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GEOGRAPHIE.

LIVRE DOUZE CHAPITRE VII : LA PISIDIE

Traduction française : Amédée TARDIEU

LIVRE DOUZE CHAPITRE VI - LIVRE DOUZE CHAPITRE VIII

 

 

 

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Géographie 

 

ΣΤΡΑΒΟΝΟΣ ΓΕΩΓΡΑΦΙΚΩΝ ΙB' 

 

 

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 VII. Συναφεῖς δ' εἰσὶ τούτοις οἵ τε ἄλλοι Πισίδαι καὶ οἱ Σελγεῖς, οἵπερ εἰσὶν ἀξιολογώτατοι τῶν Πισιδῶν. Τὸ μὲν οὖν πλέον αὐτῶν μέρος τὰς ἀκρωρείας τοῦ Ταύρου κατέχει, τινὲς δὲ καὶ ὑπὲρ Σίδης καὶ Ἀσπένδου Παμφυλικῶν πόλεων κατέχουσι γεώλοφα χωρία ἐλαιόφυτα πάντα, τὰ δ' ὑπὲρ τούτων ἤδη ὀρεινά, Κατεννεῖς ὅμοροι Σελγεῦσι καὶ Ὁμοναδεῦσι, Σαγαλασσεῖς δ' ἐπὶ τὰ ἐντὸς τὰ πρὸς τῇ Μιλυάδι.

[2] Φησὶ δ' Ἀρτεμίδωρος τῶν Πισιδῶν πόλεις εἶναι Σέλγην Σαγαλασσὸν Πετνηλισσὸν Ἄδαδα Τυμβριάδα Κρῆμναν Πιτυασσὸν Ἄμβλαδα Ἀνάβουρα Σίνδα Ἀαρασσὸν Ταρβασσὸν Τερμησσόν· τούτων δ' οἱ μέν εἰσι τελέως ὀρεινοί, οἱ δὲ καὶ μέχρι τῶν ὑπωρειῶν καθήκοντες ἐφ' ἑκάτερα, ἐπί τε τὴν Παμφυλίαν καὶ τὴν Μιλυάδα, Φρυξὶ καὶ Λυδοῖς καὶ Καρσὶν ὅμοροι, πᾶσιν εἰρηνικοῖς ἔθνεσι καίπερ προσβόρροις οὖσιν. Οἱ δὲ Πάμφυλοι πολὺ τοῦ Κιλικίου φύλου μετέχοντες οὐ τελέως ἀφεῖνται τῶν λῃστρικῶν ἔργων, οὐδὲ τοὺς ὁμόρους ἐῶσι καθ' ἡσυχίαν ζῆν καίπερ τὰ νότια μέρη τῆς ὑπωρείας τοῦ Ταύρου κατέχοντες. Εἰσὶ δὲ τοῖς Φρυξὶν ὅμοροι καὶ τῇ Καρίᾳ Τάβαι καὶ Σίνδα καὶ Ἄμβλαδα, ὅθεν καὶ ὁ Ἀμβλαδεὺς οἶνος ἐκφέρεται πρὸς διαίτας ἰατρικὰς ἐπιτήδειος.

[3] Τῶν δ' οὖν ὀρεινῶν οὓς εἶπον Πισιδῶν οἱ μὲν ἄλλοι κατὰ τυραννίδας μεμερισμένοι, καθάπερ οἱ Κίλικες, λῃστρικῶς ἤσκηνται· φασὶ δ' αὐτοῖς τῶν Λελέγων συγκαταμιχθῆναι τινὰς τὸ παλαιόν, πλάνητας ἀνθρώπους, καὶ συμμεῖναι διὰ τὴν ὁμοιοτροπίαν αὐτόθι. Σέλγη δὲ ἐξ ἀρχῆς μὲν ὑπὸ Λακεδαιμονίων ἐκτίσθη πόλις, καὶ ἔτι πρότερον ὑπὸ Κάλχαντος· ὕστερον δὲ καθ' αὑτὴν ἔμεινεν αὐξηθεῖσα ἐκ τοῦ πολιτεύεσθαι νομίμως, ὥστε καὶ δισμυρίανδρός ποτε εἶναι. Θαυμαστὴ δ' ἐστὶν ἡ φύσις τῶν τόπων· ἐν γὰρ ταῖς ἀκρωρείαις τοῦ Ταύρου χώρα μυριάδας τρέφειν δυναμένη σφόδρα εὔκαρπός ἐστιν, ὥστε καὶ ἐλαιόφυτα εἶναι πολλὰ χωρία καὶ εὐάμπελα, νομάς τε ἀφθόνους ἀνεῖσθαι παντοδαποῖς βοσκήμασι· κύκλῳ δ' ὑπέρκεινται δρυμοὶ ποικίλης ὕλης. Πλεῖστος δ' ὁ στύραξ φύεται παρ' αὐτοῖς, δένδρον οὐ μέγα ὀρθηλόν, ἀφ' οὗ καὶ τὰ στυράκινα ἀκοντίσματα, ἐοικότα τοῖς κρανεί̈νοις· ἐγγίνεται δ' ἐν τοῖς στελέχεσι ξυλοφάγου τι σκώληκος εἶδος, ὃ μέχρι τῆς ἐπιφανείας διαφαγὸν τὸ ξύλον τὸ μὲν πρῶτον πιτύροις ἢ πρίσμασιν ἐοικός τι ψῆγμα προχεῖ, καὶ σωρὸς συνίσταται πρὸς τῇ ῥίζῃ, μετὰ δὲ ταῦτα ἀπολείβεταί τις ὑγρασία δεχομένη πῆξιν ῥᾳδίαν παραπλησίαν τῇ κόμμει· ταύτης δὲ τὸ μὲν ἐπὶ τὸ ψῆγμα πρὸς τῇ ῥίζῃ κατενεχθὲν ἀναμίγνυται τούτῳ τε καὶ τῇ γῇ, πλὴν ὅσον ἐπιπολῆς συστὰν διαμένει καθαρόν, τὸ δ' ἐν τῇ ἐπιφανείᾳ τοῦ στελέχους καθ' ἣν ῥεῖ πήττεται, καὶ τοῦτο καθαρόν· ποιοῦσι δὲ καὶ ἐκ τοῦ μὴ καθαροῦ μῖγμα ξυλομιγές τι καὶ γεωμιγές, εὐωδέστερον τοῦ καθαροῦ, τῇ δ' ἄλλῃ δυνάμει λειπόμενον ̔λανθάνει δὲ τοὺς πολλούσ̓, ᾧ πλείστῳ χρῶνται θυμιάματι οἱ δεισιδαίμονες. Ἐπαινεῖται δὲ καὶ ἡ Σελγικὴ ἶρις καὶ τὸ ἀπ' αὐτῆς ἄλειμμα. Ἔχει δ' ὀλίγας προσβάσεις [τὰ] περὶ τὴν πόλιν καὶ τὴν χώραν τὴν Σελγέων, ὀρεινὴν κρημνῶν καὶ χαραδρῶν οὖσαν πλήρη, ἃς ποιοῦσιν ἄλλοι τε ποταμοὶ καὶ ὁ Εὐρυμέδων καὶ ὁ Κέστρος ἀπὸ τῶν Σελγικῶν ὀρῶν εἰς τὴν Παμφυλίαν ἐκπίπτοντες θάλατταν· γέφυραι δ' ἐπίκεινται ταῖς ὁδοῖς. Διὰ δὲ τὴν ἐρυμνότητα οὔτε πρότερον οὔθ' ὕστερον οὐδ' ἅπαξ οἱ Σελγεῖς ἐπ' ἄλλοις ἐγένοντο, ἀλλὰ τὴν μὲν ἄλλην χώραν ἀδεῶς ἐκαρποῦντο, ὑπὲρ δὲ τῆς κάτω τῆς τε ἐν τῇ Παμφυλίᾳ καὶ τῆς ἐντὸς τοῦ Ταύρου διεμάχοντο πρὸς τοὺς βασιλέας ἀεί· πρὸς δὲ τοὺς Ῥωμαίους ἐπὶ τακτοῖς τισι κατεῖχον τὴν χώραν· πρὸς Ἀλέξανδρον δὲ πρεσβευσάμενοι δέχεσθαι τὰ προστάγματα εἶπον κατὰ φιλίαν· νῦν δὲ ὑπήκοοι τελέως γεγόνασι, καί εἰσιν ἐν τῇ ὑπὸ Ἀμύντᾳ τεταγμένῃ πρότερον.

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XII, 7 - La Pisidie

1. Entre autres peuples pisidiens qui confinent aux Homonadiens on distingue les Selgiens, qui forment même la nation la plus considérable de toute la Pisidie. En général, les peuples Pisidiens occupent les cimes mêmes du Taurus ; quelques-uns cependant habitent au-dessus des villes paraphyliennes de Sidé et d'Aspendus de simples collines plantées d'oliviers ; plus haut maintenant et déjà dans la montagne, où ils confinent aux Selgiens et aux Homonadiens, sont les Catennéens, tandis que les Sagalassiens occupent sur le versant intérieur une position qui les rapproche davantage des frontières de la Milyade.

2. Artémidore compte comme villes pisidiennes Selgé, Sagalassus, Petnélissus, Adada, Tymbriada, Cremna, Pittyassus, Amblada, Anabura, Isinda, Carassus, Tarabassus et Termesse. Quelques-unes de ces villes sont situées en pleine montagne ; mais les autres sont échelonnées du haut en bas sur les deux versants du Taurus, soit sur le versant pamphylien, soit sur le versant milyen limitrophe de la Phrygie, de la Lydie et de la Carie, toutes contrées dont les populations bien qu'appartenant au climat septentrional sont éminemment pacifiques, tandis que celles de la Pamphylie, bien qu'occupant le versant méridional du Taurus, ont, comme les Ciliciens, leurs frères, conservé presque toutes les habitudes des anciens pirates, ne laissant, elles non plus, ni paix ni trêve à leurs voisins. Celles des villes pisidiennes qui se trouvent confiner à la Phrygie et à la Carie sont Tabae, Isinda et Amblada, la même ville dont le territoire produit ce vin ambladien si utilement employé dans le traitement de certaines maladies.

3. Dans la montagne, les peuples pisidiens que nous avons nommés sont, comme les Ciliciens, divisés généralement en petits états sous des chefs ou tyrans nationaux et ne vivent guère que de brigandages. On assure même qu'anciennement ils auraient reçu parmi eux un certain nombre d'aventuriers lélèges qui, séduits par la ressemblance des moeurs, auraient voulu se fixer à tout jamais dans leurs montagnes. Au contraire, la ville de Selgé qui avait commencé par être asservie à des colons lacédémoniens et plus anciennement à Calchas finit, grâce à la sagesse de ses institutions et à l'accroissement de sa population qui s'éleva un moment au chiffre de 20 000 habitants, par former une république ou cité libre. Du reste, l'aspect des lieux aux environs de Selgé est quelque chose d'admirable : qu'on se figure, en effet, sur les crêtes les plus élevées du Taurus, des espaces de terrain assez fertiles pour nourrir plusieurs milliers d'hommes, semés ici de plantations d'oliviers et de beaux vignobles, là de plantureux pâturages où sont répandus des bestiaux de toute sorte, et enfermés dans une ceinture de beaux bois contenant les essences les plus variées, et notamment une très grande quantité de styraces, arbres médiocrement élevés, mais très droits, dont le bois sert à faire les hampes des javelines dites styracines, analogues aux cranéines ou javelines faites de bois de cormier. Il se forme dans le tronc de ces arbres une espèce de ver xylophage qui ronge le bois jusqu'au bord externe de l'écorce, faisant tomber à terre une espèce de poussière fine ou de râclure assez semblable à du son ou à de la sciure de bois et qui s'amasse au pied de l'arbre, suivie bientôt de l'écoulement d'une liqueur gommeuse prompte à se coaguler. De cette liqueur une partie dégoutte sur la sciure de bois amassée au pied de l'arbre et la pénètre ainsi que la terre qui est au-dessous, ne conservant naturellement sa pureté première qu'à la surface, tandis que le reste, qui adhère à l'écorce du tronc et qui se coagule autour de l'orifice par où se fait l'écoulement, conserve la sienne tout entière. De la partie moins pure on fait, avec une certaine quantité de sciure de bois et de terre, un mélange plus odorant que le suc resté à l'état natif, mais très inférieur à tous autres égards (ce qu'on ne sait pas assez généralement), et les dévots l'emploient en guise d'encens et en font une très grande consommation. On prise beaucoup aussi l'iris de Selgé et le liniment fait avec le suc de cette plante. Un petit nombre de routes donnent accès jusqu'à la ville et aux environs de Selgé, ce qui s'explique par la nature montagneuse de ce pays, coupé partout de précipices et profondément raviné par le cours de torrents tels que l'Eurymédon et le Cestrus, qui, du haut des montagnes de Selgé, se précipitent vers la mer de Pamphylie. Au moyen de ponts lesdites routes franchissent ces torrents. Protégés par la force exceptionnelle de leur position, les Selgiens n'avaient jamais, ni anciennement ni depuis, perdu leur indépendance, ils avaient toujours pu cultiver la plus grande partie de leurs terres avec une pleine et entière sécurité ; seule, la partie basse du Taurus (tant celle du versant pamphylien que celle du versant intérieur) leur avait été contestée par les rois leurs voisins, mais ils la leur avaient disputée sans relâche les armes à la main, et avaient fini par obtenir des Romains, à de certaines conditions, la reconnaissance de leurs droits, de même qu'au temps d'Alexandre, lorsqu'ils avaient député vers le conquérant, c'est à titre d'amis seulement qu'ils s'étaient dits prêts à recevoir ses ordres. Aujourd'hui en revanche [tout est bien changé,] et les Selgiens, qui ont dû faire aux Romains une soumission pleine et entière, ont vu réunir leur territoire à l'ancien royaume d'Amyntas.

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