam et in Vaccaeorurn gentem ad equitum conquisitionem misit, jussum, cum equitibus Contrebiæ sese opperiri. Dimissis iis, ipso profectus, per Vasconum agrum ducto exercitu, in confinio Beronum posuit castra. Postera die cum equitibus praegressus ad itinera exploranda, jusso pedite quadrato agmine sequi, ad Vareiam, validissimam regionis ejus urbem, venit. Haud inopinantibus iis noctu advenerat. Undique equitibus et suae gentis et Autrig[onum accitis oppidani, eruptione facta , Sertorio obviam ierunt , ut eum aditu arcerent]. "

" Pour comble de maux , les Contrébiens allaient se voir réduits aux extrémités de la famine, quand, après de nombreux et inutiles efforts pour repousser l'ennemi de leurs murailles , ils parvirent à porter le ravage dans les ouvrages de Sertorius, en lançant des feux du haut du rempart. Une tour de bois, qui dominait par sa hauteur tous les édifices de la ville, devint la proie des flammes, et s'écroula avec un horrible fracas. Mais dès la nuit suivante, une autre tour s'élevait a la nième place, sous l'oeil vigilant de Sertorius, et le lendemain, au point du jour, elle apparut aux assiégés frappés d'épouvante. En même temps une tour de la ville, sou plus fort rempart, minée dans ses fondements, présenta de larges crevasses , et bientôt fut entourée par la flamme qu'y portèrent les assiégeants. Craignant d'être atteints par l'incendie ou entraînés dans la ruine de la tour, les Contrébiens abandonnèrent précipitamment la muraille ; et il n'y eut qu'une voix dans toute la multitude pour demander qu'on envoyât des députés pour traiter de la capitulation. Leur courageuse résistance, qui avait irrité les assiégeants, leur fit trouver aussi des vainqueurs de plus facile composition. Sertorius se contenta de prendre des otages, d'exiger une légère somme d'argent, et d'enlever toutes les armes qui se trouvaient dans la ville. Il ordonna en outre aux habitants de lui amener vivants tons les transfuges de condition libre , et il leur enjoignit de tuer eux-mêmes tous les esclaves fugitifs , qui étaient en bleu plus grand nombre. Ceux-ci furent égorgés et précipités du haut des remparts. Sertorius avait perdu beaucoup de monde à ce siége, qui dura quarante-quatre jours; il laissa L. Insteius à Contrébie, avec une forte garnison, et lui-même conduisit son armée sur les bords de l'Èbre, où il fit construire des barriques pour y passer l'hiver auprès de la ville appelée Castra Aelia. Il avait établi sa résidence dans le camp, et pendant le jour il tenait dans la ville l'assemblée dus cités alliées. Par son ordre, tous les peuples de la province avaient dû fabriquer des armes, chacun en proportion de ses ressources. Lorsqu'il en eut fait l'inspection, il ordonna aux soldats de rapporter celles que des marches continuelles, les siéges et les combats avaient mises hors de service, et leur en fit distribuer de nouvelles par les centurions. La cavalerie fut aussi pourvue d'armes neuves : elle reçut en outre des vêlements, confectionnés à l'avance, et le montant de sa solde. Des ouvriers choisis avaient été rassemblés de toutes parts, et réunis en ateliers publics, où l'on savait au juste ce qui pouvait être fabriqué par jour. Ainsi tous les approvisionnements de guerre se faisaient avec une célérité égale. Grâce aux préparatifs empressés des cités, ni les matériaux ne manquaient à l'ouvrier, ni l'ouvrier à l'ouvrage. Sertorius convoqua alors les députations de toutes les cités et de tous les peuples; il commença par les remercier d'avoir fourni pour ses fantassins ce qui leur avait été commandé; il exposa ensuite tout ce qu'il avait fait pour protéger les alliés et se rendre maîtres des villes ennemies, et les exhorta à continuer le guerre avec constance, leur faisant sentir en peu de mots de quelle importance il était pour la province d'Espagne que sort parti triomphât; puis il congédia l'assemblée, leur recommandant d'avoir bon courage et les invitant à retourner deus leurs villes. Au commencement du printemps, il envoya M. Perpenna avec vingt mille fantassins et quinze cents cavaliers chez les 1lercaons, pour défendre les côtes de ce pays; il lui donna des instructions sur la route qu'il devait suivre, soit pour protéger les villes alliées que Pompée pourrait assiéger, soit même pour attaquer a l'improviste l'armée ennemie. En même temps il écrivit à Herennuleius, qui était dans le même pays , et à L. Hirtulelus, qui commandait dans l'autre province, pour leur faire connaître comment il entendait que la guerre fit faite, leur recommandant avant tout de protéger les villes alliées, mais sans en venir aux mains avec Metellus, qui avait à la fois plus d'influence personnelle et des troupes plus nombreuses. Lui-même n'avait pas l'intention de marcher contre Pompée , qui , de son côté, ne paraissait pas décidé à livrer bataille. Si la guerre  trainait eu longueur, l'ennemi, maître de la mer et de toutes les provinces qu'il avait derrière lui, pourrait rapprovisionner de toutes parts au moyen de ses vaisseaux. Tandis que lui-même, après avoir consommé 898 toutes les provisions de l'été précédent, se trouverait absolument sans ressources. Il avait donné à Perperna le commandement des provinces maritimes pour qu'il pût protéger ce qui était resté à l'abri des attaques de l'ennemi, et surprendre celui-ci, quand l'occasion s'en présentait. Pour lui, il allait avec son armée marcher contre les Berons et les Autrigons. Il savait que pendant l'hiver, tandis qu'il assiégeait les villes Celtibériennes, ces peuples avaient fréquemment imploré le secours de Pompée, qu'ils avaient envoyé des guides à l'armée romaine, et que leurs cavaliers avaient souvent harcelé ses soldats, lorsque, pendant le siège de Contrébie, ils s'éloignaient du camp pour fourrager ou faire provision de blé. Ils avaient même cherché à attirer les Arévaques dans leur parti. Après avoir ainsi commencé la guerre, il déciderait vers quel ennemi et de quel côté il tournerait d'abord ses armes, incertain qu'il était s'il devait gagner la côte pour repousser Pompée de l'Hercaonie et de la Contestanie dont les habitants étaient ses alliés, ou marcher contre Metellus et la Lusitanie. Occupé de ces projets. Sertorius remonta l'Èbre avec son armée, à travers des champs paisibles, sans dire inquiété et sans commettre aucun dommage. De là il se dirigea vers le territoire des Bursaons, des Cascautius et des Gracchuritains, ravageant tout, et foulant aux pieds les moissons, et arriva à Calagoris Nasica, ville alliée, près de laquelle il traversa le fleuve sur un Pont qu'il y fit jeter ; et son armée campa en cet endroit. Le lendemain il envoya le questeur Marius chez les Arévaques et les Cérindons pour y faire des levées, et ramasser du blé qu'il avait ordre de diriger ensuite sur Contrébie, autrement appelée Leucade, dont l'heureuse position lui permettait, au sortir du pays des Bérons, de conduire son armée partout où il voudrait. Il envoya aussi C. Insteius, commandant de la cavalerie, à Ségovie et chez les Vaccéens, pour y recruter des cavaliers avec lesquels il irait l'attendre à Contrébie. Après leur départ, lui-même se mit en marche, conduisit son armée sur le territoire des Vascons et vint camper sur les frontières des hérons. Le lendemain il prit les devants avec sa cavalerie, pour reconnaître la route, el, subi de l'infanterie marchant en carré, il parvint à Vareia, la plus forte ville du pays. Quoiqu'il fit arrivé la nuit, les habitants ne furent pas pris au dépourvu, car ils avaient appelé à leur secours toute la cavalerie du pays et celle des Autrigons. "

Frontin, Stratag., II, 5. 51. Cf. Freinsh. Suppl. , ch. XIX.

" Hoc primum proelium inter Sertorium et Pompeium fuit. Decem millia hominem de Pompeii exercitu amissa , et omnia impedimenta, Livius auctor est.»

" Ce fut le premier combat que se livrèrent Pompée et Sertorius. Tite-Live nous apprend que Pompée perdit die mille hommes de sou armée et tous ses bagages. "

LIVRE XCII.

SOMMAIRE.— Pompée se mesure avec Sertorius, mais la victoire reste indécise, et de chaque côté une aile a l'avantage. — Q. Métellus bat les deux armées de Sertorius et de Perperna : Pompée veut avoir sa part de cette victoire, mais la fortune ne favorise pas ses armes. Assiégé ensuite dans Clunia, Sertorius, par ses sorties fréquentes. fait éprouver de grandes pertes aux assiégeants. — Expédition du proconsul Curion dans la Thrace, contre les Dardaniens. — Nombreux actes de cruauté de Sertorius envers les siens. — Plusieurs de ses amis, de ses compagnons de proscription sont accusés par lui de trahison, et il les fait mettre à mort.

LIVRE XCIII.

SOMMAIRE. — Le proconsul P. Servilius défait les Isauriens en Cilicie, enlève plusieurs villes aux pirates.— Nicomède, roi de Bithynie, institue. en mourant, le peuple romain son héritier, et son royaume est réduit eu province romaine. — Mithridate, après avoir conclu une alliance avec Sertorius. entre en guerre avec le peuple romain. -- Grands préparatifs du roi sur terre et sur mer. -- Entrée des Romains en Bithynie. — Victoire du roi sur le consol M. Aurilius Cotta , près de Chalcédoine. — Opérations de Pompée et de Métellus contre Sertorius, qui déploie un talent militaire égal au leur. — Ces deux généraux échouent devant Calagurris et sont forcés de se séparer et de battre en retraite. Métellus dans l'Espagne citérieure, et Pompée dans la Gaule.

LIVRE XCIV.

SOMMAIRE. — Le consul L. Licinius Lucullus remporte des avantages sur Mithridate dans plusieurs combats de cavalerie. et termine heureusement quelques expédiions. Il apaise ses soldats qui demandent à combattre et sent pros de se révolter. — Déjotarus, tétrarque de la Gallo-Grèce, taille en pièces les généraux de Mithridate qui avaient commencé la guerre en Phrygie. — Succès de Cn. Pompée contre Sertorius en Espagne.

Servius ad Virgil  Aeneid., IX , 715.

" Livius in libro nonagesimo quarto Inarimen in Maeoniae partibus esse dicit ; ubi per quinquaginta millia terrae igni exustae sunt. Hoc etiam Homerum significasse vult. "

" Dans le quatre-vingt-quatorzième livre de ses Histoires, Tite-Live place Inarime dans la Méonie, où, sur une étendue de cinquante mille , le sol est consumé par le feu; et il veut qui Homère ait fait aussi cette remarque. "

LIVRE XCV.

SOMMAIRE — Le proconsul C. Curion subjugue les Dardaniens dans la Thrace. — A Capoue soixante-quatorze gladiateurs de la troupe d'un certain Lentulus , s'enfuient. et rassemblant une multitude d'esclaves libres et incarcérés entrent en campagne sous la conduite de Crixus et de Spartacus, et défont dans un combat le lieutenant Claudius Pulcher et le préteur P. Varinius. — Le proconsul L. Lucullus anéantit par le fer et par la famine l'armée de Mithridate. prés de la ville de Cyzique. — Le roi, chassé de la Bithynie, essuie à diverses reprises des défaites et des naufrages, et se voit réduit à s'enfuir dans le Pont.

LIVRE XCVl.

SOMMAIRE. Le préteur Q. Arrius taille en pièces vingt mille esclaves rebelles avec leur chef Crixus. — Le consul Cn. Lentulus est vaincu par Spartacus, qui défait aussi Arrius et le consul L. Gellius. — Sertorius périt assassiné dans un festin, par M' Antonius, M. Perpenna et d'autres conjurés; après avoir exercé huit ans le commandement. Ce grand capitaine, qui avait eu à combattre deux généraux décorés du titre d'imperator, Pompée et Metellus, qui souvent avait été leur égal et plus souvent encore leur vainqueur, succombe enfin, victime de la détection et de la trahison. — Le commandement du parti est remis à M. Perpenna. Pompée le bat , le fait prisonnier, le met à mort, et fait rentrer l'Espagne sons la domination romaine après une guerre de dix ans. — Le proconsul C. Cassius et le préteur Cn. Manlius sont vaincus par Spartacus. — On confie au préteur M. Crassus la direction de cette guerre.

LIVRE XCVII.

SOMMAIRE.— Crassus remporte une première victoire sur le corps d'armée des esclaves , qui était composé de Gaulois et de Germains, trente-cinq quille hommes et leur chef Gannicus. restent sur le champ de bataille. Crassus met ensuite en déroule les troupes de Spartacus. qui périt lui-même avec soixante mille des siens. — Le préteur M. Antoninu échoue 899 dans une expédition contre les Crétois, qui se termine par sa mort. — Le proconsul M. Lucanus soumet les Thraces. — L. Licinius défait Mithridate dans le Pont, et lui tue plus de soixante mille hommes. — On décerne le consulat à M. Crassus et à Cn. Pompée, bien que ce dernier n'ait pas encore passé par la questure, et ne soit que simple chevalier. — Ils rétablissent le tribunat dans toute sa puissance. D'un autre côté le préteur L. Aurélius Cotae accorde aux chevaliers le droit de rendre la justice. — Mithridate, désespérant du succès, s'enfuit auprès de Tigrane, roi d'Arménie.

Frontin. Strateg., II, 4, 54. Wf. Freinsch. Suppl., l. c. ch. IV.

« Triginta quique millia armatorum (fugitivorum a Crasso devictorum) en proelio interfecta cum ipsis ducibus Livius tradit, receptas quinque Romanorum aquilas, signa sex et viginti, multa spolia, inter quae fasces cum securibus. »

« Suivant Tite-Live, trente-cinq mille hommes (des esclaves fugitifs vaincus par Crassus) périrent dans ce combat avec leurs chefs (Castus et Gannicus) ; on reprit cinq aigles romaines, vingt-six étendards; et dans le butin immense qui fut fait, on retrouva des faisceaux avec leurs haches. »

LIVRE XCVIII.

SOMMAlRE.— Machares, fils de Mithridate et roi du Bosphore, est admis par Lucullus dans l'amitié du peuple romain. — Cn. Lentulus et L. Gellius remplissent avec sévérité leurs fonctions de censeurs, et effacent du tableau soixante-quatre sénateurs. lia ferment le lustre : quatre cent cinquante mille citoyens inscrits.  — Le préteur L. Métellus se bat avec succès en Sicile contre les pirates.— Q. Catulus fait la dédicace du temple de Jupiter Capitolin, qui avait été incendié et rebâti. — En Arménie, Mithridate et Tigrane, avec leurs nombreuses armées, sont plusieurs fois défaits par Lucullus. — Le proconsul Q. Métellus, chargé de la guerre contre les Crétois, assiége la ville de Cydonie. — C. Triarius, lieutenant de Lucullus, n'est pas heureux dans un combat coutre Mithridate. — Lucullus veut poursuivre Mithridate et Tigrane, et achever sa conquête; mais il eu est empêché par la mutinerie de ses soldats qui refusent de le suivre, et surtout des légions Valériennes, qui prétendent avoir accompli le temps de leur service et abandonnent leur général.

Plutarque, Lucullus, ch. XXVIII. Cf. Freinsh. Supplem., ch. XLIX.

« Tite-Live dit que jamais les Romains ne combattirent avec une infériorité numérique aussi grande. Car les vainqueurs étaient à l'égard des vaincus à peine dans la proportion de un à vingt, ou même dans une proportion moindre. »

Id.. ibid., ch. XXI. Cf. Freinsh. Supplem., ch. LXXIII.

« Suivant Tite-Live, dans le premier combat (celui de Tigranocerte), il y eut un plus grand nombre d'ennemis tués et faits prisonniers; mais il y eut plus d'hommes distingués dans le second (celui d'Arlaxate). »

LIVRE XCIX.

SOMMAIRE. — Le proconsul Q. Métellus prend Gnosse. Lyctus, Cydonie et plusieurs autres villes. — L. Roscius, tribun du peuple, propose une loi qui assigne aux chevaliers romains quatorze rangs de siéges au théâtre, au-dessus de ceux des sénateurs. — Une loi soumise au peuple donne commission à Pompée de poursuivre les pirates qui avaient intercepté les convois de blés. En quarante jours il en délivre complètement la mer : puis il termine avec eux la guerre par la soumission de la Cilicie, et après les avoir reçus à merci, il leur donne des terres et des villes. — Expédition de Q. Métellus contre les Crétois. Échange de lettres entre Métellus et Pompée. Métellus se plaint que Pompée, qui avait envoyé en Crète un de ses lieutenants pour recevoir la soumission des villes, lui enlève la gloire de ses conquêtes; Pompée lui répond qu'il a dû agir ainsi.

Servius ad Virgil. Aeneid., III, 106.

« Creta primo quidem centum habuit civitates; unde Hecatompolis dicta est ; post viginti quatuor : Inde, ut dicitur, duas, Gnosson et Hierapytuam. Quamvis Livius plures a Metello expuguntas dicat. »

« La Crète eut d'abord cent villes: ce qui lui fit donner le nom d'Hécatompolis; elle n'en eut plus ensuite que vingt-quatre; et enfin deux seulement, dit-on, Gnosse et Hierapytua. Cependant Tile-Live parle d'un plus grand nombre de villes, assiégées et prises par Métellus. »

LIVRE C.

SOMMAIRE. -- Le tribun du peuple, C. Manilius, soulève une vive indignation dans l'aristocratie en proposant une loi qui défère à Pompée la conduite de la guerre contre Mithridate.— Beau discours du tribun.— Métellus soumet la Crète et donne des lois à cette île, qui jusqu'alors avait été libre. — Pompée part pour faire la guerre à Mithridate, et renouvelle ses rapports d'amitié avec Phraate roi des Parthes. Il défait Mithridate dans un combat. — Guerre entre Phraate, roi des Parthes, et Tigrane, roi d'Arménie, puis entre Tigrane le fils et son père.

LIVRE CI.

SOMMAIRE -- Cn. Pompée, vainqueur du roi de Pont dans un combat de nuit, le force de s'enfuir dans le Bosphore. — Tigrane se remet à la discrétion du général romain qui lui ôte la Syrie, la Phénicie, la Cilicie et lui rend le royaume d'Arménie. — Quelques citoyens, qui avaient été condamnés pour brigues dans leur candidature au consulat, complotent de tuer les consuls; mais leur conjuration échoue. — Cn. Pompée en poursuivant Mithridate, pénètre dans des contrées reculées et inconnues. il défait les Ibères et les Albains qui lui refusent le passage. — Fuite de Mithridate dans la Colchide et l'Héniochie. — Ses opérations dans le Bosphore.

LIVRE CII.

SOMMAIRE. Ce. Pompée réduit le Pont en province romaine. Pharnace, fils de Mithridate, déclare la guerre à son père. Assiégé par lui dans son palais. le roi prend du poison. Ce poison ne produisant pas l'effet qu'il en attendait, il implore l'assistance d'un soldat gaulois, nominé Bitaetus, qui lui donne la mort. — Cn. Pompée soumet les Juifs : il s'empare de leur temple à Jérusalem, jusqu'alors resté pur de toute profanation. — L. Catilina, deux fois refusé dans sa candidature au consulat, forme, avec le préteur, Lentulus Cétbégus. et plusieurs autres, une conjuration dont le but est de massacrer les consuls et le sénat, de mettre le feu à la ville et de renverser la république. Il lève mime une armée en Étrurie. Le zèle de M. T. Cicéron fait échouer ces coupables projets. Catilina est chassé de la ville. Tous les autres conjurés sont exécutés.

Joséphe, Antiq., Jud. XIV, 4, 5,

« Lorsque Jérusalem fut prise par Pompée, après trois mois de siège, le jour du jeûne,dans la 179e olympiade, sous le consulat de C. Anlonius et de M. Tullius Cicéron, les ennemis, ayant forcé l'entrée du temple, égorgeaient tous ceux qui s'y trouvaient; et cependant les ministres du culte n'en continuaient pas moins les cérémonies religieuses, sans que rien pût les déterminer à prendre la fuite; ni la crainte de la mort, ni la multitude des cadavres qui encombraient déjà le temple ; persuadés qu'ils étaient qu'ils devaient tout souffrir au pied des autels plutôt que de négliger une seule prescription de leurs antiques lois. Ceci n'est pas une fable, inventée uniquement pour exalter une fausse piété, c'est un récit dont la vérité est attestée par tous ceux qui ont 900 transmis à la postérité les actions de Pompée, et parmi lesquels nous pouvons citer Strabon et Nicolas, et en outre Tite-Live, qui a écrit l'Histoire romaine. »

LIVRE CIII.

SOMMAIRE. Catilina, vaincu par le proconsul C. Antonius, est taillé en pièces avec son armée. — P. Clodius, accusé de s'être introduit sous des vêtements de femmes dans un sanctuaire dont l'entrée était interdite aux hommes, et d'avoir déshonoré la femme du grand pontife, est renvoyé absous. — Le préteur C. Pontinus triomphe, prés de Solone, des Allobroges, qui s'étaient révoltés. — P. Clodius passe dans l'ordre des plébéiens. — C. César soumet les Lusitaniens: il se met sur les rangs pour le consulat, et aspire à dominer dans l'état. — Il se forme une association entre les trois plus puissants citoyens . Pompée. Crassus et César. — Porté au consulat. César propose une loi agraire qu'il fait passer après une lutte fort vive et malgré l'opposition du sénat et de l'autre consul M. Bibulus. Le proconsul C. Antonius éprouve des revers en Thrace.— En vertu d'une loi proposée par Clodius, tribun du peuple, Cicéron est exilé pour avoir mis des citoyens à mort sans condamnation; César se rend dans la Gaule. qui lui est assignée pour province et subjugue les Helvétiens, nation errante qui, cherchant une demeure. voulait traverser la province de César pour se rendre dans la Narbonnaise. -- Description des Gaules. — Pompée triomphe des enfants de Mithridate, de Tigrane et de son fils; le peuple le salue unanimement du surnom de Grand.

Q. Serenus Samon. de Medic., ch. XXXIX. v. 725 sqq.

Horrendus magis est, perimit qui corpora, carbo :
Uritl hic inclusus, vitalia rumpit apertus.
Hunc veteres quandam varius pepulere medelis.
Tertia namque Titi simul et centesima Livi
Charta docet, ferro talem candentem dolorem
Exsectum, aut poto raporum semine pulsum :
lnfecti dicens vis septem posse diebus
Vitam produci : tanta est violentia morbi.

« Bien plus horrible est cet ulcère qui consume les corps... Il brûle à l'intérieur, et, quand il s'ouvre, c'est pour laisser échapper la vie. Les anciens l'ont combattu avec divers remèdes. Car le livre CIII de Tite-Live nous apprend qu'on coupait court au mal à l'aide d'un fer brûlant, ou par une boisson faite avec le suc des raves. Il ajoute que sept jours sont le plus long terme de la vie de celui qui en est infecté; tant est grande la violence du mal. »

LIVRE CIV.

SOMMAIRE. Ce livre commence par un exposé de la situation et des moeurs de la Germanie. Les Germains. sous la conduite d'Arioviste, avaient passé dans la Gaule. césar fait marcher son armée contre eux, à la prière des Edues et des Séquanes, dont le territoire était envahi. La crainte de ces nouveaux ennemis faisait trembler les soldats romains. L'ltoquence de César ranime leur courage. — Les Germains sont vaincus et chassés de la Gaule. Grâces aux discours de Pompée et de quelques autres citoyens, et aux démarches actives de T. Annius Milon, tribun du peuple, Cicéron est rappelé de l'exil à la grande joie du sénat et de l'Italie entière. — Pompée est chargé, pour cinq ans, des approvisionnements de blés. — César est vainqueur des Ambianes, des Suessions, des Véromandues, des Atrébates, peuples de la Belgique, formant une immense population. Après avoir reçu leur soumission, il soutient une rude guerre contre une seule peuplade, les Nerviens, et les extermine. Ils avaient continué les hostilités, jusqu'à ce que de soixante mille combattants il n'en restât que trois cents, et que leurs six cents sénateurs fussent réduits à trois. — Une loi ayant été portée sur la réduction de l'île de Chypre en province romaine, et sur la confiscation des trésors du roi, M. Caton est chargé de cette mission. — Ptolémée, roi d'Égypte, chassé de son royaume par ses sujets, qu'il accablait de traitements injustes, vient se réfugier à Rome. — César remporte une victoire navale sur les Vénètes, peuples des bords de l'Océan. — Ses lieutenants combattent également avec succès.

LIVRE CV.

SOMMAIRE.— L'opposition de C. Caton tribun du peuple, ayant empêché les élections des comices, le sénat prend le deuil. — M. Caton demande la préture : il est refusé et se voit préférer Vatinius. Comme il s'opposait ensuite à la loi qui assurait pour cinq ans aux consuls leurs gouvernements. à Pompée l'Espagne, à Crassus la Syrie et la guerre des Parthes, à César la Gaule et la Germanie, C. Trébonius, tribun du peuple, qui avait proposé cette loi, le fait mener en prison. — Le proconsul A Gabinius replace Ptolémée sur le trône d'Égypte, après en avoir renversé Archélaüs, que les Égyptiens avaient choisi pour roi.— César ayant vaincu et taillé en pièces les Germains dans la Gaule passe le Rhin et soumet les contrées les plus voisines du fleuve. Ensuite il traverse l'Océan et passe en Bretagne. D'abord il essuie des revers; ses vaisseaux sont maltraités par le mauvais temps; mais une seconde expédition a plus de succès il toc nue grande multitude d'ennemis et soumet une certaine partie de l'île.

Tacite, Agricola. ch. X.

« Formam totius Brtanniae Livius veterum, Fabius Rusticus recentium, eloquentissimi auctores, oblongae scutulae vel bipenni assimulavere. »

« Nos deux historiens les plus éloquents, Tite-Live parmi les anciens, Fabius Rusticus parmi les modernes, ont comparé la Bretagne, à un trapèze nu à une hache à deux tranchants. »

Jornandes, de Rebus Geticis, ch. II

«  Brtianniae licet magnitudinem olim nemo, ut refert  Livius, circumvectus est, multis tamen data est varia opinio de ea loquendi. »

« Bien qu'autrefois personne, au rapport de Tite-Live, n'ait fait le tour de toute la Bretagne, les opinions se sont produites en grand nombre et fort diverses sur ce point. »

LIVRE CVI.

SOMMAIRE.— Mort de Julia, fille de César, et femme de Pompée. — Le peuple lui accorde l'honneur d'être inhumée dans le Champ-de-Mars. — Quelques peuplades des Gaules, ayant à leur tête Ambiorix, chefs des Éburons, se soulèvent et massacrent, dans une embuscade, Cotta et Titurius, lieutenants de César, avec le corps d'armée qu'ils commandaient. — D'autres légions sont aussi attaquées dans leur camp et se défendent avec peine, par exemple celles de Q. Cicéron, chez les Nerviens. César lui-même attaque l'ennemi et le met en déroute. — M. Crassus passe l'Euphrate pour faire la guerre aux Parthes. Après une défaite dans laquelle son propre fils perd la vie, il se retire avec le reste de l'armée sur une colline. Invité par les ennemis, que commandait Suréna, à se rendre à une entrevue comme pour y traiter de la paix, il est saisi et tué, pendant qu'il se défendait pour ne pas être pris vivant.

LIVRE CVII.

SOMMAIRE. — César, après avoir vaincu les Trévires dans la Gaule, passe une seconde fois en Germanie. N'y trouvant pas d'ennemis à combattre il revient dans la Gaule, défait les Éburons et les autres peuplades qui s'étaient liguées contre lui, et poursuit Ambiorix qui lui échappe par la fuite. — Clodius est tué, sur le voie Appienne, près de Bovilae, par Milon, candidat au consulat, et la multitude brûle son cadavre dans le palais du sénat. — Les candidats pour le consulat, Hypseus, Scipion et Milon, suscitant sans cesse des troubles et se livrant entre eux des combats sanglants. le sénat charge Pompée de réprimer ces désordres, et, malgré son absence 901 le nomme pour la troisième fois seul consul, et consul unique, distinction jusqu'alors sans exemple. — Milon, mis en jugement pour le meurtre de Clodius, est condamné à l'exil. — Une loi est portée qui décide qu'on aura égard à César absent dans l'élection au consulat: Caton y fait inutilement une vive opposition. — Opérations de César contré les Gaulois qui se soulèvent presque tous à la voix de Vercingétorix, chef des Arvernes. Plusieurs villes qu'il assiége lui résistent vigoureusement, entre autres Avaricum, chez les Bituriges, et Gergovie, chez les Arvernes.

LIVRE CVIII.

SOMMAIRE. — César défait les Gaulois sous les murs d'Alésia, et toutes les cités de la Gaule qui avaient pris les armes font leur soumission. — C. Cassius, questeur de Crassus, taille en pièces les Parthes qui avaient fait une invasion en Syrie. — Caton demande le consulat: Il est refusé; Servilius et M. Marcellus sont nommés. — César subjugue les Bellovaques et d'autres peuples de la Gaule. — Contestations entre les consuls siffla question d'envoyer en successeur à César. Le consul Marcellus soutient, dans le sénat, que César doit être tenu de venir à Rome pour demander le consulat, puisque d'après la loi il ne doit conserver le gouvernement des provinces que pour le temps de son consulat. — Opérations de M. Bibulus en Syrie.

LIVRE CIX.

SOMMAIRE. — Exposé des causes et des commencements de la guerre civile. -- Contestations sur le rappel de César, qui refuse de licencier ses troupes si Pompée ne licencie également les siennes. — C. Curion, tribun dit peuple, parle d'abord contre César et ensuite en sa faveur. -- Un décret du sénat ayant décidé qui ou enverrait un successeur à César, les tribuns du peuple, M. Antonius et Q. Cassius qui s'opposaient à cette mesure, sont chassés de Rome. — Le sénat ordonne aux consuls et à Pompée de veiller à la sûreté de la république. —César, résolu à réduire ses ennemis par les armes, vient en Italie à ta tête de son armée; il prend Corfinium. L. Domitius et P. Lentulus y tombent en son pouvoir, mais il leur rend la liberté. — Pompée et tous ses partisans sont chassés de l'Italie.

Paul Orose, VII. 2. Cf. Obsequens, de Prodig. ch. CXXV.

«  Septingentesimo conditionis suae anno quatuordecim vicos ejus incertum unde consurgens flamma consumpsit: nec unquam, ut ait Livius, majore incendio vastata est; adeo ut post aliquot annos Caesar Augustus ad reparationem eorum, quae tunc exusta erant, magnam vim pecunias ex ærario publlco largitus sit.  »

«  La 700e année de la fondation de Rome, quatorze e rues furent dévorées par les flammes, venues on ne sait d'où. Jamais, dit Tite-Live, la ville ne fut dévastée e par un pareil incendie; et, plusieurs années après, César Auguste dut tirer de larges sommes du trésor a public, pour réparer les ravages du feu.  »

Id. VI, 18. Cf. Guill. de Malmesbury. Rer. Angl., liv. II, p. 183; Freush. Supplem., ch. IX.

« Caesar, Rubicone flumine transmeato, mox ut Ariminum venit, quinque cohortes, quas tunc solas habebat, cum quibus, ut ait Livius, orbem terrarum adortus est, quid facto opus esset, edocuit.  »

« Le Rubicon traversé, César fut bientôt arrivé à Ariminum, et là il exposa ses desseins aux cinq cohortes qui composaient alors tonte son armée, et avec lesquelles, comme dit Tite-Live, il marcha à la conquête du monde.  »

LIVRE CX.

SOMMAIRE. — César assiége Marseille qui lui avait fermé ses portes : et, laissant devant cette ville ses lieutenants C. Trébonius et D. Brutus, il part pour l'Espagne, où il force, près d'Ilerda, L. Afranius et M. Pétreius, lieutenants de Cn. Pompée,à se rendre avec sept légions. Il leur pardonne à tous, et soumet aussi varron, lieutenant de Pompée, avec son armée. — Il accorde le droit de cité aux habitants de Cadix. — Les Marseillais, après deux défaites sur nier et un long siége, se rend à discrétion. — C. Antonius, lieutenant de César, est vaincu et fait prisonnier en Illyrie, par les Pompéiens. — Dans cette guerre des soldats d'Opitergium. ville de la Transpadane, auxiliaires de César, voyant leur radeau entouré par les vaisseaux ennemis, tournent leurs épées les uns contre les antres plutôt que de se rendre. — C. Curion, lieutenant de César, en Afrique, après avoir obtenu des succès contre Varus, général du parti de Pompée, est taillé en pièces avec son armée, par Juba, roi de Mauritanie. — César passe en Grèce.

LIVRE CXI.

SOMMAIRE. — Le préteur M. Coelius Rufus, cherchant à exciter du trouble dans Rome, soulève la multitude en lui faisant espérer une loi sur les dettes. Il est interdit de ses fonctions, et bientôt forcé de sortir de Rome, il va rejoindra l'exilé Milon, qui avait rassemblé une année de fugitifs. Tous deux sont tués au milieu de leurs tentatives de guerre. — Cléopâtre, reine d'Égypte, est chassée du trône par sou frère Ptolémée. — Fatigués de l'avarice et de la cruauté du préteur Q. Cassius, les habitants de Cordoue, en Espagne, quittent le parti de César avec les deux légions de Varron. — Cn. Pompée, assiégé à Dyrrachium par César, force les lignes de l'ennemi, après un combat très sanglant des deux côtés, et transporte la guerre en Thessalie. Il est vaincu à Pharsale. Cicéron, peu fait pour le métier des armes, reste au camp de Dyrrachium. — César pardonne à tous ceux de ses ennemis qui se soumettent au vainqueur.

Scholiast. vet. Cucani ad Pharsal., VII, 471.

« Primus hostem percussit nuper pilo sumpto primo C. Crastinus. »

« Ce fut C. Crastinus, nouveau primipilaire, qui frappa le premier l'ennemi. »

Plutarque. Vie de César, ch. XVII, Cf. Aulu-Gelle, XV, 18; Lucain, VII, 192; Dion Cassius et J. Obsequens ; Freinsh. Suppl., ch. LXXXII.

« A Padoue, C. Cornélius, homme versé dans la science des augures, concitoyen et parent de l'historien Tite-Live, s'occupait par hasard, au même instant, à prendre les auspices. Et tout d'abord, suivant le récit de Tite-Live, il reconnut le moment de la bataille Ide Pharsale, et annonça aux assistants que l'affaire s'engageait et que les chefs en venaient aux mains. Et lorsqu'il eut pris de nouveau les auspices, et que les signes lui apparurent, dans un transport d'enthousiasme il s'élança en criant: « Tu triomphes, César! » Et comme tous ceux qui étaient présents restaient stupéfaits, il arracha sa couronne de sa tête, et jura de ne jamais la remettre, si l'événement ne répondait aux prévisions de son art. Tite-Live affirme la vérité du fait. »

LIVRE CXII.

SOMMAIRE.— Les débris du parti vaincu s'enfuient et se répandent dans presque tout l'univers. — Pompée se rend en Égypte où le roi Ptolémée son pupille, cédant aux conseils de Pothinus et de son précepteur Theodotus, qui avait sur lui un grand empire, donne l'ordre de le tuer. Achlllas, qui s'était chargé de ce crime, l'assassine dans une barque avant qu'il ait mis pied à terre. — Cornélie, sa femme, et Sex. Pompée, son fils, se réfugient dans file de Chypre. — César s'étant mis à la poursuite de Pompée, trois jours après sa victoire, s'indigne et verse des larmes quand Théodotus lui présente la tête et l'anneau de son ennemi. Il entre. non sans danger, dans Alexandrie, dont la population était mutinée. Créé dictateur, Il fait remonter Cléopâtre sur le trône d'Égypte; et Ptolémée lui ayant déclaré la guerre par les avis des mêmes hommes qui lui avaient conseillé le meurtre de Pompée, il le défait aptes avoir couru de grands dangers — Ptolémée s'enfuit dans une barque qui coule à fond dans le 902 Nil.. — Marche pénible de M. Caton et de ses légions à travers les déserts de l'Afrique. — Guerre malheureuse de Cn. Domitius contre Pharnace.

Priscien, lib. VI p. 686 sq. ed. Putsch.

« Castra quoque diversis partibus Cassius et Bogud adorti, haud multum abfuere quin opera perrumperent. »
«
Cassius et Bogud ayant aussi attaqué le camp par divers côtés, peu s'en fallut qu'ils ne détruisissent les ouvrages. »

« Quo tempore firmandi regni Bogudis causae exercitum in Africam velociter trajicere conatus sit.  »
«
Dans le temps où il cherchait à faire passer rapidement une armée en Afrique, pour affermir la puissance de Bogud.  »

« Cassius gessisset cum Trebonio bellum, si Bogudem trahere in societatem furoris posset. »
«
 
Cassius aurait fait la guerre à Trébonius, s'il avait pu entraîner Bogud dans son alliance. »

Sénèque, de Tranq. anim., ch. IX. Cf. Orose. VI, 15; Dion Cassius, XLVI, 58; Freinsh. Suppl., ch., XLIII, Heyne Opuscul. Acad. t. I, p. 119 seq.

« Quadringnata millia librorum Alexandrate arserunt, pulcherrimnm regiae opulentiae monumentum. Alius laudaverit, sicut Livius, qui elegantiae regum curaeque egregium id opus ait fuisse. »
«  A Alexandrie, les flammes dévorèrent quatre cent mille volumes, splendide monument de l'opulence royale. Que d'autres le louent avec Tite-Live, qui dit que c'était l'oeuvre la plus parfaite du goût et de la sollicitude des rois. »

LIVRE CXIII.

SOMMAIRE, — Le parti de Pompée se fortifie en Afrique et reconnaît pour chef P. Scipion auquel Caton cède le commandement dont on lui offrait la moitié. — On délibère si l'on détruira Utique, dont les habitants étaient portés pour César, Caton s'oppose a cette destruction qui est conseillée par Juba. Il est chargé de défendre et de garder celle ville. — Cnéius, fils du grand Pompée, rassemble en Espagne des troupes dont Afranius et Petreius refusent de prendre le commandement, et recommence la guerre coutre César. — Pharnace, roi de Pont, fils de Mithridate, est vaincu avec une grande promptitude. — P. Dolabella, tribun du peuple, excite des troubles à Rome en proposant une loi sur les dettes. La populace se porte aux plus grands excès. — M. Antonius, maître de la cavalerie. introduit alors des troupes dans Rome, et huit cents plébéiens sont tués. — Une sédition éclate parmi les vétérans qui demandent leur congé : César le leur accorde. Il passe en Afrique, et court de grands dangers en combattant les troupes de Juba.

LIVRE CXIV.

SOMMAIRE.— Cécilius Bassus. chevalier romain du parti de Pompée, fait la guerre en Syrie, après avoir attiré sous ses drapeaux une légion qui abandonne et tue Sex. César. — Le dictateur défait à Thapsus le préteur Scipion, Afranius et Juba, et reste maître de leur camp. — En apprenant cette nouvelle à Utique, Caton se perce de son épée. Son fils accourt et lui donne ses soins; mais, pendant qu'on s'empresse autour de lui, il rouvre sa blessure et expire, âgé de quarante-huit an..— Pétreius tue Juba et se donne ensuite la mort. — P. Scipion, enveloppé sur son vaisseau, finit ses jours par une mort honorable et avec des paroles digues de sa mort. Les ennemis criant: Où est le général? il répond : Le général est en sûreté. — Faustus et Afranius sont mis à mort. — Clémence de César envers les fils de Caton. — Victoire remportée dans la Gaule par Brutus, lieutenant de César, sur les Bellovaques révoltés.

Appien, Guerre civile, III, 77, où il faut probablement lire Λιβίῳ au lieu de Λίβωνι, comme l'ont pensé arec raison Schweighaeuser. et avant lui Perizonius, Animadv. Hist . ch. IV Cf. Freinsh. Suppl., ch. 1.

« Voilà ce que plusieurs racontent de Bassus; mais Tite-Live dit qu'il fit la guerre sous les auspices de Pompée; qu'après la défaite de celui-ci il rentra dans la vie privée à Tyr et qu'il corrompit quelques légionnaires, qui le prirent pour leur chef, après avoir tué Sextus. »

Saint Jérôme, Prol., lib. 11, in Hoseam.

«  Optarem mihi contingere, quod T. Livius scribit e de Catone; cujus gloriae neque profuit quisquam laudando, nec vituperando quisquam nocuit, quum utrumque summis praediti fecerint ingeniis. Significat autem M. Ciceronem et C. Caesarem, quorum alter laudes, alter vituperationes supradicti scripsit viri. »

«  Je voudrais qu'il pût m'arriver ce que Tite-Live écrit de Caton, que la louange ne fit rien pour sa gloire, que le blâme ne put rien contre elle, quoique des esprits supérieurs s'employassent à l'un et à l'autre. Il faisait allusion à M. Cicéron et à C. César, dont l'un a fait l'éloge, l'autre la critique de Caton. »

LIVRE CXV.

SOMMAIRE. — César triomphe quatre fois pour ses victoires sur la Gaule, sur l'Égypte, sur le Pont et sur l'Afrique. Il donne des festins publics et des spectacles de toute espèce. A la prière du sénat il consent au retour de Marcellus, homme consulaire; mais Marcellus ne peut jouir de ce bienfait, il est assassiné à Athènes par un de ses clients. Cn. Magius Citon. — Le dictateur fait un dénombrement où sont inscrits cent cinquante mille citoyens. Il part pour l'Espagne, afin d'y faire la guerre à Cn. Pompée. et, après beaucoup de combats et quelques villes prises, il remporte, prés de Munda, une victoire décisive où il court de grande dangers. — Sextus Pompée parvient à s'échapper.

LIVRE CXVI.

SOMMAIRE. — César triomphe pour la cinquième fois après son expédition d'Espagne. — Le sénat lui prodigue les plus grands honneurs: ainsi il lui accorde le titre de père de la patrie, et le proclame inviolable et dictateur perpétuel. Mais divers motifs lui attirent la haine des Romains. D'abord un jour que les sénateurs lui décernaient ces honneurs, et qu'il était assis devant le temple de Vénus-Genitrice, il les reçoit sans se lever. Puis. à la Cite des lupercales, le consul Marcus Antonius, son collègue, lui ayant mis le diadème sur la tête, il le dépose sur son siége. Enfin les tribuns du peuple, Epidius Manlius et Césétius Flavus l'ayant signalé à la haine publique, comme aspirant à la royauté, il les prive de leur charge. Ces motifs font naître contre lui une conjuration dont les chefs sont M. Brutus et C. Cassius. — Il est assassiné dans la curie de Pompée et meurt percé de vingt-trois coups. Ses meurtriers s'emparent du Capitole. Le sénat ayant ensuite décrété une amnistie pour les auteurs de cet assassinat, et les enfants d'Antoine et de Lépide leur ayant été livrés comme otages, les conjurés descendent du Capitole. En vertu du testament de César, Octave, petit-fils de sa soeur, se trouve institué son héritier pour moitié, et appelé par l'adoption porter son nom. — Comme on portait le corps de César au Champ-de-Mars, le peuple le brûle au pied de la tribune aux harangues. — La dictature est abolie pour toujours. — Exécution de C. Amatius, homme de la plus basse origine, qui se prétendait fils de Marius, et excitait des troubles au milieu d'une multitude crédule,

Plutarque, Vie de César, ch. LXVIII Cf. Suétone, César, 31; Freinsh. Suppl., ch. XLVII.

« Un sénatus-consulte, au rapport de Tite-Live, avait ordonné que la maison de César fût ornée d'un fronton, en signe d'honneur. Pendant son sommeil, Calpurnia crut voir ce fronton s'écrouler, et il lui sembla qu'elle pleurait et se lamentait. Aussi, au point du jour, elle 903 pria César de ne point sortir en public, si cela était possible, et de remettre l'assemblée du sénat à un autre temps. »

Servius ad Virgil. Georg. 1, 471.

« Malum omen est, quoties Aetna, mons Siciliae, non fumum, sed flammarum egerit globos : et, ut dicit Livius, tanta flamma ante mortem Caesaris ex Aetna monte defluxit, ut non tantum vicinae urbes, sed etiam Rhegina civtas, quae multo spatio ab ea distat, afflaretut. »

« C'est un mauvais présage quand l'Etna, montagne de la Sicile, vomit, au lieu de fumée, des globes de feu. Tite-Live rapporte qu'avant la mort de César il s'échappa de la montagne une si grande quantité de flammes, que non seulement les villes voisines, mais Rhégium même, située à une grande distance, eu fut incommodée. »

Sénèque. Quaest. Nat., V, 18, cf. Freinsb. Suppl., ch. CXVI.

« Quod de Caesare olirn majore vulgo dictatum est et  a T. Livio positum, in incetlo esse, utrum ilium magis nasci reipublicae profuerit, an non nasci, dici etiam de ventis potest. »

« On peut dire aussi des vents ce qu'autrefois on a dit si souvent de César, et ce que Tite-Live s'est demandé, s'il eût été plus utile pour la république qu'il naquit ou qu'il ne naquit pas? »

LIVRE CXVII.

SOMMAIRE.— Octave, qui se trouvait en Spire où César l'avait envoyé par avance, lorsqu'il se préparait à faire la guerre en Macédoine, revient à Rome, et, accueilli sous de favorables auspices, prend le nom de César. — Au milieu de la confusion et du trouble général, Lépidus s'empare de la dignité de grand pontife. — Le consul M. Antonius exerce une domination despotique:il fait passer par violence une loi qui change les gouvernements des provinces, et lorsque César Octave lui demande son assistance contre les assassins de son oncle, il l'accable d'affronts. César se préparant à s'armer contre lui, pour sa cause et pour celle de la république, rappelle les vétérans envoyés pour former des colonies. D'un autre côté la légion Martia et la quatrième passent des drapeaux d'Antonius sous ceux de son rival. Enfin la cruauté d'Antonius, qui égorge dans son camp tous ceux qui lui sont suspects, cause un grand nombre de défections. -- D. Brutus, pour résister à Antonius qui lui réclame le commandement de la Gaule Cisalpine, se renferme dans Modène avec son armée. Mouvements des deux partis pour s'emparer des provinces. — Préparatifs de guerre.

LIVRE CXVIII.

SOMMAIRE. — En Grèce, M. Brutus, sous prétexte dé dé fendre la république, et de faire la guerre à Antoine, fait passer sous ses ordres l'armée commandée par Vatinius, et la province. — Le jeune César, qui le premier avait pris les armes pour la cause de la république, est revêtu par le sénat de l'autorité de propréteur et des insignes du consulat, avec le titre de sénateur. — M. Antonius tient D. Brutus assiégé dans Modène. Des députés, que le sénat lui avait envoyés peur traiter de la paix, échouent dans leur mission. — Le peuple romain revêt le sagum. —M. Brutus. en Épire, range à son obéissance le préteur C. Antonius et son armée.

LIVRE CXIX.

SOMMAIRE.— Dolabella fait perfidement massacrer en Asie C. Trébonius. Il est, pour ce crime, déclaré ennemi public par le sénat. — Le consul Pansa, ayant été battu par Antonius, son collègue A. Hircius accourt arec ses troupes, met en fuite l'armée de M. Antonius, et rend égales les chances des deux partis. Vaincu ensuite par Metius et César. Antonius s'enfuit dans la Gaule, et décide M. Lépidus et les légions qu'il commandait à faire sa jonction avec lui, Il est déclaré ennemi public par le sénat, avec tous ceux qui l'ont secondé. A. Hirtius, qui, après une victoire, avait été tué dans le camp même de l'ennemi, et C. Pansa, qui avait succombé à une blessure reçue dans sa défaite, sont ensevelis au champ-de-Mars. — Le sénat se montre peu reconnaissant envers César, le seul survivant des trois généraux. Après avoir décerné les honneurs du triomphe, à D. Brutus que César avait délivré alors qu'il était assiégé dans Modène. Il n'accorde à César et à ses soldats qu'une mention peu satisfaisante. Aussi César s'étant réconcilié avec M. Antonius, par l'entremise de M. Lépidus, vient à Rome, et, au milieu de la consternation que son arrivée cause à ses ennemis, il su fait nommer consul à dix-neuf ans.

LIVRE CXX.

SOMMAIRE. — César, devenu consul, fait passer une loi sur la mise en jugement des meurtriers de son père : M. Brutus, C. Cassius, Décimus Brutus sont cités en vertu de cette loi et condamnés quoique absents. — Les forces de M. Antonius s'augmentent encore par la jonctlon que font avec lui Asinius Pollion, Munatius Plancus à la tête de leurs armées. Décimus Brutus, que le sénat avait chargé de poursuivre Antonius, est abandonné par ses légions et s'enfuit. Il tombe entre les mains d'Antonius qui le fait tuer par le Séquanais Capénus. — César fait la paix avec Antonius et Lépidus. Tous trois se décernent pour cinq ans le titre de triumvirs chargés de constituer la république, et conviennent que chacun, de son côté, proscrira ses ennemis. Dans ces proscriptions sont enveloppés une foule de chevaliers romains et cent trente sénateurs, parmi lesquels on distingue :L. Paullus, frère de M. Lépidus, L. César, oncle d'Antoninus, et Cicéron. Ce dernier est assassiné par Popillius, soldat légionnaire, à l'âge de soixante-trois ans, et sa tête ainsi que sa main droite sont exposées sur les Rostres. — Ce livre contient en outre les opérations de M. Brutus dans la Grèce.

M, Seneca Suasor., VII. Cf. Freinshem. Suppl. C. 60 sgq,

« M. Cicero sub adventum triumvirorum cesserat urbe, pro certo habens id quod erat, non magis Antonio eripi se quam Caesari Cassium et Brutum posse. Primo in Tusculanum fugit, inde transversis itineribus in Formianum, ut ab Caieta navim conscensurus, proficiscitur. Unde aliquotiens in altum provectum cum modo venti adversi retulissent, modo ipse iactationem navis caeco volvente fluctu pati non posset, taedium tandem eum et fugae et vitae cepit; regressusque ad superiorem villam quae paulo plus mille passibus a mari abest, Moriar, inquit, in patria saepe servata. Satis constat servos fortiter fideliterque paratos fuisse ad dimicandum; ipsum deponi lecticam et quietos pati quod sors iniqua cogeret iussisse. Prominenti ex lectica praebentique immotam cervicem, caput praecisum est.Nec satis stolidae crudelitati militum fuit. Manus quoque, scripisse in Antonium aliquid exprobrantes, praeciderunt. Ita relatum caput ad Antonium iussuque eius inter duas manus in Rostris positum; ubi ille consul, ubi saepe consularis, ubi eo ipso anno adversus Antonium, quanta numquam humana vox cum admiratione eloquentiae auditus fuerat. Vix attolentes prae lacrimis oculos homines intueri trucidata membra eius poterant. Vixit tres et sexaginta annos, ut si vis abfuisset ne immatura quidem mors videri possit. Ingenium et operibus et praemiis operum felix; ipse fortunae diu prosperae et in longo tenore felicitatis magnis interim ictus vulneribus, exitu tam tristi atque acerbo. Omnium adversorum nihil ut viro dignum erat tulit praeter mortem; quae vere aestimanti minus indigna videri potuit quod a victore inimico nil cru- 904 delius passus erat, quam quod ejusdem fortunae compos ipse fecisset. Si quis tamen virtutibus villa pensarit, vir magnus, acer, memorabilis fuit, et in cujus laudes persequendas Cicerone laudatore opus fuerit. »

« A l'approche des triumvirs, Cicéron était sorti de Rome, persuadé, et avec raison, qu'il n'avait pas plus de grâce à attendre d'Antoine que Brutus et Cassius d'Octave. Il se réfugia d'abord à sa campagne de Tusculum ; de là, par des chemins de traverse, il gagna celle de Formies, dans l'intention de d'embarquer à Caïète; il fit voile pendant quelque temps vers la haute mer, mais ramené en arrière par les vents contraires, et ne pouvant plus supporter le roulis du vaisseau et l'agitation des vagues, le dégoût s'empara de lui. Également las de fuir et de vivre, il revint vers sa première maison de campagne, éloignée de la mer d'un peu plus de mille pas.

» Je mourrai, dit-il, dans cette patrie que j'ai sauvée tant de fois.. Il est certain que ses esclaves étaient déterminés à combattre avec courage et constance. Mais il fit arrêter sa litière, et leur ordonna de se soumettre tranquillement aux volontés du sort, quelque iniques qu'elles fussent. Alors il se pencha hors de la litière, et présenta sa tête immobile aux meurtriers, qui la coupèrent. Et cela ne suffit point à la stupide férocité des soldats; ils lui coupèrent encore les mains, coupables, disaient-ils, d'avoir écrit contre Antoine. Sa tête, portée au triumvir, fut par son ordre exposée entre ses deux mains, à celle tribune aux harangues où, comme consul, où, souvent comme personnage consulaire, où, cette année mène, dans ses harangues contre Antoine, il avait commandé l'admiration par une puissance de parole que jamais vois humaine n'a égalée. Les eux baignés de larmes, osaient à peine se lever sur ces restes sanglants.

» Cicéron vécut soixante-trois ans, et sa mort, si elle n'eût pas été violente, aurait pu ne pas paraître prématurée. Génie heureux et par ses travaux et par leur récompense, la fortune lui fut longtemps favorable; et dans le cours de sa longue prospérité, il fut quelquefois frappé cruellement; mais de tous ces coups, l'exil, la ruine de son parti, la mort de sa fille, cette triste et cruelle fin, le dernier, la mort, fut le seul qu'il supporta avec une mille dignité. Et cette mort même, à la bien examiner, peut paraître moins révoltante si l'on songe qu'il ne pouvait souffrir de son ennemi vainqueur de traitement plus cruel que celui que lui-même lui réservait dans la même fortune. Que si cependant l'on met an balance ses vertus et ses vices, on trouvera en lui un génie supérieur, une due ardente, un homme dont le souvenir doit durer, et qui n'aurait pu être loué dignement que par la bouche de Cicéron lui-même. »

LIVRE CXXI.

SOMMAIRE. — C. Cassius. que le sénat avait chargé de combattre Dolabella, déclaré ennemi public, se sert de l'autorité dont la république l'a revêtu pour prendre possession de la Syrie et des trois armées qui se trouvaient dans cette province. Il tient Dolabella enfermé dans la ville de Laodicée, et le force à se donner la mort. C. Antonius, frère de M. Antonius, est fait prisonnier et tué par ordre de M. Brutus.

LIVRE CXXII.

SOMMAIRE.— M. Brutus se bat avec succès contre les Thraces. C. Cassius et lui soumettent à leur autorité toutes las provinces et toutes les armées d'outre-mer et se réunissent à Smyrne pour régler le plan de la guerre qu'ils préparent. En considération de son frère Messala, ils pardonnent d'un commun accord à Poplicola convaincu de les avoir trahie.

LIVRE CXXIII.

SOMMAIRE. — Sextus, fils du grand Pompée, recrute en Épire des proscrits et des esclaves fugitifs, et après avoir, à la tète de cette armée, exercé longtemps ses brigandages sur mer. sans se fixer nulle part, il s'empare d'abord de Messine, puis de toute la Sicile. Il tue A. Pompéius, propréteur de Bithynie, et remporte une victoire navale sur Q. Salvidienus, lieutenant de César. — Antonius et César passent en Grèce avec leurs troupes, pour combattre Brutus et Cassius. — Q. Cornifrcius défait en Afrique T. Sextius, général du parti de Cassius.

LIVRE CXXIV.

SOMMAIRE, — César et Antonius se battent à Philippes contre Brutus et Cassius, avec des chances partagées: des deux côtés les ailes droites sont victorieuses ; des deux côtes il y un camp pris par les vainqueurs ; mais la mort de Cassius fait pencher la balance. En effet, placé à l'aile qui a été mise en déroute et croyant que la défaite de l'armée est générale, il met fin à ses jours  — Il se livre ensuite une seconde bataille. dans laquelle Brutus est vaincu et se lue aussi, après avoir prié Straton, qui l'accompagnait dans sa fuite, de le percer de son épée. Quarante des citoyens les plus distingués de Rome, et entre autres Q. Hortensius, font de même.

LIVRE CXXV.

SOMMAIRE. — César, laissant Antonius dans les contrées d'outre-mer. dont le gouvernement lui a été assigné d'après le nouveau partage des provinces, revient en Italie et distribue des terres aux vétérans. Des mutineries auto excitées parmi ses troupes par les soldats qui a gagnés Fulvie, épouse d'Antoine. Il les apaise en s'exposant aux plus grands périls.— Le consul Lucius Antonius, frère de M. Antonius, cédant aux conseils de celte même Fulvie, déclare la guerre à César. Il engage dans son parti les peuples dont les terres avaient été assignées aux vétérans, bat M. Lépidus qui était avec son armée chargé de la garde de Rome, et entre dans la ville les armes à la main.

LIVRE CXXVI.

SOMMAIRE. — César, âgé de vingt-trois ans, assiège dans Pérouse L. Antonius qui essaie plusieurs sorties. est repoussé, et se voit réduit par la famine à capituler. Le vainqueur lui pardonne ainsi qu'à toutes ses troupes. Il ruine Pérouse, et après avoir fait rentrer sous sort autorité toutes les armée du parti ennemi, il termine la guerre sans effusion de sang.

LIVRE CXXVII.

SOMMAIRE. — Les Parthes guidés par Labiénus, ancien partisan de Pompée, envahissent la Syrie, et, après avoir vaincu Décidius Saxa. lieutenant de M. Antonius, ils se rendent maîtres de toute cette province. — M. Antonius ayant perdu Fulvie son épouse, qui l'excitait à faire la guerre à César, se décide, pour ne plus titre un obstacle à la borne intelligence des chefs, à conclure la paix avec César et à épouser sa soeur Octavie. Il dénonce les menées criminelles de Salvidiénus contre César. et ce général. déclaré coupable, se donne volontairement la mort. — P. Ventidius, lieutenant d'Antonius, défait les Parthes et les chasse de la Syrie, après avoir tué Labiénus leur général .— Sextus Pompée, dont le voisinage inquiète l'Italie, étant maître de la Sicile et interceptant les convois de blés, César et Antonius lui demandent la paix, et concluent avec lui un traité qui lui assure la possession de la Sicile. — Ce livre renferme encore les événements de la guerre civile en Afrique.

Acron ad Horat. Sat., 1. 3, 29. Cf. Supplem., ch. XX sqq. 

« Quoniam inter Augustum et Antonium reliquiae adhuc erant dissensiosis, Cocceius Nerva, proavus Nervae, qui postea imperavit Romae, mandavit Augusto, ut 905 mitteret, qui de summa rerum tractarent. Ergo missus est Maecenas cum Agrippa, qui utrumque exercitum in una castra coegerunt, ut ait Livius lib. CXXVII. lntelligendum autem, quod Fonteio misso ab Antonio,  Augustus Maecenatem et caeteros ad eumdem Iocum emi serit. »

« Comme il y avait encore entre Auguste et Antoine des restes de dissension, Coccéius Nersa,bisaieul de celui. qui fut plus tard empereur de Rome, écrivit à Auguste d'envoyer des personnes chargées de pleins pouvoirs... Mécène fut donc envoyé avec Agrippa, et ils réunirent les deux armées dans un même camp, comme le dit Tite-Live, au livre CXXVII. Il faut savoir que Fonteius ayant été envoyé par Antoine, Auguste envoya Mecène. et les autres au même endroit. »

Porphyrion ad Horat. Sat., I, 5, 29.

« Dissensione orta inter Caesarem Angustum Antoniumque, Cocceius Nerva, avus ejus qui postea Romae imperavit, peliit à Coesare, ut aliquem, qui de summa rerum tractaret, mitteret Tarracinam. Et primum Maecenas, mox et Agrippa congressi sunt, hique pepigerunt fidem confirmatissimam, et in una castra conferri signa utriuque exercitus jusserunt. Hoc et T.Livius, lib. CXXVII, referl, excepta Capitonis mentione. »

« La discorde s'étant élevée entre Auguste César et Antonins, Coccéius Nerva, aïeul de celui qui régna ensuite sur Rome, pria César d'envoyer un plénipotentiaire à Terracine. Mécène et ensuite Agrippa entrèrent en conférence, et s'étant donné mutuellement toutes les garanties de bonne foi, ils réunirent dans un même camp les drapeaux des deus armées. C'est ce que Tite-Live rapporte au livre CXXVII, sans toutefois faire mention de Capiton. »

Le Commentateur de Cruqnius ad Horat., Satir., I. 5, 29. Cf. Freinsh. Suppl., ch. XX sqq.

« Ab Antonio missus fuerat Fonteius Capito legatus, ab Augusto Maecenas, intercedente Cocceio Nerva,  proavo Nervae imperatoris, qui et Augusto et Antonio gratus erat, cum Agrippa. Ea autem conditione convenerant legati, ut de summa rerum tractarent, exortamque dissensionem inter duos has imperatores componerent; quod et fecerunt, et utrumque exercitum juxta Brundisium in una castra cum magna laetitia coegerunt, ut infert Livius, lib. CXXVII.  »

« Fontéius Capiton avait été envoyé comme député par Antoine, et Mécène par Auguste, sous l'entremise de Coccéius Nerva, bisaïeul de l'empereur Nerva, et qui, ainsi qui Agrippa, était à la fois l'ami d'Auguste et celui d'Antoine. En se réunissant, il fut bien convenu que la question serait traitée à fond, et que les députés mettraient fin à la dissension qui s'était élevée entre les deux généraux; c'est ce qu'ils firent, et les deux armées furent réunies dans un même camp, auprès de Brindes, à la grande joie de tous, comme le raconte Tite-Live, au CXXVIle livre. »

LIVRE CXXVIII.

SOMMAIRE.— Sextus Pompée recommençant à infester la mer de ses brigandages et n'observant pas la paix qu'il a souscrite, César, forcé de lui déclarer la guerre, lui livre deux batailles navales où les succès sont balancés. — P. Ventidius, lieutenant de M. Antonius, triomphe des Parthes en Syrie, et tue leur roi. — Les lieutenants d'Antonins soumettent aussi les Juifs. — Préparatifs de la guerre de Sicile.

LIVRE CXXIX.

SOMMAIRE.— Deux batailles navales sont livrées à Sextus Pompée avec des succès balancés. — Des deus flottes de César, l'une, commandée par Agrippa, est victorieuse, l'autre, conduite par Octave lui-même, est anéantie et Ire troupes qu'il a débarquées courent le plus grand danger, — Quelque temps après, Sextus est vaincu et s'enfuit en Sicile. — Lépidus. qui était accouru d'Afrique comme pour prendre part à la guerre que César devait faire à Sextus. tourne aussi ses armes contre son collègue. Mais son armée l'abandonne; il est dépouillé du triumvirat; cependant ou lui laisse la vie. Agrippa reçoit de César une couronne navale, marque l'honneur qui, avant lui, n'avait été accordée à personne.

LIVRE CXXX.

SOMMAIRE.— M. Antonius, s'oubliant dans les plaisirs auprès de Cléopâtre, entre après de longs retards dans la Médie et déclare la guerre aux Parthes, à la tète de dix-huit légions et de seize mille chevaux. Il perd deux légions. n'éprouve que des revers et lot eu retraite, poursuivi de près par les Parthes. Enfin, après avoir été en butte avec toute son armée à de terribles alarmes et à de grands dangers, il rentre en Arménie. et dans celte fuite de vingt et un jours, parcourt un espace de trois cents milles. Les rigueurs de la saison lui font perdre environ huit mille hommes. Ces désastres funestes ajoutés à l'expédition si malheureuse contre les Parthes doivent lui être entièrement imputés, parce qu'il ne voulait pas prendre ses quartiers d'hiver. en Arménie, entraîné qu'il était par sou empressement à rejoindre Cléopâtre.

LIVRE CXXXI.

SOMMAIRE.—Sextus Pompée, tout en ayant l'envie de se mettre sous la protection d'Antonins, en Asie, se prépare à lui faire la guerre ; mais il est défait par les lieutenants du triumvir et mis à mort. — César réprime une sédition funeste qui avait éclaté parmi les vétérans. Il soumet les Japydes, les Dalmates et les Pannoniens. — Antonius ayant attiré auprès de lui en lui engageant sa roi, Artavasde, roi d'Arménie, le fait jeter dans les fers, et place sur le trône de ce pays un fila qu'il avait eu de Cléopâtre. — Depuis longtemps passionné peur cette princesse, ii venait de la reconnaître comme son épouse.

LIVRE CXXXII.

SOMMAIRE.— César en Illyrie dompte les Dalmates. — M. Antonius, dominé par son amour pour Cléopâtre, dont il as ait deux fils, Philadelphe et Alexandre, refuse de venir à Rome et d'abdiquer le triumvirat, quoique le temps en soit expiré. Il se prépare à déclarer la guerre à Rome et à l'Italie, rassemble dans ce but des forces considérables. tant de nier que de terre, et envoie la déclaration de son divorce à Octavie, sœur de César. Celui-ci passe en Épire avec une année. — Engagements sur mer et combats de cavalerie où l'avantage reste à César.

LIVRE CXXXIII.

SOMMAIRE. — M, Antonius, vaincu sur mer près d'Actium, s'enfuit à Alexandrie. Il est assiégé par César. Voyant sa position entièrement désespérée, et décidé surtout parle faux bruit de la mort de Cléopâtre. Il se perce de son épée. — César se rend maître d'Alexandrie, et Cléopâtre. pour ne pas tomber au pouvoir du vainqueur, finit sa vie par une mort volontaire .— A son retour à Rome, Octave célèbre trois triomphes, l'un pour l'Illyrie, l'autre pour la violente d'Actium et le troisième pour Cléopâtre. — Les guerres civiles sont ainsi terminées. après avoir duré vingt et un ans. — M. Lépidus, fils de l'ancien triumvir, forme une conjuration et prend le armes contre César. Il est défait et tué.

Le Commentateur de Cruquius ad Horat, Od., I, 37, 30 Cf. Florus, IV, 11.

« Ljvius referi, Cleopatram, quum ab Augusto capta 906 indulgenlius de indnstria tractaretur, dicere solitam :  Non triumphabor. »

«  Tite-Live raconte que Cléopâtre, prisonnière d'Auguste, voyant l'indulgence intéressée avec laquelle on la traitait, disait souvent: Je ne serai pas menée en triomphe. »

LIVRE CXXXIV.

SOMMAIRE. — César, après avoir assuré la paix de l'empire et réglé l'organisation des provinces, reçoit encore le surnom d'Auguste : pour l'honorer, on donne ce nom au mois Sextilis. — Il préside une conférence à Narbonne et fait opérer le dénombrement des trois divisions des Gaules conquises par son père. — Guerre de M. Crassus contre les Rastarnes, les Moesiens et d'autres nations.

LIVRE CXXXV.

SOMMAIRE. — Guerre de M. Crassus contre les Thraces et de César coutre les Espagnols. — Soumission des Salasses, peuplade des Alpes.

LIVRE CXXXVI.

SOMMAIRE. — Conquête de la Rhétie par Tl. Néron et Drusus, beaux-fils de César. — Mort d'Agrippa, son gendre. — Dénombrement fait par Drusus.

Censorinus, de Die Natal., ch. XVII. Cf. Freinsh. Suppl., ch. XLVI.

«  Eodem anno ludos saeculares Caesar ingenti apparatu  fecit, quos centesimo quoque anno (is enim terminus saeculi) fieri mos.»

«  La même année, César célébra avec un grand appareil les jeux séculaires, qu'on a coutume de célébrer à chaque centième année, parce que c'est celle qui termine le siècle. »

LIVRE CXXXVII.

SOMMAIRE. — Les peuplades de la Germanie, situées sur les deux rives du Rhin. sont attaquées par Drusus. — Le soulèvement général causé dans la Gaule par le dénombrement est apaisé. — Un autel est consacré â César, au confluent de la Saône et du Rhône. — C. Julius Vercundar, Éduen des bords du Doubs, en est créé pontife.

LIVRE CXXXVIII.

SOMMAIRE.— Les Thraces sont domptés par C. Pison, les Chérusques, les Teuctères, les Cattes et d'autres peuplades germaines d'au delà de Rhin, sont soumis par Drusus. — Mort d'Octavie. soeur d'Auguste. Elle avait perdu auparavant son fils Marcellus, dont un théâtre et un portique rappellent la mémoire et portent le nom, comme s'il en avait fait la dédicace.

LIVRE CXXXIX.

SOMMAIRE. — Guerre de Drusus contre les peuplades trans-rhénanes. Dans cette guerre se distinguent au premier rang Senectius et Anectius, tribuns militaires de la nation des Nerviens. Néron, frère de Dusus, réduit les Dalmates et les Pannoniens. La paix est conclue avec les Parthes, et leur roi rend les étendards qui avaient été enlevés à Crassus et ensuite à Antonius.

LIVRE CXL.

SOMMAIRE.— Guerre de Drusus contre les peuplades trans-rhénanes de la Germanie. — Le général meurt au bout de trente jours, d'une fracture de la cuisse. suite d'une chute de cheval. Néron, son frère, qui s'est hâté d'accourir à la nouvelle de son malheureux accident, transporte son corps à Rome, où il est déposé dans le tombeau de Jules César. Son éloge est prononcé par César Auguste, son beau-père, et de nombreux honneurs lui sont rendue à ses funérailles.